MÉMOIRES S E C R E T S POÜR SERV1R A L'HISTOIRE de la RÊPUBLIQUE DES LETTRES EN TRANCE 'depuis MDCCLXII jusqu'a nos jours ; O u JOURNAL D'UN OBSERVATEUR, Conter ant les Analyfes desPieces deThédtrt qui ontparu durant eet intervaïle; les Relations des AJj'emblées Littéraires; les Notices des Livres tiouveaux, clandeftins ,prohibés; lesPieces fugitives, rares ou manufcrites, enprofeoti ettvers; les Vaudevilles ftir la Cour; les Anecdotes Q? Bons Mots; les Eloges des Savans, des Artiftes^ des Hommes de Lettres morts, &c. &c. &c. . TOME VINGT-DEUXIEME hüc fropius me, los ordine adite. Hor. L. II, Sat. 3. vs. 81 & 8a. A L O N D RE S, * C he z JOHN A D A M S O N. MDCCLXXXIII.   MEMOIRES SECRETS Poi'r servir k l'H istoire de la K é p u b l i (j t e dks Lettres en Francs , d e p u i sMX CCLX II. j u s q ü'a nos Jours. Premier janvier 1783. Le premier chapitre de f Espion dèvaUfê renferme un conté aifez plaifant, d'un homme qui avoir acheté une charge dans la maifon du roi, dont la fonótion devoit fitte de crier a boire au. roi. Dans le fecond, on trouvepluficurs anecdotes du feu roi relatives aTélévation de Silhoüette au controle général. ' Dans le troifieme, autres anecdotes fur le cljevalier Turgot nommé gouverneur de Gayenne. On fit dans le qüa'trieme des anecdotes fur la maniere dont Louis XZ/^disgracioit fes miniftres, fur la méthode de Louis XVa eet égard, & fur le renvoi d,u chancelier, de 1'abbé Terrai, de M. de Boynes fous Louis XVI. Le cinquieme chapitre contient un dialogue entre le comte de Maurepas & M. le Fevre d'Amecourt, confeiller de grand'chambre, fur la rcutrée du premier dans le miniftere. Au fixieme on raconte quelques anecdotes relatives a fintérieur de Louis XVI, qu'on met dans la. bouche d'un nommé D.uret, espece de garcon de la chambre. Le feptieme roule furies é meutes dc i~~5- Jcme XXII. A 3  (4 ) Dans le huitieme on établit coiflme tin fait,' rempoifönnement de feue Mad. la Dauphine, mere de Louis XVI; & 1'on infinue „que le duc de Choifeul en eft 1'auteur. Digreffion fur 1'abbé Gagliani trés-au fait de la nature des poifons. Fétite hiftoriette dans le chapitre neuf, narrée d'une maniere alTez piquante fur une miftification de Poincinet, a qui 1'on avoit fait accroire que S. M. 1'avoit nommé fon Eer au, &qu'ici 1'on transporte a un feigneur navarrois. Le chapitre dix roule furlesfêtes des taureaux en Espagne. Le onzieme traite de l'adminiftration de M. de Laverdy: anecdote finguliere d'un ferrurier mis a Vincennes,&dont M. Baudouin cmprifonné a reconnu le fort funefte & ignoré. Au douzieme, miffification du bal del'opera, anecdote du banquier Reixotto avec Mad, d'Ervieux. Le treizicme efl férieux & traite d'économic poütique. Le quatorzieme efl: un recueil de petites pieces de vers , les unes connues, les autres affez plates, & en général peu intéreffantes. Le quinzieme contient quelques anecdotes & traits détachés, entre autres le fragment d'une lettre finguliere de Diderot a 1'impératrice des Ruffies, & un petit éloge de M. Turgot, ministre d'état, prononcé dans la fociété royale d'agriculture d'Orléans le vingt-deux mars 1781. Au feizieme chapitre on a inféré avis aux Hesfois & autres peuples d'Allemagne vendus pat  (55 léuss' princes a 1'Angleterre. II parut a Amflerjdam lorsque Ie prince de Heffe amena fes fujets dans les vaiffe-aux anglois. On Ta traduit en cinq langhes; mais iln'eftpointconnuenFrance. Au dix-feptieme, facétie fur le même fujet^ diflxibuée dans le même tems. Le dernier chapitre efl: une notice des maltres des requêtes & intendans, affez vraie en généstl, oü ces Meflieurs font apréciés a leur valeur, trèspetite communément, & par un confrère con> noiffeur. Le ftile de ce pamphlet efl négligé, vicieux; raais cependant on y trouve quelquefois une tournure originale & piquante, fentant 1'homme de bonne compagnie & leperiifleur de cour. UEspkn dévalifé dont on prétend qu'il y a eu «pielques exemplaires achetés un prix fol, commence a fe répandre beaucoup, & beaucoup plus que ne le defireroit le gouvernement; mais le moyen de mettre un frein a la cupidité des colporteurs ! i Janvier 1783. On compte aujourd'hu't jusqu'a foixante cinq ex-jefuites compris dans la banqueroute du Prince de Guemenée. U vient d'enmourirtrois: on ignore s'ils en groffiffoient k lifle. Le premier efl le pere Berthier. En 1762 lors de 1'expulfion des jéfuit«s, il avoit été nommé garde de la bibliotheque royale & adjoint a 1'éducation de S. M. & de Monfieur, frere du jpi. La vie de la cour ne lui convenant point, A 3  co Sc incapabïc de renier une fociété dont Ö dtoTt toujours membre danslecoeur, pour fe fouitraire aux perfécutions en 1764, il s'étoit retiré aBourges, oïi il a expirc le quinze décembrc dans fa foixante - dix - neuvieme année. Occupé d'abord a F Hijhit e de VEgüfe GalHcane, oü il a éclairci en même tems par des recherches favantes plufiGiirs points de notre hiftoire politiquc, il pafTa cnfuite au Journal de Trevoux qu'il dirigea'pendant dix-fept ans, avec un ton de critique toujours fage, impartiale & ferme. C'étoitunhomme limple & de mceurs fórt douces. Le chapitre de lamétropolea renduun hommage public afesvertus & a fes talens en lui donnant une fépulture diftinguée dans fon églife. La derniere afTem-. blée du clergé venoit de le gratifier a fon inscu d'une pmfiori. Le fecond efl le pere Corfet, connu par fon talent rare pour la chaire, ainfi que par fes travaux apoftoliques. II étëït mort avant le pere Berthier. le dix - fept oétobre a la maifon royale de 1'Enfarit-JefiiSjj dans la quatre-vïngt-unieme année de fon age. II avoit été défigné pour remplacer au college de Louis-le-grand, le célébre pere Porée; mais il préféra de fa voucr aux miflions de la BaOe-Bretagne, & fes talens lui ont mérité depuis les chaires les plus diftingiiées du royaume. Enfin, le troifieme eft le pere Geoffroy, profeflëuï de réthorique au college de Louis - le - grand lors de la dhTolutiondc 1'ordrej c'étoit un hom-  me de beaucoup d'esprit,mais qui en ufoittrop, ou plutót en abufoit quelquefois, & fouvent, ainfi qu'il eft aifé d'en juger par fes ouvrages imprimés. r< Janvier 1783. Mr. le nonce ayant recu de Rome les langes bénits que le ibuveraiu pontife' eft-dans 1'ufage d'envoyer au roi, ala naisfance d'un dauphin, doit en faire la préfentation mardi prochain a .Verfaillcs. La cérémonie fe remplira in fiocchi. Le prélat a préparé a eet effet une livrée très-brillante, & 1'on affure que lc baudrier feul de fon fuiflecoüte 3000.liv.de broderie. Quoiqueles entrées d'ambaffadeurs foient -fupprimées, il y en aura une pour cette occafion .extraordinaire, & les badauds auront de quoi fe repaitre les yeux d'un fpeétacle qu'ils n'avoient •pas vu depuis longtems. II paroit aflez bizarre que ces langes arrivent Iorsque le prince, prêt k fortir des mains de la nourrice, femble n'en avoirpIusdebefoin;mais tout cela eft étiquette pure. Du refte, M. le nonce montre aux curieux cette parure de la plus grande magnificeitce. 1. Janvier 1783. Extrait d'une lettre de Be- zancon dii27décembre 1782 Notrepremier préfident, après avoir pafl"é quelques jours ici a tater le terrein, a chercher k intimider ou féduirc les membres que redoute la cour, eft parti fans avoir réuffi: comme on n'apas voulu communiquer avec lui hors du palais, il n'a pu ■ intriguer beaucoup. A 4  ( f7 La cour a pris ênfin le partr de manfler Më députation qui doit être compofée de deux préfidens, non compris k premier , dequatre confeillers des plus anciens de la grand' chambre, & de deux de chacvme des autres chambres, du greffier en chef, chargé d'apporter les regiftres contenant tout ee qui s'eft pafte" depuis le mois de feptembre, & des geris du roi. II s'agrt fans doute d'y annuller nos arrêtés. Maïs qu'y gagnera-t-on ? Nous avons établi nos principes, qui font tous ceux de la faine magistrature & dont nous ne pouvons nous départir. Ce qui a furtout irrité la cour, c'eft de voir que nous avons les premiers déclaré que les pariemens ne reconnohToient pas eet édit de 1774, dont on voudroit ériger en loi pour nous' les dispofitions tyraniques & fubverfives de la Uberté des fufrages; paixe qu'elle craint queléfc autres ne profitent de la circonftance pour éle•ver aufii leur voix & faire rentrer dans le néant 'te monument de leur honte. hé garde des fceaux & le miniftre des fina»« ces s'étoient flattés que la défunion pourroit fe mettre parmi nous: en eifet, il y avoit encoredans notre fein des Micholijles & des Chiflifies, e'eft a dire des membres de la faclion du Préfident Michokt en 1759 ? & de celle de M. Chtflet, Je premier préfident du tribunal irrégulier de 1771 mais le péril imminent de la compagnie» réiuu"  . O) réuni tout le monde, & nous espérons que ceia durera. C'eft le huit janvier prochain que la députation doit être rendue a Verfailles fans s'arrêtera Paris, ou même fans y paffer. 3. Janvier 1783. On annonce avec beaucoup d'affeciation une leute 'a M. Pabbé Raynalfur fon Hiftoire de la rèvolution de l''Amérique ,oü 1'on en releve les erreurs les plus importantes. Ou prétend que cette brochure trés - curieufe fur 1'état aftnel des chofes a fait la plus grande fenfation a. Londres & meme fur le cabinct britannique. On dit qu'elle fort originairement de la plume de M. Paine, lecélebre mtsurdufens commun, qui occupe aftucllement un desprincipaux emplois dans l'adminiftration des EtatsXlnis. 3. Janvier 1783. On apprend que las états d'Utrecht, fiege du délit, dociles a la réquifition duRoidePruffe, ont promis, par un placard en date du vingt-trois décembre, une récompenfe de quatorze eens florins a quiconque dénoncera 1'auteur, imprimeur, diftributeur du libelle intitulé Lettre trouvèe &c. dont onaparié précédemment. 4 Janvier 1783. Le-Sieur de la Fariniereeft un artificier célebre: on fe rappelle les Bouquets d/Appollon, le Temple de Mars, le Fort, h Tempte mouvant, le Palais de Diane & autres feux qu'il a tirés tant k Saint-Clou, qu'au Colifée ï«ö il n'a Pas méme produit i eifet foible qu'on en attendoit, & en général a manqué abfolumenf. La ville, courroucée & s'en prenant aux mau- ÏTc ncfé'T^10"8 °U mx6mti™ nKd-adroite du fSLt i f Farmere> »e a Pas même voulu donne Ie prix convenu. De la un procés qui, ***** W P »a4PDs de forme, par la Pré~  (II) tention inouïe du bureau, d'étre juge&partie dans fapropre caufe,dure encore & eft au parlement. II circule un mêmoire h confulter fuivi d'une confuhation de M. Prévót de Saint -Lücien, avocatjen date dn 5 décembre dernier, qui jette un grand jour fur 1'atTairc, & paroit mettrela ville abfoluinent dans fon tort, non-feulcment pour la mesquinerie qu'elle a apportée a la fête, mais pour le défaut de fecours promis a 1'artificier, & pour 1'infuflifance de ceux qui lui.ont été accordés. Dans ce mémoire inftrudliffurl'art pyrrhique, le défenfeur du Sieur de la Variniere s'eft exalté 1'irriagination. On y trouve des digreffions brillantes, trés - analoguès au genre de la caufe, qui s'en reffëntent peut - être un peu trop, mais qui annoncent du moins beaucoup d'ésprit dans 1'orateur. 4 Janvier 1783. On avoit pré vu avec raifon que M. d'Epremesnilnnmcttantm caufelemarquis de Montmoremi & le chevalier.de Crillon fe préparoit de nouveaux adverfaires acombattre. Une lettre de cci/ai-ci au comtc de Tollendal, rapportée ch entier, prouve qu'il eft totalehiertt dans les intéréts du dernier. C'eft ce dont il s'eft prévalu dans des Obfervations fur la- correfpondence de M. d'Epremesnil avec le chevafier de Crillon. De la fupplèmetti aü troifietne mêmoire de M. d'Epremesnil a Dijon'; car it n'eft jamais en fefte. L'écrit eft tout frais, ïfltant impriiné qu'au mois de décembre 1782. A5  C iO A travers ce fatras de dits, de contredlts, de répliques, tout ce qu'on déinêïe, c'efl que M. de Tolendal reproche a M. d'Epremesnil, fi chaud a défendre fon onde, d'avoir été fi froid, fi taciturne, fi impaffible fur les irrfultes fai'tes a fon pere dans les mémoires de la Bourdonnais, & de n'avoir cherché en rien a le vanger.. De la une réponfe, une grande digreffion fttr ce pere qu'il nous aprend avoir été auteur, avofc compofé un ouvrage fur la mythologie des gentils, & leurs cérémonies religieufes: de la un détail des alliances contraétees entre fa familie. & celle de la Bourdonnais, qui ont dü éteindre toute haine & toute réclamation. Le refte du faclum eft un long commentaire d'une lettre du cbevalier ds Crillon au comte de Tojendal. Tout eela eft affez ennuyeux & peu intéreffant pour le leéteur. Le feul endroit qui puifie fe lire avec plaifir & o4 1'on retrouve. 1'éloquence de 1'orateur, c'efl Ia péroraifon oü, partant d'une affertion de fon rival qui fe glorifie d'avoir des appuis aupieddu trom; fup le tróne métne , il s'éleve avec beaucoup de nableffe, il invoque, il apoflrophe le roi, & récapitule la longue énumération des crimes du comte de Lally, & fait voir que c'efl blasphémer la majeflé que d'ofer FafTocier a. la défenfe d'une. pareille caufe. 5 Janvier 1783. Extrait d'une lettre. deRenjies du 31 décembre 1782.... Bïen Ioiu que Ia «srife des états, coEtyne ou vous le djt i paris.  fait paffée ou s'adoucifTe, elle devient plus gift» ve que jamais. Vous favez que le concours des trois ordres eft néceflaire pour 1'accord des impofitions; & la réfiltance de la nobleffe en conféquence arrêtoit tout* M. d'AubeteiTe avoit pris le parti de donner aux états un ordre de délibérer dans quarante-huit heur.es fur les vingtiemes, ce qui étoit inouï. Au lieu de s'occuper des vingtiemes, 1'alTemble'e délibéra fur le fecours extraordinaire, & Ia noblelfe s'excufa de confentir eet impót, jusqu'a ce qu'il eüt plu a S. M. de rétablir les états dans Ieurs droits, franchifes & libertés &c. Quatre jours après1'ordre de délibérer dans quarante - hint heures v autre ordre du commandant au nom du roi, qui défend de s'occuper des demandes de S. M. Les états ont d'abord demandé Ie retrait de tous ces ordres contradicloires, & ont pafl'é £ d'autres affaires. Le mardi 24 décembre a dix heures du matin, M. d'Aubeierre re.^ixtnn courier extraordinaire: il manda les deux procureurs fyndics des états & leur dit d'annoncer a 1'affemblée qu'il alloit s'y rendre pour lui faire part des ordres du roi: il s'y rendit a midi & fit lire & enregiftrer en fa. préfence 1'ordre qui fint. DE PAR LE ROI Trés chers&bien- amés, convoqués pour délibérer fur les fecours que nos fujets de notre province de Bretagne doivent a 1'état, ainfi que nos autres fujets, vousp'auiiez pas da perdre de vue que c'étoit pouj> M  vous un devoir, dont rien ne póuvöït vous dis* penfer: cependant, bien loin de remplir cette obligation effentielle, non-feulement vous vous êtes refufés de confentir a la demande de la capitation, mais vous vous êtes permis de ne pas délibérer fur celle des vingtiemes, malgré ladéclaration de nos commilfaires : vous ne vous etcs enfuiteOccupés du fecours extraordinaire, que pour vous excufer pareillement d'y confentir. Des délibérations "aiüTi contrairesa nosvolóntés & a vos obligations, nous auroient déterminés dès aujourd'hui a fuspendre 1'exercice des privileges & franchifes dont vous jouiffcz fous notre proteétion , fi notre bonté ii'avoit arrêté Teffet de notre juftc méconteutement; mais notre afFeélion pour notre province deBretagne nous ayant engagés a vous donner' un demier délai, nous vous ordonnons très-expresfémcnt & vous enjoignons de délibérer de nouveau & définitivement fur les demandes de la capitation, des vingtiemes, du fecours extraordinaire , & toutes 'autres, fans exception, qui vous ont été faites de notre partlei6 du mois de novembre dernier, & fur chacune d'icelles fuccelhvement, le tout avantle douze janvier prochain. Donné a Verfailles le vingt-deux décembre 1782. Signé Louis & plus bas Amelot. Après cette leclure & la transcription, M. d'Aubeterre, au nom du roi, ordonnaauxtrois.  C 15) Tpréfidens des ordres de figner le regiftre, ce qd'ils firent. L'afiemblec ne fe fépara qu'st quatre heures du foir, & la féancc fut rcnvoyée, malgré la folemnité de la fête de noël, a ce jour vingtcinq a fix heures du foir. II a été depuis écrit une lettre au 'roi, trèsvigoureufe & bien propte a frapper S. M., fi elle la lit, fur les furprifes faites a fa religron. EUe n'eft malheureufement fouscrite que de la nóbleffe. Voila M. d'Aubeterre dans un crael einbarras; on voit qu'il n'a plus de tête; il efl; fachcux pour lui que M. Melon, fon Confeil & fon bras droit, ne fe foit pas trouvé au commencement des féances & ne foit arrivé que lorsque ce commandant a eu mal enfourné. 5 Janvier 1783. Malgré fon évafion, on continue a s'intérefler ici a M. Linguet & a s'en occuper. On a apris de nouvelles particularités a fon fujet. Avant de fe fép arer de Mad. la comtefle de Béthune qui étoit avec lui a fa terre prés de Rhétel, elle lm demanda de s'expliquer fans détour fur une penfion de deux mille livres de rente via^ere qu'elle lui faifoit, & lui en propofa Ie rembourfement, s'ille fouhaittoit. II lui répondit avec la franchife qu'elle defiroit, qu'il préféroit en effet d'avoir le capital. Sur quoi elle lui. compta 20,000 liv. II fe rendit enfnite a Bruxelles pour y tcrminer fes ajfaiires: on fit l'impofllble pour 1'y retenir; il rjé-  poncïk qu'il ne feroit tranquile qu'après nyoiè mis la mer entre la France & lui. Enfin, il eft allé en Angleterre, comme on a feu. On'alTure qu'avec ce qu'il a raffemblé a Bmxellcs, il a environ 80,000. liv. d'argent comptanr. On prétend qu'il s'eft rendu aux defirs de M. Radix de Sainte - Foix, & qu'il eftoccupé a compofer un mêmoire pour ce décrété. Son frere, interrogé ici fur fon compte , ne disconvient pas de ces différents faits. II déclare que les huit premiers jours après fa fortie^de Ia Baftille, M. Linguet étoit comme abafourdi du coup; mais qu'enfuite "il a repris tout fon caraöere de fougue &d'audace, toutefois mêlé de crainte que fes ennemis ne luijouaflentdenouveau quelque mauvais tour. Au furplus il n'a pas voulu fuivre les confeils de ce frere & par fon évafion il s'eft mis dans le cas du refus du gouvernement qui ne veut pas confentir al'introdu&ion de fes feuilles en France; ce qiti 1'empêchera de s'acquitter envers fes fouscripfeurs. M. Linguet écrit d'Angleterre qu'on a voik luy faire une fouscription en fa faveur, a Iaquelk il s'eft refufé, n'en ayant pas befoin. 5 Janvier 1783. On rapporte une lettre de Mad. la vicomteffe de Laval au mai-quis de Segur, k caufe d'un régiment refufé par ce mi- • niftré de la guerre dans Ie , mouvement qui vient de fe faire en cette partie: elle étoit cwicueainfi.  07) Si vous avezlu 1'hiftoire, Monfieurle maè„ quis, vous avez dü voir qu'il étoit plus aifé „ autrefois aux Montmorenci d'obtenirlachar„ ge de connétable, qu'aujourd'hui un chétif „ régiment." On cite aufti la réponfe du marquis de Ségur, non moins fiere & d'une méchanceté plus fins dans fon laconisme. „ T'ai lu 1'hiftoire, Madame Ia vicomteffe, & j'ai vu que les Montmorenci ont autre„ fois comme aujourd'hui été mis a leur place. 6 Janvier 1783. Extrait d'une lettre d'ArraS du 8 Janvier 1783. ... Les états d'Artois, qui fe font tenus dans cette ville au mois de novembre dernier, très-fatisfaïts du favoir& de la diction de YHipire de itor^««x par Dom de Vienne, be'nédiclin célebre dans ce genre d'ouvra,ge, 1'ont invité par une délibération fpéciale,a s'occuper de 1'hiftoire de notre province. II % accepté, & en conféquence s'eft établi a Aire , oü il recueille toutes les pieces & mémoires relatifs a fon entreprife. 6 Janvier Ï783. Les comédiens italiens ne tardent pas a ouvrir 1'année par quelque nouveauté*. Ils annoncent pour jeudi neuf la pre*miere repréfentation cTIfabelle & Fermrnd, ou rAlcade de Zalamet, comédie en trois a&ess mêlée d'arietes, imitée de 1'espagnol. 6 Janvier 1783. Extrait d'une lettre deTroyes du 31 décembre 1783 On a mis a Sèe>  Ci8> IS ^ ChaiWe oü Mentent voltaire, 1 épitaphe latine fuivante: Terra temt cmcres: mens altas peryolat auras i, Voltaiïus yivet, firiptaque vivificant. Le terme fivificdnt, fi profaïquë, fi peu harmomeux donne a cette inscription funéraireufi air de reffemblance avec celles du douzieme ou treizieme fiecle, qu'on lit dans les églifes e» caraöeres gothiques. Un voyageur, iridigné d une tellc platitude, & fiutoutqu'on eüt célébré dans une langue morte un des plus grands poetes de la nation, a gravé fur fa tombe en francois le diftique fuivant, auffi fimple, mais moins barbare'que 1'autre, dont il eft en que-lque forte la tradudïion. Son corps ti'eft plus [que cendre, & fon esprit aftii: Sans fea écrits divins rien a'eêt refté de lui. 6 Janvier 1783. Extrait d'une lettre d'OrKans du 1 janvier.... Nous afons perdu ici le 21 décembre dernier M. 1'abbé de Reyrac, homme de lettres, connn furtout par un hymne au Joletl, poeme charmant, écrit en profe poëti■ que, avec une harmonie & uneélégance quiapprochent de celles de Fénélon. 7. Janvier 1783. M. le baron de Marivetz eft un homme de beaucoup d'esprit & de mérite, qui joint k toute 1'érudition d'un favant 1'aménité d'un courtifan aimable& d'un littér-ateurpoli. Conjointement avec M. Goufter, ilacom-  C 19 ) lïïcncé un grand ouvrage dédié au Roi, ayanf pour titre Phyfique du monde, dont il parolt déja trois volumes. Son objet eft d'expofer le &lan de la nature, de dtvelopper la chaine étefnelle & indéfeStible qui renferme tous les ejfets; de détruire Ie.newtonianisme élevé furies débris du cartefianisme, & de rétablir celui-ci avec des modifïcations propres & leurs auteurs. \ Ces Meffieurs ont encore pour but de maf* cher fur les traces de Fontenelle, de mettre la phyfique générale a la portée des lecleurs les moins inftruits, de la préfenter d'une maniere trés-élémentaire, en embraffant fon univerfalité, de la dépouiller de 1'obscurité, de la fécherefle, de 1'aridité même qu'elle tient encore des tems de barbarie & d'ignorance; enfin d'y répandre ces fleurs & cette gracê qlfy: répahdoïf le philofophe dont ils fuivent les bannieres, & qu'y apportent aujourd'hui les Buffion & les Bailly. Le projet de ces Meffieurs fembloit devoir alarmer presque toutes les compagnies favantes de France, aujourd'hui newtoniennes; cependant, comme par un concours général, aucune neleur a répottdu, M. le baron de Marivetz n'avoit pu s'empêcher de fe plaindre d'uu femblable dédain ; c'cft ce qu'on voit dans fes obfervations fur fon ouvrage, inférées au journal de Paris N. 153. Enfin, il a découvert la fource d'un filencc auffi injurieux. M. Carat auteur d'un traité de la même na.  C 20 ) &re, & ayant a peu prés les mémes principes^ pasfant par Dijon, a appris que M. de la Lande qu'il nenonune pas;mais qu'il défigneasfezfous la forme A&petit fingejatyre, avoit écrit a I'acadéfiue de cette ville, lors del'apparition de 1'ouvrage üeM.deMarivftz, de n'ayoir aucün égard auxopinions du dernier par la raifon que Meffieurs de celle de Paris les regardoient comme contraires au fystême qu'ils avoient adopté depuis longtems, &furlequelilsnevarieroientjamais:iIprétendque eet envieux en avoit fait favoir autant aux prineipales fociétés favantes du royaume: & voili comme fe conduifent les fciences aujourd'hui, pat mmgues & par menées. 8 Janvier 1783. Des Iettres-patentes ob« -tenues du roi au mois de mai 1783, registrées au parlement, malgré les oppofitions fubfiftantes des confrères Pelerins, & fans qu'ils aient été •appelés pour en déduire la caufe, ont uni & incorporé a 1'hópital des enfans-trouvés, les biens & droitsutiles de 1'hópital Saint-Jacques de Paris, &ordonné que les revenus êchus en vertil du fequestre prononcé par les lettres patentes du cinq avril 1734, feroient remis aux administrateurs. Cette furprife faite a la religion du roi a produit dans le temsdelapart des pelerins un mêmoire a confulter & confultation en date du vingt-cinq février 1782, qui fitpeu d'effet. II eft que'stion aujourd'hui de remuer cette affaire , & d'en répandre un autre plus interesfant&plus actn, * ■  C « J §. Janvier 1783. Extrait d'une lettre de Rennefe du 5 janvier .... A la lettre très-ïongue de la noblesfe ayant huit colonnes de minute, il a été fait la réponfe fuivante, mais par le ministre feulejnent & au commandant. Lettre de M. Amelot a M. Ie marquh d'Aubeterre. Verfailles le deux janvier i782.J'ai mis, Monfieur, fous les yeux du roi la lettre que les états ont adresfée a S. M. le cinq du mois demier; & je lui ai aufïï mis en même tems fous les yeux celle qui lui a été adresfée par Ia noblesfe le^ao. S. M. aété très-mécontente des principes que 1'on s'eft permis d'avancer dans ces.deux lettres, & des expreflions dans lesquelles ellesfont concues. Elle n'a pas été moinsmécontente de ce que la chambre de la noblesfe a pris fur elle de lui écrire aunomdes états,fans 1'aveu des autres ordres..i Elle a trouvé que cette conduite inconfidérée annoncoit atfez que ceux qui compofent en ce moment la chambre de la noblesfe oublioient les. véritables intéréts de la province. . Elle espcre qu'ils feront de fages réflexionsfur les fuites que. pouiToit avoir leur réfiftance, & qu'ils ne s'ocuperont plus qu'a faire publier 1'irrégularité de leur conduite, en fuivantl'exempledes deux autres ordres,& en feconformantavecrespeel:, & fans plus de délai, a fon ordre du vingtdeux décembre, qui leur a été notifié par fes jpommisfaires. Cette lettre, a été portée le quatre de ce  moïspar M. d'Aubeterre a I'asfemblée des états* oü il Fa fait lire, & enregistrer. On attend a favoir Ie parti quaprendront les états fur cette lettre» qui , n'étant adresfée qu'au commandant, & fouscrite feulement du ministro, femblenepas devoirêtreinfcrite comme faifant loi ou reglement. Une chofe finguliere qu'on remarque encore dans cette lettre, q'efi que cclle des états du cinq décembre, que les ministres 'avoieut regardée comme ne pouvant être préfentée au roi, en a pouitant été lue par leur entremife. 8 Janvier 1783. Les créanciers du prince de Guemenée éprouvent déja les effets de la bonne volonté & des facrifices de Mad. la comtesfe dc Marjan. Me. Marqantin , notaire, a recu des fonds, mais aplicables d'abord aux gens de la maifon de Rohan, qui fe trouvent avoir confié leurpécuIeaubanqueroutier,ou avoirleurs gages ©n arricre. 8 Janvier 1783. Extrait d'une lettre de Lille du 5 Janvier.... Les états de Fiandres wallonne, asfemblés fur Ia recommandation du prince de Soubife, gouveneur, & de M. de Calonne iotendant de la province, ontvoté unanimement une pcnfion pour M. Feittry, homme de lettres de cette ville, inventeur de plufieurs machines, auteur de différens projets utiles ,&poëte d'uneima. gination vive, ardcnte &noire. C'cft la première Ibis que les etats accordent une pareille diftincUon: aufli les épitres en vers & en profeontété prodiguees de toutes parts aM. Fewtry'y même  C*3) »arfes confrères, qui, cepcndant, en lui accof» dant du talent, ne le trouventpas asfez éminent pour lui mériter une faveur auffi caractérifée. q Janvier 1783. Ces joursderniers M. Ie comte •d' Artois, après avoir joué a la paume chez le fleur Charüer , attaché aux plaifirs de fon altesferoyale en cette partie, fe fit fervir a diner avec les eourtifans qui avoient eu 1'homeur de faire fa partie. Sur la fin du repas, il propofe de boire a lafanté des Anglois ... Chacun fe regarde, on eft étonné de 1'apostrophe; quoi, Monfeigneur, lui dit-on, eft-ce que nous ne fommes plus eu guerre avec eux? Je n'en puis dire davantage; mais nous en verrons bientöt beaucoup ici. Ce propos, répandu dès le foir dans Paris, n'a pas inanqué deréjouirle public, & on le regarde comme confirmatif dn traité de paix prochaine dont les plus incrédules commencenta ne'plus douter. 9 Janvier 1783. Quoique le régime del'opöïa, confié a fes membres mêmes, ait déja rcmpli 1'objet le plus difficile, le plus defiré & vaijiement tenté jusqu'a préfcnt, celui de 1'écono3nie,non-feulementpar la fuppreffion d'une place efleutiellement a charge, mais encore par des letranchemens & mcillcurs marchés dans difféj'cntes parties; quoiqu'on ait lieu d'espérer que cette amélioration de la cailfe ne pourroit quefe confolider & s'acroïtre, il. eft bien a craindre que 1'adminiflration ne change encore a paques & qu'on ne rètablifle un directeur étranger. Du sioins, quatre concurrens fout déja fur les rangs  C*4) M. de Fismes, naguere éprouvé darts cette pis* ce , & le plus capable de la remplir, en luiótant le maniment & la dispofrt'ion des fonds. M. Mezel, I'ami, le confident de M. de la Fertéy & fe prétendant foit initié dans les matieres lyriques, paree qu'il a refait quelque chofe' aa Poëme de Thcfèe de Quinault; M. &W,déja créé cenfeur des poëmes, quoique n'ayant jamais travaillé dans ce genre, mais fort fouple, fort intrigant, & ayant capté 1'oreilleci la bienveillance du miniftre; enfin M. de Leutre, ora# teur d'une loge des francs-macons, oü il y a beaucoup de feigneurs & de grandes dames, s'étant fait un parti parmi eux, & a force de vanter 1'on jnérite, le leur ayant perfuadé. On ne fauroit rendre toutes les menées de ces différentes cabales. Le comité attuel del'opéra, hors d'état de contrebalancer par lui-même les efforts de ces hommes cupides, aftifs, préfentant avec art les défauts du régime ariftocratique & les avantages du gouvernement d'un feul, n'a d'espoir que dans M. Hochon de Ckabannes, qui, parunjque amour du bien de la chofe, a envoyé fur cettte matiere a M. de la Fertè un mêmoire très-lumineux, très-propre a faire revenir M. Amelot des impreifions facheufes qu'on lui a données contre le comité, s'il lit ce manuscrit, ou s'en fait rendre un compte fidele. ïo Janvier 1783. On a parlé d'un paquetde la grandeur d'un mince in-80>,couvert en papiel  C*5) pier & cacheté, que RouiTeau avoit confié a 1'abbé de Condülac, fon ancien éleve & fon ami de tous les tems, en le priant de rcfpe<5ter ce depót & de ne I'oüvrir qu'en 1800. Celui-ci, avant de mourïr, 1'avoit remis a 1'abbé de Reyrac qui ne 1'avoit accepté qu'en tremblant & ftiï 1'affurance du malade qu'il ne contenoit rieh de contraire a 1'état, aux moeure, ni a la religkm; que Jean Jacques lui en avoit lu plulicurs pages prifes au hazard,- que ce n'étoient qae des peintures de fes malheurs; qu'il étoit a gcnoux devant lui & pleuroit a chaudes lar-» mes en lui livrant eet écrit. M. 1'abbé de Reyrac a rendu ce manuscrit a la familie de 1'abbé de Condillac, & 1'on ne dit pas entre les mains de qui il eft: refté. 10 Janvier 1783. Extrait d'une lettre de Ren- nes du 8 Janvier Lelundifix on a entendu aux états le rapport de la commilfion des impofitions fur la lettre de M.Amelot, enregiftrée le famedi précédent, dont le réfultat étoit de faire des repréfentations. L'ordre de la nobieffe a propofé une députation vers Meffieurs les commiflaires du roi, pour fólliciter le retrait de cette lettre. Les deux ordres ont longtems voulu les chathbres pour délibérer fur les demandes du roi, oc au flirpiu'9 charger Meffieurs les préfidens des ordres de dein ander a M. le Marquis d'Aubiterre le retrair. de cette lettre. 11 a été fait différentes obfervations fur Ia fituaTome XXII. B  Cafi") tiou de d'après les inftances de la no¬ blesfe , les deux autres ordres ont confenti a la dépütation propofée pour le retrait de la lettre, en perfstant dans leur avis de délibérer fur les demandes du roi. La commisfion des knpofitions de retour arapporté que M. le marquis iïAubetcrre avoit répondü que cette lettre avoit été enregiftrée par ordre du roi,& qu'il ne pouvoit la retirer. L'ordre du tiers ayant demandé les chambres pour délibérer fur les demandes du roi, unmembre de la noblesfe a dit qu'il étoit néceffaire de prendre un avis fur le rapport de M. le marquis iïAubeterre. A 1'inftant ila été repréfenté qu'uh. détachemént de troupes étoit arrivé eu cette ville qu'en conféquence on ne pouvoit délibérer: 1'asfemblée s'eft ausfitót féparée environ vers trois heures. II faut favoir, pourl'intelligence de ceci, qu'un des privileges des états eft que, pour confereer la ïiberté des fufrages, pendant leur tenue, il ne dok y avoir aucufle troupe, a moins de dix lieucs-a la ronde. Le mardi fept janvier , a fouverture de la "féance, il a été convenu de charger lacommisGfia des impofitious de rédiger une proteftatioucor.tre 1'enregiftreöenï fait par autorité de la lett:-' de'M. Amdoi. L'ordre du tiers a enfuite demandé avec in£an58 les chatubm pour délibérer fur les demandes du  C 27) du roi: les ordres de 1'églife & du tïers s'y font retirés en conféquence a eet effet. L'ordre de la noblefle a nommé fix commiflaires de fon ordre pour drelfer un mêmoire iufiificatif de fa conduite, depuis le connnencenjent de Ia tenue. L'ordre du tiers a cnvoyé fon avis a deux heures fur la capitatian qu'il a confentie, avec des réctamations fur le choix libre des députés en cour & des inftances a. faire pour le retrait des ordres & lettres enregiftrés ct'autorité. A 1'égard des trois vingtiemes & le fecours extraordinaire, il les a également confentis conformément a la demande de S. M. dans la perfuafion cependant que le troifieme vingtieme cefferoit a la paix. Les ordres fe font retirés par conventiött, environ fur les trois heures, chambres tenantes, & fe font raflemblés a fix. L'ordre de la noblefle étant occupé des moyens de prendre un avis, le tiers en a envoyé un par lequel il confent les milices de terre, les milices garde - cótes , Sftéa dépenfes du cafernement confbrinément aux demkndes de S. M. L'ordre de la noblefle i pris un avis par lequel il a arrêté n'être plus dans 1'état de liberté établie par la commiffion géjaéraje, depuis Ia kuu >'•:. "■:>■ du vlu^'i - deux décembre. ConJldénittt avec couleur les entraves mifes a fa liberté & •'. Ion ik-le, maigré les repréfenta.  Ordres le cinq décembre, & en particulier par 1'ordre de la noblefle. Est unanimement d'avis qu'il fe trouve dans rimpoflibilité de délibérer fur aucune demande de S. M., perfiftant en conféquence dans les repréfentations, qu'il a adrefl'ées au Roi dans k lettre du vingt-huit décembre & le fuppliantde rendre a fon zele toute l'aclivité qui naït de k libertc que reglent les loix & la conftitution nationale , en rëintégrant les états dans le plein exercice de ïeurs droits & de leur liberté. t. Cet avis ayant été envoyé aux deux autres ordres, ils fe font raflembléSj par convention, chambres tenantes. ïi. Janvier 1783. II a couru depuis quelque tems le vaudeville fuivant, intitulé les Jeunesgens du Jiecle. Air, avec les jeux dans le vil-lage. Beautés qui fuyez la licence, Evitez tous nos jeunes gens: L'amou: a déferté la France ■ , A 1'afpeft de ces grands enfans. ÏIs ont par leur ton, leur langage, Èffarouché la volupté, Et gardé pour tout appanage L'ignorauce & la nullité. Malgré leur tournure fragile, A courir ils paffent leur tems ; 1 II lont importuns ï la ville, A la cour ils font importans.  ( 29 ) Chaoot d'eux fans appel déciile; Au ipe&acle ils ont 1'air mécbant. Partouf la fottife les guide, Pariout le mépris les attend. Pour eux, les foms font des vetilfeS Et 1'esprit n'eft qu'un lourd bon fens lis font gauches auprès des filles, Auprès des femmes, indécen». Leur jargon ne pouvant s'entendre, Si leur jeuncife peut temer, Ceux que le befoiu a fait prendre, L'cnnui bientöt les fait quitter. S'ir leurs airs & fiir leur figure, Presquè tous fondent leur espoir; Ils font entrer dans leur parure Tout le goüt qu'ils peni'ent avoir. Dans le cercle de quelques belles Ils vont s'établir en vainqueurs, Mais i!s ont toujours auprès d'clles, Plus d'aifance que de faveurs. De toutes leurs bonnes fortunes Ils ne fe prévalent jamais; Leurs maitreflès font fi communes Que ia bonte les rend discrets. Ils préferent, dans leur ivrefle, La sfébauclie aux plus doux platte; Ils goütcut fans délicatere Bes jouilfances fans defirs. PuifTent la volupté, les graces, Les expulfer loin de leur cour, B 3  ( 3<3 ) Et favorilM ên leurs plans, En gatts!, 1'espïit & Pamouri Les déi'ertcurs de la tendreffe Poivent-il goüter ces douceurs? Quand ils ddgradent la jeunefle, En ëoivent-ils cueillir les fieurs? Cette chanfon, mcilleure que celles que fait gtdinairement M. de Champcsnets; mais cependant dignc de lui par les incorrections, les platitudes & les défauts de bon fens qu'on y troüve en plufieurs endroits, par les expreffions impropres &c. après avoir été atribuée a Mesfieursde Bouflers & Champfort, lui refte décidémeut,&on ne peut la lui contefteraujourd'hui. M. Le ChevaJier de Roncherolhs fe reconnoiflant a coup- fur dans ee portraitdes jeunesgens du jour, dit en préfence de plufieurs officiers aux gardes que 1'autcur du vaudeville en queftion mérkoit des coups de baton. Les camaradesde M. èe-'Chxmpcenets, n'ignorantpas qu'il paffoit pour 1'ètre & ne s'en défendok pas, crurent devoir 1'avertii; du propos. M. de Champceneis en conféqucncc efi; allé trouver M. de Roncherolhs & lui en a demandé raifön; ils fe font ba'ctus & ont été bleifés tous deux avant-hier, mais légeremeiït. M. de Chnmpcenets tout glorieux, n'a pas manqué de fe montrer aujourd'hui a 1'opéra. ii Janvier 1783. La piece nouvelle Alfabelle Fernan d ,}oi\éc avant-hier aux Italiens,.  ( 3i ) eft imitée d'une de Calderone, & traduite dans ■le théatre efpagnol de M. Linguet. C'eft un fujet très-intéreffant, mais trifte, noir & fait pour être mis en drame & non en opéra comtque. Auffi a-t-il eu peu de fuccès. L'auteur des paroles a été obligé de le gaterpour 1'apropricr a fon genre, & lui a óté tout fon caracteré. C'eft M. Fm, fecrétaire de M. le duc de Frofifac: quant a la mufique, elle eft de M. Chatüpein, foible & n'éntrant nullcment dans les motifs du poëte. 11 Janvier 1783. Un M. Chalet de Jetphart, avocat, a entrepris un almanac fous le titre a''Et reunes Lyrjgues., anacriantiques. II a ajouté a ce titre: préfentées a Madame ,fa>ür du Roi, pour la troifieme foisle vingt-cinq décembre 1782, On ne peut aflez s'étonner de cette audace indécente en voyant a la tête du recueil une eftampe des pluslicancieufes, & dansierccue.il, des cbanfons du même genre, entre autres celIe de M. Colli: Varrangement au moralcomme au phyfique. 12 Janvier 1783. Le mêmoire entrepris par M. Röchoa, a pour objet dc répondre a une lettre mrinifterielle adreffée au comité, ou 1'on lui enjoint de n'avoir aucun égard a l'ordre de réception des ouvrages, mais de faire pafier les premiers, ceux dont il y aura lieud'espérerune meilleure recette. 11 fait voir quece feroit vio- B 4  Ier fouvent grattutjemcat un principe de juftke & facrifier Fayenir au préfcnt. M. Rcchon attaque enfuite la maniere de fornier Ia dédfion dont il s'agit & qu'on voudroit rapporter k un feul homme; il müite en faveur du comité & prétend qu'il efl: Ie feul en état de prononcer mieux que qui que ce foit & fur Ia mufique & fur les poëmes (les auteurs dramatiques exceptcs a 1'égard de ces derniers). Si cependant le miniflre veut innover en ce genre, il trouve qu'un confeil compofé de queïques gens de lettres & muficiens choifis, qui asfifleroient aux demieres répêtkions d'un opera pret k fe jouer , pourroit étre d'un grand fécours aux auteurs: non, afin de les corriger, mais de kur faire des objections^dont ils profiteroient, s'ife vouloient, & qu'ils feroient tokjours makfes d'adopter ou de rejeter. Ceux qui ont lu ce mêmoire, le trouventpkiu d'honnütcté, de logique & de vues faincs : maïs comme il eft principalement dirigé contre M. Suard, contre eet eunuque au milieu du ferraks qui n'y fait rien & nuit a qui veut faire", celuici efl: furieus & manoeuvre fourdemeut pour rendre M. .Rochort dcsagrëable au miniilre:& empêcber que la vérité ne lui parvieune. 12 Janvier 1783. Le pctït chatelct, espcee de fortereffe antique, compofée d'une lourde maffe de batkneus, fituée a l'extrémké du petit pont, étoit autrefois la porte de Paris de cc cóté-la, comme le grand chatelet en étoit une au-  C33) tartte du cóté oppofé dans les tems ou cette capitale n'avöit d'autre étendue que 1'ifle du palais. 11 s'cn trouvoit aujourd'hui au ccntre, qu'il gatoit & gênoit beaucoup. Comme il fervoit de prifon, il falloit avant de fupprimer eet édifice, en avoir une autre. Depuis 1'inflitütion de 1'hótel de la Force, il n'y a plus eu d'inconvénicnt; & par la vigïlance & 1'aelivité qu'y a fait apporter M. le lieutenant général de police, ce travail s'eft effectué fans accident' & auffi vïte qu'il a été poffible, c'eft-a-dire en quatre mois environ. Le déblayement eft achévé entierement, la place nette, & 1'ceil perce a travers a perte de vue. Mais on fe flattoit qu'on profiteroif de la circonftance pour embellir & rendre plus aiféé la, circulation de ce quartier très-étranglé, quoique- très-paflager. Point du tout,. on en refle la, & fans doute la ville manque de fonds pour effeftuer les beaux plans projetés a eet égard. 13 Janvier 1783. Ce qu'on avoit prévu efï anivé 1 la Reine a- voulu entendre M» Garat. Hier un caroffe a fix chevaux efl venu le prendre chez lui, d'après l'invitation qu'il enavóitrecue; & après s'être relayé aSeves, il eft arrivé a Yerfailks & efl descendu chez. Madame la DuehefTe de Polignae. H a trouvé dans 1'antichambre toute la.mufique prête a recevoir les ordres de S. M. M. Garat au contraire a été introduit fur le champ. La Reine étoit déja arrivée & i'attendoit avec le Comte d'Artoh, &unefoule B5  (34) de feigneurs & dames. II ne prévoyoit pas ce fpeclacle, & la pompe de la majefté Ta frappé au point de 1'interdire & de fuspendre fes facultés. La reine & M. le comte d'Artois, qui fe font appercus de fon embarras, Font rafftii«é\ par un accueil rempli de bonté. Ils Font encöüragé: il s'eft remis; il a en 1'honneur d'accompagner la reine & fon augufte frere; il a chanté feul; il a contrefait les différentes voix de Fopera, furtout de Legros, & il aeu lebonheur de plaire & de ne pokit tromper la haute idéé qu'on avoit donnée a S. M. de fon talent naturel. Durant la féance, M. Garat, onenthoufiasmé ou tremblant du róle qu'il jouoit, & furtout de la bouffonnerie a laquelle il venoit de fe liTrer,s'eft écrié comme involontairement.^/y? mon pere me voyoit ici, qu'eft-ce qiiil diroh? Le maréchal de Duras lui a répondu: Monfteur, on fera en forte qu'il nyaura pas lieu de s'en repenlir. Du refte M. de Vaudreuil avoit apporté toutes fortesde délicatefle dans fon invitation, jusqu'a lui écrire que la reine Fautorifoit a choifir le jour & I'heure qui lui convenoient. 13 Janvier 1783. Depuis quelque tems, les négociations pour la paix, qu'on croyoi t, il y a fix femaines, fur le point de fe terminer, fans en ïechercher les raifons politiques, femblent darts une forte de ftagnation. Un jjoëte envifageant  C~35) ces Ientenrs {bus le point de vue peut-être Ie plus vrai, a luit les vers fuivans. - VERS Sur le dernier armement des Anglois qui ne peuvent plus continuer la guerre & qui rougisfent de faire la paix. Du.poids de cent vahTeaux Ia Tanige accablée, Raflure faibleraent 1'Angleterre ébranldc, Son peuple altier redoute & la guerre & la paix,' Nos glaives font tirés, nos impromptus font faits;' Le Francois fut toujours combattre, vaincre & rire Son courage eft terrible, & vive eft 'a fatyie; Sauvé de 1'un, a 1'autre on craint de s'expofcr: Frémis, fiere Albion, tous deux vont t'écrafer. On attribue cette boutade h un homme de Iet>- » tres, qui donnoit les plus grandes espérances; mais retiré depuis longtems du commerce des mufes & dont Ie patriotisme feul a ranimé laverve en ce moment. On dit qu'un peu d'humeur auffi contre les Anglois qui lui ont pris beaucoup de denrées venant d'Amérique ou il a de riches habitatïons, n'a pas peu contribué a 1'infpirer. Cc transfuge du Paraaf] e eft M. de Port eia nee. 14 Janvier 1783. Les lettres viennent de faire une perte en Mad.E/ie de Beaumont, femme de 1'avocat de ce nom. Elle étoit principalement connue par le roman en lettres du marquis de -Roze/ie , ouvrage très-agréabie; mais oü 1'on B 6  R'Oïtvoff qufeïïe: étoit trop entrée dans Fe détail1 des intrigues & du manege des coiutifannes,. chofes dont une honnête femme ne fembleroit pas devoir être fi bien inftruite. Mad. Elle de Beaumont tenoit une forte de bureau de bel esprit cbaque foir, fuivi cPun fort bon fouper, ce qui attiroit beaucoup de monde. M. & Mad. de la Harpe y préfidoient furtout. fl y avoit une liaifon très-intime entre cetteviituofè & Tavöcat Target , qui' faifoft ménageavec le mari&.la.femme ,,& animoit auffi cette fociété- 14 Janvier 1783. Extrait d'une lettre de- Bezancon du 8 Janvier Le parlement, avant que fes dêputés partent, a fait un bourfe eommnne, & chacuny amis vingt louis. II en a réfulté une maffe de 30,000 liv. fur Iaquelleferont pris les frais de la députation, ainfi' queceux des exilés, s'il y en avoit; &, quand ces fonds feront épuifés-, on recommencera., Tout cela n'eft pas de bon augure pourla cour: Comme dans les précédentes cataftrophes la fortune. de plufieurs de meffieurs s'en eft reffentie, ils ont pris cette fage précautiom qui óte aux.pufdianimes le prétexte du befoin.. Du refte, Meffieurs , avant-de partir, ont auffi fait dreffer des procés verbaux en regie de Fétat de défreffe oïtfe trouve la~-province,dont les payfans: en beaucoup d'endroits font obligés de fenourrir de paind'avoine a cinq fous la livre. Touscesproces verbaux taiKfurla nature du pain.  C 37). que fur les prix font tres en regie & fignés des oflicicrs.de la juflice & des carés des lieux, en contradiétion de ceuxde 1'intendant, extorqués de fes fubdélégués. Les députés ont du. porter auflï avec eux des échantülons de ce pain.... 15 Janvier 1783. Le clergé fent plus que ja- mais la néceflité de venir au fecours de la foi ébrahiée dans ce fiecle, ofi non-feulement on en attaque les dogmes, mais oii 1'on a formd une ligue fi réelle & fi formidable pour anéantir 1'eflenee même de la religion. C'efl ce qui a dcterminé la derniere alfemblée, qui vient de fe tenir a Paris, de donnerdes penfionsa quelques - uns- des auteurs qui fe font diftingués dans la lice chrétienne. En outre, elle a deftiné 30,000 liv. pour être diflribuées en penfions a ceux qui, par des produétions vraiment utiles, fe rendront dignes de ces bienfaits. On a déja parlé du pere Berthier, inscrit fur la lifte de ceux qui ont eu part aux faveurs du clergé; en voici d'autres. Le pere Houbigant, prêtre de 1'oratoire; 1'abbé Pey, chanoine de Saint - Louis du Louvre, auteur des Mémeires du Comte de Valmont j 1'abbé Clemence , chanoine de Rouen, auteur ie la Rtfaatio-i de la Bible enfin expliquée de Fbltaire; M. Soret, avocat en parlement, qui autrefoisatravaillé en fociété avec le pere Hsyer, recollet, a un ouvrage pé-, riodique, intitulé la Heligion vengée, & M. 1'abbé Auger, membre del'académie des belleslettres. Quoique celui-ci ne fe foit fait connoiB7  C 33 ) -tre jusqu'n. préfèrrt que par des traductlons d'auteurs grecs, il a été diftïngué par 1'aiTembIée a titre de favant propre a foutenir & rappeler le bon goüt de la littérature. D'ailleurs, M. Auger fe propofe de publier incefiamment la traduétion des plus beaux morceaux de Saint-Chrifofttme, & des autres peres grecs. 16 Janvier 1783. Les députés du parlement de Bezancon font arrivés a Verfailles les fix , fept & huit. On prétend que 1'on avoit eu foin d'y tenir des auberges prêtes pour les recevoir, & qu'il y avoit eu ordre aux aubergiftes de ne point admettre chez eux d'autres étrangers durantleur féjour,afind'éviter toute communication avec des membres ou des émïflaires du parlement de Paris ou d'ailleurs, qui Voudroient s'établir la. Quoi qu'il en foit, le neuf ces députés ont été introduits a 1'audience du Roi qui a duré fept quarts d'heure. S. M. s'étant fait repréfenter Ie regiflre qu'on nppelle a Bezancon le regiflre des acJes imporjarts, a remarqué qu'il n'étoit pas figné de Meffieurs. Elle a-demandé pourquoi? On lui a répondu que c'étoit 1'ufage. Elle a dit qvfe c'étoit un mauvais ufage, &les a fait fignertous 1'un après 1'antre. Enfuite S. M. a fait bift'er les arrêtée & arrêts qui lui ont déplu depuis les féances du comte de Faux & a fait transcrireen marge un arrêt du confeil qui les cafle; mais dans eet acte d'autorité on a rendu hommage auxforBies en lerevêtant de lettres patentes : on a,d'aïl-  C 39 ) ïeurs, adouci Ie préambule, motivé principalement fur ce que le parlement s'eft conduit par des principes contraire» a 1'ordonnance du mois de mars 1775, qui le rétablit, par cette phrafe oü 1'on fait dire au Roi: „ Perfuadé de la pu„ reté de votre zele, il eft de notre devoird'en „ régler les effets par notre fageffe & de vous „ ramener aux véritables principes , desquels „ nous ne préfumerons jamais que vous puiffiez „ avoir intention de vous écarter." Elle leur a ordonné de retourner a Bezancon fans pafTer par Paris, pour y recevoïr fes ordres Ie 21 de ce mois. Meffieurs les députés ne font pas extrêmement mécontens de leur réception. Le roi y a mis , même de la bonté. Le greffiereft agé, & comme pour écrire il étoit obligé de fe baiffer & de fatiguer beaucoup, S. M. a ordonné qu'on lui apport&t un pliant. Un de Meffieurs fe trouvantmaldelalongueur de la féance oü ils font reftés debout, leroig'en eft apercu & lui a fait figne qu'il pouvoit fortir. 16 Janvier1783. On arepréfenté aujourd'hui a Veri'ailles le Roi Lear, nouvelle tragédie de M. Ducis, imitée de 1'anglois, qu'il doit faire jouer inceffamment ici. On veut qu'elle ait eu beaucoup $ » fuccès malgré la bizarrerie du fujet qui eft un prince fol,ayant deux filles, 1'unebonne, 1'autre méchante, & fetrompant continuellement, les eonfondant d'une maniere dont réfultent des effets très-pathétiques. On vqut  C40 ) qu'il y ait un art infini dans la ™„! v , F-inciralpcrronnageS qu7«|! ?„°°*'B.* " On lal. qu'il fautWuefup ff^fr SjS* Jc vous ai mandés, afin que vous n'afleclier plus -d'ignorer que tout ce mü r» r , neCtIez nom, fe fait-par mes ora!res ' m°n an{metce^Ve°sS £E> ^ fion dont vous SeZ lrXmyTmiSfujcts de votre reflbrt. Pk * mes J'écouterai toufours cp ™ Ses arrêts & fes arrêtés-nc doivent amaisluf faire des titrespour déféndre ce que fa o don ^^^^^^ fc^iÈÏÏ 7 fari!'u"^^oi, fesdi-oits « les intéiets font les miens; c'eft dins ™ Si cette maxime, quidoit éfre gravée dans Ie eoeur de tout fujet fidele, venoit t sS er e compte que les officiers de fflön parléïS^ pelleroaent a mes peuplcs. ' '  C 41 > Retournez k vos fonctions, rendez bonflejoftice ei mes fujets; c'eft „ un droit précieux qu« „ je vous ai confié, & dont vous ne faüriez „ vous acquittcr avec trop d'attention & de „ zele." Le roi a ordonni que ce qu'il venoit de dire feroit écrit fur les regiftres & Ia aux chambres aflerhbleés. 17 Janvier 1783. 1'académie francoïfe dans fon affemblée d'hter feize, a adjugé aux Converfatiens d'Èmil'te, ouvrage de Mad. cFEpinay, le prix annuel fondé par un citoyen anonyme, en faveur de 1'ouvrage le plus utile a la fociété. Ce Prik eft une médaille d'or de la valeur de 1200 liv. 17 Janvier 1783. Extrait d'une lettre deLie- ge du 25 décembre 178a M. Gretry, pour fe confoler un peu de 1'écbec qu'a recu a Paris fon nouvel opéra de TEmbarras des Richejfes, eft venu dans fa patrie recevoir des diftinclions flatteufes & dont il n'y a point d'exemple encore a 1'égard d'artiftes de fon genre. Le 21 décembre au foir M. Gretry fe rendit k Ia falie des fpecïlcles & fut couduit a fa loge magiftrale , * oü Meffieurs nos Bourguemeftrcs régens le placerent au milieu d'eux. Les comédiens donnoient fon charmant opéra de ramant jaloux, précédé d'un divertiffement analogïie a la préfence de 1'auteur & compofé en parrie de celui qui avoit été repréfenté il y adeuxans, a l'maugiiratiön de fon bufte dansl'avant-fcene  C 4* ) «Iti théAtre. A la fin de cette piece, un trans-parent ou. étoit .écrit: Vive Gretry, traverfa le liaut du théatre, s'arrêta au deflus de la loge .magiftrale, & en s'entrouvant, remit a Me&fieurs les Bourguemeftres régens un bouquet, ,qui fut préfenté par eux, au nom de la patrie, & 1'illuftre artifle: cérémonie qui ent lieu aux acclamations de i'affemblée, la plus nombreufe qu'on eiit encore vuc a notre fpectacle. Le -29, la fociété d'émulation. tint une féance jxublique extraordinaire a fon occafion; elle le fit complimenter par fon fecrétaire perpétuel5 & elle remit a M. Louis, l'architeéte du roi de Pologne, directeur général des batimens de M. le duc de Chartres, qui avoit fait le voyage de Liege .avec M. Gretry, une patente d'afibelé honoraire. 18 Janvier 1.783. Les comédicns italicns, auffi .aótifs -cette année que les précédentes, k montrer leur zele pour travailler aux plaifirs da public, q,uoi qu'ils aient déja trois nouveautés dont le cours n'eft pas fini, en ont joué bier ■une quatrieme. Elle a pour titre Le Bon MJnage, comédie en un aéte & en profe. Cette bagatelle n'eft que la fuite des drnx Bil/ets du même auteur, M. de Florian. Il.yamoins de piquant que dans Ja première, mams d'intrigue, mais beaucoup de fenfibilité auffi & plus d'esprit, de gaité, de naïveté. Car c'eft le mélange dc toutes ces qualités qui en fait le mérite . Le poëte a e-u l'heureufe liardiefié d'ymct-  (43) tre en fcene deux enfans qui y reviennent a .plufieurs reprifes &, quoiqu'épifodiques, ne killen; pns que d'intér&fferpardestableauxwais&d'iffl naturel exquis. Le Sieur Carlin brille principaieraent dans cette piece & y joue avec tant d'cmction le róle du mari, qu'on perd fon masqué de vue & qu'il fait répandre des krmes. 