MÉMOIRES S E C R E T S P0ÜR SERVIR A L'HISTOIRÈ D E LA RÉPUBLiqUE DES LETTRES EN FR AN CE bepuis mdcclxii jusqu'a nos jours; O u JOURNAL D'UN OBSERVATEUR, ' CoNTENANTlesAnalyfes desPieces chThédtre qiti ontpr.ru durant eet intervalle; les Relat ionsdes AJJemhlées Littéraires; les Notices des Livrei nouveaux, clandeflins ,prohibés; les Piecesfugitives, rares ou tnanufcritts, enprofeou en vers; les Vaudevilles fur la CtTUr; les Anecdotes & Bons Mots; les Eloges des Savans , des Artiftes^ des Hommes de Lettres morts , &c. &c. tome vingt-troisieme hüc prepius me, ... vos ordine adite. Hor. L. II, S«t. 3. vs. 8^ 8* A L o n"~D~~R~ e S, ~~ Chez john ADAMSON. MDCCLXXXIV.   MEMOIRES SECRETS rouii servir a l'Histoirb de la RJpunLiquiï des Lf.ttiu:s en Trance, depüis ÜDCCLXU. jusqu'a nos Joi.-rs. 12 Juin 1783. Toute I'acadjmie des fciences, tous les grands méchanicieus ont écé vorr le joueur d'é.-hecs, & 1'auteur qui s'attendoit a êcre bientót deviné dans ce païs-ci, eft êmcrveille que fon fecret- Cchappe a tant dVofervateurs. C'efl: un gentilhomme hongrois qui fe nomne M. de Kempelen, car Ie .Sieur Anthon n^eft que' le prête-nom. L'idée de conftruire eet automate vint è M. de Kempelen un jour que le Sieur Penetier , Fran$ois, qu'on a vu longtems ki ■s'eflayèr a des jeux magnétiques, les exécu. töit devant 1'impératrice-reine: cette augufte fouveraine avoit fait appeler a ce fpeclable M. de Kempelen, comme connoiffeur; il alTu» ra S. M. Impériale qu'il fero:t quelque chofe de plus furprenant, & il tint parole : dans 1'efpace de fix mois il conduiiit a perfeclioa fon automate , joueur d'échecs» L'auteur, content deséloges qu'il're^ut dans le tems & dont les journaux & gazettes retentirent k 1'envi, ni'gligea cette machine, & s'occapa d'objets d'utilité publique; iï employa uue Tomé XXIII. A 2  (4) partïe de fa fortune k fimplifier Ia machine a feu des Anglois, puis exécuta celle mife en CEUvre a Ia cascade du chateau iinpénal de Schombrun. Lorsque le Comte & la Comteffe du Nord fe rendirent a Vienne, 1'empereur, qui defiroit fatisfaire la curiofité de ces illuftres étrangers, crue leur préfënter un fpeéiacle capable de les amufer en engageant le gentilhomme hongrois de rétabür ïbn automate qu'il avoit abandonné , & qu'iT qualifioit de bagatelle. Pour mieux en expo'er la conformation & lituation extérieure dont on a dé ja parlé, il faut revenir fur ce qu'on a dit. L'automate eft fixé , ainfi que le fiege fur lequel il eft placé, a uue armoire qui a trois pieds & demi de large, deux pieds de profondeur, deux pieds & demi de hatit, & porté fur quatre roulettes par le moyen desquelles elle eft mue a volonté. On a déjil dit que cette armoire ou commode s'ouvre avant la partie & peut-étre examinée par tous les fpectateurs; on voit tout4-la-fois l'automate a nud, ayant les ■vêtemens retrouO'és ; on détaille les leviers , rouages, cylindres & autres pieces qui le font ragir. Lorsque la partie commence , l'automate a le trait. L'inventeur eft a cóté yle lui a fa gauiChe, & quand il doit-jouer, il pafle a fa droite. Si rautomate prend quelque pieee, l'inventeur les va porter dans une boete placde, k  C5) quclque difïahce du joaeur, elle paroJt n'avofr aueune communicarion apparente avec Ja ma* chme; maïs il I'ouvre de rems a autre duraiit le jeu de 1 automate pour regarderdans fon interieur, & ü prétend que fans elle l'automate ne peurroit pas j'oiier. La machine ne peut joucr que dix k douze coups fans etre remöntéc. L'auteur affure que le magnétisme n'cft pour rien dans fon inverftron ; cm moms il permet de plaeer fur la machine 1 aimant le plils forC & Je mieux monté lans que es opéradons en puüTent foufFrir fa monidre alteration. Ces détails font pris des Lettres de M. GotU heb de mndifchfur le joueur d'échecs de M. de Kempelen,écmtstn allemand & traduites en fiancois, pubhées par Chrétien de Mechel Wnne. Mes font accompaguées detrois mvures qui repréfentent le fameux automate _ I2 >^ir83. Depuis qu'on a partó dü'pi-e. jet au b:esir üe-Beettttrnrehais de fa.'re joueri la cour ,a farce du Marine de Figaro , fuite du $«r*«r lités brillaetes d'un enfant, le préfe'rent a un autre d'un mérite plus- folide, mais plus-coneentré. Les deux fozurf ont êté fort applaudies & afiez bien jouées. A la fin on a demandé 1'auteur. Un acteur eft venu annoncer qu'il ne pouvoit répondre aux defirs du public , que e étoic une Demoifelle. Interrogé fur le noro du poëte femele, il a répondu qu'il s'appeloit Mademoifelk de Saint -Léger, connue déja dans la.lmératurc par divers ouvragesi ió Juin 1783. Le projet du canal de Bourgogne qui doit joindre 1'océan-a la méditerrannée par laLaire & par la Saóne, a travers le Charolois, cll très-ancien, puisqu'i! avoit été propofé dès avant Francais /er.r agréé enfuite par ce princè, il refta fans exécution ; on le Commenca fous Henri II & iL fut diseontinué,Henri IV eut deffcin de le reprendre & fa mort ayant mis obftacle a rexécution, Feftimation „ les devis & radjudication en furent faits fous Louis XIII. fout cela étoit dans 1'oubli: ce font deux. freres, Mc-ffieurs de Raguet-Brm* A 5  cïbn qui,par des recherches & des travauxfaiis a leurs frais, ont retrouvé 1'ancien projet, en ont conftaté la poffibilité & montré les avantages. Le projet de ce canal femble en néceffiter uri fecond pour la joneïion du Rhóne au BJhin, par la riviere du Doubs , qui a fon embouchure dans la Saóne. On donne la préförence au? Doubs fur la Mozelle pour opérer cette jonction , paree qu'elle pareroit a plus d'inconveniens, & ouvriroit la correfpondance la pluscourte & la plus direfte entre les différentesparties du royaume, avec les pays étrangers. circonvoifms, pourroit mê.me étendre la navigation par le Danube, jufqu'aux extrémités dé 1'Europe. Au mois de feptembre dernier les états deBourgogne , lors de leur préfentation au roi,, lui ofrirent le projet de ces deux canaux qui furent agréés de fa.MajelTé. Depuis il a paru un édit en date du mois de ' janvier dernier , qui autorife les états de Bourgogne a entreprendre le premier canal , qui prefcrit les conditions & formalïtés, qui leua concede certains privileges , exemptions & droits, foit pour-, foit après la confeiftion. MeiTieurs de Raguet.-Brancion- ont obtemr une penfion annueïle & viagere de trois mille livres, a commencer dn premier janvier , rcverfible au furvivant, laqueile j'era portée & dix mille livres- & dë même reverfiblej du mo»  ( rr > aient oa ce canal fera navigaBle dans tout fon cours. 16 Juin 1783. Les amateurs de mufique font dêfefpérés du départ de Mad. Mara qui va en Angleterre, .& fe difpofent a jouir de« deruiers momens de Mad. Tod't qui fe rend en RuJJie, d'autant que 1'engagement de celle-ci avec ce royaume eft trés-long; quant a la première , elle pourra s'échapper & venir de tems en tems fe faire entendre k Paris. On s'entretient de nouveau d'elles & n'ayant plus rien a dire fur la nature de leur organe, 1'ur leur talent bien conftaté & bien dillerencié , 011 recherche tout ce qui les intéreffe. Mad. Todi eft née en Portugal; elle eft éleve d'un- David Perez, 1'un des derniers foutiens de la bonne école en ce royaume. Sis premiers efi'ais furent en Angleterre oü. elle cbanta d'abord dans les opefa bouffons; mais bientot oü a fenti que le genre de fa voix, de fa figüre , de fon chant étoit beaucoup plus propre a 1'opera lérieux, & 'c'eft aujourd'hui il la tragédie qu'elle eft confacrée. Mad. Mara eft néc en faxe, elle en eft for> tie fort jeune & a été élevée en Angleterre par le Siguor Paradifi , nom. tout a fait inconnu. Elle Vut apptlée a Berlin, d'oa elle nous eft' venue, déj'a précédée de ia réputation qu'elle n'a point démentie. Toutes deux chantent le francois;Mad. Mara excellc furtouc dans les chaulbns francoifes <, A 6  -«algré un foible accent dont elle tire même- Quant a Mad.£ 7W/, comme elle parfe a raefveille notre langue,. point de doute qu'elle n'y reullit. Ou ajoute que toutes deux.ont-infiniment d efprit dans la- fociété. ^16 Juin 1783. Le PhUoclete de M. de la Uarpe joué hier, a eu tout le fuecès qu'il pouvoit lui defirer.. Ceft une piece fans amour,: lans femme, fans intrigue, admirabk par cettefeconde firaplicité- des Grecs plus attachés a remuer le cceur qu'a frapper les yeux. Le premier acte furtout a paru trés-beau* il v a de iuperbes chofes. anffi dans Ie fecond■; mais Ietroifieme eft plus., foible, & Hercule qui vieut pour le dénouement, moyen excellent chez m peuple dont les idees religieufes s'aftbrtiffoient fort-avec cette intcrvention, miraculeufe, n'eftchez nous- qu'une machine d'opera - °n reJaFidle' qu'en' x755 Chdieaubrun donna un- Phthctete qui eut beaucoup plus de fuecès que n'en aura celui-ci, quoique d'un colons foible^ d une verfification lacbe,oarce qu'il epéroit le retourdü héros malheureux. d'une-fecon plus frappante, plus analogue au caractere aUlyfe, dont 1'éloquence victorieufe entramoit enfin.fon. ennemi ébranlé, touché coh vaincu. ' Cette traducliön, aïi furplus, car M. de laHarpt ne donne cette tragédie que comme Wie, texa toujours beaucoup. d'honneur a fo»  ( 13 > Sr ÏV remarqUe a" ^Mciea. d'un £ , \ ?ö'e' Un poütc %e 9^ a fu lentn les beauté,, de.- So^Je & es faire J£ dans nótre laJ1.gue avec beaucoup.de „ülcffi & de précifiou en général; ca, on peut h i repro"cber quelquefois de .Ja foibleffe & pS^ tefle dans I'expreffion.. J de 8 tot k- hér°S dG <*s des tout fe fan aujourd.'hui a la: Malbörough. ü Y a des rubans, des cpëffures, des gilets mis lurtout d8s chapeau^a la/Malboroug & on vort toutes les femmcs aller, dans les u'es aux promenades, aux fpeflacles, affubiées dV e grotesque couvre-chef, fous lequel e£t mm a enterrer même leurs charmes, tant la nouveauté a d'empire fur elks- }7. Jujfi i783. Le. convent des-re'igieufés deSaint- Mandé a longtems été le thé^re de fee! nes fcandaleufès données par le fanatisme, fo4 M. de n.e*um,m. II a fait parJerde lui l'année derniere par une aventure galante qui a caufé beaucoup de bruit; voici une nouvelle anecdo! te qm n en produit pas moins.en ce.moment ■ Vers e ffiiIieu de]afemai.ne de„ni . ^ tree de la nuit, une. religieufe s'eft échappée & Ion sèa eft bientór- apercu:. on en eft venii avertir la fupérieure qui étoit encore avec fes religieules; elle s'eft écriée qu'il-falloit arrêter. «ette fugitive, &a Vmilmt fes ouailles, entral«ees par leur asele, prennent pour elles eet orA 7  , t ,-„- c -ncernoit que les domeffiques, fei - | , uvrir L<* portes & courent après leur caÉ roöci B II.-ci avoit de 1'avance, elle arrivéh ! b«rli de Saint-Antoine la première. Le<* autres crient aux commis de fermer la barrière, que c'étoit une apoftate. Les commis nevoyant dans cette évafion rien qui les concerue aucune contrebande, aucun paqnetlanségard pour la réclamation des- béguines, la Iaisfeiit pafler 'r & au contraire, touchés de fon? fort, ne ferment la barrière qu'a celles qui 1» oourluivoiant. Elles haranguent en vam pour au'on la leur ouwe,. elles font obligéesde s-en retourner, d'aprendre a la fupérieure lmunhté de Mits foins, & ie trouvent grondées_ pour mm de s'être ainfi hazardées-a remphr une; conlmifllon qui ne les regardoit pas.. Cependant on conduit 1'écbappée toute tremblante au directeur qui la raflure ft 1'interroge fur fon projet. Elle répond que pour ufle jé* *ëre faute qu'elle a comnüfe, ily a-plus d un an on la tenoit enfermée très-rigoureufement,. 'au'pain- & a 1'eau; qu'ignorant quaiid finiroir ce fupplice qu'elle ne pouvoit plus fupporter■ & ayant trouvé 1'occafion de s'échapper, ellen'a pu rélïfter a la tentation. Qu'elle alloit demander afflé a la première honnête perionue «u'élle reucontreroit, jusqu'au lendemain-matmoü elle iroit fe ieter au pied de M. l"Archev-£óue La naïveté de cette réponfe touche le: êiredeur, ft fait venir fa femme; il 1'engage $  C '5 ) faire préparer im ïir pour cetre paitvre fitte, & a la préfenter le lendemain a M. de Julgnél Le, prélat a accueilli la religieufè avec beau* eoup de douceur & de charité, hu a témoïgné fon etonncment de la durcté qn'on exercoit envers elle , mais a ajouté qu'il falloit entendrekis. deux panies. II a en méme tems ordonnéquon dilpofat un appartement dans fon palais pour la religieufè, afin qu'elle ypüt refter décemmcnt jusqu'a ce qu'on eüt inftruit- fon-afrai re, & Uu a promis du refte que dans tous les cas elle ne retournero* pas dans un convent quel e avoit (i fort en horreur.. Voila ou enfont les chofes, & 1'on attend ÏH ftlites venture dans laquelle jusqu'a préfent ie prélat s-dt comporté avec amant de prudence que dhumanité. 1 imorinS"/?3' °n a mé ^ r,Jation. imprimce de deux. voyages dansles mers auftraW les /„des fijfc par M. de KergLkn. Ce ouvragc étoit muni d'un privilege eïpédié & Lelie en chancelene le vingt-huit aoütt^ Cependant U pafolt aujourd'hui un arrét du confeil en date du vingt-trois-mai, qulje £ gine; qul- enjoint-a 1'imprimeur Knapen detmc trausporter en la chambre fvndicale de Paris tous les exemplaires de eet ouvrage, volu, me m 8o., pour y etre m;s 'm püon ^ & ft ^ ceux qui en ont des excmnlaires, de les remetö-e au grefië du confeü; fait défenië a- tous  £.i6) krtprinieurs , libraires , colporteurs & autres de le vendre a peine de punition exemplaire. Ce dispofitif rigoureus- eft motivé fur cc que ' 1'auteur s'eft permis- des- critiques indécentcs fur le gouvernement & fur le jugement du confeil' de guerre qui eft intervenu contre lui etr 1775 ; des invectives contre plufieurs- perlbnnc9, & d'y rapporter des lettres qui compromettent ceux qui les ont écrites; en un mot, fur ce que eet ouvrageporte tous les caraclercsd'un libelle eft également contraire au refpecr du. a fa Majefté & attentatoire a fon-autorité y & qu'il eft effentiel de prévenir les impreffions qui en pourroient réfulter. Le iinguüer c'eft que les facheux caracteresde eet ouvrage aient été reconnus fi tard; & quron n'ait infligé ancune peine a 1'écrivain n> mime a lbn cenfeur. 19 Juin 1783- Dans la première Lettre de Monfeigneur le garde: des fee aux a M. le Noir, 011 lui fait adreffér au lieutenant de police Rèponfe a Jeannot, en preuv.e qu'il n'eft point du tout fdshé contre eet hiftrion ,.& afin qu'elle foit rendue bientót publiq.ue- On prend de " la occafion de lui'faire fuppofer qu'on a imprimé fa vie pour fe plaindre qu'on y ait gl'ffé des- ] faits faux, & fous prctex-te de les- rétablir dans leur vé'rité pour lui faire fsire des aveux burlesques & honteux, & révéler jusqu'a une herniequi. doit. le rendre défagréable au beau fcxe»-  (*7) Ou enrre enfuite dans des détails fur la manicre dont il eft parvenu a la première préfidence duparlement de Ilouen, a la dignité de garde des. iceaux, & 1'on lui reprocheune ingratimde énorme envers M. de Bolnes, 1'aute.ur de fa fortune & fon próneur. La réppnfe qu'on fait faire au Sieur Volange par M. de MjromesnU, n'eft pas a beaucoup prés auffi gaie que la requête; on continue a . y füPPofer qu'il amufc Madame de Fergennes. par toutes fortes de booffbnneries & que les. mauvaifes plaiCmteries fur fes crispinades ne 1'eflarouchent pas; puis des horreurs aftreufesj on le fait s'accufcr lui-méme de duplicité > tfkypocrifie , de mêchanceté, de fine [fa de reaard, de baffe intrigue. Enfin, la feconde Lettre de Monfeigneur le garde des fceaux h M. le Noir traite un' nouvel objet. II y eft queftion de 1'affaire des quinzevingts. On dévoile fes liaifons avec M. le cardjnaL^? Rokan,. les dispofitions favorables oü. il eft envers cette éminence, & fon projet de bouleverfer plutót, towt le confeil que de laiffer liiccuuiber le grand-auniónier. Oh affure que dans le fait M. le garde des. fccaix rit de tout cela, & il-a raifon. Scs ennemis s'y prennent d'une maraere ft acharnée, 11 groiliere & fi atroce % qu'ils déceleut leur pasflon & décréditent même les vérités qui pourtoient fe meier, parmi tam de calommes..  20 Jam 1783. Les partifans de M. Lïngucf & les- admirateurs de fes feuilles commencent a: défefperer de les voir circuler en France. On' fcait qu'il avoit prrs Ia toirrnnre de vouloir établir pour fon correfpondant M. te baron a"Oigny, en fa qualité d'intendant des poftes, & qu'il lui avoit en conféquence adreffé les premiers balots de fes nouveaux numero. Les ordres dn miniftere ont empeebé vraiféniblablcment M. cPOi'gny de les gardcr, méme deles recevoir, & il parolt que les fouflripteurs nront plus que le recours dérifoire que leur offrc le journalifte en les renvoysnt pour leur indemnité au gouvernement, qui, artendu que la pcrte vient de fon fait, doit, fuivant M. Linguet, avoir 1'équité de rerabourfer les foufcrïpteursfruftrés. On s'attendoit auffi a voir le Sieur IeOuesnev répondre aux accufations graves de M. Linguet: il avoit annoncé a difFdrentes perfonnesqu'il fe difpofoit a fe défendre; mais rien neparoit, foit qu'il n'ait pu trouver de défenfeur, foit que le gouvernement s'y foit oppofé, foit qu'il fe fente réellement coupable au point d& n'avoir rien de.bon a dirc co Juin 1783. Les janEniftes ont toujöu-ré reprochd a feu Mf. cle Beaumont ,de n'avoir fait aucune vifïte de fon dioccie pendant trentcquatre on trente-cinq ans qu'il a occupé le fiege de Paris. de Juigné.,. regardant cette  ( rjr) foncKon comme'une des plus eflentielles de fon miniflere, vient de commencer fa toürnée par Ia Brie. Comme il ne négligé pas en même tems fes autres devoirs , il reviënt fouvent a Paris pour s'en acquitter, püis il fe rernet en route. II conlpte aller & venir ainfi jusqu'aÈoël. 11 recommenccnr de la forte au printenis de 1'année pröchaine , & il doit être quatre ans, avant d'avoir fini compïcttemerit fes voyag'es» Les peuples de la campagne qui de mémoire d'homme n'avoient point vu d'évêques, ïï'efe CöhtïoilToient point les auguftes foncTdons, font enchantés du pompeus & nouveau fcectacle que leur offre celui - ci. ai Juin 1-83. (Ju ifedéja patlé dü doéteur Bar-t'hès comme d'un roué du premfer ordïe. Une accui'ation grave intentée contre lui pour viol, ne fait que confirmer fa reputation i eet égard.. Il parolt que par le fecours de quelqueentremettcufe, il a fait engager une jeune filleagéc de dts a onze ans h venir chez lui, & qu'ili en a abuié au point- que, revenue chez fon pere, qu'on dit ètre un portier de maifon, elle s'eit trouvée malade. Elle a racontc ce qui lui' étoit arrivé-, on a fait venir un chirurgien poufconfiater le déiit. Plainte au criminel en coniequence.. Ce vieillard impudique, car il n'eft rien moins que jeune, a vonlu appaifer 1'ail'aire avec de Fargent i mais. on lui demande cent mille francs. D'un autre cdtéj, on acenfé les docleurs Mes*  mer hDeshn, qui viennent de fe réunir, d'abir'fer étrangement de leur prérendu magnétisme; de tenir école dedibertmage, & tandis qu'ils endorment les- viei-lles avec leur art» de caufer aux jolïes femmes des titillations delicieufes, de facon a s'en faire próraer & réchercher. 22 Juin 1783. On n'a pas manqué de plailanter auffi les nouveaux marécbaux de Frairce qui ne prêtent pas moins que les précédcns a la raillerie. On a fait une requête en vers de M. Ie-Marquis de Seme&erre , 1'aveiigle, par la.queüe il demande au roi cette dignité, dont il fe croit autant fufceptible que les promus; cette facétie eft courte , vive & trés épigrammatL. que. Comme a tant d'autres, daignez, fire, M'accorder un de ces batons: Non moins adroit qu'eux, a tatons, Je defendrai bien vótre empire, 22 Juin 17S3. M. Dra-u, avocat aux con> feils , vient de mourir précifément au moment oü fes infirmités l'obligeoient de penfer a la retraite. II n'efl aucun de fes confrères qui ait été auffi fréquemment interdit, & c'eft fon plusgrand éloge. C'eft qu'il fe charge oit volontiers de la caufe des opprimés, des foibles, des p.auvres & qu'il ne ménageoit jamais les puiflans adverfaires contre lesquels il éerivoit. Plufieüis de fes mémoires font des chef- d'ceuvres d'éloquence & de logique.  22 1783. Dans les cenvres de 1'abbe* de Fbifenon, il fe trouve un opera comique intitulé /y/t * guérirfefprit, quïn'ajamais été reprefenté. M. en a fait Je cannevas d'une coinédie en un acte & en vers File a po ar titre l'Auteur fatyriqne. On doit Ia jouer meefiamment aux italiens. 23 5f«/# 1783. Dans le Mariage de Figaro, rl y a une tirade contre les princes qui donnent ajouer, qui font des courfes, & elle eft ft lenfible que M. le duc de Chartres, qui étoit a la rdpétition, fut regardé par toute 1'affemblée èi en quelque forte décontenancé de voir tous les yeux fe fixer fur lui. Heft auffi des portraits fatyriques de nos jeuues feigneurs , & 1'on veut que.lc comte de Lauraguais fe foit reconnu dans un. En conféquence, il paroit une facétie contre le Meur de Beaamarchais qu'on sttribue a ce feigneur, auffi méchant que lui, &ayant encore plus de gaieté & de vivacité dans 1'efprit. . ' H ré-pand un Profpectus de la vie de Beaumarcaan en quatre volumes, ou il parodie celui de eet éditeur prëtendu des ceuvres de Voltaire d une facon non moins ingénieufe que piquante. 1 r ; 23 Juin 1783. Mad. Billioni de la comédie ïtalienrte vient de mourir. C'eft une grande perte pour ce théatre oü elle auroit pu briller encore longtems ri'étant agée que de trente deux-ans. —  &4 ?«/» 1783. Dans ce fiecle de merveilles, en voici encore une a laquelle on ne s'attendoit ,pas. II n'eft perfonne qui ne connoiffe 1e Sieur Comus , ou n'en ait enteudu parler, comme d'un des plus adroits efcamoteius, même comme d'un phyficien habile , qui avoit tourné toutes fes connoiffances a ramufcmcnt du public. Aujourd'hui c'eft encore un médecm qui va 1'emporter fur tous les aurres & guérir des maux regardés jusque-la comme incurables. Ce font les maladies nervcufes, les vapeurs, 1'épilepfie, la catalepfie qui éprouvent fon action iri'érirtible, & lui cedent; & 1'élcélrieïté eft fon agent, qu'il appelle le fluïde univerfel. Dans 1'aflèmblée de la faculté de médecine 'dite du prima tncnfis tenue au mois d'avril dernier, il- a été lu un rapport de Meffieurs Cos„ier\ Ma'mt , Darcet , Philip , k Preux, Defefarts & Paukt, tous docteurs régens,fur les avantages reconnus de la nouvelle méthode de ce Comus (qui reprend aujourd'hui fon vrai nom, & s'appelle le Sieur le Dru,) d'adminiftrer 1'éledtricité dans les maladies fusdites. Ce rapport étoit précédé d» 1'apercu du fystêrne de 1'auteur fur 1'agent qu'il emploie & des avantages qu'il en a tirés. Les premiers eiTais en ce genre du Sieur- te Dru, dit Comus, lui ayantréuffi, d en a lait part a M. le duc d'Orlèans, au comte de ferJ*wi«, &* M. Ie Noir; il apar leur promotion obtenu la permiffion de réitérer $ connr-  t =3) ïncrfesexpéïiences fur des fujets éplleptiques, fltirés des hópitaux en préfencc des fept comaiiflaires indiqués ci-deffus. Treize épileptiques ont été éleftrifés fuivant ïa nouvelle méthode, & il réfuite du rapport des médecins témoins. 1 i°. Que 1'élcctricité, adminiftrée Ma mailtere du Sieur Comus , rend d'abord les accès d'épilepfie plus fréquens, enfuite plus rares, & finit par les faire disparoitre. 20. Qu'employée dans 1'accès même, elle en diminue 1'intenfité & la durée, au point qu'un accès qui, fur uu fujet, auroit duré & duroit ■ordinairement un quart d'heure ou une demilieure, ne dure, fous la commotion élecfriqüc, que quelques minutes & fouvent même fe djflu pe entierement, au premier coup d'électricité, effet qu'on obferve journellement. 3°. Que les accès qui, par 1'efFet du traitement fuivi & continué, devienuent plus rares, s'alFoibiiffent graduellement au point de changer, avant de ceflër, en fimples reilëntimens. 4°. Que 1'éleclricité favorilë en général toutes les fécrétions&excrétions, & en particulier 1'éruption ou le retour des évacuations périodiques chez les femmes, 50. Qu'elle réveille, ranime & fortifie le mouvement mufculaire. 6». Enfin, que, quoique fortement adminiftrée, elle n'a produit aucun accident facheux, & qu'eu général tous les fujets ont gagné du  c=4; c6'té des forces de 1'eftomac, de PiateMgenee même. D'après ees faits, les comimlTaires eonviennent de rexcellcnce de la méthode du Sieur k Dru', üs fe réfervcnt cependant a prononcer défmitivement après qu'uii laps de tems iullifant aura coufirmé les guérifons. _ Depuis le Sieur le Dru a emrepris le traitement de foixante-perfonnes des deux fexes; & les mêmes docteurs promettent d en rcndre compte. . , Ces malades font traités gratuitement dans une maifon deftinée par le gouvernement a ces fortes d'expériences, & me& autorifé a reccvoir tous ceux qui fe préfenteront, moyennant certaines formalités. Le Sieur le Dru eft affifté de fon fils qu d a initié aux mêmes myfteres. a4 *wn 1783. Extrait d'une lettre de Bordeaux du 17 juin- H ^ P°,int Y™' comme on vous fa dit a Paris, qu il y.ait eu deux mutins de jugés & de condamnés : au contraire, le jeune homme qui avoit été arreté a été rel&ché fans autre punition. Des o> putés du parterre virirent le réclamer auprès d'un jurat. Celui -ci leur répondit qu'il ne pouvoit pas "leur accorder cette grace qui ne dépendoit pas de lui; que M. de Futnel en ayant eu connoiflance, avoit le prifonnier a la difpofition & Pouvoit feul'le faire fomr; que, pour leur témoigner fa bonne volonté, il cour fentoit  C 25) ïéntok a aller intercéder pour lui chez ce commandant, que s'ils vouloient venir avec ki, ils leroient témoins de fon zele -pour fes coneitoyens. Les d^putés lui dirent qu'ils ne demandoient pas mieux que de 1'accompagner, mais tómoignerent quelque craintc. Le ju rat les raflura , leur donna fa parole d'honneur q.i'il ne leur arriverok rren tant qu'ils feroient avec lui. Ils farent donc chez Mr. de Fumel qui mk d'abord beaucoup d'humeurdansfaréce:uion, & parut envifager comme un afte de fëdition la démarche des députés Le jurat prit fait & ciufe pour eux , infifta très-vivement fnr la néceffité de rendre le prifoEnier afin de calmer les mècontens , il 1'obtint; & le jeune homme fut élargi. II ne s'eft rien paiTé depuis ce tems de contraire au bon ordre ; feulement perfonne de la ville ne va a la comédie , fauf quelques canitaines étrangers ou autres. 25 JMh 17S3. On a parlé du dérangement de M. le Duq de la Trèmouille, qui 1'oblige de quitter Paris & de vivre dans fes terres. Oa Ta propofé au roi pour être cordon bleu a la nomination de la pentecóte. On a repréfent'é a S. M. qu'il feroit honteux qu'un fi grand Seigneur n'eüt pas cette décoration , qu'il n'y en avoit en ce moment! aucune de cette ef,'pece dans fa maifön; que du refte il fe ran. geoit; il commencok k payer fes dettes. Lc Tornt J.W. B  C 26 ) Roi eft dcmeuró inflexiblc & a répondu nre quand le duc de 'la Trémouiiie les auroit payécs entierement, il feroit tems defonger a lui. 05 Juin 17S3. Tous les ans , jour dc Ia j-etite'fac.dieu, il y a une expofition de tableaux a la place Dauphine qui dkorent les environs d'un magniiique rep voir qu'on y connrnit. C eft la oü les jeimes gens qui ne font encore attachés k aucune acidémie viennent s'eflayer & preffentir le goüt du public. Celle-ci, a été plus nombreu'è que de cout !me , &par une fingularué rare, il y avo s des morceaux de neuf éleves du fexe de .Mad. Guyard, toutes ti ès-jolies & annoncant du talent, ce qui n'a pas beu contribué a attirer la foule. Cette Dame Guyard eft celle qui a été recue depuis pcu dc Facadémie royale, & dont on a déji; parlé. . 26 Juin-1783. Cuoique 1'intrigue dc V Auitur 'fatyrique joué a vant-hier , foit forcée, qu'elle foit même affez balie, qu il y ait encore moins de mérite h 1 'avoir arrangce d'après un autre, cependant la piece a ét'é tres. applaudie. 11 y a des détails trls agriablcs. L'auteur a eu Ie talent de confervcr tousccux tui fe rrouvent dans Fouvrare primit;f de 1'abbé de 'f$t$non, fans qu'ils fentent 'a nünierc, & il en a remplacé plufieurs de fort mauvais goüt par des traits ing^nieux & piquans.  (27 ) 25 Juin 'ï7?'3. La chanfon fur Ia comteffe ■ós Cha**.**, née d'And* ** & P****** par f.i mere devienc pufrique; ce n'eft aufurplus que Ia maligaité de-, courtifans qui 1'y reconnbit, Elle n'y eft defignée que fous Ie nom de Life & 1c duc de Goi * * * lbus celui ós Bamis, ce qui pourroic indiquer tous au£res perfonnages. Chanson. Sur la Comteffe de Cljd***, née Dand*** & d'une mere Po ****** *. Air: Malborough s'en va-fen gucrrc. Life entra dans le monde Avecjoli pied, gorgc ronde, J.ife entra dans Ie monde; Mais Life n'avoit pen. Mais Life n'avoit rien. Piairé étoit tont fon bien; Elle enflammoit le monde Avec. joli pied, gurge ronde, Elle enflammoit le monde; Mais en moi ran: de faim. Mais en mourant de faim. Peut-on aimer fans pain? A ia fin fon cceur gronde, Malgré joli pied, gorge ronde; A la fin fon cceur gronde, il chcrche du fl-cours. B z  II cherche du fecours Dans le fein des amoui'55 Cliacun vient a la ronde Fê-ter joli pied, gorge ronde; Cliacun vient a la ronde, Un feul eft accepté. Un feul bien préfenté Sufïït a Ia beauté. Damis (*) que tout feconde, Saifit joli pied, gorge ronde,Damis que tout feconde, Prend tréfor pour tréfor. Prend tréfor pour tréfor, Life compte de Tor; ; Elle fait dans le monde Briller joli pied, gorge ronde; On vante dans le monde Sa fortune & fon coeur. Sa fortune & fon cceur. Life croit au bonhcur: Faut-il qu'un coeur fe fonde % Sur un joli pied, gorge ronde, Faut-il qu'un coeur fe fonde Sur un amant tromp eur! Quoi! Damis eft trompeur! Oui Damis eft trompeur: Pour la plus trifte blonde 11 fuit joli pied, gorge ronde, Oui la plus trifte blonde Lui dicte un trait fi noir. '■ , i. ma 1 ■!3Sf'" (_*) Le duc de Coigny,  C 29 ) Lui difte un trait fi noir. Life eft au défefpoir; Dans fa douleur profonde Adieu joli pied, gorge ronde; Et fa douleur profonde Eft mife dans Foubli. Dieux! quel mal que Foubli! 11 fait naltre 1'ennui: Life veut fuir Ie monde, Cacher joli pied, gorge ronde > Mais vivre fans le monde, II faudra fuccomber. Pour ne pas Fuccomber, Life veut yjentrer : Le plaifir la feco.ide , Conduit joli pied, gorge ronde; Le plaifir la feconde, Et diiige fes ycux. Et dirige fes yeux; II en fort mille feux. On revient a la ronde Baifer joli pied, gorge ronde.'' On revient a la ronde; Tout Ie monde eft content. Cliacun pour fon argent A Ie titre d'amant. En trompant tout le monde Avec joli pied, gorge ronde, Life a'me tout le monde. Tout Paris eft content. B 3  ( 3° ) 25 Juin 1783. C'eft furtout i'hyver dernier qu'on s'eft appercu plus que jamais de la néceffiré de récablir les chargés fur les ports. Une partie de ces cfliciers s'appeloit Mefureurs de beis & dirigeoit cette diftribution; leurs fonótions étoient d'empCcher que le public ne. fut trompé , de veiller a ce q:,e le bois eut la mefure fixce par les régiemens & d'appaifer les diffa-entes qi:erel!es pouvaut s'élever a ce fuj'er. Un des premiers foins dc M. D'Ormefon €11 entrant en place a été de S'öccuper de ccê objet. II a cnvoyé chercher les anciens de ces officier.-, pour cn conférer. Comme ils ne demandoient pas mieux que d'ëtre rétablis, & ^ue le nouveau controleur gónéral en a grande envie, il femb'eroit qu'il n'y auroic rien de fi aife. Po'nttlu tout, il fe préfente un obftacle de la nature de celui qui s'op;^ofe également a la fuppreiïipa ou mê-me diminution des épLes.. Ordinaiiemenc Ia conrommation annuclle de bois pour Paris eft de fix eens mille voies; cette année, comme les marchands ne donnoient que trois qüarts de voie po. r la voie-, il en a réfuké uue confomnxuion apparente de 8o3,oco voies; or, comme le droic du roi eft d'un écu par voie, il s'ee eft ftrivi pour le fifc une perception de deux eens mille éeus de plus. Dans la di'treJTe oü il eft» touc accroiflement eft très-bien recu, toute  C 3i ) diminiit'on eft h rejetcr: telle eft, a ce qu'affurent les officiers des.ports, la feule objcction qu'on aic pu faire contre leur rJtabliffement, & 1'on ne fait fi, malgré i'honuêteté de AL D'Grmefsn , une crainte pareille ne feta pas avorter fes bons dcffeins. 27 Juin 1783. M. ■D.aguejfeait\ Ie doyen du ccnreil, a eu une attaque de goutte fi violente h ia ruc, qu'il en avo't perdu la raïfon» Elle eft revcnue, mais foiblement, & qtiob que fon ph'yfique foit auffi en meil'eur état■> on ne regarde que comme momemanné fon rétabliflement apparent; il eft dans une inertie abföhie. Ca toujours été juf ,u'a pré" fent un Perrin Dandin, voulant jugcr a quelque prix que ce foit: il a même rerdu cette ■manie & n'a de goüc pour rien. Tout annonce en ce vieillard l'affaiiTement de ia machine. ■ 27 Juin 1783. Tout devient reftburce é. moyen de fortune entre les mains d'un intrigant. C'eft ainfi qu'un aventurier , nommé Coilenot, fiis d'un bouire.ui , aorês avcir aó rcci fcsenx, s'cft iransformé en homme de let. tres, en inftituteur de la jeuneffe,& profitan de Pengoiunent général pour les Mu/ees., a tenté d'en'ctablir un; puis, ne pönvant réus■fir, a vouiu s*'«ffoéier a celui de Paris, dans i'efpoir .de s'y pouffer au premier rang par fes cabales , & de faire plus facilement des dupes. 11 a d'abord été foutenu dans ce projet par B 4  (32) , 1'abbé Cordier de Saint-firmin brvrlant de zele pour acquêrir fans cefle de nouvearx fujets h fon établiffement; mais eet honncte agent ayant reconnu 1'indignité du candidat, bien ]oin de plus travailler a fon admiffion , s'eft efforcé de lui óter toute envie de réuffir en Ie «ïémafquant aux yeux'de fes confrères. Le Sieur Coilenot: furieux, a prétendu que c'étoit une diffamation &, comme ce font ordinairement ceux qui ont le moins de réputation a perdre, qui font le plus d'éclat en pareille matiere, il a traduit en juftice & au criminel 1'abbé Cordier de Saint-firmin. II s'eft trouvé un jeune avocat, nommé Giroux, qui a cru avoir par la une occafion de fe faire connoïtre. II s'eft imaginé qu'en attaquant un des fondateurs du Mufès de Paris , il s'aflbcicroic en quelque forte a Ia célé- brité de cette academie & acquerroit tout d'un coup beaucoup de réputatian. II a dont fabriqué un mémoire fcandaleux, oü il a peins 1'abbé Cordier des plus noires couleurs. Ce qui indique combien eet erateur eft encore étranger au langage du bareau c\ aux de. voirs de ia proreliion, c eft qu il iemble n'avoir eompofé fon mémoire qu'afin d'y amener une déclaration d'amour a une Madame Ber- mer , veuve d un medecin de Kheims, qui a une aflez jolie voix & a déburé a 1'opéra Ie 19 i'eptembre 1783. Affiu-ément cette nymphe n' a voie  ( 53 ) . u'avo/t pas befoin Ia , & ne pouvoit s'attea. drc a figurer en pareille affaire. Cuioi qu'il en foit, 1'attaque de M. ColIenoj> a oblïgé labbé Cordier de fe défendre & de publier une Réponfe, En général les gens de Iettres font leurs memoires beaucoup mieuxqu'unavocat. Mais ijfaut avouer qu'en cette occafïon 1'abbéCordier n'a pas répoadu & ce qu'on attendoit d'ua inembre diftingué du mufée de Pari'-. On y trouve bien toucela candeur, toute 1'ingénuité dün accufé innocent, mais rien de cette logique prefE.nte, de cette éloquence vigourcufe qu'exigeoit une pareille pbilippique. Le fonds du procés n'eft pas encore jugé. a8 Juin 1703. M. Senac, ancien fermier gv'ncral,re meurt. On peut fe rappeler la vie Jnxurieufe qu'il menoit, lés mauvais exemples qu'il donnoit a fa femme, & qu'elle n'a que trop fuivis; 1'éclat fcandaleux qui en a réfulté & leur féparation. M. Senac étoit en outre un philofophe moderne, c'eft adire croyant peu en dreu. II étoit devenu aveu. gle depr.is quelques années & cette afflicïiorj ne Favoft pas rend'u plus religiëux. Le curé de Saint -Euftache a jugé ce grand' pécheur digne de tous fes foins, & il en eft venu h bo'-it, du moins a 1'extérieur. II a commencé par remettre lünion entre la femme & Ie marï, qui a pnrdonné a la première & 1'alaifFê rentrer dans fa maifon. Quant au refte., oa B 5  C 34 ) pourra juger de la fincérité de cette converfion par un propos du moribond , toujours trés - caufti me. ,, Allons, mon cher pafteur » a-t-il dit,je confens aêtre adminiftrê, faitesmoi venir demain le bon dieu, mais de grandmatin & lans cérémonie, afin de ne pas faire jafer le quartier." 29 j'uin 17 3. II court dans les rues ufis nouvel air a la mode chez le peuple dont Ie refrein e:t changez-moi cette tête. Un chanfonnier fa trouvé propre a un vaudeville fa» tyrique. II 1'a compofi en onze co-upletsdont plufieurs ne mafiquent pas de fel. Les perfonnages les plus connus qui y figurent font Meffieurs de la Lande,fAbbé de LUle* la Reyniere, Mefmer, De (Ion , Franklin Enfin le poëte termine par fe fatyrifer luimême. 29 Juin 1783. Les com 'd'ensitalien■ jouent demain BJaife & Babet ou in fuite des Trois F>nniers, comédie nouvelle en de:ix acr.es & en vers, mêlee d'arietes. Les paroles font. toujours du Sieur Mo'ivel & la mufique du Sieur Defaides. Comme le premier eft a Stokjzplm •> il a du s'en rapporter au muficien furleschangemens qu'il pourroit y avoir a faire , en foit,. elle a depuis mené une vie très-débordée; on prétend que, pour s'amufir, elle Ie Jailfoit racrocher le foir au palais royal, & quelquefois mettoit les aventures k bien, Oa> lui reproche des infamies encore rilus grandes, coreme de voler dans les boutiques d«s. marchands; enfin, elle eft grollé de nouveau & 1'on veut que ce foit d'un laquais.' * Ge qu'il y a de eonftant, c eft que Mad. dei "Barhama-aue-fa mere a écrit a Madame Ja de*. chefie de Cnartres pour lui repréfenter que ft: fille étoit déformais indigne de fes bonnes graces & même dapprocber dc fa perfonnequ'en conféquence elle lui demandöit la-per' miffion de la faire enfermer pour mettre unfrein k fon liber-inage, a fes excroqueries, & emr>êcher qu'elle ne deshonore plus longtemsfa fanaiHe & fon norm  c 37 y Tel étoit hier le b-ruit général de FopeVa & du palais royal. Du refte, elle jouoit i/hypocrifte au point que 1'an paffé oü les liaifons dangereufes parurent, elle faifoit femblant de ïi'ofer les lire, comme un livre qu*une honnêïe femme devoit s'interdire. 30 5"»/» 1783. La piece de Blaife & Ba. bet a eu Te plus grand fuccès aujourd'hui. Ou y a recoonu faeilemcnt les auteurs de 1'opéraeomique des Trois Fermiers. Mais a la fin on a paru 1'ignorer & 1'on les a demand-Js avec fu* leur. Un acteur eft venu annoncer que eclui des paroles n'étoit pas en France, & que le muficicn venoit de fortir. Le parterre a infifté pour favoir le nom du dernier qui eft M. Defaidesjk a eu lagaucherie de ne pas demander celui du premier; ce qui auroit pu einbarrafFer davantage le répondant & fournir. lieu h d'autres queftions pk:s difficiles a réfoudre. Le premier Juillet' 1783. Voici' Ie vaudeville dont on a parlé, devenu plus public. V ' A V, D E V I L L E.. Air: Changez-moi cctts Ut:.. Moimis, prends la fcrtile; E'hydre du rii'.Eule ÖSmande un autre: Hercule; Powfüis dc rue en tue 1 La folïtre co'iuê ^>ui va plioquer ra vue , E 7  En eh-nraut le refiein y i;liangez-moi cette tête, Ce.tte grotcfque tête; Changez-moi cette tête, Tête de inanequin, Courtifan trfcs-fol'de, Rcbiü' i.nplo vvv.dc, Coloncl intrépide,. Qui bravez les fiffetsjS Docte e''i .yclopédifte, Honnète journalifle, Amuiant nuu-vclliite, Brochuricr a pampbiets, Cliansez tontes ces têccs, (.les intrigante* ictes; Cliangez toutes ces têtcs3ï Têtes a éainouflcts^ Un petit aflronome (*~)x A.figurc de Gnome, Vent devenir grand hoinmc., On ne fait pas par oü;, II vate ia comete, ©érange la planete,. Et tout 1'aris repete , En lui faifant, hou, hou.-: Ctiangcz-moi cette têtev5 Cette hargneiiiè tête; Changez-moi cette tête Tête de Sapajou. CU M. de la Lande*  ( 39-' > TJn poëte a front biême,, Donne h certain poëmc Sa fecliereflö extréme Et fon air minaudier: ■ Maint btcfaut imbéciie Va criant pat la ville : . Meflïeurs, place & Virgile 5 Mais, il'entend crier: Changez-moi cette tête,. Cette plagiaiijé tête; Ciungez moi cette tête, Tête de grimacier. (*} La libcrline Orphife,. Coquette a tête grife, Etend fur fa peaabue Trois couches de earijfin.: Mais fa gorge tonibée Et fa fade plombée Et fa taille bombé'e Font peur, même a-Jafmim Changez-moi cette tête, Cette lafcive tête; ChangCï-moi cette tête,, Tête d'une catih.. Diogene moderne (f),. Un fou que cliacun berne^, Gioit tenir la lantcrneEt tranche du Gatoiu Contre la railkric Sa cèrvelle aguerrie- C*) L'Abbé de Lille. CD Orimod de la Reynierc*.  C 40 > Affiche ïa folie Et pröche la raifon.' Changez-moi- cette tête', Cette grimaudc tête; Changez-moi cette tÊt« Tête de hériflbn. Un corps antiquc & grave Et des formes efclavc, , Affemblc fon conclave Pour réformer fes loix 5 Mais a fon avarice Ea mode dc Fépice Fut toujours trop propice- • Pour en céder les loix. Qu'on'me ehangc ces tè'tes, Ces formaliftes têtes; Qu'on me change ces têtes,, Toutcs têtes de bois (*> Kn tudefqus empirïnue Cf) * Au bout d'un doigt magique,. Fait naitre la colique Ou la chaffe aTinflantv Son Don Qui'chotte aflure C§3 Que la mort en murmure Et cile mainte cure Dont il eft'feul garant r Changez-moi ces deux têtesy^ Ces magnétiques têtes; C*) J.e- Partemene» ff) M. Mefmer; €S5 M< Dciloiv  C 4i ) Changez-moi ces deux têtes, Têtes dc charlatan. Un prétendu mufée, A la tourbe itbufée, Débite profe ufée Et grands & petits vers;. La Bourgeoife carflette, La pédante en lunette , Rimaillenr & foubrette Loue a tort a travers. Qu'on me change ces têtes, Ces métromancs têtes ; Qu'on me change ces têtes, Têtes bonnets verds CO- Nefior de rAmérique Ct),. Prife la voix publique Du monde politiqueEt du monde favant: Mais dédaigne l'hommage Dont le peuple volage , Sans refpeét pour ton age, T'cnnuie a chaque inflant» Conferve bien ta tête Ta vénérable tête; Conferve bien ta tête, Mais fans la moutrer tant. C ) Le niuféc eft a Ia veille de faire banqueroute & 1'on fait que Pe bonnet verd eft l'enféigne des bauqueroutiers. 00 M. franldliu  . (**) Un' rimeur fhtyrique, Dan.s fóc humeur cauitique^ Des fots qu'il tod & piqué, Fait un portrait iiardi; De fa plumc maligne La pétuhuee infignc Aux mafques .qu'il déflgne Le joint lui-mfime ici. Changez-moi ccttc têce Cette fantafque tête; Changez-moi cette tête, Tête d'un dtourdi. ie,-. Juillet 1783. On a parié d'une t.'te d'airain conftruitc par 1'abbi Mtcel qui arttctiloit quelques-mots & qö'ü avoit brifee, paree qu'il ri'en étoit pas content, en T778. Le deux de ce mois il a écrit a l'^cadémié des fcienccs pour lui dern/ndcr des cemmiffalrês afin d'examiner le mécanifme de deux têtes automates de fon invention , qu il a exécutces lui-mOme , cV qui prononceut diftincteraent les } hr'afes fuivantes. La première dit: „ LeRoi vient de donner „ la pa;x a 1'Europe., La feconde répond: „ La paix couronnc lé „ roi de globe/ ... . . La première ré-plique: „ & la paix fait Ie bonheur des peuples. Enfuite en pouflant un peu le cylindre raoteur, la première tête reprend , en s'adreffant a Sa Majefté: „ ó Roi adorable, peie  C 4J) „ de vos peuples, leur bonheur fait voir k „ 1 Europ; la gloire de votre tröne! " On ne fait point encore ce qne 1'académie en corps proaoncera; mais avant d'invoquer .fon fuffrage, M. Vabbi Mkal avoit fait voir le dix huit juin ce chef-d'ceuvre de nvicanifme adeux membres de cette compagnie, Meffleurs Franklin & de Milly , & a deux de la fncicté royale de Londres , rftuellement k Paris, Meffleurs de Faufas & de Blayden, & 1'on allure cue ces favans, aprës avoir vu & entendu les deux automates interlocuteurs en ont paru auffi fatisfaits quïtonnés. 2 Juillet 17Ü1. Extrait d'une lettre de Remiremont en Lorraine , en date du 15 juin *7?-3 Parmi lts dro'ts anciens, i! y en 3 d'onéreux. & encore plus de (lugubers, de ridi ules, d'indécens même. En voi:i un qui n'eft cue puéril. . . . Lc village de Fourg'erolle, oui avoifine cette abbayc;doitluifournir tous les ans a la penteróte de la neige & a d.'faut de neige deux Lceufs. Vo. s fentez bien qu'on préfere toujours la prrmiere. La tempérrture trop douce de 1'hyvern'ayantpss permis aux habitat de ce hameau de pr'endre le* pr'écautions r.éccffaires pour payer fa redevame en neige , & le prix des deux beeufs qui devoient la remplaccr ctant une charge trep forte pour la pauvre communauté , ils ont tenu une aflemblce afin d'avifer aux moyens d'y remédier, & ils fe font tités d'allaire par  C44) «ne de ces tournures fpirituelles cc gafes qui róuffiffent toujours une fois & jamais deux. Ils ont préfenté au chapitre un plat d'ceurs a la neige avec les vers fuivans adreffés k rabbeffe comme le repréfentant: Daignez Madame, accepter pour hommage Ce fimple mets, par les gounnc vanté : D'un tribut du. c'eft la trop foible image ; Mais ia figure, aux yertx trompés du fage, Vaut fouvent mieux que la réalité. L'abbelTe a trouvé la défaite ingénieufe & a agrc'é la redevance, avec la rcferve cependant que ce ferok fans tirer k conféquence. a Juillet 1783. L'académie royale de mufique annonce des Apres-Soupers fètes coinpofces de férénades fuivies d'un bal: on aura la liberté d'y venir mafqué. Elles auront lieu dans la falie du bal & commenceront k onze heures du foir. 3 Juillet 1785. Extrait d'une lettre d'Arras du 26 juin..,.. Le procés du Parat'on' nerre ,?uquel vous vous intérelTez & dontvous cornoiffez les détails par le mémoire de Mo Buiffart qui peut étre re-gardé comme un traité de phyfique intéreffant fur cettè maticre, a été pbidé ici durant trois audiences folemDelles par un M. de Robespierre, jeune avocat d'un mérite rare;' il a déployé dans cette affaire, qui étoit la caufe des fciences & des arts, une éloquence & une fagacité qui don-  (45) nerent Ia plus haute idéé de fes talens. II a triomphé. Le trente-un mai dernier, le confèil fupérieur de cette ville a rendu un jugement qui infirme celui des échevins de Saint Omer, & permet a M. Fizery de Boisvalé de rétablir fon paratonnerre. Ce jugement fait beaucoup d'honneur aux magiflrats de notre tribunal, qui s'eft élevé au deffus des préjugés de. 1'ignorance, & auto. rife le premier un ufage falutaire , qui fera vraifemblablement bientót adopté dans toute la province. 3 Juillet 1783, Extrait d'une lettre de Cadix du 13 juin.... Voici Ie détail que vous defirez fur le fort du baron de Pirch, colo. nel commandant du régiment Royal de Helï'cDarmfiadt, mort & enterré au camp de Sainte-Mirie prés de cette ville. Les foldats de fon régiment 1'ont tous accompagnés au tombeau, les yeux baignés de larmes. Les officiers , tant francois qu'espagnols, ainfi que le gouverneur & plufieurs officiers généraux ont afïïfté k cette pompe funebre. M. le Comte cTEftaing, pour lui témoigner fes regrets & fa haute eftime, a voulu que les deux Régimens qui campoient avec celui de Heffe Royal Darrnfiadt foürnifl'ent chacun un détachementde cent hommes, qu'on ne donne ordinairement qu'a un colonel quj eft brigadier.  C 46 ) Comme M. de Pirch étoit proteftant, fon corps a été inh.imé derrière fa tante au eentre du régiment, qui a fait élever fur fa folie un monument avec 1'inferptiön fuivarite. Sous cette tombe git Jean Erneft, Baron de Pirch , colonel commandant du régi„ ment Royal de HelTe-Darmftadt, chevaller 5, de 1'ordre du mérite & de Saint- Sébaftien, „ chanoine de Magdebourg , mort le vingt „ février 1783 dans la trente-neuvieme an3, nee de fon age. Né en Prufle , il apprit „ Part de la guerre fous Fréder'c; paff; en „ France, il fut par fe - talens & par fes ver„ tus 1'exemple de l'arm:'e." „ Ce fimple monument fut élevé k la pos„ térité, en marqué de reconnoiffance & de „ regrets, par 'ba régiment." Quoi qu'il fut héréti.jue, 1c roi d'E'pagne lui faifoit 1'accueil le plus diflmgué & fe plaifoit a s'entretenir avec lui. A fon exemple les courtifans s'empreflbient de témoigner k eet étranger , qu'ils déteftoient intérieurement, combien ils fa;foient de cas de 'es ta,lens milita ris & de fon m'rite perfonne'. 4 Juillet i7\q. Depuis quelque tems il s'eft élevé un 'Club fous le nom de Société philantroplque : elle eft compofée de citoyens de tous les ordres de 1'état; mais comme il faut étre très-iiche pour en être, elle compte furtout beaucoup de financiers parmi fes mem-  (47 ) bres. N'ayant point encore de lieu fixe pour s'aflcmbler, elle fe réunir dans une des falies du Mujce de Paris.. Pour premier afte de bicnfaif'ance publique, elle fe propofe d'accorder un fecours annuel a dou :e ouvriers octogéfiaires de cette capitale. Les afpirans font aflreints a certaines conditions qu'clie prefcrit. A mefure que'les fonds augmenteront, cette foc été étendra fes fecours fur un plus «rand öOmbrê d'infortunés de la nvme efpece, & elle efpere pouvoir fonder un jour un etabJiffe ment propre a lesrecevoir. Mais, aorès la d.ifoiution de la fociété libre d'émuiation, qui avoit dvja une toute aure confiftance, quel fond faire fur de tëh établiflemens chez une nation a.fïï légere que la nótre.' 4 Juilkt 17% M. di Chawpceneis, dont il eU trop iöiïvcnt que-ftion, revient fur le tapis. On raconte qu'avec un autre étourdi comme !ui, il a déterminé deux jeunes Demohclles trés bien flé-. a ie kaffer calcvër pendant la nuit; qu'elles ont ét : conduite, dans une petite mai on oa elles le font fert amufees & ont couché que dans la mik ces Melïieurs ont cu la.fantaifie de changer de moitié, & que.rajföfiées de plaifir, les demoifelles font rentrees. On a oute qü'è Pufie d'elles s étant trouvée groffe, le-, parc-n.s ont fom. mé M. de Charr. peen eis de 1'ópoufcr; mais qu'il arrépoudu qu'au moyen du troc, Hne pouvoit  (48 ) favoir 15 elle étoit groffe de lui. On a ea recours 4 ion camarade qui a dit la mime chofe; & 1'on en eft réduit a faire faire fourdement les couches a la jeune peronne & h. enfevelir l'aventure dans le filence, s'il eft poffible, 4 Juillet 1783. Extrait d'une lettre du Cap Francois du 30 avril. Le prince JVrf- Uam, troifieme fils du roi d'Angleterre, embarqué fur 1'efcadre commindée par le contre-amiral Haod, qui croifoit devant notre ifle, a la première nouvelle de la paix, a voulu fatisfaire fa curiofité de voir cette ville. IJ s'eft rendu ici le einq avril, fans qu'on en füt prévenu. 