MÉ MO IRES S E CR ETS POUR SERVIR A L'IIISTOIRE de la REPUBLIQUE DES LETTRES EN FRANC E, Eepuis MDCCLXFI jusqu'a nos jours ; JOURNAL D'UN OBSERVATEUR , Contenanï les Analyfes des Pieces de Thddlrs gui ont pdru durantcet intervalle ; les Relations des Ajfemblées Littérair es; des Notices des Livres nouveaux, clande/lins, prohtbés; les Pieces fugitives, rares ou manufcrites, en profe ou en vers; les Vaudevilles fur la Cour; les dnecdctes & Bons Mots; les Elógesdes Savans, des Artiftes, des Hommes de Lettres morts , &c. &c. &c. TOME VINGT-UNI EM E. ' • hüc propiüs me, vos ordine adite. Hor. L. II, Sat. 3. vs. 81 & 82. A LONDRES, " Chez JOHN A D A M S O N. MDCCUX XIII.   MÉMOIRES SECRETS PoURSERVIR A L'HlSTOIRE de LA RÉPUBLIQUE des LETTRES en France, depüis MDCCLII, jusqua nos jours. Anneb MDCCLXXXIL Le premier Juillet 178a. La péroraifon vrgoureufe de la feuille de Geneve eft remarqua■ble, & commence en ces termes : Telles font les ftnceres-difpofitionsde nos Coeurs. Le bien de la patrie vouloit que nous en fisfions une profesfion authenthiquc ; mais il nous prefle ausfi de déclarer unanimement a vos Seigneuries, qu'après avoirrenipli cette offre de paix envers elle, li les Négatifs perfiftenc a ne compter pour rien la nation dont ils ne forment que Ia plus petite partie, il ne nous refte plus qu'anous humilier devantl'Etre fuprême, a implorer fon appui, & a faire tout ce qui eft en nous pour repousfer le fort dont nous fommes menacés; ij ne nous refte plus qu'& protefter, comme nous le faifons a la face de fEurope, que nous n'avons a nous "reprochef aucune des calarnités auxquelles notre patrie pourra être expofée; que ce font nos adverfai. *es qui, malgré le fyftéme de prudeace ft de Tv me XXL A a  co modération que neus avions confhmment fuivi, ont forcé, par leurs intrigues , ces deux prifes d'armes, dont ils fe fervent pour nous peindre comme 'des opprefieurs ; que notre Etat n'ayant jamais cefïë d'être libre, indépendant & fouverain, le droit des nations doit nous mettre a 1'abri de toute crainte de la part de nos auguftes voifins, que p!us ces Puiffances' veulent le bien de la Répubiique , plus elles doivent confidérer fa foiblefTe ; que fi, trompées par d'infideles expofés, elles patoiflent en ce moment ne penfer qu'a Leur force, nous ne nous£n confions pas moins a leur juftice; que nous ne cefferons de la réclamer qu'a notre dernier foupir, & que fi la Providence veut que nous périslions, ce fera en hommes libres & en citoyens vertueux." Le % Jmlkt 1780. On a parlé en 1779 de la bienfaifar.ee magnirique avec laquelle l'Impératrice de Rusfie avoit acheté les porte-feuüles d'eftampes du Sieur GlérifTeau,, Peintre célebre pour la partie de 1'architecrure. 11 a depuis oblenu le titre 'de premier Architeéïe de SaMajefté Impériale de routes les Ruffies,& a été recu afibcié libre & honoraire de 1'Académie Impériale de Saint-Petersbourg. Tant de faveurs ont mis eet Artifte dans le cas devenir faire fa cour au Comtedu iYord. Mais ce perfonnage 9 trés-vain vraifemhlablcment, 11'a.pas trouvé qu'il ait étc affez bien accueilli dans fa  C5) première vifite, & en a gardé un profond re^ fentiment. M. le Comte & Mad. la Comtefle du Nord ayant defiré voir la maifon de M. de la Reyniere, un des riches financiers de cette-capitale, celui-ci a engagé le Sieur Clérifieau, fon Architeéïe, a s'y trouver,& 1'Artifte a profité de 1'occafion pour reprocher au Prince fon défaut d'égards. On ajoute qu'il a eu 1'infolence de lui dire qu'il avoit déja écrit a ITrapératrice fa mere, & de lui rendre compte du peu de foin qu'il avoit eu de lui témoigner les bóntés qu'il avoit droit d'en attendre. En vain le Comte a fait tout ce qu'il a pu pour le rendre a luimême par les propos les plus honnêtes, ce furieux a continué de fe répandre en discours très-indécens, & cette fcene qui s'eft paffée devant M. de la Reyniere & fa compagnie, a donné beaucoup de chagrin au Comte & a la Comteiïe. Le iïJui/lèt ifSïi Dernierement Ie Roi demandoit au iViaréchal de Noailles ce qu'il penfoit des répétitions du nouvel opéra qu'on doitdonner aujonrd'hüi & dont il avoit vu quelquesunes? Sire, lui rëpondit-il, quant au poëme, il ne vaut pas le Dia! 3e, & pour la mufique, elie eft dune éleve de Gluck, & conféquem. ment doit ne pas être meiileure. La Reine qui étoit préfente & qu'on fait aimer beaucoup le Chevaher-Gluck,- fon maïtre de chant, ainfi que les ceuvres, lui dit en riant: M. le MaréA 3  co tjgfial', je vous entends trés-bien; mais conti* nuez: vous avez ici votre franc-parler, comme fous le feu Roi. Le jugement du Maréchal' eflr trop févere;. Le poëme , autant qu'on en a pu jtiger aus mêmes répétitions , n'eft point mauvais. ; La marche en eft dans la fimplicité greque; a 1'égard de la mufique, elle eft forte, expresfive; il y a des morceaux qui ont- caufé une viye fenfation ;:on y trouve fculementtrop de criaillerie & de monotonie mais eet ouvrage fera toujours beaucoup d'honneur a un débutant comme M. le Moine. Le %.Juilht 178a. Dkfertationfur Vhifloire uni* "jerfelle depuis le commencement du monde jusqu'è préjent, compofée d'.après les Auieurs-.originaux , par une Société de ge fis de lettres d'Angleterre; 'e? fur les diver/es dditions & traduëtions qiïon ' en a faites, avec ce qui refte d faire pour, ett? avoïr une édition complette en francois. Tel eft' le titre d'un ouvrage critique de M. 1'Abbé M5mn ,„ dont le réfuhat eft que les iiations étrangeres ne connoiflent qu'imparfaitement 1'hiftoire dont ils'agit, puisqu'elles ne la connoiflent tout au plus que comme elle étoit dans, la.première, édition de 1736, & nullement com-r me elle a été perfeclionnée dans celle de 17473. que les Francois,furtout, n'en ont encore aucune traduction proprement dite , puisqu'ils n'ont que la compilation de Hollande. Cette disfertaüon eft rare & recherchés des  c?7 favans de cette capitalé,paree que, qtioiqu'fmi prirnée k Bruxelles avec approbation deputë ï78o,les tradtiéleurs & impriraeurs de 1'hiftoire univerfelle ont interpofé I'autorité des chefs de Ia libraine pour en ernpêcher 1'irttroduéliori en France, dans Ia crainte que Ie public en s'éclairant ne rejetSt leur travail,& que quelques gens de lettres,mieux inftruits,ne fiflent tömber leur édition en en annoncant une autró furie plan de 1'Abbé Mann, qui, fans contredit, la rendroit infiniment meilleure. Le ^ JaUlet 178a. VEkBre jouée hier n'apas été applaudie avec 1'enthoufiasme qu'öccafionnoient les chef-d'reuvres du Chevalier Gluclr. Il y a cependant eu quelques morceaux qui ont produit eet effer. Mais if faüt convenir que cette tragédie n'a pas encore été exëcutée dans toute fa perfection; iiy a aefpérer qu'aux repréfentations fuivantes on goütera mieux la mufique favante & difficile de' M. le Moine. Le commencement du premier aéle a part* d'un caraétere neuf & vraiment dramatique. II a excité merveilleufement la curiofité. On a trouvé beaucoup de langueur dans le refte , aux airs d'Eleclre prés. ' Au fecond aéle 1'Aureur a eu 1'adrefle d'y amener une fête qui n'eft point étrangere a 1'aclion, & fert a adoucir le ton lugubrè fur lequel tout le refte de la tragédie elt monté. On trouve encore du vuide & du froid dans Ja plupart des fcenes de eet aéle. A 4  CS) Le troifieme, oü il y a plus de chaleur ft de fpeétacle, a auffi été mieux recu, ft le parricide commis fur Ie tbéatre & aux yeux du fpeéhteurne 1'a point révolté, comme il auroit fait il y a vingt-ans; le Francois s'elï familiarifé avec toutes ces horreurs. On doute que Mlle Ie Vafleur puiffe foutetenir longtems fon röle d'Eleclre, qui ne confifte guere que dans des cris continuels,& qui fatiguent a la fin jusqu'aux auditeurs. C'eft proprement le feul qu'il y ait dans la piece; i-nns les Slltres lm Innr VnUnrAnnnA^ Xt -aa.,u~ .ui.i 1CUUUS a peu de chofe. Qrefte même n'a que deux fcenes ,dont le Sieur Larrivée fe tire fupérieurement comme de coutume. Le 4 Juillet 1782. Une Dame , Marquife de Valory, a envoyé Lundi premier de ce mois k une douzaine d'Avocats des plus célebres une confultation difFamante contre M. Courtin Avocat, qu'elle avoit menacé d'envoyer a tous. Le but en femble moins d'inlïruire les Juges que de le décrier dans 1'efprit de fes confrères. En conféquence, il a cru ne pas devoir perdre de tems, & s'eft haté de rédiger un Mémoirc a Confuher pour lui, qu'il a également adrelfé circulairement a tous les membres de 1'ordre. II a mis une telle diligence a eet envoi qu'il n'a pu y joindre la confultation qu'il annonce. Suivant 1'hiftorique des faits, bien loin d'être coupable des coquineries que lui reproche cette Dame, elle feroit elle-  Co ) même convaincue de 1'ïhgratitude Ia plus énorme. Le 4 Juilkt 1782. Le Comité deboulangerie établi depuis quelque tems a Paris, eft pompofé de M. Ie Lieutenant général de police, de M. le Baron d'Efpagnac, du Prévot des Marchands, de Tihtendant de Paris, de plufieurs membres de 1'Académie des Sciences & autres amateurs. Ce ft a M. le Noir qu'on eft redevable de fon inftitution, falutaire au point qu'on ne connoic plus a Paris de mauvais pain que par' la friponnerie des artifans, & que les fubftances en ce genre regardées comme médiocres, ou même mauvaifes, font converties & panifiées de Ia facon la plus faine & la plus agréable. , L'adminiftration des höpitaux n'avoit jamais obtenu des bleds les plus beaux qu'un pain de la plus médiocre qualité. L'adoption Aoa tm-inrinps mnilprnps n nr«iri4 1m «Ine 1-ion reuxefFets, & aujourd'hui le pain des höpj. taux ainfi que des prifon eft èxcellent; &. ce qui eft a remarquer,c'eftque 1'amélioration, au lieu d avoir augmente la aepenle, a donné des bénéfkes confidérables, paree qu'en bou- l innpvip 1'érnnntnie marrhp de frnnf awr l-> s perfeftion. Si donc il eft encore des plaintes dans ces lieuxpublics,il faut 1'attribuer al'ava- rice des agens fubalternes & a la négligence ' des Supérieurs. La réputation du comité s'eft étendue xtyl*A 5.  i C.ïo y dement, & il a été confulté par 1'étranger.. Piufieurs Souverains de 1'Europe ont tu recours a fes lumieres. fur des objets économiques de la première importance. Comme rien n'eft plus capablë de concourif aux progrès d'un art que la réunion de la pra« tique & de la théorie, ce.comité vient d'éta* blir fous fon infpeétion des cours publics ÓS gratuits de meunerie & de boulangerie. Ces cours embrafleront 1'analyfe des bleds, leur confervation, leurs mal.adies, & les moyens d'y remédier,, enfin, la manier'e de fabriquer le, meilleur pain , avantages qu'órr n'obtient pas avec d'excellente farine , fi la manutention eft vicieufe,.tandis qu'on parvient a faire un tres-bon pain avec des bleds infér rieurs , par des procédés éclairés, & qu'ont imaginés & réduit en pratique les maitres de Tart. II paroit que la mouture économique, Ia moins connue & la moins ufitée , malgré les documens de la fecle des Economiftes, eft Ie principe de tou.tes les améliorations en ce genre. Le nouveau cours doit comraencer Ie 17 de«e mois. On efpere par ces inftruétions propager bientöt dans les provinces l'art de la faferication du pain. Le 5 Juillet 1782. Lajoueurs & M: Dufaulx. Tel eft le vrai titre d'une brochure impriméeihr Ia fin de 1780, & dont on a parléil y a présit dix-huit mojs.fiir parole feulement, C'efi*  un dialogue entre M. Dufaulx & quelques joueurs ruinés. Ceux-ci parfaitement au fait des tripots de Paris lui en rendent un compte détaillé. lis chargent inalheureufement le tableau de tant d'horreurs qu'on ne peut lescroire, & que les calomnies dont ce récit eft mêlé détruifent 1'impreffion falutaire qu'il devoit faire naturellement. D'ailleurs , 1'Auteur s-'öte toute créance par fon impudence, d'asfoeier aux brigangades qu'il décrit le Lieutenantgénéral de police & le Miniftre de Paris: fans. doute, ils peuvent être trompés par Ieurs fubalternes; mais s'ils ont toléré les coupe-gorges qu'on peint ; s'ils tolerent encore des maifons de jeu, c'eft qu'ils font néceffairesdans une capitale immenfe,& que de plufieurs maux il faut choifir le moindre, c'eft que la police concentre ainfi dans des réceptacles communs cette foule de crocs , d'efcrocs, da mauvais fujets de toute efpece qu'elle a fousfesyeux,& dont elle s'aflure facilement dès qu'ils méritent correéhon; c'eft qu'elle lesfait tous fe furveiller réciproquement & les contient par la.; c'eft qu'elle les tourne a des fonélionsutiles & néceffaires, mais que d'honr-Stes gens ne voudroient pas remplir; c'eft qu'enfin, par les fomoies qu'on préleve fur ces maifons &furceuxqui les fréquentent, ella forme & entretient des établifTemens fages qui ne ppurroient fubfifter faute de fonds; c'eft; A 6  00 qu'en un mot, elle rend par la la crapulé, Ia fcélérateffe, le vi'ce tributaires de 1'honnêteté, de 1'humanité, de Ia vertu. II eft flcheux que 1'Auteur n'ait pas tiré le parti qu'il pouvoit de fon cadre, pour rendre fa brochure piquante & véridique. On fent par ce qu'on en a dit, pourquoi elle eft toujours rarisfime. Le 6 Juillct 1782. Par les dernieres lettres de tïeneve, un chef des repréfentans, M. de Clayiere, écrivoit a fon banquier, correfpondant a Paris, une trés longue lettre qui annoncoit le plus grand fang-froid. II ajoutoic: J'entre dans tous ces détails, paree que vrai'femblaMement vous n'aurez de longtems de mes nouvelles , toute communication allant être. ïnterrompue. On voit ici des copies de leur lettre au Roi, trés-noble & trés-ferme; cependant le bruit court qu'efFrayés du fort qui les menacoit, ilsont apporté leurs clefs a la France en la perfonne du Marquis de Jaucourt. Le 6 Juilht. Dans le painphlet fur les tripots, leurs neroines pnncipaies, bonnes a connoïtre pour les éviter, font Mad. la Ceur, fille d'un laquais de M. d'A-- ligre & mere de deux filles nées de ce pre» asiier Préfident. Les Dufaillanti Ia tante & les deux nieces, La Demare, d'abord fervante de cabaret.  (13 ) La Cardome, née a Verfailles d'üne blanchilTeufe, ayant fait un enfant a treize ans & s'étant des quinze ans aflbciée a des escrocs. ha Dufresne de Lyon. Son nom eft Picard. Sa mere a eu quatre filles appelées les Lica-> nettes. Mlle la Forêt, ancienne courtifanne, qui fe vante de connoitre les diverfes manieres de proftitution de toutes les nations. L-ors de la conquête de la Grenade , on difoit d'elle que cette ifle avoit coüté moins de Soldats a la Grande-Bretagne qu'il ne s'étoit empoifonné d'Anglois dans fes bras. Mad. St. Firmin , furnommée la Baronne, la Desmabis, la Druot, la Montaigne, la Du~ pré, la Mor elle, la Bonnelle , la Bigot, la Gérard, Mlle Sarou de 1'opéra, furnommée 1'impudique & la voleufe. Lolotte , Saint-Hilaire, la belle Dapernon, la Renard fervent de flgurantes. Quant aux filoux, escamoteurs , fripons de toute efpece , le nombre en eft immenfe, & 1'on voit- avec peine des noms connus mêlés garmi eux, un Duc de Bervvick, un Duc de Duras, un Duc de Mazarin, un Marquis de Fleury, un Marquis, un Comte de Genlis, un Amhafladeur de Venife &c. Le 6 Juillct, U paroit queM. Courtin eft blamé même par fes Confrères. II eft fi généralement reconnu avoir les plus grandes obligatjons a Madi de Valory, fa blenfaitrice depuis A 7  C 14} ■le^moment qu'il eft forti de 1'Oratoire,. jus»qa a ce qu'il ak acquis quelque fortune, qu'ils eftiment que rien ne pouvoit 1'autorifer a plaj. der.contre elle. Le 7 Jutllet 1782. Le mémoire adverfe con- ?C ¥\ C™tt[Tl\ ou PIutót la confultation, eft Cgné de Mes. Mauhrot &Rww-e,deux vigoureux Janféniftes, qui,. fcandalifés de la défecliondu premier, un des travailleurs fous le parlement Maupeou,ont regardé 1'alfaire qu'on lui fufcitoit comme une punition de Dieu. comme une occafion que la Providence leur offroit de venger les Magiftrats & (]e purger lordre d'un confrère qui 1'avoit défhonoré. £n conféquence, ils n'ont point fait difficulté de preter leur miniftere a_la Dame de Valorv jmais lans prévenir M. Courtin. Ce Courtin, au refte, eft tres-eftimé encore dans 1'Oratoire, qui fe glorifie de 1'avoir eu dans fon fein; il 1'eft en général des Avocats qui lui reconnoiflent une tête bien organifée, beaucoup de logique &,une excellente méthode; mais il paffe pour être.d'une caufticité rare. en fociété, au peint que peu de gens vivent avec lui fans fe brouiller promptement. II paroït cependant que fa liaifcn avec Mad. de Valóry a duré vingt-fept ans,& que 1'aigreur n'a commencé a fe mettre entre eux que depuis le mariage de M. Courtin, co qui fembieroir ahnoncer quelque dépit amou* reux.de. la.part de Ia douairière délaiffée.  C i5 > Le 8 Jtdlkt 1782. M. Guillard, bien éioïgné du genre de nos anciens compofiteurs d*opéra, qui affadilïbient leurs Sujets les plus tragiques-par 1'amour, a abfolument évité d'en mettre dans fon EleStre.. II a préféré au plan de Crébillon celui de Voltaire, ou plutöt le plande Sophocle invité par ce dernier; il s'éflr ainfi öté des moyens de variété & les contrastes qui, au gré de certaihes gens, auroienf fauvé la monotonie du fujet;', mais il a cru devoir fans doute sWujettir k la première desregies, qui eft.le bon fens,& a regardécomme abfurde de mettre dans le cceur de fon héroïne une paffion incompatible avec fón caraétere connu & fa fituation... 11 s'eft flatté.de fournir ailez d'occafions au Muficien de fe mériagerdes momens de douceur, d'alégrelTe & de repos,, en amenant une fête que comporte la circonst-ance du renouvellement de 1'anniverfaire de i'hymen de CJytenweftre & d'Egyflemen jetant dans le cceur du tyran une'joie foudaine par la fauffe nouvelle de la mort tfOrefle; par celle au contraire que goüte Eleclre lorfqu'elle yoit [es ofFrandes religieufes qui atteftent 1'arrivée de fon frere & fa vengeance prochaine, enfin oar le rftle tout entier de Chryfotémis, dont la réfignation fait une merveilleufeoppofitionaveccelui de fa feeur. On ne peut qu'applaudir a la conduite fage, fimple & auftere du poëme de M. Gui'dard, &. les reproches, s'il yen avoit ai faire», devroient s'adrefferau Muficies, qui  ( 16 ) u'auroit pas afTez profité des motifs du Poëte, 0u enfin au fujet peu fait fans doute pour le thé;itre lynque. Le 9 Juillet 1783, On fait aujourd'hui que 1'extrait de Pniftoire de Rufïïe par M. 1'Evêque eft de M. Gudin,tX eet Auteur s'eft vanté de l'avoir arrangé, comme il 1'a fait,exprès pour tendre un piége a M. de Sancy& 1 enibarrafl'er, s'il étoit poflibïe; car, en général, toute cette clique de Philofophes k laquelle eft initié M. Gudin, le trouve trop difficile, trop févere, trop minutieux, trop religieux; en un mot, M. L'Abbé Remi, le bras droit dïï fieur Pankouke, ne déteftoit pas moins ce cenfeur, & vraifemblablement s'étoit entendu avec M. Gudin fur le choix de la circonftance pour frapper le coup; car il s'eft auffi glorifié d'avoir contribué a la chute de leur ennemi commun. Heureufement toute cette noirceur ne era pas auiïi funefte qu'on le craignoit: beaucoup d'illuftres psrfonnages s'inréreff;nt a M. de Sancy,& 1'on efpere qu'il ne tardera pas a Être rétabli dans fes diverfes f mdtions. Le 10 Juillet 1782, Au premier Aéte dCElec* tre, le thé&tre repréfente 1'entrée de la ville de Mycenes;on voit d'un cöté un avancement, la porte du palais des Pélopides, de 1'au.ri.cöte une partie du tombeau d'Agamemncn, entouré de cyprès; dans le milieu du fond les édifices de la ville, & dans 1'ébignement le portique en faillie du temple d'Apollon: la -.  C i?) nuit eft obfeure;. mais 1'aurore eft prête k pa* roitre. Ore/Ie ouvre la première fcene. II eft ac« compagné de Pilade, fon ami, & tfdrcas, autre Grec; un efclave porte une urne fépulerale; fix furies avec des iiambeaux marchent les premières. II apprend qu'il vient pour venger fon pere, il invoque les Euménides & donn.e ordre a Arcas d'aller annoncer a Egifte Ja mort fuppofée ÜGrefte. Cependant il entend les cris d^EieBre qui, lorfque les premiers Acteurs fe retirent pour remplir leur miffion, vient, les mains enchainées, remplir la fcene de fes douleurs, & fait la partie de 1'expofition qui laconcerne:le chceur arrivé & mêle fes gémiftemens aux fiens. Sa fceur Chryfothérnis, au contraire, qui furvient, cherche a la calmer en 1'exhortant a ne point aigrir davantage le tyran. Elles font interrompues par Clytemneftre allant au temple;elle a eu un fonge, préfage de fon trépas: le remords entre dans fon coeur; elle veut appaifer les Dieux; un coup de tonnerre terrible lui apprend qu'ils rejettent fa priere, & tour. fuit dans 1'epouvante. L'ouverture du iecond adte fe fait dans un veftibule du palais des Pélopides entre Clytemneftre & Egifte. Celui-ci cherche a raffurer la Reine, a ramener le calme dans fon coeur, a la difpofer a la fête annuelle qui, pour la dixieme fois, va fe céiébreren faveur  on ff }*ur UnJo''- Clytemneftre voudroit qu'ëlfc« eut pas ]ieu; elle raconte le fwe affreux qu elle a eu: elle a cru voir Oreftc norter fes TZ P'ry,c:,des f«r elle après avoir affafliné K, ^re,u'-ci apprend que Strophius, le pere eft 2, Chez ,ec1ueI s'eft refugié Ore/fc , «ft dans leurs intéréts, & que tout eft difpofé IL?" qile cet ilIüftre profcrit ne peut leur , " er; La féte commence. Sur -la fin on annonce k Egifte qQ'un vieiüard, charEé d*un ïiri ^ ^P0"81" Strophius, demande a parler au Roi. 0n Je fah emrer> Ceft ^ qui le dit app0rter ]es cenflreg d-0r^ Egy8. LM„S ,,fmande Pour !es dépofer dans le tomoeau d Agamemnon; tout le monde" fe retire. Chryfothérnis refte féule en proie a fa dou' LePendant Eleétre lui vient apprendre qu ene a vu fur Ie (ombeau de fon pere les of2« r 7 ,e fer' fiSnal de la vengeance;qu'03a Peut Ies avoir placés en ce lieu, ft qu il vit furement;. qu'il va paroïtre. Chyfojnémis veut la difïuader de cette erreur en jui racontant Ia nouvelle qu'elle a entendue; ■Liectre ne veut point en fortir, & prétend que c eft un bruit faux répandu avec affeétanon , lorfque Je peuple qui entre en fouie lui ÏLT r ,e réCit de fa?°n a ne Plus en douierj^puifqu'j] vient de Strophius même, le pere de Pilade, Ie feul appui d'Orefte. Eleétre iijccorabe a cette révolution & s'évanouit; oniemporte.  Le tombeau d'Agameinnon eft le lieu de Vs fcene du troifieme acte. Eleétre & le peuple fe répandent en regrets fur la mort d'Orefte & en imprécations contre Egyfte. Orefte & Pilade entrent dans eet intervalle pour fe dispofer a 1'exécution de leur projet; reconnoisfance qui fe file & fe fait enfin entre Eleétre & fon frere. Au milieu de ces tendres épanchemens , auxquels fe roêlent de violens mouvemens de vengeance, Arcas vient leur apprendre qu'Egyfte attend après 1'urne, qu'il la demande ft defire la porter lui-même dans le tombeau d'Agamemnon ; ce qui ménage a Orefte le moyen d'exécuter fur le champ fon deiïeiiu Tout 1'y raffermit; fa fceur & le choeur invoquent les Euménides- qui paroiffent & fe précipitent avec Orefte dans le tombeau. La Reine,, le Roi, leur fuite, les- femmes font voilées.- Le Grand-Prêtre commence par une apoftrophe- religieufe aux manes d'Agamemnon; Egyfte prend Purne ft. 1'approcbe du tombeau, Orefte le faifit & lé frappe; Ctyr temneftre, vole au fecours de fon époux, & eft frappée a fon touiv Le parricide fe félicite d'avoir vengé fon pere; les lamentations du chceur lui apprennent fon forfait; il leve le voile, il reconnoit fa mere :. les furies s'emparent de lui, & il tombe. Le ir Juillet 1782. Toujours quelque nouvel objet attire ici i'attention du public. Aujour;  C 20 ) d'hui c'eft Ia maifon de M.d'Etienne,Chevalier de Saint-Louis, oü les amateurs. & les curieux fe portent en foule. Cette maifon, au lieu de toit, fe termine par une furface nlate, carelée & recouverte d'un maftic fi mince, qu'il lahTe prefque appercevoir le carreau: il y regne une baluftrade a hauteur d'appui; fur ce plan eft une terralTe ornée de berceaux couverts de vignes; il y a des fleurs, un potager, des arbres fruitiers, pommiers, pêchers,"'abricotiers, une volière, deux belveders, une piece d'eau, enfin un jardin complet, a 1'agrément duquel contribue fon elévation qui lui procure la plus belle vue poffible. Outre le charme de cette imagination, on «i'juuc 4u cue eit peu dilpendieule & infinïment plus utile que la toiture ordinaire. II y a deux ans que la terralTe dont il s'agit exifte fans aucun inconvé^ient. II y a eu 1'hyver dernier onze pouces de glacé d'épaisfeur dans le baffin & nul dommage. L'tau ne péhetre jamais Ie maftic, ce qui öte toute cramte d'humidité. M'. d'Etienne calcule qu'il auroit dépenfé au moins 12,000 liv. pour terreiner fa maifon -»uo i fiche plus le luxe infolent qu'elle étaloit autrefois, & vit dans une forte de retraite philofo* phique. Le 11 juillet 1782. Les circonftances ont fait éclore une nouvelle brochure ayant pour, titre F A-propos du moment. Le 12. Juilht 1782, C'eft le Mercredi cinq Juin, que le Comte & la Comtefie du Nord ont viiïté 1'Académie des Sciences: outre ce qu'on a dit, ils ont entendu plufieurs difcours. 10. M. Macquer a lu un Mémoire fur la nature du principe odorant, & fur la maniere de détruïre les odeurs fétides. 21. M. Lavoifier a fait des expériences fur une nouvelle méthode d^augmenter la force du feu par le moyen de Tair déphlogiftiqué, & il a fait détonner le fer & fondu la platine en très-peu de tems. 30. M. Portal a difterté fur les changemens que la mala. die produit dans Porgane de la voix £f fur la caufe de ces changemens. 40. M. Daubencon, fur les herlorifatïons qui fe rencontrent dans dif~ férentes efpeces de pierres, 50. L'Abbé Rochou9  fur l(t dlfférence de chaleur des rayons' difirem^ ment réfrangibles. M. de F.mtanieu a exécuté^' fur un tour a porrait de fon invention, le. médaillon du R'>i. On a préfenté a cette oceafion au Comte &a la Comteff; duNordunmorceau d'ivoire travaillé au tour en 1717 par- le Czar Pierre premier, durant fon voyage en France, & qui eft dans le cabinet de 1'Académie. Après la féance le Comte & la Comtefle du Nord ont vifité les falies de 1'Académie; ils ont vu avec intérêt & attendriflement la chambre de heuri IV, qui en fait partie, & fe font arrêtés è examiner plufieurs des modeles de vaiffeaux ou de machines dont la falie de marine ofFre la colleétion. 12 Juillet 1782. rA-propos du moment paroit en effet avoir été compofé a 1'occafion du défaftre fans exemple dans nos annales, dit fon auteur, qu'a éprouvé la France dans fa marine aux Antilies fous les ordres du Comte de Grasfe, k 1'occafion des difïérentes offres faites au Roi pour réparer eet échec par les villes , corps & eommunautés; même par une aüemblée libre de citoyens admettant avec acclamation, fans autre examen, pour membre de fon aflbeiation, toute perfonne qui fe préfentoit pour s'unir a fon zele, ce qui défigne affez fenfiblement le Club folitiqusfmü\mè 1'hiver dernier, & dont on a parlé. Ii y a toute apparence que 1'Ecrivain en eft membre. Quoi qu'il en foit, il s'annonce pour un enthouüafte  (23 ) au bien puWiCi Dans fon effervefeence bouiln '!' SarantIt fur ft 'téte d'augmenter d'un S ^?s de I'Etat, fes reflburces, fon t-reait, de diminuer, dans Ia même proportion ju moms, les dépenfes en rempliffant tous fes engagemens légitimes & en foulageant Ie peup e de cette multitude de frais , d'exaétions qui Ie furchargent & 1'avilIiiTent. II n'eft point homme-è fyftême, ni a projets; mais fon patnousme le guide & 1'infpire. Comme il ne développe point fes vues, on ne peut en rien aire, & il faut 1'en croire fur fa parole. Le 13 Juillet iyfa. M. 1'Abbé Remi, Avocat au Parlement, dont le début dans la littérature avoit été remarquable par fon discours qui étoit Moge de Wópital, couronné a 1'Académie francoife, & cenfuré en Sorbonne, vient de mounr. II étoit devenu hTbras droit du Sieur Pankouke & rédigeoit le Mercure fous ce Libraire, fonction peu glorieufe, mais utile', fonction qui, d'ailleurs , lui faiioit beaucoup ü ennemis. On lui attribuoit en partie Ia disgrace de M.de Sancy,dont il redoutoït la cenfure trop religieufe, &' eelui-ci s'eft trouvé ainfi vengé en peu de tems. Leis Juillet. On nepeutregarder/'yf-^o/w du moment que comme un bavardage patriotique. Point de faits; la feule anecdote qu'on y trouve, c'eft au fujet du Comte de Grafie, dont toute la France improuvoit déja le choix, lorsqu'il fut nomraé pour commander 1'armée  C H ) -riavale. L'on y rapporte que les afTuranees augmenterent a cette nouvelle de prés de dix pour cent dans tous les ports de mer. Le furplus eft une déclamation violente contre les Traitans, contre le luxe de la Cour, contre les auteurs de la disgrace de M. Necker. On voit que 1'Ecrivain eft un de fes enthoufiaftes, & regarde 1'expulfion de ce Direc-' teur général des finances comme un grand malheur pour le royaume. II regrette furtout, que le projet des adminiftrations provinciales ait été abandonré; il cónvient qu'il avoit befoin d'être cbangé dans fa forme. Les Prêtres & les moines ne font pas.mieux traités que les' Financiers par 1'Auteur, qui, fans être parfaitement correct, n'écrit point mal ;ily a du nerf «5c du feu dans fa compofition. Lei4 Jttilkt 178a. Ces jours-ci eft mort M. Flipart, très-habile graveur de 1'Académie Royale de Pejnture & de celle des Beaux- Arts de vienne. Le 15 Juillet. Le génie fiscal a poulTé fes recherches jusque contre eet animal lymbole de la fidélité, ami de 1'homme & renommé pour fon adrefle & fa docilité; on parloit depuis longtems de chiens élevés a faire la contrebande & d'un merveilleux fecours pour ceux qui lexercent. Cette induftrie ingénieufe, révoquée encore en doute par beaucoup de gens, ie trouve aujourd hui conhrmée par un aéte de législation exprelTe. Le 12 Juin dernier  125) mèt la Cour des Aides a enregiftré des lettres patentes données a Verfailles le 7 Mai, portant défenfe de nourrir & de vendre de3 chiens Tuatins propres a la fraude du fel & du tabac. 16 Juillet 178a. Dès qu'on a commencé a jouer fur le théatre de la nouvelle falie d'opéra , on s'eft appercu qu'il étoit trop court. Mais c'eft dans Ca/lor & Pollux priricipalementj ou il fautune grande profondeur pour ménager 1'optique des Champs élifées, qu'on 1'a remarqué plusfenfiblement; & la Reine de Öolcondc remife aujourd'hui a de nouveau fait éclater ce défaut. On s'occupe d'y apporter du remede, & la largeur de Ia rue deBondy,dans la partie oü donne le derrière du théatre, laiffe toute Iiberté de s'allonger fans inconvénient, ainfi qu'on fe propofe de le faire décidément,& le plutot pofïïble. Cet opéra, affez bien remis en général, a été encore goüté par le retour de Mlle Girardin, abfente depuis deux ans du théatre, pour incommodité, & dont Ia voix très-agréable n'a point dégénéré. Elle a été très-appfaudie dans 1'ariete du troifieme aéte. 16 Juillet. II eft quelquefois des vers d'un ridicule fi rare qu'ils méritent d'être confervés. fel eft ce quatrain du Chevalier Ducoudray, très-renommé dans le genre. On fait qu'il compofa dans le tems Antcdotes de Mluftre foyageur , qui fnnt une efpece dejournal du  c *o féjourde 1'Erripereur a Paris, brochure digne finon du héros, au moins de fon auteur. II a voulu lui donner un pendant, en faifant imprimer le Comte & la Comtejfe du Nord, Anecdote RulTe. C'eft un recueil des traits de générofité & de bienfaifance de ces deux illuftres perfonnages. II eft facheux que le compilateur décrédite fa brochure par des faits abfolument faux, qui décelent fa négligence de s'inftuire, ou fon ignorance invincible. Quoi qu'il en foit, il a en outre recueilli toutes les pieces de vers francois eompofés aleur fujet,& y a joint les fien*. En fa qualité d'hiftoriographe du Grand-Duc, il s'eft cru digne de quelque récorapenfe,& HU a demandé la clef de Chambellan. II eft étonnam que le Prince ait réufté au calembour du Poëte, il lui dit; Le Dieu du Pinde & de la doublé cime Ne me fournit qu'un fon ratique & raclé; Mais après tout, peu m'importe la rime, Si de mes vers tu ne me dennes la ck. 17 Juillet 1782. On peut fe r-appeler les différens élevés depuis plufieurs années entre, la Chambre des Comptes & la «ou* des Aides, différens renouvelés plus vbement que jamais a 1'occafion du Sieur' Rolland. II a été rendu compte des divers mémoires eompofés pal la première Cour; la ieconde vient enfin de publier le fien. II a pour titrc: Mimoiu tour  Cs?) la Cour des Aides fur les conflits élevét entre ci>e & la Chambredes Comptes. Veft un in-^X 4?6 pages Ongure qu'après 1'avoirlu, on ïienVeï H V ,CS AUtem'S de Ce-^ went été ft longtems a je digérer ; c'eft un travaft mnnenfe qui kur Mt 18 Jfctfto i?8a. Depuis !e mémoire de M Lmguet fur ia correfpondance fecrete dont on j parlé des Phyficiens de tout efpeceTe font évertués fur le méme fujet. O aujourd'hu, de Dom Ganthey Relig euf « Académie des Sciences un moyen c u' 1 , nnagmé pour donner un %na|, £ comm „/! quer d'un heu a un autre avec Ia plus Ta £ prompt tude, quoique trés-éii^ T^ heure&en touttem», & u'un "endroit cS e 8 un autre femblable, fans ou'on u£b%£ apercevoir dans les intermédiairs S"n Le Marquis de Condorcet & l'e Comte de de Milly ont été nommés par 1 Académie Lu* Ia discuter. Dans ieur r3ppon d , r*' ces Commiffaires ont dit que ce kcmfJvZ: roiffoit prat cahle . ln«*t«V..,» . c Jeur pa* & deftmés a remnhv «a.. ■ pouvoit s'étendre jufqu'aV dUhnce' deVeme Jj-eues, fans ftation« inK-,•«,/„!,•„:.„. *„ Xl ,re prttparatifs tfèj-conlldérablea. Quant a la céle- JU ü  rité, qu'il n'y auroit que quelques fecondes d'un figne a 1'autre après le premier figne, qu'ils répondroient même du fuccès du eabinet d'un Prince a celui de fes .Miniftres, & que 1'appareil ne feroit nitrès-cher, ni très-incom•mode; enfin, qu'ils avoient mis au bas du méraoire de Dom Ganthey , dépofé cacheté au fecrétariat de 1'Académie , les raifons de leur opinion fur la poffibilité de ce moyen. Dom Ganthey, au furplus, prétend quil n'emploie.nirélectricité, ni le magnétifroe, & que la main la moins habile peut être appliquée a fon méchanifme. io Juilkt 178a. On annonce pour demain les Joumalifles Anghis , comédie nouvelle en trois aétes &en profe, de M. Cailhava d Estandoux. II en a fait, il y a quelque tems, une leéture au Mufée littéraire. Quoiqu on ne ruiffe guere ftatuer fur les fuffrages de ioóété, H paroït qu'elle a plu généralement. Les cenfeurs les plus dïfficiles y ont trouvé de ia gaité, de 1'efprit, des failües, fit deux ou trois fcenes d'un excellent comique. iq Juillet. Dapuis peu un nouveau genre de fpeétacle attire la curiofité du public : Ce font des exerciees de manége & tours fuprenam de force & defouplefes, tant férieux que comités,queTdonne WSieur Aftley de Londres. On connoilToit déja la plupart de ces exerciees ; mais ce qui ne s'étoit point encore pratiqué öc charme vraim«nt les conrtoiffeurs, c eft 1 agi-  C 29 ) ïïté, la foupleffe, Ia nobleiTe du Sieur Aftley fils, jeune homme de 17 ans, fait au tour, de la plus jolie figure du monde & danfant avec des graces infinies fur des chevaux qui courent. la pofte. II exécute principalement le menuet de Devonshire , de la compofition du SieurVeftns,pendantIeféjoura-Londres de ce «Tand Choréographe en 1781; & 1'on aflure qi?il le fait avec autant de précifion & de noblelTe que le Danfeur Francois fur Ia fcene; qu'il a infiniment plus d'aplomb. Le Sieur Veftris a été cuneux de le voir, & n'a pu s'empêcher de. eonvenir qu'il n'auroit jamais cru pareil prodige, s'il ne 1'avoit vu. o pdikt 1783. On a parlé de la terraffe finguhere de la maifon de M. d'Etienne II eft queftion aujourd'hui d'y établir un obfervatoire au Nordde Paris, correfpondant a celuidu Midi: c'eft M. de Caffini qui doit y réfid r D exécute enfin le projet du feu Prince t cuSnf ^aim°" les fciences' ceux qui Jes cu vent & particulierement eet Académiën ■ ceefFe?,, Pr°POfé de lui faire Conftruiri eet effet une tour aux environs du Temple II1 avoit logé dans fon palais jufqu'a fa" mort; SïZ V3peUrs & Ia «ê qui s'élevent conqu Padsentavo d£ffUS d>6 VÜ,e SurmSSRï dëJS PnUn °4dQ B 3  C 30) Le 20 Juïllet 1782. Deux conflits èlevés entre la Chambre des Comptes & la Cour des Aides ont donné lieu au grand procés qu elles ont a préfent par devant le Roi & qu'eiles inftruifent par leurs- défenfes refpeétives. Le premier efr né a 1'occaiion des Officiers des Eleélions que la Chambre des Comptes prétend avoir fous fes ordres dans les Provinces, qu'elle regarde comme forcés d'obtempérer sveuglément & fans diftindtion, non-feulement a fes commiffions, mais a fes in.jonct.ions, fur lefquels elle s'arroge un pouvoir coaélif; qu'elle veut avoir le droit de menacer & de puiiir. La Cour des Aides demande au contraire qu'il foit défendu a Pavenir k la Chambre d'envtsyer aux Officiers des Eleflions & autres Juges du reflbrt de la Cour, foit les loix qui lui lont adreffées pour les publier & enregiftrer, i'hit les arrêts par elle rondus, contenant des défenfes ou injonctions, des fufper.fions ou ra* diations de gages, ni aucune autre peine quelconque; de prétendre fur eux aucune fupérioté immédiate , comme s'ils relTortiffoient en iclle ; & de qualifier les Procureurs de Sa Majefté en ces fiéges, de Subftituts du Procureur général en Ia Chambre. Sauf a la dite Chambre , en produifant a l'enregiftrement des loix qui lui font adreffées, d'en ordonner 1'impreffi.on & Paffiche partont vü befiin fira, & d'adreffer fes commiffions  C 31 )' particuliere*,'en cas de néceffité, &pour des objets relatifs a fa compétence , a TOfficier principal desdits fiéges, ou autre qu'elle voudra choifir; fans qu'en cas de réfiftance ou de refus, eile p/uiffé procéder contre eux ; mais feulement s'adreifer a la Cour,oufe pourvoir par devers S, M. Le fecond conflit concerne la jurisdiction prétendue de la Chambre fur les receveurs des impofitions en matiere contentieufe & criminelle,que la Cour des Aides déclare avoir exclulivement, la Cour fa rivale étant reftrcinte par les ordonnances è taligne de compte feule, c'eft-a-dire uniquement k ia réception , vërjfication & apurement des comptes, & dans in cas oü cette ligoe de compte emratneroit des procés-crimtoela, étant obiigée d'appeler un nombre au motos égal d'Ofiiciers du Parlement pour en compofer une Cour mixte qui prouonce lespeines affiictives, s'il y g lieu. Envain ia Chambre des Comptes a fait vn arrêté par lequel elle veut que fes Officiers ne foient recus doréfiavant que fur la loi. Elle a« cru qu'en fe procurant ainfi des gradués, elle fe difpenferoit d'appeler des Juges étrangers dans les procés qui pourroient fe'préfenter incidemment aux objets de fa compétence; mais dépend-il d'elle d'étendre fon autorité & de fe donner une jurisdiétion qu'elle n'avoit pas V d'Ailleurs, ce n'eft point a caufe de leur défaut de grades que les membres de la ChamB 4  (30 fere font incompétens pour juger des objets contentieux cc des procés criminels; mais c'eft a caufe de leur incoropétence qu'on n'a poiet exigé d'eux de prendre des grades, Tel eft 1'expofé en bref des débats des deux Cours, oü fi la première a 1'avantage d'avoir vu juger la provifion en fa faveur dans la derBiereconteftation, au fujet de Rolland, dont ©n a parlé, la feconde a celui de tiues formels, étayés d'une logique preffante a laquelle ïl eft impoffible de rélifter. Le 20 Juillet 1782. Mad. la Ducheffe de Fallary vient de mourir. On peut juger de fon age en fe rappelant qu'elle avoit été mai« treffe du Régent expiré dans fes bras en 1723. C'eft d'elle qu'une gazette d'Hollande dit que ce Prince étoit mort affifté de fon Confcfleur ©rdinaire. Le ai Juillet. M. 1'Abbé Ceyer vient de mourir. Cet Ex-Jefuite avoit une réputation éphémere comme fes ouvrages. On ne fauroit ' exprimer la fenfation extréme, le brouhaha exceffif que produifit fon Annie merveilleuft, qui n'étoit pourtant qu'une traduction de 1'Anglois. L2 21 Juillet. On vient d'imprimer les poéfies latines de M. le Beau; car dès qu'un homme de lettres, grand ou petit, meurt, on offre au public toute fa garderobe, or ou oripeau, habits brochés , ou haillons ; ordinairemcnt on ne lui fait grace de rien ; fouvent même  C 33 ) même féJiteur pronte du filence du défunt pour glitter dans les ceuvres de celui-ci fes propres impertinences. Quoi qu'il en foit, il paroit qu'on fait peu de cas en général de la latinité de eet ancien ProfelTeur d'éloquence aux Gra(Tins,& enfuite au collége royal. Mais. les Artiftes recherchent cette édition pour une fingularité. C'eft une gravure du portrait du, Poëte qui n'a été faite qu'après fa mort pa:*' unPeintre qui ne- l'avoit jamais connu, & qui néanmoins a été jugée reflemblante» Elle été entreprife, dit 1'éditeur, en préfence deM. Chupin, de fa familie, dun-ami d'excellente mémoire & de moi.L'Artifte concut d'abord une idéé aflez jufte de fon modele , puis. il fe mit a retoucher, effacer , corriger; Fa* mitié & la reconnoiiTance guiderent fon crayon, & le deffin fut reflemblant., Le 22 Juillet 1782. II faut convenir que: lè fonds de la comédie de M. Cailhava eft pende chofe, que 1'intrigue ne tient a rien, & quec'eft plutöt un aflemblage d'épifodes qu'un* tput régulier; que le Poëte attaque meïns les ■■ Journaliftes que le Journaiifte. Ce Journalifte; eft M. de la Harpe,auquei il en veut vraifem-" blablement beaucoup, & dont il rappelle non— féirfement les divers ouvrages, mais lés épo- ■ ques les plus humiliantes de fa vie» 11 le nomme^ Discord. Ce Discord s'eft impatronifé chez un Mó*Sterling,dont ji recherche la fille, jeune veuv©~  C34) très-riche qui ne peut le fupporter. Celle-ci a pour amant un Colonel,qui, par une de ces métamorphofes peu rares en amour, s'eft fait Secrétaire du Journalifte pour mieux 1'épier & voir plus fecilement fa maitrefle. M. Sterling eft un dramatique de la première efpece; il a compofé une piece dans ce genre, & carefle plus que jamais Discord, afin qu'il pröne fon ouvrage. Le Journalifte profite de J'occafion ik preffe fon protefteur pour conclure fon hymen. Répugnnnce abfolue de fa fille. Discord outré, qui, par précaution, a compo/é un autre extrait fatyrique du drame, fe livre a toute fa vengeance, fait courir ce pamphlet anonyme comme une derniere resiburce,pour que Sterling aitrecours a lui, afiu de défendre fon drame contre le critique. La D3moifellequi,par leprétendu Secrétaire, con« noit toute cette manoeuvre, avec de I'argent fe procure 1'original de récriture de Discord & s'en fert pour convaincre fon pere, qui, furieux, dénonce aux Journaliftes aftemblés a f )uper chez lui pour célébrer fa fête , ce confrère ingrat & méchant: tous le condamnent; & le pere prononce le jugement qui aftigne a J'homme de lettres , ten des premiers rangs 'dans la Socie'té, ?il eft honnête , & le dernier fil ne Peft pas. * Telle eft Panaiyfe de 1'ouvrage, qui refiem'ble, comme on voit, a dix autres du même genre, & tout ïécemment aux l'hihfoplw &  C 35 D au Satyrïque. Même marche, mêmes reflbrrs, même dénoumenr. Celui-ci le premier jour étoit d'un grotesque déteftable. Pour 1'entendremieux,il faut rendre compte avant de deux épiiodes qui rajeuniffent & enrichiflent ce fonds trivial. Le premier eft une miftification, fuivant hquelle on doit inviter a dïner Discord, au nomd'un Seigneur étranger, & le beroer enfuite d'importance. Le fecond fe pafte entre un Bas-Officier du régiment du Colonel Secrétaire, chanfonnier de fon métier, & qui. a fur le cceur le mal que Discord en dit dans ion journal, dans fes chanfons. II vient chez le Journalifte, qui , effra\é du ton brutal de eet homme, engage fon Secrétaire a fe faire pafler pour le maitre, ce qui amene une critique exceliente des différentes ceuvres de celuici, & qui fe troövent être des tragédies , des. comédies, des pieces fugitives des discours & de-s tradudtions, ce qui caractérife parfaitement le recueil de celles de M. de la Marpe. Le premier jour,ce Quartier-Maïtre,qui te nómme Franck, avoit joint 1'appareil d'uis plaidoyer ponr & contre les journaux devani les Journaliftes aflemblés maïs cette fcene ayant paru d'un burlesque miférable,& piutót excité la pitié que le rke des fpectateurs „ F Auteur Pa fupprimée. II faut ajouter encore que, pour ne pas mn-nquer fon coüp , Frank, 1'Auteur de la rnistification, a fait inviter a diner Discord de B 6  deuxmanieres prbpres a fiatter Ie Journalifte, Sc, après avoir enflé fon orgueil par 1'invitationdel'étrangerqui veut Ie connoitre fur fa renommee, il y ajoute celle d'une Cidalife tenant bureau de bel efprit. L'amour-propre de Discord embarralTé veut fuffire aux deux diners pour Ie même jour, &a eet effet env*oie a la virtuofe fon valet qui fe traveftit & doit le repréfenter.; enforte que celui-ei eft auflï berné, ce qui amene une fcene affez comique entre le maitre & le valet qui fe rendent compte chacun de leur aventure. Le grand défaut de cette comédie eft dans le fujet qui ne comportoit point trois acles» mais un mérite du Poëte, eft cependant d'avoir trouvé afiez de refiburces dans fon efprit, & Ia gaité néceffaire pour, malgré le vuide du fonds, amufer le fpe&ateur & 1'empêcher de s'ennuyer, ce qui n'eft pas commun aux pieces modernes. Le 23 Juillet 1782, Mr. Palipt profite de la faveur des Comédiens, & va faire pafler aufll fa comédie des Courtifannes, qui doit ttre jouée incefiamment fous Ie titre de PE~ wtil des Moeurs, Le 23 Juillet. M. Ie Comte de Buffon, Intendant du jardin & du cabinet du Roi, s'occupe fans retóche de l'agrandiflement «5c de rembelliiTement de cette réfidence. II a obtenu des fonds pour aeheter les divers terïeins jusqu'au bord de la Riyjere, ce qui, ea  éatêm fingulierement Ie jardin, va Ié rendre fuperbe & d 'un accès beaucoup plus facile. On parle auffi de tranfporter au même lieu laménagerie de Verfailles, & il eft certain quecette partie d'hiftoire naturelle vivante férabeaucoup mieux, jointe ainfi aux autres, & d'ailleurs plus foignée entre les mains d'uri' Philofophe naturalifte, que fous la direclion d'un SuiiTe grofller & fans. aucune connoisfance. Le 24 Juilkt 17Ö2. On allure que Ie Sieur Grammont eft de nouveau renvoyé de la comédie Francoife, & même expulfé du Royaume Le 24 Juilleu La défénfe de Ia Cour des° Aides eft divifée en cinq parties. Dans la première, relative au premier conflit, on examine jufqu'oü doit s'étendre Ie concours réclamé par la Chambre de la part des Officiers des Eleftions & autres Juges du reflbrt de IaCour. Le fecond conflit eft la matiere de Ja feconde, troifieme & quatrieme parties. Dans Ia feconde cn traite de 1'origine dela Cour, née avec les impöts , & de 1'attribution exclufive qui lui a été donnée & conflrmée par une fuite de loix générales & poJitives, de toutes matieres civiles & criminelles ayant trait aux impofidons, notamment des flêüts commis par les Receveurs. La troifieme contient une discuffion détailB-?  C 38 > lêe des prétentions de la Chambre eh matiere de jurisdiétion contentieufe & criminelle en général,& fur les Receveurs en particulier,en xappelant a eet égard, & fon état primitif, & les attributions fucceffives qui peuvent lui avoir été données par les loix antérieures a la déclaration de 1727. La quatrieme a pour objet de prouver par 1'examen même de cette déclaration , que la Cour a de juftes réclamations a former fur le droit nouveau établi tant par cette loi que par farrêt du Confeil rendu le même jour; qu'au furplus, ces deux titres, invo'qués par la Chambre, font aujourd'hui fans application quant aux délits commis par les Receveurs aétuels des impofitions dans les Provinces, Sc que fi ce conflit étoit de natuiv a être jugé par des motifs de confidération, iir ne feroient pas moins puiiTans en faveur de la Cour que les moyens de droit. Enfin, la Cour des Aides, après avoir établi fa compétence, & écarté les titres que la Chambre lui, oppofe en ce qui concerne. les deux conllits qui font 1'objet de. la conteftation a:tuelle, eft forcée de combattre encore les autres prétentions élevées dans les méoioires de la Chambre & de fe défendre des attributions nouvehes a fon préjudicc qu'elle réclame, ce qui eft 1'objet de la cinquieme &. derniere paitie. , , :  CS9) Quoique cette conteftation foit fort aride en général, le Rédacteur a eu Tart d'y jeter quelque agrétnent,foit par desdigreffionshiftonques curieufes, foit par des farcafmes adroits lancés contre Ja Chambre, depuis longtems le plaflron des plaifanteries des autres Cours. Mais on ne s'écarte jamais dans eet ouvrage de la modération, de la décence & de la noblelTe qu'il exige. Le 25 Juilht 1782. II paroit que la faute du Sieur Grammont eft de s'être abfenté fans congé, entraïné par un amour exceffif pour Mlle Thenard fa camarade, & d'avoir fuivi cette Comédienne qui en avoit un. Les Gentilshommes de la Chambre ont été furieux,& furtout le Maréchal Duc de Duras. Ce Supérieur a fait arréter Ie Sieur Grammont a fon retour, qui, ayant aggravé fon infubordination par des propos infolens, a été mis a 1'hötel de la Force. Enfuite Ie Maréchal a écrit au Lieuteuand de police pour Ie prier de ne 1'en lahTer fortir qu'a condition de difparoïtre du Royaume. Ii vouloit même qu'on le fit efcorter avec éclat; mais comme ce banniüement n'eft que fur un ordre extrajudiciaire, M. le Noir a fait featir au Maréchal qu'il ne pouvoit fe conformer a eet égard a fesintentions.Et,fansdoute, c'eft un Exempt de police qui aura été chargé de la conduite. Le s6 .Juilkt 17S2. L'itiaéraire du Comte  f 4#3 d*Artois ï parti pour Madrid,.. porte que ce, Prince avoit couché le cinq. a Orléans chez' M. de Cypierre, Intendant; que le fix il avoit dïné a Chanteloup & palTélereftedelajournée;, Ié fept il avoit diné aux Ormes chez M. de Vbyer & foupé a Poitiers chez 1'Evêque ccc. Son Alteffe Royale a ainii voyagé de fêtes en fêtes. Son plus agréable féjour a été a'. Bordeaux, que ce Prince a revu avec un nouveau plaifir, ainfi qu'il 1'avoit promis aux. Jurats. Meflieurs Piis & Barré fonr venus y faire exécuterune piece nouvelle de leur facon, ayant pour titre La Rofé & k Bonton. Elle a paru fi libre qu'on Pa dénoncée a MM. les Jurats, qui d'abord dèvoient enempêcher la continuation. Cependant elle n'a pas été défendue. Les prudes feulement fe font abftenues d*y aller. Le lehdemain on a répréfenté Popéra de Plphigénie en Aulide, oü le fieur le Gros a joué le role d'Achille. Le Comte d'Artois en eft reparti le onze •& eft arrivé a Bayonne le 12.- On ne peut fe faire une idéé de 1'empreflemeut des Bayonnois & de Ia gaité qui a furtout diftingué leurs fêtes. La ville a donné au Prince une fuperbe halte au Bóucau, oü Pon a danfé devant lui la Bafque,laSau. vage & toutes les danfes du pays. Les Lam-bourdins ont joué è la Pecotte contre les-Nayarrois, & le Prince a beaucoup ri. Le. 27 Juillet 1782. On a joué hier la Go»-  C 4i ) médie de TEcuiil des Mmirs, dont Ie public, n'avoit fans doute pas une grande idéé; car il ne s'y eft vu que trés «peu de monde» On connoiflbit cette piece, imprimée depuis 1775. On n'y a trouvé aucun changement: les deux premiers actes font extrêmement froids & vuides; le troifieme a fait plus de plaifir & le dénoument furtout, quoique trop brufqué, a été fort applaudi; il eft vraiment moral. On remarque dans eet ouvrage la ftérilité ordinair re de 1'Auteur, quant a la partie de 1'invendon, quant aux coups de théatre & au développement des fcenes; mais uri ftyle toujours pur, correct , ferme Sc plein d'élégance & de noblefle. Le 27 Juillet 1782. On renouvelle le bruit que 1'expérience des fignaux de M. Linguet a été faite de Paris a Saint Germain & a complettement réufli; mais qu'on doute qu'elle puisfe avoir le même fuccès a diftanees plusconfidérables, a raifon de beaucoup de difficultés naiflant de circonftances locales, que 1'inven-teur ne peut parer. Le 28 Juillet 1782, Le fieur Gaucher, de L'Académie Royale des Belles-Lettres, Sciences & Arts de Rouen, de celle des Arts de Londres, qui a gravé, d'après le deffin der M. Moreau le jeune, 1'eftampe repréfentant. le couronnement de Voltaire, en a fait hommage. & 1'Académie Francoife par une lettre remaï* qaable que voici:  C40 Meffieurs, m Vous fupplier de Vouloir bien agrée'r un exeraplaire de rnon ouvrage, c'eft avoir en même tems une grace a vous demander cc une obligation a remplir. Si votre indulgence daigne m'accorder 1'une, tout m'impofe la loi de m'acquitter de 1'autre, dans Fefpérance que le fujet de mon eftampe pourra faire excufer raa témérité. Ptiije la plus illujlre Compagnie de FEurope, honorer de fes regards . le tableau d'un des plus beaux momens de la vie de Voltaire! Pour Pexécuter, je n"1 ai pas eu feulemcnt a vaincre la medeflie de eet homme télebre Mais pourrois. je mcmquer depsrfé- vérance'i Voltaire avoit daigné fourire au projet de perpétuer eet événement, quelques jours avant que la mort vint le ravir a 1'admiration de fon llectó: fi je fuïs èfTeü hcureux pour mériter votre fuffrage, Meffieurs, ii n ne manquera a ma félické, que de vous en. témoigner m'a reconnoiflance &c." s L'Académie a agréé Phommage & a chargé M. Dalembert, fon Secrétaire perpétuel, de faire faire fon rémerciment a l'Artifte de Peftampe agréable, qu'elle acceptoit avec reconuoiffance, & de la lettre qui Paccompagnoit. Le 28 Juillet 1782. L'affaire de Procureur Pernot, qu'on croyoit appaifée, fur le point de s'accommoder, va reprendre plus vive-.  C 43 3 ment, L'offenfé n'ayant pu obtenir au Ch&teïec qu'un décret d'affigné pour être ouï contre M. de Chabrillant, & par une fentence déiinitive du Lieutenant criminel ayant été renvoyé a fins civiles, en a appelé au Parlement. II y aura plaidoierie Mercredi prochain a la Tournelle-. c'eft M. Blondel qui doit parler pour le Procureur; M. Gerbier, qui fe charge toujours des caufes odieufes, prend le prétexte qu'il eft du Gonfeil de Monfteur, & n'a pu s'empêcher dans la préfente occafion dè défendre un Seigneur attaché' au même Prince. Ce fera M, PAvocat général Fleurt qui portera la parole. II paroit que le public fe dispofe a fe rendre en foule a Paudienee de cette caufe d'éclat, oü les Flébéyens vont de nouveau fe trouver aux prifes avec les patriciens. Le 29 Juilkt 1782. Suivant un petitmémoi'. re manufcrit, le feul qui ait paru jufqu'a préfentdans l'affaire du Procureur Pernot,& donné par lui aux premiers Magiftrats & a fes amis, l'affaire fe feroit h peu prés paffée,comme on a dit. JVI. de Chabrillant eft venu au balcon & a exigé qu'il lui cédatfa place; fur fon refus, il a appelé la garde,& en fe nommant lui a ordonné d'arrêter eet homme qui 1'avoit voulu voler. Alors on a trainé par les cheveux le Procureur jufqu'au corps de garde, oü il s'eft trouvé avec un autre homme en  C 44 5 cheveux Iongs, arrêtéeffeaivement durant le rumulte de cette bagarre comme un vrai filou. En vain M. Pernot a démande d'abord un Commiïfaire, on ne la point écouté qu'au moment oü M. de Chabrillant a fait dire qu'on pouvoit relacher ce malheureux. II n'a point voulu fortir cependant,qu'il ne fut venu unCommisfaire pour confrater par procés verbat le déüt. Le lendemain matin M. Pernot, fort embarraffé, malgré la multitude des téraoins de. fon aventure, d'en trouver pour dépofer, a. recu une foule de lettres de gens qu'il ne connoiHbit pas; mais qui, indignés du procédé inföme de M. de Chabrillant, lui témoi.. gnoient la part qu'ils prenoient aux mauvais. traitement qu'il avoit efluyé., & lui offroieat. leurs fervices ; enforte que bientot il a eu. plus de vingt témoins qui ont dépofé en fa. faveur; & conftaté les taits: c'eft alors que les partifans du grand Seigneur fe font mis en mouvement pour le garantir des fuites d'une procédure criminelle. M. Ie Procureur du Roi.du Cbfttelet?presfé par M. Pernot, eft allé trouver M. le Garde des fceaux, & lui. a repréfenté que la justice ne fe rendoit point; qu'on fe plaignoit de, fon ina&ion. Le chef de la. jultice lui a répondu qu'il croyoit l'affaire accommodée. 1! a écrit fur le champ au premier Préfident pour Is prier d'interpofer. fa raédiation. Le vrai eft que M, de 'Chabrillant le pere.  