18 Janvier 1783. Extrait d'une lettre de Lil- le dit 10 janvier On ne vous a point exagé- ré les honneurs rendus ici a M. Gretry. II revenoit de Liege avec M. Louis. -II a pafle par cette ville & s'y eft arrêté pour entendrc le con•cert^u'on y a nouvellement inftitué, ou plutót rétabli. On en donna un extraordinaire en fon honneur; oü 1'on n'exécuta que les morccaux les ■plus intérelfans de Cephale & Procris, d'sln■dromaque, & du Seigneur Bienfaifant. Quant a ce dernier, il s'en fè-roitbien paffe; onremar•quaroême que eet amftc,très-jaloux de fon naturel & furtout d'un mérite naiflant comme ceilui de M. Floquet, fit k grimace en entendant -ces morcenux auxq-ucls ilne s'attendoit-pas. Qnoi qu'il en foit, on lui rendit enfuite tant d'honfieürs qu'il. en fut comblé. On avoit mis une couronnc fur laftatued'Apollon qui eft au fond de la falie, & 1'on avoit or•né de guirlandes fa lyrc, oü 1'on lifoit le nom du célébre compofiteur. Des qu'il parut dans Ia falie garnie d'un mon-de immenfe, accompagné de deux commifiairesau milieu desquels U étoit placé, kjoiepubli-  (44) • que éclata par des battemens de mam longs & mulopliés qui ne furent interrompus que par une fanfare, qui produifit le plus grand effet.' M. Feutry, poëte que cette ville fe gloriüe d avoir vu naïtre, excellent pour les impromptu*, crayonna fur le champ Ie quatrainfuivant. Gretry parolt, la gloire 1'erivirónrie; Elle applaudit a fes divins accens: L'orcheftre brille, il enchante, il &onne; L'oeil du génie enflamrae les talens. 19 Janvier 1783. M. Linguet, n'a pas man* qué, aprds etre forti de prifon, de parcourirki loule de feuilles périodiques étrangeres qu'on M aPans,pour voir cominentelles avoient ga*, lé de eet événement. II atrouvé qu'ellesl'avoient lait en général très-fuccinctemcnt & avec peu dmtérêt; que presque toutes même, foit dans la cramte d'être fupprimées, foit dans leur joie "-">lc ue s ejever lur les débris de fes annalen avoient gardé a fon égard un profond & lacbe iilenccj que le feul Courier du Bas-Rhin contcnoit beaucoup de détails k fon fujet; quepe^flant plufieurs mois il étoit revenu fur lui, & avoit plaidé fa caufe avec une chaleur, une énergie, une éloquence vraiment touchante. Pénétré de reconnaiflance, il a voulu voir le rédacteur de cette feuille,dans fatoumde; après fon dvafion de France, il efl: allé a Cleves oü ent ie console; il y a adnuré un écriyain pïfi.  (45 ) lofophe, impartial, courageux, bien-au deflus de fon emploi, fachant féconder les matieresles plus arides, & donner d'avance a une gazette feche & infipide tous les caracteres, tout 1'intéröt de l'hifioire. II s'eft fla'tté d'avoir rencontré 1'homme qu'il lui falloit; il Pa choiiï pour ion confitlent; il a verfé dans fon fein les cliagrins dont il étoit oppreffé, & n'ayant püobtenir encore la liberté de faire palier direct-ement en France la fuite de fes annales qu'il fe propofe de reprendre, il s'eft fervi de fon canal pour en indiquer au public la continuation. II a adreffé tFAngleterre a ce rédacteur une lettre oü il annonce fon projet. II doit commencer par une' Relafion de fa dèiention a la Baftllle depuis le 27 feptembre 1780, jusgu'au 19 mai 178a. Pour esquifte il en donne le commencement.'. Le rédacteur y a joint des fragmens de la lettre qui accompagnoit ce morceau & les a commen-1 tés de quelques réflexions. Ce paragraphe eftfi intéreffant que le numero du mercredi premier' Janvier 1783 de cette gazette eft devenu extrêmement rare, & tellement mutilé dans les lieux publics oü 1'on le lit & le demande encore aujourd'hui qu'il a fallu le copier & qu'on ne Fa flus que manufcrit. 19 Janvier 1783. On nefiniroit point de rapporter tous les calambours qui continuent a pleuvoir fur M. Ie "Duc de Chartres & fes Mtimens: voici pour juger des autres nouveaux ïe moms mauvais: a 1'occafion de la portion de  C 46) batimens du cöté de la rue des Bo»s-Enfansqu'on vient de couvrir, d'un énorme & ridicule comble, en terme d'architeclure, on dit que ce prince a mis enfin le comble a fes fottiks. i'our compcnter 1'ettet de tant de quolibets pitoyables qui ne laiffent pas que de fe répéter & d'entretenir la fermentation & la mauvaifc humeur des mécontens contre ce prince, on publie un nouveau projet qui n'annonce que de la bienfaifance de fa part, &ne peutêtre que ires-agreaDie au puunc. On a commencé a faire les fouilies pour élever la portion d'édificc qui doit fermer le palais neuf. On a déja dit qu'il y auroit au rez de chamlée un pnncipal promenoir enrichi de fix rangs de colonnes doriques, qui doit communiquer par la fuite \ d'autres promenoirs pratiqués dans les parties confervées de l'aneien palais, dont 011 détruira pour eet effet les logemens du rez de chaulfée & de 1'ciitrefol. Tout cela fera trés-commode & trés-beau; mais ce qui fera plus magnifique, plus agréable &pkis utüe encore, ce fera 1111 museum auquel efl deffinéeunc partie du premier étage fïH 'e prdin, oü toutes les belles prodUctiorf. ck.s arts, anjourd'hui éprrfes dans les ar-nanei-jens du Palais-Royal, feront, ainfi que ceiks qu'onpomra atquérir encore, uécmks & dkpofée* le plus avantngeufement pofkbk poiurrihUnje» tion des artiftes & des amateurs'. 19 Janvier 17S3. Extrait d'une lettre de  (47) Vienne du 2 Janvier Un jeune poëte allémand , d'un talent diftingué, a fait imprimer un poëme contre le clergé & le pape, fans en avoir obtenu la permiflion, & a eu la hardielfe de le dédier a 1'empereur. S. M. impériale, dédaignant les louangesi la faveur desquelles ^auteur espérait faire paifer fa fatyre, a écrit la lettre fuivante au chef de la police. „ Vous lignifierez a un particulier nommé „ Wa$chke, auteur d'un poëme indecent, la „ jufte indignation que m'a caufé la témérité „ qu'il a cue de me 1'envoyer & de me le dédier. je lui défends de faire publier al'ave„ nir fes écrits, & je veux que le librairc qui „.lui a prêté fon miniftere, foit puni fuivant „ la févérité de la loi." zo Janvier 1783. Le Roi Lear eft une tragédie deShakefpear, que lesAnglois eftimcnt corïme une de fes meillcures Le fameux Garrick Fahnoit furtout, paree qu'il trouvok de quoi y déployer toute la fupériorké de fon talent. Cependant aux yeux du bon fens, e'eil k comble de 1'extravagance, & ü i'aut être bien hard-ipour avoir ofé transporter ce 'ujet fur notre fcene. A en ju „er par cc qui s'eft paifé aujourd'hui, M. Dacis n'apas lieu de s'eu repentir. Quoique les acres aient pain exceikvement longs, l'-intrigue pénible, comp:iquéc, abfurde; les détails fouvent puérües & ridicules; vcrikkarion tantót bourfouflé-etasitót piste; qW beaucoup de fecnes aient été recucstrés-froidementj  C48) que plufieurs coups de théatre aient abfolument manqué leur effet; quelques morceaux & quelques fcenes, furtout une du quatrieme act e ont été trouvés d'un naturel fi fublime qu'ils ont produit une vive explofion, force bravo, bravijjimo, & qu'ils ont valu a 1'auteur un triomphe fi non complet, au moins très-brillant en certaines paities. Comme la piece en général a été mal jouée & mal entendue de la plupart des fpeclateurs qui avouent n'en avoir pas compris Ia marcbe & 1'ordonnance, il faut attendrc encore quelques repréfentations avant de prononceren dernier reflbrt fur eet ouvrage dont le fuccès malgré les brouhaha a paru fi équivoque a 1'auteur même, qu'après s'être lailfé trainer fur le théatre aux acclamations d'une populace bruyante, il a demandé fi c'étoit bien férieux, fi ces applaudifiemens-étoient bien finceres, en un mot fi tout cela n'étoit pas une dérifion. M. Ducis s'éft d'autant plutót repenti de fa complaifance, qu'il craint les reproches de fes confrères de Pacadémie, trouvant mauvais qu'un de leurs membres fe foit ainfi proftitué aux regards du public. En elfet, il eft le premier de ce corps qui fe foit rendu a de telles inftances & ait paru fur la fcene. Le Sieur Brizard joue fupérieurement Ie róle du Roi Lear; il y eft fuperbe & n'a pas peu contribué au fuccès. II eft même le feul qui ibit dans 1'esprit de fon róle, on dit quil doit quit-  C 49 J quittera paque, & ilfera bien, s'il veut fe faire Tegrctter , car il comraence a perdre la mêmoire. Après Ia tragédie & tout le fracas qui s'en efl: fuivi, on a laiffé tomber la toïle qui s'eft relevée presque auffitót. Comme les Comédiens ont ju gé a propos, depuis qu'ils font a ce théfttre de ne plus annoncer, on a cberché la raifon de 1'appurltion du Sieur Molé <\\\\ s'eft avancé &: ii bientót fait connoitre le fujet de fon mesfage; il a dit: „ Meffieurs, nousauronsl'hon,, neur de vous donner mercredi la feconde re'„ préfenta ion du Roi Lear, fuivie de la re,, prife de 1'Anglois a Bordeaux, a roccajion ,, de la Paix. , Dans le Tuteiir, petite piece qu'on a jouée enfuite, le Sieur Dugazon a chanté un couplet in-promptu de M. Imbert a M. Moïé fur fon annonce, non moins miférable: ainfi voila déja deux méchantes pieces de vers k compte de beaucoup d'autres fur ce grand événement. 20 Janvier 1783. MIle. .Qiiinault cadette, d'un nom fameux «Sc ancien a Ia comédie Fraricoife, retirée elle-même depuis 1742 de cette fcene , oü elle jouoit fupérieurement les róles de foubrette, vient de mourir agée de quatre- vingt trois ans. Elle voyoit très-borme compagnie^ furtout en hommes. M. d'Alembert, depuis la mort de M'Le. / Epinajfe & de Mad. Geoffrin , alloit habituellement ciiez elle; il avoit fa con- Tome XXII C  fiance, & dans fon teftament elle lui laifie uiï diamant. M^. Quinauk écrivoit beaucoup, onnefait fur qu'elle matiere; mais elle confultoit fouvent M, D'alembert, & il y a apparence qu'il eft le dépofitaire de fes manuscrits. Elle eft morte avecfapréfenced'esprit, fans s'en douter, étant encore occupée.a fe parer. M. le Curé de Saint Germainl'Auxerois avoit renté de ramener cette cuaille, dont le philofophe fon ami a fi bien loutenu la fermeté qu'elle ne s'eft démentie en xien dans ce dernier inftant, & qu'elle fera inserite au rang des héroïnes du parti. 20 Janvier 1783* M. de Kerguelin, dont on ne parloit plus depuis longtems, & qui, rayé des liftes de la marine avant ia guerre, s'étoit malheureufement mis dans Ie cas denepouvoirplus fervir, reoommenee a faire parler de lui aujourd'hui par une Relation de fes deux voyages dans les mers auftrales, oü il a commandé les bitimens du roi leBerryer, la Fortune, leGros' JFentre, le Rolland, fOifeau, & la Dauphine^ ,avec des lettres ou mémoires fur Ia marine & un état de fes fervices. ai Janvier 1783. M. Ie curé de Saint Sulpice, perfiftant a rendre fa bafilique une des plus belles de cette eapitale, vient de faire baptifer des cloches énormes qui ont été mifes Cu branie depuis peu & ont caufé une explofion fi violente daus le quartier, que les acïeurs de la comédic fraii9oife étant en fcene, ont été obligés de  f eiter court & de s'arrêter tant qne la fonnerie a duré: eet inconvéniênt pouvant fe répéter tous les jours, ils ont préfenté requête au confeil pour qu'il fut défendu aux marguilliers & fabrique de cette paroifle de faire fonner' les groffes cloches durant 1'heure du fpeólacle. Les .directeurs des Variétés amufantes, qui ■jouent aujourd'hui a la foire & n'avoient ofé «enter une pareille demande,ontprofité del'ouverture& fe font réunis auxcomédiensfrancois. On attend incelfamment une décifion a eet égard. 11 Janvier 1783. Madame la marquife de Cabris revient fur les rangs. On diftribue en 'profufiön, on cnvoie même aux portes Mèmoire aconfulter & confultation pour Ja marquife de Cabris, appelante d'une fentence qui la déclare non recevable dans fa demande pour faire tonJlater Vétat d'abandon de Jon mari, & lui faire Mdminifirer les remedes nécejfafres d fa mafadie. ' La confultation eft du vingt décembre 1782, & fignée Charpentier de Seaumont & la Croix. 22 Janvier 1783. On attend avec impatiehce des nouvelles de ce qui fe férapaiTé a Bezancon 3e 21, jour auquel les chambres devoient fe rasiembler pour entendre le rapport de leurs députés. M. Robert, jeune confeiller au parlement de Paris, fils du farneux Robert 'de Saint Vincent, H deaiandé la relaiion de cttte féance pour reC a  ( s» ) nouveter a la troilieme chambre des enquêtes dont il -eft membre, la dénonciation qu'il y avoit commencée des arrets iraprimés de cette cour & dc leur contenu. II étoit queffion d'engager la chambre adem ander 1'aöemblée des autrespour traiter la matiere dans toute fon étendue & dans -la forme convenable ,• mais les pufillanimes écarterent fa dénonciation fous prétexte d'attendre le réfultat en queftion. 22 Janvier 1783. Le jour oü 1'on apprit Ia paiX,on dit que Paffaire des deux Bretagnes 'étoit arraugée, mais cclle de la petite encor© plus mal que celle de la grande. En elTet, il paroit que le cahne n'eft revenu dans Ia premiere que par une foumillion abfolument aveugle & pafiive aivx voloutés du Roi. 23 Janvier 1783. Le Chroniqueur désceuvri. Tel eft Ie titre du fecond tóme de 1'Espion des boulevards du tempte, qui paroit malgré tous les eflbrts des baladins pour s'y oppofer. Celurci contient les annales fcandaleufes & véridiqties des direcleurs, aéleiu-s & faltinbanqu'es dü boulevard avec un réfumé de leur vie &moeurs par ordre chronologiquc. Ce nouveau libelle doit les défoler plus que jamais. Les hiftrions n'ayant point réuffi auprès du magiftrat de la police, faute de pouvoir articuler 1'auteur, ou du moins donner des indices qu'on püt fuivre, avoient voulu mettre Paffaire èn juftice réglée. Ils avoient porté une plainte  ( 53 ) au ch&telet, cotté un procureur, nommé un avocat, & defiroient qu'au moins on févlt contre le livre paria lacéracion & la bruiure. Mais on leur a fait connoltre que ce pamphlet ne contenant rien de contraire ni a la religion, ni a 1'état, niaux mceurs, n'attaquant perfonne de la familie royale, ne portant que fur des perfonnages déja diffammés par les loix, n'étoit fusceptible d'aucune fiétridure juridique. 23 Janvier 1783. M. le duc de Fronsao a di une maladie très-grave, il n'y a pas longtems, dont il eftrétabli. II avoit pour Médeeins les docleurs Bouvart &Bartkes: cesMesfieurs, un jour que le malade étoit décidé hors d'affaire , fe complimentoient enrre eux du fuccès,, & s'en renvoyoient reciproque ment la gioire avec modeffie. Le malade, qui les entendon de fon lit, s'écrie: Afinus ajtnum- fricat. Les docteurs ihdigués tirent leur révérence & ne font pas revenus. Le dofteur le Pr eux vengeur-né de la faculté a compofé a cette occafion W Comte hijiorique en vers, intitulé Le Duc reconnoissant & les deux MéDECINS. Un petit duc, trés - chdtif avorton, BoulC d4orgueil & du plus mauvais ton, Fait au mépris ik fc riant du biAme , C 3  C54 y Se prépajoït non pas a rendre 1'ame, On ne rend pas ce qu'on n'a jamais eu; Sans plus de phrafe, il fe croyoit perdu.. Privé d'espoir, épuifé de débauche, Ce mannequin, cette fragile éb'auctie Alloit partir, bien coufu dans un fac (Ce mot eft mis pour rimer a Fronfac 0 Lors deux rivaux du grand dieu d'Epidaure Dont le talent mérite qu'on 1'honore, Vinrent foudain, quoiqu'appelés trop tards En le, fauvant, prouver Pabus de 1'art. Les deux amis,. jaloux de leur viéïoire ; Modeftement s'en renvoyoient la gloire. Dans ce moment, du fond de fes rideaux Le Duc, eacore étendu fur le dos, Glapit ces mots (injure fotte & vaine") M Bravo , dofteurs : voili de la Fontaine „ Les deux baudets, qui, fe faifant valouv „ Vont tour a tour ufer de 1'encenfoir.. Bien,-dit Bartliès, je goüte cette fable. Mais j'aime mieux 1'hiftoirc véritable De ce Dauphin qui voyant un vaiiTeau, Bien loin du port, disparoitre dans 1'eag Vint fur fon dos, a 1'inftant du naufrage. Sauver lui feul presque tout 1'équipage. „ A terre il porta ce qu'il put, „ Même un finge, en cette occurrciice, „ Profitant de fa rcOemblance, „ Lui penfa devoir fon falut. „ Mais le Dauphin tourna la téte, „ Et le magot confidéré; „ 11 s'apercoit qu'il n'a tiré „ Du fond des eaus, rien qu'ime béte-,'  C 55.) s5 3 le rsplonge, & va trouver 3, Quelqu'homme afin de le faüver. Ces deux do&èurs, après cette aventürè* JLivrent le duc aux foins de la nature, Qui le-fauva, par 1'unique raifon Qu'elle fait nattre en la même faifon Le noir Cyprès, la riante verdure; L'ai'gle & 1'aspic; les fleurs & lc poifou.. 23. Janvier, 1783. C'étoït hier Ie bruit'général al'opera que les comédiens francois avoient eugain de caufe, & qu'un arrêt du confeil défendoit aux marguilliers & Mafabrique de Saint' Sulpice de faire fonner les grosfes cloches duf'ant 1'heure du fpeélaclc, Le plus vraifemblable eft qu'il nV.uira pas eu de jugement; mais une infmuation verbale au euré de s'arranger de facon a ne pas troubler ee fpeétacle. Z« 24. Janvier, 1783'. Le fecond volume du Chroniqueur défozuvré eft encore inférieur a Pautre & ne paroit pas de la même main. Les perfonnagesn'en font pas aflezintéresfans pourmériter des détails, qui d'ailleurs fe refleniblerit tous. Le réfultat des> portraits & aventures de tant de héros forains & héroïnes fubalternes, eft que cc n'est qu'un alfemblage de la plus vile & la plus infame canaille de 1'un & Pautre fexe, cc que perfojme n'ignoroit. Durelte, pointd'anecdoC 4  (5 ment qu'il faudroit avant (ë pourvoir d'un e&a? men &rappovt favorables de 1'aca léraiedes feiences, qu'on feroit imprimer & qu'on répandroit préalablement. Cette confultation eft' appuyée d'une autrë de quatre jurisconfultes d'Arras en date du quinze.' feptembre 1782, qui font du rnëme avis & Mament fort les échevins de Saint-Omer d'un jugement qui tend ouvertement a maintcnir les préjugés & 1'ignorance contre le progrès desfciences & des arts. Le mêmoire, beaucoup trop long comme piece judiciaire, eft bien inftructif comme ouvrage de phyfique, &Ypeut palfer pourun traité trés-favant furie Condu&eur élefrrique, le garde-ton-nerre, le paratannerre, ou le parafoudre, qua*tre mots fynonimes , entte lesquels les favanS' font encore partagïs. 28' Janvier 1783. M. Pasquier , confeiJler de grand'chambre , & doyen du parlement de: Paris, eft mort le 14 dans faquatre-vingt-feptieme année. Ce magiftr.it d'un caraftere rigide & févere en général, & qü'il déploya furtout dans le procés du comte de L'ally, avoit feu cependatit fe plbyer a propos auxvolontés de la cour, eafbrte qu'il jouiflöit dc 36,000 liv. de rentes-  (64 ) desbienfaits du roi; iloccupoit fa charge" depuis k vingt mai i7l8, & il avoir encore tenu le zo laudience de k grand' chambre. C'dtoit un vrai Perrm-Dandin, qui avoit k furenr de juger & ne pouvoit vivre hors du palais. Sa mort va mettre plus a 1'aife M. de Tolkndal, quoiqu il n eut pas déja trop épargné dans fes mémoires ce magiltrat de fon vivant 28 Janvier 1783. M. d,Rockefort, fdvant 1 dage, a eté obligé de faire imprimer fa piece avant quelle füt joude a la cour, enforte que ceuxquinelontpasvu repréfenter, peuventau moins en juger dans la filence du cabinet Elle eftprécédée d'une longue préface, oü il mo* tive fon audace de remanier un fujet déja traité par plufieurs auteurs & furtout par Crehillon & Foltaire; il s'en défend furce nu'il a eu.pourprïncipal but de faire bien connoltre 1'Electre de Sophocle,défigurée par les autres; modele qu'il a fuiyi d'auffiprès qu'il lui aétdpoffible pour k marehe & la conduite de la piece , & même pour les discours; & lorsqu'ila été obligé del'abandonner, il a eu recours a Eschyle & Euripide. Enforte que c'efl: une piece grecque abfolument. II a cru qu'il ne feroit pas inutile aux jeunes gens de leur mettre fous les yeux dans toute k vérité ce chef-d'ceuvre de fentiment & de fimplicité. La préface entiere eft écrite avec beaucoup de goöt & de jugement. Quant a k piece, elle eft parfaitement bien filie, mais on n'y rencontre rien de neuf que k  C<*5) cfénouement plus adroït, en ce qu'Oresre ne poignarde point fa mere, que c'eft celle-ci qui,' dans fon défespoir, court au devant & fe précipite d'elle-même fur 1'infiïument funeste. La verfification eft aflez correcte, aflezfaine; mais il y manquc ce je ne fais quoi qui fair le charme du ftile & que n'a pas M. de Rocheforc. Ses chceurs, , de quelquesvers feulement, fonttrop courts pour fe lier parfaitement a 1'action , & produire 1'effeE qu'il en attend. Son ouvrage reftera donc comme -claffique, mais non comme théatral. II fera lu dans les colléges & vraifemblablement na fera jamais' joué fur notre fcene. 29 Janvier 1783. Le nouvel ouvrage deM.de Miraheau le fils contre les lettres de cachet & les détentions illégales^eft en deux volumes. Aunchapitre prés, oü il maltraité fort M. de Rougemont lieutenant de roi du chAteau de Vincennes, auquel il reproche fa parcimonie & fa durété envers les prifonniers, ceux qui Font lu affurent que 1'ouvrage n'eft que contentieux. L'auteur y agite foit au long la queftion de droit, fi un fouver'ain peut, par le feul effet de fa volonté, pri ver un fujet de la liberté, avant qu'il ait été reconnu juridiquement s'il mérite une punition; & 1'on fe doute fort qu'il la décide négativement contre le monarque; ce qui fembleroit ne pas exiger beaucoup de discuffion. Durefte, onditce livre parfaitement bien écrit. 30 Janvier 1783. Le quatorze de ce mois, an notaire , un commiflaire & autres gens de  juftice étant* efifrés pour exercer leur minifters dans une maifon de 1'aile du Pont-Marie fur la place aux veaux3dans un petit batimcnt en faillie furlariviere, il s'eft effondré; perfonne n'a pé^ ri, mais cinq font tombés a 1'eau & plufieurs ©nt été bleffés grievement. Ên conféquencc le zele du bureau des finances de la généralité de Paris aflemblé le dix-fept fuivant, aété excité, & il a ordonné qu'en exécution de 1'édit de décembre 1607,on nepourroit plus conftruire aueun petit batiment en faillie & portant a faux, de quelque espece qu'il foit, a peine de démolition& de 300liv. d'amende, & qu'a compter du jour de la préfente ordonnance',» toutes pareilles- iaillies ieroient démolies & fupprimées. 30 Janvier 1783. Les comédiens italiensont joué avant-hier Cépbife, comédie nouvelle en profe & en deux actes de M. Mar folter. II s'agit d'une femme qui donne dans le bel cfprit & conféquemment fe eouvre de ridicule. Ce' fujet, déja manié & remanié au théatre, avoit: ri a 1'auteur, qui avoit cru y voir un cóté neuftfon ouvrage exécuté dans la fociétéde M.Dau- coury rermier général, avoit été applaudi; mai'sil y a loin d'un fuccès particulier a un fuccès public Les vrais connoiffeurs,. a une fcene prés aflez piquante, avoient trouvé toutlerefte très-froid, trés - long & trés-ennuyeux. Ce-pendant i!s ne 1'auroient pas cru fusceptible derexceS'ilvc rigueur avec laquelle le parterre i'a traite' , au point qu'on n'en a pu rien eatendre.  (6>) C'efl: pour Ia feconde fois qu'on hnmille ainir 1'auteur, a qui fon Vaporeux devroit faire troit»; ver plus d'indulgence. M. Marfolier elf. un très-aimable homme de fociété; il a 30000 liv. de rentes & pourroit fe, paffer de s'expofer a de pareilles fcenes; mais il efl: entrainé par 1'ascendant de fon génie, & malgré fes diverfes chutes, on ne peut lui con* tefier du talent.- , . 30 Janvier 1783. Vaucanfon, par fon tefla-went a légué fon cabinet de méchaniques k la Reine. S. Mv, fur le compte qu'on lui en a rendu, a paru peu flattée du legs & dispofée k. le refufeiv Enconféquence, Meflieurs de 1'aca-démie des fciences font venus a la traverfe & ont fait infinuer a la reine qu'elle pourroit tout de fuite en faire prélënt a. cette compagnie,, ce qui laifleroit a S. M. la commodité d'en jouir quand elle voudroit, donneroit au public la même faculté , & conferveroit cette colledtion p'récieufe de machines qui pourroient fe disperfer & fe perdre fi elles tomboient en la poffeflion de quelques particuliers. Meflieurs les intendans du commerce, excités par les infpecleurs, & avertis des dispofi-tions de la reine, avant que facie fut confom-. mé,ont- eurecours au miniftre des finances pour faire diftraire au moins de la donation toutes les machines relaiives aux manufactures.- Mi: de Fleury s'eft remué k eet eifes ,.&.l'acadéttiie,, inflruite dc 1'oppofuion qu'elle. trouvoit de fa-  C <») Part, a nommé une députation vers lui pourïuï faire connoïtrc qu'elle avoit le même but,&dejMMt ieulement avoir en dépót ces machines qui Jeroient toujours a fa dispoli tion & a celle de tous ceux qui en auroient befoin. M. de la Lande étoit a la tête de la députation &portoit Ia parolc. Cet académicien dans fon discours voulantdiscuter la queftion de droit & préterp dre qu'il n'y avoit rien que-de Ié gal dans ce qu on propofoit a la reine; ce mot qtó fembloit lui reprocher unc injuftice, a choqué les oreilles de M. de Fleury qui a relevé brusquement Poratemy& luia dit que ce mot n'étoit pas dans fon diéhonnaire. M. de la Lande, étourdi de 1'incartade, eft refté court; zloxsltduzizla Rochefoucauh, Fun des députés, & que n'avoit point apercu le miniftre, s'eft préfenté, & a dit i M. de Fleury que fi ce mot légal n'etoit pas dans le dictionnaire du contróleur général, il étoit dans celui de 1'académie, & que s'il vouloit le confulter, il y en trouveroit la fens qu'il n entendoit pas. M. de Fleury s'eft confbndu en excufes vis-a-vis le duc & lui apromis de faire tout ce qui feroit agréable a la compagnie. . ^Janvier 1783. Extrait d'une lettre de Ca- dix du 14 janvier Le Fandango eft une danfe lascive que les Espagnols ont rapportée des Indes & qu'ils exécutent fréquemment fur leur théatre, comme autrefois on mettoit avos fpeftacles la Fricafée a toute fauce. Les offi-  C6>) «Iers francois qui n'entendent pas Ialangue, fe plaifent furtout k ce fandango & ne veulent que cela; car, malgré les horreurs de la guerre, on jie laifle pas que* de fe réjouir ici, & d'aller a la eomédie. M. Ie Comte d'Orellly, gouverneur de Cadix, qui n'aime point autant la danfe que nous, & dévót vraifcmblablement, a trouvé mauvais qu'on donnet fi fouvent ce fandango, &, par fes infinuations fans doute, les comédiens s'étant refufés de fe prêter aux defirs iu. public francois, tous les officiers étoient convenus de fe rendre a la eomédie un certain jour, & de faire tapage, fi les acteurs n'accédoient è. .leur demande; c'eft a peu prés comme fi k la eomédie italienne Arlequin refufoit de danfer le menuet quand le parterre 1'exige. M. Oreilly, inflrsit du complot, avoit pris le parti de faire défenfe k tous les officiers k terre d'aller a la eomédie au jour indiqué, & en même tems prévenu M. d'Eftaing pour 1'engager a fe comporter de même envers les officiers'de la marine. M. d'Eftaing a commencé par témoigner i M. Oreilly qu'il trouvoit trés -mauvais que, fans . fa participation, il eütintimé de pareilles défenfes a terre, puisqu'il ne devoit pas ignorer que . lui comte d'Efaing avoit les pouvoirs les plus amples, commandoit & la mer & la terre; il lui a ajouté que du rede il n'empêcheroit point les officiers d'aller a la eomédie & de demander le fandango. M. Oreilly, voyant que cette ten-  tative lui tourneroit mal, a prlsle parti de leve!' fes dérenfes, & de faire donner \t fandango deux fois au lieud'une; mais'Mad. Oreilly n'a point été au fpectacle ce jour-la, craignant d'être huée. Tout cela prouve en paffant que les Francois & les Espagnols ne font pas auffi bien enfcmble qu'on voudroit 1'infiriüer, & furtout qu'il y a une grande jaloufie entre les chefs. 31 Janvier 1783. On avoit craint qu'il ne s'élevat au parlement une dispute fur le décanat. On difoit que M. Angran, confeiller préiident par commiffion de la troilierne chambre des enquêtes, mais 1'ancien de réception de M. de CImvannes, voudroit fuccéder b. M. Pasqt/iér. M. de Chavannes répliquoit que M. 'Angran en acceptant la préfidence qui lui étoit confiée, étoit forti de rang. Cette dispute, dont il n'y avoit pas d'exemple, n'a été agitée que dans le public, & 1'on eft convenu dans la compagnie que pour que M. Angrand fütautorifé dans fon droit, il auroit dii annoncer fon deflein de le faire valoir, un an avant la mort d& M. Pas~ quier. 31 Janvier 1783. Le parterre de la eomédie italienne, fort mal compofé depuis longtems, donne de tems en tems des fcenes qui fontanecdote par leur indécence & leur déraifon: c'efl: amfi que tout récemment il a mortifié deux actrices eftimables & qui ne le mdritoient pas. Le famedi vingt-cinq oa jouoit a ce théatre  C7i) Solman fecond, daas lequel il y a un róle de fultanne, beauté vive &pétulante,qu'on avoit donné pour la première fois_ a Mlle. Pitrot, jeune actrice peu propre a ce róle par fa figure , par fon maintien & par fa tournure; mais furtout trop froide, trop timide, trop ingénue pour le bien rendre. Dès qu'on 1'a vu paroltre, il s'eft élevé un tumulte fi confidérable dans le parterre, qu'il a fallü baiifer la toile. Les comédiens out tenu confeil, & MIIe. Pitrot a été obligée de venir annoncer que Mad. Dugazon qui fait ordinaLremcnt ce róle, étoit ineommodée -& qu'on avoit exigé de fon zele qu'elle s'en ehargeat; que fi elle avoit le malheur de déplaire au public, ne pouvant être fuppléée en eet ïnftant, on j*oueroit une autre,piece. Les gens cenfés du parterre étouffererênt les murmures des mécontens qui ne s'en tinrertt pas la &trouMerent encore frdquemment le fpectacle. Le mardi vingt-huit, jour de Cèphife, Mad. de Verteuil étant en fcene avec. Mad. Dugazon, nouveau tapage non moins fcandaleux, au point qu'efies furent obllgées de s'arrêter, & que la première vint dire atrx mutins trèshumblement,: Meffieurs, ai -je le malheur de vous indispofer contre mol P faut - il que je me retire ? Même réponfe de la part des honnêtes gens, de I'orcheftre & des loges, mais tant de brouhaha durant le refte de la piece que perfonne n'en euiendoit rien. Ces fcenes qui fe repetent trop fréqueiftment,  commencent a faire ouvrir les yeux a ceux qui plaidoïent pour le parterre dcbout, & ils font fschés aujourd'hui qu'on ait eu égard a leurs raifons lement que le poëte, fe livrant trop a fon humeur, s'appefantiffe fur certains détails & ne fafle qu'efileurer d'autres objets non moins fusceptibles de fa critique. Des longueurs &une alfeétation de jouerfréquemmentfur le mot font les principaux défauts qu'on rcproche a cette piece toute en vers de buit fyllabes. Ce qui étonneroit, fi 1'on n'cn avoit de fréquens exemples, ce fcroit de voir M. Clément, autrefois 1'ami & 1'acolyte de M. Palijfot, ayant fait avec lui un journal en cominuri, le tourner aujourd'hui en ridicule & le maltrai'ter autant que les philofophes contre lesquels ils avoient autrefois réuni leurs efForts. 3 Février 1783. Extrait d'une kttre.de Toulouze du vingt janvier . . . Notre archcvêque, s'il rit des miracles, des rèliques & autres momeries de notre religion, eft au moins un des meilleu'rs prélats adminiftrateurs de la nouvelle école. II a convoqué au mois de novembre demierun Synode, oü, confoimémentaux defirs de 1'aflemblée du clergé de 1780, ils'occupe de 1'amélioration du fort des 'curés & vicaires a portion congrue: fes foins n'ont pas été infructueux; il a vu tous les membres du fynode applaudir a fes vues & a fes propofiiions. On a augménté fur le champ la portion congrue de plufieurs curés; on a établi des penfions pour ces mèmes curés, pour les vicaires & coopéi-ateurs du faint miniflere que k .yieiUefie ou les infirmités empêchent de conti- Totnê XXII. D  ('74) rmer leurs fonctions. Le prélat a affecïé pouf eux quatre prébendes a fa nomination qui nè pourront en aucun cas être donneés a d'autres, A fon exemple, Ie chapitre métropolitain de Saint-Etienne a affecté de la même maniere aux curés qui auront deffervi leur paroiffe pendant feize ans, ou a des vicaires, & autres eocle'iaftiques qui auront été approuvés pendant vingt-cinq ans dans le diocèfe, quatre prébendes fur quatorze qui font a ft nomination, & les premières vacantes feront celles données fur le champ, & affectées k cette deftination. 11 eft a fouhaitter que eet exemple foit fuivi dans les autres diocèses. 4 Février 1783. Andien de Ckrmont, peintre, éleve de Baptifte & fon rival dans le genre des Pieurs, quoiqu'il ne füt pas de ''académie, vient de mourir trés-agé. II avoit paffe* quarante ans en Angleterre, ou il étoit très-rccherché; mais il quitta ce royaume a la guerre de 1756 & ne put fe réfoudre k vivre parmi les ennemis de la France. On prétend que 1'école des Baptiftes s'éteint avec lui. 4 Février 1783. Extrait d'une lettre de Nantes du 28 Janvier .... Nous avons ici une manufaéture royale d'un nouveau doublage des vaifteaux & d'un vernis métaljique pour les ferrures. Pour le premier ufage c'eft un métalincorruptible; aucun infedle, aucune plante marine ne peuvent s'y attacher. II n'eft pas plus pefant  (& 5' que le cuivre, & n'a aucun de fesmconvéniens. Les acides ne peuvent rien fur lui: il augmente beaucoup le fdlage des vaiiTeaux, & peut même être employé a couvrir les maifonsfaus charger les charpentes. Le vernis métallique pénetre Ie fer jufqu'an centre, en remplit exactement les pores, & 1'cmpêche de fe rouiller. Tous les clous cheyilles, & autres-fers employés dans la conftruction des viu'lfeaux, neprennent, parfonmoycn, aucune humidité, & ne fe rouillent jamais. Tous les fers enduits de ce vernis changent de nature & deviennent plus durs II faut attendre qu'une longue expériencc ait ma'nifefte les belles & excellentes propriétés de ces deux fêcrets, dont on ne nomme pas encore 1'inventeur. 4 Février 1783. Nous nous fommes déja recnés dans le tems fur les défauts dc la halle Süx bleds: un des principaux eft fa rrop modique étendue. Ce qui fe prouve aujourd'hui par la néceffité oü 1'on s'eft trouvé de couvrir I'efpace vuide qu'on avoit laiffé au centre, pour ■y dépofer les marchandifes que ne peut conteaiir fon eneeinte au pourtour. " • Meffietirs Je Grand & Molinos, architeéles , ■ont été chargés du nouveau travail, commencé le io^ feptembrc & terminé, quant a la contlruction, le 31 du mois dender, jour oü M. ie Nöir, le licutenant de police, eft allé vifiter les ouvrages. D 2  Cette coupoïe étant de 126 pieds de dininetre, donne une circonférence de 378 pieds, ce qui, ne fait que 13 pieds de diametre de moins , que le fameus Panthéon de Rome, la plus grande voute connue. La hauteur de cette coupole eft de cent pieds fous la lanterne, dont le diametre eft de 24 pieds. Les entrepreneurs du trayail ont eu la hardietfe de fubfticuer des plan-^ ches au bois de charpente, ce qui fait une économie prodigieufe, fans compter les avantages de la plus grande légereté, jointe a laplus grande folidité. L'invention de ce moyen ingéuieux eft due a Philibert Delorme, qui 1'effaya pour le chateau de la Muette a St. Germain; & il avoit été négligé dans ce pais depuis 1650. Meifieurs le Gr>v;d & Molinos Font fait revivre au grand étonnement de tous les amateurs. Jamais il n'en a été fait une application auffi utile, vu la * rareté du bois.de conftruction, & jamais on ne Fa appliqué a une auffi vafte machine. L'appareil pour les travaux n'étoit pas moins ingéuieux, & il faifoit Padmiration de la foule qu'il attiroit: c'étoit devenu un fpectacle publici L.e Sieur Roubo fils, chargé de la menuiferie, connu a 1'académie des iciences par plufieurs mémoires fur fon art, ne s'eft pas moins diftingué dans fa partie. II a porté fon exécu. fipn a une perfection fi grande, qu'il ne s'eft trouvé qne trois lignes de différenge pom' arri-  C7?) Ver aux méfurës fixées par les atchitecles fitfljö» développement de quatre -vingts pieds decourbe, compofée de 21 longueurs de planches. 5 Février 1783. Le mufée de Paris aequi> ert une fi grande cétébrité, que les directeurs de ce fpectacle ontjugé a propos de Paiïimiler aux académies pour leurs alfemblées publiques: ils donnent des bfflets ils ont des Suifi'es, & même muni d'un pafleport, on ne peut entrcr, fi 1'on n'eft vêtu avec une forte de propreté, Un jeune auteur s'étant préfenté en redingote, paree qu'il pleuvoit, a eu 1'humiiiation d'être refufé. Furieux, il efi: allé chez lui s'habiller & efi revenu armdde Fépigramme fuivante,dont il avoit fait faire plufieurs copies qu'il a diftribuées dans la falie, & qui fe font biehtót multipliées a Faide du crayon, en forte que dès le lendemain elle s'efir répandue dans tout Paris, & ilen efl réfulté fur ces directeurs un ridicule diificile a effacer. AiKrefois, Meffieurs, un iriufde Etok un utile lycée, Oü trente concurrens divers- Venoient faire aflault de penfée', De favoir, de profe & de vers.- Iet nos maitres font plus fages* Panni ces mufqués beaux efprits Si vous defirez d'être admis, Ayez, comme dans leurs ouvrages, De 1'oripeau fur vos habits. 5 Février 1783. Un abbé a\ Montesauhtf D3  c n y s'eft préfenté 5. M. de Marboeuf, charge de Ja feuille des bénéfices , & lui en a demandé un, pretendant que fon nom étoit un titre fufiïfant, meilleur que toutes les- recommandations. M. ï'évêque cl'Autun 1'a jugé tel; cependant, avant d'avoir égard a Ia demande du fuppliant, il a cru devoir en parler a M. le Marquis de Montesquiou Fezenzac, premier écuyer de Monfieur. Ce feigneur s'eft récrié contre 1'imposture, & a prétendu qu'il n'y avoit pas d'abbé de fon nom. Celui dont il s'agit, revenu a 1'audience de M. 1'évêque d'Autun, en a efluyé de vifs reproches : le prélat lui a rendu le propos de M. de Montesquiou; fur quoi 1'abbé, fans fe démonter, lui a répondu qu'il alloit prouver en eifet qu'ils n'étoient pas parens; que c'étoit'lui qui étoit le véritable Montesquiou & que 1'autre ne 1'étoit pas. De la un procés fort fingulier qui occupe & amufe Paris. 6 Février 1783. 11 fe répand des copies manufcrites de la lettre annoncée, écrite au roi par Ja nobleffe de Bretagne le 29 décembre 1782: elle eft en effet tres-longue'& ne peut être inférée ici dans fon entier.. On y témoigne d'abord la douleur des états a la réception de la lettre affligeante oü le roi nianifefte fon mécontentement, lettre Merite par autorité fur le regiftre, & on fe plaint de eet enregiftrement même forcé qui transforme en monumens de haine, de vengeance, de des-  C79 1 potifme du fouverain, ces recueils deftindsji ne contenir que les acles de fa bienfaifancem de fa jufHce, de la foumiffion volontaire, du zele inépuifable des.Bretons. On fe plaint encore que toutes les formes font violées au point que les délibérations des •états n'ont plus aucun caractere de liberté; on compare la tenue actuelle avec les précédentes, & il en refulte qu'il n'y a point de relTemblanee. On-rapporte les expreffions propres de la commiffion générale adrelfée aux commiffaires du roi. „ Nous vous avons (y eft-il dit)com„ mis & députés a 1'alfemblée des trois ordres „ pour leur faire amplement entendre 1'état de „nos affaires; & les requérir que, contïnuant „ envers nous la bonne volonté & i'affeclion t} qu'ils ont toujours portés aux rois nos pré„ déceffeurs, & au bien" public de noü'e j, royaume, ils nous veuillent accorder &c." Dans la lettre qui excite la réclamation de la noblefle, on fait tenir au roi un langage tout différent; il ne follicite plus la bonne volonté &raffcction des Bretons; il exige leur confentemeht, fous peine de défobéiffance; ce qui ■ óte toute 'faculté de délibérer, & anéantit dans le fait les états qui ne font plus qu'un fhnulacre. On entre enfuite dans le détail des difcufïions qui ont amené eet acl:e d'autorité, & 1'on marqué la progreffion du mal: on rend compte des divers ordres apportés au nom de S. M. presD 4  oue tous contrndicroires & mettant les états Uns 1'impoffibilité d'y obtempérer. Les demandes nouvelles de S. M. k cette tenue exccdent de beaucoup les autres; il a Fat lu examiner fi & comment 1'on pouvoit y acquiefeer. Dans cette recherche on a tröuvé une foule de droits percus fans la participation des états & a leur fnfcu, qui fe prélevent avant tout, & empêchent le contribuablc de fatisfaire aux iropbh'tions réparties paiTaflémblée: tels font les oclrois des villes. Les états font dans 2a poffeffion ancienne & immémoriale de donner leur confentement a ces oélrois & de furveiller a leur emploi: ce n'eft pas un privilege, c'eft un droit inhérent k leur conftitution: & en général, il nepeut fe faire aucune levée de deniers dans la province, qu'ils n'aient acquiefcé. Ce droit a été rendu mviolable par le ferment de Louis XII; en ü~ gnant le contrat qui 1'unit a 1'héritiere delaBretagne, il le termine par la difpofition fuivante. „ Lesquellcs chofes nous accordons, confen„ tons, voulons, promettons &jurons,parces „ préfentes lignées de notre niain, en foi &pa„ role de roi, teuir & accomplir fans revenir a „ rencontre. „ Ce ferment, Sire , continue Ia lettre, non , „ moins facré que ceux qui engageut a votre „ couronne la foi de vos fujets, auffi refpeclahle „ pour eux, confirmé par votre majefté a fon « fecre, cérémonie auguüe, oü le del, eft pris a té-  C Sr 5 % X té'rrioin dc la protecTion promife aux peujrples 'elon les loix, reflerre le nceudind'ffoUi- ble qui eft le garant le plus alïure dc votre „ fouveraine puiflance. Que feroient en efFet „ les fermens des peuples, fi le ferment le plus „ folemnel des rois n'étoit rien." Entre les dröits que réclament les états, celui, d'avoir un accès libre au tróne en eft un dont- ils- font trés-jaloux& fa Majefté ne peut les enpriver.. Le roi leur doit ce recours non-feulement par le fentiment de bonté qui fait 1'eiTence de fon caraétere, mais encore par 1'efprit d'équitë qal 1'anime; il le leur doit furtout'dans leseirconflances actuelles, durant une guerre gfoo rienfe oiVtant d'actions éclatantes & généreufes rappellcnt le-nom breton au ceeur attendri du monarquc; tels font ceux des du Couédic & des- du Rumain. Voila 1'esquiiTe de cette lettre qui finit,-a'1'ordinaire, par 1'efpoir qu'ont les états de voirleurs griefs redreffés, & partout le Pathos; qu'emploie en parcil c té un certain éloignemenï des femmes & con-féquemment de la fociété; cc qui le rend un peu (auvage, & 1'on dit que c'eft un Pbi/ofiphe. Du refte, il ne manque pas d'efprit; il a un attra.it fingulier pour les lettres. Recu avo cat, fuivant la marche 'générale de 1'éducation actuclle pour fe rendre fufceptible de toutes les charges de robe & autres qui exigent cette qualité, il n'a jamais voulu en acquérir aucune; il fuit le bareau comme un homme qui en iefire faire fa profefiion; il eft très-aliidu afon ftage & s'exerce déja a plaider & a faire des mémoires. Du refte, M. de la Reinlere met beaucoup de- noblefle & d'humanité dans fes fonctions; il ne fe charge que de la caufe des malheureux, & aflette principalement de prendre celles des gens oprimés. par les fermiers généraux. Jufqu'a préfent on n'a remarqué que de la fmgularité dans fa conduite; mais il vient de fe permettre une farce de carnaval qui, par certains traits de méchancété, le fait affimiler au marquis de Brunoy, qu'on s'imagine voir revivre en lui. II s'agit d'un fouper qu'il a donné a des avocats fes confrères, & des gens de lettres. La forme des billets & de 1'invitation,. la cérémonie de la réception des convives, l'ordre & la marche du repas, les propos qu'il y a tenus, toüt en étoit fi bizarre, que la fête, pasfée le famedi premier février, eft aujourd'hui 1'eiitretiea de tout Paris. Comme les moin-  C 83 > dres détails méritent d'en être confervés, ilfaut attendre qu'on les ait recueillis pour les configncr ici. On aflure que lui-même jugeantcette extravagance digne d'occuper le poilérké, en a fait dreffer procés verbal. 8 Février 1782. M. Mallet Dupau, foutenu d'une compagnie, ainfi qu'on 1'a dit dans le tems, avoit entrepris de continu er les aiinales de M. Linguet durant fa détentien; même depuis fon élargiflement le fuccelTeur n'a point interrompu. II a feulement annoncé avec emphafe 1'évenement, en difant qu'il continueroit jufqu'a ce qu'il plüt a 1'auteur de reprendre, & qu'au cas oü M. Linguet y renonceroit', il fe flattoit qu'il voudroit bien enrichir les feuilles du continuateur de quelques fragmens précieux. Jusqu'a préfent le premier journaliiTe n'a point réclamé, n'a rien dit, & fans doute, M..Mallet prend ce filence pour une approbation , puis qu'il apublié des numero même cette année, &; depuis 1'annonce de la gazette de Cleves déja citée & ancienue, étant du premier janvier 3783. 8 Février 1783. Outre les penfions accordées par la derniere affemblée du clergé a divers auteurs, elle a auffi donné une gratification 'de 3000 liv. aux capucins de la rue SaintHonoré, qui compofent 1'école hébraïque , & dont les travaux font fpécialemenr, düigés fur récriture fainte. D 0  > 9 Février 1783. Jeudi demier il y a eu unè aftémblée publique au mufée de- Paris. Elle a toujöurs lieu le premier jeudi de chaquemois;'. mais celle-ci a été plus nombreufé quedecoutume par le bruit qui s'étoit répandu que Mde la Reyniere, fe héros du jour, y feroit unele&ure. En effet, B y a lu une differtation fur les fpeEtacies. Son but eft de prouver que le gouvernement devroit veiller avec plus de foin fur cette partje dc la police publique. II a fait voir combien les fpeétacles infiucnt furies mceurs& fur le goüt: il s'eft furtout élevé avec fórce contre les fpeétacles forains fi'propres-a léscorromprc/ A une peüte digreffion prés trop triviale & trop puérile, par oü 1'auteur a terminé', on a trouvé fon-ouvrage trés-bien écrit, &• ceux- qui ne le connoiflent pas bien fe demandoient avec étonnement, eft~ce la eet original' dont on parle tant? il a été trés- applaudi, &on 1'a- fuivi comme un homme rare jufqiPa fort» caroffe. 9 Février 1783. W®; la Guerre-, qui trafnoit depuis une maladie grave, & ne s'étoit jamais rétablié , eft morte aujourd'hui. Malgré fa longue abfence-on ne Favoit point encore ou-biiée. Elle eft regrettée dés amateurs de 1'opera pour la belle qualité de fa voix-& pour fa maniere de chanter pure & flatteufe. Elle avoitBrillé fiutoutdans Sangaride; mais comme fon.' organej-plus propre.au chant francois qu'a^tout:  (35) wrtre, s'étoit gaté par la maniere Itdienne, ore n'enteudoit prefque plus. enfuite £a prononciatien, 10 Février 1783'. Le bureau de la ville, ne. croyant pas devoir entreprendre fa.juftification aux yeux du pubüc, en fe mefurant dans 1'arene avec le Sieur de la Variniere, s'eft contenté- de donner aux magiftrats un mêmoire manuscrit, oü il fe foumet a la jiuïsdiction du parlement, & fe défifle d'être juge dans fa propre caufe... Du refte., il fe. défeud aflez mal. 'Hpa~ rolt furtout offenfé de Ia publicité du mêmoire, de fon adverfaire, répandu tant a. Paris qu'a Verfailles, au nombre de trois mille exemplaires, & demande la fuppresfion des termes injurieux, diffammatoires, calomnieux, &c. Me. Prévót de Saint-Lucien,, 1'avocat duSieur de la- Variniere, efl: parti de la pour faire une nouvelle explofion contre ce bureau , pour le terrafler tour a tour par fes raifonnemens Sfi' 1'accabler de les farcasmes. L'orateur, a ï'occafion des plaintes du bureau , contre la profufion de fon mêmoire, traite la grande queft'jii, fi cette publicité, quf a> fes dangers, les compenfe par des avantages, & il trouve fi. grands- ceux-ei, qu'il regarderoit comme un coup mortel porté a la li-' berté & a la propriété. des citoyens, la défenfe contraire. II s'appuie fort adroitement d'urr" paflage des belles remontrances de la cour degUides de 1775, oü elle réfute fi victorieufement  C 85 > les partifans de'la clandeffinité. De Ia* un éfo* ge toujours nouveau, quoique toujours répété, du magiftrat patriote qui préfidoit a"larédaction, qui ent le courage de les porter aux pieds ^du tróne, & le courage plus grand encore d'en 'adopter les principes, lorsqu'il fut élevé auminiftere. ii Février 1783. Ge fut dans les derniers j'öius de ^anvier que Ivl. de la Reyniere invita plufieirs magiftrats, avocats & gens de lettres a' une 'ête qu'il devoit donner le premier Février 1783. Les billets d'invitation étoient dans la forme des billets d'enterrement de la plus chere efpece. Au lieu de têtes de mort, c'étbient des gueulcs béantes, & la teneur du billet que plufieurs curieux ont ronfervé, étoit ainfi concue,- ,, Vous êtes prié d'aflifter au convoi & en5, ttrreuent d'un gueuleton qui fera donné le „ fi mcdi j'remier février par MeflireBalthazar 5, Grimod de la Reyniere écuyer, avocat au „ parlement, correfpohdant pour la partie dra.5, matique du joumal de Neufchatel, en fa „ maifon des champs élizées. L'on fe raflemblera a neuf heures du foir s, & le fouper aura lieu a dix.- ,, Vous êtes prié de ne point amener de la„ qnais, paree qu'il y auradesfervantesennom„ bre fuffifant. „ Le cochon & 1'huile ne manqueront point „ a louper.  ( 87 ) „ Vous êtes prié de rapporter lepréfent bil* let, fans leqnel on ne pourra entrer." Lorfqu'on ell venu au rendez-vous, on a d'abord trouvé un premier fuiffe placé ad hoe, qui demandoit au eonvive s'il alloit chez M. de la Reyniere Toppreffeur du peuple, ou chez M. de la Reyniere le défenfeur du peuple? Après avoir répondu qu'on alloit chez le défenfeur du peuple, il faifoit une première cörne au billet & vous pasfiez dans un fieu en Förmë de corps de garde oü étoient des hommes armés & vétus a 1'antique comme des héraults d'armes: ceuxci vous introduifoient dans une première piece oü étoit une efpece de frere terrible, un inconnu, le cafque en tête, la vifiere baiffée, lacotte d'arme endoffée, la dague au cóté ; il faifoit une feconde corne au billet & vous introduifoit dans une feconde falie. La fe préfentoit un homme en robe, en bonnet quarré, qui vous queftionnoit fur ce que voüsvouliez, fur votre demeure, vos qualités, dreffoit du tout procés verbal, & après avoir pris votre billet vous annoncoit dans la falie d'allèmblée, oü deux gagistes vétus en en fa is de chceur commencoient par vous encenfer. Les convives réü'ïts au nombre de vingtdeux, dont deux femmes habülées en homme, on a traverfé une piece noire, & enfuite s'eft levée rapidement une toile de théatre qui alaisfé voir la falie du feftin, ■ Au milieu de Ia table  { W ) . pour furtout étoit un catafa^ue- du rèffe ' verture eït plus grande, enforte que ïe boufetrouge devoitnécefl'airement s'éteindreauflilongtems qu'on auroit pu faire jouer les pompes. M. d'Argon reproche au général de 1'avöif' laillé dans 1'inacrion depuis le mois de février mï le projet a été arrêté & adopté, jufqu'ens fiiai; enforte qu'il n'a éu que trois mois environ pour employer 300,000 pieds cubes de boisqui devoient entrer dans ces batteries& les mettre a perfecrion.. H fe plaint qu'on n'ait pas fuivi fón idéé dc ne point faire emboffer ces batteries, mais delês tenir toujours i la voile, fervice auquel it vouloit les deftiner par Fépreuve qu'il avoit fait faire d'une , dont on avoit admiré'la légereté^ Ja docilité & Ia vitelTe, qualités qu'elle fembloit pofl'éder comme une frégate... H fe piaint encore que M. le duc de Crillö* qui avoit voulu fe faire honneur des batteriesflottantes pendant un certain tems, ait ehfuite: été le premier a les déerïer;' 11 fe plaint enfin,, que, dans un confeil de guerre tenu en préfenc» du comte d'Jrtois , lorfqu'il fut queftion de prendre une derniere réfolution, & il ofe invoquer le témoignage de fon altefle royale; il feplaint que M. de Crillon lui ait déclaré que famiffion étoit remplie & que le refte de 1'opération rouloit déformais fur lui, commandant;, qu'en conféquence il ait dispofé de ces machines fans 1'aveu de l'auteur, fans les faire appuyer comme le defixoit M- d'Arcon& com-  C 105 } me on en étoit coflvenu, & qu'après avoir, par fes mauvalfes difpofitions, par' fon défaut de' précaution, caufe leur défaftre, il ait eu 1'injüftice de le lui imputer, & de dëciarer qu'il nc eomptoit pour le fuccès du fföge que foible-ment fur cette reffource.. D'après eet appercu vague, il eft aifê de ju-ger eombien M. de Crillom, fa familie & fes" partifans doivent travailler a empêcher que le mêmoire de M. d'Arcon ne fe répande trop' dans le public par la' voic de l'imprelTion. r8 Février 1783- Aujourd'hui les comédiens^ italiens avoient commencé de jouer pourla première fois une eomédie nouvelle en cinq aétes'. & en profe, du Marquis de la Salie, ayant potiE" titre Sophie Francour: \t% deux premiers actesdtoient finis, lorfqu'après un intervalle déj& alfez long, le Sieur Granger eftvenu annonceiv que MUe.- Pitrot s'étoit trouvée très-incommodée, qu'on travailloit a Ia faire revenir, & qu'on; prioit le public de patiënten Au bout d'un demi-quart d'heure, fecond^ meffage ou il déclare que' M^v. Pitrot,eft hors. d'état de jouer, & que fi le public veut s'en con-.tenter, on va donner rOfficieux.. Grand tumulte alors, les uns crioient oui, d'autres,, non.-L'acteurrépond que c'eft lafeule piece qu'öni foit en état d'excécuter dans le moment.- Quelques voixdemandent qu'oniifelerölè. Le Sieur Granger fe retire; il revient pour la troifieme fois,. % déclare qu'on eft allé chercher leSiéur  Carlin,. & qii-% jouera det/xjumeaiixdé1 Bcrgame:- c'étoit une tournure heureufe imaginée par les coiné diens-pour' fe tirer d'affaire.. -Gepen d-ant Ie tumultc eroilfoit, lorsqn'enfin le.Sieur Carlin a paru, &après être refte enpréfcnce du parterre-avec une patienee-refp.ectueufe; il; a faifi Je premier moment de faire qucl- • ques lazzis qui lui ont conciliéles mutins, & il a eu lebonheur & la gloire de tout pacifier. Les eomédiens étoient d'autant plus dans leur tort, qu'aux termes du reglement, ils ne doivent pas jouer une piece nouvelle que Jes acteurs ne foient doub-lés, & que les doublés ne : .foient préfens pour prendre-fur le champ le róle qui manqueroit par quelque accident. Les ac- ceffoires, dont les journaux ne rendent jamais bien compte, font très-fouvent beaucoup. plus ■amufans que la nouveauté même. • Cependant aujourd'hui les amateurs ont vu! avec .peine un fujet auffi diffingué, auffi honnête que le Sieur Granger, balotté aïnfï daas fa tripte ambaffade vers le parterre & effuyer ' une mauvaife-humeur & des rebuffades qu'iïne méritoit pas. 18 Février 1783. L'affaire des MonUsquioU■ commence k fe plaider aux requêtes du palais, •& il paroit déja deux mémoires des Sieurs de Montesquiou dela Bouibenne , auxquels on dispute le nom, contre le marquis de Montesquiou, premier écuyer de Monjieur, & autres qui veuleat le leur faire quitter.  