11 a été recai par M. de Bellecombe avec toutes fortes d'honneurs m 1 taires. Les rues qu'il a traverfées étoientbordées detroupes, & a fon entrée le pare d artillerie & Farcenal 1'ont falué de vingt un cours de canon. Ce prince eft allé h. la comédie le foir, ou il a été accueilli avec tous les applaudiffemens poffibles , & oü 1'on a récjté des vers a fa louange. Un anonyme a répandu ceux-ci dans 1'affemblée & ils ont paru les meilleurs. Prince, qui t'arrachant a la Cour d'un grand Roi, Dans ces climats lointains, témoins dc ta vaillance, As-cru trouver en nous, vrais enfans de la France, Des Ennemis digncs de tei, Heus  'C 4-9 ) ïlenreilx, fi noüs avorre mérite ton fuftrage! Atrjomd'lmi que tu viens ati doux nom de la pais, Sous le calque dc Mars, nous faire voir un fage, En.g)ü:er parmi nots les plaiüVs, les bienftits, Puiife ce pesple aimablè & folatre & fidele Te faire defircr qu'une union fi belle Se cimente & dure a jamais ! Après le fpeöacle fon alteffe royale retourna au gouvernement oü. 1'on lui fervit un fouper fplendide & auquel fe trouverent toutes les femmcs & perfonnes de diftaicHon de la ville. Ce repas .fut fuivi d'un bal magnifique oü le prince danfa avec Madame de Belkcombe, Mad. de Gahez & la Vicomtelfe^ Fontanges. Le lendemain, a la pointe du jour, la gar" nifon étant de nouveau fous les armes en haie dans les rues, & les principaux officiers ainfi que toute la nobleffe s'étant rendus a 1'hótel du gouvernement, le prince, accompagné de M. de Bellecombe, de M. de Galvez, le Général efpagnol., & d'une fuite nombreufe, fut conduit au bord de la mer, oü il s'embarqua au bruit d'une falve d'artillerk pareille a celle qu'il avoit déja recue. 5 Juillet 1783. Extrait d'une lettre de Ren- nes du £29 juin. Les ingénieurs & acadé- iniciens, chargés par le gouvernement de prendre connoiffance des travaux afaire,pourcreufcr des canaux navigables dans cette province paroiffent convenir unanhnernent, que i'exé* Tomé XXIU. C  C 5° ) eution d'un canal de Rennes a Saaüt Malo eft très-facile par la jonclion de la Vilaine avec la Rance: ils n'eftiment pas Ia dépenfe au-dela de cinq a Itk eens mille Stres. En conféquence, les dtats ont arrêtéderembourfer les terreins fur lefqucls on empiétcra fur Ie pied du denier treute ; mais tout ccla n'cft qu'un appercu: les plans , devis & eftimations des ouvrages qu'on fe propofe dc donner ne font pas encore faits. Malgrc les travaux avancés a Cherbourg, les mêmes döputés iront a Saint-Malo pour. rade & un port pour la marine royale ■SJuillet 1783. Extrait d'une lettre de Be- fancon du 25 juin Le pere Eïïzêe, car- me deschaux, elf mort le onze juin, a Pontarlier, petite ville de Franche-Comtd. C'eft celui qui s'étoit fait une grande réputation par fes fermons a Paris; mais qui ne plaifoit pas autant dans la province , paree qu'il peignoir plus les mec-urs du grand monde que celles du peuple, & qu'il mettoit dans fes difcours plus d'efjirit que d'éloquence. D'ailleurs , il faut auffi de l'onétion pourlecommtm des auditeurs , &le pere Elizée n'en avoit aucune. II eft vrai que fa feule figure, macérée comme celle d'un vrai cénobite, parloit pour lui, & que fa voix étcinte annoncok un homme exténué du jeune,' de la pvierc, & de la pdnkence qu'il prechóit.  < 5f ) •' Le OCTe P.VlZi'p n'atrnif n„» »ï,,»„.^. » _ -ans: Ton corps a été titoïfpërte' ici & inhümé re ■Qouzc dans 1'églifc dij couvent que les carmes de la réfbrme de Sainte-T hércfe y ont. ■ " juiuei 1/63- guoique Popera comique de Blaize & Bahet ne confifte gucre au fond que dans les de'raik ffimo nhMn* 'i •— ^^^nt uup lungue entre les deux anians & dans cenx de leur raccommodement, un pcu niais, &d'aillcursbien u!é au théatrc ,„ eet ouvraire iiVnn,,;» «av*» il plaït, il attaché même par le talent qu'a eu ll'auteur de conferwr 4 ch^nn - >»»«.i«u wu (.tiiiiLcere connu, & dont la vérité fe riéuttitm» ^mka ,r - —^liuiil puur mi prelenter un aéïem- H'nn,. „„„™-i„ „r. *. . krirant a la mamelJp m,; «o. jIj. ^ i . — -i"* v^uu juinure les iens a la muiique; car, quoique ce^bambin ne |:tut qu une poupée, on a jugé a propos d'en Utara imitcr les mugiffemens dans la couliffe, w u,c , Hcc^eims eomme ks moreeaux dc ■«.«««v jjius iueiocueux. C 2  ■6 Juillet 17S3. II paroft fecond Mémoire h eonfulter & Confultation pour Mad. la mar(jfiife de Valory, contre M'. Courtin , avocat en la cour. Celui-la feit une grande fenfation & catvfe de fon auteur qu'on prétend être un . lïomme de lettres fort bouillant , fort amer, fort cauftique: c'eft M. 1'abbé Royou. La confultation eft du quatrc juin & fignée Matiltrot. Comme dans le préambule & a la fin du mémoire a eonfulter il a une tirade violente contre 1'ordre des avocats qui , au nombre de quatre eens , faifant ligue en faveur ds leur confrère, ont tous refufé leur miciftere a Mad. de Valory, Me. Matiltrot, quoique Je mdmoire ne foit pas ligné de lui,eft cité devant 1'ordre pour n'avoir pas fait raycr ces paragraphes injurieux a fon corps,& pour les avoir meme approuvds indireclemcnt par une phrafe de la confultation qui femble confirmer un fait auffi faux qu'injurieux. Le fonds del'aflaire au furplus doit êtrejugé avaut les vacancej. 7 Juillet 1783. M. de Sauvigny, pour s'exjcufer 5 quoiqu'un peu tard, d'avoir fait un auffi mauvais opera que Peronne fauvée, dit aujourd'hui que les paroles ont été faites pour la mufique que M. Defaides avoit déja compofée pour un autre opéra intitulé U Patriotifme ,qui devoit étre donné aux italiens. Diverfes circonftances ayant fait retirer cette piece du théa-  r 53 > m italien , le manden föllicita. ce poete de 1'aider a tirer parti de la mufique. 8 &uWet 1783. On parle d'une nouvelle rapfodie, mtituléc le Portefeuille de Madame ■ Gourdan. On dit que e'eft une brochure danste goüt de la Captte verte, auffi remplie d'anecdotes faufles «Sc abfurdes, & écrites d'un ftife aufli plat. Mais le nom de 1'héroïne lui donne de la vogue. 8 Julllet 1783. On attendoit d'un jour a a%? !? ,CMld£ parde anno^ée du mémoire deM. de Samte-Foi; mais M. le gardé des lceaur a fait donner a 1'avocat une défenfe de lenvoyer a 1'impreffion. 9 Julllet 1783, Les confeils des princes freres du roi paroiffent s'être réunis pour avifer aux raoyens de degager leurs maifons de 1'embarras oü elles fe trouvent par une dépenfe toujours plus foite que h recette. La première étanc lans doute trop difficile a réduire, on a cherché les moyens d'augmenter 1'autre & 1 on s eft concilié k faire un mémoire comnnm roulant fur trois objets principaux. Le premier feroit de faire liquider & revenua ces prjnces la part qu'ils ont droit de répéter des fucceliïons a eux échues en coramim avec Lonn XVl, telles que celle du t&b&t&ï/fas, de la feue reme, de Madame la dauphine leur mere &c. Le fecoud, de fe faire donner par S. M. ou plutót par fétat, le fupplément d'appaaage qu'ils C 5  ( 54 > ont égnl'ement droit de répéter pour complettér le revenu qui leur eft anuexé, & dont M. de Saïnte-Foi , dans fon précédent mémoire , a fixé le montant. Le troifieme enfin,pour compenferces jouisfances dont. ils ont été fruftrés jufqu'a préfent, de fupplier le roi de vouloir bien payer leurs dettes; juftice pluiót quegrace, que S. M. femfcle leur devoir. Les agens dc ces confeils ont d'abord eu re•cours au controle général pour avoir ks renj'eignemens néceffakes a la confection & jusïeffe du mémoire, pour y mettre la forme convenable, & engager M» le contróleur général a cn faire fon affaire. Les hommes dc confiance auxquels ont été donnés k cxaminer ces mémoires, trés fecrérement communiqués, ont fait dclTus des obfcrvations dont il a réfulté que c'étoit au roi en ■perfonnc qu'il falbk s'adreffer,même pour les deiriaudes de juilice rigoureufe a former, attendu que radminiftration du file public ne s'imnrifcok.pas dans ces comptcs particuliers, duns ces difcuffions de la familie royale. On a tiré ainfi M. d'Ormeffon dc 1'embarras ■ oü 1'auroient pu jeter ces. queftions délicates,. s'il fut de ven u en quelque forte Finterceffeur de leurs altéffes royales, au lieu d'en refter le >uge , au ers oü il plairok au roi de foumet— tre leurs demandes a fon examen. xo Juilla 1783.. On aflüre que Wl?É$h%  ( 55 > trof, eitd dcvant 1'ordre, k déclaré* aux avocats qu'il ne comparoitroit point ^ & qu'ils étoient maïtres de faire tout ce qu'ils voudroient contre lui. 10 Julllet 1783. M. d'JgueJeau, 1'avocat général qui devoit porter Ia parole dans Faffaire des Montefquiou , craiguant dc fe faire des ennemis puiffans, s'eft tiré adroiteraent de ee pas délicat: il a profité de la maladie de fon pere, pour prétcxter qu'il ne lui étoit pas posfible de fuivre les audiences. Quoi qu'il en foit, on a jeté les yeux fur I\L Seguiei , qui, fentant aufli le danger de fe charger d'une pareille affaire, a héüté quelquc tems & ne s'eft determiné, ace qu'on affure, que fur une lettre de Monfieur. 10 Juillet 1783. M. 1'abbé de Fonter.ay, le rédacteur des affiches deprovince a recu dcpuis peu une lettre en date du vingt-un'juin, & fignée rabonné de Tours: elle contien-t une déclamation auffi violente qu'oEiginalé contre Fabbé Raynal & un diftique latin des plus fatyrjques. „ Vous avezparlé dans votre feuiKe, M012„ beur, avec toute Fïndiguation qu'il méri„ tok, d'un auteur juftement profcr.it par les „ premiers magiitrats du royaume , que nos percs euffcnt certainement fait ardre avec 1'on ouvrage volumincux en place de Grêve, „ & qui paurroit encore chez nos voifins-, ^ prétendrc aux honneurs de ï'autodafé; mais e 4  C 56 ) „ il rï'en paroit pas curieux: il fe tient éloigné' „ de ces contrées brülantes; il erre ca & li „ dans le nord de 1'Europe, oü, après avoir „ abjuré religion , patrie , état & profeflTon: „ ce pbilc-fopbe fugitif, ce eofetopolite fier de „ fa difgrace , & tout rayonnant de gloire &fe3 „ propres yeux, continue d'endoftriner runi„ vers: il a donné Fannéfc demiere au public" 3, le précis de fes cenvres fous ce beau tet: „ Efprit & Génie de fahbé Raynal avec cette „ touchante &fublime Epigraphc." „ L'iniage augulle de la vérité m'a toujours été préfènte. O vériti iainie! C'efl toi feule que j'ai refpectée; li mon ouvrage trouve encore quelques lecleurs dans les fiecles a venir, je veux,qu'en voyant combien j'ai été dégagé ces paffions & des préjugés, ils ignorent la contrée oüfj'ai pris naiffauce, fous quel gouvernement je vi» vois , quelles fo:ic~Mons j'exereois dans. mon pays, quel culte je profeffois; je veux-qu'ils nje trouvent tous leut concitoyen & leur ami!"* 3, Nee e'.yis, nee homo es, pd feriptor turgUu:, r.udaxy Pr.-vi eui mores., pejus & ingeniu:». ,y Voila dans une langue univerfclle &. au w nora de la poftérité, a laquelle je t:ens par M ma jeunelfe; voila, dis-je, une courte ré- ponfe au nouveau docteur des nations & des „ liecles a venir. " ju Juillet 1783. Les Après-Soupers, fêtes com-  ( 57 ) eompofécs de férénadcs , fhivies d'un baf, qttf onr commcncé cetce nuk fous ce titre ridicule, font im fpcctacle tres-plat pauvrc mufique, point de voix & un air étoufle & cmpefié d'odeurs au lieu de 1'air pur & frais d'une- belle nuk, que ferable annoncer le mot Sèrènadw Voila tout ce que c'eft. II y avoit affez de monde„ paree qu'il y a toujours des curieux & principalement des filles emprelfées de fe montrcr, qui atrirent du monde ai leur fuite, & que d'ailleurs Padminiftratiou de 1'opéra a eu le bon cfprit de ne niettre les billets qu'a trois livres. li Juitlet 1783. La perte de WK la Guerre, qui brilloit dans Ie röle de Sangaride d'Atys, & le faifok valoir infmiment , avoit dégotké de revoir eet opéra. Cepandant on s'eft hazardé' dtpuis peu de le repiendre & de coufierle même röTe a WK Maillard. Cette jeune actrice, qui don ne desefpérances très-grandcs , & qu'un travail affidu ne pent manquer de réalifer, a fait entendre dans tous fes morceaux une voix. agréabte, flexible cc plein e defenfibilité... M»e.. Maillard fort des petits Comédiens du Bois de fkmlogue, dont on a parlé, éeole ou il s'eft formé d'cxcellens fujets, qui étoitpritieipalement de la fondation & fous la direction de M. Bertin des parties cafuclles. Cet amateur cultivok M»e. Maillard avec tout le foia C 5  C 53' ) «m?mfpiroit un talent naiffant réuni % une trés» jolie figure. 12 Juillet 1783. Trois fétnmes de la cour,. Mesdames comteffe de Chdkn , marquife de Coigiiy, & comteffe d'Andlaa ont voyagé en Angleterre depuis la paix & ont émerveillé lesAnglois au point de s'en attirer des éloges dans leurs papiers. publiés, lefquels ont été répétés dans le mercure qui les a recueillis ayidémcnt. De Ui la chanfon fuivante oü ces danres font affez bien peihtes.. 11 eft mallieureux que le refrein qui pouvoit. être. piquant ne foit qua flat, ou ordurier.. Cbalon fdduit par fon ton Et par fon allure : Sa taille & fon pied mignon Au cceur font blciïlire. L'Anglois qui s'y connolt bien,. Voyant fon joli-maintien,,, L'a mife au mercure O gué , L'a mife au mercure. B'Andlau par fon agrément, Et non fa- parure', ? Au coeur de plus d'un amant: Fait dgratignure.. L'Anglois très-publiquement. L'avouant ingéniunent, L'a mife au mercure O gué, L'a nüfe au. mercure j..  C 59 ) Cbigny,. par fon air ftipon,' Sans nulle lecture Fade comme un Ciceron, Plat: par la nature. L'Anglois en confomption,Tout en admiratiön, L'a mife au mercure, O gué, L'a mife au mercure.- Belles qui voyagcrez, Prenez le mercure $ Et certes vous y lircz La preuye tres-fiire Qu'on plait généralement Qiiand on fait utilement Se mettre au mercure O gué, Se mettic au mercure. i'3' JuWet 1783. M. de Fer, ancien cnp;taine d'artilleric, de 1'académie de Dijon, continue a faire parlcr de lui & a entretenir le public de fes grands projets. Le mémoire qu'il lut le feize mars demitr i 1'académie des fciences fur la poffibilité de conduite la Loire & la riviere d'Eure a Verfailles & de fubftituer a la Seine un canal de navigation depuis Paris jufqu'a Roucn , canal qui paffcroit par Verfailles, & rendroit cette ville une des-plus floriffintes du monde, ayant excitó la curiofité des membres-de cette compiv C <5>  C 60 ) gnie, ou plutót n'ayant pu vaincre leur incrédulité, il revient fur eet objet & écrit une lettre a M. de la Lande pour miëux développer fes idéés & dont le réfuitat eft que 1'exécutioade ce projet dans fa manière ne reviendroit pask douze millions. Du refte, M. de Fër pré.'end qu'on ne pourra jamais établir un fyftême général de navigation dans 1'intérieur du royaume, qu'en fubftituant des canaux a toutes les rivieres dont lecours elt rapide. Jl perlilTe. a reflreindre a un raillion la dépen fe du projet de 1'Yvette, eflimée par Mesfieurs Perrenet & de Chezy a buit millions; éc il ajoute qu'en faifant ufage de fes moyens on peut économifer plus de dix miifions fur la; conflruction du grand canal de Bourgogne. 14 Juillet 1783. Comme le Profpectus desmémoires fur la, vie du Sieur de Beaumarchais H.'eft que gravé, qu'il en a été tiré feulement me petite quantité d'exemplaires que lecomte de Lauraguaïs a envoyés a fes amisqu'il ne s'en vend point y, il eft fort rare, & les amateurs 1'ont fait copier. En voicf les principaux articles. De eet ouvrage divifé en quatre volumes, le premier contiendra v>. une notice fur fa familie; 20. quelques anecdotes fur les resfources qu'il comptoit tirer de la force de fon corps, de fon adreiTe a efcatnoter, lorfque foa  C 6ï ) .pere le chaffii de lamaifon patenielle; 30. plufieurs détails fur 1'induftrie qui le fit exifter jusqu'a 1'époque du marché qui lui fait acheter k rentes viageres la charge1 de contróleur de la bouche du Roi, du Sieur Franquet, dont il n'a jamais payé un fol par la mort tiès-prompte du vendeur ; comme quoi il époufa Ia veuve qui lui fit une donation de tous fes biens, qui mourut peu de tems après aufli , & comme quoi il commenca fii fortune avec ces dépouilles ; 4°. 1'hiftorique de fes intrigues a Ver' feilles, qui finirent par 1'en faire chafieravec ordr.e de vendre fe charge. On trouvera d^nsle fecond, ï°.Thiftoriquedu voyage de Beaumarchais en Efpagne, & la véritable aveuturc de Clavico; 20. uiv recueil de fes lettres qui jettera un grand jour fur fes talens, fur fon earactere & fur la mort de fa feconde femme, Mad. PEvêque. Le troifieme contiendra. iq. des dftails curieux fur fa liaifon avec le feu prince de Conti; a°. un précis de fes ouvrnges; 30. plufieurs faits finguliers fur 1'origine Je fon procés coatte Goesman; 40. des- oopies des premières épreuves de plufieurs moreeauxécrits par Beaumarchais dans fon fecond & troifieme mémoire totaleaient changés par diiférentes perfcunes; 50. anecdote fur la facheufe rencontre de Beaumarchais chez avec M. Damourier, qui le menaca de coups de. b&ton s'ii ne lui rendo.it pas fix louis qu'il avoit prétés a fa fèur, qu'il C 7  eélébroit & Iaiïïbit mourir de faim; 6°. Beati^ ffiarchafs ruïné , MiAé & mené en Angleterre ypar qui, pour quoi, ce qu'il y fait, en attendant qu'il joue le róte que les circonfïanees hul préparoient déja; 70. fes projets fur le perfonnage alors connu fous le nom du chcvaüer d'Eon- 80. Le chevalier d'Eon fe moque de Beaumarchais. 90. Anecdote fur un coffre dc fer que Beaumarchais porte a Verfailles. io°~ Son hiltoire avec M'orande & fragment d'un; incroyable mémoire qu'il envoya de Londres a-M. de la Borde fur les fervices eficntiels qu'il' avoit rendus a Madame Dubarri. 110. Détails très-curieux fur les raifons qui lui font concevoir le projet d'aller a Viennc L'impératrice Fy fait mettre au cachot jufqu'a fon retour a Paris. Anecdote fur fon prétendu aflaslinat. Si 1'on avoit pu accu fer juftement Beaumarchais de la moinc're indiferction fur ce voyage , il auroit dü craindre Bicêtre pour jamais ; s-'il avoit gardé le fecret fur leqüel oncomptoit, il perdoit le fruit qu'ilfe promettoit de la célébrité de Paventure. Comment trahir ce fecret fans être puni pour 1'avoir révélé. 11 fe donne quelques coups de rafoir , prétend avoir été afi'afllné , & de la il feut bien apprendre que fans une boëte d'or qu'il portoit a fon col, paree qu'elle renfermoit une lettre pour Pimpératrice, il eüt été poignafdé. Rapport •de eette fourbea 1'exil deM.... &de M.leD....  C <5'I ) ' rao. II retourne en Angleterre, oü la fataTité des circonfïanees force M. le comte de Vergennes de le rendre Fagent d'un grand evenement, paree que M. le comte de Maurepas ne veut pas avoir Fair d'y prendrc part.. 13°. Vé* rïtable époque de Ia fortune qu'il acquiert en devenant 1'ufurier de la Frauce & dc PAriiérique. Anecdote fur fes premiers armemens,. fur fon miftérieux voyage au Flavre oü il ne fait cependant pas moins afficher qu'il y étoit, & fur Fordre d'arrêter M. Du Coudray. 140. Fragmens de fa correfpondance avec le congres.. 150. Details fur fes fpéculations de. commerce. II porte fon avidité pour Fargcnt jusqu'a 1'inpudcnce de redemander au nom dueongrès- 1'argent que le congres avoit fait remettre aux officiers francois qui devoient. pasfèr en Amérique. Réponfé accablante de AL 'Franklin fur la réclamation de M.. de Ribótïrde!Fj: 16°. Anecdote fur ce qui détermine Beaumarchais a faire fon manifefïe contre Milörd' Stormonr. 170. Incroyable motif qui engage M. le Comte de Maurepas a fe con enter de -fupprimer par un arrct du confei! le barbare, galïmathias de ce rrranifëfte dans lequel Beau'marcha.s avoit po: té ceoendant 1'infblence & Tignorance au point d'infulter, par un fait faux& fuppofé vrai, la mémpire du feu roi & fonminiftcre. Le quatrieme volume fera ennfacré au réfurtré «es trois autres, d'oünaitlacomparaifbn qu'on'  (64) établit entre Beaumarchais , MlIc. d'Eon, & M. de Parades , afin dc pouvoir comprendre les revers de IVF11-'. d'Eon, ladisgrace deM. de Parades & la fortune de Beaumarchais. L'on verra que les plus grsjjdes quaütés-, les-pro Jigieux talens-, le mérite trés-rare qui rendirent Mlle. d'Eon un perfonnage fi extraordinaire, & qui dennerent néceflairement une influence Bio.ncntanée fi dom'nante & M. de Paradès, les deflinoientégalementa devenir import^ns & malheureux. ïout ccla s'explique en faif'ant comprendre pourquoi les gens hounêtes, mais foibles, ont peur de Tartuffc, & pcurquoi les fots & les flippus aiment ks fourbcries de Scapin. Cette éaition paroitra fous les féréniflimes auspices du prince de Nauaa , auquel on en a fait Phommage dans une épitre cê licatoire, dans laquelle cependanti les arais les plus distiiigués de Bcarmarchais partagent avec le prince, la gloire de protéger fes palts talens, fes grands vicfis & les fpécularions politiqucs & mercanti'es du Sieur Caron de Beaumarchais. 14 -Juilkt 1783. Extrait d'une lettre de Bordeaux du. 8 juil.'et La fermentation, quoique rafliffe en apparence, pouroit fe rallunier aifémeut, & s'eft en effet rallumée depuis peu. Aun combat detaurcau, fpechcle qu'on nous donne ici de tems en tems,- un jeune homme ne trauvant point de place, s'en alloit & vou-  ïoit ra voir fon argent qu'on refufbit de lui rendre. Pendant la conteftationpafieM. r/e Maffif, tin des deuxjurats gentils-hommes, celui, deja hué par les mécontens, qui a porté plainte au parlement & dans paffaire duquel on informe. ïl ordónne au jeune hoinnie de ne point infifter & d'avanccr. Le plaignant i'mftruit du motif qui 1'oblige de fortir; M. de Mafiifle maltraité deparolcs, Pappelle petk foutriquet. Le jeune hcm.nc lui ré pond que c'eft lui qui eft un grand J.F.depuisks pieds jusqu'a la töte. Lejuratordomie aux gardes d'arrcter eet kfoler.t; aPInftant une foule cle jeuncs gens piéfens livrent le paffiige a leur camarade"& font pleuvoir fur M. de Maffif & fa cohorte une gréle de cailloux qui les difperfe. Par un hazard fingulier un de ces cailloux eft tombé lurlacroixdeSaiiit-Lotas du jtirat & Ia lui a bri.'ée.ril a été obligé de feretirer tout hontcux, & va fans do'ute joindre cette nouvelle plainte <\ Ia première. 14 Juilkt 1783. Un nouveau pamphlet fait , beaucoup de bruit au palais; c'eft unt Reguéie è-TIiéims. Onneparle encore que du titre. 15 JuilJet 17S3. Ce n'eft point a Favocat même de M„ de Sainte Foi, mais c'eft a 1'iöiprimeur qu'il eft venii un orcre de M. Camt/s de JSUville, comme chef de la librairie, défendant de rien imprimer dans cette afiaire jusqa'i ce que la défenfe fut levée. Les Avocats s'étant alfemblés lé dix juillet» M. le batonnier a été chargé de la part de Portie de fe retirer par de vers M. k garde des  ( 66) fceaux, & de fe plaindre d'une ddfenfe qui aL taquoitla Iibertd des fonctions de i'ordrc. M. de MiromesniU -très-bien accueilli' Ie batonnier; il lui a dit eombien il eflimoit 1'urdre dont il fe faifoit gioire d'être membre lui-même; eombien il dtoit pdndtré dc !a noblefle, de l'utilité, de la ndceffité defes fonciions; que • rintention du roi n'dtoit nuüement de les tronbler, ou gêner en rien; mais que comme Taffaire dont il s'agifToït pouvoit intdrellër le 1c•eretderadminiilTationintérieure de la maiibn du comte d'Artois , il étoit eUcntiel que Poratebr apportat beaucoup de rdferve & de circonfpection dans ce qu'il éerivoit. En confequénce, le garde des fceaux eft convenu qu'on s'en rapporteroit a M.. le premier préfïdent, qui favoit la-deffus les intentions de la cour. On eft alle' au premier préfïdent, qui a rêpondu n'avoir pas voulu fe charger de 1'examen de ce mdmoire & des autres qui devoient paroïtre dans Paffaire, & qu'il fuffiroit que M batonnier le fit. Celui-ci cloit rendre après-demain a 1'ordre aftemblé compte de fa miffion. i'5 Juilkt 1783. M. le duc d'-Oriéans, Wê. truit du crime du dó&eïïf BarMs~, l'a menacd de je cbailer, fc*il n'arrangcoit 1'affaire, enfertequ'il a donrrd beaucoup d'argcnt. On raconte que ce vieillard impudique a chez lui un fauteuil a leflbrts oü il fait affjoir les perfonnes. dont il veut abufer; bu'a faaüith  C 07 ) on'fè trouve pris & dans 1'attittidc fa plüsfavörable pour qu'il puiffc fans effort affq'ftwr fa brutalité. 15 juiïïet 1783. Quelques gcns, qui difent •avoir lu la Requéte a Thé mis, affurent qu'elle roule principalement fur les fripohnerics des procureurs, friponneries tolérées en partie par Mefiïeurs les grands-chambrjers, qui ontbefom d'eux a leur tour , pour commettre fans réclaxnation leurs extorfi-ons. 16 Jv.ilkt 1783. „ Quatrc eens juriscon„ killes, qui du moins en portent tous 1c nom, „ Itgmè contre la marquife de Faióry, même „ avant d'avoir connu fa caufe; qui ont mieux „ aimé troubkr, par leurs cris tumultucux, le fenctuaire de la jufrice , que. d'attendre en filence fes orades; qui crofcnt la gloire de •« Jeur ordre intércflee pkitót-a déguifcr les fhu„ tes avcrces d'un confrère, qa'Ue punir;qm 'Ü ( -n *töêgé les magifirats, feit retentir de leurs „ injuitcs dédamatious les lieux publics, les „ cercles, les tribunaux , les cabinets des fiï„ ges; parat lesq.iels aucun , dans cette ligue „ rcdoutable, n'eft aflez cou-ageux pourpren» dre cn mm la défenlc publique d'une caufc „ dont pkfieurs dans ïes converfatiöns parti'»> culierts, ■ & quelqués-uns par écrlt, ont re„ cornu Ia juflice. Telk eft la pofkion de h „ marquife. 6 - • Tel c(l Ie paragraphe du mémoire altribué a I'r.bbé Royott,. qui a-fcaudalifé 1'ordre. 11 re-  ( 6*) proche a Me. Matiltrot d'y avoir mis fa corv fultation & de 1'avoir adopté, fpöcialement par pette phrafe. „ Tel eft le fpcéhcle qu'ofTrena „ public la caufe de Me. Courtin, fon fyfléme „ eft cependant foutenu par une foule de jurisyy confultes. La Marquife de Falory ne peut „ au contraire avoir de défenfeur, & elle eft „ réduite a fe faire nomtr.er un Avocat par ar„ ret. O Tempora! 6 mores! C'eft Me- Babile qui a cru devoir faire k dénonciation; mais comme 1'accufé ne femble pas dispofé a répondre, qu'il eft vieux &infirme, on croit qu'on nc donnera pas de fuite a TaiTaire. 16 Juillet 1783.. Tl paroit des Obfervations fur la relation que Me. Linguet a donnée dc fa détention a la Baflille. Comme eet ouvrage fe vend publiquement, on ne doute pas que 1'auteur n'ait dcrit fous 1'influence du miuiftere. i6' Juillet 178:» II paroit ddciddment que les membres de la nouvelle adminiftration desqumze-vingts, ent eu des lettres de cachet qui leur ordonnent d'accepter les fonftions dont \\s font chargés, & qu'en conféquence, après avoir fa't leurs proteftations, ils doivent obcir. 17 Juillet 1783. La commifiion des réguliers , lorsqu'elle a cru 1'ubjer de fa création rempli, & qu'elle a demandé ou paru demander fa fupreffion , a attefté a Sa Majefté- qu e par 1'eiTet de fa furveillance, les congrdgations religieufes avoient un corps de conftitutionSj Ha-  tists & régiemens f ddigés avec clartd & prdciilon, & revêtusdel'autorifation népeflaire par le concours des deux puiffances ; que par ce moven il étoit factie aux fupdrieurs d'y maintenir 1'ordre & la discipline, d'éviter par une exaéle obrervation des regies tout ce qui pourroit introduire le relachement, & de rendre les ordres reügieux de plus en plus utiles. Tels font les complimens que fe faifoient faire les prélats réformateurs, dans 1'arrêt du coufeildu dix-neuf mars 1780, qui les fnprime. Cependant il paroit aujourd'hui un arrêt du confeil en date du vhigt-un juin 1783, pour la eonvocation d'un chapitre extraordinaire de la congrégation de Saint Maur, a Saint-Denis , auquel doivent préfider les archevêquesdeNarbonne & de Bordeaux, fous prdtexte de décider les conttftations qui agitent cette congrégatiun & d'y rétablir 1'ordre & 1'harmonie. C'eft je mardi neuf feptembre que doit s'ouvrir 1'as^emolée. Cet arrêt du confeil a alarme* k congrég*. tion ; fon fupdrieur gdndral & les alliftans ont en conféquence prdfenté au roi de très-humbles & très-refpedtueufes repréfentations, qu'on dit bien faites, vraiment dnergiques & dont le rapport doit être faic ihceffamment au confeil des dépêches. 17 Juillet 1783. On parle d'un nouvel ouvrage très-piquant par fon titre, Ja Chronique fcandaleufe, II eft a craindre malbeureufenaent  I 70 .) qu'il n'y ait que cela de bon, furtout s'il fort» comme on Paffure, d'un cafi'é du Mm Royal nommé le Caveau , réceptacle de beaucoup d'oififs, de libertins,de gens qui, concentrés en ce lieu, ne voient point affez dc monde pour faire la récolte néceflaire a la formation d'unpareil recueil. tt Juillet 1783. La congrégation dcSaintMaur tient tous les ans au mois de maHme. diete pour la manutcntion de 1'ordre & de la discipline réguliere; cette aflemblée, par fa nature, eft peu propre a intérelfer 1'état. Quelle a donc été la confternation de la congrégauonlorsqu'on lui a intimé la défcnfe de tcnir celle. qui devoit avoir lieu au mois demai dernier? Pres que dans ce tems il a été rcpandu avec aiïectation dans Paris & dans les mailbus de la eongrégation un brcf du pape daté. du vingttrois avril 1783, oü 1'on voyoit que deux prélats, qui avoieut été membres de la cornrmsfion'des réguliers, s'étoient fait donner a Home, fous le nom du roi, imc commiffion pour couvoquer, hors le tems marqué par les conffitutions des bénédiclins, & fous telle ferme qu'ils jugeroient convenable, un cbapitre général dc la conga'gation; que cette commiffion oui devoit durer deux ans, leurconféroit les plusamples pouvoirs pour interpréter, ou réformer les loix de 1'ordre, pour décerner tous les. décrets qu'ils croiroient convenablcs, tant au temperel qu'au fpirituel, pour llatuer fur la validité.  C 7i ) des actes & -décrets du chaoitre général de 17815 pour dépofer les fupérieurs majeurs, 6c les faire remplacer par deséleéïiohs qurauröignt la même force que fi elles étoient 1'ouvrage du cliapitre ordinaire, qui doit fe teniren 1784. Le bref impolbit, du refle, a tous les m;!ii. bres de la congrégation, aux fupérieurs , comme aux fimples religieux, 1'obligation étroite de la plus entiere obéiffance, fous des peines trésgraves. Le feul prétexte de ces étonnantes dispofitions étoit de pacifier les troubles & les conti fhtions dont on fuppofoit Ia congrégation agitée & déchirée , a 1'occafion de 1'aflemblée provinciale de Normandie qui avoit précédé le chapitre général de 1781. La congrégation, par la réunion dc ces deux coups d'autorité, a faeilement concu la raifou de la fuspenfion deladietc, & le despotisme des prélats commifiaires qui vouloient réfervcr a raffemblée tenue fous leur influcncc, toutcs les opérations qui étoient du reffqit de la dicte. ' Cependant la congrégation fe raffuroit en cc que lebref du pape n'ctant point epregifiré, ne pouvoit avoir de force dans le royaume, &quc la jurisdiction attribuée par ce rescrit aux prélats commiffaires, tomboit avec lui. En efïet, ceux-ci ont renoncé a en faire ufage par 1'impoffibilité fans doute qu'ils ont trouvé de faire recevoir le décret dans les tribunaux; mais üins fe départir de leur plan de domination, ils  C70 ont furpris a la rcligion du roi 1'arrêt du confeil qui fait aujourd'hui Pobjct de lardclamation des reiïgreüx» 18 Juillet 17B3. La France vient dc faire un recrue de vingt-quatre carmelites autrichiennes provcnant des c juvens ddtruits par Fempereur. Ces religieufes ne voulant pas abfolument fe fouftraire a 1'empire de leur regie,out demandé è leur fouverain la libertd d'aller la renrplir hors de fes dtats, cc elies 1'ont obtenue. Ces bonnes blies font fous la conduite d'un carme, d'un pretre fdculier, & du pere de 1'une d'elles. II y en a quelques-unes uobles, qui doivent aller & Saint-Denis; le furplus fe rdpandra dans les convens de Paris. 19 Juillet 1783. Les irès-humbles & tres' refpecrueufes Repréfentations du fupèrieur gé' néral de h congrégation de Saint - Maar & de Ces deux ajftftans adreffdes au roi,, ont dtd motivdes en efïet par la lïgnification qui leur a été faite le vingt-trois juin, de 1'arrêt du confeil du vingt - un. Leur objet eft de ddmontrer la furprife faite a Sa Majeftd & de ddvelopper le plan despotique des pfélats cormniflaires qui Pont diclé pour fupplder au bref dont ils ne pouvoient faire ufage. Les auteurs des repréfentations diffequent eet arrêt avecautant de fagacité que de force, & dans fon prdambule & dans fes dispofitions. ils en font voir & 1'inutilité & le danger. Du  C 73 3 t)u refte, ils rappellent h Sa Majefté Te$ marqués de bonté & dc pro'xftion q.i'eüe même & fes auguftes prédécefTeurs ont données k Ia congrégation de Saint-Maure. Pour lui faire voir qu'elle n'cn eft pas plus indign^ quYiparavant , ils remettent fous fes ycux d'une part, les travaux immenfes auxquels ei'ic s'eft livrée pour l'ég!ïfe& pour Pétat dans le tems du cal'me o'i elle vivoit en fècqritó lüus 1'empire de fes lóix, & de fautrèlcs vioJentcs &continueljesfecouucs qu'elleaéprouvées depurs r j65. On lui a Fait tenir des aslemhlées extraordinaires; il y a eu des con> fMlures dan? prcfque tous fes chapitres; on Ja obligée de rédiger en r69 un nouveau corps de con'ftitütiöns , fous la direclion de ces commilTaires, & elle s'eft foumife k tous Jes changemens qu'ils ont exigés. La commilPion elle même a rendu juftice k Pétat de revivifi.-ation oü 1'ordre fe trouvoit, a la pu. ret-', a la vig ieur, a la ftabilité de fon ré^ïme. Qjelle inquiétude peut-on tout-a-coup concevoir de la fuffifance defesloix? Pourquoi, par une a'iTemblée vraiment extraordi. n.ire, expofer Ja congrégation a des dépènfes & a des agitations qui la vexent & qui la troublent ? Quel befoin peut-elle avoir de nou» veaux régiemens, dc nouvelles ordonnances ■ pour fon adminiftration& fon gouvernement^ Une funelte expérience n'a qüe troo appris les maux qü'entrafnent ces révoliitions éi ces  C74) mouvemens inattendus. Les bons rel'gieux s'alarmènt & fe déeöuragent, les foibles fe dégofltent dun état qu'ils croienc fans ccffe compromis & incertain ; les autre* ne font que s'affermir dans Pétat d'indépendance & de rclaehement. Ceft par cette pérorai'bn vigoureufe &jiathétique qu'eft termin'ée la requête vraiment digne de la favante congrégation au nom de laqüelle elle eft préfentée. 19 Juillet 1-783'. Depuis longtems on fe plaint que Paris, malgré tantdenouveauxbatimens propres a 1'embellir , ne fera jamais tel qu'il pourroit être, faute d'un plan fLe & regulier. On fe plaint furtout d'.i dófaut des rues, la plupart trop étranglées, & des maifons dont la hauteur n'étatit point régléc, n'avoit de mefure que la cupidité des propne- ' taires. De la un défa.,t dc circulation d'air tvcs-funefte dan* une ville auffi peupléè & aufli mal pronre. Une Déclaratiöy du ,-w'donnée a Vèïfaïiés le dix aVril 17835 règiftréè en parlement le huit de ce mois, concemant les aiignètnéiis Q? ouvertures des mes de cette capitale, a pour objet de remédier a ces inconvéniens. 1°. 11 ne pöürra plu's fitre ouvert,fousquelque pretexte que ce foit, aucune iue nou-, veile qu'en vertu de léttres-patcntes. 2'5. Ces mes ncuvellës ne pouiiont avoii moins de uente pieds de largeur. 1  C 75 ) 30. A 1'égard de celles qui exiflent & qui ont moins de f ren te pieds , elles feront élargies fuceeffivement & a meiure des rcconstructions. 4"- 11 icra dëpofé au greffe tant du parlement que du bureau des finances, les plans généraux de toutes les nies de Paris , & ceux particuliers des réconftruc~tions projetées. 5°. Les propriétaires des maifons ou murs ,de elöture fitués fur les rucs, contribueront aux frais desdits plans au prorata de la quah1 tité des toifes dont ils font propriétaires, fa, voir de cinq fols par toife pour les maifons; trois fols pour les muts de clöture, & lamoitié fculement pour ceux des plans déja form'és & dépofés & qui feront feulement recollés. Les établiffemcns pubücs & les propriétés des hópitaux font'exceptés de cette ta>:e. 6. La hauteur des maifons fjxée paria même déclaration, eft pour les rues de trente pieds de largeur & au deflus afoixante pieds, lorfpae les conrh-uelions feront faites en pierres & moëllonsj&aquarante-huitpieds, lorsquelies feront en bois. Dans les rues depris vingt-quatre jufqne &compris vingt-neuf pieds de largeur, la hauteur des maifons fera de quarante-huit pieds , & dans tortes les autres rues de trente-lix pieds feulement, y compris les manfardes, attiques & autres construétions au deffus de Pentablement. Toutes D 2  C 76 ) faillLes , foit en maconnerle , foit en charpente, font égaiement fupprimées, le tout i peine d'une amende défignée- 20 Jiiiliet 178?. M. Patras , 1'auteur du Fou raifonnable, q n a eu tant de fuccès aux variétés smufantes & étoit digne d'un plus noble thèatre, va s'effaycr au théatre italicn par une piece ayantpour titre VHeureufe Erreur , comédie en un acte & en profe qu'on doit jouer apres- demain ; ceux qui ont vu les répétitions, aflurent que 1'auteur n'y dément pas les efpérances qu'il avoit fait concevoir, & que le fuet de la piece, fous un titre modefle & commun, eft vraiment piquant & neuf. 20 Juillet 1783. U embargo mis fur les mémoires qui devoient p rrvtre dans 1'affaïre de M. de Sainte-Foi, dont le rapportn'cft pas encore commencé , mais aura certainement lieu mardi prochain, n'a abjuti k rien & eft levé. Le Sieur le Bel eft allé a Verfailles pour fe plaindre fur la fufpenfion que le fien éprouvoit, & a fi fort «ié qu'il a eu la libèrté de le publier. 11 y a deschofes tresfortes contre M. de Sainte-Foi, des paragraphes parfaitement bien frappés. Le refte eft hériffé de calcüls néceffaireó a 1'inftruétion, mais fort ennuyeux. M-. froncon du Coudray, qui a égaiement peiimiffion de diftribüer fa feconde partie,  C 77 3 dïffeïe vraifemblablement pour répondre au mémoire dc* le Bel, 21 Juillet i'jSs'. Aprés avoir lu les trois nouveaux volumes de rÈfpïon Jnglois qut eommencent a percer , on cfï bien raffurc contre la crafhce que la continuation ne fut pas de 1'auteur des premiers. On y recrouve la même maniere ab olument. Comme i:s rpulent fur les é vcnemens de 1'année 1777, tems 01 la rtipture avec la cour de Londres s'appro-choit, ils deviennent trescui'ieux lur eet objec, & 1'on y lit trois ou: quatre lettres introduétives a Fhiftoire de la guerre; qui' Jifpïrent une grande cnvie de vólr F'écrivain en traiter la fuite par une foule de details fur la marine qui ne fe trouvent mille part aïlleürs. 11 efc a remarquér que nous fommes trés pauvres en cette partie , & qu'a commencer par les mémoires óeBugtié-Trouii7,ü mtëïeffdüs pour le fonda & fi ennuyeux pour la forme, on ne peut lire qu'avec le plus grand dégout tout ce qui eft écrit fur cette matiere. 22 Juillet 17C3; Mad. Billloni, dont off a annoncé la perte, mérite une noticc plus d'étaillée. Elle étoit née a Nanci en 1751 de danfeurs de corde , & avoit pour pere celui du fameux Placide & la Dlle. Spinacv.ta , dont le nom n'eft pas moins renommé dans ce genre dé talent. Confiée air Sieur Ferouèze pere, par fes parens obligós D 3  C 73 ) de voyager fans cefle, elle montra pour te danre &.pour la mufique vocale des difpo'itions fi décidées qu'il lui donna des rmitres a Page de quatre air. Depuis huic ans jufqu'a douze la jeune Busfa, c'ctoit fon nom de familie, fe diftingua comme danfeufe au théatre icalien , & elle exécuxa un pas de deux pour ie fervice de la cour avec M1!e. Guimqrd. A 1'age de douze ans elle joua & chahtales premiers röles a Eruxelles & étoit égaiement la première danfeufe au fpectacle de cette ville. Après fon mariage avec le Sieur BUllon, dit Billioni, anüen maitre des ballets dc f'opéra comique & de la comédie italienne,. elie revint a Paris en 1767 & y débuta dans 1'emploi des amoureufes italiennes: alorsclle renon§a tGtalcment a la danfe. Elle doubfa bientöt les premières chanteufes du théatre italien devenu plus intéreffant par les fuc.es de fes opéra comiques du grand genre. La voix de Mad. Billioni ne parut point ■jndigne du concert fpirituel, ce théitre tj rédoutable aux débutantes , & el e y chactas comtne cantatrice italienne pendant ia quinzaine de 1771. Elle étoit excellente muficienne; elleimisfoit a la jufteffe & a la fineffe dans la voix beaucoup de précifion & d'adreffe dans le ehantj & dans le jeu de fes différeus röles  r 79) fine grande intelligence de Ia fcene. Elle avoit pn d'autant mieux développer routes ces quaüt.'s, qu'elle étoit trcs-bicn lërvie par fa mémoire excellente. Elle s'écoit attachée au Sieur Clairval, & cette pafiion Fa précipitce au tombeau: fon extréme fenfibiPcé Ia faifoit veiiler avec Ie plus grand foin, avec Finquictude Ia plusvive fur ccc amant très-dérangé & très-in.fidele. 11 étoit joueur; il paffoit fouvent la nuitdans les tripots, & Fon la voyoit a Ia portc gretter dans une voiture Ie moment oh il fortiroit. Sa foible fanté n'a pu rêfider k de? épreuyes auffi mukipliées & auffi propres a la dé rangen 22 Juillet 1783. C'efl: fur la déclaration faite par le batonnier au premier préfident, au procureur général & enfuitc a i\'I. le garde des fceaus j Qu'il ne pcuvcit ni ne devoit fe charger d'ctre le cenfcur de fes confrères , de fes cgaux , n'ayant jamais étó foumis a cette fbrmalité ; qu'a été fevée'Ia défenfe qui em; èchoic d'imprimer ou publier les mémoires dans Paffaire de Sainte-Foi , qui nauroient pas été approuvés par le premier préfident & M. le procureur général. En conféquence, outre celui de le Bel, o;i ea a de Pyron, de Nogaret, &e. &c. Comme le premier , c'eft-a-dire celui du Sieur le Bel contient des paragraphes vioiens contre M. de Sainte Foi , JV1'. Trongon D 4  du Coudray , avaht de diftribuer la feconde* partie de la juftification de ce cliënt, av irlu y joindre une réponfe a fon 'adverfaire. 03 Juillet 1783. Les partifa'ns de M. Ra-, dix de Sainte-Foi , qui ne laiflent pas nuè d'être en grand nombre, font trés fcandalffés d'un paragraphc du nouveau mémoire du Sieur le Bel, oü 1'on le peint ainfi : ,, Le Sieur de Sainte-Foi doit la forte de réc-lamation afl'ez vive qui s'eft formée de„ pu's quelque tems en fa faveur aux amis „ de cour qu'il s'eft faits par les bienfai s d i prince, amis affidus autour des puiffanccs pour parer les ccups, & ardens a follkiter des déclarations aux gens de bonne compagnie qui- ont rècu des politeffes de lui & qui font fiches d'avoir une maifon de " moins, a tous les ordres de fociété, a la " cour & a ia ville, enchnï;:^ par lui dans un „, cercle varié de fê-es & de plaifirs, animus. M for-tout par la réunion & la liberté des „ deux fexes. „ De la ces maffes de crédit & dc cönf?dération dont la réunion impo'ante forme 3] un colofïe de proteétion ik de faveur On fait que cc mémoire , qui n'eft figné que de le Bel & de fon procureur, eft Fouvrase de plufieurs avocats , entre autres de Xvle. Blondé. 23 Juillet 1783. On attcndoit trois nouveaux volumes de la faite du Tableau de Paris  C ft ) f/i promis par fon auteur, M. Mercier. Ils onr rardé beaucoup a paroitre; mais les amateurs* de Po tvrage en font dédommagés paruneplus: grsnde abondance , pufque les colporteurs dfftribueht aujourd'hui quatre volumes- au'lieu de trois , fécondité rare- & digne du peintre. Ce livrei d'abord prohibé, fe vend publiquement aujourd'hui. A la fin de 1'óuvrage, M. Mercier place une note par laquelle il annonce qu'il travaille aiifip a féconder fon réve de Pan deux mille-: ckué- eens■quanmte, & qu'il fera fi bien que d'un volume il le portera a trois. Ebfiite, pour prendre congé de Iacompa»gnie, ü terminêra par un dernier ouvrage trèsénergiq-.se, & qu'il appeile fon Bonnel de nuir. 23 Juillet 1 83. Le gouc des ealembours gagne même nos princes les plus graves, & 1'on en rapporte un du duc d'Orléans a Poccafion du Duc de Chartres, Ion fils. On fait qu'il n'a jamais approuvé la cupidité fordide qu on reproche a cehii-ci, & dont il p"roit que'cette altelTs calculante fera punie; car on veut qu'elle n'ait pas* encore a beaucoup prés trouvé les fou'criptj&hs qu'elle defirois pour fes nouveaux bfitimens^ C'eft a .ette occafion u'on fait parler fon aug >fte pere. .. Je ne ais pas, dit-il, d'oi vient 1 acharnement du public contre mon fils, j'y vois de D 5  (*) plus pres que les autres, & je puis allures que tout ejl a louer chez lui. 24. Juillet 17G3. La piece de M. Patras, jouée hier, a n'pondu k la bonne opinion fü'ea avoient donné fes partifans, & l'Heureufe Erreur a été fort accueillie. 24. Juillet 1783. Mémoire pour le Sieur de Sainte-Foi, ancien furintendant de M. le comte d'Artois : contre. M. le procureur général; feconde partie; faits'étrangers au procè\ 11 eft précédé d'une twte, oü M^.Trongow du Coudray parledu nouveau memoire du Sieur le Bel, qu'il traite de fougucux accufateur. II annonce qu'il a cru devoirenreleverlesécarts & les mdifcrétions dans un appendix intitulé le Sieur le Bel dévoilé, ou Plan de la défenfe e:i ce qui concerne le Sieur de Saint e-Fol. Ce Biorceau eft précieux , paree qu'il y eft question d'un trait ancien affez femblable a 1'affaire de M. de Sainte-Foi, & qu'il donne lieu ,a une difcuffion hiftorique vrainient incéresfente. Du refte , Je mémoire eft enrichi de ta* bleaux qui fervent a jeter un grand jour fi r 1'adminiftration des finances de M. le comte d'Artois & fur la feuation de fes allaires,. Le tout eft termiué par une coniultation; en dix lignes en date du dix-neui ju liet, ou les mêmes junsconfultes qui fe lont déja oc. capes de la défenfe de NL de Sainte-Foi Ie  C 83 ) déclarent non-feulement innocent, mais ifréproch'able. 24 Juillet 1783. Extrait d'une lettre de Verfailles du vingt juillet. . . . Les grandes cha'eurs qu'il a fait & qu'il fait encore, ont mis a la mode ici uu divertifiëment fort innocent , fort tranquile & par la trèsconvenablc a l'inaclion oü nous réduit Ia faifon; c'eft Ia pêche k la ligne. C'eft un fpeétacle charmant de voir au coucher du foleil Ia reine, Madame, Madame la comteffe d'Artois, Madame Eiifapetk, touce la familie royale & des groupes de dames de leur fuite, Je long du canal & a 1'entour de Ia piece d'eau des Suiflcs dans cette attitude. Ce genre de plaifir a faic fortirde fon obscurité un poëme qu'on ne connoiflbit gucre, C'eft celui de l'Agriculture dddié au roi par M. le pr.'fident de Rojfet: il en a donné une icconde partie qui contient tro:s nouveaux chants. Le premier a pour objet, lesplan, tes & le potager; le fecond , les étangs les viviers; 1c troifieme, les bofquets & les jardins chhwis & anglois. II y a dans la feconde une defcription de Ia pêche a la ligne que tout le monde veut avoir ; car vous favez que les bourgeois fingent toujours lesgrands. Ce morceau au furplus n'eft pas mal fait. D <5  08* ) Surun riant gazon aflïs prés dn rivage, Vous ferez de Ia ligne un agtéable ulage'. Dans 1'onde elle eft jeteie; auiïitót 1'hameconPrélente un mets trompeur au crédule poiflbn.. Gardez un long fiience & que 1'appat peifide Invite le poiffon aflamé,.mais timide; Toujours.faifi. de peur, feniible au moindre bruit, II écoute,, il s'arrêee, il fe mdfie, il fult.... 25 JuUkt 17S3. Le fuccès de rHeui Errmr s-efb foutenu aujourd'hui a la Pconderepréfentatio ,& la piece mérite en effét qu'on; •en-donne une notiée d. taillée. En voici ie ilije'. Une veuve trés aimable, ayant pris les? hommes en averfión, & ne voulant plusavofr aacune üaifon avec eux , s'eft retirée dans une de fts terr.es ou elle a formé le projetridi ue de ne recevoir que des femmes. Une de fes voifines, nomm.e Sophté, oui, malgréce travers defire, pour les qi alités | récièufes u'clle a d'ailleurs, lui faire é oufer fon frere, jeune homme entré depuis pon. dans ]e monde, cherc' e ad'ir.trrtduire aupr.sd'elle, & y réul' t par le moyen d' ne emme de chambre. Geile ci perft.ade a fa mairresfe,-^.ie ie jeune homme qu'on va lui pré en* ter, eft une femme déguif e, qui.. en feigmmt de 1'aimer,, ne veut que s'armfer a f s döpen . La ve ve pi uée v v ulaait Te venger d tor qu'ellecroit W loi jóu©, feinfe de partager la tendrelje de eet amant, quel-  £ 850 Ife eft' bien éloignée de prendre pource qu'iT eft. Celui-ci qui ignore ie ftratagême de fa fteur, enchanté de 'e voir- traité ave: une familiarité qu'il n'avoit pas lieu d'attendre, veut terminer fur le champ j- ar le mariage. Li vcuve , toujours- dans Terreur, confént a tout: le contrat fe ligne-, & Sopkie alorsvient débrouiüer le myftere. On coneoit par cette analyfe, eombien il peut réfulter d: conrque d'un pareil fonds-. L'auteur, qui entend i merveilie Pirrtbroglio,. en a tiré un excellent para. 11 eft facheux qu'oubliant qu'il n.toit plus a la foire, H fe foit permis des éq .ivoques un peu trop-fortes pour ia fcene oü il fe tranfporte aa.ourd'hui. 25 Juillet 1783. Un f icidë remarqaable qui vient d arriver dans ce.te capltale, c'eft cel-ii' de M. le Bas de Lyerville , confeiller honoraire au- parlement' de Roüeu-, qui s'eft brülé la eervel e avec la plus grande préience d'efprit; 11 étoit très-agé & infirmep il y a apparenceque, fatigué de ibuTrir, il a voutey mettre fm. 11 a fa t appeler fes dcmeltiques, il leur a dhr que dans Tétat oü il étoit , il pouvoit rafter d' n inftant a 1'autre, & ne pas avoir le tems de les réeompen'er comme il le-defir it; en con': quence if leur a donné man ellement & en-argent comptant negratification convcnable, il les a écartés enfuite D 7  C 86 ) fous differens prétextes & a conrprnmé fba facrifice. 