I  MÉMOIRES S E C R E T S POUR SERVIR A L'HISTOIRE de la RÉPUBLIQUE DES LETTRES EN FR ANCE5 eepüis MDCCLXII jusqu'a nos jours; JOU RN A L DUN OBSERVATEUR, CoiïTENANT' /fj- Analyfes-des Pieces de Thédtre gut ont paru durant eet intervalk; les Relations des AJJemblées littéraires; les Notices des Livres nouveaux , clandeftins, prohibés; les Pieces fugitives, rares ou manufcrites, en profe ou en vers; les 'Vaudevilles fur la Cour; les Anecdotes 6? Bons Mots~\ les Eloges de-s Savans, des Artijtes, des hommes de Lettres morts, &c. &c. &c. TOME VINGT-SIXIEME. büc propiüs me, vos ordine adite. m Hor. L. n. Sat. 3. vs. 81 $ 8ï. A LONDRES, Chez JOHN ADA'MSON. MDCCLXXXVi  ^^^^^^^ I  MEMOIRES SECRETS POUR servir A l'HlSTOIKE de la Répüblique des Lettres en France, depuis MDCCLXU, JUSQü'A NOS JOURS. ANNE'fi MDCCLXXXIV. 18 Ma/ 1784. Par des Lettres patentes en forme d'Edit, données a Verfailles au mois d'Aofit I78t. & enrejnftr^c d„.i„ ment de Touloufe Ie 10 Janvier dernier les portions congrues des curés & vicaires' au aiocete de i oulouie fonc augmentees & pour eet effec J'Archevêque eft aucorifé £ fupprimer certains Prieurés & autres JJénéfices y défignés. Le Parlement, dans fonenrégiftrementdie „ que fera ledit Seigneur Roi trés ■ humble. 3, ment fupptié de prendre tous les moyens 3, que fa fagefle lui infpirera, pour accélérer „ 1'amélioration du fort des curés congruiss, tes & des vicaires dans tous les autres „ diocefes du reffort de la Cour. " 19 Mai 1784. Extrait d'uné Lettre ds Rouen, du ij Mai....... „ U, Blancharé n ayanc pu obtenir a Paris la permiffion de répéter fon expérience du 2 Mars, s'eft rendu^ dans cette ville, oü il annonce qu'elle aura lieu le 23 de ce mois. 11 promet de monter & de defcendre a volonté, au moyen A 2  (4) «Talles & de machines qu'il a iavetitées; de planer longtemps; ^/aire divetfes^ola. dons dans un efpace circonfcnt. U ne pioroe pas de diriger a volonté, maistfles- PTo M« 1784. M. le Comte de ChoifeulGouffitr ayanc été demander au Roi fon agrément pour la nommauon flue l Académie Franse a faite de M. de Montefqnou S. M. annïouva le choix de rAcademie , * E«Mnformer en même tems de etat de M. ï Franc de Pompignan, fon déiefpere fe voir pleinemenc fe rétablir, depuis la dernie% attaque d'apoplexie donc ,1 . été fra2aéM « ^ ^ ZmU. M. ^ fait affaut J modeftie «vee le Chevalier Gluck, fon ma!. Z Ls une Lettre adreffée aux Journalifte. dc Paris en date du 16 Mai, en coB- 1  C5> tfenant que les idees muGcales des Dannïks font de lui, il déclare que 1'emploi qu'il cn a fait, leur application aux paroles & leur raarche dramatique, lui onc été entierement fuggérés par 1'auteur d'Iphigénie. 21 Mal 17S4. On n'a pas manqué deplaifanter M. Ie Marquis de Montefquieu fur fa slominatiön a la place vacante è I'Académie Fran^oife. C'eft une épigramme vive, courte & plus piquantè que fi elle étoit bien longue, en ce qu'elle frappe égolement & fur fa nullité littéraire & fur fa morgue: Montefquiou- Fezenfac eft de 1'Académiei Q'jei ouvrngè a-t-il faicSa Généalogie. Ce qui rend 1'épigramme encore plus jufic .& plus mordante, c'eft qu'on afifure que ce Seigneur a crFeftivernent compofé & livrc a i'impreffion fur cette matiere un petit livre qui ne fe vend point, mois qu'il donne a fes amis, h fes créatures, a fes valets. 21 Mai 1784. 'Dans ce teros 011 les charlatans puilutent de toutes parts & fur toutes fortes d'objets, un poëte aimable & irigénieux a cru devoir leur iroprimer le ridicule qu'ils m'éritent, par une petite piecedevers irès-joüe: tournure, la meiileure pour guérir, s'il eft poffiblc , 1'imagination de leurs crédules enthoufiafles. Elle a pour titre : Portrait du Charlatanifms, fait par luimime dans un moment de fravchi/e. On attiibue cette produftion manufcrite a un ExA 3  co Jéfuite , nomtné Carutti. Comme elle frappe un peu fur le Miniftere, nos Journaliltes n'ont ofé s'en emparer. 22 Mai 1784. M. Roittiers, graveur, qui avoit la 'qualité de Chevalier - Membre de I'Académie Royale de Peinturc & de Sculpture, vitnt de mourir. Ce n'eft point une perte pour les arts, en ce que depuis plufieurs fallons il n'y avoit rien- expofé. 22 Mai 1784. Un abbé Rouffeau, jeune homme de 22 a 23 ans, qui débutoit dans 3a Lktérature, membre du Mufée de la rue Dauph:ne,y lifant quelquefois de la profeSc des vers; mardi dernier efl: allé diner au palais royal, chez un reftaurateur. Après avoir copieufement bu & mangé', il s'efi: retiré dans un petit cabinet fous prétexte d'écrire; jl a demandé du papier & de 1'encre. Peu après on a entendu le bruit d'un coup de piüolet; on 1'a trouvé mort. On a lu fur la tabïe, dit-on, ces vers-ci, ovu ilexplique les motifs de fa funefte réfolution & qui peuvent lui fervir d'épitaphe: Né de parens obrcurs, rebut de la fortune, Et follement épris pour d'innocens appas, Donc, fans quelque forfait, je ne jouirois pas, Je rfai pu triompher d'une fiamme importune, Ët j'ai préféré le trépas. On veut qu'il füc devenu amoureux de la fceur d'un jeune homme dont il étoit 1'infti. tuteur; que la Demoifelle ne füc pas éloi-  (77 gnée de fe laifler féduire; mais qu'effrayé da ce crime & des luites, dans la crainte de fuccomber a fa paffion, il alt pris ce parti violent, tel qu'il 1'annonce dans Ion tefta*. ment de mort. 22 Mai 1784. L'école du chant établie par Arrêt du Confeil d'Etat du Roi du 3 Janvier 1784, a fait fon ouverture le 1 Avril dernier. M. Gojfet a été nommé Directeur de cette écolc, & c'eft k lui que Fon s'adrefle pour y étre admis; UvK Piccini, l'Anglès & Guichard, maftres pour la perfeclion & le goüt du chant; Mrs. Rigel, Saint-Amand & Mém, pour le folfege; Mr«. Gobert &. Rodolphe, pour le claveffin & la compofition; M™. Molé & Pillot, pour la déclamation & le jeu du théatre ; M'-s. Guènin & Rochez, pour le violon & la baffe; Mr. Rojfet,pour la langue frangoife & 1'hiftoire; Mr. Bonadieu, maf. tre-d'armes, & Mr. Deshays, maftre a danfer. 23 Mai 1784. Me. Monnot, le Député" des Avocats du Parlement de Bcfangon, eft un membre très-ardent, qui avant de venir ici a eu une prife violente avec Mr. Droz, Ie Confeiller de Grand' chambre Ie plus inftruit, le plus zélé, le plus ardent & le plus defpotique. Me. Monnot, arrivé è Paris n'a eu rien de plus pr^efle que de voir fes confrères du Parlement de Paris, les anciens Batonniers furtout, qui ont regardé la querelle de BefasA 4  (8) «on comme la leur propre, & en Gonfcqnen* ce ont convoqué une aflemblee générale de 1'Ordre La conduite des Avocats de Belancon y a été approuvée & 1'on a nommé kir le champ deux Députés pour aller voir M . le Garde des fceaux , lui repréfenter que tout ce qu'avoit fait 1'Ordre-des Avocats de Befancon étoit conforme au Réglement de 1707 qu'il feroit fupplié de vouloir bien remettre en vigueur, ainfi que d'éteindre la procédure monftrueufe du Parlement de Befencon.de maniere qu'iln'enrefle pas veilige. 23 Mai 1784. Le Sr. de Beaumarclms tiênt de finir un opéra, dont il a fait ledare a un comité d'élite. On en a étéenchanté. 11 ne s'agit plus que de trouver un muficien diene de le mettre en mufique. 11 en fait bien lui-même, & de fort agréable; maïs U n'ofe entreprendre une fi grande tache. 24 Mai 1784. Le Parlement ne perd point de vue 1'afFaire des Quinze - Vxngts. Le Premier Préfldent a dü porter encore hier au Roi de nouvelles Remontrances & furtout 1'expofé des faits venus a la conBüiffance de la cour,, extra-judiciairement., ü eft vrai & par dss témoins non fermentés, mais fi graves, fi circonftanciés, fi muldpliés & fi appuyésfur la notoriétépublique, qu elle a'a pu s'empêcher d'en mettre le tableau feffrayant fous les yeux de S, M. Ces faits font de trois natures diftérentes. £,es uns concernent lé defpocifme du. Grand-  Grand-aüröónier, porté au roint qu'il rraintient en place un officier nommé par lui feu! au préjtidice d'un sütre nommé par le Rc>i, revêtu de Lettrés patèntes e'nrëgiftrées ; ]ès autres roulent fur 1'infidélité de fa gestion; enforte qu'il paroitroit s'êtré appróprié prés d'un million au moins: "enfin lés derniers prouvent k quel excès de debordcment eft venue cette maifon relipieufe, t-ü 1'on ne trouve paftout, au contraire, qüe des fcenes d'impüdicité & dé fcandalejüsques dans 1'églife & au pied des aütels.- Le Parlement n'abandonne pas nön'p'lur 1'rffaire des Bénédiétins, & il doit'y'avtrtr aujourd'liui afTemblée de CommifTaircs, pöOr rédiger vraifemblablement de troifiemes Remontrances. La Commiifion des Régulier? 'étant dévenue un acceffoire plus important que le fond, n'y fera fans döure pas oübliéé. Quant aux Lettres de cachet, furtobt" celle de Mr. de Mious, comme le fort'ch celui - ci' paroit s'aggraver è mefure q'ö'e TtParlement'remonrre en fa faveur, il a cru' par hümanité pour cét exilé devoir" refter dar le filence en ce moment, &' cprouver il 1 fi'tuation de Mr. de Mious en" déviëndra mcilleure.' Du rede5, Ie Roi' n'ayanf encoïê jflfjrancune réponfe au Mémoire concéraan'Jtlés* abus de la jüfbïce , eet cbjét rtttë'it) fiAtfrlffipp 24 Mai 17S4: Le Clergé' de FVififcttféat de gémir d'un nouveau' fcaadsfe I.f  ( ïo ) s'agït d'un abbé Arnoux, ci-devant Avocat, aujourd'hui Grand-vicaire de Mr. 1'Archevêque de Rheims,qui avoit toute faconfiance, toute celle de la maifon de Talleyrand; qui, par contrecoup avoit acquis un grand crédit auprès de beaucoup de Prélats; donc la maifon étoit le féminaire des jeunes Ahbés de qualité, afpiranc aux gros Bénéfices & a 1'Epifcopat; revêtu en outre de Bénéfices pour vingt-cinq mille livres de rente, fans compter ce que lui valoit fa gefiion de 1'Archevêché de Rheims: ce perfonnage vient de renoncer a tout cela pour une grifette qu'il a enlevée & avec laquelle il eti en fuite. On prétend qu'il fait en outre une banqueroute confidérable. 25 Mai 1784. Le Docleur Mefmer a enfin fait imprimer un volume d'environ 80pages, qu'il diftribue a fes adeptes, ou 1'ons'attend a trouver fa doótrine déduite, & oh 1'on ne trouve qu'un grand étalage des cures qu'il a faites a Vienne, en Suifie &enFrance; des perfécutions qu'il y a efiuyées: enforte que ces cures, telles que celle de Mlle. Paradis, qu'il avoit guérie de la cécité, & que nous avons revue aveugle ici, font pres» que toujours reftées imparfaite*, ou même anéanties tout-a-fait. II finit par établir quelques propofitions qui, bien loin de contredire les lettres de M. de Montjoie, publiécs dans le Jottrnal de Paris, dont on a parléjY font abfoluraent conformes. C'eft ub  C ir ) vrai galimathias, femblable k celui des Tivres cabaliftiques , bertnétiques , aux ouvrages des alcbymiftes, des médecins Arabes & autres , de Nicolas Flamel, de Noftradamus, en un mot, de tous les partifans de 1'aflrologie judiciaïre, ou de la philofopbie trismégifte. 25 Mai 1784. Ou De peut mieux placer la piece du Charlatanifme, qu'a la fuite de 1'article concernant le grand charlatan dont on vient de parler: J'ai créé Ia race innombrable Qui, par Ie merveilleux, féduit le genre humain: J'ai le ton emphatique, avec un air capable; J'excelle aux tours d'efprit,j'ex celle aux tours de main; Je m'enveloppe du myftere, Et je m'environne du brui: : Le bruit en impofe au vulgaire, Et le filence a 1'horame inftrftit, On me voyoit jadis fur la place d'Athene, Du haut de la tribune inipïrer les rbétetirs % Prés du tonneau de Biogene Je raiïemblois les fpeftateurs •■, J'ai fait valoir plus d'un grand homme, Changeant felon le fiecle & felon Is pays; Je ra'en vais débicant des reliques a Rome-, Et des nouveautés h Paris. Autrefois Moüniiïe, Enfuite Janfénrfie, Puis Encyciopédifte, Ei pais Economifte, A préfent Mefeerilje, Ceft moi qui uaduiüs par d'neareas changement A 6  L'efprit Evangélique,, L'étudé politique, La fcience pliyfique En ftyle de roman?. Dans le fiecle paffé je redontois Möliers „ A fon nom encor je frémis. Dans le fiecle préfent je redoutois Völtake;Roufleau, fans le vouloir étoit de mes amis; Dans le fénat Anglois je joue un uès- grand róle Mon zele aux deux partis fe v » - *. Je n'ai pu jufqu'iei faire accepter mes dons, Mais j'en efpere davantage, Depuis que fes héros inventent des cordonsDes Papes quelqnefois je colorai les huiles?. jfai fouvent embelli les récits des héros ; De nos cóntrAleurs généraux Te tonrne auill les préambules. Je dicle-a nos prélats de pieu* nMndemeng*. Des difcours aux académies: Sans étre ému j'ai de grands mrouvemensj; Pompeuiement j'orne des minuties. Profefleur émérite en 1'üniverfité, Je ftiis vieux dofteur en Soibonner Mais ma première place eft dan? Ia Fsculté*. Et ma feconde auprês du Tróne. En peu de mots voici les traits Auxquels on peut me reconnoitre \-, J'aiine a parler, j'aime a paroitrejj'aime a próner ce que je fats; 'jlaime a groffir ce que je fais; J'aime \\ juger, ftSme a promettrej;  f 13) J'aimonce les plus beaux fecretsr Je n'en ai qu'un; celui de mettre Tous les fots dans mes intéréts. Venez voir dans Paris tout 1'or que j'accumulej: Venez voir prés de moi les badauds attroupés: Depuis la fainte ampoule ils y font attrapés:. Ge Francais fi inalin. eftencor plus crédule. 26 Mai i;84. Depuis longtems on parlê d'une contettaticn qui fedoitengpgerentre Me. Linguet & Ie S1'. le Quefns-, au fujec des friponneries dont Ie premier taxe ce dernier. On annoncoit même que Me. Troncon du Coudrai, Avocat, fon compatriote, plaide* roit pour lui: on fait aujourd'hui que Me Linguet demande a venir plaider lui • même* & ne veut abfölument qu'aucun autre confrere foit chargé de fa caufe. C'eft dans cette jdée fans doute qu'il doitenvoyei-, avec fon Journal, è tous fes foufcripteurs un Mémoire judiciaire de-3o pages, ou trauant PafFaire ex profejfo, il revient fur la même matiere dont il les a déja entretenus trés - amplement comme Journalifte. Ce Mémoire eü figué de Qiiequet, Procureur au Chatelec; ' co qui annonce que le procés efïen premièreinfiance h ce tribunal. II efL fort rare, & quoiqtre beaucoup de gens en parient, peu i'ont vu. 26 Mai 1784. M. Benbolet, Dofteur eamédecine, de la Faculté'de Paris, Adjoint de 1'Académie Royale dés Sciences pour la. Claffe de Chymie, avoit donné fes cent Louisau Sn Mefmer, & en conféquence avoit été A 7/  ( 14 ) déja admis a quelques féances, lorfque confondu de toutes les niaiferies qu'il voyoit, il a exhalé fon indignation & a fait unefortie violente contre eet étranger, en le traitant de la facon la plus méprifante, lui & fa doctrine Il a apoftrophé enfuite les enthoufiaftes crédules du charlatan, leur a ditqu'ils étoient des dupes, ainfi que lui; qu'il leur confeilloit de 1'imiter, de laiffer M\ Mefmcr débiter tout feul fon galimathias qui n'avoit pas le fens commun, & qui n'étoit que les vieilles rêveries de 1'aftrologie judiciaire rajeumes; que pour lui il n'auroit pas la fottife de revenir, & que pour empêcher les autres de donner dans de feoiblables folies, il alloit publier fur les toits que le prétendu fecret du Sr. Mefmer ne conüftoit que dans des fimagrées vaines, dans des puérilités miférables, dans des folies indécentes & dangereufes. On a voulu lui objecler le ferment par lequel il avoit juré en entrant de ne rien révéler de ce qu'il avoit vu. II a répondu qu'il ne fe croyoit pas obligé par un ferment qui portoit lui-même a faux & n'étoitqu'une fmgerie de plus. 11 eft forti furieux alors & récite cette fcene a qui veut 1'écouter. 26 Mai 1784. M. le Baron de Eretcuil continue h s'occuper fans relache de tous les moyens d'améliorer encore les hópitaus & maifons de force. Le 24 de ce mois, il a vifité dans le plus grand détail, en préfence des Adminiftrateurs, les maifons de Bicêtrt & de la Salpctrisre.  C ij ) 27 Mai 1784. M. de Montgolfier a été reca Chevaiier de 1'Ordre de Saint. Michel, dans le Chapitre de 1'Ordre tenu le 8 de ce mois aux Cordeliers. C'eft M. Ie Vicomte de la Rochefoucault qui y a préfidé au nom du Roi; & M. Pouffin de Grandchamp, Secrétaire du Roi, 1'un des Chevaliers, nommé auffi par S. M. pour fuppléer M. Collet, Chevaiier & Secrétaire de 1'Ordre, y a prononcé le difcours d'ufage. 27 Mai 1784. On parle toujours de nouveaux aëroftats, & chaque province a 1'envi veut jouir de ce fpeclacle. M. Eigene, Ingénieur des ponts Sc cbauflees h Nar. bonne, y en a lancé un le28Avril, fuivant la méthode de M. de Montgolfier, qui ea moins de quatre heures a fait 32 Jieues. II n'y avoit point de voyageur; il étoit en toile & papier, de 30 pieds de diametre. _ Le S'. Adorn, opticien & phyficien Itahen, établi a Strasbourg, en ayant corifiruit un auffi fuivant le même procédé, s'eft éle vé avec lui le 15 de ce mois; il avoit un compagnon de voyage; Hs ne font reflés que quatre minutes en 1'air: il eft retombé fur un magaGn de paliflades, y a mis Ie feu & auroit caufé le plus grand dommage fi ]e feu n'avoit été promptement éteint. Les deux voyageurs n'ont pas péri, mais fout en mauvais état. 2§ Mai 1784. Outre Ie iivre doet on 3 parlé, le Doctear Me/mer a fait imprimcr  t is y Orf petït 'lïvret, contenant la lifte des' cent premiers membres, fon'dateurs de la Sociétê de 1'Harmonie, depuis le i Oftobre i73 iafques au 5 Avril 1784. AinQ voila le Mefmérifme érigé en Société: ou ; Ordre, dont il eft ié Grand-maïtre. On lit enfu-G lés noms' des cent Chevaliers, parmi Iep ouels les plus ilïüftres perfonnages de h Cour, des.Académiciens, des Médecms, des Savans., des Chefs d'Ordre, &c Ceftun délire incroyable. Dêpuis ces cent apcdeutes, il cn a-enrö!é:'-près de cent autref.il s'établit des baquets partout. On nam me ainü la cuve commune, Réfervoir dü Ma?rJ-tifme animal, auquei' tous Eesr malades porapent enfemble ce précieux fluide. 28 Mai 1784. II paroit que c'eft un Me*moiré que le S*. lé Qiiefne a pris enfin le parfi1 de faire compofer & de communiquer pouï fa défcnfeaux-Juges duCMtelet, öörlé procés eft réellemenc eogngé avcc"Mfi- Linguet', qui a été envoyé a celui"- ci h 'Londres. Sa1 bile s'én 'eft enflamm'ée, & il a deT.ouvèau 1 enfanté' fur-cette matfêre un" Mémoire trësvolumineux, qu'il a; fait pafïer en" répöpfe aux Magiftrats & qu'il compte donnef k fes foufcripteurs dans une fuite de Numéros. II eft'vrat que ce fera ud cadeau qu'il leur ' fera, d'tt-onr gratuftemenr. 29, Mai 17841. L'Heliopt occape 'tonjours'les favaasy aft'ronomer & navigateurs. C'etï;aiaft. qu-ön mmms rinftrumeat iEveHté^a?'-'  c n)' Ki. dé Sornay, pour trouver la longitude1, On a déja parlé de cette découverte faite a Yljle de Francs, & dont les premières expéi riences ont eu lieu dans les mers des-Lades. Elies ont été conteftées ici, & M. de la Lande entr'autres a para fe moquer de la crédulité de ceux qui racontoient ces fait?. II a même effuyé des réponfes dures. MFSde Beaulieu, de Looz & de la Ronfiere, trois Capitaines de vaiiTeau d'un mérite diftingué-, qui avoient fait féparément depuis quatre ar.s dans des voyages de long cours beaucoup d'obfervations avec eet inllrumeBt, fe tro» vant réunis k Pari's, s'aflemblerent le 22 de ce mois a 1'Obfervatoire. Us y déterminerent, conjointement, en préfence de plufieurs perfonnes, la longitude de Paris, a.L*aide de deux Heliopts, quj la donnerent é'galement avee la plus grande précifioil» Cette expérienee paiTe pour ü authentique qu'oD ne doute pas qu'elle ne force enfin F Académie des Sciences a s'expliquer &.i donner fon fuffrage a YHeliopt. 19 Mai 1784. M. Radix de Saint e-Foyr par arrangement avec le-Parlement eft revenu h Paris le mercredi au foir. II s'eft confiitué le lendemain jeudi prifonnier k la Conciergetie, & puis en eft forti pour fe rendre k l'audience & préfenter a gecoux fes lettres d'abolition & d'extimftion. Après avoir répondü aux diverfes questions d'ufagc. ces lettres, fur les conclu-  C 18 ï fions du Miniftere public, ont été admifes pour qu'il eü| a fe pourvoir è la Tournelle & les y faire entériner. Un monde immenfe affiftoit a ce fpectacle. 29 Mai 1784. M. de Fontanier, Chevaiier de 1'ordre royal & militaire de SaintLouis , ancien Intendant & Contróleurgénéral des meubles de la Couronne, Commifïaire général honoraire du bureau des dépenfes de la maifon du Roi au département du garde-meuble, de 1'Académie de Stock' helm & des Académies Royales des Sciences & d'Architeclure de Paris, vient de mourir. 30 Mai 1784. Encore un nouveau Journal qui s'annonce pour le ier. Septembre prochain. II aura pour titre: Journal du Roulage & du Commerce de l'Europe. Cet ouvrage périodique paroitra une fois par femaine. Son plan eft de renfermer réguliérement dans une feuille de quatre pages, tous les renfeignemens qui peuvent faciliter les opérations du commerce dans 1'intérieur du Royaume & dans toute l'Europe. On voic qu'il eft fpécialement deftiné k tous les Négocians, Banquiers, Commercans, Manufaöuriers, Fabriquans, Confommateurs & Rou» liers de YEurope. Ce plan eft déja ancien, car les auteurs du Profpeclus fe glorifient que 1'Empereur 1'ayant vu a fon dernier paflage dans cette capitale, fut tellement frappé de fon utilité pour le progrès du Commerce de l'Europe,  C ie 3 que non.-feulement il leur permit de faire circuler librement leur Journal dans tous les Etats héréditaires, mais leur offrit d'enfaire diflribuer le Profpectut. 30 Mai 1784. Q_uoique le Jugement du Confeil de guerre de l'Oriënt, mis fous les yeux du Roi, ne foit pas encore public, comme on fait a peu prés ce qui en doit réfulter, on a fait déja un calembour desfus. On dit que toute 1'armée navale eft innocentée; M, de GraJJe déclaré fpécialement innocent; le Roi, comme accufareur, mis hors de cour, 6c 1'Etat condamné aux dépens. 30 Mai 1784. L'affaire du de NaJJau de Chate'ïleraut n'aura pas lien; il paroït que I'aut'orité s'cn mêle, qu'on a intimidé ce maiheureux maïtre-d'école t ainü que les Avocats chargés de prendre fa défenfe; que M. 1'Avocat ■ général Seguier, qui devoic porter la parole dans cette affaire, s'eft même ouvert a eux 6c leur a paru fi prévenu qu'ils ont cru devoir y renoncer. On veut même qu'il y ait eu Arrét, auquel il a confenti, qui lui fait défenfes de fe dire NaJJau. 31 Mai 1784. On parle d'une chanfon en plufieurs couplets fur la piece du Sr. de Beaumarchais, qu'on annonce comme bien fupérieure h 1'épigramme, comme non moins méchante, non moins jufte, mais plus fine & plus gaie. Elle eft rare encore, 6c 1'on  C 20 > ne cfeit pas que le héros foit tenté d'y donHer de la publicité, comme il Pa fait h Végard de 1'épigramme. 31 Mai 1784. II exifte depuis prés d'un demi-fiecle en cette capitale UDe Sociéte des Enfans d'slpollön, oh font admis tous ceux qui dans les arts libres ont une certaine fupériorité & qui en outre ent des mceurs & de la confidératioti. Jufques ici "les membres fatisfaits du bonheur qu'ils goütoient ertre eux, ne s'étoient pas piqués de donner aucun éclat a leurs afiemblées. Enfin ils ont voulu auffi faire parler d'eux & n'cn feront fans doute pas plus heureux. Cette Société a arrêté de donner une fois par an, dans le cours du mois de Mai, un concert public, dans lequel on ne joucroic que des morceaux nouveaux, compofés & exécutés par- des fseres. Le premier a eu lieu le jeudi-27 ^e ce mois dans Ia falie du Mufée de la rue Dau. phine, & fon exécution a été parfaice. Un Hymne d Apollon-, dont les vers, trèslyriques, prêtcnt furtaut a la variété & a la richefi'e muficale , a frappé le plus les auditeurs. La mufique eft de 1'Abbé Rofe; 1'auteur des paroles eft anonyme. 31 Mai 1784. Extrait d'une Lettre de Rouen,du 26 Mai „Le 23 de ce mois a fept heures da.Mr, M. Blanchard s'eft élevé feul, avec le même aëroftat dont il s'étoir. fbrvi le 2 Mars a Paris & que M'. Vallet étoit.  C 31 ) venu remplirici, car M. Blanchard, habile raécha.ncien, n'c-fr poinc du tout phyficien. 11 eft defcendu a quatre lieues de Rouen. Ses ailes écoient m bon état & il n'a éprouvé aucun obftacle. Mais on n'a pas r,e marqué qu'il ait fait les évolutions qu'il avoit annoncées, ni qu'il fe foit fervi d'autre direelion que de eeile du vent. i<-r. Juin 1784. La chanfon dont on a .parlé contre la piece du Sieur de Beau» marchais eft en quatre couplets, fur le même air que ceux chantés a la fin, par les divers perfonnages- Jadis on a vu Thalie Jeune & d'alféz belle h.ameaï Se permettre la faillie, Sans allarmer la pudeur; En •mauvaife compagnie On voit bien a fes difcours Qu'elle vit fur fes vieux, jours. èh„ * Mefdames, plus di grimace, Plus d'éventails., plus d'hélas! On pourra veras dire.en face Ce qu'on vous concoit tous bas,; Ce n'eft que changer de place, L'amour y perd; mak enfin C'eft abréger ie chemin. bis. Prés de eet amas grotefqae De frlpous & de catias ,  C 22; Parlant en flyle burlefque, De leurs projets libertins; Pourquoi d'un ton pédantefque S'écrier, ah! quelle horreur! C'eft 1'hiftoire de 1'auteur. bit, * Oui, Meffieurs, la comédie Que tout Paris applaudit, Des erreurs vous peinc la vie Du grand homme qui la fit; De 1'impudence impunie On admire le he'ros Sous les traits de Figaro. T>is. ier. Juin 1784. Mr. 'de Montgolfier qui, nommé 1'année derniere Correfpondant de 1'Académie royale des Sciences, vient d'en être élu Affocié, fpécialement chargé par le Roi * par 1*Académie des travaux propres a, tirer parti de fa découverte des Aëroftats. En conféquence , obligé de retourner a Annonay pour fes affaires, il y a emporté le globe de foixante-dix pieds, avec lequel il a fait des expériences depuis un mois. 11 les continuera dans fon pays, foit relativement au cómbuftible, foit par rapport aux forces néceffaires pour diriger ce globe. 2 Juin 1784. Une grande affaire exiflante au Chatelet, entre W. Benin» Miniflre d'Etat, accufateur,& plufieurs de fes Cunmis accufés, eft précieufe comme hiflorique a raifon des diffërentes connoiffanc-es  (23) qu'on puife dans les Requétes & Mémoires imprimés qui y ont paru. On y voit d'abord conftaté d'une fagon juridique en quelque forte, que le feu Roi avoit un pécule particulier. Que ce pécule conüftoit principalement: l°. dans les revenus de Ia province deDombes. 2°. Dans la propriété de i yOjOco livres de contrats, refte de la place de fermier général réfervée, lors du bail de 1762. 30. Dans le bail de j ?ó"8. Ces difFérens objets qui donnoient k pea prés 350,000 livres de revenus , étoient précifément les fonds du Département de Mr. Bertin; il en avoit la direétion, & il en étoit conftainment 1'ordonnateur, 1'adminiftateur. II réfulte encore de ces Mémoires que les Bureaux de Mr. Bertin n'étoient pour la plu- part qu'un repaire de coquins, de brigands, de banqueroutiers & que ce Miniftre, fans être dérangé dans fes mceurs, par fa pareffe & fon infouciance, caufoit «Sc fomentoit le dérangement de fes fubalternes. Outre les difFérens Commis de ce Miniftre qui ont déja paru fur la fcene fous ce noint de vue, deux nouveaux figurentici; favoir, les Siturs le Seurre & Belon, accufés d'abus de confiance & de divertiffement de deniers. Le procés eft toujours pendant au Cbitelet depuis 1777. On y voit encore que la dotation de 1'Or-  C H ) dre du Saint Efprit dont M. Bertin étoit Grand -Tréforier, eft de 581,000 livres. 2 Juin 1784. Un S>. Michel, machinifte de Strasbourg, eft arrivé ici & fait voir un fpeclacle fort curieux.; il conüfte dans une machine imitant parfaitement le tonnerre dans les plus grands orages & dans les eftets les plus terribles. On trouve en outre chez lui des modeles de machines fingulieres, telles, que celles dont on s'eft fervi pour tranfporter le rocher, piedeftal de la ftatue équeftre de Pierre li grand a Petersbourg. Ce rocher pefoit deux millions cinq eens mille livres, % Juin 1784. 11 a paru en 17.81 un Reciteil de piéces intérejjantes peu connues pour fervir d l'hijloire, en un volume. On vient d'y en joindre pour cette année un fecond , pour fervir d l'hijloite &d la littêra» lurc. On a grande raifon de foupconner que 1'éditeur eft M. de la Place. Ce qu'il y a de plus intéreffant dans le premier, c'eft un Extrait ou Mémorial du Recueil d'anecdotes de M. Duclos, Secrétaire perpêiuej. de VAcadémie frangoife £? Hijhriographe de France., par lequel on voit qu'il n'étoit pas encore fort avancé dans eet ouvrage. Dans Ie fecond volume, oh Ia difette des matériaux fans doute a obligé 1'éditeur de ramaffer plufieurs morceaux d'un genre différear, Vanecdote per/anne eft la plus remar- quables  C 25 ) quable, comme touchanc de plus prés k dos ^Uü' SuiVant cette anecd°ce Mr. le Comte d Affry, notre AmbaiTadeur en Hollande auroit intercepté & retiré a deux ou trois exemplaires prés, toute 1'édition d'unlibelle en deux volumes contre Madame de Pom padour & Louis XV, en anglois. Le Marquis de Marigny feroit venu prier M<-. de la Place alors trés malade, de le traduire; ce qu'il auroit fait avec les plusgrandes précautions, & la plus grande ingratitude de la pare du Marquis; lequel avoit même iaiiTé ignorer k fa fceur ce fervice de M. delaPlace, enforte que^celui-ci n'en a jamais été récompenfé. ' L'éditeur promet un troifieme volume & 1'on ne peut que lui favoir gré d'avoir ramafTé ces matériaux, dont la plupart fc iifent avec plaifir. 3 Juin 1784. Des Mémoires qui ont paru dans le procés de Mr. Bertin contre fes Commis accufës d'abus de confiance, il réfulte un Etat détaillé de fon pécunaire, boa k conferver. En 1763, lorfque Mr. Bertin fut élevé de la place de Controleur général a celle de Secrétaire d'Etat, il n'a voit d'autre traitemenö l". Que les gages du Confeil comme Se- ijvres créuire d'Etat, qui font tt8)00o 2°. La gi-atificatioa annuelle attachée au titre de Miiiiflre . fi0 090 3 • Les appointemens en qualité de Con. feil Ier ad Ctfrifelf Royal . . IIe>009 Toms XXVI. B  C ) Ccax de Coniminaiie au. Bureau du livres *- 4,óoo Commerce ...... 00O 5e.. Un acquit de 3' Total' (55,000 Dont il falloit déduire Pour dixi.eme 6,500 % g a°. Pour Capi- f tation. 2,400 J 11 1 Aif.fi il reftoit net ' . • • • 56,10» Mr. Bettin avoit de plus une penfion en finance de . > qui au moyen de la retenue de . 1,800 ^our trois dixiemes, fe ttouvoit réduite a . . . ,4,aoo Or eet enferaMe de la fomme de . . . 60,300 fe trouvant irifumTanc, le feu Roi yjoignit l0. La difeftion des hnras, avecun traiteme'nt particulier de .......... • «2.000 2» Une gratification de $0,909 fut les revenus de la Province de Dombes , ou le produit de la place de Termiet général, rél'ervée en 1768. Ainö, a cette époque, c'eft- a-dire au jsnvier 1764, 'e traitement de Mr. Ber. , a 'tin étoit un objet de 102,300 ■M'-. Bertin ent la modération de s'en contenter pendant environ cinq années, quoique le traitement des Secrétaires d'Etat füt au moins de 200,000livres; mais en 176S leMiniftre de la finance fit accorder a M'. Bertin une o-ratification annuelle de-100,000 livres. Cette gratification réduite enfin te a 70,000 livrei fut payée Par ordre du feu Roi fur fon pécule, pendant les premières années de l-adminiftration de M' 1'Abbé Terray. Enfin le 27 Mars 1774» te traitement de:  C 27 ) M*. Bertin ayant été porté, comme celui du Mimftre de la Marine, 4 une fomme de 200,000 hvres, la gratification annuelle de 7:,ooo livres & les 12,000 livres fur les naras celierent d'avoir lieu. 3 Juin tfr. On afTure que le vrai tefiament de more de Pabbé Rouffeau étoit en proie & congu en-ces termes: „ Le contrafte inconcevable qui fe trouveentre la nobleffe de mes fentimens & la baftèfle de ma naifiance, un amour auffi vioient qu'infurniontable pour une fille adorablé., la crainee de caufer fon deshon neur, la néceffité de choifir entre le crime 6c la mort, tout m'a déterminé a abandonner la vie. J'étois né pour lavertu, j'alloisêtre x-nrnmel, j'ai préféré de mourir " AJuin 1784. Ml'. le Comte' de Mirabeau eft de retour ; il a rapporté avec lui fon •nouveau Faclum,qui a pour titre Mémoire du Comte de Mirabeau, Jupprimé au moment même de fa pubheation par ordre particulier de M 'le Garde des Sceaux: Et réimprimé par refpeB pour k Roi Q» la Juftice, avec une Converfation de M ls .Garde des Sceaux & du Comte de Mirabeau Refte a favoir comment, fi Ie premjer Mémoire a étéarrêtè. r^lm.^ „i„„ r table pourra percer. .4 Jtun ,1784. Madame Dugazon s'efh mieux tirée qu'on ne 1'efpéroit du grave ac cident que lui avoit procuré fon excès d'inB 3  ( 28 ) eontinence; elle a reparu hier dans le Droit du Seigneur: un de fes admirateurs lui avoit adreffé la veille a cette occafion le madrigal fuivant: Au gré de nos défirs, te voila rétablie: Momus va rentrer dans fes droits; Et jeudi, trois du préfent mois, On donnera le retour de Thalie. 4 Juin 1784. On fe plaint depuis longtems des échoppes qui embarraifent dans les rues & fur les ponts; qui g^tent dans les places kur fymmétrie & fur les quais ótent le coupd'ceil de lariviere: cette invention de la cupidité de quelques particuhers & même de quelques corps, vient edfin d'être profcrite par des Lettres- patentes données i Vcrfailles au mois de Mai dernier & réeiftrées en Parlement le 27 dudit. Par ces Lettres-patentes on ne conferve cue les échoppes aliénées au profit dés DoIVhes du Roi; il ne pourra a 1'avenir, fous quelque prétexte que ce foit, etre étabü que des échoppes purëment mobiles, placées le matin & enlevées le foir. ■ 5 Juin 1784. " Paroïc conflant que M- Court de Cebelin, qui 1'an paffé avoit pubTié une Lettre trés volumineufe dont on a ranporté la fubftauce, en Faveur de MesW Wtm fyftême, qui cclébroit la cure merveilleufe que ce cMati avoit faite en  C 29') fa perfonne, non feulement n'étoit pas gué-, ri, mais avoit été obligé de continuer a fupporter le traitement du magné;ifme. arimal; que pour en mieux jouir, il s'étoic logé chez le grand - maïtre de 1'ordre de 1'harmonie & qu'il y eft mort la nuit du 13 au 14 Mai dernier, a deux pas du baquec myftérieux, fur lequel on s'empreflbit, mais trop tard , de le porter. 5 Juin 1784. Depuis longtems les Italiens n'avoient donné aucune piece auffi conftamment & auffi généralement applaudie que la pauvreté d'hier. Sur le titre feul, fadaffe & trivia!, le public en avoit eu peu d'idée & il n'étoit accouru prefque perfonne. C'eft le Temple de l'Hymen, piece épifodique en trois aéles & en vers. Ml'. Desforges qui en eft 1'auteur, y a introduit Momus qui s'égaye & y jette du piquant. Ce folatre Dieu eft envoyé par Jupiter a [-'-Hymen pour le confoler & 1'empêcher de fermer fon témple, ainfi qu'il en a leprojet, Iasd'entendre les plaintes des mortels contre lui. Aidé par 1'Amour qui vient fe réconcilier avec fon frere, Momus obtient de 1'Hymen qu'il reftera dans fon temple , mais fe rendra plus difficile & ne s'ouvrira qu' aux vrais amans. L'Amour vole en chercher pour lui; il fe charge d'éconduire les adorateurs qui ne feroient pas guidés dans leur culte par un zele pur. Ce qui donne lieu a plufieurs fcenes critiques '& allégoriqucs, oh divers B 3  C 30 ) ©rïgïnaux paffés en revue peignent en a&ior. les mariages de nos jours & démafqués par Je Dieu de la raillerie en font baffoués. Enfin 1'Amour, après avoir longtems couru , amene deux vrais amans, les feuls qu'il air, jeneontrés. Ce couple éprouvé par diffélentes perfécutions, en triomphe h force de eonftance & eft couronné dans le temple. Un mélange de fcenes gaies, vives., interesfantes, réfulte de ce plan & farme un contrafte charmant; elles font remplies d'ailJeurs de détails agréables & de versheuieux: par une gradation bien ménagée, la euriofité croit d'adte en afte & le dernier a fait 3e plus grand plaifir. 