C 45 > étoït venu incognito chez M. Pernot lui offrir jufqu'a 40,000 livres cPargent, s'il vouloit s'accommoder, ce qu'il avoit refufé avec dédain, reprochant même a ce Seigneur la raardere indécente dont il fe préfentoit chez lui, comme voulant pouvoir nier au befoin fa démarche, fi elle ne réufliffoit pas. La négociation de M. d'Aligre n'a pas été plus heureufe, quoique reeue avec foumiffion par M. Pernot." II a déclaré que Si le Roi lui ordonnoit de fedéfifter, en fujet obéiflant il le feroit: mais qu'il falloit que eet ordre lui fut fignifié par une lettre miniftérielle; qu'en outre, on ne pouvoit lui refufer la fatisfadtïon que M. de Chahrillant donnat une fomme quelconque au Curé de St.Sulpicepourlespau■vres de la paroilfe, dont il tireroit quittance & qu'il enverroit a 1'offenfé avec une lettre d'excufe, & que du tout il feroit dreffé copie pour être inférée dans les papiers publics» fervir de monument de la fatisfaftion qu'auroit fait eet étourdi, & d'exemple a fes femblables, fe prévalant de leur rang ou de leur qualité pour infulter un bourgeois Ces propofitions, agréées deM.D'Aligre,de M. le Préfident de Lamoignon qui s'en mêloit aulfi, ayant paru trop humiliantes a M. de Chabrillant, on a laifle au Procureur la faculté de pourfuivre , & le Cbltelet pour fe débarraffer de l'affaire, a Jugé comme on a vu. Le 29 Juillet 1782, La DeflruStion de la  C4ö) Ligue, OU la RiduUion de Paris,plece nationale en quatrc acte;. Tel eft le vrai titre de Touvrage qu'on a annoncé il y a plufieurs mois, & toujours rare. On affure qu'il eft .précédé d'une préface fortement penfée cc écrite avec beaucoup de chaieur & d'énergie; qu'il s'y trouve des vérités philofophiques <5c hardies, qui Tempêchent de le laifler fe répandre avec facilité. Le 30 Juillet 1782. La Deftruiïion de la Ligue commence a faire bruir. Son'but eft vraiment grand : il eft de fiire voir aux hommes combien des idéés religieufes mal entendue<5 entraïnent d'erreurs politiques & nuifent a la félicité nationale. , C'eft un tableau fidele des actions & des préjugés de nos ancêtres braves & trompés, Toutes nos coteries philofophiques la prönent avee enthöufiafme, & les dévots la décrient. Le 31 Juillet 1782. Le Chevalier de RutJidge réclame contre les nombreux larcins Ht« téraires que M. mercier a faits de fon Babillard, qu'il a tranfportés dans le tableau de Paris. \\ prétend qu'il a également pjilé fes autres ou. vrages & ne 1'a citè qu'une feule fois. En conféquence, par une lettre du fept Juillet, jl dénonce le plagjaire au Rédacteur du Courser de 1'Europe. Le BabiUard raalheureufement eft un ouvrage périodiqne peu connu & que le Jounnaüfte a été obligé d'abandonner, taute de foafcripteurs} 'w möyfen de quoi,  C47 ) le public abfout facïlement M. Mercier & prend peu d'intérat au réclamant Le 31 Juillet 1782. Mlle Theodorc ayant flm fon congé, eft revenue de Londres, & les amateurs attendoient avec impatience le moment de la voir reparoitre fur le Théatre lyrique: ils. ont appris avec la plus grande douleur qu'a fon retour elle avoit été arrêtée, conduite a l'hótel.-de la Force & n'ea ■étoit fortie qu'avec une lettre de cachet qui, •fans lui permettre de quitter le Royaume, lui défend d'approcher de Paris de 30 lieues. Le fujet de fa punition eft d'avoir écrit durant fon féjour 3 Londres différentes lettres oü elle s'exprime . avec une liberté vraiment Angloife fur la nouvtjie adminiftration de 1'opéra. Ses chefs ont fait entendre au Miniftre de Paris que c'étoit. indiredement Pat» taquer Jui-même & avilir foit autorité. On espere que cette Danfeüfe s'étant rangée a fon devoir, il fe Jaiffera fléchir: malheurcufement pour elle, fon honnêteté- ne lui a procuré aucun protecteur; au contraire, lui a aljénej tous ces Grands corrompu-;, qui ne.favorifent que le vice & je libeninage, Son talent unique lui a procuré smfi] beaucoup d« jaloux dans le comité, & Mlle Guimard paffe pour être a la tête dc la cab'aje qui Ja perfécute. Mlle Théodore eft toujours attachés au .Sieur Dauberval, & pon prétend qu'elle Pépoufer, ou même qu'ils'font déja mariés.  C48) Si elle ne peut rentrer, elle aura la conloia-» tion d'emporter non - feulement 1'admiration, mais même 1'eftime publique.. * Le fieur Nivelon qui s'étoit abfenté fans congé, a fon retour, quoiqu'on lui aitpardonné cette efcapade , ayant fait 1'infolent & refufé de danfer fous prétexte qu'il étoit libre, a été arrêté aufli & mis au même lieu que Mlle Théodore. Cette correétion a produit fon effet. II eft forti Samedi vingt-fept, & doit remonter inceiTamment fur les planches. Le Premier Aoüt 1782. Flipart, mort le neuf Juillet dernier, étoit né en 1755, fils d'un Graveur. II fuivoit la même carrière & cömmenca fes études fous le célebre Laurent Cars. Son génie aveit peine a fe développer: le Maitre n'en concut qu'une médiocre opinion; "& ce ne fut qu'a 32 ans que 1'éleve commenca de mériter fes fuffrages. Cars avoua qu'il s'étoit trompé fur fon compte a la vue d'un frontifpice de la defcription des fêtes données en 1747 pour la célébration du fecond mariage du Dauphin, dont eet art fte avoit été chargé. Cet habile homme découvrit le talent de Flipart; il y reconnut fes l:cons & fa maniere. Je ne [ais, lui dit - il, de qiïelle langue je me Jen; mais jufqud préfetit je rfsi été enttndu que de vous feul. Depuis Flipart s'eft diftingué par de grands ouvrages. II avoit le burin toujours difficile  C 49 ) l '& s'attachnit aux Peintres d'un génie analogie ati fien & aux ouvrages capables de mériter fes effbirts. Il a cependant rendu avec fuecès plufieurs chef-d'ceuvres de M.Greufe, & - y a fait paiïer toute la fenfibilité qui carac-térife ce Peintre. ■ Le ier. Jout 1782. Le Dofteur Mefmer vient de partir de ce pays-ci fous prétexte • cl aller a Spa; mals en effet pour ne pas revenir, faute d'avoir pu prendre confiftance dans cette capitale. II s'étoit d'abord adreflë ba 1'Académie des Sciences pour fon magnétisme ammal & demandoit fon approbation. Les favans de cette Compagnie lui ont ri au nez , &: n'ont point voulu sVcuper de cette chimère. Cet étranger a eu recours enfuite a la Societé royale; mais, quoique celle-cï depuis plufieurs années ait le Doéteur Mauduyt, un de fes membres, qui s'occupe d'appliquer 1'éleétricité a la cure de certaines maladies elle n'a pas tenu plus de compte des découvertes prétendues de Mefmer. ^Alors il s'eft retourné vers'la Faculté; il s'eft flatté qu'au moins par antiphatie pour Ia Société, elle 1'accueilleroit mieux; mais elle s'eft montrée également jaloufe de cetEfculape a fecret, et 1'on a vu le défi qu'il lui a porté & fon refus honteux deTaccepter. Un feul Doéteur, M. Defton, ayant été témoin des merveilles de Mefmer, n'a pu fe reMlr è Tome XXL C  (50) lui donner fon approbation & k les publier. II a été mis ia ^ a de rang dans les fciences que ceux qu"y  ,„ donnent VappUcation & le génie." Au refte,, I il n'accepta ce titre qu'après 1'avoir mérité:: I 11 envoya a 1'Académie un Mémoire fur la Gèographie de la Mer Cafpienne. !ƒAuteur fe jette enfuite dans une méthaphifique fort embn uillée, dont Ie réfultat eft toujours d'afïujettir I tout a la Philofophie. Le 3 'Jout 1782. Quoiqu'on doive regarder comme un facrilége le pro/et de traduire un chef-d'ceuvre en ridicule, cependant fi la parodie peut porter quelque intérêt, c'eft uniquement lorfqu'elle conceme un ouvrage connu & admiré. Comrae il n'efl eft aucun qui ne puifleprêter k la critique, c'eft a cette partie que le Parodifte doit s'attacher. Le reprocbe qu'on ait donc a faire aujourd'hui al'au- I t,eur de la Parodie d^Agis en un aéïe & en I vaudevilles , executée hier aux Italiens, c'eft d'avoir choifi une tragédie qui n'a point eu aflez de fuccès pour mériter ce genre de perfécution littéraire; d'ailleurs, c'étoit 1'eiTai d'un jeune homme, & il femble qu'il y a une efpe,ce de cruauté a tourmenter ainfi un talent naiflant. L'excufe qu'on peut donner pour le Parodifte, c'eft qu'il eft jeune lui-même & n'a .pas réflécbi aux conféquencès de fon projet. Son eflai a été heureux;& fi,en ce genre comme dans les autres, le fuccès peut abfoudre, il doit fe regarder comme juftifié par les fuffras;es du public. Le 4 Jout 1783. Quoique le drame de la  dèftruftion de Ia ligue tienrie beaucoup de Ia: maniere de ceux de Shakefpear, il y a cependant une régularité qu'on ne trouve point dans 1'Anglois ; furtout Ia regie des 24 heures eft parfaitement obfervée, puifqae 1'action fe pasfe a Paris les 21 & 22 Mars 1594. Le premier acte eft confacrè a 1'expofitiort des horreurs oü Paris étoit xéduit en ce moment par la famine; de la divifion qui régnoit dans les families; de 1'excès du fanatifme qui éteignoit au fond du cceur tout autre fèntiment, furtout de 1'hypocrifie des chefs des Ligueurs, des Prêtres, des Moines vivant dans 1'abondance, lorfque les citoyens s'entr'égorgeoient pour quelques morceaux de pain. Dans Ie fecond,oü la fcene fe pafte au camp de Hsnri, 1'Auteur montre 1'ame bienfaifante dé ce généreux Prince qui fourniflbit lui-même du pain h la ville qu'il alïïégeoit. II y dévoile les motifs qui 1'ont déterminé a fe rendre catholique, & Pefpoir qu'il a du fuccès de fon changement de religion ; changement qui a coüté a fa franchife; auquel il ne s'eft prêté que par Ie confeil de fes plus chers confidens, des Proteftans même, pour abréger la guerre & épargner Ie fang de fes fujets. On y trouve a la fin le germe du denoument par 1'arrivée d'un mclfager de Briflac Gouverneur de Paris, fe difpofant a ouvrir au Roi les portes de fa capitale.. C3  C 54 ) La bienfaifance de Henri IV forme un des principaux reflbrts mis en oeuvre par ce Prince pour ramener fes fujets k fon obeiifance ; c'eft ce que 1'Auteur développe dans le troifieme acte en monrrant comment Ie fanatifme réfistoit encore aux vertus de ce bon maïtre. Heureufement une converfation des chefs des ligueurs fe livrant a toute la liberté de fcélératsqui croient pouvoir s'expliquer fans détour, eft entendue par une femme oétogénaire: avant de mourir elle en révele les détails, & la barbarie de ces Prêtres qui, craignant que par une telle révélation le bandeau ne tombe des yeux de leurs enthoufiaftes, font arrêter & mettre a la Baftille des citoyens qui leur étoient aveuglément devoués, acheve de détromper les plus crédules. Cette vengeance horrible & 1'hypocrifie de ceux qui 1'exercent, eft Ie fujet du quatrieme acte. Les chefs de la ligue développent encore leur efpoir d'öter le tröne a Heari, de Pet* éloigner du moins le plus qu'ils pourront,malgré fon abjuration, par les difficultés de la Cour de Rome & les formalités qu'elle doit exiger avant d'abfoudre folemnellement ce Prince. Mais, tandis qu'ils épuifent tout Part de leur politique infernale, Briftac, fidele a fes engageraens,ouvre les portes a Henri qui entre dans la ville afliégée plutot en pere qu'en vainqueur. Les chefs des ligueurs s'enfuicnt pac  (ss > tm foutemin qu'ils s'étoient ménagé, & annoncent qu'il leur refte encore une reflburce dans le poignard. ^Telle eft la divifiou de la piece, pleine d'intérêt & de naturel, oü 1'époque la plus défüftreufe & la • plus extraordinaire de nos annales eft peinte avec des couleurs vives, oü , furtout, les caractcres principaux font extrêmement bien confervés. C'eft la le grand mérite du Poëte qui n'a prétendu tracer qu'un tableau plus animé del'hiftoire, & s'attachant uniquement a ce fonds, s'eft interdit toutes les reflburces qu'il auroit pu tirer de fon imagination. II annonce a la fin de ;fa piece dans une note, qu'il publiera La Mort de Louis XI, Rot de France, piece hiftoriquë en cinq aftes avec des notes; & PhïUppe fecond, Roi d'Efpagne, piece dramatique en cinq adles, précédée d'un difcours fur fon regne. On fait aujourd'hui que M. Mercier eft auteur de ce Drame. , Le 4 Aoüt 1782. On annonce que M. Palijfot, s'acbarnant fans rehvche aux philofop;ies, profite de Ia liberté que le Gouvernement lui laifte de les tfaduire en ridicule, & même de les rendre odieux pour les remettre en fcene, fous le nom d'une autre fecte. Ce font les Economiftes qu'il va nous peindre. , Le 5 Aoüt 1782. C'eft M. Goulart qui eft 1'Auteur de la Parodie d'Agis qu'on s'accorde C4  C 56 > aflez généralement k regarder comme uneingénieufe bagatelle, dont Ja oluran HP. ™£™ lont fans avec gaïté & fe retiennentfacilement. •Le 5 Aoüt 1782. Le Sieur de Beaumatffel fait affembler depuis peu fa familie;. 11 mi a demandé pardon de.tous les chagrins qu il lui avoit donnés; il a gémi fur les fca-n«aieuies fcenes oü il avoit- M pnn-aï.^ 1». circonftances; il a déclaré ciue imitW sL» u"e fin & fe rapprocher d'une vie honnête & réglée, ,] alioit époufer Mlle de Villiers, fa maitrefle. II eft convenu que peut-être n'en feroit-il pas venu a cette extremité fans fa diere Eugenie: c'eft une fille qu'il a de cette concubine, & qu'il a appelée du nom de fon drame- II leur a fait entendre, du refte, que ce mariage en les fiuftrant de fa fucceffion ne 1'empêcheroit pas de leur donner a chacun des marqués de fon attachement & que fa fortune pouvoit fuffire a tout. Ils font partis trèsédifiés des aveus & du repentir de cé fameüx libertin. Le 6 Aoüt 1782. Lettre de M. Dejlon, BoBeur-régent de la Facuhé.de Médecine de Paris, premier Médecin ord'maire de M. le Comte d'Artois &c. a. M. Philip, Doyen en charge de la même Faculté. Tel eft Ie titre de eet ouvrage annoncé, ayant 144 pages ,& qui ne fe vend point; mais envoyé par 1'Auteur atotis les membres de la Faculté; écrit extrêmement précieux a tous ceux qui veulent con>  (57 ) flöïtre era France 1'hiftoire du Magnétifme anima!; celle des contradiSiions q'jil a éprouvées; les raifons qui ont empêché les Sociétés fa- vantes de i adopter, et les motifs puiilans qui militent cependant en fa faveur. Quoique 1'ouvrage, vu le fujet qu'il traite, fembie ne devoir mériter 1'attention que des gens de 1'art, on eft très-furpris en le lifant non-feulement d'y trouver la matiere extrêmement bien difcutée & d'une maniere aulïi intéreifante qu'agréable, mais encore d'y rencontrer des digreffions littéraires qui fans-être étrangeres tout-a-fait au fujet, le rendent encore propre aux gens du monde, contiennent des vues neuves, flnes, profondes, piquant la fagacité du lecteur, des tournures ingénieufes, plaifantes & gaies qui.le repofent, & Tamufent fans nuire a la gravité du fujet. Le ftyle d'ailleurs, en eft clair, nerveux & approche beaucoup de celui de Roufteau. En un mot, eet écrit polémique doit placer fon Auteur au rang .des plus fubtils Dialecticiens & de nos meilleurs Ecrivains. Du refte, quoique la lettre foit datée du quinze Mai dernier, & que le Doéteur dé-' eiare au uoyen que li dans la quinzaine après fa publication, .faflemblée qu'il follicite n'a pas. lieu, il le prendra a partie, pour Ie forcer par les voies juridiques a la convoquer; on ne vok pas que M. Philip ait fatisfait a .& C 5 ■  réquifition& les chofes reftent toujours in* jlatu qua. Le 7 Aoüt 1782. Les Comédiens Italiens ont donné hier la première repréfentation des. Deux Jumcaux de Bergame, comédie en un acte & en profe. Le cadre de ce joli drame n'eft pas neuf; mais par le talent du Poëte, il en a réfulté des fituattons charmames, des eiFets piquans, & d'excellentes plaifanteries. II avoit compofé eet ouvrage dans le tems que la troupe Italienne exiltoit encore. Les deux, Arlequins en font tout le jeu & 1'exécutent a; merveille. Quoique le nouveau ne foit pas auffi aimé du public que Tanden, 1'Aüteur ai eu 1'adrefTe de lui donner un röle oü il joue de la mandoline & chante des couplets-trésgais qui le mettent auffi bien en fcene que fon rival. A la fineflé,aux faillies du dialogueles connoifleurs ont facilement reconnu la tournure d'efprit de M. de Ftorian, & fa maniere a bientöt trahi fa modeftie. La Mufique des couplets eft du Sieur De»faugiers.. Le 8-Jout 1782. Le Docleur Dèflón ayant: examiné les procédés du Sieur Mefmer & le traitement de- plufieurs malades,. n'a pu s'empêcher dc rendre juflice a la vérité dans fes Ohfervalions fur Magnélijme anima/. II fe propofoit d'expofer Jui-même a la Faculté Ierefultat de vingt,-- deux. mois. de réflexions. & .  C 59) d'une arniée d'expériences iuivies avec conftanC6. Il avoit demandé jour au Doyen d'alors, h Pocher de la Feutrie, & celui-ci cludoit toujours, lorfque le Do fleur Fauzefme,jeune, ardent, impatient de fe fignaler, fut plus heureux, obtint une affemblée pour le dix-huit Septembre 1780,011 il ilénonce l'ouvraae annoncé ci-delTus, &, malgré lesdéfenfes de l'Auteur,ilfut arrêté qu'il lui feroit ordonné d'être plus circor.-fpeflal'avenir dans fes écrits al'égard delaFac-uité; qu'il refteroit fulpendu pendant un an de voix délibérative dans les affemblées de la Compagnie, & qu'a cette époque, s'il n'avoit défavoué fes obfervations fur le MagnéüJ'me am- • mal, il feroit rayé du tableau; en un mot,qubn rejetteroit les propofitions de Ml Mefmer dont il avoit été i'organe. Celui-ci a rendu compte' en détail du tout dans fon ouvrage, intitulé Précis hiftorique des faiis relaüfs au Magnétis- ■ me animal. Les griefs fur lesquels por te lé décret font:' 10. d'avoir infulté les Compagnies favantes, &fpécialement la Faculté de Médecine de Paris.- a". D'avoir abjuré la doctrine dés écoles,en< annoncant des- principes contraires a la faine médecine en donnant pour appuyer & con-firmer ces-nouveaux principes, des obferva-tiuns de rïlfes impoffibles & invraifemblables.- 30..De s'être comporté- d'une maniere peu' conforme ada dignité de fon état5en favorjfam-' ^accueillant le charlatanisme*G 6->  Ce décret a été confirmé dans la fecondë affemblée du fept Octobre 1780; mais la troifieme , pour confommér le décret n'ayant pas eu lieu, M. Deflon refte dans un état indécis, & ne peut encore fe pourvoir en juftice réglée; c'eft pourquoi il a interêt de preffer fa Compagnie, ou d'annuller fon décret,ou de lui donner fa derniere fanction. Le 8 Aoüt 1782. Le Mort'marid eft une comédie en deux aétes & en profe du Sieur Sedaine, compofée en J77i« Elle fe joue depuis longtems dans les provinces. 11 a voulu la faire jouer a Paris, & pour éviter les leiv teurs de la comédie Francoife, il a eu recours aux Italiens, qui la donnent Vendredi dix de ce mois. Le 8 Aoüt II paroit un édit du Roi donné a Verfailles au mois de Mai, & enregiftré en la Chambre des comptes, le vlngt-huit Juin. La principale dispofition de eet édit, qui a fix articles, eft celle du fecond. Sa Majefté y annonce que la dépenle, tant de fa mufique que de fes concerts & ballets , monte aétuellement a 499,848. livres 7 fols 6 deniers y compris les vetérans, & qu'elle veut qu'elle foit ïéduite & irrévocablement fixée a la fomme de 059,600 livres non comprifes les penfions des vétérans, qui ne pourront en aucun cas excéder celle de 50000 livres. Sa Majefté défend que cette partie de fa njaifou  foit atigmentée poftr'que'que caufe & fous quelque prétexte que ce' foit.. A la fuite eft un réglement qui fait connoitre la maniere dont le Roi entend que les difl'érentes clafTes de fa mufique, coneerts & balIets foient eompofés. Le 9 Aoüt 1782. M.'Desion répond très-au> long aux trois griefs qu'on lui impute. A Fégard du premier, il faitvoir qu'en s'expliquant fur le compte des Compagnies littêraires, furtout des Académies qu'il regarde en général comme plus nuifibles qu'utiles aux progrès des fciences , il en a fpécialement excépté la^ Faculté de médecine, dont il vante 1'organifation & le régime, s'il étoit luivi dans 1'efprit des premiers inftituteurs. It fait voir qu'il a furtout prouvé le danger de la formation de la Société Royale de Médecine , rivale funefic qu'on a voulu oppofer a la première. Tout ce qu'il dit fur cette matiere eft très-judicieux. Quant au fecond, il prouve qu'il n'a adopténullement la Doctrine de M. Mesmer, qu'il a fimplement expofée fans rien plaider ou affirmer, n'a'yant recu aucune milfion de eet étran-' ger; il prouve que la médecine n'ayant aucun principe évident, il eft impoffible de fixer un corps de Doctrine auquel ou puiffe ou doive s'attacher plus qu'a un autre ;que tous les jours on foutient dans les tbèfes des fentimens oppofés & contradiéioirés; enfin que de cent foi-  C bité, de fa bonhommie ; mais il n'a certai- nement jamais eu le droit de s'ériger en ju,3 ge; jamais il n'a eu aucune efpece de carac„ tere public; il n'eft même pas fufceptible „ d'en recevoir aucun. Le feul grade qu'il puiflë faire valoir eft celui de Clerc de No„ taire. Mécontent du parti pris autrefois a „ fon égard par cette Compagnie d'Officiers ?, de jultice,. fi délicats par état fur 1'hon„ neur, il chercha fortune ailleurs. Et le voi- Ia Commis." Les amis de M. Hamelin afturent qu'il a> obtenu de Ia compagnie des Notaires- un cerdficat qui dément 1'allértion injurieufe avancée ici fans trop de néceflité, & que c'eft ce qui lui a valu le foutien du Miniftre des finances«5c 1'arrêt de fuppreffion contre les mémoires.... Le 13 Aoüt J782. Le Mort mand,. retard£  Cö7> jiufquTaujourd'hui, eft fondé fur une anecdote ancienne qui a eourü il y a dix ou douze ans, peut-être plus,& inférée dans ces feuilles. Mais Ie Sieur Sedaine, en voulant la rendre plus comique, fa g&tée & 1'a fait dégénérer en farce digne de la foire. Le premier acTre, oü il y a d'excellentes chofes, avoit très-bien pris,& fi le fecond y eüt répondu» la piece auroit eu un fuccès complet. Le fonds de 1'intrigue confifte dans un Robin qui, forcé de fe battre contre un militaire, imagine de lui préfenter a choifir deux pistolets chargés a poudre, & durant le combat tombe comme s'il étoit tué réellement; ce qui donne lieu k tout 1'imbroglio & au dénoument. Mais dans 1'hiftoire,ils étoient rivaux & 1'homme de robe profitoit de 1'évafion de 1'autre pour poulfer fa pointe & cortclure fon hymen. Ici, au contraire, ils ne font point amoureus de la même perfonne, & c'eft déja une méprife aflèz invraifemblable qui' donne lieu au combat; enfuite il en réfulte un jugement burlesque, une fentence qu'on force 1'accufé de figner & qui fe trouve être fon contrat de manage avec la belle dont il étoit épris. Sa propre mere qui cóncourt a cette parade &. lert de témoin contre fon. fils a furtout révolté. Le 14 Aoüt 1782. Extraitd'une lettre d'Amsterdam du 9 Aoüt....On diftribue ici le Pros* peclus d'un ouvrage nouveau qui s'imprime. vraifemblablement a Londres, 11 a pour titrs  C68') Us Fa ft es de Louis XV, de fes Mini/lres, Mal* treffes, Génóraux & autres notables perfonnages defen regne, & au bas a Villefranche chez la. veuve Liberté 178,2. Vous jugez par ces expreffions allégoriques qüe 1'envoi eft myftérieux, & que ces profpe&us ne viennent que. d'une maniere détournée. L'ouvrage aura deux volumes grand /s-12.. & doitparoïtre vers la mi-Juillet; mais voila ce terme paffé5&peutrêtre quelque nouvel obftade en aura retardé la diftribution qui devoit s'en faire il y a un an. Voici le début du livre qu'on cite pour en donner une idée. „ Ofons tracer d'une main hardie les faftes. ê du regne d'un Prince dont. les premiers lusw tres firent les délices de fes peuples & dont », les derniers n'exciterent que les cris de 1'in-. y> dignation pubüque. .... La mort a frappé „ 1'idole, la. vérité: paroit, pourquoi crainü drions nous de la dire ? ■ Le 14 Aoüt 1782-. Le Sieur Sedaine, qui. attaché beaucoup de prétention k tout ce qu'il. fait & ne fe départ pas volontiers des ouvrages qu'il a mis en lumiere , avoit déja donné le Mort marié en 1777, comme opéra comk que.. IL n'eut pas de fuccès fous cette forme, & il le reproduit fous une autre; il fera bien d'en chercher une troifieme ; car le public n'a point été dupe de la nouvelle méta-> morphofe. Le i^iAoüh Le Sieur Gardel le jeune, dés: -  C 69 5 ja regardé avant fon départ pour Londres com* rae-uu éleve de la danfe donnant les plus graudes efpérances, a reparu Mardi dans un ballet arrangé pour lui, & exécuté a la fuite d'EIectre, dont ce divertiiTement, étranger a Ia tragédie, tempere Ia noirceur. On a été furpris de voir qu'il eüt fait autant de progrès a Londres & fut devenu un Danfeur égal aux plus confommés. II a exécuté la fuperbe chacone de le Berton avec un fini, une netteté & une juftefle qui ont ravi les amateurs. Le Sieur Nivelon, rendu docile au moyen de la petite correétion dont on a parlé, en a .été auffi dédommagé par de vifs & nombreux applaudiffemens. On a retrouvé a eet agréable Danfeur Ie moëleux, la grace & 1'aifance qui le caraêtérifent. Le 15 Aoüt 1732. M. de Mirbeck , autre Avocat au Confeil, eft auffi interdit pour trois mois a 1'occafion d'un mémoire oü la Marine militaire de France eft, dit-on, fort maltraitée. 1 C'eft une fatisfaction qu'a réclamé pour elle Ie Marquis de Caftries, & qu'on a cru devoir lui donner. _ Le 15 Aoüt-1782. Par des détails particuliers, on apprend que M. le Comte d'Arcois a été bien furpris de trouver partout en Efpagne des fpectacles, des fêtes & des danfes qui ne fe reffentoient point de iagravité Efpagnole. On ajoute qu'on a été un peu fchandalifé a la Cour de le voir dans un ajuftement trés-lefte  ia <7o) & trop peu conforme a fon étiquette. On dït que ce Prince a beaucoup ri de cette Cour,& 1'on prétend que, dans fes lettres a la Reine, il en plaifante on ne peut plus agréablement. Tout eft difpofé fur la route d'Elpagne de fagon a ce que Parrivée des nouvelles foient rapides & continues dès que le fiége de Gibraltar fera commencé. Ce fameux fiége occupe toute 1'Europe aujourd'hui,&feracertainement 1'évenement de la Guerre le plus intéreflant. II eft bien eflentiel qu'il fefinilfe,par Iesdépenfes énormes qu'il entratne, la quantité d'hommes & de forces navales qu'il occupe depuis trois ans. Le 16 Aoüt. La Sieur Aftky a donné hier fes exerciees de manége pour la derniere fois. On eft trèsfaché que fes engagemens 1'aient obligé de partir fi tot. Son fpeclacle ne défempliflbit point, & il avoit été contraint fur la fin de donner deux fois par jour. Les femmes furtout s'y plaifoient infiniment, Le pere Aftley eft le plus fuperbe homme del'Europe,& fon fils a des graces & une vigusur capable d'enchanter le beau fexe. En outre,le décore & les -habillemens étoient aulfi galans que le comportoit Ie lieu & la nature du fpe&acle. Le Sieur Aftley, tous frais faits emporte mille louis de bénéfice. Les petits fpeclacles des boulevards ne font point fachés de fon départ; car ce dangereux  C7i 3 voifin leur enlevoit quantité de monde qui va refluer vers eux. Le 17 Aoüt 1782. Quoique Me. Blondel, chargé de la caufe de Me.Pernot Dupleffis, ait plaidé avec beaucoup d'éloquence, il n'a pas jugé a propos d'imprimer fon plaidoyer. II paroït feulement une 'feuille; intituiée Faits de la Caufe. C'eft un réfumé de tous ceux qm font conftatés par les dépofitions des témoins, divifés en trois fcenes ou actes. 1°. dans la loge; 2". dans les corridors; 30. dans le corps de garde; en voici le réfultat. Injure atroce. Voies de fait & traitemens indignes. Violation du refpect public. Suppofition de pouvoir. Profanation du nom du S >uverain Abus d'autorité. Oppreffion de liberté civile. C'eft lundi que doit parler Ie défenfeur du Comte de Chabrillant. C'eft aujourd'hui Me. Martineau. Me. Gerbier a refufé defe charger .de la caufe. [ Mercredi Me. Blondel aura la réplique & i'Avocat général Joly de Fieury portera la parbje. II annonce d'avance qu'il ne prendra point de conclufions, qu'il craint de requérir un décret contre M. le Comte de Moretnn Chabrillant, Capitaine des gardes de Mon fieur en furvivance. On ne croiroit point un tel aveu auffi indécent & auffi l&che, ü 1'on ne le tanoit de gens dignes de foi. Le 18 Aoüt 1782. Extrait d'une lettre de  C 72 ) Geneve du ier. Aoüt II ne faut pas croï- re.que nos Repréfentans aient quitté comme des ' lievres. lis ont laiftë une Déclaration parécrit oü ils rendent compte de leur rélblution de céder a. la force en proteftant qu'ils renoncent a une patrie occupée, fubjuguée paf des troupes étrangeres, dont les meilleurs citoyens font forcés de s'éloigner; dont les loix cefferont d'être 1'eiTet de la volomé libre de la ,pluralité, & dont le Gouvernement fera défor"mais compofé d'hommes pour le'fquels ils ne peuvent conferver ni eftime ni confiance. Le 18 Aoüt 178a. Qn a fait percer auffi dans cette capitale des Profpeclus des Faftes de Louis XV, annoncés d'Amfterdam. II eft bien k craindre que ce ne foit qu'une rapfodie fous un beau titre,paf 1'aunonce du Profpeclus même , d'une tournure impudente, & malgré fa • briéveté, défagréable, par plufieurs incorrections de ftyle: on en va juger. „ Tout dire & rien céler; ne diffimuler ni „ les vertus ni les vices duMonarque, ni les „ crimes, ni les forfaits des efclaves, des ■„ roués , des courtifans, des Miniftres, des „ viles proftituées qui entourerent Louis quin.. „ ze pour fon malheur & celui de fespeuples; „ voila la tache dont parcit s'être chargé ■„ 1'auteur des Faftes fans trops'embarrafterdu courroux du Miniftere Francois, ainfi que; „ de la Baftille , Vincennes, Pierre- encife; „ Anecdotes,,  C 73 ) Anecdotes, chanfons, vaudevilles, épi* „ grammes, tout eft rapporté indiftinaemenc „ dans eet ouvrage. On yvoit nori-feulement Ie naturel, la conduite & Ie caractere du «, Monarque ; mais on y voit peints avec „ une égale liberté les portraits des Princes „ & des Princefles de fa Maifon, de fes dif „ férentes maitrefles, de fes Miniftres, de fes „ Généraux. II paroit que 1'Auteur n'ait pas „ jugé a propos d'attendre la mort de bien des ,, perfonnages pour en dire librement fa pen„ fée: cette liberté eft d'autant plus Iouable „ qu'il 1'exerce librement fur les perfonnages „ dont Ia conduite a Ie plus influé fur les éve„ nemens publiés." Le 18 Asüt 1782. L'exil de Mlle Théodore. eft ceffé; elle a eu fa liberté; mais 1'on croit qu'elle perfiftera a retourner en Angleferre,oii 1'on lui fait un fort qui lui promet une fortune brillante, & en très-peu de tems. Le 18 Aoüt 1782. Les amis de M. de Ia Harpe font un procés a M. de Sancy d'avoir approuvé Ia comédie des Journaliftes, d'autant que cette fondtion lui étoit étrangere & que M. Suard, chargé fpécialément de la partie des Speétacles, s'y étoit refufé. M. Suard a eu raifon de ne pas vouloir donner fon ap-f probation a une facMc niS r™ ^e^^ 1'Académie Francoife eft tourné en ridicule & même peint avec dps rniiinnr, „t„„ M%s M* Sancy ne devoit pas avoir te  C 74) iiiême délicatelTe i & d'ailleurs étoit cenféigno rer que M.rCailhava eót eu en vue M. de Ja Harpe, Papplication n'étant pas directe, & s'en faifant uniquement par Ie fpectateur. Le 19 Aoüt 1782. M. Martineau a dit ce matiïi que ia défenfe de fon dient étoit dans les faits, que les faits -fe trouvoient prouvés par les dépofitions; que les dépofitions étoient dans le porte-feuille de M. L'Avocat général qui alloit en rendre .compte & qu'il s'en rapportoit a la prudence de la Cour. Au moyen de ce plaidoyer d'une efpece neuve, 6V par .lequel le eoupable s'avouoit pour tel & n'imploroit que grace, M. Blondel n'a eu rien a répliquer, & M. 1'Avocat général a pu porter la parole aujourd'hui. II a conclu d'une facon affez douce pour Ie Comte de Moreton, & Meflieurs ont été aux opinioos; elles ont duré .plus de trois heures. Ils ont agité de'faire un réglement pour éviter déformais • de pareilles vexations, mais trouvant qu'üs n'avoient pas le droit, eft intervenu 1'arrêr fuivant, dont yoici leg prin.cipales difpofitions. „La Cour a évoqué le principal, ,& ,y fai„ fant droit a fait défenfe a M. de Moreton „ de plus a I'avenir recidiver, ni ptétexter „ des ordres du Roi pour. faire arrêter qui ,, que ce foit. „ II a été ordonné que M. de Moreton re„ connoitroit M. Pernot pour homme d'hon-  C 75) •« neur, & dont il feroit dreffé a£te au greffe, finon que Farrêt vaudroit ledit acte. ,, M. de Moreton a été condamné a 6000 »• livres de domraages intéréts, dont moitié j- appücable aux pauvres de Saint -Sulpicc, 5, 1'autre a ceux de la Conciergerie. „ L'arrêt imprimé jufqu'a concurrence de „ deux cents exemplaires , dont cinquante „ affichés, & M, de Moreton condamné aux „ dépens. Le public a fort applaudi, & cependant par réflexion on a trouvé que ce jugemenc étoit trop doux, qu'il lailfoit la liberté a tout étdurdi, qui voudroit facrifier deux mille écus, d'infulter un citoyen honnête, fans être effrayé des fuites de fon crime. On eüt defiré la peine du talion, & que Ie Comte de Morettn, ayant voulu perdre de réputation le fieur Pernot, eüt été entaché de facon k ne pouvoir confeiver la furvivance de Capitaine des gardes de Monfiew. Le 19 Aoüt 1782. C'efl; par un arrêt du Confeil royal des finances poür les prifes du 29 Juin dernier, mais qui n'a été ïignifié que le 19 Juillet a M. de Mirbeck, que eet Avocat aux Confeils a été interdit dans fes fonc- • tions pour trois mois. Les phrafes qui ont paru repréhenfibles dans fon mémoire font fuppriméés, & il eft ordonné, en ourre, que i'afrêt fera imprimé & affiché partout oü bëfoin f-ra. Son grief eft d'avoir inféré dans ce mémoire D 3  C 7« 3 des. expreffions injurieufes aux Officiers de la ma-* rine royale, & contrair es au refpeèï dü a des per[onnes que S. M- a rendues dépofetaires de fon autorité, £? qu'elle honore de fa confiance. Cet arrêt a réveillé la curiofiré, & 1'on recherche ce mémoire qui n'eft autre chofe que des obfervations importantes pour une foule de Négocians HolLandois reclamant fix navires & leurs cargaifons, du nombre des prifes faites par 1'efcadre de M. de la Motte-Piquet le 4 Mai 1781. Le 19 Aoüt 1782. Efope d la foire eft une petite piece en vers & en un aéte, que 1'on joue depuis quelque tems fur le théatre des Variétés amufantes k la foire Saint-Laurent,& qui attire beaucoup de monde. On en eft a la 25e. repréfentation. Elle eft d'un JYL Landrin, Commis aux fermes, & annonce, dit on, un talent fait pour briller ailleurs. Le 20 Aoüt 1782. La fameufe recoulTe faite fur les Anglois,de St. Euftache par 1'efcadre du Roi, n'étoit point dans le cas ordinaire fuivant lequel tout navire francois, allié ou neut re, re^ous ou repris par les vaifteaux de S. M. fur les ennemis après avoir été 24 heures_ entre leurs rnains,appartient en totalité au Roi;feulement par'1'ordonnance du 15 Janvier 1779, , S. M. fe rélcrve d'accorder aux'équipages de : fes vaifleaux des gratifications proportionnées'i a la valeur d.s batimens repris & de leurs 1 cargaifons.  ( 77 ) JJne convention folemnellement conclue entrè le Roi & les Provinces-Unies desPaysbas, le ier. Mai 1781, conféquemment antérieure a la piife du 4, contient une exception en faveur • des fujets refpeélifs des deux nations, par iaquelle tout batiment recous fera rendu au premier propriétaire en payant le trentieme de la valeur du batiment, de la cargaifon, des canons & apparaux, s'il a été repris dans les 24 heures, & le dixieme, s'il a été repris après les 24 heures, lefquelles fommes feront diftribuées, a titre de gratification, aux vaisfeaux repreneurs. Cependant les fix navires réclamés ayant été conduits au port de Breit, par plufieurs ordonnances du qo Mai 1781. fur les inftmr- tions de la procédure de 1'Amirauté de cette ville, le Confeil des prifes a déclaré ces navi- res confifqués. C'eft ce qui a donné lieu a M. de Mirbeck de s'élever & contre le pillage exercé a bord de ces batimens, & contre 1'enievement des papiers de bord difperfés, & contre la négligence des Officiers de l'Amirauté de Breft n'ayant fait aucune attention ni au défordre, ni aux plaintes qui lui en ont été portées. II établit 1'irrégularité & 1'injuftice des ordonnances dont eft appel, & remontant aux principes, il envifage l'affaire en gratid. II fait voir la néceffité de prévenir un pareil bngandage, de reftituer aux vrais propriétaites les eifets réclamés, pour augmenter dans D3  C?8) I'ópinion de TEurope Ie prix de PalHance de S. M. en lui offrant une preuve de fa fidéli-' té a remplir les convent ions publiques. Déboutés cependant, par ce même arrêt du< 29 Juin, les réclamans ont été déboutés au Confeil royal des finances pour ces prife?. Le 20 Aotit 1782. Mad. Molé fe meurt d'une maladie de femme; mais, malgré fon état incurable , fon mari avoit obtenu des Gentilshommes- de la chambre qu'ils ne la feroicnt point remplacer qu'elle n'eüt elle-mê» me renoncé a fa profefilon, ce qu'elle vient de faire avec beaucoup d'édification. Avant de recevoir les facremens, elle a appelé Mad. Raymofl fa Mtarde, qu'elle avoit eu d'un Valbelle, frere du Valbelle Clairon; elle 1'a catéchifée en préfence de fon mari fur leur commerce abominable ; elle leur a reproché detre les auteurs de fes chagrins &, par la jaloufie qu'ils lui ont donnée, de la précipiter au tombeau. On ne voit pas que cette exhortation ait éteint cette paffion fcandaleufe. Du refte, on n'attend que la mort de Mad. Mo.'équi fouifre des douleurs incroyables, .& fait des hurlemcns a fe faire entendre de la rue. Ces jours-ci on craignoit de la voir patTer a chaque inftant, & fon mari avoit demandé' qu'on différat de jouer Tibere, nouvelle tragédie dans laquelle il fait un röle. Cependant, comme cela traïne en longueur , Tibere eft. affiché pour Vendredi. 11 eft d'un M. iv/fe,..  c 79 ) Gommis tFavailIant ala gazette de France,déja d'un certain age, & n'ayant encore rien produit en ce genre. Le 21 Aoüt 1782. Extrait d'une Lettre de Chantilly du ïj Aoüt.... Le Comte de Grafie a paffë ici & y a diné; il y eft réfté jufqil'aU foir, paree qu'il ne vouloit point entrer de jour dans Paris. II a vu quelques perfonnes du cb&teau, entre autres M. de Canillac qu'il a connu aux ÏÏles, comme Colonel du régiment d'Enghien. Le Général lui a raconté avec complaifance 1'agréable réceptiön qu'il avoit éprouvée a Londres & en Angleterre. II n'a pas obmis 1'accueil gracieux que le Roi de la Grande Bratagne lui avoit fait, & il a ajouté que cette Majefté lui avoit dit qu'elle ne le regardoit point comme prifonnier, qu'elle lui rendoit fa parole , qu'il pouvoit retourner dans fa patrie, é< qu'elle le reverroit avec plaifir inceffamment a la tête des arméès Francoifes.... M. de Canillac a eu peine de ne pas rire de Ia bonne foi avec laquelle le Comte de Grafie lui racontoit cela, & le regardoit comir.e une marqué de la haute estime que faifoit de fes talens le Monarque ennemi. Le 21 A'/üt 1782. Efope d la foire mérite fans contredit la réputation dont il jouit. C'eft une petite piece charmante, du meilleur ton, pleine de délicatefie, de fineffe & de- goüt. Elle contient en outre une mural? D 4  (8o) exquife; elle eft pleine de philofophie, douce & fenfible. II y a des allufions aux anecdotes du jour qui la rendent encore plus piquante: il y eft queftion du poëme de 1'Abbé Delifle contre lequel le critique s'éleve avec tant de complaifance, de LEfpion des Boulevards, brochure qui a fi fort révolté tous les tripots de cette promenade, & dont 1'Auteur d'Efope a la foire a cru devoir faire juftiee. Les fables que débite 1'efclave de Phrygie font toutes très-ingénieufes; mais celles du grain de poudre a canon avec un grain d'encens eft d'une tournure neuve & d'une vérité plus frappante encore que les autres. Quoique cette bagatelle ne foit qu'une pjece a tiroir, elle annonce un talent marqué & 1'on doit inviter M. Landrin a fe préfenter fur un théltre plus digne de lui. Son Efope a la Foire figureroit trés-bien a cöté d'Efope d la Cour, d'Efope d la Ville, d'Efope d Cytberre, d'Efope au Parnajfe, en un mot de tous les Efopes anciens & modernes. Le 22 Aoüt i?8a. Depuis longtems le public s'étoit endormi fur le bateau volant & 1'on ne parloit plus du Sieur Blanchard. Un Avertiflement mis dans le journal de Paris d'aujourd'hui, par lequel on annonce qu'on 1'a déterminé a faire une petiteexpérienceleaö de ce mois, fi le tems le permet, a réveillé 1'attention. Mais ces retards donnent peu de confiance; d'ailleurs, oh ne voit pas pourquai le 1  ( 8i ) Ie Sieur Blanchard fe fert d'une efpece decompere pour faire cette annonce, & ne s'explique pas lui-même. Ce compere eft un M. Martinet, Ingénieur & Graveur du cabinet du Roi, qui a gravé ce bateau volant & publié des eftampes qui en repréfentent 1'extérieur. On juge par la qu'il eft intéreffé a exciter la curiofité des Parifiens, afin de vcndre fes gravures ; ainfi 1'on ne peut avoir beaucoup de foi a fes éloges & afespromeffes. Enfin, une anecdote certaine donne mauvaife opinion de 1'auteür. de la machine aërienne, & fait craindre qu'il ne foit un charlatan cherchant a faire des dupes d'une merveille a laquelle il ne croit pas lui-même, mais dont il fe fert comme d'un moyen pour amorcer les crédules. Mi lord Blondel, paffionné pour les arts, fur le bruit feul de ce bateau volant, étoit arrivé a Paris dans le tems, que le Comte &laComteiïb du Nord y étoient: on crut que les fêtes annoncées pour ces illuftres étrangers étoient la caufe de fon emprefTement; on lui offrit de les lui faire voirril répondit qu'il n'étoit venu que pour le bateau volant, qu'il ne cherchoit aucun autre objet de curiofité, & repartiroit après s'être fatisfait a eet égard. II fut donc conduit chez le Sieur Blanchard, qui fe fit un devoir de lui montrer fa machine dans le plus grand détail, de lui en donner toutes les explications qu'il defira , de répondre a fes> D $  C 8a ) queftions fans fin. Quand l'Anglois trés-con* tentvoulut fe retirer, M.. Blanchard luiremit trés-humblement une lettre. Milord 1'ouvre,Quelle furprife,! Cet Artifte prétextoit le be> foin qu'il avoit. d'argent pour conduire fon ouvrage a la derniere perfection & lui demandoit vingt -cinq louis. Milord Blondel s'étonne de cette baffefle» & confulte celui qui lui avoit procuré la connoiiïance du Sieur Blanchard fur.ce qu'il devoit faire; mais fon introducteur indignéje décourna de lui. rien donner, & réprimanda vivement cet Artifte, qui, hontetix de s'être aviü infrudtueufement, auroit voulu cacher ]'anecdote,malheureufement trcp répandue, Le. 23 Aoüt 1782. . II eft décidé abfolument qu'on prolongera Ie théatre de la falie aétuelle, de 1'opéra., &. qu'on y .travaillera inceflamrnent. . Suiv.ant les devis, cette augraentation coüt.era plus de 6c,o.ooliv. &.doit rapporter par an 70,000 livres au moins 'par 1'accroiffement du, parterre, de 1'amphithéatre & du nombre des petites loges, au moyen de quoi ces frais fe trouveront pris fur. les. bénéficei BijSme. . Le 23 Aoüt;. La tragédie de Tihre, joué* auiourd'hui la première fois, quoique très-dé fefiueufe, fait honneur a fon auteur, dont c'eft iedébut. ,11 a furtout très-bieu peint le caractere de cet Empereur, & a démêlé avec ïdreffe'tous les replis; du cceur de ce Ptiöc?  C 83 ) Mche, diffimulé & atroce. Mais ce caractere concentré, excellent pour 1'hiftoire , eft peu thé&tral, & en général il faut infiniment d'art & une étude trés réfléchie du théatre pour le produire fur la 'fcene, le mettre en jeu, le développer & en tirer de grands effets, tels qu'ilen faut pour frapper la multitude. Le 23 Jout. M. de Mirbeck a écrit a tous" ks Magiftrats du Confeil une lettre en date du X9 Juillet, a laquelle il a joint une copie de fon mémoire dans lequel il déclare qu'il n'y a pas un feul mot qui puisfe -s'appliquer aux Officiers de la marine royale, bi aux dépofitaires de Pautoriié fuprême, & qu'enfin il s'eft renfermé dans les hornes d'une défenfe légitime, en révélant les irrégularités qu'il a trouvéeS' dans les procédures faites ajl'Amirauté tieBreft, & en démon trant -la négligence de ce premier tribunal. II va plus loin & prétënd quë , bien Ibi'ri d'avoir inculpé les Officiers de la marine royale 9 il a chërché , au contraire,'& éloignef d'eux les foupcöns en peignant les ravifleurs comme une foldatesquê eff'rende, ce' qui ne peut concer=' ner 1'Etat-major. - Enfin , dans une rcquête' nouvelle" il dit % „ Les fuppliahs' font bien éloignés d'inculper „ ie oieur ae ta motte riquet et tes prmapaux „ Ufhciers. Le grand-Général ot ces braves „ Marins font au deffus du plus légérfoüpcor; mais leur mrmanri» r,Mit- ctvo'.r-Mê nnmtv-fv  C 84 ) „ par des Subahernes, dont un vil intérêt a „ dirigé les aétions, & dont la mauvaife f'oi a „ fans doute tiré avantage de Ia facilité des „ Officiers de 1'Amirauté. D'après cette juftification , M. de Mirbeck a été relevé de fon interdiction. Malgré fon hommage rendu aux Officiers de la marine, ceux qui favent comment les chofes fe comportent ne peuvent ignorer que c'eft fur 1'Officier envoyé pour amariner le navire que doit porter 1'inculpation, paree que s'il ne püloit pas lui-même, & s'il n'autorifoit pas le pillage, il 1'empêcheroit en punilfant ceux qui s'y livrent. Le 24 Aoüt 1782. Bien des gens craignoient que les Chabrillant après avoir eu le crédit de fouftraire M. de Mareton aux peines infamantes qu'il méritoit, n'eulfent celui d'empêcher même 1'affiche de 1'arrêr. II paroit cependant, & a la lecture on s'appergoit encore mieux de la foiblefle des Juges. Tous ne penfoient pas de même ; il y a eu des voix pour régler le procés a 1'extraordinaire & décréter Je coupable de prife de corps. Le Préfident de Lamoignon a fi bien intrigué, qu'il a empêché les avis trop vigoureux. On eft encore faché qu'il ne foit fait mention en rien dans le prononcé, foit du Soldat qui a arrêté M. Pernot, foit du Sergent qui Pa conftitué prifonnier, foit enfin du Sieur Deschamps, PAdjudant de la garde, qui s'eft obftiné a, laiifer ce Procureur au corps de  (85) garde pendant trés-longtems , fans daïgner même 1'entendre. Tout cela indigne & révolte. Mais Meffieurs répondent que , malgré la haute police qu'a le Parlement, ils ne peuvent rien prononcer ou voir a la comédie, oü les Gentilhommes de la Chambre, les In* tendans des menus & M. le Maréchal de Biron ont feuls infpection. Quoi qu'il en foit, en parlant du Comte de Moreton , qui , pour fe donner quelque reliëf & fe fouftraire aux huées du public, a obtenu d'accompagner M. le Comte d'Artois au camp de Saint-Roch, quelqu'un difoit qu'on ne favoit trop ce que cet étourdi étoit allé faire la. Un au re a répondu-: 11 eft allé fe faire mettre du plomb dans la tëic. Le 24 Aoüt 1782. Üepuis plus de trois mois que M. Linguet eft forti de la Baftille , on étoit bien furpris que ce perfonnage turbulent reftat dans Ie filence & l'inaction , qu'il ne fit point parler de lui d'une facon ou d'une autre; enfin , 1'on a la clef de fa conduite. Une des conditions de fa fortie a éié qu'il ne refteroit point a Paris; qu'il ne fortiroit pas non plus du royaume; mais qu'il choifiroit un exil oü il s'arrêteroit jufqu'a ce qu'il eüt permiffion de revenir. Cependant, pour lui donner Ie tems"de faire fes affaires, de vaquer a fa fanté, & de voir fes amis, il a eu environ fix femaines de répit.Bref,il a fallufe rendre è fa deftination.il avoit choifi pourretraj.  (86) te une terre de Mad. la Comteffe de Bethune fa cliënte, auprès de Rhétel, il s'y eft rendu avec fon fiere; mais on apprend qu'il a trouvé Ie fecret de fe fouftraire aux regards de fes furveillans & qu'il eft pafte en Allemagne, d'oü il s'eft rendu a Bruxelles, oü 1'on ne croit pas qu'il foit refté. On ignare encore oü il fixera fon féjour. . Le 24 Aoüt 1782. Tout le parti des GIuckiftes treffaille de joie depuis qu'il a appris que le Chevalier Gluck , entierement rétabli de fa maladie, s'eft déterminé a fe mettre en route pour France, & doit arriver a Paris au mois d'Oétobre avec un opéra de fa facon qui eft Hypermnelire. Le 25 Aoüt 1782- On a répété ces jours-ci a 1'opéra le Siége de Péronne, tragédie lyrique' en trois actes par M. de Sauvigny , mufique du Sieur Defaides : on a été affez content de Ia- mufique du premier acte' , en ce qu'on ne croyoit pas ce compofiteur capable dü grand genre. II doit, au refté, faire mieux qu'un autre; car il a un amour-propre puant, & dit du mal de fes confrères , rie trouve rien de bon, & dédaigne même Gluck. C'étoit un fpeétacle plaifant de voir fe dé-' mener fur le théatre le Sieur Defaides avec une charlatanerie qui paflbit pour enthoufiafme aux yeux de ceux qui ne le connninent «as. II a fait deux fois le tour de fOrcheftre, en parlant a chaque Muficien éV-  (87 0 en Ie remerciant de ce qu'il avoit bien fait," pour 1'ergager a mieux faire ; il a embraffé tous les Aóteurs & les Actrices même les plus déteftables, trouvant tout a merveille; enfin, a fes airs de danfe, il danfoit pour prouver qu'ils étoient très-fort dans le genre., Au refte, ce n'eft qu'un eftai , & 1'on eft convenu d'encourager les Auteurs a continuer & a terminer leur ouvrage. Le 25 Aoüt. 178a. . 'Relation de la féanct tenue aujourd'hui d PA* cademie francoije pour la diftribution du Prix< Tout le monde étant en place & trois heures & demie ayant fonné, on étoit furpris de ne oas voir paroïtre Meffieurs. Le bruit s'étoit bien répandu dès Ie commencement que M. de Fiorian, le candidat qui devoit être couronné, ayant 1'honneur d'être Gentilhomme de M. le Duc de Penthievre, ce Prince & Madame la Ducheffe de Chartres devoient affifter a Ja féance; mais on connoit 1'exaclitude de leurs Altefles; on défefpéroit de les voir, furtout ayant remarqué une .lettre apportée a M. de Fiorian par un valet-de-pied du Duc de Penthievre, 011 craignoit que ce ne fut 1'annonce de quelque changement dans leur marche. Enfin, Meffieurs font entrés & affis; on les a 1 vus.chuchoter beaucoup. entre euxi on ne e  (38) favoit ce que tout cela fignifioit , quand M. Dalembert a pris la parole & annoncé que M. le Duc de Penthievre & Madame la Ducheffe de Chartres qui defiroient fe trouver a la féance, venoient d'écrire qu'ils étoient veterus a Verfailles plus longtems qu'ils ne comptoient, & ne pouvoient arriver qu'a_ quatre heitres; que 1'Académie croyoit devoir attcndre leurs Alteffes & en demandoient la permi mon a 1'affemblée. Le public par des battemens de mains a donné fon Spprobation a la déférence de la Compagnie, & en effet le Duc & 11 Divcheife s'é ant rendus. a 1'heure indiquée ont été accueillis avec des applaudiffemens imiverfels qui caractcrifoient bien le plaifir qu'on avoit a les recevoir. Ao'ès tous ces préliminaires, M. de la Harpe, qui fe trouvoit Directeur, a ouvert la féance par un petit discours préparatoire, oü il a rendu compte en quelque forte des motifs qui avoient déterminé 1'Académie a préférer la piece de M. de Fiorian & a le couronner. II i dit qu'elle s'attachoit furtout a deux chofes- la iuttefle des idéés & la pmpriété des cxpreffions, & ces deux chofes font celles dunt malheureufement les candidats s'occupent le moins aujourd'hui. C'eft a 1'Académie a les y rappeier. En conféquence, elle n'a point donné d'acccffit. Cependant elle a décidé qu'il feroit fait une mention honorable de fix pieces dont il a lu les titres. Un feul  C89) Auteur s'eft fait connoitre , M. Carbon de Flins. La piece de M. de Fiorian manquant de beaucoup de chofes, ce que n'a pu diffimulé le Directeur, a du moins les qualités esfentielles exigées. D'ailleurs , quoique la Compagnie eüt Iaiffé le choix aux Auteurs , celui-ci a pris le fujet qu'elle defiroit le plus de voir traiter, la Servitude abolie dam les domaines du Roi. Enfin, le candidat a eu Padreffe d'y mettre en fcene Voltaire; il eft fon parent; tout cela n'a pas peu contribué a fon triomphe , réflexion qu'on fert bien n'avoir été faire que par certains fpeétateurs un peu au fait du tripot académique;mais amenée naturellement par Paffeftation deM. de la Harpe de citer ce raaitre défunt & de prendre un paragraphe de 1'hiftoire du fiecle de Louis XIV pour exorde de fon discours. I! a termiré par un compliment a M. de Penthievre & a Madame la Ducheffe de Chartres, délicat & vrai, ce qui eft le plus rare en pareil cas. M. Dalembert a lu enfuite la piece couronnée, intitulée Voltaire & h ferf du MontJura, II faut fe rappeler que le grand homme mis en fcene a beaucoup écrit en faveur des habitans de ces contrées main-mortables du chapitre de Sr. Claude en Franche-Cotnté, ce qui donne lieu a la ficiion. Le dialogue en vers hbres, fans être fort orné d'images & de toutes les richeffes de la poéfie, a cette onction philofophique trés a la mode aujour-  i C90-) efhui', furtout du goftt des Juges, il a plu 5 il a le ton de fatyre dont 1'ami de 1 humanité impregnoit fi fortement fes ouvrages même en la prêchanr.. Le leQeur n'a pas manqué d'infifter a' propos fur les emir-ons de cette efpece, & les auditeurs doeiles répondoient fur le champ a fon appel par de grands applaudiiTemens. La piece linie , M. Dalembert a fait a fon tour un discours pour annoncer une note de 1'ouvrage qu'il alloit lire , quoique ce ne füt pas 1'ufage de 1'Académie; mais trop intéresfante pour 1'omettre. Cette note n'eft autre chofe que les faits rélatifs aux droits du chapitre de Saint-Claude, dont on a vu les détails dans tout ce qui a été "écrit réeemment fur cette matiere. Le feul fait nouveau qu'il' nous ait appris, c'eft que 1'édit mémorable de 1779, aboliflant la fefVitude dans les domaines du Roi n'eft pas eucore enregiftré au Parlement deBezancon. Suit la lifte des bonnes aéüons du Philofo» phe de Ferney dans cette terre, bonnes actions que fes partifans & lui-même nous avoient dëja vantées en maint endroit, & qui ne détruifent pas - malheureufement d'autres mauvaifes,c< trés mauvaifes, qu'on luireprocbe au moins avec tout autant de vérité. A la lecl-ure de Ia piece- couronnée a fuc. cédé celle d'un Portrait de Jules Cefar par 1'Abbé.Arnaud , morceau qu'il,avoit déja lu.a.  fa féance oü avoit affifté le Comte du Nord,' ce qui annonce ou une finguliere ftérilifé de la part de la Compagnie, ou la grande im« portance que 1'Auteur met a fon ouvrage. Ce portrait eft dans le goót des mélanges de Saint-Réal ou de Saint-Evremont. II a huit pages: c'eft un réfumé de tout ce qui a été écrit dans les-Hiftoriens latins de cet illuftre Ernpereur. II fait plaifir d'abord & fatigue i la fin par le retour néceflaire des mêmesidées, des mêmes images & des mêmes tournures. L'Académicien, dans un court préambule, avoit adopté aulTi'un petit bout d'éloge pour Ie Prince & fon augufte fille. M. de la Harpe ayant repris haleine, dont il avoit befoin, .a embouché la trompette béroïque. II a déclamé fur Ie ton le plus élevéJe dernier chant de fa tradudion de la Pharfcle de Lucain. On fait que ce chant qui eftr Ie dixieme n'eft point fini, que Ie Poëte latin eft refté même a un vers dont Ie fens eft interrompu. Le traducteur eft parti de lipour4y. ajouter un épilogue dont il avoit- donné 1'avant-goüt par un précis de 1'anecdote de cette interruption & de Ia mort de Lucain. Le tout a été vivement fenti & applaudi, .& prin»dpalement 1'épilogue oü il y a de très-beaux vers, de 1'énergie, de la philofophie & beau-coup de fenfibilité. Quant au chant, il confifte pour ia plus grande partie en difcriptions ,, ds palais, de monuraens, d'ouvrages .deJ'ar£_.  ( 90 & de luxe, tellement épuifées que , malgré qu'elles prêtent infiniment a la poéiie , elies en deviennent faftidieufes. Le Secrétaire de la Compagnie a cios la féance par difTérentes annonces. to. II a réitéré celle du fujet du Prix déloquence pour 1783 qui eft FEloge de Fontenelle. 2°. II a dit qu'un particulier , zélé pour le bien public , & qui penfe qu'une bonne éducatinn y peut beaucoup contribuer, avoit defiré qu'il fut compofé un traité élémentaire de morale, qui expliquat & prouvat les devotrs ae Thomme & du citoyen ; qu'il avoit en conléquence dépofé 1200 livres s prix qui.devoit etre décenié par 1'académie francoife a la féance publique de la St. Louis 1782. H a ajouté qu'elle n'en avoit trouvé aucun digne de 1 obtenir; qu'en conféquence il étoit remis pour Ia Saint-Louis l?84; qu'il feroit diftnbué de iwuveaux Profpe&us inceflamment avec une ~r. a«^iw»>*;«n «ni rHriireat les concurrens, dont s'étoit chargé M. le Marquis de Condor- eet, fi propre a ce genre uc u«v«m. ■ > Le Secrétaire fait mention des deux nM,„0„,v r,riv fnndés nar un inconnu, 1 un pour le meilieur ouvrage qui aura paru dans 1'année, & 1'autre pour la meiileure action qui aura été faite. . Le premier doit étre diftribué au mois de Décembre, dans une affemblée fans doute publique ■& extraordinaire que la Compagnie in-  C 93 ) diquera, & Ie fecond a Ia Saint-Louis pro chaice. M. Dalembert a fini par une péroraifon oü il s'eft prév:lu dc cette confiance nouvelle de tant de bons citoyens en 1'Académie Francoife pour réfuter ceux qui la dénigrent. II a déelaré qu'elle feroit de plus en plus tous fes effbrts pour foutenir cette haute opinion qu'on en avoit, & pour contribuer a tout ce qui peut encourager & accroiire 1'amour de la vertu, de 1'humanité, de la patrie. P. S. Les pieces de M. Carbon de Flins font 1°. Discours en vers fur la fervitude abolie dans les domaines du Roi, piece qui avoit concouru dès 1780 & 1781, nommée deux fois la première du concours ; mais ces deux fois on avoit remis le prix. 2°. Poëme lyrique fur la naiffance du Dauphin; &z le troifieme, Dialogue entre un Poëte & un homme du monde; c'eft de ces deux dernieres pieces dont il a été fait une mention honorable. Le afJ Aoüt 1782. On a chanfonné M. le Comte de Moreton au fujet de fon aventure avec le Procureur Pernot, & de 1'arrêt intervenu ; mais cette chanlon eft fi plate qu'on n'ofe la rapporter. II n'en eft pas de même d'une autre calembour a 1'occafion du voyage de cet étourdi a Gibraltar. On dit que le Roi de France ne pouvoit rendre un plus grand  C 94 ) fervice au Roi d'Efpagne que de lui envoyerle premier homme du monde pour prendre les places d'affaulr. Le 26 Aoüt T7H2. Suivant 1'ufage annuel, les morceaux deftinés a concourir pour les prix de peinture & de fculpture, ont été expofés hier toute la journée dans les falies de 1'Académie. Le fujet du premier eft k retour ck 1''Enfant prodigue dans la maifon patcrnelk, & celui du fecond eft la charité du Samaritain- On a vu en outre dans les falies de 1'Académie d'Architecture les plans divers qui ont concourupourle prix de cette Compagnie, dont le fujet étoit le projet d'un palais dejufttce. 