25 Juillet 1783. II eft décidé que Ie nouveau mémoire pour M. de Sainte-Foi ne pe. t avoir aucun crédit en juftice, pas plus que Ie premier. Un texte précis de Pordonnance,qui défend d'admettre même une requête d"2ucun contumace, ne permet aux juges d'aecueilür ni l't:n ni Faucre, fuflént-ils aufli justificatie qu ils Ie font peu. Dans celui-ci 1'avocat prétend qu'après avoir prouvé qu'on impute au fleur de SainteFoi des déüts dont il eft innocent,, il va faire voir qu on lui reprocne en outre des-faits qui ne préfentent pas même i'apparence de délit. 26 Juillet 1783. Ces jours-ci 1'on a eflayé fur le théatre lyrique un grand opéra, incitulé Bayard. Les pa rol és lont de M. du.Rofói & la mufique d'un nommé Fromeijt , vïolon de 1 oreheftre. On étoit affez difpofj a 1'accueillir favorablement; mais M. Garat, qui y afllftoit & qui acquiert un grand crédit dans le comité lyrique, a jugé que c'étoit déteftable & l'a fait rejeter. On va remettre Orphée & yjoindreun ballet pantomime en deux aélcs, de la compoftciou cu Sieur Gardel 1'aïnc. 26 Juillet 1783. Grand' Chambre & Tourneile affemblées , ce foir il en eft en éffet ford 1'arrêt.dans Paffaire du Sieur de SantéFoi. En voici ies pnncipales difpofitions,  ( 87 > Le bel, hors de cour. Radix de Sainte-Foi, un plus amplement informé défini, & il reftera toujours en état de dèc'rei de prife de corps. Piron, un plus amplement informé de llx mois,& il reftera toujours en état de décret d'ajournement perfonnel. Ruel, difenfes de récidiver, & fous peine de punition exempjaire. Cavier, hors de cour. Gêranflo, décharge d'accufation. Nogaret , déchargé d'accufation. Permisk lui de faire imprimèr & afficher 1'arrêt en< ce qui Ie concern e. Tous les acires & regiftres &c. k lui rendus. M. Ie procureur général s'eft réfervé a fe pourvoir contre tous les aétes du Berri & du Toitou, faits par ledit Sainte-Foi , ainfi que contre la ven te du terrein de Ia pépiniere faite audijt Sainte-Foi. 27 Juillet 1783., Extrait d'une lettre de FOrient du 20 juillet L'accident dont on vous a parlé comme arrivé ici n'eft que trop vrai. 11 eft du vingt'fept mai dernier; il n'a pas caufé le bruit qu'il auroit dü. produire,, paree qu'on a empeché par politique qu'il ne ,iut n éré dans les papiers publics; onacraint la contagion, & il y a a paricr que eet exemple ne contribuera pas peu k faire tomber en défuétude un genre de punition auquel les foldats franqc-is ne fe peuvent habituer.  C880 M". le baron de la Porie a"singlefort, Heittenant colonel d'artillerie, au département des colonies, exrgoit fa troupe aux manoeuvres d'infanterie fur la place du port de cette ville & en plein midi. 11 donna un coup de plat d"épée a un foldat qu; n'cb Jffoit pa ; ce.foldat fe retourna & il traverfi de part en part eet officier d'un coup de bayonette qui étoit alors au bout de fon fuzil. Celui-u en. eft mort depuis peu; il avoit eu la générofiV té de demander la graee de fon affamn & ne.' put 1'obtenir. M. dAnglefort n'avoit que trente ans: 11 étoit déja connu par fes talens militairen, par fon fang-froid & Ja- bravoure. Le dix-nenf mai Ï779, lors de 1'affaire de Cancale, il fe pro; ofa pour aller fur le b timent du roi VEclufe éteindre Ie feu que les Anglois y. avoient mis en 1'abandonnant. 11 fut affez. he .roux pour réuff r. 11 obtint la croix de Sa-nt-Louis- a cette époque, a la - recommandation du prince de NalT.u, qui lui avoit con-fié le commandement de Fartillerie de fa ■ légion. 27 Juillet 1783'. Le mufêf. de Paris , a peine formé, eft a la veille dé fe difloudre' par les propres membres, entre lefquels on a fem? Ia difcorde. jeudi onder , dans une affembl'e tréstumuitueufe , une cabale, ame téc vraifemblablementpar Coilenot contre i'abbé Cordier ^  IFa expulfë , & peur y metrre cependantquerque honnèreté apparcnte, 1'a invité de donner plu'tót fa démiffion, ce qu'il a eu la foibicfle de faire. En outre, M.Cailhava d'EJtandoux, parvenu a fe faire éüre préfïdent dans une affemblée fllégale, redoutant M.Coun deG'ebeiïn, nommé préfïdent honoraire perpétuel , mtrigtié fourdcmenr. pour fufciter des affaires a celuici , fous précexte qu'il a mal adminiftré le» fonds de la fociété, qu'il Pa cndrttée au point qu'elle eft dans llmpofTTbilité depayer; Les querelles de ces Meftieurs font deve* rues fi graves, q Pi's en ont r.'féré a M. le ïSeutenant général de police. Ce magi'lrat, qui fent les avantages dont eet établiffement litteraire feroit fu'ceptible, voudroit bien le conferver ; mais la dê'ünion eft fi grande, Pü'on dCütS :.U.'Ü pü'iiT- réünrr. 28 Jutllêt 17S3. C'étoit déja fans doute une merveitle bien édinante dans ce fiecle de trouver un auieui*, un baron , M. Jofep'? dè 'Luzee, qui a confacré fon talent a compofèr Jts litanies de la Prövidence; mais une fëconde encore plus grande, c'eft de voir un jeui-.e poëte , vo.ié jufqu'ici aux graces & a Ia galanterie, q ntter fa lyre aimable & folatr® pour prendre le ton auftere du langage de ia rcligion & commenter les pieufes rtveries de fon modele. Ce difciple du baron eft, Mt. Sybain MaréehaL  ( sn ) 28 juillet 1783. Non-feulement les repréfenta,t>ons du géneral des binédiétins n'ont" pas été accueillies au confeil, mais, malgrd le ton de raifori , de modération & de fageffs qui y regne, elles ont été fupppimces par arrêt du confeil. 29 Juillet 1783. On n'avoit vu dcpuis lorigtenas fur le thcatre de 1'ppéra ancun de ces ballets pantomimes mis a la mode par M.Noveh-e, & dans'lefquels ilexcellcit. Celui de la Rofiere, qua imaginé le Sieur Gordel, a attiré beaucoup de monde a jourd hui qu'il s'eft exócuté pour la première fois. La reine 1'a honoré de fa préfence. I! a plu g.n 'ralernent, malgré des longueurs qui cmbarafient' l'aftion,&desrépétitions qui la font languir, & néceflaires cependant pour éclaircir 1'orscurité qui en réfukeroit lans cela. Peut-étreJ faudrcit il rédnïrp m un les deux aftes entre. lofquels il eft partagé. To.is les principaux coriphc'es de la danre»i au nómbre de cuatorze, briilent dans cette: pantomime & y dé'pioienc refpcéilvementlcur; talent. IvL;s. Guimard & le Sieur lefiris y] excellent furtom & ne laiftènt rien a dcfirer. dans leur jeu plein de gaité, de grace & de. finefle. 29 juillet 1783. La Chronique Scandalenfe, ou M moirés pour fervir a i'hiftoire de; la génération préfente. Tel eft le titre dé livre qu'on a annoncé 6> qui doit nette pas;  fm ) ancien , puifqu'on y trouve des aneedotes trés noavelles , & furtout la relation d'une fcene arrivée le trois avril dernier au caffi du caveau. L'au.teur dans fon avertijjl'tnent fe plaint que nous ayons beaucoup de recueilsdanecdo.es, fans qu'aucun puiffe donner une idéé jufle de nos mceurs. C'eft la 1» but qu'il fe propofe, a ce qui] dit, ainfi que d'amu'er les Iccieurs, düt-cè etre un peu aux dépens de fes concitoycns. On voit que I'aveu eft fi non honnéte, au moins franc. Du refte , il corivient qu'un volume eft pcu pour une matiere auffi ample; auffi dans le cus oii celui-cïplairö.it, il continuera de mcttre de 'èmblablés tableaux fous les yeux du public. Quant au fonds de 1'ouvrage , Ie rccueft rou'e ou fur des chofes triviales & connues öu fur dc: avc-üturé^ pcuimircSnt??: 9unf" qr.efois elles font dénaturées abfolument ou tout a-fait fauffes. D'ailleurs Ie compilateur , d'anecdotes eft fouvent d'une circon^pcélion a laquelb? on ne s'attendroit pas. II a j'attention de ne point nommcr les mafqu.es dc leur óte par la Ie feul mérite qu'elles pourroicnt avoir. La forme neft pas nou pl; s fort piquante ou fort agrcable. Le ftile eft fans nobleffe & fans corredtion. Quoi qu'il en foit, ce recueil po.urra plaire a un certain monde «Sc amufer principalement nos cour-u-  C 92 ) fannes, qui ne laiffent pas que d'y frgurerea grand nombre. On ne connoit point 1'auteur du recueil. To.it ce qu'on peur juger en Want le iiv-re, c'eft qu'fl a'eft pas ami de M. de la Harpe, dont il donne , fous le nom de Pfalterion, 1'hiftoire très-fuiv'e depuis fa naiffance jufqu'a fon admiffion a 1'académie. 3^ Juillet 1783. Les comédiens francois ont jou: aujourd'hui pour la première fols une comédie nouvelle en cinq acles & en. vers,, intituiée les Marit'is, ou le Médiateur. maladroit. Cette piece n'a eu qu'un fucces de tolérance, & n'en méritoit aucun. D'abord le titre n'influe en rien furie fonds de i'aélion, cc les perfonnages pourrount ctre autres que dés marins, fans êtreobligé dy rien changer- Seulement. 1'un d'eux v jet te SF jargon tiré de fa langue habituelle qui en' rend ie ir.il e fouveut inintelligible pour Ie grand nombre des fpeöateurs, & furtout pour les lémmes, & qui fait quelquefois rire ceux qui Tentendent, par dés équivoques plaifantes , mais indignts de la bonne comédie. Enfuite , le principal perfonnage, le médiateur md adroit, qui eft le pivot de l'intrïr gue, un ami o.itré de la paix, qui, en voulant la mettre partout, met partout la difcorde, eft abfolument calqué fut fofficieux'; ma s n'emploie que des moyens bètes, & dont il  C 53 > ne rcfulte qu'un imbr.glio proportionné,'faas fincfle , fans gaicé , du moins plus convenable au drame qu'a la vraie comédie. Enfin, le pathéti ;ue; les grands fentimens que les adieurs développent a la fin de In piece, n'étant ni préparés, ni motivés, ne prod rifent pas 1'effet qu'ils devroient opérer fur le fpeéiateur. On juge facilemcnt que le poëte eft encore loin des principes de l'art, qu'il ne les. a pas afiez étudiés, & qu'il auroit grand befoin de les méditer longtems avant de prendre le pinceau de Th al ie. Cet auteur eft le Sieur Desforges, lepere du Tom jones, drame joué aux italiens 1'an pafl'.'. 11 a été quelque tems auteur de la troupe de Bordeaux & c'eft. vrai:émb!ab'esnent dans ce port qu'il a appris ie jargon marin, qu'il a trouvé pfaifant d'introduire dans la nouveauté d'aujourd'hui. . 30 Juillet 1.S3. C'eft demain que M. 1'avocat général 'Seguier doit porter la paro'e dans 1'affaire üei-Montefq.uiou; il iëroit fuperfl.u de rendre camp te de Ja foule de mémoires qui ont paru depuis peu des deuxcötés, mémoires trcs-ennuyeux au fond, paree que des détails & des difcu'dions de généalogie ne peuvent étre amurans. 11 n'y a que les digreifions , les anecdotes, les farcafmes qui puiffent égayer la matiere & la rendre piquante. 11 faut avouer qu'en ce genre les  C 94 ) défenfeurs de Meffieurs de la Boulbemte ont infiniment plus beau jeu, & que Mc. Polve* rel furtout déploie en leur faveur avec tout le fuccès poflïble 1'art merveiileux pour 1'ironie qui le faifott valoir au barreau de Bordeaux & lui a attiré plus d'une fois fanimadverfion des Magiftrats, préiendant qu'il s'écartoit de la févérité, de 1'auftérité de fon miniftere. . M. de Montèfquhu-ïètWte* avocats nepeuv ent avoir le même avantage,s"en tient a une piece importante qu'il répand depuis peu en profufion & qui, fans prouver Ia vórité de fon origine , prouve du moins vi'iorieufement que celle.de fes adverfaires eft controuvée de leur propre aveü, Ce font des Leitres inpérefatttes de Pabbê de la Boulbenne pour la maifon de Mbütefquiou contre 'les Sieurs de la Boulbenne. Ces Lettres ont été,éerites en 1776, 1777 & 1778 a 1'abbé de Mo-iiefqulou-Xaintrailles. Celui ei, piqué que 1'abbé de la Boulbenne ne 1'ait pas mieu.\ ménagé dans fes facium , a livré a M. de Mcntefquiou ces pieces originalés au nombre de quatre. On annonce qu-eïles feront dépofées après lejugement ïhè't un notaire,oü tout Ie monde pourra en faire la vérification. ■ Dans divers paffages de ces lettres, 1'abbé de la Boulbenne femble en effet convenir de fa mruvaife foi,; il paroït être convaincu lui-rnême qu'il n'eft pas Montefquieu; il dit  C95 ) qu'il n'a éprouvé que de bons procédés du Marquis de Montefquidu, & qu'il eft prêt a quitter fon nom ui' r >é fi 1'on 1'exigc. L'iücfoyablë aujourd'hui , c'eft que Mesfieurs de la Boulbenne, fachant qu'il cxiftoit contre eux des aveux auffi décififs, cfahord ale'nt entrepris un pafeil procés, & enfuite aient contraint a force d'excès celui qui en étoit Ie polTeïïeur a les livrer a leur ad verfaire. 31 Juillet 1783. M. Seguier a-encore regu bier une lettre de Monfieur, qui lui rccommande raffaire de Mbntefquiou. Cet avoeat général a porté la parole aujourd'hui & a annoncé dès le commencement les difpofitions les plus favorables pour Ie protégé du prince. II s'eft élevé avec force contre la cabale en faveur des la Boulbenne, cabale qui s'étoit manifeftée de la facon la plus indécente en huant le défenfeur de leur partie adverfe, qui avoit pcuffé faudaca jufqu'a écrire k lui avoeat ge•nèfid des lettres anonimes oü Pon lui prefcrivoit fes conclufions & oü 1'on le menacoits'il iie les donnoit pas fuivant le vceu du parti. II ne 1'a pas fuivi,.& après avoir tenu 1'a'udience pendant plufieurs hèures, il a conclu peur M. de Montefqniou. il eft intervënü arrét qui mettant les deux #arties hors de cour fur 1'appel <3rc. défend aux fieurs de la Boulbenne de prendre le nom & les armes de Montefquiou3 de fe dire iflüs  C 95» par males de cette familie; qui permet ra marquis de Montefquiou de faire rayer le nom ^ Montefqulou fur tou les ; étcs oü leS la Boulbenne 1'auroient pris ; qui iupprim-e leurs mémoires; qui lui permet de faire afficher 1'arrét a fes dépens, & condamne au furpl'.'S aux dépens fes parties adverfes. Du refte, il eft donné acte au procureur cénéral de fes réferves & proteftations contre les nom & qmlité de Fezenzac<&. comte d'Jfmagnac , que prend le marquis de IVontesquiou, fans que néannvins il lui foitdéfendu de porter ce nom ou de prendre cette qua- lité &c. " Dés ce foir Monfieur a t:ffioigné au mar.quis de Montefquiou la paft qu'il prenoit k fon triomphe & a foupé chez 'ui. ni juillet 1-83. Le jeudi dix-fept de ce mois, 11 a été lu a 1'académie frangoife un mémoire remis au marquis de Condorcet avec une fomme de fix cents livres. 11 s'agit encore d'un anonime qui invite dix-neuf autres particuliere a fe joindre a. lui & k completter une foufcription dont il réfulteroit un fonds de douze mille francs a placer fur le Roi. Du revenu de ce capital 1'au'eur du mémoire defireroit qu'il fut fondé un prix d'élocucncc pour 1'année oüil ne s'en décernerok point en ce genre. 11 fouhaitteroit encore que 1'académie pro- pofac  (97) pofat tous les ans un prix d'éloquence pouï un ouvragê de profe. En conféquence, fans prétendre gêner 1'académie , le foufcripteur indique de fon chef ■qtiinze fujets différenS , tous fort compliqués, fort obfeurs & d'un choix très-bizarrc. Quoi qu'il en foit, le pvojet de 1'anonime a mérité les fuffrages de la compagnie. Elle deure beaucoup qu'il réuflilfe. M. de Condorcet gardera les fix eens livres pendant le fix derniers mois de la préfente anïiée,& fi la foufcription ne fe remplit pas, 1'anonime les retirera au premier janvier prochain. Le premier Aoiït 17S3. Les coffiédlens itaiiens annoncent pour aujourd'hui la première repréfentation de Cajfaudre mécanicipn, opéra comique nouveau, en un acte & en vaudevilles. On prétend que c'eft un perfiflage fur ie cabriolet volant de M. Blanchard. La piece eft d'un Mi. Gouiard, qui a donné au même théatre 1'an palfé la parodie d'Agis. 1 Aoüt 1783. C'eft aujourd'hui du baloli de M. de Montgolfier qu'on s'occupe. C'eft un globe creux recouvert de toile, monté fur des cerceaux. Son diametre eft de trente-cinq pieds. L'auteur y a laiffé un petit trou & fait brüler au delfous des matieres très-combuftibles, pen a peu la fumée a rempli ce globe & 1'a fait gonfler. Se trouvant plus j léger que le volume' d'air qu'il occupoit , il a monté avec Tomé XKIII. E  (ps) rapidité & s'eft élevé a une tres-grande haU. teur, d'oü il n'eft reiombé que peu a peu. Le procés verbal dc cette expérience'a été envoyé par les états du Vivarais a 1'académie des fcicnces, qui a jugé 1'cxpéricncc affez importante pour s'en occuper. En conféquence on allure qu elle va faire conftruire un globe fijr les mêmes dimenfions aux dépens de Sa Majefté , & que l'afcenfion de la machine aura lieu devant tous les témoins qui voudront v affilicr. J 3 Aoitt 1783. Cafandre mecanicien ou le Bateau volant, a parfaitcment réulfiavant-hier. Le public a reconnu facileraent 1'allufieri & cii a goüté la critique. II y a dans cette bagatelle éente en llïle épigrammatique , des couplets très-bien faits & pleins de gaité,qui entempe.rent l'amertume, & 1'ont fait généralement applaudir. 3 Aout 1783. On ne peut qu'applaudir a la ■ nouvelle maniere établie -pour quelques placcs d'imprimeurs, & vrairemblablcment è'eft .une fuite du fyftême de M. de Neville- pour 1'améhorauon de 1'art bypographique en France: il .eft facheux que tous fes réglcmens n'aient pas éte auifi goütés. 1 La place d'imprimeur en la ville de Sedan rétabhe par arrêt du confeil d'état du roi- du ymgt-quatrc février 1781, fera mife au concours le tre.ze de ce mois a Chfdons fur Marne,conformement aux ordres dc M. le garde des  c 99; fceaux, & les afpirans font ayertisde fe faire infcrire dans la chambre fyndicale de cette ville ,^ ik d'apporter les titres dont ils peuveut avoir befoin , tels que leur brevet d'appreu-tiflage, , - 4 Aoüt 1783. II regne uiie fermentation générale dans toutes les provinces pour Pamélioration du commerce, en ouvrant dc nouvelles •routes dc communication & furtout des canaux. MM. les adminiftrareurs généraux & intéreffés au canal de Provence, deiirant faire continuer & conduire a fa perfection cette grande & utile entreprife, invitent en conféquence j les geps de Part a fe propofer. 4 Aoüt 1783. II n'eft pcrfönne qui ne regarde comme une exagération, comme unehyperbole la comparaifon ufitée fouvent chez les puctes anciens & iriodernes qui , pour exprimer la rapidité d'un courfier, difent qu'il va plusvite que le.vent, velodor euro, & cepen, dant il sten trouve des exeinples. On a vu en Angleterre le fameux cheval Ckiklers , le meilleur qu'ait produit ce royaume , fi renommé pour ces animaux, courir un mille en une minute: on cite a cette occifion M. de la Con. damiue ,qui avoit calculé que cette viteflé étoit fupérieure a celle du vent. On prétend aujourd'hui qu'il eft des chiens furpafTant a la courfe le cheval le plus habile, & M. le duc de Chartres a fait avec un gentilhomme anglois, très-grand chaffeur, un pari E %  ( ÏOO ) propre k confhter cette expérience: le pari eft qu' Un levrier parcourra cinq eens vingt-huit pieds en fix fecondes. Ce qui cependant ne donneroit que cinq ■ mille deux eens quatrëvingts pieds par minute & n'égalcroit pas encore la vitefle de Childers qui en couroit fix mille. C'eft jeudi fept de ce mois dans la prairie auprès du pont de Saint-Maure a midi précis, que ce fpectacle aura lieu. 4 Aoüt 1783. Extrait d'une lettre de Bordeaux du 29 juillet 1783 Honores mutant mores. C'eft ce qu'on remarque a 1'égard de M. Dupaty , que les humiliations qu'il a éprouvées auroient dü rendre modefte & honnête, & qui au contraire afl'ecle une dureté , une morgue, une infolence qu'on ne lui connoiflbit pas. II vient de fe brouiller avec deux corps entiers qui pourront lui fufciter beaucoup de tracafleries, d'abord avec les procureurs par la maniere dont il a vexé'l'un d'eux , qui ne fe trouvoit pas a 1'audience, lorfqu'il a fait appeler une de fes caufes, &enfuite avec les avocats pour avoir gourmandé 1'un des plus anciens de 1 'ordre, paree qu'il n'avoit pas paru devant lui au palais dans le cortume de fon état. 5 Aoüt 1783. On ne ceflc de fe déchainer: contre M. le Duc de Charrres, & fes ennemis; diftribuent encore une chanfondes plusatroces Sc des plus calomnieufes qu'on chante jufque  ( 101 ) «Jans le Palais royal. Elle eft fur Fair de la manhe du roi de Prujfe. Ou apolïrophe fon pere. Monfeigneur d'Oïléans, Vos prétendus enfans Som robjet du mépris- ■ ^ De tout Paris. Votre fiüe eft une catin, Votre fils un lache, un vilain: L'ime Fait fon mari eocu; 1 v L'auire a OueOant tourne le cul, Et s'cn vient comme un fichu menteut Dire quTl étoit vainqueur. Dcpuis que d'vos bienfaits II tient tous fes palais, ïl les met fans deffiis deflbus, Pour óter a fes vaifms L'afpeél de fes jardins; II a fait élever devant eux Un nouveau cloitre de chartreux. Le Profpctliis de fon emprünt N'a pas Fömbrfe du fims commun, Ce n'eft qu'en mourant vite & tót Qu'on y peut efpércr un Jot; Car il veut due fon biitiment En lui rendant beaucoup d'argent Lui rapporto au moins la valeur De ce qu'il a perdu d'honneur. Convenez que ce Monfieur de Melfort Qui vous lit pere eut grand tort. 5- AoAt 1783, Les pliyficiens appellent g4t E 3  c w) in'flamnmble l'efpecc d*sir raréflé dont le balojt de M. d les arrêts de défenfe i, qu'on dit être un cliefd'oeuvBe. On attend qu'il par.oülé pour er* juger. 8 Aoüt 1783.. C'eft dan,s une affembfée 'déla députation des avocats du trois juillet, qu'il' 2: été arrêté de donner un vmlht k- Mc. MattU trot, & dè's le cinq juillet eet avocat écrivit une première lettre a Me. k Camus dVIsuloiife, le batonnier de 1'ordre, pour fe défendre & dédarer qu'il ne- réponelroit pas autrement au veniat'. Le lépt, Me. Maultrotzxi écrivit une feconde au même , oü il- développe davantage les laotifs de fon refus dé paroitre. öu Yefte, il n'a fait que répéter dans fa confultation ce que Mi l-'avocat da-roi' avoit dit' auchatelèt fur le refus prefque unanime de l'or il a auffi ehangé le titre. II portc: la Clémence tT Henri IV, piece nouvelle en trois actes & en prolë. Bien des geus y ont été pri's & ont vu avec étonncment que lcscomédiens,ébluuis par im grand fpectacle, ofaflëut reproduff* eette piece retournée & encore plus mauvaiië que  C MP» ia première fob. Le parterre indigné a fréquemment hué ia prétendue nouveauté, jouée au furplus exdcrablement. ^ 1783. Celtic dix-neuf dcce mois, em efïet, que le Sieur LuigiMaffari, Romain, poeteimprovdatcur, membrc de plufieursacademies, doit tenir une atTemblée publique, oü 11 improvifera eu vers italiens fur tous les fujets que les afljftans voudront lui propofrr. H cliantera, ou déclamera les vers fur diiférentcs melurcs, au gré des auditeurs. _ C'eft toujours dans la falie dii mufée de Pans , qu'il fera eet exercice, & les billets pour entrer feront dc fix livres. 14 Aoüt 17S3. Mad. la ducheiïe de Malbo* roug, petite fille du fameus général de ce nom, qui l'a fait prendre a fon mari, inllruite des farces qu'on faifoit ici depuis un au, qu'on a rappclé la mémoire d'un homme fi funefrc a Ia France; a voulu avoir un r.-cueil de toutes les chanfous & pieces,.de toutes les farces, de tous les quolibe-ts & calemboürs, auxquels il a donné lieu. fille a en même tems chargé Mfe. Bert in de lm envoyer un efl'ai de toutes les modes iniaginées a la Malboroug,' foit a l'ufage des férbmes, foit k 1'ufage des hommes. On fait la nouvelle par les voyagcurs qui reviennent de Loudres & parient de cette Angloife comme très-aimable , comme très-capable d'entendre ces plaifanteries, étant parfaitement au fait de la langue francoife qu'elle parle  ( Ï2Ö ) aufli Hen que Ia fienne. Ils ajoutent que c'eïr. d'ailleurs une femme de beaucoup d'efprit. 14 Aoüt 1783. Extrait d'une lettre dc Tott- lon du 7 aoüt 1783 ■ M. 1'archiduc Maxi- milien, attendu depuis longtcms ici, y a féjourné peu de jours, y a été recu avec tout le zele & toute la joie que mérite fon augufte perfonne. Nous avons été fort contens de fon honnêteté, de fon affubilité; nous ne lui avons pas trouvé la morgue qu'on lui a reproché dnrant fon féjour a Paris, i! y a quelques années: il eft vrai qu'il n'y avoit point ici dc orinces du fang & de familie royale avec lefquels fon orgucil put difputer. Nous ne favons fi c'eft h. cette miférable étiquette qu'il faut' attribuer la défenfe qu'il a eue de ne point aller a Paris & a Verfailles; il ■ nenous en a point fait myftere, & fans nous en dire la caufe, nous a témoigné fon regret de venir dans les états du roi fon beau-frere, fans pouvoir aller voir & embrafler la reine fa four. II eft parti pour voyager en Italië. 15 Aoüt 1783. La troifieme lettre de Me, Matiltrot a M. le Mtonniér eft datée de Paris ]e vingt-un juillet: il y entre dans le fonds de Paffaire & difcutc les grands principes. II y renrend les différens mémoires pour Me. Courtin le Mémoire a eonfulter de 1782, les obfervations de Paccufé a la même époque; une Confultation. AèYMrée pour lui le vingt-nuit jpin de la même année ; une autre Confultation  Ai dix mars 1783, un autre Métnoire & Con* fultrtJou qui ont para Ie douze mars , Ggnës delvl'. de Miliy, procureur au chatelet, qu nt au premier ;& des avocats'froucon duCoudray & Target, quant k la feconde. ■ Le réfultat des raiibnnemens vigoureuv de M--. Matiltrot eft que M . Courtin a furpris k fon profit une obligation fans caufe; qu'il a fait des conyentions ufuraires; qu'il a été dépofitaire d'un téftaroent, & l'a révélè avant Ia mort de la teftacriee. Il re.irojhe k vingt-deux avocats, qui ont %nó difF.'rens mémoires & confultations nour 1'aceufé, d'avoir corrompu la regie des mceurs &.pofé des principes dangcrcux k Ia foei té; d'avoir écrit & figné que le dérofitaire d'un téftament avoit droit de le publier du vivant du teftateur; d'y puifèr des armes contre lui; que 1'obljgation du fecret , prefcrite par le dro't na-urcl , cellbit lorfque le dépofitaire avoit intérét de le violer , & que , foutenir le contraire , c'étoit une thefe ridicule. II leur reproche d'avoir écrit & figné que 1'ufure eft une chimère; que c'eft une vaine pratique que d'interpofer 1'öffice du juge; & que la ftipulatïan d'intérêts n'a rien que d'honnéte & de licite entre amis: enfin , il leurrepj-oehe d'avoir écrit & figné des mémoires, ou pmtot de ces libeiles diffainmatoires ft feverement défendus par les ordonnances Tomé XXIII, p  ( 122 ) Du refte, il fait fentir eombien il étoit indecent & irrégulier a M -. Babile de s'être rendu fon dénonciateur auprès de 1'ordre, lórfque fon nom fe trouvant dans les confultations, il devöit fe juger indiredtement enveloppé dans les reprqches de MJ. Courtin, & par conféquent fa partie. Mc. Matiltrot déclaré encore que Ia marquife de Vhlory fe réferve le droit de rendre plainte en diffammation contre Mes. Courtin, Trongon.du Coudray, Target, & autres. 16 Aoüt 1783. M- Beatijon , li renommé pour fes richefles, a acheté depuis quelques années un vafte terrein k la grille de Chaillot d'environ cent arpents, qu'il a fait enclore pour y former des jardins a 1'angloife. 11 y a fait en même tems eonftruire un petit b&timent dans le goüt de Bagatelle , & il ap- . pelle cela fon hermitage. Son projet par'óït avoir été d'en faire un cadeau après fa mort a Monfieur , frere du Roi. Depuis quel ;ue tems le bruit en courpit, on ignoroit fi cette alteffe royale 1'accepteroit; on regarde aujourd'hui comme une efpece de prife de posfeffion anticipée de ce lieu une vifite que ce prince y a faite vers la fin de juillet; il y eft allé avec Madame & leur fuite au nombre de quatorze ou quinze ccnvives qui ont été traités pai\M. Ecanjon. Le malheureux n'a pu jouir de fon bonheur lui-même & étoit au lit  < m) pendant ce tems-]*. Depuis cette époque c'eft une fureur de voir {'Hermitage; mais on ne peut y entrer fans un billet figné du maitre. On n'y obferve rien de fingulier & dc reinarquable qu un lit fait en corbeille au rh> Jieu d'une chambre d'ou 1'on ne voit que ia campagne, & ou tout dans 1'embelliflement eft analogue h cette idéé primitive; H ne manque qu'une F/ore ou une Pomone pour y coucher. Une table en bois d'acajou de vmgt-cinq couverts , eft encore préereufe , ainfi qu'un efcalier du même bois» One autre bizarrerie du lieu, quoique effen", tielle a un hermitage , c'eft 'une chapelle tres-belle. Quant a.ix jardins/a la laiterie, a la ménager.e & aux autres détails domestiques, ils n'approchent pas de ceux de Ti. voli de M. Bontin, dont on a parlé il y » dou?e ou quinze ans. iö" Aoüt 1,783. Après bien des difficultés, les comédiens francois ont jugé a propos de faire enfin droit fur la demande de Mad. Duvivier, & la ftatue de Voltaire- a été placée dans Ie veftibuie dén bas, ou en effet elle eft expofée aux regards de tous ceux qui entrent a la comédie & en fortent. 16 Aoüt 1783. Les officiers de la marine, toujours ligués contre le comte d'Eftaing pubhent hautement aujourd'hui qu'il attend envain Ie baton de marèchal de France, au'.'ï , F a  ( 124 ) n'aura rien , & que bien loin que la grandeffe foit, comme on fe I'imaginoit, un exemple de faveur de la cour d'E pagne que celle de France ne puilTe Ie di'penfer d'imiter , c'eft au contraire le motif du mécöütentement du roi, qui n'ignore pas par quel artifice ce général eft parvenu a pla.re a Sa Majefté Cathöïiqüé. lis racontent que c'eft . en captant la bicnveillance dt confelTeur par un extérieur cagot & des difcours analeeües • que toutes les fois qu il a été a la cour, il a joué le róle de dévot; il a affect.4 de fe confeffer, de commumer meme en quelque force fous les yeux du monarque efpagnol,ou du moine avec rfléz d'êclat pour qu'il ne put 1'ignorer. Ces mêmes officiers aflurent qve tel? eft le principe de la froideur que le comte tFEstaing a éprouvée a fon retour de la part db Louis XFÏ, qui lui a tourné le dos & lui a mar-jtié fon indignation.. 17 Aoüt 178 > Extrait d'une lettre d'An- nonay le 6 aoüt Le quatre juin après midi, les états parciculiers & affiete du pays de Vivarais furent invités k affifter a 1'efl'ai de la machine aèrojlatique découverte par les fréres Montgólfièr de cette vil e, qui devoit avoir lieu lé lendemain cinq juin. La plupart des membres de cette aüëmblée ie rendirent fur la place des cordeliers, oü ils apersurenc un globe de la capacité d'envf  C 125 ) ron 23, 00 pieds cubes , conftruit en toile, cc doublé intérieurement de plufieurs feülIcs de papier applinuées les unes fur les autres , fortifié de quantité de cordes & de quelques pieéés de bois & de fil de fer Ce globe auailTé d'abord, après s'être ê'nffé mfenfib'ement, s'eft élevé, avec une rbp'dite progreffive joTqu'è Ia hauteur de ioco toiies, autanc qu'on en a pü juger k I'ccil, & après avoir refté en fair environ dixmhutes, Jl eft redefcendu lentement fur la terre a la diftance de cinq„ante toifes du point dont 11 elt part;.- Le vent étoit fud , les nuages médiocrement élevés, Ja pluie un peu abondance, m us lans orage. Nous ficavons que I académie des fciences a jngc le procés verbal digne de fon attenJion, qu elle a nommé des commiflaircs pour t exammer, que c'étoient Meffieurs Laroh fier.» De/marets, labbé Bojfut , & qre leur rapport a été favorable, au moins que 1'acaocmie veut vérifier 1'cxpérience. 17 Aoót 17S-. Outre plufieurs grands ope.' ra que 1 academie royale de mufique difpofe de lom pour Fontainebleau, elle cn répete parncuherement un nouveau pour cette capitale. U a pour titre Alexandre aux ïndes. Les paroles font de M. Morel, celui dont on a o" ja parlé plufieurs fois comme du fubftitut de M. de la Ferté, diilb!u^on de nos rnceuis, ks anciens étoient beaucoup plus corrompus uue nous, & 1'auteur le fait mé! thodiquement & par une comparaifon fuivie k . commencer depuis les juifs compris, cc qui s etab it a Iear (gnd par des citatjons dej vres faints, qui ne font pas fort édifiantes. De la une érud.tion immenfe & les tableaux les pmsl.ecnaeux, plu, forts que ceux du P -! tier des Chartreux. Ce livre eft fort rare; on prétend qu'il „V tTST^ efCmp,aireS dlftrib<^ la polké ' reftea6cé faiC P* foitldf m.-1/' ^ DCpüiS ,0ngtems on Parl é'lifa d h ? Un 'Mrché * Ia P'^e de 1 êgWe de la culture Sainte-Catberine. Ou avortremp i toutes les formalitcs pour en fo,incttre le terrein a 1'ufage profane qu oa en voudroit faire & la démolir, 0n , tran,feré les cadavres. Les curieux S gnoient qu un des beaux monumens de feu In. ture de cette églüè ne fut dégradé; c'eft le temnK, neffi parfaitement bien confervé & sZ Ó 1,'EghTe de Sai^Louis rue &amc Antome, oh 1 on peut Palier voir. ,Jnfi/\' J établ'"ffement qui fouffroit des ' lequel il avoit éte rendu des iettres ff 5  C 135 3 en 1767, 1777 5 T7f-'i & en l7$3> enregistrêes au parlement, eft en train & 1'on y tra» vaille avec yigueur. M. le contröleur général en a pofé la pre* miere pierre avec le cérémonia] accoutumé.. L'architecle du marché eft' le Siéur Caron, juge général des batimens du roi.. Hl Aoüt 1783. Le Sleur Luigi Majfaft,. Romain, célebre improvifateur,. qui a déjit brille dus difFérens royaumes de 1 Europeoii Ja langue italienne eft en honneur, a improvifé avant-hier au mufée de Paris en préfence d'une brillante aflemblée avec beau.. coup.de fuécès. Mad. la comteffe de Balby , dame d'atoursde Madame, s'eft diftinguée de fon cótédans eette afférablée par les queftions fpirituelles. qu'elle a faites a 1'improvifateur. Indépendamment de celles qui exigeoientr de fa part une grande érudition, il a montré auffi de la préfence d'efpnt, de la fineffe & du goüt en répondant a d'autres purement. agréables, comme celle - ei , •• quelle différente ■ entre le bandeau de famour & le bandeau de la juftice ? 22 Aoüt 1783. Le programme du fujète du grand prix d'architecbure pour cette ansée étoit concu en ces tenues. ,. Une menagerie renférmée dans Ie pare si d'un fouverain ; Pemplacementferaun qir.r> ré de trois eens toifes de chaque cöté. On  C I3r ) *» pI"accra dans ce Pi'Oj'et un amphithéatre & „ arene découverts propres aux combat* " non, r *k ^ deS gradf"S & Ioê" -S^^'^ La mefure de eet „ an luthcatre fera de quarante tolfes dans » ia plus grande dimenfion extérieure, com- " lGS gndinS & les l0Ses- L" beux „ cieituiis pour les quadrupedes propres aux " fcnmt difpofés avec dePs coun £ mïn£aC,C ^ P°Ur ks befoi^& pour com„ mumquer avec commodité dans Farêne. » L>« volières etendues feront aufli pnrtie „ ncceflarc: de ce projet;, on pourra même » Y plaeer des malles de galeries & batimens h pour la confervation des fqueletes & injec« ?0ns des ef.'eces rares danimaux & „i» eaux; un pavillon prineipal pour recevoir „ le pnn.ee, lequel fera fans appartement dè „ demeure,& lesfervices fe trouSSal „ les forterreins; plufieurs autres petits pa„ vdlons & corps de batimens pour des con„ cierges, ferviteurs & portiers " Les éleves, fans fortir de 1'académie,n'ont eu que douze heures pour faire leur projet Celt apres demain vingt-quatre & le Jendemain, que les deffirs des concurrensferont expofes aux -egards du public dans les falies de 1 academie royale d'architecture. Lesvrais juges procéderont enfuite a 1'examen & décerneront le prix. 22 Aoüt 1783. IJ paroït que dans 1'alTem, F 6  C -3* ) Mëe des membres du confeil nommés par fe roi pour adminiftrateurs de 1'hópital des quinze-vingts, outre les tracafléries dont on aparlé, il y en a eu d'autres encore plus mortiflanccs pour M. le grand aumónier; quenon-feulement- ils ont refufe de pi\ter ferment entre fes mains, mais qu'ils lui ont repré.'enté que dans ce moment-ci même , & n'y eüt il pas d'autres ddfkultés, H n'étoit pas partie compétante pour le recevoir , ni même pour üéger avec eux, puifqu'il étoit. aceufé devaut le parlement, & ne s'étoit pas^ juftifié. M. le grand-aumönier , touché de ces reproches, a imaginé un moyen fort extraordinaire; 9'a été de préfenter reqmte a la grande direétion des finances, afin de faire déclarer faux & calornnieux les motifsdedérniffiondonnés par les adminiftrateurs précédens. On alloit aux voix & celane paroifl'oit pasföiiffrir de difficulté, lorfque M. le Baron de Breteuil a- repréfenté a ces meffieurs quec'étoit bien vïte aller en befogne; qu'il paroiffoit de 1'équité d'entendre avant- les adminiftrateurs démettans-. Get avis, appuyé aufli par rvL d'Ormeffony \ ce qu'on dit, a prévalu, & 1 on a nommé quatre commiffaïres pour examiner plus z fond la requête du grand-aumónier cc entendreces meffieurs.. Les commiflaires nommés font au nombre:  C 133 ) de qua-'re,favoiisMeffieur> Feydeau de Mar, ville , le Pelk-tier de Beaupré, Moreau de ■ Beatimont & Bert Ier de Sauvigny*. Ces commiffaires devoients'affembler chez . M. Jmelbt ; mais Ia rnaïadïe de ce miniftre a empéché que ce ne fut le mardi dix-neuf, jour indiqué. ^Aoüt 1783.. Depuis Ia ceffation du concert des amateurs , on parle davar.tage d'un, exiftant dès ce tems-la, qui maimenant a acquis beaucovp de confiftance & paffe aujoi.rd'hui pour le plus parfait de Paris. C'eft celui du comte d'Aibaret* Le comte d'Mbtret eft piémontois & n'eft même dccoré que d'un ordre étranger: il n'eft pas excellivement riche; mais il a tant d'atrangement, qu'il tranche des plus grajads feigneuis, & a une troupe de muficicns a luift eft vrai qu'elle eft peu nombreufe. Elle coiïfifte feulement en trois violons, une bafle, un joueur de clavecin, une flüte,. un chanteur & une chanteufe. Celie-ci eft M „ l_e Clerc, trés-connue, qui chante parfaitement bien Pkalien , dc a brillé quel.uefois au concert fprrïuel. Les muftciens de M. cFAlbaret vivent chez. lui comme dans un convent; ils y mangent,, ils y couchent & ne peu vent s'abfcnter i our aller jouer ailleurs fans ibn agrémcur,.ce qu'il leur accordë rarement. Au moyen de 1'Ünion qui regne entre ces E 7  C 134' ) müffcièns, de 1'habitude oü ils font de vivré & de faire de Ia mufique enfemble perpétuellement, il refulce dans leurs con:erts un enfemble qui ne fe trouve pas ailleurs. Du> refte, M. cTAlharet les rend très-courts ; il fait jouer des morceaux toujours piquans & peu connus, furtout de 1'italien. La feule incommodité, c'eft que eet amateur fe foit placé très-loin, que fes concert? n'aient lieu que le dimanche&le matin. D'un autre cóté,. il arrivé que la compagnie eft plus choifie & qu'il y a peu de mélange. On n'y entre au furplus que par billets & diftkilement. 23 Aoüt J7P3: On a fait Ie douze de cc mois fur la Seine FeiTai d'un bateau, canotou nacelle, appele la Pofte par eau... Ce bateau a dix-huit pieds de longueur fur üx delargeur \ il va par le moyeri d'une grande roue que tourne un feul homme & dont lemouvement fe communiqué a ri'autres fubftuu.es intérieurement aux rames ordinaires; il a fait en peu de minutes , le trajet dm Pont neuf au Pont- royal.. II a été inventépar M. de la Rue d7Elbceuf„ L'aute- r prétend c ue ce bateau remonte ptëfqü'aüili vree, & il 'é propofé d'en doubler encore la vitefte en établiflant fur les. grandes roue un fecond engreiinge. Du refte,, ce bateau eft. expofé ala critb  C 135 3 que de tous les cun'eux, & on peut le voir au paflage d'eau des q natte nations. Aoüt i jSj. La réputation du nouveau Thomaturge mort a Rome en odeur de fainteté ne laiffe pas que de s'dtendre. On a envoyé de Rome Ie models de Ton portrait; on Sa gravé, & les dévota.s'empreffent de le placer dans leur oratoire. 24 Aoüt 17S3. M...de Montgolfier, 1'auteur de la machine aéroftatique d'Annonay eft a Paris, & il paroit que c'eft lui qui fera.chargé de repeter cette expérience en préfence de Pacademie. Comme tout eft de mode ici, un Sieur Charles , faifeur d expérience ,. £ cherché a profiter de Ia curiofité du public, pour gagner de Largent par une foufcription ouverte en faveur des amatems.. II a dék Eaflemblé quantité de gens. eonfians , & il montre fa machine, beaucoup plus petite quecelle deM. de Montgolfier, & qui n'a,dit-on,. que douze pieds de d.ametre... 13 doit incesfamment procurer le fpeétacle de fon a-foe'nfion.. D'autres particuliers soccupent du même projet, & c'eft de toutes parts une nobleémulation.. M. Gudin, phyficien & poëte en mCme tems, enchanté de la découverte de M. de Mont;-;o!fier,, lui a adrefte une épitre a ce fujet, plemp de chaleur & d'enthouflafme, oei il j a de trés bcaux- vers. 2-5 Aoüt 1783. M. Pabbé Eergier fe pré-  C IS* 3 vaut beaucoup d'une lettre du nonce du pspe è Vienne, qu- lui écrit le 26 juillet dernier: „ L'imprimeur Marsje de Venife a dé„ ja demandé & obtenu le privilege pour „ réimprimer la nouvelle encyclopedie par ,., ordre dematieres; c'eft votre nom qni P'y „ a principalement engagé 11 eft os- fez iingulier de voir un doct.ur qui a fi fort écrit contre les incrédules, les déiftes, les matérialrftes & les athées, non-feülement devenir le coopérateur , mais le garant & le propagateur d'un pareil ouvrage; il ne 1'eft pas moins jfentendre le délégué da fouverain pontife le canonifer, après que le clergé s'eft fi fort élevé contre l'a nailïance & fa contrnuation- Quoi qu'il en 'bit, le libraire Pankoitke, 1'entrepreneur atile, eft tout glorieus a fon tour, & fait fonner bien haut ces pieux fuftrages, qui au fond devroient décrier-aupr. s des'pbrlofephes la nouvelle encyclopédie marqnée du^ceau des prêtres. E5 Aoüt >7"3. On ne fait que parler dn baion de M. de Montgolfier, & tout Paris fe porte aujourd'hui dans la maifon de M. Chatles, plaee des Vicoires, oü 1'on peut le vorr fufpendu : on dit qu on en a fait 1'effai, &qu il s'eft élevé dqa de iacon k ne pas douter du fuccès. C'eft M. Fnujas de Saint- Fondgrand amateur de phyfique & ayant é :ri£ fur cette mattere, qui a propofe le premier d'ouvrir une'  v 137 ) foufcription ponr eséswej une machine femblable a celle de M. de Montgolfier. 11 a bientót raflcmblé des amateurs. On eft eonvenu de donner huic cents billets a un écu ce qui formcroic une fomme de cent Icuis: elle n'a pas tardé a étre complette. On 1'a depofée entre les mains du Sieur Dubuifihn, Je maïtre du caffé du Caveau, lieu de ïasJembl.c des fou cripteurs. On a choifi Mes. fkurs Robert, jeunes mecaniciens du preKuen m 'rite pour l'ex:cution , & ces Mesfi urs, éieves de M. Charles & demeurant chez lm, ont proc.'dé, fous l'infprclion de leur m.itre, ye\ a jourd hui voudroir s'attribuer l.'invencion de la machine, & la contefte meme a M. de Montgolfier. 25 AAt i783. Rs:ati0!l de la féance pu„ bhgue de Pacadémle francoifie tenue aujoar. , Le Premiermouvement qu'ait éprouvé I aflbmbJée avant que les académiciens paJiilTent, a été un-mouvement dc ■curicfité vive en remarquant dans Ja tribune du direékur ou 1'on avoit vu fijger naguere Madame Ja duchelie deChartres, Madame la ducheffe de Bourbon, Madame la princefle de Lamballe, *l? dlic de Peuthlevre, une femme detrente-emq a quaranteans, aftèz laide; vétue en ouvnere endimanchée , accompagnée d'autres femmes & d'hommes du mime genre groupés autour comme fes parens, fes rmis ou .'es camarad'es, & cependant la fèifant dis,-  C 138 ) tingner par 1'efpece de vénération qu'ils lui portoient. Ce n'eft que dans le courant de la féance que le public a été pleinement instr.uit qui elle étoit & pourquoi elle venoit. Dés que Meffieurs ont été en place, un au* tre fentiment a fuccédé a celui-ci: on a été affligé de voir M. iVAhmbert, fur le compte duquel on répand depuis Iongtems des alarmes , les réalifer trop véritablement par fa figure cadavéreufe & furtout par fon inaéiion abfolue dans un lieu & dans des fonélions oü il déployoic ordinairement tant d'ardcur & de vivacité. pn a feu qu'il s étoit abftenu d'aller aux deux féances du matin oü il fe trouvoit toujours autrefois, afin dc fe Telerver pour celle-ci.. 11 n'a ouvert la bmicne qu'au commcncement une Ibis & foiblemenc pour donner un ordre domeftique *); ordrè qu'il a fallu que M. Bauzée, fon fubftitut en ce moment, répét't jufsu'a deux fois, & la derniere avec tant de vigueur qu'il a fait rire tout le monde. M. Farchevéque d'Aix , en qualité de directeur , a annoncé que le prix d'éloquence propofé pour le meilleur Moge de Fontenells étoit remis a 1'année proehaine , aucun des difcours qui ont coneouru n'ayant entierement jatdsfajt 1'académie ; le prélat eft parti de la pour donner des inftiujtions aux eau* (?) L'ordre. aux. fiüiies dc fermer la gortc.  C *39 ) dïdats fur une nature de compofition qui n'eft pas au-fi aifée qu'on Ie croiroic d'abord. 11 en a fait fentir les difïLukés & le mérite conicquemment. Le point principal eft de ma«er les faUS avec les réflexions de maniere i ^^ifparpitre a la fois & la fécherefte de fhiftonen trop auftere & la redondance de lorateur trop verbeux. Peu de panégynftes ont Part de tenir ce jufte milieu.- ies -«"'B^m a rorce de details minutieux,. les autres ne font que des diltoureurs perdant contmuellement de vue leur héros. Tels font les deux cxrrêmes dans lefquels ent, donné les concurrens, & dont 1'acaeióm:Ke de lire c.u'ils fe préfervént défornw.. Ln genera 1, on a remarqué dans ce petft difcours du directeur,, que, pius hab le a fourmr le précepte quePexemple, il Tavoitr fait mfimment meilleur que les autres connus de lui ; d'oü Jes maüns ont conjeéluré que, quoiqu'il Je lót trés.bien , ouoiqu'il parut mhne le favoir par cceur & n avoir fon papier a la main que par contenance, il n'en etoic pas 1'auteur. Au refte, rien de neuf, ■mais de vieux adages de college bien choifia, rendus dans un ftile élégant & préfentés avec une forte de finelle propre a féduire le gros du public & a exciter fes applaudifiemens. 11 a furtout cté beaucoup queftion de mouvemens oratoires, fans que M. de Café ait défini ce qu'il entendoit par la..  C 140 ) Ce directeur n'a pas manqu-i a la petite st. tention ufitée entre ces Melïeun , de citer & exalter fes confrères: il a déffgnó très-fenfiblernent cinq ou fix académicrens qu'il regardoit a mcfure en fouriant 1 rfqu'il I ur en'voyoit le coup d'encenfoir; il a principalement fait connoitre M. de Trejfan dont la reconno^fTance a payé le tribut d'admiration qu'il devoit a Fontenelie, fon ancien maïtre; il a exhorti les candidats a le prendre pourmodele ; lui même a ëfquifïe en bref eet éloge & en a comme tra :é les premiers lfnóamens. Enfin , il a dit que M. de Condorcet alloit iire un tloge hifiorique du héros h célébrer, compofé de fragmens laifles par Dlicks & rédigés par M. cTAlembeft. Toute la partie hiftorique du premier, écrïte d'un ftile animé , vif & pittorefque a plu davantage ; quant aux allonges mifes par fon fucceffear, elles ont paru froides & langüiflantes. 11 a cherché a défendre fpécialement fon hlros de cette apathie qu'ön lui reprochoit, & que, fuivant fes détracteurs, il poufibit jüfqé'è une dureté atroce: fans entrer dans le fond de Fame de Fontenelie , & en convenant même qu'elle n'avoit pas la fenfibili'tê des autres , il a prétendu que cette qualité , fouvent plus a charge a celui qui la pofTede qu'utile aux autres, importe peu aux malheureux, pourvu qu'ils en refientent les effets, & c'eft ce qui leur ar-  ( T4T ) rivoit de Ia part de Fontenelie. II nous a I aPPr-s 9Ue ce Page avoit toujours cinquantè louis en réferve deftinés a des aétes de'bienfaifancc. Cette anecdote eft peut-êtré Ia feule igno. ree que le panégyrifte nous ait révélée En général il 3 été tant parlé de Fonteriejjè il a vécu fi longtems , que fon hifioire étoit prefque déji épuifée de fon vivant, & óu'ij feroit diffie.le de trouver de nouveau* faits fur fon compte. Auffi Ie continuatetir de Da dos a-til paru chercher fpécialement a enrichir ce morceau de ces idéés piquantes & ph.lo:oph,q,e. qu'il répand avec tant de rroiufion dans les éloges. Ce qui a paru fingulier, c'eft que M d'Aïember.t a iquel on Pattribue , étoit Ie nremier a joindre fes foibles mains & a donner le fignal des ciaqüemens j fans doute, comme 1 auteur d'une piece de théatre, qui cntrainé par fon cnthouVme pour I^éteur, appiaudit a outrance fans croire man.uer 4 Ia moceft.e , ou plutót oubiiaut qu'il s'agit " de ion propre ouvrae;e. Enfuite on a prppofé de nouveau Vélop-e de fontenelie pour Fannée prdchaine i7Z* ° On a rappelé qu a la même époque on donneroit Ie pnx de pó.fie dont les conditions ont été prefentes précédemment'. Enfin, Facad'me voulant laïiTer aux auteurs le tems de iaire les recherches néceffaires, prepofe dés  C ) l préfent pour le fujet du prix d'éloquence de 1785; fèloge. de Louis XII,roi de Fraace , pere du peuple. Le directeur a repris alors la parole, & a donné Ie moe de 1'énigme k ceux qui n'étoient point encore inftruits fur le compte de la femme du peuple qui fixoit depuis le commencement les regards de 1'alïemblée ; il a déclaré qu'elle fe nommoit Lefpaïier ; que c'étoit une garde-malade, jugée par 1'académie avoir fait 1'aótion la plus vertueufe en rendant k une femme de condition pauvre, alitée, auprès de laquelle elle avoit été apelée, des fervices auffi tendres qu'affidus, & en fe portam même pour elle a des facrifices d'une générofité rare. De la le prélat eft entré dans le récit circonftancié de la fondation du prix extraordinaire & annuel propofé par 1'académie francoife, appelé Prix de vertu du peuple, dont on a parlé dans Ie te ais. II a rempli le premier une des conditions en prononcant un difcours fur la belle ac'tion de la femme Lespalier. Ce difcours a firto.it confifté dans le détail de chaque aétion propofée a 1'académie comme digne du prix. La première eft d'un nommé Detmefoque, qui, paffant fur un quai dans 1'hiver de f781 , vit deux enfans enfoncés fous la glacé fur laquelle ils jouoient,  s'y précipita tout habillé & les retira de la nviere au péril de fa propre vie. La feconde, d'une portiere mife aufli fur les rangs pour avoir partagé fa demeure, fon grabat, & fa firbfiftance avec une femmeforcée de fortir de 1'lïópifal comme incurable, & au 1 a fi bien foignée & confolée qu'elle 1 a rappelée k une fan té parfaite. * La troifieme eft celle de la femme Men. ^,qui, chargee d'une nómbreufe familie, a adopté un enfant délailTé, & l'a mis au rang des flens auxquels elle avoit déja peineè donner les fecours riéeefl'aireS. L'acad/mie a trouvé que Ie premier trait étpit; ïfolé & pouvoit partir dun moment denthoufiaime béroï .ue, eUi n'eft pas toujours le figne ceftain d une ame vertueufe & conftauiment habituée a faire le bien Celui de la portiere ne s'eft nas trouvé au contraire au dégrd de bienfaifancé le plus élevé ; elle ne donnoit en quelque forte que fon iuperfïu; d'ailleurs, c'étoit k fon amie qu'elle accoreioit des fecours. La femme Mënth/, déja fingulieremcnt exaltée dans les journaux & enricbie des dons du public, n'a pas paru fufceptible du prix par cette raifon. C'eft donc a la nommée Lefpaïier qu'il a étc dJcerné. Son aéb'on a paru aux jUges avoir toutes les qualités néceflaires pour°le men ter. v\ Elle l'a exercée envers une in-  C 144) connue. a°. Elle 1'a exereée longtems &avee une conftance invincible. 