C'ior) Jufqu'i préfent la défenfe des premiers eft ' qu'avant depouvoïrléurconteftcrleurnom,iKaut que ceux-ci commencent par prouver le droit qu'ils en ont, en établiffant qu'ils font lesvrais Montesquiou , les Fczanzac, rejetons de Clö-vis. C'eft Me. de la Malle qui eft 1'avocat de' Meflieurs de la Boulbenne, & qui femble avoir" bien pris le fens de la caufe en leur faveur. - 19 Février 1783. Ce quiexcufe un peu M. • de la Reyniere dans fa farce tenant a la folie & & la méchanceté; c'eft qu'il avoit pour ordon- • liateur de la fête le Sieur Dugazon, qui fe fera: amufé a fes dépens. On alfure que cette fête coüte a Mi; de la Reyniere plus de 10,000 liv. ■ 19 Février 1783. Extrait d'une lettre de ■ Èondres du 7 février J'ai vu ici une piece' nouvelle, intitulée Miflerious husband (lè marii myfterieux) qui ale plus grand fuccès; que le roi & Ia reine ont honorée de leur préfence, & dont plufieurs fituations patbétiques ont faitcouler des larmes. C'eft un drame dans legen-rê des nótres; mais les Ang'ois ne connoiffent point ce genre mixte, & n'adoptent que deux claflês de pieces, la tragédie & la eomédie. Ils < appellent donc cclle-ci une tragédie ; quoique Ié fiijet en foit" trop compliqué, 1'ihtërêt - en eft très-vif. L'auteur a eu 1'art de bien foutenir1'es caraêleres, de conduire fon intriguc avec' une régularité peu commune fur le théatre ai*-~ E 6  ( rog > glois, enfin d'amener un dënouement' ilö's> faifant pour le fpeétateur par la. punition du< crime. Ce qui caraétérifë encore cette piece comme dramc, c'eft qu'elle- eft en profe.. Le ftile era eft admiré des cönnoifleurs.. Le poëte eft Mi Cumbetiand, fils du'döcteur Cumberland, évêque deKiImore,,& petit fils du eélebre critique Richard Bentley. Depuis vingt ans il brille: fur la. fcene. On lui reproche cependant une: trop grande facilité,. dont il abufe ; il en réfut te beaucoup d'inégalité dans fes pröductions; qui ne font pas en général affez travaillées. 20; 'Février. 1783;. M. Unguk repcénd'--ejB effet k Londres la continuation dè fes annalè-s; politiques, civiles & littéraires du dix-huitieme: fiecle, N°. 73 &fuivans. II en a fait faire Fan~ nonce dansles gazettes étrangeres.. Il en paroltra régufierement deux No..parmois, il fait: payer d'avance vihgt-fix florins de Hollande. Du refte, ila percé ici un avis a fes fouscrip~. iieurs très-volumineux,, par le talent rare ou'a eet écrivaih de féconder les matieres les plus anodes. C'eft une piece curieufe k lire, mais encore difficile a voir, paree qu'il parolt que ce journalifte ne trouvera pas lés mêmes facilités-: que ci-devant a faire percer fes produétions tw' France. ai Février 1783. Mardi dernier un M. dè' ChoiJïuI'Meuze étant en cabriolet & par unc.  ( W9 ) mauvaifë manoeuvre, s'étant emBkrrafle' da-se un fiacre, ce qui a penfé faire culbuter fa voiture légere, s'èfr vengé fur ce malheureux. de fa pro» pre maldrelfe &acommencéparlui alTener vingt a vingt-cinq coups de canne , ce qui a la fin mettant le fiacre hors de liii-rnême & 1'obligeanta une dëfenfe naturelle, pour ne pas fe' laiffer affommertout-a-fait, il s'eft fervide fon arme habituelle qui: étoit ion fouct & cn a coupé le vifage de ce jeune feigneur; alors celui-ci atiréle dardrenfermé dans fa canne & enalardé le fiacre a coups répétés,. qui 1'ont enfin fait romber de fon fiége.. La populace s'eft amaffée & n'a pas permis au meurtrier de s'en aller, comme illedefiroit; on 1'a forcé de venir chez le commifiaire. Cet officier de police a fait conftater le délit par une première dépolition des témoins dont il a pris'. les noms , furnoms & qualités; & cependnnt ,. par une condescendance coupable, aulieud'en/ voyer le meurtrier en prifon, s'eft contenté- de lui faire donner fur le champ une fomme pourles premiers fecours a foumir au bleffé, &.de'prendre les renfeignemens néceflaires pour retrouver au befoin M. de Choifeul; il 1'aprévenu que le délit étoit grave & le feroit beaucoup plus,, fil'homme mouroit, ce qu'on regarde comme öiévitable. 22 Fevrièr 1783. C'eft le vingt-neuf janvier•■ q.ue M. de Fer 1 ingénieur des pojits &.chausE ?.:  lees a lu föil mêmoire contre le pont de Neuii-"' ly. II a prétendu donner plus de confiance kfes alfertions en-annoncant qu'il avóit prédit la* chute du pont de la:Mulatiere a Lyon.- Quoiqu'en difent les partifans de M. Pirrotmef,- iV paroit qu'il y a 'eu quelque chofe, & eet artifte , ■ & ce qu'on aflure, fait maconHer & remplir en ' entier'lés petites arcades vuides qu'il- avöit laisfées a. chacune des extrémités ■ du pont pour lepalfage. des chevaux tirant les bateaux. ■ Du refte, le gouvernement a' trouvé mauvaisque l'académie,:fans avoir pris-fes ordres, ait jïommé des commiiTaires pour vifiter ce pont. Enconfêquenee, IVL le controleur général aadresfé une lettre aiTez- dure a cette compagnie,pour. qu'elle eüt a ne point fe mêlcr -d'un examen qui 'ne la regarderoit que lorsqu'ellc feroit confultée. Cette lettre a blefl'é la délicateffe de cette compagnie-, & Ton fecrétaire a dü être chargé d'y répondre. 22- Février 1733. M. le comte deVergenneseft nommé Chef du confeil royal des finances pl ace honorifique, que la mort du comte de Mau-; repas avoit laiffée vacante. M. de Fleuri, qui fe trouve ainfi fubórdonné a M. de Vergennes ,. fait de néceffité vertü: il dit qu'il en efl enchanté, & que c'eft lui-même qui a fupplié le roi de •' jè faire correspondre avec un miniftre aufli '■■ éclairé* - 22- Fevriir 1783. U y. a une grande Termen-  C "O' tatión:dans le Parlement a 1'occafion"de IaTéve5re vengeanee qu'a pris- le jeune Choifeul en mulctantli étrangement le fiaere , füivant lebrun général, mort ce matin. Lafeconde chanfbre des enquêtes a furtout pris -la cliofé en coiï- • fidératron. Plufieurs évenemens de cette nature arrivés récemment, & qu'ont rapporté différcrts ' membres, les ont déterminés a chercher a mettre un frein au despotisme cruel de ces arrogans ■ féigneurs. Ils ont chargé unanimement le pré- ■ fident, de F'engager'a favóir du procureur dii chateiet s'il avoit rendu plainte d'un délit qui avoit dü parvenir a fa connoilTance', & a mettre 1'alTaire en regie dc 'facon que le coupablc foit au moins dans le. cas d'obtenir des lettres d'e grace. . C'elt la oü MèiTienrs aftendent' M.: de Choifeul , & fe propofént de- former des repréfentations au roi fur la néceffité de faire un exemple , au moins en commuant la peine en une prifon très-longue. 22 Février 1783. Extrait d'une lettre de Cadix du 4 février..... Nous ne faurions trop ïïous féliciter pour les deux natións d'avoir 'la paix. La campagne qui fe préparoit, auroit, fuivant les apparences, töurné de nouveau a la bonte-de ces deux puilfances par ia méfintelligênce qui régnoit entre lés Francois & lés Espignols d'abord, enfüite entre les chefs des deux  C f 12 y narions,. puis' entre le commandant des Franv c.ois & toute la marine.... Un des nouveaux réglcmens , endateduvingt oétobre 1782, apporté par M. le Comte d'Estamg, a furtout excitg, une révolte éclatante. D'après ce réglement , le vice-amiral avoit voulu introduire parmi les officitrs de la marine' xm nouveau grade, fous Ie nom- de Capitaines & Lieutenans i'éguipage.. Les premiers devoient avoir rang fur tous les enfeignes devaisfeau & les commander par conféquent. Ceuxci ont adrelTé le vingt janvier une lettre a M.dela Motte-Piquet concue es ces termes. „ Monfieur le Comte, — votre rang de fecond: chef ici, la connoisfance parfaite que vous avez de la conftitution de la marine , votre réputation établie dans tous les coeurs francois 1'intêret enfin que vous avez témoigné demierement clans la caufe commune ;- tout nous-fait un devoir de nous adreffer a vous, pour porter les^repréfentations-respe&ueufes que nous foifons a M. le vice-amiral, repréfentations fondées fur Ia juflice , fur 1'honneur, fur la vérité, fur les fervices. Le grade des enfeignes de vaiiTcau efl compofe de trois eens & quelques gentilshommes. Depuis hmt ans entrés dans la marine, un grand tiers a fervi la guerre entiere dans ce grade, tous commandant des quarts depuis 1778 , & partïeuücrement a votre bord: la plupart fe font trem»  Vês aux acTions les plus remarquables: un grandf Bombre en a vu fix, plufieurs en ont vu quatre , & tous au moins trois. Jamais compte rendu & Ia cour par aucun amiral francois , par aucun' officierfupérieur, n'a portéplainte contre la ma> nierede fervir des enfeignes de vaiffeau.Le Roi , au contraire, a daigné nous donner plufieurs fois, par 1'organe dc nos chefs,, des marqués defa fadsfaclion: vous -même, Monfieur le comte, vous dont le témoignage nous fera toujours précieux jufqu'a la mort: vous avez dit, vous avez répété, vous avez écrït, que les jeune? gens avoient partouf montré une bravoure, un zele & une intelligence, dignes d'être cite's. Un pareil aveu , joint a celui de nos braves capitaines, fembloit fans doute nous prometcre une perfpeéïive bien brillante; & pourtant aujourd'hui le roi parolt mécontent d'e nous: il ordonné qu'a notre place on fubftitue ceux qui fervoient directement fous nos ordres: bien plus, ceux qtü n'ont jamais fervi, & qui, eu leur fuppofanc même des talens naturels, ne peuVent certainement pas avoir ceux de 1'expérience militaire, Eb! en que! tems, en quel lieu, oü pareillc réforme eft-elle èxécutée ? & devant qui? L'ordonnance eft fignée duvingt-oélobre 1782, jour même oü nöus eumes le bonheur de faire au rot & a 1'état un nouveau facrifice de nos vies^ elle paroit dans le tems que le Roi d'Efpagne  . C "4 )■ récompeiife par une promotion nombreufe & fa: marine & fes troupes. On Ia met en viguèur Cadix,. chez nos alliés: devant qui ? deyahtTaJ face des nations aflemblées, lorfqu'ön ouvre' une campagne. Nous feuis enfin, nous lom-mes punis, quand tous les militaifes font ré-compenfés.. Nous' tous enfemble, nous vous■ prions,- Monfïeur- le comte, avec une ardeur dont. une afnbition h'onhête, & la confiaiice que nous infpirent votre mérite & votre facon de penfer fur nous-, de répréfentèr a M. le comted'Eflaingnos feraces, notre zele & notre fou-mifïïon 'aüxvolóntés du roi.'- Nous le fupplionsd'employeren notre faveur fon crédit auprèsdufouverain;: de changer la forme du fervice qui1 nous" place après les capitaines d'équipage, de daignerfe rappeler que nous avons combattu& que ' nóus aïïons combattre fous Ml- De queli • que' genre que foit le fervice qu'on vèut 'établir ' a bord des vaiffeaux, nous nous fentons également pröprès pour tous, &'nous jurons de' 1'exécuter avec tout Te zele, toute-Tactivité,, toute la fubbrdiuatibn' qu'on doit attcndre dé' jeunes gentilsbammes francois, a lamerdepuis fêpt-aHnéés,..accoütümés a combattre fous des chefs cómme.voüs;"-M' M. -de.: Ea' Motte- Pi quet a accéptë 1$ misHonril'nè srcft pas feulement contenté de préfènter cette lettre a M.le Comte d'Èftaihg; ijl »• encore écrit a M, ls Marquis de Caiiries^  aliniftre de la marine,- une lettre très-prefiante, & lui a témoigné combien ce nouveau reglement lui- parolt contraire au bien du fervice & '■ de 1'état. 23 Février 1783. M. 1'abbé Noel, garde--,» démonflratcur du cabinet'de phyfique de S.M.eft mort a la fin.de janvier dernier. Ce religieus défroqué' avoit un grand talent pour la mécha-nique.- Louis quinze 1'aimoitbeaucoup;, celui avoit fait un fort très-agréable. ■ On a parléJ furtout. d'un -télescope tres-excellent &fupérieur' & ceux connus-de fon» inventienv 23• Février ■ 1783. • Extrait. d'une. lettre.' de■ Rennes du vingt février. Les états de' Bretagne, lorfqu'ils s'afiemblerent & durant Ie' cours de leur tenue,: avoient-trois-gnefs:- le premier, ancien, concernant" fes.-députés; le fecond ,-récemment agité,-concernant les oc- trois des-villes levés fans leur- confentement;'. le troifieme, tous les ordres illégaux arrivésdurant la.feflion.. M. diAubeterrè avoit dónné'aüx-états les plus belles^ paroles du monde,~ fur- le premier point. Vous avez vu qu'il fembloit entrcr dans lajuftice dc leurs demandes<&;reconnoltrclcur droit;., il parolt qu'ils fe font leurrés d'un vaiu efpoir; & nullc fatisfaclion a eet égard.. Quant au fecond point, vous avez égalèment - VU que le tiers, convaincu qu'il avoit eu tort, sfeft rduni a la noblefle.a eet égard;, dont eftré.-  C 116*} fcltée Pacteffion de celle-ci aux demandes-de f# cour; & la cour fatisfaite n'a eu aucune confi^ dération pour les plaintes des états fur un objet qu'elle regarde comme fini, puifque cesimpót$ vont leur train. Enfin, les ordres illëgaux ont bien été biffé* par 1'évêque de Rennes; maïs cettemanieremême de 1'avoir fait eft illégale. Nulle autorifation de Ia cour; nul arrér. du confell qui motive la conduite du prélat; nul aveu par écritda commandant qui lui lie les mams pour revenir contre & faire revivre ces prdres.. C'efl: au milieu de cette flucluatfon d'efpoisj' & d'opinions que les états ont fini k la fin de janvier de Ia facon Ja plus désavantageufe i et* effet, ff n*y £ point (Texemplede feflionsoüiï n'y ait eu de modération fur aucun point. On en peut juger par les adjudications; elles avoient été' augmentées il' y a' deux ans de 700,000 fivi & cette fois, malgré la paix qui devoit les faire bailTer, puifqu'elle doit entrainer une dimü* nition fenfible fur les boifions, elles ont encoreaccru de 1,100,000 liv. Jugez par. la de 1'excès des impofitions & de nos maux.. 24. Février 173'j.. On ne 'concoit pas quel génie ihfemal foufie iur fes cmirtifsnsi ifparoït' encore des couplets affreux& calomnieux contre la reine, & cependant quelle princefle méri'ta moins cette audace facrilege, fut plus digne des hommages & de 1'amour de tous les ordjes de 1'état ? Aux charmes de la figure, a la  fcdbleiTe du mamtien, aux graces répanduesiur fa perfonne, elle joint les qualités les plus précieufes, la bienfaifance, la bonté, Fhumanité , 1'amitié, yértü il rare chez fes pareillcs; elle oublie fes injures perfonnelles; elle n'a jamais fait de mal a qui que ce foit. On ne cite perfonne dont elle ait èxigé le chatiment. Si elle a quelques défauts, inféparables de notre nature , ils font aimables en quelque forte comme elle.: ils tiennent- a fon fexe, au goüt national, .& venue extrèmement jeune en France, elle en a fans doute contraété ici le plus grand nombre. Elle a'ime excefiivement la parure, les frivolités, les fpeclacles, la dépcnfe: elle prodigue fouvent fes dons a des gens qui en font indi.gnes; elle eft quelquefois légere dans fes affeclions; elle plaifante de la mauvaife tournure, des g'aucheries des fernmes préfentées; mais ces farcafmes partent de fa gaieté & non de fon cceur, dont fe louent tous ceux qui ont 1'honneur d'approeher de S. M. & d'en voir 1'intérieur. 24 Février 1783. On ne peut aflez admirer lafoupleffe avec laquelle M. le garde des fceaux s'eft tiré, depuis qu'il eft en place, de tous les pas difficiles oü il s'eft trouvé fréquemment. Aujourd'hui il s'eft 'mis mieux que jamais en cour par fon adrefle a fe rapprocher du comte de Vergennes, qu'il a prévu devoir infenfiblement remplaeer M. le comte de Maurepas. II a même pris un long tour pour y mettre moins  d'afFectation : 11 a commencd par Faire"fa covtïk Madame de Vergennes, paria voir aiïidumcnr., par "faire fon piquet. M. de Vergennes, vivant beaucoup dans fon intérieur, 1'a trouvé fbuvent chez 'fa femme, lui a fu gré de cette eomplaifance, & il en eft peu a pcu.réfulté de Kntimité entre ces deux miniftres. 24 Février 1783. Les comédiens francois jouent aujourd'hui une nouveauté. C'eft une petite piece en un acte & en vers ayanf-'pótijf titre lesAveux diffiales. Elle eft d'un M. Figée, fils d'un peintre médiocre de ce nom & d'une coëffeufe célebre. II a pour fceur une Madame 1è ;5r««,-qui-vaut mieux que fon pere pour fon talent, & auróit été recue de 1'académie, fi elle n'avoit époufé un marchand'de tableaus. Celui-ci eft riche, ce qui met fa femme en état de recevoir beauconp de genscom■me il faut, '& même des;gens de cour. Elle eft jolie-; elle a de 1'efprit-; elle eft très-aimable; en voila plus qü'il n'en faut pour lui procurer une brillante focïété. Dernierement elle ■avóit un concert 011 ■ chantoit M. Garat; Mesfieurs de Vaudreuil, de Galt f et, de Polignac, grand nombre des agréables delacoury étoient; •c'étöit 'le jour du bal de la reine. Ces Mesfteurs convinrent qu'on -s'amufoit infiniment plus chez Mad. 'le Brun qu'a Vcrfailles, qu'ils refteroient chez elle tant qu'elle voudroit, &en effet ils ne fe rendirent chez ia Majefté qu'i  €eux e>u trois heures du matiii, ce qui -avoit formé pour ce jour-la un vuide dans la fête. 25 Février 1783. Depuis les derniers mémoires de M. cTEpremefmlM a paru Réflexions préliminaires fur Je troifieme mêmoire de cetintervenant a Dijon. -Ces réflexions de M. de Tolkndal font datées de Paris le vingt-trois décembre 1782, & roulent principalement fur le.s deux correfpondanccs de Meflieurs de Montmorenci dc Crillan. II cn réfulte de plus en plus que M. d'Epremefnil s'eft aliéné ces deux rfeigneurs. M. de Tollendal joint a ces réflexions un imprimé de fa lettre au chevalier de Crillon en date du vingt-un décembre,&.la.réponfe de ceïui-ci. extrêmement amere contre M. . tfEpremesnil. 25 Février 1783. Ön aflitre que le congres,' après . avoir dreffé les loix & . les régiemens de . 1'union des états respectifs, 1'a envoyé a M. 1'ab;bé de Mably pour qu'il 1'examine & le corrige. C'efl: eet abbé qufvient de publier un traité de la manier e d'écrire Thiftoire oü il maltraité a peu prés tous nos hiftoriens & furtout Voltaire, ce qui a iiugulierement fcandalifé tputle parti de ce grand homme. II pourroit bien être comme .1'abbé d'Au.èlgnac, qui, après avoir ,donné des regies pour la tragédie, fit une tragédie déteflable. II ya a parier que quélqu'un du moins qui s'aftreindroit fervilement aux documens.de ce pédagogue, „compoferoit unehis-  ( ïso ) töire três-ennuyeufe, très-inutüe parconféquent, puifque perfonne ne la liroit & ne pourroit la lire. 26 Février -1783. II a percé ici un nouveau livre anglois, ayant pour titre: Eftimatkn de la force comparative de la Grande-Bretagne, pendant le regne actuel & les quatre précédent, & des fiertes occafionnées au ■commerce par chaque guerre, depuis Ja révolution. M. Chahners, l'auteur de f ouvrage, cherclie a y raffurer les efprits effrayés par le tableau déplorable de 1'état de 1'Angleterre qu'a tracé le docteur Price. En voici les afiertions les plus confolantes. ïo. Le Commerce qui décline momentanément pendant la guerre, doublé au retour.de la paix. 2°. Au milieu des horreurs de 1'avant-derniere guerre, les exportations de 1'année 1761 fe trouvent égales a celles des années 1749,50, 51, oü 1'on étoit en paix. 30. C'eit dans 1'année 1774 que la gloire de TAngleterre étoit a fon méridien. Les exportations monterent a plus de quinzemillionsiterlings. Les revenus annuels donnerent dix miliions,&le nombre des matelots dans lesvaiffeaux du roi étoit plus confidérable que celui des matelots de tout le royaume au commcncement du fiecle. 40. Les exportations faites pendant la güerte qui vient de fe tenniiier, comparées a cel-  (I") telles des plus brillantes époques du commerce anglois, efl: dans le rapport de onze a feize; elles ont doublé celles faites durant la guerre précédente. 5o. Suivant fes calculs, en mettant a part les facroreries & les colonies , la Grande-Bretagne gagnc par an fur fon commerce extérieur trois mülions & demi ftèrlings; fur le commerce des colonies 260,000 liv.; avec 1'Ecoffc 430,000 liv. & en déduifant la perte pour les facloreries de448,912liv.,le produit net du commerceannuel de la Grande-Bretagne efl de 3,884,844 liv. M. Chahners établit encore que 1'or & 1'argent monnoyés exiftant en Anglcterre font de 20,000,000 liv. Enfin, il pofte la population des trois royaumes a plus de huit millions d'hommes. 1 26 Février 1783. Les Aveux dïfficiles , joués avant-hier aux francois, ont eu un plein fuccès. Cepeiniant 1'intrigue, qui efl aflez fourme ; meme trop forte pour une piece cn un acte, eft relfemblante k beaucoup d'autres, & d'ailleurs trop fymétrique, invraifemblable & abfurde cn bien des poinis; mais le jeu des acteurs Fa fait valoir infmiment. Lavcrfification en eft agréable, facile & d'un bon ton. II eft facheux pour M. Vigée qu'on lui contefle 1'ouvrage. Un autre auteur prétend avoir fait antérieurement une eomédie femblable, eu avoir donné communication a plufieurs perfonnes & Tomé XXII. F  £ (BS* 5 conféquemment 1'accufe de plagiat; il faut at-tendre pour bien en juger que les pieces du pro* cès aient été produites deyant le public. 27 Février 1783. Par des lettres patentes données a Verfailles le vingt-hük noyembre 1782 & regiftrées en parlement le quatorze janvier 1783, le "roi autorife la chambre du commerce de Picardie a faire unemprunt de 934,000 liv. pour le rétabliflement du port de Saint-Valery, & a lever un oélroi pendant vingt ans pour en payer les ouvrages & rembourfer le capital, ■fur les marchandifes' dénommées dans un tarif annexé, entrant dans les pojts de Saint-We,ry, de Crotoy & d'Abbcville, ou en fortant. L'objet de cette dépenfe efl encore d'augmenter 1'utilité dudit port en y faifant arriver & rér uniffant dans un feul canal les eaux de la rivierre de Somme. II a été auffi queflion du port du Havre. Suir vant un projet donné a la cour, il étoit fuscep» tible de devenir port de roi & de contenir des vaiffeaux, de ligne. II s'agiffoit d'affecter le basfin actuel uniquement aux navires marchands & d'y pratiquer une autre ouverture d'oü il auroit réfulté un fecond baffin plus profond & capable de la deflination qu'on vouloit lui pro. curer. , On a envoyé fur les lieux des membres de 1'académie des fciences, entte autres M. de Sorry, chef d'efeadre & M, le marquis de Cottdorcet,  'On parle beaucoup d'un mêmoire donnd par ■ce dernier a la cour, oü il fait une digrefllon 'fur le commerce; oü il êtablit que 1'Amérique depuis la formation des Etats-Unis., pefe fur 1'Europe par lemidi; &la Ruffie , depuis Ie traité de la ncutralité aTmée,y pefe par le nord; en- ■ lorte que le commerce de la France, bien loin de s'agraadir durant la paix qui vient de fe fi. gner ,ne pourra que diminuer, fe dctériorer, d'oü .l'auteur conclut 1'inutilité de tant S'oecuper de ports & d'établifiemens maritimes nouveaux. 27 Février 1783. Le drame de M. le mar- ■ quis de la Salie, fufpendu Ie mardi dix-huit ;après la fin du fecpnd acte, nar I'attaque de .;iierfs furvenue aMUe. a été repris mar•di vmgt-cmq. L'auteur n'ayant pas profifd de ..eet mtervalle pour adoucir uncaractere atroce dont les premières nuances avoient déja révolté -le parterre,',a éprouvé aujourd'lnii «ne chute 'Complette. Les gens au fait de la fiïiation de ce drame alfurent du refte qu'il eft pris d'un roman du même auteur, portantle même titre, ayant les ■meines défauts, enforte qu'il n'a fait que re .niacher fon proprc ouvrage, fans 1'améliorer Hier vingt-fix, autre chute encore aux Itafie'ng d'une nouveauté ayant rpour titre Henrl tfAl brei ou Le Roi de Navarre. Cette eomédie .en un acte en profe avoit été imaginée par un M. Dorfeutlle a 1'occafion de la paix. C'eft une allégorie perpétuelle relative a eet éveneE 2  C 1*4) ment; mais fi plate, fi fade, fi dégoutante, que le public mécontent a plufieurs fois détef miné les comédiens de fe retirer de la fcene, que les jïeurs ont forcé d'y revenir, afin de tirer au moins quelque parti du ridicule de 1'ouvrage. Le Sieur Granger, qui y joue le principal róle, excufoit daas le foyer après la piece fes camarades de 1'avóir recue fur le débit;entebaiiteur du poëte qui les avoit féduits a la lccture. 2.7 Février 17S3. C'eft un baron cP Eft at qui prétend avoir fait, il y a deux ans, & lu, ily a dix-huit mois, aux comédiens italiens, une piece cn un acte, en vers, portant le titre des aveux difficiics admife dès lors a correction; il a été très-furpris de retrouver a la première re-. préfentation de celle de M. Figéeltmimtfonds & plufieurs de fes fcenes: il en prévient le public par une lettre du lundi vingt-quatre février. adreffée aux journaliftes de Paris. Par une réponfe datée de Paris le vingt-fept février, M. Vigêe, fans défavouerformellement le plagiat; affure que c'eft k M. Mariguié, auteur d'une tragédie tombée il y a un an, qu'il doit,fon fujet. Mais il ne déclare pas n'avoir eu aucune connoifiance direclement ou indirectement de la piece du baron. s>8 Février 1783. M. Sacchini, fuivant le marché fait avec lui, devoit fournir trois opéra a raifon de 30,000 liv. pour les trois. Comme on n'a pas été content du premier, on parloit de lui donner 10,000 liv. faifant le tiers de la  C 125 } fon -:c eotivenuc & de Ierenvoyer: les partifans de ee grand homme font veuus le défendre, & enfin ont obtenu qu'on exécuteroit fon premier opéra, qui eft Renaud, qu'on doit jouer aujourd'hui pour la première fois. C'eft un M. le Bceuf qui efi auteur du poëme , on plutót c'eft Pellegrln, fuivant fon propre aveu. En effet, eet ancien poëte a traité en i63;> le'même fujet, tiré óxxTajJb: le moderne 1'a réduit en trois acr.es, meiure recue & defirée par les muficiens étrangers; il en a conféquemment changé la coupe, & rendu la marche plus rapide; mais trouvant que fon dévancier avoit heureufement traduit plufieurs morceaux du Talie, & défespérant de les traduire mieux, il fe les eft appropriés ,.& s'eft même fervi des propres vers de Pellegrln. Renaud, après avoir pris Solime, offrelapaix aux mfideles; ceux-ci font fur le point de 1'accepter, lorsque furvient Armide qui leur reproche leurMcheté& les ramene au combat. .Les monarques amoureus VArmide &rrvaux de keiigud, qm ont remarqué renaitre dans le creur de leur amante la paflion qu'elleatoujours cue pour ce héros, ne pouvant en triompher, complottent de 1'alTaffiner: Armide en eft inI ftruite & prend la défenfe du prince croiféelle le déhvre de cette trahifon; mais pénétré dereconnoiflance, il n'en réfifte pas moins a fes charmes, & retoume a fon camp pour fe met. tre a la tête des fieus. F 3  ( rz6' y Bicntót Renaud fait fuir deyailt lui tout cê" qui s'oppofe a fon paffage; il' défait les indignes rivaux qui avoient voulu le prendre en traitres. Armide, quivoit tout fon parti en dérou- te, ie eroiL peruue. v^epenaant 1-tenaua nonfeulement épargne la vie du pere de cette princeffe, mais lui déclare qu'il 1'aime, qu'il 1'atoujours aimée, & qu'en ce moment oü fa gloire ■ efl: fatisfaite, il eft prét a fe livrer a tous les • tranfports de fa tendrefle; ilTépoufe. Tel eft le fujet de eet opéra, dont la miifi-que aux répétitions a efluyé beaucoup de con-tradiftions par' les- fortes cabales qui luttoient contre l'auteur ; mais les juges impartiaux yont retrouvé le génie de ce grand homme, dont la réputation eftfaite, efl: au deffus-des menées. de: fes envieux. Le Premier Mars 1783. M. le baron ct.fc.s- pagnac, gouverneur de FhóteLroyal des invalides vient de mourir.- II étoit connu parmi les littérateurs, comme auteur d'une Hiftoire du maréchal de Saxe, dont il avoit été le compagnon d'arme & 1'ami.. Elle eft affez exacte conféquemment fur les faits ; mais ce n'eft proprement qu'une gazetter cependant Foltaire avoit: eu la baflefle de la próner, en reconnoiflance de• Tadulation de- ce militaire envers lui. Sonhistoire parut en 1773. H avoit donné précédemment un EJfai fur la fcience de la gu&rre & un Supplément aux Rêveries du maréchal de Saxe,, oü il dévelope les principes- & les maximes-de-  ( W) ce grand gëneral fur les diverfes parties de Ik guerre & principalement fur la taftique. i Mafs 1783,- Le Sieur Augé, comédien francois excellent dans les róles de valets de la vieille eomédie, c'eft-a-dire hypocrites, fourbes, fcélérats, qui avoit eu le bon efprit de fe retirer Fan paffé avec fa réputation toute entiere, n'a' pas jöür long tems de fon repos:, il eft. mort le vingf-flx de février. 1 Mars 1783.' On ne regarde point la' première repréfentation de Renaud comme fuffifamment complette, comme fuffifamment bien exécutée , pour pouvoir prononcer fur la m*fique. Üne nouvelle maniere exigeroit en quelque forte de'nouvèlles oreilles. Les Glukijïes ont trouvë qu'il n'y avoit pas affez de force; fes Piccinifies, affez de gracieux. Ce qui a paru caract-érifer prin cipalement cette compofition'de M. de Sacchini, c'eft la délicateffe, la pureté, la nobleffe, la facilité. Le ferment des rois & des chevaliers au premier acTe eft lemorceau fur lequel on s'accorde le plus; tout le monde cönvlent qu'il eft fublime. Ileftfacheux qü'il föit dans le'premier acTe & qiv'on ne rencontré rien'enfuite d'aufli frappant. , 2. Mars 1783. Aujourd'hui que le Roi Lear eft a fa quatörzieme repréfentation, qu'on a eu tout le loifir de voir & de revoir cette tragédie , que même imprimée depuis quelque tems, on a pu la lire & la relire dans le fang froid du eabinet, ce ne fera point lajuger témérairemerit «0 F 4  que de Taprécier & de dévoiler toute h diffbrniité de ce monftre dramatique. Lear a trois filles, il en cxhérede une trompée par des accufationscalomnieufes qu'il acrucs trop légercment: il partage fes états entre les deux autres. VoJnerille, la première, le chasfe de fon palais'& 1'oblige de fe refugicr chez ■ Regane, la feconde. Celle-ci 1'accucille avec une grande pie'té filiale; mais, fous ccsdehors hipocritcs, recele le defiein le plus nom Onen inftruit le pere, qui1 abandonne eet enfant dén aturé, va chercher dans les foréts une retraite ou il rencontre fa troifieme fiïle HeJmonde, vertueufe, lui confervant les fentimens qu'elle lui doit, & fur le point de cauler une révolution a j'aide d'un héros qui 1'aime, qui eft touché de fon fort & a mis dans fon parti les plus valeureux & les plus ficleles. Cependant Regane, ïnftruite de 1'évafion de fon pere, le fait chercher. On le découvre ainfi que fa fille; on les arrête. :Durant eet intervalle, la conjuratiou éclate, & Edgar, c'eft le nom du héros, quoique vaincu, harangue fi éloquemment les foldats du duc de Cornouailles, le .mari de Rega • ne & entrant dans les vues criminelles & parricides de la duchefie, qu'ils fabandonnent; enforte que Lear remonte fur le tróne, & uhisfant le vainqueur & HeJmonde enredefcendune feconde fois pour les couronner. Tel eft le fujet affez fimple de la piece; mais que M.Ducis, a Texemple de Shakefpear, a horriblenient com*  ( 129 ) pliqué en multipliant les incidens & les acteurs. 'Il ya quinze de ces derniers qui pourroient fe réduire a quatre elTentiels; favöir une rille dénaturée pour former 1'intrigue, le pere&labonne fille qui en font le noeud & occafionnentl'intérêt, enfin le héros libérateur qui en opere le dénoüment. Dans le premier acte, quoiquetres-long,1'ex.pofition elf fi mal feite, que chacun eft obligé d'y fuppléer par des fuppofitions: il auroit fallu au moins motiver 1'excès de barbarie de Volncrille & enfuite de Regane iur quelque raifon d'état qui elface, chez les fouverains, jufqu'aux fentirnens de la nature; mais M. Ducis ne nous repréfente Folnerllle & Regane que comme deux de ces monftres inadmiffibles fur la fcene, & cpïHorace prefcrit d'écarter avec foin des yeux du fpcélateur. Pour contralier, il peintle duc Albanië, le mari de la première, fous des couleurs plus douces & oppofées a celles du duc ■ de Carnouailles, Fépoux de Regane, & auffi fcélérat qu'elle. II le place a la cour de fou bcau-frere, -concertant avec lui leurs intéréts politiques, ce qui permet a Folnerillë de pro-fiter de fon abfence & de développer fon caractere abominable en obligeant fon pere de fuirde fa cour; mais la vertu du duc d'Albanië efi li foible, agit fi peu, que ce perfonnage devient froid, nul, & un relfort pofbche feulemententre les mains du poëte. Le comte de Kent* un ancien miniftre de Lear, renvoyé pour avoit F'5  C130 ) défendu trop'criaudementHelmondë, ihfervïènt" 1 fur la fin.'de 1'acr.e;. il cherche fes fils qui 1'ont" abandormé, qu'il veut emmener avec.lui', &quilui réfifient', ce qui forme une cacopbonie d'intérêts dir même genre , ainfi qu'une multiplioité de: trois acteurs- qui vontconcourir au même but,, & qu'il eütparconféquent falluréunirenunfeul'. auffi. Au fecond acte, Léar; dónt lè poëtea jugék propos d'aliéner 1'efprit , afin de le rendré plusihtéreiTant, rencontre d'abord fon ami Kent;' il efi bientót environné de töutela cour, & fe-' perfuade ,aux démonftrations de tendreflede^- gane & du Duc Cornouailksi, avoir trouvé uneiille plus fenfible.. Leduc ö? Albanië préfent,, désavoue la conduite de fon époufe, & fe con-tente de vouloir ramener Lear avec lui: celui-ci tombe dans un accès de démence, & croyant: voir dans Regane, Vdnerille,, fe livrea touteg; fes fureurs. II revient a lui, reconnolt fon er-t reur, lörfque le comte, qui étoit allé aux in-•' formations, vient apprendre k Lear en préfen-ce du duc & de la duchefië même; que cette ' fille ne vaut pas mieux que 1'autre; qu'il ait k' craindrede nouvelles perfécutions: & ces deux : fouverains fi atroces, qui avoient d'abord ordonné d'arreter Kent, finifientparferetirertran-: - qmiement, o> laiüent Lear & Kent devifer enfemble & s'aflurer une retraite. ■ Le théatre, qui durant les deux premiers ac-tes, n'avoit repréfenté qu'un chateau fortifié du ' duc de Cornouaüles, changeaucommcncement  dii troifiême. On vöit une forêthériflee dërochers; dans le fonds-, une caverne auprès de • laquelle efl: un vieux chênè:'il eft nuit; le tems efl: dispofé a un orage épouventable..- C'efl: la & en ce moment qu'Edgard aflemble les cónjurés & leur montre Helmonde pour les mieux difpo-fer. Cependant les éclairs & le tonnerre éclatent.. La' princefle & fon' amant fe réfugient dans 1'antre voifin.- Mors Lear, quoique forti ^itt -Kent', furvient feul. On le voit a la lueur' des - éclairs, a ce que nous apprend l'auteur, a traversies ar bres delaforêt, feul, égaré&promenant fa vue avec douleur- & inquiétude. Le ■ tonnerre éclate, continué-t-if; les éclairs embrafentFhorifon; les vents fiflent, la grêlè tombe fur la tête chauvé & ntie du roi Lear. Kent' enfin le retröuvê & 1'engage a fe retirer dansune caverne qu'il appercoit. On croiroit qu'ils: y vont entrer: point du töut.; Helmonde & Ed~ gard en fortent'au contraire.- Z^retömbe encore dans fon-égarement, il prend tour a -tourHelmonde , pour Volnerille, pöur Regane ; il* Faccable d'injurés: elle ofe fe déclarer. .Cette reconnoiflance redouble la douleur du pere & farage;, il veut fetuer; il s'évanouit &.o"nl'em-, pörte dans la caverne.. Le qüatrième acte commenceparl'aveu^^-'gard k Kent Au projet de la conjuration, que lepere appróuvê. Cependant Helmonde cherche' k ranimer fon pere ; on 1'apporteendormifurun: Ut- de- rofeaux: il ouvre les yeux;. il a perdiu F 6-  C 132 ) toute fa mêmoire. S'eufuit un interrogatoire qui a produit beaucoup d'effct par la gradation avec laquelle le fentiment faifant revivre le cceur de Lear, lui rend par degrés les ide'es relatives i fa fitüatioa; enfin, la reconnoiffance dc fafille s'oprre dans toute fon étendue, & c'eft dans ces doux momens qu'on vient les arrêter. Au cinquieme acte le Duc de Cornouaiïïes a découvert la confpiration. Celui dCAlbanie ch erche envam a le cahrièr; les ordres font donnés pour faire périr Lear cc Helmonde; Edgard eft défait; il paroit erechainé fur la fcene; un miracle feul peut les fauver, & il s'opere par les reproches du vaincu aux foldafs du vainqueur, auxquels il fait connoltre la mauvaife ■caufe qu'ils défendent. Ils fe révoltent contre ües fouverains- dénaturés; ils reconnoifient de nouveau Lear pour leur roi, qui ne prënd Ie fceptre que pour le donner a fa troiiieme fiile en ï'uR'iöant a Edgar. On a déja, dans le cours de cette analyfe,. glit fentir plufieurs défaut-s de la piece, furtout de 1'expofition. Ceux de 1'intrigue & du nceud ne font pas moins faiilans. L'auteur a vouhi faire potter fpéchlement 1'intcrêt fur la fituation du Roi Lear, dont le cceur troptendrelüccombant a 1'excès de fon infortune, deTingratitude de fes deux filies, en perd la tête. Mais ce n'eft qu'une mal-adrefle; car qu'eft - ce que f intérêt tragique ? C'eft la. difpofition du fpeérateur a fe mettre a la place du perfonnage qu'il  C 133 ) aimfe; c'efl le dellr de s'idcntifier en quelque forte avec lui, depenfër, de fentir, d'agir comme lui; or, qui voudroit relfembler a un f'ol? Qui n'a pas 1'amour propre au contraire de dire: cela ne me fcroit pas arrivé ainli; je n'aurois pas été fi fot; j'aurois eu plus deforce il'efprit, plus d'énergie dans i'ame? L'intérêt quiréfulte donc de eet accident phyfique, que le poëte d'ailleurs fait naitre & arrête quand il veut, n'eft plus qu'un intérêt de pitié, de eommifération , tel que celui qu'on éprouve en entrant aux petites maifons. II ne peut être que tel» furtout d'après le caracTcre donné du prince qui, par ce qu'il a fait précédemmént, s'annonce pour crédule & foible, & psr Ia conclufion y met en quelque forte le derhieï traiten donnant de nouveau la couronuc avec non moins d'imprüdènce que de légereté. La maniere dont ie dénoument s'opere n'eft pas moins défeclueufe; & il a paru fi invraifcmblable, fi forcé, fi abfurde aux enthöufiastes même dc M. Duels, qu'il eft inutile de s'ap? pefantir defius & d'entrer dans aucun détail. Quant & la p'iuie, k ia gr Je, aux éclairs, au tonnerre, toutes ces calamités de la nature font excellentes dans un opera, & rrdicules dans une tragédie oü les orages doivent fe pasfer non dans les airs, mais dans le cceur des perlonnages, & par contrecoup dans celui des ipedateurs.  C 154 ) Quant aü ftilè, qtioiqu'il nous' ait paru k Li' lëcture moins vicieus que 'nous ne I'avions ju-gé, il y a etteore affez de bouffiffure & de plati tude pour. que nous nous en référions' k ce-que:' nous en avons d'abord prononeé. - 3 Mars 1783: • Tout fe difpofe pour Tou-Verture de la nouvelle falie de la eomédie ita-lienne a la rentrée d'après paques. ■ Ce théatre' ayant acquis une folidité qü'il n'avoit pas avant, ■ mérite qu'on entre dans quelqües détails'de fonhiftorique & de fa confiftaucé actuelle. Ce fut en 1716, fóus la régénce, qtie iè fbr-ma" dans Paris la troupe des comédiens italiens,.-. mais, malgré la proteclion royale■, malgré lés* talens & le zele de ceux qui la -compofoient J0 ils n'eurent qu'une foible réuffite, & ce ipec-~ tacle ne s'eft jamais foutenu quepardesmoyens' étrangers & bientót infuffifans, tels' qtie lesfeux d'artifice, les ballets &d jufqu'au moment oü, en 1762, 011 y a réuni 1'opéra cömique. Cette réunion, leur ouvrant une-nouvelle carrière, a fait tómber abfolument les comé-' dies en langue italienne, & quand on les re-préfentoit le pröduit de la recette ne fuffifoit pas^ même pour payer la moitié. des- frais journa-liers. D'ailleurs, les tentatives réitérées'defairevê-nir , a grands frais, des acteurs d'Italie, n'ayant produit aucun effet, il n'étöit plus poffible de remplacer les bons acteurs morts , ni ceux.  t 135 que 'leurs lóngs fervices ■ mettóiènt dans' le cas dè fe retirer.- Vu le dépériffemènt de ce fpectacle & 1'i'mpöffibilité d'y remédier, on n'a trouvé d'autre moyen de le reviviïïer que de fupprinier entierement-le genre italien, de pourvöir au traitement des acteurs & des actrices qui le repréfentoient & d'établir une nouvelle troupe qui, fous le titre ancien de comédiens italiens, repréfentat des comédies francoifes, des pieces de chant, foit a vaudeviles, foit- i arietes, & des parodies.. En conféquence, le roi a permis'aux adminiflrateurs de 1'académie de mufique, de faire k cette troupe un bail pour trente.anndes du privilege de 1'opera cömique.. C'eft. eet opera' comique, qtiï efl en effët la fburce véritable de la propriété actuelle de ce fpectacle.. Le genre des pieces de chant y a fait des progrès- auffi rapides qu'étonnans, au point que la mufique francoife, jadis 1'objetde 1'indifférence ou' du mépris- des étrangers, eft répandue aujourd'hui'dans toute 1'Europe. On exécute les opera bouffons francois dans toutes les cours du nord, & même en Italië, oü les plus grands muficiens' de Rome. & de. Naples applaudiffent aux talens dè nos compofiteurs :franeois. Ce font Jèsouvrages de ce genre qui ont formé le goüt en France, qui y ont accoutumé les- oreilles a une mufique plus favante & glus expreffive, &• qui ont enfin préparé la ré-  ( 13O Volution arrivée fur le théatre lyriqne même, en y faifant applaudir aujourd'hui des chef-d'ceuvres,dont, il yavingtcinq ans, onn'auroitni connu, ni goüté le mérite. Tant de fervices rendu§ a 1'art de la mufique ont dü déterminer le gouvernement a donner aux comédiens italiens une exiftence folide & légale, par un afrêt du confeil de vingt-cinq décembre 1779, qui fupprime les comédien«:ea langue italienne, & autorife les autres a faire un nouveau traité de fociété &c. Cet arrêt du confeil a bientot été reyêtu de lettres-patentes en date du trente-un mars 1780, fuivies de Facie 'de fociété de la nouvelle troupe, & le tout a été enregiftré au parlement le premier 'mai fuivant. Les lettres paten:es contienn ent douze articles. Le dernier eft remarquable. En renouvelant, en tant que de befoin, les üifpofitions de la déclaration donnée par Louis XIII, en faveur des comédiens, le feize avril 1641,8. M. y enjoint très-expreficment aux co» médiens italiens de régler tellement leurs rcpréfentations théatrales, que la religion , les bon. nes mceurs& 1'honnêteté publique n'en puiflcnt fouffrir Ia moindre atteinte; & elle ajoute: „En „ ce faifant, nous voulons & entendons que 1'exercice de leur profeffion ne puifieleurêtre i} imputé a blame, ni préjudicier aleurrépuM tation dans le commerce public." 4 Mars 1783. II parelt que le gouvernement,.  C 137 ) ia guerre étant ccffée, s'apprête a chercher les móyens les plus fal'utaires pour remédié r aux dépenfes exceiïivés & au désordre qu'elle a portés dans les fi:iances. En coiiféquence, deux comités de différente nature doivc.it s'affembler fréquemment fur eet objet; le grand, oü fe traiteront les plans & pro jets de nuance, fera compofé du roi, lorfque S. M, voudra y afiister, du comte de Vergennes, du Garde des fceaux & de M. de Fteuri. Le petit comité concernant les opérations journalieres & ce mécanifme de charlatannerie polnique propre a foutenir le crédit public en maintenant celui de la place, aura pour membres les Sieurs de Bourgade, le Clerc, ancien premier commis des finarices, d'Het velay, garde dutréfor royal, & Darney, agent de change du tréfor royal. 4 Mars 1783. M. le duc de Coigny a recu le lundi gras la faveur finguliere d'avoir a foupcr a Paris dans fon hótel le roi & lareine :il y avoit une' table de cent couverts. A la fuite du repas il y a eu un bal divifé en deux lillies; 1'une des jeunes femmes, c'eft-adire de celles au deffous de vingt-cinq ans, & 1'autre des vieïllles au deffus, dans laquelle la reine étoit comprife. Eile a paru s'y amufer beaucoup: a la fin les deux falies fe foutréunies en une. II y avoit en outre une falie de jeu. 4 Mars 1783. C'eft le fils de M. deChoife-ul-  Meuzé, très-jeunë homme, auquel eft a'mvéé' Taventure du cabriolet. Tous les Choifculs,inftruits de la fenfation qu'elle avoit prodüite auparlement, fe font remués póur en empêcher' les fuites. On veut aujourd'hui que' le fiacre' ne foit pas mort de fes blefiures, & qu'on ait' profité de cette circonftance beureüfe pour en obtenir un défiftemcnt a force d'argent, avant que la dénonciation eüt été faite.- On ajoute qu'elle a eu lieu le vendredi vingt-' huif février aux chambres affemblées,- oü M;d'Epremefnil 1'a jointe a plufieurs autres.' 5 Mars 1783;■ On attend inceffament lè mé-~moire fur la Baflille par M fait honnèur; mais avant a fait venir eet enfant chéri, lui a fait une févere léprimande, & lui a déclaré qu'il eüt a. être. plus fage, linon qu'il le feroit enfermer; qu'ilnevouloit point de Guémenée dans la familie, propos qui abientótcireulé dans les foyers del'opera, qui s'eft répété dans le monde & fait proverbe aujourd'hui.- 6 Mafs 1783. On a oublié de parler dans Ie tems du rétabliiTement de la cour des aides de Clermont Ferrand, qui a eu lieu quelquesmois aprés fon interdiétion.- La nomination de M.Guerrier de Bezance, ancien maltredes reqüétes, a la place de premier préfidént de cette cour, donne lieu aujourd'hui de s'en entretenir ; ainfi que de fon chef donton arappelé Faventure domeitique.. Sa femme jeune & jolié', qui's'étoit amöurachée de M.. de Sèvres de la Tour, s'enfuit en Angleterre avec ce galant, qui, a fon tour, lailfa fa- femme rélidanf encore aujourd'hui a Paris & gémilfant. de 1'abandon de ce moderne Théfée.. Quoi qu'il en foit , c'èft'a cette anecdote qu'on' eft redevable problablement de la naiiTance duCourier de PEurope,^ M, dè Sèvres de la Tour, homme de lettres-, non dëpourvu dè talent, fut néceflite' de chercher des- reffources pour lui & pour fa: conquête; il imagina le plan de cette: nouvelle gazette, le fit adopter par des particuliers riches, & fe chargea de la rédaétion qu'il; remplit avec. fuccès quant a la partie-effentici-  C 140 ) lequiconcernePAngletere; mais, fautedebons correfpondans, il ne tire pas tout le parti qu'il pourroit de Partiele de France. 6 Mars 1783. II paroit que YArmide de M. de Saccbini, comme tous les bons ouvrages, prendra davantage a mefure qu'elle fera plus connue. 'La feconde repréfentation en a d'abord aflurc le fuccès, quoique 1'exécution n'en foit pas encore parfaite. Le premier acie efl: fans. contredit un des plus beaux qu'il y ait au théatre lyrique, tant par la majesté de la fcene , que par la plénitude de 1'action & par la diverfité des mouvemens. L'ouverture de la tragédie, qui efl: un confeil tenu dans le camp des Sarrafins, entre le pere d'Armide & les rois & chevaliers de 1'armée , eft d'une grande nobleffe, (Sr le cOmppfitepr de la mufique en a fenti tout 1'effet.— Le chceur oü les amans d'Armide , dégóutés de fon abfence, demandent la paix, termine grandement cette fuperbe fcene. L'arrivéé deRënaud, qui, au même inftant, s'annonce député de Godefroi pour offrir cette paix, efl: un peu poftiché; mais il en réfulte la belle fituatïon d'Arthiilé qui furvient, &, par fes reproches, par fa préfence &par fes charmes,rend le courage a tous ces héros abattus. La maniere dont Renaud fe retire pour fe préparcr au combat , répond k toutce qui a précédé ; mais, comme on Pa déja 'dit, le morceau du ferment efl: d'un fublime qui le fait aller de pair avec tout ce qu'on pour-  ( Ui ) rok citer de plus exprcffif dans le même genre. L'epifode des Amazones, placé la pour amener une fête & un ballet, du moins une marche, efl: un-hors.d'ceuvré, qui, en jetant plus de variété dans' Pafte, embarafle Pacrion , la fetarde, & fait dire au fpe#atëur, avant Armide , que c'eft pêrdrë le tems inutilcrnent; qu'il faut des combats & non des jetix. Le fecond acte efl: plus monotone & a beaucoup de langueur. Le feul moment oü Armide vient au fecours de Renatid , attaqué a 1'improvifle par fes rivaux, & contre les loix de la guerre avant qu'il foit forti du camp, excite la cüriofité & en forme toute 1'action; enforte que l'auteur qui prétend avoir mis plus de rapidité dans fon poëme, qu'il n'y en a dans celui de Psllegrin, mérite le reproche contraire. Heureufement que le muficien a fuppléé a ce vuide par des morceaux de chant très-bien faits; mais fe reflcntant trop encore du poême. Le mono. ïogue d Armide , Barbare amour, a produit un véritable énthoufiasme; & fi dans Ia fcene oü cette princesfe & fon pere évoqucnt les furies, on n'y retrouve pas toute Pënergie dont elle efl: fusceptible, le talent dc -M. Sacchini fe releve bientót dans le chceur des démons fe plaignant de leur impuisfance a feconder la vengeance d'Hydraot & dc fa fillê; Une décoration repréfentant le champ de bataille & 1'action du combat au milieu de la nuit, qui n'efl appcrcu qu'au feu des éclairs,  eft d'un pittoresquc neuf &impofant, autro'ifie» me acte. Malheureufement c'eft le plus foible.» & presque tout en récitatif; il ne feröit pas fuppoitable fans 1'art du mufiden, qui,s fupérieur a fes femblables, excelle en cette partk: Armide occupe la fcene fans aucun intervalle.; elle y a quatre monologues; eïïe veut s'y tuer deux fois & ne commencc a refpirer , ne confent 'a vivre qu'au moment o'ü Renaud, le faitveur de fon pere, lui déclare qu'il n'a jamais ceffé de 1'aimcr, & le lui pronve. Alors elle ordonné aux Génies foumis a fon empire, de transformer ces lieuxen un palais magnifique pour 1'architecture, mais point aflez galant, aflez éclairé, d'un genre trop auftere. Suit un ballet oü les coriphées de la danfe fe dédomagent amplement de leur inutilité jusque-la. Les airs font comme le palais, beaux, mais peu gais, & M. Sacchini n'excelle pas plus cn ce genre que le chevalicr Gluck, Le réfuitat du jugement des connoifleurs en mufique après ces deux repréfentations, .efl que fi M. Sacchini n'a pas lesfaccades, les cris, les déchiremens du muficien allemand, il a inflniment plus de douceur, d'agrément & de chant dans tout le refte, & que non móins pur, non moins élégant, non moins mélodicux que M. Piccini, il n'eft jamais monotone & foparatif comme lui; il a une énergie bien fupérieure. Le fleur le Gros, qnifait le róle de Renaud9 manque de la noblefle, de la fenfibülté qu'il  ( -143 ) ^xïgeroït, enforte qu'il ne produit pas toutl'ef,fet qu'on en doit attendre, & cedéfaut rejaillit -fur le poëte, auquel on reproche de n'avoir pas iaffez décidé le caraétere de fon héros, del'avoir -rendu taciturne, itoid & presque impafilble. Mi!ele Fajfeur, comme actrice, ne -rend pas mal le ■róle ft Armide, extrêmement fatigant; mais on croit que M««. Saint-Huherti le chanteroit ;beaucoup mieux , avec plus d'onction & non moins de force. Deux jeunes fujets brillent dans les róles fe,condaires,une Demoiièlie MaillarJ,qui fait Ie róle A'Amiope, reine des Amazones, & la Demoifelle le Bceuf, fille de ,1'auteur des paroles &trèsjolic cantatrice. 7 Mars 1783. M. Guerrier de Bezance, mis fur le chandelier par fa nomination a la dignité de chef d'une cour fouveraine, eft de plus en plus 1'entretien du public. II eft auvergnac; il étoit pere de 1'oratoire, & fut au Mont d'or pour y prendre les eaux a caufe de fa poitrine. II y trouva une Demoiièlie le Bas, d'une familie j-iche ayant elïe-mêmë du bien; elle s'amou•racha de ce religieux galant, & 1'époufa, quoiqu'd n'eüt rien. II acheta une charge d'avocat général de cour des aides de Clermont, puis pafla confeiller au parlement de Paris, &devint enfuite maïtre des requëtes. Sa première femme étant morte, ilépoufaune Demoiièlie Millochin dont il fe flattoit d'avoir beaucoup de bien; mais  C 144 ) fon bean-pere ayant mal fait fes affaires», 'lé réiuitat a été pour M. deBezance d'obtenir 8000 liv. .de peniiou pour un bon de fermfer général qu'avoit M. Milhchin & qu'a cette condition le miniftrè a retiré. M. de Bezat:cc par fes intrigues s'eft pouffé dans le confeil, & a obtenu pour 25 a 30,000 liv. de burcaux, entre autres la fupïrbe place de procureur général du bureau des péages; ce qui 1'a mis en relation avec tous les grands feigncurs, & a merveilleufement favorifé fon ambition, au point qu'ayant rendu des fervices confidérable\s a l'ordre de Malthe, il en a obtenu , pour marqué de reconnoiflance, la permilfion de porter la croix qu'il étale avec beaucoup d'affcctation, vanité d'autaut plus ridicule, qu'il a un fi-ere, frere fervant de l'ordre. M. de Bezance efi.- grand bavard, grand menteur conféquemment; il fe vante beaucoup & eft trés-ennuyeux. De Ia le principe du dégout de fa femme, dont a profité Wl.dé Sèvres dé la Tour vivant chez elle comme parent & fecrétaire du mari. Dc la reultwerhcnt qui a mal tourné; & 1'on allure qu'elle eft malheureufe aujourd'hui a Londres, abandonnée par fon favilfeur & obligée d'être maitrefle delangue pour exifter. S Mars 1783. Tandis que la légiflation du théatre francois refte toujours ignorée du public & même des parties intéreffécs, telles que les  C H5 ) les auteurs qni ri'en ont encore eu anctme cennoiffance légale, il a été imprimé un récueil de fftifieVrs nouveaux régkmcns concernant Ie thedtre i'taliën, II contient, outre Parrêt du confeil, les lettres patentes &c. dont on a déja parlc, & fervant de bafe a la formation de La nouvelle troupe, accompagnées de Facie de fociété entre fes membres, figné par-devant notaire. Un autre arrêt du confeil , non moins reroarquable cc relatif aux auteurs, en date dn vingt juillet 1782, qui ordonné que toutes les réceptions ftites jusqu'alors des pieces non jouées, feront regardées comme nulles & non avenues; fauf aux auteurs a les repréfenter de nouveau pour "être lues & I'affemblée du comité, ainfi que toutes celles qui feront préfen•tées a 1'avenir. L'efprit de eet arrêt du confeil eft fort fage. Cette troupe, aujourd'hui compofée de feize acteurs a part, & de dix a penfion; de feize actrices a part, & de dix a penfion'faifant en tout cinquante deux perfonnes, efi trop nombreufe: la quantitë de pieces qui leur arrivent eft trop grande pour ne pas exiger un premier tribunal, oü Fouvrage puifle être mürcmenc examiné avant de parvenu' a cette cohue, Le comité actuel n'eft compofé que d'horames, qui font les Sieurs Clairval, Trial, Sutft, Narbonne, Michu, Menier, Rcfieret Camera ni , Fatleroy, Raymond, ie premier i«u*i Terne XXII, G  ( iA6 ) nier en exercice, & le Sieur Anfeaume, fecrétaire; en tout douze membres. 