6 Jam 1784. Dans fon nouveau Mémoire fvl. le Comte de Mirabeau s'adreffe d'abord è fes Concitoyens & leur rend compte des lïiotifs qui Tont déterminé h faire cette nouvelle édition & a 1'enrichir de 1'anecdote . de Mirabeau; il faüdroit qu'il fut un hypocrite bien déteftable & bien confommé, s'il ne fentoit pas tout ce qu'il exprime avec tant d'onction & d'énergie. 6 juin 1784. La Gazette defanté, rédigée depuis Juillet 1770" par les mêmes coopérateurs dont on a parlé dans le term, va cbanger de rédacteurs. Les nouveaux, fuivant 1'ufage, promettent des merveilles dans un ProfpêOm brillant & trés bien fait. Elle doit prendre une forrae différente & meilleure entre les mains de la fociété en queftion, compofée de Médecins, de Phyficiens, de Chymiftes. Voici comme ils définifTent trés bien le Magnétifme animal: Dé« couverte fi préconifée, & fi problématique encore, qui féduit ceux-ci, qui étonne ceux.la, qui faitdeqüelques-unsdespartifans enthoufiaftes^ de quelques autres des frondeurs ou des fceptiques, que les uns tachent de deviner, mais dont les autres nieut même les effets, tandis qu'en les fuppofant réeis il eft d'autres perfonnes qui les attribuent a' 1'imagination exaltée, a la fenfibilité, al'irritabilité, ou même h un manegeconcerté.' 7 Juin 1784. M. le Comte de Mirabeau B 5  (34) ti'a poittt fait de difficulté de s'avouer 1'au. teur. de fon Mémoire nouveau & d'en être le diftrib'uteur: il en a adreffé un exeraplaire au Roi & h toute la cour. 7 Juin 1784. On^ parle'd'üne nouvelle tragédie de Mc le Mime, ayant pour titre Semiris, dont les comédiens francois fe réfervent de donner la première repréfentation devant le Roi de Suede. 8 Juin 1784. Extrait d*une Lettre de Befancon du 30 Mai Me< Marguet, qui eft un homme lourri , mais intriguant & chicaneur, ayant eu les moyens d'avoir les griefs fur lefquels le college des Avocats avoit aflis fa radiation, a imaginé de fe conftituer accufé & de préfenter Requête au Parlement pour fe juflifier: la Requête répondue, 1'Inftruftion a été faite & après toutes les formalités néceiTaires il a été déchargé de 1'accufation. Cette tournure ne raccommode pas les affaires & la fciflien eft plus forte que jamais 1 Nous voilidébarraffés de notre Intendant ^ «ui auroit eu envie de refter encore demo ans pour nous preffurer 1 on r£a pas jugé k propos de lui accorder ce répit. Dieo ^reuille' que fon fucceffeur n'aie pas des Secrétaires auffi rapaces!: Le Sieur Ethis, le Secrétaire de Pinten^ dance pendant plufieurs années, avoit com> mis des exaftions fi criante» que Mr. dé jtt Corét iüt obligé de le facrifierj maisc&  C35) fubal terne qui tenoit un état pareil a celui de fon maftre, n'en a pas moins emporté un mïllion a la Province. A eet Ethis avoit fuccédé un nommé Bïanchard, qui n'avoit rien & auquel on connoït aujourd'hui au foleil 600,000 livres de biens. Enfin Ie nommé Grivois, fripponneau qui eommeneoit h s'arrondir, avoit déja gagné pour fa part 200,000 livres: ainfi voila dej bon compte 1,800,000 livres que ces troisfuppóts du CommiiTaire départi content a< la Eranche• Comté , une des provinces lesplus pauvres du royaume. 8 Juin 1784. On afiure que Ie Rbi de • Suede eft arrivé hier ici, oh il réfidera fougs le nom de Comte de Haga: il loge cliezfon Ambaffadeur. 8 Juin 1784, Le Sieur de Beaumar chaise a écrie h tous les auteurs dramatiques une; léttre circulaire, oh il les engage è fe trou— ver chez- lui aujourd'hui, afin- d'y conférejr de chofes importantes qu'il a a leur commuJniquer concernant leurs intéréts. o Juin 1784. C'eft par un Arrét du Coa;feil du 5 Juiüei 1781, qu'on fuppofoit uffige ufurpation de la part des propriétaires riveirains d'une partie de la Guyenne dans l'esspace de vingt-deux lieues de tous les attswfssfemens',. alluvïons & relais apparterranraïP Roi; qu'il' étoit d'une néceffité''abfolue'', jpur les--intéréts de- Sa Majefté, de couneï? Sö  C3O ; tre, d'une maniere irrévocable, la confiftance de ces objecs; en conféquence le GrandMaïtre des eaux & forêts étoit chargé de faire cette vérification & avoit nommé un Ingénieur arpenteur pour y procéder. Dès que eet Arrêt fut connu, la confternation devint générale, chacun trembla pour fa propriété; le Procureur général a cru devoir déférer eet Arrêt au Parlement de Bordeaux par un Requifitoire, oh il prouva par les principes du Droit Romain & du Droit Francois, que tout ce qui eft atterTiiTement, alluvion & accroifiement, appartient au propriétaire riverain; que d'ailleurs 1'adminiftration du domaine n'avoit aucun caraftère pour faire la recherche des droits ignorés & inconnus, pour attaquer les propriétésj&c, qu'en un mot toute cette opération étoit illégale, tortionnaire, vexatoirea irréguliere cc dans le fond & dans la forme. En conféquence le 3 Mai 1782, le Parlement , les Chambres affemblées, rendit Arrêt, ordonnant qu'il feroit fait au Roi.de trés humbles & trés refpettueufes Remontrances conformément au Requifitoire, & que néanmoins Jous le bon plaifir de Sa Majefté il feroit furfis k 1'exécution de 1'Arrêt du Confeil du 5 Juillet 1781, jufques a ce qu'il eüt plü auRoid'expriraerclairementfes intentions, quand fa religion auroit été inftruite, &c. Les Remontrances furent envoyées au  0 ( & ) Roi; une 'jóuifiance tranquille de plus de vingt-deux mois fuivic eet acte de zele & de devoir des Magiftrats, lorfqu'intervint 1'Arrêt du Confeil du 31 Octobre 1783, qui cafïbit celui de cette Cour du 3 Mai 1782 & fut fignifié a fon GrefFe. Cet Arrêt ne contenoit aucune réponfe au Parlement: acte d'autorité abfolue, il n'in. diquoit aucun principe, il ne réfolvoit au. cune difficulté; on n'y trouvoit aucun raifonnement dans le droit, aucun éclaircilTement fur le fait; en un mot il portoit tous les caracteres de la furprife. C'étoit une entreprife, une voie de fait, fuite d'un plan concerté, dont les fifcauxattendoientle fuccès pour completter dans tout le royaume le plan d'ufurpation qu'ils avoientformé. C'eft ce que fit valoir le Procureur général dans un fecond Requifitoire, encore plus vigoureux que le premier, ou il pefa fur 1'attribution faite au Confeil de toutes les conteftations a naitre dans cette grande querelle, dont la connoiffance ne pouvoit & ne devoit être portée que devant le Bureau des finances, comme Juge du Domaine du Roi, & par appel en fa Cour, qui eft par effence la Cour féodale du Roi. D'après cet expofé la Cour délibéra qu'il feroit fait au Roi d'itératives Remontrances, & ordonna, toujours fous le Un plaifir du Roi, 1'exécution de fon Arrêt du 3Mai 1782. Cet Arrêt eft du 21 Avril. B7  C 3* ) g Jiiirt 1784. Une Demoifelle de la Croix, par teftament du 1 Février "1781 fait un leg? a Mc. de la Croix, Avocat au Parlement, mon parent paternel: ce font fes termes. II fe trouve au Palais deux Avocats de ce nom, mais qui ne fe croient pas parens de la défunte & cependant chacuu. d'eux s'elt préfenté pour recueillir le legs. Le premier eft Me. de la Croix, auteur de différens ouvrages: il affure que c'eft a fa renommée littéraire qu'il doit le bienfait de la teftatrice qu'il ne eonnoifToit pas, & que d'ailleurs fon adverfaire portant le fur-> nom de Frainville- ne peut prétendre a une; identité.dont 1'écarte ce furno-m. Celui-ei regarde ces deux raifonnemens comme plus fpécieux quefolides, & fait valoir eu fa faveur la reconnoiffance que les béritiers ont femblé en faire comme parent par la délivrance du legs. Différens Mémoires ont paru pour & contre dans cette Caufe, qui égaye leBarreaui par le ridicule que chaque adverfaire verfe; réciproquement fur fon rival. Le premier la Croix , ou la Croix Van»teur , comme s'il ne fe fentoït pas affez forti pour répondre lui-même, a appellé a fon: fecours Me. Target, qui n'a pas dédaigné dei prendre 3a plume dans cette caufe puérile fi 1'avidité des prétendans ne lui imprimoiti de pltis un cara&ere odieux dans des-Avosat*  C3ö 3 dont le désintereffement devroit étre Ja pre" miere vertu. 9 Juin 1784. M. le Comte de Haga, des aujourd'hui eft allé a Ja comédie francoife, 011 1'on jouoit la dix-huitieme reprélentation du Manage de Figaro. La piece étoit a la moitié du premier acte lors de fon arrivée. Le public lui a fait 1'honneur de demander a grands cris qu'on recommencat; ii a même exigé que la toile fut baiffée & que 1'orcheftre jouat une feconde. fois 1'ouverture: ce qui a été exécuté. 9 Juin 1784. La chanfon a .... eft la Clianfon des cinq doigts;e\\e eft extfêmement' poliitonne;. mais .aujourd'hui tout paffe : les.femmes ne rougiffent point de l'entendre9 elle fe chcmte devant elles dans les grands foupers, elle eft gravée «Sc fe vend publif quement. 10 Juin 1784. Outre les fpectacles habïtuels de cette capitale, i! s'en préfent'e de tems én tems d'autres, d'autant plus curieus qu'ils font uniques ou fe renouvellent rarement. Tel eft celui qui a eu lieu dans le Marais le dimanche 6 Juin. Un nommé Tricot, Sergent du Régiment du Roi , recruteur, fpadaffin renommé, grand fouteneur de mauvais heux, héros desfilles, des crocs & de tous les tapageurs de Paris, eft mort & il a fallu lenterrer. Tous les recruteurs fes camarades fe font fait «q feonneuï d'efcorter foa coavoia, ao»  C 40 j quel üs donnoient un air de pompe militaire: quand le corps eft parti, ils ont vu avec peine qu'on ne prenoit point le chemin de Saint Nicolas des Champs, paroifle du défunt, mais celui du cimetiere oü 1'on le portoit en droiture: ils s'en font plaints & malgré la déclaration des prêtres qu'on n'avoic payé que pour cette marche, ils ont forcé le fabre k la main les porteurs du corps de le conduire a 1'églife; mais quand le convoi eft arrivé, le Suiffe prévenu a fait fermer les portes. Grand effroi dedans, grand tumulte au dehors; les recruteurs menacoient d'enfoncer les portes: on arecours au curé qui, intimidé par toute cette cohorte, ordonne que le cadavre entrera par une porte, mais fans repofer fortira par 1'autre: tout le cortege applaudit a la décifion du fage Pafteur, on crie bravo, on entre en triomphe, on bat desmains, onrepete bis; en un mot, on tourne en parade cette rete funeraire. 10 Juin 1784. M. le Comte de Haga ne perd pas un inftant durant fon féjourdans cette capitale; il cherche k s'inftruire, k tout voir avec le plus grarid foin; il a déja vifité plufleurs artiftes qu'il a entretenus de leur art longtems & en déployant beaucoüp d'intelligence & de goüt. 11 Juin 1784. La plupart des auteurs dramatiques , même les académiciens, ie lont rendus a I invitation du Sieur dé 'Mem*  C 4^ ) marchais. II leur a fait part de fon projet, qui eft de demander par 1'intervention des gentilshommes de la chambre un réglement» homologué au Parlement, fuivant lequel il fera défendu a' toutes les troupes de comédiens de province de jouer aucune piece nouvelle fans 1'agrément de 1'auteur & fans le faire bénéficier du feptieme des repréfentations, h Yinftar de Paris. Tout le monde a applaudi h ce projet; 1'on a remercié le Sieur de Beaamarchais de fon zele pour 1'iutérêt de fes confrères & il a été charsé d'a- gir en conféquence cc de faire toutes les démarches néceflaires. ii Juin 1784. Par Edit du mois de Février 1776, le Roi avoit changé le régime des corvées; par la Déclarauon du mois d'Aout fuivant tout eft rentré dans fon ancien état; il y eft expreffément ordonné que les travaux pour les réparations & entretien des grandes routes continueront d'être faits dans les diverfes Provinces du Royaume comme auparavant. Le Commiffaire départi en Guyenne s'eft arrogé le droit de créer un nouveau fyftême, d'établir une impoiltion, de 1'augmenter h fon gré, de détruire des privileges que Sa Majefté avoit rétablis. C'eft fur cet attentat envers les Loix, qu'eft intervenu 1'Arrêt du Parlement de Bordeaux du 27 Mars dernier, portant qu'il fera fait une enquête nour être mife fous Jes yeux du Roi.  € 4* ) Par un Arrêt du Confeil du 17 Avril 1784, cet Arrêt dü Parlement a été caüé cc lëdit Arrêt a été figniSé du trés expièscommandement du Roi au Greffier en chef du Parlement, le 24 Avril. C'eft aiors que par un autre Arrêt du 2S Avril fondé fur onze Confidérations des plus eraves , le Parlement,, les chambres affetnblées, a arrêté que le Roi feroit trés humblement fupplié de retirer ledit Arrêt, comme évidemment furpris a fa re,,&!00» ordonne que /sus le bon plaijir de Sa Majejté , fbn Arrêt du 27 Mars fortira fon plein & entier effet; ordonne que les enquêtes & toutes les pieces jaftificatives a leur appui feront mifes fous les yeux du Roi, & qu'il lui fera détaillé le monftrueuxaffemblagedes vexations commifes par le CoramnTaire departi d'après fon fyftême d'établir dans toute JaGénéralité une inmofition pour les corvees. La Cour a arrêté en outre que le Roi feroit trés humblemenf fupplié de faire celfer tous ces defordres; de vouloir faire une: loi, qui prévienne 1'arbkraife & qu'il lm feroit repréfenté qu'il n'c-ft point de provin-, ce-dans le royaume qui ait plus dedroits que: celle de Guyenne a la follicitude paternellen de Sa Majefté; qu'il n'en eft point qui aiti autant éproavé les maux qui font la fuite: naturelle de laguerre;que la nature des denrées- de ladite province & les fecouffes qu'a; éprouvé le commerce, l'ont empêché dei  f 43 ) jouir encore des avantages de Ia paix: que cependant obligée de payer des impóts énormes, n'ayant que des revenus- cafuels & dont le débouché eft abf'olument obftrué, il ferok impoffiWe qu'elle püt fournir a un nouvel impót. ii Jmn 1784. Ges, jours derniers un marchaud d'ariettes étant monté a laportiera de deux Dames qui fe promenoienc fur le boulevard , leur propofe d'acheter des ariettes,. entr'autres du Mariage de Figaro, Deux officiers- qui étoient fur le devant rejettent avec dédain ees ariettes, difant qu'ils ont vu la piece une fois & que cela leur fuffit: un quidam pafibit, il s'arrête, les apoftrophe & les injurie a Toccafion de leur mauvais gofit de méprifer ce qui eaufe 1'engouement de tout Paris; les officiers furieux deicendent pour donner des coups de carme a 1'infolent, qui perfifte è leur reprocher leur ignoraace: grand tumuite, la garde arrivé; le quidam eft traduit devant le Commiflaire, eft -obligé de décliner fon nom; il fe trouve que c'eft le porder du Sieur de Beaumarchais. On alloit le conduire en prifon, lorfque les plaignans intercedent, pour lui. Le Gommiffaire, dont le devoir auroit été de faire toujours conftituer prifonnier le délinquant, le relache & fe contente de le faire conduire fous bonne efcorte ebez fon maitre, auquel il fait enjoicdre de veiller avec plus d'attention fur  ( 44 ) fes valets & d'empécher qu'ils n'infultent les honnêtes gens. li Juin 1784. Autant a PU au clair 1'anecdote du Mémoire de Me L,„. guet, voici ce qu'il y a de plus conftaté. Le Sieur le Quefne, après s'être bienconfulté fur la diffamatioo qui réfultoit dans le public contre lui du N°. 72- de Me. Li»g«e«, a été confeillé de rendre plainte & de faire aflïener fon adverfaire, ou a défavouer les faits, les accufations & calomnies inférées dans les Annales audit N°., ou de fe voir condamné a lui en faire une réparation authentique. En conféquence 1'aiTignation a éte donnée chez le Sieur de Montbines, lc nouveau correfpondant du journalifte, oü il eft cenfé avoir élu fon domicile. Le Sieur de Montbinet n'a pas manquê d'envoyer cette affignation a M«. Linguet t & c'eft en réponfe a cet acte juridique du Sieur le Quefne qu'il a fait paffer fon Mémoire in 4°. de 107. pages, pour être remis a fes Juges. Me. Linguet avoit en même tems propoie a fon commettant de faire réimprimer ce Mémoire a Paris pour 1'envoyer a tous fes foufcripteurs; mais celui-ci lui a repréfenté que cette réimpreffionpourroitfouffnrbeaucoup d'inconvéniens, & qu'il croyoit plus expédient qu'il le fit imprimer a Londres & le lui renvovat tout prêt k être diftribué.  C 45 ) it Juin 1784. L'affaire de {Mr. le Vicomte de No'ê n'eft point finie;mais indépendamment de ce qui peut avoir été fait a Bordeaux, après avoir préfenté Requête a la Connétablie pour fe rendreoppofantal'éxecution du jugement du tribunal des Maréchaux de France, qui avoient ordonné qu'il feroit enlevé de fa terre & conduit a Paris pour y fatisfaire aux ordres du tribunal, la Counétablie ayant mis néant a cette Requête, il s'eft pourvu au Parlement de Paris par appel & cette Cour a rendu arrêt de défenfes qui le prend fous fa protettiön. Les Vacances ont empêché jufques a préfent les fuites de cette affaire, dont il doit réfulter une grande conteftation entre ce tribunal cc le Parlement. 12 Juin 1784. D'après 1'Arrêt du Confeil qui augmente & fixe les appointemens des premiers- fujets de 1'opéra, le régime en eft encore changé. Ils ne font plus chargés de Ia recette, nf de la dépenfe; ce font les Menus. On ne doute pas que cette nouvelle adminiftration ne retombe dans les inconvéniens de la précédente & que les frais qui augmenteront ne rendent ce fpectacle plus onéreux que jamais au Roi. Déja les fujets n'ayant aucun intérêt a la chofe fe négligent & ne véillent h aucune des1 déprcdations qui fe commeltent joumellemertt dans fes détails êconöiTi'qu'b. 12 Juin 2784. Non-feslement l'affaire  ( 4* ) de Bordeaux concernant les corvées ne s'Itfrange pomt, mais elle devient .plus grave que jamais, Mr de Fumel y a dü tenir avant la Pcnrecóte une féance,, pour caffer tout ce qui avoit éré fait cc même pour enlever les minutesjde facon qu'il n'en reffe aucune trac. Le fviaréchal de Muuch'y vr-\-\t enfuite de partir avec ordre de pontentf le Parlement a la reiurée. 12 Juin 1784, On peut fe rappeller le difFérend élevé entre le Docleur Mejmer & le Docleur De/Ion,. dont 1'objet principal eft une fomme de 150,000 livres que le premier repete contre 1'autre. Cette affaire a müri depuis longtems, & Pon affure qu'elle eft enfin au moment d'éclater, qu'elle va fe plaider in magnis; que c'ell M-■. Gerbier qui pariera pour le Sieur Mefnur, & Me. de Bonnures pour le Sieur Dejlon. 12 Juin 1784. II doit y avoir demain par extraordinaire bal a 1'opéra. Mr, le Duc de Omrtres , qui cherche a tirer parti de tout pour accréditer fon jardin, afaitafficher une annonce, par laquelle il reftera ouverc & illuminé toute la nuit., Sc les masques auront toute permiffion d'y entrer. Les marchands des galeries font invités de feconder la munificence de Monfeigneur & de laiffer leurs boutiques ouvertes. 13 Juin 1784. L'émeute refigieufe St comique arrivée a la paroiffe de Saint Nico. las des champs mérite encore quelques dé-  C 47 ) ■tails. On n'avoit payë pour le «onvoi du Sieur 'Tricot que ïy livres, & il en faut 45 livres pour que le cadavre ait le droit d'en» trer dans le lieu faint. Les prëtres s'é- •toient obflinés a fe rend>re au cimetiere & le cadavre étoit arrivé fans eux a 1'églife. Les Recruteurs fe battoient contre les Suiffes pour faire entrer le cadavre, lorfque le Curé inflruit du tapage rendic la décifion dont on a parlé, mais qui ne finit pas la que■relle Les Reeruteurs voulurent que le cadavre repofat un moment. Ils le firent planeer fur des'-chaifes arrangées en -forme de .piedeftal; la loueufe de chaifes s'y oppofant .& ayant donné un fouffiet a 1'un .d'eux, fut foulée aux pieds: enfin n'v ayant aucun prê- 'tre pour dire quelques prieres, les recruteurs y fuppléerent en tournant trois fois autour.du cadavre aux acclamations de Taffen!» -blée & conduifirent enfuite leur héros au cimetiere en chantant la chanfon des funérailles de Marlborough. On ajoute que le■Curé s'eft plaint a la Folice de tantd'irrévérences & que les recruteurs font en prifon , mais fourdement, pour ne point aggraver Is Xcandale par trop de publicité. 13 Juin 1784. Depuis que le jugement du Confeil de guerre eft rendu & connu, les Mémoires percent moins difüeilement. Oa voit dans le public: 10. Mémoire du Comte de Grafje fur le combat du 12 Ayril 1782,, avec buit plans  C 48 ) des pofitions princi pales des armées refpectives. 20. Obfervations du Marquis de Vaudreuil, adre'lTées au Confeil de guerre a 1'Orienc. 3°. Réponfe de M>'. de GraJJe aux Obfervations de Mr. de Vaudreuil. 4o- Mémoire de M'\ de Bougainville,commandant la tróifieme efcadre au combat du 12 Avril 1782. 50. Mémoire juftificatif pour Jean Franceis Baron d'Arres d'Argelos, Chevaiier de 1'ordre royal & militaire de Saint Louis, Capitaine des VailTeaux du Roi, Brigadier de fes Armées, commandant le VaiiTeau le Languedoc dans 1'armée fous les ordres du Comte de Grafie. 60 Lettre de M^ d'Albert de Rioms > Commandant le Pluton, a M'. le Marquis de Vaudreuil, datée de 1'Orient ce 12 Jan. vier 1784»" , T, , ., 70. Notes de M. le Marquis de Vaudreuil en réponfe a cette Lettre. 8°. M. $ Alben de Rioms h Meffieurs du Confeil de guerre affemblés a 1'Orient. ' 13 Juin 1784. Les Cinq Doigts, fur le Vaudeville du Mariage de Figaro. Boüflers peignit avec grace Le lieu, dont chacun eft fol; Barthe & SArnaud fur fa tracé Ont chanté le cul, le col; Sans ra'élever \ leur place, D'une plus timide voix "(e vals chanter fes cinq dolgts.'  C49) Un vieux que chacun repoulfe, S'il a de 1'or bien compté Fait Ia cadence du pouce, Soudain il eft fupporté. Vénus va pour lui plus douce A fon lit 1'airocier: Honneur- au doigt financier! * Du fecond 1'emploi me touche. Du myftere figne heureux j Prés d'une mere farouche II exprime & parle aux yeux, En le placant fur la bouche L'amour fidele & difcret Nous dit: garde mon fecrer. * Celui du milieu réclame, Mefdames, le pas fur tous: Quand l'amour perd de fa flamme Ce doigt le réveille en vous, Lorfqu'aufïï prés d'une Dame Le Dieu cueille un beau laurier, Ce doigt eft fon brigadier. * Au fuivant l'amour fidele Met 1'anneau de fon bonheur, Qui le rc-eoit d'une belle, En retour promet fon cceur: Ce doigc d'amour éternelle Oifre le gage enchanteur, je le crois un peu menteur» Touw XXFL C  (50 ) Le petit dans 1'art magique Paffe pour être en crédit; Une femme defpotique De ce reuom s'enhardit, Et paree mot fans replique L'amant foible eft interdic: Mon petit doigt me fa dit. * De tous ces doigts, ce me fembie, L'éloge eft pouffé trop loin, De 1'écrire encore je tremble, Et le dire eft un befoin. j'ai vu ces laches enfemble S'unir d'un effort commun Et fe mettre cinq contre un. 14 Juin 1784. La chanfon ci-deiTus avoit été précédée ou a été fuivie de Ia piece de vers ci-joiute, intitulée : les Doigts. On prétend qu'elle a été adreffée a la fille du Marquis de Paulmy', la Priucefle de Luxembourg. Honneur a cet artifte fage Qui pour Ie bonheur des humains Des doigt qu'il joignit a leurs mains» Daigna multiplier 1'ufage: C'eft du ciel le don le plus doux, Car des doigts 1'adreffe infinie Fait tout le plaifir de la vie; Et fans les doigts que ferions nous? Life eft favante, pour fon age, Car a douze ans Life concoic Tous les plaifirs du mariage  Que-lui montre fon petit doigr. De jol is doigts ont de 1'abfence Souvent adouci les rigueurs. Que ies doigts ont d'intelligence Pour foulager deux tendres coetirs, Que tourmente la vigüance Et des, mamans & des tuteurs. Les doigts a famante captive 'Font oublier la liberté; Les doigrs pour 1'arnante craintiva Dans un tableau bien imité D'une joniffance illufive En font une re'alité. Souvent dans Pamoureufe ivrefte Les doigts font le charme des cceurs Tout s'embellit par leur adreffe * Et- pnnout les doigts font vainqueurj. Si la beauté que je préfere D.u'gnoit permettre qu'aujourd'hai De fes doigts la touche légere Portat remede a mon-ennui, Je bém'rois fa bienfaifance: Si mes voeux n'étoient fuperflus, En peigaant ma reconnoiiTance j'aurois pour elle un doigt de plus. 14 Juin 1784. Mr. le Marquis de Mm', tefquwu, dans 1'efpoir que le Roi de Suede voudroit bien honorer de fa préfence fa réception a 1'Académie francoife, avoit fait différer la cérémonie. Des que Mr. Ie Com. te de Haga a été arrivé, la compagnie a deputé vers lui pour rinflruire de fon défirM. le Comte de Haga, flatté de J'honneux C 2  C 52 ) qu'on lui faifoit, en a témoigné toute fa reconnoiiTance, mais a déclaré qu'il n'a voit de libre que le mardi quinze. Ce n'eft point jour d'Académie francoife & c'eft au contraire jour d'Académie des belles-Lettres, dont la falie tient précifément a 1'autre & fert même de paffage les jours de féance publique. Grande négociation h ce fujet entre les deux Sécrétaires. Mr. é'Acier a déclaré ne pouvoir fufpendre de fon autorité les ttavaux de fa Compagnie; il a fallu que Ml'. le Baron de Breteuil, comme Miniftre de Paris, écrivit une Lettre au nom du Roi pour décider la conteftation & demain la féance a lieu extraordinairement par Ordre. On a raffemblé en diligence tous les membres difperfés, qui avoient pris une courte vacance. 1 r> j 14 Juin i784- La fête qQe Mr" leD"CÜe Chartres avoit imaginée n'a pas eu lieu hier, du moins quant aux mafques; il eft venu un ordre du Roi qui a empêché de kalaïsfer entrer durant la nuit dans le jardin du palais royal. C'eft une mortification donnée a Son Alteffe, qui auroit dü prévoir le défordre que pouvoit occafionner une femblable faturnale. X5 Juin 1784. Suivant le Mémoire du " Comte de Grafie, 1'équité du Roi n'a pas permis que fa conduite au combat du 12 Avril 1782 reftat expofée au blame public, faas avoir été juridiquement examinée. II  C 53 ) avoit lieu d'attcndre ce bienfait de Sa Majefté après quarante-huit ans de fervice, trente campagnes, douze combats & fes fuccès précédens durant la guerre qui vientdefinir. L'objet de fon Mémoire eft de prouver : jq. Que le Vaiffeau Amiral après onze heures & demie de combat, privé de tout moyen de défenfe ultériéure, hors d'état de fe faüvèr , lorfqu'il 1'a rendu, ne laiffe aucun fujet de blame contre Mr. de Grafie comme Capitaine. 2°. Qu'ayant fait depuis le commencement jufques a la fin du combat, lesfignaux propres a chacune des circonftances & aux variations des vents^il doit être abfous avec honneur comme Général. Ce Mémoire n'eft point mal fait, furtout quant a la partie qui tend a difculper le Comte de Grafie comme Général: en fuppofant 1'expofé des circonftances exact, il a raifonné trés judicieufement tous les mouvemens & tous les ordres; mais les manoeuvres les plus importantes n'ont pas été exécutées: neuf de fes fignaux dans les pofkions les plus critiques ont été abfolument négligés, II n'en falloit pas tant pour perdre la bataille. Ml', de Bougainville eft gravement inculpé; le Marquis de Vaudreuil légérement ct le plus fouvent applaudi. . Quant a la reddition du vaiffeau amiral, malgré 1'étalage oh il entre de fon mauvais état, il laiffe encore beaucoup de chofcs a C 3  C54 ) ièftrer pour fa juflification, & celle ei, h beaucoup prés, n'eft pas auffi claire que la première. 15 Juin 1784. Lundi fcpt de ce mois, lorfque le Comte deHaga eft arrivé, le Roi ce comptoit point fur lui & Sa Majeüé étoit allée a la chaffe a Rambouillet, oh. Elle devoit donner a fouper a 25 Seigneurs. La Reine lui dépêcha un courier; iln'avoit point fes voitures, il fe fit ramener par un palfrenier & prévint Monjieur qui étoit du voyage de n'avertir de fon départ qu'au moment du fouper, dont il feroit les honneurs a fa place. Au moyen de quoi fa garde-robe refla è Rambouillet: le Roi rentrédans fon appartement n'avoit point declefs, n'avoit point de valets-de• chambre; il fallut un - ferrurier , & 1'on appella les premiers-venus pour habillcr Sa Majefté. Ceux-cipeuau fait s'en tireïent comme ils purent & d'ure facon fort ridicule; en forte que, quand le Roi vint chez la Reine pour trouver le Comte de Higa t chacun eut peine a s'empêcher de rire; la Reine lui demanda s'il donnoit ba! ce foir-la, & s'il avoit dcja commencé la mafcarade, ou s'il vouloit mor.trer au Comte de Haga une idéé de 1'élé* gance francoife?' II avoit un foulier h talon rouge, un autre a talon noir, une bouclé d'or, une autre d'argent & ainfi du refte. II fallut cependant qu'il demeurat de la forte dans la crainte d'être pire.  C 55 ) Le fojr h fon coucher Sa Majefté plaifar.ra beaucoup de 1'accofitrement bizarre ob Ton" 1'avoit mis: Eüe dit en riant „ je connois „ celui qui m'a ridiculifé de Ia forte 5c je i'arrangerai bien è mon tour." Ces pc-tits traits décelent Ia bonté del'amedu Roi, cornbien il eft facil/da.ns fon fervice & aimabïe dans fon intérieur. iï Juin 1784. Relation de Ia Séance publique, tenue extraordinairement aujourd'hui mardi pour la réception de M. le Marquis de Montejqjiou. L'affluence depuis pluflcurs années toujours t-rès grande a ces fbrtes d'affemblée ne pouvant croure, puifque le local n'étoit' pas plus étendu, a é<é du moins remarquable par 1'efpece & Ie ,e!e des fpeftateurs. Dès midi & demi plus de deux eens femmes de la plus haute qualué avoient pri* pofte, & entrainant a leur fuite une foulc d'hommes du même rang, Ia falie n'a été remphe, h proprement parler, que degen» de cour, & le peu d'hommes de lettres qui s'y font trouvés, n'y font en trés que furtivement en qwelque forte & en contrebande. Au refte, fi la perfonne du Récipiendfllre attiroit Ja foule, fon difcours Ie méritoit peu. En vrai courtifan , Mr. de Mónttjqmoii • voulant plaire a tout ie monde, a rétabli 1'ancienne formule d'éloges ufités pour les fondateurs & protecleurs de 1'Académie; il C4  C 5« ) a paiïé enfuite & fon prédécefTeur, qu'il faut fe rappeller avoir été M'. l'ancien Evêque de Limoges, le précepteur des enfans de France; il a prétendu que fon plus bel ouvrage étoit 1'éducation de ces auguftes éleves, ce qui lui a fourni 1'occafion d'efquisfer le portrait de chacun aVec les couleurs les plus flatteufes: il a peint dans Louis XVL le Monarque humain, jufte & iimple, ami de la franchife, des mceurs & de 1'écono. mie. Monfieur, auquel il a 1'honneur d'être attaché, lui a fourni des détails plus particuliers; il eft entré dans ceux de fa vie intérieure; il nous a vanté fon amour de 1'étude, & nous a appris que ce Prince, en s'efforcant d'acquérir les connoiffances néceffaires l fon rang, y joignoit le goftt des lettres & les cultivoit avec fuccès. Enfin les qualités héroiques de Mr. le Comte i'Jrtois n-ont point échappé au pinceau du nouvel académicien : il a principalement appuy^ lur fon voyage de Gibraltar. Epifode mémorable & glorieux de la vie de ce Prince. La Reine a requ auffi le tribut de louange dü è fes traits, h fes graces & h fes vertus. Mr. le Marquis de Montefquwu n avoit «arde d'oublier le Comte de Haga, pour qui la féance avoit 'été reculée & fixée a' ce jour extraordinaire. Sans lever exaaement le voile qui 1'enveloppoit, il a fait Péloge de Mo. narques Philofophes , qui voyagent pour s'inftruire & qui en fe répandant davantage, ne  C57 ^ ne font qu'étendre leur renommée & fe ren« dent non moins chers aux étrangers qu'a leurs fujets. C'eft Mr. Saard qui, en qualité de Directeur , a répondu a Mr. de Montefquiou. II a révelé d'abord les titres littéraires de celuici a 1'Académie Francoife que peu de gens connoiffoient: il nous a appris que ce courtifan ingénieux faifoit des pieces de vers trés agréables, des contes,'des chanfons, des épigrammes, des romans, des comédies, mais tous ouvrages de fociété que la modeftie de 1'auteur n'a point laifTé fortir du eerde de fes amis. En parlant des comédies de M de Montefquiou, le Directeur a pris t occafion de-li pour s'élever adroitement contre celle du Sieur de Beaumarchan, fi ; courue en ce moment. Sacritique, quoiqu'indire&e, a été fi jufte que perfonne ne s'y eft mépris. Elle a regu des applaudiffemens incroyables & unanimes. C'étoit un enthoufiafme, une ivrefie plus grande encore que celle des admirateurs du Manage de Figaro. Un autre endroit du difcours de Mr. Suard qui, fans faire autant de plaifir, a paru piquant & bien adapté aux circonftances, c'eft la digreffion qu'il a fake fur 1'ufage de 1'Académie d'entremêler fes membres littéraires de gens de la cour comme les plus capables de fixe-r parmi elle le beau langnge & ce .qu'on appelle le bon ton, Quoique cétte  (5« ) idéé paroifle pröter affez au ridicule, i! lui a' donné une tournure qu'il a fait pafler & qui lui a même mérité des applaudilTemcns. Le Directeur pouvoit moins encore que le Récipiendaire fe difpenfer de parler du Comte de Haga. II a feulement cherché a ne pas fe répéter avec lui & heureufement Ie fujet trés fécond lui a permis de varier & ; le fond & la forme de I'éloge. Après ces deux difcours, M. de la Harpe a lu un chant d'un poëme en 1'honneur des femmes , qui doit être divifé en quatre. Quoique la ficlion en foit trés poédque & trés ingénieufe; quoiqu'il y ait des defcriplions charmantes, riches & pleines de goüt; quoique la verfiflcation en foit brillante & harmonieufe, cet ouvrage a recju peu d'applaudilfements, & cependant 1'auteur ne pouvoit mieux choifir ion auditoire, puifqu'il étoit compofé en grande partie de femmes ayant toutes des prétentions, foit auxgraces, foit h 1'efprit. Mr. 1'Abbé Arnaud prétend que c'eft la faute du rithme de ce poëme qui eft en vers hexametres, c'eft-a-dire, en grands vers qui ne réüffiÉenf, jamais dans notre langue, h moins qu'ils ne foient joints è une aftion. On croit, maïgré cette affertien, qu'il faut plutót en chercher la caufe dans la perfonne du poëte, en général peu aimé du public. Ses partifans efperent qu'il fera * engé de ce dédain dans le ülence dö  (59 ) Au re(te,on lui reproche pluffeurs gaucherles dans les détails du morceau qu'il a lu; comme d'avoir trop déprimé les Turcs • d'avoir fait des voeux pour la deftruclion de leur empire dans un moment ofi la France cherche a les foutenir & a s'unir plus étroitement avec eux; & devant qui? en préfence de M le Marquis de Choifeul-Gougkr, envoyé AmbaiTadeur auprès de la Cour .Oitomunng! On devoit s'attendre fans doute que M. de la Harpe, corrcfpondant du Grand-Duc dc Ruflïe, dans un ouvrage a la louangedes femmes feroit un éloge pompeus de PIm> pératrice mere de ce Prince; mais on'ent voulu qu'en préfence du Comte de Ham il n'e&t pas affcfté d'exalcer cette Souvcraine aux dépens des autres Puiflances du Nord qui ne peuvent lui étre affimilées. Une chofe trés remarquabledansce poëme,, c'eft que 1'auteur, en faifant I'énumérauon de quelques femmes célebres de France, mortes ou vivantes, a nommé avec la -plast grande diftinction Madame la Comtdfe de Genlis, avec laquelLe il eft brouilié, & guï tout récemmept, dans fon dernier ouv?3«-e inntulé les veilléts du ehdieau, afj:- un- p,m. trait affreuv de M de la Harpe. QiteïqpTm lui tn ayant témoigné f» furprife, il as tê~ .pondu qu'.l n-ndok ie bier* pour Usml M'. Ie D ie de. Mmrnott > teraahé b fcancc par ia wéUe # fix gfcfcs; Êttafr, C 6  C 60 ) le jugement du Lion; le Lion, le Bmf £? k Renard; les Prieres» les deux Sceptres; le Muiuiman , fa femme fcf la Pie; & la Pyramide. Ces petits ouvrages lus fans prétention , avec le même naturel & la même facilité dont ils femblent avoir été compofés, contenant une moraiité exquife, ont été regus avec un enthoufiafme univerfel. Après la féance M1'. le Comte de Haga s'eft vendu dans la falie particuliere d'affemblée des Académiciens, oh M>' le Maréchal Duc de Duras lui a préfenté les divers confrères qui s y font rencontrés. L'illuftre étranger a paru les connoftre tous5 au moins par leurs ouvrages. II n'eft pas jufques a M'. Beauzée, trés ignoré dans fa propre pa^ trie, auquel il n'ait fait compliment de fa grammaire & autres écrits fur la langue. II 'a félicité Mr. Suard fur la hardieffe avec la-'. quelle il avoit ofé attaquer la comédie du Sieur de Beaumarchais & frondé le mauvais gout des fpedfateurs. II a demandé a plufieurs reprifes ou étoit le Doyen de la Compagnie, le Maréchal Duc de Richelieu? II,a témoigné fon regret de ne pas voir M1'. de Malesherbes; enfin il a queftionné M1'. de la Harpe, s'il n'avoit pas compofé une tragé¬ die de Guitave < 11 lui a dit qu il en avoit fait toutes lortes de recherches lans avoir pu la trouver. Ce qui a obligé M>'. de la Harpe de lui avouer que cette piece n'ayant pas réufti j il 1'avoit gardée dans fon porte-  (dl ) feuille; mais ayant ajoüté qu'il comptoit la travailler , la faire jouer une feconde fois & imprirner enfuite, le Comte de Haga lui ca a témoigné fa fatisfadlion, d'autant que ce fujet 1'intéreffoit infiniment, Le dernier mot qu'on ait recueilli de M1'. le Comte de Haga, c'eft fon exclamation en voyant cette falie dont les murs font couverts de tout les portraits des Académiciens morts & vivans: Cette tapijferie vaut mieux que la plus helle tenture des Gobelins. Dans ces différens propos Mr. le Comte de tlaga s'eft expriraé avec beaucoup d'élégance, de naturel, de facilité & d'efprit. II paroft connoitre parfaitement notre langue & fon génie, & (bus ce point de vue ne feroit pas indigne de figurer dans raffemblée qu'il a honoré de fa préfence. 