3 \ Demandée par des gens qui 1'avoient bien payéè & auxniiéls elle avoit des obligations , elle a rcfifb a tout ce que la reconnoiffance& fon intérêt pcrfonnel lui diftoient , paree que ces perlönnes étoient en état de fe procurer d'autrcs gardes-maladcs , & que la dame aupn.s de qui elle étoit , couroit rif ;ue dc périr fans fecours. 4°. Non-feu!ement elle lui a prodigië fon tems & fes foins; mais m'me fon propre pécule , achetant de fon argent 'es médicamens & douceurs que la darefle oü. étoit la malade ne lui permettoit pas de fe promrer. Le directeur a fini par déelarer que-l'aeadémie couronneroit moins une aftion brillante qu'une aftion bonne , moins 1'éclat que la perfévérance de la vertu. La f.ance s'eft terminée par la Icftüre que M. le Miere a faite du premier afte dc fa trage die de Bar nevelt. Cette tragédie, compofJc depuis longtems, devoit être joude il y a plus de quinze ans; c'étoit dans le tems que tous les efprits étoient en fermentation fur le pro:ès de M. de la Chalotais ; comme ce magiftrat étoit alors entre les mains de difterentes commisiions contre lefquelles le public fe récrioit, que Bamevelt fut jugé auffi par une commisfion s le gouvernement craignit 1'allunon & em*  C M5 ) empêcba la piece d'être jouée & de produire Ie vif enthoufiafine qu'elle auroit cruféprobablement par fon raprocbement des circonstaices. L'aóle que 1'auteur a lu aujourd'hui n'a er, cité aucun intérit Le fujet parement poftijue a paru froid & la veriification extrémement dure & moreelée. II y a eu fi peu daplaudiffemens, que M. le Miere , dont le projet étoit de lire au'fi le fecond aétc, a été obhgé de s'arrêter & a fa't prudemment; c'eft Ie feul infiant ou les auditeurs aient témoigné leur fatisfaétion. j 2(3 Aeüt -783. C'eft aujourd'hui qu'a eu lieu Ia première repréientation iïAhxandn aux Luks, opéra en trois aótes. Le fujcès n'a pas répondu a la grandeur du fujet. On a trcuvé le poëme médiocre , froid & fans aucun effet théitral, la mufique unréchauffó de celle du chevalier Gluck, dont le nouveau compofiteur parofc abfolument le finge & le plagiaire. Le premier aéte a cependant été fort applaudi- mais le fecond, quoi quecourt, n'a produit aucune fenfation : heureulëmenè quelques morceaux du troifieme ont paru ranimer le parterre. 11 n'y a aucune danfe qu'au premier aéter encore eft-elle fans caraétere, éV cependant elle devroit en avoir beaucoup, puifque c'eft une danfe religieufè s la maniere deslndiens. II y a un grand fpeftacle, beaucoup de Tornt XXIII, G  ( 1-4? ) mouvemens & d'évolutions detroupes, trè-s a la mode aujourd'hui, & qui enchantent li fort le maréchal de Bint?. On fait qu'il eft devenu un des chefs & coopérateurs pour fa partie de prefque toutes les nouvelles picces du théatre lyrique, ou fon régiment jouefouvent un róle. 11 afoarni cette fois centeinquante hommes employés a la fcenc feulement. Du refte , Fexécution du cóté des acteurs a été fi déteftable, qu'ils auroient fait tomber le meilleur ouvrage; il n'eft pas jufqu"au fieur Larrivée qui a chanté faux & n'eft plus reconnoilTable. On a confié le róle de femme a une D,Ie. Maillard, jeune débutante, dont s'eft engoué le public, qui n'a qu'une voix médiocre, & malgré les efpérances qu'elle donne, eft encore beaucoup au-deflbus de ces premiers röles. 27 Jout 1783. Le logement des gens de guerre eft une elpece de fervice exigé du peuple de Paris. En confiquence il le leve une taxe fous ce nom, fur beauco: p de maifons. C'eft un impöt réel établi fans aucune loi & fans qu'on connoifle les regies d'après lefquelles s'en fait 1'affiette. Le parlement s'eft quelquefois élevé contre eet impöt illégal, mais fans fuccès &fans beaucoup de chaleur, paree qu'on a foin de ne point impofer les maifons appartenantes  C 147 3 a fes membres, ni même aux magiftrats en général. La cour d«s aides, dans fes remontrances rdatives aux impóts du fix inai-1775, n'oubb'e .pas celui-ci. Elle y demande par quelle loi eet 'impór a été établi originairement ? Suivant quelle loi il augmenre tous les jours? Par qui & fuivant quelle regie fe fait la taxe de chaque maifbri? Enfin , a qui peut s'adrefiér le proprietaire qui ie plaint de la taxe ? Un M, Pupiïe de Myons , ancien premief préfïdent de la cour des monnoies de Lyon, c-ft venu s'écabïir a Paris , & s'eft fait construire une maifop dans un nouveau quartW, rue de Bondy. Elle a été taxée pour 1c logement des geus de guerre. II a réchmé comé d'abord, en ce que c'eft un impöt non enregiftré- enfuite, en ce qu'etant un ancien magiftrat, il devoit jouir du privilege de fa robe. On n'a point eu égard a fes exceptions; il'a I été coté 75 bvres: il a refufé de payer; le maréchal de Byron lui a envoyé garnifon de fon régiment, & Pa fait avec Péclat le plus fcandaleux. M. Pupiïe de Myons a préfenté requête atl parlement oü il a déduit fes griefs , ce qui a donné mattere a des affrmblécs de chambres, & il y en a une aujourd'hui oü eft mandé le -prévót des marchauds. 17 Jout 1783. L'académie royale d'arclutecture, après avoir laifl'é expofés aux regards G 2  C 148 ) & au jugement du public, les defïins des concurrens cóncernant le prix dont on a parlé, après avoir rècueilli les fufFrages, a prononcé dëfinitivement dans la féance d'hier vingt-fix. Le premier prix a été adjugé zM.Faudoyer, éleve de 1'académie, nommé par M. Ie comte d'slff'ry, afibcié libre honoraire , & le fecond prix a M. Percier, éleve de M. le Roi. profefleur. 27 Aoul 1783. La machine aéroftatique doit fubir aujourd'hui la grande expérience pro. jetée, dont 1'eflai tenté le vingt-trois donne le meilleur augure. Les foufcripteurs avoient d'abord arrêté que 1'afcenfion auroit lieu dans le terrein de Mesfieurs Perrler , oü eft conftrüitè la pompe a feu. L'emplacernent fuffiföit pour ces uieslieurs,qui, au nombre de buit cents pouvoient mener cliacun deux amis & former une afTern-r blée de deux mille quatre cents perfonncs feulement; mais jugeant de Fempreffement de tout le public pour le jour de fa grande repréfentation par fon affluence a la pdace des vidtoires, il a été convenu qne ce feroit aux chamns de Mars devant 1'école militaire qu'on exécuteroit 1'expérience. La machine adroftatioue y a été transférée hier: elle eft au miiieu dans une enceinte fcrmée oü entreront feulenuijt les ouvriers, artistés & ingénieurs néceflaires a 1'opération. Les ipufcripteurs & leurs amis péilétreront dans la  ( H9 ) vafte circonvallation du champ dc Mars , & les profanes, foit k pied, fok en voiture, pourront fe placer dans-mille endroits; Ie lieu eft fi bien litué , fi cécouvert , qu'on peut voir ie prodige de partout. Des obfervatèurs ftationnés en différens endroits, & jji'incipalement fur des hauteurs avec des 'pendules ou des montres a fecond es, doivent faire leurs remarques & en drcfférle procés verbal. Deux coups de canon, les avertiront du moment oü la machine fera laiffée a elie-même, & deux autres du moment oü 1'on 1'aura perdü de vue au champ de Mars. Comme on ignore le gaz, c'eft-a-dire la Harte d'air, & 1'cnveloppe dont s'eft fervi M. de Montgolfier, qui s'eft réfervé fon fecret, ou a employé a la conftrucrion de la nouvelle machine du taffetas enduit de gomme éïaftlque , & on 1'a remplie d'air inflammable. 28 Aoüt 1783. Ou van te fort ure hiftoire de la révölntion de Snede arrivée en 1772, qui rt peine a percer ici nar fa trop grande véracité. Ou la dit compoiee par le fécrétaired'amballade d'Anglcterre réfidant a Stokholm a cette époque. 28 Aoüt 1783. L'expérience de Ia machine aéroftatique a eu lieu hier avec tout le fuccès poflible, malgré le mauvais tems. L'aUlnence a été irnmerife de tous les ordres de citóyens. Non-feulement le peuple, les fcavails, les arrifïes. mafs les grands feigncurs\ les mmiftrès,, G 3  les princes ont voulu a/fifter'a ce fpeclaclè. Ee gouverneur de 1'école militaire y a fait conti uire les éleves dans tout 1'appareil d'une grande cérémonie. Un petit incident a cependant indifpofé le public. Meflieurs Charles, Robert & autres coopérateurs étoient dans une enceinte particuliere a veiller a leur machine, a labourer de tems en tems du fluide néccffaire a Ia rafralchir: lorfque M. de Montgolfter s'eft préfenté pour entrer, M. Charles s'y" eft oppofé formcilement' pré ten dan t qu'il craignoit la jaloufie de eet inventcur; de la des propos, une rumeur confidérable; & les manipulateurs, afin d'éviterlafuite de cette fermentation, ont defii'é qu'on , redoublat la garde. A cinq heures précifes, le fignal donné, onïi coupé les aninres de la machine qui s'eft élevée a i'inftant & a paru augmenter -deviteffe a mefurc de fon afcenfion. Comme un grainviolent a en même tems obfeurci Fair , elle a difparu au bout de quatre minutes, elle a reparu peu après pendant quelques fecondes & 1'on ne l'a plus revue. . Malgré la pluie épouventable qu'il faifoit, les amateurs'n'ont ceffé de la fuivre des yeux, & lesfemmesles plus élégantes, fans égardpour. leurs plumes, pour leurs chapeaux, pour leurs ajufiemens , pour leurs robes , n'ont point: cédé a la curioftté des hommes. La machine a paru.prendre. fa direéiion vers.-  C I5i ) 3a porfe Saint-Martin; favoir oü elle ira. Oh y a joint une priere par écrit a tous ceux chez qui elle pourroit tomber de vouloir bien con. flater 1'état oü elle feroit & le faire favoir. Comme les auteurs ont calculé qu'elle pourroit aller très-loin & jufque dans lespaysétrangers, ~M. lc comte de Vergennes y a fait auffi une invitation femblable a toute 1'Europe. 28 AqiU 1783. Extrait d'une lettre de Bordeaux du 23 aoüt 1783. . . . . Notre parlement , a peine revenu des convulfions qu'il avoit éprouvées a 1'occafion de M. Düpaty\ étoit rentré dans le cahuc & recommencoit k adminifc-erla juftice-, trop fouvent & trop longtems fulpepdue', lorfque ce nouveau préfïdent ,■ par fa morguc déplacée envers les procureurs & les avocats, a forcé eeux-ci de s'abflenir de' leurs fonclions k la tournelle oü il préfide & partout oü il feroit, ce qui défole de nouveau les plaideurs. Enfin, un autre incident trouble le parlement entier & fait craindre les fui-tes les plus linillres. M. Dudon, notre procureur général, homme dc beaucoup d'èfprit , dc capacité & demanege, eft parvenu a faire avoir la furvivance de la charge a fon fils,' defagréable au parlement pour avoir cxercé les fonftious d'avocat générr.I durant le fommeil des loix. Oh lui reproche d'ailleurs , beaucoup d'autres chofes, & on le regarde comme inepte pour une charge aufli importante. II y a eu diü'érentcs asG 4  C 15* ) fembldes "de charnbres a fon fujet, tirre errtre autres oü M. de Ia Lande, avocat général, k fait un difcours dired a M. Dudon 1c fils, oüil a rappelé toute fa vie avec les couleurs les plus odieufes , &il a tellement indifpofé lacompagnie contre ce procureur général ad-joint, que non-fctilement on ne veut pas le recevoir5 mais qu'on a pris la délibération d'ecrïre une lettre circulaire a tous les parlemcns pour les inflruire des motifs du refus de la cour & de- mander leurs confeils, leurs lumieres , & fur¬ tout leurs fupphcations auprès du roi , ahn d'épargner a la magiftrature cette bonte & eet opprobre... Voila oü en font les chofes. Du refte, des chanfons très-fatyriqtfes qu'on fe communiqué avec précaution , & qui lont cependant trt-s-répandues & fe chanteur, jufque parmi le peuple 29 Aoüt 1783. II eft conftaté aujourd'hui que le balen, après avoir voyagé pendant troisquarts d'heure dans les régions de 1'air & hors de ia vue, eft tombé a Gonefle, diftant de Pa, ris de qnatre lieues. Les payfans, a Papparitioa de certe machine dont ils n'avoient aucune connoifiar.ee, ont eu peur; ils Pont prife pour quelque monftra & Pont criblée de pierres, a deffein d=i 1'aflbmmer. Cependant quelques-uns fe font déta_ chés versie curé qui, nrieux inftrtiit, les arasfiirés. On a bientöt donné avis de Pévenement a Paris, ècil y a une grande fciffiou entre les  ( -53 ) fes fcavans,dont queïqaes-'uns reproclien't 5 M Charles & compagnie d'avoir mis trop d'air in" iiarnmuble dans le baton. . 29 Aoüt 1783. L'aobé Gros de Bespias, aumómcr de Monfieur, vient de mourir. Cétoit un hommede lettres, connu par plufieurs ouvrages. 11 étoit prédicateur dir roi, & 1'on hu atUibue l'heureufe révolution arrivéc dans les pnfous & dans le fort des prifonniers. On prctcnd que dans fon difcours de la cene prononcé a Verfailles en 17-7, il fir ime peinture fipathetique de ces horribjes demeures , que &a Majefté en paria a M. Necker, & que ceUu-d laifit avec emprefiement de faire valoir fc dcattnbuer un acte de commifération qui n étoit au fond du qu'au cceur du monarque & a 1 éloqueucc du prédicateur. ^ 3° Aoüt 17S3. La maifön de Sorbonne vient ce perdre encore un dc fes membres les plus' dnhngués en la perfonne de M. Cotton des Iloufiayes, fon ancien bibliotbécaire. Ce fcavant homme, auteur & éiiteurde differensouvrages, travailloit en ce moment a des Elémens dViiftoire littéraire univerfelle, ou Bibliothéqpe raifiónnée £fr. II projetoit aufli un traité i>es Ünirerfités de France , pour fiervir d'intro, duction au eemmentaire 'fur le chapitre des gradués de M. d'Uéricourt &c. II poffédoit la phyfique, la botanique & furtout la théologie, accord aflez rare G 5  ( 154;) in,.& a établi cette fympathie.  C 159) fiiion fblidement, au moins ïngénicufe'ment... Les lectures ont été ftiivies d'un concert oïi un M. de Mèudééleve de Roufeau pour la mulique, compoliteur en ce genre & pocté en même tems, a joué du vrolón, feul, avec un grand fuccès. Une Madame Boracier, dont on a déja eu occafion de parler, actianté 1'italien commetme cantatrice de cette natiön. Enfin , Fimprovifatcur a-terminé la féanceen répondant a tout ce qu'on lui a demandé impromptu, en vers, en' chantant, &. fur 1'air qu'on a defiré. 3 Septembre 1783. Un M. dc Framery, qui depuis longtems travaille pour le théatre. italien, mais comme auteur de- parolcs feule-meet, étend aujourd'hui fes talens , & 1'on doit jouer fur le même théatre h forciere par hazard, comédie nouvelle en deux aétes & en ver- , mêlee d'arietes , dont il a fait auffi la mnfiqu:. Comme c'eft un grand parodiite. des opera boufrons., que c'eft lui a qui 1'on doit la. découverte de cette mine précieufe, de la Coianie, de l'Olympiade, &c..il eft bien i crain- ■ dre qu'il n'-ait beaucoup pillé chez ces mufi-ciens de PAufonie, & ne nous donne fes remi-nifcences pour des nouveautés.. 3 Septembre 1783.. L'établiflement primitif du lieutenant criuiin.el de robe courte &.des archers de fa compagnie, étoit de vifiter cliaquejour les nïcs, carrefours, ta vernes , caba-  C r6o> ; rcts & maifons diffolués de Paris, de prendit au corps les vagabons oififs, rnalvivans, oens fans avcu , joueurs dc carrés & de dcV, & autres coupables- de mêmes fairs , furpris en fkgrant délit, & de les menerdans les prïfons du chatelet pour être jugés par le prévót de Paris & fon lieutenant crimiheL Depuis il a été attribué au lieutenant criminel de robe courte un excrcice de jurisdictiën flans le ftege du cbatelet, qmacontrrbuébeautwp i purger la eapitale & fes environs de malfarteurs & perturbateurs du repos public, dans les tems oü la police ne pouvoit encore être portee au' point de perfeóïion oü elle s"eft él.'vee fucceftlvement., & oü elle eft parvenre aujourd'hui, Cette perfeftfon de police a exigé une compagnie d'infpecleurs, particulierement attacbée au magiftrat qui la préfide. Comme il arrivé fouvent, les nouveaux officiers créés ont cherché a empiéter fur les anciens, & foutenus de leur chef, Pont emporté au point que Ie lieutenant criminel de robe comte eft privé de 1'attributron de jurisdiction dont il jcuiffoit, & fes fonélions font réunies a celles du lieutenant eriminel du chfltelet, en forte qu'il n'eft plus que le colonel de fa troupe fervant prés le parlement & ]e chateiet, deflinée a Pculevement des décrétés, & a leur garde dans les prifons de ces deux tófeaaaux. Dans im édit donné a Verfailles au mois de  C tsi ) Juillet dernier, on motive la fuppreiïion des fonélions du lieutenant criminel de robe courte iur i'utrlité de fimplifier les procés criminels cc de les abréger, en évitant les conflits entre les différens jiiges. Le parlement , qui naturcllement cevroit foutenir Ja compagnie de robe courte, qui eft fa garde militaire, & lui eft fpécialcment confaorée, eft fi foible aujourd'hui, que le vingtdeüx aoüt dernier , il a enregiftré fans diffieulté, les cbambres alfemblées, 1'édit dont il s'agit. 3 Septembre 1783. La Sorciere par hazard, que la comédie italiennerepréfenteaujourd'hui, eft mie comédie a arietes, faite en i7Ó7&exéciuéc d'abord en 1768 chez Madame laduchesfe de Viileroi avec de la mufique prife de cóté & d'antrc. Cene bigarrurc déplut; Mr. Framery refiri alors en eniierla mufique de la piece & elic devoit être jouée a la cour en eet état en 1773 & puis en 1774; la mort du roi Pempêcha, & diverfes circonftances ont ree u1c jufqu'a ce moment la repréfemation üe la Sorciere par hazard. L'auteur convieüt qu'elle refiémble beaucoup-^ la fan [je Magie; mais ilrépand eet hiftorique par lui ou par fes amis, afin de fe difeulper de 1'accufation de plagiaï dont on le charge d'avance fur le feul titre. 4 Septembre 1783. Le gouvernement, pour prévenir les alarmes que pourroient caufer dans les, campagnes les machines aéroftatiques que  1'on fe propofe de faire voyager de toutes pa'rfs; dans les airs, a fait inférer dans la gazet e de France de mardi deux, une notice des deux machines qui ont déja été.éprouvées,.& aaverti Ie public que 1'on devoit contiuucrces expé-ricnces dans 1'efpoir d'en tirer quelque utilité applicable aux ufages de la fociété. 4 Septembre 1783. On allure que famedi dernier trente aoüt, il eft parti des lettres de-" juflion ati parlement de Bordeaux pour qu'il air a recevoirM. Dudoii le fils, dans la charge deprocureur général, 4 .Septembre 1783. Extrait d'une lettre dé' Dijon du 29 aoüt 1783 Vous fcavez au¬ jourd'hui que M. le comte de Tollendal eft débouté de fa demande en rétab'liffemcnt de la. mémoire de fon pere. Ce jeune militaire, fi. recommandable par la piété filiale qu'il a ihoritrée dans cette affaire & par fon ardeur infatigabie- a faire valoir les divers moyens que le fonds de la caufe & les acceffoires pouvoient lui procurer,. n'a pas en même tems négligé tousceux qui pouvoient le conduite a gagnér les iug.es , 011 a les faire circonvenir. IJ n'eft pas une loge de francs-raaien s de la province oü. il ne fe foit introduit pour s'y faire des partifans, oü il n'ait pronoucé des difcours-. Son éloquence ihfintiante lui avoit en effet gagné tous les creurs. Les femmes de Dijon étoient . abfolument pour lui; la cbambre des eqmptes,, nombre de jeuues magütrats du parlement, deuV  C 1*3" > i'oiènt égaiement qu'il gagnat; mais il n'a pir entamer les viejll.es perruques. On prétend cependant, que 1'arrêt n'a point paffe a 1'unanimité; que ie procureur général & trois Confeil- lcrs étoient pour mnocenter M. de Laï/y Au refte,._ vous remarquerez dans la leéture de 1'arrêt que le parlement en accumulant beaucoup de délits dont il juge 1'accufé at teint & mnvaincu, n'en articule aucun qui paraifïè di- gne de la mort Auffi M. de Tollendal compte-t-il bien s'en prévaloir pour fepourvoir en caflatïon. 4' Septembre 1783. La Sorciere par hazard. n'a point eu de fuccès quant au poëme. L'in. trigue en eft. des plus triviales,'& les moyens ü'ont.pas le fens conumin; en outre, des kost* gueurs exceffives & propres a gater le meilleur ouvrage. 11 y a de jolies chofés dans la mufique; mais; le total a paru d'un ton trop relevé pour ce tbéatre, & d'ailleurs trop trifte. Une anecdote qu'on ne doit pas omettre, & qui fera garder le fouvenir de la piece, c'eft uue gaucherie ou une impuclcnce de M?!e. Co~ lombe. Cette actrice fait le priucipal róle, celui dela Sorciere par hazard; il confilte a profiter de fcopinion que 1'on a de fon talent magique,afin de foufiraire une pupile a 1'autorité d'un vieux tuteur qui voudroit 1'époufer, & de la marier  C 164 "> è fon amant, ce qui forme le dénouementcte la piece: alors elle prononce ces quatre vers Ma plus grande forcellerie Eft 1'ait de faire des heureux; C'eft un fe rct bien dotix dont je me glorifie, Et je m'en fers tant que je peux. Cet aveu, uifeeptiblë d*allufion polieone, a para très-pluifant dans la bouclie de Padrice fort dévergondée , & des malins du parterre ent crié bis., ne s'imaginant pas réuffir. Point du tont, M'lc. Colombp eft revenue très-majestueufernent & a recommencé fa tirade ; alórs des claquemens de maifls, des éclais de rire, des applaudiffemens de canne les plus bruyaus, qui ont dü faire fenttr a Ia forciere qu'elle avoit mal deviné Fintention du public , dc qu'elle étoit prife pour dupe. Mad. Bellecour, actrice très-renommée des francois en pareii genre , aujourd'hui cfpece de Duegne qui prend les jejunes fous fa proteetion & s'intéreffe aux Colombe , a vertemeut reprimandé en plein théatre celle-ci de s'étre prêtée au defir des mal-intentionncs, ehforte que, par 1'éclat qui en eft rétulté on ne fait k M. Framery ne fera pas obligé de fupprimcr cette fin. 5 Septembre 1783. Autrefois les habrtans de Paris étoient fujets a loger les geus de guerre; ils s'en étoient rédimés, a la charge qu'il  ( i5« ) jfen 'païïeroit même plus par Ia ville ; c'eft ce qui a fait qu'en 1767, lors du paffage des carabiniers, quoiqu'ils 11'aient pas féjourué , les officiers mimic.ipaux ont fait leurs proteltations & repréfentations k ce fujet. Ma'lgrë ce rachat, depuis les licutcnans colonels des régimens des gardes francoifes & fuiffes ont trouvé le moven de faire contribuer les habitans des fauxbourgs, fous prétexte de 1'agrandilfement de la capitale. Ce droit s'eft confolidé, s'eft étendu jufque dans 1'intérieur ik fe percevoit fans autre formalité que celle de rccourir au prévót des bandes, qui décernoit les contraintes contre ceux qui refufoient de payer , ordonnoit gafnifon , & faifoit vendre les meublés &c Le parlement s'eft récrié dans diverfes remontrances contre eet abüs monffrueux,puisqu'indépendamment du vice elfentiel de 1'imput, la forme même en étoit ablurde & révoltante, ce prévöt étant juge & partie , en ce qu'un des articles de fon ferment eft de ne rien faire de contraire aux intéréts & au vocu du corps. La cour des aides, comme on a dit, dans fes belles feinöntrancés de 1775, a plaidé éioquémment contre eet impót illégal, & pour y faire droit en partie, on a óté la conr.oitï'ance des couteftations élevées k ce fujet au prévót des bandes , & ou Fa attribuée au prévót des Biarchands, dont 1'appel doit reffortir au con-  feil des dépêches. Tel étoit 1'état des 'cliofes, lorfque M. de Myons a cru devoir' donner un exemple qui pouvoit être utile a fes eoncs tovens. Son refus a d'abord Fait la mallere d une ué> gociation vis-a-vis du painiftre de Paris , qui ne jugeant que fes caufes d'exemptions , & comme gentilhomme, & comme ancien maire deLyon,& comme ancien premier_ pféfideiit de la cour des monnoies dc cette ville, les a trouvées nulles, & a déciclé qu'il n'en pouvoit jouir aue dans fa patrie. Alors. Paffaire s'eft inftruite par dcvant la vdle & correfpondance avec le prevut des marchands, qui, fentant le danger de donner trop d'éclat a une conteftation capablc d'excitcr Pattcntion du parlement, a che ch' tousles moyens poffiblcs de 1'appaifer, jufqu'a euvoyer a M. deMyons fix quittance en blanc pour la remplir de telle & li petite fomtne qu'il vondroic: lur • quoi celui-ci a répondu qu'il n'eBtendoit rien payer du.tout, &a fait va'.oir lepuiflaut moyen du défaut d'enregiftrement. Le prévót des mavchands, poufi'é a bout paf M. de Myons d'un cóté, &de 1'autre prelfé de prononcer par le maréchal dc Biron, en a reféré au confeil des dépêches, d'oü eft émaué * 1'ordre dont on a parlé. M. de Myons a cependant eu recours a Ia. vofe dc la plainte au parlement, & a préfenté requête pour obtenir un arrêt dc défenfe qu on  C 167 ) ■hu a refufé, fous prétcxte que Fappel du jngeanént du prévót des marchands en pat:eil cas, alloit au confeil des dépêches. M. dlEprémefnil revenu de Dijon, informé des vexations exercées contre M. de Mions, en a pris coiinoiiiance & ea a fait une dénon•ciation aux cbambres aflémblées le mercredi vingt-fept aout; ordonné fur. le champ que Ja -dénonciation & picces y relatives ferpient com•muniquées aux geus du roi pour donner leurs conclufions. Elles ont été, a ce que ie parlement fe retirat par devers le roi k 1'eHêt de ■connoïtre les iutentions de Sa Majefté a eet égard. La cour, avant d'avoir égard aux conclufions , a mandé le prévöt des marchands pour comparoir fur 1'heure & rendre comptedes faits qui le concernoient. L'htiiffier n'ayant point trouvé M. dc Caumartin, ni a la ville, ni chez lui, eft allé lui figni lier 1'arrêt en maifon étrangere oü il étoit. 11 a comparu & 1'on ne fcait ce qui s'en eft fuivi. II faut ajotiter que le parlement, après avoir déclaré qu'ir n'y avoit lieu k délibérer fur la dénonciation de M. d'Eprérnefml , a cependant arrêté que le premier préfïdent feroit chargé de fe rctirer par devers le roi, qiiand & comme bon lui fcmbleroit, a Felfet de fuppjier Sa Majefté que fes fujets ne fiüiént point vexés  ' ( i6S ) atiffi cruellement pour une taxe de pure tolérance. 6 Septembre 1783, Le parlement voulant paróitre avoir fait quelque cholè relativement ala réforme dont on parlc depuis fi longtems, avant de feféparcr, a rcndu enfin 1'arrêt annoncé porttipt Réglement pour les arrêts fur requête. • Ce réglemeiu eft donné comme le réfultat des conférences tenues chez le premier préfïdent. II doit être infcrit fur les regiilres des déhbérations de la communauté des procureurs & faire L pour eux. U s'agit de fupprimer les arrêts de défenfe, qui s'obtenoient abufiveroent contre tous les jugemens des premiers juges, ui* diflinêlement & au préjudice de 1'ordonnance. Ces arrêts de défenfe coutoicnt quinzelivres, & il Ven expédioit environ foixante-dix mille mr ah ce qui faifoit un objet conféquemmcnt de plus d'un miliion de commerce pour le pahis. Les connoiffeurs critiquent beaucoup eet arrêt & le trouvent tres-mal fait, en ce qu il laiffe encore aux procureurs beaucoup de tournures de chicanne qu'ils pourront mettre en ^Cet'arrêt a été enregiftré aux cbambres asfemblées le vingt-fïx aoüt. 6 Septembre 1783. U Paroit conftant que M de Myons eft exilé a fa terre prés de Lyon. On allure qu'on avoit tellement aign le roi contre  C 169 )' contre lui, qu'il vouloit le faire mettre a Pierre encizc. 7 Septembre 1783. Rien de plus vrai que 1'exil de M. de Myons. II eft parti niercredi, M. d'Eprémefnil a fait a fon fujet un nouvelle dénonciation aux chambres affemblées&le premier préfïdent a auffi été chargé d'interpofer fes bons offices pour faire rendre & M. de Myons fa liberté. II paroft que Paffaire des qurnze-vïngts va refter fufpendue. Le parlement , avant de fe féparer, a arrêté que la chambre des vacations feroit tenue de yeiller è ce qu'il ne fe paffat rien au détriment dc 1'hópital des quinze-vingts ou de contraire a fes intéréts, ainfi qu'au vceu de la compagnie, toutes chofes demeurant en état jufqu'après la Sainte-Catheriae oü elle fe propofe de délibérer fur le tout. On parle d'un autre cóté du baron de Breteuil, comme devenu dans le confeil des dépêches un des redoutables aJverfaires du grandaumónïer; comme ayant répréfenté que, fans entrer dans les difcuffions particulicres nées de cette affaire peu digne peut-être de fon attention, il y avoit deux objets capitaux dont le confeil ne pouvoit fe difpenfer de s'occuper férieufement, 1'exiftence de 1'hópital d'une part dans toute fon intégrité, & Ie prêt des Génois de 1'autre fait a eet hópital en vertu de lettres patentes, enforte que Pétat en devenott par la le garant» Tomé XXIII. li  • c 170 ) Dn veut que de tout cela il en alt réfulté un grand mécontentement du roi, qui a vcrtement reprimandé fon grand-aumönicr, cnforte qu'on ne feroit pas furpris que ia contcftation fe tertninat par la démiiïïon forcée de M. le Cardinal de Rohan, 7 Septembre 1783. Le bruit couroit depuis prés d'un mois qu'il y avoit eu un bénéd'cYn arrêté & conduit ala Baftille. II paroït que le fait n'eft plus douteux & que fon grief cfi d'avoir compofé des écrits anonymes propres a 1'emer le trouble & la divifi011 dans 1'ordre. 8 Septembre 1783. Extrait d'une lettre de Lyon du 1 Septembre Ayez moins de regret au peu de foin que 1'on parolt prendre de perpétucr le fecret'de fabbé de l'Epée pour Tinftraétion des fourds & muets de naiffauc?. Nous avons ici un abbé Margarou qui marcbe dignement fur fes tracés. Le dix-neuf du mois dernier , au pafiage de 1'archiduc Ferdinand & de Parchiducheffe Beatrix par cette ville, il leur préfcnta un jeune homme qu'il inilruit depuis quinze mcis. Cet éleve fit au prince un compliment en ces termes. „ Mon prince, que je fuisbeureux de paroitre aujourd'hui devant votre alteffe royale! la nature m'avoit refufé le don.de m'exprimer; mais. • par le fecours de Fait, je pourrois vous dire ■ tout ce que la renommée pubiie de vos qualités ■ éminentes," S Septembre 1783. Carlin Bertinazzi, l'-aw  C 171 ) ïequin de la comédie italienne, vient de fnonrif agë de foixante-treize ans. II a été fuffoqué par une attaque d'appoplexie. II avoit rcmplacé le fameux TkomaJ/in, & étoit depuis 174a au théatre, & amufoit encore le public dont il étoit aimé fingulierement. La foupleffe de 1'on corps dans eet age avancé, fes graces, fa naïveté, fa facilité, fa voix douce & infinuante ■ font des qualités précieufes , difficiles a réunir dans le même individu. On fe rappellera toujours avec quelle préfence d'efprit & quelle fermeté en même tems il répondit au prince de Monaco qui, dans les jours de licence du théatre, ofa 1'interrompre ■ en fceue pour lui reprocher la fituation indécente ou il laiffoit trop longtems Caroline a fes genoux. II faut Icavoir que le prince de Monaco entretenoit alors cette actrice, dont CarUn étoit amoureux. Celui-ci profitoit de la ll- .tuation pour mêler adroitement a la fcene les •épanchemens de fa propre jaloufie. Sans fe déconcerter, il fit fentir au prince que c'étoit lui qui manquoit eu ce moment au public, & le .parterre de huer le petit fouverain, & de témoigner a l'acteur fa fatisfaétion par des applaudilTenrens réitérés. II eft a remarquer que, quoique Carlin foit mort fans confeffion & dans le plein exercice de fon talent, il a été euterré fans difficulté k Saint-llocb & avec cérémonie, ce qui cotifirH a  ( 17* ) me le privilege des comédiens italiens de n'étre point excommuniés. 9 Septembre 1783. M. Pildtre de Rozier dont on a parlé plufieurs fois, qui tient le Mu~ I /?e fcientifique, réuni depuis peu a la Sociétè . papriotique Breionne, a échauffé le zelc de fes élevcs : ils doivent faire graver une eftampe deftinée a fixer 1'époque de la découverte de la machine aéroftatique & dérliée a Meilieurs de Montgolfier. Quoique le fujet en foit déja efquiilé , comme on propofe aux amateurs de donner leur avis, 1'on attendra qu'elle foit finie pour en faire la defcription. Eu conféquence, ces enthoufiaftes ont ouvert une foufcription a raifon de fix livres pour chaque exemplaire de la gravure. Les frais prélevés, du bénéfice qui réfultcra, M. PiLt- tre üe Kozier ie propote ae conttruire une machine de nouvelle forme avec -laquelle il efpere s'élever, mais avec les fages précautions qu'exi- ' ge une expénénce aufn pénlleule. 9 Septembre 1783. 11 paroit conftaté que le globe de M. Charles a été perdu de vue au bout de deux minutes & quelques fecondes feule¬ ment. M. te (jerttit, ae 1 Academie des lciences, qui étoit- a 1'obfervatoirc pour mefurer la hauteur a laquelle le globe s'éleveroit 1'a eftimée a trois eens trente-neuf toifes lorfqu'il Pa perdu de vue, & M. Jeaurat, fon confrère, qui étoit au garde-meuble, place de Louis XF,  ( 173 ) ne Ta calculée qu'a trois eens vingt-fept toifes. On attend avec impatienee 1'apparition de la grande machine a laquelle travaille un des freres Montgolfier qui eft a Paris. Elle eft exécutée comme celle d'Annonay, en toile & en papier, & aura les mêmes dimenfions, c'eft-a-dire trcnte cinq pieds de diametre. 10 Septembre i 783. On a fait a Carlin ïépitaphe fuivantc Cy git Carlin digne d'envie, Qui , bouffón charmant fans effort, Nous fit rite toute fa vie, Et nous fait pleurcr a fa mort. 10 Septembre 1783. M. Blanchard revïenï furlafcene; encouragé par les expér'ences de la machine aéroftatique , il annonce qu'il en fera voir in:eflamment une qui montera, defcendra & décrira a volonté une ligne horifontale. II fera dedans.& afpire k l'honnaur d'être le premier navigateur aérien. 10 Septembre 1783. Si dans la Relation de fa détention h la baliille on ne voit enM'.Linguet qu'un écrivain forcené , qu'un égoïfte impudent, rapportant teut a lui, ne louant & ne blamant que dans cette proportion, & modjfiant les vices, les vert.us, les loix fuivant la facon de fentir de fon amour propre ; il faut convenir que dans les Obfiervations de fon critique fur MUftob;? de la Bafiille &c. H 3  C 174 ) oh ne découvre qu'un efclave rampant du ibis ni fiere , n'afpirant qu'a lui plaire , trouvant bon, jufte & Iouable tout ce que commando . 1'autorité fuprême., & s'efrbrcantd'enchainer avec 'lui la liberté, la philofophie, la raifon & jurqu'au bon fens. Sa préface, fis Remarques fur le cara&ete dé T auteur, fes Obfervations prèlhninaires fur fon avis,: enfin fes ObJbrvations fur les Mémoires de la Baftilk, toutes les parties de fon ouvrage font impregnées de eet efprit dabjedion.. Du refte, iltombe dans quelques-'uns des mêmes défauts reprochés a 1'ouvrage qu'il cenfure , & il manque fouvent d'ordre , de méthode , de logique & furtout de preuves; enfin Mc. Linguet feroit encore a réfuter, s-'il ne fe icl'utoit déja lui-même aux yeux du lecteur impartiai, ne cherchant que la Mérité U n'y rencontrant qu'une foule de menfonges palpables. En conféquence des ordres du roi donnés pour le chapitre général de la congrégation. de Saint-Maur, qui doit s'être ouvert hier a S-aint-Denis, les provinces de Bourgogne, de Normandie, de Chezal-Benott, de Toulouze». de Bretagne, & de France ont nomraé chacune fix députts dont 1'éleclion eft conftatée dans le procés verbal de vérifieation desferutins , & leurs noms & qualités font renduspublics dans une lilte imprimée. il Septemfre 1783. 11 faut lé rappeler que  C <7J ) depuis quelque tems M. de Chamois avoit perdu fa femme qui s'étoit enfuie,' fans qu'il fut trop ce qu'elle étoit devenue; il en a en* fin eu des nouvelles par fonraviffeur, le marquis de Permangle. Extn.it d'une lettre de Chatnberri du 5 Septembre Dites au rédaéTeur du Mercure dë France pour la partie dramatique, eombien j'ai été puni de m'être prêté au de-, fir de fa femme de fe fouftraire h 1'autorité conjugale ; je reconnois aujourd'hui que fa paffion apparente pour moi , n'ctoit qti'ufi prétexté pour favorifer fon goüt de liberté, ou p'utöt de lihcrtinage. j'ai appris qu'elle étoit en Rufile depuis fix mois> & sse des actrices de Stunt Fétenbeurg. La caque l'ent toujours le hareng ; voila ce que c'eft que d'avoir épou'"é la fille du comédien & de la Comédienne Prévïlle ; voila furtout.ee que c'eft que de lui avoir donné~ de mauvais exemples en quittant une femme honnête pour vivrecontinuellementavecdes filles:jecrois, au furplus, que M. de Cfnrnois en a- depuis longtems fait fon deuil; mais il eft toujours bon qu'il fcache ce qu'eft devenue fa femme & s'aprCte a recevoir les héritiers qu'il lui plaira lui donner. 12 Septembre 1783. Extrait d'une lettre de Grenoble du 4 Septembre M.deSen. qïpeterre, "colonel du régiment de Haynault, vient de mourir d'une maniere propre a fer- a $  C i?6 ) vir d'exemple. II étoit atteint d'une paffen violente en faveur a"Adeline de la comédie italienne. Dans un accès de jaloufie il s'étoit déj& donné un coup de'couteau pour elle. Ne pouvant réfifter h une trop longue abfence, il a prétex'.ê d'aller chaffer aux environs de cette ville & s'eft rendu a Paris oü il a paffe trois jours & trois nuits avec cette impure. 31 y a grande apparence qu'afin de foutenir avee fuccès une lutte auffi longue s il avoiï pris des mouches cantharides, il eft revenu ici atteint d'une fievre inflammatöire a laquelle il a fuccombi promptement.... . 12 Septembre 1783. On voit par le feul ariét contre les arrêts de défenfe, que le parlement, les cbambres aflemblécs, ait rendu -concemant les formes dont il s'occupe, qu'il n'eft pas encore fort avancé. Cependant, <3eux cbambres des enquêtes ont déja exprimé leur voeu fur d'autres poim.s. La feconde des en ',uêtes dans un procés a réduit a trois eens róles , des écritures d'avocats portées a buit eens, & la troifieme a fait un réglesnent pour modifier les frais des feerctaires, & forcer les juges a lire eux-mêmes les pieces. Mais ces difpofttions particulieres n'ont encore au:une fanöion légale, &il faut voir fi elles feront adoptées par le parlement réani. 13 Septembre 1783. II paffe pour conftant que le parlement ne voulanï pas toutefois abandonner la pofleffion oü il eft de faire dos re-  C i77 > teprcfentatibns totttes lés fbis qu'il eft' qnestion des droits de la nation ou des corps vio» les, d ordrcs Ille'gaux & defpotiques ; maiscraignanc en même tems de fe compromettre' & de déplajre au roi par trop d>ppareïl & de léfffïance, a fait (burdement quelques démarches en faveur des bénédieiins qui fonxcrüelicment vexés par 1'autorité.. Cette cour a été bientót arrötéê par la réponfe de Sa Majefté qui Pa tranqunifife & Pa renvoyée après les vacances & la fin de la convocation du ehapitre ex'raordinaire tenu & Slint-Deni's, afin qu'il puiffe connoitre les vues iüpérieures de fagefle qui ont provoqué cette aifemblée & en jager. Dom Móufftt , le fupérienr général de la» congrégation , dont-le pouvoir a dü être fuspen 'h dès le commencement & pendant la durée du chapitre, auteur d'ailleurs de la fameufe requête II mal vue du confeil', ayanc refufj de fe trouver a ce chapitré, a recu un ordre du roi pour s'y rendre & n'en pasd.'semnarer. r3 Septembre T783. Extrait d'une lettre deBordeaux du 9 Septembre Les chan- fons que vous demandez font trop plates & trop groHlerespo ir vo;:s être tranl'mifes. Celle contre M, Du; aty cependant, n'eft pass fans fel , & furtout eertains couplets mentent d'être eonfervés. Par exemple ceux-ci' ©ü 1'on peiac fon genre d'éloquence, ce fons EL 5  les- quatre, cinq & fix v lis font fur 1'Air s Mi V.Abbé oü allez vous- &' 'c. Toujours fur les trct ;aux monté3 Le petit homme eft c. nchanté, Et ne cache a perfoi me... », Eh bien , Le plaifir qu'il fe donn e... Vous in'entendcz b Èn. Afiis fur le tre'pied facrd „De 1'efprit divin péné'tré., Chut, il ouvre la bouche. >0L Eh bien! El la montagne accouchc....., Vous m'entendez bien.. I.e piétoirc abreuvé de fang', La mort volant de rang en rsng_,! Un poignard, une lance,.. Eh bien! Quel foudre d'éloquence !.... Vous m'entendez bien.. Les fept & huit roulent fur un jeu dé mots;; ils font relatifs a fa naiffance , & feroiencfans doute injufles & déplacés fans Ja morgue & 1'infolence qu'il a déployées dans fa? querelle avec les deux corps qui font baffoué,, Tf'emblez avocats, procureurs; Le petit homme. eft en fureur; 11 arme fa colere.., Eh Wkil  C 179 ) Du rafoir de fon pere; Vous m'entendez bien. Ahl mes amis, que faites-vous? Ciaignez reffet dc fon courroux. Il va, je le parie.. .. Eh bien! Rafcr la compagnie; Vous m'entendez bien. Dans les couplets dix, onze & douze enIn , 1'on attaque trois des plus fameux avo,cats du barreau de Bordeaux, a qui 1'on reproche leur l&cheté d'avoir abandonné 1'ordre pour refter attachés a un magilirat avec lequel ils étoient, il eft. vrai, lies avant, mais qui venoit de les iniulter indireétement dans la perfonne d'un de leur confrères. On révele d'ailleurs les petites manoeuvres employécs pour donner une confiftanee & une rcptitr.tion littéraire a M. Dupaty... ... Vijs courtifr.ns de ce faquin, Be Seze, Garat & Rumain,. Vous voila pour la vie.. , Eh bien! Voucs a 1'infa'mie; Vous m'entendez bien. Vous pouvez encor 1'adniirer; Vous n'entendrcz point murmurtr Oa permet qu'il figurc.... Eh bien! II 6  ( i3o 3' Bans «n coin du mercure;- • Vous m'entendez bien. On vous paue pour fes écrits, De fupplier les beaux elprits, Qu'a Paris on le nomme,.. j Eh bien! Düpaly le grand'homme, Vous m'entendez bien, W Septembre 1784. La nouvelle machineaéroftatique k laquelle fcravaillent Mefneurs de Montgolfier (earils font deux freresj s'eft exécutée au fauxbourg Saint-Antoine. Elle eft compofée d'une toile commune, cuoique affez fine, revêtue de papier en dehors & en dedans exaétement eollé. Elle a 1'oixantedouze pieds de hauteur fur trente - huit de diametre dans fa- plus grande largeur : elle B'eftpoint ronde & a une forme bizarre, dlffkile k concevoir quand on ne 1'a pas vue, & même a décrire quand on l'a vue. Cette machine dcvoit être transférée k Verfailles , & 1'exöcutiön de fon afrenfion avoir lieu devant lé roi, la reine & toute lai familie royale le vendrecü dix-neuf; mais, comme on a voulu faire un effai hier, avec' précaution & en la retenant, il lui eft arrivé un deVhirement qui ne ponrra pcut-être pas être réparé affez promptement & obligera de retarder fa tranftation k Ta cour. Des commilfaires de 1'académie des fcien-  C r8r ) ces étoient a 1'expérience, & fuivent toutes les gradations de la machine. Comme cette invention excite malheureufement une jalou'ie trop ordinaire entre les fgavans qui afpirenc a 1'honneur de la déeouverte & furtout de 1'exécution de 1'expérienee , Meffieurs de Montgolfier apportent beaucoup de moltere a leur opéraüon, & la machine rede dérobée aux regards des profanes & de ceux qui ne font pas de leur école. 74. Septembre 1783". M. de Toiendal avoit fait imprimer clancleftineinent a Rouen fon mémoire- au confeil & 1'avoit diftribué aux juges de Nornr.ndie avec cette note, Pour vous feul, Monfieur; il fa diftribué a Dijon fous le titre de Mémoire produit au confeil d'état du Roi.. M'. d'Eprémefiil, qui n'eft pas moins fécond & moins avide d'imprirner , a fait répandre Coup d'ceil fur les derniers volumes publiés par le {feut Tolendal r fe difant comte de jLally-'folendal. Dans ce coup d'ceil, Te magiftrat reproche dabord a fon adverfaire d'avoir ajoutc dans ce mJmoire de nouve'les horreurs ai.x anciennes , & de donner comme imprimé a Rouen , ce qui 1'a été a Dijon : il affure pofféder le mmufcrit de- celui de Rouen, & que les deux different dans des points capitaux.. 11 paife a 1'exorde enfuite cc foutient que H 7  C ai) 'fon' adverfaire, qui s'incitule fils Jégitlme dm comte de Lally, n'en eft que le fils naturel, qu'il n'a jamais été légitimé , ni par lettres! du prince , ni par mariage fubféquent ; il! foutient que le fieur de Toiendal n'a jamais foumis au confeil les preuves de fon état, qu'enfin c'eft un homme fans état, fans qua-j lité pour obténir , fans lettres de reliëf de: laps de tems, la calfation d'un arrêt folem-.. nel rendu depuis douze ans. Enfin, M. d'Eprémefnil entre dnns le fond'! du procés & renverfe les trois propofitiona de fon adverfaire, r^que le comte de Lally' n'a pas été coupable ; 20.. qu'eüit-il été lei plus coupable des hommes, il a été mal jugé;.'; 30. que, d'après■ Pétat du procés, il nepou-t voit pas être bien jugé. Ce n'eft que depuis peu que 1'auteur, après-, avoir fait ufage de ctt imprimé a Dijon, a. cru devoir le répandre par mi fes confrères & Paris, & vraifcmblablement auffi parmi les i membres du confeil : comme il eft queftion déja d'une requète en calfation contre 1'arrêtI de Dijon, préfentée par le comte de Tollen- ■ dal & admife, il fe hite d'offrireecoupd'ceil aux magiftrats du tribunal qui eft une feconde fois fiifi de 1'affaire, afin de les prémunir contre les nouvelles infinuations de fon adverfaire, & leur prouver que, y eüt-il quelque défaut de forme dans 1 arrêt de Dijon,. il eft tems de laifler dans foubli la mémoire  C 185 3 d'un homme trop juftement condamné par ]a loi. 14 Septembre 1783. M. Gatteaux, graveur des médailles du roi, auteur de celle qui a été accorde'e dans la féance publique de 1'académie francoife du vingt-cinq aoüt, n'a voulu recevoir aucune rétribution. La compagnie, très-fenfiblea cette générofité, pouriui en témoigner fa foible reconnoiffiance, a arrêté que eet artifte feroit prié d'aecepter un ,exemplaire de-fon diciionnaire , un billet d'entrée pour lui a toutes les féances publiques, & deux autres billets dont il difpofera . a fon gré. Du refte, la médaille eft d'une compoft•tion fimple & d'un beau travai'. - Elle repréfente d'un cóté Minerve debout, tenant une eouronne de laurier, & porte de 1'autre cette infeription , Prix de vertu , entourée d'une eouronne civique.. 15 Septembre 1783. Extrait d'une lettre de Boulogne du 8 Septembre Notre ville fe glorifie en efïet d'avoir produit en Benoit j°ofeph Labre un perfonnage qüi va devenir auffi fameux, & qui court en droite ligne a la canon i fation.. Le trois juillet der. nier notre évêque a pris le prétexte de publier un mandement ordonnant des prieres pour la confervation des hiens de la terre qui n'en avoient pas befoin , & il s'eft étendu avec complaifance fur la. merveille du BouIq.  ( 884 > noïs; il en a fait un éloge pompéus, if s fait imprimer a la fuite de cette piece la tradudtion-en franeois de l'infcription latine, mife avec 1'approbation du faint-fiege dans le ccrcueil du fa-ifeur de miracles. M. Foiitawe, chargé a Rome, des affaires de la congrégation de la m'ffion dont il eft membre , a écrit a cc fujet deux lettres au prélat: dans une du quatre juin, entre les miracles dont il lui rend compte, il eite comme le plus grand, la converfioa d*Lm Anglois,. prédicant de Botton, homme très-inftndt & fort éclairi , qui , ayant pouffé la curioficé jufqu^au point de rechereher lui-même les preuves ae puureurs guernuris upcn.cs yM 1'intercelf on de ce iervueur cle dieu, n a pu réfifter a larêalité de plufieurs, & avoit fait a'q-Tation au moment oufl-écrivoir. M. Fontaine ajoute qu'on a commencé le quatre juinle procés de béatification, & qu'il eft étonnant' avec qtiel' zele le public coatribue aux d pénfes néceffaires pour les informations. Voila qui va mettre b'en en déroute vosDiderot & vos d'Aiembert. 16 Septembre 1-7.83. On connoilfoit depuis longtems les feiix d'artifice commencés il y a plus dé quinze ans fous le nom des frere? Ritggieri; mais le wauxhall du Sieur Torré & puis je colyfée les avoient fait perdre de vue & tomber abfolumenr. Ces feux vienaeat  ( 185 > de reprendre cette année avec unfuccèsé'tonnant, & la'fureur du public aété portée au point que dans les jours de grande chaleur de eet été , rnalgré Pétendue de Pemplacement, le Sieur Ruggieri, qui refte feul aujourd'hui , a été obligé de renvoyer beaucoup de monde. 11 eft vrai que Pa-propos y a fingulierement contribué. L'artifte a imaginé de donner une efpece de pantomime lyrique , intitulée le combat > la mort, les funirailles & le réveil de Malborough. Ce nom feul auroit fuffi pour attirer la foule. Mais 1'exécution eft d'ailleurs fupérieure a tout ce qu'on a vu en artifiee. II j a uue vérité & uue précifiondiffidles a trouver dans un pareil genre. Le théatre fort vafte fuffit aux diverfes évolutions milita'res qu'on peut defirer; il eft facheux feulement que la crairite apparemment de quelque accident empêche de garnir les deux armces d'un nombre aufli con'dcrable de combattans qu'exigeroit la vraifemblance. Le local vraiment champitre eft charmant, il prête furtout a Pillufion & eft p'uspittoreique que toute la magnificenee des falons du wauxhall & du colyfée. 