8 Mars 1783. Le marquis dföyze (Brancas) doven des maréchaux de camp & armées. du roi & des chevaliers de Saint-Louis vient de mourir dans fa quatre-vingt-fcizieme année. il étoit généralement reconnu pour le pere deM. de Rougemont, ce fils de Mad. Halte, fi fameux dans ion tems pour ion proces en question d'étau & déclare batard par arrêt. II ell aujourd'hui gouverneur de VTinccnnes, & c'ell celui contre lequcl le jeune Mirabeau- fait une fortïe fi violente dans fouvrage qu'on lui atuïbue fur les lettres de cachet & les prifons d'état. 8 Mars 1783. Par 1'appereu , pris autant qu'il a été poffible.de la fituation deladirection des affaires du prince de Guemenée, il y a pour 1,800,000. liv. de rentes viageres , & pour 4,000,000. liv. de rentes perpétuelles. Pour payer tout cela il n'y a que 500,000. liv. de rentes perpétuelles. lleureufement pour les petits créanciers, comme domelliques & autres, Madame dc Mar fan s'efi chargée d'u* ne partie & M. le cardinal de Rohan de 1'autre. «j Mars 1733. C'ell par un réglement pour radminiftration des financcs par S. M. a Verfailles le vhigt-fix février 1783, & imprimé, dütribué a\*ec la plus grande profufion, qu'etï établi ie^comité dont ou a parlé. Son objet ell de faire gpü'ter aux peiiples les  C 147 ) avan'tages de la paix en leur procurant des ïbüïagemens réels & durables. Pour y parvenir, il faut connoitre le montant des dépenfes dont la durée de la guerre a retardé le payement, & ïixer invariablement & avec la plus étroite économie , 1'état des dépenfes de tous les départemens & de tous les ordonnateurs. II faut enïuite s'occuper des moyens de fupprimer les impofitions qui font le plus a charge, cfianger la nature & la forme de quelqucs-unes, di-' minuer & fimplifier les frais de perceptïon. Le comité cn queflion doit s'occuper de ces ■grands objets au moins une fois par femaine» Le miniflre des finances y fera le rapport des affaires & rédigera les réfolutions de S» M. dont ïl tiendra regiftrc. On prétend que le Sieur de Bourgade fera appeié psur y tenir la plume, comme greffier mettre: au tliéatre, coimne le fujet, quoiquen'appartenant pas a la dynaftie régnante ,., efif:. tiré de: 1'hiftoire d'Efpagne,, on a cru- devoir©btemr-avant: 1'agrément de M. Ié comte cFA— r.andh.;: mais-ce-miniflre, fans. dire pofitivement: qu'il s'öppofoit a la.repréfentation , a- répondm qu'il nc voyoit pas de. néeeffité de la. jouer ,, qu'il n'y auroit pas de mal a-me fa pas donner „ & 1'on.n'a: jamais pü Ie tirer de la, ik Mars: I783;. £e Muf ét de Paris a tcnu: 'lhnd«fik une: aflemblée: publique & générale ,, plus.-, fölemnelle- que- routes: celles, qui. ont eu; lieujusqu'iE préfent; &eela.dèyoit être, puis-que. la< paix. en, étoit. I'objet;. II étoit queftiojM am conféquence. de. célébrer la» naitfance de, lm nouvelle.répnblique.' des Etats-ühis, hommage-. quiJiii' a éré.-rcndu. en- la perfónne- dcM~Fh:/j%-ühf,; fon repréfentaut. Ge grand homais é-toitt aut miliem de3. membres, de: la fociété ; il ai «onftainmcuc écouté ks. divers ouvrages en. vers; fëemprofé-qui. out été: lus. fur cette- mariene.-, On- fait L'inauguratiön.de-foa: buflc ,.pr-e>Ëmé par M. ^«^/rJ>ai!X.acciaöiations.,de.:ona5  C i55 > fes fpeftatcurs, & le tout a été terminé' par ure concert & par un fouper que lui a donné M, Court de Gebeb'ft, le principal fondateur deFafiemblëc, fon préfident jusqu'a. préfeut, maisqui, remplacé par M, Cailhava d'Eftandoux n'eft plus que préfident honoraire.. La inter fcyphos ty pocuïa-, dans une aimablc délire,, on a courömié de lauriers & de myrtes la tête: méme de M;- Franklin.- Ce n'eft pas un fpectacle peu phitofophique fans doutc de voir uit pcrfonuage grave comme M..' Franklin , accablé des affaires les plus importuutes furtout em cc moment, s'occuper de pareilles niaiferies■fittéraires-, affifter a ces jeux eniantins & s'ea amufer.. 12 iïïars 1783. C'-ft' dans les premiers moisdc 1777 q»e; M. de Mirabeau, aprés avoir été détenu précédemment huit mois dans un ÜSrty fut euiermé au Donjon de Vincennes, 0Ï1 par Ia bienveillance de M. le Nbir ayant obtenu; ;\ diicrétion de 1'encre, du papier, des livres & Ia jouifiance d'une partie de fes manufcrits, faifis, il écrivoit fon livre cn 177S: il fe reffent de la patience incroyable qu'exigeoit fon entreprife. On ne peut conccvoir, qu'en le lifant, la qüantité d'ouvrages, très-favans la plupart, &en différentes iangues, qu'il a étudié, aprofondis, traduits , & s'eft ainfi rendus propres; ear fen érudition n'eft pas pëfante, ni ennuyeufe; elle eft très-bien fondue dans fon traité & y ajoute feulement de la force & du poids*  ( t$6 ) Ön voit en Iifant un difcours que M. de Mira*adrefle t ion fi!s dans fa péroraiton, qu'il' étoit pere lorsqu'il fut arrêté, qu'il-lui deftinoit: eet- ouvrage, mais que eet enfant n'étoit déja.. plus- & que^ fa mort a été' la première nouvelle: qu'il a-apprife- en fortant, Ou voit eneore dans le courant du livre queWi dè- Mirabeau eft-l'auteur de VEffai fur le Defpotlsme, dont on a-parlé dans lé tems avec: 'lés élbges qu'il méritoit: puifiè-t-il en-donner». comme il le fait efpérer-, plufieurs autres dans» % menie- genre-, &défendre, protéger, confo- ^ lfer-dü'moins-par fa plurne- éloquente tant detj malheureufes viétimes gémiifantes fous le.fceptie. de fer du defpotisme.. uk Mars 1783. La Sociétéroyale dkméde4d'm- a- tenu hier-fon-.alfemblée publique, mé.morabl'e- par- la diftribution du prix dont le fu~ jer propofé dès le-carême 1.778, étoit. de détergnmen le: meilkue- tr.aiiemenM dé la rage.. Une* iümme de - iaoo; liv:. avoit- dté- confacrée a eet •etfet par MUe Noir, lieutenant général de po~ lic.e médecine ai'lat Charité fn: Loire-,^M..Bouteillc, 4 Manosquecn Provencc , ont;paiïagé. l'aarr«Uf  c *$? y Le zeFe dè M. le Noir pour lés progrès dè cette compagnie. , &. fa. bienfaifan.ee, pour le. public, fe font encore manifeftés par une fom~ me. de 600 liv. que ce- magiftrat a> donnéepour en former un prix dont le Rijer eft dedèterminer quelles font parmi les maladies-, foit aigu'ës ,. foit chroniques , celles qu'on doit regarder comme-. vraiment contagieufes ; parquels- moyens- chacune de ces maladies fe communiqué d'un individu a un autre r& quelsfont les procédés les plus fvrs pour arrêter ler progrès- de ces différentes cqntagions., Cé prix: feta- décerné dans la. féance publique du.carême dè. 1-285-» 12 Mars 1783.. La eomédie de M, le CH&-valier. dè Langeac;. jouéehier,. n'eft pas tomBée, a été. même. aflez. applaudie, graces aux: fiömbreux partifans qu'il avoit dans le parterraOn 1'a. déja dit: ce fujet n'elt rien. moins que.neuf;- on a vu qu'il étoit tifé d'un. conté: de MarmofiteL En: outre, il.a été mis en ope. ra comique au même tbéiltre en-1.771- & depuis: réduit de deux. actes en un,.en 1776", Afl'urément l'auteur aeluel n'y a rien ajouté capabfede L'améliorèiv Le. fónds-eit' toujpufs-nronoto*ne, trifte,. larmoyant & fade;:, les mots d'a~ mour-, d'amitié&. de cceur y font répétés jusqu'a.) lai fatiété.. Les-, acteurs reftent, depuis: 1'expofitiou; jusqu'aui dénoument, dans la même fituation:: on ne voit qu'uae verfifkationnfièz. döüce", quelqucs vers bien. toumés^  C iS8 ) quelques-unsde fentiment, qui' aient" pumeriter au poëte de 1'indulgenee auprès des Reelate urs: knpartiaitx.. Cependant , après la piece, on a dëmandé: Tauteur avec inftances Les- comédiens, netenant compte de ces clameurs, avoient fait tomber la toile & fe mettoient peu en devoir de latisfaire-le public. Le parterre alors n'a1 pas vouhr en démordre, les clameurs font deventies fi fortes- & fi générales- , que la toiles'eft relcvée ,& 1c Sieur Raymond'ttt. venu dire.' .q.uToïi ne connoiflbit pas 1'auteurr alors quelqu'un a ené:" N'eft-ilpas chevaïïef de Malie?' L'aéleur a' répliqué. qu'il n'cn fivoit rieir & s'efl: retiré. M» le chevalier de Langcac, en effet cheva^Her de Mafte, avoit été durant toute la piecea une loge des trorfiemes avec la' Demoifelte: A'delïne-, afl-rrce.dë ce fpe&ack' a laquelle il elfattaché, & par les applaudiffemens nombreux". qui partöient de Ia loge, il étoit aife de juger dc 1'intérèt qu'on y prenoit au fuccès-de la piece Le clievalier, dès la fin, avoit cu la prudence de iè rétirer promptement.. t-rMars 1783X. Extrait d'une lettre de Bezancon du 3 mars 1783 Meffieurs, mor- tifics du- fiiencc dc la cour, laiflent enfin pereer des copies Je leur arrété', qui efl; fort tong^, ils rendent compte de ce qui s'efl; paffe darts» leur aflembléecn. voici Ife» circoJiffcincc^ia*-  C ) L'affembfée, pour délibérer fur Te travail'des eDmmiffaires,. fixée au douze février, avoit étérenvoyéc k huitaine : en* conféquence ,, les; cliambres fe font aflëmbléesle 19.. M. le premier préfident y a prononcé d'abord la déclaration fuivante.. Melfieurs- il me revient de toutes- paits" qu'on me fait 1'injure de me foupcon„.ner d'être. l'auteur, le confeil,. le rédacteur w. des- ordres que Ie roi a fait exé enter le fix. ^ feptembre dernier». „ Je déclare. que je- n'y ai d'autre part que „.d'avoir fait tout ce qui dépendbit de moS „ pour 1'cmpêcher,.. en repréfentant fortcment: „. qu'il- ne falloit ui" prorogation, ni enregiltre- ment avant la levée des féanccs du parle„. ment,, pour un impót qui ne devoit avoir „.lieu qu'a comm.encerdn premier janvier fuii„ vaóf- Jaióux, comme je dois IMtre, Meffieurs, de eonferver votre eftime-dans tous les tems, c'efi: a:vous-mêmes que jé ure p-Iains de eet injurieux' foupcony & je dépofe au greM ma préientfc déclaration....... Ce qui a été-fait, cc n'a détrompé perfónnei. Enfuite-, M, le premia- préfident a dit queMeffieurs Ie* commiftaiïes; étoient: prêts de renére compte k la. cour dè rc-xécution de fes ordres;-. fur quof tous- Mefikurs les commiffaires; 'ont été entendus- fuccefiivement, &la.matkremik. ea. diilibiKitiont. Qin a: 'iuzivj.. ua. aixêtcS  \ C i-tfo- ) tres-long,, mais- haché, mutilë, puree quecev Tui des commiiraires infiniment plus-fiort a trou-^ vé des contradiétcurs dans plufreurs membres' pufillanimcs & gagnés par'la cour , ou par k' premier préfident.. Au. refte,, en voici le réV fultat.. La cour perfift'ant dans fes proteftations dij) cinq feptembre 1,782 & en-celles qui ont fuivf,, protefie de.- nouveau contra tout cc qui a été* fait au préjudice dc 1'autorité du roi, des loir de k'monarchie, dès droits de la nation, dh Fhonneur & de ladignité de la-magiftrature, fè réfervant de .ftatuer fur 1'eJïet desdits arrêtéss & protefiatiöns.. A dëlibéré de faire airroi'dè très-humbks & a très-refpefuieufes- remontrance-s fur tous les;" objets dönt mention efi. faite au préfent arrëté;. Suit une longue énumération de doléances 8c. de griefs fur lesquels la. cour fupplie- S, M.- defaire droit.. Arrêté deplus, que k féigncur roi fera fup-plié de permettre que ksditcs remontranees^ lui feroient portées par une. grande députation! de fomparkmeiir.- En outre , pour donner plus dè poids k cettee démarche, plufieurs-membres, inftruits de Fintérêr que le parlement dè Paris prenoit k cette; affaire,, d'une dénonciation relative- entamée.' par M.. Robert- k la troifieme chambre des-.emquêtes, qui. attendoit: kspiece-s juridiques pour ï donnet fuite ótla fonncr cn regk a 1'aflcmbléej  ( ï6*ï } des cïtatnbres, avoient ouvert 1'avis cfordonner que,. vu la difïiculté de faire parvenir la vérité aux pieds dutróne , il feroit envoyé expédition de tous les arrèts & arrêtés- & remontrances de la cour, aux princes, aux pairs & aux divers pariemens dn royaume , & qu'ils feroient erigagés d'iuterpulër leurs bons offices auprès du roi, afin d'ëdairer fa. religion furprifë. Cette délibération, dont les miniftres redoutoient les fuites, a été vivement combattue par leurs créatures, enforte qu'elle n'a eu que vingttrois voix a Pafnrmative contre vingt-huit pour ' la négative, & ce coup de parti a msnqué. 13 Mars 17S3. Le procés des Montesquiou s'accufant réciproqucment d'être de faux Montesquiou , fe plaide conftamment aux requêtes de Fhötel avec la plus grande folemnité.. II attire plus de monde aux audiences que le procés des CrequL Toute 1'a nobleffe s'y jmterefjE encore plus vivement, en cc . que le Montesquiou, premier écuyer de Monfieur, ayant voulu s'élever infiniment au - deffus d'elle par Ia prétërïtïon de. venir de ,1a première race des rois de France, elle ne feroit pas fachée- dele voir hufiliïié & rabaiffé au niveau: des gcntifshom. nes ordinaü-es, On rappelle a. cette- occalion le ux-)t du. comte de. Maurepas ,, lorsqu'il remit a M. de Montesquiou les lettres-patentes de Louis. XP7 qui lui accorde la. demanJe: „ Avant, ,*lüi dit -il , il faut que vous me donnie-rvopatois- dVlioimeut fur un pqi.it que ie roi  ( ufc y „ exfgè', & qu'au furpl'ns vous lui óevcz \nt „ recoanofflhnce: Voila 1'acTe authentique fiii„ vant kqueï vous êtes Fezenzat, coHlequenï1„ ment defcendant de Chris...... mais au1 », moins laiö'ez nous tröncr.". . En outre M. de Montesquiou pafte pour fort altier, fort infol'eut; ee qui révolte tous ceux qui ont affaire a tui & même ïês courtifans qui font dans le cas d'y avoir rapport, On allure* que la reine ne peut pas le fouffrir, que S.M, xte feroit pas fachée de le voir fucconibcr & puni de fon impudence. On raconte a cette occafton qu'un inconnu vint, il y a quelque tems, offrir a Pabbé de la Eoulbenne qui luit Ie procés au nom de fa familie, une fomme de; 124,000 liv. ce dont fa délicateffe fut d'abord offenfée; mais que 1'autre infifta en lui difantr „ Monfieur, ces fonds vous viennent d'une „ main dont il n'eft point de gentilhomme dans „. le royaume qui ne puifle accepter les fe„ cours, fans rougir, ' Quoi qu'il en foit, il tombe a ces Meffieurs; de Pargent de toutes parts;. &, malgré leur détreffe, ils ont abondamment: de quoi fufïire' aux frais immenfes du procés. Ce qui aqheve d'aliéner a M. dkMontesquioie tous 1< s^ gens honnêtes & fenfibles, c'eft fa durei é enveis ces Meflieurs de la Eoulbenne qu'il ne peut s'empêcher de reconnoitre pour fes parens au moins du cóté des femmes. Oh a déja «Ut continent il avoitempêchd 1'abbé,. eu le re-  C *3 ) ïriarrf, d'obtenir les: faveurs du miniftre dc fe feuille : il a également émpêcné un autre frere* d'être recu garde dü corps dans la compagniede Beauveau.; heureufement que le duc de Villeroi 1'accucillit, malgré le défaveu de M. de Montesquiou; enfin, il ne voulut s'intéreffer k faire obtenir une compagnie de cavalerie a untroifieinefrere,qu'a conditjon qu'il figneroit urr aétc par le'qüél il fe défifteroit d'être Montesquiou ; démarche dont fes freres le blalnèrjeift beaucoup, & dom il fe rétraéta bien vite. C'eft W.. Polver el, avocat faüïCnx du parlement de Bordeaux, paffé & fixé a Paris, qui plaide pour les la Eoulbenne; il ne s'eft décidé . a les défendre qu'après avoir été fur les lieux prendre tous les renfeignemens néeeffaires, & s'êtte convaincu par lui-même de la légitimité de leur réclamation. On ajoute qu'il a découvcrt que M. de Montesquiou * fe nommoit Civet de fon vrai nom, fur quoi un calembour. Ce/ï un animal, fait-on dire a eet avocat, que je ne rendraï. fupportahle qu'en en faifant un. civet.. Au refte y toutes les- fois- que eet orareut plaide, ft eft. applaudi- a tout romprej mais aujourd'hui il s'eft furpafl'é. au- point que ceux. qui en deffrant que fes parties gagnaffent, regardoient intérieurement leurs titres comme très-mauvais ,. font fortis convaincus, &. tro'ayent leur caufe excellente;. Au contraire, toutes les fois que Kf. Treilhard:^ücQo\^.^Lde.Mfi!Uesquiou., il regne mv  filence morne parmï les auditeurs. Celui -c? s'eft appercu de cette défavcur & s'eft éctié ï Je favois bien que favoiï beaucoup de jaloux' & dfenvieux; mais je ns croyois pas avoir autant (Vennemis. . 14 Mars 1783» Les faftes de, Louis XF~9 fous ce titre magnïfique , caclient une ftérilit'é',. une mifere bien réelle. C'eft une rapfodie véritable, fansgoüt, fans choix, fans- méthode. L'auteur commenee par décrier celui de Ia Vie privée, & II en copie quelque fois h-uit a dix pages de fuïte; il en prend des paragraphesentiers , les portraits , les- opinions:. il pille' également P'Efpïon Anglois, les Anecdotes de1 Madame du Barri, & plufieurs autres ouvra* ges, qu'il gate fouvent par' dés interpoliattons ridicules, par quelques expreffions de fon cru,.. triviales ou grofiieres. Au milieu de fa narration ft la coupe, par des vaudevilles du tems par des bons mots pris dansles ana, par d'autres citatións" qui- font perdrs de vue 1'objet' princfpaL San» doute, Pbiftoire n'eft pas in» roman, un ouvrage-d'imagfnatfou,. lés faits mfont communs a- tout lé monde f mais c'eft la jnaniere de les rendre, de les placer, de lesdifcuter;- c'eft la facon de peindre, de donner de 1'rhtérêt & du piquant , une tournure philó* .fophique- aux moindres- chofes ; c'eft le ftilc eonvenable- a la nature de la narration', qui en? font le mérite & qui difthrguent ?e véritableh^ftor-ien du compilateuc ou du rapfodifte, Ce*  C i$5 ) quï paroit appartenir fans conteftation a l'auteur des Falies., ce font des lettres impertinentcs qu'il a compofées & qu'il attrfbue a diiTérens perfonnages importans , bien étonnës, slis vivoient, du brigage qu'on leur fait tenïr! ? 15 Mars 1783. ïl perce ici des copïes dé ï'arrëté du parlement de Bezancon du dix-neuf levrjer, qui eft en effet très-long. On efl èf'frayé de la quantité d'abus contre lesqucls il réclame. II ftïpplié le Roi 10. D'abrdger Ja durée des vingtiemes, de fupprimer 255,000 liv. ajoutées en 1772 & 1781 a 1'abonnement des premier & fecond vingtiemes , & de retrancher le tiers du troifieme'i raifon de 1'exemption de Finduftrie. 20. De maintcnir 1'éxe'cution des loix qui déFendent la perception d'aucuns impóts qui ne feroient pas établis par édït vériüé dans les cours; en conféquence, de défendre la levée d'une fomme de 60,000 liv. ordonnée par arrêt du confeil du vingt-huit mars 1782, en fus du taux de 1'abonnement des vingtiemes. 30. D'ordonner que la déclaration du treize février 1780 foit exécutée en conformité de fon enregiftrement, & que le montant de la capitation porté a 1,023,000 liv. fera réduit i 700,000 liv. de principal, avec les quatre fous pour livre pour le tems qu'ils doivent durer & les frais de perception en conformité des édits concernant les reccveuxs généraux & parti-culiers.  < i66 > 40. De diminuer le nombre des bataïïlons de milice de la province, a proportion de fon étenduc & de fa populatipnde réduïre I'entreténement de la milice a la fomme de 102,686 liv. comme il étoit fixé avant la guerre, au lieu. de celle de 334,050 liv, a laquelle il a été porti depuis 1780. 50. De proportïonner les frais du tirage & petit équipement de la milice a la dépenfe effective , fans qu'elle puiffe être augmcntée, pour quelque prétexte que ce foit. 6°. De ré gier 1'impót connü fous le nom iVexcédent dc fourages fuivant le nombre des tröupes de cavalerie ou de dragons qui font en quartierdanslaFranche-Comté; d'en fupprimer toutes dépenfes étrangeres & d'en alfurer la comptabilité. 70. De ne pas multiplier les charges locales; de 11'en ordonner que de néceflaires; de fixer 3a dépenfe de chacune d'elles, fans pouvoir 1'augmenter ni 1'étendre. 8°. De ne comprendre dans la lifte des logemens dont les villes font chargées que les officiers employés, & pour le tems de leur fervice. 90. D'ordonner que le fol par pain de fel Roziere deftiné au rembourfement des charges de la chambre des comptcs & autres dépenfes d'utilité publique , .détourné de fa deftiuation, foit diftrait du bail des fermes, pour être rendu a fon premier emploi. 100. De rembourfer lesdites charges de la  C I S7 > cbambre des comptes avec les fommes percues jusqu'.ï préfent: & comme elles font fuffifantes pour effectuer ce rembourfement, de fupprimer après qu'il fera fait, 1'impofitiou des 35,000 liv. levées pour eet objet. De rendre a 1'hópital des mendians les trois derniers pour livre de l'impofition ordinaire qui lui étoient affeclés par Pédit du mois de juillet 1724. De fupprimer les trois deniers pour livre des impofitious extraordinaires qui les ont remplacés, & d'affurer la comptabilité des deniers de Fadminilfration dc eet hopital. 120. De ne pas pef mettre la multipïication des chemins inutiies au public, de défendre 1'adjudication des corvées ;\ prix d'argent, contre le gré des corvéables, & d'empecher les vexations des commis aux ponts & chausiej'S. 130. Que tous les impöts, ainfi que fes dif- ' férentes dépenfes d'adminiftration, foient connus & dëfignés dans les mandemens par leur «om , fans être déguifés & coufondus dans une impófition générale. _ 140. Que les retranchemens faits furies taxations des receveurs généraux & particuliers par édit des mois d'ociobrc 1781 & janvier 1782 proStent aux contribuables, & ne foient plus compris dans Ia maffe des impofitions. 150. De maintenir l'exécution de différens rachats faits par la province, d'offices cc autres  ( ï$8 ) droits, & de réparer les atteintes qui y 0115 été portées. Enfin, d'accorder au peuple tous les foulagemens qu'il efperc de la bonté de fa majefté & qu'il attend du retour de la paix. 15 Mars-1783. M. de Rane, enfermé depuis quarante ans , & peut-être plus, vient de terminer fes jours a Picrre - Encife; il laiffe par fa mort 60,000 liv. de rentes de biens fubftitués k M. de Montigny, tréförier des états de Bourgogne. Le crime de ce gentilhomme étoit d'avoir alTaffiné par jaloufie un M. de Jaucourt. II jouiffoit de fa fortune dansfaprifon, avoit une forte de liberté de voir & de recevoir du monde; il donnoit a manger, &c. 16 Mars 1783. Outre les pieces énoncées déja concernant la légiflation de la eomédie italienne, il y en a d'autres concernant fon régl-, me non moins bonnes a connoltre. i°. Un plan d'adminiftration intéiïeure du fix mars 17S0, concernant la recette journaiiere; la recette des loges a 1'année, la dépenfe, les opérations annuelles , les régiemens pour les habits que les aéleurs doivent fe fournir, & pour ceux que la eomédie doit leur procurer. 20. Réglement figné par les premiers gentilsbommes de la chambre, relativement au comité , aux femainiers, aux alfemblées, aux délibérations, aux débats, aux pieces nouvelles, aux  C 159 ) igfSX droits des auteurs, & a divers tteaxii objets cle police inférieure. 3°. 'Reglement concernant 1'orcheftré, un autre pour la danfe, Voici les articles les plus effent!els & les plus a connoïtre de tout ceci relajn'vement: aux droits des auteurs. Les repréfentations des pieces a arietes feront iibres tous les Jours de la fefnaine , excepté le mardi Ie vendredi , fuivant 1'accord fait avec 1'opera.. Les repréfentations des opera corftlques en vaudevilles & des comédies francoifes feront libres quelque jour de la femalne que <:e foit; mais les pieces de ces deux genres ne pourront être jouées la première fois -que les mardi & vendredi. La part des anteurs des pieces i arietes, fera d'un neuvieme pour les pieces en troisactes & plus; d'un douzieme pour les pieces en deux acles , & d'un dix-huitieme pour les pieces cn un acte. Cette part d'auteur fera partagée en deux moitiés, Fune pour le poëte, 1'autre pour le muficien. Les parodies, de tel nombre d'acTesqu'elles foient compofées, feront toujours regardées comine pieces d'un acle, & 1 leur honoraire fera fixé au dix-huitieme, quelque jour de la femaine queHes foient doaiie-es. Toms XXII, H  f T*70 ") La part d'auteur d'une coCiidie francoife, ou opera comique, vaudeville, variera fuivant les jours öu la piece fera jouée. Les mardi & vendredi, cette part fera d'un neuvieme pour les pieces en trois actes & plus, d'un douzieme pour les pieces en deux actes', & d'un dix-huitieme pour les pieces en un acte. Les autres jours de la femaine5 lorsqu'on jouera quelqu'une dc ces Cortes de pieces , avec ou fans une autre & axietes , quelconque ; la part d'auteur fera réduite k moitié, fuivant le nombre des actes dêia défignés. Ces parts feront prifes fur la recette journaliere a la porte, & non fur le produit des' loges a 1'année; fur cette recette on préle-. vera le quart franc pour les pauvres & «50 liv. pour les frais journaliers. Les auteurs enfin jouiront de leurs honotaires toute leur vie, excepté des repréfentations oü la recette fera au deifous de 600 liv. 1'été, c'eft-a-dire a compter depuis lequinze mai füsqu'au vingt-Cing novembre; & de 1000 liv. 1'hyver,depöis.Ie vingt-cinq novembre jusqu'au quinze mai. 16 Mars 1783. II paffe pour conffant que M. le duc de Chat tres fe propofoit d'ailer babiter Londres pendant quelqucs annéesr: avec Madame la duchefie & fes ènfansj! qu'il avoit'même déja fait louer'un hotel 1 eet eftet; mais qu'ayant été demandcr «f  C i?ï ) permïflïon au Roi, S. M. lal avoit tëmol* gné le peu de regret qu'elle avoit de lui voir qaitter la France, que madame la du«heffe de Chartres étoit fort libre d'y al- -er, h ce ïejour lui convenoit; quant aux enfans , il lui a demandé qu'elle étoit fon idóe a eet égard, & M. le duc de Chartres ayant répondu que c'étoit pour lés élever ;a 1'angloife, Je roi, indigné de ce propos indócent, Jui a répliquè qu'ils étoient a 1'état , & qu'il s'oppofoit a ce qu'on les con« duifit en pays étranger. 16 'Mars 1783. Les comédiens italiens ïuinoncoient depuis longtems un opera comique a arietes en trois actes, intitulé le Corfalre, dont les paroles font de M. de la Chabeauffiete & la mufique de M. Daleyrac; une incommodité furvenue a Mile. Colombe, ie Jour même de la repréfentation, 1'avoit fait différer. II doit avoit lieu demain; il a été joué a la cour avec beaucoup de fuccès. Qndic cependant la piece pleine de graveïures. On trouve Ja mufique d'un excellent genre. 17 Mars 1783. On a prétendu que lesFastes de Louis XV avoient été compofés par un partifandes Cholfeuls & a leur inftigation pour contrebalancer dans le public les f&cheufes irnprefiions qui pojrroient réfulter de Faneedote grave déja infinuée dans Ia Vie privée de Louis XV & rapportée comme certaine dans fEJpion dévalifé; mais lts falies ont paru avant H ft  ( 17* ) L'ar^éïè des prifons privées' cni feourgeoffes a paru mériter une toute autre confïdérarion. C'eft M. cPEpremïsnil qui en a d'abord fait une dénonciation générale, qui a fait un difcours touchaat fur cette maniere illégale d'attenter k la liberté des citoyens & fur lat. néceflké de réprimer 1'excès de la tyrannie fous uh prince qui ne veut régner que par les loix; qui aime fmcerement Ia juftice; qui defire le bonheur de fes fujets & s'en occupe ellentiellement. II a fait frémir les auditeurs en apticulant qu'il y avoit dans Paris & les environs vingt deux maifons de cette efpece; qu'il avoit fait Ie relevé des malheufeux pul Mis de cette forte de captivité durant 1'année .1777, & qu'il avoit trouvé que le nombre en étoit égal a celui des prifonniers conduits & arrétês dans le même efpace de tems dans les prifons de la cour & autres judieiaires, . II a été enfuitearticnlé' deux faits, celui dont a rendu compte M. Freteaur d'un nommé' Merlincoim, dont, par un hazard hèare.ix, il avoit eu le renfeignement dans ua papier foul'é aux pied3 ; ce qui 1'avoit mis fur la voie, & dans le cas de remonter a la föurce des nlaintes de ce malhenreux; que par les notions qu'il avoit acquifes a fon ftjet, il fe trouvoit détenu depuis quarante trois mois, fans avoir été interrogé; qu'il convenoit k Ia vérité, qu'après avoir été déja en charme privée de Ia même maniere, & H 4  ( i75 > ce &. trans-féré-depuis-plus d'un an a. Bicctrev fans que fa femme ni fon fi!s aient pu le voirv lis favent bien qu'en général iT.éffc aceufé d'avoir fait la contrebande; mais ils Ie-re-gi^ dênt comme-innocent. En un mot, on a pêché également a fon égard, en ne conftatöiit pas le corps du délit, en ne l'interrogcant jpas» en ne le mettant pas en juftice régiée.. La cour, en fe réfervant de faire au roi" des remontrances plus étendues fur le fonds, a arrtte toujours que, provifoireinent & at> tendu 1'urgence du cas, le premier préfident feroit chaugé- de fe retirer par-devers le roi po.ir lui donner connoiffance de ce3 deux. ïaits-, lui expofer I'illégalité de pareilles dótsentioas &. la. néceflké. que des commiiTaires-  C 177 ) de Ia cour puiffent vifiter ces maifons, com» me les autres prifons, & en avoir 1'infpec-" tion; enfin, demander que les deux accufés» s'ils font prévenus de quelque déiit, foient remis aux maius de la juflice.- Le roi a répondu fur le premier chef qu'il défaprouvoit fort que fon parlement voulüt mettre des bornes a fa bienfaifance a 1'égard du prifonnier qui s'étoit rendu coupable envers lui; que ce n'étoit point au parlement a s'immifcer dans ces fccrets de fa juflice, ét a fini par ces paroles dures & remarquables; Que cela ne vous arrivé-plus. Sur le fecond chef le roi a dit au parlement que ce Minguet étoit un contrebandier, que F affaire regardoit la cour des aides, Enfin, le roi en reconnoiffant le droit qu'a Ie parlement de vifiter les prifons, & fans lui öter tout-a-fait celui de prendre connoisfance de ces nouvelles, 1'a reflraint au premier préfident & au procureur général qu'onj infiruiroit du nombre des prifönniers , de leur .ualité, de leur délit & circoiiftances, & dont ils rendroient compte a la compagnie* lotsqu'ils en feroient requis; mais cependaoC avec Ia circonfpeétion que mériteroient le» différens cas. Ces divers articles de Ia réponfe ont. döt> mé lieu a une grande affemblée, oü, fans acquiefeer & ia reflriclion mife par le roi3, 1'oa  C £73 ) a pris acte de 1'efpece de reconnoiffance qu'il" faifoit du droit du parlement, & 1'on a arrêté que les deux magiftrats fe mettroient inces» Jamment en état d'inftruire la compagnie.. L'aiTemblée remife a la femaine prochaine. i:8 Mars 1783. Hier 1'opera comique du; Corfairey joué aux. Italiens, a eu un plein* fuccès.. On doit donner aujojrd'hui au même théav tre Ia première repréfentation des aveux difficiles de M... le baron d'Eftat, eomédie en nut acte & en vers. 19 Mars 1783. M. FranBin,. aujourd'hut que 1'indépendance, déja acquife de fait, desÉtats-Uois , eft confirmée de droit par la» paix, fait frapper une médaille relative a cegraad événement. Elle repréfente Hercules au berceau étouffant deux ferpens: un léopard. fiirpris de fa force veut fe jeter fur lui: il eft> repoufl'é- par la Ffance qui, fous-la i& gure de Minerve, lui préfente fon égide oit font trois fleurs de lis: au bas font les années 1777 & 1.781, épo.;ues des capitulationa. des ar méés de Burgoyne & de Comwallis, ftgurées par les- deux ferpens. Au revers eft*. la liberté , fous 1'emblème d'une belle femme.& dans 1'exergue Li bert as americawa* li efl: également queftion d'ériger k Louis; XVI fur la-place principale de Philadelphie,. en face du palais du congrès, une ftatue de broïize avec cette infeription  O») Post deuji dlligenda et servanda est libertas Maximis empta laeokibus HüMANIQUE sanguinis flumine irrigata Per imminentia belli PERicutAj juvante Üptimo Galliarum Principe Rege Lüdovico XVI. Hanc statuam princtpi augustissimo CONSECRAVITy Et peternaji pretiosamque beneficie MEMORIAMGRATA REIPUBLICjE VENERATIO Ultimis tradit nepotibus. _ i9- Mars 1783. Mortfïeur fonge trés férieufement k tirer parti du terrein qu'on lui a fait détacher de fon jardin duLuxembourg;: il eft queflion d'y établir la foire Saint-Germu'n; mais un projet plus vafle aétéauflï adopté par fon altefle royale, comme trèspropre a embellir fon palais & a donner plus' de valeur aux batimens qu'il fe propofe d'y faire conflruire.. M. de Fer, membre de I'académie de DU jon, ancien capitaine d'artillerie au fervice des colonies, 1'auteur du mêmoire lu a I'académie des fciences contre le pont de Neuilly, a préfenté h Monfieur un projet, on, réformant celui de MM. de Parcleux & Perronnet pour ainener les eaux de 1'Yvette a Paris, il en change la route, ainfi que les moyens indi«més, & furtout diminue la dépenfe au poins  ClSo) que , porté'e par lés académiciens è.' Hui't m\VBons, il la.rédüit a. moins d'un million.. C'eft ce projet qu'il eft queftion d'exécuter aux, fiais de. fon alteffe royale , & dont il veut avoir la gloire.. En confénuence,, il. ouvrira-. am emprunt, ou du moins 1'on en parle déja.. Mv^ ffer, eft auteur d'un.livre en trois-volumes-in- 4°.,intitulé Théorie générale, des cawaux de navigation.. II pré ten d avoir. trouvé les- moyens dë con■d'uire la.Loire & la riviere d'Eure a Verfail* ïes., & de fubftituer. i, la; Seihe.un canal de.aiavigation depuis Paris jusqu'a Rouen, ca«al qui: pafteroit par Verfailles & feroit.aliJoienté. par les- mêmes eaux qui.auroient dé«oré les jardins de ce palais tX ceux, de Trianon.. Cc projet effrayant par fon éxe'ndue, jugé: '*en- partie phyliquement impoffible fous ColBert,, n'a point découragé M. de. Fer, & il: wm démon trer.a. la poffibilitc. fans de grandes^dépenfes.. lil a fixé 1'attentibn du gouvernement fur, tin-autre projet dc garantir des inondationsR ■dé la Ssöne plus de cinq eens mille arpc-ns de-, prairies ;ce qui procureroitévidemment quin:ze millions de revenu annuel & peut-être: •quarantc-cihq, avec une première dépenfe; de moins de fix millions. La; Brelïe, a ce qu'il nous apprend-,. s'öccupe adhiellemenc des moyens- de. faire exéüsuter lbo plan dans la partie qui la concerne*.  C 181 ) Au flirplus» M,. de Fer n'efl point tin charlatan qui craigne le grand jour & lesyeux des favans;. il n'a jamais propofé une idéé au gouvernement fans 1.'avoir foumife: au jugement de 1'académie des feiences. 19 Mars 1783» Depuis longtems on erie contre le peu de foin des aménagemens des foréts de S. M-, contre 1'énorme confommation de bois qui fe fait a Paris;, on menace que le bois y manquera: on n'en a tenu compte. Le luxe n'a contribué qu'a faire crokre cette dépenfe par la mollede des grands feigneurs & des gens riches qui' veulent des tuyaux de chaleur partout,. des poëles jusque dans les efcaliers; enfin cette année, quoique 1'hyver n'ait pas été rigoureux, on commence k s'apercevoir de la difette, tellement que le onze de ce mois le bureau de la ville a rendu une ordonnance qui défcnd aux marchands de bois de donner plus d'une demi - voie a la fois . & veut qu'il y en ait toujours 6300 en réferve k J'ufage des boulangers.. Le roi a ordonné fur le champ une coupe extraordinaire dans les bois de Vincennes & de Boulogne, & la. ville a envoyé des échcvins a la découv.erte pour faire arriver par. terre, la ïiviere n'étant point navigable, le: bois qui fe ren.contrcra,fuivantledroitqu'elJje prétend avoir de s'emparer. de tout ce quii  C e8z ) fe prcfente ponr Faprovifionnement de la- ca-' pitale- Les chan tiers ne font autorifés qu'a fournir 1'intérieur de Paris & les habitans de Ia banlieue ne peuvent s'y pourvoir- Cet événement ne fait que redoubler lesclameurs. contre le prévót des marchands.. Ceux qui ne voient pas tout en noir, affarent que ce n'eft pas le bois qui manque, & attribuent la difette acTuelIe a 1'incurie du bureau de la ville ou a fon défaut g'c condcs- cendance a des arrangemens qu'on lui propofoit. On ajoute que S. M. a fait de vifs reproches a M,de Caumartïn, & lui a dit qu'il: vouloit que le réglement fut fuivi, qui ordonné que Paris foit toujours approviüonné* de bois pour deux ans. IQ- Mars 1783. Aujourd'hui devoit inter^enir le jugement dans le procés de Meffieurs, de Montesquiou, On allure que les conclu»fions étoient en faveur desFezenzae; cepen- ■ dant 1'afFaire a été appointée, tournure que; les juges prennent lorsqu'ils ne veulent pas; terminer- 20 Mars 1783;. Depuis les Iettres paterrtes du roi, enregiftrées en parlement le 3c décembre 1779., qui ont autorifé ie grand! aumónier a aliéner Phópital, les terreins & biens des quinze- vingts-,, les adminiftratearsqui lui étoient affociés a' ce'régime, ont donna-  C 183) leur déinifiTon' combinée chez un- notaire, fuivant laquelle ils croyoient devoir renoncer k. des fonclions qu'ils- ne rempliflbient point par le defpotisme du chef faifant tout fans les appeleiv Ces quatre adminiftrateurs étoient M. 1'abbé Farjonel,. confeiller de grand chambre,, M. de Qtiincy, correcbeur des comptes,- M. Henry,. fecrétaire du roi, & M. le procureur du roi du chatelet- Depuis ce tems ces places étoient reftées vaeantes.. Un Sieur Maynïery maitre & adminiffrateurj a5*ani des provilibns du roi, a été dépoffédé par un Sieur Prieur, adminiltrateur honoraire, & ne croyant pas que la nomination du grand aumónier put prévaloir fur celIe de S. Af.,, il avoit fait affigner au chatelet le dit Prieur & la caufe étoit en inftance;-, mais M. le lieutenant civ.il, comme on étoit fur le point de rendre une fentence, regut une lettre du garde des fceauxquilmvitoit a furfeoir., Tous ces faits & beaucoup d'autres ont étcï dénoncós vendredi quatorze a I'affemblée des, chambres, dontl'abbéFarjonel a demandé a fe retirer, comme partie intéreffée. En conféquence de la dénonciation ,ila été rendu arrêt qui commet Meffieurs de Chavemnes, Doven ^ & le Fevre d''Ammccourt, confeiller de grandchambre, pour fe tranfporter Ie■ lendemaiis tamedi k tiois heures de relcvée il^óteLde*  C iU) qumze - vi'ngts, s'y emparer de Ia caiffe On a commencé par expofer quels étoiëat les abus:. on en a trouvé de toute efpece; les premiers de la patt du. roi qui levoit des  droits énormes. incroyaMes fur les malnetrreroj plaidenrs, enforte que depuis 1'abbé Terrai les huit fois pour livre étoient montéS k douze, Ou eft bien convenu de faire des repréfentations & eet égard; mais on- a dit qu'il ne feroit pas décent de les pféfehter' avant d'avoir donn<:: 1'exempier c'eft dbnc de Meffieurs dont il eft queflion, des, épices,. des vacations , des fèërétairésv Enfuite on paffera aux: greffiers, aux procureuis & autres; fubalternes. Les quatre comrniflaires de fa grand' chambre font MeTeurs 'dè Chavanties, k Feirt d'Ammeeourt, 1'abbé Sammyer & NouePte. Le plus récalcitrant de céax-ci eft 1'abbé, qui> ayant 1'oreille du premier préfident & n'étant pas- content de 50,000 liv. en bén'fiees, fe fait plus de 30,000 liv.- de rentes de fon ca> binet. Tous les comm'fiaires honnêtes ont été incligni's quandils lui ont entendu dire qu'il ne voyoit rien a diminuer fur les épices & vacations; qu'il faudroit■ plutöc les augmenter, paree que le nombre des affaires diminuoit &. que 1'année derniere n'ayant cu que cinq eens inftances: de jugées au lieu de qui n ze eens-, il en réfultoit pour Meflieurs un deficit des deux tiers. ar Mars 1783- Le SiemBejparda: eft forti de la Bafiiile le lundi quinze, gros & gras5, trés - gai & fe louant beaucoup du gouverneur  C 189 } & de Tétac major qui paroiiTent avoir eu pour lui toutes fortes de foins & d'égards. Ainfi tout ce qu'on «voit dit du couroux du roi & du desfiin de S. M. de faire un exemple fur ce eoüpable, fe trouve faux, ou du moins fans effet. 21 Mars 1783» Ce qui fait prcTumcr que le bois commencé a manquer réellement, ou du moins qu'on en a des craintes fondées; e'eft le projet manifefte du gouvernement d'amener & de favorifer 1'ufage du charbon de terre i Paris; c'eltce qu'on voit dans un arrêt du conreii en date du 16 mars 178-, qui f-édetk presque de'deux tiers les droits fur le charbon ent-rant dans cette capitale & de •beaucoup plus celui entranc dans k bar> lietie. Comme cette diminutïon eft an préjndice tant de la ville que de 1'hópital général & des fermes, S. M. fe rcferve de leur accorder ene indemnité & de la fixer. On cakule que par 1'emploi dn charbon de terre pour les maM.facr.ures, pour différens oommerees & métiers, on peut économifer cent mille voies de bois dans un an. Enfin , on parle de mettre en coupe les réfervcs des communautés religieufes, ce qui, fuivant le cakof, peut fournir a ï'approvifionnement de bois pour douze ans; mais il faut bien empioyer eet intervalle, fans quoi ce feroit la derniere reffource.  C 150 ) 22 Mars 17^3. On ne fait trop comment M. le cardinal de Rohan, moins agréable au roi que jamais depuis la banqueroute du prince de Guemenée^ a trouvé une protecTion asfez forte pour arrèter & auffi promptement PaggreiTion vigoureufe des magiftrats. On prétend qu'inftruit fur le champ par. un faux •frere de la compagnie, il a eu recours a la reine, & a follicité fon augufte médiation. Ojioi qu'il en foit, il a préfenté fa caufe fous un trés-beau jour; puisque, fuivant un arrêt du confeil du quatorze mars, c'eft-a-dire rendu le même jour oü 1'on le peignoit aux chambres affemblées comme un defpote & un dcprédateur; en fe conformant au plan qu'il avoit préfenté a Sa Majefté & approuvé' par elle, il a fait des biens infuus a 1'hópital des quinze-vingts dont voici les articles principaux. 10. Par Pemploi des révenns ordinaires il a trouvé de quoi améliorer le fort des trois eens aveugles, en fupprimant la quête & la m'endicité. 20. Par 1'accroiffement des revenus qu'ont procuré les reviremens avantageux, il leur a fourni un traitement beaucoup plus confidérable dans 1'intérieur, &gradué fëlon les béfcins. Les garcons & les veufs, outre les autres douceurs en denrées, ont vingt föls i par jour, les perfonnes mariées ades étran-'  C 191 ) gers, vingt-ilx fors, & celles marides a dea aveugles de 1'hopkal trente-ïlx fois. 3°. II a dcltiné des fonds pour contribaer a diever'les enfans des aveugles marids, jasqn'A 1'dge de feize ans, & leur faire ap'prendre des métiers, & enfuite pour 1'établiffement d'une infirmerie dans 1'intdrieur de Pendos pour les aveugles domicilies & malades ci-devant obligds de folliciter leur tranfport a Phdtel-dieu. r 4*. II a erdd vingt-cinq. places pour des gentilshommes & huit pour des eccléfiafti ques pauvres & aveögles; en outre des pen" fkms alimentaires de cent Jivres, de cent .cmquante livres pour trois eens pauvres aveugles de province, enfin de quoi fburnir le pam a cent cinquante aveugles choifis param les pauvres afpirans. 5". II a fondé vingt-cinq lits pour des pauvres de province qui, affligés de la maladie des yeux, y feront recus, nbuMs & traités gratuitement, jusqu'a leur guërifon ou jusqu'a ce que la cëcité parfaite foit décidée. 1 .<5°.,11 attacbera au fervice de Phópital dhabiles ocaliftes, lesqueis donneront deux fois par femame , gratuitement leur tems leurs foins & les fecours de leur art a tous ceux qui viendront les confulter. 7°. Enfin, il doit être décernd un prix annuel de 400 liv. au meilleur mêmoire dont  ( Ï92 5 le fajet atira étc propofé fur les maladies des yeux, far la maniere de les prévénir & de les guérir , avec le prix des' remedes k employer. . 22 Mars 17^3. VAvis aux Soufcnpteurs des Annales politiques, tivïles &c. de M. Linguet eft daté de Londres le premier janvier 1783, & ouvre fon "umei'° 72'. '■. Ce qu'il contient de remarquable, c'eft 1'abjmation qu'il fait de fon correfpondant qu'il appdoit autrefois thonnête Lequesnc. II 1'accufe de l'avoir trompé , volé depuis cinq ans , d'avoir été depuis fa première fortie de France jusqu'au vingt-fept fêptembre 1780 1'efpion de la police auprès de lui; d'en avoir été 1'agent pour fa détention, ïnftruit depuis fix mois de 1'exiftence de la lette de cachet décernée contre le journalifte; de n'avoir été occupé qu'-a écarter de fon efprit les terreurs dont il étoit frappé; de l'avoir attiré i Paris; de l'avoir forcé d'y venir par des ruiès multiplices; de 1 avoir fait prendre dans fes bras; & 1'efcortant jusque dans 1 intérieur de chateau, d'être devenu ainfi le dépofitaire forcé de les dernieres volontds; d'avoir volé a Bruxelles en cette qualité pour y feconder un exempt de police & le chargé d'affaires de France: iï ajoute que la tradition des papiers & des effets du prifonnier éprouvant des obftacles des loix du pays, le Sieur lequtsw étoit  I 193 ) Teventi pour lui demander une procuratïon qut M. Linguet n'avoit pu remplir que "du nom de ■eet agent; qu'armé de cette piece, il s'eft emparé de ce qu'il a voulu; que Mad. Bulté, fa maitrefie, alors a la tête de fa maifon, refuiant de lui livrer 1'argent, il lui avoit fait accroire que eet argent ferviroit a tirer fon amant dcPierre-Encife oü il étoit transféré; qu'heüreufement cette femme coüragcufe ayant fous■trait les papiers les plus importans du pnYonmer, & s étant tranfporté a Londres avec cè depót précieux, avoit contenu par la 'les ennemis de M. Linguet, & le Sieur le Ouesne luimême. II münm que, fans cela,iTne douïe pas que le bruit de fa mort, femé d'avance a dellein, ne fe füt r<aa i ... . -----" o mii> a pieurer. a ener, a fe depiter, & nu'il en * f9ii„ ,*c< ' au roi: S. M. a dit qu'il n'y avoit qu'a laiffer cet enfant auurès dp Kr .c„ . , „: gas muplement, elle 1'a nommé fur le champ valet - de - chambre de fon filSk P J-ome.2i.AU. J  ( 194 ) £3 Mars 1783. Les charades, après les cafembours, font fort ala mode aujourd'hui; &, pour en amufer les oififs,a la fuitedes énigmes & des logogryphes, le Mercure, depuis quelque tems, a foin d'en infércr, que des faifeurs ingéuieux lui founiiflènt périodiquement. _ En volei une de cour qu'on répand dans les fociétés. Ma première partie efl le nom d'un animal rampant ,ma feconde eft celui d'une fuperle capitale, & man tour le nom d'un grandminiflre. Sans chercher beaucoup, on trouve que le tnot efi Vergennes a3 Mars 1783. C'eft un fubftitut du procureur général, nommé Langlard, qui a porté la parole aux requêtes du palais dans 1'aflaire des Montesquiou, & qui, ayant paru abfolument partial en faveur du marquis, non-feulement dans fes conciufions, mais dans tout le courant de fon plaidoyer, a été fon hue du public. Ce jugement, dont te marquis de Montesquiou a appelé&fur le champ, ne fait que conhriner la mauvaifc opinion de fa caufe, dont toute la faveur dont il jou», n'a P" qu'empöcher la perte abfolne, Ce jugement a dü lui perfuader auffi encore i plus combien il eft détefté. , On a oublié de citer une anecdote du bal de: 1'opera k fon fujet, qui a dü le piquer finguhe-. reraent. 11 y étoit en habit bourgeois,, un inas-  C m ) qtie le rencontre & lui dit:bon jour bm» rnasu que. Beau masqué! reprend-il; ce difcours. ne peut s'adreffer * moi dans le coitume oü ie tos. sy fait, fi fah 5 c,efl a tot V/ s,a^ Je; car malgré cc/a, tu es bien masquématsprends garde qu'onnet'arracheton masqué23 Mars 1783. Le parlement de Bezancon. dans ion arrêté mémorable du 17 février s'ële ve contre 1'audace des rniniftres qui ne contes-" tent ?l„s raême rinfidéIité comm;{. ^ pédition des lettres patentes, objet principal de Ia querelle; contre Ie filence qu'on a impofé en préfeiiceduroia fes députés'pour qSfnf puflent éclairer fa religion furprife; contre Por! donnance de fon rétabliffement du moi de mars IJ7S, que ces miniftres * ^ pour juftifier leur conduite, comme fi dfc |toa en vigueur & n'avoit pas été rejet e par toutes les cours, en ce que fon exécïrio™ =eroitIa ^ en^u^ Le parlement dévoile dans la caffkion de fon arrêt les manomvres de Pefprit d' nSêt & de fifcalité, qui fei-oit d'abolir le droi de peï %™lTnk/e ,Ie transférer au «w^S ïmances feul ordonnateur cn cette partie aux mtendans dans les omving A ,„..„P » ; -ême; enfin, deli^rer ntSU^Z* ges qtu reiteroient fans fecours & II repoufle certaines maximes erronnées mifes 1 2  C 196) cn avant par les rniniftres, qui difent que la promejfe de Louis XIV n'a pas pu eng.ager a eet égard fes fuccejfeurs, qui font dépendre de 1'obéiffance aveugle des magiftrats les acles de juftice & de bienfaifance du roi; qui font déclarer a Sa Majefté. que tout ce qui fe fait en fon nom, fe fait par fes ordresj ce qui empêcheroit de diftinguer a 1'avenir la volonté directe de 1'énoncé feul de fon nom; fes ordres expres , des volontés minifterielles; celles des rniniftres, des volontés de leurs commis, & préfenté une fonle dc dangers pour les droits de la couronne & pour ceux de la nation. Le parlement fe juftifie vigoureufement fur 1'accufation d'inexa&itude dans les faits qu'il expofe. Sans le füence impofé a fes députés qui avoient de quoi répondre a des inculpations auffi injuftes que téméraires, la religion dc Sa Majefté auroit été éclairée. Dans cette extrémité, dans ie renverfement général de toutes les loix & de toutes les formes, I'affemblée des états de la province, confirmée par les capitulations, demandée en plufieurs occafions par le parlement, &laconvocation des états généraux du royaume, lui paroisfent auffi avantageufes qu'indifpenfiibles pour le maintien de 1'autoriti royale h de la libertéi légitime des fujets. On juge, furtout par ce paragraphe, cdmn bien 1'arrêté a été atténué, puisque le parler ment n'y ofe propofer que comme un bien, ce i  C 197) qu'il devroit demander comme un droit inhé- i ,1 ici i-oiiirirunan clu royaume, & fpéciale- mem aux capïtüiatfons de Ja province Malgré eet aflbiblilTeme.it , .'en général eet aiiêté eft faperbe, plein d'une excellente loei< qtie & d «ne éloquence fenfible & vigoureufe. 24 Mafs 1783. Le Corfaire, dont le fuccès cro t, s'U eftpofïïble, & a attiré aujourdnm a la quatrieme repréfentation, autant de monde qua la première, eft très-mal-a-propos' mutulé comedie 3 c'eft un drame tout-a-fait non-; on pourroit dire une tragédie, puisqu'il de\2 COnfp!rat,on' ™ combat & beaucoup «Vfang répandu; ce qui eft affez ridicule fur la tcene itahenne : 1'intrigue , d'ailleurs' en lef SUé£> d'-ciSbN zarxes multiphés, précipités, au point qu'ils deviennent abfurdes , incroyables & peSet out leur mtérêt: malgré ces défauts, il yales détails charmans & furtout deux perfbnnaS oirris re/oubrette *£2ss caftrw ï u ^iere d£vient ^oureufe du caftiate ; de la quantité de gravelures ingénieufes & fines que le public faifit avec aviol & dont s Went même les femmes & S'lt le fecours de 1'éventail. Quant a la mnfirmfl ^„ i\,t ,« inums mnt naturels, bien 1 3  C *3 > ferrtts & fingulierement diverfifiés; mais il a) trop prodigud les eris; il y en a de douleur, de reconrioiflance , de furprifè, de joie, de toutes les efpeces en un mot, & ils en deviennent fatigans pour les oreilles des fpectateurs» D'ailleurs, les acleurs, & furtout les aétrices,, font obligés de forcer leur voix, qui fe gateroit è la longue, s'ils jouoient fouvent cette piece* 24 Mars- 1783. Les généalogiftes & gens qui fe piquent de connoitre les. anciennes maifons deVrance, confervent précieufement le billet d'enterrement du marquis duGuefclin , bri- . gadier des armées du roi, décédé le 20 mars,, & le dernier du nom, a-t-on foin d'y remar-. quer. 24 Mars 1783. Monfleur devoit partir inceifamment pour lltalie; mais les défaftres arrivés dans cette partie dn monde le: font fus-i pendre jusqu'a ce qu'on fache bien au jufte quelles ont été les fuites & les caufes de 1'épouvantable tremblement de terre dn cinq février qui a défolé toute la Calabre, & donné-. pour Meffine des craintes qui fe font heureufement trouvées mal-fondées, dü moins a un, certain point. 25 Mars 1783. Ce qui fait efpérer que cettefois le parlement s'occupera férieufement de ieléfbrmer fur fes épices , vacations, fur les fecrétaires & autresMangeries du palais, comme les appellent énergiquement les plaideurs, c ell ub coup de fouet qu'il arecu de la cour. Cet-  6 199 3 fe compagnie ayant fait des repréfentations i Foccafion d'évocatious fréquentes qui dhni~ nuent de plus en plus les affaires au palais 9 S. M< a répondu par une lettre, oü elle die qu'elle s'y porte furtout pour épargner les- fraistrop confidérables en certains cas» 25. Mars 1783. Le roi de Suede, Fexemple de fes pareils, fi précieux a 1'humanité, a la philofophie & aux lettres, vient de donner une preuve confb-ien il honore les talens: il a gratifié le Sieur' Vaïaiïe,. fon imprimeur a Paris, d'une médaille d'or, repréfentan-t la 1'iberté, & frappé h foccafion de la derniere révolution'. 26 Mars 1783. M. Amelot, fecrétaire d'éfat au département de Paris, vient de perdre fa mere, qui, veuve d'un miniftre, avoit époufé en fecondes uoces M. cFAmezaga, gentilfiom1me efpagnoi, major de régiment, ayant 300c* liv. de rentes. En conféquence d'un uilige, très-honorable; fans doute pour la place de ce minifirc, comme chargé dü département de Paris & de Ia maifon du roi, Sa Majefté 1'a envöyé cömplfc menter a Paris par un gentillromme ordinaire, que M. Amelot, fuivant 1'étiquette,.- a conduit jusqu'a fon- carofie- Les princes & princeflesfont vcnus faire leur vifite en perfonne,- Madame Ia Com-teffe de Maurepas étoit fi" at-tachée a< Madame fo Marquife iTAmezaga + que, malade elle-même. & mourante dans fon Kr, elle envoyoit favoir de fes nouvelles dV r 4  ( aoo ) bord toutes les heures & enfuite toutes les demi-heitres. M. le prince de Condè fait tant de cas dus marquis d'Amezaga, que, quoiqu'il ne foic attaché par anemie fonótion a fon alteffe féréniffime, elle lui a écrit qu'elle comptoit que librc défcrraains, il pourroit venir loger dans fon palais, & qu'en conféquence elle lui faifoit meubler un appartement. 26 Mars 1783. On parle toujours d'un mêmoire imprimé du comte de Grafje, mais qu il- . lit dans les fociétés & quincperce point: ily a apparence que celui qu'on avoit annoncé depuis longtems, comme devant étre vendu, eft autre chofe, quoique forti de la même fource & concourant au même but; mais la forme en eft différente. II eft encore d'une exceffive rareté, & a pour titre: Journal d'un officier de Tarmèe navale en Amérique en 1781 & 1782, avec cette épigraphe faftueufe: Magnus fiec/orum nafcitur ordo. H eft tout entier a la louange de-ce général, a qui feul, ft 1'on en croit rhiftorien, les Américains doivent leur mdépendance reconnue auffi promptement, & 1'heureufc paix dont ils vont jouir. 27 Mars 1783. Les amateurs de la danfe a 1'opera, & ils font en grand nombre parmi les. hommes. & furtout parmi les femmes, font partagés entre deux jeunes fujets qui y débutent depuis peu. La première eft M^Zacharie, de treize aqua- torze.  