16 Juin 17W4. Les Obfervations du Marquis de Vaudreuil font fpibles. Elles tendent en général k difculper toute Tarmée. Ce n'eft qu'après les plus grands efforts & Ia réfiftance la plus opiniatre que les Francois ont été forcés de céder la viéloire. Sa retraite ne peut être que glorieufe k la nation. Au lieu de fuir a toutes voiles, il a raffem. blé dix - fept vaiffeaux de Tarmée navale k la vue des ennemis & il a croifé plufieurs jours pour attendre les cinq qui lui manquoient. 16 Juin 1784. Mr. de Grafje, dans fa Ré~ ponfe aux Obfervations du Marquis de Vaudreuil, commence par lui reprochef d'avoir ■ ' C 7 .  C 62 ) abufé de la confiance avec laquelle il Tui avoit fait part de fon Mémoire pour répandre avec ofrL-ctation fes Objervations, tand'» que Mr. de Graffe avoit regu défenfes de publier fon Mémoire imprimé depuis le moi* d'Oétobre 1782, & dont il n'a eu la liberfté d'envoyer des exemplaires au Préfident ciu Confeil de guerre que le 14 Novembre 1783. L'objet de cette réponfe au furplus eft de démoncrer que les Obfervations du Marquis de Vaudreuil font en contradiclion ; 1 » unes avec le triplicat de fes dépêches au Miniftie du 26 Avril 1782; les autrts avec fa Lettre du 18 Juin fuivant que le Cpmte de Graffe a rceue a fon arrivée en France ; celle - ci avec la Lettre de Mr. Mithon ua même en date du ;Q Juin 1782, & cellelè avec 1'Ordonnance de la Marine du 25 Mars 1765, titre du combat & avec legTfaits de la caufe. Cette replique femble fort bonne& refuter avec autant de jufreffe que de force la foible apologie de toute l'armée navale, entreprife par ie Marquis ue Vaudreuil & 1'iriculper lui - même. 16 juin 1784 On affure q;-e M1'. de Calonne a trouve le moyen de fourrn'r aux foefoius de M'. le Duc de Chartrej par uretournure fort ingénkufe. Le pa,!ai> royal bö un aopaoage qui d«*it reven!r è la cuüronnt' a défaut d'hoirs males. Dan' le 1 oh fe fera cette 'réutiion, il fdudia b c  ( tf3 3 lux héritiers de la branche d'Orléans Gompie des améliorations faites au palais royal & les en rembourfer. En conféquence on fournit d'avance au Duc de Chartres quatre raillions, a déduire fur ce qu'il pourra leur être dö il cette époque. Sans cette relfource le? batimens iroient fort mal, ils languiffent beaucoup depuis cet hi ver. 17 Juin 1784. Le Mémoire de Mr. de Bougainville eft peu de chofe & fa principale déftnfe eft de dire qu'il n'a pas vü les fignaux, ou que les ayant vus imparfaitement il n'a pas cru prudent de les exécuter avant d'en être plus für. Du refte, on attribue la perte de la bataille: 10. a ce que les ennemis étoient plus forts en nombre de prés d'un quart & que dans ce quart il y avoit trois vaiffeaux a trois ponts. 2°. A ce que tous les vaiffeaux Anglois étoient doublés en cuivre, tandis que Ia moitié au plus des Francois 1'étoient ainfi éc que les autres n'avoient que des carenes trés anciennes; avantage bien fupérieur a 1'avantage numérique, qui rendoit leurs n:ouvemens fimulranés & rapides, enfenible d'cffurts, qui fait la foice d'une armée. 3 '. Le bord que les ennemis couroient, tendoit k leur faire fouver le venr, tandis que 'e nócre nous conduifoii dars des parages foumis h un caime héb twe.1 & è un changement de vent favorabti a cos rivuux.  C H ) 40. Enfin les ennemis qui nous combattoient avec cette exceffive fupériorité de moyens & de circonftances , étoient les Anglois j ce peuplè qu'il fuffit de nommer pour prononcer 1'éloge de fes talens a la mer. D'ailleurs cette vicloire n'a eu aucune fuite favorable pour eux; ils étoient fi maltraités qu'ils n'ont pü. gagner Antigues & qu'ils ont été obligés, comme nous, de faire vent arriere. Une anecdote a conferver de ce Mémoire eft celle de Mr de Marigny, Commandant le dfar; après 1'avoir défendu jufques a la derniere extrêmité, étendu fut fonlit, mortellement bleffé, on vient lui dire que le vaiffeau qui eft en feu va fauter:ra«t mieux, répondit-il, les Anglois ne l'auront pas. Fermez ma porte, mes amis, & tdchez de vous fauver. 17 Juin 1784. Le Mémoire de M''. d'Arr0! eft fort clair & fort développé; il, fe iuftifie trés bien, il prouve par les faits qu'il n'a point quitté fon pofte de Matelot de 1'avant, que lorfqu'il s'eft trouvé défemparé au point de nepou voir plus manceuvrer; s'étant répaté il a vu lefignal de vüejje, par equel il n'y a plus d'ordre de divifion, chacun fe place comme il peut; Mr. ó'Arros Pa fait & il n'y avoit alors qu'un vaiffeau entre la Ville de Paris & lui, & puis deux : il fert depuis 37 ans & n'a encore éprouvé  (65 ) aucun reproche; il a recu 1777 coups de canon. 11 avoit encore 1500 gargoufïes de tout calibre, ayant eu la précaution d'en faire faire 800 durant le combat. Suivant ce que dit Mr. è'JrrostMi: de Grajje paroiffoit encore en bon état, lorsqu'il s'eft rendu; il a amené dans le moment qui lui étoit Ie plus favorable, ou 1'ennemi comrnengoit h tenir le vent & a déféfpérer de prendre 1'Amiral. 17 Juin 1784. On parle d'une nouvelle place d'Adminiftrateur général de la Lotterie royale de France, créée en faveur du Sieur Morel, a la charge de penüons pour ; les Sieurs Garat & JJwedo. On connoit Ie ; premier: le fecond eft un Juif qui chante avec beaucoup de goüt; fort infolent & renommé pour un foufflet qu'il recut au caffé \ du caveau en préfence de bèaucoup de fpec: tatcurs; ce qui le corrigea & le ramena a : faire des excufes a 1'offenfé. 17 Juin 1784. La Lettre de Mr- Albert de Rioms eft courte & tend uniquement a le difculper de n'avoir pas exécuté un eer; tajn fignal. II prouve a Mr. le Marquis de i Vaudreuü , Chef de 1'Efcadre blanche & ■ bleue, que c'étoit d'autant moins a lui h faire ce reproche a un Capitaine de Vaiffeau de fa Divifion, qu'il n'avoit pas répété le fignal de facon h déterminer d'y obéir. Les argumens de*Mr. de Rioms femblent pres» fans & viclorieux. ■  (66) 18 Juin 1784. Les NoP.s de Mr. le Marquis de Vaudreuil en marge de la Lettre de Mr. Alben de Rioms font foibles & même des efpeces d'excufe k cet officier. II lui reproche feulement d'expofer fes grieft d'une Hianiere peu décente & répréhenfible. 18 Juin 1784. La Requête cu Difcours de M/, Albert de Rioms k M, M. du Confeil de guerre aflemblés, tend afe plaindre , tandis que la plupart des autres accuféa n'ont été décréiés que d'affigné pour étre oui, de 1'être d'ajournement perfonne], lui fi'xieme; il y répond direcïement a Taccufation du Comte de Grafje de n'avoir pas obéi a fon premier fignal. I! entre k cette occafion dans la difcuffioa *3e 1'objet de ce fignal & prétend qu'jj r.e pouvoit remplir les intentions de M!'. de Grafje; qu'eót-il étéexécuté, onn'en auroit pas p.us obtenu la victoirc & 1'on ne s'eq feroit pas mïeux tiré. 11 fait un paraltcle de 1'état des chofes a la journée du c, dont le général fe prévaut fi fort, & démontre qu'il ne reflembloit pas k celui de la journée du 12; coniequemment quen faifant la même manoeuvre, on ne peu voit fe flatter d'un fucccs pareil. L,es caules de notre defaftre, en ne comptant que du commencement de 1'aclion, font: 10. la fupériorité cennue de rennen;:: 2°. le défordre oh nous nous femmes v.s dans: les premiers inflansj défordre bier.  C 07 ) augmenté par le changement de vent, enfin rendu extréme par les circonftances qui ont permis a 1'ennemi de couper notre ligne en deux endroits: 30. le calme qui a mis le plus grand obfiacle au rétabliflement de 1'ordre, en ce que tandis qu'il rctenoit la feconde Efcadre dans une ina&ion abfolue & forcée, la brife donnoit a nos ennemis les moyens de fe réunir pourporter leurs cflörts fur un feul point. 18 Juin 1784. L'affaire de 1'abbé de Mably fe civilife, du moins quant au Cenfeur Mr. de Sancy. II a recu une lettre en date du vingt-deux Mai de Mr. Laurent de Tilledeuil, Direéleur aujourd'hui de la Librairie, qui lui apprend que M1. Ie Garde des Sceaux 1'a rétablL On afiure que c'eft a Ia recommandation de 1'Archevêque même qui a écrit a Mr. de Miromefiiil qu'il croyoit Ie Cenfeur fuffifamment puni de fon inattention, qu'il fe défifioit de toute pourfuite è fon égard & le prioit inftamment de lui rendre fes fonclions. 18 Juin j 7S4. Extrait d'une Lettre de Lyon du <5 juin.... Avant-hier on a régalé le Comte de Haga du fpeclacle d'une Montgolfiere, (c'eft ainfi qu'on a baptüé les machines aëroftatiques fabriquées fuivant la méthode de M. M. de Montgolfier,) Elle avoit 70 pieds de diametre vertical, fur 189 pieds de circonférence. Les coopérateurs qui faifoient le fervice de ce ballon,  C 68 ) s'étoient noué autour du bras un mouchoir blanc; allégorie dont 1'application n'échappa point k 1'augufte étranger. 11 appercut auffi k leur boutonniere une petite médaille, portant d'un cóté les armes de Suede & de 1'autre oelles de France: Oui, dit-il, fort bien! ces armes-ld font unies depuis Jongtems. je n'entrerai pas dans le détail de cette expérience, qui n'eft plus ou plutót qui n'eft encore qu'un jeu d'enfant, mais cependant penfa être funefte aux voyageurs par les foubrefaults de la machine, lorfqu'elle s'abattit. M1'. le Comte de Laurencin dirigeoit , 1'expérience ; mais le fpeêtacle nouveau qu'elle offrit,fut celui d'une femme,dont le nom fera déformais illufire par fon intrépidité; c'eft Madame Tible, Lyonnoife: elle regut des complimens univerfels & furtout du Comte de Haga, & fut couronnée k la comédie au bruit des acclamationspubliques. Mr. le Comte de Haga foupa a 1'archevêché, oh Mr. de Montazet avoit faitconftruire un fallon fur une terrafie illuminée dans le meilleur ordre & terminée par une déco. ration,fur laquelle on voyoitdesinfcriptions & des emblêmes rappellant les événemens •les plus remarquables du Regne deGusTAVE UI: galanterie dont le Comte' de Haga témoigna fa"vive fatisfaclion au Prélat. 19 Juin 1784. ML'. le Marquis de Tibouvüle eft mort ces jours derniers. II étoit connu dans la république' des lettres pour  C 69 ) avoir donné au théatre une tragédie de Thélamire en 1759, cc pour difFérens ouvrages de foeiété; mais fa grande réputation lui venoit pour avoir mis la Pédéraftie a la mode en quelque forte, pour en avoir fait trophée avec d'autres Seigneurs de la cour, tels que le Duc de Villars, le Marquis de Salins, &c. Auffi Voltaire Pa t-ilhonora* blement placé dans fa Pucelle. 19 Juin 1784. j Le bal paré donné hier en 1'honneur de M1'. le Comte de Haga, a offert, fuivant 1'ufage, le coup d'ceil Ie plus riche & le plus impofant, leplusagrëable en même tems par la réunion des femmes les plus élégantes & les plus jolies de la cour. 11 a été fans étiquette & 1'on n'a point danfé de menuet, paree qu'il auroit dó. s'ouvrir dans Ie grand cérémonial par la Reine & 1'augufte étranger, & que celui-ci ne danfe point. 20 Juin 1784. II paroit conftaté queMr. d'Entrscafteaux , Confeiller au Parlement d'Aix, Sgé de vingt-fix ans, après avoir tenté a plufieurs reprifes d'empoifonner fa femme, I'a égorgée dans fon lit de la fagon la plus atroce. On raconte que 1'ayant furprife endormie, de concert avec fon va« let-de-chambre, fcélérat dévoué a fesordres, ils lui avoient tous deux tamponné la bouche avec du cotton, puis fcié le col avec un rafoir; que pendant cette horrible opération, le mari tenoit un vafe pour recueillir  c 70; Ie fang; qu'ayant pris routes les précautions pour arrang^r une h.ftoire, il avoit crié au voleur; mais que par tout ee qui avoit fuivi, on avoit eu lieu de fe convaincre qu'ils étoient les auteurs du crime & que ce qui ne permettoit plus den douter, c'eft que Mr. d'Ëntrecajieaux s'étoit retiré eu Sardaigne. Le pere du mari étoit ici. II eft Préfident a mortier de ce Parlement, mais peu aimé dans fa compagnie, comme attaché dans le tems au parti Maupeou & comme pourfuivant aftuellement un de ces procés qu'il eft même Honteux de gagner. Le Parlement a écric a M1'. le Chancelier pour le prier de fupplier le Roi de faire recommander. le coupable dans toutes les cours. Madame d'Ëntrecajieaux la bru, étoit Cas» tellanne en fon nom, fort joiie & Sgée de 24 ans feulernent, Elle avoit eu peu de biens en mariage; le jeune homme étoit fort' avare & défiroit époufer une riche veuve: c'eft ainfi qu'on raotive fon crime épouvaotable. 20 Juin 1784. Extrait d'une lettre de Rennes du 14 Juin.... Vous me demandez ce que c'eft que la Sociêté patriotique Bretontie. C'eft une de ces affociations fi a la mode aujourd'hui, qui fe forment fans trop favoir pourquoi & qui croient avoir beaucoup 4'illuftratioQ en imagjnant un titre qui an-  C70 Ibnce de grands devoirs, qu'clles font Ie plus fouvent dans- 1'impuiffance de feinplïr. Celle ci doic fon origine & fon inftitutiorj k M>: le Comte de Serent, Gouverneur de |a prefqu'iïlë de Ruis, Commiffaire général d;s_Etats de Bretagne au Bureau de 1'ad•miniftration, membre de pïufieurs Acadé. mies. C'efl dans la grande falie de fon chateau de Keraliier oue fe , , ,,v ,wo o-ees. On y voit une tribune portant cette mfcription : ici on fert fon Dieu fans hypocri. fis , fon Roi fans intêrêt, & fa patrie fans ambition. On a donné au lieu desaffemblées le nom faftueux: de TamnU de In BMiW» r „. Patriotcs Bretons pour augmenter Péc'ïit de leurs folemnités fe font affocié pïufieurs femmes célebres. telles rme m->^«,-i„/- » "«ujaiuciJVyUiir telTe de Nantais, Madame la Comteffe de Genlis. Madame la R Madame la Comteffe de Biauhamois , qui vient tout récemment d'être proclamée CYtoyenne; c'eft Ie terme myfiique. 20 tuin i-iKa. TI pn.irr > , « - • - t* uau» ie monae la copie d une Lettre de M'. le Maréchal de Ca/ïriw ,'Miniftre de Ia Marine, k Mr Ie Comte de Grafie, au fujet du Confeil de guerre de POrienr. nni n» u;rr„ ,• de douter du mécontentement du Roi a .có""" «e ce ueneral, qu'on traite bien 21 >m 1784. Mr. le Baron ón 8 donné famedi dans fa rUi;,-;»,,r„ — ,  C70 faint-CIou une fête a Mr. le Comte de Haga, oii tous les Miniftres, la familie Royale cc la Reine ont affifté. Ce qui la rend fpécialement remarquable, c'eft 1'honneur qu'a ce Miniftre de recevoir 1'illuftre étranger, tandis qu'on n'annonce pas qu'il eüt recu de fête d'aucun Prince du Sang, ou de la familie Royale. 21 Juin 1784. Mr. Bontin le Confeiller d'Etat, a été envoyé en Guyenue par le Roi pour vérifier les faits avancés par le Parlement contre 1'Intendant de Bordeaux Mr. Dupré de Saint Maur & fes fuppóts. M'. Boutin eft accompagné de Mr. de Boisgibault, Maitre des Requêtes & d'un Ingénieur des ponts 6c chauffées. Pendant les travaux de cette efpèce de commiffion du Confeil, Mr. Dupré de faint Maur refte comme fufpendu de fes fonc-. tions & c'eft M'\ Boutin qui les exerce. On croit que cette affaire fe civilifera, ainfi que celle des alluvions & que la Cour n'ofera foutenir des vexations dont le Parlement a fait un tableau fi révoltant. ,1 Juin 1784. Copie de la Lettre du Maréchal de Caftries a Mr. le Comte de Grafie. „ Le Roi a Iu, Monfieur, la Lettre par laquelle vous recufez d'avance les membres du Confeil de guerre, cc vous fuppliez Sa Majefté de vous juger Elle même. Sa Majefté n'a point approuvé les motifs de la  C 73 ) Ia réclamation anticipée que vous formiez contre Ie jugement définnir qui devoit être rendu par le Confeil de guerre affernblé h J Oriënt, & Elle n'a pas pu les approuver davantage depuis que le jugement eft connu. ,, Sa Majefté a fait examiner & a examiné Elle-même avec Ia plus grande attention tous les chefs d'accufation qui fe trouvent confondus dans les Lettres & Mémoi. res que vous avez répandus en Europe & que vous avez portés contre I'armée navale dont vous aviez le commandement. Elle a vu que toutes les inculpations de défobeisfance aux fjgnaux & d'abandon du Pavillon amiral dans la journée du 12 Avril, étoient décruites par le Confeil de guerre 5c qu'oa ne paavoit attribuer aux fautes particuüe- .. res qui ont été commifes la perte de la bataille. II réfulte de ce jugement que vous vous êtes permis de compromettre par des inculpitions ma! fondées, la réputation de pïufieurs officiers, pour vous juftifier dans 1'opinion publique d'un événement malheu, reux dont vous euiïiez peut-être trouvé 1'excufe dans Pinfériorjté de vos forces, dans 1'incertitude du fort des armes & dans des circonftances qu'il vous étoit impoffible de maitrifer. „ Sa Majefté veut bien fuppofer que vous avez fait ce qui étoit en votre pouvoir pour prévenir les malheurs de la jjurnée; mais Elle ne peut avoir Ia même indulgence fur Tm XXK1. D  C 74 ) les torts que vous imputez injuftement k ceux des officiers de la Marine qui fe trouvent déchargés d'accufation. Sa Majefté mécontente de votre conduite k cet égard, vous défend de vous préfenter devant Elle. C'eft avec peine que je vous tranfmets fes intentions & que j'y ajoute le confeil d'aller dans la circonftance actuelle dans votre province." 22 Juin 1784. Nous avons parlé il y a deux ans environ de 1'auteur de 1'ouvrage fameux : qu'eft-ce que le Pape? attribué a un M1'. Eybel, dont nous avons en même tems annoncé la mort funefte par le poifon , mort nu'on attribuoit alors aux fureurs du clergé. Nous fommes bien furpris aujourd'hui de voir revivrece Mr. Eybel, Confeiller, chef de 1'une des Commiffions nommées par • 1'Empereur pour la vifite des égiifes & des couvens,. & s'expofant de nouveau aux vengeances .des prêtres: car on aflure que c'eft le même auteur de la brochure ci-desfus indiquée. Y-a-t-il erreur de nom?feroit-ce le fils ou le frere du défunt? ou celui-ci n'eft • il pas mort, eft-il revenu de fon empoifonnement? II faudroit être fur les lieux pour vérifier une pareille contradiftion. La première nouvelle de 1 empoilonne« ment étoit d'autant plus croyable, qu'elle étoit accompagnée de toutes les dates & autres circonftances propres a rendre un récit impofant.  C 75 ) 22 Juin 1784.. Depuis que nous avions annoncé a la fin de 1782 la brochure intitqlée le finge de 40 dns, nous n'en avions plus encendu parler & nous commencions k douter de fon exiftence. Les colporteurs la confirment de nouveau aujourd'hui & propofent aux amateurs cette nouveauté. Ils prétendent que dirigée en effet contre 1'Empereur, ce Prince en auroit acheté toute 1'Edition. Que cependant, fuivant 1'ufage, il s'en eft trouvé quelque exemplaire échap. pé, fur lequel on a fait une feconde édition qui court le monde en ce moment. 22 Juin 1784. Extrait d'une Lettre de Bordeaux du 15 Juin 1784 M>: Boutin qui nous étoit annonce depuis quelque tems, eft arrivé il y a trois jours. II a fait fes vifites au Parlement avec Mr. de Boifgibault, fon collegue. Ou affure que nos Magiffrats onc délibéré de ne point les voir. Voila le cas qu'ils font des Commiffaires du Roi. Les Remontrances au fujet des corvees paroiffent imprimées & font trés adroites par Pinfertion qu'on y a faite de toute 1'enquête contre 1'Intendant, oh citeunefoule d'horreurs. On commence a croire qu'il ne reviendra pas: on dit qu'il eft mal va er) cour; le bruit de cette ville même eft qu'ji eft exilé k fa terre. 22- Juin 1784. Extrait d'une Lettre de Cherbourg du .10 Juin Enfin le premier Cóne pour la formation de ce baflïn D 2  C 76 ) en rade bien füre & bien fortifiée dont je vous ai parlé 1'année derniere, a été lancé le 5 de ce mois dans 1'endroit convenu 6c a parraitement réuffi; on duiten placer un autre le 21. On ne regarde plus cela que comme un jeu : avec de 1'argent & du tems on en viendra a bout... Quelques Anglois préfens k 1'opération & qui en rioient d'abord, ont eu la mine fort allongée quand i)s ont vu le fuccès. On jette des pierres a foree acTuellement pour remplir ce cöue k claire voie. $ M''. le Duc i'Harcmrt, notre Gouverneur, eft dans Penchanteraent. II a écrit k fvpv Per onnet pour lui témoigner toute fa fa> üsfaflnon de ce grand ouvrage entrepris fous fes aufpices. Le Miniftre de la Marine sneourage la befogne; il n'eft'pas moins rdorieux de voir les Anglois a la veille d'êrre refferrés & bloqués dans la Manche fous fon adminiftration; il écrit que 1'argent ne manquera point. 23 Juin 1734. L'infatiguable Mr. Mer* cier n'a pas tardé k donner Mon bonnet de nuit, cet ouvrage quM avoit annoncé a la fin de fon Tableau de Paris. On le voit dans ce pays-ci. On dit qu'il conüfte en deux gros volumes in 80. & que c'eft le plus grand 'gaïimathias que 3'on puiffe lire. 11 fe vend oependaot a caufe de fa fingulatité 5 mais on eft étonné qu'un homme qui a du talent & du mérite, ait pu faire imprimer des fottifes pareilles.  C 77 3 23 Juin 1784. On a parlé de 1'Arrêt da Parlement du 23 Mars . dernier, qui condamne Pillot, ce Me. Clerc du- Notaire Perron, pour abus de confiance de plufiears clients & fufpeété d'être fauffaire, a être fouetté, marqué, envoyé aux galeres a pcrpétuité & préalablement mis au carcan. Les parens de ce malheureux avoient obtenu un furfis depuis ce tems; mais enfin n'ayant pu défintéreffer les partics civilcs, il a ïallu qu'il iubfc Ion fupplice & il acommencé hier par être mis au carcan. Dès que le bruit s'en eft répandu, tous les Notaires y ont envoyé leurs Clercs comme a une école d'inftru&ion, dans 1'cfpoir que •1'exemple contiendra ceux qui feroient rentés d'imiter leur ancien camarade. Me. Foacier, Notaire, impliqué au procés-, par 1'Arrêt eftdéchargé-de 1'a'ccu'ation,après avoir été interrogé fur la fellette, k ce que 1'on préfumè, paree que 1'Arrêt ne s'exphque. pas k cet égard pour le ménager, & qu'on n'auroit fait difficuhé de mettre d Ut barre de la Cour, s'il ne 1'avöit cté que de cette fucon, qui n'eft point infamante. 23 Juin 1784. Extrait d'une Lettre de Crenoble ou 12 Juin..., Notre Parlemect eft de nouveau dans la crife, il bataille avec lè Confeil qui a déja cafie quatre ou cinq de fes Arrêts dans la même affaire II s'agit d'une pauvre communauté opprimée par une chartreufe: le Parlement a pris la défenfe D3  C 78 > de la première ; de - la cette longue querelle, qui a provoqué cnfln les Rernontrances vigoureufes arrêtées, toutes les .chambres afiemblées, le 29 Avril dernier. Outre les caffations multipliées dont fe plaint la Cour, elle réclame un de fes Membres, Mr. de Meyrieu, Confeiller Rapporteur de l'affaire, mandé par lettre de cachet a lafuite de la cour; & 1'abolition d'une amende de jco livres, prononcée par le Confeil contre le Procureur de la Communauté. 24 Juin 1784. Les colporteurs font fort allarmés de la vigilance avec laquelle on a intercepté jufques en Flandre & fur d'autres routes des ballots de livres qu'ils attendoient. Ils attribuent ce redoublement de zele & d'aélivité aux plaintes que le Roi de Prüffe a fa*t portcr a Poccafion des Mémoirés de Voltaire: fans doute le défir de foufiraire le Mémoire nouveau du Comte de Mirabeau, précédé de fa converfation avêc Mr. le Garde des fceaux, n'a pas peu-contribué k ces recherches. Du refte, on dit que pïufieurs colporteurs font a Bicêtre pour Ie premier ouvrage. 24 Juin 1784. Un cadeau a faire au Comte de Hasa, c'étoit fans doute de lui donner le fpeclacle d'un aëroftat. II a eu lieu hier a Verfailles dans la cour des Ministres. C'étoit une Montgolfiere_, c'efl-a-dire, s'élevant par 1'agent de Mr. de Montgolfier, par le feu. Elle a 86 pieds de haut fur 230  (79) pieds fix pouces de circonférence & porte le nom de Marie-Antoimtte. Elle eft du refte enrichie de tous les ornemens poffibles: on y voit lurtout Je chiffre du Roi avec celui du Roi de Suede cc un bras garni d'une écharpe blanche, dont la main vient de recevoirune couronne avec des lauriers. Elle peut porter vingt-cinq quintaux. Comme il regnoit un grand vent, il a fallu attendre un moment plus favorable Si elle n'eft partie qu'a cinq heures moins un quart avec toute la folemnité poffible. 24 Juin 1784. Extrait d'une lettre dc Grenoble du 15 Juin.... Ce n'eft que depuis ma derniere Lettre "que j'ai eu connoisfance d'une autre tracafferie de notre Parlement avec le Confei!,4 1'occafion dudefpotifme d'un infpe&eur des manufaeïures du Dauphiné contre des fabricans qu'il vexoit, cc mis fous la proteclion des Loix. De-la un nouveau combat d'Arréts cc de Remontrances arrêtées aux chambres affemblées, le 30 Avril dernier. EUes font imprimées, aiqfi que les premières, cc vous parviendront fans doute bicntöt. 25 Juin 1784. Meffieurs Pilatre de Rofier & Preuts, qui montoient la montgolfiere Marie:Antoinette, font defcendus hier entre Cbamplatreux & Chantilly a cinq heures & demie, a douze lieues de diftance du point de leur départ, après avoir confommé tou- D 4  C 80 ) tes leurs provifioDs: aÏDfi ils out feit leur route en trois quarts - d'heure. Lc Prince de Condé leur a envoyé fur Ie champ des voitures & a nommé la prairie gü ils ont pris terre: Pilatre de Ro/ïer. 25 Juin 1784. Le Sr..Gretry ayant, comme de raifon, grand regret d'avoir perdu fa mufique employée a Ia piece de Théodore £? Paulin, dont on a rendu compte il y a quelques mois, a déterminé 1'auteur des paroles, le Sieur Desforges, a conferver de fon fujet ce qui avoit trouvé grace devant le public & mérité même des applaudiflemens, " c'eft - a • dire, un épifode reiTerré en deux aftes fous le titre de VEpreuve Villageoife. Cette niaiferie, oü il y a quelques traits d'tTprit & de gaieté, a eu hier le plus grand fuccès relativement a la muflque pittorefque, naïve & riche, fans aucun iuxe déplacé & étranger au genre. 2J Juin J784. Les Remontnmces du ParUment de DavpJdnê concernant l'affaire entre la communaulé de Bouvante les Chartreux du Val Sainte - Marie, ont percé ici, On y voit avec peine qu'un Ordre reiigieux qui a renoncé non • feulement aux délices de la vie, mais par une mort anticipée prefque a la vie de ce monde, voüloir ravir h fes vafTaux des biens qu'ils posfédoient depuis pïufieurs fiecles fur la foi des traités; s'auto'ifer dans fes projets ambitieux par des Arrêts furpris au Confeil du  ( 81 ) du Roi ; Arrcts contraires aux Ioix du Royaume & introduifant des formes nouvelics; le Parlement forcé d'cn fufpendre Pexécutiön pour empêcher ' la ruine d'un villa-gé confidérable. Tèfle eft Pefquiffe de ces Remontrance* écriccs a la fojs avec nobkfle & fimpücité. ' 26 Juin 1784.. Mr. Mignonot a donné une Suite k fes Confidêrations Politiques. Elle paroft depuis peu. II y traite de deux objets trés importans, relatifs aux circonftances du moment. Le premier eft le Traité que les Turcs vien< rent de tonclure & avec la Ruffie & avec 1'Empereur. L'auteur obferve avec raifonque c'eft la fuite de leur foibleffe; que poue peu qu'elle dure, les deux Puiflances aliiées fauront bien tót s'en prévaloir pour fermer de nouvellcs prétentions; que le feul remede eft d'erigsgér le Grand-feigneur a faire apprendre k fes troupes la taclique moderne j jl en indique les moyens. Le fecond objet eft Ia prefTéance que préV . tend aujourd'hui PImpératrice des ftuiges en affeétanÉ le pas fur la France a la cour da Vienne. M1'. Mignonot fait voir i'abfurdité de cette prétention avec autant de force que de raifon. Ces deux points , quoique difcutés avec beaueoup de méthode, ne portent pas moio* d'intérét par la maniere dont 1'écrivaiö les préénte, par les anecdotes hiftoriques dons Dj  C s2 ) ïl mêle fes raifonnemens & par un ftyle noble & plein de dignité , comme fon fujet. II eft a fouhaiter que les autres Conüdérations pol'itiques dont il s'occupe, nè tardcnc pas a. paroitre; elles ne peuvent que lui faire honneur & contribueront peut-étre a éclairer le Miniftere & même les étrangers fur quantité de chofes ou négligées, ou mal vues. 26 Juin 1784. Le Chambellan du Roi de Suede a été tué hier en duel par Mr. Ie Comte de la Mark, C'eft une fuite d'une rixe élevée entre eux au bal de 1'opéra; mais le principe en-eft ancien. On prétend que ce Chambellan avoit fervi en France dans le Régiment de la Mark; que lorfqu'il fut queftion durant la derniere guerre de pafïer les mers, cet officier refufa; ce qui Je fit taxer de Mcheté par fon Colonel: il a profité du premier moment de lui en demander raifon. On dit Mr. de la Mark dangereufement bleffé. Cette cataftrophe s'eft paffée dans toutes les regies & en préfence de témoins. On croit que le Comte de Haga en a été inftruit dès le matin au palais, oh il étoit pour entendre plaider Mr. Séguier. II eft forti un moment & 1'on préfume qu'on ve. noit lui apprendre la funefte nouvelle. 26 Juin 1784. M1'. Pilatre de Rojitr rsc s'eft pointr vanté dans fa relation des fuites  C 33 ) funefles de fon voyage. Suivant celle du Prince de Condé même, la machine en s'abattant a' brülé un arbre & s'efl brülée enfuite. Son Alteffe ajoute que fi elle eftt tombée dans la forêt, elle auroit pu 1'incendier toute entiere. Cette Montgolfiere étoit fi des féchée, qu'en y touchant on y faifoit ces trous. 27 Juin 1784. Le Chambellan du Roi de Suede tué étoit d'origine francoife & lyonnoife, il fe nommoit Düpnrron. II paroit que le Comte de la Mark avoit tenu des propos qui- lui ont été rapportés, dont il n'a pu s'empêcher de lui demander fatis* fa&ion. 11 a prévenu fon maftre & lui a demandé fa permiffion. Le Comte de Haga luia répondu, que s'il étoit eu France comme Roi de Suede, il traiteroit l'affaire visa-vis du Roi même & favoit ce qu'il auroit a faire; mais que n'étant ici que comme Comte de Haga, il n'avoit rien h dirc & qu'il ignoroit cela. II en réfulte qu'il n'a pas moins été fenfible au procédé de Mr. de la Mark, qui par égard pour le Souverain auroit dü s'abflenir des propos qui ont provoqué le combat. 27 ^ai» 1784. En conféquence de la délibération prife avec les auteurs dramati* qucs, le Sieur de Beaumarchais a déja éérrf I tous les Directeurs de troupes de provinee pour traiter la chofe h Pamiable avee eax ayant d'avoir recours k Fautorité, m même D 6  ( 84 )_ pour les effrayer d'avance & en dreï meilleur parti; Juin 1784. Les autres Remontrances du Parlement de Grenoble, au fujet des Artêtfi du Confeil rendus contre les frères Romieu, fabricants de petites étoffes a\ Ro-nans , font auffi arrivées ici. Leur objet eft de fe plaindre des atteintes données è 1'ordre des jurifdictions, è la füreté du commerce, aux regies de ia fubordination, & a la liberté dont le Magiftrat doit jouir dans Padminiilration de la jufiice. II eft encore queflion ici de Mr, de Meyrieu, Confeiller mandé a la fuite de la cour, comme ayant rendu des ordonnances dans l'affaire, & d'un huiffier interdit de fes fgnctions pour avoir exécuté les Arrêts du Parlement. 28 Juin 1784. Mr. de Fontanelle ayant effayé fes talens politiques a rédiger depuis huit ans cette partie du Mercure de France, a été jugé digne de paffer a la Gazette de France. C'eft un Mr. Mallet Dupan qui le rempla.ce. Celui. ci eft connu pour avoir rédigé pendant deux ans a Geneve, fa patrie,les Mémoires hifloriques, politiques tflitléraires fur l'état pré/ent de l'Europe. C'eft auffi lui qui s'étoit emparé de la continuation des Annales de Me. Linguet, durant la détention de ce journalifte. 28 Juin 3784. Pour favoir décidément  C ) k quoi s'en tenir fur 1'Hcüopt, Mr, je Maréchal de Cajiries vient de nommer trois CommifTaires de 1'AcadénredesSciences, qui doivent lui rendre un compte bien circonftancié de 1'expérience qu'ils feront de 1'inflrument & des réfultats qu'ils auront obtenus. 29 Juin 1784. Entre les fpeétacles donnés a Mr. le Comte de Haga, YArmide du Chevaiier Gluck, exécuté h la cour le 14 de ce mois fur le grand théatre, a iinguiiérement frappé 1'illuftre étranger par la magnificence des décorations: celle du boca»e oh Renaud fe repofe; celle de 1'embrafement du palais de la magicienne, ont furtout été remarquées. On a obfervé aufïï que Kfflè, h Fajfcur qui, quoique retirée, a repris le róle ó'Armid» en cette occafion, n'a point brillé & a trés mal chanté. 29 Juin 1784. Extrait d'une Lettre de Dijon du jj Juin Mr. de Morveau qui s'occupe plus aujourd'hui de ballons que des affaires de jurifpudence, a fait le 12 de ce mois conjointement avec M" de P~irely * Préfident de notrechambredescomptes, une expérience, par laquelle il prétend avoir du igé fa machine horifontalement contre le vent. Les incrédules en doutent encore & font une petite objeétion. Pourquoi ces voyageurs ne font-ils pas revenus defcendre dans cette capitale, au lieu d'aller s'arréter  C 85 ) dan» un méchant village? Les bonnes gens s'imaginent les avoir vus planer fur Dijon 6c les environs, Mais Mr. Blanchard planoit auffi 29 Juin 1784. L,e Dormeur êveillé, comédie en quatre actes 6c en vers, mêlée d'anettes, déja jouée 1'année derniere durant le voyage de Fontainebleau & tout récemment au petit Trianon chez la Reine, avoir. déja regu deux fois les fuftrages de la cour; il a été donné hier a Paris fur le théatre des Italiens. . Le fujet eft tiré des Mille £ƒ une mits; il prêté par fa nature k une grande pompc de ipeótacle & aux plus brillantes iiluflons de la fcene. Au premier Acle le Dormeur éveillé n'eft qu'un bourgeois: au fecond il eft calife; il rentre dans fon premier état au troifieme, 6c au quatrieme remis de nouveau fur le tróne il lui préfere une efclave qu'il adore. Telles font'les diverfes fituations par oh paffe ce perfonnage principal. " Le muficien a travaillé fur un fujet firiche qu'il n'a eu qu'a déployer Ia variété de fon talent. En général, cet ouvrage a plu beaucoup; cependant il n'eft pas neuf, il eft trop allongé & il laiffe quantité de chofes a. défirer encore, même du cóté de la mufique. Les paroles font de Mr. de Marmontel, cc la mufique eft de M1'. Piccini. 30 Juin 1784. Le vendredi 25, Mr. le  C 3? J Comte de Haga affiftoit pour Ia fecondefois au Manage de Figaro. , Le Sieur Dugazon Iqui fait le röle d'un juge fort béte, nommé Bride-oifon,a voulu régaler Pilluftre étranger d'un couplet de fa facon , que les journaux , on ne fait pourquoi, n'ont pas jugé k propos de conferyer. Comme il fair." anecdoie, quelque médiocre qu'il foit, le voici: L'nftre bienfaifnnt du monde D'un image enveloppé Déja difparoft dans 1'onde Pour le vulgaire trompé. Par ma fcience profonde Sous un air fimpie, en ce lieu, Ainfi vois-je un demi Dieu. 30 Juin 17S4. On a parlé d'un Mémoire de M^ Linguet, qu'on ne connoiffoit que par le désaveu de fon Procureur nommé Quequet. Par une fatalité finguliere, tous ceux qui prennent les intéréts de ce turbulent perfonnage, font deftinés a devenir bientöt fes ennemis. C'eft ce qu'on voit dans une Lettre de Me. Linguet, datée de Londres le 15 Juin, oh il fait desreprocb.es tres vifs k ce Procureur de fa conduite & déclare qu'il va' le révoquer. II avoue du refte & Ie Mémoire cc le Procés au CM. telet. 