16 Septembre 178.3. Le Sieur Bffuret, acteur de la comédie frangoife, vient de mqurir aujourd'hui. 11 avoit fait les beaux jours de l opéra comique ; mais , tel brille au fecond tang qui s'écliffe au premier : il avoit perdu  route fa réputation au théatre nationaï. II s confervé fa ga'ité jufqu'a la fin & faifoit encore rire fes arms peu d'heures avant fa mort. lóSeptembre 1783. MM. de Montgo'fier ont conftruit une nouvelle machine en toile trèsfolide & k 1 'abri des intempïries de 1'air. L.i forme eft celle d'une tente de foixantè pieds de hauteur fur quarante de diametre, a fond d'azur , avec fon pavillon & tous fes omemens en couleur a'or. Elle contiendra quarante mille pieds cubes de gaz & pourra enlever environ douze eens livres , la charge ne fera cependant que de fix een- livres, outre fon propre poids de douze eens. Ces artiftes ont opéré fi promptement, qu ils onï été a Verfailles hier prendre 1'ordre du roi pour le Jour cc Pheure. S. M. a choi.fi toujours le vendredi dix-neuf a une heure après midi. C'eft dans la grande cour du chateau q.:e fe fera 1'expirience. 17 Septembre 1783. On voit a Paris un inftrument nouveau d'agrieultüre, qu'on appelle Semoir. Avec fon fecours on laboure, on feme & Pon herfe en même tems pour en. terrer Ja femence. On en dit Ia mécanique d'autant plus curieufe , qu'elle eft de toute fimplicité.' L'expérience en a été faite aChaillot, óe elle a réufii parfaitement, a ce que rapportent les témoins. Elle doit fe réitérer inceflammenc d'une maniere plus authentique.  C 187 ) 17 Septembre 1783. Le Sieur d'Jubtrval s'eft. enfin rendu au goüt décidé & conftant de M"c. Tkéodore pour lui, & il vient de 1'époufer depuis qu'il a quitté le théatre de 1'opéra. 18 Septembre 1783. On atlend toujours avec impatience ici la publicité de 1'arrêt du parlement de Dijon que M. d'Epremefnil déclaroit qu'il affieheroit lui-même, fi fon adverfaire avoit alfez de crédit pour empêcher de le faire les hommes deftinés a eet office, attendu qu'il ne connohToic point d'autorité capab'e de s!y oppofer Dgalement. En voicr, au furplus, les prfncipales difpofitions fuffifamment connues. L'arrêt eft du famedi vingt-trois acüt^,.. La cour, grand cbambre affemblée, déclaré Thomas Arthur de Lally duement atteint & convaincu de n'avoit pas iuivi fes inftruétions, d'abus d'autorité; d'avoir, par des difcours outrageans, manifefté fa haine contre le confeil & les habitans de Pcndichery; d'avoir exercé plufieurs vexations, tant contre les membres du confeil, que contre les habitans blancs & noirs de la colonie ; d'avoir tenu des propos propres a infpirer le découragement ; d'avoir, dans le tems même oh elle étoit dans un befoin preffant, commis 1'ufure en exigeant de la compagnie des Indes, fous le nom d'une perfonne füppöfée, des intéréts & trentepour cent; d'avoir, par fa capitulation, abandon-  C 188 ) né & facrifié les intéréts des habhans de Pondichery & de toute la colonie, pour réparation de quoi, & autres cas réfultant des procédures, a condamné la mémoire Thomas Arthur de Laify &c. & quant aux autres accufés impliqués au procés au nombre de dix-neuf, De Fer renvoyé a fe retirer par devers Ie roi pour fe pourvoir de lettres de rémiffion. Fretard de Gadevelle, mis hors de cour, élargi &c. Chaponay , de Pouilly , Allen & Rochet te, renvoyés des accufations contre eux intentees &c. Norouna, le frere Funcrh, Ramatinga, Harpy > Jacquelot & deux quidam , lieutenans au régiment de Lorraine, mis hors de cour. Méaglier, Defchaux & Fouacier, renvoyé* des acci.facions contre eux intentées. Derard de Chamboy, renvoyé de toute accufation. La mémoire de Dachè & de Bazin , dechargée de toute accufation contre eux intentée. Prononcant fur les plus amples réquifïtions ■du procureur géneral du roi', ordonné par Ja cour que les mémoires imprimés & fign> fiés au parlement de Paris de la part de Thomas Arthur de Lally feront fupprimés, comme contenant des faits faux & calomnieux. Ordonné que le mémoire prétendu produit au confeil du roi, imprimé a Rouen en 1779,  ( r8ï> ) Cgnifié au procureur général de la part de Trophime Gerard de Lally Tollendal, fera lacéré & hrülé par fexécuteur de la haute juftice, comme contenant des faics calomnieux, faux dans leur fubflance , dans leur éno;:cé & dans les circonfïanees, contrairesaurefpccl: du a la magiftrature; en outre ca'.omnieux & injurieux k la mémoire & aux perfonnes d'un grand nombre de bons & fideles ferviteurs du loi, de tous rangs & états. Défendu aux libraires, imprimeurs, colporteurs & autres de Ie diflribuer a peine de punition corporelle &c. Prononcant fur 1'intervention de Jacqi'ei d'Eprémefnil.... Ordonné que les mémoires joinrs a fa requête, a.:tres que ceux fur lePjuels il a déja été prononcé, demeureront fupprimés , comme faux , caioranieux en ce qui touche la Mémoire de Ceorges Duval de Leyrit. Condamne ledit Lally de Tollendal, qualité qu'il agit, aux dépens de ladite intervention ; p.rmis a Duval d'Eprémefnil de faire imprimcr & affi:her le préfent arrêt partout oj. befoin fera, aux frais & dépens dudit Lally de Tollendal jufqu'a concurrence de cinq eens exemplaires. 19 Septembre 1783. Extrait d'une lettre de Verfailles le 19 Septembre Mes- fieurs de Montgolfier fe font établis ce matin avec leur machine dans la première cour du chateau de Verfailles. lis ont fait ramaflér  C 193 ) tous les vieux fouliers qu'on a pu trouver & les ont fait jeter dans un feu de paille mouillée , oü 1'on prutend qu'il y avoit auffi dés charognes d'animaux pourris: telles font les matieres de leur gaz. Le roi & la reine font venus voir de prés cette machine ; mais l'odeur infecte a obligé leurs majeftés de fe retirer. A une heure après midi ila été tiré une première boëte po r annoncer le moment de 1'introduétion du gaz dans la.ipacbine- après environ dix minutes, feconde boete pour indiquer qu'elle étoit remplie ; enfin l'inftaflt oh 1'on a coupé les cordes qui retenoient la machine pour Ja laiffer a eliernOme aété marqué par une troifieme boëte. LYcenlion de cette machine , beaucoup plus lente que celle de Meffieurs Charles & Robert, eft eftimée d'environ deux cènstoifcs de hauteur. Le vent d'oueft 1'a force de prendre enfuite un cours horifontal qui a duré vingt-fept fecondes : après quoi elle a eómmencé a décliner fenfiblement & a fini par tomber dans le bois de Vaucreffon, au lieu appelé l'e Cafrèfour- Maréchal, diftant d'une demi-Heue du po.'nt de fon départ. On avoit attaché a la partie inférieure de la machine un panier d'ozier dans lequel étoient un mouton, un canard & un coq, & au delf: s un baromettre. Le panier après la chute de ia machine, s'en eft trouvé fé-  ( 191 ) paré. Le mouton mangeoit dans fa cage; Ie canard paroiffoit n'avoir point folifferc, mais le coq en tombant s'étoit caffé la tête&'le barometre étoit renverfé lans fraclure. On allure que la machine n'eft point endommag';e. Rien de plus beau que Je coup d'ceil du monde immenfe aecouru a ce fpeétacle; il n'y a pas jufqu'aux toits du chateau qui n'en fuffënt garnis. On a beaucoup applaudi; mais on a été très-mécontent de la luite. 19 Septembre ifl^. M. Garat, dont on a parlé plufieurs fois a raifon de fon talent fingulier qui brille depuis un an dans cette ca* pitale, vient d'être attaché a la cour par une place honorifique de léci'étaire du cabiuet du comte d'Artois, dont fonalteffe royale 1'agratifii fur la priere de M. le Comte de Vaudrcuil. 19 Septembre 1783. Les comédiens italiens ont donnë aujourd'hui ia première repréfentation d'Jmd/ie & Mov.rofe, drame en quatre aclcs & en prore. li ne faut point confondre ce drame avec la foule des pieees qu'on voit paroïtre & tomber pref;ue en même tems fur ce tbéntre, ou s'y trainer lentement pour en difparoïtre enfuite tout-a-fait: il eft nonfculement fupérieur k tous les drames qu'on y j0'.:e; mais peut-être a tout ce que la comédie franc,oife a de plus eftimé en ce genre. 11 eft facheux que les acieurs n'aient pas ré-  ( Ï92 ) pondu h 1'excellence de leurs röles , qu'ils aient tous failli & que même le Sieur Gran-. ger fe foit trouvé en plufieurs endroits fort au deflbus du fien. Ce drame mérite une analyfe plus détaillée. Eu attendant, on peut aifurer qu'il eft du plus grand intérêt & que , «ommen cant dés le premier aóte, il va, fans s'affoiblir jamais , toujours croilfant jufqua la derniere feene. Après la piece ona demandi 1'auteur, & !e Sieur Granger eft venu annoncer au public qu'il étoit inconnu. 20 Septembre 1783. Les comédiens franeois annoncoient déja depuis quelque tems Ia tragédie de Macbeth imitée de "anglois de Shakefpear par M, Ducis. Le Sieur la Rive qui en fait le principal róle s'eft trouvé fi.bitementpris d'une maladiegrave qui ne lui permettra pas de jouer de longtems, car on dit qu'il eft attaqué du foie. L'auteur qui fent 1'importance du jeu de facteur, aime mie»x retirer fa piece & attendre la circonftance favorable de la jouer. ao Septembre 1783. M. Bouret éto't fort aimé & eftimé de fes camarades , il laiffeune femme & deux enfans peu a leur aife. Les comédiens ont arrêté de faire une penfion a chacun des enfans. Par un concours de circonftances remnrquables, le Sieur Bouret, qui ne s'eft alité que  C 193 ) qire peu de jours avantfa mort, maisnejouoit pas depuis longtems , comme attaqué d'une maladie de langueur, s'étoit rencontré avec le Sieur Carlin , ils avoient trinqué enfem■ble , s'étoient égavés & fait leurs derniers adieux qui fefont vérifiés très-promptement de part & d'autre. 2 1 Septembre 1783. M. Bonnieu abfolument exclu du falon de peinture qui a lieu cette année, en a oivert un dans fon attelier , qui , lans être auffi nombreifx, vaut bien rauwe dans fon efpece. On y voie, entre autres, quatre grands tableaux d'hiftoire* On ne pariera point de Y Adam & Eve dont il a déja été fait mention, il y a deux ans. On trouve feulement que les chairs de la femme ont un peu jauni. Le fecond tableau efl ce que 1'artifte appelle le Déluge* On y voit cinq figures en tout ou en partie. La première eft un homme qui s'eft fauvé fur un rocher; il eft avec une femme tenant un petit enfant ; Peau les gagne fenüblement, un des pieds de la mere eft déja dans Peau; elle gliffe, & fon attitude caractérife la difficulté qu'elle a de lutter contre Pélement vainqueur: 1'homme fe courbe comme pour la retenir. Toute cette fcene fe paffe dans la demi-teinte, paree que les cataract.es du ciel font ouvertes & que la vapeur de la pluie forme un orage qui obfeurcit les airs. Des pieds qui furnaTome XKIU. I  C 191 ) gent d'une part, & de 1'autre Ia tête d'un inalheureux , la feu Ie partie qu'il ait hors de 1'eau encore , indiquent que 1'auteir a ehoifi 1 'indam ou cette calamité va fe confommer parfaitement par Ia deftruction de la nature humaine entiere , fauf 1'archc qui s'entrevoit voguant dans Ie lointain. II regne dans la compofition une horreur qui paffe dans 1'ame du fpeclateur & la faifit. Du refte, Ie faire en eftfuperbe, &, malgré fa'fimplicité , que ies détracfeurs traitent de ftériüté en un fujet auTi vafte , ce tableau fuffiroit feul pour I'immortalifer. Jupiter Antiope font le fujet du troifieme. La nymphe, dans la nudité Ia plus parfaite, dort appuyée contre un arbre, eile a cecalme, eet abandon du fommeil doux & profond ; de fa main gauche elle couvre la partie de fes charmes fecrets ; & queLue doigts cachés dans 1'ombre donnent matiere aux obfervations des critinues, dont 1'imagination libertine en foupconne un ufage mal honnéte, trop contraire d'ailleurs auearaclere de cette nymphe pudique. Le Japher, fous laforme d'un Faune,approche; il la regarde a travers le feuiliage. II eft dans 1'attitude du defïr Ie plus violent. Sa main entr'ouverte femble avide de feporter fur tant d'appas. L'artifïe, adroitement par la pofitior du Dieu qui, appuyé derrière l'arbres n'avance que Ia partie supérieure de  ( 195 ) fon corps, lüi a caché ce que la partie inférieure auroit préfenté de trop priapique. ExprefTion, deiïïn, perfpeétive, ton deschairs, beau fite, tout en eft précieux & fini. Le quatrieme fujet traité par M. Bonnieu eft la M&delaine. II eft difficile d'être original en ce genre après tant d'cxcellens tableaux fur Ia même matiere. L'attitude de la nouvelle pénitente eft belle; elle eft bien dans la douleur, mais elle eft trop jeune; les chairs en font trop fraiehes, trop pures, trop virginales. 21 Septembre 17^3. Les fyndics de la librairie ontrecu un ordre de M. Comus de Nevil/e, qui leur enjoint de la part de M. le garde des fceaux d'ernpêcher la diftribution & réimprcffion de deux ouvrages dont 1'un porte le titre de Journal du fiige de Gibraltar; & 1'autre , Journal de la campagne de M. de Sufj'ren; de faire les recherches néceflaires pour remonter a la fource de cette infraclion aux régiemens, & de lui rendre compte du fuccès de leurs démarches. L'ordre eft tout récent, & daté du dix huit de ce mois. 22 Septembre 1783. De fon cóté, M. de Tohndal , pour aneantir Peffet que pourroit produire dans I'efprit des magiftrats, du confeil & du public, 1'imprimé répandu récemment par M. d'Eprémefnil, en diftribué avec profufion un ayant pour titre: Difcours d» ï 2  ( w) comte de Lally-Tollendal, dans Pinterrogatoire qifil a prêtè au parlement de Dijon, en qualité de curateur a la mémoire du comte de Lalb fi» pere, le famedi feize aoüt 1783, écrit dont 1'auteur continue de fe montrer infini. ment plus éloquenc que fon adverfaire. Ce qu'il y a de plus particulier ici, quant aux faits, c'eft un acfe fou Ton feuillsge, tcs fruits & tes rofesvermeillcs,. Tromperoient même Flore errante en fes jarèins. Les nymplics a J'envi vont cbercher des corbeilles, Pour les cueilür a pleines mains. v 23 Septembre 1783. C'eft le prieur de Vandry qui a^été arrêté a 1'abbaye de Saint* Germain des Prés oü il étoit venu loger; fon frere, prieur en Normandie, qui devoit fu^ bir Ie même fort, mais qui logeoit heureufement ailleurs, a été averti k tems & st échappé. Le grief étoit la compofition d'unediatribe violente contre les prélats eommisfaires.aommés pour préfider au chap tre, lesarchevêques de Narbonne & de Bordeaux,. On dit que Ie premier y eft furtout peint dans une grande vérité, qu'on y entre dans des détails de fa vie très-particuliers. Auffi Je prélat met-ïl le plus grand acharnementa laisfer 1'auteur en captivité: envain a-t ontaché de le calmer,. de 1'engager a interpofér luimême fes bons offices pour Ja délivrance dm prieur de Vandry: il a répondu avec une fu? reur peu évangelique , que eet écrivain ne fortiroit pas de prifon tant qu'il feroit le mai* tre de 1'y lailfer.. Du refte, il paroit que le prieur de Vandry a été trahi par quelques-uns de fes confrères de Saint-Denis , attachés fecrétement; au parti des prélats, & que les balots despamphlets venant de cetce abbaye a P. ris a été arrêté fur les avis. qu'ils en ont donné a Ia;  ( 199 ) police; enforce que tout a óté faifï. On dit pourtant qu'il en exifte quelques exemplaires-' que 1'auteur avoit paffé lui-même. i\ Septembre 1783. On a parlé, il y a plufieurs années, d'an prix confidérable propofé par les habitans de la Martinique pour ce1 ui qui donneroit le fecret de detruire les fourmis qui ravagent cette colonie. 11 paroit que ce fléau s'eft étendu aufli dans d'autres. M. de Barry, commilfaire général des portsék arcenaux de la marine, ancien ordonnateur & préfident du confeil fupérieur de 1'lfle-Grenade j vient de publier un Mémoire fur les fourmis des cannes a fucre, Oü il renverfe toutes les idees revues è eet égard, dc regarde comme un préjugé d'attribuer a ces infecr.es un mal dont ils font innocens. 11 préténd que cefont les pucerons qui le cauiènt, & propofe un moyen de remédier a cette dévaftation. Quoique fes raifonnemens foient affez fpécieux, on ne peut regarder encore fon opinion que comme très-ifolée & ne pouvant balancer 1'opinion générale des colons appuyée malheureufement fur une expérience trop longüe & trop foutenue. C'eft M. Guettard, membre de 1'académie des fcienccs qui a foufcrit 1'approbation de ce mémoire en date du neuf aoüt dernier; mais dans laquelle il eft très-circonfpecT:& fe donné bien de garde de prendre parti. %\ Septembre 1783. La jalonlie augmente I 4  C 230 ) entre les deux partis des Montgolfier & des-, Charles - ez.Robert. II eft certain que ia machine des derniers s'eft élevée beaucoup plus promptement & plus haut, quelle eft reftée plus longtems en 1'air & qu'elle eft tombée plus loin; en un mot, que leur expérience a beaucoup raieux réuffi : cn conféquence on appelie 1'un le Globe terrefire , & 1'autre leGlobe célefie. Meffieurs de Montgolfier répondent qu'ilsn'ont voulu que répéter' 1 expérience d'Annonay; que leur gaz eft infiniment moins dispendieux que celui de M. Charles; qu'il faut: infiniment moins de tems pour 1'obtenir & en remplir la machine, & que, fi 1'on peuten tirer quelque utilité, c'eft furtout en ménageant les frais affez pour répéter fouvenö une expérience qui, autrement, ne refteroit que de pure curiofitcv Les calembourift.es de ce parti ont fait une gravure qui repréfente la machine de M.. Charles enfoncée dans les nuages, cV celui-ci la bouche béante, la confidérant; avec cette devife : Carolus expectat, Charles attend, ( Charlatan ). M. FranMn , interrogé fur 1'ufage qu'on pourroit faire de cette découverte, a répomdu-ingénieufement: Cefl 1'enfant qui vient ds naitre„ 25 Septembre 1783. On convient affez gé. géralement aujourd'iuii que 1'auteur du drame nou,.  C ££öi ) nouveau, joué fur le bHéft'tre ftaliefl'pbür la prémière fois la femaine deriiiere, eft d'un membrë de la faculré, & qu'il fe nomme Baignieres. La érainte de fcandalifer les doéteurs fes confrères, 1'a déterminé a apporter beaucoup de prétaution pour con&rver f incognito, au moins jufqu'au fuccès décidé de 1'ouvrage. Aujourd'hui qu'on ne peut en attaquer le fonds, on en contc-fte 1'invention k 1'auteur. On prétend que le fujet eft tiré d'une anecdote qui fe trouvé dans la Biblhtheque des Romans ; que les Allemans Pont tranfportée fur leur théatre, & que M. Baignieres a fuivi mot a mot la piece qui lui a fervi de modcle, a 1'exception du dénouement qu'il a rendumohis tragique. Enfin y on en critique le Itile, qu'on trouve foible & fouvent même négligé. 25 Septembre 1783. Le bruit fe répand dans la facu'lté- que le doéteur Lorry elt mort aux eaux ou il étoit allé malgré lui. Depuis fon attaciued'apoplexie il ne s'étoit jamais bien rétabli; cependant il redoutoit ce voyage fi uti'Ié dans ce genre de malïidie, & avoit prédit qu'il lui feroit funcfte. C'étoit, dans fon bon tems, un des plus feavans, des plus aimables & des plus gais médecins qu'il foit poffiblè de voir. Les fcmnies e'k les gens de lettres 1'appeloient volontiers. On lui a reproché d'avoir mis k la mode ces bulletins précieux & recherchés oü, fous prétexte d'éviter le pédantifme des anciens,, il donnoit dans le néologifme & le gaI 5  ( 202)' lïmathias■; dé Ik un ridicule anquelll a prêté & qui a engagé A/»j»w#.. a le mettre en fcci Gedans fa comédie du CercJe. M. Z»ry avoit un autre tort vis-a-vis la faculté; celui d'être entré dans la fociété royale & d avoir contribué des premiers a lui donner de la confiftance & du crédit! II étoit garcoa; il aimoit beaucoup la tableeV les filles ; il avoit une petite anaifon oü„ après avoir vaqué a fes-malades,.il fe reiiroit ie loir & laifoit des foupers anacréontiques qui duroient fort avant dans la nuit. Auffi, malgré fon voyage, laiffe-t-il peu de fortune 26 Septembre i7S3. Lettre de feu Madame la comteffe de TeJJê a Madame la eomteffe de M...... qiu p0rte le nom de Louife.' Tel eft le titre de Ia piece manufcrite dont on aparlé, Kf£? f IeS:f0dé£.ds' Elle eft datéedesChamp: Mon enfant gaté de I'autre monde, mon omte vous fouhaitte une bonne fête; commeTe n a, perdu que la viV& que la-mémoire m'eft mrée, je me fouviens que c'eft la vótre, & ie • vous envoie pour bouquet deux caiftés de' beurs qui ne feront pas mal dans.de coin de votie falon bleu. Sans y être jamais entrée je fcais quil reffemble un :iel, & cela meparoft naturel. Telle propriétaire, tel logis J accompagne mon bouquet d'une lettre par les railons que je vais vous déduire • car j'étois  C 203 ) ■ difeufe la-bas pour parler a.ceux que j'airüois: je le fuis ici pour qu'ils y penfent. je veux que vous me regrettiez, mais je veux que ce foit fans me plaindre, paree que je fuis aux Champs Elizées, ma chere enfant. L'on eft bien la; je me complais k vous en apprendredes nouvelles; on 11e m'appelle plus comteffe; on m'appelle Teffé tout court; je trouvé cela neuf, mais jufte; paree qu'ici l'on n'eft rien , & tout. Couiment cela ? On eft beureufe. Scavez-vous qui eft-ce qui m'a recu? Lucrece & Nhwn.- J'en ai demandé la raifon: on m'a répondu : elle^ft fimple ; c'eft que vous avez tenu un milieu entre ces deux fameufes beautés, & vous aviez raifon toutes trois. Lucrece étoit foile d'être fi fage ; Ninon étoit fage d'être fi folie; vous n'étiez trop 1'une, ni trop I'autre; mais vous étiez bonnes toutes trois-; & qui recoit-on? Les bons. Et ce vilaiu Tarquin, me direz-vous? Eh! mon enfant ; il n'y eft pas. En fait d'bommes, on n'en recoit que d'une forte, de ceux. qui méritent le bonheur, & non pas,-de ceuxqui 1'arrachent; on ne trouveici que desgens, qui croient le plaifir une fagefle , & aiment la fageffe comme plaifir ; ah ! comtefle , quelle fociété! point d'ingrats, & point de rottés! On eft aimable , paree qu'on 1'eft, & non pas, paree qifon cherche k 1'être; on ne quitte ja« mais,,on pofi'ede toujours. ü eft vrai qu'on I 6  C 204 > a tout Te monde; mais tout ce monde la n'eft rien qu'un, paree qu'il n'y a qu'un. cceur pour tout le monde. Om me plaifante fur mon tliéatin; c'eft Ninon , comme vous entendez; mais elle me plaifante pour rire, & je la défarme en riant; je répónds par la vérité ;• & cela prend ,. paree qu'on 1'aime ici. Qu'eft-ce que le monde, luiai-jë dit ? Un théatre de marionettes , 011 il» feut que chacun joue fon róle. Qui eft-cequi leftxe? L'état & 1'age; quand on eft jeune,, fralche & belle,, fon direfteur; c'eft fon ami,. quand on n'eft plus ce qu'on étoit;; fon ami,. c'eft fon directeur; c'eft jjpur foi qu'on a le premier; on a le fecond pour les autres; mais que préféreriez vous? Louife. Pourquoi cela? C'eft qu'elle eft bonne & qu'elle a de quoidevenir meilleure. Apropos, petite libertine „ vous allez donc a Saint-Omer pour faire tourner toutes les têtes.... & la.vótre 2 Ah ! il eft-. aimable je crains pour vous. Ecoutez-moi, ma chere enfant.:-dites-bi-én.des chofes de. ma part a Mad. de Boulinvihiers.. Un des grands torts de votre bas monde, c'eft d'oublier trop vite les morts: elle ne l'a pas, jelui en-fcais gré; je 1'aimois la-bas; jel'ai'. merai ici.. Vous av.ez auffi une Madame la comteffe deBeauharnois. , voifine dont on rafolie dans ce gaïs-ci; elle. n'y eft pas encore; tant mieux,.  C 205 ; nous aimons que les bons vous reftent, paree que vous n'èu avez. guere. Nous avons auffi Dorat, eélibataire qui la chante du matin au föir, & elle le mérite, je le fcab, car elle ade Pefprit comme un ange , &. une ame comme dans ce monde ei. Dites-lui , pour lui faire plaifir, que fon ami eft très-beureux. II a ici deux acolithes qu'on lui a donnés pour raifon, c'eft Anacréon & Fontenelie; il marche de pair avec 1'un, & rend- déja I'autre. fenfible;. c'eft un miracle,. mais il 1'opere. Et ces prudes, comme j'en ris;- ces femmes qui yenoienl fouper cbez; moi, pour qu'on dit d'elles : elles vont- la ; mais je ne ris- pas detout le monde.au moins. Quoiqu'on 11e falie point' d'enfans ici, ons'intéreffe beaucoup aux meres qui s'amufer.t a faire des amours ; vous en connoiffez uney n'elt-ce pas? Elle rime tn-an, elle a raifon.. Par le ton de fon air, on dit charmant, fon-efprit charmant, encor fon cceur intèrejfant y rime jufte, la voila, c'eft Lufan. Envoyczla-moi dans un fiecle , je la placerai auprès de Roüjfeau & fon écuyer ïaa Chaulieu; elle brólera 1'un & fixera I'autre. Et le cher baron de Tb^, qu'en faites-vous?' Mille excufes , quand vous le verrez : je 1'ai maltraité furma fin; maisje.memourois, c'eft' le cas de radoter. Que. direz-vous, ma chere enfant, de -ce viLz  C'aöó" ) 3ain abBé de Modene f#), qui efr'venu frapperici; uridébauché! fi döne! lfbof reurl Vat* fenon 1'a cbaflK comme profane ; mais nousguettons 1'abbé de Bernisi Adieu', ma cbere enfant; tnénagez-vous:'je ne vous attends que dans foixante ans-, paree qu'il faut être affez la-bas pour mieux goüter' le bien d'ici. Plus qu'un petit confeil, & je vouslaiffc: foyez jeune fans crainte de vieiüir; vielliffezfans crainte d'être jeune; reftezrbonne comme' vous êtes aimable; foyez aimante pour être ai-mee. Le bonheur dans le monde ,• le voici:: ftntir, êc bien placer ce que Pon Pent.- Je vous êcrirai au jour de Pan.. Tejfè rajeunie & heureufe-. 27 Septembre 1783. Le mariage de Fi gare' 5t été ioué en tfFet bier chez- le comte de Vau~ dreuil a Geneviiliers, oü Pon n'entroit quepar billet. La reine devoit honorer ce fpeêtacle de l'a préfence , mais n'a pu s?y trouver è: caufe d'une incommodité qui lui eft furvenue. M.le comte d'Artois s'y eft rendu. Mad. la duchelfe de. Polignac a eu la permiffion de quitter M. le Dauphin pour affilter auffi a cette piece accompagnée d'une fête. Le (f) Le frere ou coufin du gpuverneur du Luxembourg luwt denuis -peu.  C'aor) fpectaclé n'a; commencé qua neuf heures; On aflure que le mariage de Figaro a eu un trés-grand fuccès. 27 Septembre 1783. Hier il s'eft palTé dansle foyer intérieur de 1'opéraune fcene dont onparle beaucoup a raifon d'un des deux-acteurs ■ trés-connus, c'eft le Skm Lours, auteur de la falie d'opéra de Bordeaux, dedifférens autres morceaux d'architect ure célebres & directeur des travaux aétuels de M. 1c Duc dëCbarl tres. Cet artifté eft pétri d'amour propre ■ il" eft fort impudcnt. Le mardi précédent dans le même lieu il avoit, difputant fur Mad deSaint Huberty, qui , abftnte longtems du thé^i tre, venoit d'y reparoitre ,.. ten» des propos< très-malhonnêtcs è un M. Bonnafim de Bordeaux, particulier qui a .beaucoup" voyagé qufi a pris quelque connoiitance des langucs & des arts , & tranche defpotiquement en pa^ilïe mattere. Celui-ci au fortir de Penceinte denianda raifon a fon adverfaire-de fon impertinence.. Le Sieur Louis éluda de donner un rehdezvous. Comme M. Bónnafoux n'avoit point d'épéc, il 11e putpoufler-plus loin la 'rixe & menaca feulement 1'architeéte de lui couper. les orciiles lorfqu'il Je rencontreroit. Le Sieur Louis a eu peur : il a d'abord envoyé fa femme a M. Bonnafoux, qui 1'a fort mal recae.-n'ofant fortir avant Ia fin delaquerelle, il a été obligé de rendre compte au duc de Chartres. des. motifs de fon abfence. Ce  C 2'o8' ) prince , qui ne vouloit pas que fon Mtimcnt en foufFrit,a chargé 1'abbé Baudeau d'arranger Paffaire; & le Sieur Louis > auffi bas qu'impirdent s'eft- foumis a faire une réparation publique au même beu oü il avoit commis 1'irrfulte. II a dit a Mv Bonnafqux, en préfence de Ia foule ordinaire dans ce foyer,- que la circonftance avoit encore augmentée : Monfieur , je fuis fuchê de ce qui geft pajfé; je vous en demande pardon ,. & je vous prie de croire que je n ai point eu envie de wm-effen fer. Septembre 1783. Dans les deux premiers aótes du drame qu'on joue actueflement für lÊ théatre italien avec un plein fnccès, la fcene repréfente une campagne aupiès de Londrcs. Monrofe ,, dont Ie pere eft mort fur 1'échaffaut ^ viétime de fon attachement pour Charles obligé de fe dérober aux, pourfuites de Crotmvel,. ne peut réfifter a la paffion qu'il resfent pour Amèlie , fille de Suffolk, 1'un des foutiens dè 1'ufurpateur: il arrivé aLondres , au moment oü le pere d? Amèlie la prefle d'époufer Surrey , fon ami, ótfavori du Protecteur. II lui déclaré qu'il n'y a pas un inflant a perdre, qu'il vient 1'époufer fecretement& l'en* lever. La jeune perfonne fe refufe d'abord aux inltances de fon amant; &, malgré Pattachement qu'elle a pour lui , ne peut confentir a une démarche auffi hardie,auffi affiigeantepour firn pere. Monrsfe défefpéré., a recours a Surrey, auquel il eft lié par i'aaiitté la glus étroite-  1( £09 ) & eft décidé a fe remettrc aux irains même dit tyran , s'i! ne peut fléehir AméJie. Surrey, dont la pafiion pour Amèlie n'eft pas moins violente que cdledc Monrofe, n'écoutant cependant que la voix. de 1'honueur & fon zele pour. fon ami, cherche a le détourner de eet horrible projet. II eft dans eet état dc violence, torfqu'un de fes prétendus amis, nommé SudJey, vient le voir & le fclicitcr fur fön mariage arrêté avec Amélie.. Surrey , furchargé de fa douleur, ne peut s'empêcher de s'ouvrir a ce traitre , & en lui expofant les combats qu'il éprouve , révele 1'amvée de Monrofe. Sudley ambitieux, profite de cette ouverture pour aller annoncer a Cromwel uue. uouvelle auffi. intérelïante. Au fecond acte, la fituation de Surrey devient plus violente par la nouvelle que lui donné Monrofe du confentement $ Amélie a lui donner Ia main èVa 1'accompagner dans fa fuite. II lui demande les fecours dont il a befoin. Surrey, toujours magnanime, triompheencore de fon amour, de fa jaloufie, de fon défespoir, de toutes les paffions dont il eft dévoré, & fort pour aller ordonner les préparatifs nécefi'aircs au départ des deux amans. Dans ces entrefakes le pere d'Amélïe a appris- Parrivëé de Monrofe, 1'horrible projet de fafille, faperfidie ; il fait arrêter par fes gens fon amant.. Surrey revient & poulfe 1'héroïfme jufqu'a fai13e. rougir Suffolk de fon indigue action. Au-  moment oü celui-ci confent a rendre la liberté h Monrofe, on 1'inflrruic que Cromwel 1'a réclamé. Au troifieme acte qui repréfente la prifon de: Monrofe, il y recoit fucscffivemeht un vieux dorneftique dc fon pere, Sujfolk & Surrey. Celui-ci lui annonce qu'il a donné la mort au traitre qui a abufé de fon fecret, mais qu'il a vainement tenté de flédfiir Cromwel. B ne volt' qu'un moyen de délivrer fon ami, c'eft de prcndre fa place. Monrofe peut fe fervïr du manteau dans lequel il arrivé. enveloppé & écbappcr ainfi aux géoliers que 1'or a déja rendus plus dociles.-. Après un combat d'amitié, ot Monrofe prend Surrey par fon endroit foible, par 1'efpoir de voir encore une fols Aniètie & de la ramener a la vie qu'elle eft fur le point de perdre dans fa douleur, le prifonnier confent a ce traveftiffement, bien décidé a revcnir & h fubir fon fort funefte.'' On ne tarde pas i venir prendre le criminel pour le conduire au fupplice. Le théatre change de nouveau au quatrieme aöe. On voit 1'appartement de Suilblk. Sa fille eft déterminée d'ailertrouverilfo/?ro/è dans fa prifon, lorfqu'il furvient,fe jette & fes pieds, lui apprend le généreux facrifice de fon ami & lui déclaré que 1'honneur ne lui permet pas de refter plus longtems avec elle. & qu'il va fe remettre lui-même aux mains de Cromwel. Enfin, Surrey paroit & leur annonce qu'il doit  fa liberté k Ia faveur du peuple; il prie Suffolk d'unir Jmélie & Monrofe & les en gage a fuir auprès de leur roi légltime. aS Septembre 1783. Mercredi dernier vingtquatre du mois, les comédiens italiens jouisfant de leur privilege d'enfans del'églife, ont' fait célébrer aux, petits peres de la place des Vicloires un fervice pour le repos de 1'ame dm Sieur Carlin , leur arlequin ; mort en plein exercice. Ils ont mis a ce fpectacle toute la pompe dont il étoit fufceptible. L'opéra & la' comédie franeoife, invités en corps, y ont asfilté. Ön a été peu édifié du premier: plufieurs de fes membres s'y tenoient fortindécemment, on a furtout été très-fcandaiifé des lingeries de la D1!e. Dorival & du Sieur Feflris. Les aéteurs & aélrices de la comédie francoife s'y font montrés au contraire avec une majefté digne du cothurne; on admiroit les da* mes ayant de grands livres devant elles, tout neufs-, achetés pour la cérémonie, dont dies ne détournoient pas les yeux. Quant a Meffieurs & Dames de la comédia italienne repréfentant le deuil, ils font accoutumés a aller a 1'églife & a s'y comporter en. bons catholiques. 29 Septembre 1783. Ce n'eft que jufqu'a: 1'age de vingt-tin ans que les comédiens font aux enfans cle Bouret un penfion en forme de dot pour leur éducation ; mais ils ont arrêté en outre de. fupplier Meffiears les gentilshom-  ( 212 )' mes de la chambre d'accorder a fa veuve les trois quarts de part qü'avoit le mari pour le refte de 1'année dramatique dont la clóture n'eft qu'a paques 1784 , ce qu'on cftime pouvoir être un objet d'cnviron dix mille francs. Du refte, de mémoire d'homme, on n'a point vu d'cnterrement pareil a celui deBouret, non araifon de la magnifieence de la pompe , mais par 1'affliction qui régnoit fur tous les vifages* Tous fes camarades y ont aflifté, fauf le Sieuï Molé qui faifoit faire ce jour-la un fervice pour fa femme, le Sieur la Rive, qui eft malade & le Sieur Préviüe. Tous les divers officiers , iüppots, valets de théatre de la comédie s'étoient fait un devoir de s'y rendre & töuspleuroient & fangiotoient auffi. Le Sieur De fesfarts s'eft fignalé par deffus les autres , & a été tellement fhffoqué de fa douleur qu'il s'eft trouvé mal. 29 Septembre 1783. Extrait d'uue lettre d'Aix du 20 Septembre 1783 II y a déjft du tems que M. le comte de Mirabenu aplaidé ici lui-même fon procés contre fa femme avec le plus grand éclat; M. l'arehidue & Madame 3'archiduchcfle'y ont aflifté, ainfi que toute la ville. Malgré fon éloqucnce, il a perdu: fa' femme a eu la liberté de- ne point 'retoumcr avec lui, de ne pas même fe retirer en convent,' ainfi qu'il le defiroit. On croit qu'il fe ppurvoira au confeil. 39 Septembre 1783.. Extrait d'une lettre de  C 213 ) Pérorinë du 26 féptëmbrë Un marchan& de Bruxelïës ayant fait une fpécu'ation fur ces nouveaux joujoux ïmagïnés a Paris qui font des pctits balons reaiplis d'air inflanmiable propres a arnufer dans un jardin oü dans la cliambre, en avoit commandé une caiffe de cinquantc. Ps arriverent par la voiture publique. Les commis des fermes, peu infirults de cetre nature de marchandife qu'on avoitdeclarée, voulurent vérifier fi cette caiffe ne contenoit rien. qui dütpayer les droits prefcrits dans leur tarif. lis la font ouvrir, dans Pinftant les balons s'ébranlent , prennent leur effor , & s'envolent dans les airs au grand éconnement des vïfiteurs qu'on avoit eu la rcalice de ne point prévenïr de eet effet. Pour furcroit de mervcilie, 1'un de ces balons trop bóurré d'air in flammable, creve & répand 1'odeur la plus infecte. Ges commis n'y peu vént tenir & prennent la fuite, enforte que 1c rebbe de la vifnc ne fe fit pas. 30 Septembre 1783. Depuis quelques jours la conliance aux billets de la caiffe d'efcotnpte s'étant ébranlée, beaucoup de monde s'eft prélenté pour en retirer fes fonds. On a d'abord fait face; mais peu a peu les payemens fe font ralentis. Au beu de quatre caifliers qu'ils étoient ordinairement, un feul homme eft refté pour eet emploi; au lieu de payer en uefant les facs d'argent, ce qui eft Pufage de toutes les grandes caiffes, 011 n'a payé qu'a facs ouverts; on a compté écu a écu,pile k pile. On  C *i+ ) eft revenu plufieurs fois h revoir la fommeS enfin , on a employé toutes fortos de petites manoeuvres pour trainer en ïongueur, & elles n'ont fervi qu';t altérer de plus en plus le crédit de la caiffe ; deforte qu'aujourdhui c'eft une fureur fi grande qu'il faut des gardes. On ne doute pas que la caiffe ne manque iriceffamment a fes payemeris. On prétend que les directeurs font acluellement & follicitcr un arrêt du confeil qui les y autorifc , & qu'ils 1'ont obtenu. 30 Septembre 1783. Le gouvernement femble prendre confiance de plus en plus a 1'art du Sieur le Dru, plus particulicrementconnufous le nom de Comus, pour guérir 1'épilepfie &autres maladies de même nature. En conféquence, il eft queftion de le fix er aux célcftins, oü le gouvernement doit lui faire arranger un hÖpital convenablc. M. le controleur général & M. le lieutenant de police ont été deruierement vifiter les lieux avecjui. Le premier O&obre 17S3. Extrait d'une lettre de Cberbourg du 25 Septembre On a renvoyé au dix du mois procham ; c'eft-idire, a une autre marée , le tranfport de la grande cagc préparee ici pour être coulée a une lieue en mcr dans Fendroit oü doit s'élever un .fort qui protégé la rade. Le mauvais tems p. erapêché les gabarres & autres butimens, qui devoient fervir. au tranfport de cette grande machine , de fortir da havre a la der-  riiere marée. La réufijte de cette entreprife, auffi hardie que difpendieufe , devient moins problématique, depuis qu'on fcait le fuccèsque celle de Rome pour le déplacement des chevaux du Quirinal, a eu le premier feptembre. L'architeéte,M. Antinori, qui avoit manqué fon premier effai , a été plus heureux au fecond. 1 OElobre 1783. Le grand art de 1'auteur quelconque, francois ou allemand, du drame Amélie & Monrofe, eft d'avoir commencé dès 'le premier aéïe a rendre fa piece attachantc ex d'avoir augmenté la curiofité dufpeétateurfans interruption d'aéte eu acte & de fcene en fcene jlifqu'a la fin. C'eft d'avoir étabfi tous fes caracleres, excepté un, vertueux, fans être monotones; c'eft de n'y laifiér aucun acteur oifif; c'eft , quoique les incidens foient très-romanefques, non-feulement de les avoir rendusvraifemblables , mais de les avoir étabüs fur les caractei-es donnés, d'oü ils devoient néceffairement réfulter ; c'eft enfin d'avoir tellement lié fon aétion que , malgré 1'intérêt particulier qu'offre chaque perfonnage , il ne fe divife point cc eft toujours un; il faut qu'ils foient tous heureux on malheureux enfemble. 2 Octobre 1783. Les alarmes redoublent a 1'occafion de la caiffe d'efcompte, & ceux qui ont vu auj'ourd'hui M. le controleur général afiurent qu'il avoit 1'air trifte. On parle beaucoup de 1'arrêt du confeil qui  ( 215 ) la concerne, & l'on croit qu'il fera ren du public deinaiu. Les adminiftrateurs j pour allonger encore plus les payemens , ont imagïné de ne procéder que par ordre de numero, avec cette'fórmalité jointe aux autres fimagrécs, au lieu de payer trois rnillions par-jour, taux le plus fort fur lequel ils comptoient, ils n'ont payé hier 'que 300; 000 livres. 2 Oclobre 1783. Le répertoire pour le théatre de Fontaincbleau eft fait, &lcpremierfpectacle elt fixé au onze de ce mois. En attcndant, les répétitions des opéra nouveaux fe font aux Menus & y attirent beaucoup de monde. 2 Oclobre 1783. Bagatelle eft de plus en plus un point d'amui'emcnt & de curiofité.pour les Parificns & pour les étrangers qui viennent dans la'capitale de la France. C'eft aujourd'hui le jarrlin a 1'angloifc dont eft accompagné ce charmant féjour, qui mérite d'être vifité avec le plus grand foin. Lc roi a conccdé a fon frere fucceffivement environ quatre-vhigts arpèös de ce bois tout plantés , ce qui a fait une grande avance pour le fond du jardin: mais Tart y a ajouté infiniment de chofes; les travaux ne font pas finis & l'on y trouve encore beaucoup d'ouvriers. Une pompe a feu y procure. une riviere très-abondante fur laquelle ont été construits huit ou .dix ponts extremement iinguliers, & du refte, l'on y recontre les furprifes diver-  c m) diverfes qu'cxige Ie genre 5 mais ce que Pon admire principaljment, & ce qu'on ne voit en aucun femblablèjieu, c'eft la propreté éxquife dont il eft teuu, a Ia quelle dix-netif jardiniers font oontjnuelkment occupés. 3 Ocïibre 1783. Sur ce qui a été repréfenté au roi , étant en fon confeil , de la pait des adminiftrateurs de la caiffe d'efcompte, que la rareté du numéraire opérée par les circonfïanees de la guerre, qui ont empêché Pimportation annuclle & réguliere des matieres d'or & d'argent, en même tems que les efpeces ont été exportécs au loin , a forcé le comraer.ee & furtout celui de la ville de Paris, oü ce vuide fe fait plus particulierement fentir, k recourir a la reffource que le gouvernement a voulu lui ménager , en autorifaut 1'établiffemênt de la caiffe d'efcompte. Que leur zelc a fecourir le commerce les % engagés k efcoaipcer autant de lettres de change & de bons effets fur particuliers qu'il s'en eft préfenté; & qu'admis k payer ces lettres de change en argeht 011 en billets de caiffe au pfrteur, ia confiance du public envers cette caiffe , les a mis dans le cas d'aogmenter Ie nombre desdits billets en proportion des befoins des commercans; mais que la reffource fur laquelle le commerce a dü compter pour remettre du numéraire dans la circu'ation , fe tronvant retardée dans lés effets, il en réfulteroit pour la caiffe d'efcompte un embarras uio» Terne XXZIL K  ( ai8 5 mentané de continuer au public la facilité des efcotiiptes, dans 1'impofiibilité de payer en especes, & même de rembourfer en argent comptant 'les billets lorfqu'ils lui lont préfentés en trop grande quantité, s'il n'y ëtoit pourvupar •Sa Majefté. Cue dans la nêceffité d'attcndre tout 1 cfFet des'reffources que le retour de la paixprélênte au commerce , & de lui continuer un fervice qui lui a procuré de fi grands avantages, ils ne voient point de moyen plus affuré que d'être autorlfës jnfqu'au premier janvier 1784, êooque oü il eft reconnu que la circulation des efpeces fera parfaitement rétablie,a faire payer en lettres de change &bons erléts fur partieufiers exiftans dans la caiffe, les billets de ladire caiffe a ceux des porteurs qui neyoudrdnt nas les laiffer dans le commerce , aux qffres mi'ils font d'en bonifier 1'efcompte; s'il plaifoit m roi, moyennant lesdites oflïes, de défendre 'iufqu'a ladite époque du premier janvier, toute pourfuite contre qui que ce foit, pour raifon desdits billets au porteur, & d'ordonner qu'ils continueront d'avoir cours, & d'être recus«fe donnés pour comptant dans toutes les caifles générales & partieulieres de la ville de Paris feulement. • Tel eft le préambule de 1'arrêt du confeil en a-te du vingt-fept feptembre qu'on attendoit, & le prononcé eft conforme aux delïrs des ad©inif.tateurs.  (aio ) A 1'ouvértüre de la caiffe aujourd'hui, ïio'n> 'feulement les créancieïs de la caiffe qui fe font préfentés n'ont pas été payés en argent, ils ne 1'ont pas même été en valeurs , aux offres què les adminiftrateurs en 'faifoient au confeil. On les a renvoyés a Iundi fix, & l'on a donné k cliacun un exemplairc de 1'arrêt du confeil; espece de lettre de furféance , qui annonce la caiffe d'efcompte en faillite. Comme l'on fentoit la fermentation que devoit caufer dans le public la fufpenfion des payemens de la caiffe & la manifeftation de fon ïmpuiffance, que la fureur s'allumoit au ooint dc jcter des picrres dans les vitres dc I'hótel; d'abord des commiffaires fe font introduits dans les bureaux pour contenir par leur préfence les demandeurs d'argent; enfuite la cour a été remplie d'exempts & de fuppóts de la police; M. Dubois, le commandant, s'y eft auffi reudu, prét a faire marcher fa troupe au befoin '; plufieurs exempts gardoient la porte de I'hótel feulement entre-ouverte, & ne laiffoient entref que ceux qui montroieiit des billets noirs on Touges. ü'autres exempts & fuppóts de police , répandus encore dans la rue, écoutoient les propos , empêchoient les mécontens de s'atroupper , & difperfoient les polotons dn peuple; enfin, des efcouades du guet, portées dans les environs fans affeclation, fe feroient ïaflêmblées au befoin» Le jardin du palais ïoyal daas le yoifinage K a  de la caiffe d'efcompte, étoit égaiement Lnfesté d'eipions , de mouclics Sc d'exempts de police. ' 3 Oclobre 1783. M. Bezout, de 1'académie des fciences, examinateur des gardes du pavillon & de la marine & des éleves & afpimns du corps royal de ^artillerie, vieut de mourir dans un petite terre qu'il avoit dans le Gütinois. - g Oclobre 1783. Dcrnicrement M. le duc cle Chartres faiibit un fouper de rilles, fuivant ion ufage, avec plufieurs feigneurs de fa cour. II avoit fait mettre fous la ferviette de chacune un Condon, plus boimétcment appeïé Red'wgote-Angïoïfe. II fc avoit que M. le baron de .'Êeaumahoïf , pour fabrlqüer fa machine aéroftatique , qui a parfaitcment bien réuffi, s'étoit lérvi de ces enveloppes qui ne font au. tre chofe que des veffies de cochon, & qu'el'les font trés fufceptibles de recevoir & de con'tenir fair infiammable. II les avoit fait remplir de ce fluide, & lorfque ces impures ont ouvert leurs ferviettes, ces Condons fè fontélevés, ont flotté dans 1'air de la cbambre & préfenté a ces dévergondées les images les plus attrayantes, ce qui a donné lieu a toutes fortes de mauvaifes plaifanteries & finguherement égayé le repas. 4 Oclobre 17S3. Hier avec 1'arret du confeil eoncernant la caiffe d'efcompte, il en a été affiché un autre , en date du trente feptembre  t?H, a I'appui du premier. H v ep d;, fl„„ ff» eft informé que plnfieu , Lnquiers ï commercans de Paris & des principale" v Tes du royaume , proffranr de la grande kciiité que P auquees dans toute la Franee , ainfi que 'ébhffemenf des melfageries , des diiigen es & M jefle veut bien les labTer jouir pour leur négpee , font du tranfport des efpeces d'or & tioir, pourfairebadffer ou baiffer ,i le r ?| P,x di change; opérer, fuivan't leurs inS rêts paracuhers, Fabondance ou la difette dans a caPna!e& dans les Proyinccs; &, fo^ pre texte de venir aux fecours des frontieres ver ftr !es elpeces de France dans les étrar Til ™ V^^n ^ ordomanc-e1" & Sa Majefté s'étant affuréé par les état & bordereaux qui lui ont été pr^tés dai foï confeil que fa quantité d'efpeces forties d h' -feule ville de Paris depuis trois mois, sie4\ une telle fonnne. „nk, «ni^eics loms qu'elle s eft donnés pour faire partrciper fes fujets aux premiers avantages de Ja pafx, en fe procurant toutes les matieres d'or & d'argent, qu'il a été poflibfe d'obtemr , & en les'faifant convertir en .efpeces dans les principaux hotels des monnoies^du royaume , pour réparer Je vuide occanonne par la derniere guerre, les prinèipales cail.es au commerce de Paris & même la caiffe ^ 3  i %n y ■ d'efcompte éprouvant pour te numéraire-une le pl me qu'il devient indifpenfab e d'an Til la caufe , en rcnouvelant les anaens re-. .lemens contre le tranfport des efpeces en prenant-de fages mefures pour powöU attendre non-feulement qu'un commerce mieux ie glé les remette dans la circulatmn; mars qu ts foient ranimées , tant par les efpeces». 4 la, que par 1'arrivée des. matieres qm éioientrete «uesparlcs dangers de la gperre . Fn conféquence, prononcé ^ontorme. f0?**r«W * -i aeu befcpt,p de: neine 4 confentir de laiffer rendre l a et conKantte caiffe d'efcompte. II a Min, on que M. le comte de Fergennes , comme préfidentdnconfeil desfinancesjm en fïtcQünoltre la néceffité. „ On aioute que Sa Majefté vouloit auffi ne V r\._.. ,„ .„„~v0 riP •PoTitainebleau, qu on buit millions; la bonté de fon eau y ré £ „lluiuknS un moment oü. elle alarmoit les Panö , ,t. ^,t fimples alfertions dont on ne tfonne aucune connoiflance ou cettitude au public. . Enfin , l'on ne prend aucune des précautions nfitées dans les cas dè banqueroute ou de fculHte comme de mettre les fcellés fur les efttts dés'adminiftrateurs de la caiffe pour confiater leur aöïf & paffif, & pour les empécher de fouftraire le Sfim dc leurs crénnciers. II étoit furtout n'éceffaire ici de leur óter tout pouvoit de créer de ces nouveaux billets, qu'au mnyen de la difpofitton qui autorife de les recevoir, a donner en payement dans les eaifies génerales & particulieres , ils peuvent augmenter a 1 in- ^Oclobre 1783- Au moyen desvifites faites chez les différens übraires, marchands de livres, colporteurs de cette capitale , en vertu de 1'ordre dont on a parlé, adreffe par M. de SJevffle, le dix-huit feptembre aux fyndics de k communauté des imprimeurs & libraires, .1 s'en eft trouvé une vingtaine en faute par le ïecélcment de livres prohibés, qui ont été fatfis , & les coupables ont été mis a 1 amendè. 6 Oclobre 1783. E^rait d'une etvre dA, HÜens du 1 oftobre Si M de te Tour dont vous demandez des nouvelles, n expofe olus au falon de Paris de charmanspaftels commt autrefois, ü fait de bonnes aftions,dans. cette province, fa patrie , oü il s eft renré, &rte d'ouvrages non moins propres a L'immor., *^ taaier*.  feTifef. II êft honoraire de notre académie, & fi vient d'y fon der un prix de 500 livres pour celui des citoyèns de la Picardie, qui aura fait ia plus belle action 0kumanité, ou inventé quelque machine , métier , inflrument propre a la perfecfion de Pagriculture, des arts & du commerce, principalement dam laprovince. ; Ge prix fera décerné pour la première fo's 1'année procbainc avec celui dsYEloge de Gresfet déja remis trois Ibis, & qui fera conféquemment de 1500 livres. On eomptc que M. de la Tour a peut-ctrc afefi dépenfé déja cent mille francs en objets d'utiiitë publique.- 6 Oclobre 1783. On a affefté, au moment ou l'on 3 fu'pendu ie payemenr des billets dela caifle d'efcompte, d'ouvrir a la ville lepavement des rentes pour les fix premiers mois 17S2, & quoique M. le contróleur général éflc annoncé qu'il n'avoit pas, befoin d'argent, ijl paroit-aujourd'hui un arrêt du confeil en date du quatre c&obre , qui ordonné 1'ouverture d'un empruut dc vingt-quatre millions, en deniers comptans & en billets de la caiffe d'eseompte. Comme la circolifbince eft critique, il offre des conditions extrêmement avantageu-' fes pour amorcer les gens cupfdes & crédules. Son objet, fuivant le préambule, eft, par' une fage prévoyance, de raffembler les moyeusnécelfaires pour affürer h Pavance le payement des divérfes dépenlèg ex&aordinaires; & pour K-5  que tous les fujets puiffent participer au béné-fice de eet emprunt, on a choifi la forme d'une • . Ioterie.. 6 Oclobre 1783.