11 faut laifler écouler les délais néceffaires avant que les diverfes Académies proelament les vainqueurs. Le 27 Aoüt 1782. Quoique M. Blanchard-, pour écarter les curieux, eür fait contremander en quelque forte le public par la rétraéla♦ion de l'annojice de fon expérience, il ne la pas moins tentée Samedi en fecret ; mais fans le moindre fuccès. L'effai s'eft fait.a la Villette dans le chateau de 1'Abbé de Vienné; il en a réfuhé l'impoffibilhé abfolue de s'élever de terre par la trop grande pefanteur de la Machine. S'obftin^nt a la faire aller , il 1'a dérangée & brifée en grande partie. II ne fe décourage pas. II en a tout de füite imaginé une autre plus téjÉere, d'un moindre volume & d'une nouvelle forme. Elk reffemble a une  ts>S$ «age ronde; elle eft fort avancée & il pourra fous peu de tems donner ce nouveau fpeéhde. Mais quelle confiance prendre en un machinifte qui calcule aufli mal fes forces & fe trompe auffi lourdement! Le a8 Aoüt 1783. II eft une courtifanne, nommée Cleophile , qui a d'abord danfé chez Audinot, qui a paffié enluite alopéra, ce qui I*a mife fur le trotoir , & lui a procuré des amours diftinguées, entre autres M. le Comte p'Ararida; n'ayant plus befoin pour faire forïune de fon état oü elle n'obtenoit pas des fuccès affez brillans, elle s'eft retirée du théatre & s'eft confacrée toute entiere aux aventures galantes. Depuis, un accident facheux a même diminué beaucoup fes triomphes en ce genre. Une maladie vénérienne lui a enlevé une partie du palais de la bouche qu'il a fallu remplacer par une feuille d'or, ce qui lui voile abfolument la vdx & la fait nazilonuer d'une facon très-desagréable. Cette disgrace 1'a rendue fas;e; elle donne dans les beaux efprits & les Philofophes. ï)epuis quelque tems M- de Ia Harpe s'eft épris pour cette impure de Ia plus belle paslion, & 1'on peut en juger par les rer.s fuivans en fon honneur, pleins de graces Sc de fenübilité. L'inconrtance & l'avtifice Partout reipp! $oient l'amourj Toujours foumis m cnprice, Son pouvoir étoit d'un jour.  C 96 ) „ Mes feux, dit-il, vont s'éteindra; „ Ils devoient tout animer. „ Que les wortels font a plaindreï Ils ne favent plus aimer. Pour préwenir cet ouirage , II épuife fes efforts Sur le plus charmant ouvrage Qu'embelliiïent fes tréfors. Or jus.ez s'il eft habile, L'enfant maltre des huinains: Vous voyez dans Cléophile Le chef-d'oeuvre de fes mains. Lui-même avec complaifance Vit fon prodige nouveau; Les graces, a fa naiffance, Entourerent fon berceau. Le Dieu dit: „ je fuis tranqui'e: ,, Rien ne peut plus m'alarmer. Quand ils verront Cléophüe, „ Ils voudront encore airner." Quelle grace enchar.tereffe Dans fes traits, dans fon èfprk! ■Elle charme, elle intérefiÜ Elle attaché; elle ravit. Le Cceur le plus indocile, Contre elle ofe en vain s'armer. Un regard de Cléophile Eft un ordre de 1'aimer. Quoiqu' Amour m'ait dans fes chaines Engagé d'une fois, Qiwi  (97) Quoiqu'Atnour, malgré fes peineSj M'ait fait adorer fes lois, Par une erreur trés - facile Dans un cceur bien enflammé, Je crois, prés de Cléophile N'avoir pas encore aimé. f Je veux, a fes lois fidele, Ne chanter que mon ardeur» Dieu! que ma Mufe n'eft-ellc Auffi tendre que mon cceur! Ma voix a l'amour docile N'a qu'un refrein a former: J'aime, J'aime Cléophile, Et ne vis que pour farmer. En les faifant inférer au journai de Paris, ii n a cependant ofé y mettre fon nom ; on ne fait pour quoi, car il eft trop aveuglé de fon amour pour en rougir: il l'avoue a fes confrères, il les mene chez Mlle Cléophile & vóudroit 1'ériger en Afpafie moderne. Enfin, k la Samt-Louis derniere il a ofé 1'introduire a 1'Académie, la placer parmi les femmes les plus honnêtes & jufque f >us les yeux de M le Duc de Penthievre & de Madame la Ducheffe de Chartres qui honoroient 1'alTembIée de leur préfence , ce qui a indigné tous le* Ipeébiteurs. Le 09 Aoüt 178?. m. Suard "ft un membre i de 1'Académie francoife, qui n'a même rien i écnt fur la mufique, mds qui, par fon intimité 1 Tome XXI, e  avec PAbbé Arnaud, grand enthoufiafte de cet art, s'eft imaginé y avoir acquis de grandes connoiffaaces. Il a perfundé au Miniftre de Paris qu'il feroit fort utile a 1'opéra, & quoiqu'il y ait unCenfeurattachéa cefpeftaclepour fimpresfion des poëmes, qui eft M. Brer, il s'ett fait initier dans le comité pour donner fes confeils fur les ouvrages qu'on préfente & autres objets relatifs au théatre lyrique. II a piur cela 2400 livres depenfionfurlesfondsde ce fpeétacle. * . Denuis que les principaux Acteurs & Actrices font a la tête de la manutention de leur république, ils ont trouvé dur de voir fiéger parmi eux un étranger fans caractere, fans talent, & ils ont commencé par 1'exclure en ne 1'invitant point a leurs féances, M. Suard fentant lui-méme fon in-utilité, fon incapacité réelle., n'a ofé fe plaindre au Miniftre de cette exclufion,, de peur d'aignr les efprits & de faire mettre trop évidemment au jour fa nullité, D'un autre eöté , craignant avec raifon de perdre une penfion prile fur les bénéfices des coriphées & autres membres conftituant la Société lyrique, qui ne pouvoit le voir qu avec peine fe former une exiftence a leurs dépens, il a imaginé de fe rendre nécesfaire, a^réable même, en fe faifant donner par fon beau - fi ere Pankoucke , Partiele de Popéraa rédiger; ce qui ne plait guere a M. deCharnoy e,n polTefllon-de cette partie,  C 99 > Quoique Ie nouveau critique air grand foira de ménager 1'amour-propre de chacun, en lui djftribuant une dole d'encens convenable, il vient de fe faire une querelle par une cenfure amere de 1'émulation de force & de légereté qui regne aujourd'hui entre nos principaux Danfeur?. II voudroit qu'on exclut ces fortes d'alTauts de la danfe noble, qu'on réfervat les entreehats tournans, les doublés & triples pirouettes en fair & fur Ia pointe du pied pour les fêtes champêtres, les orgies, les faturnaIes. Comme ceci tombe a plomb fur M .Dauberval qui, profitant de Ia trop grande facilité, & de Pindulgence extréme du public, a porté cet abus au plus haut degré, & que cela palTe pour une petite vengeance de 1'Ariftarque , n'ignorant pas que ce coriphée ayant beaucoup de voix en chapitre, eft celui qui déclame Ie plus violemment contre fon inutilité, les amis de M. Suard craignent qu'il ne fe rende plus odieux & n'excitè une fermentation donf i'éclat lui foit funefte. Le 30 Aoüt 1782. M. Ie Comte de Barruel. wrf^itajim «tu icyimqm ue cetzunce Dragon, a ete incugne ue la taveur avec laquelle les adulateurs de 1'Abbé Delifle prönent fon poëme des Jardins^regirAé par les gens degoütcomme une production très-médiocre; révolté furtout de 1'affectation avec laquelle M. Landrin dans fon Efope d la foire. exalte, fur ie théatre des variétés amufantes, 1'Aiueur, & met fur Ie E 2  f IOO ) compte de fenvie toutes les critiques de fon ouvrage qu'il trouve fans défaut, il a pris la plume' & compofé une bagatelle en vers qui a pour titre le Chou & le Navet; il y reproelie trés-ingénieufement a 1'Abbé Delifle fon principil défaut, d'avoir omis de parler du jardinage,de s'ètre étendu en defcriptions oifeufes, en morceaux touchans,-en éloges pompeux de quantité de magnifiques coüiichets ,qui n'ont, ainfi que- fon poëme, de jardin que le nom. Cette facétie eft vive, courte & trés-bien ver- fifiée.. , , . Le 30 Aoüt 1782. On n'a pas encore pu éclaircir M. fi Linguet étoit allé librement en pays étranger, ou fi ce n'étoit qu'une évafion Clans deftine. II paffe pour conftant qu'il eft a Bruxelles, & fon frere en convient. M. le Quesne eft continuellement afiailli de gens qui. viennent lui en demander des nou veil es, & furtout le queftionnent pour favoir quand recommencera la continuation du journal;fur quoi il promet toujours que fon maitre tiendra fes eno-agemens,mais fans affigner aucun terme: lors qu'on le prefle plus vivement & qu'on lui demande du moins la reftitution de 1'argent pour 1'abonnement d'une année entiere dont on n^a encore recu aucune feuille, il répond qu'il n'a pas cet argent. Le 31 Aoüt. Le luxe s'étend a tous les états, a toutes les profefiions. Un caffé des Boulevards , appelé ci-devantle Caft Turc & qu'on  C ipi) dévroit appeler aujourd'hui le Caffé Chinois, attire la foule des eurieux. Il y a apparence que la redoute chinoife de la foire en a donné Pimagination. Tout y eft abfolument dans ce coftume étranger & d'un gout très-pittoresque. C'eft M. Celerier qui a conduit la reftauration & le décore de 1'édifice divifé en partie fupérieure & en partie inférieure. On eft frappé d'étonnement en y entrant & il faut avoir vu •cette fingularité pour en avoir une idéé vraie. C'eft fans contredit le plus beau & le plus original monument de ce genre a Paris: on dit qu'il • coüte 8c,ooo livres. Le premier Septembre 1782. Les tomes dixfept & dix-huit des Mémoires Seprets, fervsnt ■ de fuite a la continuation de ceux de Bachaumont pourl'année 1781 ,commencent a paroitre ici. On étoit inquiet de leur retard 6c on en :craignoit 1'interruption. On y trouve furtout un détail circonftancié de la révolution du Palais Royal, qui intérelTe'non- feulement Paris, mais la France entiere , mais tous les étrangers dont c'étoit le rendez-vous dans cette capitale. II paroit qu'on n'a .omis aucune des anecdotes relatives a la querelle du Duc de .Chartres & des propriétaires (cet article eft tiré d'une feuille manufcrite trés ■ accréditée a Paris & dans les Provinces.) Le ier Septembre. Le Comte d'Hérouvillé, .Lieuttnant général des armées du Eoi, vient de mourir. II étoit ancien Infpeéteur général E 3  ( 102 ) d'infanterie,& avoit fait bruit en fon tems. Cétoit un grand faifeur de projets; il avoit même été queftion de lui pour le Miniftere fous Louis XV, & il y feroit parvenu vraifemblablement • fans fon mariage trop ii?égal. Il avoit époufé la fameufe Lelotte, maitreffe du Comte d'Albemarle , 1'Ambaffadeur d'Angleterre, laquelle fervoit d'efpion au Miniftere de France auprès de fon amant &a touché en conféquenfe jufqu'a •fa mort une penfion de la Cour de ia,ooc liv. Le ier Septembre 1782. On a auffi recueilh toutes les lettres qu'on a pu retrouver de Roulfeau pour en groffir 1'édition de fes ceuvres, ce qui fait qu'on y a imprimé fans choix jufqu' a des billets & chiffons qui ne méritoient aucune publicité. On n'auroit pas cru que pareffeux, incivil, mifanthrope, farouche, comme il étoit, il eüt tant écrit. Cependant, foit qu'on n'en eüt pas d'une date plus récente, foi- qu'on les ait omifes a deffein, ainfi que la fuite des confeffions, elles ne vont que jufqu'a 1770. Les plus curieufes font celles qui conftatent diverfes anecdotes de fa vie & les éclairciffent. . . On y voit comme, en 1755» le Roi de Fo. logne Staniflas, ayant ordonné qu'on rayat M. Paliffot de la Société littéraire de Nanci, pour avoir joué en plein théatre Roufleau, celui • ci follicita cX obtint la grace du coupable, & c'eft ce même ingrat qui fit enfuite Us Philofofhes.  C 103 > On y voiten effet comrnent les Corfes en 1765 folliciterent Rouffeau de leur rédiger un code de légiflation , demande qui lui rioit <5c; flattoit fon orgueil; mais qui excita fi vivement la jaloufie de Voltaire ,qu il fe nut ala traverfe & ernpêcha que 1'éxécution n'eüt lieu. Au refte , la plupart de ces lettres étoient imprimées, & il y en a peu de nouveües. Le 2 Septembre 1782. Le ProfpeEtus annoncé par M. Dalembert commence a fe diftribuer. On y a joint en effet une Jongue inftruction de prés de fix pages in 40. oü M. le Marquis de Condorcet ne laiffe rien a defirer pour la conduite des candidats; mais en prefcrivant la clarté, il eft lui-même ttès-obfcur, & nès-diffus en prefcrivant la précifion. Au furplus, il annonce que les diffêrentes parties de 1'ouvrage réunies peuvent avoir i"étendue d'un volume in-12, médiocre , paree que, d'après un calcul fait avec exactitude, 1'Académie,fort affurée qu'un volume de cette étendue pourroit être donné pour neuf ou dix fois broché , en laiffant'au Libraire un profit honnête,& 1'ouvrage devantêtreclaffique,arufage des enfans du peuple & des villages, on ne fauroit le vendre trop bon marché. Le 3 Septembre, On a configné dans une fa-ble allégorique 1'aventure cc le jugement du procés de M. Pernot avec M. de Chabrillant; elle eft. moins plate que la chanfon ; elle eft  C 104) même piquante en quelques endroits & mérite d'être confervée. ■ A bon Chat bon Rat. Fablt, Un chat-brillant, orgueilleux de fon luftre, Se rengorgeoit, s'enfloit, fepavanoit, Par fon gros dos cro7ant fe rendre illuftre, Avec mépris, a 1'entour il lorgnoit. II voit un rat, non de ces escogriffes Dévorant tout; mais doux & peu rongeur, Tel que fur cent, fe trouve un Procureur. A cet afpect il redreffe fes griffes Enfie fa queue, humblement & bien lom Le rat veut fuir Ia pate meutriere De 1'animal, fanfaron de goutiere, Qui le harcele & l'arrête en un coir. Sur lui valets accourent au befoin, Raton furpris eft mis dans la ratiere , Ou lacherneiit infultant a fes cris, Son ennemi veut le rendre la fable Des fpeétateurs; ils en font attendris, Et le matou n'obtientque leur mépris De maltraiter un rat, un fi bon Diable. De 1'aventure enön berné ,^ionni Le chat-brillant, n'eft plus qu'un chat-terni. Le 4 Septembre 1782. Extrait d'une lettre d'Amfterdam du 30 Aoüt 1782. . . . On vient de mettre en vente dans notre ville le Régiement  ment de PImpdratrice des Ru fles concernant la Navigation commercante de fes/u/ets. On aiTure que cette Souveraine a regardé' 1'objet comme fi important, qu'elle a daigné s'en occuper ellemême, & que c'eft un chef-d'ceuvre de légiflation feul capable de 1'immortalifer. Dés que Sa Majefté Impériale en eut fait remettre 1'original au Sénat, il fe répandit en RufTe & en Allemand. On le voit aujourd'hui en Francois & en Hollandois en deux parties, enforte qu'il va devenir le code des nations commercantes. On en fait grand cas ici, oü 1'on s'entend un peu dans cette matiere. Les Négocians, les Armateurs, les Aftureurs , les Fréteurs , les Affréteurs, tous y trouvent ce qui les concerne; rien n'eft échappé a 1'attention de 1'augufte & fage Légijlatrice. Le 4 Septembre 1782. II y a bien des gens qui en. trouvant trés - agréable Ia petite fatyre de M. le Comte de Barruel , lui reprochent d'y avoir répandu trop d'amertume & de perfonnalité. Voici comme i! s'excufe, dit-on, a cet égard : il raconte qu'ayant compofé une première critique en regie &.détaillée du Peëme des Jdrdtns fous ie nom d'un Comte a un Préfident, M. 1'Abbé Delifle en fut vivement piqué , & fe permit de dire en plein e Académie, qu'il n'avoit tenu qu a lui d'avoir une lettre de cachet contre 1'Auteur, & dé Ie faire arrêter. Cela revint aux oreilles du Comte' de Barruel, qui alorsj ne gardant plus de meE 5  Cio6) fures, écrivit a 1'Académicien pour Ie remer»cier de fon indulgence gënéreufe, & de Ia liberté qu'il lui laiflbit de parler de fon ouvrage:. il lui marquoit qu'il alloit enprofiter, & lui envoyoit en conféquence pour preuve ie petit: Dialogue du Chou & du Navel: il 1'a fait impri- ■ nier en uiême tems; mais comme on 1'avoit mutilé vraifemblabiement a la cenfure, il ï'a adreffé au Courier de l'£urope,oü ilfe trouve dsns toute fa pureté au N  tcndant des armées navales & mis en fcene dans l'Efpion Angloin Le 5 Septembre 1782. L'Académie de Peinture, dans fon affemblée du 31 Aoüt, a proclamé les vainqueurs tant pour cette année que pour les précédentes oü les prix avoient été remis. Le fils de M. Vernet, éleve de M. Lépicié a eu le premier prix cette année pour la peinture. Le premier prix, mis en réferve en 1777,» été accordé a. M. Taraval, neveu du peintre de ce nom, & éleve de M. Brenet ; il n'a que 16 ans & demi. Le fecond a M. Belle, éleve & fils du Peintre du même nom. M. Ramey , éleve de M. Gois, a gagné le premier prix de fculpture pour cette année. Le premier prix, réfervé en 1775, a été décerné a M. Chardigny, éleve de M. Allegrain, & le fecond a M'. Fortin , neveu de M. le Comte, Sculpteur & fon éleve. Le 6 Septembre, Depuis quelque tems on fe doutoit que M. de Sainte-Foi étoit en mauvaife pofture. On lui voyoit vendre , terres, maifons, effets, meubles &c. On favoit que dans une féance tenüe il y a plufieurs mois fur fon affaire a Ia Tournelle, il y avoit eu des voix pour le décréter de prife de corps, & que cette converfion de fon décret d'ajournement  C 109 ) perfonnel n'avoit été différée que par égard pour fa familie, & furtout pour fon frere 1'Abbé Radix, Confeiller de Grand' Chambre. Enfin , aujourd'hui que l'affaire a été remife fur le tapis , il n'a pu 1'échapper; elle a été réglée a 1'extraordinaire, & il eft réellement décrété de prife de corps. Le 6 Septembre 1782. On ne fauroit trop exalter le Lieutenant général de police, qui fe porte a Pamélioration de toutes les parties de fon adminiftration qui en font fufceptibles. C'eft ainfi qu'il a fondé récemment des prjx d'émulation en faveur des éleves du collége''de pharmacie. II y en a trois, un de cbymie, un fecond d'hiftoire naturelle & le troifieme de botanique. La diftribution s'en fait avec tout 1'appareil capable de flatter 1'amour propre des vainqueurs. Elle a eu lieu dans une affemblée publique oü ie rend toujours une grande affluence de fpectateurs. Celle de cette année s'eft tenue hier cinq Septembre. C'eft M. Reboul, éleve de M. Mkouard,qui a eu le prix de chimie, les autres n'ayantpas étécoucourus, reftent pour 1'année prochaine. Cette féance, du refte, eft comme celles de toutes les Académies. On y rend compte des travaux du collége ; on y litdes mémoires fur les matieres de fon reffutt Sc 1'on fait 1'ékge des membres défunts. . Le 7 Septembre 1782. On a psrlé de Ia finguliere nouveauté uu'ofire la maiiön de M. E7  C nor) d'Etienne en pré.'entant un jardin au lieu de toiture. Pour y parvenir, il a fait ufage d'un ciment impénétrabie a 1'eau, qu'il allure avoir oecouverr. ai en a iaic uii iioimua^c & 1'ón ne pouvoit déraêler pofitivement s'il étoit forti de France par évafion fecrete, ou de 1'aveu du Gouvernement. Le 8 Septembre 1782. Extrait d'une lettre de Rotterdam du 2 Septembre. . . . Le premier Volume des Fafles de Louis XV paroit ici. On attribue cet ouvrage a un mauvais fujet attaché au Chevalier Zeno, autrefois Ambalfadeur de Venife en France, & qu'on nomme Bouffonidor, C'elt 1'Auteur du Procés des Trois Rois, ce qui ne donne pas une idéé bien favorable de cet autre ouvrage. Le 8 Septembre. Les Cómédiens Italiens devoient jouer pour première nouveauté les deux Soupers, opéra comique dont la mufique du Sieur Defaides; mais ce Muficien , étant fort quinteuxóc fort altier, s'eft brouillé avec eux & ils annoncentpour demain lesdeuxAveugles de Bagdad, comédie en deuxactes, mêlée d'arietes. Le 9' Septembre. On a oublié de faire mention des prix d'architecture dont le premier a été adjugé au Sieur Bernard, éleve de M„ . Trouard,lk. le fecond au Sieur Cathala,è\tve. de M. Mauduit. Le 9 Septembre. La machine a feu établie k ChailMt par MM. Perrier, qui caufera, fuivant le malheur attaché a toutes les nouvelles inventions , peut-: être la ruïne de. la fociété qui fa' entreprife, n'e'n eft pas moins un monu- ■ ment qui fait Ié plus d'liónneur au fiécle &i t  C na) :1a France.. II méritoit bien une infcription, . & Ton attribue la fuivante au favant & célebre Abbé Boscowicb. II eft facheux qu'elle foit en - latin. Voici ce diftique. Ohiita irarum flamma bic confpirat & unda: Civibus optatas tpfe dat ignis aquas. Le 9 Septemhr.e, 1782. M. 1'Abbé de Saxe couun germain cm koi , qui s étoit diftingué au i'éminaire.de Saint-Magloire & y faifoit fes études avec de plus grand fuccès;, vient de mourir agé de 17 ans. . Le bruit fe répand auffi que M. Duhamel du Monceau de 1'Académie des fciences eft : mort depuis quelque tems. Le 9 Septembre. x^-x. On parle beaucoup d'une cataftrophe, arrivée hier, fort tragique. Fans la rue Meflée demeuroit une courtifanne nommée Dargent * d'une jolie figure, & trèscoquine, fuivant 1'ufage. Elle étoit entretenue par M. Lefpinas, négociant d'Amérique, qui lui donnoit 1200 liv. par mois. On allure que la foupconnant inüdele, il s'eft rendu la nuit dérniere chez elle pour vérifier le fait, & que 1'ayant trouvé couchée avec'un jeune homme,. il s en eit luivi une nxe dont le réfultat eft que 1'entreteneur a été jeté par delTus la rampe de 1'efcalier & eft mort de fa chute. Le 10 Septembre. Le prémier acte des deux dveugles de Bagdad , quoiqu'aflez vuide- &  < "3 ) ■ tiès-Iong avoit fort bien pris a caufe de 'Ia mufique. On continuoit a Ie goflter ,& quelques fcenes fe fentant bien de la farce, mais par leur gaitë & fa gentillefle de leur exécution ayant plu a la plus grande partie du public, fembloisnt promettre aux Auteurs un plein fuccès, lorsque tout-a-coup il s'eft formé un orage fi violent dans Ie parterre, fi loutenü,fi -général, qu'il a fallu que les Acteurs fe retirafient fans avoir pu finir. la piece & fans^qu'on ait pu deviner la caufe d'une cabaie de cette efpece; car les fifiets fe faifoient entendre avec une fureur dont il n'y a pas d'exemple a ce théatre depuis qu'il eft policé & fous 1'empire d'une garde militaire. Ce qu'il y a de plus extraordinaire , c'eft que la préfence de Ia Reine n'ait pas contenu ces mécontens,qui ont manqué eftentiellement de rcfpeét a Sa Majefté. On a cru obferver que cette indécence lui donnoit d'abord beaucoup d'humeur; mais revenant bientöt a fa bonté naturelle, elle s'eft mife a rire, ce qui a déterminé la chute abfolue de 1'ouvrage. II eft de M. Marfollier des Vivetieres quant aux paroles, & d'un M. Fournier quant a la mufique. Le fuccès du premier dans le Vaporeux qu'on jouoit ce jour-la même, doit le confoler de cette disgrace. Quant au fecond , dont c'eft, dit-on, Ie coup d'eifai , les connoiffeurs ne lui rendent pas moins jultice & en concoi-  C«4> vent de haures efpérances, furtout s'il elf jeune. Le li Septembre 1782. Depuis que les honoraires des Auteurs font augmentés al'opéra, il femble que le plus gr:;nd nombre fe foit tourné vers cette partie. On compte quatorze ou quinze ouvrages reeus»finis ou en train; en voici en gros la lifte.- Poëmf'S, Auteurs.- Muficienf. Hypermneftre. 3 Acres. Le Seigneur Bienfaifant ac- cru d'un pre- mier Acte. Diane & Endy- mion en trois Adtes. Renaud. La fuite d'Ar- niide. Nitocris»- Mrs. Le Baron de Schuldy. Rochon de Chabannes. Le chevalier de Lirou, Ancien opéra de Pellegrin arrangé par le Bailly du Rollet & compagnie. - Morel.. Mrs. Le chevo Gluck. Floquet.. Piccini»- - ' ■ Sacchinio Golfte  C iï5 ) Poëmes. Auteurs. Mufickns*,. L'Embarras des Rieheffes.3. Actes. Le Premier JNa- vigateur. Alcide. Bayard. LaConquêtedu Pérou ou Pizarre. Péronne fauvée en 3 actes. Fragmens eompofés de PAo te du feu de Roi & d'un nouvel Acte, intitulé Arianne, Abandonnée. Et d'Apollon & Daphné 3e. acte. Mrs. Lourdet de Santerre. Fenouillot de Falbaire. Dubreuil. Du Rofoi. Dubuiifon. Sauvigny. Moline. Pitra. Mrs. Gretry.. Philidor.. Cambini Froment ier^ violon de 1'Orcheitrei de I'opéra. Candeil. Defaides."' Hay delman» Alleinand. Mayer.  ( 116 -) Outrè ces treizé 'ouvrages connus, ori parle encore de deux autres dont on ne nomtne que les Muficiens , MM. -De/augiers & Rigel. Le ii Septembre 1782. La Demoifelle Dargent & Ie jeune homme couché avec eIIe,nommé Loquin, ont été arrêtés ainfi que les domestique's, dit-on, au nombre de deux- Ce jeune homme eft fils d'un marchand de bois. II femble qu'il n'auroit pas regardé Pa venture com»me bien férieufe, puifque des témoins oculaires afturent qu'il traitoit la chofe en plaifantant & rioit encore lorfqu'il a été arrêté. La paroifle de St. Nicolas n'a eu permiflion de faire la levée du cadavre qu'hier aprés midi, & ce qu'il y a de Gngulier, c'eft que M. Lespinas, quoique tué en mauvais lieu, a eu les honneurs de la virginité & le poële blanc. On le croyoit garcon; il a cependant femme Sc enfans. La Demoifelle & fon amoureux auroient eu le tems de s'enfuir aprés le délit, fi Ie portier de la maifon qui avoit envoyé chercher la garde, ne fe fut oppofé aleur fortie. Cette hiftoire fait grand bruit par Pintérêc vif qu'y prennent toutes les impures de Paris. On raconte que M. Lefpinas avoit prêté fon caroffe a Mllè Dargent pour aller a SaintClou; qu'il comptoit le foir la voir venir fouper avec lui;mais que la voiture étoit revenue a vuide; que la Demoifelle s'étoit fait excuftr fous prétexte d'incommodité , ce qui avoit  C"7) donné de? foupcon, a IVtreteneur, qui, pré* venu du fait par fes dpmeilques, avoit v^ulu le véniier. Le 11 Septembre 17824 D.puis que les travaux au ja'din du Roi pour fon agrandiffement & embëlluTeraent font commencés, il dgyient un point de promenade des curie ux. On admire l'immenfité de fer qui s'y confomme, ce qui occupe merveiUeufement les forges de M. Ie Comte de Buffon. Sa flatue, pofée depuis quelques années en Ce lieu, attire auffi les regards. A la mauvaife infcription francoife. dont on a parié, on a fubflitué celle-ci en latin plus noble & plus digne du perfonnage. Majejlati naturce par ingenium. Le 12 Septembre 1782. Extrait d'une lettre de Bezancon du 5 Septembre. . . . Avant de vous rendre compte de ce qui va fe paffer, il faut vous inftruire de ce qui a précédé. L'édit du mois d'Aoüt 1781 portant établiifement de deux nouveaux fois pour livre fur les droits du Roi Jk autfes' n'avoit pas pafl'é fans contradiélion & excitoit depuis ce tems des tracalferies avec la Cour. II avoit bien été très-promptement enregiftré, & dès le 30 dudit mois, mais avec des claufes y appofées qui avoient déplu & éiudé les projets du Miniftre des finances. Le Parlement avoit profité du fens très-clair du premier article de l'édit;, ne por.tant établilfement des nouveaux deux  fois pour livre, que fur les objets qui en étoient déjk grévés, pour ne pas les éremlre & ceux qui n'avoient pas été coropris dans cette irapofition, tels que les dons gratuits des villev& les droits fur les cuirs. Le Mihiftre ne I'entendoit pas ainfi. Le Parlement avoit regu en conféquence des lettres patentes,en date du 6 Mars dernier,en forme de lettres de juffion, qui ne modifiant pas. l'édit & le confirmant au lieu d'y déroger, avoient éprouvé la même réfiitance dans une délibération du 20 Mars; De la autres lettres de juffion du 13 Juillet dernier, qui n'avoient pas eu un meilleur fuccès; il avoit feulement été arrêté dans une aiTemblée du 23 dHdit mois, qu'il feroit fait au Roi de tréshumbles & trés • refpectueufes & itératives remontrances fur les; lettres de juffion. Cela fe feroit peut-être concilié avec un autre Commiffaire départi plus agréable aux Magillrats; mais celui-Ci'leur déplaït infint-' mem par fa complaifanee fervile envers fes Secrétaires qui s'en'ficbiiTent aux dépens du peuple & étrdent un luxe infolent. Quoi qu'il en foit, c'eft dans ces entrefaites qu'elt arrivé l'édit "du mois de Juillet dérni£r,portant érnbllfTement d'un troifieme vingtieme. Remontrances en conféquence réfolues dans 1'affémblëè des Chambres du 5 Aoüt,oü 1'on repréfententeroit au Roi que par les extenfions données déja aux deux premiers ving-  1119) tieiMeg , la province en paye réellemerit un troifieme , que c'en feroit donc de fait un iquatrième incompatible avec 1'épuifeinent des fPeuples. Ces remontrances furent lues & approuVées le 28 dudit mois, & adreffées au Roi ■par le courier de Bezancon parti le 30, & nous apprenons qu'un courier, arrivé hier au foir de Compiegne, a apporté des ordres au Comte de Vüux, Commandant en cette ville, =& au Parlement. Sur ces ordres, ce Commandant ademandé 1'a.ffemHlée des Chambres pour demain. La Cour s'eft réunie aujourd'hui fur fa demande & a protefté de la nullité de tout ce' qui pourroit être fait au préjudice des loix Conftitutives de la monarchie & des droits, honneur & dignité de la magiftrature, & s'eft -réfervé de ftatuer, comme il appartiendra, fur les efFers de ladite proteftation. Le 13 Septembre 1782. M. le Duc de Choifeul,qui protégeoit une ancienne courtifanne, nommée Fauconnier, maitreffe du Sieur Palisfot, avoit laiffé établir a fon profit une ga« zette des deuüs qui coütoit trois livres par année. L'hoirme de lettres , defirant tirer parti de cette inftitutioni y avoit joint un nécrolo^e des Auteurs , Philofophes, Artistes & autr^ perfchnagés de ce genre morts dans fannée, qui coütoit trois livres auffi.  (f a ao >* Les journaliftes de Paris, fous -prétexte de i'acquifition qu'ils ont faite de ces deux objets, ont rar.conné leurs foufcripteurs & porté a 30 liv. leur feuille de 24 liv. uifque - la. Les foufcripteurs fe font récriés, & M. Laut de Boifly, dans une lettre qu'il leur a adreffée, leur a démontré que cette augmentation étoit une vraie concuffion, puisqu'il ne pouvoient être autorifés a fe faire payer plus cher lorsqu'ils ne fournilfoient pas plus de marchandi- les. Ces preuves étoient fi bien établies, ces raifonnemens li victorieux, qu'il les défioit d impnmer fa note & d y répondre. kn erfet, ils l'ont gardée fort fecrette & n'ont pas répliqué. Mais ils perfiftent dans leur exaétion, & ce qu'il y a de plus révoltant, c'eft que nonfeulement ils ne fatisfont pas a la maffe de papier imprimé, qu'ils dêvroient au moins livrer aux foufcripteurs pour leur argent, mais ont retranché les courtes notices qu'ils fe permettoient déja fur quelques gens de lettres & artilles au préjudice de ce même nécrologe, & qui déformais étoient devenues une obligation pour eux, C'eft ainfi qu'ils n'ont pas dit un feul mot de M. 1'Abbe 'Remt, mort le 12 Juillet dernier. Ce n'eft pas faute de matiere, car dars le Mercure qu'on imprimé & qui doit paroitre.demain, ii y a fur lui une notice de prés de fix pages in.12, carsctere très-fm. Le 14 Septembre 1782. Le Procés du Sieur Loquin & de la Demoifelle Dargent continue  C 121 ) a s'inftruire & paroit fort difficile h juger. Ou ne peut guere douter que M. Lejpinas n'aic été affaffiné & jeté enfuite par-deffus la rampe de 1'efcalier. C'eft ce qu'on alfure réfulter du procés verbal des Chirurgiens & de la dépofition d'une Demoifelle de Bulfy demeurant dans la maifon. Mais un feul témoin, ne dépofant d'ailleurs que par conjeéture, ne fuffit pas. Toutes les filles de cette capitale, tous les efcrocs, tous les fouteneurs, tous les libertins en général prennent le parti des accufés , & cela forme fchifme dans les fociétés. Ceux qui connoiffoient M. Lefpinas affurent que c'étoit un homme trés.doux,trés pacifique: au contraire, le Sieur Loquin avoit déja eu plufieurs mauvaifes affaires, & étoit noté a la police comme un trés-grand vaurien. Quant a la Demoifelle Dargent', elle eft affez douce, mais béte & fort fujette a partagerfa couche avec tous ceux qui fe préfentent. Le 15 Septembre 1782. Extrait d'une lettre de Rome du 15 Aoüt.... M. d'Agincourt, ami des arts & connoiffeur en peinture & fculpmre vient de faire exécuter en marbre le bufte de votre fameux Pouftn, & les Romains en ont fait 1'apothéofe en le placant dans le Panthéon a cöté de leurs plus grands Artiftes. C'eft M. Segla, jeune Artifte Francois qui en eft 1'auteur. Eleve de M. Challe% aprés la mort de ce Peintre il entra chez M, Terne XXL F  ( 122 ) Couftou , & gngna le grand prix d'architecture qui le fit venir ici. J Le 16 Septembre 17-82. On trnuve en effet dans le Mercure quelques détails a extraire concernant 1'Abbé Rerai. II avoit concouru •depuis 1769 prefque pour tous les divers prix d'éloquence prppofés par 1'Académie Frarcoife, '.& enfin en 1777 il recut le prix de fa conftance. On a parlé des perfécutions théologiques que lui avoit attiré cet ouvrage. On. avoit dit vaguement dans le tems qu'il faifoit difficulté de s'y foumettre & vouloit foutenir la cenfure & y répondre. II eft conftant aujourd'hui qu'il avoit dreifé une apologie oü ilprétendoit avoir emprunté, prefque mot pour mot, les articles condamnés,du judicieux Abbéde Fleury & du célebre Jurifconfulte Eufebe Jacob de Lauriere; mais il craignoit les conféquences d'une 'guerre auffi défavantageufe & parut fe foumettre. •M. L'Abbé Remi eft auteur du .Cofmopohstne, des Jours .pour fervir de correStif aux nuits d'Toung. II avoit obtenu en 1775 un privilége pour 1'impreffion d'un DiStionnaire de Phyfique & de Cbymie, avec Papplication des principes S découvertes de ces deux fciences è P économie animale. On ne fait ce qu'eft devenu cerecueil,ainfi qu'un traitédescommunesü une vie de Charlemagne, & la Continuation: des fynonsmes de PAbbéG//w les Chambres rentrerent pour la publication, k laquelle perfonne n'affifta: quoique toutes les Chambres fufient oüvertes, elles refterent en' féance oü eMes rendirent deux arrêtsquifurent publiés le même jour a dix heures du foir dans la grand' falie qui fe trouva entieremènt remplie. 1 Ces deux arrêts vigoureux, annullant tout ce qui a été fait de force & maintenant 1'enregiltrement du Parlement quant au premier édit, & n'enregiftrant le fecond que pour un an, font fort longs,& vous les aurez quandils feront copiés, lis font a conferver, car on ne croit pas qu'ils fubfiltent. Aprés la publication de ces arrêts que le public attendoit avec impatience & regut avec applaudifiement, le premier Préfident feretira a dix heures & demie du foir; on prétend qu'il étoit a jeun. Les autres Préfidens fe retirerent auffi, aprés avoir dit qu'ils fe conformeroient a la délibération qui feroit prife; alors tous Meffieurs, k 1'exception de M. de Trevillers, qui prétend n'avoir pas fu qu'il y avoit a délibérer, fe rendirent a la Chambre de la Tournelle , oü, préfidés par le. Doyen, ils donnerent leur parole d'honneur de ne jamais entrer chez M. de Grosbois en corps ou en particulier , & d'empêcher leurs femtnes d'y aller, a raoins qu'il n'obtienne une diminution d'impöts pour la Province; & iae faire ei.fuite des excufes a la Compagnie de  C 125 ) lui avoir raanqué a 1'occafion des édits dont on venoit de s'occuper; après quoi la Compagnie délibéreroit pour favoir fi 1'on pourroit retourner ehez lui. Ij y eut jes V01-x pour ]e mettre a la monition, d'autres pour Iuienvoyer deux Députés, afin de lui faire part de la débbération: cela n'a pas eu lieu; mai"! il en aeu connoifTance le même foir par fon Secrétaire, Greffier du Palais, & 1'on prétend qu'il trouvoit que c'étoit bien fort. On allure auffi que fi Meffieurs aveient fit qu'il lui étoit éehappé de dire en fortan1- qu'on avoit fait de labefognede finge, qu'il auroit bientöt fait cafier le tout,& que dans peu on auroit de fes nouvelles, la momtion auroit eu lieu; cette punition étoit mentée, fi dans le fait il a tenu le propos lui"lequel les avis font partaeés. fe lendemam fent Sentembre, M. de GrosbO's eft entré afc Palais; il a fait fes adieux a , Chambre. Perfonne ne lui a répondu: il s eit retiré fort en colere, a donné ordre a fon portier de dire h tout le monde qu'il étoit par«* öc ie portier n'en a pas eu la peine,per- affidés, a 1 exception de 1'inféparable Camüfat. ^e Membre i78a. La Chambre du commerce de Marfeille a permi depuis lonr. S m Plr jr dCUX f0is 'a^ma,nedesfeuilles dites Mantfeftes, contenant les détails des cargaifons de tous les batimens qui entrent dans le port ds cette ville, ainfi que du lieu de  cTépart, -du nom des navires, de celui des Capitaines & de celui des propiiétaires, ou conügnataires des marchandifes. L'uülité de pareilles feuillts pour tomNégociant qui connok le prix d'un tableau fidele & continu des objets fufceptibles de fpéculation,.. devroit bien eugager les autres ports de commerce a en compofer de pareilles. En attendant, & pour les piqucr d'émulation, le bieur GafpardReboul, chargé de la rédaftion deCes Mmififtes^Vx\s des arrangemens avec la pofte pour les faire parvenirpériodiquement & francsde port dans toute la France,moyennant vingtquatre livres. Le 17 Septembre 1782. Depuis Iongtems on te plaint de la fainéantife des Chanoines; on demande a quoi ils fervent; on les regarde comme des porcs engraiffés de la dtme de öton* ainfi qué les qualifie énergiquement Voltaire, u.iquement a la charge de 1'Eglife dont ils devorent la fubftance, fans lui rendre aucun iervice. Un digne membre de cet ordre fa vengé cette année; mais fa défenfe circonfcrite dans les limites de fon chapitre n'auroit pas produit tout 1'effet defiré , s'il ne s'étoit laiffê faire une douce violence & n'eüt par 1'impresfion rendu cette juftification publique. Le Chevalier des Chanoines eft 1 Abbéde Montdenoix, Chanoine lui-mênie de 1 Eglile de Paris, Dofteur de la Maifon & Société de Sorbonne, II a profité de la circonftance ou  ( 127 5 ' ii s'eft troüvé de Ia vacance du fiége, pour donner ce femble plus d'éclat au fynóde qui fe tient tous les ans; celui dont il kgit, en eft deyenu mémorable. Il a eu lieu le26 Té- fort & 'de ? C°rpS' des fu^öts de ce corps, oj de tous ceux avec lefsiiels il a quelque aljiance, ou fur qui il exerce quelque pouyoir , qu'il a prononcé un difcours fur lExcellencc de Pétat cdnMW. Tous e auditeurs Channi„es ont treffaillï de JOie de déCOUVrir Hsne U„^„ e„..a.: „ KUm:*^ 1 . -i . '"ua iuncuufjs une lilbhm té dont Hs ne s'étoient Pns doutés jufqu'a- Zlr r 0Ï>1 ap?'aiJdl avec tranfport a 1'en-' thoufiafme de lOatpnr /?r 1 • . Pc 1p r„iH -I • ,u ' & depuis ce tems-s m L ° ieM de manif^er aux profane» fes^découvertes précieufes h cet é^ard Du. refte, 1'Abbé de Montdenoix a ênrichi fon dncours de divers accelfoires propres i voS^T»1'?furtouc des P°"raits de Voltaire & de Roufleau,qui ont merveilleufement plu au Clergé; il paroit que c'eft le morceau pour lequel il a le plus de commltï: * Üa 3V0Ue dans un Tetit avertiffeue a hvrer fon ouvrage a Ia prefle. fujet PU1"' fimple & mble comme ls' r.tt ^ ^fmbre i732. Mlle Pinet, vulgaf- reaeat appeiée & devemie » £ F 4  C 1*8 ) eeiïïon de tems la femme du Sieur Mold, Comé* dien, vient de fuccomber a fes longues^K arancles fouffrances, fuite ordonnaire de 1 incontinence des courtifannes. Elle avoit été recue a la cottéiie Francoife en 1763, &, quoique n'ayant jamais eu un talent tranfcen■ dant, s'y étoit rendue utile paf la grande habirude que fon zele & fon intelligence lm avoient fait acquérir, dans des róles qui exicent difFérens genres de talens. Le 19 Septembre 1782. On fait que le Ho» & la Reine font au chareau de la Muette drpui's le neuf de ce mois pour y faire ïnoculer Madame, fille du Roi, ou Madame Royale,Cous leurs yeux,ce qui doit rnefvei»leiifement raffurer les gens timides queffrai* roient les propos des anti-inoculateurs prétendant que 1'on peut avoir deux fois la petite vérole, & que conléquemment finoculation ne garantit pas du danger de la recliute. Affurément fi les gens de 1'art n'avoient décidé le contraire, on auroit fuppüé Leurs Majeftés de ne pas s'expofer au même air, & de fe féparer de cet enfant précieux pour le tems de 1'opération, ainfi que le refte de la familie royale ; on alfure même que le Roi vifite fouvent 1'inoculée. Le 19 Septembre 1782. Extrait d'une lettre de Bezancon du ij Septembre . . . Voici le premier arrêt rendu dans l'aflemblée des Chambres  ( 1=0 ) bres du fix de ce mois après la féance du Comte de Vaux. Vu par la'Cour (ie paffe la récapitulation de ce que je vous ai déja mandé} vu le regifire de la Cour du préfent jour, vérifiant qu'a la féance du matin le Comte de Vaux a préfenté une lettre clofe datée a Compiegne le «* trois du préfent mois, laquelle il a dit être fa lettre de créance ; avec autres lettres clofes dudit jour adreffées tant a la Cour qu'au premier Préfident pour renregifirement desdits édits & lettres patentes; que le Comte de Vaux a dit a la Cour, que la volonté du Roi étoit qu'il fit enregidrer, fans qu'il fut queftion de délibérer; & cependant a préfenté deux lettres de juffion datées.a Compiegne dudit jour trois Septembre courant, adreffées aux gens; tenant la Cour de Parlement a Bezancon pour procéder en tems de vacation a 1'enregiftrercent pur & fimple desdits édits & lettres patentes , fur quoi ladite Cour ayant infifié & délibérer fur lesdits édits & lettres parentes,, ledit Comte de Vaux a itérativement refufê de laiffer délibérer librement fur iceux; 1'arrêt du préfent jour par lequel la Cour , aprés la tranfeription, & lecture faite par les ordres du Comte de Vaux, & la retraite d'icelui, a>. déclaré tout ce qui venoit d'être fait par lu?„ enfemble tout ce qui avoit précédé, fuivi &■ .pourroit fuivre, nul & de nul effet; délibé?  C *3ff y rant en conféquence fur Ia tranfcription & Ia publication illegale de l'édit du mois de Juillet dernier & des lettres patentes des6 Mars» 13 Juillet & trois Septembre de la préfente. année,faite en ce jour par voie d'autorité par ledit Comte de Vaux, les gens du Roi mandés, ouïs & retirés , ladite Cour s'étant fait repréfenter deux imprimés desdits édits &. lettres patentes faifant mention de la le&ure & publication qui en a été faite de 1'ordre exprès & commandement du Roi, portés par ledit Comte de Vaux, lesdits imprimés de rimprimerie de la veuve Daclin, a Bezancon portant de plus qu'ils feroient envoyés auxBailliages & autres fiéges du refibrt; fait en Parlement a Bezancon le fix Septembre 1782. La Cour, confidérant que fes regiftres ne préfentent aucun évenemeht plus aflligeant pour elle & pour les peuples du reffort, a 1'occafion d'établiffement d'impöts, que celui qui vient de fe pafler fous fes yeux, par le violement de toutes les regies, & par 1'introduction nouvelle de formes inufitées jufqu'a préfent; que non*feulement le Comte de Vaux a refufé de communiquer les ordres qu'il avoit recus, mais qu'il a'encore empêché ladite Cour de délibérer fur lesdits édits & lettres patentes, quoiqu'ils lui fufient adreiTés avec ordre de les faire exécuter; que fur la demande faite au: premier Préfident de nommer un CommüTaire.-  pour en faire Ie rapport, il n'a pas voulu y déférer, & s'eft mis en reftis de communiquer les ordres qu'il a dit avoir a ce fujet; que non-feu!ement ladite Cour a été forcée d'aslifter a la tranfcription desdits édits & lettres patentes, mais même a leur publication; comme fi fa préfence pouvoit autorifer la transgreffion des formes confacrées pour la vérification & Ia publication des loix. Qu'il n'y eut jamais de furprife plus manifefte faite au Seigneur Roi, que Pexpédition des ordres donnés au Comte de Vaux & des Iettres de juffion des 6 Mars, 13 Juillet & 5 Septembre, que lesdits ordres & lettres de juffion étoient accompagnés de fix lettres dofes pour ladite Cour, de quatre pour le premier Préfident, de quatre autres pour Ie Procureur général & quatre pour le Greffier en chef dudit Parlement, toutes de la date du3 Septembre , lesquelles n'ont dü être écrites qu'après Pexamen des trés - humbles & res~ pectueufes remontrances que ladite Cour cru devoir adrefler audit Seigneur Roi fur l'édit portant établilfement d'uii troifieme vingtieme , comme Ie fuppofent les lettres- de' juffion du 3 Septembre fur ledit édit, ?Que ces remontrances que ladite Cour s étoit preffée de porter au pied du Tröhev n étant parties que le foir du 30 dudit mohdernier, n'ont pu arriver n Compiegng'owte deux du préfent mois, mê s  C ) Oue cependant les ordres & les inftruftions donnés aSdit Comte de Vaux les lettres da iuffion fur le vingtieme & toutes les fusdites lettres clofes étant datées du 3 Septembre, ü mroït impolTible de concilier toutes ces expeditions & d'autres encore faites en meme tems,le fceau, le vifa,la fignature, avec 1 examen desdites remontrances & des mémoires amples qui y étoient joints , & fur lesquels étoit fondée une partie des repréfentations de ladite Cour, & avec le départ du Couner «orteur de toutes ces dépêches, arrivé a Bezancon vers les cinq heures du foir du quatre du préfent mois; que toutes ces mefures & celles d'apporter en la Cour lesdits édits & lettres patentes déja imprimés, mdiquetit une précipitation que 1'exécution de 1 édit de Juillet femblok ne pas exiger; puifquelle ne doit avoir lieu qu'au premier Janvier 1783-, Confidérant encore ladite Cour qu elle s eli empreiTée, pour fubvenir aux dépenfes de la guerre, d'enregiftrer l'édit du mois d'Aoüt 1781 portant augmentation de deux fois pour livres fur les objets qui' précédemment étoient aiTujettis aux huit fois pour livre a finitant oü il a été préfenté & qu'aucune Cour n'a donné audit Seigneur Roi des preuves plus promptes de fon obéilTance a fes ordres. Qu'elle n'avoit jamais imaginé que 1'article premier de cet édit qui fixe en termes clairs & excluflfs cette augmentation de deux fois  C m) pour livre, put s'étendre a d'autres objets qui ne payoient pas les huit fois; que les prétendues réferves levées par les lettres patentes du 6 Mars dernier, ne raodifioient point l'édit & le conlirmoient plutot qu'elles n'y dérogeoient, puisqu'elles difent la même chofe que 1'article premier dudit édit, lequel impofe feulement deux fois pour livre en fus des huit fois payés précédemment, qu'ainfi il exitte une contradiction évidente entre ledit article premier de l'édit & les lettres patentes du fix Mars. La Cour ftatuant fur les proteftations contenues dans fon arrêté du jour d'hier, a déclaré & déclare la tranfcription & leéture faites le préfent jour par le Comte de Vaux d'une feconde copie de l'édit du mois de Juillet dernier portant établiffement d'un troifieme vingtieme, ainfi que des lettres de jufïïon des fix Mars, treüe Juillet & trois Septembre , concernant ledit édit & celui du mois d'Aoüt 1781, portant augmentation de deux fois pour livre , nulles & de nul effet ; ordonne que Partiele premier de Pédit du mois d'Aoüt r/8f , fera exécuté fuivant fa forme & teneur, conformément aux claufes confirmatives d'icelui, inférées- dans Penregiltrement dudit édit, & fans que, fous aucun prétexte, 1'augmentation de deux nouveaux fois ou dix fois pour livre puilfe être étendue a aucun objet qui n'auroit pas été affecté des huit fois, notamment aux  C 134 > dons gratuits des villes & droirs fur les cuire, a peine contre les contrevenans d'être pourfuivis extraordinairement; enjoint aux Officiers des Bailiiages & autres fiéges du relfort de Ia Cour, de fe conformer aux édits, déclarations & régiemens d'icelle concernant 1'enregiftrement des loix, notamment a 1'article 14 du recueil des anciennes ordonnances de la province, & aux arrêts de Ia Cour des 11 Aoüt 1752, vingt-huit Juin & vingt-trois Aoüt 175j. En conféquence, déclare nulles toutes iranfcriptions & publications qui pourroient être faites auxdits fiéges desdits édits & lettres patentes mentionnés au préfent arrêt; ordonne en outre que Ie préfent arrêt fera lu, publié', regifiré & affiché partout oü belbin fera, pour être exécuté fuivant fa forme & teneur; & que copies collationnées dudit arrêt feroHt envoyées dans les Bailiiages & autres fiéges du reflbrt, pour y êtie pareiilement lues, pubbées, affichées & exécutées; enjoint auProcureur général du Roi & a fes Eubftituts de veiller a 1'exécution du préfent arrêt; d'en certifier la Cour dans le mois & de lui rendre compte des contraventions qui pourroient y être faites. Fait en Parlement a Bezancon, toutes les Chambres affemblées, le fix Sep= tembre 1782» heao Septembre 1782. Le Roi, ferme a mamtemr les nouveaux régiemens contre les jeux défendus* a , diton, fait décerner des ,  C 135 ) lettres de cachet contre plufieuwi grands jou* eurs Ou efcrocsa la tête desquels on nomrae un Sieur, Wazon, très-mal famé depuis longtems. On ajoute que MM. de Genlis ont été trés-reprimandés a ce fujet, & .que le Roi leur a ordonné d'être plus circonfpeéts a 1'avemr & d'empêeher qu'il n'y eüt des plaintes contre eux. Le 20 Sepicmhre 1782. Pendant la difperfiorj de la familie royale, Madame la ComteiTe d'Artois s'eft établie a Bagatelle, & fait inoculer auffi fa fitte, (Mademoifelle) a pasfï; Monfieur Madame font venus habiter Ie petit Luxembourg, car ie grand n'eft pas, babi» table, & eft encore rempli de particuliers. Monfieur & Madame vont chaque jour régulierement a la mefle au convent du calvaire, qui eft vis-a->vis, & c'eft un fpectacle pour ce quartier-la. Le public qui s'y rend en foule y eft édifié de Ia piété exemplaire avec laquelle ils affiftent a Ia célébration des faints myfteres, & d'autant plus qu'elle forme un contrafte frappant avec 1'indévotion de la plupart de ceux des gens du monde, qui vont encore & I'égl.ife dans cette capitale; mais n'y font qu'un objet de fcandale. Madams eft tombée malade,& a été obligée de fufpendre fes aétes de piété publique 1 elle a fait dire la mefle dans fa chambre. Le Roi & la Reine font venus Ia voir. Mon[teur eft. allé a. Brunoy y pafler Ia revuê  C *30 des Carabiniers. La maladie de cette Princefie a empêché que cette cérémonie militaire ne fut accompagnée des fêtes qu'on avoit préparées. Le 20 Septembre 1782. L'Académie Royale de mufique, fort indécife fur la nouveauté-par oü elle commenceroit, aprés avoir varié beaucoup , fe détermine enfin pour les fragmens qui s'exécuteront Mardi. Ils confiftent dans les' trois actes annoncés. L'Acte du feu, ancien, entrée des élémens, paroles de Roi ; Arïane dans Vifle de Naxos, poè'me en un acte nouveau, compofé par M. Mo/ine: la mufique de ces deux morceaux eft d'un Allemand'débutant dans la carrière, au moins en France, M. Edelmann. On y a joint un troifieme acte , Apollon & Daphné, paroles de M. Pitra, mufique de M. Mayer. Le 21 Septembre. Extrait d'une. lettre.de Bezancon du 18 Septembre . . . Voici le fecond arrêt: il concerne l'édit du troifieme ■vingtieme , portant d'avance prorogation de cet impöt trois ans aprés la paix. La Cour, confidérant que la province a fupporté pendant la durée de la guerre, plufieurs impots extraordinaires & qui fe montent a des fommes confidérables, ainfi qu'il a été établi dans les remontrances qu'elle a adreffées au Seigneur Roi le 28 du mois d'Aoüi»dernier, & que, par l'infuffifance des.-  C 137 ) récoltes & p.\r les pertes efluyées en Pannée préfente, elle eft dans un état d'épuifement & de mifere qui ne lui pertnet pas de payer de nouvelles charges; que néanmoins ladite Cour eft fi perfuadée de la bonne volonté des peupies a fe priver du néceffaire même pour foutenir la g'oire' des armes du Roi, qu'elle fe portera a lui donner encore un témoignage de fon dévoument & de fon obéiiTance en enregiftrant le troifieme vingtieme pour une année, efpérant que, dans le cours de ladite année, ledit Seigneur Roi donnera la paix a fes peuples, & le fuppliant de vouloir bien regarder cette preuve'de fon refpecl: «Je de fon atfachement i fa perlbnne, comme le dernier ef> fort de fes bons & fideles fujets. La Cour s'étant fait repréfenter la minute de l'édit du mois de Juillet dernier portant établifl'ement d'un troifieme vingtieme , préfenté a la Cour en la fornie ordinaire le 2.9 dudit mois, vu les conclufions du Procureur général du Roi, ladite Cour a ordonné & ordonne qu'il fera lu, publié & enregiftré aux actes iraportans, pour être exécuté pendant l'année 1783 feulement; fauf a le proroger d'année a autre en cas de continuation de la guerre, & que, pour fe conformer aux intentions du Roi, qui exempte dudit troifieme vingtieme 1'induftrie, laquelle fupporte le tiers des impofitions conformément a la déclaration du ao Mai 170Ö, il fera fait diminuiion du  tiers dudit troifieme vingtieme, fuivant Pabonnement accordé pour les deux premiers; ordonne que ledit édit fera lu, publié &c. &c. Fait en Parlement, a Bezaneon , toutes Ies> Chambres aflbnblées, le fix Septembre 1782, Le 21 Septembre 1782. Extrait d'une lettre de Berlin du 5 Septembre . . . Raflurez-vous furie compte de 1'Abbé Raynal, de la mort duquel le bruit s'eft répandu mal a propos & fans aucun fondement. Notre Monarque Pa appelé auprès de lui, & il continue fon féjour ici. II y a toute apparence qu'il y paflera 1'hiver. Il jouit de 1'accueil le plus flaneur prés de Ia familie royale & des perfonnes les plus diftinguées. U travaille a une Hiftoire de la révocation de F édit de Nantcs.' Vous concevez combien ce louable projet doit le rendre intéïeflant dans tous les pays proteftans & furtout aux réfugiés Francois. II aura \k de quoi donner 1'eflbr a la fougue de fa plume, de quoi fe répandre en déclamations violentes contre Ie fanatisme, mieux placées dans cet ouvrage que dans celui qui lui a caufé tant de chagrins & de per/écutions. Le Jéfuite Mainbourg nous a lailfé une hiftoire du calvinisme; mais celle de 1'Abbé Raynal fera vraifemblablement un peu plus philofophique. Le 21 Septembre 1782.. La revue du régi- • ment des Carabiniers a eu lieu en effet a Brunoy ■ ■■ le Mercredi dix-huit, & quoiqu'jl eüt. fait -  C 139) un aiïiz vilain tems ce jour-la, elle s'eft pafFée fans pluie. On vok avec peine la dégradation ou le Marquis de Poyanne avoit réduit ce régiment,, autrerbis, par fon inftitution, compofé de 1'élite de la cavalerie. Ce Colonel, uniquement occupé de 1'éxtérieur de fes foldats,faifoitramaffer dans les tavernes & mauvais lieux tous les beaux hommes qu'on y pouvoit rencontrer Ót ne s'embarralfoit pas du refte. Cependant il a été préfenté pour gardes- a Monfieur, un escadron de véterans du nombre de 15a. II exifte encore dans ce corps foixante Officiers qui ont fait la guerre, dont treize ont fait en totalité celle de Flandre. La veille, la bénédiction de dix. nouveaux étendards s'étoit faite par 1'Evêque d'Angers, & ce Prélat avoit prononcé un discours tres» brillant & digne du fujet. C'eft Monfieur, & les neuf premiers Officiers fupérieurs qui avoient préfenté les étendards a la bénédiction. Le 22 Septembre 1782. Mad. la Comtefle de Monteflbn a été très-gravement malade ces jours-ci, au point de donner de vives inquié* tudes a M. le Duc d'Orléans; le Dodleur Bartbls, le fucceffeur de Tronchin , a été aifez heureux pour tirer d'affaire cette Dame, & dans 1'excès de fa reconnoiffance le Prince lui a fait 2000 liv. de penfion. Le 22 Septembre. Extrait d'Une lettre de Petersbourg du 23 Aoüt, , . . Dimanche der-  C 14® ) rijer dix-huit de ce mois, la cérémonie de 1 inaqgurarion de la ftatue équeftre de Pierre premier, s'eft faite avec toute la pompe & la folemnité dttes a la mémoire du héros reftaurateur de 1'Enipire. Ce monument confifte en une pierre d'une grandeur extraordinaire , tranfportée ici de la Sihérie , avec des frais immenfcs. Cette pierre repréfente un Rocher, dont le Czar tache de gagner le fommet a cheval: allégorie relative aux peines que Pierre le Grand a prifes pour policer fon Empire & jeter les fondemens de fa grandeur actuelle. L'allufion eft rendue plus fenfible par le ferpent, emblême de la prudence, qu'on voit aux pieds du cheval. Sur le piédeftal on lit cette infcription aulïï noble que fimple: Petro primo, Catharim fecunda. II eft élevé fur une grande place, termmée d'un cöté par le palais du Sénat, de 1'autre par 1'amirauté & par le pont établi fur la Neva pour la communication du quartier du Vafili-Oftrow, avec le refte de la ville. Ce vafte emplacement étoit occupé par une foule immenfe de peuple & par dix mille hommes de troupes fous les armes, & le monument étoit caché par de grands cbasfis de toile peinte en décoration qui le déroboient aux yeux des fpectateurs. A cinq heures du foir, 1'Impératrice fortant de fon palais, defcendit la Neva en chalouppe, aborda a la place fuivie d'un eonége nonibreux , coropolé de tous ks Qgïciars «Sc  e w y des Dames de fa Cour, cV montant au palais du Sénat, vint fe placer au grand balcon. S. M. Impériale, donna le fignal, & en même tems tous les chaffis s'abattirent & découvrirent le monument dans toute fa beauté. Pierre le grand fut falué par une triple falve de 1'artillerie de 1'Amirauté & de celle de Iafortereffe, accompagnéa de la moufqueterie de toutes les troupes fous les armes: les Régimens défllerent devant fa Majefté Impériale,qui remonta enfuite en chaloupe tX retourna dans fon palais. L'évenement a été confacré fuivant 1'ufage par une Médaille qui repréfente d'un cftté la ftatue de Pierre premier & de 1'autre le bufte de 1'Impératrice. Tout le monde fe réunit pour applaudir k 1'idée hardie & a 1'exécution heureufe de ce monument qui fait le plus grand honneur aux talens du Sieur Falconnet. II eft fScheux que cet Artifte n'ait paspu jouir de 1'admiration pubü'que. II eft forti de Ruffie depuis plufieurs années, & 1'on le dit en France, oü il vit dans la retraite. On dit qu'il ne travailie plus a fon art, qu'il a acheté une petite campagne aux cnvirons de Paris oü il écrit a préfent fur fon métier, car il eft auffi homme de lettres. En outre, 1'Impératrice a figné le jour méme de 1'inauguration de la ftatue de Pierre premier un Oucafe par lequel elle commue la  C 142) peïne de mort ou autres corporelles de certaïns criminels; elle les remet abfolument a d'autres, elle en fait élargir certains, le tout fuivant la nature & en proportion des délits. S. M. Impériale finit par fouhaiter que ces diverfes graces ramenent les coupables a un répentir fincere, a une meilieure conduite, & a la foumiflion aux loix divines & humaines, & que tous réunifient leurs vceux pour le repos de 1'ame du grand Monarque a la mémoire duquel ces marqués de clémence ont été accordées. Le 23 Septembre 1782. Le Sieur Foucherot, Architeéte, & le Sieur Fauvel, Peintre, que le Comte de ChoifeubGouffier avoit envoyés en Grece pour y faire de nouvelles recherches, aprés une abfence de deux ans, viennent d'arriver a Marfeille avec de riches porte-feuilles. II faut fe rappeler que M. de Choifeul ■ travaille a un voyage pittorefque de la Grece très-curieux. Le 23 Septembre 1782. Madame fe propofoit de diftribuer elle-même a chaque Officier des Carabiniers une cocarde; n'ayant pu fe rendre a la revue a caufe de fon indifpofition, c'eft Monfieur qui a fait ce préfent : il a promis d'envoyer fon portrait au corps, pour marqué de fa fatisfaction perfonnelle. Monfieur étoit accompagné du Marquis de 'Ségur, Miniftre de la guerre, du Baron de Bezenval, Commandant de la Province, de  C 143 ) plufieurs Officiers généraux & d'un gm$ «ombrq.d'Officiers de différens corp5. Le: 23 Septembre 1?82. Le réfultat des régétitions des. trois actes qu'on donne demain a 1 opéra eft que PaSe du feu du ballet des élémens de Roi eft foible,mais bien écrit, & mé■ rite ies efforts du Muficien moderne. Malheureufement on a jugé la mufique de M. Edel mann participant de ia longueur du poëme.