C ) tSrze ans, qui a paru pour la première fois le dimanche feize dans 1'opera de Renaud. Elle efl: éleve du Sieur Veflris pere, & proche parente de M"e Guimard, qui lui donne fes foins. Elle a une figure agréable & une taille avantageufe, elle eft remplie de graces & de fenfibilité; mais fa timidité & une complexion foible nuifent aujourd'hui a fon talent; on n'y feroit aucune attention fans les coriphées qui s'intéreflent a elle, & la font próner par leurs partifhns. M^Bafy, agée de dix-fept ans, efl la feconde; celle-ci eft de 1'école du Sieur Daubefval. Cependant fon genre eft le noble & le gracieux. Elle a fixé 1'attention du public Ie mercredi dix-neuf, oü 1'on jouoit Thefée pour la capitation des acteurs. Elle a de la grace de la précifion & ce qu'on appelle de Mêvation *' en tcrme de Part; mais elle eft gênée & fel mouvemens font encore loin de cette foupleflb & de ce moëlleux qui font le principal mérite de la danfe. II y a rivalité entre les deux fh jets, & 1'on fe partage pour ou contre,fliivant qu on aime plus oü moins le maïtre de chacune zSMan 1783. En lifant le Journal dont orl a pailé, on vo.t clauement qu'il a été compofé non fous Ia dictée du comte de GralTe inca, pable de l'avoir fait, mais fur les mat'ériaux qu il a fourms a une plume exercée. C'eft fa juflification le plus adroitement tournée qu'il elt poflible: ou plutót c'eft un éloge magnifi15  ( S02 ) que de fa campagne. A en croire fon panégyrifte, le comte de Grafe a accepté le généralat malgré lui, & pour obéir au roi. Tout ce qui' s'eft fait de bien pendant qu'il en a été chargé•eft dü. a fes talens-, è. fon aetivité , a fa bravoure; s'il n'a pas complettement réuffi dansquelques occafions, c'eft: la. faute des inftrusaens & des agens- qu!on lui a donnés, ou quel— quefois il a été obligé par prudencc de facrifier-des fuccès plus brillans , mais incertains, desv avantages folides & dtrrables.. C'eft. furtout dans l'expédition dé/tf Ch'efapeakr qu'il a déployé fa capacité; s'il n'a pas eu le:mérite de l'avoir imaginée, il a du moins celui d'avoir fenti combiên ce projet. étoit préférable a 1'autre:, qui étoit d'entreprendre le Siege de. New-Tork: mais les moyens de 1'exécutiom lui font dus tout entiers ; fomzele infatigable les m fait réuffiï avec 1'intelligence , la précifion_& larapidité néceffaires;- enforte que c'eft. a lui que. les Amémcains doivent leur indépendance, qub étoit encore fort incertaine, & par contre-coup;= la paix dont ils jouiffent aujourd'hui.. TCet étalage-de louanges eft très-proprea jé-ter de la poudre aux yeux des fots , des ignosms, dés gens. crédules, qui prennent pour: vrai toufc ce qui efl: moulé; mais les- connoisfcurs,ou les gens un peu au fait, trouvent qu'il. réfulte feulement de. la narration de 1'hiftorien, que le comte de Grafe, toujours fupérieuren&xse auxAnglois, leur a toujpurs été inférieur,  C 203 D en" manoeuvres; demaniere que,fans examiner quelles-ont été les caufes fecondes, quelque: belles'occafions qu'il en ait eues, il n'a jamaispu les défaire ou les entamer; & qu'au contraire la feule fois oü les ennemis ont eu Iafupériorité du nombre, ils en ont pronte" & ont bat» tü complettement le comte de Grafie. Du refte, le journal n'eft point malécrit: il V a peu d'anecdotes; mais la narration en eft affez piquante , furtout par une- diatribe desplus véhémentcs contre le comte d'Eftaingqu'il ne nomme pas , mais qu'il défigne de fa-$on que 1'on ne peut le méconnoltre.. 29 Mars 1783.- Louis XVI, qui veille avec un foin paternel fur'fon frere naturel M". fahbtL de Bourbon-, jeune homme de grande efpenui-» ce , pour-mieux le former a 1'état ecclefiaftï que * aux exercices religieux & aux dignités dont ce prince eft fufceptible par fa nailfance, a» defiré' qu'il entrat dans le chapitre de 1'églife dei^ris.Sa Majefté en a fait écrire en conféquence 4 M- Farchevéquc- Le prélat a répondu au roi' que 1'admiflion ne. dépendoit pas de lui, maïs du. chapitre.. Sur laconnoiffance que celui- ci a recue des intentions du roi , il s'eft affemblé;. Le doyen ,, pour faire fa cour ,, a propofé d'ac-corder une diftinction k ce candidat en faveur du nom augufte qu'il porte , & comme par acclamation on- eft: convenu que M. 1'abbé de' Bourbon, fans avoir fait de ftage, feroit rectl: Ghamine honoraire, ce qui a été fait. II'quitte  ( 204) la maifon de Saint-Magloire, va loger dansfe cloltre, fe propofe d'affifter réguherement aux offices; &il aura des lettres de grand-vicaire, dès que fon age Ie lui permettra; il n eft pas encore prêtre, & n'a que vingt-deux ans. 29 Mars 1783. Les couplets cnmmels dont on a parlé font au nombre de fept: ils ne partent vraifemblablement pas de la même.mam. qui a compofé les précédens: ils font mieux faits • on y refpecte le roi; on y en fait même 1'éloge, & la fatyre qu'ils contiennent porte principalement fur ïa dépravation des mceurs de la cour, fur les Polignac, les Polafirons-; & Mad. la princeffe de Lamballe n'y eft pas non plus épargnée, fous la qualité de furmten>- dante. „«»,-, ■ On a fait auffi une cbanfon fur Mad. Ia comteffe de Chaalon, née d'Andlau^x fon pere & Polalkon par fi mere. C'eft une des plus joliesfemmes de ia cour, adorée autrefois par le duc dtCoigny; ce qiri faifoit dire dans la Lettre du marquis de Caraccioli:• V idolatrie cotaielf- de Oraafon tralne. après elle fin capttf. .. Ce feigneur s'en eft dégoÜté,l'a quittée & il parolt qu'elle n'a point mauqué d'amans depuis, ce qui fait le fujet du vaudeville iur 1'air a fe ■mode, Marlboroughs'en va-t-enguerre. Cefteci a treïze couplets, dont quelques-uns allez. iolïment tournés. ' 1 2 ao Mars 1783. Le fruit cotirt ceToir que M« de Fleuri, qui de tems en tems offre ia dé»  C 20$) rnlfïïon au roi, a renouvelé le même jeu aujourd'hui; mais a été pris au mot. On ajoute que. Sa Majefté a dit a M. de Vergennes: Puisque le miniflere des finances lui eft fi a charge, j'accepte fa démilfion & je donne la place a M. d'Ormejfon. C'eft un intendant des finances fupprimé parM. Necker, qui n'a que trentedeux ans. 29 Mars 1783. M. de Jean eft un petitmaftre, un agréable débauché, tel qu'on en trouve beaucoup parmi nos jeunes gens d'aujourd'hui: il eft abïmé de dettes & ne fachant de quel bois faire fleche: en attendantlesbienfaits de deux oncles fenniers généraux qu'il a, il s'eft imaginé de jouer une farce dont il a trouvé le modele dans le légataire univerfèl. M. de Chalut, un de fes oncles, a une campagne a Saint-Clou, limitrophe de S uren e; pendant cette faifon oü fon oncle n'y va point, M. de jfean ayant arrangé fa eomédie avec des libertins comme lui, chacun fait fon róle, les uns de domeftiques, les autres de médecins, de garde-malades, un plus hardi, celui du malade même qui avoit fait venir des notaires de Paris par 1'entremife de fon neveu : ces meffieurs arrivés, il dicia un teftament par lequel il léguoit 200,000 liv. a M. de *Jean; il déclara ne pouvoir figner. Le Neveu regala magnifiquement les officiers de juftice, fuivant les ordres de fon oncle, & 1'on fe fépara fort content.  C 2ÖÖ~> Quelques jours après, IVLde Jean^ttèfikt chez le premier notaire qui devoit être dépofi-taire du teftament lui emprunter une fomme acompte- des- 200,000 liv. dont il' -ne' pouvoit' ïgnorer que fon oncle' qui alloit de plus mal en1 plus- mal lé faifoit légataire. Le notaire, a-mor-cé par le gros iutérêt que le jeune homme lui offrit, lui prêta la fomme.. Au bout- de que]-que tems- ne voyant point: mourir Tonele , if -s'impatiente, il s'informe ■ de la demeure de M>. dé- Chalut & va le trouver.. .■ il lui témoignefa fatisfaftion de le voir auffi bien. revenu de la: cruelle maladie1 qu'il a eue C elui - ci ne fait ce que cela-veut dire, lui déclare qu'il fleporte a merveille' depuis longtems. Em-Barras dc ces deux hommes qui' ne s'entendenf: point; le notaire protefte a Mi de Chalut^ qu'if % reen fon teftament avec un de fes confrères,, qu'il 1'a- clicz lui; il lui: en détaille toutes lescnxonftances;' bref, fomreconnoït la fourberie de M. de Jean.. 11 elf arrêté par lettre de cachet. &. conduit dans une maifon de force pour ' économifer, en attendant qu'il puiffe jouir de-' la fucceffion de fes deux oncles., 3o-,Mars 1783;. Tout le monde- efi révoltéde la fortie de- l'apoligifte. du comte de Grafie. contre le comte d'Eftaihg.. II le répréfente d'abord , comme deshonoré dès fa jetmeffe ; com* me chaffé par le mépris public de fon pays" & obligé d'aller pirater fur; des cótes, louitai.-  „.nes", eomtne o'échappant enfuiteque par une „ main- royale au falaireiëgitime dont lés'iïn*„Iglois favent payer l'infidélité a faparolë."' II lui reproche enfuite „ des accèe de balles^ ',..fé & de hauteur; de timidité & de rodomon— „.tade , de familiarité & d'indifcrétion avec les; „.fubalternes ,. de diffimulation &. de jaloufie,,,puérile' avec les chefs.." II a, fuivant: Iè: fatyriquey „ dés momens lücide^de confeil &: „jdfc raifon avec les plus rares iucohérences;,. quelques idéés au premier coup d'oeil , har— M.dies & lumineufes, toujours incomplettes ou! „ avortées dans i'enfemble: ou dans 1'exécu-?M tion.. .. une difpofition ancienne & de nais»- fance a fuppofer des avantures fabuleufes,., „ des combats imaginaires, des vifions noctur— „ nes & en plein jour.. '" II entre enfuite dans 1'énumératión des fautes*> du- comte cFEfta'mg durant- fa- campagne de' Toulon, quifont: „d'être parti du port fanss „ avoir voulu feulêment alfurer fa mature;■' dc „ s'être expofé a.périr dans un gofphe voifin^. „.d'avoir perdu un tems précieux a. pafferie: „ détroit, par fon obftination a ranger descö„.ter contraires;, de s'être jeté de la. dans des „ calmes, pour ne pas fuivre- une dés deux. „ routes communes; enfin , d'avoir montréM partout un amour conftant pöur une tactique . „ bizarre £c périileufe , la caufe de tous fes. M désaftres. M» le comte d'Eftamg,. fuivant fon détrao  C 208 ) leur „ avancoit 011 reculoit toujours a contre„ tems, a fait tüer buit eens hommes dans une „ attaque impoflibl?, au lieu de détruire facile„ ment une efcadre a la rade. S'il a pris une „ Mie mal défendue, cette victoire même efl; „ puniflable , puisqu'il 1'a préférée a la' belle „ occafion.de faifir plufieurs vailfeaux & un „ convoi entier; enfin, il a fini par facrifier „ gratuitement quinze eens hommes, & par ' déferter fa Hotte " 20 Mars 1783. '■ 'Tout le monde parolt afiex content du choix que Sa Majeflé a fait de M,' ffOrmeffbn. II étoit connu perfonnellement du roi a foccafion de la maifon de Saint-Cyr, dont il avoit 1'adminiftration, efpece de petit miniflere qui le mettoit dans le cas de travaitlei direclement avec Sa Majeflé. Cependant on ne doute pas que M. de Vergennes n'ait merveilleufement influé dans ce choix. On ne fait point encore quel titre auraM. d'Ormefon , fi 1'on rétabiira pour lui la charge de contróleur général, ou s'il fera directeur, ou miniflre des finances &c 31 Mars 1783. Depuis que Ie traité des lettres de cachet & des prifons d'état fait grand bruit & qu'on dit aflez généralement qu'il efl de M. de Mirabeau, on aime a favoir les aventures de l'auteur, qui n'eft agé que.de trentc quatre ans, & dont la vie eft déja un roman. Tout jeune il étoit a Aix, lorsque fes ca. marades lui mirent dans la tête d'époufer une  C 209 ) jeune héritiere de cette ville, devant avoir un million de bien ^ mais déja promife & dont le mariage alloit fe couclure. II adopte cette bizarre entreprife, il paryienf d'abord a empêcher & a faire rompre 1'hymen projeté; il gagne enfuite 1'efprir des parens, au point que ceux-cL écrivent au marquis de Mirabeau pour lui demander fon fils en mariage. Le pere répond très-fagement qu'il ignore fi fon fils a la tête affez mure ponr 1'hymen; que, puisqu'ils 1'ont fous teurs yeux, ils peuvent 1'éprouver & en juger. Les parens perfiftent dans leurs engo ument ; le mariage fe fait. Peu après, le nouvel époux fe dérange fi fort, qu'il efl: endetté de 300,000 liv.. On veut alfurerla dot de la demoifelle , & arrêter les écarts du jeune homme; on le fait interdire;\on obtient une lettre de cachet contre lui... il redevient libre; il fait d'autres frasques avec fa foeur Madame de Cabris. On le fait enfermer dans la citadelle deDijon; on 1'élargit encore, & afin de juger de fa réupifcence , on lui donne la ville pour prifon; il devient amoureux de la femme d'un préfident qui confent a fe lailfer enlever.... Le mari lui intente un .procés en crime de rapt, & il eft condamné a avoir la tête tranchée: on le fait arrêter; il va en HÓ1lande, on 1'y pourfuit; le Sieur Jaquet de la Douey, déja voué a la police , s'o'fre d'aller arrêter M. de Mirabeau. Iï prend une croix de Saint-Louis; il ié rend fur les lieux, il fe fup-  c lao y pofe un officier obligé de ■ s'expatrier pour'deé perfécutions;' if fe Ke avec M. ^ Mirabeaifi & fait fi bien qu'il gaga© fa eonfiance', fentraine £ 1'éeart,. s'empare de fa perfonne'& lé raniene en France en 1777.- C'efl alors qüe Mv ie Mirabeau a été enferraé' au Donjon- de Vincennes.- On ne 1'en a laiffé fortir que pour fai-re juger fa contumace & lé blanchir, ce qui a eulieu. Cependant Mi de- Mirabeau- s'eft expatrié encore,- s'eft refugié' pendant quelque tems i Neufebdtel, oü. il a fait imprimer le Gazetier dévalizéi- Enfin en le dit aujourd'hui ïi'Aix, oü, i i'initigation du Bailly de Mirabeau, fon oncle, qui 1'aime, il va mtenter un procés a fa femme pour Fobüger a revenir avec lui. Telle eft la maniere dont fes parens'racontent fon lüftoire, & 1'on fent qu'il ne faut y croire qu'avee pré-eaution.- 31 Mars 1783; Extrait d'une lettre de Bordeaux du 25 mars.... M. Dupaty fe trouve aujourd'hui préfident de- ïournelle en chef,, par 1'abfence du préfident de Levi; la plupart' des membres font affez de fes amis , & il a rendu depuis peu un arrêt mémorable qui va lid concilier plus que jamais le cceur de fes concitoyensv ün particulier ayant été arrêté par urn ordre' d'un grand prévót de la maréchaulfée & confiitué prifonoier, Ie-déren u s'elV pourvu aitparlement, qui 1'a fait élargir en inférant dans L'arrêt une défeniè a toutes perfonnes, même-  C «I > aux commandans, gouverneurs dè la provi'ncey d'attenter a la liberté de tout domicilié,, a géi»' ne de pimiEioift- M* le maréchal de Moucki elf furieux dè eet arrêt; ou dit qu'il efl allé chez M. le garde des: fceaux s'en. plaindre amerement & lui a déchré qu'il ne pourroit retourner euGuyenne que eet arrêt ne fut caffé» On af demandé en effet au parlement 1'apport dé la procédurePremier Avril 1783- Depuis longtems il paroit chez 1'étrangerr Réponfe è la cenfure de la facultè deThéologie de Paris, contre PHlstoire- philofophique & politique des itabHfemens & du commerce des Europééns dans les' deux Indes par M, PAbbè Raynal: mais ce livre ifolé, peu intéreffant & affez ennuyeux,, n'a point percé dans ce pays-ci.. L'auteur, pourle débiter, a pris le parti d'en faire une efpece de fuite a fon ouvrage.;- car, quoiqu'if yparle en tiercé perfonne, an ftile emphatique,, 011 reconnoit aifément 1'écrivain même du livreeenfuré , & furtout a 1'amertume de fon excurfion violente contre les théologiens: il leve 1'étendart de la rebdlion dès 1'épigraphe., Les prêtres ne fontpoiht ce qu'un vain peuple penis;; Notre. crédulité. fait route leur fcience.. 11 y a un Avis au Peuple, un Avant -proposdietcs dans le même efprit: fuit la Réponfe d: la. cenfure , de mauvaife foi en ce qu'on ne cite gointle texte original qu'il. auroit fallu donner,  C 212 > qu'on Ie morcelle & qu'on n'en rapporte que ce qu'on trouve propre a paroitre abfuriië ou ridicule. Du refte, on ne Kt dans cette longue differtatïon, moins apologetlque de 1'abbé Raynal, que fatyrique contre la religion & fes rniniftres, que ce qui eft partout: point de ces faits, de ces 'anecdotes qui nourrïflent un ouvrage & en rendent la lecture- piquante. L'auteur même a eu foi» de ne point irriter' le parlement, dé ne point répondre au réquifitoire de M. Sèguier, dont lliiftoriquë auroit été fort curieux. On jugé par la qu'il ne désefpere pas de rentrer cn France comme RouJJeau , malgré le décret qui fubfifte contre lui. II fe flatte fans doute qu'au bout d'un certaïn tems. on fermera les yeux fur fon incartade. Mais le citoyen de Gencve n'étoit pas turbulent & effréné comme Fex-jéfuite; mais il ne declamoit point; il ne eabaloit point, il ne tenoit point de conventicules; il n'avoit point des relations, des émiftaires,des correfpondans dansles deux mondes, comme 1'abbé Raynal; mais il vivoit dans la fimplicité, 1'obfcurité & la retraite. i Avril 1783. Tout fe fait fous ce regne, avec honnêteté: Louis XV renvoyoit fes rniniftres d'une facon dure; fexil accompagnoit presqne toujours leur disgrace&ils n'en étoient pas moins a charge a 1'état, puisqu'ils emportoient chacun de groffes penfions. Point d'exil aujourd'hui;, des complimens, & malheureufemeiit auffi trop d'argent. On dit dans la gazette.  C 213 ; S.& France. ,, Le Sieur Joli de Fleuri, con„ fciller d'état, ayant fupplié le roi de lui permettre, a raifon de fa fanté, de fe demettre du miniftere des finances dont il étoit char}) gé. Sa Majeflé-a daigné y confentir." II eft aifé de conclure de cette tournure étudiéc, que M. deFleuri, quoiqne miniflre, a véritablement déplu & n'entrera plus au confeil. Le vingt-neuf, M. d'OrmeJfon, confeiller d'état, a été nommé pour le remplacer avec le titre de controleur général des finances, qu'on rétablit en fa faveur. On rapporte qu'ayant objecté modcflement ■au roi fa jcunelfe, Sa Majeflé lui avoit répondu en riant: mais c'eft me faire'indirec'tement ,, un mauvais compliment, car je fuis plus jeu„ ne que vous. " . 2 Avril 1783. L'hiftörique concernant la petite piece de vers intitulée la Nymp'ke de Spa a Pabbi Raynsl qui fe trouve dans fa réponfe a Ia cenfure de la faculté de théologie, en eft le .feul morecau vraiment neuf, curieux & intéxeflant. On a déja annoncé cette anecdote vaguement $ en voici les détails. II faut fe rappeler que M. 1'abbé Raynal, obligé de quitter la France par le décret du parlement, fut d'abord a Spa, dans la faifon des eaux, qu'il y fut très-accueilli de 1'Empereur & du prince lienri, frere du roi de Pruffe qui s'y trouvexznt. Un jeune homme dont on ne met que  t 2Ï4 ) Ia lettre initiale de fon nom, M, B*******; •agé de vingt-deux h vingt-trois ans, demeeurs irréprochables, plein de franchife, vif, aimant la poéfie & faifant qnelquefoïs d'affez jolis vers, eifaya de profiter de fon talent pour fe ménager une introduction auprès de 1'illuftre profcrit: il lui adreffa 1'épltre dont il s'agit & qu'il faut lire pour juger jusqu'a quel point de démence peut fe porter Ie fanatisme perfécuteuT. Cette piece de vers, manufcrite & très-inno-r cente tomba aux mains d'un M. Gkifih, chanoine trefoncier de Liege, membre du fynode de cette ville, Aont Spa relfortit, & qui y préfide en l'ablènce du vicaire général. II 1'a déféra au fynode,& malgré la recommandationde M. 1'évêque Prince de Liege, qui daigna écrire au fynode que cette affaire n'eüt point de fuite, on paffa outre, & 1'on rendit en fon nom le mandement du vingt-fept oftobre 178 ï. Cependant l'auteur, M. B******♦, qui n'avouoit point la piece, qui n'y avoit pas mis fon nom, & ne 1'avoit point fait imprimer, fut fommé par trois fois a comparoir devant le fynode. II fut obligé d'infinuer au confiftoire une proteftation appellatoire, en forme de plainte a Sa Majeflé impériale, confervatrice des privileges & libertés des citoyens de Liege. Cette affaire pouvoit aller loin, & le prince évêque témoigna fon defir qu'elle füt affoupie. Le jeune homme demanda une conférence dans le  C «5 ) f alais de Seraïng en préfence de fon Alteffe CeïJifftme. Cqualification du prince évêque) Quatre membres du fynode s'y rendirent par ordre de 1'évêque, ie poëte s'y expliqua avec beaucoup dc noblefle & de fermeté; mais pour prouver a S. A. C. combien il la refpecioit, il renonca a fon droit de reeours. Meffieurs du confifloire fe retirerent fort contens. 11 n'auroit plus été queflion de ce fingulier procés, fi le gazetier de Cologne, ex-jefuite, dans fon. numero 90 de 1781, n'eüt rallumé ta fermént-ation. Cette agreffion nouvelle que 1'abbé Raynal a fentie dirigée encore plus contre lui que contre fon panégyrifle, a provoqué de fa part une Lef/re a Fauteur de la Nymphe de Spa contre ces' Biiftris en foutane, ainfi qu'il lesappelle, tres véhémente, oü il fait fentir le ridicule, l'abfurditë, 1'horreur, 1'abomination de leur conduite. II paroit que la jaloufie prife contre 1'abbé Raynal, dl entrée pouf beaucoup dans toute cette perfécution. Au mois de juin précédent, eet éerivain avoit palfé a Liege; il y avoit été recu avec diftinétion par M. Sabathier, miniflre plénipotentiaire de France. II fut préfenté au prince-évêque; il mangea plufieurs fois avec lui.... Inde ir&. 2 Avril 1783. Le goüt des charades continue; en voici une finguliere qui même en fachant  ïe mot, laiffe encore beaucoup de chofes a deyiner, tant elle efl: fcientifique. Cet mot efl: Angleterre. ' Mon premier peut former tiers ou quart a fouluit. Mon fecond que jadis par tiers on divifoit, Par quart aujourd'luii fe partage. Et mon tout qui par tiers a fa divifion, Grace a 1'liabileté d'un fage, Perd moitié dans le quart dont s'acroit fon fecond. 2 Avrll 1783. M. Clément de Boijfi, maitrö des comptes, frere du Clément dont la répütation fouffre beaucoup aujourd'hui des bruits de fa banqueïoute, a cru devoir aflembler les femeftres de fa compagnie & leur rendre un compte détaillé de 1'état des affaires de fon frere, fuivant lequel il n'y auroit qu'un engorgement. II a fini par fupplier Meffieurs de vouloir lui conferver la bonne opinion & 1'eftime qu'il s'efforceroit toujours de mériter d'eux. 3 Avrll 1783. On a dit comment le bois étoit a la veille de manquer: a la fin du mois dernier, il n'y en avoit plus que pour une femaine, & la crue des eaux faifoit craindre que les bateaux ne pufl'ent arriver, enforte que, pour exciter le zele des fournifleurs, 011 avoit propofé pour les dix premiers qui déchargeroient ■ la remife des deux tiers du droit. On n'a pas mauqué de configner cet événement fingulier & mémorable dans un vaudeville aflez malin, en ce qu'il embrafl'e avec le préfent,  Oi7) TM-eftnt, Ie paffé & I'avenir, efl ce qu'il fr%p« ?pe -fur trois.prévêts des marchands a la fois» -Sur 1'Air: le Prévér des marchands-* Meffieurs'les prevöls des marcliands Chaclm'benit vos foins' f ouchans: -prés d'un'grand ten, 1e bon Jcróme (*) Nous fait étouifer au printems. 'Caumamn, non moins liabile homme-, L'liyver, nous fciïTc grelotans. Le fucccfleur Ct) decehii-ci, N'aura pas un pareil fouci; -Car.pour cette place éminente Briguant depuis longtcms le clioix, II a pris femme intelligente Qui'1'a déja fourni de bois. 4 Avrll 1783. Ce qui prëvient ca favetir 'de M, d'Ormefon., c'eft qu'on le regarde au moins comme honnêtehomme,comme ayant de la bonne volonté, comme ahnanc le tra» ■vail. D'ailleurs, on eft fort aife d'êcr-e débaraffé de M de Fleurt, qui ma fait que da mal & point de bien, même -a fes parens & «nis. On lui reproche fei dement de s'être pfficfei lui & fa -maitrefle ancienae, Mad» de '£*) M. Bignoth. f,f) M, Pelletier de Mo'rfonta'ine»  I si8 > %0U$êrtuh par les gros pots de vin qifü s'eft fait donner .& a elle furplufieursaffaires, ■ ■& furtout a I'occafion du rétabliffement des ireceveuvs génëraux des finances, dont cha-. cun a dü feoortifer de 40,000 liv. C'eft ce .qyi a fait d'ire au roi, lorsqu'il a annoncé fon choix a la Reine: Madame, c'efl un homtne -qui a des mxurs* M. POmegï» efl chef du confeil pour I'admHiiflration du temporel de la maifon royale de.Saint-Cyr,.& en cette qaalité, chargé de ce petit miniftere, travailloit directeanent avec le roi,ce qui Ten a fait connoitre. On raconte un tralt récent qui lui cn a donné lameilleure idéé & a peut-être déterminé la Choix de S. M, dans cette circonftance. 11 vaquoit-plufieurs places trés - follicifócs fuivant i'ufage par la reine & la familie royale d'un cóté. 11 préfenta le nom des protégés apoflillés de leursaoguft.es protecteurs, & mit d'un autre cêté les noms des demcifelks -cui n'en avoient point; mais dont les ■ pea-es étoient morts au fervice de 1'état dans cette o-ueïre^& dit qu'il croyoit que celles-a tycritoient la préférence. Ce courage a plu beaucoup au jeune monarque. M. iVÖrmeffon n'eft pas d'une figure agreafcfc- il a la yue «ès-baffe; il ne paffe pas soi'r vn aigle; mais il a une mêmoire locale, tpï le ferttrès-bien& qu'il appliquea pro-  ;pös; il eft 'bomme de löi & cite 'töujöüïs ï'o¥» •dorthance a cöté de fon opinio». On raconce que dimanche, quöique nömniê de la"veiile contróleur général, M. d'Örmetfon , en qualitè de confeiller d'état, affiftoit ■pour "ia premiei% fois au bureau de la con> ■rnulion pour 1'examen dés demandes en fup. 'preffion & union ou tranflation de bénéfcefc & biens ëeclégaftiques: il 'y reent des com> plimens bien propres 'h 1'énivrer; cependant 'il n'y perdit point la tCte, & M. 1'archevêqüê de Touloufe, le grand faifeur, ayant ouvert un avis fur quelque deficruclioe, avoir dé|& 'cmporté toutes les voix, lorsiue M. d"Or. meffbn vint k opiner comme le dernier > ■'& ■après un pétic préambule oratoire fur ie maibeur qu'il avoit de différcr d'avis avec tou'S Meffieurs la première fois qu'il étoit daiïs 'lè cas de ïiéger avec eux; il fé'fuma le diré da prélat, il difcuta fes rafonnemens, il lés dé* traint; il établit les fiens d'une 'Facon li ViCtorieufc que tout le monde revint & fe ïangéi !de fon cöte\, €ela prouyè ce 'qu'On accorde au nouveau fcontróleur général, qu'il fera excellent póur ïe co'ntentieux; mais -on döüte qü'il ait claïi's ie génie les refiburces nécefTaircs én énance aux maux de fétst qui ont 'fait jusqu'ici ?è 'dèfefpoirde tous ceux qui Vont précédé» f&uf spmtêioit k Ja tóte du jouraal des Ephéméri,des, depuis-que 1'abbé Baudeau 1'avoit quitté, C'ell un grand économifte que M. Turgut ayoit appelé aupfès de .lui lorsqu'il fut nom«né .au contrêle général , qu'il y avoit m; me logé. 11 donne aujourd'hui cette marqué de jeconaoifTance au miniftre défnntquil exal«ebeaucoup. II fait voir, dit-on., que M. Necker ji'a fait que fuivre les plans de cepiédéoeffeur qu'il a m:me morcelés ,& ga tos. On syouxe que 1'onvrage eft plein d'intérét & fort twen écrit, 6~Avr.il «783. Les Mémoires fur la Ba/Mie & Ja détcntion de l'auteur dans. ce chateau ïoyal depuis le vingt-fept feptembre 1780 -jiisqu'ati dix-neuf naai 17B2, fe répandent iiifin: cbacun s'emprejfe de fe les procurer. On les lit avec avidité,& f on eft tout furprus après avoi-r lu, de ne ri.cn favoir, 11 en eft 3e? fr«'ets des vrais philofopbes. Cette imagination fe-' trouve dans- le numero-premier 1-783 de cette gazette ,-o:li 1'on annonce ces mémoires.- On voit la ftatue de Louis XVI, avec les attributs de la royauté, élevée au milieu- desdébris d'un chêtea^ renverfë,. qui eft.cenféla Baflille,. Ce prince tend les mams avec bonté'versles prifonniers qu'il vient de délivrer; maïtre' Linguet eft a Ia-tête comme l'auteur indireét de leur délivrance; il eft a genoux & fe dis-' tingue par une plus profonde reeonnoiffance.. Le gefte du monarque, majeftueux & doux. tout-èda-fois, répond au demi-vers d'Alzirc: placé au bas de Ia. Gravurefoyez. Iibress, vh'ez*, Sur le piédeftal on lit 1'infcription très-nas-öleindiquée par le Courier. du bas.Rki/u- a Louis XVL Sur remplacement-de la BafilUé. Dans le lointain & au haut de 1'eftampe öW apercoit un cadran figuré fur celui de laBaftib K 3  Q 222 } 3è>.c'eft.a-dftefüpporté par deuxfigures d'hom* gierde femme enchainées par Je col, par lesU3sins3 par les- pieds,.par le milieu,du corps, $t dont leschaines forment un efpece de ca'rtefao tour da cadran & revieunentfur le de•w.ant fe raffembler en un nceud énorme: il ell: frappé de la. foudre, & au, lieu.de■1'mfcrip-tion gravée en lettres d'or,. fur un marbre Doii' qui apprend qu'on -eft redevable de ce .cadran a 'M. Je Sartlnes, on a placé celle- cï: yelative & cet-événement,. tirée de la-déclaraiion dü trente aoèt-1780 fur lesnouvelles pri-fpns:-,, Ces fouftrances. inconnues, & ces}, pcines. obfeures du moment qu'clles ne J? contribuent point au maintien de 1'ord e J? par la publicité & par 1'exemple, devien- „ nent inutiles a notre juftice " 6 Avril 1783. La clóture des grands thé&tres s'eft faite hier. 11 n'y a rien eu de reanarquable au difcours du théatre francois-as-~ fez plat: on n'y a obfervé qu'un-feul fait, «'efl 1'acroifTement dn 7.p\p rips. cnmédipns au point d'avoir joué ou remis vingt-deux.pieces dans le cours.de cette année dramati- , que ,. ce dont. il n'y avoit. peut-être pas: d'exemple. II s'eft DalTê quelque chofe de olos-Dkiuant jurx Italiens-, oü 1'afHuence a été plus gran-.de: auffi le Sieur Favart le ftls,, a falft: 1% propos de la arconitance de Jeur tramiation. II, a fait. une petite piece inticulée..leZ).^--  (^ y nsgement fArkquin: ce qui amene d 'une'rav gon affez' neuve. h réeapit-iladony leche ordipatresiear,, des acqjifi'tions de i'annJe:- IÊ 1'a m'me varié en parrant'ginéraléraent 'dè* pieces- données depuis Ia refonte de ce>fréè> tre, & propres a former le répertoire'de ïa* noavellè troupe, fi.iyant le plan fur textiel elle eft étabïie aujourd'hui.- Une partie deces- ouvrage» antene des couplets tres- agréables & dont quelques-unsontétéredemandés.. LaDa.meDesforges', iémme du Sieur Desforges, auteur db Tom Joiies, qur de voit mi turellement faire les honneurs de \a.< piece de: fon mari, a annoncé au public par une tournure piquante une autre product-ion du mèmè auteur;. 1 'Avrirrgï. tok Ie peu de faits qu'on5 ?_>eut extraire du volumineux ouvrage de MlLmguet;. encore ne doit on y ajouter qu'une eonfiance médiocre, par 1'habitude invétéréequon lm fait'de mentir,& de mentir fouventavec une nnpudence qui en impoferoit i ceuxi qui ne Ie connortroient pas.. On fifivra-I'or-öre-dans lequei ifles reconte, qui eft un vémable défordre, fe reffentant toujours de W lougue de fon imagination. A;l'apProche de la-rupture entre Ia France& lAngiererrc ou réftdok Af,. Linguet,. en mars 1778,-1! écrivit a.M. Ie comte de Vergennes. malgré fa répugnance a s'adreffer k< un numftre gtfii avoit fi cruellement outragé», K 4...  K 224- ) aSh de. favoir. s'il y auroit Caretc pour lui $ quitter un pays-cnnemi de fa patrie.. Le vingt mars le comte de Vergennes approu.va la réfoiution de M, Linguet; il lui ajouta.q iq le. comte de Maurepas- Eapprouyp.it auffi; qu'il. pouvoit Bannir toute inquiétude & prendre Ie parti qu'il voudroit;. Le fept avril fuivant.M. Linguet dèmande de npuveaux é'Jairciffemens;; il fait un facrifice plus pènible & plus noble que celui de, fpn-féjour. 11.ne le révele pas-ici paree qu'il" a. donné. faparole de. ne le pas, révéler; mais irben.a été queftlon dans le tems, &.il portoit, ■it.ee qu'il infinue, fur des. ofres féduifantes de la part de 1'Angleterre, s'il vouloit fe mettre a fa folde duranc la guerre. Le vingt-trois avril il recoit une réponfe qui lui annonce, tant de la part .du comte deVergennes. que de celle du comte de Maurepas, une fureté entiere., pour fa perfonne, cX la libertè de continuer fes travaux littéraires^ Sous cette fauve- garde M. Linguet s'eft; êtabli a Bruxelles. II a fait plufieurs voyages en France en 1778 & 1779; il a vu les. ïiüniftres; les\ Annales ont eu un libre cours;, «cependant le vingt - fept, fept.em.bre il.a.. été; arrêté.., Sa captivité'a paru finir le dix-neuf mai, i#B2.; M. Ie lieutenant général de police eft. Yenu en robe lui annoncer qu'il n'étoit plus ^rifpnnier, qu'il étoit. exilé, en vertu d'un, ordre.-  £*« rem's è M.. Linguet qui Ie - reïëguöiè': dans un petit bourg a quarante lïeues dè PaA Tkf^ dL PartezpourKhétel &> n -en défemparez pas. - \\ s'eft rendai a-firuxelles fecretement. II comptoitencore' compofer de Ik avec le gouvernement: il ai continué fes ofres de ne pas reprendre-la; plume: il méditoit un voyage de plüfiéuwWnees: anres avnir ptfi h v;^™ :i , .. „„n- T V. y^uuc, u vouiom paffer en Itahe , lorsque des amis ftdeles-; lont averti qu'on ne lui pardonneroit pas fon. •evaten,.& qu'il n'étoit pas'ffcrponr luidecontinuer fa route, II a eu peur & aiors f# decermmé a fe retirer en Angleterre. II a. re- • noocé a Ia grace qu'on- lui avoit promife, d'aprendre un jour,.s'il ètoit bien ob'iffanr ie vtntable motif de fa détention, & il a criü ne-pas de voir. fuivre Ie confeil d'un homme? enplace qui lui a dit: vous voulez vivre m%, t4-chez de vous faire oublier. . M. Linguet affecte donc d'ignorer ponr-:quoi on 1'a arrê té. On lui a dit que la lettrede cachet étoit e'manée de. Ja volonté direéfc©;  ( 226') dttroi.. A'fa'förtte, il a fu les bnnts-qmVcoti». xoient fur les raifons politiques données dé fa i punition, comme eriminel d'état;.il les nie toutes, ii ne nier-pas- la lettre au maréchal: duc de Duras, qu'il reconnoit trés - offenfante • i&:;trèS'-coupabIe. ii rapporto une lettre qu'il; écrivit au roi de fa prifon a ce fujet ou il de-xaandoit grace & imploroit la générofité du; iBaréchal; ce qui fit dire au Sieur Mor eau,, fecrétaire • du*. «q laf fhUicifflfïnn-Hii ma»-. ïéchal: «?efi'.que M. Linguet afTure n'avoir. fub'Laa*« cun. interrogatoire durant tout.le cours de. fa'.détention. Et cependant, au milieu de. fon bavardage, il lui échappe. des chofes^. qui: indiquent parfaitement. qu'il a été in— tprrogé,. Dans Te récit. que M, Linguet fait desV ttauvais traitemens qu'il a éprouvés, on ne. tfpuve rien d jmportant,. Ceft, une infinité. de. petits détails qu'il exagere afamaniere;, bien . plus, des. faulTétés- avérces pour telles, au feu & au vu de tous ceux qui ont.été t. ïaBaftille- Du refte, il prétend que ce n'eft •qti'a. la. fin.de novembre. 1781 qu'il a pu. avoir. quelque vetement., , qiul a. ête huit ïuois lans aucune • correfpondance ,. même avec le Sieur Je Quesne; qu'après avoir été jongtems malade, a la fin de i782,„perdant je.'peu. u eipuir qu 11 ayuii.cu uc .1» «w^v.w.. ïots.de Taccouchement de. la reine,,,, par-, Têntremifè dé M. de Maurepas bien. difpofé.,. raais qui vint a,mourir,il avoit defiré. faire fon 1 teftament- & voir un . notaire, .ce qu'il n'a.volt .jamais pu obtenir; dé lad'augmentation du. foupcon,que 1'on favorifoit le 0;mne pour lui faire échoir toutes les. dépouilies dnqrrifonnier en cas.de décès._ Quélques/anecdoteSpfur. M. .& Madame-de UaUnay, ,tout - a - fait contraire» - au. car?.6tere scQïinn d'honnêteté,„dc.douceur, d'htimmité dó. i'im ,& dê, Tfutre, acbeyent de décrédfe*  êer, auprès. de ceux qui ne fe laiSènt-pas; toucher par uoe fauffe commifiération, ,1a re-lation.d'un.hiftorien qui, pour pallier tous: fes torts, tous fes menfonges, toutes fes ca-lomnies, s'eft, fouvent rejeté fur fon imagination qu'il ne pouvoit maitrifer.. § Avril 1783. M,. Linguet avoue aflez.. franchement aujourd'hui que 1'agent de fa. pofte oculaire eft la lumiere.. 12, confirme: dans. fes.mémoires- que 1'eflai en aété.tenté; avec fuccès- &, que la feule objeclion qu'on; lui eüt fake, c'eft que cet agent ne pourroit, être utile pendant un tems de neige ou de: brouillard... 8 Avril 1783. Extrait d'une lettre dè Bordeaux du je.r. avril Voici plus de détails; fur 1'affaire qui a fi fort fcandalifé le maréchaf: de Mouchy. II étoit- queftion d'un procesentre. deux particuliers que M. de-Beaumont,, commandant pour le roi dans une parcie de 1'Angoumois, avoit remis- a. 1'arbitrage du gvand prévöt de la.maréchauiTée & dufubdélégué..Les plaidans y avoient acquielcé. Les; juges, après avoir cerminé la queftion civile, ont condamné. une. des parties a unmois de prifon.. Celle- ci qui avoit bien voulu.mettre en compromis devant des étrangers, fes intéréts-civils-, mais non faliberté, s'eft pourvu au.parlement, de Bordeaux qui- a caffé laprétendue fentence de ces- arbitres, les a dé•orétès &e.. Dn,prétend cependant qu'il n'y . . K-7 '  a-poirit dans l'afrêt'Ilnjóncc'ion-m^mer-aHS'" gouverneurs-dont jé vo;;s- ai-faitmentioni dans-ma derniere lettre, affêz-naturelle cependant. . Le maréchaLde Móuchy dónt s'étoit fansdoqte autorifé M. de Beaumont, n'en eft pas moins furieux. On ne croit pas-que légale» mentTarrêt puiffe être caffé, 8 Avrll 1783. Une mulatrefte, dimaYiche dernier, a attiré k Verfaiües dans la galerie Fattention de tous les courtifans & même de li familie royale,. Elle eft du Cap, & lib're, étant de 1'accouplement d'une blanche avec unriegre.. Elle a gagné beaucoup a■ plufieurs métiers & arrivé ici chargée desdépouillesaes riches- américains, & même de nos jeuncs feigneurs francois qui ent été fur ies'lieux durant la guerre... C'eft"la Düthé & la Goiudan .de Saint- Domingue.. On la qualiflé de U Belle Tfabeau.. Elle ne paroit point telle a-Paris; elle n'a pour elle-que la taille, elle eft vêtue avec la derniere élégance comme nos petites maitreflïs-, ce qui la rend encore pf s ridicule,, au point que la reine, qóoi-1 qu'habituée a voir des negres & négrelTès, a fon afpect n'a pa s'empêeher de s'-écrier dan« un mouvement-de répagnance imvolor.taires Ah! que c'efl l'atd.. 9 .Avril 1733. Si' 1'ön' en- croit M. Linguet A%nS:{e$ :-M~émoires fur la Baflille, M. Pelifferi, Cknevois,,dont Je. crime., unique; eft .d'avoir  C' 23;i') fait-^uelques rema^ues-fur les opératiónsfis *«NeïJ.*rfff) étoit depuis trois ans a ia baftiJIe, ce dont il a été inftruit. 9 Avril 178-ï. .m. d* m..,*; — r„„> «d pas oonné ia démiffion volontairernent, mais n a pu contenir fon humeur, au point: yue te oimanche trente-mars-, jour oü m. dönnefonlm avoit donné rendez-vous au" controle général pour lui .prendre Ie portefeuille, &.en recevoir les papiers effentiels,.. le nouveau controleur général 1'ayant un peu •tait attendre, il l'a traité fort darement, Iorsquil eft. arrivé :il lui a dit qu'il n'avoit pas Ic tems d'entrer dans- de plus grands détails j fl-dui a jeté les clefs fur la table.:. M.\de Flemi quitte toutes fes places : il i donne m,:mé fa démiflion de celle de confeil.. Ier d etatv. Le roi lui conferve environ trente- quatre mille üvres de bureaus-qn'il avoit; avant d être rainiftre des finances j ril y joint Ja -pcnfion de vingt. mille livres, ce qui faitun lort fort agréable.. II Va vivre-dans la re-' traue & en philoibphe, autant.que Je peutun ambitieux.. - 10,^71783.-, Depnisdix a douze jo-irs-* eft clUeftion d'une découverte fingulieredont on ne peut plus douter par 1'aveu de perlonnages .qui y figurent & y ont eu queïque part. *™taire n'avoit , point: oublié;les mauvais, traitemens:- qu'il-avoit;.éprouvés,du roi.de ■  Pruffé, fon- enlevemënt h Francfort &'c. of ,; quoiqn'il ■ parüt réeonciliè avec ce Prince.qui lui avoit rendu depuis fes bonnes-graces, &■ qu'il encenfoit encore de tems en tems par politique, il en confervoit un reffentimenE: profond. 11 avoit. configné tout cela dan»; -un manufcrit auquel il avoit joint les- anecdotes particulieres qu'il avoit pu recueillir ou-comme témoin, ou comme k portée de. fouiller mieux qu'un autre dans la. vie p.rivée de ce prince.. Ge manufcrit. s'eft trouvé dans lés- papiers^ de Voltaire; il étoit fous-enveloppe, cacheté &. dans la Mcription le défunt vouloit qu'il ne fut ouvert qa'k la mort du roi. de Pruffe. Madame Denis- qui auroit dü, fe rendre dépofitaire d un tel fecret &. confer'ver le paquet,-par inadvertence, par bonne foi ou par igoorance, 1'a livré au Sieur Pankouke avec le refte , lors ■ de la vente.- qui lui en a été faite ,■ & ce libraire fort; éxourdi, dans fa. rétroceflïoa au fieurde. Bea-umarchah, n'apns-eu plus-de rcierve. Celui-ci avant fliiré le paquet,-a jugé- ene ce pouvoit. être du-bon, & fans fcrujpulé ni pudeur,-, a enfreint les volontés du: teftateur & 1'a.ouvert.. II -a été enchanté. de fon tréfor: mais s'eft. trouvé embarraffé: de Tufage qu'il en feroit. Ne pouvant fe flatter- que le roi de Prufle mourüt avanr. ISmprcffion. de. fédition qu'il a entreprile-*  C 2:3*) dès.ceuvfes de Pöhalre,, il a. feiitï ï'imDOS=fibilité de 1'inférer dans le recueïl; d'ailleurs,, par une infidilité envers fes foufcripteurs, il a. conen qu'il en tireroït un excellent parti en; le téfervant- pour une meilleure occafion; mais ïTn'auroit'pas été füj de le faire, imprimer même clandeftinement.. 10. 11" falloit. trouver un imprimeur affez hardi. pour cette; encreprife. & aflez für pour. garder. le fecret',., 2°. On auroit même enfin découvert le mystere en remontant a la fource &. en interrogcant fe Sieur Pankouke & Madi Den is. II a craint lë reffentiment du- roi dé Erufle & a. imaginé de rufer d.une autre maniere. Ca été de lire ce manufcrit confidemment i quelques amis, de le communiquer de même k quelques grands feigneurs. II s'efl ffatté que la nouvelle en parviéndroit ainfi, indireciement au roi de Prufi'e & que ce monarque intérefle a la fouftraclion de 1'ouvrage, en folliciteroit la remife & Ie payeroit au poids de 1'or.. Voüa trés-vraifemblablement Ia vraie caufe de la publicité que recoit aujourd'hui cette anecdote &.de Ia fermentation qu'elle excite dans tous les bureaux littéraires.. 11 Avrll 1783. Les aflemblees dü palais continuent pour praeéder. a la.r.éforme des abus de la juflice; elles font chaudes, paree que beaucoup de grands chambriers ont geine. a. fe., départir de leurs bénéfices, Ce.  $ 234 % qui' dönne dè Fefpoir aux récabitrans, crêff que le-premier préfident: en ret-ire encore de plus. gros que les autres, que celui-ci-aims■ fihgnlierement I'argent, Sr.qu'il'ue renoncera: qiie forcément au liicre de ce genre-,, qui cftr immenfe- dins fa, place: en voici un petit. tchantiilon.- Tous fes bureau* fe tiennent ehezTe premier préjGHent-,. &i il efi; paffi tot-jours préfent ponr fes vacations, qu'il y aftifte ou n'y ai.£e pas; il ne pourroit d'ailleurs te trouver' pnynqnemenf a tous,. puisque plufieurs onC lieu en même tems. En outre , ces vacations s'efiiment par Heitres, non fuivant la durce phyfique du tems; mais fuivant celui qu'il plak a Mesfieurs d'évaluer è. raifon.de la.difficulté de fexamen qui: exigeroit dèux heures d'un juge borné ou qui a le travail difficile; & ne coüte qu'un. demi - quart. d'heure a. un magiftrat.intelligent & lumineux. Quelqu'un a fait ainfiie relèvé des tfetjr.es* que !e premier préfident.a touchies pour fes vacations depuis qu'il eft en place . & 1'on atro ivé qu'en ne faifant pas autre chofe,.il; avoit déja vecu quatre eens ans.. Comme il eft k craindre pour les pauvresplaidcurs- que la. ténaciti de Meftetirs deg".nd' chambre ne laffe la conftance de Mesfieurs des-enquêtes.. & requétes^dont, le zele. épbémere-pourroit fe. rallentir., on aeru de--  1*3# ) noir les récliaufrer par un petit pamphlet quife répand trés-- clandeftinement depuis quelqucs jours dans ]e public;.. mais- qu'on a eufoin de faire parvenir eh même tems a tous Meffieurs.. 11 a pour titre;. Converfation faruiliem de ML 1'abbé- Sauveur.,. confeiller degrand! chambre du parlement, de Paris , avec JMfelk. Sauveur,,fa trè,s-honorée fceur , é&'£*& vocai ir7***,. ancien ami de. la Kal fon.. 11 Avril \ 783: On s'èntretient encore du.' nouveau 'controleur général., On recherche fon origine, &-Ton raconte une anecdote que peu de gens (avoient, c'eft que les d'Ormesfon prétendent defcendre de Saint Francois de Paule, le fondateur des Lazarittes, & en conféquence n'ont pour.livrée que des habits hruns. _M. d'Ormefon, le contróleurgénéral, eft:. riche, mais ne fait point 1'hvpoa-ite, comme fes Pfédéceffëurs. Ij pr'end les émolumens de fa place.. Dès le trente mars il a fait rendre des lettres patentes, ehregiftrèesen la-chambre des comptes le premier avril, quiordonnent que le controle des-expéditionsde finances qui y font fujettes-, fera fait a 1'avenir par le controleur général des finances, comme avant. les lettres, patentes deX777.- Le charlatan Nëckër avoit. affich'é le désintéreffement jusqu'k-refuferce droit: deftgna*  care.. M. de Fkuri lui fuccédant immédiateiment n'avoit oféië-faire revivre. Le traitement: d'un contróleur général' pour.' 'ohjet.de repréfentation efl: de 200,000: liv,. KL- de F-'euri n'y. avoit pas" renonce"'' tout-a -fait:,, d-'autant' qu'il ne faüoit aucüo* acte- d'éelat pour en jouir; mais if s'étoit. fait valoir auprès-dü. jeune-monarque, ami de l'ordre & de 1'econom-ie, & avoit déclarêY pouvoir fe tirer d^affaire avec :(5o,ooo. On-: ne 'ait pas- fi pour ne point laiflïr perdre le droit de fes fuccefleurs- moins riehes que lui, M. d'OrmeJbn ne fera pas confeilic de réclamer la fomme entiere annexée k 1'honorifique de fa place. ra Avril 1783. Entre les chofes cUrieUr fes qui fe trouvent dans le manufcrit de ■ Fohaire fm Ie roi dePrufle, on parle d'une Ode que c-e monarque en guerre avec la France en 1758 compofa après la bataille de Crevelt. On allure que dans cette Philippique véhémente, Ie monarque poëte y peint des couleur» les plus fortes & les plus vraies 1'apathie de Lou-is XV, fa mai» treffe, fi luxure,. tous les vices de fa cour & rab.itardiffement.entier de Ia nation. Voltaire eut de bonne heure une copie de' POde: il y auroit volontiers répondu; mais, craignant dè fe c-ompromettre,- if 1'a fit parvenir indireclement. au duc de Choifeul. Ge  ( 237 3 Tniniftre fre'mit de rage en la lifant; SCafc ;sppeier !e Sieur Palifot; il lui donne la clef «de I'artecdote & le charge de répondre; ce que £t celui-ci de maniere k contencer le duc de Clwifeul, qui, craignant que Prédérlc •ne fit paroïtre ion Ode., pour le contcnir, lui fit parvenir ceJle du Sieur Palifot Tout ccela étoit refté dans le filence depuis cette époque , ,& eft. aujoürd'hui .-évélé par 1'indifcrétion du Sieur de B.eaumarchais, On a interrogé Je Sieur Palifot, qui certifie Tanecdote., .ma;s jette les hauts cris & contre le duc 1- Choifeu! qui Pa compromis en lajstfant connoitre fon nom k Volialre, & contre Ja méchanceté de Voltaire qui 1'articule tout au long , & contre J'infidélité encore plus grande du Sieur Caren., qui expofe ainfi le Sjengeur de Louh XV & de Ia nation au res. ièntiment d'un 'Soaverain «utragé. Du refte., on a par h la clef de la -haute proteéiion que le Sieur Palifot trouva dans •le mi.me.tems auprès du .Gouvernement. On lui avoit promis une r compenie q-tfil H'èut point. Mais on lui donna Ja permiifion de faire jouer fes Philpfophes & de donner un lifcre cours a beaucoup de m ,.han etés qu'oa af auroit pas toJérées de fa part dans toute aaCre circonflan; e. . -Quant k 1'ouvrage même de Pbltaire, ceux qua Pont entendu lire, difent qu'il ell divifé tioii's, douairières & fimples ufufruitiers qui defireroient affurer, après leur décès, un capital difponible , pour fervir de gage a leurs créanciers, de legs a des parens, amis, ou domes* fiques, & en cas de mariage, de douaire 4 leurs femmes, de patrimonie a leurs enfans. Tel efl: le Profpeclus d'un emprunt indéfim, imaginé par leurs alteflès, extrêmement cottpliqué , & qui exige une longue méditatioit •avant d'être compris-. 15 Avril 1783. On commencé i s'entfetenir de la nouvelle falie de la eomédie italieime, du moins quant aux entours & a 1'extérieur; car les dedans n'ont pas encore été vus pat beaucoup de monde, On s'appercoit d'abord du premier dêfaut fenfible aux plus ignorans; c'eft que la facade auroit été infiniment mieux préfentée du cóté* du boulevard,& que c'eft une mal-adreffe im* pardonnable d'avoir ea égard a la délicatefle des hiflrions qui ne vouloient, difoient-ils, avoir rien de commun avec les fpectacles forains établis dans cette paftie de Paris. Un fecond défaut, c'eft d'avoir laiffé ce mqmiment h la difpofition d'un particulier qui, uavaillant pour fon compte & fans aucun égard L a  C 244 ) aux grandes Vues qui doivent diriger en pareil cas 1'adminiftration, n'a fongé qu'il 1'édifice, fans s'occuper des acceifoires & des avenues. De la point derue en face du périftile; de Ik nul point d'optique, la place qu'on y a construite n'ayant pas 1'étendue qu'il lui faudroit & n'étant guere plus grande que la cour d'un grand hotel particulier. On n'entre dans cette place que par deux rues latérales, courtes & étroites, de forte que le fpectateur ne peut faifir au premier coup d'ceil 1'enfemble du batiment, d'ailleurs cnterré par 1'exceflive hauteur des maifons qui 1'entourent, toutes plus élevées que lui. Enfin les différentes rues qui y aboutiffent ne font point alfez larges pour Ja circulation libre des carolfes , & font trés- dangereufes pour les gens de pied, faute de trotoir qui les niette en fureté. Tels font les priiicipaux défauts contre lesquels on crie déja & è jufte titre. 16 Avril 1783. On attribue & 1'abbé Beattdcau 1'imagination des actions furvivancieres'i d'autres alfurent que c'eft un projet ancien; mais le Pathos du préambule eft certainement de lui, & perfonne ne le lui contefte. Cet auteur prétend qu'il manquoit è la France nn établiffement, au moyen duquellesjouisfaup-es purement viageres puffent concourir au bonheur de 1'individu qui les poffede, &profiter encore a fes fuccefTeiirs.  C 24? ) Les riefteffes des bénéficiers, des grévés de fubftitutions ,des ufufruitiers , des renners vingers , des employés a appomtemens, périfferft en général avec les perfou-nes- qui en jouaflènt. En vain la furabondance des revenus fait- elle naitre le projeï d'accumuler & de mettre en réferve ; en vain la bienfaifance même invite-telle a; 1'économiev On jouit du préfent; on compte fur l'avenir; la vie fe paffe; les fruit* fe confomment, & le rentier, avec qui tout péri't, emporte au tombeau le regret ftérile de mourir inutile a fa familie , a fes amis, fouvent même in fidele & fes créanciers, D'ailleurs, les jouiifances viageres & non transmiflibles ifolent les individus, & il importe ü la fociété de multiplier 1'union entre tous ceux qui Ia compofent. La générofité d'une part, la reconrtoilfance de 1'autre, en formant les plus doux lieas qui puiffent attacher les hommes les uns aux autres, font le germe dc presque toutes les vertus fociales : favorifes1'aéHon refpective de ces- deux tentamens, ouvrir a la patrie une nouvelle fonree de libdralité & de gratitude, eft un ouvrage- vraiment dignc de la fpécula-tion. d'une belle ame, du dévelop-pemeut des rclTources- d'un grand prince, & de la protecfion immédiate du fouverarm En un mot, 1'abbé Baudeau fait envifagcr lè projet comme remédiant auxplaintes des poIitiqucs fe plaignant que les rentes viageres fi «ommunes en France depuis quelque tems, L 3  font les moyens de fihance les plus pernlcieir/' & les plus deftruéleurs d'un- état, puis qu'il en: tarit la vraie richeffe qui eft la population.. Du refte, voici: Ie- réfumé du plan dc 1'emprunt,. II ne peut avoir lieu que depuis huit ans jusqu'a foixante inclufivement;. Ghaque aétionnaire payera annuelrëment a> Femprunteur 500 liv. & pour prix de cettepreftation annu elle, il affiire a fa fuccefllon un capita! determiné eu proportion de 1'age,, fuiYant. une table annexée au- Profpeftus., Le eas 011 un prêteur cefleroit après plufieurs années de payer la rente eft prévu; ilneperdroit pas fes avances; mais ne feroit jouir-fes béritiers qu'en proportio n de ce qu'il auroit. donné. 16 Avril 1783. M. le Bas, graveur du ca-bihet dix roi, confeiller de fon académie royale de peinture Ss.. de fculpture-, membre.de 1 'académie des fciences & arts de Rouen »,eft mort: ces jours-ci. II n'eft perfonne qui ne connoisfe les ouvrages de cet excellent, artifte qu] a< beaucoup travaillé ., LJacadémie a perdu presque en même tems un. autre merabre en la perfonne iïAndriBardon , peintre, direéleur perpétuel de 1'aca-démiede Marfeilles ,membre de celle des belleslettres, fciences & arts de la même ville.. Ge-lui-ci étoit plus pour- la théorie qtie pour ft* ■nrafimip : il % ét-rit- fur fon art finon avec Jü -~~ 1 ' „ .....  C 247 ) cc: iï a compofé auffi des ouvrages délittérature'.,, & menie des vers, 17 Avril 1783. Les perfonnages qui figurenc dans Ja nouvelle correfpondance au fujet desépices, des fecrétaires, & autres brigarrdages dupalais, font'M'. le garde des fceaux, dont 1'auteur, difpofë' a tout voir en mal , repréfente la fineffe,- comme fauffeté, ia patience comme pufillanimité, la douceur comme foibleffe. Vient enfuite le premier préfident d'A/igre? qu'il peint comme un vilain., un avare, un honime fans mceurs,. joignant- a 1'inddcence Fincapacité ; fe laiffant mener par fon fecrétaii-2' Dufiur, dont il tolere & autorife les friponncries qu'il ne peut ignorcr. Prefque tout le grand banc eft paffe en revue.On reproche a M, d'OrmeJJbn fa lacheté d'avoir accepté le partage des fonctions de la première préiïdence, fans en avoir aucun honorifique, den'être que 1'liomme de peine de M. d'Aligre. . M. Saron elf un académioien qui lit dans les aftres & ne fait pas ce qui fe paffe a fes pieds' M. dè) Beunt eff le plus, faux de fa familie, & c'eft beaucoup dire.. M. Gilbert eft une Bonne diipe qui' donnet' dans tous les-panneaux qu'on luitend, & re«doute fa femme comme fon précepteur. M...Pinou eft un homme foible qui craint le'. fcruit.. M; dè Rozamfo, gendre deM. de Malesher-, bes, n'a qu'un feu de moufquetaire: (il s'étoit L4  ( 24§ 3 feit militaire durant la fuppreflion) il aimc bien mieux les foyers des fpeétacles, les habits gris & les boudoirs, que la robe & les fleurs de lys du palais-. M. de Lamoignen même, donton louc le zele & ledéfintéreffement, n'ëft pas épafgnëfur lesmenées de fon ambition fourde &active». Le préfident de GuibeviJlè , honoraire des requêtes-, qui pourroit fe difpenferde venir au palais, eft la petite pofte du vréMemd"Orme(Jbn, comme 1'abbé Sabbatbier eft 1'efpion. des - enquêtes. M. le Fevre d'Ammecaurt eft le major dé Ia compagnie. C'eft le plus intrigant perfonnage du parlement; c'eft unprothée qui tourne a tout rent, qui change cent fois de ferme & n'en conférve aucune. Meffieurs Chouart, Titan , Nouet, 1'abbé de f Attaignant, 1'abbé Tandeau, 1'abbé Pommier; tiennent auffi leur rang dans ce tableau,, & 1'on xévele des anecdotes concernant chacun d'eux, qui ne leur feroient pas honneur fi elles étoient feien avérées-. M. de Chavanne, le doyen, eft le feul épargné, le feul exalté pour fon honnêteté & fon fincere amour de la juftiee; Une anecdote bien finguliere-, dbnt on parlè depuis longtems & qu'on donne ici comme trés', conftante, c'eft que le premier préfident touche tous les ans 150,ooo,liv.delacour pourdiftrffeuer dans la grand'chambre a- fon gré fuiv 3ice s'efl: trouvde en défaut. E en réfulte fèulë». ment qu'elle fe ven cl fort cher; 18 Avril 1783» On parlé d'un nouveau pris annuel extraordinaire , propofé par Facadémiè royale des fciences pour 1'année 1784, Lemême citoyen anonyme dont la compagnië. sa déja adopté déux fondations,l'unc ayant pourr objet des expériences dirigées vers 1'objet lé plus utile aux ckfles de. la fociété lés plus malheureufes : 1'autre de rendre les opérations des arts.mécaniques, moins mal-faines ou moins dan-»jtereufes., a. adrelfé un mêmoire a 1'acaddmie £rè.s~bienrédigé,.oü il explique fes nouvelles intentions, qui font de réduire les procédés de.: ces arts a la plus grande, fimplicité poffible. La fondation eft auifi une fomme de 12000 ^ Jlv. qui fera. placée.; &avecl'intérêton fera frapper une médaille, récompenfe du vainquear. La première iera. de la valeur de 1.080, liv.;, Elle fera dëcernée dans 1'affembléé publique d'a^ prés paques. Le fuj'et eft dè perfe&'ïonner la. conftrucYion dés moulins.a. eau, furtout de leur ■ parite ihtérieure, de maniers qu'ils foient plus^ Jtfnplès, s'il' eft'pofitb'le; qu'ils donnent & plus dè farines. fjf des pr.od'tiiis plus.diftinSls dans ld qualiié de ces fiirines ;que par laréunion &lejeu des blut ter les, a mefure que la farine efi'extraite du gratii; ijs ■ deviennettt pnpres a la t nouvelle tfpcce de mouture adöplèe depuis quelques aw ■nées dans lés maulvns dè Corbelllt& dans quelawvqutres vsifins de la capitak; enfin, qu'il$  (253.) rtnferment différentes mécaniques, pour qu'ils puiffent, au moyen de la force qui les fait mouvoir, produire. les. divers effets néceffaires d leur fervice.. 