-. M; Marignié, 1'auteur de Zoraï, tragédie nouvelle, jouée il y a un an,, prend date aujourd'hui pour annoncer au public qu'il travaillc a une autrë tragédie, intituiée Amélie & Monrofe & qu'il en avoit lu avant fon départ de Paris un acce a plufieurs perfon-nes connues qu'il cite.. II parolt que c'eft lé même fujet dü drame.: qu'on joue acfuellement a la comédie italienne ■ fous le même titre, &,que M. Marigniévenant après, craint de paffer pour plagiaire. Quoique fa lettre foit datée de Geneve le . vingt-trois feptembre, on 11e fcait pourquoi les. joiirnaliftes de Paris, auxquels elle eft cenfée. adreffée, ont jugé a propos de ne la publier qu'hicr. 6 Oclobre 1783. Les comédiens francois jouent enfin aujourd'hui une nouveauté: c'eft une efpece de drame en trois ac~t.es & enprofe,.. ayant pour titre le Bienfait anonyme.. On prétend que c'eft 1'anecdote connue de Montes-quieu arrangée au théatre. . On dit que. 1'auteur ^ft un M. de Pie, avocat de Tarafcon.. 7 Oclobre 1783.. On volt dans des repréfen-.tations du parlement fur P'arrêt du confeil du j «iiilll./laiiv tuin T-rQn miolo ntif jit^ .„„.:r_ «Wgvwiu VUJ! ^ui-io uiit.l-ll. iCS UIUU1Ö-. «jui ont. déterminé cette compagnie a venir au..  fecours des béne'diöins réclamant contre cftt ordré illègal. La réponfe du roi dans' laquelle on a fait' rendre a Sa Majefté le témoignage le plus' honorable a 1'ordre de Saint-Benoft, étant du refte négative, & le chapitre général ordonné par 1'arrêt du confeil fur le point de s'ouvrir, fe parlement s'eft hité de faire le quatre feptembre cfitératives remontrattces , qui n'ont pas produit. plus d'effet.. Ces deux pieces font imprimées auiourd hui & ft répandent clandeftinement. 7 Octobre 1783. M. le lieutenant général de police s'eft tranfporté le troisoétobre dans: i'après-midi a la caiffe d'efcompte pour eu iaire la vénfication. 11 en a réfulté, fuiyanr le rapport de ce commiffaire, que toute déd: ftion faite des billets de ladite caiffe payaoles-aux portcurs- qui circulent dans Irpublic ,-hd, refte en lettres de change & bons effets lur particulier*, non-feulement la valeur de douze millions-, a quoi fes fonds ont ete fixés par 1'arrêt du vingt-deux W tembre 1776, pour être employés en totalitê a les operations, mais une fomme affez fn/ te , provenant des bénéiïces que les acf ion." nanes ne fe font point encore répartis. En conféquence, ce procés verbal, dreffé par Mi-Ie AW>,a été annoncé hier au public : par na arrêt du confeil en date du quatre er. K 6  C £** ) tfttiTe ^concernant les pnyetnens de la caiffe dTes*compte. Eu même tems, Sa Majefté , après avoir rendu juftice a la fidélité des adminiftrateurs & pour preuve de fa confiance, leur continue la facilicé d'efcompter les effets commercAbles, comme par le paffe. Le nouvel éloge qu'on fait dans eet arrêt de la caiffe d'efcompte , la proteétion éclatante dont Sa Majefté la couvre, & la faci<14 té qu'elle lui donue de perpétuer & d'augr menter fes billets au lieu de les diminuer & de les aneantir, comme feroit le vceu général , font une nouvelle preuve de fa liaifon avec le tréfor royal, de Pinfiuence abfolue que le miniftere avoit fur elle, & redoublenr les défiances en ne laiffant plus a perfbnne aucun.cloute.a eet égard. 7 Octobre 1-783. M. le préfïdent de Mon* tefquieu un jour vfr fur le port de Marfeilie' an marinier qui ne lui parut point avoir fair d'ttre né pour Ion état. La curie fité fengagea d'entrer dans fon canot- & de fe preme— ner dans la rade avec lui. II apprit que ce jeune "homme avoit fon pere captif & avoit-. ajouté ce genre de travail au fien pour ea gagner plu tót .la rancon.- Quel ine tems après ce pere revint au fein> de fa familie qui n'ayant rien fa t pour fa; d£livrance3„ ne douta pas que. ce nefurfef-  ( 223 ) fet de Ia genérofité de 1'inconnu , furrour é anrès les renfeignemens qu'il avoit pris a eet ég^rd. De;:uis, le fi's'ayant rencontré è Marfeille le prefident de Möntefquieu fe jeta a fes geno ix & voulut ie rernercier, comme fon bien* feiteur ; celui-ci fe débatdt & s'arracha de les bras, enforte quon tfauroitjamais,"5„ QUp H étoit, fi, a Ja mort du prefident, on n'eüt «rouvé dansjes papiers une note qui éclaircic i anecdote. . ïei eft Je f»jet de la piece joude hier, fujet qui, comme.on Ie juge aifément, ne eomportoit qu'un acte, & que 1'auteur a rmda-propos ailongé en trois. Pour yparvenir* il faic jeter des founcons fur le fils, 0ui ont révolté comme odieux & ablurdes. II a err outre attaché au fonds une intrigue'amoureule foible & vague, qui ne produit aucun effets Le premier acte avoit été affez bien reen mais le fecond a été hui pref ;u'en entier, & le troifieme n'a-pas- réparé Ie tort que celuici avoit fait » louvrage. Le Me en eft incorrect, inégal, trivia!. En général, tout ce qu'il y a de bon eft deMöntefquieu, & tout ce-qu'il yademam ais, du compofiteur , qui n'annonce aucun talent. On ne fcaii pourquoi il n'a pas défigné tour natuiellement fon principal perfonnage fous K.7  C 210 ) lë nom de Móntefquieu, & 1'a pulrilemenf changé en Saint-Efquieu. 7 Oclobre 1733. L'académie royale depeinturc & de fculpture , dans fon affenrblée duvingt-fept feptembre, a agréé M. Peyron,. d'Aiv en Provence, éleve arrivant de Rome* Differens- tableaux d'h'iftóire 'lui ont merité' eet honncur, entre autres Marius dont fafpcct intimi dc un foldat.prêt a fajfaffiner , & la mort' de Miltiade, ou l'ingratitude des Atbéniens. Ces deux morceaux- ont occafionnê la pro-' lóngation du faion, & y ont été expofés dè-31lè lendemain vingt-huit feptembre. Les critiques , plus difflciïe - que l'académie, reprochent au premier fujet de Fineerre&ion dans ledeffin, & undéfautdenoblefje,de Pignoble même dans la figure du perfönnagé prjncipal. Us reprochent au fecond undéfaut de deffin encore ,en outre un manque de perfipective. Du refte, ils les trouvent tous deux affez harmonieus & d'un bon-ton de couleur. 8 Octobre 17S3. Oh confifmeqneM.de Choifeul-Gotrfjier eft nommé ambaffadeur a la: Bofte. Ce fefgneur eft renommé pour fon goüt ou plutót pour fa paffion des arts. Elle lui a déja fait entreprendre plufieurs voyages^ dans les beaux ch'mats del'^fie, & ileftl'aute :r du Fbyage pitterefque de la grece. On obferve que dans pa préface il fait- de grands  ( 231 3 êlöges de rimpératrice des Ruflïes & defïre que le projet depuis longtems annoncé de Ia fubverfion de l'empireottoman s'effectue. On trouve affez fingulier qu'on ait donné une pareille miffion k ce feigneur philofophe, qui s'eft expliqué d'une facon fi défagréable pour le fouverain & Ia nation auprès del'quels il va reuaer; on en concfut oue la France re¬ nonce è-foutenir cette puifiance, & que c'efb un confefléur qu'on envoie pour exhorter è lamort un malade défefpcré. 8 Oclobre 1783. Dans Ylliftoire de Ja dermere révoluiion de Snede qu'on a annoncée,. on trouve le récit de ce qui s'eft pafte dans les trois dernieres dietes-, & un précis-de1'liiftoire de Suede, dans-leque] ou dévelop-, pe les- véritables-caufes de eet événement.. Elle eft traduite cnefiet de Fanglois deSheridan , fecrétaire de Fenvoyé de Ia GrandeBretagne en Suede, fon véritable auteur. On fe plaint dans YArertiffement qu'un M.. le Sccne Defhsaiions-, auteur d'un ouvrage» portant le même- titre-, ait pillé entierement: Fauteur véritable-, & a ce plagiat, ait ajouté Finjure de le traveflir, de le mutiler, dele dc'charner & de fupprimer furtout en entier YmtroduBion fur Je fort de la liberté civile politique en Europe, morceau le plus profond' & le plus philofophique de Fouvrage: c'eft que le plagiaire vouloit paroitre en France  ea' toute liberté & que cette introduétion feu1le Ten auroit fait profcrire. Du refte M. Shcridan, en rendant juftïce a l'ame, au génie, aux talens, aux vernis da roi de Suede, fait voir que la- révolution ne s'eft pas tout a-fait paffée comme on 1'a rapportee d'abord, & que fi elle eft utileaujourd'hui a ce royaume, fous un prince honnéte, bienfaifant & patriote , ce prince lui a fait ie to:t irréparable de lui préparer pour 1'avenir des fers inévitables.. Le ftile de eet o'ïvrage eft' noble & ferme v & 11 eft. écrit avec autant d'énergie qu'il eê penfé. 9 Oclobre 17S?. M. le VicOmte d"lLaremhures eft un maréchal de camp de la promotion de 178o,marié depuis peu, rui,par une fuite d'^tourderies & d'impertinences d'a-bord, enfuite d'infubordination & d'arrognnce , vient de préfenter le fpeétacle le plus ' bonteux pour lui ,■& le plus dóuloüreux pour fa familie. Mardi dernier il venoit d'être condamné au tribunai des maréchaux de France a paffer quelques jours en prifon a FAb* baye pour punition de Ia maniere dont il s'étoit ronduit dans une rixe particuliere, dont les détails feioient auffi ldngs qu'iflutlles , & pour les propos ihdécens qu il avoit tenusdui rant fon affaire, & contre le tribunai en lui-* même, fccontre cliacun des jages..  C 233 ) M. cTHcremburci s'étoit rendu ft cheval & en uniforme de fon grade chez M. le meréchal de RicheJieu oü fe tenoit le tribunai ; après avoir comparn & aprenant fon jugement, il remonte a cheval & déchre qu'il ne n'y foumettra pas. La garde dont il étoit toujours efcorté depuis le commc-ncement de fon affaire ,. a cheval auffi, le contient, le harangue, & cherche h lui faire fit tir eombien cette incartade trés- crïminelle dans tout fujet du tribunai , le devenoit encore -lus dans un officier général qui devoit donner fexemple. Cette exhortation ne réufiit pas; on eft obligé de 1'entourer & d'appeler le guet; il arrivé, après des voltes & des coutre-voltes pour éviter d'être bklTJ de fon epée qu'il tenoit nue, un cavalier plus adrnit parvient a la lui faire tomberdelarnain; foudain il a recours a un piftolet &c déclaré quil brülera la cervelle au premier qui fera mine d'avanter. on eft intimidé d'abord; cependant on le furprend dans un moment de dis* traction, on le privé encore de eet arme, alors on 1'arrache de fon cheval, on le traine par les cbeveux en fiacre ; on le poufte. dedans, les gardes y entrent a\ee lui & on le conduit ainfi a travers tout Paris entouré d'une canaille immenfe, que ce fpectacle trèslong avoit amafiée. On dit depuis que ie vicomte a"' Harembupts-z plas digne de Charcnton que de tout au-  C 2-34' ) tsre peu , a été cöndamné a vingt ans & uajour de prifon pour fa rebellion. 9 Ochbre 17-83. On- a commencé k Cherbourg a jeter en mer les caiffes qui doivent fervir aux fondemens des forcs. On n'ofe pas encore fe promettre un plein fuccès, & Ton craint que le fonds ne foit pas affez bon pour foutenir des niaffes auffi Iourdes & qu'un coup ' de mer ne dêtruife ces grands & difpendieux Êravaüx. 10 Oclobre 1783. Extrait d'une lettred'Agde du 1 oclobre..... Depuis longtems les états deLanguedoc defirent de mettreceport en état de recevoir des vaiffeaux comme par le pafte-.. Le gouvernement a envoyé ici M. Groignard, ingénieur . conftrucleur général de la marine , pour examiner' fi Ja chofe eft praticable. 13 fa jugée telle , & a afluré qu'on pouvoit donner dix-fept pieds d'eau a 1 entree du port, ce qui feroit fufnfant pour y recevoir des flötes & des gaban-es de 10 po k 12:o tonneaux; il s'agit maintenancdetron* ver les fonds fuffifans a cette grande entreprife, trop avantageufe k la province pour qu'elle n'y fubvienne pas avec plaifir. Notre port, par fa proximité avec Je canal' de Languedoc, peut bientót devenir 1'entrepö,t"de Marfeille, de 1'Efpagne , de la cótede Barbarie. 10 Oclobre 1783. Quoiqu'on femble payer ala caifle d'efcompte, on le fait avec tant.de-  C -35 ~) ïenteur, de fimagrées, de difficultés , que c'eft peu rauuraht. On ne paye même qu'en partie, c'eft-a-dire que fur deux billets de 20 j livres ehacun, on n'en accepte qu'un, & l'on vóus donne un bon pour I'autre. Sar un billet de 1000 livres on vous en lolde uncinquieme en argent feulement &c. Ce qu'il y a de plus heureux, c'eft qu'a Ia ioterie nouvelle on prend pour comptant fans difficuité tous ceux que vous apportez. Quoi qu'il en foit, voila un terrible échec au crédit de la France & Fon croit que ladifgrace de M. Dormsfoa en fera la fuite.. On ne peut nier qu'il n'ait montré dans cette crife un grand défaut de tête. Ses déftnfeurs veulent que ce foit un piege que lui ont tendu fes ennemis; mais il ne 1'a po:nt vu & il y a donné avec une bonhommie. qui prouve lbn peu dé capacité. 10 Octobre 1733. Depuis longtems les bénédiétins font divifés: c'eft le duc de Choifeul qui a introduit le premier parmi eux la porn? me de difcorde, en exciumt lés moines pe~ tits-maltres a réclamer contre les regies , les formules, le vttement de 1'ordre, & en leur laiffant 1 efpolr de rentrer dans Ie monde cc d'y vivre a leur gré. 11 efpéroit par la ménager a Fétat une granée reflburce dans les-, biens des riehes maifons de ces religieux, dont il comptoit que les troublcs inteftins ameneToient la. deftruction. La commiffion des.ré-  C 236) guliers furvenue enfuite , a fait de fon mietix pour feconder le miniftre. Cependant Ie feu roi n'a point voulu entrér dans ces vues politiqnes, & les bénédiétins fub'lftent. Ils ont même été confofdés par le renouvellement des conftitutions de Ia congrégation deSaintMaure en 1760 revêtues de lettres patente* & du fceau de 1 enregiftfemeot. Malgré cela, lefchifme s'eft écabli & perpétué; les moines mondains & in trigans fe font emparés de Ia fupériorité par d&s'éïections peu eanoniqnes , furtout'en Normandie oir il y a eu des appels comme d'abus, Ces ambitieus ont eu le fecret d'éluder le déplacement dont ils étoient mecacés par un arrêt du confeil obtenu en 1781 , qui évoquoit contre toutes les Ibis 1'appel comme d'abus & foutenoit le régime établi. Depu's , le miniftere a ouvert les yeux,a reconnu que fa religion avoit été furprife, & a deftré remédier aux abus; mais par une voie non moins irréguliere que la premiere, c'eft-a-dire par un nouvel arrêt du confeil qui eft celui du vingt deux juin- 17B3. Cette marche, établie par le defpoeifoé^ eft fuivic dabj.toutes fes ineoöféqüenbes par 1'auteur des Reprèfentations & Uérotives Remontrances du parhment qu'on a annoncées.. On les attribue a Dom Iblets , bibliothécaire de Saint- Germain des prés , & en effet les commiflaires magiftrats n'étoient gue.  re en état de trailer cette matiere. On troa- ve, au refte, dans.ces det-xécrfti,la rhimler-e monacale. Le fjtile en eft Iourd & pefant comme celui de tout ce qui fort de la pl in ê des bénédiiftins. ii Octobre 17% Extrait d'une lettre de Breft du fix oclobre Les grands talens de M. Grotgnerd ont fait vol, r fa réputation jufque chez 1'étranger: les Hollandoïs, fi habiles autrefois k maïcriier la mer, fi renommés par leurs admirables travaux en ce eenre, ont recours a lui. JJS Pinvlent a venir vifiter leurs ports & veulent le eharger den décombler quel ues uns dont lés attériffemèBs Recent extrêmement 1'entrée & la fortie Us cn ont fenti 1'inconvénient dans Ia co rte $uerre qu'ils viennent d'avoir & la né-elflté d'y remédièr. 11 faudra que M. Grei^nard ait 1 agrément de h cour & Pon ne doute pas qu il ne 1 obnenne. 11 'Octobre i7S3. On fcait qu'a Ia fin de la t,uerre de i7J & a la nègligence des miniftres des financeï oui Tont fuivi. On travaille acluellemeDt a force aux monnoies de Paris, de Pau, de Limoges &d Orléans On fabrique a la première envjon pour cenc trente mille livrei par jour. 'P La paix de itfi ou le Bouw! de Punch de Mafter oliver Dreamer, écrit amphigourique, peignant affez bièn le bavardage des clubs de Londres, oü a travers une mer de paroles on découvre a peine quelque lueur de bon lens. Cc namphlet annoncé, traduit de 1 anglois d'après la cinquieme édition , eft ennuyeux au poffible, quoiqu'il nait que qüarante-fep pages de gros carafteres. 11 eft d'arlleurs du ftile le plus plat & le plus maufiade. Les Etrenncs de fEmpereur de la Chine aux Souverains de fEurope pour Pannée 1782 avec un plan de pacifimhn propofi par k monarque chinois, &fes inflructions au Mandanu ChouKing, kttré de la première clafe, grand co,, las de l'empire, viee-roi de laprovince de I cnekiang, /ö« ambaffadeur dans toutes les cours de fEurope, & fon plénipotentiaire au congres propofè pour rétablir la paix entre les pin [jances européennes qui fe font la guerre dans. les quatre parties du wonde. Tel eft le titre d'une autre produ&ion fur laquelle nous re* viendrons. , 10 Octobre 1783. Les balons contmuent & — i. „/._...li ma- l'on travaille a^neueuieuj * icputi »«  C 239 ) chine aéroftatique de M. de Montgolfier. M„ Pilatre de Rozier s'eft joint a lui & ils doivent faire en commun des expériences diverfes pour écablir, confirmer & étendre , s'il eft poffible, par des faits,Ia théorie de cette découverte. Comme tout Paris eft avide de cette nouveile machine, cc qu'il eft prudent dans ce moment de fermentation oü la faillite apparente de Ia caifle d'efcompte a produit beaucoup de mécontens, de ne leur pas fournir de prétexte de fe raflembler en trop grand nombre, la police a fait dire a tous les PhVficiens occupés de femblables expériences, quils pourroient les continuer; mais fans 1 arhcher , & furtout fans indiquer de jour paree qu'elle ne pourroit fuffire k mettre fans ceife fur pied la quantité de fes émfffaires néceffaircs pour veiller a Ia fureté pi.blique 13 OÖobre J783. On a déji fait des ehapeaux a la caife d'efcompte. Ce font des eha. peaux Jam fond. Toutes les femmes s'empreffent de le coëffer a cette mode nouvelle, ce qui eft un cruel calembourg contre les dire:teurs. 12 Oclobre 1700. L'auteur des Etrennes de l Empereur de la Chine &c. prend fon t exte d un paragraphe du Courier du Bas-Min qui dans une feuille avoit annoncé Ia réunion prochame des Miniftres de divers états au cha  i no) teaude Schonbrunn , a 1'effet d'y tenirun congres de pacification. Après un avertiircment de 1'éditeur qui apprend au public comment eet écrit traduit du chinois eft tombé dans les mams, parlmfidclité d'un ex jéfuke que le Mandarin ChouKing avoit amené avec lui , pour faire les fonótions de fecrétaire & d'interprête auprès de fa perfonnc. On trouve d'abord les •■InflruBom chnnées par Vempereür, enfuite des Etrennes fuccesfives k Jofeph I/, empereur des Romains, au roi de France & de Navarre, au roi de Prusfe, au roi d'Ëlpagne , aux Provinces-Umes des Pays-Bas, k Pimpératrice de toutes les Ruffies, enbn au pape. L'écrivain politique termine par fon plan de pacification générale. Tout ce qu'il dit eft uès-bien vu & trés-bien penfe. On y reraarque un philofopbe ami de la juftice & de Phumamté; mais fon dernier morceau eft une rêverie auffi folie que toutes celles de 1'abbé de Saint Pierre. Malgré ces bonnes qualités , & quoique 1'ouvrage ne foit pas long,quoiqu'iI foit bien écrit, il eft un peu ennuyeux par fa féchercffe: il n'y a point affez de faits & danccdotes. On y en trouve pourtant deux précieu;és concérnant le duc de Choifeul; Pune, que ce miniftre'dès 1763 avoit coneu le proiet de la neutialké armée, qui ne s'eft exé- cuté  C ^ ) cüté que plus de quinze ans après , ann de venger la France par la fuice de la paix hu. rai.iante qu'elle venoic d'être forcée d'accepter; I'autre, qu'il eft égaiement 1'auteur d'un plan auquel les grands monarques européens femblenc cendre depuis quelque tems de partager I'Europe entiere en fix monarehies égales en forces, en reflburces, en étendue & d'englober dans ces fix monfirueufes puiffances toutes Fs républiques , tous les autres petits états fecondaires. 13 Octobre 1783. Depuis le ftipplice de Defchauffour on n'avoit point exécuté de Sodomifte. Le gouvernement avoit craint de rendre le pêché contre nature plus commua en le faifant connoïtre. C'eft: ainfi que le Prince de Bauf******, le comédien Monvel, Ie notaire Margantin & tant d'autres pris en flagrant délit n'ont été punis que de 1'exil, de la prifon , de bicêtre , ou d'une firnple correélion de Ia police fuivant lesper.fonnages ou les circonfïanees. Ce vice, qui s'appeloit autrefois le beau vice, paree qu'il n'étoit affeclé qu'aux grands feigneurs, aux gens d'efprit ou aux Adonis eft devenu fi a la mode, qu'il n'eft point au! jourd'hui d'ordre de 1'état depuis les ducs jufqu'aux laquais & au peuple qui n'en foic infeclé. Le commiffaire Foucault, mort depuis peu,^ étoit chargé de cette partie &montroit a fes amis un gros livre oü étoient ins- Tome XXIII, L  C 242 ) crits tous les noms des pédéraftes notés a la police,- il prétendoit qu'il y cn avoit a Paris prefque autant que de fiiïes.; c'eft-a-dire cnviron quarante mille. H eft aufïï des lieux publics de profiitution en ce genre, & aujardindes 'Pi illeries on connoit un canton uniquement aftecté auxgytons qui viennent chercher fortune. La juftice a cru devoir enfin s'éveiller fur Un crime trop répandu pour craindre de le révéler & pour ne pas exiger un exemnle éclatant. Avant-hier e.le a fait brülerun pédéraftc nommé Pa/cal, qui avo;tpris le furnom de Chabanne. 11 paroit conltant qu'il avoit été capucin, & qu'il étoit prêtre. On ne lui a donné dans larrét aucune qualité pour -ménager Ie clergé, & d'ailleurs ne pas exciter fa réclamation. Ce fcélérat a d'abord été rompu vif, paree qu'ayant éprouvé de ia réfiftance de la part d'un petit favoyard qui ne vouoit pas fe rendre a fes defirs, il 1'avoit Jardé de dix-fepf coups de couteau & mis en danger de mort. C'eft le premier cétobre que s'étoit paflée cette horrible fcene, en plein jour & presque a la vue de tout le quartier. Depuis Darniens on n'avoit point vu d'exécution plus courue; il y avoit du monde jusque fur les toits. 14 Oclobre 17B3. Le lundi fix le comité des cailTes s'efr affemblé aux fermes pour  C *43> prendre Jeéture des arrêcs du confeil ronceïnant la caiffe d'efcompte & en dé'ihérer. Après de longs débats on eft convenu qu'on ne pouvoit fe difpenfer dobéir aux vo'ontés du roi; mais qu'on repréfenteroit k M. le controleur gén ral, que les fermes fourniffent •chaque femnine a la ville un fonds pour acqmtter les rentes, & qu'il eft effende" dene pas laiffer manquer le numéraire en cette partie. 14 Octobre 1783. Le chapitre général de Saint-Dems eft fini & s'eft paffé plus tranquL lemcnt qu'on n'auroit cru, d'après fon irrégularité & les proteftations de quelques membres, fvieffieurs les commiffaires ayant déclaré qu'ils n'étoient point venus pour violenter & géner les fuffrages, ma:s fimplcment pour mainte.nir 1'ordre & la liberté, oma procédé aux différentes délibéradons qu'il y avoit k prendre, & Dom Chevrcux a été élu général. 11 faut voir fi aujourd'hui que l'on eft féparé,* du fein de ce calme apparent, ilne s'élevera pas quelque réclamation propre è ramener les troubles & Ie fchifrne. 15 Octobre 1783. On ne connoït que depuis peu ici un Diahgue entre Jofieph deux, empereur des Romams , Giovanni Brafichi, pape, fous le nom de Pie fix , & le comte de Lauragmis. Quoique cette brochure ne foit pas auffi piquante, auffi gaie qu'elle pourroit 1'être, furtout par 1'introdu "tion du tiers qui fe L 2  C 244 ) trouve entre les deux fouverains, elle fe fait lire avec une forte d'intérêr. Chaque perfonnage y foutient affez bien fon caraélere,& les vues politiques dans lefquelles elle eft compofée font affez faines. On eft d'abord fort étonné de trouver la le feigneur francois; mais 1'auteur fonde Faffeclion dont 1'empereur honore le comte fit fon goüt pour les arts & fur le projet de Sa Majefté Impériale d'établir a Anvers, lorsque le port fera rêtabli, une manufr.cr.ure de porcelaine dans le genre de cellé invencée par M. de Lauraguai's. Cette brochure doit déplaire infiniment au clergé j contre lequel elle eft fpéoialemént dirigée; & fans doute c'eft par égard pour lui que 1'introduct'on en a été tardive & que le débit en eft fort gêné. 15 Oclobre 1783. On a parlé de Ia fouscription remplie afin de faire frapper une médaille dor en 1'honneur de M. de Montgolfier. M. Hqttdom. a été chargé du delfin, & M. Gat eau de 1'exécution. Hier M. Faujas de Saint:Fond k la tête d'une députation des fouferipteurs, a préfenté cette médaille a M. de Montgolfier. Les expériences que tente aujourd'hui ce . phyficien font de procurer a 1'homme la liberté de s'élever avec fa machine aéroftatique ; il s'eft trouvé déja plufieurs effais de ce genre qui ont réuffi terre k terre. II s'agit  C 245 ) ttiaintenant d'exécutercevo! en grand. Quand il aura parfaitement réuffi, onVe propoie de faire frapper une feconde médaille qui constate cette nouvelle époque. 15 Octobre 1783; M. d'Alembert ne fort plus de fa chambre, ni m'me de fon lit qu'un i.nftant pour qu'on le rafe. II a peine a pariet. 11 ne recoit que des amis intimes. II dit qu'il n'attend que la mort & la defire prompte & la moins douloureufe poffiblej& m ilheureutement elle eft lente & cruelle. Les médecins ne connoiflent rien a fon état, qai paroit toujours une malad'ie de Ia ve'ÏIe, 11 croit qu'ils le tuent; mais ce lont d'habies gens, ce font fes amis; il fe réfigne & fe bvre a leurs coups. 16 Octobre 1783. Une aütre facétié qui femble une fuite du dialogue entre 1'empe. reur Jofeph &c. c'eft la Correfpondance du Grand - Turc avec notre Saint - Pere - le - Pape Ces deux fouverains ayant eu jufque-la des intéréts fi oppofés , menacés dans Ie même tems du mcme coup & par les mêmes ennemis, cnerchent ici a fe rëtrhir potirrenverfer les projets de deftruclion de leurs adverfab rcs. Cette plaifanrerie, dont le fonds eft féneux, n'eft qu'une foible efquiife , un croquis v.:gue des grands projets que roulentdepuis quelques années 1'empereur & 1'impéraBMce des Ruffiesj mais qui müris aujourd'hui  C 246 ) font h Ia veille d'éclater & de recevoir leur exécution. l'6 Oclobre 1783. M. Nunes-Ribecro Sanches, eonfeiller d'état de ta cour de Ruffie, doéteur en médecine de Pnniverfité dc Salaman ue, ancien premier médecin dc3 camps & armtes du noble corps des caders de Sa Majefté' 1'Impératriee de ton es le> Rulfies, affocié des académies de Saint-Pecersbourg,. de Lisbonne & de la fociéti royale de iuldeerne de Paris, vient de mourir. 11 eft auteur de différens ouvrages fur la fcience qu'il pro» feübit., II étoit homme d'efprit & de lettres. 17 Oclobre J783. M. FrankUn a remis depuis peu a M. de Fleury, major du régiment de Xaintonge, & lieutenant colonel au fervice des Etats- Onis, une médaille que le congrès lui avoit décernée en mémoire de la prife de Stony-Point. Ce fort, défendu partrente pieces d'artillerie & fix eens hommes délitê, fut emporté par un détachementde nco hommes aux ordres du général Wayues. M.. de Fleury, qui commandoit Pavant-garde,. fauca le premier dans les retranchemens öc arracha le drapeau anglois. D'un cöté dc la médaille on voit le fort avec cette légende Aggeres , paludes , hojla vicli. Et autour de Pexergue on lit: Ob Stony-point expug :' 15 juillet 177.9- ^e Fautree  C 247 ) cóté eft repréfenté un guerrier qni prend & foule aux pieds un drapeau. La devife eft Virtutis & audacioz monumemum & premium. Et 1'exergue porte: D. de Fleurt Equiti Gal. lo primo Jüper muros, refp. Americana. D. D. ' 17 Otïobre i78q. Le premier de ee mois M. le duc de Criilon & de Mahon a donné une fuperbe f:te dans le bois de Boulogne pour célébrer Ia naidance des deux infansd'Efpagne, Son attachement a cectc eouronne & les bienfaits dont il en a été comblê récemment, lui en ont fait un devoir. Cette fête, qui a été. coneue&exécutéfc' en di!x jours, fans préfenter rien de fort ex-' traordinaire, a réuni tout ce qu'on pou> oit defircr & a été trés. brillante, furtout par l'r.sfemblaee de ce qu'il y a dc plus iliuftre & de plas charmant dans les deux fexes a la cour & a la ville. . Le fpedlacle vraiment nouveau dans une pareille fète , a été 1'enlevement d'un globe ou ballon aéroftatique de fix pieds quatre pouces de diametre, au bas duquel pendoit un tranfparent a doublé face, oü l'on lifoit distincfement fur chacune ces quatre vers par malheur affez plats, mais faifant époque i raifon du fu^et de la fète. Vive Charles, vive Louife, De cecte iiuit c'eft la devife, Que leurs uoras volent dans les airs^ Ils cmuelliront 1'uaivers. L, 4  C 248 ) Ce globe , après être rcfté a volonté pendant quelques minutes a douze ou quinze pieds de hauteur feulement , afin que chacun put lire diftinclement la devife ; après avoir tourné, être redefcendu & monté; en; un mot avoir fait toutes les évolutions qu'on a voulu lui faire faire; s'eft élevé majeftueu» fement dans les airs au fon d'une fuperbe mufique. On 1'a fuivi trés longtems des yeux a la lueur du tranfparent, j, fqii'; u moment, oü, par fa hauteur prodigieu'è , il a paru prendre place & fe conlbndre parmi les étoiles. 11 ne faifoit point de vent, il eft monté prefque en droite ligne. On a feu depui3 qu'après être refté environ douze heures en Pair, il étoit tombé dans Jé même bois de Boulogne, lieu de ion afcenfion , a peu de diftance & fans autre dommage qu'un trou fort petit a la partie fupérieure. 18 OBebre 1783. Extrait d'une lettre de Rome du 1 oclobre Par ordre du gouvernement de cette ville, un ouvrage écrit en langue francoife, contenant quatre feuilles d'impreffion & ayant pour titre Extrait de deux lettres en guife de brevets envoye's gux évêques de France le 19 avril i;83, a été brfilé par la main du bourreau. On qualifie dans la profcription la brochure de malfonante , d'impie , de remplie de faufletés groifieres; il eft défendu fous des. peines trés-  C*49> frès-graves de Ia vendre , débiter, ou teni'r cfiez fo*. _ Je ne conn'öis point J'ouvrage brulé, paree que n us n'avöns' pas ici de colporteurs auffi' commodes qu'en France & que les magiftrats rie font pas auffi complaffans; mais je crois qu'il regarde Paffaire des bénédiétins , le bref envoyé par le pape aux evêques a ce fujet, & que ce brülot pourroit bien fortir du même arcénal qüe Ie libelle de Dom Dapre, ce bëhédicfin que nous apprenons avoir été mis a la baftiPe, poür avoir écrit contre les prélats commifraires. i x Octobre 17S3. fïler a été faite Fexpérience de la machine aéroftatique de M. de Montgolfier terre a terre, tellequ'on fe lapropofoit, pour ne point expofer quelques hommes qui s'étöicnt offerts de s'y p acer.- Cfioique ,d'après la déclaration de la police , on eüt évité dén donner connoiffauce au' public , il s'y eft trouvé deux ou trois cents; carolfcs & un peuple immenfe. M. le Noir & M. 1'archevéque de Paris y étoient. Son aftenfiöri n'a été que de quelques toifes, fa durée fort courte, fa marchepeu ferme & to: jours-fous Fimpülfion du vent. En général on a été peu content de cette expérience qui n'a p; s beaucoup avancé 1'efpoir de ceux qui comptent fur la pofïïbilité de la navigation aérienne, 19 Octobre 1783, Le nouveau batiment du  C 250 ) palate commeace a fe dégager parl'abbatis des êchoppes extérieures qui en c}toient la vue. Le corps du milieu eft orné de morceaux d'archicecfurc. Au fronton fe voient les armes de France en reliëf fupportées par deux anges- de la facon de M. Pajou: on y a placé en outre quatre ftatues quin'étantpoict: affez colioffales fe diftinguent trèsdifficilement.. Ces ftatues font la Force, la Prudence, la Jiifllce, ?Abondance.; la première & la derniere font de M. Berruer, les deux au» tres de M. le Comte. ün plaifant a fait a ce fujet un calembour en forme d'épigramrne, qui par fon extréme jufteffe & fa chü'e piquarte mérite d'être diftingué de la. foule de. Gés platitudes.. Pour omer le palais trois artiffès brillans; A Rènvi 1'iin de 1'autre ont jnontré.leurs talens*. On fe tnit du dartel: quant a chaque ftatue. L'on glofe; l'on critique: on dit la Face bien,. LaPniience point mal; 1:'A'.-ondancc n'eft rien; Mais la Juftue eft mal renduc. 19 Oclobre 1783. La correfpondance de Ma- \ dame Gowdan a excité une temp tiftts. On n'en tira que cent exemplaires qui furent envoyés a la Chine avec les planchis, a la referve d'un tris-petit nombre pour le roi, la familie royale & Ia bibliotheque de Sa Majefté. Elles font très-rares, & quand il s'en trouve quel que (bi* un exemplaire, il fe vend' huit cent livres. D'ailleurs, cette colleclion-intéreffante tient 3 Phiftoire de 1'empire de la Chine dans-ces dèrniers tems ; elle offre un tableau piquant L 7  ( 2d4 ) d'ufagcs , de moenrs , de coftumcs qui nous font étrangers; uneidée dc la maniere deconstruire, de camper, de s'armer & defebattre k la Chine. Un éleve de feu U Bas, M. Helman, a formé 1'entreprife de réduire ces eiTampes & de les graver de nouveau. ai Oclobre 1783. Dimanche dernier,.pour éluder les défeufes de la police, il cd venupar Ia petite pofte feulement a chacun des foufcripteurs du mufée fcientiftque uue lettre concueen ces termes:' „ vous êtes averti que M.dë' „ Montgolfier m'enlevera.pour la derniere fois- dimanche a quatre keures du foir dans la' „ maifon de M. Reveillon. Signé Pildtre de „ Rozier." En conféquence'on s'eft rendu en foule au Keu de Pexpérience qui elt un vafte & fuperbe jardin formant une promenade très-agréable.^ Malgré fon indifférence apparente, la police qui le doutoit du concours, ne s'étoit point endormie, éc il y avoit une garde nombreufe qui cmpcchoit les fiacres d'aborder pour ne point gêner les gens de pied, & a entretenu le meilleur ordre. La machine dont il s'agit, quoiqu'originairement la même que celle de Verfailles, a recu diliérentes modifications , d'après les connoisfances acquifes par des expériences répétées. Elle eft aujourd''hui un globe oval de foixantedix pjeds dans fon plus granddiametre,pu de  C ) hauteur, & de qunrantc-fix dans fon plus petit . ou de largeur, & du poids de mille livres. On calcule qu'elle contient foixante mille pieds cubes d'air. Elle eft élevée fur une eftrade de cinq pieds de haut environ, fur cent cinqjuarite de circonférence. Ce vaftc théatre creuxentieremcnt, eft ferme dans fon pourtour; on y entre par une porte qui s'ouvre & laiffe pénétrer les opérateurs. Au e'entre eft un foyer dans Iequcl on allume un briifier & l'on jètte les raatieres propres a produire le gas néceffaire. Cette matiere dimanche n'a été que force pailie humide. La machine dans fon repos apparent avoit d'abord Fair d'un clocher: peu a peu elle s'eft développée & gonfiée au point d'acquérif toute fon ex-tenfion & fa rondeur en cinq minutesElle étoit aiTujettie entre deux poteaux de cinquante-quatre pieds de hauteur, & retentie de quatre cótés par des cordages. proportionnés a; la maffe. _ Ce globe étoit comme monté fur un pi-ed circulaire ouvert , au milieu duquel s'adapte un réchaud de feu. De droite' & de gauche eft un balcon propre a recevoir les voyageurs& du poids d'environ cinq cents divres les deux. M. Plldtre de Rozier s'eft embarqué dans un avec force paille, avec de 1'eau, des éponges &. autres uftenciles: néceffaires foit pour ali-  mester le feit, foit pour 1'éteindre en cas de btfoin. La machine s'eft élevée k plufieurs- reprifès & dans la plus grande élévation a monté jusqu'a trois cents vingt pieds. tTn'e fois elle bft refte'e plus d'un dcmi-quart d'heure dans le plus parfait équHibre. Une autre fois la machine en redefcendant a été portée entre des arbres &' eft reftée peut-être un quart d'heure dans eet état d'anxiété.On a jeté force paille pour entretcnir le gaz, & défefpérant de la voir repartir,-on a détcrminé M. Pildtre de Rozier h' defcendre avec le fecours d'éehelles: a peine a t-il été a terre que la- machine s'eft dégagée par fon propre effört" & a tourné eet obftac-le a fa globe.- 22 Octobre 1783. M. de Montiguy,- ffiembre de 1'académie royale des fciences, mort depuis peu, lui a-fëgué par teftament un fonds dont il a defliné la rente a J'établiffement d'un prix annüel poür traiter un fujet'pendant a pcrfeclionner quelque art dépendaut de la cbymie, > 6? pour que ce prix- fut fuccejfivement appiiqué a dijfèrens arts, Comme le goüt dominant du fondateur étoit pour ia téinture , 1'srcadémie ,. afin de micux remplir les intcritions de M. de Montigny,, propofè pour le premier prix de cette efpece lé fujet fuivant. „.Faire une analyfe, uu examen chymique-  C 257; dc Ia garéueé & de la cochenille, drogues en bon teint, comparée avec une pareille analyfe des bois de Campêche & de Fernambouc, drogues dont le teint eft toujours faux, quoique ces fubitances colorantes foient appliquées fur les mêmes matieres, par les mêmes mordans &, par les mêmes procédés que eelles qui produf» fent les couleurs de bon teint. Le prix, qui fera décerné dans 1'affemblée publique d'après paques 1785, fera une médaille d'or de la va leur de lix eens livres & dont Finfcription , due a M. de IMontiguy même-, ■ annonccia 1'objet de k fondation.- 22 Oclobre- 1783. Malgré tout le lbin & le ■ méhagement qu'on a pris afin de ne point blesfer 1'amour-propre de Fauteur du poëme d'Aiexandre aux lades , foit en ne faifant jamais doLibler les bons acteurs , foit en ne faifant jouer eet opéra que de loin en loin & prefque toujours au meillcur jour, qui eft le vendredi; au bout de dix repréfentations- il s'eft trouvé qu'il avoit tout au plus rapporté les frais de la mife dehorS'. Depuis fa nouveauté on 1'avoit •cependant renforcé & enrichi d'un fuperbe ballet du fieur Garde/ lainé, dans lequel le plus grand nombre des- premiers fujets avoient voulu briller pour faire leur cour a M-. Morel, ce Mécene fubakerne qui fe trouve aujourd'hui le directeur véritable de 1'académie royale- de mufique.. On doit donc regarder eet ouvrage-, •comme a peu prés tombé, quoiqu'on düé ne  C 258) Favoir qtie fufpendu a caufe du voyage de Fow. taineblcau. Les adulateurs de M, Morel fo-nt retombe'r aujourd'hui tout le bjame fur 1'auteur dé la jaiifique; il? en trouvent les paroles excellentes, & en effet tous les journaliftes d'accord en cda, les uns gagnés par 1'argent du Plutus, les autres craignant de perdre lettrs entrees, les dernfers voulant fe ménager un protecteur en lui, ont répété a Penvi Péioge du poëme. Aucun n'a ofé dfre qu'il étoit pris de MétafLafe. Rien dc plus vrai cependant^ & s'il y a quelques vers heureux, ils font tirés- du poëte italien , & meme de la traduétion francoife en profe. Du /efle, il feroit facile d'y trouver des morceatix peu lyriques, de mauvaifes tournures, des défauts de ferus commun,. des fautcs de francois, fï 1'ouvrage valoit la peine qu'ou entrat dans cette.difcuüion. 23 Oclobre 1783. Extrait d'une lettre de Rome du 1 octobre Je me fuis empreffé de vérificr le fait annoncé dans quelques journaux concernant les honneurs qu'on a rendus icf au.Pouffin. J'ai trouvé en effet le bufte en marbre de ce peintre placé depuis 1'année derniere dans le Panthéon, fort prés de Rapha'êl les noms du Pouflin font au deffous avec cette fimple infeription: PiBor Gallus. II eft conflant que c'eft M. d''Jgincourt, gentilhomme francois, qui a renoncé k une place de lermier général pour venir étudier & cul-  ( 259 ) tiver les arts en italie, qui a fait faire en cette ville a fes frais le buflc 'du PouJJin, & e?cft a lui que la France en a 1'obligation. • . M. cPAgincourt aeheve en ce moment un grand ouvrage pour lier les tems de la décadence des arts & ceux de leur renailfance. 23 Octobre 1783. H paroit que ce font les adliounaires.de la caiffe d'efcompte qui ont deiiré une afferablée générale', afin de connoltre leur fituation dans la circonftance critique ou ils fe trouvent. 11 y a-eu de grands débatshier; on a fait de vifs reproches aux adminiftrateurs, & l'on n'a rien terminé. La délibération eft continuée a aujourd'hui.. 23 Oclobre 1783. M. Wilkmain d'Abanmurt forme auffi une réclamation au fujet du Blenfah amnyme.. II prétend avoir traité, il y a quelques années, le fujet de cette piece & qu'une efquiffe en a été impriméc en 1777 fous le titre du Bon fils ou la Vertu récompenfiie. II ne reconce pas a faire jouer quelque jour eet ouvrage dans fa perfeclion, & il prend date afin d'tvitcr le reproche de plagiat. 24 Oclobre 1783. Me. Lambon, ancien batonnier de 1'ordre des avocats, vient de mourir dans un age avancé : il étoit fameux pour la confultation : mais il s'étoit mal tiré des circonfïanees critiques oü il avoit préfidé lors de la révolution de la magiftrature & lors des troubles élevés dans 1'ordre par Me. Linguet. 11 n'avoit pas montré toute la fermeté, tout  ( z6o ) ï'héroïfme qu'exigeeient 1'une & I'autre efrconflancc. 24 Oftobre 1783.. M. Bssforges, 1'auteur de Tom jones, doit faire jouer aujonrd'h-ui fur le théatre ital-ien a la faite de ce drame, une pstite piece en un acte & en vers ayant pour titre les deuxjortraits. On ia dit tirée du Quiproquo ou Tout le monde fut content, conté" de M. de la Dixmerie. 25 Octobre 1783. Extrait dlme lettre de Cherbourg du 20 oclobre Après- bien des difcufiions on eft convenu de la néceffité de préférer cette rade a toute autre comme plus eapable de faire un port de relachc pour la marine du Roi, dans k Manche, port fi defiré,. & dont a chaque guerre 011 a cprouvé lebdbin. ! M. de la Bretonntere, capitaine de vaiffeau, a propofé d'abord de rendre la rade deux fois plus grande qu'elle n'eft a prcfeut & de la féparer par trois moles qui fournïroienr quatre paffes pour entrée , & c'eft cette forme qu'on a adoptée. Les deux moles des extrémités doivent -avoir quatre cents c-ihquantè toif, de largeur chacun , appuyant par la droite a Ville Pelee& par la gauehe au fort cie Querqueville. Celui du milieu, fait en chevrons, couvrira deux paffes de trois cents toifes chacune. Chacune des deux premières branches du mole, fera de bint cents toifes de longueur, celle du milieu de aeafs cents:, elles portere*  C ) ïtoures trois des batteries redoutables k leur exI tréniité. Ce projet, immenfe par fon étendue , étonj noit , effrayoit, èVfembloit impraticable; énIfin M, de Ccfitrt, ingénieur en chef des ponts |& chauffées & infpeóteür, a imaginé les eais£ fes a jour dont je vous ai p'arlé, en forme de |cönc On en a d'abord fait 1'eiTai'au Havré'; I on y a conffruit a terre- une dc ces machines; 1 on 1'a lancce a la mer & remorquée a 1'endroit I dc'terminé. Ces trois opérations, dont la forI me flutante de M. Groignard pratiquée a TouI Ion a donné i'idée , ont parfaitement réuffi. M. de Ceflait a calculé qu'il lui faudroit leent cónes de cette efpece pour 1'opération enItiere, dont trente-trois pour les moles latéraux l& trenté-quatre pour celui du milieu: en dix lans il co'mpte terminer fis ne dépenfer que 1 trente millious. I Le confeil de marine a approuvé les plans de ITingénieur; il cn réfulteraune rade capablé de I contcnïr cent vaiffeaux, défendue en dehors & I en dedans par dix ou douze forts inattaquaIbles , a 1'abri de tous les vents, facile pour ientrer & pour fortir. II feroit ennuyeux d'entrer dans les détails & les calculs de 1'appareil établi pour le preImier cöne. Tout étoit prêt le 30 aout: on a I cru plufieurs fois depuis être en état d'opérer; 1 mais le mauvais tems , des avaries, le manque I d'eau ont fait échouër 1'entreprife, & l'on a re-  ( =6* ) mis au printems; car on ne fe décourage pas & l'on efpere profiter nes inconvénicns même qu'on a éprouvés afin dc mieux rduffir 1'année prochaine. a5 Oclobre 1783. La piece de M. Desforges eft peu de chofe, fans aclion ni nouvcment, trïfte, langoureufe, elle ne vaut pas même le conté affez médiocre , qui en fait le fonds. Quelques madrigaux ont été applaudis par les femmes, & c'eft tout. 25 Oclobre 1783. Après bien des débats & trois féances orageufes tenues jufqu'a hiertrèstard, il a paffé la délibération fuivaute, oflenfible, en date du 24 oétobrc, rendue par les actionnaires de la caiffe d'efcompte. „ A 1'unanimité des fuffrages, il a été arrêté que la fomme de trente-trois millions de II biüets de la caiffe d'efcompte en circulation aéhielle, au lieu dc celle de quarante-trois l, millions environ, qui étoient dans le public „ lors du procés verbal de la fituation de la „ caiffe fait par M. le Noir, comraiffaire du „ roi, le trois octobre, préfeitt mois, reftera „ fixée provifoirement , comme la plus confi„ dérable qui puiile exifierdans le public, jus„ qu'a ce que cette aflemblée ait recu le rap„ port du comité qu'elle va élire, pour tra„ vailler de concert avec les adminiftrateurs, „ a diafinuer la maffe des billets de caifle, „ comme elie 1'a déjè. été en effet de prés de ., dix miliions,deptus leproccs verbalfufdaté."  C *<53 ) 2' Oclobre 1783. Depuis que M ïe Dauphin eft au chateau de la Muette, les Paruiens le rendcnt en foule en cc lieu pour y jouir de la vue de eet augufte enfant, qui doit y refter pendant tout le voyage de Kontainebleau. Tout le monde a la liberté de le voir 6c méme de lui parler. 11 eft d'une jol ie h'gure: il aiticule déja très-bieri, quoi qu'il n'ait cue deux ans, & il répond avec netteté & inteUigehce aux queftions qu'on lui fait; il eft trés-avancé pour fon age. Ayant recu devant le public une boëte de bombons que lui envoyoit la Reine, avec fon portraitdelfus , il s'eft écrié: Ah', voila le portrait de maman. M. le Dauphin eft habillé très-fimplement, il eft en matelot & n'eft diflingué d'un enfant ordinaire que par la croix de Saint-Louis, Ie cordon bleu & la toifon , décorarions qui font les altributs diftinclifs de fa naiiTance. Oh trouve excellent le genre d'éducation qu'on femble difpofé h lui donner; il en contractera beaucoup d'affurance , d'ouverturc, de popularité, qui le rendront plus cher & plus aimable dans 1'ig'e ou fon rang 1'obligera de fe reflérrer davantage. D'un autre cóté, la circulation des curieux difïïpe ce princeifolé aujourd'hui. II n'a dans ce moment auprès de lui perfonne de la familie royale , pas même fa fceur que la Reine a voulu avoir a Fontaine-  C 264 ) "bleau, afin d'en fuivre fans interrfiption 1'édücation dont elle s'efl charge'e. Mad™, la duchcfle Jules , gouvernante de M. le Dauphin, n'a pu le quitter & s'efl fevree de tous les plaifirs de la cour; elle vaque uniquemcnta fes précicufcs fonclions. 26 Octobre 1783. Depuis longtems M. le procureur général du parlement de Bezaucon a avertl. le gouvernement qu'il s'écouloit par cette provir.ee un numéraire confidérable de France , a raifon du bénéfice que les négocians trouvoient a ce commerce avec Geneve & fa Suiffc. On a formé dans le tems une accufation a eet égard contre M. Necker, comme s'd eüt été d'intelligcnce avec le miniflerc anglois pour lui procurer une circulation d'efpeee dont il manquoit. Cette accufation n'a pas cu plus dc fuccès, & "on 1'a regardée comme une calomnic. Enfin la cataflróphe de la caifle d'efcompte a fait 011vrir les yeux, & l'on fcait les défenfes renducs ' a eet égard. Depuis, un M. Fleur deBezancon continuoit la même manoeuvre; il lui a été arrêté unevoiture de 600,000 livres en efpeces qu'il faifoit paffer en Suiffe; eet événement 1'a déconccrté; il s'efl effraye ; i! a craint les peines prononcées, & s'efl puni lui-même eu fe noyanr. On écrit qu'il en a réfulté dans la capitale de Fran-  '( *>s) M-anche-Comté des banqueroutës pour environ dix millions, ces banqueroutës refluent icj, & l'on en annonce déja plufieurs, 27 Octobre 17S3. Le bas reliëf exécuté par M. Houden, ponr fervir a la médaille dont on a parlé, frappéeen 1'honneur de Meflieurs de Montgolfier, repréfente les têtes des deux freres Etlenne & Jofeph, inventeurs en foéiété du globe aéroftatique. M. Delaunay, le jeune, éleve du célebre graveur de ce nom, 1'a defflné & gravé avec beaucouo de goüt: les deux têtes vraiment têtes a médailles, oifrent la relfemblance la plus parfaite. On lit au bas de 1'eftampe les 'vers fuivans. Montgolfier, que 1'Europe entier-, Ne leauroit affez révérer, A des airs franchi la carrière , Quand 1'oefl de fes rivaux clierche a la mciurer. 27 Oclobre i7'3. On étoit furpris que les éerivains de ce pays-ci, toujours attentifs k faifir l a propos , n'euffent encore rien produi lür la crifè de la caifle d'efcompte. Enfin, il paroit fur ce fujet un pamphlet, intitulé Idees d'nn Sulfe , oü l'on affure qu'Ü y a de violens farcafmes contre les directeurs de la caifle , & contre M. Necker qui l'a trop accréditée. Cet ccrk , de quinze pages feulement, eft daté d oclobre ,7:3, Octobre ,7;!3, Les chanoinefles fontun Teute XXl[!\ M  ( 266 ) college religieux de perfonnes dufexe, qu'on ne connoiflbit point dans le royaume avant la conquête & la réunion de différentes provinces, fakes fous Louis XIV & Louis XV; encore même depuis ce tems peu de gens font inftruits en France de la nature de ces pieufes fondations. Elles font fakes en général en faveur de la nobleiïe , & il en eft oü. il faut pour y être admis des preuves très-rigoureufes. Le'chapitre de Remiremont en Lorraine eft de cette derniere efpece. 11. eft deftiné a recevoir dans fon fein, fans acception d'états ni de royaumes, ce qu'il y. a de plus pur dans les maifons fouveraines oü illuftres de tout le monde chrétien. Les chanoinefles ne prononcent ni vceux folemnels, ni vceux fimples. Elles peuvcnt quitter leur état quand & comme bon leur femble; elles n'ont aucune regie, aucune discipline qui les diftingue des perfonnes laï. ques, pas même le vêteraent; fauf des marqués honorifiques, comme des cordons, des croix, attributs qu'on tourne au contraire k 1'avantage de la vanité. II n'eft donc pas bien étonnant que ces chapkres, vu le relachement qui gagne toujours, fe foient entierement écartés de leur inftituuon & aient dégénéré eu établiffemens purement mondains & même en féminaires de corruption & de débauche. Dans le chapkre de RemiremonE, comme  C 267 ) dans les autres, il y a ce qu'on appelle les Dames Tantes & les Dames Nieces: celles-ci font dc jeunes perfonnes que les premières défignent- pour fe fuccéder , & l'on appelle cela dpprèbender: les coadjudricesfontentierement fous la difcipüne des anciennes, & n'ont de voix que par leur' organe. 