30 Juin 1784. Les colporteurs annoncent une nouvelle brochure trés rare, puis. qu'üs prétendent qu'il n'ea eft palTé ici que  C 83 ) cinquante exemplaires; elle a pour titre le diable dans un bénitief. Peut-être n'a-telle que cela de facétieux. On la dit imprimée h Londres, ou la police a fait ce qu'elle a pu pour 1'empêcher de fe répandre en retirant Pédition. i« Juillet 1784. Mr. le Cardinal de li Rochefoucault, Archevêque de Rouen , étoit défigné pour PréQdent de 1'alTemblée decimale du Ciergê, qui doit fe tenir en 17 85; mais comme cette Éminence n'eft pas propre h entrer dans les vues de réforme pol ici que dont s'ocCupent les Prélats adminiftrateurs, on lui a fubftitué Mr. 1'Archevêquc de Narbonne , qui s'eft déja diftiDgué au Chapitre de Saint-Denys. |« Juillet 1784 A la fuite du Comte de Haga, eft ici un Chevaiier de Mout at fa qui, quoique fujet du Roi de Suede, eft né ii Conftantinople, y a paffé laplus grande partie de fa vie & a trouvé le vêtement 'Pure fi commode qu'il ne peut fe réfoudre a le quitter & a toujours Pair d'un Mufulman. 11 eft trés inftruit, il a beaucoup d'efprit & il eft homme de lettres: il fa:t parfaitement re francois; il prétend que ce qulon a écrit jufques - la fur Pempire Otcoman , & commeneer par les Lettres de Milady Ahnta'gu, n'eft qu'un roman. En conféquer.ce jl a compofé une hiftoire de cet Empire & furtout de fes loix, qu'il va terminer & faire imprimer en Eracce.  C 89 } icr Juilln 1784. II court depuis les repréfentations du Mariage de Figaro PEpigrarame fuivante, trés finguliere. Le van du Dramomane, ou la Semaine couleur de rofs. Qne le Parifièn agit en étourdi! A fêtoyer ie djame il s'étoit enhardi, ! Et ]>ar un Figaro follement applaudi, Le voila fous mes yeux encor ragaillardi: Pour moi que Ia galté n'aura point cffadi, ■ Je tiens de ma femaine un plan bien arrondi; Un joli Requiem pour dimanche a midi, Item, chez Curtius, les grands voleurs loijdij Item, chez Arlequin, Jenncval pour mardi J Item, chez Poquelin, Dtverley raercredi; Le combat duTaurean, prés de Pantin, joudi; Le Speclacle infernal, oü 1'on fait, vendredi: Ah! fi pour la clóture, on pendok famedi. 2 JuiUet 1784. La D»e. de Mmtenfier, Directrice de la troupe des Comédiers de Verfailles & de quelques autres, ayant donné 1'txemple aux Directeurs fes confrères de répondre négativement au Sieur de Beau. tnarchais &c de lui obferver même que fa demande étoit impofïible dans i'exécücicn ; il a pris ie parti de remettre un Mémoire au Miniflre de Paris, formé d'après la Délibération unanime des auteurs dramatiques, pour obtenir un Arrét du Confeil revêtu de Lettres - Patentes. II paroic conflant en effet que les mem-  C 90 ) bres du bureau de lëgifiation draraatique fe font tous rendus a 1'invitafion du Sieur de Beaumarchais, & que les abfens même ont envoyé ieur adhéüon, fauf Mr. Rochon de Chabannes, qui a répondu au billet du Sr. de Beaumarchais par le billet fuivant, en date du 7 Juin, qui court le monde & bon a conferver. Les auteurs dramatiques doivent fans „ doute, Monfieur, être bien reconnoiiïans „ du zele généreux avec lequel, même an „ milieu dé vos triomphes, vous ne ceffez „ de veiller a leurs intéiêts; vous entrez „ dans des détails mercantilles, propres a „ accroitre leur fortune. Je vous en ai, ,, en mon particulier, une obligation infi„ nie; mais je crois inutile de me rendre „ a 1'alTembleé que vous jugez a propos „ d'indiquer chez vous. Je fais quel doic 5, être le fujet de la délibération , il m'eft „ indifférent aujourd'hui, Heureufement , par les circonftances je me trouve au desj, fus du befoin; je ne travaille point pour de 1'argent. Loin des intrigues & des „ cabales, je ne cherche ga'a foutenir la. „ foibie réputation que, graces aux bontés-j „ du public, mes ouvrages m'ont faite: ,, j'ambitionne furtout cette conödérarion s, perfonnelle qu'il ne peut refufer a laivm,, ne conduite, aux fentimens honnêtes, 6C-,, que ne fauroient jamais compenfer les; „ fuccès, fa renommee & la gloire la plus: „ brillaote."  C 91 ) 3 Julllet 1784. Les trés humbles, trèirej'peüueufes &f iteratives Remontrances' du Parlement au Roi fur l'êiat at'iuel des Quinzevingts, préfentées le 23 Mai 1784, font jmprimées. Un Chapitre..créé par la Loi dèsl'origine & confirmé dans fes pouvoirs par les Statutsj ainfi que par 1'Edic de 1746, étoit ïe premier juge de toutes les affaires touchant le gouvernement des Quinze- vingts, fauf 1'appel en la Cour; il le tenoit réguliérement tous les mois. Une' adminiftration de Magiftrats gouvernoit 1'hópital; en fon abfence elle étoit repréfentée par le Maftre; celui-ci préfidoit a la police intérieure. La vigilance du Maitre actuel faifoit de 1'enclos des quinze-vingts, avant fatranflation, le féjour de la décence & de lapaix. L'efprit d'ordre gouvernoit les finances; les compte» étoient en regie; les freres dans Paiiance» d'honorables économies groffiffoient le tréfor. Mais depuis la tranflation, le Chapitre ne fe tient plus, Padminiftration n'ett plus qu'une ombre; tout le pouvoir eft dans les mains 'dwlGrand.aumdirer; deux hommes nommés par lui gouvernent fous fon nom & par fes ordres. Tel eft le précis du tableau, que le Parlement offre au Roi: tableau foutenu de dépofitions & de piéces juridiques, qui rendent beaucoup plus graves les inculpations. 3 Juület 1784, Quelques Magiftrats du  ( 92 ) Chatelet ont communiqué le Fatlum de Me. Linguet; il eft in 40; il eft enveloppé d'uoe efpece d'avertiffement ayant pour titre d'une part: Annales Politiques, Civiles £ƒ Littéraires, par Me. Linguet, N°. 82, gratuit; de 1'autre eft un AvertiiTement' fur le Profpecvis de I'Edition corrigée des ceuvres de Mr, de l'oltaire, qu'il a entreprife: enfin au milieu fe lit: Défenjes pour Mc Lmguet fur la demande en rêparation d'honneur, &? en domtnages intéréts, formée contre lui au Chdteht de Paris par le Sieur Pierre le Quefne, marchand dltoffes de foie. II eft en effet figré Linguet cVpïus bas Quiquet Procureur. Toutes ces fingularités font h remarquer de la part d'un auteur auffi original & il en fera rendu compte plus en détail. 4 Juiïlet 1784. II eft queftion d'un grand ballon que Mr. le Duc de Chartres fait c'dn> ftruire depuis longtems h Saint Ciou: on Pappelle une Charloite ou Caroline, da nom de M'. Charles, dont on a adopté Ia méthode pour celui • ci. Mais ce n'eft pas lui qui. s'en mêle; ce font les freres Robert. M\ Charles a refufé d'y monter fous précexte qu'il ne fe fiattoit pas de pouvoir diriger la nouvelle machine mieux que 1'autre, Öt que pour recommencer la même chofe c'étoit un jeu d'enfant. Q_uoi qi/il en foit, Mr. le Duc de Chartres attend avec impatience la fin de cette grande machine, qu'on dit coüter 40,000 livres: il cpmpte monter de-  C93) ■dans; cs qui a occafionné un Calembourg Ido Madame de Vergennest „ apparemment, aJt-eile dit, Mr. le Duc de Chartres reut ainfi \fe me'tre au dejjus de fes affaires." 4 Juillet 1784. On va voir chez Mr. |.F;«m horloger, trois pendules de fa com1 pofition tres curieufes. La première repréfente une Négreffe en I bufte, dont la tête eft fupérieurement faite. 1 Elle eft hiüoriée trés élégamment & avec 1 beaucoup de richeffes & d'ornements. Ellea, l.fuivarrt le coüume, deux pendeloques_ d'or I aux oreilles. En tirant 1'une, 1'heure fe I peint dans 1'ceil droit & les minutes dans I r eft un Mémoire trés dévcloppé fur 1'établifle-  ( 95 ) ment d'une compagnie, pour faire la traite direóle des produdtion» du pays des Drufes, peuple du Mont'Liban & Anti-liban, oti 1'on donne le détail hiftorique de fes produdlions, des forces de 1'Etat, de A-s tichelles, du caraclere du Prince & de celui de fes fujets. II eft divifé en difFérens paragraphes. 1°. Defcription da pays des Drufes. 2°. Carac* tere du Prince & de fes peuples, richeffes & forces de la nation. 30. Etabliflement d'une compagnie de commerce qui fera la traite directe de Baruth en France, dans le port le plus voifin & dans toute l'Europe. 4". Avantages pour Ia compagnie de la traite des marchandifes du pays des Drufes. 5". Avantages & point de vue fur Pextenfion de ces différentes fpéculations projettées dans les pays qui avoifinent les Drufes & avec lefquels ils font alliés. 6'\ Enfin, idéé des marchandifes d'exportation des manufactures èe France. Ce Mémoire eft rédigé par deux fpécula. teurs, dont 1'un étoit encore fur les lieux en 1782. Suivant fon rapport, les Drufes habitent une coutrée enfermée entre le MantLiban & 1' Anti - Liban, vallée fertile qu'on appelle Syrië Creufe. Ces peuples fe prétendent iffus en partie de deux régiraens franqois qui, du tems des Croifades, furent incorporés avec eux après la bataille de Meanougue en Syrië. . Leur Souverain qui «i'intitule Emir, defire autant que fes fujets qua-  (97) que nous formions un EtabliiTement decommerce avec ;eux. Le port oh il pourroit avoir lieu feroit Baruth; il n'y auroit des ports de France a celui - la que pour trois ou quatre femaines de trajet. Les principaux objets d'exportation feroient les foye. ries , la cire , les huiles , les vins, les grains de toute qualité, les laiues, les cottons, le falpêtre, les chevaux, les bceufs les bois de toute efpece, &c, * Les articles d'importation dans ce pays-U pour les échanges feroient les draps Londnns, 1'indigo, le papier, le fucre, le caffé, toutes fortes d'épiceries, les liqueurs les confitures, les odeurs & toutes fortes de quincaillerie, &c. &c. &c. ' Ce Mémoire, s'il eft exact, doit étre d autant mieux accueilli du gouvernement qu'il nous fournit un point d'appui pouJ nous avoifiner des. Turcs, dont il s'occupe beaucoup aujourd'hui & qu'il s'agit de foustraire a 1'invafion prochaine des deux cours Impériales réunies. 6 Juillet i7«4. Mercredi dernier ,Q Juin 1 Academie royale des Sciences affeJ. a entendu Ie rapport qui lui a été fait par Mr Fleurant de Ia couftruétion de Ia Montgolfiere de Lyon, nommée la GuTave & du voyage qu'il a fait dedans. Ce™, » rendU cette féance curieufe & nouvelle £ été le fpeftacle de Madame TMe ceL kiz?\T*mre qui'ia  r 28 ■) Madame Tible, depuis qu'clle eft h Paris, fol ici te Mefiïeurs hè Abbé Miolm & yi^S ï-,et de 1'afibcicr aü voyage qu'ils doivent entreprendre inceffamment dans leur Mont?olfiere, la plus immeofe qu'on ait encore 'vue & qui doit partir du Luxembourg le dimanche n de ce mois; mais ils n'ont point ffl faire cette injure aux femmes de Paris, dont quelques - unes brigueht aufil cet honneur. Vraifemblablement,. pour ne point faire de ploufes, ils n'en embarqueront aucune avec eux. ' 6 Juükt 1784. Toutes les fourniffions dé Mr. raft'Bé Mabiy n'ont pu empêcher la p;.;cul:é de Théologie de ööurfuiv.re la cen« fure: ePe commence enfin a paroitre fous li titre de Cenfure de h facidté de Théologie /i;r le tivre des Principes de Morak. 6 Juillet 1784. On ne ceffe de parler de la fëte donnée h M<; le Comte de Haga par M>'. y Duc de Cojé. Ce Prince a déclaré qu'après celle que ia Reine lui avoit donné a Trianon, il n'en avoit point vudeplus-belle. Les jardins étoient i'luminés de cent mille bougies & 1'on avoit pouffé la recherche jufques Èi plancheyer les allées 6c a y répandre des tapis, 1 Juillet 1784. On commence h aller voir chtz M'. Foucou, fculpteur.de PAcadémie, le bufte de M1'. de Suffren, que les Mai re & Confuls de la ville de Salon, en Provence, patrie de ce grand homme, ont-  ( 99 ) commandé h cet artifte: c'eft la fuite d'une délibération unanime de fes compatriotes. Ce bufte doit être élevé en ce lieu fur une colonne de marbre. 7 Juillet 1784. Les défenfes de Me. Linguet toujours trés verbeux ont cent onze pages. C'eft en effet fon N». 72. qu'il a dilayé dans ce volumineus Mémoire; il eft d'abord précédé de quelques réflexions, oh il déclare qu'il n'eft point agreffeur, qu'il ne fait que répondre a la demande en réparation d'honneur du Sieur le Quefne, efpérant ainfi éluder la demande en réparation pécuniaire que fon commettant auroit a former contre cet infidele correfpondant; mais, quoiqueabfent.il ajoute qu'il ne veut ,ni ne peut, ni ne doit confier fa caufe a aucun des membres du Barreau de Paris. Ce qui lui fournit occafion de revc-nir encore une fois fur 1'Ordre des Avocats par une déclaraation non moms violente que les précédentes; il enveloppe même le Parlement de Paris dans cette d:atribe & renouvelle tout ce au'il a dit k cet égard. H LiTa flviCe fon Mémoire en trois pames. II rend d'abord compte de fa fitua t.on préfente: ,1 juftifie enfuite la révélation qu',1 a cru devoir au public des perfidide fon ancien agent; il finf£ par démontreri «gjade réclamations Pautorifent La première partie nc confifte a propreE 2  C ICO ) ment parler, qu'en réflexions préliminaircs; après quoi il entre en matiere. II parott d'Ebord que le Sieur le Quefne a fondé fa demande fur cinq ouvrages de Me. Linguet qu'il a qualifiés de libelles; favoir, fon Avis aux Soufcripteurs des Annales Politiques ; &c. les trois Numéros 73, 74 & 75» contenant fes Mémoires fur laBaftille; enfin une Lettre adreffée d une gazette étrangere, qu'on croit être celle de Cleves & fignée de M=. Linguet. Celui - ci demande la - desfus ce que veut le S'. le Quefne & fur quoi il appuye fa réclamation ? Comme tout ce qu'il dit a cet égard n'eft qu'une répétiuon Se ce qu'il a déja dit, qu'il n'apporte ni faits nouveaux , ni anecdotes, ni preuves nouvelle*, il feroit faftidieux d'entrer dans un plus long détail. La démonfiration des répétitions pécuniaixes que Me. Linguet fe prétend dans le cas d'esercer contre fon correfpondant, quoique trés conüdérables, n'eft pas m.eux fondée en raifonnemens & en preuves En général, ce Mémoire n'a que la fornoe jufidique & fous cet appareil 1'auteur a Sm avec empreffement 1'occafion de renouveïer Fhifioire de fes derniers malheur» 4 Mn conficner authentiquement tous les déJa ls uffue, dans les mains & le fancluatre I d Tufiice H &ut attendre pour voir jLLnfeS'raccueillirac.quel ufage dl. en fera.  C ioi ) 8 Juillet 1784. Quoique Pengouement du public pour le Muriage de Figaro fe foutierjne conftammenr, Ie Sieur de Beaumarchais cherche a le ranimer de tems en tems par differens moyens. .C'eft ainfi qu'il a fait counr, il y a plus d'un mois, une lettre prétendue écrite par lui, fuivant les uns, a M'. le Duc de rillequier, fuivant les autres, 4 Mr. le Préfident Dupaty, lettre fort impertinente, quoique bien faite dans fon genre. JiUe paffoit pour une réponfe a la demande qu'on lui avoit faite d'une loge gril. iee pour des femmes qui n'ofoient aller voir la piece trop publiquemeat. Peu de tems apres on dit que fa piece qui étoit déja * la oix-leptieme repréfentation, alloit être arrêtee; enfuite on ajouta que 1'auteur avoit été SH5 * !a Bsffilfe Toutes ces rumeurs s'étant accréditées pendant quelques jours, le Sieur de Bcaumarchais les a démentics en avouant la Lettre dans le Journal de Paris, mais en défavouant les différentes adreffes qu'on y avoit mifes. Comme il n'a point déclaré la véritable, qu'on a découvert qu'il avoit lu cette lettre dans un dfoer longtems avant qu'elle fut publique cc fans nommer davantage celui è qui elle étoit envoyée; ily a tout lieu de croire que c'eft une rufe de fa part cc qu'elle n'eft que fictive. 8 Juillet 1784. Les dévots font fort fcandahfés que Mr. 1'abbé Miolan ait choiü pour le jour de fon expérience aërofta£ 3  C 102 ) tique, un dimanche, & pour Ie tems, celui de la matinee, c'eft-a-dire, 1'heure de la mefle. On afiure que c'eft fur les repréfentations de M1'. le Lieutenant général de Police que le choix du jour a eté rait pour ne pas détourner les ouvriers. 11 a calculé que durant le refte de la femaine ce feroit pour eux une perte de plus de cent mille écus. 11 a eu le courage de contraner ainfi le goüt de la Reine qui defiroit voir ce fpeftacle cc vouloit en conféquence que ce ne füt point le dimanche. Sa Majefté a facnfie fon plaifir a une auffi excellente raifon. 9 Juillet i?84- Depuis environ dasbuil mois réfide dans ce pays-ci une etrancere qui fe nomme Madame Hajfelgrecn. Elle'eft Suédoife & a été la mattrefte du Duc de Saismms't ficére '~i P«~. iz de Elle prétend avoir quitté Stockholm par un dépit de jaloufie. de voir fon amant lui faire infidélité pour une aclrice. Quoiqu il en foit, il paroit que le Comte de Haga a quelques confidérations pour elle. * eit allé la voir pïufieurs fois, cc même une ou deux in fiocehi. II Pa chargée de faire plufieurs emplettes de robes, de modes cc de chofes de goüt pour la Reine de Suede. Comme c'eft la feule femme galante qu ü ait été voir dans cette capitale, les autres font furieufes." Elles prétendent que le Comte de Haga n'aime point le fexe cc repandent fur fon compte toutes fortes de mauvais propos, plus indécens cc plus odieux.  C 103 ) Les, femmes 6de la cour que le Comte de Haga voit le plus, font Madame la Com.tefie de Lamarc, Madame la Duchefie de la Falliere, Madame la Princeüe de Qoy] Madame de: Bouflers, &c. 9 Juillet. i784,. Extrait d'une Lettre de Bordeaux du 3 Juillet 1784.... D,-puis longtems il eft queftion que notre Parlement doit prendre connoiffance de Pa^Fai-e du Vicomte de Nuë: enfin il y a eu\ ' fujet un comité chez le Premier Préfidenr oh les Jurats ont été mandés. On leur a demandé les aéles, ordres & lettres du Ü* mftre,. relatifs a cette affaire. Us ont l pondu qu'ils ne pouvoient s'en defrai^' Eux retirés, on a ouvert Pavis de Arrêt a ce fujet & d'ordonncr qu'ils firfÏÏÏ tenus de remettre ces piece, \e ^ seft trouvé partagé. On en a référé ?, chambres affemblées: autre partage, en for te que la déoonciation eft reflée la 9 Juillet xlH. 11 eft beaucoup queftion de 1'enterrement du Sieur Êoig^S .pentier employé en chef par Mrt SovL aï •travaux de féglife de Sainte Genevleve tl a demande par fon teftament a être enter* dans cette Bafilique a cóté de fon maftre & en conféquence a légué deux mille écu, pour fa place. Par le même teftament il a ordonné un cortege & des funéradles mo po> noncés è cet honneur. Ce Te'ftaWj, étoit flbifarre^fifeyeuxcnccue^S; E 4  ( 104 ) «ue les héritiers en ont eoniefté les d.fpoGJions & qu'il afalluqueleLieutenantCiTordonnat de paiTer outre: en conféq ence 1'eoterrement a eu lieu ces jour- c ,1e coi a d'abord été préfenté a Saint Sulpce, & tranfporté eufu.te ^ un corbillard a Sainte Uenevieve C étoiun Vrai fpeftacle par la fingulanté de cet arti ïan enterré avec tout 1'appareil d'un grand kTJuillet 1784. Ou voit dans ce payj d imprimées des Itêratives & trés humbles & trés refpeSlueufes Remorttrances au Ro , dtt Parlement de Bordeaux, en date du fept juin ,784. EUes font la fuite de celles dont on a déjü parlé concernant les vexations de 1 intendant & de fes fuppóts au fujet des corvées Onya joint 1'Arrêté du 25 Mai pré^édent. oh cette cour, les chambres affem- blées, a délibéré fur la léance ou w»^ tteeiftres des Lettres patentes du K01 au / (Tpar neuf Confidérations oh elle en difcute les diverfes inculpations, eft conve-. nu de faire lefdites Remontrances On y voic d'autres objets qui tourmentent auto ^ Ucitudecc qui rendent cet Arrêté trés Pr0Cua« aux Remontrances, contre 1'otdi^ ?l« font Peu verbeufes & trés fortes rchofe Hleïroulent fur les nouvelle, e^quaS celles-ci éublies fur des pieces  Juridiques, fur des vérifications d'experts afiermentés, confirme d'une maniere palpa. ble ce qui d'abord avoit été fimplemenc énoncé dans des dépofitions , & c'eft un affemblage d'excès moaftrueux & les plus puniffables. Le furplus contient k juftification du Parlement, qui, bien loin d'avoir mis trop d'ardeur dans fes recherches, n'a peut-être que trop de molleiTe a fe reprocher. I! y eft queftion a ce fujet des attributions toujours faites au detriment de la loi & des fujets, des évocations, enfin des formes de coaétion nouvelles, imaginées fous ce regne & dont celui de Louis XV, oh le defpotifme a fait tant de progrès, n'offre aucun exemple. 10 Juillet 1784. Point d'expérience aëroftatique, depuis celle de Mr. Charles, qui ait plus occupé le public que celle de Mesfieurs 1'Abbé Miolan & Janinet. Ils y travaillent depuis le mois de Mars dernier. L'obfervatoire étoit leur attelier. La hau-' teur de cette Montgolfiere eft de plus de cent pieds, y compris la galerie; fon diametre de 84 & fa circonférence de 264. U eft entré dans fa conftruclion plus de 3700 aunes de toile. Outre les deux auteurs il doit monter dans la machine deux autres voyageurs, le Mar. quis ÜArlande Sc M'. Bredin, mécbanicien. C'eft au Luxembourg, dans la partje va» E J  C 106 ) gue & dépouillée d'arbres que 1'afcenfion doit fe faire. On n'y entrera que par le Luxembourg qui, lui-même, fera fermé. Toutes les précautions font prifes pour qu'on ne puilTe être admis que par billet de 3 livres. Le plus grand ordre eft étabü pour les voitures; & un emplacement deftiné pour celles de la familie royale annonce d'auguftes perfonnages. Outre le grand aSroftat, il eft queftion de deux plus petits, dont 1'un marchera ijo pieds au-deffus de lui & 1'autre ijo au desfous- il y a une infinité d'autres circonftances de 1'appareil qu'on ne peut rapporter: en général, il eft trés compliqué & les bons vmvficiens n'y ont pas foi. _ 11 Juillet 1784. Vendredi dernier Mr. d'Epremejnil a rendu compte aux Chambres affemblées du jugement du tribunal des Maréchaux de France en date du vingrdeux ]uin contre le Vicomte de Me, malgre 1'Arrêt du Parlement de Paris qui i'avoi-t üris fous fa fauve-garde, caffé par un Arrêt du Confeil qui évoque le fond & renvoye nour le furplus, c'eft - * • dire, pour le proïèdè & le manque de refpeft au Gouverneur, au tribunal juge né de ces fortes ^es- La Cour a arrêté de renvoyer la Délibération i un mois, ce qui n'annonce pas beaucoup de chaleur. „ Juillet nU- Le Comte de Haga eft è la veille de rtrtir trés incelTamment. Un  C 107 ) dit qu'on n'en fera point fiché a Ja cour oh il ennuye les femmes & les hommes; ce qui fait fon éloge, en ce que les unes ne le trouvent point affez frivole & ne favent que lui dire, n'ofant Pentretenir de quolifichets ,& de galanterie, & les autres trop ignorans .pour répondre aux queftions qu'il leur fait, font défolés de. voir un étrangcr plus inftruit qu'eux, mais qui voudroit en favoir encore davantage 6c les embarralté par fes demandes. Pour dénigrer Ie Comte de Haga, on a aifecté de répandre quelques- uns de fes propos qui n'annoncent qu'une grande franchiie, ou un défaut de cette délicatelTe excefiive qui évite de bleuer l'amour - propre de qui que ce foit, même de la maniere la plus indirecte. La Reine lui donnant un concert chez ei:e, lui demanda s'il aimoit beaucoup ce genre de mufique? 11 répondit qu'il n'aimoit pas la mufique de chambre. La Reine ayant chanté avec Madame la Roche - Lambert, jeune femme qui au plus joli gofier joint un goüt exquis, Sa Majefté le queftionnant ü ion concert 1'avoit amufé, il dit que Madame ia Roche ■ Lambert le lui avoit fait trouver fort agréab'le. Enfin quelqu'ua voulant favoir ce qu'il penfoit de la voix de Sa Majefté, il déclara que S. M. chantoit ti ès bien pour une Reine. On ajoute encore qu'au Bal, la Reine ne E 6  ( io3 ) danfant point, le Comte de Haga lui demanda fi elle aimoitladanfe, étant jeune? Mais cette queflion n'eft rien moins quegauche elle devient même une plaifantene fane pour ceux^qui favent qu'elle n'eüt lieu que Lfque la Reine eut annoncé qu'elle ne danferoit point paree qu'elle étoit trop vieille. Voila comme les perfiffleurs, lorfqu'ilsveulent imprimer du ridicule, dénaturent tout. 11 reroit bien étonnant que ce Prince, qui dans les diverfes converfations particuheres & furtout a 1'Académie, oti cent perfonnes étoient a portée de Pentendre, a toujours montré beaucoup d'honnêteté, de politeffe, d'aménité, de juftefle & de préfence d'esprit, n'en eüt manqué précifément qu 4 3a cour. , ", ■. Le Sieur de Beaumarchais a beau leprevaloir de ce que le Comte de Haga a été deux fois h fa piece; on fait pourquoi il y a retourné: fuivant ce qu'il a dit a M'. Suard l PAcadémie, en lui parlant de fa fortie contre le Mariage de Figaro, il comptoit la voir encore, paree qu'il ne Pavoit pas bien entendue la première fois. C'eft décéler affez tout ce qu'il en penfe: il trouve cette piece fort réjouiffante, mais unpeufale. li Juillet 1784. Le feu ayant pris k Vaeroftat d'aujourd'hui avant 1'expérience, ïl n'a pas été poffible de la faire; tant de préparatifs fe font trouvés vains & la populace furicufe d'être attrapée a mis le refte en pitces.  C iop ) *i JuUkt 1784. Le Bureau de la vilie, réveillé enfin par les cris du public, après ayoir mürement minuté unlongRéglement ou il a cherché a prévenir toutes les fripon' nenes des marchands de bois, 1'a préfenté au Parlement, qui Pa homologué mardi 6 de ce mois En conféquence il a fait fabrijuer de nouvelles membrures qu'on va voir è Ihótel de ville, comme des pieces curieufes II a nommé des officiers pour les infpecfer & fuivre Ia manutention, enforte qu'il paroit que le nouveau Prevót des Marchands entrera en place, fous de meilleurs aufpices que n'eo fort Mr. de Caunartin 12 Juillet 1784. Le Sr. Bkton revient fur la lcene; il a été envoyé par Mr. ]e Con. tróleur général dans les environs de Paris oh 1'on afluroit qu'il fe trouvoit des veineï de charbon de terre, pour y faire fes expénences fous les yeux de M>\ Touvenel, Doeteur en Médecine & de pïufieurs Infpeéleurs des mines. II a d'abord été employé a Saint Germain en Laye, oh, fuivant lui, les fouilles qu'on y fait depuis Iongtems foat inutiles. 11 en a trouvé, au contraire, a Luzarche & dans d'autres endroits, ch 1'on doit fouil. Ier fuivant fes indications. 12 Juillet 1784. On alloit voir ces jours derniers chez le Sr. Meniere, orfevre-jouaillier,les préfens que Ie Roienvoyeau GrandSeigneur par fon nouvel Ambafladeur Mr E 7  C 110 ') -le Comte de Choifeul-Gonffnr; ils confiftent: ,o En un Service de vermeil compofé de 24 petits plats de forme ronde avec leur ^Erf'un fabre, deux pifiolcts & un fufil, gM* en or & d'un travail précieux. o En une groffe montre-de parade em> chie dé brillans (on la porte (ur un couffin è cóté du Sukan dans les cérémonies puDii- «K^Eri deux aiguieres de vermeil & ur.e ' en argent. ,' 5o. En des caffolettes, unafperfoir qu on remplit d'eau de fenteur. j [ • La plupart de ces piéces font ennchies de diamans. Les pipes font montées fur els flacons de porcelaine du Japon, On voit enfuite pïufieurs pendules & une quantiu crodigieufe de montres, foit en or , foit en argent, dont les heures font marquéts fur le cadran par des lettres ou chiffres tUTout cela eft d'un exquis; mais Mr. le Chevaiier de Mwatfa prétend que ce n'eft pas dans le goüt de cette nation, que nous Lorons encore, malgré les infirufitjons que peu vent nous donner li-deffus nos Ambaffadeurs, ce qui peut plaire aux Turcs ou leur déplaire. ,. i3 Jankt 7784. La Charhtte ou Caroline de Saint Clou devoit partir hier, & quoique 1'on n'eüt rien annoncé a cet égard, il t y  c ui; étoit rendu beaucoup de monde dans lanuit paree que ie bruit couroit que 1'expérieoce auroit lieu de trés bonne heure, è caüfe de 1VK Ie Duc de Chartres, qui perfiftoit a vouloir y monter. JVlais tout le monde a été attrapé, on a dit qu'un accident empéohojt d'enlever ce jour-la 1'aëroftat; que ce feroit pour le lendemain, & la foule fe difpofe a y retourner. 13 ^aiifer 1784. Extrait d'une Lettre de la Haye du 9 Juillet.... II y a depuis longtemps une guerre vive entre Ie rédacteur de la gazette de Cleves & nos gazetiers. Le premier, qui eft un homme de mérite, de beaucoup d'efprit & de prudeüce, qui d'ailleurs a un cenfeur, ne cefFe pourtant de déclamer contre notre Républiq-ue &: prend la défenfe du Stadhouder en toute occafion. II s'exprime avec une éner' gie que les nótres appelient violcnce & faDa. tifme. On ne peut douter qu'il ne foit foutenu de fa cour & que fes expreffions ne fbient diélées. Le gazetier de Leyde & jw teur d'une gazette Hollandoife appellée'la Pofte da BtiS'Rhin, le combattent a toute outrance & ne lui épargnent pas les injures. Le Roi de PrulTe a gagné de primaucé &'s'eft plaint par fon Envoyé de ces deux écrivains. La Régence de Leyde a pris la chofe en confidération, elle a abfous fon concitoyen le Sieur Luzac: quant è 1'autre Ia Régence d'ütrechc a décidé, qu'on offenfe.  ( "2 ) rolt la Libertè Civile dans une République, fi 1'on empêchoit le Citoyen de dévekpper librement fes idéés fur des affaires relatives d l'mtéret général. . 13 Juillet 1784. Madame la Comtelie ue Genlis a compofé & mis en lumiere un nouvel ouvrage, intitulé les veillées du chdteau, ou Cours de merale a l'ufage des enfants, en trois volumes, oh beaucoup de pbilofophes & de gens de lettres font fort maltraités. Ce qui lui a valu 1'épigramme fuivante: Comme tout renchérit, difoit un amateur, Les Oeuvres de Genlis a fix francs le volume; Dans Interns que fon poil valoit mieux que faplume, Pour douze francs j'avois 1'auteur. 14 Juillet 1784. On a créé une feptieme place d'Adminiftrateur de la lotterie royale de France, dont eft revêtu le Sieur Morel, & vraifemblablement afin de le récompenfer de fes travaux littéraires pour 1'opéra & des foins qu'il prend de fon régime. M. le Comte de Vaudreuil qui veut du bien a Mr. Garat, a profité de cette occafion de lui faire faire un fort pécuniaire. II en a parlé ï la Reine. En conféquence la place eft grevée de 6000 livres de penfion en faveur de celui-ci. Le Sieur Ofwedo Juif, Négociant de Bordeaux, qui chante avec beaucoup de goüt, de methode *& accompagne Mr. Garat, a obtenu la même grace; & un autre amateur nommé Louet, qui a eu 1'hoaneur ds toucher du  C i'3 ) clavecin devant la Reine, en a autant. Ces bietjfaits font indireétement pris fur le public puifqu'ils le font fur les bénéfices de la loc' terie,qui devroient tourner auprofit dufifc; }] en a réfulté en conféquence un vaudeville fur Pair: avec les jeux dans le village: on y maltraité fort les nouveau protégés du Controleur général & le Miniftre lui-mêmequi a eu la main forcée. On y peint paroccafion la fociété de Madame le Brun, oü préfide Mr. de Vaudreuil, & qui devient un bureau littéraire, ou plutót une académie des arts, oü Pon juge, apprécie & récompenfe les talens: cette chanfon affez platte eft quelque-, fois trés méchante. Elle eft en fix couplets. 14 Juillet 1784. II y a un fchifme dans , VOrdre de Yharmonie entre les cent premiers membres: les uns, difciples dociles & aveugles du maitre, fe contentent de ce qu'il veut bien leur enfeigner & n'en exigent pas davantage:Ies autres commencent a fe laffer de ne point voir les promeffes du Docteur s'efiècluer & le preffent de leur apprendre enfin ce grand fecret, Pobjet de leurs recherches qu'il a promis de leur tranfmettre, qu'il annonce toujours & dont il ne dit rien. 14 Juillet 1784. Une chofe qui fait infiniment d'honneur k la manutention aftuelle du thédtre lyrique, c'eft Peffort heureux qu'il a fait en faveur du Comte de Haga; effort dont il n'y avoit pas d'exemple. Depuis le 11 Juin , indépendamment du fervice de la  C n4 ) cour,on y a remis, fans compter le petit Acie de ïïbuïle & le Ballet de la Rofiere, dix ouvrages capitaux y favoir : Didon, Iphigénie tn Aulide, ks Danuïdes, Chimene, Armide, (a Verfailles) Athys, Cajlor, Iphigénie en Tau? ride, la Caravane & k Seigneur Bienfaifant. " i»4 Juillet 1784,. Chanfon aux navigateurs aëriens partis le 23 Juin 17^4 5 furi'air: vous m'eutendez bien. C'étoir en Suede & non ailleurs, Qu'il fallok, mes braves Meffieurs, Aller a tire d'ailes: Eh bien! Y poner des nouvelle?. Vous m'enteudez bien. * Déja vous feriez de retour Et vous auriez fait votre cour A ce Roi dont la gloire, Eh bien! Ornera notre hiftoire. Vous m'entendez bien. Stockholm eft prés de ChantUly Pour un voyageur aguerri Qui dirige a fa guife, Eh bien! Et le Sud & la Bife. Vous in'entendez bien. iï-j-Vi 3i,3JtroS '• .' :*' GS Jtfi? S Mais pour bien rnener un Ballon, Comme Eole eft un vieux barbon,  C 115) Téchez par préférence, Eh bien! D'avoir fa furvi.vance: Vous m'enieiiciez bien. * Sans cela vos pompeux élans Ne feront que des cerfs volans Et vous n'irez qu'apprendre, Eh bien! Comment il faut defcendre. Vous m'entendez bien. 15 Juillet 1784. La chanfon ci-deffus peut encore mieux s'appliquer a 1'aëroftat de Saint Clou , lancé' enfin aujourd'hui après pïufieurs remifes. II s'eft élevé trés rapidement & eft defcendu enccre plus vïte. Nous en parierons plus amplement, après avoir recaeiiii ies détails certains de cet événement brillant dans Ie principe & qui a penfé devenir funefte. 15 Juillet 1784. Le Comte de Haga devoit aller entendre juger une caufe a la Touruelle; mais Ie Garde des fceaux 1'en a difluadé, fous prétexte que ce n'étoit pas 1'ufage, que ces affaires-tè devoient fetraiter a huis dos. Tout étoit arrangé pour que le criminel eüt fa grace, d'autanc que c'étoit un cas trés graciable, puifqu'il s'agit d'un homme qui en a tué un autre avec une quille, ce qui fuppofe un crime du moment & même involontaire. Mefiieurs du Parlement font tres fichés de 1'obfèrvation de M1'. le Garde  C "O des fceaux, d'autant que cet exempïe ne pou▼oit tirer a conféquence, puifqu'il ne vient Das tous les jours des fpeftateurs de cet ordre. Ie Comte de Haga devoitlui-mêmeapporter fa grace au coupable, qui nel'aura pas moins, a ce que 1'on efpere, par fon entremife. 15 Juilltt 1784. Le Pape a envoyé deDuis peu è Paris le corps d'une Sainte appelfée fainte Viftoire. Le breit avoit couru d'abord que c'étoit un Pere faifoit k Madame Louife. 11 parotc conflant aujourd'hui qu'il refte aux filles Dieu de la rue Saint Denys ou il eft en déD6t & oh les curieux vont le vifiter. Cela fei c fpeöacle, il ? a des gardes, on entre p un endroit' & Pon fort par 1'autre » pour év ter 1'engorgement, car le peuple s y pore en B n'e* pa* cependant encore queftion de miracles que la Sainte .« feit. q Le corps richement paré eft couché fur un 1« de ïepos & fous une efpece deboca ; Z cela eft en dedans du chceur des reh, r° La erille eft entre deux: en outre gieufe* ■¥i""„SntP d'une baluftradede rer qu »>- „„iffpnf armrocher de: g?ns "I^^IZ ^Hleducheeur. On, defféchement, on a «ouvé que ^étoit trop 1 bideusc. 1'on a.fldt > ™" vifage de cire. Ce lpectacic u»< ques a famedi.  