19 Avril 1783. Lesamis de M. cT'Ormejfórt font fachés qu'a- fon dge il fe foit déterminé a prendre une place auffi critiqtie. que celle qu'il occupe. II ell rlche-, ïP a plus de cent mille livres de rentes; il avoit 1'effime & la coniïdération générale;- s'il ne fait pas dés opérations utiles& brillantes, on ne manquera pas de lui. favoir mauvais gré d'avoir accepté un fardeau au delfus de fcsforees. On veut que fa mere même fefoit expliquéede la forte & neluidonne que trois ou quatre ans pour être fous Ia remife. La réponfe a tout celae'eft que Ie roi 1'a voulu. II paffe pour conftant aujourd'hui' que M. le comte de Vergennes- avoit propofé a Sa Majeflé d'abord-M. le Fevre d''Ammecourt■, enfuite M. de Calonne, d'autres ajöutent M. Fvukn, Sc que le roi 11'ait vouliv d'aucun de- ces MefTiews comme notés dans le public & lui étant défa» gréables. Quoi qu'il en foit, Louis XVIzn efpere mieux fans doute, que ces partifans fi zélés de lagloire de M. d'Ormeffon.. II continue a fe félïcïrer de l'avoir choifi. Pour Te coup, s'eft écrié Sa Majeflé, on He dira pas qui ce foit la cabale qui' ait feit nommer celui-ci. ia 'Jvril ijfty. Le fiei,r de Beaumarchaïsgui aimea ijitretemr toajours le public de lui, L 7.  c 254. y ne pouvantobtenif dè faire jouer a la eomédie francoife fon- mariage dè Figaro; comme une' piece troporduriere ,a imaginé de folliciterMa*dame la ducheflè Jules de voüloir bien permettre qu'on 1'exécute devant elle, afin d'en juger.. Ii fe flatte que touces- ces-vilainiespourrontpaffer a la faveur du jeu brillant des acteurs, &" que fi cette favorite de la reine lui accorde faprote'ction, le credit de cette Dame 1'emportera: fur les magiftrats trop féveres.. 20 Avril 1783.. IFeft queftion d'établir une Ecole des mines, a 1'inllar de celles qui ont étéfondées avec beaucoup de fuccès fous le feu foi pour les ponts & chaufiecs. On parle d'un arrêt du confeil rendu a cet effetle dix-neuf mars. Gette inftitution, imaginée fous le miniftcre de M. de Fleurt', eft fans doute uuedes meilleures- * qu'il ait formées, & lui doit faire honueur. 21 Avril 1783.. Les- débouclics de la nouvelle falie du théêtre italien étant étroits ,-le bureaudes finances de la généralité de Paris acru, pour la fureté publique, devoir rendre une ordonnance le vingt-un du mois dernier, concernant le placement des bornes dans les rues ad^ jacentes. 21 Avril 1783. II'continue a débuter au< concert fpirituel différens virtuofes qui viennent: tous les ans faire 1'admiration du public Beaucoup de cette efpcce y ont paru depuis peu... M. Ficher a chanté plufieurs morceaux de laffe'; 1'étendue. de. fa voix. a caufé. un étonne*  C'2-55 r mentgénéral; il defcend jufqu'au Ré:. Malgré ce tour- de force, il n'a pas brille dans ces deux morceaux- : on a trouvé fa voix quelquefois unpeufourde, prihcipalement dans les paffagesoii il fe rencontroit/des roulades;. Peut-être auroitelle mièux convenua quelque air d'un tout autre caractere.. M.. Pin Ié fils, qui a été page dè la mufique du roi, a touché avec alfez de précifion, furlt forte piano, un concerto de fa compofition ; mais- il ne fait qu'annoncer d'henreufes difpofitions , & if doit regarder comme de fimplés encouragemens les battemens de main qu'on lui a grodigués- M. Michault, dgé au plüs dè dix-huit ans, ayant joué un concerto de violon-avec beaucoup de juftelfie, a été très-bien accueilli; mais toujours a raifou d'efpérances. flatteufes qu'on, en a concues... C'eft ainfi que M: de Ftenne-, déja goüté il y a un an , par la belle qualité de fon qu'il tirede la. flute & par la netteté de fon embouchure a paru avoir fait dès progrès confidérables qui luiontvalude nouveau le fuffrage des amateurs. On a été fiché que M: Borkk, pour ainli-dire, encore enfant, paroifletrop tót fur ce brillant théiitre., & en recherchant des-aplpudiffemens.prémattirés, fe niette dans le-cas-de n'en pas obtemr plus tardL Son inftrument eft Ie violon.. II y hazarde des difficultés dont la recherche pémble pourroit lm gdter. la.main, au gré des; experts,. b  C 255 ) On a beaucoup admiré M. Margeon qui t débuté d'une manierc très-lieureufe dans le fta* lat de Pergoïeze. II a rendu- plufieurs mor" ceaux de chant avec beaucoup de juftefie & da précifion.. II a. été fort applaudi. ai Avril 1783. Il parolt conftanf que le cocher miitilé' par le jeune Cholfeul-Meuze efl mort dé fes blelfures,- que la familie, pour éviter les> pourfuftes de la jufiice contre lui, a eu recours> au roi qui aordonné qu'il feroit mis pour vingt ans en prifon.. On le dit a Pierre-encife» Ons veut en outre. que la familie ait fait. une penfiore i la veuve & aux enfans. 22 Avril 1783. L'art de déconvrir & d'ex» ploiter les mines n'ayant pas en effet acquis ere France Ia perfection dont il étoit fufceptib!e,ort a déterminé Sa Majeflé a faire examiner dans» fon confeil les caufes dö ce défaut de progrès; & les moyens de les accélérer. On a-trouvé que dans Ie nombre de ceux qui' ont obtenu des eoncelfions en ce genre, les unss n'en ont fait. aucun ufage , d'autres y ont employé', fans-fruit, des fonds confidérables; & que ceux qui ont réuffi , n?en ont pas tiré tout le profit qu'ils devoienten attendre, paria diffkulté'de. rencontrer des diredïeurs intelligens.. On arapporté qurau contraire les états-voifinsretiroient un grand avantage de cette efpece d'induftrie^ j . On a rcconnu que ce n'étoit pas aflez de donner des cncouragemens a ceux qui voudroienfc  C *57 7 ie livrei' a la recherche &exploitatiou des minéraux, qu'il failoit encore-former des fujets pour eonduire les ouvrages avec autant de fureté que d'éconoir.ie-; & que le feul. moyen d'y parvenir étoit de créerune école des mines. En conféquenceil a été ordonné-' de nommer deux profefleurs pour enfeigner les- fciencesrelatives- aux mines & k 1'art de les' exploiteiv Les ékves qui auront fuivi' pendant un tems détermibé ces profeficurs & fubi les examens prefcrits, cc auront été reconnus poürvus de la capacité nécefiaire, auront un brevet de fousingènieur des mines' Sa Majeflé riefline chaqüe année une fömme de trois-mille livres pour douze places d'éleves a raifon de deux eens livres chacune, en. faveur des enfans des directeurs & des principaux officiers des mines , qui n'auroienl pas aliëz-de fortune pour lés envoyer étudier a Paris. Le furplus-fera diiïribüé en prix. La nouvelle école fera fous 1'infpectión de M^ Douei de la Böullay, intendant général desmines , minieres & fubftances terreftres de France. 22- Avril 1783.- Parle décompte fait k l*aca«demic royale de mufique' de la dépenfe & recette de Fannée dramatique, il fe trouve que5, quoique 1'adminiftvation-n'en ait pas-été, k beaucoup prés-, auffi parfaite qu'elle pourroit 1'étre,, le gouvernement, toujours obligé de venirafotï fecours de 50,000 écus au moins ,en fera quittei moins de 50,900.- liv. , économie dont il nV  c p} avoit pas encore cFex'empIc dans les faftês de' 1'opéra.. Cependant, malgré le fuccès- da régime- actiiel, on doute qu'on ie eonferve tel longtems. II ne paroit pas que la forme puifjfe en être: changée cependant a cette époque'; & 3] va reprendre comme ci-devanr.- Mais il y a une grande fermentation entreles fujets. Le Sieur Ie Gros dégoüté , defireroit fa retraite. La cour voudroit qu'il refMt, & fes camarades ne pcuvent le (buffrir,- ils lui reprochentdé la dureté , du defpotifme. H joue un grand'róle dans Ie comité, & eft le premier des deux repréfentant les acteurs copartageans- Le Sieur Dauberval, le fecond des repréfentant les premiers fujets & le corps de la danfe,. qui ne. fe foucieroit pas de quitter, eft au contraire' en butte a unecabale fórmée par la Pelle. PeJ/in. qu'il a voulu faire expuliei co.mme trop vieille-, ou du moins mettre £ lapenfion comme émérite. Celle-ci a; beaucoup- de partifans parmi fes camarades , & remue ciel & terre contre le Sieur Dauhervali. 2.2- Avril 1783.. Le premier emprunt du duc de Chartres n'einbraffé que- lés- prêteurs depuis 1'age de huit ans-jufqu'as celbis de foixante. II a voulu donner aufiT une amorce aux enfans audelfous, & aux vieillards au delfus par des foeiétés d'actions fiirvivancieres eu leur faveur. Cet autre Profpe&us concernant. cette efpecede tontine eft' encore plus compliqué & plus favant que le premier; il préfenté même des dü-  C 259 3 ficultés qui ne peuvent guere fe rdfoudre que par les gens de 1'art., 23 Avril 178'j- On voit ici depuis peu un abbé ck/la- Roca „ vicaire général- de 1'Evêque de Flfle de- Syra,. t'une des Cyclades dans la mer Egde ( une des mers dü levant} qui eft autorifé par Ie gouvernement a faire- uné quÊte en faveur- des infulaircs- du diocèfe.. Ces i'nfulaires, tous catholiquesromai'ns, font trés-attachés, a. Ia France; ils en ont donné des preuves foit dans lés tems de pefte oude naufrage, foit dans le cours de différentes guerres qu'elle a eu a foutenir, & furtout durant les deuxdernieres, en prenant les armes pour défendre- & délivrer nos vaiffeaux attaqués & pourliuivis jufque dans les ports par les pirates ou corfaires ennemis., Ceux-ci fe font vengés par le ravage des campagnes-,. Fenlev.ement.-des troupeaux, le piilage des habitations, & la ddvaltation des vignes-, fèule-richefle du pays. L'èxcès. de la mifere a déja-déterminé plus de cent families a fe refugièr parmi les Turcs, &les autres-feront obligdes d'emfaire. autant.,,fi 1'on ne vient a. leurs fecours.. Lé. corps des négocians &c capitaines de-Mar^feille, s'eft emprelfé d'offrir un témoignage publicde leurreconnoilfance.pour les fervices qu'ils; ont recus de ces malheureux- babitans, & notre.ambaffadeur a la Porte. a certifid.les ..faits aux, miniftres.du roi.. En conféquence, Sa Majeflé-  (2*G-) * déja.' donné Fexemple en étendant fes lftérafités fur ce peuple infortuné., 23. Avril 17-83., Mad. d'Epinay vient de fflouruv ■ C'eft cette femme rendue eélebre par Roufleaw, qui en étoitdévenu amoureux, qu'elle logeoit dans fon chatcau en un petit batiment du jardin deftiné pour lui feut', & qu'elle appeloit fon Ours.- C'eft celle auffi qui tout récemment a été couronnée par 1'aeadémie fr-ancoife, comme auteur du- livre des Converfatiom d'EmUiet a caufe de'la bonne merale qu'il contient, m-ais audemeurant d'un ennui mortel. Elle n'avoit jamais été jolie; elle n'étoitplusjeune, & au défaut' des avantures galantes fur lefquelles elle avoit peu a compter par fa figure, elle avoit donné dans le bel efprit. 24 Avril 1783. Deux nations rivales de notre induftrie ont une main-d'ceuvre plus chere que ja nótre, & cependant vendent plufieurs de leurs marchandifes en- concurrence avec les nótres, ou même obtiennent la préférence; une des raifons principal'es- de ce phénomene de commerce , eft que chez ces nations la fabrique eft plus fnnpleA Amfterdam & a Birmïngbam', un grand nombre d'inftrum'ens, peu connus ou peu eommuns en France , remplacenr les: opérations- manuelles, & on a obfervé qu'en Hollande & en Angleterre, a- mefure que la main - d'ceuvre enchérit, les manufactures &les artifans invententdes machines', des iuftrumens, des procédés qui diminuent le nombre des agens, & en faifant baiGfer les prixj.facilifentle débit.-  C 20*1 ) tsk nation franc oife crée moins en général •qu'elle ne perfectionne ; elle a enlevé & Fenife fes glacés, a VItalië fes étolfes de foie. Le Languedoc pourvoitle Levant de draps nommés • Londrins; les étoffés nommées Velours d'Utrecht fe fabriquent par nos artifans , tandis qu'on trouve peu d'exemples d'arts inventês en France & perfectionnés par Fétranger.-- II ne faut pas croire cependant que notre nation ait moins d'imagination que d'adreffe; mais ou ei! rebuté .de découvrir par un préjugé recu chez nous , ou plutót par une expérienee trop fréquente , que 1'on s'enrichit plus dans la pratique d'une méthode recue qu'en 1'imaginant. II eft donc utile au progrès des arts & du commerce d'honorer & d'itidemnifer l'auteur de toute inverrtion, qui, en abrégeant le t-ravail, en allure le rabais", & multipliepourlepauvre les moyens de fubfifter & de jouir. Tel eft 1'objet, fuivant Fexcellent mêmoire ■ .envoyé al'académie par Fanonyme, du nouveau prix propofé en faveur d'un Mêmoire foutena iT expériences qui tendra d fimplifier les procédés de quelque art m ecanique. 24 Avril Un des principaux griefs de la révolte féditieufe des fujets de Fopera contre le Sieur le Gros , c'eft que mécontent du Sieur Rey, maltre de la mufique, chargé de diriger I'orcheftre, avec lequel il avoit eu quelque querelle d'intérêt, il vouloit le déplacer pour lui fubftituer le Sieur Beek arrivé ici depuis quelque tems de Bordeaux.  < af & 5 -Ce Beek a compofé un ftabatmater-, qui dolt être éxécuté demain -au concert fpirituel. II y a une forte cabale des fujets de 1'opéra qui doivent fe rendre en foule au concert pour en era» pêcher le fuccès & le filter.. 25 Avril 1783. M. de UBorde marie 'fa 'fille au Cheva ier d'Efcars, capitaine des gardes du corps en furvivance de M-. le Comte d'Artois» C'efl: un mariage de vanité de la part dece banquier. M, le Chevalier d'Efcars eft un cadet qui avoit la croix de Malte & la quitta. Du refle, il efl; fans fortune, il n'a qu'tme ab'baye qu'il conlèrvera fort fingulierement. ,On a obtenu un bref du pape pour réunir ce bénéfice k Févöché de Quebec^ & attendu que le Canada, eft aux Anglois. on ne nomme point k cet évêché dont M. d'Efcars eft feulement établi par le roi adminiftrateur temporel & lequeftre, ce qui lui donne la facilité d'en toucher les reve- ,' nus & de les manger, On prétend que depuis Louis XIII on ne s'étoit point ayifé de cette finguliere tournure. 25 Avril 1783. La cour a voulu voir le Sieur Anthon & Ton automate, en forte qu'on ne peut encore en jouir a. Paris. M. le duc de Bouillon s'efl préfenté pour jouer aux échecs contre lui. Voici le mécanifme de de cette figure. Elle porte la main fur une des pieces,. la faifit des doigts, la tranfporte fur une autre cafe, Fy Mche & retire fa main pour la. répofer fin- un couflin qui fe trouve prés de l'é«  chiquier, elle donne échec, & elle en avertlt fon adverfaire en faifant figne de la tête trois fois, fi c'efl la reine. Si fon adverfaire fait une faulfe marche, elle fecoue la tête , prend la piece mal jouée, & la remet a fa place; maisalors le coup de 1'adverfaire eft perdu, paree que ï'automate joue fon coup immédiatemeut après. Si de pait ou d'aurre 1'on donne échec & mat, & qu'enfuite on voulüt jouer encore un coup, il refufé en fecouant la tête. La partie fmie, il fait la marche du cavalier de la maniere fuivante. Après que 1'on a óté toutes les fignres de 1'échiquier, quelqu'un des fpectateurs prend un cavalier, le met fur une cafe qu'il choifit a fon gré; auffitót 1'automate le prend & parcourt toutes les foixante - quatre cafés, -en montrant chacune avec le cavalier, & fautant du blanc au noir & du noir au blanc, fans venir deux fois fur la même cafe, de quoi l'on peut s'affurer , en marquant d'un jeton, ■chaque cafe fur Laquelle il a été; revenu a la première cafe dont ii eft parti, il y lficlie le cavalier & en retire fa main. M. le Duc Bouillon a éprouvé tout'cela;il a gagné 1'automate moins par la force dc fon jeu que par la Complaifancc de 1'adverfaire qui a montré de 1'intelligence & des combinaifons fupérieures dans le fien. Après la partie, ce feigneur a demandé a 1'automate s'il joueroit bien contre le Sieur PhMi4ar. qui paffe pour le plus fameux jo ueur del'Eu-  ( 2<54 ) rope. L'automate a répondu en montrant fur une table d'alphabet fucceffivewent les lettres qui écrites ont fait fa réponfe : je ne fuis pas Óigne de me mefurer contre un fi hcbile foueur, 25 Avril 1783. La piece dè'Dom Carlos, jouée mardi chez Mad. de Montejfon avec tme grande affl"cnce, n'a' pas extrêmeméht réuffi. Les deux premiers actes ont été plus aplaudis que les trois derniers froids & kmguiffans : le dénoument eft ce qu'on a trotrvé de mieux. Du refte, point d'intclligcncc de la fcene, une grande incorreétion dans le ftile, de petits moyens dans 1'intrigue & très-peu de vers faillans. Voila comme s'expriment aujourd'hui les amateurs qui h'ofoient alors s'expliquer auffi otivertement. On n'a rien obfeivé dans le cours cle la piece qui ait pu déplaire \ M. 1'ainbafladeur* d'Efpagne ou a fa cour. L'objet de cette repréfentation eft furtout de forcer la main a ce, miniflre & de 1'obliger de s'expliquer eathégoriquement. 26 Avril 1683. Le fiabat dc M. Beek, dont une partiea été exécutéehier & 1 'autre aujourd' hui, n'a pas ététrouvé une chofe trilte, mais une trifte chofe: il n'étoit pas befoin d'un cabale pour faire tomber ce morceau de mufique, trés-plat en lui même, & incapable de fe foutenir. 26 Avrll 1783. M. le duc de Chóifeül avantde livrer aux comédiens italiens la nouvelle falie , a voulu y faire faire une répétition de la piece qu'on doit y jouer pour 1'ouverturei intitulée Thaïït  C 2^5 ) IPkaTie h la nouvelle falie, dont on adït'qüè 'ïeS 'paroles étoient du Sieur Sedaine & la mufique du Sieur Gretry. C'eft jefidi que la féte êevoit avóir lieu; mais, comme il n'avoit pas feit au maréc-hal duc de Richelieu-, le fupérieur enexercice de ce 'fpectacle, la pólitefle convenable, cclu!-ci leur a dcfendu de feren* dre au defir de 1'ex-miniftre. 11 y a eü des lettres vivcs écrites de part & d'aut-re, a ce qu'on aflare, &Ie duc de Cboifeula été obligé de s'en tenir a un fimple concert; ce qtti a ftngufierement mor-tifié ce magnifiqüe feigneuï , q® avoit invité beaucoup de monde. 11 a été ft-piqué, qu'il n'a pas voulü que les acteurs y filfijnt aucunerépétitionparticuliere, &au'i! ne leur livrera les clefs que la nuit du dimanChe au iundi, a minuit, ïigoüreufemefit aü£ termes du traité, 26 Avril ïjp. Ön raconte a foccafion de la mort de Mad. d'Epinay une anecdote pett connue cc qui indiemeroit dans #™/?^„„r, prit de vengeance, de m^.cfi^n^hX ^ „«,v. ceur, dont fans douteilfe lèra aceufé dansles confeflións i fépoque oti il *P ™>tr» r»,_ fe? N°n adit qu'il en avoit été très-amoureuxï jots oe teur rupture, fondée fur un motif affez léger, cc iniufte de h nnrt- *>Us^i st aftecla de renyoyer a Mad. d'Epinavqueïques meub es nüe le lui avoit prctés & de mettre au cul de la charette le portrait dccetteamaa- ■  (-066 ) te, la face tournee du cóté de tous les paffans, afin que perfonne ne L'ignorat.. 27 Avril 1783. La nouvelle falie de la eomédie italienne préfenté un batiinent ifolé fur trois faces; la principale donne au midi, fur une place, & les deux autres liir les nouvelles rues de Favart & de Marivaux; il y a auffi une rue de Gretry : honneur diftingué accordé k ce mufieien. Depuis 1'ordonnance du bureau des finances on a provifoirement pofé ,des barrières, en attendant un trotoir ou parapet, kquefdoit êtrê c'tabli pour les gens depied aux deuxcötés latéraux du batiment dans les rues de Favart & de Marivaux. L'intérieur en paroit affez bien pour Ie coupd'ceil a ceux qui 1'ont vu. La,falie efi: e.xtrèrhement dorée, & peut-étre trop. Les cla-. bauderies élevées,contre Ie parterre affis-des francois ont fait qu'on fera debout a celui desitaliens. ba] Par un nouveau réglement, on ne Iailfera placer a l'orcheftre perfonne dont la coëfl'ure ou le vêtement pourroit gêner la vue des fpecbateurs. II y a trois rangs de loges feulcment, les premières & les fecondes confacrécs au public j les autres feront a 1'année. On Comptoit fermer un quatrieme rang de: loges;mais unecorniche. énorme, qui tenninef  ?e pourtourdela falie dans fon ceiritre, le's feüt •tellement maiquées, qu'on a pris le parti den lane une fiinple galerie tóurnante k tres-bas prix; il y en a cependant quelques-unes encore prés le théatre pour ceux qui ne veulent point être vus. Le total des fpectateurs peut monter k dixneuf cent trente, fa voir : Orcheftre pour hommes Places. Prix. Total. & femmes au moins 200 . g . I20Oo Balcons pour hommes-. . 36 - 6 - 216° Amphithéatre So - ö - 480] Premières loges 1Ó8 - 6 . 1008. Secondes loges l2Q . $ _ ,6o> Galerie tournante au 4e. pour hommes & fem■ mes ......... 135 . 1 . 15 . 244 Parterre, environ . . . 050 - 1 - 4 . j$J , . 1309. 4288. Les petites loges donnent environ .... 540. places .... . 27^7771783. Les fuicides continuent fréqucinment. Les médecins & chirurgiens du clnïtelet, chargés de 1'emploi de vifiter . les cadavres, affurent qu'il n'y a pas de jour peut-être dans J'année oii. il n'arrive de ces fortes de malheurs; mais on n'en parle point par prudence, furtout de ceux du peuple,.è moins qu'ils ne fe.paflent en public, comme M 2  f 353 } «eefua "cf une femme qui s'eft dernierement coupé ie col dans 1'églife des c-éleftins. *Le luidde d'un M. de Mobert., confeiller de féieclion, fait plus de breit, & par fon auteur, & par fa fingularité, & par la jurisidicfion a laquelle il avoit 1'bonneur d'appartenir. La' fondion principale de ces confeiïlers eft de faire la répartition de ces impóts dans les villages. On s'étoit plaint de celle falte par M. 'Mobert dans une'partie qui le concernoit; les habitans vouloient même rëclaaner contre,'& Ie procureur qui en étoit chargé, 1'en avoit prévenu. 11 n'a pu réffter a 1'idée de cette injuftice &aux reproches qu'on lui faifoit. II eft allé a Charenton; il s'y eft fouléivre mort, afin fans doute de fe mieux jnonter la tête, i? a auparavafit écrit plufieurs lettres dont er tre autres une a M. le lieutenant de police; il eft allé enfuite pour fe jeter par-delfts le pont t im charretier a penfé 1'écrafer, 1'a gourmandé fur ce qu'il s'étoit mis dans le cas d'être roué. Pons "ai;riez bien fait, mon anti, lui a-t-il répondu? Enfin, une femme le voyant s'c-ffayer a fe jeter par deffus le pont, lui i crié de prendre garde, que cet endroit étoit le plus périlleux de lariviere, qu'on n'en pourroit échapper. Cefi'menaces i'ont encouragé & il a fait Ie faut périlleux. 11 a óté fon habit noir, a mis daas fes poches fa inontre & fon argent avant  C 2Ö> J ■ de fatirer: il feiflg vingt aöfle livres dererr tes. II étoit gargon, pauvre tóte ü eft vrai. " 27 ^ I783. M. de la Berde donne è; f* Wie, Ie leul enfant de ce iëxa qu'il ait & qu'il ame beaucoup, un milHon comptant:. ir lui allure un rnilüon a la mort, & loge, no'nrV m, &c, le mari & la. femme tant qu'-ls vou.droat. ^7 Avril I78,. Quoiqi!e ]e r^inie de ^-7 refte le meme a 1'extérieur, le fieur Morel** va déforma.s etre lc directeur véritabie, fans titre. Le comité a ordre verbal de ne rien. faire fans fes confeils, cVquand il veut quelque chofe, il met toujours en avant Ie mimftre. Ce Morel a d'ailleurs la manie d'être ■"""V -kul.ou reraitdeux ou trois poëmes, & par fon crédit les fera paffer fans doute avant les autres. Le Sieur Gofec eft fon mimcien. atitré, & Jc Sieur Suard fon blancLilTeur. ' - m Avrll mSi Du neuf avril 1782 au dim avril 1783, durée de la derniere année dra-matique : les pact» des comédiens francois ont été de vingt-deux mille trente livrei & plus, ce„qu, eft. fans exemple a ce théatre.. La nouvelle lalle & PLs de travail du cóté rUS nctpiiro lou,. — JLW uiit-vaui. cette augmentation^ Eu ouvrages neufs ilg ont joué qtiatre tragédies en cinq actes,- deux comédies cn cimr «Ctes,, trois COmédiVs i-™;* o^„„ u" M3=. .  C 270 ) mêdie en deux acties, quatre comédïes en'vut a£te. Ce qui fait quatorze nouveautés. Ils ont remis, en outre, trois tragédies en' cinq act.cs, une tragédie en trois actes, une eomédie en cinq actes, une eomédie en trois actes, une en deux actes ; une en un acte, en tout huit pieces remifes. Outre ces vingt-deux ouvrages, les comédiens ont repréfenté a la cour deux tragédies , ï'une nouvelle, EleBre, par M. de Rochefort s, & 1'autre ancienne, Venlfe Sauvée, par M. de la Place. 28 Avril 1783. Tout d'evient épidémique dansce pays-ci,les bonnes & mauvaifes inftitutions, les bons & mauvais exemples. Le gotit .& la nouveauté font les grands mobiles, de notre nation légere, qui fait le mal fans méchanceté , & le bien fans un cceur plus excellent que celui des autres. La fureur efl aujourd'hui de mettre tout en höpital, depuis que Mad. Necker, a 1'aide de fon mari, a fait des profélites en ce genre de commifêratiom Plufieurs paroiffes, a 1'initar de Saint-Sulpice, ont établi des hospices pour les malades & dernierement celle de Saint-Méderic. Quelques voifins du nouvel hospice ont cru devoir s'oppofer par la voie juridique h fon établillèment, dans la crainte des maladies contagieufes qui pourroient réfulter d'un pareil voifinage.  C 271 ) M. Bosquillon, doêteur régent de Ia facuïcé de médecine de Paris, lecreur du roi, pro. fefièur en langue grecque au college royal , invité vraifemblablement par le ciiré , les marguilliers & autres fondateurs, & coopórateurs de 1'établiffement, a fait un mêmoire dé'ênfif dont 1'objet efi de prouver que cet hospice,de laplus grande utilité pour les pauvres, ne peut nullement nuire a la falutjrité de Fair. 29 Avril 1783. Mad. Todl & Mad. Mara^ qui, pendant tout le tems qu'a duré le concert fpirituel, ont chanté alternativemcnt & quelquefois le même jour, fe font enfin livré dimanche un dernier affault, ou toutes deux ont été applaudies a tout rompre. II eft certain qué Mad. Mara a I'organe infiniment fupérieur, que les connoiflturs les plus djfficiles, les étrangers qui ont Ieplus voyagé, affurent qu'il n'y en a pas deux de cette efpece; fureté, netteté, pureté, aifance , étendue , elle a toutes ces qualltés au fuprême degrê, elle fe joue des difficultés, elle excelle dans les .airs de bravoure; mais Mad. Todi a infiniment plus de fenfibilité & fiVfurpafle de beaucoup dans le cantabile; en un mot, la première n'eft que cantatricej c'eft- peut-être la plus parfaite qu'on ait entendu pour flatter 1'oreille; la feconde remue le cceur & le pénetre. Une Dame balanears M 4  fa. couronne entre elles deux., a fait k cett* seeafion le madrigal, fuivdiu, Todi, par fa voix. touchante Be doux pleurs- ruouüle mes yeux, Mtrra. plus vive., plus-, brillante M'éionne,. me transporte ans cieiK». Jï'une & 1'amre ravit, enchante.; ; Et celle qui plaft-Ie mieux, Bft. toujours.. ceiïe qui chante._. .: ' ' iaó n.:;o:;. ii icisè •• i , ety Ces deux cbanteufes ont auffi donné lieu f an calembour de la part d^un amateur k qui 1'on. demandoit celle qu'il aimoit le mieux., il ïégondit.: Ahï c'ell bientót dit {c'eft bien T.odi.-). vs zo Avril 1783. La rêcapitulation des ou«rages donnés au. théatre. lyrique jusqu'è. la* vacance, annonce auffi beaucoup de zele & 4'aétivité de la part du comité & des fujets exécutans, d'autant qu'il y en a eu de tous les.genres, allemands, frangois,, italiens. Le JptnU ennf te cn UX ouvra^es iiuuveaux deux remis avec des changemens confidérables, dix autres enfin mis au. courant du répertoire^ .' . , n„ *:f*\t- fin outre les répétitions de plu¬ fieurs ouvrage.s qu'on a. effayé.s, accept és 0* rejetés. 29.. Avril 1783;. Relation de la féance de f académie royale des inicriptions & belles, lettres, pour fa rentrée publique draprès.p4T qu.es aujourd'hui mardi».  0?3 T: 0h' a été furpris de voir è cette aflembléfeinfiniment plus de monde que' de' coutume;: Öeaucoup de femmes furtout', les-tribunes* presque toujours défertes-en étoient1 gamies,» quelques-unes même s'êtoient répandues dans^ la falie, &le cerele des étrangers de diftineition étoit confldérable. Tel eft 1'effet dè Ia nouveauté & du zt\s> d'un homme intelligent-. On étoit' envieux» d'entendre le iecrétaire qui a remplacé'M.» Dupuy, èYil a: fort a cceur d'imiterTes con-fi-eres- des- autres- académies & d'employer,, s='il le faut, jusqu'a leur chalatanerie- pour. a-ftimiler fa compagnie aux leurs & en-readre-' lés' féancesauffi- courues, aufti fêt-ées; ew conféq :ence il a cherché a attirer Je lèxe,, bien fur que lés hommes ne manqueroient: pas d'arriver a fa fuite. IV atf auffi introduie; i'invitation par billet, qui ne s'eft pas- encoretrouvee dé rigueur cette fois , mais qui te' deviendra fans doute incefiammenti. Quoi qu'il'en foit', ce nouveau lecrétaire' eft M. Dader, peu 'ancien-& dontTes talens^ ne font pas encore bien établis;-cependant,, la compagnie la préferè a d'amres membres; pïüs connusou plus méritans, mais^ dont elle? eraignoit le crédit, 1'efprit de domination de dèspotisme: M". Dader,. fuivant 1'ufage, a commencé: pardire que 1'académie avoit propofif pour fiijct du - prix. a diftribuer dans cette. ïiw&v M $  ie déterminer: Quelle étoit Vétendue des domaines de la couronne lort de favenement de Hugttes Capet ait tróne ; quelles poffeffions ce prince y ajouta ; comment & par quels moyens ces domaines s'acrureni jusqu'au regne de Philïppe - Augujie excluftvement. II a continué: „ Les mémoires n'ayant pas „ fatisfait pleinement aux vues de 1'académie } elle propofe de nouveau Ie même „ fujet pour paques 1785, & invite les au„ teurs a fe renferroer dans les bornes de la 9, queflion, fans fe livrer a des discuflions qui j, ne tendent pas directement a 1'éclaircir." Lefecrétaire a encore lu 1'annonce du fujet d'un autre prix è diftripuer a la Saint- Martin 1784, qui eft d'examiner r Quel fut ïétat du commerce. chez les Romains, depuis la première guerre pimiq-.ue jusqu'a favenem.ent de Conftani-n d V empire.. Ileffi paffe de fuite k féloge de AT. Danville» Par un concours de circonflances fècheufes il s'eft trouvé ue le défunt étoit auffi membre de i'acadèmie des fciences, & que fon lècrctaire infiniment aétif avoit déja rempli fon miöifterev Encore % fi M. Danvllle, comme beaucoup d'autres fcavans , eut eu plufieurs genres de- travail qui'eulïent laillé la.liberté de fe prélenter fous des afpedts différens; mais il n/avoit jam. is été que géographe; il n^avoit jamais étadié que Ia géegraphie; il ne s'ctoit occupé que d'elle toute & vie; & il falloit  075) abfolurnent revenir fur les mêmes études, fu? les mênr.s ouvrages , fur ]es mêmes faits; car, pour furCroit d'embarras, h vie du dé* funt uoiquement concentrée dans fon cabinet n'ofFroit pas même le choix d'une foule dTanecdotes dont lesmeilleures,fans doute mifes en ceuvre par le premier orateur,auroient du moins lailTé au fecond la facultc de faire briller fon art en faifant valoir les autres, en les enchaffant , en les préfentant fous un point de vue philofophique qui donnat a 1'auditeur lieu d'exercer fa fenfibilité ou fa réfïexion. M. Dacier n'a donc pu que glaner après fon confrère, en revenant avec lui fur Ie goót inné de M. Damille pour la géographie fur ces cartes qu'il traeoit dès fon enfance! II a parlé d'un profeflèur, qui, regardant d'abbrd ce travail étranger a 1'étude du moment, comme une diftraclion ou un jeu, fe dispofoit a le punir, lorsque frappé de Ia fagacité & des lunveres de fon écolier, il Pencouragea par fes louanges , au contraire, è fuivre une carrière dans laquelle il montroit tant de dispöfitions a courir avec fuccès, Lors de la dispute élevce entre les fcavans fur la figure de la terre , M. Danvilk prïe parti & prétendit Ia déterminer d'après fes connoifEmces & obfervations géographiqnes | mais les expérieöees faites fous 1'équateur & au póle s'étant trouvées abfolurnent contraire* au fyftême du géographe, il fut obligé de  C27Q-) "•onvenir de 1'infuffifance de fa maniere deJuger,, que c'étoit. dans les deux, remarque ingénieufement M. Dader, qu'il faut apfvendre a. connoitre notre planete, M.. Danviïïe avoit eu pour confeil &.pour. guide 1'abbé de Longuérite., un des plus favans hommes de fon fiecle, auquel il s'étoit. attaché., Celui-ci,quin'étoit pas admiratour3. très-cauftique même & dépréciateur. ordinaire tjês talens , ne put s'empêcher de rendre.ju.ft.ice a-ceux de fon éleve & de convenir qu'il en feroit. furpaffé".. Le panégyrifte n'a pas omis une circonftance. affez; finguliere,de la vie de, fon héros, fur laquelle n'avoit pas. dü pefer le membre de: l"acad.ém.ie des . fcjences, pour 1'honneur de fa cpmpagn'e.c'eft qu'.elle ne f'adopta qu!au. moment presque oü il n'étpit plus en état.detravailler, a.l'Sge de foixante quinze ans: il eft'-. vraf que Mi.Dacier, ohferve. qu'il n'y a. dans;.cette. compagnie.qu'unefeule place pourlé^;,géographes.; .mais: quand on eüt fait, une ex^eption en. faveur, de M. Daaville , elle .jf auroit ccrtainement.pas .tiré.a.conféquence... Xèl.eft'.te petit nombre. de faits que s'eft approprïé - plus particulierement M..Bader... Du-refte 3., ü s'eft- fait, écouter-avec atteotion; 11 % »n.éritê.. quelquefois>.& ebtenu 4es- applaudiftêrneiisil, ne couru. ppint. trop, aprèst 1'efprit.:. mais. il ne le, laiffê point- éehapper quaöd.il,fe préfenté aportée;. fa. maniere eft.  f m y> fiiojhs philofophique, fon flile moins ferme* moins noble, que celui de M. de Condorcet * mais on ne peut le juger encore définitivement fur cet effai, & il faut attendre quelque éIoge,ou n'ayant point été devancé,.il puiffea'imiter perfonne & fe montrer tout entier. A cet éloge a.luccédé la ledlure d'un Mêmoire fur la. marine-des. Carthaginois, par Af, le Roi. II y fait voir que les grands vailFeaus. des anciens ont eu cinq voiles latines,,le Dolan -, rAeatian , iEpidmmes. fArtimon. & le. Supparum : par voiles latines on entend dea voiles triangulaires-; on s'en-fer t particuliere■ ment fur la méditerraoée, &'dans les vais-r, feaux de- bas bord qui vont.a la voile &a rames. M. le Roi,. pour plus d'intelligence,, avoit mis fous les. yeux- des fpectateurs les= figures gravées de ces différentes voiles.. 11 en a- voulu faire 1'ellai & joindre la pratlque a la théorie ; cependant il y a fait faire des changemens-par les, confeils.d'un homme de 1'art,. du Sieur- Midoucet,. capitaine de-na-, vire marchand.,, d'une habileté recornue &. qui de voit paifer le duc dUIarmurt dans l!expèdition méditée en 1770-.- II a-fait enfuite greer ces voiles nouvellemen-t, arrangées. fur. ub canot,, & il, prouve,, ou veut-prouver-par-, des- expiriences qui ont été faites è-Rouen a.Paris,, que ü on les adaptoit au Penieco-ntor.2, impériffable des Grecs,.les marles-embarquiavfur. ee batlmentpourroient, fans s'e.\pp«-  C 278 j fer a de grands dangers, parcottrïr presquer toutes Jes mers du globe. On juge facilement que robjet' de ce mêmoire, eft une fuite de ia manie de tous les amateurs de 1'antiquité y dêcouvrmt fans ceffe des chofes merverlleu'es & fupcrieuresanx découvertes des modernes. Mais M. le Roi ne perfuadera a perfonne que notre marine ne foit pas infiniment meilleure que celle de tous les premieis pe.'ples navigateurs, & nul des nötres ne fera renté d'adopter aucune invention de 1'enfance de cet art. M. Tabbé Arnaud a fait part enfuite aux auditeurs d'un Mêmoire fur la vie & les ou. vrages dApelle , mêmoire qu'il a prétendu rentrer eflentiellement dans les études de I'académie , fpécialemcnt vouée a la recherche des principes, des progrès, des découvertes, & de 1'hiftoire des arts chez les anciens. Après avoir dit un mot de la dignité a laquelle la Grece éleva les arts du deftin, l'auteur a parlé de fon héros, de fes premiers pas dans la carrière, de fes heureux talens & de fes fuccès ij a infffté fur la grace qui lui fut p rticuliere; il a entrepris une discufïion légere de la di éren e qui fe trouve entre le gracieux & la grace: dans le cours de fa narration de la vie dApelle , il n'a pas oublié les perlécu ions q 11 fe ra-deren t aux honneurs dost cet artifte fut combié, il a inflfté fuï le-  C 2 79 > £as qtie faifoit ce grand homme des Jugemens de la multitude; il a prouvé qa'il fau: en faire dans tous les arts dont 1 cbjet le plus réel eft de plaire & d'aller au cceur par les fens & 1'imagination : parmi les anecdotes qu'il a xapportéesJl n'a fait que reflafler les anciennes; mais il les arajeunies par fon goüt, ia méthode & fa critique 1 il a diftingué celles auxquclles on doit ajouter foi, d'avec les autres a repeter. Enfin > ce mêmoire ofite des rapprochemens curieux entre les aven» tures d Apelle cX celles de quelques peintres modernes, & il eft femê de réflexions & de conjeclures fur le degré de perfeclion oü les diverfes parties de la peinture furent portées chez les anciens. Le troifieme mêmoire'1'u étoit de M. de Rochefort. ïl roule fur une tragédie de fa. facon, imitée du grec & intitulée Antigone» On connoït 1'enthouziasme de cet académicien pour fes modeles. II a d'abord établi que fon fujet étoit un de ces fujets heureux qui doivent faire fortune dans tous les tems, dans tous les lieux, & intérefler tous les hommes , puisqu'il roule fur la prété facrée de rendre ks derniers devoirs a une perfonne chérie. II eft convenu que le fujet étoit trop fimole & fans doute un peu nu pour notre théatre. II a rendu compte des moyens qu'il a employés pour 1'y adapter. De la une digrefllon fur 1'anicmr, paflion que  fes-anciens mett-oient rarement en jeu &' quéles fnodernes y mettent trop fouvent;, par-i ce que tous- les caracteres-& tout les 'fujets ne font/pas fusceptibles-de cette effervefcence, de ces effets violens qu'ii'doit produire; M. de Rochefort n'a pas oublié les chceurs, & fuppofant affez mal a propos qu'ils euiTent beaucoup ré-üffi dans-fon Elecfr-e, il'compte encore mieux dans cette piece fur ce refforü vraiment tragique. En un mot, M.; cie Rochefort a- dit d'excelientes chofes fur tout ce-> Ja; il s-'agit de favoir s'il les aura e.\écmées> auffi bien qu'il lesaconcues, & malheurenfement fes elfais en ce genre n'ont pas .eneore été-'fortunés; M. 1'abbé Brothlerz ferme Ia-féance par un Mémoiré fur ie tableau dé Jallfus, peintpai*Protegetie- &- fur la peinture h plufleu.s en— duits, reconnue dans une peinture antiquedécouverte a Smyrne fur la Sn du dernier fiecle.-. Cet art, qu'on-a perdu, confifloit jusqu'&: répéter fept fois Ie même fujet de maniere' qu'uue couche enlevée, il en refloit une fe-eonde ,foü réffiltoit un tableau non molns-beau & ainfi• de fuite. Ile fgavant académicien n'a-- pu entrer dans tous les détails-- intéreffans d'un pareil- procédé ou du moins defes-'-ffets'; 1'heure fatale ayant fonné, Ie-directeur lui'a coupé impitoyablementia-pa— Èblè.'jv ea ievant la féancemalgré le vee*  c m > du public qui fembloit dcfirer Ia- fuite diï mêmoire. ]] eft bien è. fouhaiter que Ie nouveau fi>crétaire , dans les améliorations qu'il- paroit avoir a cceur de procurer k ces féances-publiques, fafle furtout abolir cet ufage fcholafti? que,con.tre leq;;el on s'eft déja récr-ié fi.löuvent- & trop inutilement. 30. Avril 1783.. Relation de. Ia féance de 1'académie royale des fciences tenue aujourd'hui mercredi pour fa rentree publi^uer d'ap-rès pl;ues. ... . Le fecrétaire a d'abord, fclon l.'ufage,. fait'. kélure du programme des prix pour les années fuivantes, après avoir proclamé le feul: vainqueur qu'il y ait eü k cette féance,. M.. Henrl Alben Geffè de Gerieve. Le fujet étoit.de- déterminer la natuit & les.. eau fes des maladies auxquelles font exfiafés les doreurs au. feu ou fur métaux, & la ineilleure maniere de les préferver. de cette mala die, fait par des moyens phyfiques,. foit par des moyens mécaniques.. En couronnant Ie Hifmoire de M. Goffe, 1'académie annonce qu'elle auroit defiré que .1'aütcur y eüt auftï, renfenné des moyens de mettre k 1'abri. de ces maladies les doreurs de groffes, pieces,, & elle engage.M. Goffe. i tourner fes vues de de ce eóté important, & k tirer de fon fourneau préfervateur une utilité plus générale., La medaille obtenue par M. Goffe eft de. iciSo,, & la première déceroée. depuis la fon-  dation du bienfaifant anonyme qui a lógal un fonds de 12,000 liv. dontje revenu doit être applirjné chaque année a pareil ufage en faveur d'un Mcmoire ou d'une exptrience qui rendroit les opêrations des arts mécaniques. moins' mal - faines ou moins dangereufes. Le fujet du prix de 1'année 1784 , 'déjï connu & annoncé, elf; relatif aux maladies des- ouvriers employés d la fabrlque des chapeaux , particulier'ement' de ceux qui fécretterit, & la meilJeure maniere de les préferver de ces maladlès, foit par des moyens pkifiques cu mécaniques, foit par des changemens avantageux dans. 'les différentes opêrations de leur travail. Et 1'académie propofe dès a préfent pour Ie fujet du prix de 1785 de déterminer lanature & les caufes des maladies auxquelles font expofés les ouvriers qui mettent les glaces.au tain & la meiileure maniere de les en préferver 'par des moyens phyfiques ou mécaniques. „ L'académie "ne fe diffimule pas la diffi- cuïté dc ce nouveau fujet, par lanuure ' des opcrations des ouvriers qui mettent les glacés au tain ; mais elle a cru cievoir le „ propofer, par le rapport qu'il a avec celui „ des doreurs qu'elle vient de donner ; & „ dans 1'efpérance de pouvoir recueillir ainlï „ une fuite de moyens de garantïr ces diftc- rens ouvriers des- f&cbeux eifets du mereu„re, dans les diverfes manieres dont ils „ 1'emploient, & de raflèmbier aflegde dé-  C 2^3 ) S^-faïïs fur ces effets, pour-pouvoir en former „ enfuite une hiftoire bien circonftanciée des „ maladies qui en ré.'likent. ,, L'académie regarde le fujet dont il s'agie „ ici, comme d'autant plus digne d'occuper „ les fcavans & les artiftes & d'exciter leur „ zele, que les ouvriers qui mettent les gla->" „ ces au tain éprouvenl en grande partie les „■ mêmes maladies que ceux qui dorent au "„ feu3 qt:oiqu'iIs n'emploient le mercure qu'«ï „ froid: car la maniere dont ils en font affee„ tés , femble fournir une nouvelle preuve „ de la volatilité de ce métal, & montre en „ même tems avec quelle- facilité il pénetre „ dans les pores de Ia peau, puisque le traS* Jf vail principal de ces ouvriers' ne ctirifïfte „ qu'a employer du mercure, pour 1'étendre „ fur les feuilles du métal qui doivent fervir „ a étamer les glacés." A 1'égard des prix fondés par feu M. i?o////W de Meslay, celui a décerner dans cette féance concernoit la 'théorie-des ajfurauces mariiimes.. Les mémoires recus n'ayant pas paru a 1'académje mériter le prix, elle propo'è le même fujet pour 17S5 avec un prix doublé, c'eft-ad'ire de 4000 liv. L'académie, toujours pat Forgane de fon fecrétaire , a cru devoir donner aux concurrens quelques inftruöions détaillées fur la maniere de traiter cette queftion. II a dit: „ Par théorie des affu* it rances on entend particulierement -Pap*  C 2*4 1 « pHcation du calcul des probabilité's- aux-, „ queftionsrelatives aux affurances:.. ce fujet. " a été traité par plufieurs géometrefr „ celebres.. „ Comme Ie risque auquel le négociant &' „ 1 affureur font expofés, Fun avant d'avoir }J m affurer, Fautre après avoir affuré,. ne •*» Peut être • confu que par les évenemens„ anténeurs d'un. commer-ce femblable , on. * demande Ia maniere de déterminer ce ristJ que d'aprés les évencmens , foit pour un „ feul batiment , foit pour un nombre déter„ miné de vaiffeaux. „ Le tifque étant fuppofé connu r on. dè„ mande enfuite quelle proportion on doit „ étabbr entre le rifque & Ie taux de Fafiu„ rance, pour pouvoir remplir Fune &l'au„ tre de ces deux conditions, qus Ie. négo- ciant ait. intérêt de. faire affurer a ce prix; „ & que Faflurtur y trouve fon avantage.. „ Cette queftion- doit étrc réfolue dans deux* „ liypothefes- différentes, d'abord en fuppo„ fant que le. négociant fe détermine a faire ,, affurer avant: que fes fonds foient expofés; „ a aucun pdr.il, enfuite en fuppo'ant qu'il ne „ faffe affurer qu'après que.fes fonds font.dé- ji expofés. „ Enfin, le nombre des vaifieaux qui ont „ péri, & le nombre de ceux qui ont échapr „ pé au danger,.étant fuppofé sconnus par des „.regifires, ainfi que les différens uux aux.  ( 2'85 ) ,, -quels ils ont ëté affurés dans différerftt» *» circonftanees & pour dffërens degrés de „ rifque; on propofe de trouver la loi fui4\ vant laquelle les alTüf'eurs & les négocians ■ii ont ïéglé Ie rapport entre le rifque & le taux des affurances, c'eft-a-dire comment |, ils ont réfolu, par la pratique, la queftion dont on a demandé ci-deffus Ia réfolution .„ théorique. Par-la on pourra comparer la ,", pratique des négocians & celle des affii„, reurs , avec .les réfultats que donne la „ théorie. L'académie exige feulement que -les con3, currens établiffent & discutent les princi„ pes fur lesquels les folutions de ces diffé„ rentes queftions doivent être fondées, & „ qu'ils donnent les formules qui renferment j, ces folutions, de maniere qu'elles puiffent „ être immédiatement appiicables a la pratique."* A toutes ces annonces a fuccèdé I'éloge de 'Saniel Bernculli, qu'a lu de fuite le fecrétaire." -C"étoit un aiïoc-ié étranger dont le nom: étoit depuis longtems connu dans les fciences & a 1'académie, puisque fon pere & fon oncle 1'a'voient -déjè illufbé dans le «même genre. Leur partie itolt Ia géométrie, On eftime que Daniël-a encore furpaffé les deux autres, ait point que fon pere furtout en étoit devenu jaloux. 11 avoit eu un frere qui auroit couru auffi la mime carrière & qui s'étoit affez  C 286 ) montré pour qu'on jugeat qu'il n'auroit pas dégénéré, fi la mort lui eüt laiffé Ie tems de développer fes talens. M. Condorcet a obfervé avec raifon que q'auroit fans doute été un phénomene uniqué dans les fciences de trouver ainfi fans iuterruption dans la même familie quatre fujets auffi diftingués. Daniël Bernoulli a fait plufieurs découvertes en géométrie , & a beaucoup écrit fur cette fcience; fon panégyrifte.s?eft peut-être un peu trop appefanti fur 1'analyfe des divers mémoires de ce grand homme, dont les ouvrage s font trés au deflus de Ia fphere ordinaire. On a-remarqué auffi qu'ayant occafion de parler plufieurs fois de M. d'Alembert, géometre quelquefois rival de Bernoulli, & qui étoit en face' du fecrétaire, M. de Condorcet n'a pas manqué de lui donner le coup d'encenfoir. II fe trouve peu d'anecdotes dignes d'ttre retenues dans cet éloge. Une feule, trèsfrappante, a fait une grande fenfation. M. de Condorcet a obfervé que Daniël Bernoulli paflbit pour n'avoir pas infiniment de religion, même pour n'en avoir point du tout. On n'avoit pas manqué de répandre en conféquence fur fon compte des bruits facheux, que, fuivant fon panégyrifte, ii n'avoit point affecté d'augmenter, saais qu'il ce .s'étoit  pas non -plus ernbarraffd un" inftaht de dètruire. ■ C'eft M. Jean Bernoulli , fon frere , qui lui a fuccédé dans fa place d'aftbcié étranger, place qui depuis qu'elle a été créée, c'eft-è,dire depuis quatre,-vingt-quatre ans, eft devenue comme héréditaire dans cette familie. M. le Marquis de Ombert- a prix la parolc après M. Ie Marquis de Condorcet & fait part k railembiée d'un Mêmoire fur fufage des horloges, marines.,! II. y expofe qu'il eft conftaté , „ par les expéricnces des.horloges marines, qu'on „ parvieat a en conftruire qui furpaffent1'cxt ,, act.itude exigée pour la folution du problê- me de la longitude; que 1'avantage rélul- tant de cette folution confifte, comme on „ fait, ,h trouver la longitude en mer avec une telle précifion qu'il n'y hit au plus „ qu'un demi-degré d'erreur fur quarante deux jours de route." • „ .Qu'outre ce premier avantage relatif k ■35 la nayigation prcprcment dite , on peut, par le fecours des horloges marines, por;„ ter, avec autant de céférité que d'exadti„ tude-, les détails de la.géographie a-un de„ gré de préciiion très-fupérieur a celui qu'on .,, cbtenoit des moyens aftrónomiqües & géo.„ defiques, toujours lents & fouvent impra- ticables. 9> Frappé de la doublé uülké de ces horio-  ges, dont fi a fait ufage dan- 'toutes %'s ,, campagnes depuis leur découverte , M. ie „ Marquis de Ckabert, -au commence-ment de 5, la guerre, fe ehargea d'en embarquer fur „ le vaiiïeau le Vaillant, fous les ord-rcs de „ Mt le comte d'Efiaing , & depuis fur le „ Saint Efprlt, fous ceux de M. le comte de 3, Grafi. Par la, il a été affea ibeurcux pour 3, mettre ces généraux a portee deprofiter, „ pour la direclion de leurs routes, des avan* „, tages qui réfukent de 1'emploi de ces.hor5, loges; & de fon cóté, il a faili, au milieu „ des opêrations de guerre,. les occafions de „ s'en fervir awfiï utilement pour déterminer les pofitions refpeclives de plufietu-s points „ eflentiels des Antilies & des cótes de 1'As, mérique feptentrioniie, dont on trouvera j, les rélultatj dans les mémoires de 1'aca,,'démie." M. Vicq d'Azlr a lu un Mêmoire fur 1'ana» tomie comparée du cerveau de 1'homme & de celui 'des différentes clafles d'animatfx. Le hut de cet ouvrage eft de rechercher s'il exifte entre ces parties confidérées dans les différentes claffes d'êtres animés, des rapports qui aient entre eux des proportions analogues aux divers degrés de leur intelligence. Pour mieux faire fentir cette •comparaifon, 1'anatomifte avoit mis fous les yeux du public & de l'académie le réfultat de fes obfervatioas conügné d^as plufieurs planeh.es deffi- nées  C 2-89 ) Kées en gftmdeur & en couleur naturelles par M. Brkeau , artifte très-habile. Ge réfultat confifte a établir que dans toute 1'étendue de la chalne qu'a parcouru ce méde•cm obfervateur, les örgaües nerveux vont toujours en décroiffant, foit par le volume, foit par le nombre, foit par 1'élégance desformes, k mefure que les clalfes d'auimaux font moins parfaites. A ce mêmoire non moins ennuyeux que celui de M. de Chabert, a fuccédé heureufement pour la clóture '4a ïeéture d'un fecond éloge, cqmpofé par M. de Condorcet. C eft celui, de M. Duhamel. Ce favant avoit fait peu de progrès au college. La phyfique feule avoit en des attraits pour lui, & mal fatisfait de la maniere clont on la lui avoit enfeignée, il réfolut de profiter de fa libertè pour 1'aprendre mieux. •II cultiva les plus grands maltres d'alors en cè genre, & ne tarda pas a fè rendre utile en mettant en pratique la théorie. L'agriculture fut la partie a laquelle il fe confacra davantage, & *aphyfique des arbres, traité le plus inftruclif & le plus complet qui exifte fur cette matiere importante, prouve qu'il n'avoit pas travaillé inutilement: il fut plus de trente ans a le rédiger. M. Duhamel avoit aulli embraffé toute 1'éteudue de la fcience navale, & ce genre de coimois fanccs avoit déterminé le cemte de Maureëas, & créer pour lui une place d'infpecteur général de Ja marine. Celui-ci a fon tour lit établir Te we XXII, N  C 290 ) tme école pour les conftructeurs, qui n'avoient pas été jusque-lü féparés de la fimple claffe des ouvriers; il eft auffi l'auteur de l'académie de marine. Les officiers, qui n'eftiment que leur corps, étoient jaloux de M. Duhamel: de Ia quelques anecdotes peu honorafeles pour ces Meffieurs. Le nouvel imfpecteur de la marine avoit donné un mêmoire relatif au port de Toulon, il n'avoit point été agréé dans ce département, & 1'on avoit traité fon projet de ridicule ou d'abfurde. Peu après le miniftre lui communiqua fur la mème matiere un mêmoire vcnant de Toulon, & il fe trouva que c'étoit le fien qu'on s'étoit approprié. Un jour qu'un jeune officier, chtrenant peutf tre a 1'erabarraflèr , lui fit une queftion, jr'e n'en [ais rien fut la réponfe modefte du philofopbe. A quoi fert donc d'être de f académie, dit le militaire préfomptueux? Un inftant après, interrogé lui-même, il fe répahdit dans des réponfe s vagues qui déceloient fon ignorance. Monfleur, reprit alors M. Duhamel; vous vpyez a quoi il fert d'être de l'académie; c'eft a ne parler que de ce que fan fait. La tendreffe de 1'académicic'n défunt pour fon frere dont il a partagé pendant toute fa vie la bienfaifance & les travaüx, occupê un épifode confidérable dans cet éloge. Enfin, M. de Condorcet le terminc en obfervant que le noni de M. Duhamel feta epoque, paree qu'il s'eft  trouvé fié avec cette révolution dans les efprits qui a dirigé plus particuliere'ment les fciences vers 1'utilité publique. 30 Avril 17S3. Avant-hier «'eft faïte 1'ouvertuïc de la nouvelle falie de la eomédie italienne, & 1'on fe doute que cela pas été fans une affluence confidérable. II paróit que le grand nombre a été affez content de ia forme, de fes •comodïtés & de fes ornemens. On critique toujours le plan général du quamer du fleur le Cm as, architeéte du duc de Choifeul, comme trifte & étranglé. Tous les batimëns qui environnent la falie ont été exéCtttés ;d'après fes deffins ; au contraire, la falie eft une maifon qui y aété adoffée, & que les comédiens, ainfl qu'on 1'a obfervé dans le tems, ont eu 1'infolence d'exiger, & les chefs la complaiffance de leur accorder, pour intercepter la, communication du Boulevard- elle a été élevée par les foins & fur les deffins du lieur Heurtier, architede du roi & iiifoecteur général de fes Mtimens. La face méridionale, ornée d'un avant-corps de fix colonnes ioniques formant porche, pro- duiroit un coup d'ceil affez impofant, s'il y avoit un point de vue. Au deffous on lit en lettres d'or: Théatre Itallen. Dans les trois entrecolonnemens du milieu font les trois principales entrées d'un vcftibule très-vafle. il y a fur 1 es rues latérales deux entrées d chargé* Ie Sieur marquiz, de. Saint - Simm, Iieu> tenant général de nos armées , commandant pour notre fervice en Franche-Comté-, de vousfaire connoltre nos iatehtions.. Voulons en confcquence que vous. ayez a le reccvoir lorsqu'il le requerra^ que vous ayez., en ce qu'il vous dira & en ce qu'il fera de nótre part, la même- confiance que vous auriez en notre perfonne. Défendons a vous tous en général, ainfi. que nous l'avons.déja.fait a cbacun de vous en particulier, non-fculement de dél'emparer I'affemblée des chambres avant que ledit Sieur marquis de Saint-Simon ait enticrement rein? pli la miffiou dont nous 1'avons chargé, mais encore de faire aucunes proteftations., ni de prendre aucunes délibérations ou arrêtés qui pourroient tendre a retarder , ou a empêcher 1'exécution de nos volontés, le tout a peine de défobéifiance,, fi. n'y fakes faute; car tel efl; notre plaifir. Donné a Verfailles le neuf jan? vier 1783. Signé Louis &plus bas Gravier ds Vergennes: 60. Copie des lettres de commiffion de M. de Saint-Simon, de la, même date pour fon expédkion derniere.. 