11 parott qu'en 1781 il s'eft élevé un fchisme entre les Dames Tantes & les Dames Nieces, c'eft-a-dire entre les jeunes & les vieilles; que celles-la ont voulu s'émanciper de la tutele des meres & donner leur fuffrage libre, & qu'il en eft réfulté une éledlion dont Ia validité a été conteflée par les anciennes. Le la un procés immenfe qui a enfanté des volumes de mémoires, & plus par la qualité des contendantes que par la nature du fait, a produit un trés-grand éclat &a mérité d'attirer les regards du gouvernement, des magiftrats & du public. 5 28 Oclobre 1783. M. dKJlembert. s étemt infenfiblement: une preuve quil eft trés-mal, c'eft que M. le curé de vSaint-Germain 1'auxei-ois fa paroilfe , s'efl déja tranfporté fix fois chez lui, & jufqu'a préfënt fans fuccès. II y a toujours quelqu'un auprès du malade qui regoit trés bien le pafleur; mais détourne la converfation lorfqu'il veut entrer en matiere. Du refte , on eft convenu de lui dire qu'il n'y avoit po :r ,e moment aucun danger. Les philofophes efperent qu'ainü leur confrère M 2  C 2ÖS ) échappera, fans trop de fcandale, 4 la vH lance des prétres, & qu'on ne pourra pas Tui refufer la fepulture chrétienne , comme 4 Voltaire. feil du vmgt-quatre octobre, qui n'a pas encore etepubhé; mais qui eft affez répandu. 11 porte: Converfion du baij dËs fermes généra. les en une régie intérefée, d commcncer du premierjanvier i784, & en remet la direction aux termiers géneraux de Sa Majefté. Hier lundi, au comité des caiftes,'ces fermiers ignoroient encore fon exiftence. Un fubalterne arriva, qui leur en paria; ils n'en voulurent rien croire fee ne fut qu'a la fin de 1'affemblée qu'ils en furcnt convamcus, par 1'envoi qui leur en fut fair. H s'enfuit qu'ils n'en avoient point de connoifiance. Quoique ie préambule préfente des motifs louables &r fpécieux comme c'eft toujours 1'ufage même dans les opérations les plus défaftreufes ; on ne fcait encore a quoi s'en tenir & l'on tremble qu'il n'en réfulte quelque chofe de funefte. 29 Oclobre 1283. On a pariè d'un Gd, opéra nouveau , qui doit s'exécuter a Fontainebleau. Originairement c'étoit M. de R0. ehefort de 1'académie des infcriptions & belles-lettres qui s'étoit chargé des paroles que M. Sacchini devoit mettre en mufique. Celui-ci ae parut pas content du premier jet  C ¥9 ) dt; poëte, qui eut la complaifance de fe rcformer & de fe prêter a tor.s les changemens defirés par le muficien. M. Sacchini finit par lui dire que ce poëme pouvoit être très-bon, mais ne lui inl'piroit rien, & il fe retourna du cöté de M. Guillard. L'académicien , piqué de cette honteufe prcférence, a fait imprimer fon ouvrage. II convient dans fa préface que la première fcene & quelqies autres endroits font imités d'un opéra italien, intitulé // cid'de Faiïcodti, dédié au cardinal Cofcia. II rend compte enfuite de fes condeft-endances envers le m fi'cien , qui a gardé fon ouvrage' prè- de fix femaines , & il fe plaint des mauvais procédés par lefquels il a reconnu' fa trop grande dócilité. A la leclure le poëme de M. de R'ochefort eft trés agréable, faction eft ftgement conduite & refferrée dans de juft.es bornes, malgré la néceffité d'amener des divernfTemens & d'ajouter de la pompe au fpeéfacle. Le ftile eft correct , plein de fens & d'une élégance foutenue ; on ne peut lui reprocherquede la froideur, défaut accoutuméde toutes fes produclions. Quoi qu'il en foit; rl eft a parier que le Cid de fon rival ne vaudra pas celui-ci. 29 Octobre 1783. Extrait d'une lettre de Peter,- bourg du 25 feptembre Leonard Euler vient de mourir en cette ville Ie dixM 3  C 27° ) huit du mois. Kommer ce fgavant, de ta naiüance duquel Ia ville de Balie fe glorifie, c'eft faire fon éloge. On fcait que plus fécond & plus infatigable que M. d'Alembert, c'étoit un des grands mathématiciens du fiecle. 11 a furpaffé fon rival, paree que, livrè uniquement a fon génie, il n'a point eu de diftraétions comme lui & ne s'eft point écarté de fon vrai talent en voulant donner dans la littérature & en courant après le bei efprit. II étoit aflqcïé étranger depuis 1-55 de votre académie royale des fciencés de Paris. 30 Oclobre 1783. Par les différens rapports qu'on reeoit des féances de la caifle d'escompte , il paroit que les orateurs principaux ont été MM. Panchault, Dunolè & C/o.\ Le Sieur de Beaumarchais, qui veut fe mettre de toutes les fites , y a péroré aufli; mais, faute de bien entendre la matiere, n'a pas recu les applaudiflemens qu'il fe promettoit; ayant même terminé par un calembour, en difant que bientót avec les billets de la caifle d'efcompte on mourroit de faim t & que ce feroit la fin, il a été hüé. Celui qui s'eft le plus diflingué, c'eft M. 1'abbé de Périgord, agent général du clergé. On eft aflèz étonné de trouver en pareille compagnie, un abbé de qualité, un apprentif évêque , un perfonnage aufli grave. 11 y eft allé, paree que M. de Saiw- Jutten, receveur général du clergé , ayant dans fi&  C 271 ) caiffe pour prés de deux millions de billets noirs, fes commettans avoient le plus grand intérct de connoïtre la lituation de la caiffe d'efcompte & de fcavoir ce qu'ils devien» droient. II a fagement contenu M. de Saint* Julien, jufqu'a ce qu'il eüt vu parlui-même, ce dont il s'agilfoit. Meffieurs les actionnaires de la caiffe d'escompte ont été fi contens de féloquence de M. 1'abbé de Perigord, qu'ils 1'avoient nommé un des cinq commiffaires: il ne veut point accepter cette fonétion , comme trop contraire a fon état; on cherche cependant 4 vaincre fa répugnance & a 1'y déterminer. 30 OBobre 1783. M. d'Alembert eft mort hier a fept heures du matin. 11 étoit né ea 1717; il étoit des académies des fciences de Paris, de Berlin & de Petersboarg, de la foeiété royale de Londres . de Pinftitut de Bologne , de 1'académie royale des belleslettres de Suede , des fociétés royales des fciences de Turin & de Norwege. Mais, en. tre tant de titres honorifiques, celui qui le fhttoit le plus étoit fa qualité de fecrétaire perpétuel de 1'académie francoife, que, malgré fes infirmités, qui depuis quelque tems le mettoient hors d'état de la remplir, il n'a jamais voaiu abdiquer. Le principe de la grande réputation & de la fortune littéraire de M. d'Alembert fut la dédicace finguliere qu'il fit au roi de Pruffe xM ...  C 272 ) de fon Mémoire fur la caufe générale des ventx. II lui avoit valu le prix propofé par 1'académie de Berlin , & une place a cette même acad mie, qui l-'élut fans fcrutin & par acclamation. La dédicace confifto't dans ces trois maur vais vers latins , & rouloit fur les viótoires dn Roi de Prulfe contre les Autrichiens & fur üa paix qu'il venoit de faire. Ilac ego de yentis, diim.yentorum ocior slis, Palentes agit Juflricicos Fredericus , £? era,.. Jnfignis Lauro, ramum pratend'a Olh'ee. De la une penfiön de 1200 livres que la monarque lui donna , & 1'offre qu'il lui fit de Ia place de prefident de 1'académie de Berlin &c. &c. &c. &c,...... 31 Oclobre 1733. Le parti de 1'élection dans le chapitre de Remiremont n'étant pas content des arrêts du parlement de Nanci^ devant qui la conteltation a 'd'abord eté portee s en a formé fon appel nu conleil par une requête fignifiée le feize aoüt 1782 , & le parti de 1'oppofition y a ripofté par une requête auffi fignifiée le vingt-neuf novembre fuivant.. Ceft pour appuyer ces requêtes purement juridiques & contentieufes , que les deux partis ont fucceffivement répandu des memoires qui ont donné une plus grande publieité è laffaite,, Le  c m > Le 'premier des Dames Tantes appèlantësen date du vingt-fept novembre 1782, étoit iütitülé : Mémoire &' confultation fur plufieurs points important de la conflitution du chapitre di -Remiremont : dans ce factum de quatre-' vingt pages-, fcavant traité du droit public en cette partie, & contenant un hiftorique précieux d'un chapitre illuftre qui fubfifte depuis onze fiecles, Ponagitoit la doublé q'uesnon, fi les Dames 'Tantes ont , ou non , la propriété des voix des Dames Nieces', & fi le chapitre èft' un corps eccléfiaftique'ou laïcOn s'étoit mani denombreuxfuffrages, choifis dans la claffé des plus célebres jurisconfultés de Paris, & Pon en avoit inondé avec: a'ffeétation la cour, la capitale & les provinccs clóignécs, Les Dames Nieces ne font point reftées erf arriere , & elles ont répondu par deux factum, 1'un de cent fept pages, & I'autre de cent quarante, en date dés dix & dïx-neuf rnai 1783, oü, par des diflertations adroites & non moins érudites , elles ont renverfé toute Péconomie des conftitutions du chapitre de Remiremont étab'Iie par leurs adverfair'es, & prétendent .prouver que c'eft un corps laïc. Du refte , des détails piquans, desanecdotes malignes qui intéreflbient les gens du monde & en rendoient la lecture amu« fante.- RJplique pour les Dames compofant la nïaï Mj'  ( '274 )' jeure & la plus faim partie du chapitre d'e Re'miremont de deux eens cinquante-deux pages. Tel eft 'e titre du dernier mémoire qui aparu dans cette affaire devenant de plus eu plus grave. Celui-ci efi; fuivi d'une confultation en date du vingt-fept aoüt 1783. lt eft de Me. Blondel, comme le premier, & ne mérite pas moins d'être lu. Au refte , ce procés s'eft élevé dans le tems que Madame la princeffe Chriftine de Saxe étoit abbeflé de Remiremont. Elle étoit. du parti de 1'élection & eft morte depuis. 31 Octobre 1783. II eft arrivé depu's quelque tems ici un mécanieien , auteur d'une figure pariante , la plus rare qui ait jamais paru. Ceux oui la vont voir peuvent Ja queftionner mdifféremment, fuivant leurs penfées* & l'automate répond avec autantdeprécifion, que s'il étoit préparé a Ia demande. Si Ton veut, c'eft Ia figure qui fait laquestion. Qu'on lui parle k voix haute, ou a voix afie - bafi'e pour que perfonne de Ia compagnie ne puifle entendre ce que l'on dit, elle rendra tout de mêmé répocfe a celui quifaura interrogée. Cette figure a Ia forme d'une poupée d'environ un pied & demi de hauc elle tient k Ja bouche une efpece de trompette qui eft k peu prés auffi longue qu'elle eft haute. II faut  C *75 > y npprocher 1'oreille pour en recevoir la rdponfe. On eft maitre de la vifiter: afin qüoa ne foupconne aucune communication quelcon uë; elle eft fufpendüe en Fair par un ruban; 1'auteur nffure qu'elle peut 1'être en tout autre lieu; d'ailleurs , fans être fufpendüe, elle parle égaiement dans les mains. On a d'abord cru que eet automate n'étoit qu'un de ces fpectacles de foire faits 'pour amufer Ie peuple : beaucoup de phyficiens n'avoient pas daigné 1'aller voir; mais, fur le rapport de gens dignes de foi, les plus habiles mecaniciens font dté vifiter, & n'y compr'ennent encore rien, pas plusqu'au joueur d'échecs. 31 Octobre 178-3. M. Danfe de Füloifon, de 1'académie des iniériptions & belles-lettres , a eu 1'honneur de recevoir une médaille d or du roi de Snede, il y a ddja quelques mois, Le premier Novembre 1783. Dans les Idéer d'un Suiffi on donne è entendre que le dilcrédit de la caiffe d'efcompte eft le réfultat d'une intrigue de cour pour fin planter M. le controleur général & mêmeM. de Vergennes, c mme prefident du confeil des finances. On infinue q elle a été ourdie pas le marquis de Cafiries, min ftre de la marine, pour ie débarrafler des pourfuites de M. d'ürmi^on, qui le 1 reTe fur le compte a rendre au comité des finances de fa geftion. On y veut que M 6  Ié miniftre de Ja auerre fp fni> ^nniï ^i,,: la & que tous deux aient été pouflés pat M. Necker qui enrage de fa nuJIité. Les manoeuvres de cette cabale font dcveloppées d'une fagon affez vraifemblable; & la retraite ue m. ae hourgade qui vient d arrver , & auffi prévue dans la brochure, pourroit donner quelque confbince en Pautcur. Quoi qu'il en (bit, il rend juflice au ministère aöuel des fmances, oui. fuivam Ii7i. feroit pour rien d ns cette faillite,.& auroit: au contraire p.ris les précautions les plus fages, afin de tranquilifer le public & de 1'empêcber d'être do peil admet, comme un fait certain,. 1'expotr tation de 1'argent hors de France durant Ja geftion de M..Necker, & de fes conforts les Banquiers, au point qu'il n y auroit plus quepour buit millions de numéraire dans Paris,, & c eft de cette rareté connue & occafionne'e par leur cupidp'té , qu'ils fe font prévalus pour ébranler la caifle & jete-r Palarme. L'éerivain développe encore les manceu-, vres ufuraires des -gens de la banque,. parlèfquelles ils auroient fait des profits cnormes; il en paroit trés au faitainfi que du ■ véritable état des chofes. ■On en d les mêmes profits, &' on les décharge de Ia garantie a laqué le ils étoient foumhj, par le roi. Leur geftion-fera de trois années fous le  C 279 ) titre de directeurs généraux en régie intéreffée. 2 Novembre 1783: II eft k eroire que Ie mémoire pré (en té par Monfieur & Ie comte d'Artois concernant leurs demandes, mnlgré le peu d'aecueil qu'il avoit d'abord recu au controle gén ral , ainfi qu'on 1'a dit, a fait plus d'impreftïon enfu'te, On allure aujourd'hui quon a déterminé S. M. a payer les dcttes de fes freres & que c'eft unobjêtconfïdérable. On prendra des arrangemens avec les créanciers pour de longs délais,'afin de ne pas^ trop obérer le fifc public. 2Novembre 178.3. Avant-hier la comédie itclienne , dont les travaux pour Papproviüonnement de Paris en nouveau és ne font pas même fufpendus par le voyage de Fontainebleau , a donné Ie Comte d'O/bourg, drame en cinq acles & en profe. 11 eft tiré du quatrieme volume du théatre ailemand, oü il eft intitulé le Miniftre d'état. MefP.eurs Friedel & de Bonneville, qui en font les traduéteurs . ont arrangé ce fujet pour notre ■thé^re & nos mceurs; du moins telïe a été leur intention. 11 parelt qu'il y avoit de Pëtofle ; mais il auroit fallu le talent de M. Roekan, trés au fait de ce genre d, littéraire, & qui s'y eft cxercé avec fuccès. Le nouveau drame n'en a point eu: a la premiere repréiëntation il a femblé très-m-diocre. 3; Novembre 1783. Le Sieur Afleley, dont  C 2^0 ) . ~ ona parlêl'annéë derniere, eft revenu a Paris & a recommencé depuis peu fes èxercices; de chevaux. 11 s'efl fair eonflruire a 1'ëndroit oü il avoit déja ouvert fon fpeébacle uil manege fpacieux, dont la cireonférence eft garnie de plufieurs rangs de loges. II eft couvert enforte qu'on y eft a 1'abri aujourd'hui des inj ires de 1'air & qu'on y peut repréfenter en tout iems. La fingularité de la difpofition de cette falie & de la décoration, qui Fempêche. de reffembler a aucune au', tre, eft déja très-propre a piqtier la curioftté. Une trentaine de candélabres garnis de plufieurs-lampes, fournifient environ douze eens meches fervant a l'ccla'rer. Au milieu eft un théatre deftiné, dans les interval- les des ëxercices des chevaux, a faire des tours de force très-variés. Aux deux cötés- 1 font les' écuries ; dans le haut eft placé un orcheftre; L,e menuet des chevaux, le cheval qui rapporte, le cheval qui sVfed comme un chien le combat du tailleur anglois & de fon cheval font les principaux ëxercices qu'on y voit:; ils font animés par les bouffonneries d'un paillafie trés adroit, & les icuvers font des tours de force, de'föuph-ffe & d' gilité inconcevabfes. Les Sieurs AJfeley pere & fils continuent a s'y diftinguer.' Deux Angloifes briflènt au' & en<-hantent les hommes, tandis que les prem;ers féd uitent les feu*  ( 2rSr J mes, furtout le fils dont la fuperbe taille & les graces infinies lui attirent les plus grands applaudiffemens. C'eft: le feize oétobre que ce fpeétacle a repris pour la première fois. 3 Novembre 1783. M. le comte de Tjesfan , membre de 1'académie des fciences & de 1'académie francoife, vient de mourir. 11 avoit plus compofé fur fes vieux jours que di-rant toute fa vie: il avoit fait depuis quatre op cinq ans un extrait de PAmadis de Gaule en deux volumes : des extraits des Romans de chevalerie en quatre volumes; une traduclion de VAriofte & il n'y avoit pas deux mois YEloge de Fontenelie, dont on a parlé ; il foutenoit prefque a lui feut la Bibliotheque des Romans, recueil qui fans lui feroit déja épuifé. 3 Novembre 1783. Extrait d'une lettre de Bourbonne du. 24 octobre..... II n'eft que trop vrai; nos eaux fi falutaires pour le commun des malades-, ontétéfuneftesauDoéteur Lorry. M. 1'abbé Te fier & M. Hallè fon neven, tous deux docïeuts de la faculté de Médecine & membres de la fociété royale de médecine , 1'avoient accompagné ici & n'ont pu par leurs foins empécher ce trifte accident, arrivé en feptembre. Ils lui ont rendu les derniers devoirs & fait placer fur fa; tombe cette infcription latine*  ( '282 ) tt IC J AC ET Praripiti fa'.o, nondum annis, Dudum laboribus confcctus, Anna-Carolus lorry, Parlfin'Bt Doctor, medicus pariftenfis, Societatis regia medicm nascentis colamcn, Adultioris d'cus et ornamcntwn. Inlegritate vita , amemtiue morum, y-dgcnii acumhie, incredibiU doclrind, Lciboritm utiliteit; Pielate in deum, amore crga fii's; Stdulitate apud agros, benevolenlid apttd omnts, Commcnda'us. Thermas Borlmnenfas, tot millibus Jalutiferas, -lui. Hes cxptrlut, FieBilis muit is, Ohiit Borhona die XVIII men fis feptcmbris, Anno domini MDCCLXXXllï. /Elaiis LVI. mcnf. XI, dief. PIL Quam yiycnti peicem contulit mens fihi conscia, Eam dej'unüo conceJcil dirina tnifericordie. M. Lorry laiiTe un teltament de mort fort fingulier, dans lequel il déclaré qu'il n'a jamais fait 1'incrédule que par foiblefle; que,' malgré les piaifanteries & même les raifonnemens qu'fl fe permettoit en public fur la religion, afin de plaire & de brilier, il a ton* jours cru lincerement en Dieu & a nos mysteres. 4 Novembre 1783. Extrait d'une lettre de Rome du 15 ccfobre Tandis qu'on mul-  ( 233 ) tiplie chez vous les effigies du Thaumaturge moderne, qu'on en place les images dans les oratoires; qu'on compofe des prémicesde drèvothn en fon honneur {titre d'un livre-de piété) qu'on écrit fa vie; que M. Carracioli dans fa Lettre a un académicien fe moque des philofophes incrédules & les injurie, les actions de Jofeph Labre baiffent beaucoup ici; fa béatification eft arrêtée & pourroit n'avoir pas lieu. L'avocat du diable a décöuvert qu'il étoit jnnfénifte, que c'étoit un béat. du parti, un imbécile dans le goüt de M. Paris, que cette cabale protégé & voudroit placer dans Pempyrée. Scs miracles , h la difcurfion, fe trouvent n'avoir pas plus de confi;tance que ceux du diacre de Saint-Médard. Le facré college eft furieux d'avcir été dupe de l'impofture: Pauréoledu nouveau faint va s'éclipfer : fon cadavre fera vraifemblablement expulfé de l'églife de Notre-Dame des Monts oü il étoit dépofé, & Pon n'en pariera bientöt plus. i Novembre 1783. Extrait d'une lettre de FontainebJeau du 2 novembre Les idéés dn- Suijfe commencent a fe réalifer , M. de Bourgade eft chaffé & M. d'Ormejjon vient de donner fa démifïïon. On prétend que kt quatre coins de ia reine fe font réunis contre lui. On appelle ainfi les quatre maifons de la cour qui jouiflent plus particulierementdes  faveurs de Sa Majefté & ont le plus de crédft fur fon efprït, les Polignac , les Faudreuil, Jes Guiche & les Pé.rigord: ils ont profité de I ineptie que M. le controleur général a fait voir dans la crife de la caiffe d'efcompte, & dans fa réffiiation du bail des fermes; pour lui reprefenter qu'il n'étoit pas poiLble delaiffèr a la tete des rinances un perlbnnage d'auffi peu de rcffources , & qUe ce feroit rendre fervice a Pétat d'ouvrir les yeux du roi ft,ion compte. De fon cöté,M. d'Ormeffon, s'il n'a montre du génie, a fait voir au moins du zele, de la fermeté & du patriotifme. Vous fcavez qu il eft queftion de faire faire au roi des aequilinon^ foit du prince de Conti, foit du duc de Penthievre, en outre qu'il eft cuestion de venir au fecours'des freres du roi qui ont leurs maifons très-dérangées, de lui faire m me encore aèheter POrient & Ia ville de Recouvrance du prince de Guemenée, pour faciliter en partie la libération des dettes de cetilluftre banqueroutier, & foulager la maifon de Rohan qui follieite fort eet arrangement. Le contróieur général a p-rlé trésferme a ce fujet; il lui a repréfent que tast d'acquifitions inutiles ne pourroient fe faire qu'aux dépens du tréfor royal: que pnur le remplir de nouveau, il faudroit impofer de nouvelles charges, ce qui en derniere ana-  C 2S< ) . tyfe , feroit retomber ces dépen fes fur les peu- Des courtifans pervers ont empoifonné cette réfiftanee louable; ils ont repréfenté a Sa Majeitc quon pourroit trouverun homme qui fcauroit conalier toutes les chofes, & pon a(flire que eet homme eft JYL de Cahnne. Le roi ratigué de toutes ces" tracaflëries , vient d'en-' voycr redemander le portefeuille a M d'Ormejhnyxam le fuccefleur n'eft pas encore nommé. .5 Novembre 1783. M. d'Alembert eft déctdément mort lans facremens ; fur quoi les pretres cc les deyots n'ont pas manqué de débtterquefa fépulture chrdtienne avoit éprouvé beaucoup de difficultés a Saint-Germain lAuxérois fa paroiffe, mais que n"ayant pus'v refufer, le clergé a du moins témoigné fa ré pugnance en fe comportant très-indécemment a eet égard. Rien de plus faux. Un vieux maitre des comptes , M. Remi , fon exécuteur teüamentaire , avec M. Watelet, qui en elt adjomt, a dit publiquement qu'il étoit trèscontent de la maniere dont en avoit asi M le curc de Saint-Germain. M. d'Alembert a été a la vdrité enterré fans ceremonie & porté dans 1111 cimetiere; rnais \\ avoit demandé par fes dernieres volontés Ia pit s grande fimplicité dans fes obfeques, aifrfi voila encore un nouveau triomphe des philolophes.  On attend a£tuellëm.ent avec impatience la mort de M. Diderot, qui eft condamné par la faculté. Comme eet athée, tel e(t du moins la qualitication que les prêtres & les dévots lui donnent, n'eft d'aucune académie, ne tient a aucune familie , n'a nulle confiftance par lui même, n'a point d'entours & d'amis puiffans, le clergé fe propofe dc fe venger fur lui & de faire éprouver a fon cadavre toutes les avanies religieufes , a moins qu'il ne fatisfafle a 1'extérieur. 5 Novembre 1783,. Extrait d'une,lettre de Fontainebleau du 3 novembre...,. C'eft décidément M. de Colonne qui eft nommé contróleur général & la cabale a enfin vaincu la repugnance du roi a fon égard. Comme il a beaucoup d'efprit, qu'il eft avide de célébrité & defire depuis longtems cette place , on fe flatte qu'il y réuffifa peut-être. Oa fcait qu'il a des projets dans fort porte-feuillc qu'il n'a jamais voulu communiquer aux autres miniftres, difant qu'il les référvoit pour le tems ou il le feroit lui-même. Voila le moment venu , & nous verrons s'il remplira 1'efpoir du parti qui 1'a pouffé. 5 Novembre 1783. Le théatre allemand, dont Meffieurs Friedel & de Bonneville avoient entrepris la traduftion, eft fini; il contient fept volumes. Ces Meffieurs fe propofoient de faire fucceffivement repréfenter plufieurs des pieces qui le compofent; mais leur première ten*  tative n'ayant point été hearèüie, 0n doute qtuls ofent en rifquer une feconde, ou qu'ils trouvent auprès des comédiens la même facilité. 5 Novembre 1783. On crie vraiment beaucoup contre 1'arrêt du confeil qui rdfiiie Ie bail des fermës. On trouve rmuivais que Pon faffe rompre au roi un contrat folemnel; & eet arrêt elf d'autant plus préjudiciable aux ex-fermiers que leur cautionnement de 1,560,000 livres fuhöfte, & que eet argent pour le plus grand nombre eft un argent emprunté. Leurs" créanciers s'alarment & refufent de leur lailfer leurs derniers en ne les voyant que fimples directeurs, c'efta-dire amovibles a volonté. On croit que ces financiers ont fait de vives repréfentations a ce fujet, & que cette fauffe démarche a fervi encore de prdtextè aux ennemis de M. cTOrmejfon pour le deerdditer auprès du roi. 6 Novembre 1783. Quelque curieufe que ioit la poupdc qui parle, elle n'approche pas, augrédes cohnoiffeurs , des têtes paiiantcs an • noncées de 1'abbé Mical; mais , comme c'eft uiWiomme fimple , modefte , qui ne travaille point pour faire bruit ou pour gagner de 1'argent, on n'en dit mot. Cependant le témoignage que les commiffaires de 1'acaddmie des fciences qu'il avoit invitds a venir examinerfes automates, lui ont rendu , eft bien glorieux. öuivant leur rapport, ils ont découvert dam ■ 'n  ( a8'8 ) mvrage la même 'fimplicité de plan, les mêmes rejforts , les mêmes réfultats qidon admire en dijféquant dans Vhomme l'organe de la voix. 6 Novembre 1783. Les papiers publiés oiic parlé d'un monument que les Etats-Unis doivent faire élever en 1'honneur du général Washington, & qui doit s'exécuter actqellement a Paris. Un M. T. RoulTeau a toujours en attendant compofé 1'infcription fuivante. Alexandre lui feul mit cent pcuples aux fcrs: Par le bras de Céuir je vois Rome aServie; • Washington de fon fang, verfd pour fa patrie , Signe la liberté du nouvel utiivers. 6 Novembre 1783. Par les fatts mieuxéclaircis il paroit conftant queM. d'Alembert n'a été enterré que forcément, que les prêtres étoient décidés a faire jeter fon cadavre a la voirie , & qu'il a fallu un ordre du roi & envoyer a Fontainebleau. Mais, pour éviter le fcandale , M» Remi, qui eft un bon homme , ne conté les faits qu'a fes amis intimes, &du refte affecle d'être trés-content. Ce qui rend 1'impénitence finale du fecrétaire de 1'académie francoife trés - remarquable, c'eft qu'il a confervé fa tête jufqu'au dernier inflant. La veille de fa mort n'entendant pas parler les per:bnnes qui étoient dans fa chambre, il s'efl plaint de ce filence & a dit: eh bien, puilque vous ne voulez pas parler, hfez-moi quel-  C 289 ) quelque chofe du Mercure, & il a deviné la charade & le logogriphe. Le Sieur Pankouke triotnphe de voir que fon journal foit ledernier ouvrage qu'ait goüté le philofophe mourant. M. le comte de Condor eet eft fait légataïre uuiverfëi de M. d'Alembert par fon teflament. 7 Novembre 1783. M. Co/Ié, Icétcur de fon alteffe féréniffime Monfeigneur le duc d'Orléans, & 1'un de fes fecrétaires ordinaires, dont on avoit annoncé 1'année paffée Pétat trifte & languiffant, vient d'y fuccomber, abandonné prefque généralement , a raifon de 1'humeur détcftable dont il étoit tourmenté & qu'il faifoit rejaillir fur les autres. On affure qu'il laiffe nombre d'ouvrages en porte-feuille. II avoit eu le loifir d'en compofer beaucoup depuis que fes infirmités 1'avoient obligé de fe retirer de la fociété. C'elt le premier chanfonnier a qui ce talent ait valu une penfion. II en obtint une de 600 livres de la cour pour la chanfon fi connue fur Port-Mahon. 7 Novembre 1783. Lors des réjouiffances faites a 1'occafion de la nailfance de M. le dauphin, on diflinguala fête donnée au peuple dans 1'intérieur de la halle au bied.. Ce monument, dégagé de tout ce qui Poffufque & Pembarrafle habituellement, recouvert d'une banne & illuminé , parut prendre une forme nouvelle & frappa les artiftes. C'eft ce qui fit naitre 1'idée a Meffieurs le Grand & Mollnes , archite&esTome XXIII. N  C 290 ) d'exécuter la ccmpole qu'ils viennent d'y termihcr & qui attire aujourd'hui la foule des curieux. L'académie d'archkeéture , invitée a venir vifiter ce nouveau genre de conftruction, lui a donné Tapprobaüon la plus dïftinguée. La coupole dont il s'agit , du diametre de cent vingt pieds, 11e diflëre de celui du Panthéon que de douze environ; elle eft faite en planehes dc fapïn, au lieu de bois de construétion, ce qui, fans lui óter de fa folidité , lui procure une légereté unique & a épargué des frais immenfes. On a déja dit que c'eft au célebre menuifier Roubo fils, qu'en avoit été ' conliée 1'exécution , qui a parf'aitement réuffi. Les échaffauds , conftruits dans les mêmes principes, ont été dirigés par le Sieur Albouy, maitre charpentier , dont le nom mérite auffi d'être confervé. II a mis tant d'intelligence dans la conftruction, 1'érection, la pofe & la démolition de tous ces échaffauds, que durant les travaux qui ont duré plus d'un an, bonbeur peut-être unique, il n'en a coüté la vie a aucun ouvrier. Le Sieur Tournu, fondeur & doreur, avoit propofé pour la couverture de ce monument une compofition metallique, approuvée de 1'académie des fciences, mais cela auroit exigé trop de retard, & l'on en a fimplement fait ufage, poureffai, dans quelques pardes.  C 291 ) S Novembre 1783. Dom Dapres eft forti de 3a baftille, il paroit même que M. l'archevöque de Narbonne, revenu k des fentimensplus modérés , a foUicité le premier fon élargiffement. On vouloit qu'il lui fft des excufes & au chapitre ; mais le prélat a completté fon acte de générofité en lui fauvant cette humiliation 5 on s'eft contenté d'éioigner ce religieux turbulent & caullique. Du relte , la fermentation commence k renaitre dans 1'ordre , & les fins politiques ne doutent plus qu'elle ne foit excitée fous main par le gouvernement qui n'a point affez d'énergie pour imiter de haute lutte 1'exemple de 1'empereur, mais fent toute 1'utilité de fon plan & voudroit le fuivre en faifant concourir 1'ordre lui-même a fa diffolution par fes divifions intestmes. Ce feroit un coup de filet de deux eens millions qui, bien appliqués, contribueroient beaucoup a foulager 1'état: c'eft encore évaluer trop médiocrement la vente des biens des béïiédid-ins, puifqu'ils ont huit millions de revenus en terres, fur quoi a défalquer feulement neuf milhons de dettes k payer en tout & les penfions viageres de quinze cents religieux environ qu'ils font: ils ont en outre cent quatre-vmgts maifons. Des quinze cents religieux douze cents plus relachés defireroient la diffolution, trois eens feulement attachés a 1'ordre, a la regie , a la dücipline & aux conftitutions, tiennent'pour  ( 202 "> Dom Mouffu, & regardeut comme canónique la dépefi.tion de ce chef & tout ce qui a été fait: 1'inftance eft toujours pendante au parlement, & fi la cour veut adroitement fomenter les troubles; elle laiffera les rigoriftes fe pourvoir devant ce tribunai contre le chapitre général qui vient de fe clorre. Dom Mouffu eft homme a le faire, il eft ferme , il n'a point été ébranlé par tout ce qui s'eft paffé: en vain M. le garde des fceaux', lorsqu'il a paru a 1'audience de ce chef de.la juftice avec fes aififtans, les a-t il traités devant tout le monde d'intrigans & de faétieux ; il a répondu qu'il efpéroit que Monfeigneur revicndroit de fes préventions contre eux. Lorfque, forcé par 1'ordre du Roi de paroïtre au chapitre, Dom Moufu a été interrogé fur la place qu'il y vöuloit occuper, iladit: la première ou la derniere. Les rigoriftes comptent auffi beaucoup fur Dom d'Aigle, un de leurs chefs les plus intrépides, qui égaiement k fait fes proteftations con ■ tre le chapitre par huiifier, & recu un ordre du roi de s'y rendre. II a profité de cette circonstance pour adrelfer anx prélats commiifaires & & fes confrères un très-beau difcours, oü il a renouvelé fon oppofition, & a protefté contre fa préfence. On eft dans 1'attente de la réponfe que le roi fera au parlement, fuivant 1'efpoir qu'il lui en a donné pour la Saint-Martin, après les itéra-  C 293 ) tives remontrances, & de ce que cette cour fera en conféquence. 9 Novembre 1783.- Madame la ducheffe de Polignac, dès qu'elle a feu que la reine avoit fait une faulfe couche, qui a eu lieu le trois de ce mois, n'a pu tenir a fon empreffement de fe rendre auprès de Sa Majefté. Elle a écrit au roi une lettre, oü, dans 1'excès du trouble que lui caufoit cette facheufe nouvelle, elle le fupplioit de ne point prendre en mauvaife part fi elle fufpendoit les ëxercices de fa charge pour fe livrer a fon zele envers fa fouveraine; qu'au cas oü fon abfence feroit abfolument incompatible avec fa qualité de gouvernante des enfans de France, elle préféroit d'en faire le facrifice & de donner fa démiffion. En effet, fans attendre Ia réponfe du roi, Madame de Polignac s'eft rendue a Fontainebleau & y a couché même uae nuit. Le bruit avoit couru qu'elle n'étoit plus gouvernante; mais elle eft revenue è Ia Muette, & Pon ne voit point que le roi ait donné aucune faite è fon mécontentement. 9 Novembre 1783. C'eft M. 1'abbé Chevreuil qui a fuccédé a M. 1'abbé Tkierry dans la dignité de chancelier de 1'Univerlité. Cet abbé Chevreuil n'a pas la confiftance, 1'elprit fin & Paméuité de fon prédéceffeur. C'eft un pédant dans toute la force du tenue, qui a voulu mener la faculté de théologie i la baguette. Les docfeurs non-fculement fe font révoltés contre  • Ca94 ) fon defpotifme, mais ont prétendu 1'empêcher de préfider aux ëxercices fuivant le droit de fa place. De fon cóté, 1'abbé Chevreuil, irrité,a déterré d'anciens titres qu'il fait valoir corarae lui donnant des prérogatives oubliées; tout cela fait la matiere d'un proces évoqué au confeil. La faculté a produit un mémoire oü l'on trouve beaucoup de paflion & oü le nouveau chancelier eft tres-maltraité ; celui-ci y a répondu par un- autre très-volumineux , très-fcavant, & très-ennuyeux par conféquent. Malheureufement, ces pieces ne font que manuscrites & reftent dans la pouffiere des greffes du confeil: mais comme la fermentation s'accroit, les profanes s'attendent a voir quelque brouillon donner 1'effor a fa foague t & leur apprêter a rire. io Novembre 1783, Trente fermiers généraux, préfidés par M. d'Aharvelay , garde du tréfor royal, ont été Ie dimanche deux k Fontainebleau & ont fait des repréfentations fur 1'arrêt du confeil qui caffe le bail des fermes; ils en ont tellement développé les inconvéniens & 1'injuftice ; ils oat tellement fait craindre pour le crédit du roi qui alloit être perdu, qu'on leur a facrifié M. d'OrmeJfon , ainfi qu'on l'a vu, & 1'arrêt eft retiré. 10 Novembre 1783. Le Pere Houbigan vient de mourir, agé de quatre-vingt-dix-huit ans,, dont il en avoit palfé quatre-vingts dans la congrégation de Foratoire. II étoit penfionnaire  rc m) du clergé pour nombre d'ouvrages, compofés en faveur de la rcligion. C'eft le feul fruit qu'on en ait tiré, car perfonne que les gens du métier, ne les connoit. 10 Novembre 17S3. Avant-hier les comédiens francois ont donné ia première repréfentation du SéduèJèur, comédie en cinq aèïes & en vers. Cette piece avoit été jotiée a Ia cour & avoit réuffi. Lc roi s'en étoit même expliqué avantagèüfement. II l'avoit trouvée trésbien, quoique froide. Elle n'a pas moins plu a la ville. On la croyoit de M. Palifot; mais elle eft trop fortement intriguée pour lui & le IHle approche plus de la maniere du méchant, que de la maniere de ce poëte qui a de la fermeté, de lapureté, de la nobleffe; mais non» cette moleffe & cette facilité de Greffet. Comme il y a de Pobfcurité dans la marche de 1'action, il faut attendre une feconde repréfentation pour en juger plus pertinemment. L'auteur eft encore anonyme: ou veut aujourd'hui que ce foit M. le marquis de Bievre. 11 Novembre 1783. Le différend élevé k I'occafion du cabinet de macliines de M. de Vaucanfon, eft enfin terminé k la falisfaétion de 1'académie. C'eft elle qui le conferve; il paroit même qu'on fait acheter ou louer au roi la maifon de I'académicien défunt, & c'eft M. de Wandermonde , qui eft chargé de la garde de ce depót, qu'il s'agit de mettre en ordre & d'augmenter, enfuite de rendre public.' N 4  (206 ) On doit avant y joindre nn hiftorique de chaque machine contenant le nom de Finventeur, la date de fon origine, fon utilité &c. Mefiieurs les intendans du commerce auront feulement la liberté d'en jouir pour leur utilité ou pour celle de leurs agens. 11 Novembre 1783. M. Mulotin, horloger de Dieppe, a imaginé un phare d'une nouvelle conftruction : il eft en forme d'horloge cc le rouage fait alternativement paroltre & difparoitre une maffe de lumiere compofée de vingtquatre réverberes. Sa durée eft de trois minutes 9 & la difparition d'une & ainfi toujours alternativement ; enforte que les marins prévenus de ce mécanifme , la montre a la main, ne pourront douter fi c'eft le véritable point oü ils peuvent attaquer la terre. Cette machine, beaucoup moins difpendieufe que les feux ordinaires,. a été approuvée de 1'académre , & le miniftre de la marine doit donner des ordres en conféquence pour qu'elle foit adoptée dans tous les ports de mer. 12 Novembre 1783. L'aéHon continuelle de 1'acide marin fur le bois par Ie frottement & la pénétration, rendoit les ceuvres vives cles vaisfeaux, c'eft-a-dire la partie du bois qui plonge dans 1'eau, fpongieufe , mouffeufe, beaucoup plus lourde, & par conféquent moins propre i obéir a 1'aétion des voiles: c'eft pour y remédier qu'on a imaginé en Angleterre de les doubler en cuivre, méthode qui a été bientót adop-  097) adoptée en France durant la derniere guerre. MaSs on a déja recóh'nu qu'elle étoit fujette k des inconvériiens graves; on veut aujourd'hui fubflituer au eirivre un vernis métallique, qui en ollre toute 1'utilité, fans en avoir les inconvénicns ; c'eft fur eet expofé , & vraifemblableraent d'après des expériences faites, que 1c roi a accordé un privilege exclufif pour 1'établifieiucnt d'une manufacf ure royale de ce vernis k Nantes, par arrêt du confeil, revêtu de lettres patentes enregiftrées dans tous les pariemens du royaume. 12 Novembre 1783. On alfure que le nouveau controleur général a déclaré a Meffieurs de la caifle d'efcompte qu'il n'étoit point dispofé a leur continuerfon fecours pourmanquer plus longtems k leurs engagemens: qu'ils eusfent a fe mertre en regie pour yfatisfaire promptement; qu'ils avoient affez gagné avec le public pour pouvoir faire face. On croit que c'eft ee qui accélere 1'aflemblée extraordinaire de cesmeflieurs,indiquée au quatorze de ce mois. 12 Novembre 1783. Relation de la féance publlque dc Pacadémie rtyale des fciences pour fa rentrée d'après la Saint-Martin M. de Condorcet , fecrétaire de 1'académie des fciences , y a paru en pleureufes, comme légataire univerfel de M. d'Alembert, &ce coftume étoit un prélude de 1'ouverture de la féance. II n'a pas cru pouvoir refter muet en pareille circonstance, & dérogeant a 1'uiage de la compagnie N 5 v: * : •:  ( 298 ) qm ne célebre fes membres défunts qu'a leur rang, de fon agrément fans doute, il a dit: „ La mort nous a ravi M. d'Alembert, lors„ que fon génie , encore dans fa force, pro„ mettoit a 1'Europe fcavante de nouvelles lu- mieres. Géometre fublime, c'eft a lui que „ notre fiecle doit Fhonneur d'avoir ajouté un „ nouveau calcul a ceux dont la découverte avoit illuftré le fiecle dernier, & de nouvel- les branches de la fcienee du mouvement aux théories qu'avoit créé le génie de Galilée, d'Hnyghens, & de Newton. „ Philofophe fage & profond, il a laiiTé dans „ le difcours préliminaire de 1'encyclopédie un „ monument pour lequel il n'avoit point eu de „ modeie. Ecriyain tantót noble , énergique & ra„ pide , tantót ingénieux & pi quant, fuivant les fujets qu'il a traités; mais toujours pré„ cis , clair, plein d'idées, fes ouvrages insM truifent la jeuneffe & occtipent d'une mai,, niere utile les loifirs de 1'homme éclairé. „ La franchife, 1'amour de la vérité , lezele „ pour les progrès des fciences & pour la dé- fenfe des droits des hommes, formoient le ,a fopd de fon caradtere. Une probité fcrupuleufe, une bienfaifance „ éclairée, un défintérefiement noble & fans. fafte, furent fes principales vertiis. Les jeunes gens qui annoncoient des ta». ïens pour les fciences & pour les lettres,.  C *99 ) „ trouvoient en lui un appui, un guiJe, un „ modele. „ Ami tendre & courageux, les pfeurs de „ 1'amitié ont coulé fur fa tombe au milieu „ des regrets des académies dc la France & de „ 1'Europe. II cut des ennemis pour que rien „ ne manquat a fa gloire, & l'on doit compter parmi les honneurs qu'il arecus, 1'aeharne„ ment avec lequel il a été pourfuivi, pendant „ fa vie & après fa mort , par ces hommes „ dont la haine fe plait a choifir, pour fes vic„ tiines, le génie & la vertu. „ Ilonoré par lui dés ma jeuneffe d'une ten„ drefïë vraimcnt paternelle , perfonne, dans 3, la perte commune, n'a plus a regretter que moi. Son génie vivra éternellement dans lés „ ouvrages; il continuera longtems d'inftruire „ les hommes ; il refte tout entier pour les „ fciences & pour fa gloire; 1'amitié feule a; 3, tout perdu." Pour rendre 1'exception moms mjuneuie-, 1'orateur a parlé auffi en ces termes de M.. Euler. „ La mort de M. cTAkmbert avoit été pré„ cédée de quelques femaines feulement par „ celle de M. Euler, génie puiffant & inépui-r „ fable, qui, dans fa longue carrière, a par,, courti toutes les parties des fciences matfaé~ „ matiques, & a reculé les bornes de toutes. „ Toujours original & profond; mais toujours „ élégant & clair, il a publié plus de quatre' N 6-  ( 300 ) „ cents ouvrages , & il n'en eft pas un feul „ qui ne renferme une vérité nouvelle, une „ découverte utile ou brillante. Privé de la „ vue, fon aótivité, fa fécondité même, n'en „ avoient point été rallenties. La force fiu„ guliere de fon intelligence répara fans effort „ cette perte, quipour tout autre eüt été „ irréparable, & la nature fembloit Pavoirfor„ mé pour être a la fois un grand homme & ,, un pliénomene extraordinaire, pour étonner „ le monde autanr que pour Péclairer. Un lilence lugubre ayant fuccédé , M. de Condorcet a repris la parole : L'académie avoit propofé en 1777, pour fujet d'un prix, YExpofition du fyfléme des valsfeaux lymphatiques; n'ayant pas été fatisfaite des mémoires envoyés au concours,. elle avoit annoncé une feconde fois le même fujet avec :des modificarions en 1781 , elle n'a pas été plus heureufe. Un feul mémoire, dont 1'auteur n'a point rernpli les vues de 1'académie, a été préfenté, & elle croit devoir renoncer a ce programme. Elle propofe pour fujet du prix, la Defcnftion du nerf intercoftal dans F homme. Quoique plufieurs parties de ce nerffoient bien connues, il y en a plufieurs aufli dont la ftructure n'eft point alfez exactement déterminée. Oji donnera la plus grande attent-ion i fes diftributions dans les vifceres, a fes connexions & a fes diverfes origines.. Comme il  ( 3°* ) fe préfente des variétés dans fes rameaux, les anatomiftes qui concourront , feront mention de celles qui leur auront paru les plus remarquables. L'académie vérifiera les nouveaux détails qui lui feront envoyés. Les Auteurs ne furchargeront point furtout leurs defcriptions ou leurs dellins de ramüications imaginaires; reproche que l'on peut faire a plufieurs modernes: ce n'cl\ qu'en fe renfermant dans les bornes de 1'exactitude la plus rigoureufe,. qu'on pourra mériter ce prix. Dans lo. vue de diminuer la dépenfc de ets recherches, o.n n'exige point que la defcription foit' accompagnée de ceilirs, qui cependant, s'ils y étoient joints,, ajouteroient au mérite & a la précifion du traval!. On laifl'e les auteurs libres a eet égard. Indépendammeiit de ce premier prix, dont les fonds n'ont point été employés, 1'ircadémie fe trouvant dans le cas d'en propoferun fecond, elle demande , pour concourir a ce nouveau prix, une Defcription du nerfIntei coft'al, confidéré dans les animaux. Elle a jugé qu'il feroit utile pour la fdence,. & commode pour les auteuis de propofer deux fujets qui euflènt des rapports entre eux, & qui puffent s'éclairer mutuelleraent. Mais , afin que les obfervations puiffent être vérifiées & eomparées entre elles, & pour donner au programme toute la précifion dont il ell fufceptible, on a cru devoir indiquer quels font'les animaux clans lefquels les concurrens doivent N 7  C 3°2 ; examiiier la flrufture du nerf intercoflal. On les a pris dans les cfafftó qui font marquées par les plus grandes difl'éreneesx & choili ceux qui font le plus a la portée de tous les anatomiftes. Ces animaux font, parmi les quadrupedes:: i°. Le Stngé. (*) On n'indique pas 1'efpece, pour ne pasajou» ter a la difficulté que l'on pourra trouver a s'en pre g uer. Les auteurs feront connoitre le nom» 'de celui quïls auront difl'équé. a°. Le- Chien. 3°. Le Mouten, Parmi les oifeaux, Le Dindon. Parmi les reptiles, Une Grenouille.. Parmi les poiffons» Une Catpe. Quoique l'on indique les noms des animaux dans lefquels les concurrens doivent examiner Ie nerf intercoflal, ils feront néanrooins libres d'ajouter a leur mémoire la defcription de ce (*) Comme il feroit peut-ötie difHcile aux snatomiftegétablis dans les -provinces, de trouver un finge, Facadtiffliedéclaré que eet article n'eft point de rigueur»-  C 303 3 nerf confidéré (fans d'antres animaux, pourvu que ceux énoncés dans le programme foient la bafe de leurs recherches. Ils indiqucront avec foin les diverfes origines de 1'intcrcoftal , le nombre & la pofition de fes ganglions , fes connexions; &, dans 1c cas oü il manqueroit a certains vifceres auxquels il fe diftribué dans Ia plupart des animaux, on fera conno'itre quels font les autres nerfs qui le fuppléent. On n'exige point, par la raifon expofée plushaut, que les defcriptions foient accompagnées. de deflïns. On laiffe les auteurs libres a eet égard. Après 1'annonce de ces prix ordinaires, Iefecrétaire en a propofé un extraordinaire. L'académie, en conféquence des ordres du roi, avoit propofé pour fujet d'un prix extraordinaire qui devoit être proclamé a la SaintMartin 1783, de trouver le procédé le plus fim„ ple ejf le plus économique pour décompofer en grand le fel mar in , en extraire l'alkali qui lui' f'ert de bafe, dans fon état de purété, dégagé de toute cotnbinaifon acide ou autre , fans que la valeur de eet alkali minéral excèddt le prix de celui qu'on retire des meilleures foudes ètratigeres. Quoique, dans le nombre des mémoires qu? lui ont eté adrelfés, il s'eii trouve plufieurs qui contiennent des recherches intéreffantes , cependant , comme les procédés propofés fout imparfaits , en ce qu'iïs ne procurent qu'une  ( 304 ) décompofition incomplette da fel mcrin, que celüi qui approche le plus de remplir le voeu du programme, eft publié dans les papiers alIemands , & qu'on a déja monté des fabriques en grand k Londres fur ce principe, l'académie n'a pas cru qu'elle fut dans le cas d'adjugcr le prix. Elle propofé donc le même fujet pour la Saint-Martin 17S5. Après les détails relatifs aux formules è obferver par les concurrens k ce prix , M. de Condorcet a parlé .du fecond prix extraordinaire. L'académie avoit propofé un 'prix avec le titre d'ingénieur de l'académie pour les inltfumens de mathématiqucs, k celui qui feroit le meilieur quart de cercie. Elle a adjugé la, fomme de 1100 livres, qui reffoit du prix a M. Megnié, ingénieur, & membre de l'académie de Dijon; mais elle a réfervé le titre d'ingénieur de l'académie. Enfin, M. de Condorcet a terminé ces annonces magnifiques pour une plus confidérable encore. M. le comte d'Angiviller, direéteur général des batimens , a cru devoir propofer un prix de fix mille livres pour le mémoire qui donneroit les meilleurs moyens de corriger ou de remplacer la machine de Marly , qui auront approché le plus du premier. Conformément aux intentions du roi, l'académie s'eft chargée du jugement de ce prix, pour lequel elle fé  C 305) propofé de publier inceflamment mi programme détaillé. Ces préliminaires finis, il a été lu cinq mémoires & trois éloges. Le premier mémoire de M. de Fouchy roule fur le véritable inventeur de Papplication des lunettes au quart de cercle & de Ia méthode d'obferver en plein jour les planettes & les grandes étoiles. Chargé par l'académie de faire la recherche, il a trouvé que c'étoit Morin, mathématicien de réputation au commencement du dix-feptieme fiecle, qui avoit, avant la naiflance de l'académie, fait cette découverte, que s'efl: enfuite attrihué mal-a-propos 1'abbé Picard. Comme Morin donnoit dans 1'aflrologie judiciaire , fort k la mode de fon tems, 011 11e lit plus fes ouvrages qui ne font pourtant pas a dédaigner. M. le Gentil eft auteur du fecond mémoire fur Paftronomie des Branies, encore plus fee que celui-la. L'académicien, célebre voyageur, y montre que des tables de chifres dont perfenne n'avoit encore donné 1'explication, font des tables du mouvement du foleil & de la tune, deftinées a faciliter aux Branies le calcul des éclipfes. Le mémoire du pere Pingré, Ie troifieme en rang de lecture , avoit quelque chofe de plus intéreffani: il concerne Pi/Je qui a paru cette ennée auprés de Pi/lande. II y montre qu'il s'cll plus d'une fois fomié auprès de cette ifle  C 3oS ) de ces terres volcaniques qui ont enfuite dispara. . M. Lavoifier , ami des fyftêmes nonveaux, dans le quatrieme mémoire prétend que Yeau n'eft point un élément, comme on l'a toujours cru, qu'elle fe décompofe & recompofe a volonté. Le dernier mémoire & Ie plus intérelfant pour fon objet eft celui de M. le Roi. II a parlé des brouillards extraordinaire* de F été dernier.