c "7; ld Juillet 1784. La machine aëroftatique de Saint Clou a préfenté hier un fpeöacle nouveau par fa forme: c'étoit un fphéroïde afïïs fur fop axe le plus long. Meflieurs Robert & le Duc de Ciiurtres y font monrés: 00 a eu beaucoup de peine h le dégager de fon appareil & il s'eft enfin élevé a la vue d'un peuple immenfe; car il étoit venu toute la nuit a. 6aint Clou un nornbreinfini de voitures: beaucoup de gens y étoient reftés depuis lemardi, & quantitéd'autres s'y éioient rendus & pied, ce qui formoit le plus beau coup d'ceil. Une circonftance finguliere c'eft que les derniers rangs ayant prié les premiers de leur permettre de voir en fe baiffant, ils fe font accroupis cc mi« comme en adoration devant la machine cc Sön Altesfe Sérénifiime, qui eft partie aux acclamations générales. L'afcenfion a été rapide & en moins de rien la machine s'eft perdue dans un nuage; peu après on Pa vue redefcendre encore plus vfte, Elle eft prefque tombée dans un étang. II a fallu que le Duc de Chartres envoyat un grelin pour retirerl'aëroftat. On a fu que ce Prince ayant éprouvé ieaucoup de froid, de neige éc de frimats, ïvoit demandé t révenir fur terre ; mais que ö'ayant pu faire jouer la foupape pour gagner l'air inflammable, on avoit pris le parti d'éventer le Ballon; un fecond, rempli d'air atmofphérique, dont Meffieurs Robertcomp' toieut faire ufoge, cc inféré dans Ie grand,  C "8 ) empêchoit au contraire le jeu du premier. Les rames, le gouvernail dont ils étoient munis, rien n'a pu fervir; on regarde cet effai comme manqué abfolument. 16 Jmllet 1784. Mr Saufiaye, receveur des impofitions , fyndic de fon corps, ayant refufé une gratification è. un de fes commis, celui - ci pour fe venger a fait un Mémoire a Confulter, 011 il prétend découvrir toutes les malverfations «e fon chef. ün certain Martin de Marivaux, Avocat déja trés mal fa mé, 1'a muni d'une Confultation en date du 26 Juin 1784 & 1'a envoyé h toutes les portes cochéres. La Chambre des Comptes a cru devoir prendre connoifiance des faus. Le Procureur Général a rendu plainte; en conféquence le fcellé aété mis chezlecomptable & il eft décrété d'ajournement perfounel On ne doute pas que Mr. Saufiaye qui eft fort eftimé, ne fe juftifie& i'on fait qu'il mvaille a fa défenfe. l6 Juillet 1784. On a dit il y a longtems ou'il y avoit un Mémoire pour Varmie, en retonfe aux Mémoires du Comte de Grafie, mais ït étoit fi rare qu'on n'en connoiffoit que le titre II fe répand, manufcrit toujours. 11 eft fandant contre le général, il roule fur fept chefs. ; „ . to 11 n'étoit pas abfolument necefiaire au Comte de Grafie de livrer bataille pour fauver le Zèlé. 20. Si le Zêlé eut pu être pris, la mamere  ( w ) dont Mr, le Comte de Grafie livroit bataiile, faifoit infaiiliblement prendre le Zélé. 3°. La bataiile a été donnée par le Comte de Grafie de celle maniere, que 1'armée frangoife eüt elle cu fur 1'angloife la fupériorité en tout genre qu'avoit celle-ci, la bataiile n'en étoit pas moins perdue fans reffource. 4° 1 es fignaux faits par le Comte de Grafie durant le combat, ou ont éréexécutés, ou n'ont pu être phyfiquemenr. exécjtés. 5 '. Pïufieurs de ces fignaux, ceux particuliérement fur kfquels le comte de Grafje infifte le plus, font de relle nature q.ue leur exécution rendoit la défaitc de 1'armée & beaucoup plus prompte & beaucoup p]us eom plette. 6». Une fois la bataiile perdue, une fois 1'armée jertée fous 'le vent coupée en pïufieurs points ,■ mife dans un défordre entier & forcé par le combat, le changement de vent & le calmé, le Comte de Grafie n'a pas fait un feul fignal è 1'armée, ni aucun mouvement perfonnel propre a remédier au défordre & a le rendre le .moins funefte • poflible. 7°. Enfin, & ce feptieme article eft une conféquence néceffaire des fix premiers aucun Commandant d'efcadre ni de vaiffeau de cette armée, accufée toute fans exception ce peut être taxé d'avoir caufé ia perte de la bataiile du dou^e Avril 1782.  ( 120 ) Voila ce que démontre ce Mémoire d'une ftcon affez claire, fi les faits articulés font plus vrais que ceux fur lefquels fé fonde le Conté de Graffe-. On lui cuatelte jufques l fes plans, dont on veut qu'il n'y au pas une pofuion exaéte. Ce Mémoire n'eft & proprement parler aue le réfumé de tous les autres qui y lont ?ondus;on en attribue la ^» Dalement h Mr. de Bougainville, il a 54 pa-es & eft parfaitement bien fait dans Ion Juillet 1784- On a déja fak un vaudeville affez malin fur le voyage aërien du Duc de Chartresi il eft fur 1'air: vous mm* ttndez bien. Chartres va, dit-on, s'envoler, Jufques a Londre il veut aller ; Mécontent de Neptune, Eh bien! II cherche en 1'air fortune. Vous m'enteudez bien. * Chartres s'envole, & les FrancoiS Certains fur fon brillan: fuccès, N'ont nulle inquiétude: Eh bien! II en a 1'habitude. Vous m'entendez bien. 17 Juillet 17S4. On raconte que la cabale phiiofophique qui protégé & próne beaucoup:  ( 121 ) beaucoup la tragédie des Druïde:, a déteN miné Mr. fi^ 4 cnvoyef fi ^ aa Comte de flaga, qui l'a prié de veuir Ie voir* Ce Prince lui a témoigné Ia plus grande fatisfaétion de fon ouvrage, il lui a dit entre autres chofes: „ vous avez peint Ia fcélé. „ rateffe & la fourberie des prétres de „ main de maftre; mais vous en avez fait un. „ honncte homme, ce qui eft contre les „ vra.femblances." Et les Philofophes de recuedhr cet apophthegme, qui n'a été die lans doute que par plaifanterie, & de le débiter trés férieufement : & les dévots do maudire le Prince hérétique & philofophe. 17 Juükt 1784. Les comédiens Itaiiens ont joué hier le Duc de Benevent, comédie héroïque en trois aétes & en veis, deM--.de Rauquil-Lieutaud. Elle eft tirée d'un co'nta de Voltaire, iotitulé l'Education d'un Prince & il fuffic de dire que le conté vaut infiniment mieux- que cedrame miférable, découfu cc trés mal joué. On a joué a Ia fuite les deux Jumeaux de Bergame, qu'on n'avoit ofé donner depuis l3 mort de Carlin. Le Sieur Cordi Pa trés bien remplacé dans Ie premier róle, & Ie Sieur Thmnaffin s'eft tiré du fecond avec beaucoup de fuccès. II n'a pas paru indigne *du fameux Thomaffin , fon ayeul.fi renommé dans ce genre,- : 18 Juillet 1781. _ Le nouvel ouvrage de M>,Mss-cier, intitulé mn Bonnet de mit ea Tomé XXVI f  ( 122 ) deux gros volumes in fï ne diflère de lbo TM* * Paris que par le titre & en eela eft plus jufte. C'eft ün réceptacle de digresftons de toutes efpeces & fur toutes les matieres, rédigées par chapitres, au nombre de i <\6 , a peu prés. m Mercier laiffe toujours, fuivant fon ufaee, quelque pierre d'attente ; & la fauüe. 1'ouvrage ci-deffus il annonce Yhomme fau.1, roman en un volume, & le Portrait de Philippe 11 Roi d'Efpagne, en un volume aUTs Juillet 1784. M'. le Comte d'Albon, Dhilofophiques, ... „„.w,.o Mr. Court de ueoeun , Proteftant ci conféquemment expulfé dufein des Catholiques, II a obtenu cette faveur: 1p 2 de ce mois Pexhumation a éte taite Su cimetiere des Proteftans & le corps a été tranfporté au lieu défigné, oü le Comte %Albon fe propofe d'élever un monument h ce favant, original & point affez connu. ^ Juillet 1784. Voici la Lettre du Sieur de Beuumarchais > bonne a conferver. Réponfe a guelju'B?» gut me rend une grande loze pour en avoir une petite, en dijant que c'eft pour des femmes qui craignent d'être vues " mafien''ai aucune confidération, Monfieur le Duc, pour des femmes'qui fe Patent de voir un fpectacle qu'elles jugent malnon-  C 123 ) Béte, pourvu qu'elies Je voient en fecret Je ne me prête point k depareillesfantaifies' j'ai donné ma piece au public pour 1'amufer & pour Pinftruire, nVntr.™;^:.. le détail de ces cérémonies puériles, roa;c dont 1'allégorie fenfible eft de faireconnofrr qu'après les bienfaits de la Providence 1 bravail & la borme conduite fonc les vériri! Wes fources du bien - être ; ce qu'a Jc,aré M .1 Intendant, qui a remis dans une bourfe F 2  C 124 ) ta valeur en «gent de deux charges de^ bied ou 600 livres pefant, comme Pnx d agncu^ ture au laboureur indiqué par le co ps üe S le pour le meilleur culnvateur le plu* «hl,, couverte de mets analogues a la tete 2eu. MÏÏlntendaot a fervi les pauvres & les officiers municipaux Tont imité. l a cj ies ouii-ic» r vid accla- portéla fanté du Ro>,quiaété Ru ^ ^ 4. ify a a-ffi dans laFacul- entre les jeune. Dofteurs initiés i cette doef P & les vieux,ennemis des nouveautés. p'armi feu" c fe dittingue leDocïeur MU». jfaruw ctu». dg ennemiS ÏVme & que Pon le prétend grandement fc Vnic? a cette occaflon un impromptu fe omp'e duquel on met toutes les méch,n, cetés qui s'enfantent aü fein de la Faculte. r,a novateur Mefmef les ptrtifti» ardens Sl ^rl.'irnaginant avoir franchi .es bornes, W En faculté montroient les dents : Ils ont «té bien fots, ces Dofteurs ^ens, Quand mm enhardil eur a mentré les cornes. 20 jmt i?84, M'. leDucdeCtartm  a feit préfent è 1'Académie des Sciences <3q Ballon de Sr. Clou. Cette compagnie ne compte pas en faire aucun ufage, mais le garder parmi les machines curieufes; il fau« droit aooo écus feulemenc pour le remplir de gaz. 20 Juillet 1784. Les premières Remon» trances du Parlement de Bordeaux en date du J3 Mai 1784 commencent a fe répandre en cette ville imprimées. Après avoir applau. di aux vues bienfaifantes du Monarque dans 1'abolition de la Corvee, il rappelle fes Remontrances du 26 Aoht 1779, oh il porta au pied du tróne les réclamations des cultivareurs contre les abus naiifans de la nouvelle forme de cet impöt, qui eft la plus difpeidieufe , Ia plus oppreflive, la plus oppofée a la perfectioU des ouvrages & celle qui ouvre la porte a un plus grand nombre de défordres. De-la une peinture effroyable de ceux dont il a recueilli les détails dans les enquêtes. 11 en donne un Extrait k la fuite des Remontrances & tout cela fait frémir; il fe difculpe du refle de ces recherches néceffïrées par le cri général & qu'il n'auroit pas été dans le cas de faire, fi Ie Commiffaire départi eüt rempli fon devoir. Son vceu eft pour qu'on rétabliffe les chofes dans le premier état. II finit par annoncer qu'il eft dispofé a concourir lui-même a une charge pour laquelle il ne doit point y avoir de privilégié. F3  ( 126 ) Ces Remontrances font trés bien écrites, pleines de morceaux éloquens & pathétiques & donnent en outre un tableau de la fituation de la Province trés inftruétif & rempli d'intérêt. On eft fort furpris de trouver dans cet "ouvrage du Parlement un éloge magnifique 'de M. Turgot, contre lequel les Cours octfi fort déclamé, de fon vivant. L'Ingénieur en chef Falfranbert eft le plus maltraité, & c'eft fur lui que les Magiftrats pour ne point effaroucher le Miniftexe, font porter leur indignation. 20 Juillet 1784. Le Sieur Anfeaume, qui de Souffleur de la comédie italienne en étoit devenu le Secrétaire, vientde mourir: il eft auteur d'environ vingt- quatre ouvrages ou pieces a lui feul ou en fociété, joués tant h 1'opéra comique qu'a la comédie italienne, & quelques-unsfont reflés auThéatre. En outre c'étoit le Rebouleur de la troupe qui charpentoit, morceioit, difiequoit les pieces des autres au befoin. C'eft une perte pour elle. 21 Juillet 1784. Vendredi feize de ce mois Mr.- le Comte de Haga étoit a 1'opéra pour la derniere fois; la Reine y affiftoit auffi, Elle voulut régaler cet illuftre érranger du fpeclacle des talens du jeune Feflris qu'il n'avoit point encore vu, paree que ce danfeur arrivoit d'Angleterre. Elle lui fit dire de danfer: il répond qu'il ne peut,  C 127) qu'il a mal au pied. Comme Sa Majefté étoic raftruite que ce n'étoit qu'un prétexte, elle lui envoyé un fecond meffage, par lequel elle Ven prie: fa priére n'a pas plus d'effet que fon ordre. Indignée elle raconte J'anecdote au Roi, qui Veut qu'on mette 3 Bicêtre cet impudent. La Reine intercede pour qu'il ne foit mis qu'a 1'hótel de la force. Le public n'a fu que depuis ce qui s'étoic paffé. Mardi dernier il en eft réfulté une grande fermentation dans le parterre Comme on a fu que le Sieur Feflris devoit fortir, Ia première fois, vendredi 23 pour danfer, on a propofé de ne point Ie laffer paroitre qu'il n'ait demandé pardon a genoux devant Ia loge de la Reine de fa défobéi*. fance, & enfuite au public. Cet événement rendra plus mémorable encore Ia première repréfentation de Ia reprife d'Armide, qui na pas ete jouee depuis le 21 Décembre 1780. 21 Juillet 1784. L'auteur des Mémoires dti Isiramt.o Aa C..." . , i — .—v„ ww uutjui; nous aonne un nouveau roman de fa faCon, ayant pour titre: Olinde 1784, & il pouvoit fe difpenfer d'annoncer qu'il étoit de Ia même main. II ent ete facile de le juger; même affemblage dévénemens bifarres & précipités, même melange du fabuleux & dP im.L*^ même connoiffance du grand monde, même rnorale, même -phiiofophie. Celui-ci eft leulement plus ncir, on y trouve des catas» F 4  ( 128 ) trophes sffreufes & dégoutante*. 11 yJ toujours auffi un peu de cntique, des vue. , des jugemens rapides & pas toujours d un ta£t bien fur. L'auteur nous fait tonnenr de nous citer h 1'occafion d'un Ubellifte qu ü fuppofe venir confulter k Londres le Cjmjj. ^ cLm onfait circukr la venman„fa ««M 6? b fi*«*. Nous avon taut de fois répondu è ces odieufes ^P»tauon^ que Bous n'y reviendrons plus. Pour piouver feulement au romancier* du jour que nous Ee connoilïons pas la vengeance, c eft que nous allons faire Péloge de fon ouvrage en ajoutant qu'il eft plein d'intérêt, bien écnt & fe fait lire avec empreffement. 21 Vullet 1784. P°ur remercier M. Ie Duc de 'Cftflrtm de fa comPblfaf prêter aux défirs du public en leteffant fouir du fpeélacle de fa machine & en fe donnant lui-même en fpeftacle a fes yeux on ne lui répond que par des fatyres & des injures. Voici de nouveau* vers a ce fujet: Chartres ne fe vouloit élever qu'un infPant: Loin du prudent Genlis il efpéroit le faire, Mais p« malheur pour lui.la grêle & Ietonner» Retracent a fes yeux Ie combat d'Oueffant Le Prince efFrayé dit: Qu'on me remette aterxe, 3'aime mieux n'étre rien fur aucun élément. 22 JuiXUt 1784.L'Académie de Peinture&  C 129 ) de Sculpture vient de perdreMr.de5^«/or?; un de fes Confeillers, ancien ProfefTeur de 1'Académie de Peinture, Sculpture & Architefture civjle & navaleèMarfeille. I! travailloit pour Phiftoire, mais il étoit médiocre. 22 Juillet 1784. On ne celTe de parler de PAbbé Miolan, & la Police femble Pavoir abandonné a la dérifion publique, en permettant qu'on le chanfonnat dans les rues pour le punir de fon efpece d'efcroquerie, paree qu'il favoit trés bien que fon aëroftat étoic de nature h ne pouvoir s'enlever & au'il s'étoit enfui de bonne heure fous prétexte d'aller chercher quelques uftenfiles propres a fon expérience & n'avoit point reparu ; ce qui a fait retomber fur fes camarades toute la vengeance du peuple, auquel il a faüu les fouflraire par rufe. Quoiqu'il en foit, voi. ci 1'anagramme qu'on a trouvé dans l'Abbê Miolan: Ballon abimé. 22 Juillet 1784. Les troubles continuenü dans 1'Ordre des Bénédiclins. Ce font chaque jour de nouveaux appels comme d'abus, que les oppofans préfentent au Parlement qui les recoit; mais ils font bientót évoqués au Confeil, Man'ere a des Remontrances que ne celte de faire cette Cour, & toujours fans fuccès. De leur cöié les oppofans com> mencent a fe laffer, & quatre vienrtent de fe faire fécularifer. Ce font les deux Dapre. fi ren om més par le pampblet contre i'Archevêque de Narbonne; Dom Bourdon, oa  C 130 ) des grands colliers de 1'Ordre & rempliffanfr h rnerveille la mefure de ce nom bruyant j eDfin Dom Feble. Le Gouvernement offre toutes les facilités poffibles è, ceux qui veulent prendre ce parti, & efpere par» la venira les fins. S3 Juillet 1784. Depuis qu'on a diminué les membrures du bois, il eft queftion d'en augmenter le prix j ce qui fait doublé mal. Le zele du Parlement s'eft échauffé; les Chambres ont été affembléts pïufieurs fois & il en a réfulté des Repréfentations qui font a préfent fous les yeux du Roi, Hiais dont on n'attend nul fuccès. 53 Juillet 1784. II y a environ quarante ans qu'il courut une Chanfon très-fcandaleufe, intitulée: LaConfeffion. On vient d'en compofer tout recemment une qui ne 1'eft pas moins, fur 1'air: Ce mouchoir, belle Rémonde, Elle eft en Dialogue entre un Pénitent & fon Confeffeur. On en vajuger: C'eft a vos genoux, mon Pere, Que je dépofe aujourd'hui, Les fautes d'un cceur fincere, Qui demande de 1'appui. Mais quoi! fuis-je donc coupab!e? D'avoir négligé le Ciel, Pour un objet adorable, Ouvrage de 1'Eternel? k— Ecoutez moi bien, mon frere* Je ne fuis point Capucin.  C 131 ) —-'J*èn fuis três-enchanté, uion Pere, Gar j'ai 1'odorac tres-fin; Je riens encore a ia vie, Seroit - ee un grand pêché? — No» -»* — J'ai vu bonne compagnie. ■— Le compte en fera plus long.. . Cbmmencez:, je vousécoute, je ne vous foupponne pasD'avoir volé. —'. Non fans dourei- — Vioié. — Dans aucun cas. Tué.— Non, jamais, mon Per&> — Juré. — Beaucoup, au brelan. — On peut fe mettre en colere,, Quand 011 perd tout Ion argorit.. Parionjj.un peu du-beau fexe,. C'eft ie point intéreflhnt:. Votre ame paroit perplexe.. — Le cas eft embarraffant. — Combien de filles & de femmes $ -— Le nombre m'eft inconnur fai beaucoup aiméles Dames,. Ten eus autarir que j'ai pu. — Je feas bien que la -première...,..,.,,;, — Ah! c'étoit une beauté$ C'étoit la fleur printanniere $ Elle vous eut enchanté : Pied mignon & jambe fine> Oeil vif,.regard afiafiïn, La taille la'plus divine!...., — Allez douc jufques a k ünv ~ ^e %.raf Beau jour dè?i'étg Q.ue je commis ce pécfiei.  c 1351 Mon Pefe, ah! quelle conquêteï Rien ne m'en eut empêché. Te la trouve a fa toilette, Le fein nud, 1'air languiflant: Qu'elle étoit belle, Lifette! C'eft le plus intéreflant. Je fapproche, je 1'erabrafle} _ La rougeur couvre fon front ; Dans mes bras je 1'entrelace. _ Pour la pudeur quel aftroutl Si- Après quelque réfiftance Qui fit croitre mon bonheur, Je lui prouvai ma conftance Et lui dérobai fon coeur. Vous peindrai jeles délices Que je goütai dans fes bras! En etites-vous les premices? j^m Mon Pere, voila le cas: Je me damnai dans une heure Jufques a fept fois au moins; Si je vous ments, que je meure. — Vous aviez de grands befoins* Dans ces heureux tems, mon Pere, J'étoiï un fort grand pécheur, . vous enrabattrez, mon frere, _ je le vois avec douleur _ Le ciel n'eft jamais injufte. i_ Combien je m'en appercois! C'eft bien mal dit que le Jufte Par jour pêche au moins fept fois» — Penfez-vous qu'a la tendreffe Vous ayezbiea renonce?  r< 133) 'En feriez • vous Ia promefTe Au ciel que vous offenfez? s— Elle feroit indifcrete; Car entre nous, je fens bien Que fi je voyois Lifette, Je ne répondrois de rien! 24 Juillet 1784. Depuis Ia fondatiori des Prix de 1'Univerfité par J. B. Coignard, dont la diftribution fe fait tous les ans dans le mois d'Aoüt avec beaucoup d'appareil fous les aufpices & en préfence du Parle ment, on raffemble dans les divers colleges les Ecoliers de chaque claffe les plus en état de concourir; on les réunit enfemble & 1'on leur donne un fujet de compofition Cette fois, M'. CW&oraf^,leRedteur, avoit choifi pour fujet du prix de Rbéthorique YEloge de Rollin. On prétend qu'il 1'avoit pris è deffeiu d'en faire réjaillir quelque chofe fur lui par la fimilitude des circonfiances ou. tous deux fe font trouvés d'augmenter les revenus de 1'Univerfité: on 1'ac. cufe même d'avoir fait paffer è un Ecolier 1'amplification toute faite. Quoiqu'il en foit lorfqu'on a annoncé ce fujet, les compofans' fe font récriés, ont dit qu'il ne fignifioit rien, ne fournijfoit rien: A la hunne heure ! un Voltaire, un Roujfeau, un Raynal, &c. L'asfemblée eft devenue trés tumultueufe; elle a dégénéré eu révolte, & il a failu lever la féance. Le Recleur s'eft obfh'né è ne point vouloir changer le fujet: l'affaire a été porF?  C 134 ) tée au tribunal de 1'Univerfité. Oir cröit qu'on févira contre les plus mntins; mais ce qu'il y a de plus conftant, c'eft que cette année on ne décernera point les prix de; Rhéthorique. 24 Juillet 178.1. Mf. Pilatre de R.Jterv Penfionnaire du Roi, Intendant des cabinetsde phyfique, chymie, d'hifloire naturelled.Monfieur, frere du Roi, Secrétaire du cvjiaet de Madame,. Membre de pïufieurs Aca■ démies nationales & étrangeres ,■ Chef uuj 'premier Mufée autorifé par Ie Gouvernement,, fous la proteélion de Monfieur & %& Madame &c. a obtenu la permiffion de faire imprimer> aux frais du Gouvernement, re Récit de fa première expérience de la Monp'golfiere, conftruite par ordre du Roi, lancéeen préfence de leurs Majeftés & de Mon* 'fieur le Comte de Haga, le 23 Juin I7S4^ Tel eft te titre pompeux de fa narration fort verbeufe en vingt pages in 40. & en forme de Réponfe a M. le Roy, de PAcadémie des Sciences, de 1'Imprimerie Royale; 24 Juillet 1784. Récit de la conduite des Maréchaux de France è l'égard du Vicomte de' iVoff, Maire de Bordeaux , fait en Parlement y les Chambres ajfemblées, le mardi 6 Jui\\e,t i}84< Tel eft le titre de Ia dénonciation jmprimée de M. iCKprémefnil, dont nous aïlora extraire tout ce qui peut fervir a écTaircir ou réformer ee que nous avons dit fiiécédcmtnent d'aprës les relations jjarticu-  C 135 ) Jïeres de cette finguliere conteflation. „ C'eft le 10 Février qu'un Portier fuiffe» empêcha les Jurats non Genlilshommes defranchir la barrière du théatre m préfence & malgré les ordres du &Jaire> M. le Vicomte de Noe\ qui lui fit óter fon habit de livrée du Roi & le fit conduire en prifon Le Corps de ville, au lieu de juger le fuiffe dont Pappel auroit été au Parlement, rendit compte du fait le 10 du même mois au Secrétaire d'Etat ayaot le Département de la Province, Dès le 17, le Comte deFereen. nes repondit que le fuiffe n'étoit point en faute, puifqu'il avoit fuivi fa confignejque Pintention du Roi étoit qu'il füt élargi fur Je ehamp: qu'au furplus, S. M. feroit exa. miner le droit que ia ville réclamoit, & lui rendroit juftice. Le Maréchal de Bichetiett, non content de cette décifionMiniftérielle, a fait renvoyer Ia conteftation entre le Vicomte de Noè & lui au Jugement du Tribunal des Maréchaus de France qu'il a préfidé. Le 8 Mars, Citation du Vicomte de Nck\ Sgnifiée Ie 28 dudit. Le 7 Mai, déclaration & proteflation da Vicomte de iVóir, qui décline le Tribunal & demande fon renvoi a Ia Connétablie Le 13 Mai, Requête du Vicomte de iVoê, qui décline le même Tribunal pour trois moyens: fur le défaut de caufe dans Ia eitation; fur la coQftitutk>Q. de la Cenné-  C 136 ) sablie, & fur les qualités du Vicómte deNoê. Procédure en conféquence. Enfin Arrêt du 25 Mai, par lequel le Parlement a pris le Vicomte de Noë fous fa fauve- garde, & fur le furplus a renvoyé les parties è 1'au- * Au* mépris de cet Arrêt' le Tribunal a envoyé chercher le Vicomte de Noë chez lui pour Pamener de force. Le 31 Mai, évocation de 1 affaire, du propre mouvement du Roi. Arrêt du j Juin, qui renvoye de nouveau Paffaire au Tribunal, qui déclare la procédure du Vicomte de Noë nulle & de nul effer, cafie 1'Arrêt de la Cour du 25 Mai; prononce Pexécution de 1'Ordonnance des Maréchaux de France du 8 Mars précédent; enioint au Vicomte de Noë de s'y confor. mer, & porte è la fin 1'ordre exprès, tant de la fignification au S'. Vicomte de Noe & Brazon fon Procureur, que de la notiucation a Ml'. le Procureur général. fugement du 22 Juin. Arrêté que le Récit fera remis entre les mains des Gens du Roi pour, par eux, en être rendu Compte a la Cour, toutes les Chambres aflemblées, le mardi 3 Aoüc Juillet 1784. Le Parlement,les Chambres aflemblées le 20 de ce mois, a fuppumé par Arrêt le récit dont on a parlé, de toute la procédure du Tribunal des Marér  C 137 ) chaux de France contre M. le Vicomte de Noë, inféré dans ia dénonciation ce cette afFaire, attribuée a Ml'. d''Kprimefnil. La Cour lui donre en outre des qualifications qui ne ferviront qu'è exciter la curiofité du Public. 25 Juillet 1784. Outre Ie récit trés-détaillé des opérations de Mr. Pilatre de Rofier, qu'on trouve dans fa Lettre & qui ne peut etie intéreiTant que pour les gens de Part, on y recueille des anecdotes fort fingulieres & fort curieufes. i". C'eft en Pabfence de Mr. de Montgolfier que Ie Roi a confié au Sr. Pilatre la direc tion de la machine. 2n, Cinquante - quatre perfonnes furent défignées pour mouter fur la Montgolfiere entr'autres Mr. le Comte de Dampierre, Officier aux Gardes qui,déja puni de fon zele, lors de Ia Montgolfiere de Lyon, ainfi qu'on Pa raconté, avoir, plus que tout autre, des droits a être recu. 3°. Seize afpirans feulement furent défignés pour tirer au fort, mais deux ayant refufé de fe foumettre a cette loi & pïufieurs protégés voulant interpofer Pautorité, le S*-. Pilatre, pour éviter toute rivalité & toute difcuffion, fupprima deux places des quatre è donner & le Sr. Prouft, Chymifte connu, fut feul accepté. 4°. S. M. avoit ordonné de commencer 4 midi, mais le Sr. Pilatre repréfenta è la  ( 138 ) Reine Ie danger de Pafcenfion h cette heure > h caufe du grand vent & par d'autres raifons phyfiques: Elle le renvoya aux Mimftres, lefquels, h leur tour, s'en remirent a la prudence. 50. Embarras du Sr. Pilatre qui veut s en tirer par un Ordre du Roi, portant qu'il avoit prévu les rifques auxquelsil expofoit la Montgolfiere avant le départ £? après la defcente, mais qu'ayant ajfuré qu'il n'y avoit aucun danger^ pour les voyageurs, S. M- avoit confenti a facrifier la machine en totalité, plutót que de yoir le Public s'en retourner mécontent. 6°. Le Controleur général, après fix heures de délibération, donne, de la part du K01, au fitatre 1 aucuuidii'" m -7 mande. La Reine le rafïure même & lui dit 1 a „„.,«,1 Kipn merrie il n'ob- tiendroit aucun réfultat fatisfaifant, » lera feul chargé d'une nouvelle expérience, fi 7°. Le Comte de Vergennes met le reu fous la Montgolfiere: on y arbore unPavilion blaoc portant les armes de la Reine, & Jfw le revers: Marie- Antoinette. a°. Au chateau de Chantilly, l'e; Prince de Condé fait préfent au S<-. Pilatre de la caïte de cette terre, après avoir lui-même marqué le lieu. de la defcente, auquel il daigha donner le nom de Rofier. g'\ La Reine envoyé dès le foir un cou. sier pour favoir des noüvelles des voyageur3  C 139 > & de Ia machine. Le Sr. Pilatre adreffe h S. M. un Extrait, figné du Prince de Condé, de M. 'e Duc d'Enguien cc de M"e. de Condé. io°. Le lendemain Ie Sr. Pilatre, qui étoit allé coucher a Ferfailles, inftruit que la Reine avoit bien voulu s'informer pïufieurs fois s'il étoit de retour, dés huit heures du matin fe rend a Pappartement du Roi, qui Paccueille de la facon la plus flatteufe, puis Ja Reine & toute la familie Royale. M. le Comte de Fergennes cc Ie Maréchal de Caftries le recoivent auffi avec admiration. Enfin, & voici le point effentiel: le Contróleur Général lui obtient de la bienfaifance du Roi une penfion de 2,000 livres. Du refle, ce Miniflre recoit le jeudi 9 Juillet 1'hommage du Pavillon de la Montgolfiere. Le S1'. Pilatre n'ajoute pas oh cette efpece de relique fera dépofée cc expofée a la vénération des amateurs. Tel eft Ie réfümé de cette lettre verbeufe, emphatique & remplie de gasconifmes. 25 juillet 1784. La cabale formée vendredi dernier contre Ie S'\ Fefiris n'a pu avoir lieu; on a fu qu'il ne devoit pas venir & que de nouvelles infoleuces avoient obligé de le mettre au fecret. On dit que le jour même oü il avoit refufé la Reine, il gambadoic dans les foyers pour faire voir qu'il étoit trés libre des jambes. 26 Juillet 1784. Le ehitiment du Sr„ Juguftet c'eft ainfi que Pappelle le pere  C MO ) Veftris, paroit fixé décidément a fix mois de prifon a 1'hótel de la /br«,pendant lequel tems il ne pourra voir que fa familie. Un oncle qu'on appelle le cuifinier, a demandé la permiffion de s'enfermer avec lui & 1 a obtenue. .„ , , Le Sr Augufte avoit deux mille écus de penfion fur le Tréfor - Royal, qu'on diioit rayés; mais on veut que le payement des arrérages foit feulement fufpendu. Toutcela eft trop doux. , Le pere Veftris ayant appris 1'infolencede fon fils, lui témoigna fon indignation: Lomment, lui dit-il, la Reine de F,ance fait jon deyoir; elle te prie de danfer & tu ne fais pa le tien < ie fiterai mon nom. Ce propos feroit Ï oyable, fi 1'on ne connoilfoit le perion. rage. H 1'eft d'ailleurs beaucoup moins que 1'aótion du fils. • . • Depuis, ce pere tendre a fait des démarches auprès du Baron de Breteml. H a dit qu'il mourroit fi 1'on le privoit d Augujie 4 26 Juillet i7«4. L'Ordre des Avocats sefti occupé ces jours-ci du S'. Martm de Manyaux, dont le Mémoire contre M'. Sauffayei a été dénoncé i 1'Ordre comme un libelle. Une affemblée indiquée au mardi 20 a étéi renvoyée au famedi 24. On n'en fait pas: encore le réfultat . 2- Juillet 1784. Extrait d'une lettre dei Cherbourg du 15 Juillet Vous me; demandez des éclaircifiemens fur l auteur da  C '4i ) projet incroyable qui s'exécute ici & fur fon ouvrage. L'auceur eft Mr. de CeJJart, Infpecleur général des Ponts & Chauffées, II eft déji connu par Ia conftruétion du Pont de Saumur, par le récabliffement du petit Port de Tréport, & par les intéreflans travaux du Port de Dïeppt. Notre Rade a de 30 a 40 pieds de hauteur d'eau dans les hautes marées. Elle ne pouvoit être feraiée fans une dépenfe confidérable. Mr. de Ceffart propofa de former une jettée a claire voie,.avec des cones tronqués, dont 1'enveloppe, conftruite fur la plage, feroit remplie après leur échouement, de pierres d'un pied cube d'échantillon. C'eft cette idéé auffi ingénieufe qu'écono* mique qu'on a adoptée & qu'on a comraencé d'exécuter. Je n'entrerai point dans le détail de la conftruclion de ces cönes. Le premier a été totalement achevé le 5 Juin. Le lendemain 6, il a été mis a fiot par pïufieurs chaloupes canonnieres fous les ordres de M1'. de la Bretonniere, Capitaine des Vaiffeaux du Roi, qui commande ici: c'eft encore un détail faftidieux & incroyable que je vous éparghe. Enfin après huit heures de travaux, la machine arriva dans 1'endroit 011 elle devoit fe fixer, c'eft è dire k 1,800 toifes de fon point de partance & a la diftance de 4 a joo toifes de Pifle pelée. Au moment qo la caifTe toucha le fbnd,  C 142 ) rartit de la galerie un cri de vive le Roi, qui Fut répondu de tous les ba\timens qui cóuvroient la mer & de toute la plage, & Ie canon annoaca a la ville que cette fuperbe expérience avoit recu Iod exécution parfaite. Entre les fpeéiateurs fe diftinguoient Mr. le Duc de Bsuvron, Mr. le .Comte de Harmirt, Mr. le Marquis de Prq/lin, &c. La feconde caiffe conique a été coulée dans la nuit du 6 au 7 Juillet avec le même fuccès. On compte en placer encore une troifieme dans Ie courant de 1'année, & 1'on fe flatte toujours qu'en 1789 ce grand ouvrage fera achevé. 27 Juillet 1784. On ne celTe de fe dédommager, par deschanfons, del'efcroquerie de 1'Abbé Miolan & confort. On en a fait une fur 1'air: les Capucinsfont desgueux, la meilleure de cette efpece, quoique fans beaucoup de fel encore. La voici: 1. Je me fouviendrai du jour, Du Globe du Luxembourg. Que de monde il y avoit, Monfieur Janinet,^ Monfieur Janinet! Que de monde il y avoit Pour voir s'il s'enleveroit» 2. Lalfé d'avoir attendu Et de ne favoir point vu  ( 143 > Chacun s'en alloit difant, L'Abbé Miolan, L'Abbé Miolan ! Chacun s'en alloit difant: Qu'on nous rende notre argeiu. 3- C'eft a qui veut un lambeau De votre globe a fourneau: J'en ai vu dans tout Paris, Même a Saint - Denys, Même t Saint-Denys, J'en ai vu dans tout Paris, Dont vous excitez les ris. Vous n'aurez jamais beau jeu Par Ie fyitême du feu. Le fyllême eft plus expert, De Charle & Robcrt; De Charle & Robert Le fyfiême eft plus expert, Et qui veut tropgagner, perd. 28 Juillet 1784. Les Italiens ont jouè hier Léandre Cundide, ou les ReconnoiJJancest Comédie - parade en deux Aftes & en Vau. devilles. Cette bagatelle eft tirée du roman de Candide & a eu le fuccès du moment. Les airs font trés bien adaptés & il y en a de toutes les efpeces. Le S1' de Beaumarchais a le plaifir de voir qu'on a nris même :les deux de fon Mariage de Figaro. Les auteurs font les S1S. Radet & Rojtere^  C 144 ) "qui ont déja travaillé dans Ie même genre en fociété. On connoit Ie dernier, bon acteur dans fon genre du théatre Italien. L'autre eft Secrétaire-Bibliothécaire de Madame la Ducheffe de Filleroy. 28 Juillet 1784. L'Arrêt de fuppreffioa de la Dénonciation de Mr. d'Eprémejnü a produit 1'effet defiré par Ie Parlement. Les 'expreffions du Requifitoire de Mr. Seguier, par lefquelles il déclare qu'il n'a pas dans le moment fous les yeux le Procés verbal d'oü la brochure eft tirée, pour juger fi la copie eft con- < forme d l'original; mais que dans tous les cas elle doit être Jupprimée, comme imprimée contre Ui Régiemens, &c. Ces expreiïioDs, qui font un aveu réel du pamphlet, ont irritél la curiofité du Public ; mais il eft fort rare. 1 Nouveau véhicule, feul propre h le faire , rechercher. 29 Juillet 1784. Par le Procés verbal du troifieme voyage aërien de Ml'. Blanchard du ,8 Juillet dernier, exécuté k Rouen, il paroit qu'il a conflrmé la bonne opinion qu'avoient concue de lui, dès fon voyage de Paris, quelques geus plus impartiaux. On ne peut douter aujourd'hui que fes alles Ce lui aient fervi de moyens de direftion; ce qu'aucun navigateur aërien, autre que lui, n'a conftaté jufqu'i préfent. 29 Juillet 1784. Le Sr. Pinetti, dont on a parlé cet hiver, a fait imprimer une brochure ayant pour titre: Amufemens phyl fiquest  ftques oh, avec fes autres qualités, ü a pris celle d'Agrégé è PAcadémie de Bordeaux. II a en même tems envoyé un exemplaire" de cette brochure a cette Compagnie. Aujourd'hui, Mr. 'de la Montaigne, Secrétaire perpétuel de ladite Académie, par une Lettre du n Juillet, adreffée aux Journaliftes de Paris, réciamecontrePufurpation du br. Pmetti, auquel ce titre n'a point été conféré. II convient qu'il y a été préfeoté è titre de Phyfic.en & de Chymifle; qu'il y fut vu & écouté avecplaifir; qu'on lui délfvra un Certiflcat de Ja fatisfaclion de la Compagnie, mais qu'on s'en tint-lè. Voili une Cnguhere réclamation, & il faut voir la réponfe du S''. Pinetti. 29 Juillet 1784. La Gazette noire eft une brochure trés méchante, annoncée ici depuis bien long. tems, mais dont on conteftoit exiftence, paree que perfonne n'atteftoic lue' L'auteur du nouveau roman d Olmde en parle avec une confiance qui femble ne laiffer aucun doute fur fa réalité II tauc en ce cas que les précautions aient été bien pnfes pour en empécher le paflajie en France. 29 Juillet '1784. On faic que 1'Ordre militaire de Cincinnatus établi chez les Eiatsunis de PAmérique Septentrionale", n'ertque 1 ouvrage de la vanité de quelques particuhers & de celle des Officiers francois oui °T v'S°yés a" fervice «e Ia Républi. lome XaFL G ■  ( H<5 ) cue. Les vrais citoyens regardent 1'inftitu. rion comme contraire aux loix du pays & deftruftrice de 1'égalïté qui do,t en faire la bafe. En conféquence Mr. Franklm , trop fa» pour 1'approuver, ayant entendu M'.le cSmte de Mirabeau, qui ne parle de rien qu'avec feu,s'élever avec beaucoup de force & de raifon contre 1'Ordre de Ciminnatus 1'a prié de vouloir bien rédïger par écrit ies idéés; & c'eft a quoi M>'. de Mirabeau travuilte en ce moment. . oo Juillet 1784. On fait aujourd hui que M?. Martin de Marivaux a prévenu le jugement de 1'Ordre & a déclaré qu'il fe dehftoit d'être infcrit fur le tableau. Ses eriefs font d'avoir autonfé parlaConfultation, Pimpreffioj d'un mint dans lequel il fe trouve des buts rap. Zrésjolaio nocendi, n'ayant aucun trait ï \[ caufe. D'ailleurs cet Avocat étoit enne. mi perfonnel de Mr. Sa^,, & fa propte délicateffe auroit dü le faire fe deüfter de confulter contre lui en cette occafion. V Juillet 1784. II apercé ici è la longue ^Ïcommencédès .78.. H • I»""™* £ Pot-poarri. On annonce que laréGdcncj de Pauteur, qu'on ne nomme point,,eft a Fras'forr /hr Ie Mem & que c eft un rSSi quirecoit les avis, lettres, nouveU ies &c. Quoi qu'il en foit, ce Journal remJÏÏcVuilte fon titre. 