- 1 exception de quelques morceaux , ellê n a produit qu'un effet médiocre. On a trou! vé auffi que certaines paroles ajoutées font indignes des anciennes, & font avec elles une difparate fenfible. rVftUlnt M'3?6 ^Ariame grifte de Naxos, c eft Ie mélodrame Allemand dont on a don' ne, n y a un an, la traduétion au théatre «aiien. La mufique de celui-ci,de M. Beinda, célebre eompofiteur Allemand, a eu Ie plus grand fuccès. On a trotivé que celle de A r^e.mann' mfiniment moins variée, caradtónfoit un génie plus tourné au grand plus fpécialement appelé au genre tragique' On croit que la nouvelle aura beaucoup de partilans, furtout parmi les Gluckiftes. Elle UrJ?QmQ rthéïi(lue> & attendrit jufqu'aux Jarmes nombre de fpe&ateurs. c*°r\ VV aU contra5re> de Pddte dApollon & Dapbné dont Ie poëme eft miférabïe; la mufique de M. Mayer eft médiocre, défaut dautantplus fenfible, qu'il auroit fallu y faire  C 144) » -o ia tVpii du ffoöt & de l'hanw> de^enlüon fur les amateurs difficües; peutêtre le gros du public le fcra-t ü moms au- ]0U£\isept^re ^ M. Chriftine, Avocat au Parlement de Bezancon, & ancien défenfeur des ferfs du Mont-Jura, a écnt une ïettre de félicitation a M. deFlorian.en date du fix de ce mois,oü il le remercie au nom de fes anciens cliens. II lui marqué que plus de trois mille de ces malheuren* font venu, chez lui fucceffivement pour entendre la lecture du poëme de cet Auteur couronné a PAcadémie; tous verfoient des larmes &.ont la «lus erande confiance que M. de blorian acheverag de toucher le cowr de leurs ty- X^tpernire x78, Extrait d'Amfterdam du ao Septembre.... Le premier volume des faftes de Louis Ifeft, comme beaucoup d'autres de ces ouvrages, a prétention, il ne tient rien moins que ce que provnettoit le ProfpeSus. La plupart des bonnes chofes quil renferme font tirées de la Vte pnvée de Louis XV, & du refte rien de neuf.ou tresreu de chofe. Le fecond volume n'eft pas encore arn- vé ici' On  C 145 ) On ne parle point du tout ici de M. Un. •guet & fa réputation eft bien tombée, oh n'ea fait pas aujourd'hui grand cas dans nos cantons. Mais on arrend avec irnpatience la fuite des quatre premiers volumes de PEfpion Anglois a Paris, qui font fort goütés chez 1'étranger & qu'on aflure enfin devoir bientöt naroitre. * Le 2,5 Septembre 1782. U paroit un mémoire en faveur du Sieur Loquin, dont le procés n eft pas encore jujié. II eft de M. Ader,& fi ma! fait, diton, que fur fes propres dires on condamné I'accufé. Le 25 Septembre. Les Comédiens Italiens donnent Vendredi vingt-fept la première iepréfentation du Diabic boitcux, ou \Achofeim. pojfible, opéra comique nouveau, en un adte en profe & en vaudevilles. Outre le titre affer piquant,l'Auteur eft fait pour attirer beaucoun de monde. C'eft le Sieur Favart fils, aujour" d'hui un des Acteurs de Ia troupe. Le aö Septembre. M. Ie Marquis de Vover vient de mourir a fa terredes Ormes, d'ure maladie qu'il avoit gagnée en Aunis,a peu prés ferablable a celle qui a emporté 1'an pa/Té Ie Comte de Brogöo. C'eft une perte, comme militaire. Lea6 Septembre. Extrait d'une lettre de Mar feiile du 18 Septembre On regrette dans cette ville la perte de M. Aubert, Médecin bie" différent de fes confrères, a conla' lome XXI. Q  (i46) cré tout fon bien pour les pauvres. Indépendamment des charités habituelles qu'il faifoit, il laiife deux établilfemens qui rendront fa mémoire immortelle. II a fondé a 1'höpital du Sr. Efprit une place de Médecin, pour en foigner jour & nuit les malades. Un don de 20,ccc liv. de fes premiers bénéfices,forme le fonds fur lequel font afiVnés les émolumens attachés a cette place. 1P ...... l_J«„ nK„«_ Le nouvei hopual des pauvres maiauco „_ _ .... . . 1 t - lull a vu ae tres. Beunes perfonnes en nhi-pni» .rr—..,. & , - , , "—iium anranenies de a modeftie, de la retenue, de la fimplicité ie leur état virginal, elles fe livrent impunénent a tous les fcand*!**. „i„r,a * * n . »•»■•>» ^«111.1114 menie ïont jeeouchees fans beaucoup de myftere. Ce déordre a enfin fait ouvrir 1p« vpmy „, r^.,.,„_ fcèment, & le Roi, ami des mceurs & de la -«.race, s eit rendu trés difficile a cet égard. wy d pms queia plus haute faveur qui puifie aire obtenir un pareil brevet. Le 27 SeDtemhrp.. T.po fV„n.™„„ , \k^a- k • , V, cxecutes prdi dermer a 1'opéra ont été affez bien ac .—„O, uia,o pms pour leurs accelfbires que Dans 1'aftedufeu, Mlle leBceuf, employée G 2  I C 14S ^ fiwms quelques années dans les choeurs, ■ chan é Sr la première fois un air de bravoure oublie a rendu de maniere a faire defirer de'lSlui voir quitter , afin avantageufement fa vo,x agréab e & bf Ua"te' Ce feroit «Tailleurs le moyen de la guénr d une exceffive timidité qui empêche fon organe de fe développer dans tout fon eclat. Le jeu pafiionné & attendr.ffant de Mlle « Huberti dans le löle d'Atwne a beauSpf.it valoir le fecond afle , oü cependant ndu_compou ur, 4- - — T^6e pa u;en Sque admée V bruyante: il a en out* ïïïitéi cette fcene, un chceur,qui ,ne 1 e 1 pas moms, devrait certainement bten reveille, Aïuu-oifieme ade on a f^^l -pfur acqulfcer aux discou: lemem ^ r~ - ■ • , u préfente. let de cet ac\e en iait ie iucc«-a. r enfembletrèsimpofant. f|  ( 14? ) groiipent fur Ie Pinde : 1'Amour arrivé fur fe' théatre au milieu des trois Graces qui danfent autour de lui; il les quitte malicieufement, & va chercher Terpfichore qu'il fait danfer luimême au fon de fa lyre. La petite Nanine, jeune fille que 1'on corinoilfoit depuis Iongtems a ce théatre, remplit le role de Cupidon avec des graces naïves & beaucoup de fineftë. Quant a celui de Terpficore, on fe doute bien qu'il eft exécuté par Mlle Guimard. Ce qui a furtout'fait pïaiflr aux vrais cortnoiflèurs de la fcene dans ces frasrnens,c'aété d'y voir le coftume rigoureufement obfervé. On doit cette amélioration, furtout aux foins du Sieur Moreau le jeune, qui en a donné les deffins. Le 28 Septembre 1782, Aprés la jruerre de' fept ans, c'eft-a-dire celle de ijg*. ie Roi de Prufle concut le deflein de former déformais pendant la paix, prés de Poftdam, des eamps particuliers pour 1'inftruction de fes Généraux , & dés 1'année 1764 , ce Prince fcommenoa a mettre fon projet en exécution. ^es troupe? des garnifons voifmes furent réu nies a celles de Poftdam , au mois d'Octobre de cette même année, & manceuvrerent enfuite deux jours de fuite. Depuis cette époque, elles fe font conftamment alfemblées tous les ans dans le courant du mois de Septembre fiour.exécuterles divers effais de manceuvres G 3  r 150 > que le Roi de Prufle juge praticables a la guerre, & que la féeonde imagination de ce Prince peut fournir. Ces manceuvres, qu'on appelle les manceuvres de Poftdam, durent ördinairement trois jours; & comme Sa Majefté! Pruflienne y appelle fucceflivement la plupart de fes Officiers principaux,on peut dire'qu'elles font la véritable école oü ce héros forme fes généraux dans 1'art de la guerre. Le Poi de Prufle laifle indictinftement a tout le monde la liberté d'affifter aux grandes revues de Berlin ; mais il ne permet a qui que ce foit,qui n'eft pas militaire a fon fervice, de voir les manceuvres de Poftdam. Elles fe font presque toujours trois fois par: au. Les trOupes deftinées a y être employées, au nombre d'environ 40,000 hommes, ou. quelquefois davantage, foit effcétifs ou fuppofés, s'aflemblent la veille a Poftdam. Elles font divifées en deux parties dont 1'une forme 1'armée du Roi & 1'autre 1'armée ennemie.' Alors le Monarque leur indique la manoeuvre qui doit fe faire, & les Généraux r e la favent jamais qu'au moment de 1'exécution; c'eft .a eux de s'évertuer fuivant leur génie , foit pour l'attaque^, foit pour la défenfe , enforte que ce font autant OCimpromptu. Un Francois, qui a réfidé Iongtems en Vrus-. fe, oü par état il s'eft trouvé placé de maniere a prendre connoifiance de tout ce qui eft rela-i Éifkau militaire, a recueilli ces favantes mat  C 151 ) nceuvres dont il a été témoin. Elles font au nombre de cinquante-une , & ont été exécutées depuis 1704 jufques & compris 1781, enlorte qu'on peut les regarder comme formant «ntout complet; puisqu'i! eft impoffible d'imaginer quelque pofirion , quelque circonftan« qui n'ait pas été prévue par ce grand maitre: durant cet intervalle. L'Auteur les propole par foufcription moyennant 320 liv. Le 28 Septembre 1782. On ne fait point encore si? y aura un voyage de Marly. Comme a Keine femble fe plaire alfez au chateau de ia Muette, le Roi veut connoïtre avant la dépenie & en a demandé les états; mais les gens intéreffés a lui cacher cet objet, paree qu ils aiment a pêcher en eau trouble , éiu™ different tant qu'ils peuvent. Monfieur & Madame reftent encore au lAiXimbourg jufqiJ';Ui neuf du mois prochain. be 2b Septembre. La piece nouvelle jouée hier aux Italiens, quoique très-peu de chofe au fond & médiocre dans la forme. a é'éfavo. rablement accueillie. C'eft une füite de 1'efti me du public & de fon amour pour le pere & même pour la défunte mere de 1'Auteur II a eté demandé , & étant Acteur en même tems il n a pu fe difpenfer de paroitre: mais, pour I2£?l°l" moinS fot' raoins humble, il a affecté de haranguer le public & de lui adreffer un petit remercimeot qu'on a applaudi fans lfavon trop entendu. G 4  ( W 7 Le 29 Septembre 1,782. Les Comédiens Francois annon^ent pour ie Jeudi trois Oétobre la première repréfentation de Zoraï, ou /« fulaires de la nouvelle Zélande, tragédie nouvelle, que Ton allure relative a des anecdotes du jour qui la rendront piquante. On la regarde comme une affaire de cabale de Cour. Le 29 Septembre. M. le Marquis de la Fayette qui eft toujours ici, & malgré la parole qu'il avoit donnée au Congrès de le revoir biéntöt, n'eft point parti, eft un nouvel argument pour la paix. II eft 'journellement en conférence avec M. Francklin & autres Infurgens, & fur ce qu'on lui témoignoit combien on feroit faché en Amérique de ne pas le revoir, il a répondu qu'il avoit donné des raifons de fon retard dont il efpéroit qu'on feroit content. Du refte, M. de la Fayette eft tellement enthoufiasmé de cette République nouvelle, a 1'exiftence de laquelle il n'a pas peu contribué, qu'il a nommé la rille dont vient d'accoucher Madame de la Fayette,Firginie: fon fils,il le nomme George, paree que c'eft le nom de Washington, & le premier mot qu'il lui ait appris a prononcer, c'eft celui de ce Général » il lui a infpiré une telle admiration pour tout ce qui tient aux Etats-Unis' de 1'Amérique» que cet enfant ne voit pas fans une forte de refpect un voyageur qui re vient de ce pays-la. M. de la Fayette ayant fut part a M. Frank  £ 153 ) Franklin de Ia naiifance de fa Alle, & dit nom qu'il lui avoit donnér Ie Docteurlui arépondu en plaifantant, qu'il fouhaittoit qu'il eüt aflez" d'enfans pour pouvoir leur faire porter fucceslivement celui de chaque province. Que eertains pourtant n'étoient pas fort harnionieux & que M. Connedticut ou Mlle Majfa- Chufa'sBay feroienr. peu fatisfaits du leur. Le 30 Septembre 1782. Extrait d'une lettre de Strasbourg du 18 Septembre Nous venons d'avoir Ie bonheur de jouir de la préfence de M. Ie Comte & de Madame la Comtelle du Nord. Ils ont été a la comédie de notre ville le 15 de ce mois, & Ie Sieur Belleval, Comédien du Roi, connu fous le nom de Montignae par plufieurs pieces de thétltre données en province, & par 1'opéra de ZuUrne joué en 1778 a la comédie Italienne, avoit préparé des couplets qui ont été chantés en trio a Ia fin de la Fée Urgele: ils ont été trop bien recus des illuftres étrangers & du public, pour-ne pas vous en faire part. Les-> voici. Couple charmant, votre fecret1 Malgré vous fe ré vele;Votre Cceur eft un indifcret Qui, partout, vous décele.' E-n vain, dans un nuage épais^ L-'aftre du jöur voile fés traitss i Dés cieux I'azur Paroit moiiM pur, &$5  C 154) Privé de fa préfence; Mais de fon fecours On fent toujours La divine influence. Tout héros fur nous a des droits» Tout francois chérit les bons Rois; Si de Louis Nos cceurs épris Portent 1'amour jufqu'au délire, Vous partagez ce qu'il inipke.. Couple charmant, votre fecret Malgré vous fe ré vele; Votre coeur eft un indifcret Qui partout vous décele. Ainfi Pierre vint parmi nous, Mais il fut moins'heureux que vous,;. Car fi Pallas Suivoit fes pas, Vous voyez fur vos traces Et les vértus & les appas De Minerve & des Graces En voyageant, vous triomphez r Les peuples, que vous vifite», Par vos bienfaits, Sont vos fujéts. Dans chaque Etac, vous pouvez dkeï „ Je n'ai point quitté mon empire.", Couple charmnnt, votre fecret Malgré vous fe révele; Votre Coeur eft un indifcret-  C 155 ) Qui partout vous décele • Vous al'ez, loin de ce féjo' bervir Ja patrie & l'amoiu D'une doubie vföoire C'eft joindre les fleurs du'plaifir Aux rayons de Ia glo/re. Europe, ce oui p?odu,S '" " amo«a «• & raviltmt: pro J m vieux hiftoriographes; encore n'a-t-on ioiulléque dans un.petit nombre d'archives. ' ün a dé# le catalogue des pieces découvertes 5 on travaiile maintenanr a un autre catafogue de celles qu'on n'a pu découvrir encore. 11 forme environ fept mille notices. Le lom de cette édition fera confié a M. de Brequigny. Dés 1779 on commenca k tenir fous les yeux du Miniftre des alfemblées régulieres. Les perfonnes qui compofent ces comités lont M. le Marquis de Paulmy, M. de Brequigny, fix des plus favans Religieux de la congrégation de Saint-Maur & le Sieur Moreau. Julqua préfent ce plan nétoit pas connu, & sexécutoit dans lefilence; enfin, on vient de permettre qu'il foit rendu public. On invite en conféquence tous ceux dont les ancetres fe font diftingués par des honneurs ou des fervices ren Jus a 1'Etat , d'adrefler au Sieur Moreau des copies de leurs titres originaux. Ils feront recus fans être affranchis. On ne peut que louer cet établiflement;mais il femble qu il devroit être le principal objet de 1'Académie des Infcriptions & Belles - Lettres dans les travaux de laquelle il eft compris , & 1'on ne voit pas pourquoi établir a cet effet une autre commiffion littéraire. Le mot de cette énigme, c'eft que le Sieur Moreau n eft pas de 1'Académie.- Le 3 OStobn 1782. M. de Saint-Ange, jeune Auteur, a lu, le- trente Juillet dernier, a  C iJ9 ) I'Aflemblée des Comédiens Francois, une co» médie en trois actes & en vers, intitulée FEcole des Peres. Elle a été refufée. 11 1'a fait imprimer & en a envoyé un exemplaire a Mlle Fannier, oü il oppofe fon fuffrage favorable a tous ceux de 1'Aréopage comique. Cette piece avoit déja été lue au Mufée,öi il faut convenir qu'elle y avoit, malgré les difpofitions fiivorables des fpeétateurs, paru très-foible. Le 4 Odtobre 17812. Le procés du Sieur Loquin a été jugé aujourd'hui. Faute de preuves fuffifantes, il eft condamné a garder prifon pendant un an que doir durer le plus amplement informé contre lui & contre la Demoifelle Dargent qui fera transférée a 1'höpital, oü elle reftera durant ce même efpace de tems. Le Jockay & le Domeftique de M. 1'Espinafte ont été élargis & déchargés de 1'accufation. Le 4 Octohre 1782. Extrait d'une lettre de la Haye du 29 Septembre.... Ii vient de nous arriver un charlatan de votre pays, qui nous fait beaucoup rire par 1'importance qu'il donne a fa petite perfonne. Il fe nomme La Blaacherie', il s'intitule faftueufement Agent sénér al de correfpondance pour les Sciences & les Arts • il dit qu'il dirige un établilfement fondé a cet effet a Paris comme chef-Jieu de cette correspondance, & qu'il la dirige gratuitement; qu'il eft aux ordres du public de tous les pays,pour tous les objets relatifs aux fciences & aux arts»  C 160) qu'il féjournera chez nous pendant un mois & qu'il recevra toutes les demandes qui lui feront faites pour- la France de la part des citoyens de la République des Provinces-Uniès, pourvu qtfelles foient franches de port; \\ les recevra enfraneois, en latin, en hollandois, endree, dans telle Iangue que ce foit. Ce merveilleux étranger' nous promet en outre un Pfo/pe&us contenant les divers détails de fon établiffement cofmopolite, fi recommandable par 1'intérêt que 1'on a de connoïtre ou faire connoïtre promptement les produdtions des fciences & des arts, ou ce qui peut con-tribuer a leurs progrès; ainfi que par fes rap'ports de bienfaifance envers lés perfonnes de tous les pays fufceptibles d'acquérir ou d'exer* eer des talens. Enfin, il affure que depuis fépt ans que cette inftitution prend fa confiftance,- elle a paru remplir parfaitement fon objet.Pour nous en convaincre , il nous a enfin tiré la hotte jë* crette qui eft fon. journal, fous le titre de Nou-velles de la République des Lettres & Arts. Quoique nous foyons accoutumés aeesfanfarons littéraires, nous avons d'abord cru que celui-ci, prodige d'érudition & de connoiflances, étoit membre de quelque Académie. 11 fe trouve qu'il n'éft d'aucune: nous avons imaginé qu'au moins il favoit les langues; il a été vérifié qu'il n'en parloit aucune étrangere, qu'il a'en entendoit aucune, & parloit aifez.malül  C 161 ) lienne; nous lui avons demandé. quels ouvrages il avoit eompofés? I! nous a adminiftré je ne^fais queile mauvaife Relatioh d'un voyage quil a fait aux Mes, échantillon de fes feuilles feches & infipides.... Nous doutons qu'il rapporte beaucoup de commiffions. en France & furtout de celles qu'il defire pour dédommagement de fa gratuité,c'eft-a-dire beaucoup de foufcriptions. Le 5 QEtobre 1782. On ne fait que parler de la faillite du Prince de Guemenée. On lui a expedié des Iettres de furféance pour trois mois, dans 1'efpérance que durant ce tems on arrangeroit fes affaires en évitant les frais qui abforbent ordinairement le plus clair de ces fortes de direftions. On ignore encore fi l'affaire fera portée au Parlement ou au Confeih. On prétend qu'il y a jufqu'a trois mille créanciers. Beaucoup de gens de lettres font du nombre, Meffieurs Roufleau , Thomas, Defeifarts,Roger,. 1'Abbé Deliile:il y a quantité de domeftiques qui avoiént auffi placé Ia leur petit pécule. Le 5 Oftobre 1782... L'Auteur de Zoraï, la tragédie nouvelle, dont la première repréfentation a été différée jufqu'a aujourd'hui,. eft un débutant nommé Marinier,, de Gette en Languedoc. C'eft une tragédie,. a ce que difent IesAélcurs, de pure invention,oü tout eft créé, noms, aétion, circonftances. C'eft une oppoütion frappante &. continuelle entre les  C 162 ) niceurs Angloifes & Francoifes, entre le génie des deux Gouvernemens, dont les Zélandois veulent adopter 1'un ou 1'autre. Ils en balancent, fur Ie rapport de deux de leurs concitoyens qu'ils ont députés chez ces peuples, les vices & la bon ré refpective. Le 6 OStobre 1782. Zuraï, jouée hier, eft en effet une tragédie dont le fujet, entierement feint, confifte dans un affemblage monstreux d'écarts, d'invraifemblances. de fituations romanefques. Ce qui montre le défaut de jugement de 1'Auteur, c'eft qu'il fait prêcher le defpotifme par le député envoyé en Angleterre, qui naturellement auroit dd en rapporter un efprit de liberté outrée, d'indépendance effrénée; mais le but du Poëte étoit de rendre nos etmemis odieux, d'en décrier les mceurs & Ie Gouvernement; n'importe par quel moyen. Au contraire, il s'étoit propofé d'exalter le Gouvernement monarchique i paree qu'il eft cenfé tel en France. De. la des fadeurs dégoütantes pour le Roi, pour les Miniftres, pour la nation, pour, les temmes: tous ces détails ont produit des explofions vives & fréquentes, une frénéfie d'applaudillémens qui fembloient devoir caufer le fuccés le plus brillant de la piece. Mais le fonds eft fi vicieux, fi vuide, fi dénué d'action; la verfification en eft fi feche, li profaïque , fi ampoulée, fi mauvaife; le ftyle fi peu francois, fi barbare, que 1'Auteur a eu le bon  C 163 ) efprit» du moins, de fentir que 1'enthoufiasme, occafionné furtout par la préfence de la Keine, ne pouvoit durer, & a pris Ie parti de la rettrer fur le champ. II y a deux ou trois allufions relatives a M. Necker qui ont produit auffi une très-forte • ientation. Le 7 ÖBobre 1782. M. Suard &mmt 1'état précaire oü il fe trouvoit, a cherché a fe retourner d'une autre maniere. 11 a faIt entendre au Miniftre ayant le département de 1'opéra que,depuis que les Aéteurs en avoient euxmemes le régime, cette république étoit devenue un tripot oü le goüt & les principe* 7rr "f fe,.Pfdoie"t abfolument; qu'il étoit elTentjel qu il otat au comité la partie du jugement des ouvrages, furtout des poëmes; qu'il: fê le réfervat pour lui feul oü pour ceux qu'il voudroit bien confulter. Ces itifinuations auprès de Monfieur Amelot , a qui 1 on ne faifoit envifager que Je bien de a chofe, ont produit leur effet, & le comité de 1 opéra vient d'être averti par une lettre mimfterielie, que les réceptions des pieces quds ont faites, feront regardées confme teïrs^nourl; V l& ™S *>rmé aux Z teurs pour etre joués. En outre, M. Suard, qui vraifemblable- ment aura cette direction avec le Sieur Moret , i nomme de confiance de M. de la Ferté a dé terminé Ie Miniftre a faire droiience qui Ê  C i64') concerne fur les réclamations des Acteurs, & a Ie faire payer, foit par le Roi, foit fur les menus. Les Auteurs, avertfs du nouvel arrangement, en murmurent beaucoupainfi que les Auteurs, & les uns & les autres fe propoient de faire des répréfentations au Miniftre & de Ril faire voir qu'on a furpris fa religion. Le 8 Odtohre 1782. Par une fuite du despotifme introduit a 1'opéra, on vient de reurer les deux aétes du Feu & AApol/on & Daptine1, quoiqu'ils n'eulTent pas rendu moins de deux mille livres; & 1'on vient de remettre Colinette h la Cour,qui a été plufieurs 101» k fix cents livres. On conferve cependant rade tfJriane dam PJfie de Naxos. ,. Le 8. Oélobre 1782. Les Comédiens Italiens donnent aujourd'hui la première repréfentation de Ttbere, parodie de Tibere &> Seretm, en deux actes, en profe & en vaudevilles. LUe eft d'un jeune débutant a ce théatre,- qui le nomme M. Red, & qui s'eft cependant déja exercé aux Boulevards.. Le 8 Oclobre 1782. Depuis le retour du Comte de Grafie en cette capitale, oü il reilde, toujours & commence a fe montrer avec afiezd'impudence, on a cherché k le morufier par de nouveaux calembours. On connon le nouvel-ornement de col appelé Jeannttte qm n efb autre chofe qu'une croix d'or ou. de diamant,.  m de Perle.' Autrefois ces Jeannettes étoient enrichies d'un coeur qui fe rejoignoit au col, & fervoit.de coulant ; on n'en met plus,& 1'on appelle ces Jeannettes fans cceur, des Jcanmettes a la Grafle.. Le o Oclobrc 1782. La parodie de Tibere «i'eft- autre chofe que 1'adtion de Ja tragédie dont 1'Auteur a confervé les perfonnages^qu'il a trayeftis en bouffons affez trirtes, alfez bas, & n'indiquant prefque jamais par des plaifanteries heureufes les défauts de 1'ouvrage parodié: a trois ou quatre endroits prés d'une critique fine & gaie, tout Je refte eft trés plat, & 1'on doit admirer 1'indulgence du parterre qui a cependant écouté jufqu'au bout cette longue & ennuyeufe facétie. Les airs n'étoient pas mal choifis & faifoient fouvent épigramme plus que ies parol es. Le 9 OEtotrc 1782. On a des nouvelles plus pofitives de la mort de M. Duhamel du Monceau,arrivée a la campagne le 23 Aoflt. II avoit quatre-vingt-deux ans. II étoit Inspecteur général de la marine & membre de 1'Académie des Sciences pour la botanique depuis 1728. II avoit eu 1'oreille de M. Rouillé pendant fon miniftere, & 1'on peut le regarder comme Ie fondateur de 1'Académie de Marine. Le 10 Oftobre. Extrait d'une lettre du camp de St. Roch du 20 Septembre ... Ce n'eft  C tfs) pas Ie cheval de Bois qui cette fois a pris Troyejs, c'eft Troyes qui a brüié le cheval de bois. Nous fommcs depuis ce tems-la fans danger , mais fans lionneur. Nous paffons le tems dans i'inaétion & dans 1'ennuï. Les Princes vouloient quitter: le Pvoi d'Efpagne les a fait inviter de refter au moins jufqu'au combat naval auquél on s'attend, non pour s'embarquer , mafs pour animer les combattans de leurs regards, s'ils peuvent en être appergus dans le lointain. M. le Duc de Crillon fait bonne contenance; il croit toujours a fes merveilles. II fait qu'avec de la foi on peut tranfporter les montagnes, & eft fermement perfuadé que tot ou tard les murs de Gibraltar, comme ceux de Jéricho tomberont au bruit de fes trompettes guerrieres. Le ii Octobre 1782. Toute la familie des Rohan eft dans la défoladon de la banqueroute du Prince de Guemenée, furtout le Maréchal Prince de Soubife,qui ne dort ni nemangedepuis cette fatale annonce. On a déja a'rrëté le Sieur Marchand, Intendant du Prince de Guemenée, & le Sieur Denuel, courtier de chanr ge & entremetteur des emprunts du Prince. On a, dit-on, mis les fcellés chez fon Notaire s & enfin le Sieur Pinon, autre Notaire, jmpliqué dans ces négociations ténébreufes & ufuraires, convaincu lui-même de bénéficcs énormes exigés, a été obligé par fa Compagnie  faites, défendant foutó-^S;^ ?ofiti^ ^te^rfuitS^g »'deux miI,ions Jf font co,nprifeS bea coup ?tte fom: ftifona desMuficiens dïï A penfions <3uii «édiens ; car clm ■« C!™nteurS,des Co- Peut contribuer a S „f,?, Ut Ce ^ On ne cröit pas «Z Z f p,romP<™ent. Guemenée ^m?Z^r m" h PtiDce& * fans deFranc enïcnv p m'name des En«eur. La Rein'e £? fffUaJr"eil desh™mercier; ceper dant e R0ffrff,/pofée * la ^ pour Madame de ïtfal Y lépUgne par faire grale principalement les Au ent* i ,KtéFatL,re, & conféquence, il Ut cS n™'nques- Etl fai^dont rauteurfard°SpetVClaUl0ng,eS f^/y-is aftes & en  • ( 1-68 ) m jour de Ia ledure il s'eft écoulé un an & fm comité oü fe fit la 'ecT-urei! n'y avoit m les Sieurs Prille, Molé, Bnfard, de Ia Bive, m les Demoifelles Sainvah Raucoun Thenard, Veftris. . L'Auteur n'eut pour lui que deux voix, celles de Mlles Fannitr & Doligny. La voix de Mademoifelle Doligny pouvoit Être intéreffée, .avant un role dans la piece; mais il n y en avdt aucun pour la première. II eut deux autres voix a correétion. Celles des Demoifelles la Chaffaigne & ContaU M. de Saint-Ange ne diffimule pas qu. eft un jeune homme n'ayant pour toute forwne 0ue quelques difpofitions aux taiens de 1 esSïft 11 a pris le parti de foumettre fa piece au jugement du public: en la faifant impnmer & en obtenant les fuifrages des conroiileurs, il a elpéré faire peut-être rougir les Lomediens qui recoivent tous les jours tapt d ouvnges^ui font fifiés, d'avoir dédaigné ce- 1Uil"Ceft certain qu'en lifant la Comédie de U. de Saint-Ange, on eft étonwé que les Acteurs fe foient rendus fi diificiles; que, malgré f<*s défauts, confidérée comme effai, elle ?n vaut vingt-autres recues, jouées a applaudies. La verfification ' furtout eft dun 1 oete tnu fait écrire & n'eft fans doute que trop biillante pour le ftyle familier de la comédie.  C 3 , %4e Saint-Ange eft connu par une traduction des métamorphofes d'Ovide eftimée, & oü il s'annonce par un talent marqué. Le 12 oaobre. M. Patte, Architecte du Duc régnant des Deux-Ponts & qui aime a fe distmguer par des paradoxes hardis , ainfi qu'on la pu juger d'après fun agreffion contre M. Souflot, attaque aujourd'hui le ciment de M, è Ejienne. l\ prétend deux chofes: 1'une, quil eft Ie même que celui de M. Loriot; Ia ieconde, que la maniere dont il 1'emploie, qui en conftitue Ia feule difFérence, eft la plus mauvaife, & tend nécelfairemeut a donner moins de folidité a fes ouvrages. Le 13 Oêtobre i7H2. Jeudi dernier, la chambre des vacations a confirmé a peu prés la fentence du Ch^telet dans l'affaire du Sieur Uquuu L'arrêt eft le même quant a fon égard , & pour Ia Demoifelle Dargent, Ia pnfon eft plus honnête; ce n'eft point a l'höpital quelle doit réfider, c'eft è Saint-EIoy. En outre, les Médecins & Chirurgiens du Chatelet font interdits pour un certain tems a raifon de vices dans leurs procés verbaux qui proviennent ou d'ignorance, ou de faveur pour les accufés, & dans tous les cas méritent pumtion. Le 13 ocïobre 1782. Extrait d'une lettre de Touloufë du ier. Octobre.... En enten-  ( 170 ) lez croire être encore aux fiecles de 1'ignorance, de la barbarie & du fanatifme. Vous ne favez peut-être pas que cette vale poffede , ou croit pofféder le corps de Saint Thomas d'Aquin, & en eft toute glorieufe. L'Infant Duc de Parme depuis J779 deiiroit avoir dans fes Etats une rehque de ce Saint. A force de perfévérance, ce Souverain vient d'obtenir enfin 1'objet de les deNotre Archevêque, prié pas fon Altefie Royale, autorifé par un refcrit du Pape, & muni de fexequatur du Parlement, fe rendit jiier tren.te Septembre aux Dominicains pour faire Pextraition. . . Après une foule de cérémonies, qui faifotent bailler & rire tour a tour le Prélat,qui paffe pour n'être pas fort croyant, les Dominicains, a qui le pape Urbain V, par fa Bulle Alma Mater du 31 Aoüt 1368, a donné le corps de Saint-Thomas d'Aquin en propriété,confentirent a effectuer leur promelfes c'eft i dire a accorder a 1'infant Duc de Parme un os du Saint. Les clefs du coffre oü font renfermées ces reliques ne s'étant pas trouvées, on a eu recours a un ferrurier,& 1'on y trouvavingt-troh os des plus grands & principaux du corps humain, fuivant 1'explication qu'en domasrejit les Medecin & Chirurgien confultés.  ^ Monfeigneur prit enfuite un os du coude, Ie fit voir a 1'aifemblée innombrable des curieux & avec ce fourire fin que vous lui connoiflez, le remit au Pere Dufour, 1'un des Religieus revêtu des pouvoirs pour exécuter la commisfion de 1'Infant. Celui-ci recut la relique, non fans rire aulh\dans une piece de taffetas couleur de feu, & 1'enferma dans un fac de velours de même couleur garni de plufieurs cordons de foie, que 1'on fcella des fceaux de 1'Archevêque & de Ja ville. Enfuite, le tout fut reoi dans une boë'te de bois de fanteur également fcellée. La Cérémonie finit fuivant 1'ufage par une proceffion, & le Pere Dufour doit partir incesfamment pour la préfenter lui-même a Panne k fon Altefle Royale qui loupire après ce tréfor, au nom des Prieur & Couvent des Domi* nicains de Touloufe. En i438 le Roi de Caftille «Sc de Léo» avoit defiré une pareille extraction, & il n'y en avoit pas eu d'autre depuis. En conféquence on s'eft conformé en tout au procés verbal de cette époque. Le 14 Oclobre 1782. Extrait d'une lettre dAmfterdam du 7 Octobre.... La cour de juftice de Hollande a écrit le 16 Septembre une lettre aux Etats de Hollande, pour fe plaindre de la licence que le permettent quel« ques Auteurs politiques dans les brochures du jour, Il feroit i'acheux que-J'oo prit une réfo» H 2  C 17a ) lution plus févere k cet égard. Ces Ecrivains téméraires, par le coupable abus d'une ju (te liberté, n'ont déja que trop caufé d'entraves de tems a autre a 1'exercice des droitsinhérens cn cette partie a la conftitution républicaine. Lè 14 Oêtobre 1782. La tendre amitié dont la Reine honore Madame la Ducheffe de Polignac le porte jufque fur la filh, Mad. la Ducheffe de Guiche,qui vientd'accouchera 14 ans & un mois. Le jour oü elle étoit dansles douleurs, S. M. y vint le matin ; elle y revint 1'apres-dinée, & refta jufque bien avant dans la nuit pour attendre que la jeune femme fut abfolument délivrée. Depuis ce tems il n'eft pas de jour que la Reine ne fe donne la peine de venir voir 1'accouchée. Le 15 OStohre 1783. M. le Duc de Nivernois, veuf depuis quelque tems vient d'époufer Mad-. la Comteffe de Rochefort, auffi veuve, Ër.ancm en fon nom. C'étoit une paffion ancienne, une liaifon plus fpirituelle que phylique. On peut fe rappeler les jolis vers qui parurent il y a quelques années d'une Dame envoyant de fes cheveux blancs a fon amant, & la réponfe de..#l|ui-ci : volla les mafques.Ainlï 1'on peut. juger de la fagéffe de cette union facramehtale, très-pareille pour lanaiffance, le rang, l'2ge & les goüts. M. le Duc de Nivernois avoit une telle attention pour Mad. la Comteffe de Rochelort avant ce manage, qu'il ne palRütpas uj«  c m) feul Jour fans la voir. Elle demeuroit auprès de lm au Luxembourg : lorfque Je devoir obhgeoit ce Seigneur de fe rendre aVerfaijjes d ne manquoir pas d'aller prendre avant' les' ordres de fa Souveraine. Le is OShbre 1782. Les fuites du fameux procés de M. le Chevalier de Rutlidge, don-til fe prometto.t les plus heureux fuccès, lui ont été trés-funeftes. Non-fculement il 1'a perdu avant les vacances, mais ayant été condamné aux dépens, dommages & intéréts fon adverfaire, Ie Notaire de Herain pour?è venger des outrages qu'il en avoit rejus dans fes faétum, a ufé de la contrainte par corjs . Etrf *fle,?Ue, fion de & 1'a fait mettre a 1'hotel de la Force, oü' il reftera longtems fi les entrailles de cet ennemi ne s" TeZT' r°U ? qUe,qUe perfonne ^i'*le ne vient a fon fecours, Le 16 Octobrc i?8a. L'arrêt du Confeii qui fufprend toute pourfuite de la part des cré anciers du Prince de Guemenée, eft du ó8 Septembre II eft motivé fur la connoifiance que le Roi veut prendre d'une affaire lui ks" ferviceUsn W ft r dont m!i'!(u « j Z finguherement méritans de ft Majefté & de 1'Etat. Son objet doit être d'cmpecher que les frais ne nuifent également aux interets du débiteur & des criande™ "Sï les revenus connus du premier doivent être mis en fequeftre che* le Sieur ZW^ Notaire H 3  ( 174 ) C'eft Me. Boudeau, Procureur au Chttelet, très-eftimé & très-connu pour fon intelligence & fon efprit conciliant, qui eft chargé de débrouiller ce cahos. Le Prince de Soubize continue a être dans la douleur & dans le deuil. II alloit autrefois a 1'opéra régulierement chaque fois qu'on y jouoit: depuis ce fatal événement, il s'eft abstenu de s'y montrer. Le 17 OBobre 1782.Ee Sieur MoU avoit depuis fept a huit ans dans fon porte-fueille une comédie que 1'Auteur lui avoit coniiée, & oöfit fans doute cet Auteur ne tailoit pas grana cas. Quoi qu'il eu foit, il vient de 1'en tirer, il 1'a fait recevoir de fes camarades & 1'on la doit jouer inceflamment. Son premier titre portoit: Les Contre-tem:. II y fubftitue aujourd'hui celui des Amans généreux. Elle eft en cinq actes & en profe. On ajoute que ce cadeau eft venu de Marfeille , qu'aux répétitions le cinquieme acte ayant paruidéfeétueux, c'eft le fieur Molé qui a pris fur lui de le corriger, paree qu'il auroit été trop long o en eenre a inuicur v-n. de lui demander fon avis. La première repréfentation eft pour le Lundi, 21 de ce mois. Le 18 Ofiobre 1782. On prétend aujourd'hui que la tragédie de Zoraï étoit une tentative du parti de M. Necker pour exciter une fermentation en fa faveur, & qu'un Miniftre qui lui a obligation de fon élévation, mécon  ( 175) tent de celui des finances, auroit vouluramener fon ami a cette place. Quoi qu'il en foit, il faut que la Cour ait été bien raécontente de cette tragédie, putsqu'il eft venu un ordre de ne la pas jouer une feconde fois,ordre qu'avoit prévenu 1'Auteur, qui avoit été inltruit fans doute pas fon proteéteur de ce qui devoir arriver. Le Roi furtout, malgré toutes les fadeurs qui lui lont prodiguées dans cette piece, en a été indigné » fut le compte qui lui en a été rendu, a fenti 1'indécence qui en réfultoit par 1'arTedtation de dégrader le Gouvernement Anglois. En conféquence, S. M. a déclaré qu'elle ne vouloit point qu'on traitat au théatre trop direétement ces matieres politiques , & a fait enjoindr^ aux Cenfeurs d'être plus féveres & plus circonfpeéts fur ces matieres. Le 19 OBobre 1782. Madame & Mad. 'la Comteffe, d'Artois ont été voir ces jours-ci chez M. Vernet les quatre tableaux que ce célebre Peintre de marine étoit chargé de faire pour le Prince des Afturies & qui,étant finis, étoient fur le point de partir avant de pouvoir être offerts aux regards du public. Ces Princeifes n'ont point été rebutées par 1'incommodite du local, par la petitelfe & la roideur de 1'efcalier; leur goüt pour les arts leur a fait furmonter ces difficultés qui auroient effrayé la délicatelfe de nos riches Bourgeoifes. Elles ont paru en être bien déjonsmagées par r h 4  (176 ) le plaifir qu'elles ont eu Sc qu'elles ont témoigné a 1'Auteur en lui prodiguant de fiéquens applaudiffemens. Les meilleurs qu'il recevra fans doute font ceux du Prince Efpagnol qui paye ces quatre tableaux cent mille francs. Eh ! que les Artiftes fe plaignentenfuitequ'on n'cftime par leurs talens, qu'on ne les paye pas affez! Les PrincelTes, profitant de leur féjour a Paris ou aux environs pour fatisfaiie leur curiofité fe font aufii tranpfortées chez M. Girardot, Banquier alTocié de M. Halier &. de M. Necker, qui employé une partie de fes richetfes a fe former un cabinet de tableaux très-précieux, & qui occafionne fa feule dépen fe. Ce Banquier philofophe, imitant M. Helvetius, fe retire pour vaquer plus librement a la jouiffance des arts, & fe contente d'enviro.n quatre mil'lions de bien qu'il a. Le 19 Oclobre 1782. Mlle Rofalie de St. Evreux eft une trés-jeune débutante a la comédie Italienne dans les róles de foubrette; a une figure charmante, elle joint un jeu fin & piquant dont les amateurs font enchantés, & 1'on ne défefpere par de voir renaitre le talent de Mlle Dangeville fi elle cultive le fien & s'applique a fon métier avec la constance qu'il exige. Un anonyme lui ayant adreffé des vers a ce fujet, elle y a répondu par d'autres, du moins ils portent fon nom:  ( 177 > il feroit a fouhaiter qu'ils fuflent ■d,elle,& Ia" Mufe nouvelle de Ia comédie Italienne vaudroit celle du théatre lyrique connue depuis quelques mois fous le nom de Mlle Aurore. Le 20 OBobre 1782, La reftauration du Palais beaucoup plus longue qu'on ne 1'avoit annoncée, malgré les contre-tems qu'elle a éprouvés, commence a prendre forme. Elle attire les amateurs; on y confidere déja des morceaux de fculpture qui y font décoration. Tel eft un fujet allégorique exécuté en has reliëf au deftus de 1'entrée de la falie Merciere. A la grand' falie du Palais, s'olfre d'abord le médaillon de Louis XVI, couronné d'oliviers, ce qui défigne la Paix rendue a fes fujets par le rétabliftement du Parlement. II eft placé fur un bouclier ou égide qu'on fuppofe celle de Minerve, fymbole dela fagefle du jeune Monarque guidé par fon Mentor, le Comte de Maurepas. Des guirlandes de lauriers tiennent ce médaillon füs> pendu a un faifceau, attribut de la force, emblême relatif a la réunion des Cours Souveraines qui forment la bafe de 1'Etat par le maintien des lois. Ce fujet; quoique confuss & alambiqué, a de la noblefle & du génie, L'exécution eft de M. le Comte, Sculpteur connu , fous les ordres de M. Defmaifóns Architeéte. D'un coté eft 1'Eloquence, & de Tautre H5  C 178) 1'étude des loix, ou la Jurifprudence, perfonnage de nouvelle création, peu heureux. Le ao Otlobre 1782. La Faculté de Médecine a pris, on ne fait pourquoi, faint Luc pour fon patron, «Sc en conféquence on célébre la fête par une raeiTe folemnelle qu'elle fait chanter k faint-Etienne-du-Mont, fa paxoilfe. Le Curé de cette églife avoit déjtt prononcé la derniere fois k cette occafion devant la fcientifique affemblée un difcours*nftin.dont les Dofteurs avoient été trés-contens; il* en a prononcé un autre cette année qu'elle n'a pas moins goüté «Sc qui étoit une fuite du précédent, oü il avoit prouvé combien la religiën efr. néceffaire k un Médecin. Dans celui-ci il expofe combien la religion a toujours diftingué la médecine fuivant ce proverbe du Sage : honora Medicum propter neccfttattm, p3r les éloges, les prérogatives, les honneurs qu'elle lui a décernés. La Faculté, par 1'organe de M. Philip, fon Doyen, a témoigné fa fatisfaction & fa reconnoalfance a ce Pafteur, elle 1'a conjuré de vouloir bien fe rendre a fes inftances, «Sc lui communiquer enfin fa première harangue, ainfi que celle-ci pour être infcrites dans fes xegiftres. Le ai Otlobre 1782. Extrait d'une lettre d'Amiens du 19 Oétobre.... Notre Académie ne s'occupe pas fimplement de vers «Sc de proft;elle fe livre a des.objets plus utiles & pluj  C i79 > importans. Elle a eu 1'idée de profiter des inltruétions établies dans Ia capitale de la France par M. le Lieutenant de police qui y a inftitué une école de Meunerie & de Boulangerie, dont les lumieres doivent fe répandre dans toutes les Provinces. M. 1'AbLé Reynard, Profeffeur de phyfique au collége de cette ville & membre de 1'Académie,voyant avec regret que les plus beaux bleds ne donnoient ici qu'un pain de médiocre qualité, a lu a la rentrée publique de cette année un mémoire fur cet objet. II a excité le zele de M. D'Agay* notre Intendant, & fon confrère, &, fur les follicitations de celui-ci, le Gouvernement nous a envoyé Melfieurs Parmentier &c Cadet de Vaux, les grands Apötres de la nouvelle doctrine, lis ont trouvé que Ia boulangerie & furtout li mouture étoient encore ici dans l'enfance, comme il y a deux liecles; qu'on n'y connoisfoit que Ia mouture ruftique, mouture qui ne donne que les deux tiers de farine, tandis que par Ia mouture économique on en obtient les trois quarts; que le boulanger n'employoit que de la levure; que le vice de conltruction des fours confommoit un tiers de bois en pure perte, objet d'autant plus a confiiérer en Picardie que cette production y devient de jour en jour pius rare. En conféquence, le cours s'eft ouve t le Lundi 7 de ce mois .fnus la Préfi 3enQê de M, Dagay,qui, pour frapper la mslti* h <5  Ci8o) tude, a fait un petit discours fur cet étabiifferaent & exalté la bienfaifance du Gouvernement. L'atfemblée étoit brillante & toutes les féances 1'ont été de même. L'Evêque, 1'Intendant, le Corps municipal , 1'Académie fe font fait un devoir d'y alMer, & trois ou quatre eens fpectateurs venoient écouter régulierement les Profelfeurs économiftes. M. 1'Evêque avouluque ks jeunesEccléfiasliques deflinés-a occuper des cures dans le diocèfe vinlfent auffi faire cette étude , plus utile que toutes les fpéculations théologiqües, & ce n'étoit pas un fpectacle peu comique que de voir toutes ces jacquettes noires, blancbies par les habits farineux des Meuniers & des Bnulangers. II a cru qu'ils devoient devenir ks dépofitaires de vérités ufuelles} intéresfant auffi effentiellement le peuple des campagnes ; qu'un Pafteur inftruit fur le choix Cv ia préparation des femences , pouvoit écarter beaucoup de fléaux qui ne font que la fuite 'de 1'ignorance & du peu de prévoyance du, cultivateur. On craignoit que les Boulangers d'Amiens & ceux que M. 1'Intendant avoit mandés des diverfes fubdélégations, entêtés, comme le font ordinairement ces artifans groffiers & ltupides, ne vouluffent pas s'écarter de leur routine. Heureufement, les inftrutftions lumineufes de: Meffieurs Parmentier & Cadet de Vaux les  C 181 ) ont eonvaincus: il., ont femi qu'en boulangerie 1 économie marche aVec Ia nerfe/Hnn "fne nue les préiugés oJSdl ïïfeV**£ Cours termmé, ils ont éré en corps en témo ? gner leur reconnoifTance a M. Dagav ,La. c«conftance de ce cours eftV.utant Plus intérelTante, qu'il y a Cette Jne Se•é^,lfidérab,e.de Weds ^™efen Pi! «nlie, qu j/ importoit de tranquillifer la dto vince fur 1'ufage de ce bied, & d'ind qterTs" moyens a employer pour en obtenir dbon Pam; procédé qui doit être fixé par un Sieim Brocq régifleur de Ia boulangeffe de Inv êfS atfe ^ Sa '-nuten?ion va e ïere & M^e/UX ^ d'Une ^ince ennere, cc M. lEvêque, M. 1'Intendant ainfi que 1'Académie ne manqueront pas de donTeÏ la puM,até_convenable aux é^rie^ Le cours de meunerie & de boulanffpr,v r„ ra renoövelé périodiquement comm-T e&%? ^ dÊ Académiën6 tóci»t^^S H 7  C 182 ) Le 22 Otlobre. Le bruit couroit ces jours-ci que le Duc de Fitz-james étoit obligé de faire banqueroute, fuite des pertes énormes qu'il avoir faites au jeu par les efcroqueries des principaux joueurs dont on a parlé, & qui ort été punis fur les plaintes que Mad. la Duchesfe de Fitz-james, Dame du palais de la Reine, en a portées a Sa Majefté. II eft a efpérer que la maniere dont ils ont été traités, effraira leurs femblables. Le Sieur Hazon, comme le plus coupable fans doute , quoiqu'apparte^nant a une familie-trés honnête & ayant de fes parens du même nom au fervice, eft banni de Paris & envoyé a Ifloudun, avec injonélion de fe repréfenter tous les quinze jours au Lieutenant de la MaréchaulTée qui lui déli» vrera une atteftation de fa comparution. Le Sieur Vamballe, Liégeois d'origine, quoique mariéici, a dü être conduit aux confins du Royaume par la maréchauflee avec défenfe d'y rentrer. Le Baron de Vigé a recu ordre aufli de fortir de France. Le 23 Oftohre 1782. Depuis cent ans environ il eft d'ufage que 1'Académie des Sciences & 1'Académie des Belles Lettres réunies entendent le jour de Saint Louis le panégyrique de ce héros chrérien dans 1'éghfe de l'o« ratoire. Sans doute il eft difficile de rajeunir un pareil fujet, d'autant mieux que 1'Académie Francoilè depuis la même époque en entend  auffi un chaque année dans la chapelle du louvre : quel a dü être 1'étonnement des deux premières Académies au discours de 1'Abbé de Beulogne, qui avoit entrepris la même tache, lorsqu'elles ont été frappées des beautés neuves & foutenues dont il eft rempli. Dès le début de la plus grande magnificence, 1'Abbé de Gua de Malves, adjoint vétéran de 1'Académie des Sciences, s'imaginant que le Prédicateur 1'avoit pris fur un ton trop élevé , s'éeria: Voilé 'un fofc mais a la fin du discours, il dit: Ceft moi qui fuis un fot. Vers le milieu de la première partie, M. le Comte de Treffan de la même Académie, fubjugué par fon enthoufiasme,ne put s'empêcher de battre des mains comme' au théatre, & la plupart de fes confrères 1'ayant iroité, le public les fuivit. Enfin , M. Dalemberr, plusfroid, plus inébranlable pendant quelque tems, neput réfifter a 1'impulfion victorieufe de 1'Orateur. L'habitude oü 1'on eft de ne voir que des panégyriques médiocres fur une matiere auffi rebattue , écarté ordinairement de cette asfemblée les grands littérateurs , enforte qu'il n'y a guere que les Académiciens obligés d'y affifter, les amis de 1'Auteur & des Séminariftes, des Moines, des dévotes & des oififs n'ayant rien de mieux a faire. Lorsque 1'on fut la fenfation extraordinaire qu'avoit produit 1'abbé de Boulogne, on ne pouvoit le croire.  C 184) II étoit, il eft vrai, déja connu avantageufement par fon éloge du Dauphin; mais quelle difTérence de fujet, les critiques difficilcs ne pouvoient s'empêcher d'imaginer que ces louanges étoient exagérées. D'après les corfeils des juges les plus féveres, 1'Auteur vient de faire imprimer fon discours, & il fe diltrihüé d'avant-hier. 11 faut convenir qu'a Ia lecfture même il justifie les applaudiltemens des deux favantes Compagnies devant lesquelles il a été prononcé. C'eft la force de Boffuet, c'eft fonction de Fénélon. L'Auteur a eu 1'art d'y fondre la vie entiere de Saint Louis, & de ces faits communs a tous ceux qui l'ont précédé, par la facori de les préparer, de les placer, de les enchainer, il en a fait fortir un éloge de ce Prince fi clair, fi lumineux, fi vrai, qu'on femble 1'avoir méconnu jusqu'a préfent & ne lui avoir pas encore alïigné la place qu'il mérite au deflus des plus grands Rois de la monarchie francoife. Du refte, des morceaux de force, des digreffions touchantes le varient merveilleufement & ne Jaiftent jamais 1'ame du lecteur en repos. Mais le chef - d'ceuvre du talent de 1'Ayteur, c'eft d'avoir accordé la religion avec la philofophie, Ia moraleavec lapolitique, & d'avoir aitfi réuni tous les fuffrages. Le ftyle eft fain , fimple , noble , ferme & fans maniére. Le 23 OQ'obrs 1782. Mad. la Princefle de  e 185) Guemenée s'eft trouvéepar 1'examen avoir pa*ticipé beaucoup a Ia banqueroute de fon mari, avou- fait même des infamies dans fa place. Wie touchoit 1'argent pour pnyer les fournisfeurs de fon département ; elle gardoit cet argent & leur donnoit des contrats de rentes viageres. Il n'a pas été poffible de lui conferver fa place , & elle a été forcée de donner fa démiffion. Elle s'eft retiiée dans une petite terre du cöté de Pontoife. Quant au Prince de Guemenée,c'eft pour fe fouftraire aux premières clameurs de fes créanciers qu il avoit fait courir le bruit de fon abfence & de fon féjour en Italië. II n'étoit point forti de France & s'étoit retiré a Navarre oüil eft encore retenu par un ordre du Roi. Un nouvel arrêc du Confeil ordonne a tous fes créanciers de rapporter tous leurs titres, & de faire des déclarations de la nature de leurs créances, des fommes qu'ils ont fournies &c. On ne fait point encore qu'elle fera la fuite de Ia déroute pour la maifon de Rohan; on ne doute pas qu'elle ne perde-la charge de GrandChambellan qui eft en vente & dont M. Ie Duc de Montmorenci offre , déja, dit on, i,(5oo,ooo liv. On rapporte de M. le Grand-Aumönier un propos qui mériteroit bien de lui faire perdre fa place auffi. II femble tirer gloire de 1'énormi'é de la banqueroute de fon frere : il dit qu'il n'y a quxun Roi ou un Rohan qui puijfs  C 18(5 ) faire une pareille banqueroute. En effet, lés Rois de Sardaigne, de Suede, de Dannemarc, de Pologne, de Naples ne pourroient 1'imiter. Le 33 Otlobre 1782. Le Sieur de Beaumarchais depuis la mort du Comte de Maurepas, trouvant fans doute des obftacles pour faire jouer la fuite de fon Barbier de Siville, trésli bre & très-orduriere, a ce qu'on allure, a voulu en donner un avant-goüt au public. II en a détacbé une romance intitulée la Roman' ce du Pettt-Page fur un air ancien très-tendr*^ & eüe feit fortmie. Tout le monde la chante a la Muette, & la Reine elle-même la trouvant charmante, a daigné 1'apprendre & la répete fouvent. Le 23 OStobre. Tom-Jcnes joué hier n'eft point une comédie, mais un drame, ou plutot ce font les deux derniers volumes du roman de ce nom mis en action, avec la différenee que celui-ci eft très-intérelTant, & que le drame nouveau eft fort-long & fort ennuyeux. L'Auteur a voulu conferver la vérité des caraéteres & n'a pas fenti que plufieurs étoient trop otitrés, trop ridicules , trop bas pour la fcene. Du refte, il paroit n'avoir aucune coivnoiflance du théatre ; il eft fans imagination & fans reflources. Tous les moyens de fon intrigue confiftent dans des lettres qui circulent en foule & ont fingulierement déplu au public. Les mécontemens de celui-ci ont été plus marqués dans les deux premiers actes.  C 187 > De bons traits de morale , quoique rebattus, un röle aiTez noble, quoique froid & inutile, que'ques vers heureux, au milieu d'une foule de trè>-mauvais,ont prolongé 1'exiftence de la piece & lui ont même valu des applaudiffe* mens au point qu'a la fin on a demandé 1'Auteur d'alTez bonne foi. Le Sieur Raymond, 1'un des Acleurs eft venu déclarer qu'incertain de fon fort très-équivoque au commencement de la repréfentation, 1'Auteur avoit difparu. II y a quaterze röles dans cette piece ou bril lent le Sieur Granger, Mad. Dugazon & quelques autres. Mais il y en a de pitoyables, ik le Sieur Roziere principalement n'a pas peu contribué a mécontenter le parterre. Le 24 Odsbre J782. On ne fait point encore qui remplace Mad. la Princelfe de Guemenée. On dit que Mad. de Marfan a offert dereprendre fes foucu'ons ; mais qu'elle n'a pas été agréée. On dit que la place a été offerte a Madame la Ducheffe de Polignac, qui refufe pour ne pas s'éloigner de la perfonne de la Reine & pouvoir toujours lui faire fa cour asfidument. Madame la PrinceiTe de Chimay, Dame d'honneur de la Reine & Mad. la Ducheffe de Mailly, Dame d'atours, font fur les rangs. Le 24 ORobre 1782. La gazette d'Utreck eft arrêtée depuis le quinze Septembre. On a cru d'abordquece n'étojt qu'une fimple fufpen-  C i88 ) fion, corarce il arnve que'quefois au Courier de 1'Eumpe ; mais un avis adrefié aux foufcripteurs dé venir retirer leur argent a fait connoïtre que c'étoit une profcription décidée. On eft fiché de cette fuppreflion d'une feuille qui amufoit les oififs par fon bavardage , fa gaité & fa malignité. On a cru d'abord que la digreflion fur la mort de 1'Evêque d'Angers CM. de Grafie) qu'on y traitoit de Prélat 'tik' nuku.v & dont on révéloit les amours & même les impudicités, en étoit caufe; mais on aflure aujourd'hui que c'eft pour s'être exprimé d'une f29011 indécente fur le Comte d'Artois en le peignant s'amufant plus de fêtes, de fpectacles & de galanteries,que des exerciees dé la guerre, critique d'autant plus déplacée & plus injufte que rien n'obligeoit fon Altefie Royale a s'arracher aux plaifirs & a la mollefie de fon palais, fi elle n'eüt eu la noble envie de marcher fur les traces des héros de fa race. Le 24 O&obre 1782. La piece des Amans Efpagnols, jouée hier, n'eft qu'une mauvaife paftiche du Barbier de Sévillè. L'Auteur, enthoufiasmé de cette farce fans doute, a cherché a imiter jufqu'aux plaifanteries, aux tournures & au ftyle du Sieur de Beaumarchais. Mais n'ayant pas les mêmes refiburces du cöté de la gaïté & de la méchanceté, du cöté de la nouveauté du genre & de 1'a propos des circonftances & des allufions, tombé eornme fon héros, il ne fe relévera pas de me-  C 189 ) me. De mémoire d'homme, on n'avoit vu de comédie auffi conftamment huée depuis le commencement jufqu'a la fin, & fans la préfence de la Reine qui les contenoit, fans doute, les Acteurs liumiliés de cette disgrace qui réjailliffoit fur eux, fe feroient retirés dés Ie troifieme aóte oü les brouhaha&lesfifietsfe font manifeftés au plus haut degré. Les feuls traits bien recus étoient ceux dont on pouvoit faire une application maligne a 1'infipidité de cette étrange production. On a entre autres applaudi a tout romp re des divers coins de la falie, ce mot que dit au dernier adte un des perfonnages : nous avons paffe une cruelle foirée. L'Auteur eft un M. Boja, rédacteur des petites affiches de Marfeille, Le Sieur Molé, qui le repréfentoit, & avoit adopté 1'ouvrage' par fes corrections, outré d'une auffi mauvaife réception, n'a point voulu fe rendre a 1'improbation générale. Les malheureux, s'écrioit-il dans fa loge, en fortant de la fcene, les malheureux ne connoiflent pas cet ouvrage & n'ont pas voulu le connoïtre. Le 25 Odobre 1782. Les partifans de Ia gazette d'Utreck travaillent a faire lever la profcription , óc efperent réuffir en répandant quelque argent. Mais les négociations font iongues Cc ils ne comptent guere la voir reparoitre avant le ier Janvier 1783. Le 2j Otlobre. Extrait d'une lettre de Libourne du 19 Oétobre Le régiment du  ( ico ) Roi cavalerie , dont M. ïé Vicorate de Noailles eft Colonel,vient en quanier ïeü 11 arive d'Auch ©ü il refidoit avant: M. de Moailles n'a point voulu quitter fon régiment, qu'il ne füt rendu & cantonné dans cette ville. Comme il y avoit beaucoup de malades , il a cu l'bumanité rare«& ingériieufe , par des Fouriers détachés a propos , de faire enforte qu'il fe trouvit du bouillon & des rafralchisfemens tout difpofés pour eux au lieu du féïour, & il a préféré de les amener ainfi a les laiffer dans un hopital oü ils feroient mal foignés, n'ayant plus de chefs qui veillafient a leur confervation. M. le Vicomte de Noailles, obfervateur févere de 1'ordre & de la difcipline,ne veut pas que des Officiers de fon régiment jouent la comédie ; il regarde ces diftraftions comme capables de diminuer & énerver 1'efprit militaire. Mais , comme en même tems il faut remédier aux vices qu'entraïne 1'oiftveté , il a infiitué pour fon régiment un Club oü les Officiers trouveront tous les papiers publics,tous les journaux, tous les livres nouveaux concernant leur métier. En outre, il y aura des maitres fondés de géographie , de deffin, de mathématiques, des langues Angloife, Allemande &c. Cela procurera un fort a plufieurs Officiers de fortune en état de profefier ces ditférentes études. Nous attendons ici M. 1'Abbé Rohm, 1'Au-  C 191 ) mönier du régiment, homme de lettres, queM. le Vicomte de Noailles s'eft particulierement attaché * & trés en état d'arranger la formation du Club, d'en faire les régiemens & d'y préfider. II eft déja connu par une brochure fur les Initiations, ouvrage oü,a 1'occafion de la maconnerie, il fait des recherches favantes & agréables relatives a ces fortes d'alTembleés & de fêtes fecretes des anciens. II vient de publier tout récemment Nouveau Voyage dans F'Amérique feptentrionale en 1781. C'eft la relation circonftanciée de ce qu'il a vu & de ce qui s'eft paffé durant fon fejour en ce pays oü il étoit aumönier du régiment de Soiffonnois, dont M. le Vicomte de Noailles étoit alors Colonel en fecond. Vous jugez que cet aumönier n'eft pas de Ia trempe de tous ces Moines & Prêtres libertins,ignorans, crapuleux, deshonorant & aviliffant leur état. Le 26 O&obrc 1782. Avant le commencement des vacances la Faculté de Médecine n'a pu fe difpenfer de faire droit fur la demandé du Doéteur Deflon. Elle a tenu fa troifieme affemblée a fon fujet ; mais , inftruite par Fexemple du Doéteur Préval, elle a voulu prendre toutes les précautions capables de la garantir des tracafleries d'un procés: en conféquence, fans priver 1'accufé de fes fonctions, honoraires, fportes, jetons, elle lui a feulement interdit 1'entrée a fes aflemblées pendant deux ans, pour lui donner le tems de venir a  réfipifcence, fauf a procéder alors définitiveraent contre lui, en cas qu'il perfide dans fes fentimens, & la conduite que lui reproche fon corps. Le Doéteur Deflon avoit annoncé qu'il vouloit comparoir devant fes confrères, plaider fa caufe & fe défendre de Ja maniere la plus vigoureufe; mais foit qu'il ait été intimidé par fesjuges, foit politique , foit impuiffance, il n'a rien dit & a fubi modeftement fon jugernent. II a eu depuis peu une nouvelle humiliation: le Dodteur Mesmer, dont il étoit !?apötre & eft devenu le martyr, a écrit une lettre a la Faculté qui a été lue en pleine affemblée, oü il le renie pour fon défenfeur , prétendant qu'il entend mal fa doctrine , & eft incapable d'en faire i'application. Le 27 Otlobre 1782. II paroit décidé que ce fera Madame la Ducheffe de Polignac qui fera Gouvernante des Enfans de France. On ajoute que la furvivance de Capitaine-Commandant des Gendarmes de la Garde qu'avoit M. de Guemenée lui eft ötée auffi, óc eft donnée a M. le Duc de Polignac. Le 27 O&obre* On affure que M. le Prince de Soubife étoit chargé d'une lettre du Prince de Guemenée pour le Roi,qu'il 1'a préfentée a S. M; mais que fans la lire elle 1'a jetée au feu en difant: je n'en veux pas écouter davantage; ditea-lui qu'il ne fe flatte pas de re-  < 193-3 ïeparoïtre devant moi, .que fes dettes nc Toient payées. Le 27 Ooiobre 1782. 