- II n'en trouve d'exempie qu'en 1'année 1,252. Le fgavant académicien déclaré qu'il n'en connoit ni la nature, ni la caufe: les effets n'en ont póint étéfuneftes en France, mais bien ailleurs. Du refte,,il tend moins a prouver qu'a nier. II attaque furtout 1'opinion de ceux qui attribuent ces brouillards aux révolutions de la Calabre ; il la détruit radicalement, en établiffant par leur journal qu'ils ont commencé très-loin de 1'Italie & n'y ont régné qu'après. Les trois éloges c*t fait beaucoup plus de plaifir que tous ces mémoires. Celui de Vau'canfen contenoit des anecdotes très-curieufes & très-piquantes. II étoit né comme tous les hommes de génie avec une vocation extraordinaire pour la mécanique. Elle fe décida dès fa tendre jeuneife..... Sa mere, dévotc, s'entretenoit avec fon directeur; pendant cetems, fon fils encore écolier, regardoit a travers une cloilbn une pendule, machine alors peu com-  ( 3°7 ) mtihe, ilcherchoit 4 en devincrl'intdricur; elle refta imprimée daas fon imagmation, & U n'eut point derepos qu'il n'en eüt découvert tout le mécanifme. Ses cffais furent de petits automatte qu'il fabriquoit pour fa chapelle, amufement puéril, analogue au gout de fes pareus: il imitoit avec fes figures les ceremonies dél'églife. Son^W eftlepremieï ouvrage digne de lui. Mais il penfa lui cottter fa liberté. Ayant annoncé avec beaucoup a amour-propre fon projet, un oncle de Vaucanfon en fut effrayé, craignit qu'il ne devint iorcier, c\ follicita une lettre de cachet contre lui. II fut obligé de fuir pour fe fouftraire 4 fa perfécution. II eut depuis la liberté de revemr & exécuta, dans nn filence modelte, la machine annoncée. On en fut enchanté ; ion canard oui faifoit toutes les foncliocs animales, étoit encore plus compliqué. Le roi émerveillé lui demanda s'il pourroit exécuter de cette maniere la circulation du fang; il s'en étoit chargé; mais les matieres devoient venir despaysétrangers; il falloit y envoyer un mécanicien babite , tout cela entrainoit beaucoup de frais; il s'enfuivit des lenteurs , du refroidilTement, & Vaucanfon fe dégoüta. II fe tourna du cóté d'objets plus folides ; il voulut perfechonner nos manufactures; furtout celles de Lyon, relativement a la fabrication & a la préparation de la foie. Les ouvriers , qui craignireut de perdre leur occupation & leur pain , le virent  ( 30?) parmi eux avec indignation & le pourfuivirent a coups de pierres. II fe vengea par une caricature mécanique; c'étoit un Ine qui exécutoit leurs travaux. La grande objedfiou contre fes découvertes en ce genre qui n'ont pas eu lieu, qui en détruit 1'avantage, fans nuire k fa gloire, c'eft qu'elles auroient rendu la matiere plus chere. Vaucanfon réuffit mieux dans 1'application de fon art a d'autres objets, & il eft parvenu k mériter la renommée du plus habile mécanicien de i'Europe, non-feulement dans les arts agréables, mais dans les arts utiles. II toraba malade encore plein d'idées & de projets relatifs a fon génie. Sentant bien qu'il n'en reviendroit pas, toute fon iflqniétude étoit de ne point voir la fin des travaux comaiencés; ilpresfoit les ouvriers & leur difoit qu'il n'y avoit pas de tems a perdre , que fa* derniere heure approchoit. II parolt que cette crainte 1'occupoit plus que celle de fon falut. L'éloge de Bordenave, plus court, n'auroit rien rendu fous la plume d'un autre panégyrifte. Celui-ci a eu l'art d'y attacher des morceaux philofophiqnes de détail qui, nés du fujet , fans une extréme adrefié lui auroient paru cependant trop étrangers. Tel eft eelui du ridicule procés ■qui a fubfifté longtems entre les médecins & les cnirurgiens & qui a fini, 'en donnant une liberté convenable a ceux-ci, par les rettraindre dans certaines bornes & par les  ( 3°9 ) nïTujettir a des études régulieres. L'admisfion dc Bordenave a l'académie , malgré les régiemens, par un ordre fupérieur, a amené une digreffion plus ingénïeufë que vraie fur la haine des corps éclairés, plusdifpofée que celle des paru'culiers a s'amortir, a céder au mérite & a la juftice. Bordenave étoit le premier chirurgien élevé a ia dignité d'échevin. M, de Condorcet a pris occafion de cette c reonftance pourpkcer une profopopée briljante oü il fait parler le peuple a 1'un de ces hommes tirés de fon fein & devant être fes défenfeurs; profopopée ou en indiquaat les devoirsd'unéchevm, il fait une fatyre fanglante de la maniere dont ils les rémpliffent, ou plutót les oublient. Le cordon de Saint-Michel , récompenfe du mérite , dont étoit décoré le défunt académicien, a fourni matiere a une fortie non moins vigoureufe contre ces hommes décorés d'ordres qui ne fuppofent que de la naisfance, de la faveur, de l'intrigue ou de 1'argent, fortie qui n'a pas paru plaire aux dignitaires & membres de la compagnie bardés de pareils cordons. Le fecrétaire s'eft complu furtout dans Ie dernier éloge, qui, quoique d'un étranger, étoit très-fécond & rempli d'intérêt. C'eft celui de M. Pringle, fcavant laborieux, dont la vie a été aulfi aétive que le génie. 11 paü'a fa jeunefle dans les carnps & étoit mé-  C 3i<0 decin de 1'armée du roi d'Angleterre k la bataille du Mein. Ce fut lui qui le premier engagea Milord Stuars, fon général, k convenir avec le maréchal de Noailles, général de 1'armée francoife, que les höpitaux militaires feroient des allles facrés. Le foldat étoit regardé par le docleur Pringle, comme une efpece d'hommes trop précieufe pour ne pas s'en pccuper. II a fait beaucoup d'obfcrvacions fur cette matiere, fur les camps, fur les höpitaux, fur les prifons & a mis les autres fur la voie de perfectionner fes découvertes. M. Pringle étoit préfident de la fociété royale de Londres lors de la féparation des colonies angloifes d'avec la mére-patrie, & de la guerre qui s'enfuivit. L'efprit de parti s'empara tellement du grand nombre des membres de la compagnie , qu'ils vouloient renoncer aux découvertes, aux méthodes & aux machines de M. Frank/in fur 1'application de l'éleétricité contre les effets de la foudre. M. Pringle leur fit fentir a quel point la pafbon les aveugloit, les fit revenir & refta toujours 1'ami de M. Franklin. M. Pringle , médecin encore plus grand praticien que fpécu'ateur, étoit ennemi des fyftémes; il préféroit une routine qui guérisfbit a une doélrine briiJante qui tuoit ie malade. Cefl nous autres ffavans , difoit-il, qui avons tout gdtè par nos raifonnemens.  1311) M. Pringle joignoit prefque tous les genres de connoilïunces a celui de la médecine, & furtout la théologie. II étoit neanmoins peu ferme fur celle ci, & n'avoit que deux opinions fixes auxquelles il tenoit forte. ment: la non-éternité des peines & 1'indirférence des cultes. On a été furpris d'abord que le fecrétaire mït fi ouvertement en lumiere ces principes erronés; on l'a été bien davantage, quand on l'a entendu les développer avec une forte d'approbation, & fes amis mcine ont craint que fa hardieffe ne lui fit tort auprcs des prétres & du gouvernement par contre-coup. Une digreffion fur les Quakers, un éloge de M. Franklin préfent & que le'fecrétaire a félicité de n'étre plus anglois, un goüt cependant fecret pour 1'Angleterre & les Anglois, font, après ce morceau , ce qui a le plus frappé 1'alTemblée admiraut en général & a jufte titre le talent de 1'orateur pour Ja tache dont il eft chargé & dont il s'aquitte périodiquement avec de nouveaux fuccès. 13 Novembre 1783. L'arrêt du confeil dont fe font plaints les fermiers généraux eft en effet retiré, & l'on y en a lübftitué un autre en date du neuf novembre.concernant le hall des fer mes générales, il eft motivé tout bonnemen t fur les inquiétudes qu'a produit la réfiliatioa annoncée, fur ce que Sa Majefté a reconnu que le bail du dix-aeuf mars 17S0  ' ( 3t? ) ne contient aucune clau.fe ni réferve qui Ie rende moins obligatoire que les baux précédens, & fur les off'res & foumiffions que les fermiers généraux viennent de faire entre fes mains, dont il réfulte que la continuation de ce bail n'apportera aucun obftacle a I'exécütion de fes vues bienfaifantes. En conféquence, le bail ancien fubfifte, fuivant la réfolutïon de Sa Majefté, de manifefter de plus en plus, en toute occafion, que tout engagement contradié ou reconnu par elle, & devenu le gage de la fo't pubKque, fera toujours a fes yeux inviolable & facré. 13 Novembre 1783. Ce qu'on avoit prévu arrivé. Depuis Ia clöture du chapitre général de la congrégation de Saint-Maur, les réclamacïons s-élevent de tous cötés. Les ap[ omme d'abus fe forment : cependant les mi n bres dévoués a la cour, parti fans de Ce chapitre, continuent a le foutenir valide, & repnndcnt deux pieces imprimées tn fa\ .,1 de Icot fyftême. L'une eft intitulée: Mèmoh-e a eonfulter & : au fujet du chapitre général de la : .' : dé Saint-Maur. L'autre: F.xïrait des regiftres du procés verbal des féances du chapitre général de la congrégation de Saint - Maure affemblé a SaintDenis du muf feptembre 1783. Ces deux pieces font intéreffantes & méritent plus de développement. 14 No-  C 3'3 )- 14-Novembre 1783. Extrait d'une lettre de Limoges du 8 novembre..... Je vons ai parlé des travaux qUe M. d'Aine, marchanc iur les traces de M. Turgot, avoit fait exécuter pour cette ville & pour Ia généralité. Avant de qmtter cette intendance pour pasler a Tours, oü il eft nommé, il a eu Ia fatisfattion de voir terminer Ia Place d'Aine d une vafte étendue pour la tenue de nos foires & marchés. En outre , les maire & échevins ont fait graver fur deux pilaftres qui décorent les deux cotcs de fentrée d'une promenade con nue fous le nom de Dorfay , & qui fo^ des deux faces de hplace d'Aine, deux inscripttons latines o>', fnr„- «„^.^ ... tail les ouvrages exécutés depuis qu'il eft intendant. ^ *■ Ces monumens de tendrefie & de gratitude font d autant plus flateurs pour lui\ qu'iJs lui lont decernés dans nn m™,„„,. „.^ Ï,A . v . .^in^iii uu 1 un n a rien a ménager avec lui, puifqu'il nous quitte. I atirOlS VOUlu aii'nn v x ■? o Aine adrèr Inn Aj>.„*.+ * »« . Tours. MaIfaeurcufementJ.es infcriptionsfont anténeares & datées de 1782. 14 Noyembre 1783. Extrait d'«ne lettre de lOUloufe du fix nnvcmNi-o t >• , mation dans les cimetieres n'éprouve nlus aucune difficulté; le vicomte de Thifen mfre d%c™P de cavalerie, & chcvalier de vut* iUUJi,  C 3*4 ) 'Saint-Louis , a fubi cette cérémonie , avee toute la pompe due a fes grades militairés; & fa familie, ni fes camarades n'ont témoigné aucune répugnance. 14 Novembre 1783. Süivant le mémoire k corjfulter concernant les différens de la congrégation de Saint-Maur, voici le récit de-s faits tels qu'on peut les démêler a travers 1'obfcurité de eet hiftorique, rendu tel exprès fans doute. En 1781 il devoit fe tenir un chapitre gé. néral. 11 fut précédé, comme de coutume, de 1'affemblée ou diete de chacune des fix provinces entre lefquelles la congrégation eft diftribuée. Mais dans la diete de Ia province de Normandie, il s'éleva des difficultés férieufes fur le droit de buit religieux pour y voter. La diete fe divifa en deux partis: la moitié des capitulans fe féparerent, en réclamant les conftitutions & celles du chapitre général. Le chapitre étoit indiqué k 1'abbaye de Marmoutier-les-Tours pour le 17 mai 1781 ; les religieux qui avoient continué l'affemblée, malgré la retraite de leurs confrères, on plutót le vifiteur de la province de Normandie, & les fix religieus qui fe difoient députés de la diete , firent imprimer un écrit intitulé: Compte que le revérend pere vifiteur & les fix députés de l&pprovinee de Normandie rendent m chapitte général de leur diete & de ce qui Ta  précédé. Ce compte dtoit füïvi d'une confultation fans date, accompagnée dun mémoire a eonfulter & d'une autre confultation du douze mai 1781. De leur cóté, les 'oppofans a la diete envoyerent quatre d'entre eux préfenter au chapitre une requête en leur nom,oü ils fe plaignoient de tout ce qui s'étoit fait de contraire aux regies, & demandoient qu'on rejetat les lettres des députés de Normandie, comme non librement élus. ils y avoient joint une confultation du onze mai 1781. Le chapitre palfa outre,- vingt-quatre vocaux fe réunirent pour ne point écouter les oppofans contre dix-neuf qui penchoientpour 1'opinion contraire ; c'eft ce qu établit du moins Dom Mouffu dans un mémoire concernant la diete de Normandie, pour juftifier les opérations du chapitre de 1781, appuyé d'une confultation du 23 mai 1783; qui fe prévaut encore d'une lettre de M. Amelot% annongant 1'approbation du Roi. Les oppofans ne fe regarderent point comme battus: ils réclamerent de nouveau & contre radmiflïon des députés & contre la validité du chapitre & des éleélions qu'il avoit faites, en ce que dans les voix pour rejeter leur requête, on avoit compris celles de leurs adverfaires qui s'étoient trouvés ainfi juges & parties, & interjeterent un appel comme 4'abus, fignifié le vingt-fix mai 1781. O 2  C 316 ) C'eft alors qu'intervint 1'arrêt du confeil du 29 juin 1781, qui déclara qu'il n'y avoit lieu 1'appel comme d'abus, qui fit défenfe d'y donner fuite , & enjoignit aux bénédiétins d'obéir aux fupérieurs nommés dans le chapitre. Le clergé de France, affemblé par la permifiion du Roi en 178.2, vint au fecours des eppofans, &, en les foutenant, fit renaitre les troubles. 11 ramena le miniftere de leur cóté & il en eft réfulté 1'arrêt du 21 juin dernier , ordonnant la convocation du chapitre général; arrêt trouvé fi irrégulier par les au. tres, que Dom Mouffu, le général, dans fa lettre circulaire qui accompaguoit 1'envoi, déclaroit qu'il ne le faifoit que par commandement du roi expres & itératif. En même tems parut la requête & autres imprimés répandus dans la congrégation, tendans a faire naitre des doutes fur la légitimité du fucur chapitre. Les oppofans, pour les lever, ont eu recours a leurs confeils, & il en a réfulté ce mémoire attribué a M. le Camus, &une confultation en date du i9aoüt,foufcrite de fept jurifconfultes célebres , qui décide la légitimité du ehapitre & de fes opérations. 15 Novembre 1783. Extrait d'une^ lettre de Mende du 6 novembre Le roi, touché des plaintes des habitans du Vivarais, du Gévaudan & des £evennes, fur les vexa-  C 317 ) tions qu'ils éprouvent de Ia part des praticiens, notaires ou gens d'affaires , exceflïvement multipliés dans ces cantons montagneux, vient de nommer ,a la follicitation de M. le Comte de Perigord, notre commandant , une commiffion compofée de quatre confeillers au parlement de Touloufe, pour y remédier & punir les coupables. Ces commiffaires font Meffieurs de Rey, d'Albis, de Saint-Fëüx & d'Aguin. Ils ont profité des vacances pour commencer leur6 travaux, & ouvert leurs féances le premier oclobre. L'éveque a fait promulguer dans toutes les paroiffes de fon diocèfe le dimanche fuivant les lettres-patentes enregiftrées au parlement de Touloufe , qui annoncent 1'objet & 1'ouverture des féances. Le peuple eft allé en foule aü devant des magiflrats : ils ont été recus au milieu des acclamations, & les officiers municipaux de cette ville, accompagnés de la bourgeoife qui s'étoit mife fous les armes, les ont harangués. La promulgation des lettres-patentes a été fuivie de la leéture d'une lettre paftorale du prélat, oü il préfente un tableau d'exaótions, derapines& de crimes commis & 1'ombre des loix, dont on n'auroit pu ailleurs fe former une idée. Voila qui eft bien différent de ce qui fe paffe a Paris, oü i'cn parle , dit-on, d'une O 3  C312 ) chambre dejultice, non-feulement pou'r r&former les fuppóts de la juftice prévaricateurs, mais encore les magiftrats qui tolerent ces prévarications,. les autorifent, & le rendent eux-mêmes coupables des exactions les plus criantes.. 15 Novembre 1783. La fermentation qtu legne en ce moment, relativement a 1 état des finances & a fon miniftre, a fait reprendre beaucoup de vogue aux différens écrits répandus fur fadminiflration de M. Necker, recueillis en trois petits volumes fous le titre de ColleSlion compleite de tous les ouvrages pour. ou contre M.. Necker , avec des notes cridques, politiques & fecrctes, le tout par ordre chronologique,enrichidu portrait decedirecleur général des finances & d'une gravure repréfentant madame la prineeffe de; Poix avec Madame Necker.. Comme on a parlë fucceffivement de toutes ces pieces , on ne fera mention que decelles qu'on ne counoifibit pas. 10. Converfation de Madame la prineeffe de Poix avec Madame Necker. Cette facétie très-courte roule fur une anecdote qu'on a rapportée dans le tems concernant le trav.estiffement que Mad. Necker avoit. pris pour furprendre en flagrant délit un libraire quL vendoit des libellês contre fon mari , &.le li*, vrer a un exempt de police» '" 8?,.. Requête au roi fur te retraite de M*.  ( 319 ) Necker, par un ancien réfident h ta cour at France. Bavardage de rhiteur, dans !e genre de la lettre du marquis de Villette., qu'on fent bien n'être pas parvenu davantage a fon adreffe. Point de faits, point d'anecdotes. 30. Idéé d'un citoyen relativement a la ges« tion de M. Necker, avec un 'Projpeclus d'établilTement pour libérer avec facilité les dettes aóruelles de la France, óccafionnées par fes emrrunts, & y répandre un bien être général; projet égaiement convenablea tous les ■ états de 1'Europe. Comme Fauteur anonyme ne fait qu'annoncer fon plan en charlatan, c'efM-dire en le vantantbeaucoup, fans enrévélerlesmoyens, en ne peut en dire davantage. Ce qu'il y a de mieux & de nouveau dans ce Recueil, ce font les notes qui viennent eommunément d'un financier inftruit, &quelquefois d'un homme répandu qui fait les anec dotes de cour. 15 Novembre 1783. Relation de la féance.' publique de Vacadémie royale des infcriptions C=f belles-lettres tenue aujourd'hui pour fa rentrée d'après la Saint-Martin..>. Le nouveau fecrétaire poUrluivant fon projet de tirer les féances publiques de fa compagnie delafolitude a laquelle elles étoient livrées, y avoit encore amené cette fois de grands feigneurs , des femmes élégantes, des membres diftin&ue» des autres académies, & la falie , fimsr'O4  être auffi remplie que les falies de celles-ci 9 n'offre plus eet air de dénument & d'abandon qu'on lui reprochoit auparavant. Afin de faciliter mieux aux amateurs invités la liberté de s'y rendre. il a fupprimé 1'antique ufage dont s'étoient afranchies depuis longtems l'académie franeoife & celle des fciences, & que celle des belles-lettres avoit conferve jusqu'a cette année , de commencer les féances d'hiver dès trois heures, il l'a reculêa trois & demie. L'affemblée a commencé a 1'heüre indiquée, par 1'annonce que le même fecrétaire a faite du prix remporté par M. 1'abbé Mongez, chanoine régulier de Sainte Genevieve, garcj? wCÖ ^ du cabiöeï d'bJft9lr.e na¬ turelle üê o-imie-Genevieve, des academies de Lyon, de Dijon & de Rouen. Ce religieux préfent a fur le champ recu la médaille des mains du direéteur. M. Dacier a dit enfuite : ,, L'académie royale des infcriptions & belles - lettres avoit propofé pour le fujet du prix qu'elle „ devoit diftribuer a piqués 1783, de déter„ miner , Quelle étoit fétendue des domaines „ de la eouronne lorS de Pavénement de Hugues „ Capet au hóne; quelles pofejjions ceprince y „ ajouta; comment par quels moyens ces doM maines s'accrurent jufqii'au regne de Philips, pe-Augufte exclufivement.'" Les mémoires envoyés n'ayant pas fatisfait pLei-  C 321 ) pfeinement aux vues de l'académie, elle propofé de nouveau le même fujet pour paques» & invite les auteurs k fe renfermer dans les bornes de la queftion, fans fe livrer k des difcuflions qui ne tendent pas directement a 1'éclaircir.- M. Bader a continué, & lul'éloge del'ab*. bè de Canaye. II a commencé par une dh*greflion affez étendüe fur Ia naiffance de fon héros, qui fe trouvoit iffu d'une familie dc robe très-ancienne dans le parlement, distinéuon due au hazard & dont M. 1'abbé de Canaye faifoit fi peu de cas, qu'a plus de' trente-cinq ans, interrogé fur fes armoiries, ij les ignoroit & fut obligé de regarder fon cachet pour en rendre compte. C'étoit un' philofophe pratique dés fa pjus tendre jeunesfe. Sorti du college, il embraffa 1'état eccléfiafhque, comme plus propre k lui procurer cette vie douce & tranquille, ce repos déja le terme de fes vceux: ilfetrompa. Sorr pere le prelfa de prendre Une charge de confeiller clerc au parlement: n'ofant lui réfifter en face, & afin de fe fouftraire cependant k fes importunités, il choifit un afile dans la congrégation de 1'oratoire. U y refira douzeans & n'en fortit que certain de jouir de toute fa liberté. II aimoit les fciences & les lettres; il avoit étudié les langues & furtout Ie' grec; il ne put réfifter au defir d'avoir une place a l'académie des belles-lettres, U s'c» O 5  repentit biéntót: 1'obligation oh' ron'efTda^ donner h certains tems des mémoires, le gênpit; au bout de dix ans, au lieu de contiimer la. route ordinaire pour obtenir la penfion qulexige au moins vingt ans de travaux,* il demanda Ia vétérance , c'eft-a-dire la faculté de refter dans 1'inacr.ion, & il en jouitdans la plus grande étendue. Lorfqu'on aiguillonnoit faparelTe; ilrépondoit: En littè-. rature comme . au théatre le plaifir eft raremtni pour Ui.aStmrst ' M Pabbé de Canaye avoit entrepris une hiftoire de la philofophie des anciens; mais il n'a point fini ce travail trés bien concu de fa part; il rendit compte.dans une aliemuiec des motifs qui le déterminoient .a y renoncer, & M. Dacier, .pour donner une idee de fa maniere & de fon ftile.en a iu un murtcau qui fentoit le bon littérateur , 1'écnvain puts &Thomme de goüt.. . 11 paroit que les principaux debns de 1» fücceffion litteraire de i aoue uc ^anuj^ fiftent en cartes & en notes fur fes lectures. La plupart des livres de fa bibliotbeque trés, belle font chargés a toutes le? marges de pa, reiües réflexions. M. Dacier ne dit point a oui eft pafl'ée cette bibliotheque cuneuie. Au moyen d'un genre de vie uniforme.. dTune ame.dégagée. de. toute paftion lottet M, 1'abbé de Canaye a ppuffé. la carrière jus-  C 3-23 ) qu'a ouatre-vingt-huit ans. I! n'avoit d'au. tie infirmité que la furdité. M. 1'abbé de Canaye aimoit la fbciété; il! y étoit p'aifant & malin, mais d'efprit,'&: jamais de cceur. Les gens aprétention étoient feulement fon fléau, & il-fe faifoit un plaifir' de les humilier. Dans ce fecond efiai de fon talent pour' Téloge, le fecrétaire confirme la bonne opin'ion qu'on en a congue. II s'efl; ici parfaitement conformé au genre de fon héros. Son éloquence eft douce, fimple, & modefte comme 1'abbé de Canaye. Après-eet éloge, M. Anquetil, k Ia voix" de Stentor, a Iu poür M. de Guignes des obfervations hifioriques & gèograpbiques fur Is' rècit de Pïine, concemant l''origine, Vantiquité des.Indiens, & la géographie de leurpays ,^ avec des recherches fur les principales révolution de l'Inde. Tout cela eft très-fgavant; mais très-fec. Ce qu'on y voit de plus intéreflant, c'eft qui] n'y a plusd'indigenesdans ces belles contrées que les Marattes; quéles Scythes s'en font emparés & que ces peuples occupent aujourd'hui prefque toutes les par-ties du globe. A ce mémoire a fuccédé le fixieme Mim'ol-re fur la nobleffe francoife de M. Deformeaux, • Gelui-ci roule en entier fur les pariemens & fur leur origine.. II auroit fait beaucoup de'' ienfation il y. a douze ans, & n'en a produi^ O tfö  c 32-4) aucune en ce moment. Cette origine, faf▼ant lui, ne remonte qu'a Philippe-le-Bel,#& commencement du quatorzieme fiecle, ainfr que 1'ont' prétendu tous les partifans du fysflême. de M. de Maupeou. 11 les réduit a las fimple qualité de jugeurs. Toutes ces aiïertions ne plairont point aux magiftrats de celui de Paris furtout, qu'il reconnoit cependant pour la feule cour des pairs. Du refte r il cherche k fe reconcilier avec eux, en asfurant qu'ils ont beaucoup aidé les rois k abattre 1'autorité des grands vaifaux & a élever & confolider la leur.. L'excellent mémoire, celui qui a attiré 1'attention, qui a charmé finguüerement 1'as^ Jemblée, c'eft un cinquieme de M. Qauticr de Sibert fur ia Bhihfophie de Ciceroi?. C'eft*. M. Dacier qui en a fait la ledlure. L'objec de 1'académicien eft de prouver que Ciceron étoit auffi bon philofopheque grand orateuï,, & que non content de bien dire, il fcavoit encore bien faire. 11 en a pris occafion de donner une vie complette de Ciceron, telle qu'elle n'a point été compofée. 111'a rendue d'autant plus intéreffante qu'elle fe trouveliée avec les principaux évenemens de la république a cette époque; de Ik de fuperbes tableaux de fa corruption & de fes malheurs;-, dé la des caradleres tracés avec autant d'éaergie que de profondeur aes infignes fcélésats-^des vertueux cftoyens qui ladcchiroient  c 3^5 y albrs ou* Ia défendoient. Entre ees dermérs-Sguroit Ciceron avec beaacoup d'éclat. C'eft: ce que 1'on voit par les détails des faits rela«Fs a fa harangue Pro lege mamlid-, a fom plaidoyer contre Verrès. Tout Ie monde w regretté que Ia mefure dans laquelle ces for. tes de mémoires académiques doivent être eirconfcrits, n'ait pas permis a 1'auteur des'étendre plus loin cette fois. L'heure s'avancoit & dans tout autre tems lé directeur auroit fait lever Ia féance ; M.. Bignon, qui en faifoit les fonéïions,. entrant dans les vues du nouveau fecrétaire de dégager amant qu'il eft poftible l'académie de ces vieilles formes claffiques, a prié M. de Vil. l'öifin qui devok fuivre , non - feulement de commencer, mais d'achever Ja leélure de fon; mémoire , quoique l'heure de la fortie ait fonné peu de tems après.. C'eft la première fois qu'on a dérogé a I'ufage. Au furplus,, le mémoire Ie méritoit peu. Le titre étoit • piquant. 11 porte Relation d'un voyage littéraire de Venife.. Depuis deur ans 1'académicien étoit abfent; on s'attendoit a des chofes eurieufes & intérelfantes pour toute 1'affemblée; point du tout, il s'agit uniquement de recherches qu'il eft allé faire dans la bibh'otheque de Saint-Marc de livres rares qu'il y a trouvés dont il donne une nomenclatureari. de , & furtout d'une bibie & d'un Homere». il fe propofé de faire de ce dernier une édi*O z  tioB en deux volumes, in-folio ou 1'on trouvera ce qu'on ö'a point encore vu. En atten-dant les auditeurs ont étë fruftrés dans leur • attente & font fortis. très-ennuyés d'une pareille lcfture.- ,. . 16 Novembre 1783. Le refultat de Ja ü&libération de la caiffe d'efcompte du quatorze de ce moisa été de décider unammement que les billets fequeftrés en vertu de la delibératlon de 1'affemblée générale du vingtdeux oöobre dernier feront biffés & inval* dés d'abord, & enfuite tout-a-fait detruits, auflitöt qu'on en aura conftaté le montant & r'éslé la comptabilité. Que de crente-trois millions aftuellement refint dans la circulation, il en fera reuré cinq, pour réduire la totalité k vingt-huitmillions, & que ces cinq millions feront de même feqüëftrés, invalidés & détruits comme les préecdens. On oblerve que c'eft encore trop, que ces Meffieurs ne devroient pas avoir plus de billets en circulation qu'ils n'ont fait de fonds, c'eft-a-dire pour döuze millions, repréfentcs par leurs adions.. Mais il eft a efpérer que la méfiance générale fera tomberd'elle meme, eet établiffement impratkable en France. 16 Novembre 1783. Malgré le fervice deEontainebleau, les italïens ne laiffent point chomer la ville de nouveautés, lis ont jous  ( 3"2 ? ) . tóer laKarmejfe ou la foire flnmande , comériff* en deut acles & en vers. Les paroles font de M.,Patrat. 11P pondent pas a. 1'idée favorable qu on a concue de fön talent par fes autres ouvrages La mufique eft. dun débutant, d'un Altmand,.1VL ae Fógkr, paflant pour avoir du feu, de 1'énergie, de 1'imagination. Mais toutesces qualités fe font trouvées fi maï appliquées, le fonds a paru fi trivial que Ie parterre a fortement hué les aéleuis au fecond acle. WK £ wette, peu cuir'aflee encore con treles fiflets , en a été vivement affectie & s'efl trouvée mal deux fois. La feconde il a fallu i'amener de la fcene. Les comédieDs ont idiuc queiques minutes Ie refte des acteurs dans I'inaétion; enfin ils ont eflayé de clore par un ballet.. Le public a été trés-mécontent quon ne s'empreffat pas de lui rendre compte de ce qua fe pailbit; Je vacarmeaété iel que les acteurs ont été obligés de fe ren dre a leur devoir.. Le Si pu fe paffer dun grillage, moyen embarrasfant, d'un entretien coüteux & ouLauroic dijninué' la clarté, trés belle aujourd'hui M. Franklin , enchanté de eet édifice ' Teut bien donner fes foins pour y établir u® paratonnerre préfervatif, qui commence k s'étabhr dans cette capitale en différens endroits. Au haut de Ia coupole eft un Pneumsmometre ou cadran a vent j c'eft le prolon-ement de 1'axe de la girouette, lequel porte une aiguille deftinée a marquer dans finteneur le vent qui fouffle fur un cercle oü fon& en lettres découpées les initiales des ven» pnnapaux. üa foc dg charrU£ formc v iouettei.  ( 33» 3 Le médaillon de Louis Xffous le Regötf duquel la halle a été conftruite , décoroit dé]"* ce monument. "Meffieurs le Grand & Molinos ont obtenu de Louis XVI, la permiffioü de placer fon' médaillon en face de celui de fon ayeul. lis ont aufiï demandé a Sa Majefté la permiffion d'y pendre les buftes de Philibert Delorme & de M. le Noir,. Au bas du premier on a gravé une infcrip* tion francoife, qui annonce que Philibert Delorme , arcbitedte de Henri fecond , eft 1'inventeur du procédé de la couverture dont ow vient de faire ufage- . , Au bas du fecond, autre infcriptionquilait connoïtre que c'eft fous ce lieutenant de palice, par fes encouragemens & par fon zele„ que'le monument commencé le dix feptem* bre 1782,-aété achevé le vingt-deux feptenv ^Ces deux médaillons teM.. Rolland nou', vel agréé en fculpture ,étoient expofés au faIon dernier & n'y ont fait aucune fenfation , «arce qu'ils n'étoient pas dans leur point de vue néceffaire.. On defireroit pourtant dans le portrait de M. h Noir, quelque chofe de moins roide-, quelque chofe de ce gracieux qu'il fc dans fa phyfionomie a un dégré fort difficile a faifir par l'artifte. 18 Novembre 1783. L'affaire du comtc de Qamache. avec le. comte de hUlderé revieafc  C 33 * ) fur Ie tapis. Le premier n'a point fait purger ion décr.et; mais par arrangement dont s'elt entremis le maréchal duc de Biron, ion adverfaire eft convenu de n'y donner aucune iuite, & même de payer au comte de Gamache une fomme de 24,000 livres, dans des délais prefcrits. Le premier terme n'eft pas encore échu; mais M. de Malderè venanc Ce vendre toutes fes terres & biens, lui ibus.trait par la les gages de fa créance. C'e!l dans cette circonftance que le comte de Gamache vient de préfenter un mémojre au maréchal duc de Biron , comme médiateur de 1'accommodement, ou non-feulement il fe plaint du procédé malhonnête de M. de Malderé , mais fe juftifie fur le fait de 1'ufure , motif de. fon décret, en prou^ vant par pieces qu'il a recouvrées depuis,. que, bien loin de perdre fur lefameux SaintEfprit de diamant, objet de la querelle, fa< partie y a gagnéplus d'un ciuquieme. M. de Gamache a remis ce mémoire nonfeulemenr au maréchal, mais au major da, régjment des gardes & k plufieurs officiers. II fe propofe en outre, au retour de Fontainebleau de le préfenter au. roi-même & de le rcpandre a Veriailles.. Cette nouvelle conteftation ne peut manquer d'occafionner un éclat, & Ion com, mence a en parler. beaucoup dansle monde  C330 ip Novembre 1783. On vante fingulierement le difcours que M. de Calmne a prononcé le jeüdi treize de ce mois a la chambre des comptes oü il a été recu. Les partifans de ce miniftre craignoient qu'il n'y éprouvat des difficultés, comme entaché par quelques cours de Magiftrature. Au contraire, il a charmé 1'affemblée par fon éléquence nerveufe,'par fon air de confiance, & elle a cru voir en lui le reftaurateur desfinances, attendu depuis fi longtems. 19 Novembre 1783. Les comédiens it'a» Kens ont donné hier la première repréfentation des Déguifemens amoureux , comédie en un ade & en profe. C'eft une bagatelle ingénieufe, oü un amant s'efforce de ramener fa maitreiïe dëcidée a ne point 1'époufer par une délicatelTe exceffive, a renoncer a 1'amour & a fe livrer, pour fe diftraiie aux arts & aux fciences. 11 joue tour a tour auprès d"elle le róle de peintre allemand, de muficien italien , de philofophe anglois, & de poëte francois : il fe fert cie ces diverfes métamorphofes pour entretenir au contraire 1'amour dans le cceu? de cette femme, & lorfqu'il eft parvenu au point de lui faire regretter le parti qu'elle a pns, il fe découvre, & 1'hymen fe conclut. L'art avec leq'uel le Sieur Grangé rend lts quatre róles trés-variés, a beaucoup con-  C 333 ) tribué au fuccès de Ja piece , oü d'aüleurs Je poete a enchafTé adroitement quancit^de remmifcences qui ont produit de 1'efFet com me neuves. Cette petite comédie eft de M. Patrat & 1 a dédommagé du mauvais accueil qu'avok regu famedi fa piece a arietes. ip Novembre 1783. Perfo'nne fembJe ne plus douter anjourd'hui que M. Amelot n'ait recue.lh les fruits trop amers de fon goüc pourlefexe. On en parJe hautement a Ja cour; on en plaifantej on dit qu'il a Ja mi ladie des ferins, Je bonton fous Ja queue- ce qui confirme ce foupgon, c eft que perfo'nne ne peut approcher de lui depuis trois mois & plus, pas même fa familie, üne naïveté de fon Suiffe le tourneroit en certitude fi* eJ7 dtoit vraie. On veut qu'un Quidam, vinee fois venu pour parler a ce miniftre & n'avant pu y parvenir, ayant demandé a ce Suiffi. d'un air myftérieux : majs eft.ce qae M Amelot auroit Ja petite vérole, illuiaittï' pondu brufquement, Bon, eft ce que vou"s prenez mon maitrepour un enfant? Quoian'i? en foit, on a fait une épigramme £ ce ft, jet de la maniere fuivante. Depuis trois mois, toujours inacceffible En fon hótel, Amelot retranchd Et travailld demaladie hbrrible.!.. Que 1'on ne nomme; eXperts cn* £ péchi}  f 334 ) !Le jugent fort de virus entictó. Un protégé que ce refus défole, AuSuUTe dit d'un air de connohTeur: Seroit-ce pas la petite veïole? Eh quoi! rcpartle ruftre avec humeur, Pour un enfant prenez-vous Monfeigneur? 2o Novembre 1783- M. de Calonne, qui n'ignore pas les bruits dcfavorables qui courent fur fon compte, femble vouloir fc té concilier le public pas des aftes de julhce rigoureufe & par Pexpulfion de fujets qui lui déplaifent. Avant feu que le Sieur Cofter, un de P miers commis du contröle general ,^étoit. ce Z aui avoit indult en erreur M ^rmefn cn Prétendant que le bail des ferm»; offio* des claufes qui le rendoient fufcept bledj réfiliation , il 1'a envoyé chercher A ui a préfenté eet afte; il lui a dermndéde lui dC Suvrir ces claufes. Le Sieur Cofter r,, ayant pu y parvenir, il Pa traité durement; il lui a Lroché de s'être joué de la foibleffe & de la crédulité de fon prédiceffeiir, d avoir éb-anlé la confiance publique & fait manquer le roi h fa parole qui doit être encore plus facrée qu'unc autre; il 1'aremercie enfuite, & 1'on ajoute qu'il lui a adminiftré une lettre de cachet qui 1'exile en Lorraine._ Le Sieur Hamelin, autre premier commis des finances, trés mal famé , détefté dupu-  0-335 ) 'bïïc, qui, pïufieurs fois chafle» était toulabn 2S?ï J'eau' ,??gré fes. SSS reme cc & immolé a I'indignanon générale. Cet awfe , quj n'ignoroft b , f de penfer du public far fon compte S voyoit démafqué aux yeux de ceu^Znl 1 auroient pas connu fans les divers dLIm", répandus tors de Padmini(tration de M ^ lZÏ ^"..avoit eu 1'impudence dW fer fo„ portrait au faIon dernjer & expo rer .4 cote des auguttes perfonmws de°la familie royale, des hommes ilIuE V ! aruftes diffingués de Ja nation ' dcS &c. pour J année 1782 font rénanHnc • - T puis quelque tenA tou^Tavec me cunofité de Ia part du public Ce te" fo. Ml y a trois volumes qui forment le 10 20 & 21 de Ia collf fl-mn r ,,. 19> embrafW „« 1 Les addi"ons qui fe dtS caV le nx juillet fSDSk^ Sdf7P7T On y a jomt au/1] Jes lettres fur 7?LIVa 17S1, qui auroienr dü être ■J:±/afonfe volumes de J'année dera?ere X ^168 attribue 1'omiffion au ret rd ' P °n crit a éprouvé en route t^^r firer que lorfque toutes cesadlio^ f rot compJettes, on faffe une üouvS^éS  C 33MMetf\mYsd'Hunaud, Binjamin Franklin , Faujas de SaintFond , de Li/Je , le Roi , de 1'académie des fciences. Pour cönftater cette feconde époque des progrès de la machine aéroftatique , il eft question de frapper une médaille, d'élever même xin monument au Iieu oü les voyageurs ont rabattu ; & il y a une foufcription ouverte & eet effet au cafFé du Caveau. C'eft un enthoufiafme général. aa Novembre 1783. Meflleurs de la caifle d'efcompte, bien loin de vouloir renoncer k leur établiffement devenu fi funefte, femblent tendre a le confolider plus que jamais, lis liennent aujourd'hui une alTemblée générale extraordinaire annoncéc , relative aux flatuts & régiemens. 22 Novembre 1783. On eft indigné que les Sieurs Hamelin & Cofter aient des penüons confulérables , lorfqu'on annonce qu'on les chafle par mécontentement. On dit que le premier a 20,000 livres & le fecond 15,oqo livres. Les amis du dernier, parti furie champ P 3  C 342 ) pour la Lomine, prétendent que c'efl; trèsTolontairement pour voir fon pays natal; qu'il n'eft nulleinent exilé. • . 23 Novembre 1783. Extrait d'une lettrede Chantilly du ao Novembre Je viens de voir les fameux cygnes étrangers fur lefquels on ne yous a pas raconté dans tous les détails , 1'anecdote qui vous intérefle; la voici. M. Mongès, le génovéfain , qui vientd'être couronné a 1'aeadémie des belles-lettres, fur le rapport qu'on lui fait du chant de ces cygnes , fe tranfporte au clüteau , examine & compofe fur ce phénomène un mémoire qu'il ht a 1'académie des fciences, enfuite k celle des belles-lettres au mois de juillet dernier. Inlïruit de la fenfation que caufe ce mémoire ■curieux, M. le.prince de Condé écrit a 1'académie des belles-lettres & defire qu'on lui ea faffe part. Deux académiciens , le fecrétaire de 1'académie & l'auteur,fe rendent auprès cte fon altefTe. Le prince les accompagne minieme , & propofe de facrifier un de fes propres cygnes pour faire chanter en leur préfence ces cygnes étrangers ne chantant qu'eii marqué de victoire fur quelque autre oifeau. Le cygne domeftique laehé, les nouveaux arrivés tombent delTus, Je tuent, fe mettent k préluder & a produire 1'harmonie defirée. Le male prenoit les deux notes mi fa, la femelle, te mi, & avec ces quatre tons ils formerent un concert mélodieux,  C 343 ) 23 Novembre 1783. C'eft mardi qu'aura ïieu la publication de la paix. Quant aux réjouilfances qui ne paróiffent pas devoirêtre confidérables, elles font remifes jufqu'au Te Deum. II ne fera chanté que lorfque M. Ie garde des fceaux, qui eft incommodé, fera en état d'y affifter. Meflïeurs de Notre-Dame fe difpofent a le rendre intéreffant pour les amateurs. Depuis longtems 011 fe plamt que ce n'eft que de la vieille mufique; qu'elle eft maigre , fourde , monotone, foporative: ce défaut, depuis que les oreilles font faites&l'harfnonie bruyante du chevalier Gluck &desfymphonïes allemandes, eft devenu infupportable , & la reine même en a témoigné fon mécontentement. \ E" conféquence, le cbapitre a tenu une délibération a ce fujet, & a arrêté que M. le doyen fe tranfporteroit chez M. le maréchal duc de Birotiy pour le prier de laiffer la mufi. que du Régiment des gardes fe joindre a celle de J'églife de Paris, & exécuter le Te Deum avec elle. On efpere que le mélange de cetté mufique militaire avec la mufique religieufe produira uti très-bon effet; on en fera des répétitions avant, oü feront invités les fameux Iiarmoniphiles qui en dé'cideront. 23 Novembre 1783. II paro'it un pamphlet dans 1'affaire des bénédictins, de quatre vingtpages environ, 011 plutót en général contre le ciergé, qui n'a pu être arrêté , comme celui P4  (• 344 > ëolê ie Charles qui ont des procédés dilTerens pour faire les expériences de la machine aéroftatïque : elle fubfifte, & en conféquence les partifans & foufcripteurs du dernier ont fait cönftruire un globe pour leur ufage. Ge globe a vingt-fixpieds de diametre, & de place pour environ 800 livres d'air: il y aura un char appendu au bas & lorfque fes accelfoires yferont joints & qu'il partira, on prétend qu'il aura conté environ 10,000 liv. de dépenfe. Après avoir tenté dans le char, oü montera un phyficien, diverfes expériences, fur 1'électricité , la denfité & la' chaleur de 1'atmofphere, ainfi que fur la gravitation des corps, on defcendra ce balon retenu par des cordes; Meffieurs Rohert, les aides de camp de M. Charles , lê faifeur vraifemblablement des premières expériences, fe mettront dans le char; on coupera les cordes, &ils vogueront dansl'atmosphere a baton perdu. Ils prétendent être fürs des moyens fimples qu'ils emplolront pour monter & defcendre a volonté. En attendant que ces expériences, dont lé jour n'eft pas encore indiqué, aient lieu , OB' va 'valbir le balon au cMteau d.es Tuilleries,, oü il eft expofé aux regards & k la cririque des curieux dabs la falie du concert fpirituel. Ii, u'eft encore rempli que d'air atmofphérique. 0.4. Novembre 1783. M. de Sauvigny avoit depuis plufieurs années une tragédie fur le répertoire des francois fous le titre de Gabrielïe. P 6-  (34?) iPEJïrée en cinq a&es & en vers. Elle avoit été jouée a Verfailles avec la même qualification & imprimée la même année. Depuis la querelle des auteurs avec ces comédiens, il n'a point voulu fe foumettre a la relute exigée, & il s'elt retourné du coté de Ia eomédie italienne pour faire fouer fa Gabrielle; mais il a été obligé d'en changer le titre & d'y fubftituer celui de piece dramatique. Il a fallu encore mieux: qu'il refit le dénouemenr. Dans 1'im- primé , 1'héroïne meurt empoifonnée , ce quï lui donnoit le caractere vraiment tragique, oc motivoit 1'oppofition du thédtre rival: elleconfent aujourd'hui it vivre , & avec cette tournure tous les obftacles,font levés. La première repréfentation de ce drame héroïque aura lieu demain. 25 Novembre 1783. Extrait d'une tettre dus Havre du 20 novembre...... Malgré les ré- flexions d'un célebre académicien, le marquis de Condorcet, les travaux de cette ville font commencés & les devis arrêtés a prés devingt millions. La plus grande partie de la citadelle eft démolia & nous n'en aurons plus; on la regarde comme intitile. On doit conftruire une nouvelle ville fur tout le terrein que la mer laifTe entr'elle & 1'embouchure de la Seine. II y aura deux baffins marchanls & un baflin royaT. Le baflin royal aétuel ne formera qu'un des deux prenyers.  C 349 ) Du baflin royal nouveau il partira un canai de vmgtpieds de profondeur allant k Harfleur Cet ouvrage avoit été projeté & commencé par * de Vauban: il facilitera 1'arrivée & 1'entrée des bois de conftrucrion & de tous les approvilionnemens qui viendront de Rouen. . Malgré tant de dépenfes, il eft des gens de 1 art qui eftiment qu'il ne pourra jamais entrer ici que des vaiffeaux de 50 canons au plus. II y a des travaux aufiï commencés a Dieppe pourle nétoiement du port, dont le galet combloit. 1'entrée; mais 1'éclufe qui doit opérer cet avantage, eft deftinée a en procurer un plus grand, & k former dans cette ville ün baflin affez profond pour recevoir des vaiffeaux de même grandeur qu'au Havre. Quant k Dunkerque,nous leavonsbienqu'il y a beaucoup de projets fur ie tapis & fi 1'on en exécute quelqu'un, il paroit qu'on rcviendra k celui de M. de Vauban. Ce feroit encore une affaire de fept a huit millions pour recreufer le baflin, faire curer le port & les forts &c. Mais il y a Partiele des fortifications de terre qui deviendroient immenfes &exigeroient de nouvelles fondations , puifque les anciennes font dans ia ville & que celle-ci eft a°-grandie de moitié. Ainii, nous fommes tranquiles & ne redoutons plus la concurrence de ce port jadis fi floriffant. 25 Novembre 17S3. Extrait d'une lettre de Pétersbourg du a5 Oétobre Le proiet P 7  C J5a 3 de notre fouveraine de fiéger fur le tróne dè^ empereurs d'Orient n'eft pas nouveau; il y r dix ans qu'elle écrivoir en confidence a Fohaire: „ Seriez vous ftcfié de me voir a conftan„ tinople habillée a la greque , & une cou- • ronne fur la tête?" Et ce philofophc n'avoit pas peu contribué a lui infpirer ces- idéés magniflques. 26 Novembre 1783. L'arret du confeil qua Meffieurs de la caifle d'efcompte fe llattoient d'obtenir en leur faveur, a eu lieu prompte* ment. Heft daté dü vingt-trois de ce mois.. Dans ün long préambule Sa Majefté déclare qu'ayant pris une eomioiffance exacte de tout ee qui concerne la caifle d'efcompte, desprin* cipes de fon inftitution , des caufes qui out amené la crife qu'elle a éprouvée , de 1'eftet. qu'ont produit les moyens employés pour. y remédier & de la fituation actuelle öü elle la trouve , ellfe rend juftice a 1'utilité de cette caiffe, &prend les mefurcs néceflaires, en la confervant , pour qu'il n'arrive plus rien de- pareil. . On a furtout foin de dëtrmre les idéés confufes de papier -monnoie , que les circonftancesont fait nattre & les alannes que ce mot feul infpire. Afiii d'y mieux réuffir; on affiranchic la circulation des billets de toute contramte & déclare leur acceptation purement volontaire j enforte que 1'effet des- arrêts des 27- & 30 feptembre dernier ceflé dès ce moment..  C 351 ) On Homolögue les ftatuts dont les principaux portent la création nouvelle de mille actions annoncées cc ajoutées aux quatre mille anciennes ; en forte que le capital des fonds de la caiiTe en circulation feront dé quihze millions y & en outre il y aura en rérerve deux millions cinq cents mille livres, provenant des bénéfices de la caiife & du fupplément dés actions nouvelles, dontil a auflï été parlë. II fera toujours gardé en caifle un fonds Want d'efpeces effeclives dans une proportion qui nepourra jamais être moindre du tiers ou quart de la. fomme des biUets en circulation. ■ II ne fera rien efcompté h plus dé quatrevingt-dix jours de terme, & le prix del'efcompte ne pourra excéder quatre pour cent pour ce qui ne paflera pas 1'échéance de 30 jours, & quatre & demi pour cent pour les effets dont échéance fera depuis trente jours jufqu'a quatre-vingt-dix. , ,(rCe Cr!tiqUe dans cet arrét> c'eft qu'enaffrancfoflant les caifles générales & particuBeres de k contrainte de recevöir ces billets on fe contente de dire: qull eft carculé & dé\ montrè que bientót & furement avcrnt Pépoauè du premier janvier prochain , /„ admitiftrateurs de Ja caife d'efcompte feronr en. état de pajera bureau om ert, & de fatisfaire ffans aucun fecours, a tous leurs engagemens. Miss  (35*)) ces adminiftrateurs ne font pourtant pas forcés de payer dès ce moment des billets que leposfefTeur peut fe trouver forcé de garder. 26 Novembre 1783. On concoit que Ie fujet de la piece de M. de Sauvigny ne peut être que le même fujet de celui de la Bèrènice de Racine,b. que fi ce grand homme yaéchoué, il ne devoit pas fe flatter de réuflirmieux. Les trois premiers actes ont cependant été aflezapplaüdis ; mais le caractere d'Henri IV foiblit tellement dans les quatrieme & cinquieme, qu'on sïndignecontre l'auteur,dele fubordonntx ï celui de Sully, & qui plus eft k celui de ;fa maitrefle. Un dccret de Rome qu'il faitintervenir & fervir de nreud a fon intrigue par 1'oppofition de cette cour au mariage, &fes menaces , eft furtout ti-ès-révoltant de netjours oü les foudres du Vatiean ont perdu toute leur force. Du refte, la piece n'eft pas fans mérite; il yades morceaux intéreflans de détail, des vers de fe ntimen t, & la verfification en général a de la douceur & de 1'harmonie. La nouveauté d'une tragédie aux italiens y avoit amené hier beaucoup de monde; on étoit curieux de voir comment ils s'en tireroient, & en général il n'ont point mal joué. Le róle de Sully auroit été Ie mieux rendu par le Sieur Courcelle, fi la mémoire ne lui eüt pas manqué quelquefoiSr  C 353 ) Bu refte, il y avoit une forte cabale de la part des comédiens francois qui voient avec peine ces rivaux s'élever & bientót s'aflimiler k eux & chauffer jufqu'au cothurne. £6 Novembre 1783. Hier a eu lieu la pubhcation de la paix, dont la formule mérité' d'être connue par fa fmgularité. M. le Chevalier de Ja Haye, roi d'armes de France, accompagné d'un détachement de fix héraults d'armes , précédés de la mufique de la chambre & des écuries de Sa Majefté, du maltre des cérémonies , a été prendre , de la part du roi, le prévót des marchands, le corps de la ville & le cbitelet: après y avoir recu 1'ordonnance de Ia paix & en avoir fait faire lefture, ces différentes compagnies, &députations fe readirent dans les places publiques, oü le roi d'armes de France, après avoir commandé trois chamades des cloches d'armes de Sa Majefté, a par trois fois prononcé: De par Je Roi, & a dit: Premier hérauJt d'armes de ' France, au titre de Bourgogne, fait es les fonctions de votre charge, & lui a remis en mcme tems , 1'ordonnance de Ia paix , que le premier hérault d'armes a publiée. Après quoi le roi d'armes a fait fonner trois fanfares, & a prononcé par trois fois : Five Je Roi ce qm a eu heu dans quatorze places publiques. Enfuite on s'eft rendu a la ville oü le roi d'armes de France & les héraults ont foupé avec le prévót des marchands &c.  C 354' ) - Par un ancien & fingulier ufage , le jour de la publication de la paix. il eft préparé aux feuillans une collation dans 1'après-midi , oü. font recus feulement le roi d'armes de France & les héraults. Les magiftrats , qui n'y font point invités, les attendtnt. Fin du vmgt-troijiem FoJume»