11 eft bon tout au  I plus pour les étrangers qui ne favent rien I de ce qui fe paffe en France & ue voienc I rien de ce qu'on y publie. Du refte, des I rnenfonges, des balourdifes & des cocs-d-Vdne I fans nombre, trés propres h faire rire les 1 gens mieux inftruits. 1 Le Journal n'ayant pas fait fortune appa1 remment fous ce titre, le compilateur en a ■ 'piis un fecond: Journal des Gens du Monie., I^Celui-la, très-féduifant, ne pouvoit être I que très-mal rempli par le rédacteur obfcur, I ne voyant le monde que de lom &. écoutant tout 1 au plus aux portes. Suivant 1'avertilTernent I dc celui-ci, un Mr. niette a Caffel eft le iecond correfpondant qu'il s'eft ménagé. Comme les Numéro de ce fecond Journal que nous avons fous les yeux , ne vont que jufques au 6 compris, nous ne pouvons aifiirer jufques oh il eft pouffé, car on dit qu'il a été continué Les amateurs de Paris fefont laffés vraifembiablement, & les colporteurs ont ceffé de fe procurer cette marchandife prohibée. 31 Juillet 1784. C'eft è la requifition des files Dieu que le Pape a fait fouiller dans les catacombes, pour leur envoyer des reliques. Elles font venues d'une facon peu révérente par toutes fortes de voitures publiques, & tant de mains profanes ne les ayant pas ménagées, elles font arrivées en fort mauvais état a la douane de cette capitale le 2 Juin, & ce n'eft que le 9 juillet que la tranflation Q 2  C 148 ) en a été faite au couvent des filles-Dieu. Les dévots fe flattoient, en allant voir la nouvelle fainte, de trouver fa vie, mais on eft occupé fans doute a la compofer & elle n'a point paru. En attendant, on en a toujours gravé le portrait, qui ne peut être auffi qu'un ouvrage d'imagination. On lit au bas: Sainte-Vicloire, Vier ge & Martyre, fous le regne de VEmpereur Dioclétien 6? du Pape Saint-Cyriaque. L'artifte n'a pas manquéd'en faire une trés • belle créature. 31 Juillet 1784. Extrait d'une lettre de Dijon du 15 Juillet 1784.... ,, On s'occupe trés - fort de nos Canaux a conflruire, & le Comte'de Haga en a eu le fpeélacle dans fa toute de Lyon a Paris, Ie 5 Juin, s'étant arrêté k Chagny, pour voir les travaux qu'exécute en cet endroit le Régiment de Monfieur, pour la conftruétiorj d'un de ces Canaux, qui eft celui de Charolois. L'Ingénieur en chef qui 1'avoit conduit partout, a expofé enfuite a l'illuftre Voyageur les trois projets dont la Province s'occupe, & le Comte n'a pu s'empêcher, après avoir vu les plans & entendu toute 1'explication, de témoigner fon admiration, pareille k celle de Ma le Comte de Falkenjtein, lorfqu'il viflta le fameux Canal de Picardie de M. Laurent. En outre, nous avons fu que le 13 Juin PElu du Clergé des Etats de Bourgogne avoit eu 1'honneur d'offrir au Comte de Maga, au nom de 1'admiuiftration de notre  C 149 ) Provïnce , une des médailles qu'elle fait frapper a 1'occafion de nos trois Canaux pour ' la communication des deux Mers. Aoüt 1784. Extrait d'une lettre de Dijon du 75 Juillet.... „ Vous favez que nous avons ici une Ecole de defiin. Mr. Defvoees qui en eft le Proftffeur, a préfentéaux llu's de notre Province un projet qui doit contribuer merveilleufementèperfeétionner le goöc de nos éleves & a Pinfpirer dans cette capitale. II confiftoit h obliger les éleves de notre Ecole , penfionnaires a Rome aux frais de la Province, d'envoyer des ftatues & des tableaux copiés d'après les meilleurs Maïtres pour en décorer les principale* pieces du palais des Etats; ce qui s'exécute. Nous avons déja pïufieurs tableaux de cette efpe- ce, & nous venons tout récemmeot derece voir une belle Statuc de la Junon duCapitole, & deux tableaux qui font la Bataiile d'Ar- belles & l'Enlévement des Sabines, d'après Af. tro Bervotini, dit Pierrt de Cortunne I) ré- fultera par la fuite de cetre munificence des Etats une colleclion précieufe, que nous en- viera méme la Capitale. ier Aoüt 178a. Les t>i\m&Ai^« r. . flviennent de fe faire, après la trente-unieme JRepréfentation du Manage de Figaro, une 'kr™uuu» u« icvcucs, qui ie lont trouvées fortner un capital de 150,000 livres 2 AtÜt 1784. NOUS avons narM h.^. i#» tems, avec les éloges qu'il méritoit, de v 3  r 150) Fexcellent livre intitulé: Conftitution SAnsleterre. On fait que 1'auteur eft Mr. de holme, citoyen de Geneve: il 1'a traduit luijnême en Anglois. Ce livre eft a fa troifieme édition dans cette langue & tout récemment, c'eft-i-dire le 14 Juillet,. M'. de Xolme a eu 1'honneur de préfenter h S. M. Britannique un exemplaire de la dermere édition augmentée d'environ 60 pages. Les Anglois avouent que ce traité eft le plus fage le plus profond & le plus exacT: de tous ' ? icrits politiques fur leur Gouvernement. * Aoüt 1784. M. Caffini le fils, Membre de 1*Académie des Sciences, a fait préfenter, par la voie de PAmbaffadeur de France a tondres, au Roi.d'^ngletÉrre, un Mémoiredans lequel.il demande que quelque Aftronome dé cette ville veuille bien fe charger de tirer des triangles de Greenwich hDouvres, afin de pouvoir déterminer de Calais, la diftance exacte entre.les. Obfervatoires de Paris & Greenwich. Le Roi d'Angleterre a foudain accordé, dit-on, une fomme d'environ 24,000 livres de France, pour effeduer Fopération confiée au Général Roy 2 Aoüt 1784 1 Mi. PrtvSt de Saint ■ Lucien: eft un ancien Avocat affez eftimé de fes confrères mais qui paffe pour mauvaife tête, paree qu'il eft tréschaud, très-ardent; qu'il s'identifie volontiers avec fon cliënt & fe paffionne pour fa caufe: ce que ies Parties  C 151 ) regardent au contraire comme une qualité rare & excellente. Ce zele lui a déja procuré pïufieurs affaires & le voilé tout récemment dans le cas d'une dénonciation a fon Ordre. Dans un Mémoire qu'il a écrit, car il ne plaide point, en faveur d'un Mr. de Filliers , ancien Moufquetaire, gendreduSr. Bourdet, Dentifte du Roi , contre la femme , qui demande fa féparation a raifon de fevices & mauvais traitemens, il n'a pas diffimulé que cette Dame étoit tribade & il s'eft expliqué la. deflus fans myftere; ce qui a donné lieu famedi aux Magiftrats de Grand' Chambre, en rendant Arrét qui admet la Dame de Villier s a la preuve, de fupprimer le paragraphe du Mémoire, oh il eft queftion de Tribaderie, comme contraire aux bonnes mosurs £f d l'honnêteté publique, Ces qualifications forceroient néceffairemeut les Avocats a rayer M-*. Prevot de Saint~Lucien. II fe remue beaucoup en conféquence pour obtenir des Juges que cet article du Jugement ne fubfifte pas. On feroit d'autant plus févere envers cet Avocat, que lui-même étoit un des plus acharnés contre M-. Martin de Marivaux. 2 Aoiit 1784. Depuis longtems on avoit parjé du délabrement de la fanté de Mr. Diderot. II vient enfin de fuccomber le 31 Juillet. II étoit né k Langrcs en 1714. II n'étoit d'aucun corps littéraire en France, G 4  C 15» ) mais de pïufieurs étrangers, comme 1'Académie des fciencesde Berlin , celles de Stockholm & de faint Petersbourg. II avoit en outre le titre de Bibliothécaire de S. M. I. Catlierine Seconde, Impératrice de Rufiie. On ne dit encore aucure particularité de fa mort & de fon inhumation. 3 Aoüt 1784. Les Chanfons ne tariffent point fur les deux derniers Ballons: en voici encore une fur celui du Luxembourg; elle eft cenfée faite par un Grivois d'un cabaret de Vaugirardy nommé la Croix -Manche, & fur l'air: J'avois toujours gardé mon ceeur. Ma foi, j'ai bien ri vendredi, Buvant a la croix-blanche: Un Ballon promis pour midi fc M'a fait pleurer dimanche» On fe moque du vendredi, En mangeant 'de féclanche: Mais Dieu fe venge & tout Paris A jeüné le dimanche. * Vous, dont on a trompé 1'efpoir, Reftez dans vos demeures, Pauvres badauds, n'allez plus voif Midi a quatorze heures. 3 Aoüt 1784. La réponfe du Roi aux Repréfentations du Parlement, concernane Paugmentation de 1'impót fur lebois, depuis longtems attendue par cette Cour, lui étant  C 153 ) étant arrivée abfolument négative, elle s enrégiftré hier la Déclaration, les Cham« bres aflemblées. II s'agic de 2 livres 10 fois fur le bois de compte & de 1 livre 10 fois fur le bois de gravier. Tout cela fait trembier pour cet hiver & craindre une difette plus grande. 10. L'on fait qu'il n'arrive point de bois par la Marne; cette riviere eft abfolument interceptée par la chüte du Pont de la Ferti dont les pierres ne font point encore déblayées & empêchent tous les trains d'en haut de pafler. a°. Les eaux de Ia Seine font baües de« puis trés • longtems. 30. Beaucoup de gens prévoyans ont doublé, triplé, quadruplé leur proviflou, foit par crainte d'en manquer, foit par fpéculation & pour revendre. 3 Aoüt 1784. Quoique Mr. Diderot paflat généralement pourAthée; qu'il fut véhémentement foupconné d'être 1'auteur du Syftême de la Nature; qu'il füt Pun des fondateurs de 1'Encyclopédie, & que tous fes ouvrages philofophiques refpiraffent une liberté de penfer oppofée è ce qu'exige Ie Clergé; quoiqu'enfin n'appartenant a aucun Corps Littéraire en France, il füt un particulier ifolé, en faveur duquel les prêtres ne crai* gniffent pas de reclamation & Ie fecours de 1'autorité, il faut que le mourant fe foit fi bien conduit qu'on n'ait pas ofé lui refufer Gj  C 154 ) Ia fêpulture Chrétienne. Même, 'plus favorifé que fon collegue d'Alembert, le Curé de Saint Roch, fur la paroiffe duquel il eft mort, n'a fait aucune difficulté fur Ie grand conv'oi demandé par le gendre dè Diderot. On rappelle k ce fujet que Mr. Remi, 1'Exécuteur Teftamentaire de d'Alembert, après les premières difficultés levées fur-le refus abfolu de fépukure, ne put jamais obtenir du Curé de Saint-Germain 1'Auxerrois plus de vingt Prêtres. A quoi Mr. Remi répondit: Ehbien, Monfieur, il y aura quarante laquaisi Et ils y furent en effet, & il leur fit donner un écu è chacun, tandis que les Prêtres n'eurent que vingt fois. 3 Aoüt 1784. Bien loin que Pon ait donné des confrères è Mr. l'Allemant pour la confervation de la navigation inférieure de la France, la miffion même de celui-ci a énrouvé de telles difficultés qu'elle n'a pas cu lieu cette année & qu'il n'a point vifité la Garonne. On a pris pour prétexte les difficultés élevées par le Parlement de Bordeaux & Penvoi des Commiffaires du Confeil, dont on veut attendre le rapport; mais la véritable caufe eft la jaloufie des Ponts & ChaufTées,qui vojeDt avec peine un particulier leur enlever ce beau travail. Ils fe font méme fait attribuer fpécialement la confervation de la Loire, dont les cróefi cet hiver ont occsfionné de grands dégSts. Du refte, ils don n ent tant de dégoüts il Mr. l 'Allemant,  C 155 ) qu'on ne feroit pas furpris de Je voir rcnoneer è fon fuperbe projet, que lui feul eft en état d'exécuter. 4 Aoüt 1784. Pendant que Mr. le Duc de Chartres eft abfent & eft allé faire un fecond voyage en Ap^Ieterre, fes ennemi» acharnés le chanfonnent eDcore, cc voici un nouveau vaudeville enfanté par leur méchanceté, fur Pair des Pendus: Chartres, de nos Princej du Pang Eft le plus brave affurément: Après avoir brave Neptune, Brave 1'opiuion commune, Emule de Charle & Robert, Le voüa qui brave eucore 1'air. * Admirez comme il va volant Au fein de cet autre élément. Quel erjeur! & furtout quelle tête! Rien ne 1'émeut, rien na 1'arréte; Son rang, fes amis, fa moitié, Ce héros foule tout au pié. II peut aller dorénavant Tête levée , le nez au vent. 11 eft, les preuves en font claires, Fort au deflus de fes affaires: Eh oui 1 ce grand Prince, aujourd'hui, Doit étre bien content de lui. Mais quel foudain revers, h:ffas.' Ne vois-jepas mon Prince en bas? C 6  C 156- ) Comme il eft fait! comme il fe paine! On diroit qu'il va rendre 1'ame. L'ame!.... Oh! qu'il n'eft pas dans cecas» Peut» on rendre ce qu'on n'a pas? 4 Aoüt 1784. .Aftuellement que lePalaisRoyal commence a fortir du cahos 011 il étoic depuis trois ans, on peut en parler pertinemment. Le jardin n'offre plus gueres que 1'image d'un de ces parterres demoines, entourés d'un cloitre, auquel onaffimile plus juftement encore les batimens nouveaux dont il eft ceint. Leurs murs frappés fucceffivement de trois cótés par le foleil, rendent la promenade infupportable durant le jour & même peu agréable le foir, paree que 1'air qui .manque de courant & decirculation ne fe rafrafchit que lentement. Du refte, ces murs offrent une trés - belle fculpture, mais dont le coup d'ceil, trop monotone, devient faftidieux. Ils font d'ailleurs trop élevés & terminés par un comble mauflade & du plus mauvais goüt. II eüt fallu, a 1'inftar du Jardin de Ml'. d'Etienne, dont on a parlé, les couronner h 1'Italienne, & par de femblables jardins fupérieurs qui auroient mervcilleufement égayé ce batiment, lui donner un air de fingularité & de magnificence & rappeller ceux de Sémiramis. Les corridors ne répondent point a la beauté du plan; ils font étranglés, & les reverberes mefquins n'éclairent que foiblement. Les boutiques, qui en forment Ic  C 151 ) pourtour, donnent è tout Fenfemble un air de foire, peu digne du Palais d'un graad Prince. Les rues de derrière font de véritables cloaques, parceque les maifons nouvelles n'ayant ni cour, ni dégagement, ni récepta? cle pour leurs immondices, y enverront tout leur déblayement; que d'ailleurs elles ferout habitées en grande partie par des filles, par de jeunes gens, par des libertins, peu propres, peu foigneux de leur naturel & dont les valets le font encore moins. Tous ces travaux ont été eommencés avec tant de précipitation, & le plan en a été fi mal digéré, qu'il a fallu faire après coup des égoüts, & que n'ayant pas prévu que la rue Vivienne étoit d'un niveau plus élevé que celui des nouvelles rues, Mr. le Duc de Chartres a été obligé de prendre fur la rue parallele a la rue des Petits- Champs, une pente prolongée pour les/«carofles; ce qui ne laiffe en cette partie qVune ruelie étranglée pour les gens de pied & en enterre défagréablement les maifons. Ces additions faites après coup, empéchent les locations pour le tems convenable & augmentent les dépenfes pour le Prince, qui s'en eft tellemeut trouvé gêné qu'il a été forcé de fufpendre la quatrieme facade du Jardin, qui doit faire partie de fon Palais; enforte que de toutes manieres il doit fe repentir de fon entreprife auffi folie que ruincufe. G 7  C 158 ) 5 Aoüt 1784. Extrait d'une Lettre de Bordeaux du 31 juillet „ Vous fa- vez, fans doute, que les Remontrances de notre Parlement concre Mr. Dudon, par la malice de quelque émiffaire, fe font trouvées imprimées dans Ia Gazette de Leide. On avoit choifi cette Gazette, paree que c'eft la feule que life le Roi & qu'on comptoit que S. M. auroit ainfi connoiffance d'une réclamation fondée fur des motifs d'konnêteté & de juftice , faits pour la frapper, ü Pon les lui eüt mis fous les yeux. Le Secrétaire d'Etat de la Province & le Garde des sceaux, tcandaliles de voir publiques des Remontrances, fuivant eux de■vant refter dans le fecret, en ont fait inditeftement des reproches au Sr. Luzac, Gazetier de Leyde, qui, pour fatisfaire tout le monde & prouver fon impartialité , n'a pas manqué de les imprimer aufii. H f le foir} la garde retirée, ils fonc defcendus & onc voulu contraindre le geolier a les laiiTer fortir, Celui-ei s'y étant refufé cc ayant appellé du fecours, ils lui onc lachéun coup de piftolee, dont heureufemenc il a évité le coup. Forcés de remonter dans leur chambre, ils s'y font barricadés; ils menacent de tuer le premier qui fe préfentera & ils capitulent. Leur Commandant, le CommiiTaire des prifons & autres perfonnes ont en vain effayé de les prêcher; ils menacent de faire fauter la prifon, fi 1'on ne leur accorde leur liberté. Comme on ne peut favoir ce qu'ils ontdepoudre, on prendtou. tes fortes de précautions. L'on a faitdéloger les prifonniers logés au deffus & au deflbus; les pompiers font toujours prêts k donner des fecours, & l'on eft fort embarrafle que répondre a leurs propofitions. 9 Aoüt 1784. Me. Romain de Seize eft ua Avocat du Barreau de Bordeaux , qui, jeune encore, s'y étant atciré beaucoup d'ennemis & dans le Parlement & dans fon Ordre, pour fon zele a foutenir Mr. Dupaty, dégoüté de ces tracafleries a pris le parti de fuivre  ce Magiftrat è Paris & d'y effayer fes talens. II a débucé mercrédi 4 au CMtelec dans une caufe de parcage, trés ingrate conféquemment,n'ayant d'intéreffant que le nom ü'Helvetius, dont il a défendu la rille, Madame la Comteffe é'Andlau, & il Pa fait avec un éclat fans exemple. II a eu Part de faire entrer dans fon Plaidoyer des morceaux de philofophie & de pathétique qui lui onc concilié Pattention générale. Pendant cinq quarts-d'heure qu'il a parlé, Phuiflier n'a pas été dans le cas de crier une feule fois: Paix-lu! Les Juges ne Pont pas perdu de vue un feul inftant, & il a été applaudi h la fin pendant pïufieurs minutes comme au fpectacle. Les Magiftrats du Chatelet conviennent n'avoir point entendu d'Orateur réunisfant h ce dégré toutes les parties; car fon accent gafcon eft devenu même une grace. M1'. Hérault, premier Avocat du Roi, homme de lettres en outre & bien fait pour apprécier le mérite de Me- de Seize, quoiqu'il ne le connüt pas, eft venu le voir & le féliciter au nom du Parquet. Me. de Seize, a fes talens naturels & ac« quis joint Pavantage de ia naiffance. II eft homme de bonne condition & pourroit figurer partout, s'il n'avoit préféré de briller par fon mérite feul. En voila plus qu'il n'en faut pour faire frémir Penvie; & ce font déja des cabales qui fe forment contre lui dans POrdre.  C ie? ) Mc. Hardouin, qui devoit répondre, confondu par ce fuccès n'a point plaidé au jour indiqué & a prétexté qu'il étoit enrhumé; ce qui a fait prédire plaifamment a M'. de Seize par Mr. Hérault, qu'il en enrhumr&it bien d'autres. 10 Aoüt 1784. L'on doit fe relTouvenir du Chevaiier du Rumain, Capitaine de vaiffeau qui, de 1779 a 1780 pric les ifles de fainu Martin & de faint-Fineent, monta a 1'alTaut de la Grenade , commanda les galeres & 1'artillerie au fiege de Savannah, & qui le 10 Aout 1780 fut tué dans le combat de la frégate la Nymphe, de 32 canons, qu'il commandoit, contre une frégate angloife de 44 canons. Le Roi voulant reconnoftre les fervices difiingué-s de cet Officier par un monument durable, a fait remettre k M. le Comte du Rumain fon frere trois morciers enfontequi, en conféquence des ordres du Maréchal de Cajtries, lui ont été délivrés par le Commis* faire aux Gaffes de Tréguier. . 10 Aoüt 1784. Tout ce qu'on fait du Comte de Haga depuis le 19 Juillet qu'il eft parti, c'eft qu'il eft allé a Ermenonville vifit;r le tombeau de Jean-Jacques Rouffeau. 10 Aoüt 1784. Par un Arrêt du Confeil du 13 Juillet 1783, le Roi, pour encourager la -taille des pierres fines & des pierres de compofition, a ordonné, pendant le cours de fix années, un concours. II aura lieu ie  C 168 ) 17 du préferit mois au Bureau de Ia maifon commune du corps des Marchands Orfevres de Paris Tous ies Lapidaires, même étrangers, y ferorit ad mis fans diltinétion. ils y trouveront les matieres premières, tous.les outils, moulins & uftenüles néceflaires. Les ouvrages étab;is pendant le concours feront jugés dans une affemblée, a. laquclle préfidera M. le Lieutenant. Général de Police. Les deux Artiftes qui fe feront trouvés les plus experts, Pua dans la taille des pierres fines, 1'autre dans celle des pierres de compofition, feront admis k exercer leur profeffion librement pendant le cours de trois années; k 1'expiration defquelles, s'ils ont notoirement exercé leur art, chacun dans leur genre, ils feront gratuïtement, fans frais ni faux frais, recus dans le corps des laarchands, orfevres. On efpere qu'un tel encouragement excitera Pémulation parmi les artiftes de ce genre, diftingués par la fupériorité de leur talent, auxquels on procure ainfi 1'occafion de le faire valoir. 11 -Aoüt 1784. Hier les deux genfdarmes fe font enfin rendus & ont mis les armes bas. M>'. de Saint-Alban, Confeiller de Grand' Chambre, Commiffaire des prifons, avec un Subftitut du Procureur Général & un Gretfier étoient occupés k dreffer procés* verbal de; cet événement incroyable. ïi Aoüt 1781. Extrait d'une lettre de: Confian.  • (169 ) ,ConftantinopIedüi5Juillet...... , Graces aux exhórtations de la France & furtouc a Jatnfte expérience que les Turcs font des Jui.tes funeftes de lignorance, l'imprirnerïe vjent de fe r'ouvrir ici'; elle eft-en pleia exercice, & l'on verra bientót>n fonir uie efpece de Gaznte.de Cour depuis 1703 jufques • f \_750, compofée fous le titre d'Aanales •de i Empire." ii Adt 1784. La riviere de Saóne doit fervir de tronc commun è toutes les nai;Vations dont s'occupent les.Etats de Bourgogne Eu conféquence il eft eftentie! de réparer lp ht & de nettoyer le cours & les bords de cette riviere, pour yprocurerune navigatiori hbre & facile. A cet e'ffet, les Etats du Maconnois .empruntent une fomme de 390 000 • livres & y font autorifés par lettres patentes II Aoüt 1784. Un M''. deBlois, muficien de 1'orcheftre des Italieiis, avoit compo'é un opéra comique fans paroies, mais cependant avec un plan &'-des idéés dont il a fdic part k M'. Pari/au, qui les a fuivis & a écrit une piece entiere d'après cette mufique', ayant pour titre : les rendtz • vous ou les deux rubam, en un aéte & en vers, mêlée d'ariet. tes. Elle a été jöuée h er avec beaucoup de fucces, furtout pour la mufique agréable p.quante, variée & quelquefois originale! dont 1 auteur mérite des encouragemens. 12 Aoüt 1784. M'-. de Boufler* enfante «oujours de tems en tems des chanfons charlome XXV'/. LI  ( 170 ) tantes, rempües de fel & de gaieté, mais dont quelques-unes percent difficilernent foit k caufe du vernis d'impiété, ou de la ücence des images qu'on lui reproche. De ce' nom'^re eft celle intkulée; ks Cierges du paradis; fur 1'air du Confiteor. Elle e: 1 en onze couplets que peu de femmes ofent apprendi* ou même entendre chanter. On en va juger. Dans un des coins du paradis, Som en ligne onze mille Vierges; Dans 1'autre coin, tout vis a vis, Sont placés onze mille Cierges: O'M Toujours brülans fans racCourcir, On ne les voit jamais finir. O» O * Autant de Saints les ont en main; Au bout brille une flamme pure; Et c'eft pour 1'office divin, Que cette flamme toujours dure: (*'4J Toujours btüians &c. Comme c'eft pour i'étemité, Que ces Saint* brülent pour ces Vierges; Pour fauverl'uniformké, • Chaque Vierge change de Cierges: C«0 Toujours brülans &c. * T « Snintes ont toujours quinze ans, Et les Saints en ont toujours trente; Leurs charmes font toujours naiiftns, t Des Cierges la flamme eft conftante: (J>tQ Toujours brülans &c  C 171 ) Les Vierges n'ont pour vétemene Que le voile de Pinnocence; Les Saints le percent aiférnent, Vu le feu de leur Cierge immenfe: fbit\ Toujours brülant &c. Le matin, a midi, le foir, Enfemble ils font rous Pexercice. Ah! c'eft-la qu'il fait beau les voir Répéter onze fois 1'office: Toujours brülans, &c. « Dien! quel coup d'ceil intéreflant! Onze mille Saints d'une bande , Onze mille Saintes d'un rang, Des Cierges recevant 1'ofFrande: Q,S) Toujours btüians, &c. Pas un feul inftant de repos, Entre chaque office l'on danfe: Le Cierge en main faifant des fautï, Les Vierges marquant la cadence: (6is) Toujours brülans, &c. * La feinte Chandelle d'Arras Eft 1'échantillon de ces Cierges: Ce faint bout, qui ne finit pas, Fut donné par une des Vierges: (h{f* Toujours brülans, &.c. * Avec grande dévotion Je vous invoque. heureufes Vierges: H 2  ( *7* ) Que par votre interceffion J'obtienne un jour un de vos Cierges: (Ws) Toujours brülans, &c. * Ces boutsfaiis fin du Paradis Font la féïtcité parfaice: O mes bonnes & bous amii Un même bout je vous fouhaite: (WO Toujours brülant, &c. 13 Aoüt 1784. Depuis longtems on a dit que les Etats Généraux avoient arrêté de faire préfent d'une Epée a Mr. le Bailli de Suffren, pour le remercier des bons & importans fervices qu'il a rendus dans 1'Inde k la République & fervir de monument h fa gloire. Cette épée, finie avec le plus grand foin, enrichie de diamans & qu'on évalue a 150,000 livres, a été apportée ici par des Députés de la République, qui 1'ont, aujourd'hui, a heure convenue, offerte au Général francois. Ils ont été en grande cérémonie, rue de Tournon, a 1'höcel oh il demeure. Quatre caroffes formoient le cortege:l'Epée fe voyoit feule dansun,puis les Députés des Etats Généraux, puisl'Ambaffadeur, puis leur Suite. Les fanfares & jes trompettes ont fuccédé, & tout ce jour a été un jour de triomphe dans 1'hótel de M1'. de Suf ren. 13 Aoüt 1784. Tout fait fpeclacle dans ce pays»ci. C'eft aujourd'hui le donjon de  . C 173 ) Pïncennes, ouvert au public, qu'on s'enw preflé d'aller vifiter. II eft décidé que la? deftination n'en fera plus la même, & l'on va en faire des magafins. C'eft a qui bénira Mr. le Baron de Breteuil,& l'on ne ceiTe de répéter fes louanges k mefure qu'on parcourt dans tous fes détails cette horrible demeure. 13 Aoüt 1784. Dans Zémire & Azor ou trouve cette ariette, Scène IV. du ftcond Me: Plus de voyage qui me tente, Je veux mourir vieux, fi je puis: Je ne ferai plus qu'une plante, Et je prends racine oü je luis. Pafle encor pour aller fur terre, C'eft un plaifir quand il fait beau; PaiTe encor pour aller fur 1'eau, Quoique je ne m'y plaife guere: Mais voyager fur les nuages, Et voir la-bas, la. bas, la-bai La terre s'enfuir fous fes pas! Cela dégoüie des voyages: La tête tourne d'y penfer, Je ne veux plus recommencer. Le Public malin qui femble chercher ton-" tes les occallons de mortifier le .Duc de Chartres < un jour qu'il afiifioit è. cette piece depuis 1'aventure de fon Ballon de SaintGoud, n'a pas manqué d'y trouver une allufion parfaite, d'applaudir k tout rompre & de fe tourner vers 4a loge du Prince qui, après avoir voulu faire bonne contenance, H 3  ( i?4 ) li'a pu y tenir & s'en eft allé. On crioit en même tems bis, mais 1'acteur n'a pas ofé recommencer 14 Aoüt 1784. L'on attend toujours avec impatience le Mémoire de M1'. Saujjaye, Receveur des impofitions de la ville de Paris, en réponfe è celui du S'\ Aiexis du Pafquier de faint Genix en Savoie. Outre la converfation trés - mordante, par laquelle celui-ei, a la requifition fiftive du premier, lui rapporcant tout ce qu'on en dit dans Paris, fait une fatyre vive de fa morgue, de fon fafte, de fes mceurs; il y a des développemens de tour de baton fous ces mots: Récréation, Mémoire, Modération, Décharge, Délais, Frais, faifant verfer a flots 1'or & 1'argent des contribuables dans la caifle du Receveur, qui méritent une refutation particuliere" dont ne font pas embarraiTés ceux qui connoiffent pariiculiérement 1'intégrité 6 1'honnêteté de 1'accufé. On affure même que la Chambre des Comptes, qui convient avoir mis fort légérement les fcellés chez lui, va les lever. 14 Aoüt 1784- Florine eft une mauvaife piece de Mr. Imbert, jouée aux Italiens en 1780 fans fuccès, & qu'il s'eft avifé de remettre avec quelques correétions le famedi 7 de ce mois. Les Journaliftes de Paris, voués è cet Auteur, ont eu la baffe complaifance pour lui d'annoncer que Florine avoit été fort bien «egue. Le Parterre in-  C 175 ) digné, hier & Ia feconde repréfentation eo a prefque hué tout le fecond Aéte, au point qu'on ne croit pas qu'elle reparoiffe. . Ce même jour on a joué la première repréfentation d'une comédie en un Aéte & en Vers , ayant pour titre: l'amour d ïépreuve. Cette nouveauté peu neuve, quant au fond^ n'a point été mal reeue. On la dit de M\ Faure, Secrétaire de M''. le Duc de Fronfac. 14 Aoüt 1784. On eft fort content au Palais du début du nouvel Avocat général, M'. Pelktier de Saint Fargeau, qui a déji donné de 1'humeur k Mr. Seguier. 10. H ne lit point fes Plaidoyers & les débite de mémoire. 2°. II n'héfice point, il ne s'en rapporto pojnt è la prudence de la Cour, mais il fe décide & a toujours un avis k lui. En,fin il ne demande point de retard ni de délais, comme fait fouvent le premier Avocat général; & derniérement il a porté la parote dans toute? les.caufes oh il a été invité de le faire. . 15 Aoüt 1784. M>-. Morand, Doéteur■ Régent de la Faculté de Médecine, Membre de 1'Académie, des Sciences & déja Penfion' naire de la Gaffe d'Anatomie, vient de mourir, C'étoit un favant qui, jeune encore, avoit de profondes coDnoiffances, mais qui n'auroit. jamais eu la réputation du ChiJUrgien Morand, fon pere. , 15 Aoüt 1784. C'eft M?. le Prince de Condé, Gouverneur de Bourgogne, qui k . PI 4  C '70 23 & le 24 Juillet a pofé au nom du Roi, en préfecce des Elus généraux des Etats, h Chalons fur Saóne, a Saint Jean de Lofne & a Saint Symphorien, la première pierre de la première Eclufe de chacun des trois Canaux de Charokis, de Bourgogne & de Franche* Com'é. 16 Aoüt 1784. Extrait d'une Lettre -d'Agde, du 8 Aoüt „ Notre Port, trés ■ intéreiTant par fa Ctuation, a caufe du Canal de Languedoc, qui fait la jonftion des deux mers, fe combloit en partie depuis quelques années k fon embouchure par 1'affluence des fables qu'y apportoit la mer. Les Etats envoyerent icil'anDéederniereM'V Groignard, fi renommé par les preuves qu'il a données en ce genre a Toulon. Cet habile homme a imaginé de prolonger les jettées avec des caifles k peu prés dans le genre de celles de Cherbourg. LeSr. Poncett Conftrucleur du Roi,chargé de Pexécution, a commencé fon travail le 9 Juin dernier par une caifie qui a été lancée avec fuccès & avec beaucoup de pompe, après avoir été bénie par notre Evêque. Cette opération n'a duré qu'une minute & demie. Cette caifie a été placée le.. Juillet, par les foins de M>'. Groignard, en préfence des Etats de la Province. L'année prochaine, on en conftruira deux autres, & fuccefiïvereent le nombre fuffifant, jufques k 200 toifes en avant dans la mer." 16 Aoüt  C 177 ) 16 Aoüt 1784. La Compagnie des Ac-* tionnaires de I'entreprife des Eaux de Paris commence h prendre quelque confiftance! Elle a tenu le 10 de ce mois une affembléa folemnelle & elle a trouvé qu'elle pouvoic fur fes produits établir annuellement un Dividende. En conféquence on commence k délivrer des adlions. irj Aoüt 17S4. Madame Mara, cette célébre Cantatrice, dont on a parlé dans le tems, eft revenue dans Paris, & avoit attiré un monde trés - brillant hier au concert fpintuel , oh elle a été accueillie avec tranfport. M.. Crojdill a partagé Padmiration du Pu. bhc fur le Violoncelle, inftrumentfurlequel il a fait fupporter deux fonates, efpece de merveille pour les oreilles francoifes. On fait que c'eft un genre trés froid , & aban. donné depuis longterm pour les concerts. 16 Aoüt 1784. Extrait d'une Lettre'de Berlindu ier.Aoüt „ Le Porte-feuil. le kjlonque eft un Journal Allemand qui s'imprime ici & contient quelquefois des détails hiftoriques, affez curieux & affez exaéts fur les cours du Nord, fur leurs établiflemens civils & militaires, fur leur état acluel &c. " ' 17 Aoüt 1784. Le travail de Mr. le Baron de Cormerai ne paroitra pas encore cette année, comme on s'en flattoit. H eft ira. menfe. Cet infatigable calculateur s'en oc H5  C 178 ) cupe depuis dix ans. II a trente - cinq Commis fous fes ordres. II faut fe rappeller qu'il s'agit de la fuppreffion des Traites, & de rendre le fel & le tabac marchands. Mr. de Colonne, qui auroit fort k cceur de voir- exécuter ce grand projet fous fon Miniftere, encourage 1'auteur & lui continue le traitement de 6o,ooo livres, accordé par fes prédécefleurs. Mr. de Cormerai veut embraffer auffi les Corvées dans fon Plan & foulager d'autant le Peuple en cette partie. 17 Aoüt 1784. C'eft' décidément aujourd'hui que doit danfer le Sr. Vejlris fils. On a choifi Atis, parcequ'il n'y paroit qu'au dernier Ballet, & que le tumultc qu'on prévoitne pourra du moins empêcher 1'Ópéra. Ce Danfeur", de fon cöté, s'attend k une forte cabale contre lui & en a foudoyé une en fa faveur. On veut que fa familie & lui aient acheté jufques k 200 billets de parterre. Au refte, pour calmer un peu les roécontens, fes parens, amis & partifans affeftent de dire qu'il n'a été en prifon ni pour avoir manqué a la Reine, ni pour avoir manqué au public; que Mr. le Baron de Breteuil Pa puni feulement pour être contrevenu au Réglement, dont un article porte que tout Acteur, Chanteur, Danfeur, &c. hors d'état de jouer ne fe montrera point au fpeétaele. En outre, ils publient des Ceftificats de Chirurgiens & autres gens de Part qui, après avoir vifité le S'. Vefiris, au moment de fa  C 179) déren don-, acteftent que s'il eüt danféalors, M le fut mis hors d'état de paroitre de plus d'un an. 17 Aoüt 1784. En rendant compte de la féance publique de 1'Académie Royale des, Sciences du 21 Avril dernier, on a déja parlé du Mémoire de M'\ d'Aubenton, oh il démontre la paffibilité d'amêliorer les lollies, de Frar.ceau,point de Jupplêer aux laines Jtrangeres dans nos Manufaclures de drups fins. Ml' le Controleur général, attentif a tout ce qui peut augmenter la richeffe réelle de 1'Etat, a jugé ce Mémoire digne de la plus grande pubhcité, & en conféquence a voulu qu'il füt imprimé & 1'imprimerie' royale & répandu avec profufion. En effet, la fabrique du premier drap de laine fuperfine du crü de la France, efl un événement important pour les Manufaclures & pour' le Commerce. Les moyens donnés par Mr. d'Aubenton pour faire croitre des laines fuperflnes, d'après de Jonp-ues expériences, font faciles & peu difpendieux & 1'épreuve de fes laines dans la fabrication du drap, comparé avec le drap de laine d'Efpagne, fabriqué en France, a tourné abfolument a 1'avantage du premier. L'ouvrier y a reconnu plus de force & de nerf avec la même fineffe h 1'ceii & lamêmedou' ceur au toucher. Ce drap a plus de rapport avec ceux que les Anglois fabriquent- ji fera durable comme celui-ci, réflflera mie'ux H 6  ( i8o) i. Ia pluie que Ie drap fabriquê avec des Iai« nes d'Efpagne, & fera d'un meilleur débit dans le commerce du Nord. On peut encore le rendre auffi fouple & auffi moëlleux que Ie drap d'Efpagne. La durée de cetre amélioration, au furplus, eft déja prouvée par feize ans d'expériences fur les laines de Roufflllon. 18 Aoüt 1784. Le S'-. Feftr'Allari a en effet danfé hier, & l'on avoit fort heureufement choifi, pour Ie faire paroitre, la dernier Ballet d'Atis, car il n'auroit pas été poflible de jouer, tant le tumulte étoit violent & tant il a duré. Lorfque ce danfeur a paru, les mécontens ont crié: dl gmoux! d genoux! & n'ont point ceffé de le fiffier & de le huer pendant tout Ie tems qu'il eft refié en fcene. Ses partifans, au contraire, applaudiffoient a töut rompre, avec des bravo, des braviffimo qui ne finisfoient pas. II y avoit tant d'acbarnement de part & d'autre qu'il en eft réfulté des rixes particulieres, & que pour mettre Ie hola, la garde a été obligée d'arréter pïufieurs perfonnes. Du refte, le Sr. FeJlr'Allard ne s'eft point déconcerté; il a foutenu tout ce bruit k merveille & a vérifié ce qu'on avoit dit que fon talent s'étoit encore perfeftionné durant fon féjour a Londres: ü a danfé mieux que jamais. 