1 Mai 1783. Ces jours derniers M. de Marivetz (l'auteur de la phyfique du. monde) entrok dans une maifon avec M. le baron de Montmorenci; ils fe trouverent enfemble dans 1'antFchambre, & un laquais annonce mefiieurs Iês barons de Montmorenci &Je Marivetz: ca der»  C 29? ) dernier Baron de nouvelle date, & qui fentoït «ommen il figüföjt mal avec le premier Baron camion, craignant que cet accouplement ne fit un mauvais elTet Sc ne déplüt a M. de Montmorenci, s'écrie avec beaucoup de préfence dcfpnt; voila bien une preuve que les extrémrtés fe touchent; & chacun d'applaudir & de trouver que. M. de Marivetz étoit homme d'eC pnt, auffi fin que favant & profond. ier. Mai 1783. On a dit depuis- Ibngtems dans je monde que Madame Mlifabeth, tornchée du bel exemple de fa tante Mad. Louife avoit imtention de fe faire religleufe; mais Ie roi sy eft oppofé & a déclaré qu'il fallbit-que cette prmcelfe avant de prendre ce parti eüt vingt-cmq ans; qu'alors même il délibéreroit s il étoit de fa fageffe d'y confentir. II paffe pour conftant que Madame Elifabeth , ferme dans fa- réfolution ,. & ayant aujourd'hui dix■ neuf ans , vouloit s'évader furtivement de la cour & aller fe réfugier aux carmelites de St üenis; que le projet aété éventé &. qu'elle n'a pu 1'accompüiv 1 1 * 2 Mai 1783. Le Sieur Sedaine, dégoüté de: ' I humeur du public , lorsqu'il s'attendoit air JIus grand fuccès , ne veut pas- abfolurnent. effayer un fecond choc. II parolt qu'en effet y a eu de la malveiilance ou défaut d'inteUigence de la part des fpectateurs.. Cet autem-' qm vouf .it jeter un peu de piquant da** Z début, avoit imaginé de traiter allégóriquement  C ) la queflion des deux troupes; & il ne pouvoit mieux caraclérifer le théatre francois que par le perfonnage de Me/pomene, jaloufe des fuccès de 1'autre théatre, cherchant a écarter ce rival, a. le dégrader, a 1'avilir, k le tourner ert ridicule, c'eft-a-dire k faire tomber le projet de 1'ériger infenfiblement en rival du fien; projet agité fi longtems dans les alfemblées du bureau de légiflation dramatique, foutenu vigoureufement par M. Rochon de Chabannes, & regardé comme le feul capable de remédier a tout promptement & facilement. Quoiqu'il n'ait pas paffé , les comédiens francois qui en fentent l'excellence,craignent tonjou'rs qu'on nel'adopte tót ou tard. Le public n'a point faift tout cela; M n'a vu dans la Meipomene du moment que la mufe de la tragédie; c'èft-a-dire un perfonnage totaio ment étranger a la fcene du vaudeville & des aïietesi La maniere dont Mad. Vertueiï a rendu ci róle en le cbargeant beaucoup, adreife de ia part pour faire mieux fentir la parodie, n'a fait qu'indifpofer davantage. Les fots , qui prenneut tout -a la lettre, ne trouvant que-du férieux & de L'eniïtti oü ils s'attendoient a quelque ebofe de gai & de p'ailant, fe font récriés fur 1'abfuvdité du róle, & il' n'a plus été pofïïfcle de fuivre la marche du poüte & d'en faiffir les intentions. i Mai 1783. Le projet d'évafion de Madame Elifabetk fe continue de plus en plus, & 1'on I  C m ) veut que Mad. la vicomteffe d'Aumalè, qui avoit été prccédemment fa fous-gouvernante & étoit attachée depuis a Madame royale, la foutint dans fon deffeia, & ait en conféquence été deifituée & exilée. II parolt que pour metire plus d'adrefle dans la négociation religieufe, dont la fource remonteroit a Madame Louife, eelle-ci neparoiflbit s'en méler en rien ,.& c'étoit Mad. d'Aumale , qui rendoit les lettres & les converfations de la tante a la niece. On parlé encore d'autres fubalternes,de femmes de chambre entre autres de Madame-Royale, renvoyées auffi comme étant les derniers. intermédiaires entre Madame Elizabeth & Mad.. d'Aumale* _ Quoi qu'il cn foit , on aflure que la reine \ mftruite du jour oü Mad. Elizabeth devote s-arracher aux plaifirs de la cour, 1'a adroitement mvltée a Trianon, & depuis amenée a 1 ouverture dc la eomédie italienne, jufqu'a ce qu on eüt rompu fa chabie de cette pieuie iutrigue par I'expulfion de fes agens. 3 Mai 1783. Malgré les clameurs du public malgré les pamphlets, malgré les reproches & les mjures de leurs confrères , les grandsehambriers épiciers tieunent bon, enforte que le travail avance bien lentement. M. d-Qutrement en faifant fa dénonciation avoit propofé un arrêté qui étoit fait pour . oréger, en ce qu'on y auroit fixé d'abord les objets de réforrae, enfuite l'ordre & la uasobe N 6  i 500 > •pont- y- proeêder; mais ks intéreffés 4 éludecies. bonnes intentions de Meffieurs des enquêtes, empêcherent- que-1'arrêté ne paffat , &.il a falhi. déterminer la forme avant de s'oceuper da fonds.. Dans la feconde on a divifé les affaires ea affaires d'audience, affaires fommaires &. affaires appointées.. On a voulu d'abord {avoir. quels étoient les abus dans le premier genre,. & an a trouvé que les gens du roi préfens. éjoient plus propres que tout autre membve a les connoitre & a en rendre. compte. On a in? terrogé en cunféquence M. Seguier. M- Stguier a répondu qu'il ne pouvoit ren» <Ëtre raifon fur le champ de ce qu'on lui demandoit;. que d'ailleurs il étoit- fort occupé ; que eene.ndant il fe conformeroit aux ordres de la; cour, mais ne pourroit le faire qu'il n'eüt luisnême conféré avec- les. avocats & les procureurs lés plus honnêtes. Dans la troifiejne affémblée M, Seguier a. donné: fön mêmoire.. Depuis, ce tems. font vernies-les vacances de piqués-& 1'on n'a. encore lfatué fur aucune des: panies de ce mém >ire. 3 M.ii 1783, Extrait d'une lettrs de compiegne dit 28 avrij.... .. .. - Tandis, que.le roi dé~ claroit a Vérfailtes, qu'il ne vouloit point s'oceuper de featimens, que les frais de in guerre. ne- füffent arquittés, on élu-.loit- les intentions. 4e. ce bon maltre en lui faifant dépenfer des:  c 301 y millions ici, c'eft-a-dire dans un cMteau qui ne fervïra prefqiie plus, puisque la reine ne s'en foucie pas. Quoi qu'il en foitj'ai été émerveillé de ce palafs que jé n'avois pas vu depuis longtems: il avoit autrefois l'air d'une grange ; aujourd'hui c'eft une. maifon royale trés - grande.,, trés - magnifique, compofée d'un vafte corps de logis , de. deux ailes & de tous les acceffoires néceffaires a 1'habitation du premier fouverain de 1'Europe. La facade du cóté' de la förêt eft furtout admirable. On farce les travaux , & il y a peut-être actuellement deux mille ouvriers. 3Ü/0/1783. La reine s'occupe véritablement de 1'éducation de Madame Royale, & tous les matins .\ dix heines une. fbus-gouvernante amene la jeune princeüê chez- fa majefté, oü elle recoit les lecions de fes maitres'en préfence de ■fon augufte mere jusqu'a midi. II parolt menieque la reine eft très-févere & ne lui'pafte rien.. On raconte que Madame Royale, un jour degoütée- de lire, prétendit qu'elle avoit mal a la tête; fur quoi fa majefté fe doutant qu'elle avoit deThumeur, ordonna qu'on 1'a fit mettre au ïit & qu'on; ne lui donnet point a diner. L'appétit vint,- elle voulut. manger; on lui objecla les défenfes de la reine, & fe befömaugmW tam, elle fut obligée. d'avouer a pei ite fupercherie, c.e dont on ren dit compte a fa mere qui exi^ea avant t..:ut qu'elle prit fa lecon.. On parle. finguliereinent de cette anecdote ï  C 3<* ) Fóccafion du renvoï des femmes de chambre dè Madame Royale; en ce que n'en voulant pas: donner la vraie raifon dans le public, on a dir que c'eft que la reine trouvoit que cette enfant étoit déja trés-mal élevée, avoit beaucoup de hauteur , aimoit le fafte, & qu'elle attribuoit ees pedis défauts a 1'adulation & autiop giand appareil de fa fuite; qu'elle avoit déclare que n'ayant eu elle-même que quatre femmes de chambre, elle avoit fait une ré ferme dans la maifon de fa rille, &ne vouloit pas que Madame Royale en eüt davantage. 4 Mai 1783. Ón a fait une épïgramme fur U nouvelle falie des italiens en forme de calembourg , qui a cependant une forte de juftefle en deux points & fur le goüt connu de cette nation & fur la gaucherie del'architecte n'ayant pas ouvert fon édifice , fuivaut les regies de ï'art, c'eft-a-dire du cóté des boulevards oü la foule abonde & par oü il y auroit eu un point de vue, manqué de 1'autre cóté. Qu'apcrcois-jc? Qucl eft ce nouveau moinirnent? paproebe & lis écrit cn uès-gros canwftcre» Thcdtrc italien , . . • ■ italien vraïment:. Aux puiïims indignés il offre le derrière. 5 Mai 1783. A la leckire du prologue irsw primé de M. Sedame, pour 1'inauguration du nouveau théatre italien , on trouve que cette piece, jugée fans avoir été entendue » eft li-  non déteffable , au moins tres-mediocre, & furtout trés- longue comme piece a tiroüv Melpomene curieufe de voir fi Thalie, prenant pofleilion de fon nouveau domicile, efi: mieux logée qu'elle, s'introduit en fcene aflez naturellement, & la hauteur dont elle la traité & témoigne fa jaloufie, indique bien une partie de 1'intention maligne de l'auteur; mais point aitez pour levulgaire dont il faut frapper fortement les yeux & les oreilles au théatre.. Arrivcnt enfuite Ie bon homme Vaudeville , JeParodifie, t'Ariette. Tous ces perfonnages. n'égaicnt poiflt la fcene autant qu'il le faudróit dans les débats qu'ils ont entre eux furlaprééminence de leur talent, fi fiïfceptiblês de piquant & de critique : ils n'ontrien cie tel, font méme fi froids & fi ennuyeux qu'on a été obligé^ d'abrégèr leur róle a la repréfentation & qu'on n'auroit pas mal fait de 1'abréger encore a la lecture. Ce qui efl fort gauche furtout & a cléplu généralenient, c'eft que fur le théiltre italien, M.. Sedatne fe fok permis de déprimer le talent de BoiJJi & de Marivaux, auteurs qui en ont été longtems les appüis, & dont les productions , fans être daps la maniere moderne , annoWent une grande ihtellïgence de la fcene, font remplies de fineffe. & pétillent d'cfprit, toutes quahtés «lont mannuent fettvert leurs fuccefieurs. 5 Mai 1783. Jufqu'a prêlent la feule retraite qu'on annonce au thédtre Francois, c'eft celle  c 304: y de Mei'c Doligny. On en voit dans le jour-na!1 de Paris un éloge fi emphatique & fi outfS qu'on ne peut 1'attr-ibuer qu'a M.. Dudoyer, fon chevalier depuis vingt ans. On les prétend ma-* riés, iF y alongtems, ce qui ne peut fe préfumer : il n'en feroit pas refié fi aveuglémenC épris , & rougïroit de ce qu'il en dit. R/piile. Doligny efi: laide, conprofée, mal* propre & dégoutante quant au phyfique., Elle a dëbuté au théfttre. en. 1763 par le róle. tPAngélique dans Ja Gouvernante. Beaucoup de naturel, de vérité, de fenfibiüté, d'intclligence lui conciliereut les fufrages; mais un foi» ble phyfique , un ton pleureur & monotone,. une figure froide & trifte, une voix d'un timbre fonore & touchant, mais qui ne fortoit que par intervalles ,, ont toujours déplu aux connoiffeurs & empöché qu'elle ne foit. mife au rang des grandes actrices.. Beaucoup d'honnêterë; di. candéur, de dé' eence , de modefiie 1'ont conflamment renduetrès-eftimable: & ,. ce qui eft peut—être fan?; exemple dé la part d'une actrice, il n'eft aucun auteur qui ait a s'en plaindre; elle sTèfi en tout. tems comportée avec eux av:c les- égards- & le. rerpcef même que fon état exigeoit.. Meilc- Doligny fe fentant déplacé'e p?r fa fa*con de vivTe, de penfer &. dc fentir', au fcirt1de la corruption' & de 1'ühfamie , afpirpit de-puis bngteuis au terme dc fa- retraite, xé & vingt ans de fervice. II y a un an qu'elle ea:  C 3°5') prévint les gentüshommes de la chambre quj ont tout teiué pour 1'engager a coutinuer fes lervices; enfin, convalncus que des ra-ifons dc firaté s'y oppofoient abfolurnent;, ils n'ont pu lui refufer ia. liberté; Cette actrice ne dépenfoit guere que deux mille deus- par an; avec les prélens qu'elle a recus , & 1'argent qu'elle économifoit fur fa part . on allure qu'elle s'eft ménagé environ quinze mille livres de rentes. 6 Mai 1783. Umdqiuate. joueur d'échccs rer venu a Paris,, attine beaucoup dc monde, & 1'on en cxamine les moindres détails. La commode, devant laquelle il elf, eft large tout au plus de trois pieds & haute de deux & demi. On n'entend durant la partie , quand , 1'automate joue, que le bruit d'une détente & d'une fuzée, tel que- celui d'une. pendule qui va fonner. Un homme fe tient debout aupres de lrtnachine, & comme il ne la quitte pas, on juge que c'efl lui qui-dirige (es mouvemens, quoiue rien ne femble 1'indiquer. Quoi qu'il. en feit > on regarde comme de la troilieme force, 1'automate. A vue cl'ceil il n'y a dans Paris, que fept k huit perfonnes en état de lui faire avantage. Un M. Bernard, avocat, 1'un des plus forts; joueurs, après le lieur Phüid.or, mais lourd & Sént, fe préfenta contre 1'automate , en préfcnee. du maréchal de. Biron & fa compagnie,  C 306 ) & quoiqu'il eüt gagtfé par la force de fon génie, il eft convenu que fon adverfaire avoit dépbyé de grandes reflburees. On ne peut qu'admirer cette machine iflgènieufe , qui fuppofé dans 1'ihventeur de grandes connoifianees en mathématiques, en phyfique & en mécanique. En outre, il eft d'une' galanterie fpiritueli'e , fine & vraiment francoife, * ' II y avoit préfenté a la partie du duc de Bouillon , une dame de qualité avec fa fille agée de dix a onze ans. On interrogea 1'automate fur le compLe de la jeune perfonne, on lui demanda fi elle étoit fage ? II répondit: Elle ïm'tte madame fa mere.- 6 Mai 17S3. M. Desfomafnes a fait auffi une piece pour 1'inauguration de la nouvelle falie italienuê i elle a pour titre te Réveil de Thalie^ Elle efi: en trois atf.es & en vers, mêlée de vaudevilles & d'arietes. Ceux qui ont vu la répétition de ce matin alfurent que cet ouvrage ne vaut pas mieux que celui de M. Sedaine s qu'il eft long, froid & découfü. 7 Mai 1783. Depuis longtefTS on parTe d'imr mêmoire que M. Linguet a corripofé en faveur de M. Radix de Sainte-Foy, réfugié a Londres depuis fon décret de prife de corps. On prétend aujourd'hui qu'il ne paroltra pas, que 1'affaire refie la & qu'on ne pourfnivra pas la contnmace , par ordre du gouvernement qui veut le récompenfer ainfi des peines qu'il a prt-  C 307 ) fes pour h paix; on raconte a ce fujet une anecdote. M. de Saïnte-Foy promit k quelqu'un qui partoit de Londres & revenoit a Paris, pour lui prouver qu'il étoit dans la bouteille a Pencre, de lui apprendre la paix avant qu'elle fut fignée. On lui objecta qu'il n'oferoit pas fans doute s'expliquer parécritfur une pareille matierc; il répondit qu'il n'écriroit point, maic enverratüiiefcuüïê ue papier blanc pourle iignal de cette grande nouvelle.. On ajoute que la feuille de papier blanc eO: cn efiet arrivée avant la fignature des prélimiuaires. 7 Mai 1783. Extrait d'une lettre de Berlin du 29 avril r . L'abbé Rayhaf a la manie dans ce pays-ci de dévenir, comme en France, fondateur de prix. II en propofe un, conlïftant en une médaille. d\>r de II valeur de. mille, livres, qui fera adjugée par notre académie des fciences, fur les queftions: i0. Quels font les devoirs qu'un hiftorien doit remplir , & quels les talens qu'il doit polféder ? 2o. Quels font parmi les anciens & les modemes, les auteurs qui ontle mieux rempli le devoir d'hiiïorien * 3* Les lufrorïens modemes ont-ils plus ou moins de difficultés a vaincre que les anciens? Ce phdofophe vient en outre de doter deux pauvres fiües , 1'une de h reIigion réformèe . 1 autre catholique, qui 0Ilt étéjugéesles pius' vertueufes & les plus diligentes de leur communion, par les conducteurs de. leur troupeau  C 3o8 ) refpectif; vous voyez qu'il a affeété de cftoirur fes fujets dans les deux communions pour mar-' quer 1'efprit de tolérantisme qui le dirige & qui fait ia bafe de fa religion. 8 Mai 1783. Extrait d'une lettre de Breflau' du 11 avril 1783 Nos muficievrs font: bien auffi fois que les vótres de France, & fi vous cn doutiez, fachez que nous avons ici le' pendant de votre Rameau qui mettoit en mufique la gazette ou -le privilege du roi. Mi ds Dittersdorf, célebrefous le nom de Diners ,fe difpofe a. donner au public quinze métamorpliofes d'Ovide, dirigées fur ce qu'il a fenti,. en lifant chacune desdites fables. _ On attend avec impatience.ee délire harmonique , qu'il faudra entendre, dit-il, fon O vide a la main,. pour connoltre la marche & mieux éprouver leseffets d'une mufique auffi fupérieure, & cer- tainement auffi bizarre 8 Mai 1783.- En vertu de 1'arrêt du confeil" fuivant lequelle roi s'efl fait une loi de confév ver tous les ans des lettres de noblefle a quelques- négocians qui fe feront diftingués dans. leur état, le fleur Pierre 'Thomafw , négociant fabricant en la ville de Troyes en-Champagne, fur un expofé fait a fa Majeflé de 1'aclivuté., du. zele & del'induflrie de ce négociant, qui depuis longtems rerid a cette ville les lerviees les plus fl'gnalés & les plus- utiles au commerce , vient d'obtenir cette faveur on plutöt cette reeompenfe.-  C 3 09 ) 8 Mai 17S3. Lc Réveil de Thalie n'a pas o*tê" plus heureux que Thalie a la nouvelle falie. Cette pieee eu trois actes eft pourtant a tiroir, de maniere que le premier n'eft point attaché au fecond, celui-ci au troifieme; les fcenes mêmes font fi peu liécs entre elles, qu'on eroi-roit toujours que la piece va finir fans finir jamais ; ce qui ia fait paroitre encore plus longue & plus ennuyeufe. Ce qu'on y a trouvé de mieux, c'eft le róle d'un gafcon qui parolt au troifieme acte & dit des gasconismes , genre dc plaifanterie trèspropre a faire fortune, furtout dans ce fiecle de calembours. La décorrftion dc ce même acte repréfentant les ftatues des principaux auteurs, acteurs & actrices qui ent illulké Ja fcene itrtlienne, fournit aufil -matiere a des couplets aflez piquans en faveur de chacun d'eux; ces deux feuls endroits ont réveillé finon Thalie , au* moins le public dc fon affbupilfemeiit. 9 Mai 1783. Un ouvrage poflhume de 1'abbé ■Guidi, donne lieu d'en parler & de jeter quelques fleurs fur le tombeau de cet homme de lettres, mort le fept janvier 1780. II étoit né avec beaucoup d'efprit & a compofé plufieurs ouvrages qui lui auroient fait un nom dans la littérature, s'ils euffent roulé fur d'autres matieres; entre autres .lm, intitulé Entrttiemphilofophlques fur la religion, eu trois volumes, qu'on ne connoit gucre. La brochure dont il s'agit aujourd'hui, a pour  < 3io ) titre: Ame 'des Bét es. L'auteur embraffe le fyflême de Descartes, qui les regarde comme de pures machines,;, fyftême néceffité dans les principes de la religiën, quelques ablhrdités qu'il cnlraine. Elle eft auffi écrite en forme de dialogue; elle eft très-Migëhieufé; le ftile en eft vif, preftë, naturel. L'abbé Gul dl étoit vraifemblablement oncle de M. Guidi, cenfeur qui paroit beaucoup s'occuper de la larigue italieiine, la pofféder 'a forid, & qui en a fait diverfes traduclions non imprimées. 9 Mai 1783. C'eft aujourd'hui que s'eft faite 1'élection du batonnier par l'ordre des avocats, & que s'en efl: arrêté définitivemerit le ta.' bleau, qui fe renouvelle chaque année a cette époque. Les amis de M. Courtin craignoient fort qu'il ne fut queftion de lui dans I'affemblée d'une maniere défagréable. On fe rappelle fon affaire contre Mad. de Valory, agitée, il y n un an ; elle a été jugée le lundi faint au chatelet. Cet avocat a gagné la queftion d'intérêt; mais a perdu la plus ellen-' , tielle, celle de 1'honneur. Mad. de Valory lui reprochoit des ingratitudes, des actes ufuraires. C'eft M. de Seyckelles, avocat du roi, qui portoitla parole, & a prouvé que cette Dame ne pouvoit revenu- par des lettres de refcilioncontre un adte qu'elle avoit confirmé plufieurs fois en fix ans ; mais en même tems il n'a point diffimulé que fi la forme étoit en faveur  C 3ii ) de M. Courtin, le fonds étoit vraïment repréfienfible. Du refte, il a dit que c'étoit ia fcule faute qu'on eüt a reprocher a cet avocat, qui avoit joui jusque-la de 1'eftime de fes confrères & de celle du public; qu'en conféquence il fe mettoit aux pieds de la cour & requéroit fon indulgence pour lui. La fenrcnce a donc confirmé Pafte comme valable ; mais quant a la demande eu réparation d'honneur , en fapreflion de memoires, en publication & affiche du jugement, il a été mis hors ck cour, ce qu'on-regarde comme injurieux en pareille matiere. Cependant, comme les deux parties cn ontappclé au parlement, 1'on ne ftatuera rien IVr cc membre avant 1'arrêt définiüf. ïo Mal 1783. Les grands chemins font dans tin état de délabrement fi, eonfidérable, que le gouvernement fe trouve néceffité de s'en occuper enfin avec le plus grind foin, & d'adopter & cet égard plufieurs chofes de la police an.gloife. II paroit un arrêt du confeil en date du vingt avril 1783, motivé fur ce que les rouliers & voitnriers ncgligent d'exécuter les difpofitions de la déclaration de 1724 & autres régiemens concernant le nombre des chevaux qu'il eft permis d'atteler aux voitures a deux roues; fur ce que la charge énorme que 1'on fe permet de mettre dans des voitures a deux & a quatre roues, & la forme des roues, font très-préju-  r 3-12) tliciatles 4 la confervation des chemins; fur fee que lés dégradations qui en font la füite augmentent les dépenfes d'entretien, ainfi que le travail des corvéables, auxquelsfa Majefté doit «ne proteftion finguliere. En cönféqüence. le .roi renouvelle les fages loix déja fakes 4 cet ésard & v ajoutc de nouvelles difpofitions. io Mai 1783. Depais le jeudi vingt- quatre les plaidoyers dans 1'affaire des Montesquiou ont recommencé; c'eft M. Treilhard qui a ptaj dé-le premier; il 1'a fait avec peu de fuccès ö. avant voulu entreprendre 1'éloge de fon cliënt, /même été hué. II parolt que le public du palais n'eft pas mieux difpofé en faveur de ce cöurtifan, que le public du cMtelct. 10 Mai 1783. II fe publie enfin les tomes cinq , fix & fept de fEfphn Anglois-, mteri-ompu depuis plufieurs années & dont on craismok de ne point avoir la contmuatiom Ces trois nouveaux volumes embraflent 1'année 1777Dans l'avertifement des Hbrair.es qu'on trouve a la tête du'cinquieme volume, ils raflurent le uublic & promettent Ia fuite de 1'ouvrage jusqu'4 la fin de la guerre. Du refte., ils defavouent de la part de l'auteur un prétendu ƒ«/>tlèmeni d VEfpion anglois qu'oli a mis fous fon nom ; il déclare qu'il ne^connoit point ÏEMon francois dLondres, fEfpion des_ BouUvids. VEfpion dévalizé , & qu'il n'a m veut avoir rien de commun avec eer, confrères de trop mauvaife & trop dangereufe compagnie. _ r xi Mat  c 313; 11 Mai 1^8". On efl un.peu rafluré fur Ia crainte.de perdre JVL 'cTGnnejfon , & fur les bniits qui avoient couru de fa retraite. On cn étoit a'aatant pluis fiché, que.' malgré fon éjéyatión, il eft toujours modefte,il conyient de fon peu d expériencê & de capaeité' dans les rcviremc'ns de finances; il fe montre dipofé a recèyoif toutes les Iumieres qu'on voudra bien lui donner ; il ihtérrogè celïi : qu'il croit les plus propres \ Ie diriger & ne : négligé aucün'móyen d'c s'inftrüire. : On ajoute, pour démentjr Je biMÏt generaIcmc-nt répandu a cet égard'; que Ie roi en a 1 groncié Mad. Ia eqmtefle de Tejjï. Cette femme enthoumfte da A^c/-£r,'vóudroit bien, ainfi que tout fon parti, qu'on fut obligé dé recounr de nouveau k cet ex'- directeur gêné» ral des finances, & 1'on prétemf iijourd'lmi que ce font fes créatures qui avoient afiecté' de publier la nouvelle. ;' " ' _ 11. Mai 0% M.. Ie Marquis de Loavbis Vient. d'être exi.Ié dans une de fes térresi on dit qtie c'eft pour fon dérangement. II eft exce;lif malgré les reiTources infinie> qu-il k cues. Marié en prertferes noces k une femme qui lui avoit apporté du bien,'il a tout man,gé; & devenu vcuf, s'étoit racroché a une Hollandoife, Jaidé en diable , qui, voyant 'en lui un homme fuperbe, renommé pour fes 'talens amoureux, avoit voulu en tfiter & 1'avoit féduit par J'annonce d'une fortune eenfid-raT-oms X.Uf O  ( sr4 y ble. Celuici ne s'acquittant pas convenablemenc du devoir conjugal, la nouvelle marquife de Louvois avoit pris le parti de retöiirner dans fa pstrïe, oü fon m3ri, qui ne favoit commenc fubvenir a fes créanciers, avoit été obligé de la fuivre. II a perdu cette feconde femme & eft en conféquence entré en jouiiTance de fon bien d'après les difpofitions du contrat de mariage, & tout cela a fondu encore. La mort du marquis de Courtenvaux lui a lailïé une fuccellion immenfe , dont il ne lui refte pas davantage. 11 eft remarié en troifiemes noces, & a plus de dettes que jamais. Louis XFI, qui n'aime point le défordre, a fait difparoltre de fa cour ce feigneur fcandaleux. C'eft le même renommé poor fes calemb'ours , fes chanfons, fes épigrammes, & qui fans avoir autant d'efprit que le marquis de Souvré, fon pere, n'eft pas moins cauftique. ii Mui 1783. L'artifle ingenieus qm a 1'art de repréfenter au naturel toutes fortes 'de perfonnages connus fous le nom de figurès du peur türttus , a imaginé de raiTembler dans un même lieu celles des illuftres fcélérats êtrangers ou nationaux, qu'il appelle. £ lés mvrages de M. Turgot, 'mitfift're d'état. Tel efl le vrai titre du livre annoncé depuis quelque tems. L'éditeur dit dans tm petit aveniflerhene que ces mémoires avoient été raligés pour fervir de matériaux è 1'éloge hiftorique de M. Turgot, pononcd en 1782 par M. Dupuv, le fecrétaire de l'académie des belles - lettres ' dans une féance publique de rentree. Les formes oratoires & les bornes prefcrites a fon , travail, ayant obligé ce fecrétaire de laifler a Fécart une grande partie de ces materiamc fans en faire aucun ufage, celui qui les avoit ralkmbiés n.'a pas voulu les perdre, & il les a mis en ordre de facon a ttrc préfentés au O 3  ( 318 > Dublic. Telle elle 1'origine de cet ouvrage, plein de fautes au furplus &a'omiffions,co:rimc tout ce qui s'imprime chez. 1'étranger & loin des yeux de l'auteur. 13 Mm 1783. Lorsque Ie roi a rendu a fa eomédie italienne le privilege de jouer la eomédie Francoife , les gentilshommes de Ia chambre iè 'font propofVs d'exammer, quanct les circonflances le permettroient, fil'admiBifhation de ce théatre devoit & pouvoit conferver le même régime. Après trois années d'obfervatioDS, on a vu que Ia variété des trois genres qu'on y repréfetue exigeant un trés-grand nombre de fujets. il falloit, en fixant leur fort d'une maniere durable, pour faciliter les moyens de le faire, augmenter le nombre des parts: en conféquence les vingt parts exiftantes dans 1'ancienne conflitution font portées k vingt- trois. „, Ces parts feront, comme par Ie palie, lusceptibles d'être divifées en trois quarts de part, demi-part <5t quart de part; mais la réception a quart de part ne lèra regardée que comme une receptiën k 1'eflai & le fort du comêdien kaften ne fera véritablement & itrévocabfement feil que par la demi - part. Les gentilshommes de la chambre le font cn outre réfervé Ie droit de partager les quarts de part en deux demi-quarts, afin de pouvoir répartir les augmentations fur un plua grand aombrc de perfonnes»  Ce zele des gentilshouimes de Ia chambre, pour completeer d'une facon plus étendue & faire mieux profpérer la troupe italienne, faic préfumer de plus en plus qu'ils veulent 1'érigeren rivale de la troupe francoife, ce qui augmente davantage la jaloufie dé celle-ci, & juftifioit encore mieux le perfonnage de .' Melpomene, dans la petite piece de M. Sedaine, fl elle eüt dit de meilleures chofes, des chofes plus fïnes & plus piquantes, & furtout li elle eüt été mieux écoutée. 13 Mai 17s3. M. 1'abbé Jager efl: un des hommes de lettres les plus laborieux dans un genre d'érudition influiment utile & devenu très-rare. II a concu le projet de nous faire connoïtre fueceflivement tous les grands orateurs grecs par des éditions exacles & des tradu&ions fideles; mais ce projet qu'il a déji commencé d'exécuter eft fujet k des difficidtes par 1'altération du texte de Ia plupart de ces anciens rutcurs ; ce qui a donné lieu a diveries queftions parmi les fcavans. m. 1'abbé Juger les rappel le & !er/réfout dans un Mémmre critique Jhr les devoirs & fur les quahtés d'un éditeur des anciens. Ce mêmoire a excité une temnête conlidéfable dans le monde erudit, & pour connoitre 1'importance de cette grande querelle qui divife nos fcavans en us, fl fuffiw d'en établir les points elfen tiels. ï°. Y a-f-il des cas oü 1'on puifle o 4  C 320 ) In'erer des correftion's dans un texte qui parofc avoir été Séflzuré par les coniftes? 2 '. Faut - il indi ï.uer ces correc'rions, ou ne les pas indiquer ? 3^ Faut-il donner deux lecons du texte, Tune qui repréfente fidelement le mauüscrlt 'tel qu'il eft, 1'artre tel qu'il a óté réform^ On concoit que le bon febs, fi 1'on le co'n-» fultoit feul, auroit bientöt donné la folution de ces graves' qneftions j cc M. 1'abbé Juger eft fans doi te trop bon d'y avoir mis tant d'importai-re. . Oj''oi qu'il en foit, mftgrè la fazeffe avec la uellé il établit dans fon mêmoire la liberté qu'il accorde a un éditeur; toutefois avec des reftriêfions confidérables, plufieurs 'cavans hn ont tombé fur le corps, lui ont reproché 'de fo.ifnir des armes h des éditeurs téméraires, d'autorifer les altérations du texte, la rorr'ption conféquemment des fources de la fa ine éloquence & du bon gdu'é, Xr r!nn'<■■ A I'entcndre vanter les ouvrages de Ia jeunefle cle M. Turgot, doiit peu ont transpirft dans Ie public , ce feroient autant de chefd'ceuvres, & il y a bien a parler, au contraire, que tout cela eft au moins très-médiocre, % peut-ure trés mauvais. La feule annonce •de certains, póur leur bizarrerie, les caraetévife & óce toute envie de les .connoitre, fi 'ce n'eft pour rire de leur ridicule. C'eft bien autre chofe quand 1'hiftoriérj exake I'tfomme d'état. II n'eft pas un arrêt 'du confeil,provoqué & rendu par M.Turgot, 'qü'il ne rappor te, ne'discute, ne commente; il n'eft au;un deTe^ projets qu'il ne dévelop're dans la plus gWdé étenJuc, ê. qu'il ne  < 32'- > hériffe de caTcuTs effrayans; tout eft chefd'ceuvre de génie fc de patriotisme. Du refte , peu de faits encore moins d'anecdotes. La maniere dont eft parvenu M, Turgot au miniftere ; 1'épifode des émeutes de 1775} Ibrigine de 1'a haine q e le parlement portoit è ce miniftre, les eaufef de fa disgra.e & ia maniere dont elle s'eft eü'ectuée; mille autres traïts curie x de fa vie &- j de fon miniftere font entierement palT s fous filence ; enforte que malgré la longueur de cette vie prétendue, elle eft encore a faire, & malgré le talent du | an 'gyrifte, on a bien de la peine a lire en entier fa verbeufe production. 14 Mai 1783. Extrait d'une lettre de Riom en Auvergne le 6 mai..... 11 y a un mois effeétivement que nous avons eu le plailïr de poflèder ici le marquis de la Fayette, c'eft- adire qu'il y étoit le cinq avril. 11 a été recu ivee tous les honneurs dont on vous a rendu; compte & qu'il m vire bien. Le corps de ville, prêcédé' d'inftitimens & des fergens de Ia milice bourgeoife, alla lui prefenter le via d'bonncur; trois déput's du prélidial en robes; rouges, le complimenterent. Enfin , fc'étoit une alégrefic générale dans la ville j cn s'embraflbit presque fans fe connoïtre; ®n ne ceftblt deCiler: Vive la Fayet >'. Cha«uu de fes concitoyens fenibloit partifiper k fe gloire i eai il faut que vous fachiez que  (r-3) cette maifon eft de notre province. C'eft mé* me ce qui nous a procuré 1'avantage de pofteder un mftant ce jeune feigneur. ]1 venoic e y perdre une de fes tantes & s'emoreübk d'arracbcr une autre qui iui refte a fa do»" leur & de 1'emmener avec lui. Cet acte de tendreffe vous prouve qu'il eft fusceptiblo de tous les fentimens. II a recu avec la modeftie qui le carattérife tous les hommages qu'on lui a offerts. i.T Mai 1783. Extrait d'une lettre de Brei? 5f 9 mai ü tranlpire ici des cooies d une réponfe du comte de Vergennes ' «3 commaKdant qui lui avoit adreffé une lettre •au nom de fon corps pour le féliciter de k place de préudent du confeil des finances accordée depuis peu par le roi a ce miniftre. Elle eft beaucoup trop fiatteufe pour nos offi. eiers de la marine qui prennent a la lettre •tous ces complimens de-cour&s'en rengorfient. M. de Vergennes y dit ingénieufement: „ fa la nouvelle marqué de confiance que je „ viens de rccevoir de fa majefté eft une ré» * comP«nfe du iuccès des négociations p üy „ la ; aix, je ne me diffimule point a qui je „ dois un des premiers hommages de ma re*> connoifiance , & je m'acquitte avec em„ preilement de cette dette en vers les imre- pidcs coopérateurs que j'ai trouvés dans Is „corps de la marine. Je fuis d'autant plus * mm de ce que vous me maudea de leurs O ö  ( 3=4 ) ",, fentimens a mon égard, MonfTeur, que je craignois qiffis ne:me pardonnaffent que difficilement d'avoir enchaïné leur courage. „ Je vois avec bien du plaifir qu'ils ont faic „ céder Fiotérée de leur gloire a 1'intcrêt de „ rhumanité." 15 Mai 1783. La France a déja quatre grands canaux. Celui de Briare qui établita. ■ Teil la communicrtión de hLoire par-le 'o'ng; 'celin'd'Orléans qui unit kf-Qneft les-dcx mêmes fleuves ; celui de Pieardie qui joint la :$omme k i'Oife & le Cünal Royal-, Je fameux 'Canal' de Languedoc, qui unit la Méditerrantile h VOcéan par le Languedoc & la Guyenne. 11 efi: to-jours queflion d'un cmquieme qui joindroit le R'dn S la Sanne & au Rhóne, la ■mer du nord a la mêditerrannée par la Brejfe1, la Bourgogne , la Franche - Cotirté & PAlzace. 15. llfai 1783. Depuis que M.. Linguet a répandu ron mêmoire fur une comnvrntcation plus .prompte a des diftan es trés • éloignées; d'antres phyficiens- fe font èvemiés & entre ■autre* D-wn Ganthey * religiëiix dé l'ordre de Citeaux. 11 propofe trois moyens de faire parvenir une - nouvelle avec une extréme diligence. ' • F. L'on po"rra donner un fïgnal fecret k plus de cent lieues d:ns moins d'une minute^ fans qu'on phWë s'en apercèvoir dans-l'intcrracdiaire-. II aura liea en tout-tems , dans tóüte fal'ofl, a toute heüre, fans augmenta-  ( 3Z5 ) t'fon c!ê dépenfe; enfin, il pourra fe porter k ' trente lieues en quelquesfecorides, fans ftations intermcdiaires. . . . . . Ce moyèn èft connu de l'académie dés fciences, mais il elf, fecret pour le public. sP. Dom Ganshey fe flatte dé faire parvenir 1'avis Ie plus détaillé, & Imftruction la plus longue a cent lieues dans une deini■heure environ , & dé les faire articuler par un 'tiers auffi parfaitement que fi 1'on étoic 'en préfence. 3°. II penfe qu'il feroit poflible de faire parvenu une'lettre e.Tcctive & un paquec de quelques onres, a cent lieues, dans fix beures, dans unefleche, de ftations en ftations', 'avec un are aflez-pui ffant. ' Tout cela fe Voit dans un ProfpeBus imprimé du religieux: 11 voudroit une fomme 'de douze mille livres pour les expériences qu'il fé'propö'fè a ce fujet, 16 Mai vplpi Le réfumé des opêrations du miniftere de M.: Turgot, donné par M. 'Dupofit, feroit le plus grand éloge qu'on en püt faire, s'il-étoit vrai , exact'& fans aucun retour facheux.- 11 a fö'prtfimê vingt* trois efpeces de droits ou d'impofit ons étabhës fur des travaux néceflaires, ou fur des conventions utiles, ou fur' des récoropenfes rnéritées. J! avoit abol'i ia corvee des chemins & fu'bftitué è cette épv-rgne- de quarante millions. pour la nation O 7  ( 326" ) tfne -dépenfe fiiffifante de dix rniflions. II a fupprimé 1'autre corvee qui avoit lieu pour Ie "vokurage '-es troupes.. II a diminuél i rigueur de la régie des impofitions indirecl.es au - trés grand profit des contribuables du roi, & même des financiers ; il a de nv-me adouei la perception des impo 'tions territoriales e-n abolilïant les contraintes iblidaires & autant qu'il a étó poffible, le croifement de-s pourfuites des receveurs. II a arrêté le cours de la plus terrible des épizooties; il a réprimé une fédition conduite avec art. II a pourvu k 1'égale diftribucion des fubfiftances. II a donné les plus grands encounagemens au commerce & a la nature des trois principales producrions du territoire, le bied, la viande & le vin. Voici pour les propriétaires. Quant au peuple, il lui a donné la liberté du commerce & du travail , &ne vouloit pas qu'on la lui vendït. 11 a réformé une m dti•tuded'abus, dont quelques-ims étoient ai profit de ia place. 11 a abolj la vénalité descharges, amant qu'il a d pen du. de lui. II a fait un grand nombre d'. tabliffêmens uti es» 11 s'efl; refufé êc oppofé aux mauvaifes infti«utioss. 11a étéa.i fecours des lus pauvres de 1'état. ll leur afa.it ayer le us penfions arriéjéesde quatre ans. 11 a rembourtéleshopitaiix dont es rentes coütoicnc trop de frais auat pioprittaires pro ortfonnellement a leur valeur. II a eflüyé les dépenfes extraordinaire»  C 327) da facre du roi, du mariage d'une princelTe, de la naiffance d'un prince. I a réparé une banqueronte faite. II en a prévenu une prète k faire. Il a faci ité les payemens jus ;u aux Indes. 11 a foldé une partie des detces des colonies & mis 1'autre en ordre. II a trouvé le crédit a cinq & demi pour eent & 1'a laifte k quatre. I n'a chargé le tréfor royal que de dix millions d'avance ; il a cependant payê vingt quatre millions de la ette ex'gible arriér e, cinquante millions de la dette eonftituée, vingt-huit millions d anticipations. I] a fait cela en vingt mois, & dans ces vingt mois, il n'en a pu travailler que treize. II avoit pris les finances k dix-neuf millions de deficit: il les a laiffées avec un excédent de trois millions & demi. 16 Mai 1783. 11 faut fe-rappeler que dhpuis la mort du marquis de Menars, il s'étoit élevé un pro.ès entre fes toéritiers & la veuve a Foccafion de la terre de Menars, fubftituée par Mad. de Pompadour k fon fiere, & en cas de mort a M. Pvifib-n de Ma/rei fin. M. de Menars avoit pronte 'de fon crédit pour faire cafi'er au parlement la fubftitution;. depuis fa mort M. de Maivoifiu eft revenu par ïequé\e -civile & a fait juger la fubftitution en fa faveur. Ainfi le parlement avoit jugé' Ie pour & e contre ci fans doute toujours bien. Cependant cette contrad crion d arrêt fotiroiftbit ample matiere k is pourvoir au  ( 328 3 confeil qui'a jugé 1'affaire lundi, &a trouvéla fubftitution bien faitc cVvalable-. ió"Hi/z/1783. Les comédiens italiens avoient annoncé pour aujourd'hui la première repréfentation de la Fidele Inconjlante, ou les. Irorages de Roziue , opéra comique nouveau en trois actes, en vaudevilles. Elle eft rernife. Le fujet eft tiré d'un conté de Plron, dont )a mora'lité irès-orduriere eilTont vient- d potht d qui peut attendre. La piece a été adreffée anonymcment au Sieur Trial, qui en eft d'evenu le pere adoptif. On la croit de Mesfieurs ipiïs & Barré. 16 Mai T783. Le maitre clerc d'un M. Perron notaire, a été conduit hier par ordre du roi a ff/Stel de la Force pour une excroquerie de quarante mille livres qu'il a fait a une Dame qui 1'avoit chargé de prendre des récépiiTés du dernier emprunt du tréfor royal, oii elle ne 's'eft pa/trouvée inferite lorsqu'il a été queftion de les échanger. 11 a fooi inter'rogatoire & eft convenu avoir excroqué commè cela environ 200, 000 liv. ' ' . 17 Mai 1783. Mad. de Pompadour par fon teftament, avoit conftitué fon frere fon légatairc univerfel, & en cas de mort de fon frere fans enfans, avoit mis en fon lieu & place M. Poijfon de Malvoifins. ■ Par fon codicile, elle avoit febftitué a fon frere le marquifat & pairie de Menars & fes dépendances, & au cas de mort de fóü frere  ( 3*0 fans poftcrité, elle avoit mis en fon lieu & place, aux mêmes conditions, M. PoiJJonde 'Ma'h-oipns. En 1766 M. de Mdrïgny, quoiqu'il eut reconnu' la fubflitutiou, trouvant qu'elle le gènoit, étoit revenu contre & avoit profité' dc. fbn crédit auprès de M. de Madpéou pour faire déc'Farër par le parlement, cette fubftitutioii, une ffibllit'iitio'fj v,i!g-iire. '' On entend par fubftitution vulgaire une fubftitution Cadüque au décès du teftateur , qui n'eft faite que pour raflembler 'tous fes biens fur une fèule & m-lme perfonne. Elle étoit fort en u'age chez les romains extrêmement -imperieux & jaloux de. dominer jusqu'aprcs leur mort. 1 JSon-feuIerrient le droit roniaïn raTa pns force de'loi en France; mais Fédrtdes fubftitut ons profcrit pofttivement les fubltitutions--vu{gaires. ' ' ' ■ M. de'Malvoifins, ou plutót fes enfans, revenüs' cbmmé mineurs, n'ont donc pas eu de peine de rappeler le parlement % la regie & \ la vér'tablè iriterprétation du teftam'ent. Mad.-de M.rrigtty ou Mad. de -Menars, dernier nom qu'avo.t pris fon mari, avö t le plus grand int;rêt de faire tomber- la fubftitution-, én ce q .e fon eontfat de mariage en acquêro:c beaucoup plus d'étendue dans les difpofidons ut.les, & les autres héri.iers fa.foient  < 33° ) caufe commune avec elle , cn ce qu'ils fé trouvoient pat la rentrer dans la fuccellion pour leur part; ils s'étoienc donc pourvus en caifation. Au bureau compofé de fix cortfeillers d'état & du rapporteur M. de Bertrand, celui-ci & trois conleillers d'état étoient pour la caflation.. II a donc fallu afiembler le confeil a Verfailles, que de longtems ou peut être jama's on n'avoit vu fi nombreux; il s'eft trouvé lbixante trois opinans. Ce n'a pas été un fpectacle peu agréable pour meflieurs du confeil de fe voir follicités, preflês,cajolés par deux jolies femmes,Mad. de Menars d'un cóté & Mad. de la Galijjminlere de 1'autre, (en fa qualité de fille de M. Poiflbn de Malvoifins); mais 1'embarras étoit de fe déterminer. Les barbons étoient pour la première ; les jeunes gens* pour la feconde; enfin ceux-ci 1'ont emporté. Elle a eu quarante-deux voix co.itre vingt-une. Mad. dc Saint'-Aulaire, jeune femme trèfliée avec Mad. dc la Galijpmniere, : 'efl tenue dans l'antichambre du confeil conft-:mment pendant la féance qr.i a duré plniicurs h.ures. Sur les trois Sieures un jeune maitre des requêtes eft venu lui dire que Madame de la Galijfonuiere avoit gagné: elle avoiE ion valetde-chambre tout pret, qui n'a mis que trois quarts d'beures a venir apporter a Paris cette  C 331 ) bonne" nouvelle, & elle> même 1'a fuivi peu après dans fa chaife de pofte pour féliciter & embraffer fon amie. 17 Mai 1783. Extrait d'une lettre de Bordeaux du 13 mai La paix nous a été infiniment plus funefte qu; Ia guerre, & depuis cet événement, fi heureux pour les autres, nous comptons ici foixante-dix banqueroutes , fans le courant. Ces banqueroues font dues en partie au manquc de parole du gouvernement qui, n'ayant plus bcftfn de nous, ne fe prefte pas de tenir fes engagemens & de payer Je fret qui nous eft dü. 17 Mai 1783. Au renvoi de M. de Fleuri, les autres rniniftres, les gens de Ia cour & tous ceux qui aiment a pêcher en eau trouble, qui font ennemis nés de l'ordre, ont été eochantés, paree qu'ils fe fout imagiaés que Je comité des finances, inftitué par ce miniftre, tomberoit avec kj; mais il fubfifte,& 1'on lit une lettre répandue dans le monde par laquelle M. d'QrmeJpM écrit, au nom du roi, ■a tous les fecrétaires d'état & autres ordonnateurcs chargés de quelque département, que 1'inttmtion de fa majefté étant de profiter de la tranquiiité de la paix pour améiiorer fes finances, elle ne peut travaiiler efficacement è ce grand ouvrage, que chacun d'eux n'aie rendu compte de celles qui lui ont été répartfes, & de la fituation de fon département, des dettes dom. il eft efaargé, des rédoihi'oas.  C 33O économie-s , fupprcflions dont il efl; iüsceptible. Onaflure que meflieurs les iecrétaires d'état regardant cette invitation de M. ie controleur général comme une forte de fupér'orité qu'il sifeétoi-t fur eux, ont tenu entre eux un petit conciliabule pour l'avoir ce qu'ils fcroïent'. On' 'pïétend que M. de Ségur, hl. de Cafiries, plus altiers, étoient d'avis de donner leur démiflion ; mais que, tout combine , ils font convcnus d'attendre que le roi leur manifeflat 'lui-méme fi volonté, & qu'a.JY'gard de M. d'OrméJfón', ils ont tenu un filence méprifane, & ne lui ont pas répondu, fauf M. le comte de Vergennes. On ajotite que ce dernier a déja prêché d'exemple , s'efl nvs en regie , & a rendu fes'comptes au comité. C'efl Ie famedi de cbaque femaine que ce comité a lieu ordf airement. 18 Mai 1783. Ces jours derniers , le roi en revenant de Ia chafle s'eft fait faire un chignon a la maniere des femmes, & eft allé ainfi chez la reine. Sa majefté s'eft mife beaucoup k rire & lui a demandé ce que figni- carnaval? Eft-ce que vous trouvez cela vilain, lui a dit fon augufte époux? C'eft une mode que j'ai envie d'amener; je n'en ai en¬ core ïnltitué aucune. Ah! Sire, gardez-vous bien de celle-Ia, elle eft affreufe, a repliqué  C 333 ) fa majefté. Cependant, Madame, a repris le monarque, il faut bien que les hommes a'ent quelque maniere de fe coëlier diftinguée de celles du fexe; vous nous'avez enlevé le p'umet , le chapeau, la cadenette , la queue; aujourd'hui c'efl; le cadogan qui nous re.fr.oit & que je trouve fort vilain aux femmes La reine a fenti ce que cela vouloic dire, & n'ayant rien de plus a cceur que de plaire au roi,adonué ordre qu'on lui défit fur le champ fes cadogans & a repris Ie chignon. II y a aiparence que cette mode ado itée avec funeur a Paris, & fort ridicule.efféétivement, va tomber au moyen de la plaifanterie du roi. . ïé M X 17S3, M. Ie chevalier de Chatèlu' a compofé, comme on a dit, un gros livre iur les Amórkains , durant le tems o.u'il efl:' refte k farmée de RochamSedu. Revenu ici,' i; .e propo oit de le ré pand re, & a été furpris de fe trouver devancé par M, 1'abbé Roti;/. , auteur qui a traité le même fujet , & dont on a dit un mot préeédernment. L'ouvrage de'celui-ci, quoique füpèrficiel] peutétre par cette rai'bn même, a été aflez bien accueilli, & plus góut'é que celui de l'acad!mïcien. Dans les morceaux qui ont pu fe comparer ,te!s que le portrait de Washington, on _a jugé même 1'abbé bien fupérieur au mi? licaire. Tout cela n'a pas peu contribué a axeiter la jaloufie de M. de Chatelu.  C 334 ) II faut faveur en ontre, qu'au fiege d'TorkTown, le feul echec qu'ait recu. 1'année francoife, eft arrivé par une belle OÜlt ou M. le chevalier de Chatelu conimandoic la tranchée. Les Anglois firent une fortie, gagnerent une batterie, enclouerent fept pieces de canons, tuerent quelques hommes, en blelferent une trentaine,& emmenerent des prifonniers. On plaifanta dans 1'armee fur 1'ofHcier général qui commandoit; on dit qu'occupé h quelque rève philofophique, il s'étoit laifle furprendre &c. M. 1'abbé R.ohin, connoilTant Ie devoir de rhiftorien, par complaifance pour M. de Chatelu, ne pouvoit pafter fous filence cet événe¬ ment ; mais il a eu 1'honnêteté de ne le nom- mer ni ne le dcfigner en rien. Cependant celui-ci a été furieux; mais dnhmulant ion reffentiment, tandis qu'il accueilloit très-bien cet auteur, qu'il lui faifoit des complimens fur fon livre, qu'il lui promettoit des fecours & des confeils pour une autre édition, il en faifoit fecrétement une critique malhonnête, injurieufe, qui a paru dans le mercure anonymement; mais oü tous les connoiffeurs, & furtout les gens au fait de 1'anecdote, ont reconnu Ie cachet de M. de Chatelu. L'abbé Robin a cru devoir répondre, & a voulu fe fervir du même champ de bataille qui s'eft trouvé fermé pour lui. Le Sieur Farikouke lui a déclaré qu'il ne pouvoit iaférer  C 335 ) fa réponfe, ce qui a achevd d'indigner Ieshonnêtes gens contre fon adverfaire. L'abbé Robin a été obligé d'avoir recours au courier de 1'Europe qui a recu la défenfe de cet auteur, & en a enrichi fon journal avec reconnoisfance. ^19 Mai 1783. Entre les idéés fingulieres de M. Turgot, dont fon hiftorien n'omet aücune, la plus bizarre fans doute, c'efl; celle qu'il eut dans le peu de tems qu'il occupa Ie miniflere de Ia marine; c'étoit de faire faire les conftrucFions habituelles en Snede, il efl vrai d'après les plans & fous la direction des conftructeurs francois, & d'amener les vaisfeaux tout faits, tout gréés , montés d'une partie de leurs canons, & chargés des matériaux néceflaires pour en coufluire d'autres dans nos arcenaux maritimes. II avoit calculé que 1'épargne du fretdifpendieuxqu'exige toute la partie dü bois qu'ii faut enfuite réduire en copeaux, celle de Ia refonte du cmvre pour les pieces de bronzc, dans un pays qui le tire de 1'étranger, & oh le charbon eft rare & cher , & enfin Ia différence du prix des fubflances & de la main d'ceuvre en Suede & en France pourroient procurer une économie de deux cinquiemes iur la conflrudlion des vaiffeaux du roi. Une autre, c'étoit fon projet de i'établiflesnent d'un èdhjeil de flnf/rucJlon nationale  C 3o6 J compofé d'un petit.nombre de citoyens les plus recommandab'.es par. leur naifiar.ee,leurs lumier.s & leurs vertus, ehoifis parmi les plus grands feigneuïs,' dans le conièil du roi, dans le parlement. Ce conftil auroit euja dirècdon générale des académies, des univerfités, des colleges , des petites éeoles. . 11. auroit fait faire un concours des livres clafiieues, établi des maitres d'écoles dans. les paroifl'cs, des prcdicateur'f politiques pour 'infiruire le peuple de 1'intérèt, du bien fbcial,.des droits, des devoirs pui Fattacheht a la patrie &c. Deux anecdotes vraiment honorables peur 'ce miniflre , c'cfi fam'itié tendre que Louis X7T avoit pour lui, la cqhfianee r.fi't-öucufe 'qu'il lui avoit 'donnée , m.'me avec des démonftrations qui lu. avoient fait oublier fi; 'ïnajefté au Point dé dajgner 'préfer les malus 'de M. Turgot dans fes ïnains royales, comme pour accepter fon 'dévoüment ab blu, C'eft enfuite la lettre qu'il recu-: du roi de Suede, de ce monarque fi connoiiTeur, fi bon 'apréciateur du mérite, pui, en envoyant cn préfent au roi de France, dans le tems des 'émeutes, deux riavires chargés de grains , Fc-xhortoiL a fouteuir toujours avec le méme courage des principes fi utiles au royaume dont il adminiftroit les finances. jq Mai 1783. Un fermier de m. le duc de Qcrres, vient de commettre un crime qui Fa fait  ( 32? ) dit condamner k être roué vif, & d'une nature fi extraordinaire, qu'il mérite d'être confignë icL Dans un rendcz-vous donné k une femme qui 1'aimoit, an lieu des carelfes qu'elle en attendoit, il lui a introduit dans la partie, un Mton armé de toutes fes épines; nouveau genre de fupplice qui 'a bientót fait niourir cette malheureulè, dans les douleurs les plus horribles. Le coupablc, dans la vie duquel on ne trouve, du refte, aucun trait qui défigne un caractere atroce, eft convenu du fait. II a dit qu'il avoit autrefois vécu avec cette femme , mais fans beaucoup de goüt, & par une forte de eomplaifance ; qu'il n'avoit jamais couché avec elle que quatorze fois; que mané depuis peu, i! avoit rompu ce commerce criminel; qu'elle, toujours folie de lui, ne ceilbit dc leprovoquer, & que dans 1'efpoir dc s'en débanaffer, & de lui óter toute envie de le tourmenter déformais, il avoit imaginé ce moyeu qu'il n'auroit jamais cru pouvoir être auifi funefte & la faire périr, & réellemcnt on ne peut lui fuppofcr aucun autre motif. 'A Le délit ayant été commis dans le reffort du badliage de Meaux; le confeiller au chatelet, rapporteur du procés, après la confirmation du parlement, eft parti aujourd'hui pour aller faire exécuter la fentence. 20 Mai i783. Pour entendre la Requèïe de il faili: favoir que M< Je de d Terne XXII, p  C 333 ) fccaux poiTede fupérienrement Part de la pantomime & le talent de la fcene dans certaïns röles de la eomédie, qu'il eft extrêmement gai en fociété, & fait entremêler aux affaires les plus graves ces aimables délalfemens. 