'Extrait d'une Ièttfe de Saint-Germain - én-Laye du 26 Octobre... Tl y avoit ici un'Comte de la Merville, Chevalier de Saint-Louis, ancien Militaire , qüi S'étoit jeté depuis quelque tems dans les intrigues de cour ; s'annoncoit pour avoir des projets de finance excellens ; avóit obtenu la proteftion du Maréchal de Noailles ; faifoit courir le bruit qu'il alloit être Controleur général; avoit même déja ré£u des vifites de féücitation» & avoit en conféquence trouvé des dupes qüï lui avoient prêté de 1'argerit; on dit environ .30000 livr. Mais fa marmite' vient d'être renverfée par un ordre du Roi qui lui enjoint de s'éloigrier indéiiniment,'cc fans lui affigner aucun lieu d'exil; il lui elt feulement défendu d'approchér de laCour,&prefcritdes'en tenir au moins a dix lieues de diftance. Le 28 OBobre. L'infatigable M. de la Blancherie ne ceiTe d'eflayer a faire parlèr de lui & de fon établiffemerit de toutes les manie•res, dans tous les journaux & a tous les inftans. C'eft aujourd'hui dans le Courier de 1'Europe.du 18 de ce mois qu'il nous donne un extrait de la feuille de correfpondance du jj Aoüt, oü il étale avec emphafe la recette, la dépenfe & balance de fon journal. Le tout pour plus d'éclaircillement eft encore accompasné de notes. Tome. XXL ï  C 194 ) H'compte aftueHement quatre-vingt quartorze ProtcSeurs, dont'un a doublé contribution, le Cardinal Prince de Rohan , fuivant la magnificence ordinaire de fa maifon. Un Protefteur contribué de quatre loüis par an. II y a en outre lesAftbciés,aa nombre decinquante fix, qui donnent chacun deux louis. La troifieme claife eft celle des Soufcripteurs de la ftuille qui coüte un louis. M. de la Blancherie en compte tant a Paris qu'en province , en Europe & dans le monde entier ' cent foixante trois. De toutes ces ibmmes il réfulte environ 15000 liv. de recette & il paroit que la dépenfe étant moindre, il y aura quelques centaines de piftoles a diftribuer aux artiftes qu'on voudra encourager. On voit ,de fon propre aveU,que fon établisfement chéri eft encore bien dans 1'enfance. Comment, après ce qui eft arrivé a la Société libre d'émulatión, ayant un but décidé , infiniment plus accréditée,pourroit il fe flatter de conferver fon exiftence éphémere ? Le 29 OEtobre 178a. Comme il arrivé fréquemment, Tom-jones , aflez mal accueilli a la première repréfentation, au moyen de quelques changemens,du meilleur jeu des Aéleurs, du renfort de troupes auxiüaires envoyées par 1'Auteur au parterre, eft monté aux nues a la leconde repréfentation. M. Desforges dans fon enthoufiasme a adrefle a la .troupe Italienne le quatraiu fuivAit.  C 105 ) Quels prodigss naiffent de Part," Quand on fait le porter a ce degré fubllrne ! Jones, malgré ma Mufe, eüt pu refter batard, Votre j&u vient de faire un enfant légitime. Ces idéés & ces images de bStardife ont fingulierement frappé dans ce M. Desforges, dont la Philofophie le met fans doute au deflüs des préjugés; qui, d'ailleurs, a un pere putatif,pttis qu'il eft cenfé fils du Desforges fayancier & le mari de fa mere. Le 30 Oclobre 1782. L'aventure du prétendu .Comte de la Merville ayant fait beaucoup d'édat, on a recherché fa naifiance, fa vie & tout ce qui eft relatif a ce perfonnage devenu fameux. II fe nommeHeurtaud,il a encore fon pere, Gentilhomme , ou au moins vivant noblement dans une terre en Normandie, qui fe nomme ia Merville et qu'a, de fa grace , érigée en comté fon fils. Celui-ci a d'abord fervi dans les Gardes, mais s'y étant dérangé & n'ayant plus affez defortune pour s'y foutenir ;il en eft forti & eft entré dans la marine. II étoirdurant la derniere guerre Enfeigne de yaiffeaufur celui de M. d'Achée lors de fon expédition dans Pinde: durant un combat, s'étant trouvé h. r.s de fon pofte aux batteries de 1'entrepont & même caché dans le four, a ce qu'afluient fes contemporains, le Général lui fir arracher fon habif d'ufïkier» le débarqua a fon retour a flfle I 2  de France, lui défendit de jamais reparoitre a bord, & de fe qualifier Officier de la marine. M. de la Merville, qui dès ce tems avoit une tête a projets, étoit encore a la paix a 1'Me de ...France. il y fit des fpéculations fur le commerce de 1'Inde , férluifit quelques babitans crédules, leur mangea de 1'argent, fut aétionné en juftice pour Ie rendre & eut des procés desagtéables. Afin de fe fouftraire a ces pourfuites, il fut obligé de repafter en France. La feéle des Economiftes'commencoit atfleurir.i il s'y agrégea & fit des mémoires en conféquence. Malgré fa facheufe aventure de la marine., M. Ogier, dont il étoit patent par fa femme, lui fit obtenir la croix de Saint -Louis , .& cette décoration lui valüt un mariage avec une Demoifelle très-bien.née, nommée Vandeigre, qui lui apporta du bien. II ne tarda pas a fe monter fur un grand ton avec la dot de fa femme , a faire figure &c a tout manger de nouveau. Rentré dans la mifere, M. de la Merville s'eft retiré a Saint-Germain-en-Laye & eft revenu aux fpéculations économiques. 11 a profité de fon féjour dans cette ville pour s'impatronifer chez le Maréchal Duc de Noailles qui 1'a goüté & 1'a introduit k la Conr. Dans les circonftances critiques oü la France fetrouvoit, le Philofophe économifte avoit  beau jeu poür fe faire écouter. Cependant if n'a commencé a faire bruit que depuis la disgrace de M. Necker. II a eu affez de crédit pour obtenir des conférencés dans Ie cabinet du Roi avec Sa Majefté même qui parut goü* ter fes Mémoires & lui ordonna de les lui lailfer. Les chofes' refiant dans cet état de ftsgnation, fon ambicion ne s'eft pas trouvée fatisfaite; il a cherché les moy&ns de produire une forte explofion & de forcer en quel* que forte le Monarque a fe décider en fa faveur par Ia clameur publique. II n'en a pas vu de meilleur que de communiquer Ion plan aux Miniftres , aux Grands-Seigneurs; il a obtenu le fuffrage de -plufieurs & entre autresdu Comte de Vergenneso - La publicité donnée aux mémoires du Com= te'de Ia Merville a alarmé M. de Fleuri, qui eft allé au Roi, & lui a reprélénté le danger de laifier prendre confiftance a cet intrigant, ce qui ne pouvoit' que jeter de 1'incertitude fur fes opérations de finances & ébranler le crédit public. Sa Majefté, irritéeque M. de la Merville eüt révélé lesr entretiens' fecrets qu'elle lui avoit accordés, a fenti la juftice desrepréfentations de M. de Fleuri & lui a permis de prendre les précautions qu'il croiroifr néceffaires pour arrêter la cabalé qui com-menyoit a fe former pour M. de la Merville. Ce Miniftre n'a pas trouvé de meilleur moyem &-de plus doux en même tems, que de 1'emv  pêchér d'approcher de Ia Cour, dont il avoit iëduit beaucoup de gens par fes belles pïojmeifes. Le fyftênie de M. de la Merville , au furplus, n'a rien de r.euf en lui-même , puisqu'd propofe uniquement de fupprimer les impöts de toute efpece, les entrées, & autres droits & de réduire tous les revenus du Roi a une certaine portion qu'il préleveroit fur les revemis des terres & des maifons. Le 30 Otlobre 1782. En éxécution de 1'arrêt du Confeil du 12 Oótobre 1782, qu'on a annoncé, les créanciers de Meffieurs les Princcs de Rohan & de Guemenée ont été invités par des placards aflichés ces jours-ci, a porter les titres de leurs créances chez M. Boulard, le Notaire fequeftre. Ces placards, qui manifeftent plus authentiquementla faillite d'un Prince de la maifon de Rohan,afiiigentencore plus vivement le Maréchal Prince de Soubize. 11 continue a être dans le deuil & a ne point paroitre a la Cour. Comme Gouverneur de la Muette, Madrid & Bois de Boulogne, il avoit été obligé de s'y établir durant le féjour de la Cour, & fa fonction auroit été d'y refter; mais depuis cette fatale cataftrophe, il a fupplié le Roi de trouver bon qu'il s'en abfent&t. Le 31 Otlobre. Un jeune Bordelais, nommé Garat, fils d'un Avocat du même nom, & neveu du Garat homme de lettres qui s'elt  C IP9 ) établi h Paris, y eft venu trouver fon oncle. II eft doué de 1'organe le plus beau & le plus merveilleux , & s'eft fhtté en conféquence avec raifon de fe produire ici avec fuccès. Sans favoir une note de mufique,il contrefair, a s'y tromper, toutes les voix des Acteurs & des A&rices, tous les inftrumens d'un Orcheftre, & a lui feul il exécute fucceflivement un opéra entier. 1 Les premiers compofiteurs de cette capitale, Meffieurs Piccini, Saccbini, Gretry, Pbilidor , ne pouvoieht croire a ce prodige, & s'en font convaincus par leurs propres oreilles. Ce talent unique 1'a bientöt faufilé parmi les Actrices célebres , les filles du grand ton de cette capitale, & c'eft a qui 1'aura. II n'a que dix-huit ans; il n'eft point mal de figure , cc en outre paffe pour être doué d'une vigueur a toute épreuve auprès du fexe. C'eft aujoud'hui Mad. Dugazon qui s'en eft emparée. Ceux qui s'intéreflènt a lui font fichés qu'il s'énerve de la forte. Quoi qu'il en foit,, avant qu'il ait perdu fa voix & fon talent, ce qui ne manquera pas de lui arriver bientöt , on voudroit le faire paroicre a la Cour, & il eftgrandement queftion d'engager la Reine a 1'entendre. Le 31 O&obre 1782. M. le Duc de Chartres eft enfin parti pour 1'Italie "avec Meffieurs de Genlis & le Duc de Fitz-james; c'eft bien la moindre chofe qu'il devoit a ce dernier qu'il 1 4  qu'il a vraifemblement chareé de yeiller a la fuite de fes batim'ens. Cet AÏ>be Jieaudeau eft un des principaux inftigatenrsde l expulüon du Sieur Seguin, le, Tréforier, ci il l a fait même tiès-durement 5 car il ne Iju a pas Iaiifé plus de 24 heures oour fortiV des petites écuries du Duc de Chartres oü il ogeoit : il a fait auffl expulfér un.Commis qui lui déplaifoit,„quoiqu'il n'y eüt aucun grief a articuler contre lui. On ne fait s'il prendra le titre de Tréforier; mais il préfide aux AU penfes. Le premier Novembre- 1782. H paroit toiijours, lors des affemblées du Clergé,- quelque ' pamphlet propre a réveiller le zele de Nofleigneurs : on parle de deux du même genre trèspiquans, trés fatyriques ,  C 202 ) premier Gentilhomme de la chambre de fer. vice auprès de Monfieur,eft venu de fa part intimer unö défenfe a 1'Abbé Royou d'intituler fon journal, Journal de Monfieur. Celui-ei a cherché a fe juftifier, a prié M. de la Chatre de vouloir bien interpofer fes bons offices auprès de S. A. Royale en fa faveur, ce qu'il lui a promis , mais fans lui laifler entrevoir beaucoup d'efpérance de réuffir. Le 2 Novembrt 1782. Extrait d'une lettre de Bezancon J'ai vu cet automne Mad. Jacquet de la Douai, la femme de ce malheureux dont il a été tant queftion, il y a un an. Elle eft revenue de Paris ou. elie étoit allée pour folliciter en faveur de fon mari, dèsqu'elle en a appris la cataftrophe ; mais toutes fes démarches ont été inutiles. Elle vit dans la médiocrité & les larmes a un petit bien de campagne qu'elle a auprès de Lons-le Saunier, avec une fille très-jolie. La mere eft fort aimée & fort eftimée: elle eft bien néé, fille du Greffier en chef du Parlement de Dombes, ayant apporté du bien que fon fol époux a mangé. Tout le monde la plaint. Quant au Sieur Jacquet, le bruit de la province eft qu'il a été condamné par une commiffion fecrette a la peine de mort qu'il méritoit ; mais qu'elle a été commuée en une prifon perpétuelle. J'ai vu auffi le frere de cet auti e fol 5 qui jjous a fait. faire cette belle équipée a Gibral-  tar. Ce M. Darcon eft Lieutenant général du Bailliage de Lons-le-Saunier,& gémit de 1'étourderie de fon frere 1'Ingénieur. Le 3 Nüvemlre 1782. Les Lettres fecrettes fur F et at aEtuel du Clergé &c. paroiifent enciennes ; elles font datées de 1781; elles font au nombre de quatre. Leur but eft de réveiller le zele pour la maifon du Seigneur éteint dans tous les cceurs. Afin de mieux réuflir, ou du moins afin defe faire lire, 1'Auteur apris le ton léger & cauftique du perfiflage. Dans la premiere,qui n'eftproprement qu'une introduction, il déplore 1'abandon & le décri de j la difcipline , même dans 1'enfance pour laquelle on a imaginé desélémensdeféduétion, jufque durant le carêmeoü, tandis que leschaires retentiflent de gémiflemens & d'anathêmes, toutes les fources de la volupté rèftent ouvertes. Après cette peinture vive & énergique, il s'en prend aux chefs de PEglile qui en abandonnent les intéréts; qui végetent dans 1'inacr.ion & la molefle; aux Orateurs chrétiens devenus tolérans, n'étant plus que les foibles échos de ces tónnerres qui portoient le trouble & 1'effroi dans les cceurs. II en vient enfin a 1'objet fpécial de fon ouvrage, a ee nouveau genre d'épifcopat qui embralfe le régime économique & politique d'un diocèfe & qui fait qualifier celui qui 1'exerce iïEvêquc ddminijlrateur. On définit dans la feconde lettre ce que c'eft qu'un Eveque Jdminijlrateur 7 forte dft 16  C 204 ) mitis, moitiéfacré, moitié profane, qui, fousla livrée fainte, exerce un apoftolat philofophique,. dont 1'objet eft de purger la France de toutes les erreurs du gouvernement; dont le principe eft que Ie bonheur public eft la véritable, la feule religion d'ün Etat. Ce n'eft: dónc pas 1'homme de Dieu1, le fuccefieur des Ambroife & des Chryfoftome; c'eft un Jockey jminiftériel, un reflbrt fecondaire qui s'engraine dans le rouage politique & n'a dezelequepour Yempyrifme civil\ qu'.on peut appeler Fépidé-^ mie du tems." La troifieme lettre contient plus de détails fur les chefs & principaux agens de cette mé« tamorphofe. L'Archevêque de Töulouze eit le premier qui ait embraffé ouvertement le nouvel apoftolat. M. Necker par 1'établiflement de quelques aftemblées provinciales oü préfident les Evêques, lés avoit furtout animés de 1'espoir d'être fes coopérateurs; il s'eft évanoul stvec lui. Les Prélats adminiftrateurs fe retourïient d'une autre maniere; les erreurs fifcales lenaiifant de toutes parts vont fournir matiere a leur ferveur politique. M. Champion de Cicé, ci-devant Evëque de Rhodès, aujourd'hui Archevêque- de Bordeaux, ftgure ici aprés M. de Brienne. L'Abbé de Vermont y eft repréfenté comme un des proanoteurs du dernier par fes intrigues auprès dela Reine. Ce qui donne lieu de développer fanecdote de l'élévation momentanée de VAx?  e 205 > chevëque de Touloufe au fiége de Ia capitalè ; & amene un éloge de M. de Juigné que la fa* geffe du Monarque a préféré. Ön parle encore. d'un certain Abbé Corntl; de Balivierc qu'on peint comme-un joueur du> «# falon de Marry, oü il fe fait admirer par la rapidité de fes combinaifons, la fupériorité de fes chances, 1'aüdace de fes paris ; de 1'Abbéd'Efpagnac, ivre de paradoxes & de galante-, ries, vif, préfomptueux, difciple de 1'AbbéDelifle, échauffant les têtes de toutes les fem« mes, affichant ce qu'on appelle les grande?, mc&urs, c'eft-a-dire le mépris de 1'opinion, & des préjugés, récompenfé en conféquence d'une bonne abbaye* Dans la quatrieme &. dernierè lettre on re*, garde 1'état du Clergé comme défefpéré, fur-. tout-depuis 1'affemblée de 1780 qui pouvoit opérer tant de bien & n'a rien produit. On troüve la caufe de tant de maux dans le mau-. vais choix des Miniftres de la feuille, a com» meneer depuis 1'Evêque d'Orléans. Suit un portrait du Cardinal de la Roche-Aymon, fon/ fuccefieur, & une fortie violente contre M. de' Marbtsuf, & 1'Abbé de Fremont, fon Secré-.. U Ce pamphlet, a raifon de ces portraits fary-riques, & furtout de celui de M. 1'Evêquer d'Autun, eft fort rare & a occafionné quelque 4éterïtion9 légere cependant & pour la forme*  C 2°6 ) te 3 Novembre-1782. MM. .Piis & Marré fe font réconciliés avec les Comédiens Italiens qui doivent jouer incelTamment deux de leurs pieces, une Comédie en un acte & en vers , intitulée le Mariage in extrcmis , & Vöifeau per du é? retrouvé, opéra comique en un acte & en vaudevilles. La première a été refufée unanimement des FrargMs & paffe-pour déteftable: la feconde.avoit d'abord pour titre la Coupe des foins; mais on leur a fait 'fentir combien ce titre étoit vague, & prêtoit d'ailIeurs aux quolibets de toute efpece. On dit qu'il y » de jolies chofes. v • Le 4 Novembre 1782. Le Sieur le Quefne, ce Marchand de foie, qui depuis plufieurs énnées , au lieu d'étoffes dans fa boutique n'offroit que les journaux de M. Linguet, s'eft débarraffé enfin de toutes ces paperaffes. II n'a pu tenïr aux plaintes continuelles d'une foule de foufcripteurs qui venoient redemander leur argent. II 'déclare avoir rendu fes comptes au Journalifte & renvoie ceux qui s'adrefl'ent encore a lui, h M. Linguet le frere. Quant au fameux profcrit, on convient chez M. ie QJefne, qu'il n'eft plus a Paris, que ne pouvan.t tenir a 1'état de défiance & de foupcon oü il vivoit depuis fa fortie de la Baftille, il a pris le parti de s'en aller fourdement de France, fans pafleport, & de renoncer pour jamais a fa patrie. [  C 207 ) 11 eft d'abord paiTé a Bruxelles pour terminer les affaires qu'il pouvoit avoir dans cette ville, oü il avoit établi fa réfidence. De la il s'eft tranfporté a Geneve & a voulu s'y faire naturalifer. Mais cette république fe trouvant actuellement tout - a • fait fous 1'influence & la dépendance même de Ia France qui y tient encore des troupes, les chefs n'ont ofé adopter un fugitif qui avoit déplu au Gouvernement. M. Linguet s'eft retourné du cöté des RepréJentans en trop foible crédit pour le recevoir, mais ils font convenus de le faire comprendre dans la colonie des Genevois qui a propofé a 1'Irlande de s'y établir. En conféquence, M. Linguet y eft déja & attend 1'effet de la négociation. Le 4 Novembre 1782. M. Guerin, Marquis de Lugeac, Lieutenant général des armées du Roi, vient de mourir a fa terre du Coudrai. C'étoit un brave Militaire, mais un Commandant trop dur. II avoit eu l'honneur d'être a la tête des Grenadiers a cheval, & s'en étoit fait détefter pour des infamies qu'ils lui avoient reprochées dans des mémoires publiés. Le-4 Novembre 1782. Extrait d'une le'tre de Bezancon du 28 Oétobre. . . . Le 24 Septembre le Comte de Vaux a recu un courier extraordinaire qui lui a apporté des Lettres de cachet pour tous Meffieurs, portant ordre de  C 208 ) fe'rendre au Palais , lé 15 Oftobre a fept heiires du matin. Ce jour,.toutes les Chambres aifemblées, ïe Comte de 'Vaux eft entré, & a notifié a Ia Compagnie une défenfe de délibérer fur aucun objet. II a enfuite fait tranfcrire un nouvel édit qui calfe' les deux arrêtés du Parlement, On 'affure qu'il y avoit pendant ce.tems un paquet fur ie bureau, intitulé fix Lettres en blanc, & que ces lettres étoient pour ceux qui auroient propofé de délibérer9 ce que la Compagnie ne pouvoit pas faire dans le moment. Après Ia leéture pubiïque;il a fait diftribuef a chacun de 'Meffieurs une nouvelle lettre de cachet portant défenfe, non-feulement de rester au palais dèsl'mftan't de la remife de la let» tre, mais encore d'y rentrer avarrt la Saint^ Martin. Le pere du jeune Confeiller qui fit 3in jour efclandre chez un Médecin eft forti le premier affez brufquement & a été fuivi avec précipitation de tout le monde, de maniere que le Comte de Vaux eft refté feul avec Ie premier Préfident, chargé en eifet de lui faire les honneurs. On s'attend a des féances chaudes a Ia rentrée; car la Compagnie paroit trés-bien tnontée. Le 5 Novembre 1782. Quoique les RemonIranees des Curfr eongritifies de Provencc c? d&  < 2C9 ) DaupUné-wt foient que fictives; ces PafteurS" du fecond ordre ne les défavoueront pas eer- tainement. Elles font datées du 31 juillet 1782 & adreffées a Noffeigneurs du Parlement de Paris ad'occafion de 1'enregifjtrement qu'il a fait de la déclaration du 91 Mars 1782 r qui défend aux curés en général de s'affembler. Comme cette défenfe paroit avoir. été faite relativement aux démarches des cu». rés de Provence & de Dauphin é, ce font eux. que 1'Auteur met en caufe, & comme ils ne s'étoient réunis que pour demander 1'augmen» tation de leurs portions congrues, on les apr pel Ie Congruiftcs,, Le 6. Novembre 1782. Le Mariage in ex«tremis, joué hier aux"italiens, eft tiré des let- • tres du Ghevalier d'Hev*** de Fontenelle. Le fonds en eft fïngulierement plat: il s'agit d'un amant qui menace de fe laiiTer. mourir de faim, & perfifte a refufer toute nourriture jufqu'a ce que fa maitrefle ait confénti a l'é= ■ poufer. Le valet en fait autant vis■ a> vis de la fouhrette. Point d'autre intrigue. Le feul coup de théatre qu'il y , ait confifte cn un fecrétaire oü 1'amant, dont le .dëfespqir n'eft que feint, a caché un paté & du vin pour foutenir fon abftinence. dans la nuit, découverte faite par le Notaire, lorfqu'il cherche. du papier & de 1'encte pour. drefler a la hate le contrat de manage. Cette fable, très-mauffade fur la fcene, eft  C 2to ) moins béte & moins abfurde dans Ie roman, paree que la femme ne fe rend qu'au moins aprés quatre jours de jeüne de 1'amoureux. Du rede, le dialogue eft rempli d'une infinité de platitudes, de jeux de mots, de quoühets du plus mauvais goüt, & du ton le plus ignoble. Voifeau perdti & retrouvé olFre dans les premières fcenes. quelques tableaux naturels, quelques détails agréables ; mais le fujet eft trop foible & trop niais pour ne pas ennuyer' 5 la fin, & d'ailleurs c'eft toujours le même cercle dans lequel tournent les Auteurs. Cependant le parterre a recu, avec beaucoup d'indulgence cette bagatelle, quoique la'pre* miere piece eüt dü 1'indifpofer. Pour juger de fa bonhommie & de fa complaifance, il fuffit de citer le couplet fuivant, qu'il a fait répéter deux fois: il eft vrai qu'une moitié fü> floit, lorfque 1'autre appldudiiïöit. Air: M. de Malboroug eft mort, Par le foleil brunie C'eft ainfi que dans la prairie La petite Thalie Vous cherche des tableaux. Oubliez fes défauts, Accueillez fes pinceaux. Meffieurs, votre préfence Quand vous y joignez l'indulgsnce, Lui met en abondance Du foin dans fes. fabotf.  C 211 ) Le 7 Novembre 1782. Dans les Remoniran* tes des Curés, très-modéfées , très-bien faites, on examine d'abord la nature de leurs affemblées, qui ne font nullement dans le cas des affemblées illicites &■ défendues par les loix générales du Royaume, qui ont toujours eu lieu pour régler en commuri leurs affaires. On analyfe enfuite les arrêts du Confeil, rendus fréquemment dans certains cas particuliers; mais accordés uniquement a la faveur, aux importunités des Evêques & fouvent dreffés par eux. On fait voir que ce font des injuftices & non des loix. La première loi rendue en cette matiere , fiiivant 1'Auteur, eft la déclaration du neuf Mars dernier, enregiftrée par le Parlement, de Paris; il Ja difcute, & prouve que fi cette fage Compagnie avoit eu le tems de 1'examiner, elle en auroit décQUvert les vices , & n'eüt pas adopté comme une manutention desregies les plus anciennes, une légiflation tou-" te nouvelle. II réfute 1'objection cent fois répétée, que les Curés d'un Diocèfe ne font pas corps. II éta» blit leur droit naturel & civil a cet égard, contefté 'feulement par le haut Clergé, dont 1'entreprife confiante ell de faire difparoitre tous les droits du fecond. De la un détail de fes ufurpations, foit en les privant de fait de celui de s'affembler inhérent a la nature de leurs fohclions, foit en les excluant des as-  ( STÏ4 ) ferahTées du Clergé, 'fmt en leur interdifant ie' ehoix de leurs Vicaires, foit en leur ötant Ia faculté de déléguer leur pouvoir a tout Prêtre du Diocèfe approuvé, foit enfin par la fupprefiion des' fynodes, L'Orateur termine -par exhorter Noffeigneurs du Parlement a mieux défendre les Pafteurs, öpprimés par les Evëques, en leur procurant une fituation honnëte; en portant leurs befoins aux pieds du tröne, en obtenant une répartition pkis équitable des biens eccléfiaftiques , qui faiTe difpamitre la difproportion inouïequi met toute i'opulence d'un cöté & prefque Firidigence de 1'autre. Le 7 Novembre 1782. Depuis ie Mardi vingt- neuf Odtobre exclufivement il n y a pas eu d'opéra; ce qui n'a entrainé la ceffation que de > deux repréfentations, le jour de la Toufiaint' oü les fpecracles vaquent néceiTairement tom- bant cette année un Vendredi. On a employé ce tems a la prolongation du théatre , & 1'ona travaillé avec tant d'aótivité qu'on recommence & jouer demain. On donnera deux repréfentations extraoïdinaires pour dédomnuger les locataires des loges a Pannée: Des connoifïcurs, qui ont vu la falie-depusfon changement, craignent bien quele publicn-'en foit pas content. Le 8 Novembre. On ne cefle de s'entretemr du-défaftre de la maifon de Rohan. On allure que Mad» la Princetïe de'Marfan s'exécute,-  fe met ea couvent & confacre laplus grande partie de fes revenus a foutenir 1'honneur de fa maifon, s'il eft poffible. On découvre auffi chaque jour de nouvelles infamies du Prince de Guemenée. Depuis Ia guerre il avoit des recruteurs d'argent a Breft & dans tous les ports de Bretagne pour féduire les pauvres Matelots & autres Marins revenant de la courfe ou ayant fait quelque bénéfice fur leurs pacotilles.; ils -les,éblouifloient par 1'apparence d~un placement avantageux & accaparaient ainfi tout leur argent. "On prétend qu'on a même fait paffer des fonds en Bretagne pour appaiferles premières clameurs. Le 8 Novembre 1782. M. 1'Abbé Royou ayant pu fe faire entendre d'un Prince trop judicieux pour le condamner irrévocablement fans avoir recu Ia juftilieation de 1'accufé, a détruit pleinement les imputations dont on le chargeoit, a prouvé qu'on avoit furpris la religion de S. A. Royale par un faux expofé,eo tranfpofant , en interpolant, en dénaturant les pafrages de fes extraits. Les défenfes -font levées en conféquence, & le journal con« tinue. Le 8 Nwemhre. L'élephant de la ménagerie du Roi eft mort fur Ia fin de Septembre dernier agé d'onze ans. C'eft une époque mémorable dans 1'hiftoire naturelle. L'Académie desfciences, qui malheureuferaent étoit alors  C 214) én vacance,n*a pu s'occuperauflïpromptement qu'elle 1'auroit fait de 1'examen de cet animal, dont 1'efpece eft ;en-général fi admirable par une intelligence prodigieufe, par une adreffe finguliere & par des fentimens multipliés d'attachement & de reconnoiffance. Louis XVI aimoit beaucoup celui • ci. Le 9 Novembre 1782. L'éléphant que vient de perdre la ménagerie étoit un de ceux vus a la foire, & avoit été acheté 3000 livr. pour le Roi, il y a fix a fept ans. II a péri par imprudence en voulant boire ou plutöt fe baignerdans un des canaux du pare. En 1'abfence de 1'Académie, il a été envoyé au jardiu du Roi. M. Daubenton le jeune, & M. Mertrud, Démonftrateur royal d'anatomie,fe font empreffés de prendre toutes les mefures néceffaires pour fker invariablement les points les plus importans de 1'biftoire naturelle de l'éléphant, tant des parties extérieures , qu'intérieures. Le poids total a été évalué a prés de cinq milliers; fa peau feule pefoit plus de 700 livres & fatête féparée environ 500 livres,quoiqu'elle ne fÜt pas chargée de groffes défenfes, cet animal n'ayant guere que la moitié de fon ige d'accroiffement, fixé par M. de Buff »n a trente ans: Ton fe propoMe d'empailier Ja peau & de fixer avec art le-volume, les formes & le üte de toutes les parties de cet animal par  C 215 J une charpente de'fer garnie & recouverte de la peau préparée , avec toutes les parties osfeufes de la tête. Cet événement rappelle la mort de l'éléphant de Louis XIF en 1681, dont la mort fut annoncée par un courier a 1'Académie des fciences invitée a venir en faire Ia diffection, ce qui eut lieu dans le palais du Roi & en préfence de S. M. ; On trouve 1'hiftoire de cette célebre diflection dans les mémoires de 1'Académie des ociences. Le 10 Novembre 1782. Tout Ie monde n'eft pas content du changement fait a 1'opéra. II en réfulte une augmentation de cinq loges de plus de chaque coté de I'avant-fcene, d'une banquette a 1'amphithéatre & de deux rangs au parterre. On a prolongé de vingt-un pieds le mur du fond du théatre par 1'un de fes cötés, mais I'avant-fcene fe trouvant reculée ainfi, plufieurs loges anciennes s'en reflentent deviennent presque nulles & les propriétaires' le plaigneht. Le 10 Novembre. On difoit ces jours-ci chez la Maréchale de Luxembourg, que la banqueroute du Prince de Guemenée M™t i,™ u^A..„ route de Sóuverain; nui. sVpri^.f «iio . 11 taut elpérer que ce fera le dernier acte de fouveraineté que fera la maifon de Rohan. Toute Ia haute.noblelTe en général n'eft paf #chêe de cet'événement qui humilie les Ro-  C «6 } hans dont les prétentions & la hauteur lui ddplaifoient infiniment. Le ii Novembre 1782. 'Les Comédiens Francois doivent jouer inceffamrnent les Amis rivaux, petite piece nouvelle en un acte & en vers. Elle eil de M. Forgeot, qui a déja donné au théatreTtalien en 1780 une comédie intitulée les deux oncles, attribuée mal a.propos a un Baron d'Eftate, & dont il s'avoue aujour,d'hui le pere, quoique fon nom n'ait pas encore élé mis dans 1'almanach des fpectacles. Le 12 Novembre 1782. Raation de la féance publique de l''Académie royale d( s Infcriptions & Belle*-Lettres, tenue aujourd'hui pour la rentrée tfaprbs la Saint-Martin. On a d'abord fait 1'annonce du prix que TAcadémie doit décerner & paques 1784. Le fujet eft de déterminer Tinfluence des loix maritmes des Rhvdiens fur 'la marine des Grecs & des Romains; & Tinfluence de la marine fur ta puifance de ces peuples. On voit que cette queftion eft relative aux évenemens préfens, peut du moins en amener une fuite d'autres qui, möins. éloignés de notre tems, deviendront encore plus directs & plus fenfibles. Après cette annonce M. Dupuy, le Secrétaire de la Compagnie, a lu Yéloge du Comte de Maurepas de fa compofition.- Faute de diligence, il avoit une t&che d'autant plus difficiJ ie a remplir, que le Secrétaire de 1'Académie des Sciences qui 1'avoit primé, a pour cegen» 3*  re d'éloquerrce un talent infiniment fupérieur 5c qu'il avoit furtout excellé en ce même fujet. M. Dupuy s'eft donc retranché- a un fimple hiftorique des faits , & a évité autant qu'il a pudedévelopper ceux oü avoit brilidfon rivai. II s'eft beaucoup éten du fur 1'ancienneté de la familie des Philypeaux , fur les- différens< chefs qui Tont illuftrée, digreffion peu fufceptible de critique ou de philofophie, & qu'avoit par cette raifom fans doute négHgé Ie Marquis de Condorcet. En louant le° Secrétaire d'état au département de Paris d'avoir ' fait fermer Ie trop fameux hotel de &>iffóns,il n'a pas fait une peinture alfez énergique de ce féjour d'horreurs, de cet enfer anticipé-,. dont nos maifons de jeu aclueljp* nos tripots mesquins, quoique non moins fiineftes par-leur multipiicité, nefont qu'une foible émanation, Uagliiré fur le rappel dü Parlement, fur 1'origi.. ne de Ia guerre préfenté,& a craint de s'expli-» quer trop ouvertement fur ces matieres délicates. • M. Dupuy craignoit moins Ia concurrenee dans les détails relatifs h J'Académie des Bel- les-Lettres; apparemment que Ia vie de fon hé- ros lui en fourniffoit peu. II n'a parlé que-de fa réception, & de la joie que le Comte-de * Maurepas lui témoigna de fe revoir, dans fon ; fein , lorsqu'il fut rappelé au-miniftereo^ ffi n'a fait même aucune mention des petits oï> vrages attribués a ce Miniftre2.&:qui, quoi™que par leur futilité peu analogues aux-travans-•: de la Compagnie, Ten rappxochoieriF cepte*2 ome- XXl'4 jgg  C 313 ) cant pius que quantité d'autres honoralres fans aucun talent ni mérite perfonneL Au refte, ft le.Secrétaire de 1'Académie des Ihfcriptions ne pouvoit efpérer de briller après celui de 1'Académie des Sciences, il doit fe félieiter, du moins, de s'être fait éctuter^en» core, de.n'avoir point ennuyé, d'avoir même paru court, & furtout de ce que les co.nnoisfeurs ont trouvé cette fojs. moins de petitefle dans fes idéés & plus de noblelTe dans fon ftyle. Cette lefture a été fujvie:de celle d'un Mémoire de M. Dader, intitulé Recherches fur Tufage obfervé en France quand les Rots ont ac° mis dn fiefs. dans, la mouvance de leurs fujets. L'Auteur luit Ia tracé de cet ufage depuis la première réunion connue d'un arriere-fief a la couronne jufd.u'au. regne de Louis XIV; u c.:. «Ajt* mmKipn U faculté indéfinie qu'a- .. d«;« ri'iwnrlrp leur dnmaine, & de VUICIiL liuo " >-lv,,"*w - devenir les vaffeaux de leurs propres ïujeiö, a-contribué a ,1'acroiflement de leur prérogative & & la deftruétion de la puiffance féodale, dont toutes les pertes. tournoient au profit de 1'autorité rovale. II falloit fans doute un auffi grand motif pour les déterminer dans les commencemens aux actes numuians qu cxigeoient ces acquifitions. ,11 eft vrai que jamais ils n'ont rendu f hommage eux-mêmes; mais ils envoyoient des repréfentans, parteurs de lettres d'excufe 5 celles ci n'eurent lieu que dansje principe & furent bientöt fuppiimées  t 219") mais Ia formalité eft reftée foit de ia maniere ci-defllis, foit par ceux auxquels ils les louoient, revendoient, concédoient, ou avec qui i s les échangeoient. De toute maniere leur but étoit rempli, & üs lont ainfi parvenus ïnfenfiblement a n'avoir plus de réfiftance a craindre contre leurs empiétemens, & & rompre tout équilibre. L'Abbé Arnaud a lu enfuite un mémoire Jur les Infcnptions &> leur uiilité. Il a com mencé par faire connoïtre les hommes qui fe hvrerent les premiers a la recherche des monumens de 1 antiquité ; de la il a PaiTé aux monumens même; il a expofé tous les avantages que la httérature a retirés de 1'étude des inscnptions. Pour mieux faire valoir fon ^ravail &<]eter plus de mouvement '& de chajéiir dans une discuffion auffi froide, cet A^démicien, naturellement charlatan , a fuppoïé que bien des gens donnoient la préférence aux médailles fur celles-ci. De ia un vafte & long développement du mérite fupérieur des infcrip. tions, que perfonne ne contefte, mais qui amene le point capital & fecret oü ilenvou° TmZ'}{ Pr°p0fe' vu ]eur importancel & durteCmf Vr ^ dffe"^e contre les in urS du tems, ainfi que les médailles, de cho'fir un het. ou Pon les raffembleroit fous «JE tion dune Compagnie favante, & fon fent que ce ne peut guere être que fAcadémie £r mies Lettres On ne fait fi cette inLu tioï aété concertée avec le Miniftere; JgZ,  ( 230 ) Gas oül'établifTement fe formeroit, fans doute 1'Auteur du projet ne feroit pas oublié.& y feroit avantaaeufement colloqué. Quoi qu il en foit, il eft trés-digne d'y préfidcr par la connoiiTanee des langues, par-fon aöivité, par fon intelligence & fon induftrie. L'Abbé Arnaud a terminé fon mémoire par un morceau fur l'érudition,.oü, aprés avoir parlé de 1'ufage qu'on doit. en faire, il la veneéfe du mépris oü depuis quelque tems on femWe avoir pris a taehe de la faire tomben Aprés cette lefture, M. Déformeaux a fait celle de fon ciuquieme Mémoire fur la Noblefs Francoife. B s'eft attaché-dans ■cette diflertation a faire connoïtre 1'état de cet ordre iilu> ftre, fon-pouvoir & fon influence fous le re, ene de Saint Louis- H a repréfenté cePnnca fupérieur a fon fiecle, luttant prefque toujours contre les préjugés & les-abus cherchant fubftituer a des coutumes barbares & ablurdes, une légiflation ftmple, fixe & équitable,,, protégeant les droits dè la NoblelTe contre les prétentionsdu Clergé, & les droits-de celuici contre celles- de la NoblelTe, & empechant furtout ces -deux- ordres de tourmenter & d oj> primer le peuple,, II prouve enfin-, que e V03U le plus ardent de ce bon Roi &de but defa politique étoient le bonheur du peuple qu il regardoit comme la portion de^ fes ^ets-li plus nombreufé,la plus pauvre & la plus utile. Le favanf Académtcien- s'accorde fi lort tos. fa maniere dé . penfer le- compte.  C 22Ï } de''Saint'Louis avec Je Panégyrifte dernier de ee Koi, 1'Abbé deBoulogne, que fon Mémoire ne lembJe qu'un commentaire du magnifique éloge de l'Grateur chrétien en cette partie, & ce--concert qui n'eft furement pas arrangé, ne fait.que donner plus de reliëf aux fublimes beautés de-ce discours par la véracité de 1'histoire qui doit en faire la bafe. La féance a été terminée par Ia déclamation de. la humeme Néméetme de Pindare pour Minras, fils de Megès, vainqueur a Ia courfe de Stade , que M. de Vauvilliers a traduite en profe. Ces odes tiroient leur nom'des jeux fNéméens inftitués en 1'honneur d'Hercule, vainqueur du fametix lion de la forêt de Némée. On a entendu avec plaifir Ia traduction de 1 Académicien , qui a parfaitement bien ituh le genre de fon Auteur. On y a trouvé rte ia force, de la noblefte, du fentiraent, & moins de ces écarts extravagans qu'on reProGhe au Poëte Grec. Quoique 1'iieure de ia cloture de l'aflemblée eüt fonné avant la fin de cette ledure, par une indulgence rare, le Préfident a permis a M. de Vauvilliers de continuer jufqu'au bout; mais il n'a pu faire Part un public de fes notes & de fon commentaire fur cette Néméetme.. Le 12 Novembre 1782. En ce tems de dWL°nt,fent liÜS qUe J'amais la néceffifé Poffib e la 3? ^an? Par tous les «oyew biffde ! rec?lte> ftlpêtre qui fait Ia bal e .de Ia poudxe a canon; fa rareté oblige K 3 * - - "  les fidpêtriers de r-eboubler les fluitles déja très-gênantes qu'ils font autorifés de faire chez les paniculiers, vexation dort la bien-. faifance du Roi voudroit délivrer fes fujets. , En conféquence, dès 11775 1'Académie des Sciences avoit été autorifée de propoferunprix de 4000 livres fur cet objet. II devoit être proclamé a la féance publique de pSques 177'd» Les mémoires adrelTés & ce premier concours, & qui étoient en tfès-grand nombre, firent connoïtre que le détai accepté étoit trop court, relativement a 1'importance^du fujet & & la nature des expériences qu'il exigeoit, ècleprixtrop modique, pourdéiommager les concurrens des dépenfes néceffaires, afin de remplir complettement les intentions du Gouvernement. L'Académie différa donc la proclamation du prix 6c en fixa 1'époque a la Saint-Martin 1782. En même tems elle fit des rep,réfentations a S. M. qui voulut bien augmenter le . prix, porté a 8000 livres, & accorder en outre une fomme de 4000 pour être difiribuée en un ou plufieurs accept, fuivant le nombre des mémoires qui pourroient avoir droit a des récompenfes, & fuivant fétendue des dépenfes utiles qui paroitroient avoir été faites par les concurrens, relativement.au prix. Ces nouvelles difpofitions ont produit J'effet avantageux que 1'Académie devoit en attendre, & elle a recu une foule de mémoires dont le grand nombre lui a paru digne d'etr»  ' recueilli. C'eft dans la féance publique de demain 13 que la proclamation du prix & des accefit aura lieu. Le 13 Novembre 1782. La petite comédie des Amis rivaux repréfentée aujourd'hui pour la première fois, a été très-bien jouée & fort applaudie. Elle a paru d'un joli comique, & d'un meilleur ton que Ie deux Oncles. Le 13 Novembre 1782. Relation de la féance de VAcadémie royale des Sciences tenue aujourd'hui Mercredi pour fa rentrée publique d'après la Saint-Martin. Une merveiüe toujours fubfiftantc & toujours ineroyable, c'efi- remprelfement des auditeurs afe rendre en foule aux aflemblées publiques de 1'Académie Royale des Sciences, Ie plus fouvent dénuées d'intérêt, remplies d'ennui & certainement inintelligibles pour le grand nom. bre. En effet, fi les membres des diverfes claffes entre lefquelles eft partagée la Compagnie ne s'entendent fouvent pas refpectivement, fi 1'Anatomifte parle une langue étrangere au Géometre, le Chymifte a 1'Aftronome, &ainü tour a tour, comment feroient H? plus a portéede la multitude? La première •caufe de cette afiluence extraordinaire & pé- ,luu 'Mannier, un mémoire d'aftronomie fur ks écHpfes de foleil, avec dei réflexions fur Patmes~ . phere de la lune, •& M. de Miily, un troifieme . fur une nouvelle méthode de faire Panalyfe des . fubftances végétales: tous afiez concis heureufe-, ment, n'apprenant fien aux profanes, &ne., meritant aucun détail, M. Lavoifier avoit préparé un mémoire fur . les effet s qu'un feu animé par Pair vit al ou, Vair déphlogifliqué produit fur les. pierres pre1-, cieufev, mais M. le Duc d'Ayen, Ie Préfident de raflémblée,l'ayant prié, s'il n'étoic point fort attaché a cette ledhtre, de s'en difpenfer, il. en a fait le facrifice .&.a IailTé tout le refte d?la féance au Marquis de Condorcet qui IV trés-bien renipli, fauf quelques minutes que, lui a dérobé M. de la Lande,pour faire part au public de la-note fuivante. II a dit: „ L'Obfervation du palfage de Mercure fur „ le foleil, annoncé & attendu avec impa„ tience a été faite le douze par tous les as. „ tronomes de Paris. On a commencé a „ appercgvoir Mercure a a h. 58 m., & on ' 5, 1'a perdu de vue a 4 h. 20 m., mais les „ attouchemens intérieurs des bords de Mer„ cure & du Soleil font arrivés a jh. 4.111. „.40 fec.,,& a 4 h. J7 m. 30 fee. en pre. „ nant un milieu-entre .diverfes obfervatiorïs. „ Les vapeurs & Pabaiflement du foleil ren„ doient les bords irréguliers & mal termi- nés, enforte que 1'on trouve des différences si.fenfibles entre les divers obfervateurs.- M. K 5  C 226 ) „ le Monnier obfervoit chez Tui dans^ la rae „ Saint Honoré; M. Caffini & M. le Gentii, 5, a 1'Obfervatoire Royal; M. le Duc d'Ayen »i & M. Mechain, a 1'hótel de Noailles; M. „ iVIelIier, a 1'hötel de Cluny; M. de la Lan.3, de, au Collége de Louis-le-Grand; M. Da„ gelet, kl'Ecole militaire; M.L'AbbéMarie, „ M. MegniéA: M. le Gendre, au Collége Ma» „ zarin; M.Cagnoli, dans un nouvel obferva„ toire qu'il a fait conflruire rue de Richelieu. Le ciel.qui étoit couvert depuis plufieurs .,, jours, s'eft éciairci la veille, & a comblé „ les vceux de tous les obfervateurs." Avant de procéder a Ia leéture des trois éloges qu'il avoit a publier, M. Ie Marquis de Condorcet a conimeneé par rendre Compte du prix extraordinaire dont le fujet étoit la queftion fuivante: Trouver les moyens les plus prompts & les plus écohomigues de procurer en France une produclion & une récoltede falpêtre plus abondantes que celles qu'on obtient préfentement, &" furtout qui puijfent difpenfer des recherches que: les falpêtriers ont le droit de jaire chez les particuliers. C'eft M. Thouve. nel, Doéteur en rrrédecine, Affbcié régnicole de la Société royale de médecine qui a remporté le prix de 8cco livres, par un mémoire dont le Secrétaire a donné une analyfe fuc cinte & .claire, dans lequel 1'Académie n'a pu fe refufer de voir une fupériorité bien dé. cidée fur tous les autres concurrens. .Des 4000 liv. a dütribuer comme accept', M..  ( 227 ) Lotgna , 'Colone! des- Ingénieurs" au fervice ere la République de Venife , Directeur de fÉcole militaire aVerone, membre des Académies des Sciences de Petersbourg, de Berlih, de Turin, ' de Bologne, Padoue , Mantoue, Sienne Sec. Sc correfpondant de 1'Académie Royale des. Sciences de Paris a obtenu i2co liv. MM. de- Cherand, Infpeéteur des poudres & falpêtres dans les Provinces de Franche-Comté & de Brefle,& Gavinel ont eu 120c liv. auffi a partager pour un mémoire fait en commün. Une fomme de 800 a encore été accordée a la piece d'un M. J. B. de Beuni, Médecin k Anvers, de 1'Académie Impériale des Arts & Belles-Lettres de Bruxelles, & pareille fomme a une derniere dont 1'Auteur eft refté anonyme. Toutes ces annonces faites, M.de Condoreet a commencé par FEloge de M, Danville, le premier Géographe du fiecle. Son goüt pour cette fcience fe manifefta dès le college. En lifant les Auteurs anciens, il s'occupoit a deffiner les cartes des pays dont ils parloient, a y placer les villes,, les champs de bataille, a y tracer la marche des Généraux. A 1'age de aa ans, il obtint un brevet de Géographe, quoiqu'il n'eüt pas voyagé» qu'il fait très-peu de géometrie & moins encore d'aftronomie. Par fon feul génie il fuppléoit a ces connoiflances , & décrivoit, un j>ays qu'il n'avoit jamais vu, de maniere . a iitonner ceux qui le parcouroient, fes cartes a  ( 2*3 ) la main. II n-'avoit pas moins de fagacité-pour détruire, que pour découviir, ou re^tifier. ik a fait difparoitre une foule de Royaumes , de fleuves, d'ifles qu'avoiertt enfanté 1'ignorance, la mauvaife foi, ou 1'imagination romanefque de fes prédéceffeurs. II. étoit trèslaborieux & a travaillé pendant prés de foixante-ans quinze.. heures-par jour.r II avoit raffemblé avec föin. une immenfe coïlection de cartes, tréïbr précieux dont le Roi fit 1'acquifition en luilaifiant cette jouilfance pour le refie de fa' vie. Malgré fa fanté délicate, .& fes occupations continues, el!e a été fort longue, & il a poufié fa carrière jufqu'a quatre-vingt-cinq ans. II eft mort dans une forte d'enfance aprés avoir employé fes derniers foins a mettre dans ies portefeuilles l'ordrenéceflaira oüi! vouloit l'eslaiffer, • Une chofe qui diftingue fpécialement le talent de M. de Condorcet, c'eft la variété qu'il met dans fes éloges. On a été-plus a portée d'en juger durant cette féance oü il en alu trois. Cependant il faut tout dire, & ils étoient euxmêmestrès-diverfifiés par iesfujets.Après avoir fait. fentir tous les .avantages de la géographie, dans Ie premier, il s'eft étendu dans' Ie fecond fur la fcience du Médecin. II s'agiflbit du Doéteur Tronchin,. dont nous avons, déja rapporté quelques traits de fa vie, quelques principes de fa doctrine. Une anecdote que'nous ignorions, c'eft la faveur rare de fon, ..admiffion a PAcadémie.dont ii étoit exclu de droit.par les circonftances. Eu effet, comme  C 22oy) 'froteftant, il ne pouvoit être recu au rang desAcadémiciens ordinaires ; comme attaché a M,. le Duc d'Örléans,il:n'avoif pas de qualité pour 'être claiTé parmi les Affociés étrangers; cependant le defir de la Compagnie de le poifé■der dans- fon fein lit pafTer par defius la regie , & il fut regu en 1778. Outre le fervice que Tronchin a rendu a ia France en y introduifant Tinoculation, elle lui a d'autres- obligations: celle d'avoir introduit un nouveau fyftême de traitement pour "la petite vérole par Ie régimerafraichiffantfubflitué au régime échauffant; celle d'avoir rendu Fair aux malades qu'on étouffoiten les renfer*mant dans leur- propre atmofphere empefté; d'avoir perfuadé auxfemmes de faire de 1'exercice pour leur fanté & la confervation de leurs charmes, par cette méthode uiltée aujourd'hui chez nosfplus grandes Dames de fe promener h pied le matin, un b&ton ada main, ce qu'elles appellent Tronchimr, enfin, d'avoir achevé par fes confoils de gagner fur les meres ce que Roulfeau leur avoit déja,perfuadé par fon ■ éloquencev'de nourrir leurs enfans, pratique également conforme a la morale & a la médecine. „Au refte, ce grand homme en médecine avoit pgu d'invention, & s'il yra fait des révolutions, c'a été moins comme créateur, que comme obfervateur qui. profite des vérités connues, qui les rajeunit9-les fait germer & les iremet en vigueur. II n'a prefque point écrit,. • R&uiTe'au avoit- été. fort lie. avec -ce.Médecinv  C 23° > •puis 1'avoit décrié: il avoit-appelé tour è' tour mon ami Tronchin & le Jongleur Troncbin y citation rapportée a regret par 1'hiftorien &fur laquelle il a brifé promptement; il s'eft, au contraire, étendu avec complaifancefur 1'amitiédont Voltaire honoroit le défunt, & qui, aprèsavoir éprouvé quelques légers nuages,s'étoit fortifiée plus que jamais jufqu'au tombeau. ]VI. de Montigni étoit le troifieme confrère que le Secrétaire avoit a célébrer. Celui-ci étoit de la clafie de méchanique. Son goüt pour les arts s'étoit manifefté dès 1'enfance. S'étant cafl'é la jambe a fage de dix ans,on le trouva occupé a examiner les pieces de fa montre qu'il avoit démontée avec beaucoup d'adrefle ; on lui demanda quel étoit fön -desfein? J'ai voulu voir fon ame, répondit-il. Cependant il a peu travaillé; il s'eft contenté de prouver qu'il avoit aflez de talent pour faire des découvertes, & a préféré de faire valoir celles des autres. Sa fortune 6c fes entours lüi procurerent une place AtCommifairecluConfeil; il étoit déja Tréforier de France. Dans fa nouvelle dignité il donna de la. vie & du mouvement au commerce. Nos manufacrures lui font redevables de plufieurs étoftes dont la fabrication n'étoit connue- que de celles d'Angleterre. L'Auteur de ce panégyrique a fait valoir la modération du défunt qui fe trouvant en concurrence avec M.- Dalembert pour le titre de ' penfionnaiïe furnuméraire, lui - céda Ia préfé. -  C 231 ) rence, quoiqull fut fon ancien, & reconnut 1'infériorité de fon mérite. M. de Cohdoreet parle rarement du trépas &. de la fortune de fes héros. II a affecté de vanter la mort de celui-ci & d'exalter la fageffe avec laquelle il avoit adminiftré fes affaires en très-bon état. II avoit, a-t-il ajouté, cet ordre fi précieux aux hommes d'une probité fcrupuleufe : ils favent que c'eft le feul moyen infaillible de ne pas s'expofer au malheur & au crime de manquer a leurs engagemens, crime d'autant pltis honteux, qu'il refte prefque toujours impuni, & qu'il eft fouvent trop facile a ceux qui le commettent de fe foustraire aux loix ou de les furprendre en fa faveur. Cette phrafe fatyrique, relative aux circonftances & a la banqueroute du Prince de Guemenée , a été extrêmemenr applaudie» C'étoit une vengeance toute naturelle que prenoient ainfi tant defavans & de gens de lettres préfens, dupes de leur confiance dans ce grand Seigneur»; On ne peut mieux finir Ia notice de ces élo. ges que par celui d'une Dame de-diftin&ion préfenté, qui s'écrioit en s'en allant; fi j'étois homme, & de 1'Académie, 1'idée d'êfre ïoué par M. :1e Marquis de Condorcet, rne feroit une confolation a ma derniere heure. . Le 14 Novembre 1782. Si nous enrichïflbns les théatres étrangers de nos principaux fujets , dans les divers • genres, mais principalement : dans ia danfe, ceux-ci nous. en envoient auüX  de dignes dd notre admiratibn; c'eftün échan- • ge rautuel .de talens qui ne peurtendre qu'a II .perfection de Part. On pade depuis quelques jours d'une De* ■ wolfelle Baccelli, première Danfeufe de Topé'l'i de Londres, venue a Paris, & qui doit débuter au nfitre demain dans le ballet du fê* cond afte d'EIeétre. Son nom 1'annonce Ita* lienne. Elle eft teile en effet, & fceur de la charmante actrice quia fait pendant fi longtems 'les délices du théatre rival des Francois, fous le nom & dans les röles dCArgentine. Au refte, elle devient même en quelque for* te 1'ouvrage de la France, caron ajoute qu'el* le a les plus-grandes obligations % M. Gardel lë jeune,qui, depuis unan, s'eft fait un plaifir de 1'aider de fes confeils & de fon expérience. Le 15 Novembre. Pour mieux faire fentir au pubhc laVantage du prolongement du théatre, on a commeneé par Cdflor & Póllux a repren' dfe le cours des repréfentations; En effet, lorsqu'on eft en face,onjuge quele développe* ment des grouppes, la dégradation des plans & les effets dé la perfpective s'y font beaucoup mieux fentir. Mais le peud'accord des nouvelles loges avec lés anciennes déplaït aux gens difficiles, & en général tout ce qui eft ajouté aprés-coup, rompant l'umté génerale, ne pcu<. fatisfaire les yeux du critique. Dü refte, on ju'ge eticore mieux par cet ar* rangement qu'on ne fonge pas a rétablir de fitótune nouveïïe falie, êc que celle ci fübfiftera bien longtems dans cet état,. L©-~  C i 3 Le 15 Novembre 1782. Par une réunion de confiance fort rare & très-facheufe pour les individus qui i'onc eue, il fe crouve une foule d'Ex-jefuices compris dans Ia banqueroute du Prince de Guemenée: on en compte déja quinze ou feize de connus. Le 16 Novembre 1782. C'eft dans le ballet du fecond acfe d'Eleécre, fur un air de M. Sacchini, que Mlle Baccelli a débuté bier. On ne peut nier que ce ne foit une trés - agréable Danfeufe, qui réunit a une taille bien prife, de la vigueur & une exécucion brillante; mais étant abfolument dans le même genre de Mlle Dupré, qui a paru il y a quelques mois & qui a déja beaucoup de partifans, elle a caufé moins d'adnnration, furtout par le tour de force avec lequel elle recombe, fe tient & pirouette fur 1'orteil, fans rien perdre de fa noblelTe & de Ia grace de fon röle. en ce que la première 1'exécute aufli. Le 17 Novembre 1782. On eft inondé de plus en plus d'annonces des fondateurs de Mufées, qui fourmiüent depuis deux mois: le Sieur de la Blancherie, ]e premier de tous ces charlatans littéraires, s'eft fait pröner fans relache dans toutes les gazettes étrangeres & nationales. Ceft aujourd'hui le Sieur PiMtre de Rozier,s'intitulant Intendant des cabinets de phyfique, de chymie ê? d'hijloire naturelle de Monfieur, en fon palais du Luxembourg, attaché au fervice de Madame, membre de plufieurs Académies nationales lome XXI. [ A ]  C 2 3 & itrangeres, qui vante fon premier Mufée,, autorifé par le Gouvernement. U répand un nouveau ProfpeSlus ou il fait voir la fupériorité de fon inftitution, qui procuré lous les inoyens capables de réunir 1'expénence ü la théorie, oh 1'araateur & le favant pourront donner une libre carrière a leur imagmation, cc redifier leurs idéés par la manipulation. En effet, ils auront en ce lieu & des livres & des machines & des Profeffeurs; ils pourront en tout tems, chaque jour, a toute heure, faire ufage des uns, confulter les autres. II apprend que non-feulement il a le fuffrage des Princes de la Maifon Royale, des Minilires, des favans de toutes les claffes; mais qu'il recoit des fecours des magnifiques cabinets de PObfervatoire royal, de 1'Ecole royale vétérinaire, de ceux de quelques particuliers, & iurtoat du fuperbe cabinet de M. Sue, 1'un des Pro^iTeurs pour 1'anatomie. Enfin, M. 1'Abbé Cordier de St. Firmin, créateur'du Mufée littéraire, qui ne peut prendre encore un vol auffi haut, n'ayant point de protedeurs auffi auguftes, auffi puiifms, auffi declarés, fe contente d'inviter les paffans h entrer dans le fien qu'il a fait batir a neuf, qui doit fe rouvrir le Jeudi vingt-un de ce mois, & qui, nar ie concours de plufieurs jolies femmes , d'une mufique enchant erefie , de Poëtes aimables, d'Orateurs éloquens, doit en erret l'emoorter fur les autres, tout fcientifiques,  C 3 1 & très-ennuyenx conféquerament. Le 17 Novembre 1782. Extrait d'une le'tre de Bordeaux du 12 Novembre.... M. le Comte deftaing, attendu ici depuis plufieurs jours vient enfin d y arriver, Jeudi fept au foir- la foule pour aller au devant de lui, étoit aufii conüderable que celle qu'attira 1'Empereur le jour de ft def ente en cette ville, «Sc il a penfé etre ecouffe, comrae cette Majefié. II ne put gagner le caryffe que M. d, Fumel qui commande ia, lui avoit envoyé Le Sieur de Beaumarcha.s, qui veut être de toutes les bonnes fetes, etoic depuis plufieurs jours k Bordeaux pour affiftera celle-ciril a même fait il écartoit les importuns d'auprès du Général' lm fcrvoit de bouclier cc 1'aempêchéd'étoufFer' II 1 embarqua dans un fiacre qui fe trouva la' par hazard. a M. le Maréchal de Mouchy avoit donné or. dre quon preparSt le gouvernement pour Je recevoir; mais M. le Comte d'Efiaing a VouIu aller coucher a 1'auberge, oü il n foupé té°e 4 téte avec le Sieur de Beaumarchais, ce Z , fort déplu aux honnêtes gens de cette ville CP pendant le comraerce lui a fait une députation de Négoaans pour le féliciter du cL x 2 ' Monarque cc fe féliciter eux-mêmesdece hoj II es a remerclés, cc leur a rendu leur vifi?' le lendemam » la chambre du commerce nn avoit placé dans la falle>aflemblée' un ftuteuft 11 ^J^ats voulu s'alfeoir; tout le „, [ A 2 ] &  C 4 1 étant refté debout5 il a pris la parole; il les a remerciés en fon nom, les a affurés de fa bienveillance; il les a inftruits des bonnes difpofition oü le Roi étoit a leur égard, des nouveaux arrangemens que S M. venoit de prendre pour la proteclion du commerce , pour établir une marine, indépendante de la marine royale, & prife dans les Officiers bleus, dans les Capitaines & Officiers marchands. II leur a fait part auffi des pouvoirs qu'il avoit a cet éeard & durant tout le tems de fa miffion pour les divers objets relatifs a fon généralat; enfin jl a remjs au Juge de la Bourfe une lettre du Roi qui étoit comme fa lettre de créance auprès d'eux. Du refte, M. D'Eftaing a refufe toutes les fêtes qu'on lui avoit préparées; il a déclaré ne pouvoir en accepter aucune dans les circonftances défaftreufes oti 1'on fetrouvoit, & a invité les Négocians a tourner a des objets unies 1 arsent qu'ils vouloient cpnfacrer aux plaifirs. 