19 Aoüt 1784. Le Grand Confeil, depuis fon rétabliflement a toujours été tra-  c i8ï ; ca(Té par les Parlemers de Province, car Ce.' lui de Paris le tourmence le moins. Tout recemment les Pariemens de Dijon & de Bordeaux out fait contre lui des acïes d'hos- uiue qui ne peuvent le tolérer. Le premier a décrété de prife de corps un Religieux qui n'étoit pas de fa compétence & fous la fauve - garde de ce Tribunal. Le fecond a jugé une caufe évoquée de droit par la Loi du Prince au Grand Confeil, fat laquelle il avoit déj<ï prononcé. II a caffé le Jugement de ce Tribunal & a rendu un Arrêt tout oppofé. Les Chefs du Grand Confeil ont eu recours au Garde des fceaux ; ils lui oDt repréfenté qu'il falloic abolir le Grand Confeil, ou venger ces attentats. II a promis une Déclaration. 19 Aoüt 1784. Le Prince Henri de Pruffe, fur lequel on ne comptoit plus, eft enfin arrivé. II loge rue de Richelieu, k 1'hótcl de la Chine, & non chez le Miniftre du Roi fon frere. II doit aller demain k 1'opéra, oh Pon joue Chimene, par ordre. 19 Aoüt 1784. Extrait d'une Lettre de Montpellier du 10 Aoüt „ Pierre Richer de Belleval a été Ie refiaurateur de la Botanique dans les Ecoles de cette ville. II a employé toute fa fortune k la recherche des plantes du Bas-Languedoc & aunouvrage de botanique trés étendu qu'il s'étoit propofé de publier. Un grand nombre de H 7  ( 182 ) gravures en cuivre, fakes avec une exaaiTude inconnue avant lui, & qui exiftent encore, devoient entrer dans cet ouvrage. On a de lui en outre pïufieurs écrits imprimés fur cette fcience. La ville de Mbntpellier lui doit 1 etablifiement de fon jardin Royal des Plantes, qu'il fut chargé de conftruire par ordre de Henri IV 1598 • c'eft - k - dll'e 28 ans avant la fondadon de celui de Paris. La difpoikioQ de ce jardin, qui peut paffer pour un modele eft une preuve non équivoque des conBo'iffances de fon fondateur en ce genre. La même fcience a depuis été cultïvée iet par des hommes célebres, M$ Magnol, RiiïoU, de Sauvages, Membres de notre Sociétè Royale, qui a publié leurs Eloges. Richer de Belleval étant mort avant i'établilTement de cette Compagnie, cet honneur a manqué & fa mémoire. C'eft pour réparer ce défaut que Mr. Bouffonnet fils, un des Membres de la Société Royale, lui a remis 300 livres qu'il deftine a 1'Eloge de Richer de Belleval fujet d'un Prix extraordinaire qu'elle propofe au concours, & qui fera proclamé a fon affemblée publique, pendant la tenue des Etats de Languedoc en 1785. 20 Aoüt 1784. L'auteur de la Poupée parlante, oubliée depuis un an, ramene lacuriofité du public par un nouveau phênomene. C'eft un Ventriloqüe, Tout le monde fait ce: que c'eft que. cette efpece d'hommes rares 9  C 183 ) doués du 'talent particulier de parler fans ouvrir la bouche, & fans qu'on puiffe reconnoitre h aucun figne de leur vifage que ce font eux qui font la converfation. Celui-ci eft un des plus merveilleux, en ce que c'eft un homme oélogénaire, qui conferve cette faculté depuis Page de trente ans qu'elle s'eft développée chez lui. II vient de Portugal; il prend dans fes bras un automate, qu'il fuppofe être un enfant malade. Le Ventriloque en eft Ie pere; 1'enfaDt s'éveille, fe plaint & fes accens déchirent 1'ame. Le pere parvient k Pégayer; il fe forme un dialogue entre eux deux qu'il exécute féiiïi La voix du Ventriloque eft trés-forte cc celle du petit interlocuteur femble 'être d'ua enfant de trois ans. La fcene du Ventriloque terminée, oa porte Pautomate k une corde, fur laquelleil danfe & exécute a peu prés tous les tours d'ufage parmi les bateleurs. 20 Aoüt 17S4. Enfin les CommifTaires • chargés par le Roi de 1'examen du Magnétisme animal ont terminé leur rapport, & il doit être inceffamment imprimé par ordre du Roi k 1'Imprimerie-Royale. II faut fe rappeller que c'eft chez le Dofteur Dejlon qu'ils ont dft faire leur examen, & que Ie Dofteur Mejmer prétend que celui - ci ne profefie pas fa doctrine véritable & dans toute fa fubli- ' mité. Quoi qu'il en foit, ils déclarent le Magnétisme animal, udc inveDtiorj illufoire, yaine & funefte.  C 184 ) 21 Aoüt 1784. Hier, il s'étoit rendu encore beaucoup de monde a 1'opéra, pour voir ce qui fe pafleroit a 1'égard du Sr. Veflr'Allard; mais la garde écoic tellement renforcée que les battoirs ont pu l'applaudir ea toute liberté & fans contradiétion. On jouoit Chimene, & comme on avoit a'pütépar ordre, on s'étoit imaginé que la Reine y viendroit. Mais c'étoit pour le Prince Henri, frere du Roi de Prujfe, qui a été accueilli ainü que le méritoit ce héros. On lui a trouvé avec peine 1'air fatigué, ufé, caffé. 21 Aoüt 17Ü4. On a déjk parlé de Pexplofion du Docleur Berthokt de la Faculté de Médecine de Paris & de 1'Académie Royale des Sciences. II a donné fon avis fur le Magnitijme animal d'une facon non équivoque & trés-précife, par une Déclaration datée du 2 Mai & confignée dans la Gazette de fantj, oh il dit formellement, qu'après avoir fait plus de la moitié du cours de M1'. Mejmer du mois d'Avril 1784 , après avoir été admis dans les falies des traitemens & des crifes, oh il s'eft occupé h faire des obfervations & des expériences, il déclare n'avoir pas reconnu Vexiflence de l'agent nommé par Mr. Mejmer: Magnêtifme animal; avoir jugé la doctrine qui lui a étéenfeignéedurant le cours, démentie par les vérités les mieux établies ftr le fyftême da monde fjf fur l'économie animale, & n'avoir rien appercu dans les convulfious, les fpafmes & les crifes pré*  C i8j ) tendus, produits par les procédés Magnétiquer, qui ne düt êcre entierement attribué a l'ima* gination, d ïeffet mêchanique des frictions fur des parties trés - nerveufes Enfin il ter¬ mine par regarder la dodlrine du Magnétifme animal, & la pratique k laquelle elle fert de fondement, comme parfaitement chimériques. 22 Aoüt 1784. Ceux qui font curieux de connoïcre par approximation la population du Royaume, pourront tirer des induélions du nombre des morts & des baptêmes, 13 Corfe comprife. En i?8o. II I I Mor» I Profeflïons I en Mariages, | Morts. | Religieuzes. I Religion. SES)3°6. J 241,138.1914,017.! 1475. | 206?. t En 1781. J>7°;4°6.| 236,503.1881,138.! 1400. j 1966. On voic par-li auffi que le nombre der profeflïons religieufes, non feulement n'eft pas en proportion des morts, mais décrolt fenfiblemenc d'une année k 1'autre. 23 Aoüt 1784. Lorfqu'on a rendu compte de la première repréfentation des Danaïdes & furtout du poëme, on a cité l'avertiffement de 1'auteur des paroles, ou il dits'être beaucoup aidé d'un poëme manufcrit Italiea fur le méme fujet, de Mr. Caffabigy, Confeiller honoraire de S. M. Impériale, Roya-  ( 186 ) ïe & Apoftolique. Celui-ci, piqué vraifemblablement d'une mention auffi légere, a écrit au rédafttur du Mercure une Lettre datée de Naples le ■>$ Juin 1784, oii il fe plaint & fait toute Fhiftoire affez curieufe, & de fon Hypermnejlre & de fes relations avec le Chevaiier Gluck; oh il parled'ailleurs de Part en homme trés-inftruït & qui 1'a ■médité profondément. A 1'ëgard de la tragédie lyrique en question, voici ce-qu'il raconte. Ce fut en 177g & après le grand fuccès d'Orphée &i é'Alcefie, dont les poëmes viennent auffi originairement de Mr. CaJJabigy, que Mr. Gluck le follicita de lui adreffer une Hypermneftre, dont il lui avoit parlé. Le Chevaiier Gluck fi recut au mois dé Novembre de .la méme année, & ce n'eft qu'après un filence de quatre ans & au mois de Février dernier que fon auteur apprit que cette tragédie lyrique alloit être jouée Tur le Théatre de Paris, avec une mufique en partie du Chevaiier Gluck & en partie de Mr. Salieri, qui y avo'rt travaillé fous la direélion de ce grand maitre. Dans 1'intervalle le poëte avoit fait des changemens a fa piece. II la fit mettre en mufique par Mr. Millico, non moins célebre chanteur que compofiteur & la fit exécuter avec fuccès a la cour de Naples. Comme on avoit difpofé de fa tragédie al fon infcu, il craignit qu'on ne la fit imprimer de même & fans ies correélions; il fe  C 187 ) détermina S la publier au mois de Févriet dernier, Mr. de CaJJabigy entre enfuite dans la discuflion des défauts reproehés par le rédacteur du Mercure, aux Danatdes, qui ne font autre chofe que fon Hypermneftre, & il établit trés bien qu'il les a fait difparoftre dans la tragédie Italienne, ou que les défauts font du traducteur francois. C'eft a M1. le Bailly du Rollet a répondre & a fe tirer de-lè. 23 Aoüt 1784. Le Tribunal des Maréchaux de France, bien loin de prononcer de plus amples peines contre le Vicomte de Aoë, pour ne s'être pas repréfenté ap ès le délai d'un mois accordé, n'a pas jugé lacontumace & a arrêté un furfis. On prétend i°. Qu'il a eu peur du Parlement, 2°. Que le Roi étonné lui • même des coups multipliés & vigoureux que le Tribunal frappoit contre le Maire de Bordeaux, a dit qu'il ne dérangeroit pas déformais fi légérement Pordre légal. 30. Que Monfieur a dit au Maréchal de Lévi fon Capitaine des Gardes , que le Jugement dü Tribunal dans cette affaire étoit un Jugement de Vandales. Quoiqu'il en foit, c'eft a la dénonciation de M1'. d'Eprémefnil que le Vicomte de Ncè' a véritablement 1'obligation d'avoir arrêté le Tribunal, & furtout au foin qu'a eu ce Magiftrat de la répandre dans Paris par la voie de 1'impreffion. Cet écrit a tellement foulevé Popinion publique & éclairé fur 1'atrocité  C 188 ) de Ia fentence & de la conduite du Tribunal, qu'il a été effrayé luhmême & que la cour n'a ofé foutenir la fuite de fon entreprife. 23 Aoüt 1784; On parle depuis longtems d'une Sèmiramis, dont Mr. Salkri a compofé la mufique. II y a tout a parier encore que cette tragédie eft prife de celle de Mr. de CaJJabigy, envoyée dés 1778 au Chevaiier Gluck, & que ce muficien 1'avoit engagé de compofer pour lui. II 1'approuva beaucoup d'abord, & s'appercut enfuite qu'elle ne s'adaptoït point aux aóleurs qui briüoient alors fur la fcene lyrique. 23 Aoüt 1784. Mr. de Seize a continué au Chatelet fa première & fa feconde replique avec le même fuccès. Vendredi dernier il a gagné fa caufe en totalité, &, ce qui eft fans exemple, le Lieutenant- civil lui a adreifé un compliment en pleine audience. ■24 Aoüt 1784. Mr. de Caffabigy, après: avoir défendu fon Hypermneftre, attaque lei Chevaiier Gluck dans la partie la plus fenfible, car il prétend que fi ce grand homme a étéi le créateur de la mufique dramatique, il ne; 1'a pas créée de rien; c'eft-a-dire que c'efi: Mr. de CaJJabigy qui 1'a rendu ce qu'il eft. II n'eft pas muficien, mais il a beaucoup: étudié la déclamation. On lui accorde les talent de fort bien réciter les vers, particulierement les tragiques, & furtout les fiens. II y a vingt-cinq ans qu'il a penfé que Ia] feule mufique convenable 4 la poëfie drama-'  C I8f ) tïque, & furtout pour le dialogue & pout les airs que les Icaliens appellent ö'azione, étoit celle qui approcheroit davantage de la déclamation naturelle, animée, énergique; que la déclamation n'étoit en elle-même qu'une mufique imparfaite; qu'on pourroit la noter, fi l'on avoit des fignes en affez grand nombre, &c. Plein de ces idéés, Ml'. de CaJJabigy arriva a Vienne en 1761. On lui propofa d'y faire jouer fon Orphée, & l'on lui donna le Chevaiier Gluck pour muficien. Celui ci n'étoit pas alors compté parmi les grands maitres. Le poëte lui fit part de fes idéés; il lui nota par des fignes les traits les plus faillans, & fuppléa paf des notes au furplus. C'eft fur un pareil manufcrit que 1'Allemand compofa fa mufique M1'. de CaJJabigy en fit autant depuis pour Alcefte. 24 Aoüt 1784. Le Comte de la Porte d' Anglefort, dont on a eu occafion de parler pïufieurs fois, & 1'un des Argonautes du Ballon de Lyon, vient de périr d'une marjiere finiftre. II avoit accompagné le Prince de NaJJau è. Conflantinople, oh l'on fait qu'il eft allé. Le Prince, en faifant ce voyage, a voulu rechercher fi le Nüjler étoit navigable depuis Kaminick jufques k la Mer Noire. Le Comte d'Anglefort 1'accompagnoit ; il étoit allé feul a la découverte, lorfqu'effrayé a la vue de Cofaques qu'on avoit enyoyés pour le chercher, dans 1'inquiétude  C 190 ) - oirf on étoit de lui: il les prit pour des Haydamaques ou bandits, voulut les éviter par la fuice & ie noya. 11 étoit, ce femble, deftiné a périr d'une maniere violente. A Cancale, il fauva une frégate du Roi & fut dans le plus grand danger. II fe diftingua a 1'attaque de Jerfey. A VOriënt, un foldat le perca de part en part d'un coup de bayonnette; ce qui fitcourirle bruit anticipé de fa mort II étoit a Gibraltar fur 1'une des batteries flottantes, & l'on peut fe rappeller quel danger il a couru a Lyon. 24 Aoüt 1,84 Comme Diderot n'étoit d'aucun Corps littéraire en France, fon panégyrique ne fera vraifemblablementprononcé dans aucune Académie: il n'y-a d'ailleurs plus de NécroloL'e. Pour fuppléer a ce filence général, on va donner ici une courte notice des principaux traits de fa vie. II étoit né h Langres, en 1713» d'un coütelier aifé & qui lui fit faire fes études aux Jéfuites de cette ville Ceux ci 1'avoient déja déterminé a entrer dans 1'Ordre & a partir pour le Noviciat a Pinf^u de fes parens. Son pere, averti la vei 11e, le retira du college. Le jeune Diderot étoit auffi tonfuré,, mais fon pere ne voulant pas le laiffer prendre même l'état eccléfia'ique, le deftinoit è exercer fa profeffion: 1'enfant y répugna & on Penvoya finir fes études h Paris. Enfuite, felon 1'ufage, on le plaqa , fihez un Procureur. II avoit encore moins 1  d'attraif pour la chicane & cootinuoit as'oc cuper de Littérature. t>on pere 1'apprit, cefla de payer fa penfion, parut l'abandonner & ne recut fon fils en grace que dix ans après, a 1'époque de fon mariage. Di' derot fut forcé de vivre de fes ouvrages. Tout le monde les connofc, mais furtout YEncyclopédie: ce monument, tout imparfait qu'il foit, eft. celui de fa gloire. Trente mille exemplaires de ce livre, répandus dans les deux mondes, ne laillerorit jamais périr la mémoire de fon principal éditeur. Le Syjtême de la Nature, qui lui eft afiez générfiement attribué, lui donni beaucoup d'inquiétude, lors de fon explofion. II. fe tint & Langres, & avoit des émiflaires £ Paris qui l'inftruifoient de ce qui fe paffoit. Au moindre mouvement contre lui, il étoit difpofé è glifler en pays étranger. Cet auteur joignoit deux qualités qu'on trouve rarement enfemble, parcequ'elles font oppofées & s'excluent le plus fouvent: Ie raifonncment & 1'imagination. C'eft ce qui le rendoit également propre a la philofophie, aux hautes fciences & aux lettres. II étoit bien fupérieur en cette derniere partie a fon collegue d''Alembert, qui manquoit abfolument d'imagination. II paroit décidé que 1'un & Pautre font morts dans leur facon de penfer fur la religion, en quoi ils ont toujours été parfaitement d'accord. 2j Aoüt 1784. Relation de la féancg  ( 192 ) publique, tenue aujourd'hui, jour de faintLouis, par 1'Académie frangoife pour la distribution des Prix. L'arrivée d'un Prince étranger , venu depuis peu dans cette capitale & qui n'a pas voulu manquer cette occafion de voir PAcadémie frangoife aiTemblée, eft un événement heureux , qui a donné encore beaucoup d'ardeur pour s'y trouver & h. rendre la féance très-brillante. Elle étoit déja. illuftrée par la préfence de Madame la DucheiTe de Chartres, prenant le plus vif intérêt a 1'un des candidats couronnés, Mr. de Florian. Le Directeur & le Vice-Directeur étant abfens, c'eft Mr. Marmontel, le Secrétaire, qui a rempli feul toutes ces fonctions. II a d'abord annoncé que le prix de profe, remis il y a deux ans, étoit décerné cette année a M''. Garat. Le fujet étoit l'JSloge de Fonteneïle. II eft d'ufage qu'un Académicien faffe h 1'AiTemblée ia leéturedel'ouvragecouronné» mais tous Meffieurs préfens étant vieux, cacochymes, mauvais lecleurs, Mr. de la Harpe feul auroit pu la faire. Le Lauréat, déja mécontent de la maniere dont cet Académicien avoit rendu & annoncé un de fes écrits, anecdote dont on a parlé dans le tems, a demandé Ia permiffion de lire lui-même. L'Académie a eu peine h fouffrir cette innovation. Enfin on lui a accordé la liberté qu'il follicitoit a titre d'encouragement. Cet  C i£>3 ) Cet Eloge de Fontenelle eft .ƒ? jrtnfr ,., •auroit Iaffé les poumons les S,,. g qu 11 ™,s Ie «le paternTa fout£"V^0™ l treprife Mr. G u r" dans f°n efl" -1 lu. Sa ^iS/SSii1^ courage Dar rif» A-/o„ C(-Pendant en- Le^efdu^SS3^^8üfficÜe è traiter ? d autant plus au premier Coquo -fP ,r0,CpeUt être moins cbauehé en dé Z • de IT' ^ étë m auteur on>'ni) T ? reg3rder comm^ des vues fines, des^i 1 if,0"00^ expreffions tantöt neuves ntó f' >8 tous les feerets ^0 ^7'? d'>e> fophie. D'autresin eflstn P n°' ont déeouvert faeilement cfqui e tout ce qui eft forti de fa plüme • u^nÏ[ ' avec imagmation; du bel ■ accórd infinimen rare nf ^' Par UQ 1'énergie ni a Ia pieurd^dée??' *■ donne de i'ëclat a fon ftl ?'dé*s de la vérité de rexpW^Er ^  C 194 ) ' paru long è quelques - uns, ce n'eft pas en -préciaht 1'effet qu'il a produit, mais en mefurant la durée de la leöure. Les cridques prétendent au contraire, que fes applaudiflemens n'ont été rien moins qu'unanimes; que beaucoup d'auditeurs les ont démentis, a raifon de 1'entornllage «Sc du néologifme qu'ils ont remarqués en eertains endroits. lis bliment furtoutle morceau oh le panégyrifte loue la naïveté & les gracps des Idylles de Thêocrite & les Bucohques deVirgile , pour exalter enfuite des Eglogues métaphyfiques de Fontenelle; enfin, a les en croire, la maniere du peintre eft pauvre, mefquine; il eft ftérile dans fon abondance , petit dans fa gigantpmachie & très-mauvais finee du modele qu'il a voulu rendre : il manque enfin de ce goüt qui fait fe mefurcr & s'arrêter. De-la les fréquens baillemens, qui mêloient leurs murmures peufonorcsaux battemens de mains des enthoufiaftes. Comme le difcours eftimprimé, chacun peut le prendre «5c juger entre ces deux avis. La leöure de 1'ouvrage de Mr. Garat avoit abforbé tant de tems, que M>'. Marmontel n'a fait qu'annoncer un autre Eloge de Fontendie de'M'. le Roi, ancien Commiffaire de la Marine, avec une mention honorable, mais fans Accefftt. On avoit flattéTauteur au'on liroit publiquement le morceau de Ion ouvrage, qui eft le parallele de Fontenelle & de Foltaire, ce qui n'a pas eu lieu.  f IS>5 ) Le Secrétaire a dit enfuite que Mr Ie 'Chevaher de Florian avoit mérité Ie prix de podïe dont Ie fujet avoit été laiffé Jibre Celui choifi par ce candidat étoit une Eglogue tirée de la Bible, intitulée: Rut! % S'T?0!affez bifarre' mais do« i objet eft facilement faifi par PéDifop-n,» adreffé k Mr. le Duc de Penfhievre g II regne dans Pouvrage de Mr. te Florian. du fentiment, de 1'ingénuité, & en général Ie ton du genre. Ce dernier vers de 1'envoi au Prince'a été trés applaudi: Vous r,'e>ou.r« point Rutk, maïs vous 1'avez pour fille. Quelque vrai que foit cet Eloge, il a paru fade, étant prpnoncé devant Madame ia Duchelfede Chartres, préfente. Après cette Eg!ogUe, il a été fu des rnorceaux d'une autre qui, d'un aveu^nanime, méritoit le prix du génie, s'il y en avoit eu un è décerner. Du refte elle pêche contre les premières regies de la verfification, ce qui eft prouvé par des hiatus & d autres fautes pareilles- qui ont rebuté les juges. Le fujet eft le Labaureur parmi fes enfans. Le poëtedeftirjoit aux pauvres Pargent du Prix. L'auditoire a vivement preffé Je Secretaire de déclarer fon nom II a montré le Billet Gacheté oh il étoit renfermé. On Pa prié de rompre le carhet II étoit prêt k fe rendre, Jorfque fes confrères plus rigides «Sc plus fcrupuleux, lui ont re' I 2  C IOC ) préfenté que ce feroit enfreindre les loix de P Académie. Alors Mr. Marmontel a feuleroent ajouté , qu'on croyoit 1'auteur mort, II a été fait mention d'un troifieme Prix li décerner dans cette affemblée: le Prix de Vertu, Le Secrétaire s'eft contenté de dire qu'on Pavoit accordé a la Dame le Gros, aiarchande mer.ciere, qui le méritoit d'autant plus, qu'elle ne Pavoit ni prétendu niefpéré. Malg' é fa fanté délicate & fa fortune médioere, elle n'a ceflé pendant trois ans .de fe donner toutes fortes de foins pour venir au fecours d'un particulier , dont elle avoit appris par hafard les longues infortunes. Tel eft le récit fuccint qu'a fait Mr Marmontel §i qu'il auroit dü étendre beaucoup plus. Quoi qu'il en foit, la Dame le Gros eft venue reccvoir la médaille, aux acclamations de toute l*auemblée. Ceux qui n'étoient pas préfens ne manqueront poict de demander; eft-elle jolie? Et on leur repondra qu'elle eft fort laide; qu'ils auroient düs'en douter, la beauté & la vertu allant rarement enfemble. Le rpftê de la Séance s'eft paiTé en annonces. . lo. L'Eloge óe Louis XII, PereduPeuple, eft propofé pour le Prjx d'Eloquence de Paonée prochaine. ao, C'eft au premier Janvier prochaïn qu'eft $%4§ répoqu? les Difcours deftinés a eoueourir au prix pour 1'Ëloge de d'Alembtn  c 197 y 3°- En 1786- on décernera Ie; Prix deftiné4 au meilleur ouvrage de Morale élémentaire & remis encore une fois, afin de laiffer Ie tems" aux candidats de traiter avec toute la maturité aécefiaire une matiere auffi importante. Ils pourront concourir jufques au premier' Mn de Ia même année. 26 Aoüt 1784. Comme PÖrdre des Avq* cats n'a point de Gaffe, ni de Régiftre, ni d Hiftonen ; qu'il ne conferve rien par écritil faut configner ici 1'anecdote concernant ]& nouveau Membre du Barreau de Paris* Me. de Seize. Quand le Lieutenam-civil eut prononed' le Jugement, ij lui dit: de Seize, avez-vous quelque autre caufel Celui-ei lui répondit que non, Le Magiftrat reprit : «ft■ Se>ze f& il avoit alors fon bonnet a Ia main,. qu'ilm,t fur fa tête & s'affic) puis il continua en ces termes: „ la Capitale efl le centre des „ lumieres & des talens,, elle accueille ton„ jours avec plaifir dans fon fein les fujets. „ qui fe font diftiugués dans les Provinces„ par des fuccès: c'eft vous témoigner,„ Monfieur, avecquelle fatisfaébion Ia Cour »* vous a sntendu-, & combien elle defire „ vous voir fixé au Barreau de Paris". Me. de Seize étonné de ce compliment fans exemple, & étourdi, répondit qu'il De pouvoit reconnoftre en ce moment une" faveur auffi fignalée de la Cour que par fon. refpeft cc fon filence. P ° H  f 198 ) 11 eft k obferver que ce mot de Cour qui eft 1'attribut dffiinétif des Tribunaux fouve. rains, par un Privilege fpécial fcunique, eft auffi confacré pour le Chatelet. Me. de Seize étant allé rendre fes devoirs au Lieutenant-civil & le remercier , ce Magiftrat Paccueillit de la maniere la plus flatteufe, lui dit qu'il avoit héfité a lui faire fon compliment, paree que ce n'étoit pas un homme comme lui qui avoit befoin d'encouragement; mais qu'il avoit cru cependant que cela lui feroit plaiür. 26 Aoüt 1784. Mf. Chabert, le Directeur adluel de 1'école vétérinaire, n'oublie rien de ce qui peut illuftrer de plus en plus un établiffement auffi utile & unique en ce genre. 11 a obtenu du Gouvernement que le dimanche 5 Septembre, on y ouvriroit un Cours gratuit d'Anatomie, des proportions & des allures des animaux, en faveur des jeunes gens qui fe deftinent aux arts d'imitation. • C'eft Mr. Vincent , ProfeiTeur royal k Pécole vétérinaire, Penüonnaire de S, M. qui ouvrira le Cours. 26 Aoüt 1784. Les comédiens Italiens doivent jouer aujourd'hui pour la première fois Memnon, comédie nouvelle, en trois a&es, mêlée d'ariettes. La mufique eft de Mr Rasuier, les paroles font de M Guichard. Cependant un autre auteur eft venu mettre oppofition a la repiéfentation de cette comé-  C 199 ) die, fous prétextc que c'étoit un larcin que M1". Guichard lui 'avoit fait. Les Acteurs embarraffés 1'ont prié 'de ne pas infifter & de ne pas arrêter cette piece au. moment oh el!e aüoic être donnée, fauf a lui £ faire enfuite toutes les réclamationsqu'il vóudroit. Comme cet auteur , qu'on nomme Mr. Plaifant, a une autre piece recue & qu'il a intérêt de mé.nager les comédiens, il s'en eft tenu a fa déclaration. 27 Aoüt 17S4. Avant-hier on a expofé, fuivant 1'ufage, les fept Tableaux desEleves de PAcadémie de Peinture qui ont paru les plus dignes de concourir pour aller a Rome. Le fujet étoit pris de PEcriture Sainte; c'eft la Cananéenne. Quoique tous ces Tableaux foient en général bien faits, un d'eux a paru Pemporter infiniment fur les autres & être au deiTus , de toute concurrence. Mais le D;redheur & les anciens s'y font oppofés. Ils font convenus que ce jeune peintre en hiftoire valoit déja mieux qu'eux tous; fis ont objecté feulement qu'il étoit a craindre ip.u'en ne fe prévaiftt de cet exemple pour accorder enfuite a la .faveur, ce qui cette Ij:s n'auroit été accordé qu'au mérite. Au furpïus, il fauc attendre jufqu'au 28 de ce Eiois, qui eft le jour du jugement défioitif. L'auteur de ce tableau fl vanté & fi digne de 1'ctre eft W. Drouais, le fils du fameux peintre de Portraits & petic- fils auffi d5Académicieo. Mais ce jeune homme eft fait I 4, .  £ 200 ) pour furpafler fes ayeux. II n'a q.ue vingt ans;, il jouit déja de vingt mille livres de rente, & ce. n'eft que par une paffion pour fon talent & par PamouT de la gloire qu'il travaille. Il ne peut qu'aller très-loin avec ce noble aiguiilon & les heureufes difpofltions dont Ia nature Pa doué. 27 Aoüt 1784. Rien de fï mauvais que la piece de Memnon. Dès Ie fecond Acte * elle a été trés-mal accueillie, & au troifteme, les auteurs dégoütés avoient déj& levé. Ie fïege de la table oh ils étoient aflis; la toile alloit tomber, lorfque le Public les a forcés de revenir. La mufique n'eft point mal faite; il y a des chofes agréables, mais point affez pour que le compofiteur n'ai't pas été entrainé dans Ia chüte du poëte. On a jugé que ce coup d'eflai de Mr. Raguier méritoit uk meilieur poëme; 27 Aoüt 1784. II y a déja. beaucoup de fermentation dans POrdre des Avocats contre M3. de Seize; cependant il s'y eft pris de* fa^on a défarmer 1'envie, fi c'étoit pofïible. Le dernier jour de fon triompheau Chatelet^ eomme on Pentouroit, on le preffoit, on Papplaudiffoit, on vouloit favoir fon nom fon êge; on vouloit le voir: il s'eftécbappéde cette foule d'admirateurs & eft allé trou» ver fon Avocat adverfe, Me. Hardouin,ïqui feul en un coin, gémiffoit fur la perte de fa eaufe, Me. de Seize Pa embraflé & lui a dit' qu'il;  C 201 y qu'iï feroit plus heureux une autre fofs & qu'on devoit lui rendre la juftice qu'il avoic défendu fa caufe avec tout le zele & tout Ie talent poifibles. „ Pour vous , mon1 ,> confrère, " lui a répondu Me. Hardouini ,■, vous n'aviez pas' befoin de gagbcr Ia vótrèpour triompher." La maifon de Madamè Helvttiüs, niere; de Madame la Comteffe d'Andlau, qu'on fait être un bureau de bel-efprit , retentit' de toutes parts des Iouanges de Me. de Seize • & cette fociété phüoföphique & littéraire' defire déja de 1'initier parmi elle. 28 Aoüt 1784. Le Prince Henri'de PruJjY 8ft ici fous Ie nom de Comte é'öels; Erp conféquence il ne porte aucun Ordre, aücua' attribut diftinclif. II accueille fort les gens de lettres & eu a déja eu pïufieurs a' fa1 table, entre autres Mr. Baculard d'Arliaul ■ qui a réfidé longtems h Berlin. Ce Prince *én paffanf par Neufchètel,-a vifité 1'Abbé' Raynal, qui y demeure aécuellemënt & Pa5 eu a diner aulfi. Les Mufes francóifes ont: dü le célébrer par recónnöiffance, & voiep '. Sauffaye difcutant' article par article les plus petits détails intérieurs de fa vie privée y répond modefiement & prouve que tout efi faufieté ou exagération dans Ie récit faftueux de fon ennemi, II entre enfin dans la difcuffion des fi& chefs d'accufation & les refute complettement.. Tout ce que l'on en peut inférer, e'eft que les formes de la comptabilité pourroient être perfeetionnées & que la Chambre des Gomptes devroit peut-être foumeftre a la fagefie du Roi des obfervations fur 1'infuffifance de ces formes. Dans la Confultation les Jurifconfultes établiflent parfaitemeuc que. Paccufatiom jntentée contre le S>". Sauffaye a tous les; caraóïeres de laealomnie, & que les Tribui naux ne peuvent punir avec trop de févérité Ie Sf., duPafquier fon auteur,, qui, fanstitre,. fans- raifon, méchamment & h deffein de nuire ,, s'eft érigéen inquifiteurde la conduite1 du Sr. Sauffaye-. On- s'eft étendu fur cette affaire particuliere plus-qu'ón. m'auroic fait, fi elle n'étoit Iai madera des entretiens de tout Paris, oh uw fihancier inculpé produit toujpurs une grande fenfationi.  f 305 > 29 Aoüt 1784, Le Mercure de Francs ' qui fe tourmente fans ceiïepours'améliore/ & qui, depuis fonexiftence, n'a pu encore parvenu-, non-feulement afe perfecïionner maïs è fe faire fupporter è- un ccrtain point*' quelque métamorphofe qu'il ait fubie en prend encore une nouvelle aujourd'hui, U s'érige en Cour d'amour- Outre VEnigme cc le Logogryphe., fon appanage ordinaire, il propofera-auffi de tems eir tems des queftions d'amour, qu'on pour-ra rendre en- quatre fix ou huit vers. Pour commencer, il en fait une très-neuve: „ Lequel de ces deux mal„ heurs eft le plus crue! pour un Amant „ Ia mort ou I'infidélité de ce qu'il ajme?'* 30 Aoüt 1784. Extrait d'une Lettre de Vienne du 15 Aoüt...... La liberté de confeience dans les EtatsAutnchiens a fait efpérer celle de Ia prefTe • Ün obfervateur a compté 1172 ouvrages fur ces matieres, publiés dans cette ville depuis dix-huit mois. De ce nombre 879,1^ onc paru mauvais, & 293- raifonnables. 30 Aoüt- 1784. On ne ceffe de parler da Mr. Germain- Drouau, qui n'a décidément que vingt ans & demi. II a- d'abord été éléve de M>'. Brenet,. fous lequel il a appris JaoorreOioü du deffin mais ce Profeffeur, fage & froid s'accordoit mal avecTentboufiafme du jeune AVtSfte, qui eft paffé enfuite' a 1'école de. Mc David,, d'un genre plu*, acalogue au fien.  . e sof? j Itft. Üröuaif avoir concouru des Pan paffé , & fon tableau auroit été certainement couronné; mais mécoctent de fon ouvrage 0 ne voulut pas le produire & le déclnra. Heureufement on en a retrouvé les moreeaux, on les a recollés & l'on affure que M>. d'JngiriUer,\es conferve comme trés précieux, furtóut depuis le fuccès de fon au- 31 Aoüt 1784. Jéfus - Chrift allant du cóte de hü & de Sidon, une femme Cananéenne vint "fe jetter a fes pieds & le fuppüa d'avoir pitié de fe fille qui étoit poffédée du démon. II ne lui répond rien. Ses Difciples, touchés de la douleur de cette femme, intercedent pour elle. Alors le Chrift lui dit: „ On ne donne point le pain des hommes aux " chiens." Elle repart: „ il eft vrai, Sei' gneur, mais on leur en laiffe ramaffer les ■ miettes. Femme," ajoute- t-il en ce mo« inent „ votre foi vous a fauvée. Levez-vous, allez ■ vous • en: vous trouverez votre fille guérie." " Tel eft le fujet du Tableau de Mr. Drouais?. tiré du Nouveau Teftament, Evangilc felon, Jaint • Matthieu, Chapitre XV. Le jeune Artifte a choifi 1'infiant le plus jntéreffant de cette fcene,. le plus pro pré a développer fon génie par Pëtfpfefiïón despafiions averés dont les acleurs fontashés. Le Chrift eft au milieu du Tableau debout & dans ce calme profond qui caractérile la.  C 207 > BMnité. II repouffe de Ia maln droite U Cananeenne, a fes pieds ^ sgenou*, éplorée & dans I état du plus grand défefpoir. a e v^e tourné vers fes Difciples, entre lefquels Saint P,erre fe temarqae. Pintercé dant v,vement en faveUr de Ia fuppljante Derrière a Cananéenne, eft un grouppe de fes concitoyens, ennemis naturels dupeuple juif & ,Dd,gnés de fon aétion. Un grouppe du cóté oppofé termine le Tableau: il eft dans Péloignement & 1'on le juge-un aiTembl ge de curieux. Le fond eft enriehi de tous les accefloires les plus propres alebien garmr, & qui annoncent les approches d une granoe ville. Ainfi trois Perfonnages éminens dans cette fuperbe compofition & qui fixent prineipa! Wnt rattention du fatiiwr* Chrift, que le Peintre a eu Part d'annoblir ce qui n'eft pas commun. La Cananéenne' infimment intereffante par la beauté de fa figure par ft douleur & par fon attitudeenfin, le óamt.-Pierre, vieillard vénérable * d'une nature, on ne peut mieux choifie & dont les inftances auprès de fon Maftre plemes de confiance, font accomnagnées du refpeét convenable, fans rien perdre de leur force. L'ordonnance répond h eette fuperbe compofltion: elle eft nette, facile & tout afait bien entendue. Si l'on examine enfuice ies figure» Qu cóté du deffin, il eft digne  C tfcff > tfwMaitres les plus renommés; c'eft" la pureté de le Sueun les pieds & les maius fi»'fout font d'une correftion rare. Les drapefies font étonnantes; c'eft un méchamfmede Part & communément le fruit d'un travail confornmé, & l'on ne peut concevoir que dès fon premier ouvrage, 1'artifte ait acquis ce dégré d'intelligence. Elle brille principalement dans les effets du clair-obfcur,. dont il poflede déja la magie. 11 eft enfin co'orifte & rien d'elTentiel ne manque a cechef-d'ceuvre , car la critique y a bien découvert quelque petit défaut dans pïufieurs points;-mais- on fait que rien de ce qui fortde la main des hommes ne peut etre parfait. A- vingt ans- &- demi» qui en pourroit faireautant?' . ,. . „- , , 01 Aoüt 17S4- » Paroft conftaté qué U*. d>Ëntrecajieaux a été arrêté a Lisbonne le 17 Juillet, comme il y débarquoit d'utv bitiment oh il s'étoit introduit fous u» nom étranger, 11 a dü être ramené a Aix, de concert avec la Cour de Portugal. Son projet étoit, dit-on, de fe ménager uneoccafion de paffer en Turquie & d'yprendrele turban. Malgré la vigilance avec laquelle on a exécuté 1'Ordre du Roi pour réclame* partout ce fameur coupable, on prétend que le crédit 1'empörtera- & qu'il ne fera pasexécuté. On commence déja par répandre' le bruit qu'il n'y a pas contre lui de preuves!' fijffifantes: bruit- qui- ne- s-'acctédite pas:'f*o# deffeiai  C aop ) 3ï Aoto 1784. Outre fe Rapport don» on a parlé concernant Je Magnètifme animal, on vient d'en imprimer'un féparé, ayant Pour titre: Rapport des Commijjaires de la Société Royale de Médecine,. nommés par le Roi pour faire V'examen du Magnètifme animal, ïmpnmé par ordre de. Sa Majefté: ce qui paroft multiplier les étres, mais eft" la faite de la divifion entre la Facufté & Ja Société Royale, «Sc du refus fans doute des Membres de la première de communiquer avee: ceux de Ia feconde; Ce Rapport-ci, daté dü 16 Aöfit, imprfmé k 1'Imprimerie Royale auffi, n'a que qc> pages in 40. U efl , du refte, parfaitemenu d'accord avec Je premier fur la néceffité de ia profcription de la nouvelle doctrine. 