11 palfe pour conflant que, durant la difperfion des cours de magülrature, il a joué avec beaucoup de fuccès. les róles AcCrifpin h Pontchartrain, qu'il a fingulieremcnt amufé Madame &M. de Maurepas, & que s'étant infinué dans leurintimitë par fon art de les intéreifer, il leur a fait voir enfuite qu'il ne manquoit pas du genie néceffaire aux grandes places, qu'il leur a fourni des vues & des moyens pour le rétablillemcnt de la magiftrature, & que fe trouvant en même tems du bois dont ou fait les chefs de la jufticc, il 1'eft devenu. Quoiqu'un garde des fccaux ne puiffe guere avoir le tems de revenir a cc genre de plaifïr, fi fon en croit l'auteur de la requête, M. de Miromesnil, chez M. de Vergennes, en petit comité, arappelé fon talent & a trés-bien rendu les róles de IzMere aux chats & de la Femitie en couche; enforte que les Sieurs Dugazon &Boyer, les plus renommés pour ces farces, «n ont été furpris eux-mêmcs; mais ce qui eft plus mcroyable encore , c'eft qu'il contrefait fupéricurement Jeannot & a s'y méprendré:. _ C'eft d'après ces faits, qui font aujourd'hui connus dans le public, que l'auteur de la reqüête fait parler Jeannot. Ce farceur fupphc  C 339 ) Monfeigneur le garde des fceaux de s^n tenïr il fes granis talens pour la magillrature, & de ne pas lui ravir le fien; ou bien alors de Ie de" dommager du bit qu'il lui fait en lui procurant tme place d'acteur, foit a la eomédie italicnne, foit a la grand'chambre ; ce qui donne lieu i révéler deux anecdotes qu'on ne connoiflbit "pas. L'unc c'eft que M. le garde des fceaux a bien voulu s mtérelfer pour une demoifelle Favier,qu'il a' fait recevoir chez le Sieur Nico/er* 1 autre, qu'il a cónféré des provifions de lieu'tenant général au baiiliage de Montargis au Meur Lajjagnade, ancien chanteur de 1'opéra Au lurplus, finit le fuppliant, fi Monfeigneur M laifie le choix il préféreroit encore une p£ ce de confeiller de grand'chambre, paree que les parts entieres a Ia eomédie italienne ne font Suere que de huit a dix mille francs, & qn™ a affuré que celles de la grand'chambre étoient de dix-huit a vingt. Tel eft le réfumé de cette facétie, courte, jnSémeufe, naturelle, & d'autant plus condamnabie, en ce que, fous un air de gaïté elle recele une méchanceté tfès-réfléclue. ' 2i Mai 1783. Les italiens ont exécuté hier la piece retardée des Pbyages de Rozine Au premier aéie , cette héroïne, francoife d origine , contranée par fes parens dans fon incunation pour un amoureux auquel elle étoit P a  ( 34° ) fort attachée , a été enlevée fur mer, -comme elle s'y promenoit dans tme barque. Elle eft vendue a unriche Tufc & fe voit au milieu de fes rivales; II lui jerte le mouchoir; mais au moment de jouir des embraftemens du Mufulman, fl tombe malade & les'médecins lui défendent d'aproehcr de fon fenail. Rofine piquée, s'enfuit a la faveur de la «uit & s'cxpofe de nouveau a rmconftance des Hots. Au fecond aftc, elle abord.e dans une ifle oïi il n'y a que des hommes ; céux-ci font enchantés de fa venue, vcuient 1'élire leur reine & hu laiffent le. choix de celui d'entre eux qui hu plaira le plus pour 1'affocier a fon empire. Elle cn préfere un qui fe trouve être une femme dé égard, & ces deux corps femblent en cela d'ac^ cord ponr; la première fois. Par 1'arrèt du confeil du quatorze mars dernier, le roi avoit confirmé le choix fait par M.. Ie cardinal dé Rohnn, du Sieur abbé Bertin, confeiller d'état, des Sieurs Tolozan, abbé Royer & Mine,'hour être gouverneurs-administrateurs-. & remplacer les auciens qui s'étoient démi's. II étoit ajouté dans 1'arrêt: auxqueh , felon Vufage tl fera donné par le grand-aumónler lettres& provifions. Cet aflervifiement , qui n'eft point ..dans les autres adminiftrations , la formule du ferment a prcter entre les mams du «rrand-aumónier, tombée eu défuétude depuis, plus d'un fieele, mais qu'il étoit autorifé a faire revivre d'après les lettres patentes originairesde Francois premier, cnrcgïftrées en parlement cn 154'5• teut cela arépugné a ces Meflieurs; ils ont également refufé, & il-ne s'effr trouvé dans le confeil aucun mem-bre difpofé a les remplacer ; enforte que M. AweH leur a écrit trois lettres confécutives pour leur annoncer les^intentions du roi a cet égard: dans la derniere. entre autres, il les menace que, s'ils perflitent % refufer ce.te commiliïon, ils doivent s'attendre .a n'en plus avoir ; ils font reftés fermes. dans leur réfolution, excepté le Sieur Tolozan, qui, n'écoutant que fon ambition ,- s'embarraife peu de fe bron'lier avec fon corps, pourvu qu'ii 'devienne confeiller d'état..  C'343" ) Quoi qu'il cn fok, le parlement s'efl: encore prévalu de cetce circonfhmce, & la fait valoir • dans fes remontranccs , qui, enfin rédigées „ ont été lues hier aux chambres alfemblées. Eu conféquence , les gens du roi ont été chargés de fe rctirer par devers le roi, a FefFet de fcavoir le lieu, Ie jour & 1'heurc auxquels il plairoit a S. M. de les reeevoir. 11 Mai 1783. La tragédie annoncée de Mad. de Montejfon a en effét été jouée fur fon théiltre le dimanche quatre de ce mois. Elle a pour titre la Dncheffe de Bourgogne ou la Co int e (Je de Bar. II elt a préfumer que cc fujet, plus romanefque qu'hiftorique , eft tiré du roman intïtulé anecdotes de la cour de Philippe-Augufte. On dit que le caraétereprincipalreifemble beaucoup a celui de Phedre. On a trouvé furtout les quatrieme & cinquieme aéles trés - beaux: k verfification elf quelquefois foible, mais elle a quelquefois du nerf & de la grandeur. Cette piece étoit jouée par les acteurs de Ia eomédie francoife. 23 Mai 1783. Le M-re. clcre de M. Perou fe aoüune Pinott, il étoit chez lui depuis vingt ans, & plutót fon ami que ion fubaltenie. Cependant le notaire ne pouvant douter de fon dérangement a provoqué lui- même une lettre de cachet pour le faire arrêter & conduire a I'hótel de la Force. En vertu de cette même lettre de cachet, il a été mis Ie fcellé fur fes papiers & kit inventaire. On v a kcilement trouvé les E 4  C 344 ) preuves cTe fon deficit, fe montant a plus de 400,000 liv. II en a été rendu plaintc, fur laquelle le procureur du roi a fait fa dénoncia- • tion au chatelet; information en conféquence & bientöt décret de prife de corps. Alors 011 a demandé la main levée de la lettre de cachet," & en vertu dudit décret 1'accufé a été transfé* ré dans les prifons du chatelet. On ne croit pas du-H puiffe y avoir peine de mort; maïs bien celle décernée contre les eferocs "& banqueroutiers frauduleus. On veut que Mad. Dubois, qui avoit- toute confiance en cet homme, y foit pour plus de 200,000. liv. 23 Mai 1783. M paroit un nouvel écrit fur la grande conteftation qui divife aujourd'hui Is parlement; c'eft une lettre d'un ancien confeiller au parlement ck Paris a un ancien 'corrfdir Ier au parlement retiré dajis fes terres. Elk eft fort modérée & il en a été envoyé des exeinplaires a Meffieu-S, ainfi qu'au parquet. Elle roule principalemcnt-, dit-on-, fur la malheuren fe liaifon qui fe trouve entre les intéréts du roi & les épices, enforte que celles-ci ne peuvent baiflèr que les autres-n'en foufrïent: 1'ouvrage'eft très-récent, puisqu'ii eft daté de Paris le deux mai 1783. 23 Mai 1783. II n'y a plus de doute au* juurd'hui que les. voyages de Rofine ne foient de Meffieurs de Piis & Barré. Ils les ont réduits a deux actes, & quoique le nouveau dénuüment foit tout-a-fait bizarre, il donne piés de  C 345 ) dc vivarité a 1'action, & la piece én "fera plus éóurue. 214 Mai 1783. M. le préfident Roland vient enfin de Iivrer au public fón trarail dans 1'affaire 'ies jéfuites,' oü' ö a joüc un grand róle, ü a fait imprimer le tout- fous le tïr,re de Recueil de plu fieurs- des ouvrages de M. le préfident Roland, imprimé en exécution des délibérations iu bureau d'adminiftration du college de Louis le grand des dïx-fépt & dix-huit avril 1782. Cetté colleétion a été quelque tems è paroïtre, paree que l'auteur magiftrat , qui a beaucoup de vent, defiroit que M. le grand-aumó\ nier, comme le chef du bureau d'adminiflra* Ition, préfeutat 1'ouvrage au roi. I. M. le grand-aumönier s'en eft detfendu', en ISfLqu'il ell queftion dans. le livre d'un tableau (fingulier trouvé a Billon chez les jéfuites, dont M. le préfident juge a propos de. donner fexplication .a fa mani-.-re. II y reeonnoit les- roisaffaflinés, Henri III, Hemü IF. 11 y . reeonnoit les aliaffins jélirires, Wéjqt» Ckatel} les Culgnard, les Ravaillac. M. le grand- aumó* nier, qui n'y voit pasrout cela auffi .cljmemenc. que M. le préfidenti,a jugé 1". indéceur-& maladroit de renlettré fon's Jes.yeux. de fa «Majeftéqu'il y a eu de lés ancêtres affaiiinés, de lui, en repréfentcr fhiftoire & les effigies,^'. térné-raire.de. dunner, comme poürii'üt avéré les ex» P 5  ( 346 ) plications arbitraires, les vifions de rimagihation de l'auteur. . M. le préfident a trouvé ces objections trèsöiauvaifes; il a infifté; il a reproché a M. le Cardinal de Rohan d'être jéfuite dans Paine-, decraindre les revenans. Celui-ci a été inflexible & après une négociation de fix femaines, il afallu que M.. le préfident renonc&t a fa prétention & fe contentar. de recevoir les löuanges. des journaliftes qu'il pourra fe concilier d'une maniere ou d'autre. 24 Mai 1783. Dans les conférences des magiftrats du parlement, au fujet des abus a réf ormer dans 1'adminiftration de la juflice, il a été convenu de régler la forme de procéder aux délibénrtions. On indiquera les objets dont il fera délibëré S. la huitaine, & chacun fera autorifé d'apporter fon avis projeté': on voit que Meffieurs ne font pas encore fort avancés, & voici un nouveau répit que vont avoir les parfifans des épices par les vacances de la penteeóte qui approchent.. 24 Mai 1783. M. 1'abbé de Bourbon n'ayant point 1'age requis, a obtenu une difpenfe pour dtre fa première mefie. Cette cérémonie a eu, lieu le lundi de paques k Saint-Magloire avec un concours de monde prodigieux, & dans le plus grand appareil: il y avoit quatorze évéques préfens. Le jeune éleve du feigneur a of•Êcié avec beaucoup de noblefle; mais, foitji-  (-347.) tódité , fok défaut dc 1'organe , on a trouv.é qu'il n'avoit pas la voix jufte, & il a fort mal .chanté. II ell: aétuclleirient a Rheims pour s'y faire recevoir licencié en droit, ce qui eft 1'affaire de peu de jours dans cette uniyeriité; il eft néceflaire qu'il foit rcvètu de cette qualité pour avoir des lettres de grand-vicaire, après quoi il prcn« dra féance au chapitre. II n'aura aueulie place particuliere , comme 1'adulation en avoit répandu le bruit &, comme ceux qui s'ijitéreflènt a fa gloire, vouloient lui en faire élever la prétention, a raifon de la diflinction qu'il a recue d'être chanoine honoraire. II fera alïïs dans le dernier ftale9 en qualité de chanoine dernier recu. Les zélés pour 1'honneur du chapitre, font même aujourd'hui trés-fichés de la diflinctionaccordée a M. 1'abbé de Bourbon, d'autant qu'il n'en eft point d'cxemple dans les regiftres, & qu'on. trouve, au contraire, des freres & fils de rois, qui n'ont été que chanoines titulaires , entre autres deux fils de Louis le. Gros. Ils gé» niiüènt de voir leur corps li attaché a fes anciensufages, y avoir dérogé auffi mal-a-propos, aufligauchement, aufli ièrvilement. Ils ne peuvent pardonner au doyen d'en avoir ainfi bleffé la dignité pour nn enfant naturel de Louis XV,. ce que, dans l'ordre de la religion furtout, ondoit toujours regarder comme une petite tache. 25 Mai 1783, Les foupcons fur les motifs P6  C 348) qui avoient porté M. Frettot a la dénonciation des faits agravant 1'illégalité déja reconnue des prifons priyées , fe réalifent malheureufement pour lui. On fait même qu'a un diner chez M. 'le préfident Pinon., M. le lieutenant général de police a déc.laré. en. préfence de plufieurs convives confeillers au parlement,, que la démarche de ce mag'ftrat dénonciateur étoit d'autant plus inconféquente, que Mi Frettot avoit follicité auprès de lui une lettre de cachet pour faire, enfcrmer une femme, fans le confentement formel du mari', puisque celui-ci même, par les bons offices de M. le Noir,. s'étoit renonciiié & avoit trés-bien vécu depuis avec elle. ' Au furpltis, M. le premier préfident a déja rendu compte aux chambres alTemblées des prïfjriiiiers ciétenus de cette maniere; mais comme il 1'a fait trés fuccintement, la compagnie defi.'e qu'il s'étende, davantage, & M. le Noir le defire. auffi. H auroit fouhaité qu'on 1'eüt mis dansle cas de venir rendfe compte lui-même, comme dans..FaiTaire des- ieux, d'un genre d'adminiftration , illégale fans dpute-'j qu il" n'approuve pas, répugnant & fon caraétere de douceur & d'honnêtettj;. mais qui'tient i la nature de fa place, que.ceux:mêrne qui,la djécrïent lè plus regar iént -comme .néceffaire en certains cas, a laquelle ils out recours,, & dont ott a fait 1'apologie. plufieurs fois jusque dans le fein du parement. s»5 Mai 1783. Süivant le nouveau déno£-  C 349 ) ment de Rofine, au moment'oü elle eft prête de quitter rille, fon premier amant y aborde, :en errant fur les montagnes, il fait répétei' aux échos le nom- de celle- qu'il cherche; elle eft étonnée d'entendre fon nom; elle a- une expli* cation avec ce fugitif; ils fe reconnoiffent, & il s'embarque pour qnatrieme dans la nacelle. Tout cela ne tient pas a grand chofe; mais auffi les auteurs ont donné a leur ouvrage le titre , nouveau fans doute au théatre & trèsjulle en cette occafion, de fragmens*. 26 Mai 178-3-. On doit donner mardi au théatre lyriquc la- première repréfentation de Peronne fauvée, opéra en trois actes. Les pa'roles font de-M- de Sauvigny, la- mufique du fieur Defaïdes , tout ce- qu'on en- dit jusqu'a prófent, c'efl qu'il y a beaucoup de fpectacle. 26 Mai 1783. On prétcnd aujourd'hui que la Requête de Jeannot part du fisin d'une cabale formée par Mad. laDucheifii de NarbanueLdra, Dame d'honneur de Madame Adèlaide, & dont on eonnoit depuis longtems le génie pour l'-intriguei Comme elle a marié fon fils-a Mlle- de Montholm ,. fi Re de Panden premier préfident de- Rouen-, que cet hymen a eu lieu fous les atifpiees- de Paégöfte princeflé a laquelle elle efi attachés & qui a premis fa pmtection, Mad. de Narbonne- voudroit en profiter pour ■pouflér au miniftere Le beau-pere de fon fits: La place de garde des fceaux l%iï'convien,ilroit fort-, & die s'emprefl'e de profiter des fauiös P 7  c 350 y que celui -ei peut faire , des , torts qu'il peut avoir, pour les grollir,. les exagérer & les rcndre odieux au public; mais e'eft furtout a fesridicules qu'elle s'attache^elle .y'ignore pas que e'eft 1'arme la plus cruelle la plus füre enFrance. Malheureufement pour M.. de Miro* tnesnil, la. magittrature en général efl: fort mécontente de lui, & furtout celle de Paris; tant d'ennemis réunis forment contre lui un orage auquel il eft difficile qu'il ïélifte encore longtems. : 27 Mai 1783. Ceux qui ont afïïfté aux répétitions de Peronne fauvée^ annoncée d'abord en trois actes, aujourd'hui en quatre, & qu'on pourroit , a ce qu'ils prétendent , annonccr également en cinq, tant Paétion eft vague & decoulue, n'eft a proprement parler qu'une fu-p.erbe pantomime, un fpectacle principalcment fait pour les. yeux,- tel que le fameux fiege de Nicolet ; car il n'a-. pas même 1'mtérêt des quatre fils d'Aymon, de Dorothèe & de quelques autres des petitt, théatresdes boulevards,, öü 1'expreffion efl. (i pathétique qu'elle émeut le cceur & fait pleurer. 27 Mai 1783. II faut fe rapeler le différend: élevc entre M. de la Lande & M. Carraau. fujet du livre de ce dérnier, intitulé NouveauxPrincipes de Phyfique, dont le principal objet: eft de combattre le fyltême de Newton. 11 avoit rehdu compte desmenées de 1'académicienpour. 'empêclier l'auteur moderne d'acquérir aucune  C 35t > eonfiance dans les académies de province: M. de la Lande a recriminé , & M. Carra ripoile aujourd'hui dans fon quatrieme tóme.. Pour la commodité de ceux qui ne s'embarraflènt pas du fond de la queftion, mais s'intéreffent aux querelles polémiques. M. Carra donne un pamphlet fous le titre d'dvis extrait . du tóme quatre das nouveaux principes de phyfique. Non-féulement il y couvre de ridicule & de mépris cet intrigant, membre de- dix- fept académies ; mais il lui fait des reproches fur ' des objets plus grayes; il le rèpréfente furtout comme un plagiairequi, abufant de fon amitié & de fa eonfiance,, s'eft attribué la découverte du noyau da foleil, fliïte par lui Carra & par lui commnniquée 1M. de la Lande, deux mois avant, & qui cependant a eu 1'hnpudeuce de le traiter de fou & de réveur. j 27 Mai 1783.. Les capucins font peu accoutumés a figurer dans le monde littéraire., & furtout dans les querelles des favans. On efl tout furpris de voir aujourd'hui ceux.de la fociété hcbrnïque , defcendre en lice , & lntter contre un journal qu'on ne connoiffoit guere plus que les affaillans... C'eft le. journal deLuxembourg, dont Je rédacleur, 1'abbé Féller, reproche au clergé-de France d'avoir accordé trois mille livres de gratification aux capucins de la rue Saint-H'onoré, &. d'approuver ainfi indireclement ces reh'gieux  C 35* ) audacieux étab'iffiant un fyftême rêclkment vain & cijyix qui tend a déualurer fccriture fainte, & d afervir rêlermlk parole de dieu h une hypothefe grammaticale auffi arbitraire qiféphcmere. Voilé un grief bien arriculé 4ai a vivement ému la bille de ces capucins. Ils- prétendent au contraire ne point travailler d'après un fyilème quekonque-, mais d'après un plan fuivj dans , toutes fes parties, fondé fur I'autoritè & 1'analogie de 1'écriture fainte, adopté en partie par les famts pcres, les commentateurs & interpretcs les plus habiles. Ils ne changent rien au .fond; mais ils améliorent la forme. Non nova J'ed noye. En un. mot, ils prqfitent.de la clef que M. de Fillefroy leur a fournie pour pénen-er plus avant dans le fanctuaire des- divines écritures. & y introduirc fes élevcs : bien loin de 1'altérer, ce travail tend a défendre Ie texte .tel qu'il a été imptimé par les foins du cardinal) Ximenès contre les écrivains modernes qui s'efforccnt d'y introduire de prctendues corrections. . cj Mai 1783. Le journal de Neufchate! qui s'étoit foutenu pendant.quelques aanées, vient d'expirer comme tant d'autres-,. faute de fouscripteurs- fulïïfans pour kfouténir. Deux hom- ,mes de lettres de France Falimentbjent cependant de leur mieux. M. Lam de Boiffiy y fournifibit furtout de petites pieces de.vers piquantes- de. fa. compofition ou de fon choix , qur  ( 353 ) n'aiiroienl pu paffer dans les autres feuilles plus gên.des, & M. de la Reiniere, qui dans les titres prenok avec complaifince celui &c'correspondant littéraire pour la partie dramatique dw journal4e Neufcbdtel, y apportoit tout le zele d'un entlionziafte des lettres,les cukivanc pour elles -mêmes, & ne parlant que d'après fa fa» con devoir & de fentir. ft8 Mai 1783. II paroit que 1'objet de l'auteur de fe lettre d'un confeiller eft de faire regarder la divilion élevée aujourd'hui au féjil du parlement,comme une fuite du plan fuivi constamment depuis 175.6 , d'abailfer la magiftrature. i°. En afketant de traiter avec itne indifïerence mëprifante , fes rdclamations ks. plus juftcs & les plus légoks. 20. Eu vexant perfinnellement les magiftrats., par ies eniprifonncmens et les exils arbitraires. 3°. En femant dans le public que leur réfistance n'a lieu que dans les cas qui les intéreffent perfonnellement. 40. En augmentant d'une maniere aufli ab■furde qu'odieufe les impóts fttr les frais de fusr tice, & fe ree-riant enfuite fur la cherté exce'il-ve des- tormes.judkiaires.. 5°. En imputant fauflèmcnt a 1'avidité- des magiftrats cette excelfive enerte. - 6U. En prétextant cette même cherté des fcus. de iuftice, pour dépquiilcr arbitrairemehl  C 354,1 les tribunaux par les évocations & les cömmisfions. 70, En cafTaut trop légerement, furtout en? foance, les arrets des cours. 8°. En n'exécutant pas les loix qui fixenï 1'age pour entrer dans les charges de magiltrature, enforte qu'il exiire des confeillers de cour fouverainc, des mait'res des requêtes, & merites des commilfaires départis, qui n'ont pasattcint la majorité civilo, 9°. En imputant, ou engageant le public k imputer aux corps de magiftrature-, fes écarts; ■de ces jeuncs magiftrats, qu'on devroit engager les compagnies de punir, loin de les foustraire , comme on le fait , a la difcipline des corps auxquels ils appartiennent. Ces abus, cette interverfion de l'ordre, cos imputations catomnïeufes & réfléchies font discutées plus au long dans la brochure écrite en effet très-fagement; & fuivant l'auteur, ce n'eft pas aux griefs objectés aujourd'hui qu'il faudroit s'arrêter , mais remonter a la fource ; il faudroit rendré aux loix leur vigueur, aux.coursleur autorité , aux. magiftrats leur confidération. Tant qu'on voudra étendre 1'aiitorité perfonnelle du roi, on fera toujours tort a la puisfance royale.- II ne -traite que- tres- légcrement Partiele desépices; il prétend feulement que le roi a tren> te fok par livre dc frais de juftice, & que tou-  c 355 y tbs fes fois que Ie Juge pereöit tin écu d'épice , ïé fisc public percoit quatre Mv*e*$ dix fois. 28 Mai 1783. Lettre de Danguy , danfeuf de f opera, ptri dans le feu du 8 juin dernier ^ 0 fa mere, toucimnt les véritables caufes de F ineen die de cette falie. Des Chanips Elifécs le 8 juillet 1781. Poltron fur mer , efcroc fur terre , prince tiullepart, policon pariout. Tel' eft le titre d'un manufcrit que font eileider les ennemis du duc de Chartres, & quï remplit affez bien leurs intentions cn renréfentant fa vie comme 1111 ti.ffu d-infamies, de laehetés, d'efcroqueries. Pour amener Ie détail de toutes ces horreurs, on fuppofé que deux machiniites, auffi brülés dans cc commun défaftrej font conduits devant Ptutpn avec lui & interrogés fijr f événement qui fait bruit jufqu'aux énfers. Ós avouent être les auteurs du feu, & ne l'avoir mis que dans 1'efpoir d'y envelopper la perfonne ou du moins le paiais d'un princedevenu Pexécration de Paris , pour atténuer leur crime, & Ie ronvertir même en action mcritoire, fl le fuccès eut couronné leur projetw Es peignent dans toute fon horreur, le monftre. dont ils vo'uloiën-t délivrer la France.. Dans ledétaii de ce qu'ils raèontent, ils ne difent rien dc ueuf, & la maniere dont ils le difent n'eft pas, Hiêiiie bien piquante; mais, n'importe-, ce font des hum-es contre le duc de Chartres, & il eii  11 détefté t qu'S quelque prix que ee' fbït ©rï veut, les achetcr & les lire. • 28 Mai 1783.. Extrait u'niie lettre de Verfaiiles du 25 mak .... La bêtc eft blellee araort, oü je ne n,'y connois pas: M. le garde des fceanx eft cependant plus gai, plus mielleux, plus entrant qu'a Tordinake; il parle a tout le monde,, mais perfonne ne lui répond.. Voilé lapierre de touche pour le courtifan. On dillribuoit aujourd'hui alfcz publiquement dans la galerie un nouveau pamphlet contre lui, ayant pour titre le cri de rindignation.. C'eft une diatribe des plus violentes oü 1'on récapitule fa vie, ou du moins fon adminiftration,. foit comme premier préfident de Rouen , foit comme chef de ia juftice, & 1'on en dit des horreurs. On efl perfuadé ici que ces libellés part ent de chez Madame la dtichelfe de Narbonne, qui travaille fortement a déterminer Madame Adelaïde, a parler en faveur de M. de Montholon que cette princeIfe s'efl engagée de protéger lors du mariage de M"e. de Montholon avec M. de Narbonne le fils. II eft vrai que toutes les fois que 1'ancien premier préfident du parlement de Rouen parait devant Ja puinceffe, ks bras lui tombent; elk ü dégoüte& dit. Mais, q.u'eft ce qu'on peut faire de cet automate? Puis 011 la récliaulfe, on lui perfuadé que c'ei't 1111 homme coneemré, qui lak beaucoup, mais timide, ci. ayant befoin d'être un peu aidé pour fe dé-  C 357 •) veloppsr; il revicnt de nouveau , & Madame AdsldiclerLtn ell pas p-lus fatisfaite'; II paroit qu'on a voulu du moins exeiter fon zele ponr le fervice du roi & le bien dc 1'état en débarraffimt la magillrature d'un garde des fceaux qui, -avec beaucoup .d'efprit,. ne remplit pas mieux cette place & dont fhonnöteté & la probité feroient fort fufpeétes, k eu croire le libellifte.. M. de Mironesnil une fois remercié, on efpere pouvoir plus facilement pouffer M. de Montholon. 29 Mai 1783. C'eft aujourd'hui i cinq heures du foir k Verfailles que le premier préfident, accompagné de deux préfidens k mortier, doit portcr au roi les remontrances concernant 1'adminifiration des quinze-vingts. 29' Mai 1783. La première repréfentation de Peronne fauvée, très-brillante par 1'afluence dc monde qui y eft accourue , a fi mal pris, qu'il ieroit fuperflu d'en rendre un compte détaillé, fi cet opera ne réuifillbit pas mieux aux repréfentations fuivantes. Le poëme a été.trouvé pitoyabïe & la mufique a beaucoup. emuivé. Cependant le ilcuv Dsfaides réclame furtout pour ce qui le eoncerne ; il abandonne les parbles dont il s'embarralfe peu; mais il prétend que dans plufieurs morceaux de fon chant il y a un .caraélere neuf, original & pittoresque fait pour réuiiir k la longue. II y a entre autres un róle «mier fxécuté par Ie fieur Chenard qu'il alTeciionne le plus, quoique le plus mal goütéle  f 358) plus hué même. II fe fhtte que le public ei! reviendra & lui rendra juftice. 30 Mai 1783. Le Cri deTindignation a percé jusqu'ici. C'ell en elfet une catilinaire cruellc eontre M. le garde des fceaux. Mais 'oir ne s'arrête pas a lui feul & 1'on fe trible vouloir cnvelopper dans fa di?grace M. d'Onnefou: on y prétend que c'eft M. de Mirom'esnil, qui a fuggéré a M. de Vergennes de propofer au roi ce jeune'magiltrat plein d'honnêteté & de zéle; mais abfolurnent inepte pour une place auffi diflicile que celle de c.ontróleur général. II s'efl: flatté, fuivant l'auteur du libelle, que ce feroit un mannequin quïl feroit mouvoir a fon gré; & qu'il fe trouveroit' ainfi presque toujours 'prépondérant dans le comité. Cette tournure ell d'une méchanceté d'autant plus adroite, qu'on met par la en garde M. de Vergennes contre M. de Miromesnil, & qu'on tend a lui óter cet appui qu'il s'étoit ménagé avec le plus grand foin auprès du roi, depuis la mort du comte de Maurepas. "' A la fuite de la diatribe courte & de quinze pages feulernent, gros caraclcre , font des notes provifoires , qui tendroient a prouver pat les faits'& par 1'état actuel des pariemens, que'le chef de la jullice ell le premier a y porter le trouble, ce qu'on juge par ce qui fe paffe a Paris, a Aix , k Grenoble, h. Bezancon, a Colmar, a -Rouen.  (350) • Ce qui prouve de plas en plus que ces pamphlets lont accrédités par des gens puiffans,& ïntérefles a renverfer & M. de Miromesnil & Mi d'Ormefibn, c'efl: qu'ils fe diftribuent gratis & aflez impunément jusqu'a préfent. 31 Mai 1783. M. le premier préfident a rendu compte aux chambres afièmblées qu'il avoit eu 1'honneur de portcr au roi les remontrances concernant les quinze-vingts, & que % M. lui avoit dit qu'elle les feroit examinerdans fon confeil & feroit favoir fa réponfe au parlement. 31 Mai 1783. Les aflemblées pour les épices font renvoyées au lundi fept juillet, délai fatal & qui annonce de plus en plus la mauvaife volonté du grand nombre des commiflaires. On rappoite a cette occafion que Meflieurs des requötes du palais fe flattant de donner un exemple qui feroit fuivi, depuis leur rétabliflement avoient arrêté entre eux de ne point percevoir d'épices & avoient perflflé quelque tems dans cette réfolution ge!néreufe ; mais que les prépofés a la perception des droits durois'apercevant'du déficit ?n cette partie, en avoient rendu compte au fermier, lequel avoit porté fes plaintes a M. Neckcr, alors directeur général des finances; que celui-ci n'entendant pas donner aucune indemnité aux financiers, avoit eu recours & M. le garde des fceaux, & qu'eniin le chef de la juflice en louant fort le noble déiintéreflément de Meflieurs., leur ^avoit ,qr-  C 3'So ) donné de la part du roi de continuer k toucher des épices, ce a quoi ils avoient obtempéré. . . 31 Mai 1783. On avoit d'abord décidé de ne rien changer k la nouvelle falie de la eomédie francoife , malgré les plaintes multipliées & foutenues du public & des amateurs depuis un au. M. d'Angmller, a méme laiflê écoulcr •huit jours de la vacance perfiflant dans fon refus; enfin, il s'eft décidé a quelques améliorations. Le fond de la falie peiute abfolurnent en blanc, ce qui lui donnoit un coup d'ceil monotone & fade, eft aujourd'hui mélangé de bleu, . 'ce qui, fans lui rien óter de fa fimplicité noble, la releve merveillcufement. Le foyer latéral avoit été jugé trop petit & 'trop étranglé; on en a commencé un au deffus du veftibule plus vatte & d'un meilleur elfet. 11 efl facheux feulement que la cheminée paroifTe un peu mesquine pour le local. Les ; buftes des différens auteurs dramatiques francois en fout un ornement riche & intéreffant; mais on ne fait pourquoi les comédiens s'arrogeant le droit de décider de la primauté entre eux, ont jugé è propos de mettre Molière fur la cheminée, feul beaucoup plus élevé que les autres & femblant les dominer. Aflurément beaucoup de gens penfent de même & le regardent comme bien fupérieur aux autres. Ils n'en 1 ■ font pas moins indignés contre Taudace des i hiflrions, furtout en réfléchiflant que le motifi fe-  C 361 ) feeree de cette préférence marqnée, eft qXm Molière a été comédien ; c'eft è leur'camarade, devenu leur patron, plutöt qn'au grand c-omique, qu'ils ont déféré 1'empire du théatre francois. Mad. du Fivier, ci-devant Madame Denis,. a furtout trouvé trés-mauvais que, fous prétexte de conftrüire cette cheminée, ils aient déplacé la ftatue en pied deVoltaire, dont elle leur avoit fait préfent, a condition qu'elle feroit mife a toute êternïfè, fous les yeux du public, & laient relcguée dans leur falie d'affcmblée particuliere. Elle leur a cent en conféquence le douze mai une lettre de repix>ehes très-amers, & elle s'y plaint par occafion,de nepouvoirplüs voir les chef-d'ceuvres de fon oncle, pour fon argent, faate dè ' pouvoir obtenir un quart de loge; mais elle mfifte fpécialement fur la ftatue, don qu'elie ne veut pas retirer, mais racheter, k 1'eftimation de M. Houdon, fon auteur. Premier Juin 1783. Depuis la rentrée les comédiens Francois femblent retombés dans leur ancienne parefle: ils n'ont encore donnè aucune nouveauté, & celle qu'ils fe propofenC de jouer demain ne leur coütera pas infiniment de peine. C'eft une fcene lyrique en profe, intitulée Pyrame Thysbé. On dit qu'elle eft du Sieur la Riye, ou plutót de Ia femme, fous le nom du mari. Ceux qui les Terne XXII O *  C 3<*2 ) connoiffent, affurent que la derniere a beaucoup plu» d'aptitude que fon époux aux produel ions c!e 1'efprit. 2 Juin 1783. Malgré la nombreufe cabale mife fur pied par les auteurs a la feconde & a. ]?. troificme repréfentation de Péronfie fauvée, cet opera n'a effuyé que moins de dégoüt de la part du.public, & les connoifleuts impar- tiaux le mettent au rang des plus meaiua^. on continue a regarder le poëme comme déteftable. M. de Sauvigny 1'annonce pourtant avec de grandes prctentions dans fon uvertisfement. II a voulu venger de 1'oubli des historiens, la perfonne & la familie de Marlt Fouré, boulangcre, qui, au moment oü les qonemis alloient furprendre Péronne par efcalade, en tua plufieurs de fa main &, ayant enfuite crié au fecours, vint a bout de.chaffer le refte. II avoit déjk traité ce fujet au quinzieme cahier d'un petit théatre lyrique & moral qu'il compofe périodiquementfurlesaventures du jour, quoique cette avanture-ci ioit de deux ou trois üecies, cc qu 11 appene cprès-foupées de la fociété. Cette niaiferie pouvoit être bonne pour un pareil recueil; mais n'eft point admiffible fur le théatre de 1'opéra; i°. en ce qu'elle n'a aucune authenticité, puisque le pcëte convient lui-même que le Jrait n'eft point dans 1'hiftoire & qu'il ne 1'a öré que d'un roman; *c. en ce qu'eUe ne  ( 3«.3 ) prête point a un drame héroïque en plufieurs actes. 3 >. furtout par ia maniere tout-a-fait foourgeoife donc il 1'a agencé. Le merveilleux de cet opera & ce en quoi il remporte la palme fur tous les autres, c'efl 'd'ctre obfeur & pénible fans aucune intrigue, d offrir beaucoup de móuvemens fans aclions, & une grande cataftrophe fans in tére t. La multitude d'acteurs feuls au nombre de vingttrois, indépendamment des autres en troupe, efl caufe da premier défaut. Le fecond pro» vient de ce qu'il n'y a aucun caraclere dtabli, aucune paflion mife en jeu, & que tous ces perfonnages font des heros de lanterne magique. De ce manque de liaifon dans 1'enfemb!e, de motifs dans les fcenes , réfulte le vuide oü fe trouve le cceur du fpeciateur. D'après les reproches faits au poëme donc les paroles en outre font peu lyriques & fouvent profaïques , il étoit impolfible que la mufique fut bonne, c'efl-a-dire, produifït de 1'effet; car, malgré Ia préfomption folie de M. Defaide, ni lui ni aucun autre de fes confrères ne réufïïra fur un pareil fonds. Ils feront des ouvrages travaillés, propres h fe faire admirer des connoiffeurs; mais d'un carac tere vague & fans exprefïion, faute de motifs. Les calembourifles appellent celui-ci,un opera de laitues, paree qu'il n'y a que les chceurs & conferver. S Juin 1783» Le manufcrit de Voltaire Q2  C 3<54 ) ■contre le roi de Pruiïe commencé a fe ré. pandre, au moyen des copies qu'on en a fur- , prifes au Sieur de Beaumarchais, qui fe trouvé ainii dupe de fon infidélité. On fait que M. de la Harpe en a faic depuis peu la lecture, ce qui annonce qu'il eft pourvu d'uhe, & M. Suard, le cenfeur du nianufcrïc de 1'édition, a exigé qu'on lui en remïc une autre, ou a menacé de ne point accorder déformais fa fignature. Tout cela met de plus en plus M. Palijfot dans de cruelles angoilfes. 2 Juin 1783. On a parlé déja de la muficomanie du baron de Bagge; au concert de bénéfice donné 'aujourd'hui au chateau des luilleries , ïla voulu ablolument, parmi les morceaux de mufi-jue h executer, qu'on placSt un concerto de violon de fa compofitiona jouer par un Sieur Kreutzcr. On n'a pas voulu affliger 1'amour - propre de ce protecteur par un relus; il en elt rèlulté ratrae une petite farce qui a fervi d'intermede. M. le baron de Bagge s'étoic placé trés en vue & fur la premiere banquette: après 1'exécution du morceau, on a claqué des mains a tout rompre; les bravo, "les bravijjimo fe font faic entendre de tous les coins de la falie; on a fait cercle autour du magnifique feigneur & on 1'a proclamé unanimement roi de 1'harmonie. IIefifacheux que la reine,que Mad. Mara s'étoit flactée de voir a ce concert & dont elle avoit annoncé la venue, n'ait pas joui de  C 3*5 ) ce fpectacle qui Fauroit amufée & auroit misle comb'.e au ftupide délire du baron recevant comme Peffet d'une véri table enthoufiasme les éLge. outrés qu'on lui prodiguoit, 3 juin 178;, On ne peut regarderque comme Ie foible effai d'un débutant dans la carrière dtamatique, le Pyfame Qj> Thisbé joué her aux Francois. Ce petit ouvrage eonftfte unipuement dans deux fcenes on l'auteur s'eft efforcé de peindre les divers fentimens qu'éprouvent tour k tour les deux amans. Le gcrme s'en trouve dans Ovide, & il 1'a déveioppé avec toute Ia fenflbilité qu'exigeoit la fituation. II a méme voulu quelquefois* enchcnr fur Ie poëte original: par exemple,. dans ce qu'il fait dire k Thisbé lorsqu'elie arrivé au lieu du rendez-vous, Ovide Ia fait! treflaillir de la joie qu'elle aura de raconter k Mymme, les dangers auxquefs elle eft échappée; M. la Rive a cru fans doute lui donnetplus de dMicatefle en lui faifant prendre H' refolution de n'en rien dire, de peur d'affliger ou d'alarmer fon amant. Beaucoup degens blamcnt Finnovation & jugent 1'idéc d'Ovide plus naturelle... C'eft le Sieur la Rive qui a fait le róle de Pyrame, & M-le. Sainval celui de Thisbé. La mufique eft du Sieur Paudrou, premier 'violon de la eomédie Francoife, le même qui s eft avilé de refaire celle de Pygmalion. 11 Q/8  C 3 y a du caractere, & même du pictoresque, mais beaucoup de réminifcences. On parle d'une fcene lyrique qui porte le même titre, & qu'un M. Martlneaua. fait pa- roitre il y a de.x ans; mais on dit que les détails en font tout diiférens. 11 y a une charmante décoration dans le Pyrame & Thysbé du Sieur la Rive. 4 Juin 1783. Depuis longtems Ie favant Bonnet de Geneve étoit fur les rangs pour entrer a l'académie des fciences. Dès qu'il y avoit une place vacante parmi les affociés; étrangers, il étoit propofé & rejeté. La cabale prépondJrante du comte de Butfon, contre lequel il a dcrit,lui donnoitl'exclufion: ivf: Bonnet étoit fi dégoüté de fe voir ainfi balo% »é, qu'il avoit pris le parti d'écrire a fes ainis. de ne plus faire mention de lui. Cependant è la mort du doétcur Frmgle, ils ont raft tut nouvel efforc & enfin 1'ont emporté. II a été élu a Ia pluralité, & le roi vient de confinnef fa nomination. 4 Juin 1783. Au premier aéte de Péronne* fouvée, 1'ouverture ofl're un valon. On voit an poteau au haut duquel eft un but & 11 na fleche au milieu. II s'agit d'une compagnie de Vare qui couronne fon vaiaqueur. A ce groupe fuccedent deux aman; villageos, plutófc du dix-huitieme que du feizieme fiecle & plulét des environs de Paris que de ceux de Pé>.  ( 3<57 > 7onne, tant leur coquetterie efl: galante & raffinée: on cherche envain 1'expofition. Au milieu de tout ce fatras de galanterie, on ne trouve qu'une paftorale, au lieu d'une aftion héroïque; enfin, 1'on vient annoncer que la treve eft rompue & que Pennend va paroitre. Le théatre fe vuide. Le lieu de la fcene change & repréfente une plaine: on entrevoit dans Je lointain un cóté de la ville. Plus prés font quelques arbr-es, des buiffons & une mafte de pierres. Deux officiers anglois devifent& fe réjouiflènc .d'un fouterrain découvert,par oü ils pourronc entrer dans Péronne; Pun fort & Paucre refte a chanter une longue ariete cencre les Francois qu'il détefte,& qu'il ne peut s'empêcher de trouver aimables. La décoration du fecond -adce repréfente Ia place de Phótel de ville : les femmes de la ville & les payfannes implorent 1c fecours du ciel. Marie Fouré eft a leur tête qui leur propofe d'aller combattre au lieu de prier. Ou amene un officier ennemi qui a été pris; oa veut lui arracherfou fecret; il répond qu'on peut lui óter la vie, mais non le faire parler. Marie revient avec un drapeau qu'elle a en* levé aux ennemis; accourt un Francois quf s'eft gliiTé dans la place cV promet Farrivée du duc de Guife. Grande joie. On entend un bruit de canons on croit que c'eft le fignal Q.4  C 3Ö3 > dè ce général, & c'eft; celui de 1'ennerru.. On fait la forti e indiquée. Au troiiieme acte on découvre les remparts de la ville $ deux portes; une momagne eft: au fond; on voit le pont-levis, & une tour oü le prifonnier qu'on a fa;t eft renfermé. II redouble fes efforts pour fe fauver, &.fe jette de la tour dans les folfés. Le gouverneur de Péronne rentre après le mauvais fuccès de fa fortie. Le général ennemi s'empare de la hauteur & du vallon. Cependant le pri onnier échappé déclare a fon général qu'il va feul lui livrer Péronne, qu'il va faire fauter une mi51e t. il exécute fon projet,. la tour eft renverfée.. Les ennemis. efcaladent & veulent pénéixev dans Ia ville par ia breche; ils font re-, pouffés après une attaque longue &, mêlèe al-* terpativeraent de fuccès & de revers; on les, défait enxierement. Lequatrieme acte eft confacré tónt h la joiedu duc de Guife, qui avoue que ce triomphes a'eft dü qu'a la défenfe vigoureufe des habitans. de Péronne. On fe marie; on danfe; oa criantej & tout Ie monde eft content. Tel eft Pesquift'e du, plan de 1'opera de Pé-. .xonne, fauvét>., d'une platitude incroyable , qu'a la lecïure furpaffc encore, s'il eft poftible, lat platitude des paroles. 4 Juin 1703. II eft queftion cpune émeetè* conudéjable a Bordeaux a. la fa|le de la. eomédie;  C 3^9 > . die, qüi a dégénéré en une fédition violente' & qui n'étoit pointfinie. Suivant les lettresar-; rivées aujourd'hui, datées du 31 mai, il paroit que Ie refv/s des directeurs Gaillard &' DorfeuiJ de fe rendre aux ordres du parterre qui les demandoit, en a été le principe. On ne parle point de morts; mais il y a eu plufieurs blefles. II faut attendre les détails ultérieurs de cette étrange cataftrophe. 5 juin 1783. Le concerto de violon du baron de- Bagge, exécuté au concert, efi: gravé& dédié a la princefie royale de Prufle avec quatre vers au deflbus de fon portrait d'après le deflin de M. Cochin; il eft lbutenu par lés graces & entouré de tous les attributs qui pcuvont caractérifer 1'augufte protectrice, cc 1'on' li t:. Cet objet enchanteur qui fixe vos regards, Que les graces, 1'éclït & la glolre cnyirDnneh't', Prutegea de tout tems les 'talens & les arts: Les arts & les- talens a leur tour la couronnent. 5 Juin 1783. Depms longtems on parle de la pa •*on violente dont Mi le duc de Cojfé s'eft" trouvé épris pour Mad. Ia comtefie du Barru On allure même qu'il a fait un enfant a cette belle. Ce qu'il y a de certain ; c'eft qu'il fe ruine pour elle: comme elle eft d'ailleurs fort dérangée & ne paye pas fes créanciers, il eft queftion plus que jamais de la faire rentrer atv  C 37° > convent par lettre de cachet & de ffxer fa d*ê» penfe par égard pour la mêmoire de Louis XV, que cette maitrefie a trop déshonoré de fon vivam. 5 Juin 1783. L'avocat le Prêtre, d'une fï mauvaife réputation au palais qu'il n'y fait plus rien, s'efl; retourné du cóté du théatre italien. Son elTai de 1'an paffé ayant eu une forte de fuccès, il a compofé une piece en regie, intitulée le Pere de province, eomédie en trois actes & en profe, dont ks acteurs eux-mêmes n'ont pas déja une grande opinion» On doit la jouer demain. 6 juin 1783» La reftauration du palais commencé a s'avancer a l'extérieur;mais au fond efl: fi mal fake qu'on ne fait pas fi elle pourra fubfifter. C'efl: un fleur Couture qui par fa place s'en trouveit naturellement charge'; dfs intrigues lui ont fait öter la fuite de ces travaux par 3VL Neckery ou plutèt par Madame,, & c'eft un Sieur Destnaifans qui lui a fuccédó* 11 avoit pour aflbcié le Sieur Moreau qaikvoyant qu'il n'y avoit ni argent, ni honneur a recueilfir fieurs parties. A la-tête eft un petit avertilfement dans lequel Pavocat de Paccüfé fe défend d'expofer aux yeux du public 1'intérieur de l'adminitfration du prince, quoique ion akelfe royale nefnit pas■"partie dans ce procés, puisque Ie Sieur- de Sainte Fói n'a pour aecufateur que-" Se; procureur général. Mais cetté efpece de.  C 374 ) rëvélation étant malheureufement une ffiftè naturelle de 1'afFaire, il a été jndifpenfable de la faire. II promet feulement de fe renfermer dans les égards de la circonfpeclion & du refpecr. du. au frere du roi. A la fin du raémoire efi: une confultatiort datée du trente un mai 1783, fignée de cinq jurisconfuites, qui malheureufement ne font pas les plus renommés du barreau. 8 Juin 1783* One petite anecdote qui s'efit paüTée le jour de la première repréfentation de Péronne fauvèe , mérite d'être con ervée. I! faut favoir que la Dame Rellecour de la eomédie Francoife 3'intéréfie fort au milicien Defaüle; que eelui-ci efi fon amant; qu'elle efi: folie de ce perfonnage qui n'eft: cependant ni beau garcon, ni jeune, & qu'elle le ruine pour lui. On afiure qu'il lui a déja mangé pl. s de cent mille francs. Quoi qu'il en foit, il efi: au moms aifé de juger par la combien elle s'intérefibit au fuccès de Péronne fauvée. Elle .s'y étoit rendue de bonne heuré, elle étoit au premier banc de 1'amphithé: tre& au milieu, elle y dominoit, elle étendoit de li fes foins fur le parterre, elle animoit toute la cabale & cherchoit furtout k maintenir les mécontens. Au fecond acte, il vient un officier ennemi introduit fecrétemeat dans la place, qui annonce fon projet de deftruétion. II le fait avec tout Faclaarnemeri. d'un ennemi &9  C 375 J dbnuant uh libre cours au- fenti'ment dont it efl: pénétré , il s'écrie : ah ! que je hais les Frangoh &c A cette exclamation il s'eft: élevé un brouhaha dans Ie parterre & de* furies très-fortes. Madame de Bellecour qui eraignok que la mauvaife humeur ne gagnat & n'influat fur le refte,. dit a la fen tinei je qui étoit fous fa main, & a méme de fuivre FimPulfion qu'elle vouloit lui donner r fait es donc taire ;. . . }e foldat n'attend pas Ia fin de la phrafe & la croyant émue de 1'a même indignation que lui contre facteur qui prononcoit un terme d'exécration aöflï marqué, lui répond: vraiment je voudrois bien lui impofer. filence , c'eft très-indécent; ma:s je luis a mon pofte, obligé d'y refter & ne pms aller ju quo fur Ie théatre pour enlever ce ma'.o- tru & tous les voifins de rire, & la Dame Bellecour de redoubler de colere & de rage. 9 Juin 1783. Extrait d'une lettre de 'Bordeaux du 3 juin. ... Le lundi vingt-fix mai les amateurs du théatre de cette ville, ou du moins certains , demanderent les directeurs qui ne voulcrent pas fe préfenter; alors lesjeunes gens crierent qu'ils. vouioient Caftbr'& Pollux par Durand, acteur de Popera de Paris qui étoit alors ici, & comme ce jour-li oti ne donnoit qu'une feule piece fuivie d'un ballet de Ja compoiïtion du Sieur Has, maïtre desballeta,onattendoitquel'aaèur qui s'étoiê  C 37* J préfenté' ponr annoncer le fpectacle du léndemain,auquel le parterre avoit marqué fon deffr-i revint pour rendre réponfe; mais-nos juf rats dcfendirent & aux directeurs de fe préfenter & k 1'aéteur de reparottre. En conféquence, ils firent baiffer la toile fans autre annonce. On éteign:t les lumieres. Le parterre indigné d'un fi grand manquement, cria beaucoup.. '11 fort enfin , & les jurats font prendre un des cabaleurs, & le font conduire a 1'hótel de ville dans une voiture elcortée du guet k cheval, Ie fèbre nu. Le lendemain mardi 1'on fe raflemble a Ia. eomédie, & 1'ön prend'Ia réfolution de ne* point laifier jouer qu'on ne rende le jeune' homme, & que les directeurs ne viennent fai- , re des excufes au public. Les jurats avoientrépandu dans le parterre beaucoup- d'efpions qui font reeonnus. On les balotte, on lesfrappe, on les renverfe,. on les. foule aux piedsainfi commencé le tumulte. On chafleles valets de ville diftribués pour maintenir Iebon ordre & en impofer , on les pou'rfuit ai coups de canne & 1'on les fait fortir.. .Alors,. fens ordre, dit-on , cette garde bourgeoife' rentre le fabre k Ia main, & tombe k firnprovifie fur les plus mutins, blefil-nt que'quesjëünes gens, coupent des cannes qu'on leur oppofoit pour défenfe, & commencent véritablement a fe faire craihdre , lorsqu'un erf tfindigjiation. forti des bakons, du parquet &c  C 37~ > des loges rannne Ia jeuneffe & 1'excrte a fa défendre. On demande des armes , on entend de tous eêtés:me, tue Enfin les fédicicux repouifent la foldatesque & reftent ra acres ab olus .de la falie. Les junts font arrêter auffi tót leurs foidacs, les dégradent & les font mettre au. cachot pour Je.ir pokronnerie. Le parterre, oa pour nyeux dire, toute la falie réunie,'demande la éiciivranee du.prifohnier'arrêté dès. la, vrille, la puaitiqn févere des foldats & celle des directeurs. Alors 1'un de ces derniers,. le S:eur Dorfeuil, fe rnontre & fait des foumiifons: on les rejette. Les juracs députent vers M. de Ftvnel; les jeunes gens-s'y rendent auffi en certain nombre.. Enfin, ce commandant leur donne üitisfacfJon, 11 ordonné Ia. punition des fo]dats^& promet de faire remettre Ie déccnu foudain après le fpectac'e.. On, craint que cette derniere promefle ne foit: une rufe; on faiti'injure a M. de.Fumeï'Ahi ne pas s'en rappor ter k fa parole, & malgré cet arrangement propofé par les députés qui raan.feftent les-.ordres du commandant, la fé-, dition augurnte; on hue les jurats,. on les. force de fortir de leur loge.. Un jeune homme qu'on enleve fur !es épaules. au milieu: du parterre,fe fait entendre&donne rendezvous pour le lendemain au j-ardin royal: dé-, fie'nfe a tout Je monde de revem'r a. Ia cómé•die de trois.mois.-. On fomrne les directeurs-  ■ C 378 ) ie vcnir, & on leur ordonné de remettre fa Tecette du jour a I'hÓpitaL, dis que le public n'a pu jouir du fpectacle. On fe fépare enf..itc k neuf heures & dcmie. Le léndemafh mercredi, trois mille jeunes gens au moins s'; flèmbïeat au jard'n royal & confirmentla convention de ne point aller k la eomédie de trois mois , & d'empécher les bourgeois de s'y rendre jusqu'a ce qu.'on ait accordé ia fatisfaclion demandée. En conféquence de cette délibération , ils s'emparent des avenues de Ia eomédie; ils forment des barricades & parviennent k intrmider to. t ceux qai fe pïéfentent pour fe rendre au fpectacle. Ils chaffent de nouveau la garde bourgeoife , renvoient les femmes du monde , & leur défendent de revenir déforma-'s pour entrer dans la falie , fi elles ne veuJent ctre fo.iettées. Enfin ils réufiilTent, & chacun s'en retoume. Ou joue cependant la piece pour dix a douze abonnés qui s'étoient glilTés par des entrées particulieres. Les rnutins enfoncent les portes, interrompent Ie fpectacle, le troublent & ne permettent pas abfolurnent aux aóteurs de continuer , cette émeute fe foutient comme les jours précédens jusqu'a neuf heures & demie. Le lendemain jeudi point de eomédie , point de concert , point de fautcurs ; 011 -défend toute efpece de fpeétaclcs. Vendredi M. de Fumel prend fur lui de  C 379 > faire entrer des troupes dans Ia viïïe, malgré fon privilege de fe garder elle-même. 11 arrivé deux eens dragons. Le Parlement rend ;rrêt qui défend toute efpeee d'afl'emblées tumultueufes & permet aux jurats i.nfultés de faire informer &. de prouver quels font les auteurs de la derniere fédition. Ces coups d'aurorité en impofent r les jeunes gens fe contiennent; mais perfonne ne va a! la eomédie. ..... io juin i~'A2. La belle Jfabe&u 'c'efl: ainfi' qu'on appelle par dérifion la négrefle dont oh a parléj) efl toujours ici & continue a faire fenfaion & è avoir méme des avamures brillantes. Elle efl: allée h Lucienne. Mad. du Barri fe fentant une fympathie pour elle, Pa engagée a venir la voir, & a fe mettre dansje coftume de fon pays. La mulatrefle. toute aufli curieufe d'e comioicre une beauté qui a fait tant de bruit, n'a point manqué dc fe rendre a 1'invitation. On dit qu'elles ont euune converfation très-intéreflante fur leur art refpectir de donner duplaifir, & qu'elles font forties émerveillées Pune de 1'autre. La Belle Ifabeau ayant dit qu'elle donnereit bien dr-ux mille Iouis pour avoir le bonhc 'i- de plaire a M. le Comte d'Jrtois & d'étie admi'é a fa couehe, ce prince a beaucoup ri dc fa bonne fortune : on allure qu'il lui a. donné rendez-vors a- Bagatelle, & qu'il a étè a.sieux da connoitre par quels talens cette  C 380 > eréature três-laide, avoit pu captivcr. 'tant d'amans & faire une fortune éclatante. Beaucoup de feigneurs ont voul t tater de cette ctrangere,& bien loin de fe ruiner dans1 ce pafs-ci, comme on fe 1'imaginoit au train dont elle y alloit, elle en rapportera des dépouilles conlïdérables. On la dit au furplus fille d'une grande dame de ce pars. qui fur les lieux a defiré tater d'un negre & en a con9u la-Belle Ifabeau,, On prétend qu'elle voit fa mere; mais trcsfecrétement & que peu de gens la connoisfent. 11 eft des gens qui aflurent que c'efl; Mad> de Clugny qui a été intendance a Saint Domingue, & dont les mceurs difïolues font connues de tout le monde, au point qu'on a pré*tendu que M. de Chanderleau en avoit fait 1'héroïne principale de fon roman. 10 Juin 1783. L'auteur du mêmoire pour le Sieur Radix de Sainte-Foi, a divil'é fa dé» fenfe en deux parties. 11 confidere Ion clien: fous deux points de vue, & comme aceufé de délits; & comme taxé dt'mprudences & de fau. tesy H réferve cette discuflion derniere, la; moins eflentielle, pour la feconde partie; & s'occupe quant a préfent de la discuflion des faits du procés crimine!.. Il'établit les neuf chefs d'accufation,. & après les- avoir éclaircis , il ne trouve ni preuve ni indice de délit. Le plus grave  a*ou!e fur une équivoque, fur un fimple malentendu, dont ÏVI. Je Comte d'Artöis a bien voulu donner ou plutöt figner 1'explkation 1'année derniere a Gibraltar. II ne rede donc plus qu'a fiivoir s'il doit Être décharge de 1'accufation , quoiqu'abfent , n'y ayant nul doute qu'il ne Je füt, s'il étoit préfent; & les jurisconfultes interrogés déclarent que les feules pieces du procés doiventdécider la queftion , & que la circons-' tance de 1'abfence ne peut en aucun fcus y influer. Cette partie très-longue ayant cent trehtecinq pages, eft fort ennuyeufe; elle eft peu claire, (k 1'on ne voit pas que Ie défenfeur de INI. de Sainte-Foi le décharge d'une facoa bien péremptoire. La piece Ia plus eflentièJie, qui eft ia déelararion' de M. le Com e d'Artois, n'eft qu'un chiffon fans date , dont Ie corps n'eft point de Ia main de fon Altefie Royale , trop obfcure pour qu'elle y ait donné 1'attention néceffaire k fon inteliigence, & dont 1'hiftorique même décele un adminiftrateur embarraffé, propofant k (cn maitre des tournures infidieufes, bonnes pour un faifeur d'affaires, mais indignes de Ja loyauté d'un grand prin ;e. 10 Juin 17R3. II eft queftion de jouer inceffamment le PhiMtcte de M. de la Harpe, tragédie en trois acces & en vers, qu'il a traduite- de Sophocle & dont plufieurs mor-  C } eeairx lus a l'académie francoife , ont doEné une idéé favorable, ii Juin T783. Extrait d'une lettre de Bordeaux du 7 juin Le Sieur Durand n'étant plus a I'opera de Paris depuis 1781, & fe fentant encore en état de travailler, étoit venu ici pour demander de Femploi aux directeurs. II avoit une lettre de recommandation pour M. de Fumel. Ce commandant a envoyé chercher les lieurs Gaillard & Dorfeuil & leur a propofé d'admettre dans leur troupe le Sieur Durand pour la baife taille» Ils ont repréfenté k M. de Fumel qu'ils étoient fort contens de celui qui rernplilfoit cet emploi, & le public auffi, & qu'ils regarderoient comme une injuftice de le lui öter. M. de Fumel s'efl: alors défifté, & le Sieur Durand étoit fur le point de repartir Iorsqu'on Pa engagé k dilférer & k chanter dans un concert, ce qu'il a fait avec une telle fatisfaction de I'affemblée, qu'on lui a fait les plus vives inftances pour 1'engager a refter. On lui a projnis d'arranger cela avec les directeurs. C'eft en conféquence de cetre promefle que ie puMic fe dirpofoit a demander aux directeurs qu'ils fiffent débuter ce poftulant, lorsque , prévenus de 1'objet de la réclamation du pa; terre, ils ent excipé d'une défenfe follicitée par eux des jurats pour être difpenfés de fe rendre fur le théatre. 11 paroit que ces directeurs feront dupes-  < 8«3 ) dc leur obftination , car depuis ce tems ils n'ont pas fait dix écus par jour. Du reftes le tumulte eft celTé. n Juin 1783. MHc Saint-Léger eft Ia fille d'un médecin de la faeulté; elle eft encore jeune , mais point jolie ; cn conréquence , elle a renonce" a la coqueterie & k toutes les frivoftés de fon fexe & de fon &ge. Elle fe livre au commerce des mufes. Elle a déja fait quelques ouvrages, entre autres un roman intitulé Alexandrine. Elle s'effaie aujourd'hui dans le genre comique; mais n'ofant fe produire encore fur un grand théatre, c'eft aux Variétés amufantes qu'elle dóbute. Sa piece en profe a pour titre: Les deux Sceurs. Elie eft dans le genre très-honncte; ce fera la première fois qu'on verra une perfonne du fexe comnofer pour un fpectacle forain. On en doit donner la première repréfentation famedi. Fin du Tome XXII.