11 a cependant accepté un diner a la Bourle le lendemain. Le jour de fa première féance,comme a fon arrivée, les Syndics & Chefs fembloient occupés, il a témoigné une efpece de crainte de les troubler dans leurs affaires. Le Sieur de Beaumarchais a pris la parole pour eux & lui a répondu: Entrez Monfieur le Comte • il s'agiffoit du mariage que vous venez de nous annoncer de la marine militaire avec la , marine marchande, & 1'on fe difpofoita vous of-  ftir les rubans de noces. Ön fit voir, en effet en même tems, a M. le Comte d'Eftaing une fóufcription ouverte.afin d'en remettrelesfonds k fa difpofitiou & fouluger les matelots bleffés ou inalades qui auroient fervi fous lui. Le lendemain il a voulu donner a diner aux principa-ux Négocians;. il a vu la ville & la comédie, & eft reparti le Lundi onze. Le 18 Novembre 1732. La Romance de petit Page de la Cour eft palfée è la ville: quoique Pair, qu'on dit tendre, ne foit réellement que trifte & niais; que les paroles, qu'on dit naïves, ne foient que plates, la mode eft de 1'avoir & de la chanter partout. Comme elle n'eft point imprimée & qu'il n'y a pas d'apparence qu'on joue de fitöt la piece d'oü elle eft tirée, la voici: * Mon courfier hors d'baleine, Que mon cceur, mon cceur a de peinet J'errois de plaine en plaine, Au gré du Dextrier. Au gré du Dextrier. _Sans valet, écuyer', La, prés d'une fontaine, Que mon cceur, mon cceur a de peine! Songeant a ma maraine, Sentis mes pleurs Couler. Sentis mes pleurs Couler. Prêt a me défoler, Je gravois fur un frêne, [A3]  C * ] Que mon cceur, mon cceur a de peine 1 Sa lettre dans la mienne: Le Roi vint a paffer. Le Roi vint a paffer, Ses Barons, fon Clergé. Beau Page, dit la Reine, Que mon cceur, mon cceur a de peine 1 Qui vous met a la gêne? Qui vous fait tant pleurer? Qui vous fait tant pleurer? Nous faut le déclarer. Madame & Souveraine, Que mon cceur, mon cceur a de peine f J'avois une maraine Que toujours adorai. Que toujours adorai. ]e fens que j'en mourrai. ÏBeau Page, dit la Reine, Que mon cceur, mon cceur a de peine 1 Weft.il qu'une marraine? Je vous en fervirai. Je vous en fervirai. Pour page vous aurai: Puis a ma jeune Hélene, Que mon cceur, mon cceur a de peine! Fille d'un Capitaine, Un jour vous marirai. Un jour vous marirai. Nanni n'en guérirai: Je veux, tramam ma chaine,  [ 7 1 Que mon cceur, mon cceur a de peine! Mourir de cette peine Et non m'en con'oler. Le 18 Novembre 1782. Suivant d'autres lettres de Bordeaux, d'après les ordres du Roi que le Comte d'Eftaing leur avoit communiqués, & 1'autorifation qu'ils en recevoient, les Syndics & Chefs du comrnerce ont nommé trois CommilTaires pour défigner ceux des Officiers de la marine marchande, capafales des fonftions honorables que le Roi veut leur confier. Ce font Meffieurs Griguet, Candeau & Grammont. Le Comte d'Eftaing en a nommé trois autres de fon chef & tous pris dans la claffe des Négocians proteftans, quoiqu'ils foient exclus par les régiemens de toute charge & même du fyn. dicat. Ceux-ci font Meffieurs Paul Nerat, Pierre Teffier & Pierre Serre: enfin, les fix ont fait choix d'un feptieme, M. de la Tkuilliere; & c'eft a ce comité que doivent fe préfenter tous ceux qui afpirent a compofer le nouveau corps de marine. Le 18 Novembre 1782. A raifon de 1'arbitraire introduit dans 1'adminiftration du théatre lyrique, c'eft 1'opéra nouveau, intitulél'fim/wras des richeJTes, en trois actes, qui doit paffer, quoique ce ne foit pas fon rang h beaucoup pres. Les paroles font de M. Lourdet de Santerre, & la mufique du Sieur Grétry. Le 19 Novembre 1782. L'abondance des pluies, tombées pendant 1'automne de cette C A 4 ]  [ 8 ] année, a retardi les récoltes dans plufieurs provinces de la France, & une partie des bleds a germé fur pied & en javelle. Le comité de 1'école de boulangerie, qui embrafie tout ce qui intéreffe 1'économie rurale, a été chargé de la part du Gouvernement de s'occuper de cet objet. II a d'abord été décidé que le pain provenant du bied germé n'eft point mal-fain; mais comme le bied en cet état eft très-fufceptible d'acquérir bientót d'autres vices réellement funestes, il a fallu chercher les moyens d'arrêter !a germination des bleds, ce que la deffication a 1'aide du feu peut feule opérer. En conféquence le comité a propofé d'établir dans les provinces les plus fujettes a la germination , c'eft-a-dire les plus humides, des étuves communes, comme il y a des preffoirs bannaux: il fe charge de diriger ces établifiemens pour les villes ou communautés qui defireroient le former. Le 20 Novembre 1782. II a percé ici quelques exemplaires d'une brochure ayant pour titre: Qu'eft-ce que le Pape ? Elle parut a Vienne au moment ou le Pape alloit arriver. Son bat vifible étoit de prévenir les excès, oh des idéés mal concues & une dévotion outrée auroient pu jeter les gens du peuple peu inftruits. On préfume, par conféquent, qu'elle étoit autorifée par 1'Empereur; & en effet, fon Auteur, bientót connu, M. Eybel, obtint peu après une place  t 9 3 place de Confeiller de la Régence de Lintz. On prétend que le Clergé ne lui a pas pardonné, & qu il vient de mourir empoifonné. Quoi qu'il en loJt, voici comme on raconconte fa fin : Le 5 Octobre ,1 fut furpris de douleurs très-violentes dans les inteftins; il regarda d'abord ui -meme cette efpece de colique comme mortelle Deux Lccléfiaitiques, venus pour lui donner les fecours fpirituefe, técherent del'engager a defavouer fon écrit, & a rétraéter fes fentimens. II les renvoya, & fit appeler un Prêtre plus tolerant, & par conféquent plus chrétien, entre les bras duquel il expira aVec beaucoup defermetele i7, agéde42 ans pofTetTion d'.magmer des allégorief pittoresques & donton a déjè détaillé celle qu'il a compofee pour 1'Impératrice - Reine, vient de defcendre de ce fujet relevé, & en a inventé une en I honneur de M. 1'Archevêque de Paris act;el. Au deffus de 1'ovaire du portrait du Prélat efi un fronton fur Jequel la ville de Chalons appu.e , paroft trifte &abattue, tenant en fa mam droite un rituel de la compofition de M. de jmgne, fait k I'ufage de fon diocèfe Sa mam gauche munie d'un burin, emblême de a reconno.flance, porte fur fon écuffon vmde. L'Amitié, fenfible a fes regrets, lui pre fente un cceur,avec cette devife:longé fë'propé A gauch? du fronton paroft la ville de Paris' founant & tenant d'un air de fadsfaétion lës [ Aj ]  [ io ] avmes du Prélat, avec ces mots: Dikiïus quia ciil&xi ?• Dans Ie fronton font les attributs de Pépifcopat. Au deffus de 1'ovaire figurent la Foi, PEspéranee & la Charité. L'autel fur lequel la Charlté eft affife, offre un bas-relief analogue, oh Jéfus-Chrift paroit tendant les bras au PeuDie & s'écriant venite ad me mms. L'autel opnofé.fur lequel repofe la Foi , offreun Scribe Sc un Pharifien, qui fe difputent fur divers pomts de 1'ancienne loi: Jefus leve la main au ciel & d'un mot les réduit au ülence. Adorate deimu _ Dans le bas reliëf du milieu , le Roi, fuivi de la Prudence & de la Juftice, fe remarque dénouant le bandeau de 1'Abondance; il fixe Pattention & les dons de celle-ci fur U. oe Juigné qui les accepte avec foumiffion, & par un doublé gefte annonce qu'il remercie &deftine tant de biens au foulagement des malheureux. Ce qn'exprime la devife: Colligit utfpargaf devife qui fert en même tems d'exphcauonji Z foleil, vu dans fon apogée, entouré de nuaees qu'il répand en rofée, & formant la clef du ceintre dans le point le plus élevé de ce morceau d'architeflure. Un fablier, une lampe & des rouleaux font placés au deflous de 1 ovaire, & ces attributs de Pétude défignent les utiles entreprifes faites par le Prélat dans 1'interprétation des langues favantes, A droite & a gauche de Povaire font deux trophées facrés, offrant chacun un médaillon.  t * ] Dans m paroit un hérault d'armes qui apporte une colonne a la Rehgion de la part de laZ. fmce kgrjlanve avec cette infcription: Co/untna Ecclefiz, dans Pautre, deux enfans, vétus de lin, Préfencent a la Puiffance ligi/lative, de fa part de la Rehgion, un petit tabernacle, Pu lequel eft 1 Agneau fans tache. Sur la bordure font ecnts ces trois mots: mitis &> fortis Au bas de Peftampe on lit en latin': „ La „ ville de Pans rend graces au Roi, rémunéra„ teur des vernis, du préfent que S. M. lui a 3, fait en lui donnant M. de Juigné pour Archevêque." On voit par Ie développement de cette allégorie, qu'elle eft trop emphatique pour un fujet aufti fimple, trop compüquée d'aiileurs & trop recherchée. Le 22 Novembre 1782. Extrait d'une lettre de Bordeaux du i<5 Novembre.... Quoique Ie Commerce qui fe préparoit depuis quinze jours k recevoir Ie Comte d'eftaing de ia maniere Ia plus diftinguée, n'ait pas été tromné dans fon attente, puifqu'il Pa pofTédé dans fon fein plus de trois rois vingt-quatre heures, il n'en a nas moras été défo-é de ne pouvoir donner h fon zele tout 1 eflbr qu'il defiroit, par la modeftie de ce Général. II y en a eu cependant bien afTez ' ponr feIr| tourne,. une tête mo.ns ^ f 'r0,s ce"s, navires pavöifés, tous portant' du c non_, qUI Pont accomnagné lorfqu'il a paru la „viere, des falvès nombfeufe d'artfllèrie [ A 6 ]  [ 12 1 des cvis répétés de vive le Roi & le Comte tfEstains, étoient déja bien flatteurs. La foule immenfe qui s'eft attachée fur fes pas & 1'a.uroit prefque étouffé fans le Sieur de Beaumarchais qui lui a amené un fiacre, lui a prouvé que cet enthouflafme étoit général. Le jour ou il eft allé voir la comédie, la b-auté de ce local a fourni lieu a une fuperbe ïllumiDation & le nombre des douze colonnes aui forment le périftile, a 1'infcription galante en tranfparent: vive d'EJlaing, qui forme juftement autant de lettres;. II n'y a que le Sieur de Beaumarchais qui a gaté tout cela. Les chefs de la Chambre du ïommerce, piqués de voir la confiance que le Comte d'Eftaing fembloit prendre en cet intrigant & de 1'audace de celui-ci s'immifgant dans leurs opérations comme s'il étoit du corps dés Négocians de Bordeaux & qu'il le dirigeat , one été obligés de lui fignifier qu'il eüt a s abftemr de paroitre partni eux. Meffieurs du Vergier du Bergier, & Perèa, les trois Syndics de Ia chambre, ne voyant rien dans a lettre du Roi mfeüt t ait a la foufcription indiquee qui 1 evLat ou 1'infinuat, n'ont pas jugé apropos Jf contribuer, ce qui a fingulierement refroid , V »n?Tes- enforte qu'elle reftera a peu pres au 168 1 'trS'eens mille livres oh elle étoit ïï? oortée U crainte que le, Sieur de dé)a portee la 6tat tout Ie mérite  [ Tl J qu'ils ont donné de leur refus. M. 1'Abbé Hollier a célébré'le Comte d'es'. taing par des ftances qu'il lui a adreffées au nombre de cinq; comme ce ne font guere que des lieux communs, je ne vous les envoie pas. Le 22 Novembre 1782. II a été parlé dans Ié tems du projet de transférer les Capucins du faubourg Saint Jacques a la Chauffée d'Antin, & d'y établir pour eux un couvent dont 1'églife ferviroit de fuccurfale a la paroifle de ce quartier trés- éloigné. Le batiment a commencé en Juillet 1780. C'eft M. Brogniart, Architeéte du Rot, déja eonnu par plufieurs édifices qui réunifi'ent le ton de la meilleure architecture au goüt cc a 1'élégance, qui en a été chargé. Hier M. 1'Archevêque de Paris a fait Ia bénédiction de 1'églife, enfuite ce Prélat y a célébré une mefle votive de Saint-Louis, Roi de France, auqud elle a été dédiée Cette fête pieufe a attiré un grand concours de curieux. JM. le Lieutenant de police, qui, par fa furveillance a accéléré les travaux, y a affifté. La mufique du dépót des Gardes - Frangoifes, a exécuté pendant la mefle, différents morceaux; il y a eu, pendant 1'élévation, un motet a trois voix chanté par les SieursLaïs. Cheron & Roufleau^ Acteurs de 1'opéra. A la fuite de tout le cérémonial religieux, le R. P, Provincial des Capucins a harangué M. 1'Archevêque par un discours fimpre, couit cc convenable au fujet C A7 ]  [ 14 1 Jamais capuciniere en France n'avoit été fi Ken fêiée.' Le 22 Novembre 1782. Les Comédiens ItaHens doivent repréfenter aujourd'hui pour la^ première fois Vlndigent, drame en quatre actes de M. Mercier. JU eft imprimé depuis long» tems & a eu du fuccés dans la province. Le Sieur Granger en a déja fair 1'elTai a Bordeaux; il en connoit le mérite & a engagé fes camaraues è accueillir cette piece. En général il paroit partifan de 1'Auteur. Au refte, il y a de 1'intérét dans Vlndigent \ le fujet en eft vrai & rempli de tableaux neufs & pittorefques, mais un coup de théatre hardi dans le fecond acte , pourrait faire tort a 1'ouvrage, fi le public n'eft pas difpo'fé favorablement, & furtout li 1'exécution n'eft pas précife & rapide comme 1'exige fa fituation. Le 23 Novembre 1782. Le Mufée s'eft ouvert avant-hier dans fon nouvel emplacement de la maniere la plus brillante & avec le concours des perfonnages les plus diftingués dans la iittérature. On a été furpris de la rapidité avec laquelle les travaux ont été pouifés fous la direction de 1'agent de la Compagnie, 1'Abbé Cordier. On lit fur le frontifpice cette infcription: Mufée de Paris, inftitué le 17 Novembre 1780,1a feptieme année du regne de Louis Augufte. Le 24Novembre 1782. Le fuccès de Vlndigent , joué hier, fans être complet, doit être latisfaifant pour 1'Auteur. On y a critiqué des  C 15 ) détails puériis & une intrigue romanefque. Le fujet eft un TilTeiand, fils d'un laboureur, qui vit dans un gremer avec une jeune perfonne qu'il croit fa iceur. Un riche remarque celleci, en devient amoureux, & fe flarte de la cor» rompre aifément dans fa mife-re. Elle lui réfifte: il fe retourne du cóté du frere & lui fait accepter une bourfe de cinquante louis. L'artil'an les emploie a racheter de prifon un vieillard fon pere: 1'un & 1'autre s'emprelTent devenirremercier leur bienfaiteur; mais apprenant par la jeune perfonne dans quelle intention cet argent a été donné, le vieillard regrette fes fers; il jure de rendre la fomme & de les reprendre; toutefois il veut auparavant procurei un appui a Charlotte; c'eft le nom de 1'ouvriere qu'il déclare n'être pas fon enfant. II veut la maner a Jofeph., Après difterentes explications, il fe trouve que cette vertueufe fille eft fceur de fon corrupteur & qu'il lui revient une fortune confidérable: elle rentre dans fes droits & n'en époufe pas moins 1'artifan, fon compagnon d'infortune. Le coup de théêtre dont on craignoit riflue'a bien pris. II fe pafiedans lafcenedutêteatêtedu riche féducteur avec la jeune ouvriere. Enfermée & ne fachant comment s'arracher èfespourfuites, elle trouve un fufil & s'en fert pour enföncer la porte; il étoit chargé, il part, les valets accourent au bruit, & elle profite du tu« muite pour s'évader. On n'a pas trouve que le féducteur rak afiea  L iö ï d'art dans fon langage & dans fa conduite envers la jeune perfonne: la maniere peu délicate ou même groffiere & tyrannique dont il s'y prend pour lui enlever tour., moyen de défenfe,.a révolté un grand nombre de fpectateurs. 11 y a dans le dernier acte un trés-beau röle de Notaire; mais qui fe donne tropd'importance & fort de la claffe oh il devroit fe tenir, pour trancher du premier Magiftrac ou du petit Miniftre. La profe de ce drame eft aufli trop nue; ledialoge eft trop fouvent coupé, haché, fuspendu d'interje&ions & de filences. Malgré ces défauts & beaucoup d'autres, il y a un caractere d'originalité dans la maniere'de 1'Auteur, qui le fait fortir de la claffe ordinaire, & donne a fes productions un véhicule qu'elles n'auroient pas, s'il fuivoit la carrière générale* Le 25 Novembre 1782. C'eft demain qu'on donne è 1'opéra Ia première repréfentation de l'Embarras des richejfess.& en conféquence on en a fait aujourd'hui une répétition générale. Ce fujet n'eft autre chofe que la fable de la Fontaine mife déja en a&ion au théatre Italien par le même auteur des paroles, M. Lourdet de Santerre;c'eft la piece du Pere du CerceaUjinintitulée Gregoirec'eft encore mieux la comédie de Dalainval, intitulée également l'Embarras des richeffês & jouée au méme lieu en 1725. Tout cela indique une grande ftérilité dans le' Poëte, quaac au fond; mais quant aux  E 17 J Ëcceflbires, il s'eft ménagé des reflburces infinies, fans s'inquiéter peu, il eft vrai, des anachronifmes & des inconféquences fréquentes dont fon ouvrage fourmille. Quoi qu'il en foit, li le poëme a paru aujourd'hui miférabls; la mufique de M. Gretry a fait grand plaifir. Les amateurs 1'ont trouvée pleine de grace, de fineffe, & ayant prefque toujours le caractere convenable aux fituations des Acteurs; la partie de 1'accompagnement furtout a fingulierement réuffi -. il faut voir 1'effet que cet enfenable produira demain. Le 25 Novembre. M. de Vaucanfon, de 1'Académie royale des Sciences, elt mort ces joursci, C'étoic le plus grand méchanicien de 1'Europe. II s'eft furtout immortalifé par fes automa> tes, par un flüteurqui jouoit des airs déücieux, par un canard qui mangeoit, digéroit & fe vuidoit. Le 26 Novembre 1782. M. le Marquis de Molac, Lieutenant général des armées du Roi, Officier général, qui s'eft toujours occupé de manceuvres militaires & de tout ce qui eft re* latif a fon état, dans fes momens de loifir, fe livre au commerce des Mufes, il a confervé un attrait particulier pour la langue latine, qui fait fouvent le dégoüt de la jeunefie,& a été le charme de la fienne; il vient de compofer pour Newton une épitaphe en undiftique, qu'on trouve fupérieure k celle qu'ont fait graver les Anglois fur fon tombeau a Weftmiufier, Voici les vers de M. de Molac.  [ t8 ] Quem divum tempus, calum , natura fatentur, bumanum monfitat tranfitus ad tumulum. Ce M de Molac eft un_de ceux qui ont eu un procés avec MlleDeon k 1'occafion de la généalogie de celle-ci, Le 26 Novembre 1782. Meflieursies Maire, Echevins & AiTeffeurs de la ville de Marleille ayant déterminé d'accorder la fomme de 1200 liv. pour fervir de prix a 1'ouvrage qui, au jugement de 1'Académie des Belles-1 ettres, Sciences & Arts, préfentera le plan d'éducation leplus convenable k la conftitution de cette ville, cette Compagnie a accepté avec reconnoislance cette offre patriotique , & pour concourir autant qu'elle peut a des vues auffi ïnteresfantes & auffi utiles, elle a délibéré d'ajouter au prix propofé, la médaille d'or deftinée aux auteurs qu'elle couronne. En conféquence, 1 Académie annonce que dans une féance publique, oui fera tenue uniquement pour cet objet, au lo\s de Novembre 1783, elle adjugera le pnx au meilleur ouvrage fur le plan d'éducation^publique le plus convenable k Marfeille, confidérée comme ville maritime & commercante. Le 27 Novembre 1782. L Embarras des ncbesfes n'a pas été fort accueilli avant-hier. Un en a trouvé le poëme déteftable; 1'Auteur y a tellement interverti la fable charmante de la Fontaine, qu'on n'y reconnoit plus ni les perion nages, ni la moralité, ni même 1'mtention.  C -9 ] II y'a introduit un Plutus dont les propos & . les actions font un contre-fens perpétuel avec fon caractere donné par la mythologie, & avec fon efience, mais qui amene un grand ipectacle, & il s'eft imaginé que cet acceflbire couvriroit toutes les bêtifes, toutes les abfurdités de fon ouvrage. Cependant les malins n'ont pas laisfé échapper les vers d'une naïveté triviale dont il eft de tems en tems femé. Heureufement Ia mufique de M. Gretry a fufpendu le mécontentement général par un chant très-agréable, joint . aux accompagnemens les plus riches. On lui reproche feulement quelques réminifcences. Le 27 Novembre 1782. Depuis longtems on attendoit aux Italiens un opéra comique annoncé fous le titre de la nouvelle Omphale, tirée d'un conté charmant deSenecé: filer le parfait amour. II doit être joué demain comme Comédie en trois actes, en profe , mêlée d'arietes. Les paroles font de M. de Beaunoir, cidevant 1'Abbé Robinot-, très-connu aux petits fpeótacles des Boulevards, qui a pris enfin un efibr plus digne de lui. La Mufique eft de M. Floquet. Le 28 Novembre 1782. Les évenemens de cette campagne oh Ia France «Sc fes alliés ont efluyé des échecs aflez honteux, ont donné matiere aux frondeurs qui fe font dechainés plus violemment que jamais, non - feulement contre les Grafles, les Guichen, les Cordova cc autres agens immédiats de ces défaftresj mais en-  H 20 ] core contre le gouvernement qui les a choifïï & qui a mal combiné le plan de leurs opérations. Quoi qu'il en foit, on veut que depuisquelque tems il y ait des ordres de furveiller plus rigoureufement ces cenfeurs indifcrets, & qu'en conféquence on air. arrêté plufieurs perfonne* dans les lieux publics. On parle d'un M. de Fréville, grand économifte, pröneur outxé de leur doctrine, ne trouvant rien de bien que ce qui en émanoit & étoit dirigé d'après les principes de la fecle. 11 a été mis a la Baftille & renvoyé enfuite a 1'hótel de la Force. Un M. L'hofpital, déclamateur confiant contre toutes les opérations du gouvernement & décriant perfonnellement chaque Miniftre, appelé dans les caiTés le chef des Anglomanes a raifon de fon enthoufiafme exceflif pour toutce qui vient de la Grande - Bretagne & tout ce qui s'y fait, a recu injon&ion, ou du moins avis, d'être plus circonfpect & a été ainfi frappé d'une terreur falutaire qui le rend aujourd'hui plus réfervé On attribue les rigueurs exercées récemment contre ces frondeurs publics au Miniftre des finances,qui a craint que ces clabauderies nefisfent tort k fon emprunt , aaquel en général on n'a pas grand confiance. Le 28 Novembre 1782. Quoique la comédie de M. de Beaunoir ne réponde pas a ce qu'on attendoit de lui fur un fujet auffi charmant, & d'après fes jolies productions'a la foire; elle a  [ 21 ] ou le plus grand fuccès aujourd'hui. Jamais Auteurs n'onc été demandés d'une maniere plus bruyance, ni avec plus d'opiniatreté. Enfin, un Acteur eft venu annoncer qu'on 1'avoit cherché longtems fans pouvoir le trouver. Le 29 Novembre 1782. Gn apprend que le Sieur Monvel eft a mort Stokolm, oü 1'on a dit qu'il étoit allé s'établir lors d fon expulfion de Paris. 1! paroit que le cümat rude auquelfon foible Phyfique n'étoit pas habitué, une nouveile maniere de vivre, & le chagrin prmcipalement, ont beaucoup contribué a le faire périr a la fleur de 1'age; car il n'avoit guere que 38 ans. II débuta a la comédie francoife en 1770: il fut recu, dans le courant même dès fes débuts , au nombre des Comédiens du Eoi, pour jouer les feconds röles. Une fenfibilité profonde & une intelligence confommée fuppléoient è ce qui lui manquoit du cpté de Ia figure, de 1'organe & des autres moyens extérieurs. II étoit en outre Auteur, & il n'eft aucun de fes travaux dramatiques qui, fans être marqué au coin du génie, n'ait eu une forte «ie fuccès. Le 29 Novembre 1782. On annonce depuis quelques jours un mémoire juftificatif du Comte de Grafieën forme de confultation , & les confukés font des Officiers généraux de la marine, qui, d'après 1'expofé des faits par 1'accufé, décident qu'il a très bien far. Certaines gens vont jufqu'a dire que le mémoire eft ««-40.; qu'il a  [ 2? 1 tant de pages; qu'il y a deux cartes ou plans des évolutions de ce Général. Cependant ce mémoire ne perce pas encore. On en annonce un auffi du Baron d'Arros d'Argelos, Capitaine de 1'un des vaifieaux matelots du Comte de Grasfe, aétuellemenc détenu au chateau de Saumur. Enfin, 1'on parle auffi d'un autre écrit du même genre de M, d'Arcjon , relatif au mauvais fuccès de fes batteries fiottantes contre Gibraltar. Bien des gens doutent que Ie Gouvernement permetce Ia publicité de ces produdtions, qui en nécefficeroient beaucoup d'autres, & léveroient le voile fur bien des infamies qui intéresferoient de grands perfonnages ayant intérêt de les cacher. Le 30 Novembre 1782. On devoit donner aujourd'hui la feconde repréfentation de la nou•veile Omphale; mais 1'indifpofition d'un Acteur 1'a retardée, ce qui ne fait que redoubler la curiofité du public. Le fujet, au furplus, eft très-piquant par lui-même: 1'expofé du conté en fera juger- Un jeune ChevSlier, qui fe croit beau comme défunt Mêdor, fuivant 1'expreffion de Senecé, & qui eft perfuadé qu'aucune femme ne peut lui réfifter,apprenant que celle d'un de fes amis languit feule dans un chateau, forme le projet de la féduire.. 11 va en conféquence 1'y troüver, & lui fait fur le charop fa déclaration. Camille (c'eft le nom de la Dame,) irritée de fon  [ 23 ] audace, feint, pour 1'en punir, de partager fes tranfporcs, 1'engage, afin d'êcre plus librement enfemble, a fe lailfer enfermer dans une tour du chateau. Le Chevalier préfomptueux eft aifémenr. pris a ce piége-; mais a peine eft-il entré dans Ia tour, qu'on lui apporte un rouet,en lui declarant qu'il ne fera libre qu'après avoir filé toute la quenouilie. Notre étourdi au défespoir o'être joué, cc cependant faifant de nécesfité vertu, eft prêt de finir fa tache, quand 1'époux de Camille arrivé, le tire de prifon, & s'amufe a fes dépens. Le 30 ■ Novembre 1782. M. Gervaife, 1'auteur du Portier des Chartreux, livre ü fameus cc qui lui avoit procuré tant de chagrin, vient de mourir. II s'étoit livré depuis tout entier au Barreau oü il faifoit des mémoires très-gra* ves, trés- fcientifiques, bien oppofés k cette première produélion. 11 avoit un extérieur froid, qui contraftoit merveilleufement avec la chaleur prodigieufe de 1'ouvrage cité ci-deflus, chef dceuvre original dans fon genre, oh, a coté des tableaux les plus licencieux 6c les plus obfcencs, fe trouve quelquefois la morale la plus exquife. M. Gervaife commenc,oit a vieillir, il avoit placé tout fon pécule chez le Prince de Guemenée, éc 1'on prétend que la nouvelle de cette banqueroute lui a porté le coup de Ia mort. Le 30 Novembre 1782. Mad. de Bouflers de Lorraine, 1'ancienne maitrelle du Roi Staniflas,  C/24 ] & la mere du Chevalier, revenue de cette province, oü èlle paffe la plus grande partie de 1'année, n'a eu rien de plus preffé que d'aller féliciter M. le Duc & Mad. la Ducheffe de Nivernois fur leur mariage. L'époux charmant, en reconnoiffauce de cette attention, a faic a un fouper avec cette aimable femme, des couplets en fon honneur que les détrafteurs regardenn comme niais, mais que d'autres gens de moins mauvaife humeur ne trouvent que naifs & gais: ils font encore rares. ,' Le Premier Décembre 1782. On dit que M. le Prince de Guemenée doit être enlevé de Navarre, & conduit a la citadelle de Dijon. On parle diverfement de la caufe de fa détention. Les uns prétendent que c'eft pour Pempêchêr de fe livrer a de nouvelles prodigalités; qu'il fe conduifoit dans ce chateau avec une infouciance incroyable; qu'il fe fouloit tous les jours, & faifoit encore des dettes lorfqu'il trouvoit des dupes crédules; d'autres veulént que ce foit fur la demandé des chefs de fa maifon & pour Je fouftraire a des militaires, fes créanciers, de mauvaife humeur, qui, k 1'échéance de leurs rentes, veulent Palier trouver pour fe couper la ^orge avec lui, ou lui brüler la cervelle. Quoi qu'il en foit, il y a une affemblée générale des créanciers indiquée au mardi 3 de ce mois. A 1'égard de Madame la Princeffe de Guémeoée, elle ne fe conduit pas mieux que fon mari 4 la petite terre de M. Tvel,d\x elle eftreléguée. Ou  L" 2J ] On allure qu'a peine y-a-1-elle été arrivée, qu'elle y a fait venir des ouvriers pour y conftruire un théatre & y jouer la comédie. II a fallu avertir M. le Prince de Soubize, qui eft accouru furieux; qui lui a reproché 1'indécence horrible d'une telle apathie, & lui a déclaré qu'on 1'enfermeroit, comme le Prince fon époux, fi elle perfiftoit a vivre dansun pareil défordre. Le ier. Décembre 1782. M. Collé, ce chanfonnier fi piquant, cet excellent convive, cet homme de fociété charmante, fi couru des femmes, 11 fêté des hommes, eft un nouvel exemple de la foiblefie de notre humanité. Quoiqu'il ne foit trés-vieux, il eft devenu fi vaporeux, fi mauffade, fi chagrin, fi infupportable, que non-feulement il ne va plus nulle part, mais que fes amis les plus intimes ont été obligés de 1'abandonner. M. de Monfigny , commenfat comme lui de Ia Maifon d'Orléans, M. de Carmontel auffi, qui lui étoient extrêmement attachés, n'ont pu tenir h fon commerce, & l'ont quitté les derniers. II n'eft plus entouré que de mercenaires qui le déteftent, qui lui rendent toute Ia mauvaife humeur qu'ils en éprouvent & Ie font enrager tour a tour. Voila ce que c'eft que la fin d'un vieux gargon qui ne fait ' pas fe rendre aimable jufque dans la vieilIefTe- Le 2 Décembre 1782. Le Lundi vingt -neuf Novembre a dix heures du foir un garde du Commerce alloit conftituer prifonnier h 1'hótel de la Force, un Marchand, en vertu d'une Tomé XXI. [ B ]  [ aö ] fentence confulaire, faute d'avoir fourni Ia caution exigée. Celui-ci prétendic que fa dette n'étoit pas en regie & demanda un référé chez le cieutenant civil. 1! y eft conduit, accompa^né de fa femme & de fes enfans défolés. Le Ma«iftrat, ému comme homme, mass froid & imp°affible comme Juge, trouve la procédure nès-exaae,& ordonne 1'exécution dujugement. A peine le malheureux pere de familie eft parti que M. le Lieutenant civil fe repréfente le tableau touchant qui avoit déchiré fesentrailles • il ne fe donne pas le tems de faire mettre fes'chevaux; il part, malgré la neige, a minuit fuivi d'un feul valet de chambre,fe transport'e a la prifon alTcz éloignée de fon hotel, & annonce qu'il fervira de caution. Son trouble ne lui permet pas de confommer 1'acie de cautionnement. Rentré chez lui, il s'enappercoit il ne veut pas même que la nuit entiere s'écoule fans la délivrance du pnfonnier; il retourne en diligence,toujours a pied, & les formalités abfolument remplies, le Marchand fe ette a fes genoux & veut lui balbutier fareconnoiffance. Ne perdez point de tems, lui dit du ton le plus fimple fon libérateur ,allez confoler votre familie inquiete & en larmes. Le Lieutenant civil acluel eft M. Angrand d'AHerey qui, s'il n'a pas les talens & 1'expédition de fon prédécelTeur, a comme 1'on voit, une ame fenfible, une charité aftive, quahtés non moins précieufes dans un homme en place.  [ *7 ] Cette aétion généreufe ayant été racontée dans le journal de Paris d'une facon ambigue, bien des gens 1'attribuoient a M. le Lieutenantgénéral de police. M. le Noir, trés capable de la faire, mais incapable de s'attribuer celle d'un autre, eft le premier a en publier le véritable auteur. Le 2 Décembre 1782. M. Rochon de Chabannes, tandis qu'il réfidoit a Drefde, chargé des affaires du Roi, eultivoit les lettres dans fes momens de loifir. II y avoit traduit le Duel, comédie Allemande de Braunde; ou plutöt il 1'avoit refondue; car indépendament de tous les changemens que le goüt lui avoit prefcrits, il avoit été obligé d'en dénaturer 1'action, &, pour y jeter plus de mouvement & de gaf té, y avoit introduit un röle entier. II gardoit dans fon porte -feuille cette bagatelle en profe & eu un acte, n'y mettant pas beaucoup de prétention. Cependant M. Friedel ayant annoncé une traduction générale du théatre Allemand, M. Rochon a cru devoir fe mettre en regie, Sc pour confrater fa primauté a 1'égard du Duel, il a fait imprimer fa piece. Elle eft devenue aïnQ publique, Sc les Italiens, avides de fe former un répertoire en ce genre, Ie follicitent depuis quelque tems de la faire jouer chez eux. Avant de fe rendre a leurs inftances, il a defiré voir fur quelque théatre particulier , 1'eftet qu'elle produiroit: Ie Duel a donc été déja joué dans deux foeiétés dramatiques, par celle de la rue [ B 2 ]  [ 28 ] des Marais & par celle de Popincourt, &,s quoique mal rendue a fait grand plaiür aux con« noifieurs qui y ont aftifté. Le but en eft moral: il s'agit de faire voir 1'extravagance du préjugé qui oblige de hazarder encore fa vie quand on a été infu!té,& de priver la patrie d'un fang qui lui devroit être confacré jufqu'a la derniere goutte. On ne fait aujourd'hui fi 1'Auteur , plus complaifant pour les Italiens, leur laiftera la liberté qu'ils- demandent,& dont il ïéfulteroit a coup fur un fuccès de plus pour lui. Le 3 Décembre 1782. On ne fauroit exprimer le ridicule dont eft couvert au Théatre lyrique même par les Acteurs, 1'Auteur du poëme de YEmbarras des Richejfes, qu'ils n'appellent plus que M. Lourdet fans tête, en jouant fur le nom. Celui-ci commence h s'appercevoir des bplourdifes de fon poëme, dont quelques-unes feroient fenübles pour le premier écolier de fixieme. II place la fcene a Athenes, & il parle du Dimanche; il y fait acheter un jardin deux mille écus ; enfin, il y fait danfer dans un ballet les quatre parties du monde; quoiqu'aflurément la quatrieme, qui eft 1'Amérique, fut alorsparfaitement i,;norée. Pour réparer ces anachronifmes, M. Lourdet de Santerre veut tranfporter la fcene en France. En conféquence, quoiqu'on ait fait déja 30,000 liv. de dépenfe pour cet opéra, il eft queftion d'en changer les habille.mens & de vêtir les perfonnages dans le coltume Frangois. Ne voulant cependant pas  L ^ 1 avouer'fon aneïie.il préïexte que ce!a fera plus gai, & ne s'appefcoït pas que Plucus a Paris eft une autre abfurdité. Le 3 Décembre 1782. M. Ie Baron de Vigé. un des joueurs punis avec ignominie & banni du Royaume, a trouvé le moyen de calmer le courrOUX du Monarque; il. a eu permiffion de 1 entre* en FraDce & de ^ ^ ^ qa 11 y a, en fimple état d'exil Le 4 Décembrè 1782. On Peut fe rappeler une racetie faite pn m„ 1 i> " /. , , xi > , 779 a 1 °ccafion de la querelle éleyee a Ia comédie Francoife entre les Dera0JfeI!es Veüris & Sainval Pafnée. Cétolt adroit a manier le farcafine, mais familier avec les termes de marine & trés au fait du caraclére des mceurs, & des talens des divers pertonnages du tripot comique. On parle aujourd bui d une fatyre femblable contre les jeunes Seigneurs & les Jeunes femmes de la Cour. On l a' dit auffi très-jufte & très-piquar.té. Comme elle ne fait que de naitre, elle n'eft pas encore bien repandue. Le 4 Décembre i7R2. Les Comcdiens Fran- veauté r£°feDt.de d°nner P°ur-Première nouveaute le fftem Garcon, comédie en cinq aéles Aen versie M Dppulflbn, 1'auteur de la tra! ?d'C ,de ^harnas - Kouli. Kan. On affure que ceft le fujet du Céhbataire de Dorat retourné; que le Poóte d'aujourd'hui a pris dan uneclaifê ' l "3 ]  [ 30 1 plus rapprochée de la bourgeoifie, ou plutót dans une claffe tres - ordinaire. Le 5 Décembre 1782. Les partifans du Chevalier Gluck, qui fe flattoient de voir revenir inceffamment k Paris ce grand homme, commencent k défefpérer de fon retour, du moins pendant l'hiver, & les chefs du théatre lyrique en conféquence, laiffent de cóté fon Hypermneflre. Ils fe refufent, d'ailleurs, a lui donner le prix exorbitant qu'ils lui ont promis,attenda qu'il avoue lui - même n'être pas auteur de tout 1'ouvrage, & n'en avoir compofé qu'une partie, ce qui, quoiqu'il 1'ait adopté, refroidit affez général ement tous les amateurs. Le 5 Décembre 1782. Mad. la Ducheffe de Nivernois nouvelle vient de mourir. Son époux, cnvain impatient de s'affranchir des bienféances, 1'avoit époufée prefque a la fin du deuil de fa première femme; elle n'a pu jouir qu'un inftant de fon bonheur. Ce Seigneur, enchanté de fon cóté, avoit fait travailler k un ameublement magnifique pour relever de fon deuil, & tous ces préparatifs font aujourd'hui convertis en un fecond deuil plus réel que le premier. Quoi qu'il en foit, on a déja fait pour la défunte J'épitaphe fuivante. Ci git qui, conftamment brólant d'un même feu, Fut époufe deux fois, deux fois infortunée j Termina fans jouif fa trifte deftinée, Avec 1'un vêcut trop, avec 1'autre, trop peu. Une autre mort, arrivée prefque dans le même  C 31 ] tems, eft auffi 1'entretien des converfations du.' jour. C'eft celle de la Ducheffe de Chaulnes douairiere: qui, par un loc & fol amour, avoit perdu & fon nom, & fa dignité, & le tabouret. Elle même ayant ouvert les yeux fur ion ignoble mariage, fe faifoit appelèr la femme d Giac. On conferve le billet d'enterrement de la part du mari, pour fon ridicule fingulier, pour l'omiffion abfolue de la première qualité de fon premier. II porte: Vous êtes prié d'affifter au convoi &c. de „ Dame Anne, jofeph Bonnier de la Moffon', „ époufe de M. Giac, Chevalier, Confeiller „ du Roi en fes confeils, Maitrë des requêtes „ ordinaire de fon hótel, Surintendant hono„ raire de la maifon de la Reine; décédée au „ Val de grace. &c." Le 6 Décembre 1782. On a exécuté aujour d'hui le nouvel opéra dans le coftume francois, que defiroit 1'Auteur, & il n'a pas paru moins ennuyeux. II faut ajouter h tout ce qu'on en a dit le couplet fuivant, fur Vair de la bequille du pere Barnabas. Embarras d'intérêt, Embarras dons ies róles, Embarras de ballet, Embarras des paroles, Des embarras de forte Que tout eft embarras; Mais venez a la porte Vous n'en trouverez pas. [ B 4 J  [ 3* 1 Le 6 Décembre 1782. Depuis quelque tems la Cour & la ville vont voir a 1'hótel du feu Duc d'Aumont les meubles précieux & effets rares qui doivent s'y mettre en vente inceffamment. C'efl; un fpeótacle véritable par la foule des jolies femmes, des petits-maitres', des élégans qui y abondent. On juge en parcourant tant de curiofités accumulées fans ordre & fans choix, que le polTeffeur avoit plus de magnificence que de goüt. Point de tableaux; des colonnes, des tables, des luftres, des marbres, des porphyres, des granits, des jafpes d'un prix fol, voila en quoi confiftoit le luxe du Duc d'Aumont, très-fimple d'ailleurs, & dénué des corinoiffances 'exquifes qu'auroit exigé fon genre de dépenfe. Des bronzes affez beaux font ce qui peut plaive le plus a 1'Artifie, & fatisfaire le vrai connoiffeur dans cette profufion de richeffes. Le 6 Décembre 1782. Extrait d'une lettre de Rennes du 3 Décembre.... Nos Etat's font ouvérts depuis la fin d'Oftobre. I-ls font orageux : on a remis fur le tapis l'affaire de la recomtnandation du Gouverneur, & 1'on n'a voulu accorder le don gratuit extraordinaire qu'a condition de traiter direclement la chofe avec la Cour. Après bien des tracafferies, nous avons eu 1'agrément d'avoir le recours au Souverain. Nos Députés, après avoir été balottés par les Miniftres, ayant enfin pris le parti de le préfenter eux-mèmes au Roi dans la galerie, & S. M. les  E 33 ] les ayant remïs a fe faire entendre au ConfeiJ PEvêque de Dol portant la parole, il en a ré! lulté la réponfe fuivante. Mponfs du Roi aux Dêputês des Etats de Eretagne en Cour. „ Rien ne peut difpenfer mes fujets de 1'obéis. fance qu'ils me doivent. Les Etats de ma provinee ae Bretagne euffenc du en i78o commeneer par éhre des Députés dansla fórraeprefcrite Par 1 arrêt de mon Confeil du , i Novembre de la même annee & cet aéte de foumiffion ne m auroit ftit voir dans leurs repréfentation» que e mouvement de leur zele & non une réfiflanee h més volontes , que la Juffieé & le maintien de mon autorité ne mepermerrent pas de foufFrir Je veux bien cependant, par un effet de la bon té dont jn n'a, ceffé de donner des témoignages \ mes fujets fa,r, connoïtre aux Etat, de ma pio ymee de Bretagne, que je ne me fuis dé enruné a rendre 1'anêt de mon Confeil du-4 Novern^ bre „80, qu'en grande eonnoifïance de cTufe ap es de möres réüexions & m'être conj ncu qu ,1 ne porte aueune atteinte au, pr^iZTaue les Rots mespredec-effeurs om Men vJ^accfdJ^ ma Provtnce de Bretagm, & que je veux lui confereer, jna,s dom je ne permet/rai jamai Tu?oo abufe. Ma déclaration du premie,- ju n 178° ^ dire. mes if^Sg  [ 34 3 mais aucune repréfentation fur ma décifion, qu'elïe n'ait été précédée de la plus par faite obéiffance. Te connois l'attachement de me fujets de ma Province de Bretagne. Je compte qu'üs fe confbrmeront è ma volonté, & ils éprouveront toujours les effets de ma bienveillance & de ma proteélion." . .... Les Etats font confternés d'une femblable réponfe, «Sc occupés a revoir tout ce qui s'en paffé a cet égard. , . Le 7 Décembre 1782. Le Mufée litteraire, ci, devant intitulé Société Apollonienne ,a produit une fi forte fenfadon par fon affemblée publiqne dans fon nouvel hötel, que le Mercure a cru rievoir en rendre compte dans fon N<. 49 cc donner la longue notice des différens ouvrages „ui v ont été lus. Cela a paru d'autant plus remarquable , que cet établiffement n'étant aumrifé par aucun titre, n'ayant point de protec teur connu, & ne jouiffant que d'une fimpte to. lérance de police que pourroit faire ceffer Ia Sus légere jaloufie de quelque autre corps Svouê, aucun journal natïonal n'avoit encore ofé en oarler. Quoi qu'il en foit, en réfléchiffant bien fur cette focïété, elle pourroit être trèsmiie fi elle étoit dïrigée par des hommes d'un eoüt'exercé, par des chefs recommandables, d'une confiftance impofante «5c ayant des vues d'une certaine étendue. " , Le Mufée pourroit ainfi devemr un lyeée, «1 gymoafe.oït fes jeunes littérateurs efiafroïent  [ 35 ] leur talent; 011 les Auteurs plus connuspreiTen tiroient le goüt du public fur unmanufcrit qu'ih auroient k faire imprimer; oii les Poëtes dra matiques furtout trouveroient un tribunal plus éclairé, plus impartial, plus noble ci plus digne d'eux qu'une troupe de Comédiens fans étude, fans éducation, dont chacun ne juge que par inltinct, par routine ou relativement a foi. Ce font de pareilles vues que M. Court de Cebelin, le Préfident, auroit dü développer dans fon difeours d'ouverture, au lieu de fe borner k un détail circonftancié du méchanifme de 1'inftitution, a un éloge vague & amphatique de la Société. II eft étonnant qu'elles aient même échappé k M. 1'Abbé Cordier de SaintFirmin, le promoteur, Pame & 1'agent de cette Société, qui, ayant pris plus fpécialement pour texte du fien, 1'objet de la réunion, n'en a pas faifi ces rapports & cet enfemble. Ce n'eft donc aujourd'hui encore qu'une aflembleé puérile, une tour de Babel, oh les C3ndidats & les juges fe bornent a recueillir des battemens de main, Ia confidération peu flatteufe de quelques caiïlettes, k faire un bruit momentané & qui fe difiipe au fortir de Ia falie. Le tout eft terminé par une mufique ne revenant a rien & fouvent plus que médiocre. A juger de Ia féance du vingt-un Novembrepar les titres des morceaux lus- trés - nomöremr9, elle a dè être infiniment ennuyeufe;on j trouve jufqu'a une dilTertation de Bénéditfiinj & elfe a L B6 f  [ 36- ] d'uré cinq heutes & au-dela: alTurément c'eft vouloir fatiguer les auditeurs jufqu'a la fatiété. Une anecdote particuliere de cette féance, c'eft une efpece d'inauguration du Bufte du Roi faite aux acclamations de raflembiée. Ce bufte avoit été apporté par M. Couafnon, Scuipteur de S. M. pour en faire préfent au Mufée. Le Préfident fit a cette occafion 1'éloge du Monarque & des vceux pour fa profpérité, & M. Girard de Lourmarin, Secrétaire du Roi enfanta Fimpromptu fuivant. Pere de fes fujets, Roi jutte, ferme & fage, Voulant toujours le bien, cherchant la véritéV Corrigeant les abus, détruifant 1'efclavage, lieftaurateur de l'ordre & de la liberté; Louis feize fera furnommé d'age en ag? , L'anxi de & Juftice & de la vérité. Quoique ce fixain, oü Ie caraélere du Roi eft parfeitement bien faifi, n'annonce que des vues bienfaifantes, non encore effeéïuées „ on en fut fi content qu'on crïaÊüa &.il fallut que Ie Poëte recommencat» Le 7 Décembre 1782. On parle beaucoup d'un tihraire de Neufchatel nommé Samuel Fau* che qui vient d'être violèmment muïélé a la récuivltion de Ia France auprès du Roi de Pruffe. On dit que c'eft & I'occafion de différentes brochures dont s'étoit pTaint te gouvernement de ce pass-d» entte autres cTüir ïnrfrafê l'Efpim èêvam Septembre a 4jsQoo Ibf, l bi j  C 38 ] fe trouvoit réduïc k 480,000. livres. Par ces lettres patentes du vingt-fix Octobre il étoit accordé une mcdération de 83,705 liv*. dont 80,000 liv. a déduire fur le vingtieme de la province, ce qui le réduifoit encore & finalement a 400,000 livres cc 3705 fur le Clergé, ce qui ne portoit celui-ci qu'a 30,000 liv. au lieu de 33,705 liv.. Le Parlement, le vingt-cinq Novembre sa enregiftré ces lettres patentes purement & fimplement; mais, fans fe laifTer féduire par ces apparences trompeufes de calme & de modération, il a rendu le même jour deux arrêts très-longs. Par le premier, perGftant dans fes arrêtés des 5 & 6 Septembre dernier & du 13 du préfent mois, il déclarc, fous le bon vouloir 6? plaifir du Seigneur Roi, les tranfcriptions cc publications faites par le Comte de Vaux les 6 Septembre & 15 Octobre nulles & de nul effet, comme attentatoires k 1'Autorité dudit Seigneur Roi, k la fureté des propriétés, aux droits de ladite Cour, de, en tout tems & en toutes circonftances, porter au pied du tróne, avant la vérification libre defdits édits, fes tres-humbles repréfcntations fur ce qu'exige le bien de 1'Etat, 1'intérêt de la vérité & le maiotien des formes établies dans Ia monarchie: & cependant pour donner audit Seigneur Roi de nouvelles preuves de fon obéiffance 6c de fa foumiffion s a ordonné & ordonne que l'édit de Juillet de la préfenté année» portant établiüemenc du troï-  C 39 3 fieme vingtieme, & les lettres patentes du vingtfix octobre fuivant, feront exécutés, fuivant leur forme & teneur, pendant la durée de la guerre, & fans préjudice des droits du Clergé, dans la confiance que S. M. voudra bien encore accorder h fa province de Franche-Comté Ia diminution de la fomme de 50,000 livres pour, avec celle de 125,000, mcntionnée aux lettres patentes parfaire Ie tiers du vingtieme qui, fuivant la déclaration du n Mai 1706, doit être impofé fur Pinduftrie; a 1'effet de quoi de trèshumbles repréfentations feront adreffées audit Seigneur Roi: fe réfervant néanmoins ladite Cour, en cas de perception ultérieure dudit troifieme vingtieme, d'ufer de toutes les voies que la fageffe & la fituation des peuples lui fuggéreront pour prévenirlacontinuation d'un impót qui n'a d'autre motif qu'un fecours extraordinaire, occafionné par les dépenfes de ia guerre & attendu que les lettres de juffion du 3 Septembre, concernant les deux fois pour livres, apportées en la Cour par le Comte de Vaux, onc empêché 1'envoi des itératives remontrances de la Cour a ce fujet, & que Partiele premier dudit édit ne porte que !a création de deux fok pour livre fur les objets chargés précédemment des huits fois, ladite Cour déclare que conformément audit artïcle premier, Ia perception d'aucun fol pour livre fur tous autres droits que fur ceux afiujettis aux huit fois, demeurera fufpenduc jufqu'après 1'envoi defdites remon-  [-4ö J trances, & les réponfes que ledit Seigneur Roi voudra bien y attribuer, & jufqu'-i ce qu'il lui ait plu de manifefler fa volonté dans les formes légales fur 1'étabülTement de fois pour livre fur les droits autres que ceux affeótés desdits huit fois cïc. Get arrêt concerne Vexécution de l'édit du mois d'Aoüt 1 /&i portant augmentation de deux fois pour livre fur les droits du Roi & de celui du mois de Juillet 1782, portant- établijfement d'un troifieme vingtieme. Le fecond défend d'impofer 6f de pércevoir aucune Jomme au - dekt du montant de 1'a. bonnement des vingtiemes, & finit ainïi :■ La Cour or-donne que les lettres patentes du 21 Wars 1772 portant fixation de 1'abonnement des deux vingtiemes, l'édit du mois de Février 1780,. portant prorogation du fecond vingtieme, les lettres-patentes du 30 Juin 1781 portant augmentation dudit abonnement, & la déclaration-du 13 Février 1780, concernant le brevet des impofitions, feront exécatés fuivant leur forme & teneur, & en conformité désclaufes appofées a leur enregittxement, fait défenfe en conféquence a toutes perfonnes d'impofer & a tous commis, répartiteurs, collecteurs &* receveurs, de répartir-, exiger & pércevoir aucune fomme en - fus & au -dela da principal, fois pour livre & taxations des vingtiemes, fuivant l'abam.ement fixé par lefdits édit & lettres patentes,, a pehie de coneuflion' &g. Le 9 Décembre 1782. M. de la Blancherie>  [ 41 1 jaloux des progrès du Mufée fcientifique & du Mufée littéraire, imaginé toutes fortes de peti'ts moyens pour faire parler du fien, qu'on pourroit appeler le Mufée Oculaire, & lui procurer des partifans. Cette fois il propofe d'en faire le dépot des ftatues des gens de lettres vivans: il annonce qu'on y a en conféquence déja placé trente neuf bufies qu'il nomme. On fe doute bien que les héros font pris dans le nombre de fes foufcripteurs, & qu'en lui portant fon louis, on deviendra facilement un grand homme, digne d'êcre préfenté aux regards de Ia Nation. Le 9 Décembre 1782. M. Loriot, fameux méchanicien, connu par Part de fixer le paftel, par Ia table du petit chateau de Choifi & par d'autres inventionsplusingénieufes encore, vient de mourir; il avoit auffi découvert un ciment impénétrable a Peau, pour lequel il étoit enconteltation avec M. d'Etienne. - Le 10 Décembre 1782. Extrait d'une lettre de Eczsncon du 4 Décembre.... Je vousenvoie aujourd'hui le préambule du premier édit, ou, dans virtgt-trois confidérations très-détaillées, le Parlement épuife tout ce qu'on peut dire de plus fort en pareille matiere. „ Vu par la Cour, les Chambres affemblées, fes arrêtés du fix Septembre dernier, 13, j, 18 ék 19 du préfent mois de Novembre; „ confidérant ladite Cour, que fon devoir le „ plus effende! eft de faire parvenir la vérïté %i au tióne, <5c d'entretenir dans les cceurs  [ 42 1 des peuples la foumiffion & la conflance. " Que 1'obéiffance aveugle a des ordres fur, prist feroit capable d'afToiblir ces fentimens„ précieux. „ Qu'il n'y eut jamais de furprife plus mamfelle, que 1'expédition des ordres apportés k " la Cóur par le Comte de Vaux, le fix Sep„ tembre dernier. . . _ Oue ces ordres portent 1'empreinte metra„ cable de l'erreur; que leur date & leur expédition ne peuvent fe concilier avec celles des tres-humbles & très-refpeótueufes remontran„ ces adreffées au Seigneur Roi, avec leur examen & fa réponfe. : , ■ . - Que lefdites remontrances parties de Bezancon le 30 Aoüt dernier, arrivées a Verfail" les le deux Septembre fuivant, n'ont pu ecro mifes le trois fous les yeux du Roi, qui écoit alors è Compiegne, oh les Miniftres ne l a'! voient pas fuivi; que les lettres patentes der iuffion datées de Compiegne ledit jour trois, & arrivées a Bezangon le lendemain quatre, - " font infideles, en ce qu'elles fuppofent que ledit Seigneur Roi a examiné dans fon Confeil, relté a Verfailles, lefdites remontrances que ces lettres patentes ne font donc pas 1'effet de fa>oion:é, puifqu'il n'en a p * eu plus de connoiflance, que des reprefenfations „ du Parlement. n Qu'il eft imooffible même que 1 expédition „ de deux lettres de juffion,d'une feconde co-  C 43 ] „ pie de l'édit du troifieme vingtieme, de lec~ „ tres de créance & d'inftrutlion, d'un grand nombre de lettres chofes, le fcel, le vifa, „ la fignature, foient 1'ouvrage du trois Sep,, tembre; que, dans un fi court efpace, le „ Chef de la magifirature, le Secrétaire d'Etat „ ayant le département de la province,leCon„ feil dudit Seigneur Roi, ait examiné lesdites „ remontrances & les mémoires qui leur fer„ vent de preuve. „ Que les faits démontrent que le Miniftre „ des finances, fans fe donner a lui-même le „ tems néceffaire pour lire lesdites remontran- ces & les mémoires qui y étoient joints, fans „ infiruire ledit Seigneur Roi, fans 1'examende ,, fon Confeil, a pris fur lui d'adrefiTer,le trois ,, Septembre, au Comte de Vaux, lesdites ex„ péditions préparées d'avance; qu'en revê,, tant ainfi fa volonté particuliere de 1'autori,, té royale, il a répandu la douleur dans les j, cceurs des Magiftrats, la confternation parmi „ les peuples. Que, pour couvrir 1'irrégularité de fa con„ duite aux yeux dudit feigneur Roi, il lui a ,, préfenté 1'arrêt rendu & 1'enregiflrement fait „ par ladite Cour le fix Septembre commecon„ traire h 1'obéiffance & au refpeft qui lui „ font dus. ,, Qüq cet arrêt & cet enregiftrement, didlés » Par 'e devoir, font les interpretes fideles de la volonté fouveraine, manifefiée dans 1'arti-  C 44 ] „ cle premier de l'édit d'Aoüt portant augmen„ tadon de deux fois pour livre, & dans L'é„ dit de Juillet dernier, portauc établifiemenc ,', d'un troifieme vingtieme. „ Que la Cour,en déclarant abufiye la trans„ cripdon'illégale faite par le Comte de Vaux, „ bien loin de s'oppofer a 1'autorité dudit Sei„ gneur Roi, dont elle connoit 1'étendue, & „ dont elle tient la fienne, 1'a maintenue au „ contraire de tout fon pouvoir, en anullant „ 1'efFet d'une volonté étrangere qui en ufur- poit le nom. „ Que ledit Arrêt du <5 Septembre eft 1'exé„ cution littérale de Partiele premier de l'édit „ du mois d'aoüt 1781, congu en ces termes: , , 11 fera pergu d notre profit, d compter du jour „ de l'enregijlrement & publication de notre pre- fent édit, jufqiTau dernier Décembre 1790 in„ clufivement, outre Bpar-deffus les huit fois pour ,, livre énoncés en notre édit du mois de Février 1780, j, deux nouveaux fois pour livre en fus du principal de tous nos droits indijiir.Element quelconq-a.es, foit qu'ils /ment levés d notre profit, ou quils „ aient été aliénés, cédés, concédés ou abonnês,.tj' „ de ceux percus au profit des Etatsprovinces, ,, villes , communautés d'habitans & d\fficiers,.& ,, hópitaux, d quelque titre que ce Joit, 'en forte „ que tous lesdits droits je trouvent ajjujettis au ss. payement de dix fois .pour livres d notre pro,, fit, pour le- tems qu'ils devront durer, en exècu3, tion de notre pré/ent édit £f de celui du mois de  [ 45 ] 3, Février 1780, le tout aux feules exceptions por,, tées par les articles0,7,8 9 «'-a^m. ,, Que ce texte n'a befoin, ni de commen,, taire, ni d'explication; qu'il porte fimple3, ment augmentacion de deux nouveaux fois ,, pour livre fur les objets précédemment affec3, Cés de huit fois, & qu'il ne peut être regar3, dé comme la création d'un impót de dix fois pour livre fur ceux qui en étoient exempts; j, que les claufes appofées lors de Penregiftre,, ment dudit édit, reiïemblant a celles mifes ,, par le Parlement de Bordeaux, confirment „ la difpofuion de Partiele premier , au lieu de ,, le détruire, & doivent Pubfifter autant que 1, lui; que 1'interprétacion qu'on s'efforce de „ lui donner, aulPi oppofée è. la lettre qu'a ,j 1'efprit de la loi, ne peuc être que 1'efFet de ,, Perreur. Que Penregiflrement du troifieme vingtie35 me eft Ia preuve du zele & de la foumiiïion 3, de la Cour, comme cette contribution fera 3, le dernier efFort des peuples de cette provin33 ce; que la diminution d'un tiers du troifieme 3, vingtieme, portée dans Penregiflrement, eft ,, 1'exécution de 1'éditde jui!let,qui exempte 1'in„ duftrie, fixée k cette proportion pour Ia Fran- ché Comré, par Ia déclaration du 18 Mai 1705. ,, Que ladite Cour enfin, a cru remplir les intentions dudit Seigneur Roi, & fes vues 3, de juftice, en ümitant la durée d'un impót „ arraché k fa bienfaifance pour les befoias pres.  [ 46 1 1 „ fans de la guerre, a la ceffation de ces mê„ mes befoins. „ Qu'en repréfentant les démarches les plus 'pures, 1'exécution des loix, comme des at" tentats,un ordre inconnu audit Seigneur Roi, " comme l'effet de fa volonté fuprême, on eft " parvenu a furprendre a fa religion de nou" veaux ordres auffi abufifs que les premiers, '' que les Officiers de ladite Cour réunis, & " auffitöt difperfés en vertu de lettres clofes, " le quinze Octobre dernier, en temps de va" cation, n'ont été raffemblés dans une forme inufitée jufqu'a ce jour, que pour voir leur '„ conduite blèmée, les loix violées, la liberté " opprimée, 1'erreur érigée en loi. 3) Que cet enchainement effrayant d'erreurs & d'excès, contraires a la majefté du tröne, H au bonheur des peuples, rend néceffaire 1'ob• fervation des anciennes ordonnances de nos Rois, qui défendent aux Magiftrats d'obéir aux lettres patentes même, évidemment furprifes, & qui défendent au Chancelier de s, les fceller. Que 1'ordonnance du mois de Novembre 'i774»publiée fans délibération préalable, trans" crite 'fur les regiftres des différentes Cours " du Royaume, en vertu d'ordre abfolu, objet ï? de leurs arrêtés, confervateurs des formes, S' ufages & maximes de la monarchie, n'a ja'* mais eu,' & ne peut avoir d'exécution fans l\ ébranler les fondemens de 1'Etat, anéantir la  [ 47 ] 5, liberté de la nation, détruire la confiance, s, éteindre 1'amour des peuples, & affoiblir 1'au3, torité d'un Monarque qui ne veut régner que 3, par les loix. ,, Que 1'exécution de Partiele 22 de ladite ordonnance, rappelé pour la première fois 3, dans les lettres de juffion du quinze Septem3, bre, compromettroit vifiblement 1'ordre pu. 3, blic, & feroit craindre de voir renouveler 5, dans des tems malheureux, des évenemens 3, que 1'on voudroit pouvoir effager des annaj, les de la monarchie. 3, Que dans la circonftance préfenté 1'exécu,, tion de cet article autoriferoit la furprife & .3, I'infidélité, revêtiroit la volonté d'un fujet 3, du pouvoir fouverain, entraineroit la ruine s, d'une province fidele & foumife. Que le droit de délibérer, efientiellement ,, lié aux principes de la monarchie, forme }5 la conftitution du Parlement; qu'il efi: illufoire & dangereux de lui adreffer des loix, „ pour lui interdire enfuite la faculté de les }3 vérifier; que, fans ce droit jfacré de la vé'rification, éondé fur la liberté de la nation, la vérité ne parviendroit plus au tróne; la ,5 fituation des provinces feroit inconnue, Ia ,, volonté fouveraine retleroit fouvent fans ef5, fet; que le Monarque commande par la loi; 3, que l.'autorité doit y être conforme, & que s, 1'obéiffance ne peut être aveugle. Que ladite Cour, dans pareilles circoa-  [ 48 ] ,, ftances, ayant adreffé au feu Roi, le 31 „ Aottt 1763, fes tres-humbles & très-refpec- lueufes remontrances au fujet d'édics bur" faux, & le Duc de Randan, avant que les " remontrances fuffent parvenues audit Sei, gneur Roi, ayant fait tranfcrire, le fix Sep- tembre fuivant, lesdits édits fur les regis" tres, fans qu'il füt permis d'y délibérer, & " les ayant envoyés aux fiéges royaux, pour , y être exécutés, comme publiés au Parlement s , ladite Cour ettimant qu'il importoit d l'ordre „ & d la fureté publique d'effacer tout ce qui pou„ voit conferver la mémoire d'un faux auffi repré,, henfiblt, déclara nulle ladite tranfcription le 21 Novembre, le jour même oh ledit Seij' gneur Roi annoncoit k fes fujets, qu'il vou, kit régner, non par l'imprejfton feule de l'au\, torité, mais par l'amour, par la juftice efpar „ l'obfervation des regies &* des formes fagement „ établies; que ledit Seigneur Roi, inftruic de 1'abus que 1'on avoit fait de fon pouvoir, or" donna, le 5 Décembre de la même année " 17Ö3 , que tout ce qui s'étoit paffé d l'occa" fion desdites opêrations de jinance,. feroit regardé " comme nul 6f non-avenu, & aflura, pareet " aBe 'folennel £? immuable de fa volonté, la loi fuprême de l'enrcgiftrement, , " Que les reproches amers & peu mérités, "ontenus dans le préambule des lettres-paten" teR du 26 Oftobre dernier, n'affoibliflent " Doint les fentimens de reconnoiflance dont " v ladite  I' 49 j ladite Cour eft pénétrée envers ledit Seigneur ,, Roi, pour la remife faite a la province de j, cent vingc cinq mille livres fur le troifieme vingtieme; que cet acte de juftice eft 1'eftet j, de la bonté de fon cceur; les reproches, ce„ lui d'impreiïions étrangeres & d'inculpations „ injuftes. Que, remplie de confiance dans la ,, fageffe bienfaifante dudit Seigneur Roi, elle „ ne négligera rien pour en obtenir la remife 5, du tiers du troifieme vingtieme,devenue né„ ceffaire par les befoins des peuples. Que 1'état aétuel de la province de Fran„ che-Comté préfenté un tableau effrayant: les ,, habitans des montagnes, déja réduits a des extrémités cruelles, obligés de payer quatre J} k cinq fois la livre de pain d'avoine, forcés „ d'aflommer, faute defourage, leur bétail ou de le vendre a vil prix ; le laboureur, privé „ de la récolte du maïs, de 1'orge, des fruits „ & des légumes, contraint de fe nourrir du „ bied qu'il deftinoit au payement des irnpöts; 3, la rareté des avoines& des foins; un hiveran3, ticipé qui fupprime le paturage, & affoiblit 3, les reflburces du cültivateür, diminuant déja 3, 1'efpoir confolant de la récolte prochaine, annoneant la difette & la mifere. 3, La Cour confidérant que, dans ces trfftes circonftances,une foule d'impóts, accumulés ,, fur de fimples ordres, ou par des arréts du Confeil, opprime, dans fon reftort,les fujets ,3 dudit Seigneur Roi; queleretard&lalenteur Toms XXI. IC]  C 50 ] j, opéreroient un mal irréparable; que les or„ dres apportés le quinze Octobre,par le Com„ te de Vaux, font évidemmenc la fuite de „ 1'infidélité commife le trois Septembre, que „ ce feroit enfin fe rendrecoupable que d'exé„ cuter aveuglément de tels ordres,qui nepeu„ vent être émanés du plus jufte & du meilleur des Rois. &c. Le ii Décembre 1732, Extrait d'une lettre de Bordeaux du 7 Oétobre Pour vous faire mieux juger du motif de la divifion élevée entre nos Commereans au fujet de la cottifation fur laquelle les zélés inculpent les autres dé dédeur & de refroidiflement, voici la lettre du Roi datée du 20 Octobre 1782, écrite au Comte d'Eftaing avant fon départ pour notre ville, & qui étoit la bafc de fa négociatión avec nous. „ Monfieur le Comte d'Eftaing, je vous ai „ choifi pour aller faire entendre en mon nom „ a la place du commerce de Bordeaux la fatisfaétion que j'ai de la fidélité & de 1'attachement que les néj*ocians de mon Royau„ me fe font empreffés de me prouver. J'attends d'eux une nouvelle marqué de leur zele. Vous leur demanderez de vous indi*' quer ceux d'entre les Officiers marchands, „ employés fur leurs badmens, qui leur paroi„ tront pouvoir contribuer a foutenir la dignité „ de mon pavillon & la profpérité de mes ar„ mes dans une guerre dont 1'avantagc de mes „ fujets & ia liberté du commerce font 1'unique  E 51 j „ objet. Je vous autorffe k promettre en mon nom k tous les Officiers marchands, qui vous „ feront préfentés, & que vous reconnoitrez „ fufceptibles des fonctions auxquelles je les „ deltine, un état permanent, honorable & tous „ les avantages de diftinétion que doiventatten„ dre de leur patrie ceux qui fe facrifient pour „ elle &c. On voit par cette lettre vague & ambigue 10. qu'elle ne concerne pas plus les Négocians de notre ville que ceux des autres; 20. que le Roi ne follicitenidirectemenc, niindireétement, aucun fecours pécuniaire; 30, qUe ]es graces promifes a la marine marchande ne font pas différentes de celles dont elle a toujours été fusceptible. II n'efl donc pas étonnant que des Commercans, déja fadgués par une contribution exceffive k 1'occafion du vaiffieau & acceffoires offerts par eux, n'aient pas cru devoir faire des facriflces plus onéreux. II ne 1'cll pas plus qu'ils n'aient pas été infiniment flattés d'un arrangement qui ne fait que confolider le mal au lieu de le fupprimer. En effet, tant que la dis. tinclion révoltante établie entre les deux mari nes fubGftera, il n'y a rien de bien a efpérer de leur mélange. Les Capitaines marchands étoient deja recompenfés par les grades de Capitaines de flütes, de Lieutenans do frégates, de Cani taines de brülot; ils pouvoient obtenir la croix de Saint-Louis; ils pouvoient en trer non-feulement au rang des Officiers de port, & nar li [ C 2 ] P  r 52 1 .pénétrer dans le grand corps, mais en grades même, & cette intruüon les rendoit odieux & méprifés, & ils le feront toujours, s'il n'y a pas de refonte totale. Le 11 Décembre 1782. Mlle de Tournon, qui avoit époufé le Vicomte Dubarri & depuis fa mort avoit jugé a propos de quitter le nom, ies armes & la livrée de fon Epoux, objet du proces dont on a rendu compte, avoit firn par fe remariev pour évicer toute difficulté au Marquis ■de Tournon, Capitaine au régiment de Conde cavalerie: elle vient de mourir. On remarque que le premier mari n'eft pas nommé dans le billet d'enterrement. Le 12 Décembre 1782. On confirme de plus en plus la certitude du mémoire du Comte de Graffe qu'on dit déplaire au gouvernement par les inculpations graves qu'il contient contre nombre d'Officïers, ce qui doit donner lieu ü des récriminations fans fin & occafionner un éclat qu'on n'aime pas en France. Ce mémoire ne déplaira pas moins au public k ce qu'on afiu?f par le ton d'infolence de 1'accuféenverslui, Vuauel il rend toutes les injures que ce me me nuDlic lui a prodiguées. Quoi qu'il en foit, le Comte de Graffe non-feulement ne donne pas fon mémoire; mais ne 1'avoue pas. Cependant fes pa ens & amis le colportent & un eertam Zbï de Graffe a propofé a un Libraire den Rendre des exemplaires. C'eft en Provence, fi patrie, qu'on'juge qu'il a été imprimé.  [ 53 3 Le 12 Décembre 1782. On lic dans le Journal de Paris N°. 327 Pénigme fuivante en forme de chanfon. Air: ton humeur, Catherine &c. Je fuis favant, je m'en piqué, Et tout le monde lefjit: Je vis de raétaphyfique, De légumes & de lait: J'ai recu de la nature Une figure a bonbon, Ajoutez y ma frifurc; Maintenant cherchez mon nom. Tout le monde en attendoit le mot le lendemam fuivant 1'ufage & on 1'attend encore, car il n-'èft .pas venu. On fait aujourd'hui que c'eft un tour joué aux rédacteurs de cettefeuille, qui fönt les difficiles fur une infinité de chofes, & fe font laiffé attraper comme des imbéciles en cette occafion. Cette énigme eft une plaifanterie, faite il y a plufleurs années dans une fociété par M. Pascalis, Confeiller honoraire a la Cour des monnoies fur M. Naigeon, Auteur, Poëte, Philofophe, grand ami de M. Diderot,& que celuici a célébré & pröné faftueufement dans fa fameufe vie de Séneque. On y décrit la figure, les mceurs & le caraétere aflez fingulier de M. Naigeon, & comme cette defcription, ne laifie pas que de jeter fur lui un peu de ridicule, il eft furieux contre les Journaliftes, &, s'il étoit en crédit, il ne faudroit qu'une balourdife de cette elpece pour faire fupprimer leur feuilie. [ C3 ]  [ 54 ] Le 13 Décembre 1782. Voici la cbanfod compofée par M. le Duc de Nivernois en faveur de Mad. de Bouflers fur 1'air: ma Pautovffle ejt trop petite. Dieu mit un trélbr Au milieu de la Lorraine, Dieu mit un tréfor Qui vaut bien fon pefant d'or. "Ce n'eft pas de 1'or, Ce tréfor de la Lorraine Ce n'eft pas de 1'or; Mais il vaut bien mieux encor, Il eft d'un beau blanc Des pieds jufques h la tête, II eft d'un beau blanc Ti n'eft pourtant pas d'argent; S'il étoit d'argent, II tourneroit moins la tête, S'il étoit d'argent II ne feroit pas fi blanc. II eft plein d'efprit, Sans rechercher la louange ; II eft plein d'efprit, Quand il parle & qu'il écrit. 11 parle, il écrit, II fait des vers comme un Ange; II eft plein d'efprit Quand il paile & qu'il écrit. II fait des chanfons A Ia ville, h la campagne,  [ 55 ] II fait des chanfons Qui nous donnent des legons. Vivent les lecons Que le plaifir accompagne; Vivent les lecons Q-£ nous donnent fes chanfons. II fait fuif les fots Sitöt qu'il ouvre Ia bouclas, I! fait fuir les fots Qui redoutent fes bons mots. Laiflbns lil les fots Que fon efprit etTarouche, Laiflbns fa les fots; Jouiflbns de fes bons mots. II a deux enfans Qui reflïmblent a leur mere, 11 a deux enfans Pleins d'efprit & de talens; Mais fes deux enfans Ne vaudront jamais leur mere; Jamais fes enfans N'aiiront de fi grands talens. II a Ie défaut De trop aimer Ta Lorraina U a le défaut D'y refter plus qu'il ne faut. Dites-lui qu'il faut Abandonner fa Lorraine, Dites-lui qu'il faut Corriger fon feul défaut. Enfin , grace a Dieu , Je le tiens dans ma retraite, r c 4 j  L 56 ] Enfin, grace a Dieu, II eft au coin de mon feu; Je demandé a Dieu Qu'il fe plaife en ma retraite Je demandé a Dieu , Qu'il refte au coin de mon feu» Le 14 Décembre 1782. II paroit enfin un arrêt du Confeil du fept Décembre 1782 portant évocation des affaires des Princes de Rohan & de Guemenée & attribution a. une commifiion du -Confeil, compofée de Meffieurs le Noir Confeiller d'Etat, Lieutenant général de police, Dlonis du Séjour, Leschaffierdu Fays, le Moine de la Clartiere, & de Mauffion, Confeillers en la Cour des aides, Le 14. Décembre 1782. Extrait d'une lettre de Bezancon du 7 Décembre 1782 Je vous adreffe ci-Joint le préambule de 1'autre arrêt du 25 Novembre, qui défend de pércevoir & d'impofer aucune fomme fans y être autorifé. par une loi enregifirée. Vous; y verrez avec plaifir qu'il y a dans notre Parlement des membres infbuits, qui s'appliquent a pénétrer dans le labyrinthe de la fiscalité & a faire valoir les grands principes 'de la conftitution monarchique. II efi a fouhaiter que cet exemple fafle rougir'Ie Parlement de Par* de fon inaclion, de fa föibleffe a enregiflrer deux édits burfaux dont il n'a pas prévu les fuites funefies. „ Vu par la Cour, les Chambres aflemblées, 1'Arrêté du fix Septembre dernier, par lequel „ elle  [ 57 3 „ elle a renvoyé a délibérer au dix-huit No,, vembre furTimpót de 60,000 livres, percu „ au-déla de 1'abonnement des deux vingtiemes, ainfl que les arrêtés des 18 & 19 de ce mois. Vu auffi le mandement du Commiffaire départi de la province de Franche-Comté, „ en date du 25 Avril 1782, adreffé aux villes „ & communautés du reffort portant: Qj.i ayant „omis de comprendre dans les róles du vingtieme ,5 la fomme de foixante mille livres, dont i'impo,, fiiion eft fpécialement ordonnée par les lettres-pa- tentes du 20 Juin 1730, & qu'il étoit d'ufage de „ comprendre avec le principal de cette impofition „ en exécution de l'arrêt du confeil du 14 Mars 1757 ; &, que, pour poitrvoir au rétablijfement de „ ce fonds, il avoit été ordonné, par arrêt du Con„ feil du 28 Mars 1782, qu'en exécution des let- tres patentes du 30 Juin 1780 , 6? de l'arrêt du 14 Mars 1757, U continueroit d'être impofé , chaque année, d compter de la préfenté , comme 5, par le pafte, en fus de 1'abonnement des deux vingtiemes, la fomme de foixante mille livres, „ pour être employés aux décharges, modêrations, non- valeurs, rembourfement des rentes ecclé35 fiaftiques, & autres dépenfes d'utilitépublique 6? „ d'adminiftration, d'après le compte qui en fera „ rendu au Roi chaque année.' „ Ladite Cour s'étant fait repréfenter l'arrêt 3,„ du Confeil du 14 Mars 1757* revêcu de let„ tres patentes le 30 Mars 1764, les lettres 3j. oatentes du 30 Juin 1781, & les mémoires [ c5 3  C 53 ] „ qu'elle a adrelTés au Miniftre des finances.fur 3, le brevet des impofitions de 1781 & 1782, ,, elle a reconnu que lefdits arrêts & lettres„ patentes fur lefquelles on voudroit établir j, cette impofition de 60000 livres,loin de 1'auj, torifer, la défendent exprefiemen*. „ Que l'arrêt du 14 Mars 1757,attaché fous „ le contre-fcel des lettres patentes du 30 Mars ,, 1764, n'autorife aucune dépenfe étrangere j, au vingtieme, & n'a même été enregiftré que ., fous la réferve exprefle qu'on n'en pourroit „ induire aucune approbation des frais de régie £f „ des comptes mentionnés enl'article IVdudit arrêt. „ Que les lettres patentes du 30 Juin 1781»„ porcant augmentation de 1'abonnement des „ deux vingtiemes, a concurrence de cinquante mille livres, tant en principal que fois pour livres, préfentoient en effet une fomme de 18480 livres dont on ignoroit la deftina„ tion, outre la fomme néceftaire pour faire „ face aux non-valeurs, décharges, modéra„ dons, frais de róle & autres; mais que ces „ lettres patentes n'ont été enregiftrées le 20 „ Juin fuivant, qu'a la charge que, conforme„ ment d la fixation portée dans la lettre du Di, retïcur général des finances, datée du 17 'No9) vemhre 1780, l'augmentation de deux vingtie„ mes 6? fois pour livre ne feroit que de la fomme ., de cinquante-cinq mille livres , d comprendre par ,, addition au montant de 1'abonnement, fans poujj voir y ajouter aucune fomme pour frais de róles3  C 59' ] „ qui ne pmvent augmenter d raifon de ladite au„ gmentation de 55000 livres ,ni pour non- valeurs, „ dêcharges É? modérations, qui ne peuvent jamais „ avoir lieu, vu la forme de rêparthion de cette „ impofition dans la Province, dans laquelle cette „ réparlition fe fait au mare U livre de l'impofi* s, tion ordinaire. „ La Cour a reconnu pareillement, a vue „ defdits mémoires fur le brevet de 17Sr , que „ les différentes dépenfes d'admmiltration que „ 1'on voudroic impofer par furme d'excédent „ des vingtiemes, font déja portées en grande „ partie dans les excédens de Ia capitation, „ nonobftant la déclaration du 13 Février 1780 dont 1'article défend qu'a 1'exception des „ charges localcs, il ne puijfe être fait ni ordon,, né d''impofition fur les taillables, qu'en vertu de „ lettres patentes enregiftrées dans les Cours. „ Elle a de même reconnu, que les excédens „ de la capitation étoient illégalement im„ pofés; & que, fans entrer en ce moment „ dans 1'examen de 1'utilité on du taux légi„ time des dépenfes d'adminiftration qui y „ font portées, fe réfervant au contraire d'ao„ prouver les objets d'utiliré publique, lors„ qu'ils lui feront préfentés dans Ia forme fixée „ par la Déclaration de 1780, dont elle mam„ tiendra 1'exécution en conformité de 1'enre„ giüremervt, elle fe borne a 1'examen dqs „ fommes ajoutées aux röles du vingtiemf3, S'étant fait encorerepréfencer ladite Cour. D cc ]  [ 6o ] les mandemens du Commiffaire départi pour j, la levée des vingtiemes de toutes les années s, précédentes a 1782, elle a auffi reconnu qu'ils ne portent que la fomme principale des deux „ vingtiemes; enforte que 1'ufage annoncé dans „ le mandement du 25 Avril dernier, de comprendre les dépenfes d'adminiftration avec le „ principal des vingtiemes, n'a jamais été eonnu s, jufqu'au moment oti la déclaration du 13 Fé9, vrier 1780 a mis le Parlement dans le cas de 9, s'occuper plus particulierement du détail des s, impofitions, & que les prétendus frais de ró, les ,& de régie des vingtiemes avoienc été arbitrairement & fucceffivementaccrus depuis Ia fomme de fix mille livres a celle de foixante mille livres; que cette maniere fourde & cachée d'impofer n'a pu former un ufage, & tend h changer la nature des contributions, attendu que la répartition du vingtieme fe fait *' fur une bafe différente des autres impóts &c. " Le 15 Décembre 1782. Si Pon en croit une lettre de Madrid du fix Novembre adreffée au Courier de 1'Europe & inférée au N<\ 46, la guerre ,ce fléau fi funefte aux Etats en générals furoit été cette fois très-utile .U'Efpagne; nonfeulement par les avantages politiques qu'elle en va retirer au traité de paix entamé; mais encore par fon admïniftration intérieurs L'Auteur voudroit fans doute faire attribuer la nouvelle métamorphofe que ce royaume va fubir, au con> nierce plus imrnédiat & plus fréqueat que les  Efpagnols ont eu avec les Francois É raifon de eür confédération. L'exemple, les difcours les reproches, les railleries furtout de ces ai' mables perfifleurs auroient enfin fait ouvrir les" yeux aüxpremiers,devenus un peuplenouveau Le 3 Novembre, fuivant le Comte de la Serena qui' a foufcrit la lettre, jour oü Pon a pubfié le projet des réformes, arrêté au Confeil dEtat, auroit été a Madrid un jour de fête ■ & toutes les clafles des citoyens auroient fait eclater leur joie. La proclamation royale auroit dix pages d'irhpreffion & ne feroit que le préambule d'un ouvrage beaucoup plus long, dont la meilleure admimfiration intérieure des provfnces des réformes dans les finances, Padmififon des étrangers de rebgion quelconque dans tous fes étatg de S. M. catholique, méme des Juifs, & fur. tout Péducation nationale feroient ks örinci paux objets. ^ L'Inquifition ne pou^ant fubfifter avec ce nouveau genie de gouvernement, dèsle4Décem! bre Ie Grand - Inquifiteur auroit eu ordre de fe retirer dans fon évêché de balamanque & tous fes Collégues auroient été égalemenc difperfï jufqua nouvel ordre. Les fonds affeftés a ce tnbunal execrable auroient été confacrés l Z ufage vraiment utile, ainfi que les revenus dï beaucoup de couvens fupprimés Enfin, Ie Monarque, fe réformantlui. même wrwt pris fur fes dépenfes de chaffe, & f s [ C 7 3 '  [ 62 ] plaiürs de facon a n'avoir befoin d'aucune contribution forcée de fes fujets pour 1'exécutiorr de fon plan. L'Auteur de la lettre exalte par occafion une hiftoire générale d'Efpagne,a laquelle travaille un Dom Jérome de Veras, & il parle encore d'un Profpecïus de 1'hiftoire de 1'Amérique par le même, hiftoire qui n'aura guere rien decommun que le titre avec celle du Docteur Robertfon. Ces deux ouvrages feroient la plus belle chofe du monde. Quoi qu'il en foit, on ne fait fi c'eft fcienv ment ou de bonne foi; mais le Rédacteur du Courier de 1'Europe, malgré toutes les raifons qui devoient 1'obliger de fe défier d'un récit auffi circonftancié & auffi incroyable, femble 1'avoir adopté entierement. Tous les Efpagnols d'ici font furieux, en ce qu'ils regardent cette lettre comme la fatyre la plus fanglantc de leur gouvernement, de leurs mceurs & de leurs préjugés. En effet, quel contrafte avec la conduite d'une nation qui tient depuis douze ans dans une forte d'exil le Comte d'Aranda, un dés plus grands Miniftres qu'elle ait eus, qui pour récompcnfe des fervices que lui avoit ren • du Olavidesr cet adminiftrateur digne des plus brillantes récompenfes, le fait fefler par des. Moines & 1'oblige de fe fouftraire pat la fuite, h des cMtimens auffi cruels que ridicules; qui a profcrit de chez elle les ouvrages des Montesquieu, des Voltaire, des Roufleau & en uéfend  [ 63 3 la ïeclure comme un crime politique: qui apres !e combat de Rodney a Gibraltar pour premier objet de fa réclamation lui fait redemander trois Capucius prifonniers; qui, tout récemment encore, dans une capitulation faite lors de la reddition d'un petit fortduMexique fol icite pour condition préliminaire & effen* tielle que les Anglois ne touchent pas aux vafes facres; qui, pour tout dire en un mot,eft gouverné par un Moine, confefleur du Roi ré gnant, ofanc gourmander & infulter aux yeux du tr6?[rne entiei'e ' rhéritier préf0IDPüf Si le Courier de 1'Europe paffe en Efpagne& L^'lT'* °" mr doutePasq"elahardieiTe du Redacteur, ou fa bonhommie, ne lui foit funefte & ne falfe interdire fa gazette Dans 1 un ou 1 autre cas on eft furpris que fa fagacité ordinaire ne lui ait pas fait découvrir len éÏÏ qu on lui tendoit. II eft è remarquer quece titfe de Comte de Serena , dont cette lettre fuppofée porte la figoature eft un des titres du Roi d'Es pagne, ce comté appartenant k S. M. Catholi que qui en porte quelquefois le nom, comme Ie" Roi de France celui de Comte de Forcalquier. M »: p 7 e782" PerfonDen'ignoreq„e M. le Prince de Soubize, outre Ja groffe penfion qu'il faifoit èMIIeGuimard, avoit furl Me une quantité d'autres Danfeufes de 1'opéra Ces Demoifelles ont craint avec raifon que 1'on ™ leur reedt des bienfaits auffi nai piacés 2  [ 64 1 ieS ont fait de néceiïité vertu, & ontadrefleace Ïagnifique Seigneur une lettre cr^-noblef« laSnelle elles gagnent de prtmaute & le fupplient Zt Jullie p.»S 4 portee d'en j^ger 4 d^m. i-er de pareilles héroïnes." Le 17 Décembre 178*. Ou a enfin pue au• vH'h.ii aux Francois le-^ie»* Garyon. Ce ÏÏk%aipieeeLc.r^™.«»mconl'«■ .-pp n'eft pas même une comédie, ou Zót c'eft uu monftre mi- partie, qui d'abord f t fans ealté, dégénéré, en drame fans mter Le pScïp'al plrfonnageeftun célibat.re P, foutenantmal fonfyfiême, «ctoBe^. Icoop pat de très-petits moyens, & fimt par lecher la morale contraire. Tous les détm s - L ignobles, & le ftyle eft tout-a-fait mega , lont ignoü ' ó d, éiégance trop re- Sitel &t^d'une platitude cynique en ï ïi eft fort incorreét: fur un pareil effai r;eut o a M. DubuiiTon dereter ta- t can ere tragique: fon Nadir avort fauconcevoir de lui quelque efpoir de fuccès mieux mcembre k?8*; L'Abftnce^a point fouftrait Ie Duc de Chartres aux quolmecs da  [ GS J plaifans: par un calembour relatif a fes batimens & fon voyage d'italie, on dit qu'il eft allé fe faire recevoir a 1'Académie- des Arcades a Rome. On cite un autre calembour a 1'occafion du fiége de Gibraltar, que, dans fon aimable gaité, s'eft: permis , dit-on, M. le Comte d'Artois lui même, On veut qu'il ait dit a la Reine que la batterie qui avoit fait le plus de mal dans le fiége, avoit été fa batterie de cuifine. En effet, on prétend que les Officiers Efpagnols, fort fobres naturellement & peu accoutumés a la bonne chere, gagnoient fréquemment des indigeftions a 1'excellente table que tenoit S, A Royale. Cette plaifanterie feule vaut mieux que toute Ia chanfon en neuf couplets faite fur ce fiége au retour du Prince , trop plate, trop groffiere & trop injufte pour la rapporter. Le 17 Décembre 1782, M. le Marquis deVillette eft intéreffé pour 28,000 de rentes, h la déroute du Prince de Guemenée. II a cru que cette perte lui donnoit au moins le droit d'en rire. En conféquence, il a écrit fur cette matiere une lettre très-plaifante a Mad. de Coaslin,autre viélime du fameuxbanqueroutierpour 24,000 livres de rentes auffi.- il s'y permet quelques réflexions malignes contre celui-ci & eontre fa femme: la Maifon de Rohan Pa trouvé mauvais, & en a fait témoigner de Phtimeur au marquis de Villette par le Procureur Boudeau, chargé de débrouiller Ie cahos de la di. reéiion; ce qui a fait naitre une nouvelle lettre  C 66 ] du même adreffée a cet Officier de juftice oh il n'y a pas moins de farcafmes, de gaité & de philofophie. Quoique ces épitres ne fuffent pas faites pour être rendues publiques, le Marquis piqué a affeclé d'en donner des copies, & la foule des créanciers du Prince les cite avecavidité; ils les tranfcrivent, les répandent & allegent leur douleur par cette petite vengeance. Le 18 Décembre 1782. La lettre de MUeGuimard eft toujours trés rare, furtout depuis qu'on fait que la maifon de Rohan a été fichée de la publicité de celles du Marquis de Villette. Cette Danfeufe a la dél catefte de ne vouloir pas en donner de copies; cependant tout tranfpire & en voici une. Lettre de Mlle Guimard &f autres DanJeufes de F Opéra h M. le Prince deSoubize. Monseigneur, Accoutumées, moi & mes camarades, h vous pofféder dans notre fein chaque jour de repréfentation du théatre lyrique, nous avons obfervé, avec le regrec le plus amer ,que vous vous étiez fevré non-feulement du plaifir du fpeftacle, mais qu'aucune de nous n'avoit été appelée a ces petits-foupers fréquens oh nous avions tour a tour le bonheur de vous plaire& de vous amufer. La renommée ne nous a que trop ïnstruites de la caufe de votre folitude & de votre jufte douleur. Nous avons craint jufqu'a pré-  [ 67 ] feut de vous y troubler; faifant céder Ia fenfibilité au refpeft, nous n'oferions même encore rompre le filence, fans le motif preffant auquel ne peut réfifter notre délicateife. Nous nous étions toujours flattées, Monfeigneur, que la banqueroute, Ccar il faut bien fe fervir d'un terme dont les foyers, les cercles, les gazettes,la France & 1'Europe entiere retentiilent; que la Banqueroute de M. le Prince de Guemenée ne feroit pas auffi énorme qu'on Pannoncoit; que les fages précautions prifes par le liw pour affiircr aux réclamans les gages de leurs creances,pour éviter les frais &'lesdéprédations plus funeftes que la faillite teême, ne frufleroient pas 1'attente générale; mais Je défordreeft monte fans doute a un point fi exceffif, qu'il ne refie aucun efpoir. Nous en jugeons par les facnfices genereus auxquels, k votre exemple, —»«w x« puut-jpaux cnets de votre Mustre maifon. Nous nous croirions coupab'les d'ingratitude, Monfeigneur, fi nous ne vous imitions en fe! condant votre humanité,fi nous ne vous repor.ons les penfions que nous a prodigué votre Zn '"f , AppHqUeZ Ces reve^ > Monfeigneui au foulagement de tant de militaire* fouf. frans, de tant de pauvres gens de Iettres, de tant de malheureux domeftiques que M. le Prince de Guemenée entrafne dans Pabïme avec lui. Pour nous, nous avons d'autres refiources: nous n'aurons nen perdu.Monfeigneur, fi vous nouscon-  C 68 ] fervez votre eflime; nous aurons même gagné, fi en refufant aujourd'hui vos bienfaits, nous forcons nos détraóteurs a convenir que nous n'en écions par tout-è-fait indignes. Nous fommes avec un profond refpect &c. A la loge de Mlle Guimard ce Vendredi fix Décembre 1782. Le 19 Décembre 1782. On a parlé d'un traité fur cette queftion: Qu'efl ce que lePapeï parM. Elbec; traité qui a fi fort révolté le Clergé. Aujourd'hui on voit ici une brochure, intitulée Qii'ejl-ce qu'un Evêque ? ouvrage traduit, dit on, de 1'Allemand du même Ecrivain. II y a gran-v de apparence que ce traité eftd'un Francois qui s'eft couvert de ce nom étranger. Quoi qu'il en foit, 1'objet de la brochure, n'ayant que 44 p3ges, & très-fcientifique dans ce court efpace, eft de détruire la fuprématie du Pape, la fupériorité des Cardinaux d'inftitution purement humaine, de renverfer la Daterieromaine, invention ufuraire &. monftrueufe, en un mot de lapper jufque dans fes fondemens tout 1'édifice ue la puiffance du Souverain-Pontife, en rendanc aux Prélats celle qu'ils doivent avoir & dont tous les titres fe trouvent confignés dans 1'Ecriture fainte. Tel eft le réfumé du pamphlet, oh quelquefois il regne un perfiflage qui décele le génie national; a quelques paffages prés de cette efpece, il eft fort ennuyeux, mais très-concluant. Le. 20 Décembre 1782. Le Procés pour la re-  C 69 ] habilitation de Ia mémoire du Comte de Lallv porté aujourd'hui au Parlement de Dijon, ne fe' termine point, s'allonge méme & s'éternife par de nouveaux incidens. C'eft ce qu'on voit dans deux faclum récens, dont 1'un, intitulé Ylntervention de M. d'Epremefnil d Dijon, premier cahier: le fecond, VIntervention de M.d'Epremefnil d Dijon, fecond cahier. II paroit que celui-ci n'eft pas fort ancien, puifque 1'Auteurcommencoit a 1'écrire le 10 Novembre dernier. Le. 20 Décembre 1782. Les Comédiens Italiens ont donné aujourd'hui la première repréfentation d'Aneximandre, petite comédie en un aéte & en vers, qui a été alfez bien accueillie. On la die d'un jeune Auteur de 22 ans, nommé Andrieux Une Romance de M. Francois de Neufchateau en a fourni le fujet. Le 20 Décembre 1782. Extrait d'une lettre de Rcnnes du 17 Décembre Les Etats ont adrelfé au Roi une lettre très-refpecf ueufe, trèsfoumife, mais trés-ferme, oh ils relevent les differentes phrafes de la réponfe, qui contiennent des alfertions contraires aux.priviléges de la province. Elle n'a point eu le fuccès qu'ils en attendoient: elle leur a été renvoyée fans avoir été mife fous les yeux de S. M., fous prétexte qu'elle ne pouvoit qu'irriter davantage le Monarque. De fon cóté,M. le Comte de Ia Violaisayant rendu compte a fon Ordre d'une converfation qu'il avoit eue avec M. le Marquis d'Aubeterre*  C 70 ] qui, après être convent, autrefois de Ia juftice de la réclamation des Etats, de nommer & choiQr eux-mêmes leurs Députés, varie aujourd'hui & contefte ce droit, la nobleffe trouvanc de la duplicité &. de la mauvaife foi dans ce Commandant, a arrêté qu'on n'iroit point chez lui, qu'on ne coramuniqueroit point avec lui. Cependant M. Daubeterre a preiTé pour les abonnemens. Le Clergé, fuivant fon ufage, a voté pour fe conformer purement & fimplement a la demandé des CommilTaires du Roi; le Tiers a conclu k une modération fur les différens chefs, & la Nobleffe a ne pas s'occuper de ces objets jufqu'a ce qu'on lui eüt rendu le recours au Souverain. Tout cela met ici un fchifme épouvantabh; 1'Evêque de Rennes furtout eft détefté, paree qu'on le regarde comme 1'agent fecret de la Cour, comme le confeil & 1'inftigateur du Marquis d'Aubeterre dont la tête baiffe, ci d'ail* leurs fans beaucoup d'énergie. On menace du refte de nous caffer & d'introduire une nouvelle adminiftration dans la province- Le 21 Décembre 1782. Dans le préambule de l'arrêt du Confeil qui attribue la connoiffance de la direction des créanciers du Prince de Guemenée k une commiffiondélignée, il eft fait mention de 1'intention de S. M. de 1'attribuer d'abord a des Magiftrats tirés du Parlement. On ignoroit Jpourquoi cette forme plus légale  C 7i ] n'avoit pas été fuivie. On a appris que les membres de Ia Grand' Chambre défignés, voyant que toute 1'inftruaion devoit fe faire fans miniftere de Procureurs, d'Avocats, fur papier mort fans aucuns frais, ne fe font pas fouciés de fë donner inutilement tant de peine, & ont refufé de fe charger de l'affaire. Mefïïeursdes Enquêtes, plus généreux, offroient de prendre leur place; mais on a crainc que cette préfércnce n'excitSt un fchifme dans cette compagnie, & 1'on a pris Iepartiderenvo. yer la connoiffance de l'affaire a des membres choifis dans la Cour des Aides. Le 21 Décembre 1782. Un nommé Gardel L)anfeur de 1'opéra, ayant été trouvé couché avec la fceurEugenie du couvent de Saint-Mandé celle-ci a été conduite dans une maifon de force & 1 autre a été puni par une prifon de quelques jours. Cette feeur Eugenie avoit été femme de chambrede Mad. Dubarri, lui avoit donné de Ia jalouüe, & avoit été obligée de prendre le voile pour fe fouftraire aux inquiétudes éi è Ja ven. geance de fa maitreffe. Le 21 Décembre 1782. M. 1'Abbé Ferlet Chanoine de Saint-Louis du Louvre, a pronon- nebre de M de Beaumont, a 1'occafion du fer. vice folemnel pour le bout de l'an de ce Prélat auquel a officié fon fuecefibur. * H y avoit un grand concours de monde & tous les Evêques qui fe pouvoient a Paris en  ij 72 i ce moment, n'ont pas raanqué d'affifter h la cérémonie. . , ' „ , . L'Orateur en parlant de la partie de 1 adminiftration profane qui concernoit le miniftere da défunt qui s'étoit fouvent trouvé dans le cas de travailler avec M. Necker , n'a pas manqué de faire un éloge pompeux de celui-ci,& cette accolade d'un Archevêque avec un Proteftant a naru fi extraordinaire dans-la chaire de vénté, qu'on n'a pas douté que ce ne füt une nouvelle exploüon arrangée avec la cabale de cet Ex-Miniftre pour tenter -un dernier effort en fa faveur. EfFeftivement, il en a réfulté une grande fenfation & tous les Prélats, Adminiftrateurs furtout,' ont applaudi fingulierement au Panegyrifte- mais il paroit que 1'on n'en a pas penlé ' de même h Verfailles, & 1'on alTure que 1'Abbe Ferlet en a recu des reproches fort défagreables. Le 22 Décembre 1782. On joue demain a popéra le Seigneur bienfaifant, opéra mis en quatre aftes, dont un nouveau des mêmes Auteurs pour les paroles & la mufique. On iait ou'il y a une forte - cabale contre, de la part de beaucoup de gens & furtout des Auteurs de L'Embarras des RicheJJes, qui craignentunechute plus précipitée par cette nouveauté. Le 22 Décembre 1782. Les Membres les plus zélés des Etats de Bretagne fentant la néceffite de répandre dans le public des copies de l,eur lettre au Roi pour diffiper les facheufes impresfions qui pourroient réfulcer contre euxdurefus  t 73 ] de Ia préfenter k S. M. & proaver pu>e]Ie W po,nt indigne d'être mife fous fel ye x en eette ^rTtr ^ ^ & £Q V°^ne< cette lettre eft datee du j Décembre S i k n, Juftement alarmés des atteintes portéesa leurs mterr^ Jf6 P0ur déP^r dans fon fein pate;nel leurs plaintes & leurs refpeöueufes repréfentations. Au moment oü, plens deeon ce3"" "uur"" ^ * fe cexoir une reponfe trés -fatisfaifante Ie ratv «XelT DértéS 3 J'eté d-"-ram Te trouble & la confternation. Ce n'étoit donc pas affez pour eux d'être privés de lexerciee'de fóuTlf dé^e,fla"« a vos volontés, alTervis rSm r TT" 'T'^ d'°béir ^ lec amei, ,ls voient leurs franchifes & leurs li- contTatfokm- nel qu, vous donne la Bretagne , envifa-ées de leur conüitution ; pour des fujets auffi T lo,»*? r ~ u„"jsee pat les Joix  [ 74 3 „,„ v0tTe Majefté a juré d'obferver. Ce fen- q „t fe concilie dans nos cceurs avec 1'attatiment le continu f f Tvoir envers elle; ils ont des Sits que 1'Intérat de votre Etat ne leur permet pas d'oubher. de 1 tieurcuiw , - pvauK .kernen. fcurfidéHcé fous [:I^di,ionfo.emn^le,que.eu:Sdro,;; ta. rhifes & Hbertés leroient &dluC3 ^ Vous V verrez les Rois de France en confirmer Z leurs édits la pleine & entiere exécution , Dans un tems plus récent, votre augufte ayeu tZ XV fit affurer les Etats qu'il contiendroit f ,1 intégrité les conftitutions nationales de dans leur ïntegiu. pikeurs fois déa. Ca Province oe i»"°auv' " ,, Vofre Majefté a elle-même rat.fie Pengagement Inrrafté en fon nom d'en cönferver les droits, fran hff s & liberté., & cependant, dans ce tranciiu méconnoitre, cikr::sïoSt°t«d^ts>noS.iber. ' „f Arrp anéanties avant qu'il nous SXdre. Votre Majefté ■ tnteXic- de réelamations que celles de fujets n ht fous le joug d'une déclaration deftruccourbes lous juu& fentinve de leur propnété. Non, Sire, ce lentt.  [ 75 ] ment n'entra jamais dans votre ame magnanime & bienfaifante. Vous daigoerez confidérer qu'il nous etoic impoffible de nous foumettre a 1'arret de votre confeil du 4 Novembre 1780 fans en approuver les motifi. Repréfentés aux veux des nat.ons comme coupables de nous porter dans nos éleéfions è des excès dont il n'exifta jamais d'exemples, obéir a cet arrêt, nous taire fur Ia perte de notre liberté, admettre les humiliantes précautions qu'il prefcrit, ent été de notre part confacrer Ie reproche & foufcrire a notre deshonneur. Ah! Sire, loin de Votre Majefté ces idéés outrageantes I Elles affligent vos fideles Bretons auffi jaloux de vous témoigner leur amour, que' de mériter votre confiance. Pere de vos Peuples, vous n'exercez fur eux d'autre empire que celui des loix; elles regnent par vous, & vous régnez par elles. Les conditions qui vous affiurent notre obéiffance, font partie des loix pofitives de votre Royaume Votre Majefté refpeöera le droit invio'lable des conventions; elle ne fermera pas Poreille & nos refpeétueufes réclamations; elle nou rendra notre liberté; elle protégera toujours des droits dont 1'exercirer efT anfT, ndn0.._. , ,t '—i-" v. r^uc pcnonne iacree conferve en nous cet efpoir; feul \\ peut balmer dans nos creurs les fpnfïmnn.. ^„„t dont ils font affeétés. [Da]  [ 76 ] Nous fommes avec le plus profond refpeft, De Votre Majefté, Sire, Les tres-humbles, trés obéiftans, trés - fourriis & très-fideles fujets, ■ Les gens des trois ütats ucs j.^ " Urbain R. Evêque de Dol le " Com» de la Violaie, Bellabre, PxéGdens des trois Ordres. TI, ^ , Tl, Le Décembre 1780. Le Vicomte de Turenne forprit Stenay la nuit même de fes noces le Ti Oftobre i59u Voila le trait hiftonque choifi par M. Rochon de Chabannes, pour en tmei faae nouveau de fon opéra, inntulé ft Retour da Éëgneur dans fesprres qu on dojc jouer aujourd'hui. En conféquence, d a ete Sé de le placer le premier, ce qui eft fa, n cl au'on a remarqué aux répétitions SéSt PlKlant que les autres & faifoit q difoavate trop fenfible avec eux. Mais il PfSSder comme un prologue, ube in- *ta%™^<'^ Les rivaux de M. vAhhé'Delifle fermentent toujours al'occafion pAbbé Ueuue yoici une épigramme de foapp«me d« art le °'n Pe\:ïuUeTemLt & beaucoup plus que la PiqUS „ SITS du Navet. II faut la réduire a rs a \ Prispe on lüt par aventure CertaiulivretoüDelifle a tracé  C 77 1 YmJeS ^ard!ns' en "yie compafl-é i-e Pieu voyant la trifte eWminure gt J onpeau du Poëte glacé, Et qui connoit ft bizarre Iuxure öit anffitót en ftyle moins pincé' e U n'aime pas Ia nature. °n prétend pourtant que c'eft non, „„» c ™ très-aimable que Ie poüme a £ r " ^ grande partie On ™ poune a ete en fanté en campagne a Ï Sim °te qu'étanc a la de cette btné f??"**0» nom du chêteau drigaux ft C°^°'e f0-ent des Ma- circonftances/aux' fit' T voyoit, que fou.ventSeT^*™? ^ il un crayon fur les LIes trac0ic avec belle, ou fur^pi^rt^""6,116 ^ fa tapiflbrie & autre? n„ d eDVeloPPe de repaffant ^^"^fT'3 ^'un J** en ces diverfes ir rii ' donna J'idée de lier uivenes paities dans un plan eénéral * ^. former un tout dont Pft Jr ,dl & d en fin effcr Pn U,té le Polline des les pieces de nP% 2Ti/7 ^ d30s les connorffeurs cro ent en v '.eft coniP0fc. & les futures. £D V0,r eae*e partoue v^E^rts derécrits ^ * Rouen, font: ' de f°n ^vemion 2"- Ses deux Plaid'oyers. C D3 J  [ 78 ] oo Le Précis de fes moyens de droit. m' L'Extrait de fon fecond Plaidoyer pour fervir de réclamation d la réponfe du Sieur Ta- fc"< Rochon de Cha- baunes,a envoyé la nouvelle édition de fonr  [ 8i ] opéra du Seigneur Bienfaijant a M. de St. Mare avec le quatrain fuivant. Aux nobles, aux gueniers, aux enfans d'ApolIon J'offre en trembïant ce foible hommage; 'Mais fi j'obtiens votre fuffrage Je marche, au milieu d'eux , dans le facré- vallon. M. de Se. Mare lui a répondu par cet autre madrigal, non moins galant. Je recois le cadeau da Seigneur bienfaifant, De votre amitié nouveau gage, Et doute encor eu le lifant Si c'eft le titre féduifant Ou de 1'auteur ou de l'onvra»e. Le 26 Décembre 1782. M. le Comte de Ia Merveille eft h une terre de M. de Semaifons , non loin de Paris; il a eu permiffion de fe rapprocher. II reprend confiance; fes proteéteurs lui ont fait dire qu'il reftéï tranquille, qu'on avoit fait revenir le Roi fur fon compte, qu'il goütoit fes projets, & que, Ia paix faite, on s en occuperoit férieufement. Le 26 Décembre 1782. On apprend que Ie Sieur Mon vel, qu on croyoit mort, eft plein de vie& ' toujours en Suede, ou il brille comme Adteur & comme Auteur. acteur Le 27 Décembre i78z. Un M> Gaudebert Ar chueéte a un projet fort bien vu po tot ner en inftitunoo utile & magnifique ces can-ie dont Paris eft miné de foute! SSgS f D 5 ]  [ 82 ] jours prêtes a engloutir un grand nombre de fes habitans. II propofe d'en faire des catacomben; ce qui fupprimeroit 1'embarras de 1'emplacement des cimetieres hors de la capitale, donc on s'occupe depuis longtems. Cet artifte a expofé fes idéés dans une brochure intéreffante, & d'un ftyle qui feroit honneur au meilleur Ecrivain. II y a joint des notes favantes & inüuétives; mais la piece la plus frappante par fon originalité, c'eft une efpece d'épïtre dédicatoire qu'on trouve en tête, a Rodope, beauté célebre qui fit élever la plus haute & la plus riche des pyramides d'Egypte. Elle peut être mife a cöté de celle a Mlle Duthé donton a parlé. On dit M. Gaudebert jeune,ce qui ajoute encoite a fon mérite, & annonce un talent fait pour percer & aller loin: il paroit brülé de ce noble enthoufiafme qui produit les plus belles chofes en tout genre. Le 27 Décembre 178a. On a recu ici une brochure politique compofée en hollandois, dont le titre peut fe rendre a peu prèsainfi; Lettre fur la vraie caufe du malheur du pays, trouvée entre Utrecht 6? Amersfoort, fon objet eft d'inculper Padminiftration du Prince d'Orange, & 1'Au. teur paroït un étranger fort attaché a la France. Quoi qu'il en foit,comme dans cet écrit on attaque jufqu'a la Priucefle, femme du Stadhouder & niece du Roi de Prufle, on dit que ce Monarque a fait préfenter aux états Généraux  [ 33 ] un réquifitoire en forme de mémoire en date du 17 de ce mois pour exiger des recherches de 1'Auteur, de 1'Imprimeur & desdiftributeursdu pamphlet; ce qui ne manquera pas de lui donner beaucoup de vogue a Paris & d'en faire naftre une traduclion fi elle n'eft déja faite. Le 28 Décembre 1782. Malgré les efforts des différentes cabales qui s'étoientforméescon. tre le nouvel adle du Seigneur Bienfaijant & contre 1'ouvrage ancien même que 1'on étoit faché de voir remis, il a franchi la feconde repréfentation avec non moins de fuccès que la premiere fois. Aux .menées des Auteurs de l''Embarras des richejfes, fe joignoient celles des Gluckistcs , des Picciniftes, des Sacchiniftes,outrés de ; voir les ouvrages de leurs chefs refpeétifs retardés,s'imaginant que ces ctrangers doivent exclure les nationaux de leur propre domaine. On a mieux fenti ie fecond jour la liaifon du premier aéte avec les autres; c'eft le haut de la bordure d'un cadre magnifique dont Ie dernier aéte fait 1'autre extrémité; Paétion villageoife eft enchaffée entre deux, & ils Ia commencent & la terminent avec beaucoup de pompe & dcfpeétacle. Le Seigneur Bienfaifant, ainG qu'en a prévenu 1'Auteur, a exécuté ce que Turenne afait: Ie jour même oh ii a marié fa fille, il eft allé furprendre une ville rebelle avec fon gendre. Ils font abfens depuis trois mois. Les inquiétudes de la jeune femme qui attend fon mari, [ Dn ]  [ 84 ] l'efpoir procha'in de Ia femme du Seigneur de revoir le üen; le chagrin du fils de n'avoir pas fuivi fon pere le trouvant trop jeune, & fon projet de fe rendre'digne de 1'imiter bientöt en fe formant une petite troupe des enfans du village; le zele des vaffaux a recevoir leur Seigneur déja adoré' d'eux par fon caractere de bonté: telle eft 1'efquiffe a peu prés du fondsde Pafte nouveau. Le Poëte, en outre, a eu le foin d'y jeter quelques vers oh fe trouve le germe de 1'aftion qui va fe paffer au village oir. la fcene doit fe tranfporter. Du refte, M. Rochon ne s'eft porté a compofer cet aéte que pour avoir égard aux inftances de Padminiftration, obfervant les trois autrestrop -courts pour remplir la durée du fpeftacle; & embarraffée d'ailleursde choifir quelque fragment propre a joindre 5 cette paftoraie. On" a déja dit que la Reine, qui n'avoit pas encore vu cet opéra, peu prévenue d'aïlleurs" en faveur de la mufique du Sieur Floquet,avoit été émue de celle du Seigneur Bienfaifanc & du fpeftacle touchant & vrai qu'il offre au fecond afte; qu'elle en avoit pleuré. On fait qu'elle fe propofe d'y revenir. M. le Comte d'Artois a. fait dire auffi aux Auteurs par le fieur GoJJec, qu'il avoit été trés content de leur ouvrage. Le 29 Décembre 1782. Extrait d'une lettre d'Utrecht du 2% Décembre 1782. Vous allez ?uger de la différence de notre adminiftration dVec Ia vótre, par ce qui vient d'arriver au fujet de M. G. T. Paddenburg, PéJiteur d'une  [ 85 ] feuille hebdomadaire imprimée ici fous Ie titre de Pojl van -den neder-Rhyn, fja Pofte du bas« Rhin) que le Comte d'Athlone, nommé GrandBailly de cette ville par le Stadhouder , avoit attaqué pour s'être fervi, dans plufieurs de fes Numero , d'expreflions peu mefurées. Chez vous, qu'il eüt eu tort ou raifon, on auroit commencé par mettre cet Editeur a la Baftiile: lui a demandé, en qualité de citoyen d'une République libre, de plaider fa caufe. Le 12 de ce mois, on-lui a accordé uneaudience, ou, en préfence d'une foule de fpeétateurs, fon Procureur 1'a défendu fi viclorieufement, que non-feulement les Echevins-Régens ont déclaré le demandeur non-recevable dans fon inculpation mais l'ont condamné aux dépens. Ce jugement a été recu du public avec des démonftrations de joie non équivoque fur fon vceu, Le 30 Décembre 1782. M. Dupuy abdique le fecrétariat de 1'Académie dés Belles-lettres & c'eft M. Dacier qui lui fuccede. On ne peut aftcz s'étonner de voir parvenir fi promptement un jeune homme qui n'a été recu dans la compagnie que par faveur, par égard a la recommandation de M. de Foncemagne dont il étoit le eomplaifant & le lecleur; n'ayant encore aucun titre d'érudition par-devers lui, & fur une fimple traduétion d'Oelien oh 1'on avoit lieu de croire qu'il avoit été beaucoup aidé par fon maïtre. Quoi qu'il en foit, c'eft d'autant p!HS lemarquable, que différens de fes confrères [ D7 J  [ 86 .] anciens membres de 1'Académie Francoife , y avoient des droits mieux fondés; fans parler de plufieurs autres, qui, fans être de celle-ci, s'en font montrés dignes : enfin, que M. Dacier auroit peut-être été le dernier qu'eftt élevé kcette place le vceu public. Le 30 Décembre 1782. M. Beaudouin de Guemadeuc, maïtre des rcquêtes, demeuroit chez fon oncle 1'Abbé Beaudouin, Chanoine de Notre • Dame , riche, ayant une excellente table & v recevant fort bonne compagnie, fur¬ tout des Miniftres étrangers,des Ambafiadeurs,, ce qui rendoit cette maifon un bureau de nouvelles, rival de celui de Mad. Doublet qui vieilliffbif. Le jeune Beaudouin avoit contraclé ce goüt dans une pareille fociété. 11 tenoit note de ce qu'il entendoit ou voyoit. Sa charge 1'appelant fouvent a Verfailles, il ne laiflbit pas que d'y apprendre bien des anecdotes deCour. On fait que depuis il a été enfermé pour des fautes & même des baffelïes, comme il 1'avoue lui-même. Dans fa détention il s'eftrappelé beaucoup de chofes contenues dans fes recueils faifis avec fes papiers, & c'eft du réfultat de toutes ces réminifcences qu'il a compofé l'Efpien dévalijé, qu'on fait pofitivement être de lui. On ne doute pas que M. de Mirabeau fils de 1'Ami des hommes & le compagnon d'infortune de M. Beaudouin n'ait contribué pour fa part au manufcrit: étant devenu libre & paffé en pays étranger, ce jeune homme I'y a'fait imprimer.  [ *7 ] Du refte, Ie cadre de 1'ouvrage eft fort firn. ple. L'Editeur fuppofe dans un petit avertiffement, en rentrant de nuit chez lui, avoir été obfervé par un homme, qu'a fes manoeuvres il a jugé efpion, dont il a voulu fedébarraller, & qui en fuyant a laiffé tomber fon porte - feui'lle oh étoient les différens morceaux qu'il offre au public en 18 chapitres. On veut que M. Beaudouin, parent ou allié ami du moins du Duc d'AiguiIlon3aiteu princi' palement en vue dans fon ouvrage de fervir celui-ci en ótant pour jamais au Duc de Choifeul, fon rival, tout efpoirde rentrer a la Cour. En effet, ce Miniftre eft partout trés • maltraité" & 1'on y trouve mérne une accufation des plus graves. Le 31 Décembre 1782. M. 1'Abbé d'Efpagnac, Chanoine de 1'Eglife de Paris, jeune Eccléfiaftique vifant a i'épifcopat, bel efprit, philofophe, galant, homme de cour, réuniffanc tous les contraires en un mot, fous prétexte de faire entendre a Madame la Princeffe de Lam. bale M. Garat, ce phénomene étonnant,même pour les plus habiles Muficiens, a obtenu Ia permiffion de lui donner une fête h cet effet. En conféquence, logé trop a 1'étroit dans fa maifon canoniale pour recevoir fon Alteffe Séréniffime, il a demandé au Baron d'Efpagnac fon pere le gouvernement des Invalides oh ont été invités beaucoup de Ducheffes, de femmes de Cour & de Seigneurs. Le tout s'eft trés-  [ 8-8 ] bien paffe. On a été enchanté du goflt S de Ia magnificence de 1'Amphicrion; mais ce qui a révolté, c'a été de voir faire les honneurs de fa fête, a Mad. de Gilibert fa coufine, & femme de M. de Gilibert, Major des Invalides, tresbien éduquée, charmante, mais tachée du pêché originel d'être fille du Sieur Framboifler , Infpecleur de police, fosur du Sieur Framboifler de Beaunay, Infpefteur de police,. niece du Sieur de la Janniere, ancien Infpecleur de police &c. Un plaifant, indigné de cette indécence, en a témoigné fur le champ fon humeur ' par la- boutade fuivante: Sous ces portiquc.-? de lauriers Me trompé-je.? Qui vois je, au féjour des gucrriers, Siéger prés de Lamfaale a fes offres propice, D'un fèftin, d'un "concert, d'un britlant irtiflCe , Faire effrontéfflent les honneurs! Qui vois-je?... Gilibert: ó honte de nos mbèürs ! Toi, fille, niece & foeur d'Infpefteurs de police! Le 31 Décembre 1782. On parle encore d'un autre ouvrage nouveau fur les lettres de cachet qu'on attribue auffi au fils du Marquis de Mirabeau. II eft dédié a M. le Noir; mais ce n'eft point un perfiflage; c'eft un hommage rendu a 1'humanité de ce Magiflrat, nullement partifan d'un pareil genre de pnnition; qui ne s'y prête que forcément, & adoucit autanï qu'il eft en lui Ie fort des malheureufes, viclimes. de cette invendon déteftable d'uo.  [ 89 ] Miniftre, Prètre, vindicatif & defpotique. Le 31 Décembre 1782. Quoique, d'après lés lettres publiques des Miniftres de la Cour de Londres & le difcours du Roi d'Angleterre au Parlement, on eik lieu de fe flatter d'une réconeiliation prochaine, les chofes font encore in Jlatu quo. On attribue cet engourdiflement a 1'anxiété du Cabinet de St. James qui fent Pimpoffibilité de continuer la ^guerre avec fuccès, & rougit de faire une paix humiliante. C'eft ce qui a donné lieu a la boutade que voich Sans doute, fiers Anglois, le pasefi difficile: II faut pourtanr. fortir de cet état douteux. Votre gloire rougit d'un traité trop fèïyile,. Mais que de maux vont fuiyre un refus hazardeux?' Honte ou ruine: optez des deux ! Louis, doit-il encor reprendre fon tonnerre, Ou le Fraii9ois chanter, dans fa gaité légere, Cent vaudevilles déja nés ? Vous ferez bien battus, fi vous voulez la guerre: Si vous faites la paix, vous ferez bienbeaiés.  A D D I T I O N S. Année MDCCLXXI. A la page 323. Le 2 Juillet 1771.- M. Ie' Comte de Lauraguais a déja donné en plufieurs occafions des marqués du zele patriotique dont il eft échaufFé. Ce Seigneur n'a pu foutenir le fpeclacle des malheurs de la France, & a pris le parti d'aller k Londres,, jufqu'a ce que des jours plus fereins lui perraiffent de revenir k Paris. Mais, pour être loin d'eux, il n'en eft pas moins attaché k fes concitoyens. Son Génie aétif ne 1'a pas laiffé oifif dans la fermentation générale des têtes; & quoique, n'étant pas encore Duc & Pair, il n'ait point été appelé fpécialement pour s'expliquer fur la queftion importante qui divife la nation, il ne s'eft pas moins cru obligé de configner fes feminiens dans un ouvrage propre a éclairer les gens peu instruits. On aflure qu'il a pour titre: Droits,des Francs. II avoit t xpédié une voiture qui en devoit apporter 1500 exemplaires; un homme k cheval 1'efcortoic pour être a même de rendre compte a fon mattre du fort de cet envoi. Le fecret a été événté ; on a arrêté la charette; le cavalier a difparu , & 1'on a faifi cette précieufe denrée littéraire Le charretier étoiten outre chargé, dit on,de manufcrits du.même Auteur,  [ 91 1 qu'on a furpris auffi; enforte qu'on parle beaucoup de la brochure en queltion, & 1'on ne trouve perfonne qui attefte 1'avoir vue & lue. A la Page 323. Le 4 Juillet 1771. II court deux manufcrits trés - précieux par les détails qu'ils contiennent; 1'un, intitulé Remontrances de la Bazoclie en date du premier Juillet 1771; & 1'autre, Obfervations Jur les Officiers duChdtelet, refiés en place depuis l'édit de fupprejfion &c. On parïera plus au long de ces deux pieces. A la Page 323. Le 6 Juillet 1771. Le livre de M. le Comte de Lauraguais a pour titre Extrait du Droit public de la France, par Louis Brancas, Comte de Lauraguais. C'eft une bro, chure in-B°. de 137 pages. Son but eft de prouver que les Francois avoient un droit public. L'auteur en raffemble les preuves en fept parties. Dans la première il établit le contrat focial & le paéte focial qui forment Ia conftitution de la monarchie Frangoife. La feconde contient les développemens du pafte focial. La troifieme contient les principes généraux du droit. La quatrieme traite du eens royal, des tributs & des devoirs. La cinquieme, des tribunaux. La fixieme, des juges. La feptieme, de la jurifprudeuce civiles & de la jurifpruder.ee cnminelle.  I 92 1 , Sans entrer dans la difcuffion de ces parties, il fuffit d'obfervèr que le but de 1'Ecrivain eft de démontrer que les évenemens hiftoriques par lefquels il entre en maiiereconceimant 1'éleét-ion des anciens Rois, & leur dépoGtion, ne tenoient pas (implement a 1'indépendance d'une nation bizarre, fiere & fauvage, mais aux loix, a-la conftitution, au droit public des Francs; qu'il y avoit un contrat focial entre la nation & le Roi; qu'il en dérivoit un paéte focial entre les'parties conftituantes du Souverain & de la Souveraineté: i°. dans la fuppofuion de 1'obfervatioa des conditions du contrat focial; 20. dans le cas de l'infracjion de ces conditions d'ob il ré» fulteroit un aéte réciproque par lequel un peu» ple dit a un homme: vous ferez Roi a telles «onditions-, alors je ferai fidele; fi vous les en- fi-eignez, je ferai votre juge Et cela fondé fur la définition de la puiffance qui coojpere aux loix qui ne doivent être faites que par le concours du peuple & du Roi, & qui donne le nom de Roi h 1'homme qui exercecette puiffance; s'il eftjujle, Heft Roi; s'il veut. ïtre oppreffeur, c'eft un Tyran. Ces deux phrafes ex traites mot h mot du livre même , en font a peu prés tout leréfultat efientieh Du refte, M. de Lauraguais n'annonce fon ouvrage que comme un extrait, un profpeeïus d'un autre bien plus grand fur la même matiere, & il faut convenir qU'il n'y a ni développement,ni liaifon, ni tranfhion, ni rien de fondu dans  [ -93 3 celui-ci. C'eft une charne de citations exrraites des capjtulaires de nos Rois, des anciens Hiftoriens, des chartres ckc. Le leéteur intelligent, dégagé depréjugés, en conclut aifément les inductions a tirer; mais Ie livre manque de cet enfemble qui rend un raifonnement pluslumineux & plus è portée des diverfes fortes d'efprits. Au refte, fi celui de M. de Lauraguais eft trop fouvent obfcur par une furabondame d'idées qui fe eroifent & fe confondent, on ne peut fe méprendre fur Ia nature de fon cosur qui certainement eft rempli d'amour pour fon Roi & pour fa patrie. A la Page 323. Le 7 Juillet 17.71. La comédie de 1''Homme dangereu.v du Sieur Paliffot en trois act.es &. en vers n'eft qu'une mauvaife copie du Méchant. L'Auteur a fuivi fervilement lintrigue & les caraéteres de cet ouvrage; mais malheureufement n'en a pu imiter le ftyle & les détails charmans. L'acceffoire auroit mieux valu que le principal, & la vraie comédie qui auroit réfulté de Vincognito de 1'aureur s'il eüt pu le garder, auroit été beaucoup plus amufante que I'autre. Mais li cette tournure de faire ainfi fon portrait de lasfacon la plus injurieufe pour capter le fuffrage de fes ennemis, eft adroite & ingénieufe, elle annonce un défaut de délicateffe & de fenfibilité qui' ne peut faire honneur au Sieur Paliffot auprès des gens qui favent fe refpeéter. Cettte comédie eft précédée & fuivie de di:  [ 94 ] verfes préfaces & autres pieces relatives a 1'ouvrage, ainfi que d'une vie de 1'Auteur par luimême. On y remarque une affeétation de parIer de foi & de fe louer, qui nepeutqu'exciter encore plus la rage de fes ennemis & faire plaindre le Sieur Paliffot, s'il eft innocent de tout ce dont on 1'accufe, de n'avoir pu trouver aucun apologifte; d'être obligé de s'enivrer ainfi de 1'encens dont il fe parfume lui-même, ou d'emprunter le reffort ufé de ces éditeurs postiches qu'on fait n'être que les prête.noms de 1'Ecrivain. A la page 323. Le 8 Juillet 1771. Un nommé Moreau, appelé YAvocat des finances, caonu pour auteur de differensécritspolitiquesdont il a été chargé par le Gouvernement, entre autres, VObfervateur Hollandois &c. eft undesferviteurs les plus zélés de M. le Chancelier,&on Pa foupconné d'avoir écrit le préambule du fatal édit contre les Pariemens &c. M. le Comte de Lauraguais Pattaque direélement dans deux endroits de fon livre. Dans 1'avertiffement, page première, il dit: „ Je n'ai pas eu befoin, „ comme le défenfeur de la liberté du commer}) ce des Indes,de faire des édits de Louis XiV; „ de faire des chartres comme M. moreau...". Et „ dans le cours de 1'ouvrage, page 48, il ajou3, te.,, Si j'ai entrepris cet ouvrage pour venger s, la raifon humaine des fots propos de nos PuJ5 bliciftes, & nummément des argumens viéto„ rieux de Vinfidels Moreau....  C 95 ] M. Benin, Secretaire d'Etac & Miniftre, a remis au Sieur Moreau, aujourd'hui hommede Cour & Bibliothécaire de Madame h Dauphine, un exemplaire du livre de M. de Lauraguais, en le chargeant d'y répondre. On croit que cette réponfe ne regarde cependant que les affertions avancées contre lui ( Moreau _) & que, quant au grand objet de 1'ouvrage deM-de Lauraguais, on a déja détruit d'avance tout ce qu'il pourroit dire, trouver & citer, en déclarent que le Roi ne tient fa couronne que de Dieu feul, ainfi que S. M. 1'a annoncé dans fon fameux difcours au Parlement du 3 Mars 1766 & dans le préambule de fon édit enregiftréaulitde juftice le 7 Décembre 1770; & comme 1'ont reconnu difFérens Pariemens ók notamment la Cour des Aides dans fes dernieres remontrances. A la Page 327. Le 12 Juillet 1771. Le discours de M. Perrot étoit particulierement dingé contre M. le Comte de la Marche,è qui 1'Orateur reprochoit fa défeétion du parti des autres Piïnces; il témoignoit h fon Alteffe fonétonnement de la voir occuper une place qu'avoit toujours rempli jufque la le premier Prince du fang, & jouer un pareil róle malgré la proteftation connue des Princes & des Pairs. On a cru devoir abfolument donner au porteur d'ordres du Roi la fatisfaétion du punir un Magi'ftrat qui avoit ofé abu'èr de fon miniftere pour 1'inculper auffi témérairement, & c'eft fur la follicitation du même Comce de la Marche que M<  [ 96 ] Perrot a été élargi. Au refte, il paroit trés.repeneant & quoiqu'il ftk 1'arrangement, il convienc qu'il a eu grand tort 11 refufe abfolument Ia communication de fon difcours qui eft comme non avenu, perfonne n'en ayant copie. A la Page 332. Le 18 Juillet 1771. Le fanatifme continue a s'étendre dans les chaires <& k profker de la liberté qu'il a de fe communiquer. Un certain abbé Dubaulc, curé d'Epiais, le D imande de 1'oétave de Ia Fête-Dieu derniere, a fait aux Théadns un difcours fur Ie respect que le chrétien doit a Dieu dans la fainte euchariftie en l'affimilant a celui d'un fujet envers fon Roi, de faire une fatyre fanglante de 1'aneien Parlement, une apologie du nouveau, un éloge pompeux de M. le Chancelier, & d'avancer les maximes les plus contraires a la liberté des Francois, en les réduifant a la qualité de fimples efclaves , & en annongant clairement que Ie Roi étoit maïtre des biens, de Ia perfonne & de !a vie de fes fujets. Heureufement que I'auditoire n'étoit compofé que de gens du peuple . de laquais, de femmes de chambre, &c. Cependant quelques Abbés s'étant trouvés par hazard li , en ont été fort fcandalifés: cela a fair br.ujt fnfimfiblement, & eft parvenu aux oreiües de M. de Sartines qui a mandé le Supérieur des Tbéatins, celui-ci n'avoit point été fpeéhreur; mais, fur les informations prifes daas fa communauté,n'a pas difconvenuquTiI n'y eüt quelque chofe de trop zélé dans ce Pré- dicateur  C 97 j dicateur de campagne; 1'Abbé Dubaalt, inftruit de 1'orage qui fe forraoit, a pris le parti d'écrire è M. le Chancelier, de lui envoyer fon dilcours.en lui marquant qu'il voyoic avec douleur qu'on lui fit un crime d'étre trop royalifte M Ie Chancelier, flatté fans doute de 1'éloge non fufpeél d'un Prêtre obfcur, a donné les ordres néceffaires pour qu'il ne foit pas inquiété, & il continue a prëcher de Ia même maniere. Heureufement, cet Orateur, digne du i forcer les oififs a s'y porter, on a fupprimé ce fpectacle confacré furtout aux grands amateurs de mufique, cc aux dévots qui fe font un  L I05 ] un fcrupule de prendre part aux divertiffemens profanes. Ceux-ci en particulier font furicux de cette fuppreffion & réclament contre un tel abus d autorité. Ai!.^§e35o. Le 21 Aoüt i77u Un pauvre D.able Ex Jefuite, nommé Roger, aLché a fon oid.e, déclamoit avec beaucoup de vive cite & de naïveté contre les opérations de M. le ? anCïer-^il Gn 3 été rendu c™pte au chef té ltgrratHU?; 'e Sieur Ro^ * ***** rfe'n^r? ?DChl? 06 IU1' a*ant P" Permis de Baftilï Cr'lIa t0Ut avo^, &ileftaJa A la Page 350. Le 22 Aoüt i77r. Lw 0J. firvattons/ur l'édit du mois de Février i7,j por. tant creation des Con/eils fupérieurs, tont une nouvelle brochure dont PAuteur eft fans doute un homme qui a la triture des affaires qui connoK Peffroyable dédale de la chicane, & tous les abus du Palais. On y trouve un détail très-cuneux fur les formes de la procédure fu les épmes, & fur Ja maniere dont Meffieurs de Maupeou pere & fils ont groffi ces frais énor. mement, furtout Ie dernier qui fe fife ainfi plus de 60,000 livres Hp i^n^o n a , . moyens d'y remédier, ainfi que' de reftrêindre .. ^1FHLRe ucs voyages des,,pjaideurs a la capitale; apres avoir réfuté l'édit en gros, üen difcute fucceflivement les diverfes parties & ie pulvérife dans tous fes po^ts P3rtles'& le  C -OS ] A la fuite de cet écrit eft une Lettre d une Dame fur le même fujet, oh 1'on démontre, par une ni-uvflle facon de voir, que Pétabhffemenc des Confeils fupérieurs eft nuifible au Roi, a 1'Etat & a la nation; qu'il tend d'une part a déprimer le peuple en général, la nobleffe en particulier, a deffécher les liens d'amour, de confiance, de fidélité qui uniffent le Monarque & les fujets, pour ne laiffer lieu qu'è 1'autonte, en fappant les loix & 1'efprit de la conftitutiondu Gouvernement Francois qui en font la bale,. que 1'inftitution du choix des Officiers de ces nouveaux tribunaux, fujette en général a beaucoup plus d'abus que la vénalite des offices concourt aumêmebut; que,d'un autre cóté il n'a point de liaifon avec ce que 1'ed.c pré ente d'avantages réels; qu'il fait même obftacle a tur plu» grande utilité; qu'il eft inutile pour e rapprochement des juges & des mfticiables ? que fans ces Confeils 1'adminiftration de la justice peut être rendue plus entierement gratuite, ÏÏs abr gée,plus prompte, & que 1'abiéviation \ s ^océdures qu'il promet, moyens qu^ établit pour empêcher 1'impunité dan les ju tlces feignêuriales, font abfolument independans Le Gazetür Cuirajjè n'eft très-certainement pas de M. le Comte de" Lauraguais, & ceux qm ao. ront lu ce livre, ne lui feront pas 1'mjure de le  C 1 lui attribuer Ce Seigneur fait jaCqnWa il peuc poufler la plaifantêSie, & fe ('interairoit fuVce qu ,1 y a de plus facré. D'ailleurs, il a pius de nobleffe dans le ftyle, & ne fe dégraderoit pas au point de s'arréter fur toute la lie des Blies de Paris &c. En un mot, il eft affez généralement fSu ici que cette brochure eft du Sieur Morande, c.-devant efcroc a Paris, & qui ne 1'eft pas moins a Londres, puifqu'i! paffe pour conftant qu'il a eu mille guinées pour la vente de cette rapfodie: les Libraires de votre capitale n euffent pas fait un pareil marché de dupe. lAro3?^36,3- Le 2 Septembre i7v. Dans le r> . 67 de la gazette de France, article de Londres, on ht ce qui fuit. On dit que Madame la Comteffe de Valdegrave.époufe du Duc de Glocejier, a obtenu une penfion de jooo liv. fteri. fur 1'établiffement d Irlande. On aflure que PAmbaffadeurd'Angleterre s'eft plaint de cet énoncé comme d'une indifcrétion defagreable k la Cour de Londres, attendu que Ie rnariage du Duc de Glocefter n'y étoit pas declare ni reconnu. II paffe pour conftant que c'eft le grief dont eft parti M. le Duc d'Aiguiilon, comme Miniftre des affaires étrangeres, pour óter la direftion de la gazette de France k 1'Abbé Ar naud & au Sieur Suard fon coliégue. Quoi qu'il en foit, c'eft le Sieur Marin , Cenfeur dela police, qui eft aujourd'hui chargé de cette rédaétion. [ Eer ]  [ io8 ] A la Page 368- Le 9 Septembre 1771. L'Acteur, éleve de Préville, qu'on avoit annoncé depuis quelques mois, comme devant faire la plus grande fenfation h fon début,a paruavanthier Samedi pour la première fois dans le róle de Rhadamifte. Son inftituteur a commencé par capter les fuffrages par un compliment fort humble & fortadroit, oh il a infinué d'avance les défauts qu'on trouveroit h coup-für dans le débutant, en donnant en même tems lts motifs d'efpoir qu'il pouvoit fournir. 11 n'a mativé fon inftitution que fur fon zele pour le public, en gliffant légerement fur la nature de fon choix , ou plutöt en ne rendant compte en rien des raifons qui 1'avoient déterminé è. former un éleve pour le tragique , au lieu du comique qui eft fon genre, & fur lequel il doit avoir plus de connoiffances naturelles & acquifes: ce difcours a été recu avec tranfport par le parterre & applaudi de même. Le Sieur Ponteuil eft fils d'un boulanger de Paris. II n'a guere que 20 a 21 ans. II eft grand , bien bati,a deux beaux yeux ,desfourcils noirs & trés-marqués: fa figure n'eft point mal, mais eftquarrée & fans nobleffe, fon nez énaté, & une grofle levre gatent le bas de fon vifaze II eft rablé & a Pair d'un payeur d'arréraees, ce qui platt beaucoup aux Aétnces. Le fon de fa voix eft peu naturel; elle ne fort cue par fecouffes. Quant h fes qualités acquifes il a montré de 1'intelligence, une grande  •C 109 ] fenfibilité & des nuances dans les intonations & les déflnances. 11 marqué les repos. Ses geiles font dans un défordre èffroyable, mais celapeut fe corriger aifément; en un mot, il promet. Ce début a occafionnc une grande rumeur dans les couliffes, & 1'on s'eft & ce fujet étendu beaucoup fur 1'évenement. Parmi les actrices c'eft déja a qui s'emparera de ce nouveau Mazete. Mlle Dubois depuis longtems fe 1'attribuoit, a raifon de fa prééminence & de fa dignité; cependant il a débuté avec Mlle Sainval, ce qui annonceroit ducban> gement dans legoütde notre héroïne du théatre- A la Page 370. Le 11 Septembre 1771. Dans la gazette d'Utrecht du Mardi 13 Aoüt 1771. N°. 65. on lit a Partiele de France ce qui fuit. Paris le 5 Aoüt. Selon les lettres de Compiegne, Madame la üauphine s'étant laiffé fléchir par la re,, quête qu'on (le Sieur Moreau , fon biblio- thécaire,) lui préfenta 1'année dernieré,. de ,, la part des anes, a non feulement pardon,, né le petit défagremenc qu'elle avoit éprou3, vé de leur part, mais pour leur témoigner ,, qu'elle leur accordoit un entier pardon, elle en a fait affembler le deux, environ quatre,, vingts dans la forêt, & ayant été les joindre „ avec 1'augufte familie royale, & une fuite ,, nombreufe, ils ont encore été adoptés pour ,, monture. Après la formation d'une telle ca„ valcade, elle s'eft rendue dans Ia forêt au [ E7 J  j, chateau de Compiegne au fon des flütes & s, efcortée d'une multitude infinie de curiemr. „ Monfeigneur le Comte d'Artois a eu le plai- lir de fe laiffer tomber. Plufieurs Dames ont 5, été obligées d'en faire autant. Mad. la Comj, tefie de Noailles a fait auffi une culbute,mais qui n'a porté aucuneatteinteafadignité. Ma- dame la Dauphine fe propofe de renou veler „ un pareil fpeftacle qui fait 1'entretien & 1'amu„ fement de toute la Cour. Cette narration a paru d'une plaifanterie peu refpeétueüfe; elle a occafionné une grande rumeur a la Cour,& le miniftere a cru devoir arrêter le Cours de la gazette fusdite. En conféquence depuis Vendredi 6 Septembre elle ne paroit plus en France. On croit pourtanc que cette fuppreffion ne fera pas longue,!a caufe ne portant fur aucuneconfidération politique , & M Ie Chancelier étant d'ailleurs afiez content du filence de 1'Ecrivain, ou de la facon fa. vorable dont il parle de fes opérations. A la Page 370. Le 12 Septembre 1771. On a imprimé un détail circonftancié de ce qui s'eft paffé k Bezangon lors de la deftruclion du Parlement, précédé des proteftations de cette Cour; on y a joint des réflexions fur 1'énoncé de cet événement dans la gazette de France du Vendredi 16, qu'on prétend déroger a fa véracité en cette circonfiance, & ne fervir plus que d'organe a l'impofture des Miniftres. Le furplus eft; une fortie très-amere contre le rem-  [ in J* bourfement prétendu des offices, tandis que l'Etat eft a la veille d'une banqueroute totale, déja ébauchée en grande partie. On a auffi imprimé la lifte des Officiers du Chatelet aftuel, avec des notes fatynques fur ehacun; c'eft ce qu'on a déja vu manuient. On en a fupprimé M. le Lieutenant général de police & 1'on prétend que ce ménagement eft le plus mauvais tour qu'on püt lui puer en le faifant par la fufpeéler au Chancelier, comme lusceptible de fermer les yeux fur eet écrit. A la Page 370. Le 13 Septembre 1771. Mal*ré le fuccès du difcours du Sieur Préville a Pinftallation du nouvel Afteur.les gens defangfroid qui ne s'enthoufiafment pas ailément,& qui pefent les mots, ont trouvé trés-mauvais que cet Hiftrion en finiflant ait dit.au milieu de tout fon barbouillage, plus bas que refpeftueux , plus fade que décent, qu'il s'eftimeroit heureux d être utile par la formation de pareils fujets aux plaifirs de fes concitoyens. Cette expreffion a été relevée, & a frappé d'autant plus, que , touc récemment encore, le Parlementadéniéaun Comédien'le ferment en juftice, comme infame par fon métier. ■ '. A la Page... Le 15 Septembre 1771. Refiexions générales Jur'le fyftême projeté par le Maire du Palais pour changer la conjlitution de l Mat. Cette brochure a pour texte le paragraphe fuivant: ' „ Les aft es des Rois qui.blelïeüt directemenï  C 112 J les loix fondamentales de 1'Etat font nuls & ne peuvent fubüfter par le défaut de pouvoir du Légiflateur. Ces act.es n'ont jamais fubfifté qu'autant de tems que la violence a prévalu furlajustice. Mémoire des Primes du fang préfenté au Roi en 1771. On peut juger de 1'écrit par cette phrafe; il mérite pourtant une difcuflion particuliere. A la Page 372. Le 16 Septembre 1771. C'eft Ie Sieur Marin, Cenfeur de la police, qui, fans avoir en titre la gazette de France, eft chargé du foin de Ia rédaétion. On ne s'apercoit pas que cet écrit foit mieux foigné entre fes mains; 1'on y trouve même des réticences & des tournures de phrafes extrêmement louches, & qui peuvent faire paffer certains articles chez les étrangers, comme des logogryphes qu'on leur propofe h deviner. Au furplus, les amis de 1'Abbé Arnaud & de M. Suar, fe flattent que le Duc de Glocefier & la Cour de Londres voudront bien follicïter leur réintégration a la tête de ce journal politique; leur faute n'étant qu'une pure inadvertance, de n'avoir pas fait attention aux croix en marge de Partiele qu'on leur reproche, & que tous les Miniftres avoient profcrites. A la Page 3:12. Le 28 Septembre 1771. Les Comédiens Italiens ont donné, il y a quelques jours, la première repréfentation d'une comédie en deux aétes & en vers mêlée d'arietes, intitulée le Eaifer pris ê? rendu. Les paroles  C n3 ] du Sieur Anfeaume ont paru li déteftables que la mufique, toute agréable qu'elle füt, n'a pu en faire difparoitre le dégoüt & la platitude. La piece eft tombée. A la Page 384. Le 30 Septembre 1771. Madame la Comtefle du Barri voulant récompenfer le. zele du Sieur le Doux, fon Archite&e, qui, pour lui plaire, a éievé avec une rapidité fans exemple fon charmant pavillon de Luciennes, lui a fait avoir la place de Commiffaire du Roi, Infpeófeur des falines de Franche- Comté, ce qui lui procuré au moins 8000 liv. de rentes. A la Page 5 du <5=. Volume. Lc 2 Otlobre 1771. Le Sieur le Brun, Secrétaire de M. le Chancelier, a qui 1'on attribue la plupart des discours de ce chef de la Magiftrature, vient d'être nommé h la place d'Infpeéteur des Domaines, vacante par la mort de M. Freton ; il avoit une charge de Payeur des rentes qu'il cedea fon frere. A la Page j. Le 3 Oüobre 1771. Des plaifans de la Cour ont fait une pafquinade h Ma. dame la Marquife de Langeac dont elle eft funeufe. Le lendemain de la difgrace de Madame laBaronne de la Garde, jour oh 1'on favoit que Mad. de Langeac n'étoit pas chez elle, ils font venus fucceffivement faire écri re toute la Cour è fa porte, comme il eft d'ufage quand il arnve un événement a quelqu'un, qui exige un compliment de condoléance ou de félicitation A la Page j. Le 3 Ocïobre 1771. La Cm  t "4 ] quantaine, opéra du Sieur la Borde fi-flé dès le premier jour, a cependant eu 21 repréiencations: les Directeurs ont eu la confiance de voir déferter le public pendant ce tems: enfin Vendredi prochain ils donnent des fragmens eompofés, de Pafte de l'Air du ballet des élémens, paroles du Sieur Roi, mufique de Deflouches; de celui de la Sibille; du ballet des Fêtes d'Euterpe , paroles de Moncrif, mufique du Sieur Dauvergne, & du Prix de la valeur, nouveau ballet héroïque en un afte, paroles du Sieur Joliveau , Pun des Dircfteurs de 1'Académie Royale de Mufique, & du Sieur Dauvergne, autre Direfteur. A la Page 5- Le 4 Octobre 1771. Le projet de placer la comédie Francoife k 1'hótel de Condé. & de le faire acheter par la ville pour y conftruire la nouveile falie, avoit acquis beaucoup de faveur, depuis la nomination de 1'Abbé Terrai au controle général; mais depuis la difgrace des Princes, le Miniftere a cru ü propos de priver celui-ci des avantages d'un pareil marché, qu'on a décidé ne pouvoir plus avoir lieu. On remet aujourd'hui fur le tapis le plan de M. Liézeon, Architefte, qui propofoit de taire une place au carrefour de Buffy, dont on a rendu compte dans le tems. M. le Duc de Duras, Gendlhomme de fervice, femble difpofc & s'y prêter; il offre même 200,000 livres au nom du Roi; la ville en donneroit bien autant; mais d'autres incidens rendent le marché plus  r "5 ] difficile, & il y a apparence qu'en attendant une décifion trop longue, les Comédiens vont faire réparer leur falie. A la Page 6. Le 6 Octobre 1771. Les fpectacles nouveaux qui feront exécutés h Fontainebleau, confiftent i°. en une comédie Franeoife du Sieur Goldoni, intitulée le Bouru Bienfaijant; 2°. en une tragédie du Sieur du Belloy, dont on parle depuis quelque tems, ayant pour titre: Pierre le Cruel. 30. en trois opéra comiques, favoir: le Faacon, paroles de M. Sedaines, mufique de M. iMonfigny; l'Ami de la maifon, & Zelmire êr" Azor ou la Belle ia Béte, tous deux de M. Marmontel quant aux paroles, & du Sieur Gretry, quant k la mufique. L'opéra n'eft pour rien fur le répertoire. A la Page 7. Le 7 OEtobre 1771. Le drame du fils naturel n'a point eu lieu, comme il étoic annoncé fur 1'affiche, pour une feconde repréfentation, avec beaucoup de changemens. On préfume que c'étoit une tournure prife pour épaguer a fon Auteur, une chute abfolue. A la Page 7. Le 9 Otlobre 1771/ On vient d'imprimer un Recueil de 141 pagesz'M-12,contenant les Réclamations des Bailiiages , Siéges préfidiaux, Eletïions Cours des Aides de Province, contre les édits de Décembre 1770, Janvier, Février, & Avril 1771. Comme tout n'eft pas encore compris dans cet ouvrage, on annonce une fuite. A la Page ji. Le 14 Otlobre 1771. Le  [ n5 3 Colyfée s'ouvre encore;. malgré' la défertion générale dn public, les entrepreneurs de cet édifice africhent du nouveau pour chaque repréfentation , & peu de gens en font la dupe. Ils ont annoncé dernierement les avantures de Don - Quichotte en feu d'artifice. Rien de fi plat que tout cela, & 1'on ne peut plus impudemment en impofer aux curieux. A la Page 11. Le ij OStobre 1771. La fuspenfion de l'introdudiion de Ia Gazette d'Utrecht n'a été que très-courte, ainfi qu'on 1'a. voit annoncé; elle reparoit en cette capitale depuis la fin du mois dernier. Le Courier du bas Rhin, ou la gazette de . Cleves ne paroit plus en cette capitale depuis le Dimanche 13, que 1'ordinaire a manqué: on ne fait pas encore au jufte les motifs de cette exclufion. A la Page 16. Le 20 Octobre 1771. Le Sieur Linguet dans fa confultation pour le Sieur Simon Sommer, Charpentier a Landau, difcute d'abord fi le divorce peut être légitimement permis; & il regarde 1'opinion de 1'indiffolubilité des mariages, .feulement comme un article de difcipline, qui peut être changé, ou modifié par l'Eglife; il penfe qu'elle pourroit faire revivre aujourd'hui les régiemens fur le mariage qui ont été en vigueur dans les premiers fiecles, & que la puiffance laïque qui promulgueroit des loix d'après ces principes, le feroit en toute fureté de confcience.  C 117 1 II demandé enfuite k rmi s,'hwb Q^m^o. sadreifer pour obtenir Ia nPrmiffinn — , . - f**» v*^ 1^ maner du vivant de fa femmp r'aa ^„ d « qui il expofera dans une requête fa fituation & fes befoins; c'eft devant Sa Sainteté que fe font pour-'us, en pareil cas, ceux qui y étoient, prefque tous, è la vérité, des Princes; mais la quahté d'homme, & la fingularité de la poïition du Charpenner de Landau toucheront le St Pere a ce qu'efperel'Orateur; & s'il obtient une bulle, il fe retirera par devers Ie Roi pour en folliciter la ratification, & cette dérogation par. ticuhere pourroit, paria fuite, devenir, peutêtre, une loi générale, quand un examen reflechi en aura bien fait connoïtre tous les avantages. A la Page 16. Le 21 OBobre 1771 Le Sieur Greuze, ce Peintre diftingué par une mamere a lui, par une grande invention, & par un pathetique lingulier, a été chargé par Madame la. Comteffe du Barri de faire fon portrait en pied. Quoiqu'on doute qu'il réuffilfe parfaitement dans ce genre de travail & de figure qui n'eft pas trop de fc-n reffort, on eft cependant cuneux de voir fon ouvrage, qui,avec fes dérauts, aura certainement du mérite. A la Page 24. Le 27 Ocïobr'e 177Ie Ma dame la Comteffe du Barri commence a mani fefter de plus en plus la proteétion éclatante dont elle veut honorer les arts, par fon influencefur tout ce qui y a quelque rapport. On annonce  [ ns ] ue c ett ene aujoura nui qui veut ie meier de la comédie brancone, & qu elle daignera entrer dans tous les détails des divers projets, enfoite que les Gentilshommes de la chambre ne feront qu'en fous ordre avec elle. A la Page 30. Le 31 Otlobre 1771. On parle beaucoup d'une comédie que répetent aujourd'hui les Italiens, dont la mufique eü de ]a compofition du petit d'Arcy, jeune homme de onze ans, qui a déja déployé fes talens au concert fpiritue!,ou il a exécuté fur leclavecin différentes pieces de fa fagon avec 1'indulgence du public. A la Page 31. Le 3 Novembre 1771. Les Comédiens Frangois ont affiché, pour Lundi 4 Novembre,Ia première repréfentation du Bóuru Bienfaijant, comédie nouvelle du Sieur Goldoni, qui doit êrre jouée a la Cour le lendemain Mardi. L'ufage eft de prelTentir le goht de la ville fur ces fortes d'ouvrages, & de faire ainfi devant elle une premiers répétition, furie fuccès de laquelle on juge fi 1'on exécutera la piece devant le Roi. A la Page 36. Le 10 Novembre 1771. La tragédie de Perre le Cruel du Sr. du Belloy n'a pu être exécutée hier a Fontainebleau , a caufe de la maladie de Mad. Veftris, 1'Actrice principale, attaquée d'une ophtalmie cohfidérable. A la Page 55. Le 18 Novembre 1771. On développe enfuite dans le Manifefte aux Normands. les divers genres d'infraction qu'éprou-  [ "9 J ve aujourd'hui cette fameure charte, dont les dérogations particulieres ne font que Ia confirmation, & 1'on prévient les i- duéïions qu'on en pourroit tirer en les fuppofant comme des titres pour la violer entierement. 11 feroit abfurde d'oppofer un défaut de confentement général que l'ufurpation la violence /eules ont empêché. „ Les Rois, continue I'Ecrivain, ne peuvent „ pas plus prefcrire contre la nation, qu'un „ rnandataire contre fon commettanr; ils invo„ quent 1'impuiflance de Ia prefcription a leur „ égard: a plus forte raifon Ia nation vis a-vis „ d'eux a-t-elle les mêmes droits; car le privij, lége des Rois n'eft fondé que fur 1'autorité j, de la nation qu'ils exercent, & n'a pour ob„ jet que fon bonheur." II refte deux moyens légaux pour maintenir cette charte, a laquelle il eft elfentiel de remarquer que dans 1'Edit de fuppreftion du Parlement on n'a ofé exprimer une dérogation qui eft de ftyle rigoureux dans tous les lettres royaux qui concernent les Normands. Le premier eft de s'adrefter auRoi Iui-méme , & en éclairant fa religion trompée, de folh'citer & obtenir le rétabliflement de 1'ordre ancien & la confirmation des droits de Ia nation. Tous les corps enfemble, ou féparément, peuvent former cette oppofition; tous font, par la charte dans 1'obligation de Ie faire. Le fecond, li le Roi eft inabordable pour fes peuples, eft la convocation des Etats de la pro-  [ 120 ] vince, fous 1'autorité du Roi & par 1'entremife des Princes. C'eft vraiment 1'unique moyen lOtesTinei u iiuumiugci , uc «. u auiuui laua lequel les Rois n'ont que 1'ombre de la royauté. Dans une brochure jointe è. celle-ci elt contenue cette fameufe Charte aux Normands fous le nom de Titres de la Province de Normandie. Elle eft dédiée aux Maire & Echevins de la ville de Rouen. Elle contient un détail hiftorique & curieux concernant 1'Echiquier, dont le nom fut changé en celui de Parlement par Francois ier en iji.T- A la Page.... Le 19 Novembre 1771. Les Ecrivains patriotes ne fe laffent point de répandre des brochures en faveur de la caufe qu'ils défendent; ils ne craignent point de répéter les srands principes confignés dans tant d'ouvrages, fur la liberté naturelle de l'homme,furl'impres. criptibilité de fes droits , fur 1'origine des Rois, fur le contrat focial &c. Ils efperent que ce qui ne fera pas alfez clairement expliqué dans une brochure, fera mieux développé dans une autre, & que fi la première ne peut franchir les barrières de la prohibition , une feconde pénétrera. C'eft fans doute par cette raifon qu'un anonime vient de faire une Réponfe aux trois articles de l'Edit enregiftrê au Ut de juftice du 7 Décembre 1770 Cés trois articles font. Nous ne tenens Notre Couronne que de Dieu. Le  [ 121 1 Le droit de faire des,loix par lefqttelles nos fujets doivent-être conduits fi? gouvcmés, nous appartient « nousjeuls, fans dépendance 6? fans partage. L'ufage de faire des reprèfentations ne doit pas être entre les mains de nos officiers un droit de rêfi. fiance; kurs reprèfentations ont des hornes, £f ils ne peuvent en mettre d notre autorité. La réfutation de ces maximes eft d'autantplus aifée a faire qu'elle fe trouve écrite déja dans le cceur de i'homme, & que tous les monumens hiftoriques de nos annales concourent h la confirmer par Ie fait. Le pamphlet en queftion de 2i pages, rempli d'une logique vraie, faine & lummeufe.roule cependant fur deschofes trop communes «St trop rebattues depuis un an, pour en faire une plus longue analyfe A la Page 50. -Le 23 Novembre 1771. On n'a pas manqué de chanfonner les Avocats fur la ridicule & honteufe démarche qu'ils viennenc de faire. Voici le vaudeville qui court fur leur compte. L'honneur des Avocats, Jadis fi délicats, N'eft plus qu'une fumée. Leur troupe diffhmée Subit le joug enfio; Et de Caillard CO avide Tmt&jf 1 ['TT'™''"'''™'"  £ 122 ] La prudence décïde . - Qu'il vaut bien mieux mourir de honte que de faitn. A la Page 59. Le 24 Novembre 1771. L'Académie Royale de Mufique remet Mardi prochain fur fon théatre, Amadis de GauU, ancien opéra qu'on n'avoit? joué depuis longtems. Les Paroles font de Quinault , & la mufique de Lully. On a, comme on le préfume, renforcé de beaucoup cette derniere, quant k la fymphonie, aux accompagnemens & aux airs de ballet. Ce fpeftacle a jadis eu toujours beaucoup de fuccès, mais les tems font bien chan«és, & le goót encore plus. " A la Page 63. Le ier. Décembre 1771. L'opéra d'Amadis eft une de ces grandes machines de féerie qui prêtent beaucoup au Speftacle par un concours fingulier d'avantures Romanefques. Le Prologue eft une des belles chofes qu'on nuifle voir pour le coup d'ceil, & fut fait dans le cours des plus brillantes profpérités de Louis XIV, & exécuté en 1684 au milieu d'une pais profo'nde. Quinault y prodigue k ce Prince tout ce que la flatterie peut fuggérer de plus énivrant, & par une allégórie foutenue il fait revivre Amadis en lui. Alguif & Urgande fortent du fommeil enchanté 011 ils devoient être jus' train fes confrères pour rentrer. II étoit de l'affemblée des vi'nn-h'uit chez le Sieur la Goutte, oü il donnoit le ton, & uu °des quatre envoyes a Fontainebleau en deputaticn vers le Chancelier.  [ 123 ] qu'a la renaiflance de ce héros. Au moment dSr la toile fe leve,ils font encore aflbupis & toute leur fuite. La variété des attitudes de cette foule endormie aux deux cótés du théatre, & le développement de leur réveil font un effet qu'on ne peut rendre & qu'il faut voir. II efl facheux que le róle d'Urgande, exécuté par Mlle Duranci a la voix dure, fauffe & difcordante, gate abfolument la beauté de ce prologue également court, hannonieux & fuperbe. Le poëine écrit avec cette élégance molle, dont 1'Auteur n'a point laifféd'itnitateurs, pêche peut • être par une langueur trop monotone; ce qui le fait paroitre long. .Le premier aéte eft plein de fentiment; 1'expofition en eft ümple, nette & naturelle; on voit dans les ballets divers combats fimulés,exécutés avec beaucoup d'ordre & de précifion, mais fans aétivité & fans chaleur. Dans le deuxieme aéte I'expofition fe conti; nue, & l'aétion commence, une fcene de fureur | 1'anime, & les enchantemens y jettent de la variété. Si le combat des monftres qui cherchent a étonner & arrêter Amadis ne produit pas la terreur qu'il devroit infpirer, la furprife ravisfante qu'occafionne de la p2rt du fpeclateur 1'apparition fubite des Nymphes les plus aimables remplacant les démons & féduifant enfin Ie héros, eft fans contredit un inftant délicieux. La danfe minaudiere & pleine d'afféterie de Ia Delle Guimard, déplacée partout ailleurs, eft [F2]  [ "4 ] merveifleufe ici, & peint d'une facon earaétérifée fon objet. La triftefte & le noir du 3e. acte affaiiTent de nouveau 1'ame du fpeétateur a peine revenu de fa première langueur. Descaptifs, des cachots , un tombeau j une ombre fortant des enfers, tout cet appareil lugubre n'eft égayé que par la derniere fcene ou les prifonuiers en liberté chantent de petits airs médiocres pour les paroles, & plats quant a la mufique. La Delle Allard & le Sieur Dauberval jettent heuréufement dans leurs danfes un mouvement que réveille un peu 3'affoupiftement général. Prefque tout le 4e. acte eft encore fur le même ton d'amans pleureurs & malheureux, Oriane dont le röle s'eft peu développé jufquela, occupe la plus grande partie de la fcene; jaloufe d'Amadis, elle eft toujours dans les larmes & fon ame ne reprend d'énergie qu'a ce couplet, admiré & fi connu, ou regardant fierement 1'Enchanteur qui fe vante d'avoir vaincu Amadis, elle lui dit avec indignation: Fous vainqueur d''amadis!... . L'arrivée d'Urgande, Fée bienfaifante, dont 1'art fupérieur diffipe les maléfices de fes rivaux & délivre Oriane & Amadis, termine cet aéte dont les danfes n'ont rien de remarquable. Comme Ie danger des héros eft paffé, 1'intérêt cefle & la piece eft proprement finie au 4C. acte: le cinquieme n'eft rempli que par Ia reconnoiüauce d'Oriane & d'Amadis, fuite na-  C 125 ] fwelle de leur défenchantemenr tl,« 1 , tion ci deffus r P r on afaitmen- Pas auffi bt%4euf/tDTsieuMad^n^ comme Acteur, ma's il v h f e Gros> teur les plus beau f0ƒ ft* ^ ^ ble reprendre une ^t J^Z^ fT Mlle Duplanc fait un gra„d eftr t ? ^ d'Arcabonne,^ cette A%llt danS le ló,e duit Mlle Cbetane" e Ë ?» «g* rcgretter. L'ombre d'Ard'ancamK ?« £ lugubres répandent une vraie terreur tr n fanglotante du Sieur Celin; enfin wffe f? 2? pet dans le foible röle de C^rizande toute l ame tout Pagrément dont il efl fuS^tiblë AJapage 71 Le IO Décembre Le ej '' du Belloy eft fort oecupé du Difcou cu'ifdo  [ 12(5 ] ception,& cette cérémonie eft retardée:cn conférence plus que de coutume. L'obhgation ot i fe tro'uve de faire 1'éloge de M le Comte de Clermont s qu'il a 1'honneur de remplacer ,1 erntarnffe, ce Prince étant mort dans des circon- ftances critiques. , A la Page 76. Le li Décembre 1771-. Le Chevalier de Choifeul, fAlcibiade du jour, énoufe Mlle de Fleuri, riche hentiere de 1 ASérique & niece de Mad. la Marqui e de VauS Ce Choifeul eft vraifemblablement celui co'nnu a la Cour comme un très-beau Danfeur, qui malgré la difgrace générale de fa farmllè s'v eft confervé en faveur a force de ïïffeffes , & fur lequel on avoit fait le couplet fuivant, il y a plufieurs mois. Sur 1'air: Margoton, tout de bon* Le plus ingrat, Ie plus bas, C'eft le Choifeul aux entreehats. Mais, quoi qu'on ne 1'eftime pas, A danfer on 1'invite. Pour les faults, pour les fots 11 a du mérite A la Page 76. Le 16 Décembre 1771. Outre 1'épigramme qu'on a vu fur les Avocats, on a fait les vers fuivants. Sur un mécbant chariot trataé par 1'infamie, La honte pour cocher, pour poftillon, 1 enyie, - , Couverts de deshonMur, plcins ü'amourpourl argcnt.  [ «7 ] Devers le Chancelier chemnant lentement, Quatre preux Chevaliers d'une bande perverfe Supplioient Monfeigneur, que par fa grace exprefle A vingt-huit repentans il donnar Ie pardon, je 1'accorde; dit-il, plaidez, je fuis trop bon; Plaidez; mais, pour punir votre race parjure, Avec les Procureurs, enfans de 1'impofture, föj'ez tous confondus, comme eux portez mes fers, Kenoncez aux lauriers dont vous ffitcs couverts» Je vous pardonne, al!ez, & que ma complaifance Soit déformais Ie fceau de votre obéiflanee; Abaiflez votre orgucil; craiguez de m'indigner,... II entroit dans mon plan de vous exrerminer. Honteux, légers d'honneur, chargés d'ignominie Nos quatre mendians joignent la compagnie; „ MelTieurs,leur dit un d'eux(onnousrend la parole • „ Nous pouvons rous plaider, mais un point me défoie. „ Déformais a la gloire il nous faut renoncer." Un chacun fe regarde, on alldt balancer.... Mais la Goutte s propos haranguant la cohorte, Plus de gain, moins d'honneur, amis ,que nous importe ? Aux aurres Avocats laiflbns ce vain efpoir. Que 1'ardeur de 1'argent guide notre devoir. Foulons aux pieds i'honneur; eft bien fot qui 1'acJore. Nous vivons bien fans lui, nous vivrons bien encore. A la Page 83. Le 28 Décembre 1771. Supplément a la Gazette de France du U Novembre 1771. Liftte des nouveaux liquidés. Ce préambule peu important, puifqu'il ne contient que Ia notiee de quatre membres du Parlement liquidés, eft fuivie d'une piece plus curieufe. C'eft une Cmverfation familiere de M. le Chancelier avec L F4 ]  C 128 ] le Sieur le Brun (fon Secrétaire) du msrcredi 12- Novembre 1771» fept heitres dumatin. C'eft une efTufion de cceur entre le maftre & fon vaJet: celui-ci arrivé de Paris; il a affiité a la fameufe cérémonie de la rueffe rouge, a la rentrée du nouveau tribunal, & au Gueulleton du Sieur de Sauvigny. L'Auteur fe fert de ce cadre pour tourner d'abord en ridicule les perfonnages de Ia. magiftrature aétuelle; il entre enfuite en matiere, & ,, par des aveus fucceffivenient développés, par des anecdotes intéreffantes, il met au jour de plus en plus le génie oblLque & tortueux de M. de Maupeou. 11 fait voir que fon ouvrage ne s'eft avancé qu'a force de violences, de rufes, & d'impoüur.es; qu'il ne fe fert que de petits moyens , d'un manége puéril, de manceuvres baffes, & qu'étonné lui-même de fes fuccès, il en fent toute 1'infuffifance. En un mot, on y met a nu 1'ame de ce chef de la juftice, & 1'on fent quel fpeétacle ce doit être, Cette plaifanterie , au fond trés - férieufe * n'approche pas de la correfpondance a beaucoup prés;. 1'Ecrivain n'en a pas tiré tout le parti qu'il pouvoit, mais elle contient des faits tvésimportans a favoir; elle révele au grand jour quelques parties ténébreufes des projets de M, le Chancelier, dont la connoiffancc doit décréditer de plus en plus fon plan, & prouve qu'il n'a ni les grandes vues, ni les refforts nécesfaires a un génie ambitieux qui veut bouleverfer un Royaume, & que d'un inltant a 1'autre / fon-  [ 129 ] fon édificè monflrueux, fondé [fur Ia foibleffe & le menfonge, doit difparoftre au moindre rayon de la vérité, ou au premier effort de 1'énergie nationale. Les Princes recoivent dans ce pamphlet letribut deloges qu'ils méritent, & 1'on y célébre de la mardere la plus flatteufe le courage avec lequel ils font des facrifices immenfesplutöt que d'accéder aux propofitions de toutes efpeces qu'on leur a faites, & qu'ils ont rejetées avec une générofité digne de leur patriotifme. . A la Page 85. Le 31 Décembre 1771. Un Particulier de cette capitale a imaginé un Almanach- des gens de condition demeurant dans la ville de Paris, oü il a raifemblé fans choix une infinité de gens qui ne font rien moins que de qualité, & qu'il appelle Barons, Comtes, Marquis. Cela a l'air d'un vrai perfiflage & jette un ridicule fingulier fur maints bourgeois & financiers qu'on pourroit foupconner d'avoir eu la foibléffe de fe lailïer ainfi titrer mal a propos. t On én a porté des plaintes, & 1'on ne doute pas que la police ne profcrive cette.pitoyable rapfodie,qui cependant,améliorée & plusexacté, pourroit être utile. A la Page 85. Le 2 Janvier 1772. On a célébré la grandeur d'ame de Madame la Comteffe du Barri en faveur de M. le Due deChoifeul par les vers fuivans.- .^ers-i Madame la-Cornteflfe du Barri quiafolli 't i7J 1  C 130 i cité elle-même une penfion pour M. Ie Duc de Choifeul. Chacun doutoit en vous voyant ft belle, Si vous étiez ou femme ou Déité; Mais c'eft trop für, votre rare bonté N'eft pas 1'effort d'une fimple mortelle, Quoi qu'ait jadis écrit en certain lieu Un Roi-Prophete en fa fainte démence, Quoi qu'un Poëte en a-Ic dit, la vengeance N'eft que d'un homme, & Ie pardon d'un Dieu. A la Page 85. Le 3 Janvier 1772. Le Sieur Barthe a fait quelques changemens a "fa comédie, & 1'a furtout améliorée dans le denoument, ce qui Ia fait paroitre moins mauvaife, & Ia rend même paffable auprès de ceux qui ne font pas difficiles; mais elle pêche trop radicalement par 1'enfemble, & le caraétere principal eft fi effentiellement manqué, que les connoiffeurs ne peuvent revenir fur fon compte, & continuent k la nrofcrire comme incorrigible. A la Page 85. Le 4 Janvier 1772. Extrait d'une lettre de Rouen du 30 Décembre 1771. Jl s'eft trouvé au Palais un papier dans lequel on diffamoit tout le Confeil fupérieur par 1'épjgramme fuivante: Ici quinze ifs de toute efpece, Siégent pour être nos bourreaux Qui devroient porter fur le dos F!eur de lys qu'ils ©nt fous la feiTe. A la Page 80, Le ix Janvier I772» Une  £13* 1 indifpofition furvenue k Mad.gPréville a'facilité k M. Barthe une retraite fort heureufe, & fa piece n'eft point tombée comme elle en étoit menacée II eft queftion de donner inceffamment Pierre le Cruel, tragédie de M. du Belloy, que, la maladie de Mad. Veftris a empêché d'être repréfentée a Fontainebleau. L'opéra fe difpofe k remettre bientöt CaJlor& Pollux. A la Page 98. Le 20 Janvier 1772. II paroit un troifieme fupplément d la Gazette de France. Celui- ci-prend véritablement la tournure d'une feuille de nouvelles, quoique fon principa! but foit toujours de tirèr au clair les diverfes liquidations; ce genre de faits eft aujourd'hui le moindre objet qui y foit traité; on a cherché a rendre ce fupplément piquant par un recueil d'anecdotes, bien fcandaleufes, bien bonnes. L'auteur paroit vouloir fuccéder k ce» lui de la Gazette eccléjiajlique; il tate'le goüt du public j & 1'on ne doute pas qu'infenfiblement il ne Ie remplace. Le janfénifme ayant' perdu fon grand mérite, fon intérêt véritsble par l'extinclion des Jéfuites en France, s'eft transformé dans le parti du patriotifme; il faut rendre juftice k celui-IS, il a toujours eu beaucoup d'attraits p mr 1'indépendance; il a combattu le defpotifme papal avec un courage invincible: le defpotifme politique n'eft pas un hydre moins terrible a redouter, & il dirige aujourd'hui vers cet ennemi toutes fes fop [ F6 ]  [ 132 ] ccs, déformais inutiles dans 1'autre genre de combat. A la Page 101. Le 25 Janvier 1772; Estrait d'une lettre de Rouen du 20 janvier 1772-. Les placards continuent: on a trouvé dernierement h la porte du-Gonfeil fupcrieur 1'iafcripti.on fuivante. Jmperatore Ludovice vegeSante Frificipes in exilio, Magnates in opp'obri^ Juflitia in ablivio, Publica- privatosque res in arB'e^ Latrocinium in eerario Liiocinium in Laticlavie £0'; jlnno viwliüa domini 1772. A Ia Page in. Le 8 Février 1772; Ex*trait d'une lettre de Rouen du ier. Féviier -..I772-. Le Confeil füpérieur de cette ville con« tinue a être 1'objet de Ia dérifion publique &particuliere. Après avoir été joué par des farceurs , comme vous 1'avez f§u, & qui ont été mis au cachot , il eft difficile qu'un tel tribunal prenne confiftance & obtienne de longtems de la confidération. Les Officiers municipaux ce ceffent de réclamer leur ^Parlement. Dans leur differens mémoires, apr& avoir établi in-> vinciblement qu'on ne pouvoit anéantir cette Cour, fans la violation la plus manifefie & laplus injufle de leurs priviléges, & de leur capitulation, en fe rendant a la France ; ils de-£1) Uticlavs , cinerueut des Sérat«urs Roraains»  [ 133 ]' mandent, fi en écartant rnêmé un' tel droïê, Rouen eft de pire condition que les autres capitales, ofj 1'on a confervé le Parlement; fi la Normandie ne mérite pa la même diftinction, par fon étendue, par fa population, par fon importance, par fa qualité de Province maritime, par fon attachement a fes- Souverains, par fon zele a concourir aux impóts multipliés dont elle eft chargée. Ils difcutent enfin les prétendus motifs de fupprefiion établis dans l'édit, en font voir 1'illufion & le ridicule. Ils prouvent que 1'émulation fuppofée qui excitoit les Négocians a fortir de leur état pour entrer dans la magiftrature, bien loin de nuire au commerce, lui donnoit de l'a&ivité, par 1'ardeur avec laquelle on devoit travailler a fafortune, afin de jouir enfuite de la confidération que donneroit la robe; que rien n'étoit plus propre a diminuer la population & la ricbefie de la ville de Rouen, que l'extinólion du Parlement,, qui. la privoit par la de la grande circulation d'hommes d'argent qu'occafionnoit nécelfairement lè grand concours des affaires. Cet artiele traité fupérieurement, a fort déplu k M. le Chancelier, & n'a pas peu contribué k faire cxi* Ier notre Maire. II a fort a cceur que ces mémoires ne fe répandent. point écreftentdansfoubli oii il les a mis. A Ia Page ii i; Le 10 Février 1772. II paroit une fuite du Parlement juftifiê par lUmpérë* trice. des Ruffies &c. C'eft le Parkmem jujlifié C F 7 ]  C 134 3 par 1'Impératrice-Reine de Hongrie, £f par le Roi de Pruffe, ou feconde I.ettre &c. Elle eft datée du premier Décembre 1771 & ne fait que de» clore a 1'impreffion- On donnera un compte plus détaillé de cet ouvrage non moins bon que le premier. On trouve h la fin un parallele de VAncienne taxe des Pocédures avec la nouvelle. dont il réfulte que la plupart des frais efir doublé & triple de ce qu'ils étoient auparavant. A la Page 113, Le 13 Février 1772. Les brochures en faveur des opérations de M. le Chancelier femblent abfolumcnt arrêtées aujourd'hui, on en a fait un catalogue; il fe monte a 87 pieces différentes, dont prés de quatrevingt ne méritent pas la. moindre réfutation. Ce font tous pamphlets ou plats , ou burlefques, ■ & plus propres a nuire k la caufe qu'ils veulent foutenir, qu'a Ia défendre. A la Page 113, Le 14 Février 1772. Le mémoire de M, le Duc d'Orléans eft toujours fecret; c'eft a-dire qu'on ne le fournit k perfonne; mais S. A. permet aux gens de fon confeil qui en ont, d'en donner communicationfansdéplacer. On cite un paffage de cet ouvrage,bien remarquable & bien important; c'eft celui concernant les appanages qu'il prétend devoir être accordés de droit aux Princes delafamilleroya. le, que la nation a élevée au tröne par fon choix; aveu précieux dans la bouche du premier Prince du fang & bien contradictoire a la propofi-  C 135 ] tion étrange avancée dans divers difcours qu'on a fa.t tenir au Roi, & que ]es Pariemens même ont eu la foibleffe de répéter; que le Roi ne ténoit /a couronne que de Dieu, A la Page 113. Le 15 Février 1772 Les Bouts rims, c'eft-è-dire l'art de faire des vers fur des nmes données, la plupart baroques & compofees de mots difparates, étoient autrefois fort a la mode; la fureur s'en étoit paffée. Ce goüt puenl a repris apparemment dans quelques fociétés: du moins on le juge par ceux qui viennent d'éclore & qu'on attribue a-M. Marmontel qui a trouvé l'art d'en faire une épigramme très-méchante contre le Sr. Paliffot auquel il doit en effet une revanche depuis long! tems, pour l'avoir fait un des principaux héros de fa Üunciade. Voici cette plaifanterie. Le Poëte franc- Gaulois Gentilhomme Vendomois La gloire de fa bourgade, Ronfard fur fon vieux fcautbois Entonna ia Franciade. Sur fa trompette de bois Un moderne Auteur maulïade Pour lui faire paroli, Fredornala Dunciade, Cet homme avoit nom paih On dit d'abord Palis fade, Puis Pali fou, Palis p]at t Pali froid & Palis fat, Pour couronner la tirade  c m i Enfin de tür'lupinade,» On rencontra le vrai mot ,. Ou le nomina Palis fot,- ffrvüoil M'abaifiant jufqu'a toi, jejoue avec' le mot' Réfléchisfi tu peux, mais n'écris pas, lis, fot! On apprend dans l'inftant, a n'en pouvoir douter que Ia plaifanterie ci-deffus eft de M. Piron, qui n'a point' voulu fe faire connoïtre,-. & a peut-être fait malignement attribuer la piece a 1'Académicien A la Page 116. Le 17 Février 1772. La troifieme partie de la correfpondance fecrete entre' M. de Maupeou Chancelier de France, & M. de Sorhouet, Confeiller du nouveau tribunal paloit enfin. On 1'avoit annoncée depuis longterm, & le public 1'attendoit avec impatience. Cette avidité la rend déja très-chere, & la police, après avoir mis fes émiffaires fur pied pour en empêcher l'introduélion, travaille'aujourd'hui k en arrêter le-débit,.& la multiplicitédes- exem'plaires. A la fage n<5. Ce 18 Février 1772. Le Sieur Mbnnet, ci devant Direéteur de 1 'opéra comique a Paris, de 1 'opéra h Lyon, & d'une comédie Francoife h Londres, fait aétuellement imprimer les mémoires de fa vie, fous■ le titre dt'fupplément au Roman comique. II an-üoncaf qu'ils font écrits par lui-même, & qy'oiïi  C 137 1 y trouvera les merveilleufes, incroyables & vé» ri tables myjlifications du petic Poinfinet. On doit entendre par le mot de myjlification, les piéges dans lefquels on fak'tomber un homme fimple & crédule, & qui fervent a le perfifler II pa, rolt qu'il a été inventé a 1'occafion des tours finguliers qu'on a joués a 1'Auteur en queftion,, qui, avec de Péfpric, étoit fi ignorant, fi firnple & fi aveuglé par fon amour-propre, qu'on lui faifoit accroire les chofes les moins propofables a un homme tant foit peu inftruit, & les plus abfurdes, en le prenantpar fon foibl'e. II eft mort depuis quelques années, & il eft afiez étonnant que la police permette 1'impreflion d'un ouvrage auffi injurieux a la réputation de ce Poëte, & oh d'ailleurs plufieurs perfonnes vivantes fe tröuvent compromifes. L'importance que 1'Auteur met è fon ouvrage, có'propofant par foufcription un livre bleu de cette efpece, eft auffi trés - ridicule. Quoi qu'il en foit, cet ouvrage en deux volumes grand in 12 ne coüteraque 4. liv. aux foufcripteurs & 6aux autres. IJ doic paroitre au premier Avrii. prochain. A la Page i2r. Le 21 Février 1772. La fureur pour voir 1'Opéra de Caftor êf Pollux continue, malgré les acceffoires miférables dece fpeftacle en décorations, & les fujets déteftables qui remplacent les principaux Acleurs. On affure que les Direéteurs comptent fi fort fur sec engoument du public, qu'aprcs avoir pro-  C 13S J longé les reprèfentations dans 1'état actuel aufïï longtems qu'ils pourront, ils veulent donner un air de nouveauté a ce même 'opéra par de plus belles décorations, des ballets mieux desfinés & mieux" meublés, & par des Acteurs plus choifis. A Ia page 124. Le 29 Février 1772. La péroraifon du nouveau mémoire de Me. Linguet roule furtout fur la lettre outrageante dont on a parlé; elle eft fi éloquente qu'on croit faire plaïfir aux lecteurs de la rapporter. II eft d'abord queftion de Ia chaleur qu'on lui reproche. ,, II les (les faits) falloit articuler froidement, dit on: ceux qui débitenc cette maxime auroient peut-être eu ce pouvoir fur euxmêmes; mais fi le défenfeur de Madame la Ducheffe d'Olonne, n'eft point ainfi orga'm'fé, s'il n'a pas ce flegme heureux qui fait rendre fans chaleur des idéés vives, fi les vérités qui affectent fortement fon ame infpirent malgré lui une ardeur impétueufe a fa plumö & a fa langue, peut-on lui en faire un crime? II n'a pöint cette ironie tranquile & fanglante, dont on ne lui a fourni que trop de modeles dans fa caufe, qui égorge en feignant de carelfer, & qui fourit en enfongant le poignard. Un fangfroid cruel eft 1'ame du vice & du menfonge; il ne leur eft pas permis d'être imprudens, il n'y a que la vertu & Ia vérité qui puiffent ofer être indifcrets. D'ailleursjle Sieur Orourke ne lui a-t-ilpas  [ i3£> Ü fait une néceflité d'être ferme & un devoir de fe montrer courageux ? Ne 1'a t-il pas menacé & fait menacer de toutes parts de la vengeance la plus terrible ? N'a-t-il pas même compromis des noms connus dans des propos iaconfidérés? N'a t il pas eu 1'audace de 1'infulter perfonnellement en plein parquet? Ne s'eft-il pas préfenté avec ce projet dans le fanétuaire ultérieür de la juftice, oii fes Miniftres feuls font admis ? Enfin, ne lui a-t-il pas écrit avant les plaidoiries, le 2 Janvier, une lettre outrageante? fi celui-ci avoit été fcrupuleufement circonspeót, ne I'auroit-on pas foupgonné d'être timide? Le Sieur Orourke n'auroit-il pas été excu* fable de croire qu'un moyen infaillible de fe débarraffcr des hommes , c'eft de les effrayer, comme il femble perfuadé que le plus für pour réuflir k dépouiller les femmes, c'eft de faire croire qu'il les a féduites. Sans doute il feroit trifte que le ton fur le< quel cette caufe a été plaidée fe naturalifat au barreau, mais fans doute auffi les circonftances qui 1'ont motivé ne feront pas communes. Au refte, ce n'eft pas d'aujourd'hui que des plaideurs furieux ont voulu rendre les défenfeurs de leurs adverfaires refponfables d'un éclat qu'eux-mêmes avoient néceflité. Sans remonter a des tems bien reculés, on fe fouvient encore' au barreau d'un exemple de cet acharnement indecent, donné contre M. Gueaux de Reverfeaux: il avoit plaidé avec chaleur  [ Ho J contre la Comteffe de la Roche-Bouffeaux-elIe fit rendre plainte contre lui a la Tournelle: M I Avocat général Gilberc de voifin* conclut a' h nullite de la procédure, fur le feul fonde- la profeffion d'Avocat a effentiellement befoin pour etre utile. L'arrêt füc conforme aux concluflons;. & 1'Officier qui avoit figné la requeceen plainte, interdit pour fix mois te fa, pour répondre fans réplique aux déclamattons du Sieur Orourke, empruntons le langage d un célebre Magiftrat, M. 1'Avocat ™,Pom ' depuis premier Préfident. En tant Ia parole dans une caufe de la nature decue ci. Voici comme il s'exprimoit. »■ Au miheu des regies de bien féance,. que» les Avocats ne doivent jamais perdre de m vtte, leur miniftere deviendroit fouvent inu>, tile,s'il ne leur étoit permis d'employer tous » les termes les plus propres a combatcre 1'ini» quité; leur éloquence demeureroit fans for» ce, fi elle étoit fans liberté La nature des „ exprefijons dont ils font obligés de fe fer5) vir, dépend de la„ qualité des caufes qu'ils „ ont a défendre. II eft une noble véhémen- s> «-c üc une lainte mrHiVn% a„ M leur miniftere. II eft des crimes qu'ils ne „ lauroienc peindre avec des couleurs trop „ noires pour exciter la jufte indignation des „ Magiftrats & la rigueur des loix; même en » matiere civiUy il eft des efpeces oü 1'on ne-  L 141 ] „ peut clefendre Ja caufe, fans offenfer Ia oer„ fonne; attaquet 1'injuftice, .fans deshonórer „ Ia partie; expliquer les faits, fans fe fervir ,,de termes durs, feuls capables de les faire „ feotir,& de les repréfenter aux yeux des Ju3) ges. Dans ce cas les faits injurieux, dès „ qu'ils font exempts de calomnie, font la eau„• fe même, bien loin d'en être le dehors; & la „ partie qui s'en plaint, doit plutöt ac'cufer „ le déréglement de fa conduite, que 1'indis,, crétion des Avocats! A la Page 126. Le i.tt. Mars 1772. La rage des Avocats pour faire des mémoires eft telle qu'ils en font même après la caufe plaidée & jugée, & veulent encore entretenir d'eux le public, lorfqu'il y a eu fuppreflion de leurs écrits. C eft ce qui arrivé au Sieur Elie de Beaumont, écnvain fous Ie nom du Sieur Cbabans. Cet Orateur, vivement piqué des perfönnalités mi. fes contre lui par ie Sieur Linguet, fon confrere, dans le dernier précis, n'a pas voulu être en refte; il a cru devoir faire auffi un Précis pour le Comte Orourke, & fous le nom de fa partie donner un libre cours k fes farcafmes, & a fa vengeance. Comme fon confrère, pour empêcher de lui répondre, n'avoit répandu fon nouveau mémoire que Ie mercredi 26, après midi, & que Ia caufe devoit être jugée Ie lendemain matin, quelque diligence qu'aitfaitde Sieur Elie de Beaumont, il n'a pas été p0s. fible que Ie Pamphlet fe divulguat avant ie  C 142 ] jugement du nouveau tribuna\ Au refte, on lic avec plaifir ce nouveau libelle; la malignité humaine trouve encore a s'y repattre. Pour comparer la maniere des deux Ecrivains, on va rapporter la péroraifon de ce dernier. C'eft Ie Comte Orourke qui eft cenfé parler. ,, je me fuis récrié, paree que vous m'avez diffaméi j'ai demandé la lacération de votre mémoire; j'ai dénoncé vos plaidoyeries au ven> geur public, &. j'ai expiiqué les motifs de ma dénonciation. Vous avez rnanqué a 1'a'utorité du Roi,réfidant en fa Cour de Parlement, & ja la majefté de 1'audience; j'ai réclamé les concluGons de M. Ie Procureur, général pour le maintien de l'honneur des citojens, dont je fais partie Quoi! vous m'outragez; vous attaquez ma naiffance, ma conduite, mon honneur! Vous ro.'annoncez comme le plus vil de tous les êtres; vous me comparez a un Cerbere, dont il falloit fermer la gueule avec des monceaux d'or! Vous m'accufez de voldomejlique, Vous avez ofé dire que mon honneur eft anêanti, ècrafé, mort fous les preuves multiplièes de mes infidêlitês £ƒ de mes perfidïes; vous choififfez le temple même de la juftice pour le théatre de la diffamation ; vous effayez de m'accabler de ridicule & de honte , vous vous permettez de baffes équivoques qui ne feroient pas reques dans un cercle de femmes fufpectes, & 4 vous mc contes-  C H3 I tez Ie droit de m'en plaindre!...." A la page 126. Le 3 Mars 1772. II paroft un quatrieme fupplément a la Gazetce de France de 16 pages d'impreffion. C'eft aujourd'hui abfolument une véritabie chronique fcandaleufe, contenant diverfes anecdotes relatives aux affaires du tems. Celle-ci el\ plus pleine de faits que les précédent^, & plus intéreffante par conféquent. A la Page 126. Le 5 Mars 1772. Caftor & Pollux étoit bier a fa vingtieme repréfentation & fon fuccès ne fe dement point:Ia recette n'a' pas encore été au deffous de 5000 livres, exem.. ple unique de 1'engoument général.' ' Fin du Fingt-unieme Volume.