1». Sèptemtre 1784. M'. Tiffard, jeune efficier aux gardes, eff amateur des arts & des fciences; il a des connoiffances fit cherche avec ardeur k les augmenter. II s'eft rendu difciple du Docleur Mefmer & eft; devenu enthoufiafte de fa doéïrine, qu'rl s'eft imaginé poffèder affez pour Ia pouvoir exercer. En conféquence, dans une terre dé la Comteffe de Rouwe, fa mere, il magnftife & attire des roalades de dix Jieues k Ia ronde. Comme il n'auroit point de lieu affez vafte dans le chSteau pour établir le bacquet myftérieux & contenir Ia foule, il a pris un grand arbre dans 'fon pare pour agect de fon iafluence; il a attaché aux branches-  C 210 ) une infinité de cordes «Sr de ffcêïïes fecondaires; chacun s'en adapce a 1'endroic fouffrant & ce foeftacle feul eft propre a attirer une affluence de curieux; c'eft la fjcene des convulfions renouvellée: le tombeau de faint Médard n'opéra jamais plus de merveilies, ou ne caufe plus de folies. Parem les malades qui accourent a 1'arbre divin, il y a beaucoup de pauvres & de mendians. Ceux • ci font hébergés pendant tout le tems du traitement dans une grange , oh l'on leur donne du pain, delafoupe, quelques légumes & quelquefois du vin. Ce qui ne contribue pas peu a leur guérifon. On fournit auffi des emplatres aux bleffés, des médicamens aux fébricitans: dans le nombre il en eft fur qui ces fecours operent & Pon attrïbue au Mefmérifme ce qui n'eft que la fuue de la bonne nourriture ou des remedes ordtBairas. Mais le grös public n'y regarde pa's de fi prés, il ne difcutc rien 6c l'on ene au miracle, , , ,, Le 'Maréchal Duc de Biron, enchante d ayöir dans fon régiment un jeune militaire auffi charitab'le, auffi inftruit & auffi merveilleux, en parle & le vante h tout le monde. II a exc'ité Pempreffemenc de M'. % Comte d'Oêïr,& lundl dender 30 Aoüt il 1 a mené a Beaubourg, théatre de ces pwdiges,. qui n'eft qu'a fi? lieues de Paris environ. Le Dofteur Mefmer n'a pas manqué de s'y ttouvert on a magnéti'fé le héros;, mais %  C 211 ) n'a rien fentï. Du refte, il ne s'eft point expliqué dans le canton fur fa facon de penfer a cet égard; feulement il D'a point paru fort enchanté. ier- Ssptembre 1784. Ce qui rend Ie triomphe de M1'. Drouais plus brillant, c'eft qu'outre le premier Prix qu'il a remporté, PAcadémie dans fon alïemblée du 28 a jugé fes concurrens prefque tous dignes de la couronne & elle a multiplié fes 'récompenfes; enforte qu'il y a eu deux premiers & deux feconds Prix. Louis Gauffier, de Rochefort, agé de 21 ans, éleve de Mr. Taraval, a eu le premier Prix, mis en réferve en 1779. Les deux feconds ont été accordés & Guillaume k Thierre , de la Guadeloupe, agé de 24 ans, éleve de Mr. Doyen, & aLouis Riviere de Paris, éleve óeMr.Suvée, Le fujet du Prix de Sculpture étoit Jofeph vendu par fes freres. II a été auffi traité fupérieurcment, au point que PAcadémie a également décerné un Prix de plus en ce genre, Le premier a été remporté par Mr. Chfaw dtt de Paris, §gé de 21 ans, éleve de Mr. G-oi'x. Comme il eftpauvre, fon maftre en parlant de fon mérite au Coxteeüs Vaudreuil y eDgageoit ce S igntur a folliciter au^rès. de M1. ó'Jngiviller un fupplément de penfion pour ce jeune homme. „ Qu'eü-il „ befoin d'en par lef au Direcïeur," a répon-  ( 212 ) da Mr. de Vaudreuil: ,r ne puis • je pas fa „ faire moi-même." Et en même tems il eft convenu d'accorder de fa bourfe 200 livres de penflon a Mr. Chaudet pour chacun des quatre ans qu'il doit refter a Rome. II en a fur Ie champ remis les fonds & Mr. Cois. Les deux feconds Prix de Sculpture ont été décernés, Pun è Henri-VicPor Rognier de Befangon, êgé de 26 ans 5 éleve de Mr. Êoizot, & 1'autre a Jean-Jacques Ogers agé de 22 ans, éleve de Mr. Pajou. 2 Septembre 1784, Le neveu de Mr. Taraval, après avoir remporté en 1782 le premier Prix de Peinture a 16 ans & demi» vient de" mourir en Italië dans les tfforts d'une croilTanee extraordinaire. Quelqu'un» h ce fujet,. difoit'a MK Gauffier, qui a cette année obtenu le fecond premier Prix dans fe même genre: ,,. vous êtes délicat, ménagez-vous, n'allez pas mourir aux lieuK w oh vient de périr votre camarade! — Ah t ty riimporte, dit-il, il eft beau de mourir „ d Rome." II feut fe rappeller que ce vo-. yage efl ane fuite, du Prix. 2 Septembre 1784* II paroit que d'abord Ie gouvernement , pour 1'examen du Magnétifme animal, n'avoit nommé le 12 Mars dernier que quatre Médecins de la Faculté de Paris; les Doéteurs Borie, (qui étant mort dés Ie commencement des féances, a. été remplacé par Mr, Majault) Salliny d'Ar-  C 213 ) cet & GtiHhtin; que ceu;c-ci ont demandé d'aiTocier è leuri travaux cinq membres de I'Académie des Sciences, & qu'on leur a donné Meffieurs le Roi, Bully, de Bory, Lavoifier, & Frqnklin , dont ils ont fait leur Préfident. Quant aux membres de la Société Royale, on a vu qu'ils avoient fait bande a part Cette Commifiïon a durée pïufieurs mois & n'a fini que le 11 Aoüt dernier. La quefiión ó décider rouloit fur Pexifteo. ee & Putilité du Magnétifme animal. Le Rapport commence par une courteexpofition de .Ia Doclrine du Magnétifme animal, extraite des ouvrages imprimés de Mr. Mefmer. Après la théorie déduite, on en trouve Papplication a Péconomie animale, telle. que Pa fait Ie Docïeur DeJIon, qui s'étoit engagé a en prouver 1'exiftence & Putilité. Non-feulement il ne Pa pas fait au grédesCommiffaires; mais ces Meffieurs, dans un Comité tenu chez M<'. Franklin le 10 Juin, Pont amené h reconnoftre Pimagi. nation pour un grand agent du Magnétifme animal, &le feul fuivant les CommifTaires, qui, par des expériences multipliées, regardent comme démontré que Pimaginatioa fans Magnétifme produit des convulfions, & que ]e Magnétifme prétendu fans Pimaginatioa ne produit rien. Ils ont par conféquent conelu d'une voix unanime, que rien ne prouve Pexiftence du fluide du Magnétifme ■aaimal, encore moins fon utilité; que les  ( 214 ) crijes dont ils ont été témoins, ne font dües qu'a des caufes étrangeres; ils finiflent par déclarer que les attouchemens, l'aftion répétêe de 1'imagination pour produire des crifes peuvent être nuifibles; que le fpeftacle de ces crifes eft également dangereux a caufe de 1'imitation dont la nature femble nous avoir fait une loi; & que, ultérieurement & par une fuite de cette loi, tout traitement public oir les moyens du Magnétifme feront employés, ne peut avoir h la longue que des effets funeftes. Tel eft le réfultat du Rapport des Com. mtfliires qui, malgré fa longueur de 26 pages in 40. fe lit avec intérêt, a caufedel'importance de la matiere, & avec plaiCr a raifon des faits curieus qu'il contient. II eft d'ailleurs compofé avec beaucoup de méthode &. d'ordre, & écrit avec clarté, fimplicité, noblelTe r& élégance. 3 Septembre 1784.. Les Etats généraux de Bourgogne ont arrêté dans leur affemblée du vendredi 6 Aoüt que: fur ce qu'il a été obfervé aux trois Ordres des Etats ,, généraux que le. Chevaiier de Charitte, Capitaine des vaiffeaux du Roi, pendant la derniere campagne de guerre en Amé„ rique, avoit commafidé le Vaifleau la Biurgogne avec la plus grande diftinclion; 5, que pendant la journée du 12 Avril 1782, il avoit déployé la plus haute valeur, les manoeuvres les plus favantes & les  C 2IJ > „ plus hardies; ayant conftamment couvert de fon feu pïufieurs des vaiffeaux du Roi, ,, & n'ayant quitté le combat qu'a la nuit: & que fa conduite avoit infpiré tant d'efiime 5, & d'admiration aux Généraux Anglois, les 5, Lords Rodney & Hood, & a tous les Offi5, ciers de 1'armée ennemie, qu'ils avöient ,, expreffement chargé un Officier francois fait prifonnier dans cette journée, d'aller porter leurs complimens au Capitaine du j, Vaiffeau Noir, ne connoiffant encore que la bonne conduite du Chevaiier de Cha„ ritte, & ignorant fon nom & celui de fon vaiffeau: que ces complimens flatteurs „ lui avoient été faits au Cap - Frangois , „ chez le Sievr de Bellecombe, Gouverneur „ de Saint Domingue, eu préfence des Of„ ficiers de terre & de mer des armées fran„ coife & efpagnole; que cet hommage ,, honorable & le fuffrage de 1'armée. an-. „ gloife avoient été confignés dans la gazet„ te de Ia Jamaïque en date du mois de 3, Mai fuivant. " Les Etats ont décrété de charger les Elus de leurs remercimens au Chevaiier de Charitte, pour la gloire que lë vaiffeau la Bourgogne a acquife fous fes ordres. 3 Septembre 1784. La defcription du traitement par le Magnétifme animal eft fans. doute un des articles les plus curieux de 1'ouvrage des Commiffaires. Ils.ont vu au milieu d'une grande falie,  f 2irj ) «ne cailTe circulaire , faite de bois de chêne & élevée d'un pied ou d'un pied & demi , que l'on nommé le baquet; ce qui fait le deffus de cette caiffe, ett percé d'un nombre de trous, d'ob fortent des branches de fer, coud.es & mobiles. Les maiades font placés a pïufieurs rangs autour du baquet & a. fa branche de fer, laquelle, aü moyen ducoude, peut être appliquée direêlement fur la partie ■malade: une corde paffee autour de leurs corps les unit les uns aux aurres; quelquefois on forme une feconde chaine en fe communiquant par les mains, c'eft - a • dire, en appliquant le pouce entre le pouce&l'index de fon voifin: alors on preffe le pouce qu'on tient ainfi; 1'impreffion recuë a la gauche, fe rend par la droite» de elle circule k la ronde. ün piano forte eft placé dans un coin de la falie, & l'on y joue difFérens airs fur des mouvemens variés, on y joint quelquefois la voix & le chant. II eft a obferver que le Doéleur Mefmer fe fert d'un harmonica, inftrument compofé de verres remplis plus ou moins d'eau, dont le fon eft infiniment doux & même affadiffant. . Tous ceux qui rcagnétifent, ont è la main une baguette de fer, longue de dix a douze pouces. C'eft par tous ces ïnftrume'ns öu moyens s conduöeurs du Magnétifme, qu'on opere & produit les crifes diverfes. Les uns teas- fect,  C 21? ) Jent, crachent, fentent quelque légere douleur une chaleur locale, ou unechaleur uni. verfelle & ont des fueurs; d'autres font agités & tourmentés par des convulfions dont le nombre, Ia durée & Ja force font egalement extraordinaires: après on tombe le plus fouvent dans 1'aiToupiiTement II y a une falie matelalTée & deftinée aux maiades tourmentés des convulfions, oh l'on les jette : on 1'appelle la Salie des Crifes Pendant ces convulfions, il s'étabüt'des fympathies. On voit des maiades fe ch»r cher exclufivement, & en feprécipitantPun vers 1'autre fe fourire, fe parleravec affcction & adoucir mutuellement leurs cri^ lous font foumis è celui qui magnétife•'ik* ont beau être dans une ftupeur apparente f* V0IX> un «g«d. un figneles enretire1 On ne peut s'empêcher de reconnoftre 4 ces effets conftans, une grande puiffance W agite les maiades, les mafcrife & donr celui qui magnétife, femble être le dépo fitaire. * II y a cependant des maiades qui font cal mes, tranquilles & n'éprouvent rien. Les Commiffaires terminent leur Mé motre par une Note fort longue, oh ils previennent Pobjeétion que leur conclufion porte fur le Magnétifme animal en eénérafj au lieu de porter feuiement fur le Magnétifme pratiqué par Mr. DeJIon. Tom XXFL K  C 218; Ils répondent égaïement a celle'que pourroit faire Mr. Mejmer , que n'ayanc fuivi & connu que la dodtrine & la méthode de Mr. De/ion qu'il a déja renié pour fon difciple, leur profcription ie peut embraiTer les hennes. io. Les Principes de Mr. De/Ion font les mêmes que ceux renfermés dans les 27 Propofitions que Mr. Mefmer a rendues publiaues par la voie de 1'imprefïion en 1779' 20. Mr. Dejlon a été pendant pïufieurs années difciple de Mr. Mefmer. H a vu conftamment pendant ce tems employer les pratiques du Magnétifme animal, & les moyens de 1'exciter & le diriger. Mr. Deflon a lui.même traité des maiades devant Mr. Mefmer: éloigné, il a opéré les mêmeseffets que M'-. Mefmtr. Enfuite rapprochés Pun & 1'autre ont réuni leurs maiades, & par conféquent en fuivant les mêmes procédés, la méthode que fuit aujourd'hui M"'. Defion ne peut donc être que celle de M1'. Mefmer. 5 Septembre 1784. La Faculté de Médecine de Paris, par un Décret du 24 Aoht qu'elle a publié, s'eft hatée d'adopter le Rapport de fes membres dont on a rendu compte: elle les qualifie è'iüujtres & ceux de PAcadémie des Sciences de clocles; elle donne d'une voix unanime & avec une vive fatisfaétion les plus grands éloges è leur travail, a leur fagacité & a leur doftrine, qui fut toujours la fienne, qu'elle n'a ceffé  C 2 IQ ) d/cnfeigner & de recommander, toutes Ies fois qu il a été queftion de cette méthode que pïufieurs particuliers défignent fous la dénommation auffi fauffe que ridicule de Magnétifme animal & qu'ils avoientcommencé de vanter & de mettre en ufage, La conclufion prononcée au nom de Ia Faculté eft fignée du Doyen Pourfour du Petit cc de ux autres Doéteurs. 5 Septembre 1784. II s'étoit répandu que des coups de vent furieux avoient détruie ies caifles coniques, coulées a Cherbourg ainfi que celles encore fur la greve Ce bruit étoit fort exagéré; ia mer a en effet endommage Ie cóne prêt k être coulé; mais il iera fccile de le racommoder. Quant a ceux déjè placés, celui qui n'étoit rempli quaux deux tiers, a été jetté furie cóté, mais 1'autre eft refté inébranlable. Cet accident ne dérangera rien a la fuite des travaux. 6 Septembre 1784. Extrait d'une Lettre de Befancon du 28 Aoüt Tandis que notre Parlement crie mifere, nous le laisions murmurer & nous béniffons notre ancien Commiffaire départi, qui a vu terminer enfin une falie de fpeétacle dont il avoit voulu embellir cette ville. II Pavoit fait ordonner par Arrêt du Confeil en I7?6 &' elle a été exécutée fous fes ordres, fur les deffins & Ia conduite du fameux le Doux dont le nom feul fait Péloge. Elle eft d'un K 2  ( 220 ) genre abfolument neuf, batie en pierres, fculptée, dorée en or fin & cependant d un en. femble plus harmonieus, plus élégant que nche & fuperbe, tel qu'il convient a la Province. naoique 1'artifte paffe en général pour ne point épargner la dépenfe, il s eft piqué d'économie en cette occafion; elle ne coüte, tout compris, que 160,000 livres. _ L'ouverture de cette falie, dont je lailk la defcription technique aux architeftes, a été ménagéé jufques au moment ou le Prince de Condé a honoré cette ville de ia préfence; ce feroit peut -être le m> devou. donner ici un journal des fétes executées pour fon Alteffe; mais je hais les longs détaüs &. d'ailleurs on en a adrcffé un au Mercure de douze pages in folio. Je vous y renvoye. ■ \se\ttmbre 1784. Le Sieur Mejmer no fe reRarde pas comme battu, malgré les deux rapports faits & la foule d'ouvrages ou fa doctrine eft combattue & profcnte. H aprifenté au Parlement une Requête qu'on die fort bien faite, oh il fe ptaint que les Commiffares ont jugé de fa doftnne par celle du Sr. Dcjlm, W De c?m q •, £ imparfaitement fa maniere d'operer; il deSde que devant tels Commiffaues que la Cour voudra nommer, il foit procédé a Pexamen du Mefmérifme. . 7 Septembre 1784. L'Académie Royale des Sciences a eu le bonheur de voir le fai raedi 4 de ce mois,Mr. le Comte d Oeh  C 221 ) quis de Condorcet 1'a complimenté au nom de la Compagnie par un difcours d'apparat d'une éloquence ferme & noble": il y a eu en outre une lefture de neuf Mémoires, dont le feul curieux étoit celui de M>\ Bail- ly; il contenoit des Riflexions fur le Magnétifme animal, matiere a la mode, ce qui la rend plus piquante. Celui de Mr. le Roi fur l'Eleclricité a pu encore intéreffer 1'illuftre étranger. 7 Septembre 1784. Les CommiiTaires de la Société Royale de Médecine pour 1'examen du Magnétifme animal étoient les Docteurs Poijfonnier, Caille , Mauduyt & Andry. leur rapport n'eft ni auffi bieu écrit, ni ausfi détaillé, ni auffi clair que celui des premiers Commiffaires; il eft plus difcuté en gens de 1'art. Durefte, la Société dans la féance du24 Aoüt a adopté les conclufions du Rapport en entier & a arrêté que fa délibération 4 cet égard feroit adreffée k tous les Corps de Médecins, «5c k tous fes Affociés & Cortefpondans. 8 Septembre 1784. La nouvelle Encyclopédie trouve déjè des adverfaires & tombe dans des erreurs fi palpables que le zele des critiques s'enflamme. C'eft -ainfi que 1'article Efpagne a excité celui d'un fujet de ce royaume. C'eft un certain abbé Cavanüles qui, étranger jufques alors k la LittératuK3  ( 222 ) Te, ou du moins a Part d'écrire, dans une indignation pacriotique a pris Ia plume & repoufie 1'infulte fake a. la nation Efpagnole, qu'on repréfeDte comme une nation moralement paralydée. Pour mieux refuter Pignorant hiftorien, il offre Ie tableau des richeffes de PEfpagne dans la Littérature, les Sciences & les Arts, & donne une nomenclature trés étendue, trés précieufe & trés neuve a cet égard, II convient que Partiele auroit été bon a 1'égard des Espagnols du XVIL. fiecle. On ne peut que louer la vivacité qu'il met dans cette querelle , oh il venge fa patrie. Cette réfutation excite I'empreiTement du public pour coanoitre 1'auteur de Partiele. 9 Septembre 1784. Les freres Robert ne fe découragent point: ils annoncent que vers le milieu de ce mois ils feront h Paris une nouvelle tentative pour s'élever & fe diriger dans leur aëroftat de Saint Clou. Sans doute Mr. Ie Comte d'Oeïs eft Pobjet de cette nouvelle fête, & quelque penfion en fera la récompenfe. 9 Septembre 1784. L'Académiefran$oifefe conformant h Piotention de 1'auteur de Péglogue du Patriarche , ou le vieux laboureur,a foufcrit au vceu du Sieur Demonville, fon imprimeur, qui lui a propofé de rendre public Pextrait de cet ouvrage lu dans fon afiemblée & d'en laifler le bénéfice aux pauvres. Cette Compagnie, dans fon affemblée du  C-223 ) 30 Aoüt,a prolongé jufques au premier Juin 1785 Pépoque oü les difcours deftiués a concourir au Prix de 1'Eloge de d'Alembert doivent être remis. 9 Septembre 1784, Un Précis hiftorique de la vie de Madame la Comteffe du Barri, avec fon Portrait, imprimé dès 1774, ne nous tombe que dans le moment fous la main: ce bavardage n'eft pas tout- h- fait auffi mauvais que les Mémoires de la Comteffe Dubarré dont on a parlé dans le tems: il y a quelques faits, la plupart défigurés, il eft yrai, & noyés dans une foule de réflexions infipides. Le pamphlet eft d'ailleurs trés écourté, n'ayant pas en tout 93 pages. Ce Précis eft furtout tiré des papiers anglois & Dieu fait combien de coqs-a-1'ane il en doit réfulter! II devient abfolument nul depuis les Anecdotes fur la Comteffe du Barri; il ne contient rien d'exacl qui ne foit dans celui- ei. Le portrait de 1'héroïne qu'on voit a la tête, eft ce qu'il y a de mieux. II eft parfaitement reffemblant, 10 Septembre 1784. Extrait d'une lettre de Conftantinople du 10 Aoüt On aura bien de la peine 4- civilifer les Turcs & è leur donner le goüt du favoir & de la le&ure; tout cela eft trop oppofé au despotifme: voici une anecdote récente, qui vous prouvera combien le gouvernement claerche au contraire a entrecenir ici les peuples daas Pignoiance. K 4  ( 224 ) II fe faifoit a Vienne une gazette en l.an> gue grecque3 pour 1'ufage des particuliers de cette nation, réfidans dans les provinces voifines; c'étoit une tournure adroite prifs pour y faire pénétrer infenfiblement quelques lumieres. Elle avoit paffé jufques k Conftantinople & les Turcs commencoient k la lire, lorfqu'un ordre du Grand-Seigneur en a prohibé 1'entrée. 10 Septembre 1784. Le Difcours prononcé par Mr. le Marquis de Condorcet, Secrétaire de 1'Académie royale des Sciences, h 1'ouverture de la Séance du 4 de ce mois, eft imprimé. II foutient a la lecturePopinion qu'on en a congue: c'eft un éloge peut-étre un peu trop emphatique de la Philofophie & des Philofophes. A en croirer 1'Oratcur, ce font ceux-ci qui guident même les Souverains aujourd'hui & réfolvent les grandes queftions intéreffant le bonheur public ; il n'eft pas jufques h Part de la guerre qui ne leur foit foumis & dont ils ne dirigent les opérations du fond de leur ca-] binet: de - la les grandes liaifons des héros avec les fages. Mr. de Condorcet, après avoir fait voir ]es obligations infinies que les maitres de la terre ont aux philofophes, difculpe ceuxci des accufations intentées contre eux, furtout du reproche qu'on leur fait de méconnóftre les diftinctions établies dans la fociété & de réferver uniquement leurs hommasres aux talens & aux vertus. Touc  C 225 ) Tout cela étoit préparé pouramener Pélogs du Roi de Pruffe & du héros préfent, dans lequel il admire la réunion fi rare d'une aétivité qui ne laiffe ni perdre un inftant, ni échapper une occafion , avec une fageffe confommée, qui dans la conduite d'une guerre entiere n'offre pas même 1'apparence de la plus légere faute. Le motif ultérieur du Secrétaire étoit de payer encore un tribut de reconnoiffance ai fon maftre & fon bienfaiteur a'/llembert, qui comblé des bontés du Prince afliftant a Pasfemblée, honoré de fa familiarité, eüt fervt inieux que lui d'interprête èl'académie, que Pilluftre Étranger cherche envain dans cette foule de Philofophes raffemblés & dont il ne trouve plus que les monumens de fes ver. tus & de fon génie. 10 Septembre 1784. On a donné mardi fur le théatre lyrique pour la première fois un ouvrage annoncé depuis longtems; c'eil un opéra en trois aeles ayant pour titre Diane £f Endymion. Les paroles font de Mr. le Chevaiier de Liroux, grand amateur de mu* fique, & que perfonne jufques a préfent ne foupconnoit être poëte. Quant è la mufique, elle eft du fameux Piccini. Mr. de Liroux a totalement interverti la fable connue, & n'a pas réuffi pour fa part. Le muficien n'a pas eu non plus fon fuccès ordinaire & fauf un air applaudi avec tranfport, tout lö refte a paru froid, comme Ie fujet. II y a beau&5  C 226 ) coup de Ballets, qui font honneur k leur chorégraphe, le Sieur Gardel. li Septembre 1784. Le Docleur Mefmer trouvant de tous cötés les accès des journaux de France fermés pour lui, a cru devoir faire imprimer fourdement ia Requête pour 1'envoyer k fes adeptes, avec une efpece de Lettre circulaire, datée de Paris le 31 Aoüt 1784, ou il fe plaint de cette dénégation de juflice qu'il éprouve de toutes parts; fous le titre de Lettre de Mr. Mefmer d Mr. le Comte de C***, qu'on croit être M1'. Ie Comte de Chatellux, de PAcadémie francoife & 1'un des plus ardens enthoufiaftes du JMefmérifme, ir Septembre 1784. Les Comédiens Ita> liens ont joué pour Ia première fois mardi dernier Fanfan 6? Colas, comédie en un acte & en profe tirée d'une fable de 1'Abbé Aubert, du petit nombre de celles qu'on dit excellentes. Quoi qu'il en foit, foit a raifon du fond heureux, foit a raifon des changemens, la piece a eu un fuccès étonnant & fort rare k ce théatre. On en fera moins furpris cependant, lorfqu'on faura qu'elle efl de Madame de Beaunoir & a cet enthoufiafme on reconnoitra Ia galanterie francoife. 11 Septembre 1784. L'Académie royale des Sciences vient de perdre un de fes mem. bres les plus diflingués en la perfonne deMr. de Caffrni de Thury, Maitre des comptes &  C 227 y r:'->'<■ K3W«t«aróre, II avoittrouvé JsDJ fiM aele le rnoyende faire jouir, avant fa mort, h nation de Ia carte géographique du rcy;.umc; ouvrage important, a la n ducjuel un demi-fiecle paroifibit devoir h pdue fuffire; il Pavoit exécuté en moujs de trente années. II venoit te paroitre fous le titre de Defcription géometrique de la France. Meffieurs Perronnet , Camns de Montigny, &c. avoient été fes coopérateurs. 12 Septembre 1784. Le Doóteur Mefmer dans fa Requête d Noffeigneurs Noffeigreurs de Parlement, en fa Grand' Chambre, fe plaïnt que les Commifïaires nommés pour aller tjonftater chez le Sieur Dejbn les effefs d une decouverte & d'une méthode, dont il efl lmventeur, aient ofé déclarer générale-rent que cette méthode n'exifte pas cc que la méthode employee pour en faire ufage eft dan^reufe. Cependant, depuis que le Sieur Defhn s'eft déclaré poflefleur de la deeïnne du Magnétifme animal, il n'a eeffe de protefter contre-Pufage ou Pabus que ce mauvais finge pourroit en faire, notamment en trois occafions. i". Au mois d'Oöobre i7g2, lorfque Ie Sieur De/lm, pendant que le Sieur Mefmer etoit abfent, déclara dans une affemMé> de fa Faculté , qu'il opéroit fur les maiades dapres les principes du Magnétifme anima?, « prodmfant quelques euérifons qu'il difoïr K 6  C 228 ) avoir faltes en ufant des procédés qui réfultent de ces principes, demanda desCommisfaires pour vérifier ces guérifons, le Sr. Mefmer écrivit le 4 Oftobre 1782 une Lettre imprimée depuis, au Doébeur Philip, alors Doyen de la Faculté, pour défavouer Sieur Deflon, comme fon élève. 20. Le 13 Dêcembre 1782, a 1'occafion des Lettres inférées au Journal de Paris oh Pon s'efforcoit d'affimiler le Sieur Deflon h fon maftre, il écrivit & fit iuférer dans le même Journal une Lettre 0Ï1 il s'attache h tracer une ligne de démarcation fi invariablement déterminée, qu'il ne fut plus pofiible déformais de les confondre. 30. Ayant appris que, fans égard pour les Ioix proteftrices de la propriété, fur la demande du Sieur Deflon, folemnellement inculpé par lui, il avoit été nommé des Commifiaires pour aller examiner dans les traitemens de ce difciple ignorant les avan» tages & les défavantages de la doébrine du Magnétifme animal, il écrivit au mois de 3uin h Mr. Franklin, premier Commifiaire, & lui repréfenta dans les termes les plus ënergiques, combien il étoit non feulement injufte, mais abfurde, d'aller former chez un fe&ateur qu'il défavouoit, Popinion qu'il falloit avoir d'une doctrine dont il eft Pau« teur. Mr. Mefmer a en même tems envoyé h Mr. le Baron de Breteuü une copie de fa  C 220 ) Lettre h Mr. Franklin, afin de donner è. la réclamation toute la force & toute 1'authenticité dont elle pourroit être fufceptible. En conféquence de ces proteflations réite. rées que le Sieur De/Ion neconnoitqu'imparfaitement fa doctrine & qu'il eft hors d'état de 1'enfeigner, le Sieur Mefmer en demande acte, & atténdu 1'importance de fa doctrine, il fupplié la Cour de nommer tels Meffieurs qu'il lui plaïra de choifir, par devant lefquels il fera autorifé de fe retirer, a 1'efFet defoumettre a, leur examen un plan qui renfermera les feuls moyens poffibles de coBftater infailliblement 1'exiftence & 1'utilité de fa découverte, pour, le dit plan remis è Mr. le Procureur Général & communiqué a la Cour, être par Mr. le Procureur Général pris les conclufions qu'il jugera convenables, & par la Cour ordonné ce qu'il appartiendra. 12 Septembre 1784. Après des audiences folemnelles, oh même a aflifté en partie Mr. le Comte é'Oïls, qui a été complimenté par Me. Treilhard, qui plaidoit pour le tuteur des enfans de Madame la Princefle de Gbs par écrit du Sieur Dudon & efpé„ rant toujours de la juftice & de la bonté „ du Seigneur Roi qu'il répondra favorable- ment aux Remontrances que le Parlement a eu 1'honneur de lui adreffer & ce fujet, „ & fans entendre nullement reconnoïtre la „ réception dudit Sieur Dudon, il a été dé„ cidé qu'il 'fera tout de fuite procédé a la réception de M1'. de Cazaux, fur les „ conclufions du Sieur Dudon fils." Je fais qu'on a fait paffer a Mr. Luzac qui dirige fi judicieufement la gazette de Leyde, cet acte confervatoire de fait pour Je venger, en lui prouvant que les Remontrances, finon unanimes, avoient fuivant Pufage paffé è la pluralité & par conféquent étoient le vceu de la Compagnie 16 Septembre 1784. On affure que les Remontrances dans l'affaire de Mr. de Noë font de la plus grande force; on les dit imprimées, mais trés rares. On veut que les Remontrances concernant Paffaire des Quinze • vingts en amenent de plus vives; que tout cela foit concerté pour éclairer la religion du Roi & furtout de la Reine, qui protégé, dit-on, le Cardinal & qu'au fond il foit joué. On ne regarde pas non plus comme finie Paffaire des Bénédi&ins: outre que le Parlement perfifte a vouloir juger 1'appel comme d'abus, c'eft que le Confeil lui-mêmeeft fort embarraffé fur la maniere de la terminer, ou  C 238 3 de replatrer du moins toutes les fottifes qu'il a fait faire, & le nouveau régime, fi cela ne fe peut autrement, tót ou tard fera facrifié. 17 Septembre 1784. On fait aujourd'hui que 1'auteur de la pieee du vieux laboureur qui a fi fort iutéreffé le public è. la féance de PAcadémie franc,oife le jour delafaintLouis, eft Dom Gerard, Religieux de 1'Abbaye des Trois - fontaines, Ordre de Citeaux. II étoit bibliothécaire de fa maifon & en effet eft mort. II cultivoit avec fuccès les mathématiques , la phyfique, 1'aftronomie ; il avoit des connoiffances trés étendues dans 1'histoire & la géographie. II a laiffé un poëme manufcrit en fept ou huit chants fur l'humanité. On affure que cette piece eft remplie de beautés & de fautes, comme la première. 11 étoit d'une fanté miférable; le fommeil lui étoit a peu prés inconnu depuis vingt ans. II fe promenoit prefque toutes les nuits dans un vafte corridor ctcompofoit au milieu de fes fouffrances. Quoique né d'une familie honnête du Barrois, il n'avoit été élevé qu'au milieu des foréts & s'étoit formé luiméme. Ceux qui le connoiffoient, difent un bien infini de fon caraftere; ils exaltentfa modefiie , fa douceur , fa bienfaifance. Ils font regretter infiniment de n'avoir pas connu cet homme de lettres, ce favant,ce philofophe, dont le cceur valoit encore mieux que 1'efprit.  , C 239 ) 17 ■Septembre 1784. Les Arts viennent de pcrdre Mr. l'Epicié, Peintre du Roi, Profefleur en fon Académie de Peinture & de Sculpture, dont nous avons pïufieurs fois entretenu le public; & le Sieur Caprou, an- cien premier violon du concert fpirituel qui y brüloit autrefois & avoit époufé la niece de Piron. 17 Septembre 1784. Le nouveau Prevót des marchands paroit avoir le défir de fe iignaler dès le commencement de fon adminiftration municipale: il a . déterminé Mr. le Baron de Breteuil comme Secrétaire d'Etat au département de Paris & M1. de Colonne, Contróleur général, comme difpenfateurdes fonds, h vifiter avec lui les halles aux grains & aux farines, celles aux frujts & légumes, celle au poiffon, celle aux draps & toiles, & la nouvelle qu'on conftruit dans Pancien emplacement de la Comédie Italienne deftinée aux dépót & vente des cuirs. Ils étoient accompagnés de tous les gens de Part uéceffaires & l'on s'eft occupé des moyens de procurer plus de falubrité & d'air dans le quartier ob font réunies toutes ces halles, le plus peuplé en même tems & le plus fréquenté de Paris, dont il occupe le centre. 17 Septembre 1784. Une piece intituléa le Bienfait anonyme, jouée 1'année derniere avec un fuccès trés équivoque ou plutót abfolument tombée, a reparu depuis avec '  c 240; des changemens qui lui ont conciliéle public. Quoiqu'eile ne foit encore que trés médiocre , elle -alloit comme tant d'autres. Ou a dit alors qu'elle rouloit fur un des beaux traits de la vie de Montefquieu, ignoré de fa propre familie & que le hafard fit découvrir il y a quelque tems. Les Comédiens franeois informés queM1'. le Baron de Secondat, le fils de ce grand homme, étoit a Paris, députerentlafemaine derniere deux acteurs de leur troupe pour Pinviter k aflifter a la feptieme repréfentation indiquée au famedi 12 de ce mois. Sa préfence réveilla merveilleufement & les aéteurs, qui jouerent avec une chaleur prodigieufe, ét le public, dont 1'enthoufiasme s'exalta au plus haut dégré. Cette petite charlatanerie fit monter la piece aux nues, & dans ce moment d'efiervefcence elle peut étre pouflee fort loin. 18 Septembre 1784. La piece de Fanfan Colas eft dans le genre bourgeois, ceque la Comteffe de Givry eft dans le genre héroïque; mais, uoiquement confacrée k 1'excellente moralité qui en doit réfulter pour la corredlion d'un enfant gaté, elle offre une fuite continue de tableaux naïfs &touchans, de fcenes pathétiques qui attachent & attendrifient jufques aux larmes le grand nombre des fpedlateurs. Deux jeunes garcons en font les principaux héros & en forment les contraftes charmans: ces róles font remplis par  C 241 ) par deux actrices, Ml,e. Chriïne & Madame Raymond. La première a plu finguliérement par 1'aimable gaucherie qu'elle a mife dans le róle de Colas, & la feconde par les nuances fincs de celui de Fanfan. On concoit que ce dernicr efl 1'enfant gaté; au moment de fa réfipifcence elle s'efl trouvée mal réellement hier k Ia quatricme repréfentation. II a fallu 1'emporter du théatre, ce qui a fait connoitre au public que ce n'étoit plus un jeu. II a attendu patiemment qu'elle füt en état de reprendre; mais on eft venu anconcer que cela ne feroit pas poffible: le Parterre cependant n'a pas voulu fortir qu'il h'eüt eu de meilleures nouvelles & ce n'eft que, lorfqu'cn lui a appris que Madame Raymond étoit en état d'être tranfportée chez elle, qu'il a vuidé la falie fans murmure, quoique la comédie n'ait pu être finie. 18 Septembre 1784. Depuis longtems on parloit d'tine Parodie du Mariage de Figaro k jouer par les Italiens. II paroit qu'en tfret il leur en a été préfentée une fous le titre de la folk Soiree le 14 Juillet dernicr; mais les perfonnalités dont elle efl remplie, en ont fait profcrire la repréfentation. On afTure que c'eft un cadre piquant, oh 1'auteur qu'on ne nomme point encore, a fait mouvoir tout C3 'il a trouvé de repréhenfible dans 1'ouvrage critiqué. 18 Septembre 1784.- II a débutë hier k 1'opéra une Demoifelle Do%on1 dans le róle Tom XXVI. L  r' - ■ C 242 ) de Chimene: c'eft le prefnier fujet forti de la nouvelle école, qu'a inftitué pour le théatre lyrique M>'. le Baron de Breteuil. Elle a été formée au chant par le fcieur Laïs & a la déclamation par le Sieur Molé: a en juger fur un tel effai , cette école fera d'une grande utilité. A une excellente prononciation Mlle. Dozon joint déja. beaucoup de méthode, du goüt & une fenflbilité rare... Elle a eu' le plus grand fuccès & depuis Mlle. Amoux & Madame Cohendé on n'en a point vu d'aufti bnllant. II eft a remarquer qu'elle n'avoit encore joué nulle part, ce qui augmente 1'admiration. 19 Septembre 1784. Extrait d'une Lettre deMontreuil fur Mer du 14 Septembre Puifque les charades font fi a la mode dans votre capitale, ce que je juge par les journaux qui en font remplis, vous ne devez pas être étonné qu'on s'en amufe en province. En voici une charmante & trés jufte d'une petite Demoifelle, fille de Ml'. deBnfrubert t Chevaiier de Saint Louis, qui faifant luimême trés bien des vers, en a infpiré le goüt a la jeune perfonne: De mon premier cra'ns le dommage, Et cachc mon feccnd le plus qu'il fe pourra; Et fi mon tout eft ton pariage, Je plains 1'objet qui t'simera. Vous rrouverez mon éloge placé, quand vous faurez le mot qui eft volage.  C 243 ) 19 Septembre 1784. On confirme que le coup de vent éprouvé a Cherbourg vers le ij d'Aoüt li violent qu'on ne fe reffouvient pas d'en avoir reiTenti de femblble, même aux équinoxes, n'a fait qu'endommager un peu la feconde caiffe coulée, non encore éntjérement achevée, & encore plus' la troiöeme qui étoit fur le rivage, mais fans nuire cn rien a la première, totalement remplie; ce qui confirme 1'excellence du projet. Mr. le Maréchal de Cajires qui, •en fa qualité de Miniftre de la Marine, a yifité les travaux de ce port, en a été extrêmement fatisfait, Cette grande entreprife fera certainement continuée: on ne coulera plus de caiffes cette année, & on ne fera que préparer dans différens endroits celles qu'on voudra placer le printems & 1'été prochain. . Quand il y en aura dix cl douze de coulées, on eft bien affuré qu'elles feront capables de réfifler a tous les efforts. On travaille auffi avec la même ardeur a rétablir tous les mouillages de la Manche, fur les cótes de Normandie & de Picardie. Plus de 7000 hommes font occupés au Port du Havre, qui dans deux ans fera en état de recevoir des vaiffeaux de 50 canons A Honfleur & a Dieppe il en entrera d'un tonnage plus grand , que ceux qui y font arrivés jufques a préfent 19 Septembre 1784. L'expérieace des L 2 1  C 244 ) frerés Robert a eu lieu aujourd'hui dans le jardin des Tuilleries, oh il n'y avoit pas a beaucoup prés la foule qu'on y vit 1'an pafle Ie :cr Décembre h celle de Mr. Charles. Le public laffé d'être dupe & fachant qu'oD voit auffi bien en dehorsqu'endedans,s'étoic répandu dans les environs du jardin. Le Sieur Valet avoit rempli le famedi la Caroline avec un appareil fort ingénicux & de la plus grande fimplicité, de-maniere que 1'opération n'avoit duré que trois heures. Après les fignaux donnés, le Ballon a été conduit de la grande allée a 1'eftrade conflruite fur le baffin qui fait face au chateau. Les quatre cordes ont été tenues par le Maréchal de Riclielieu, le Maréchal de Biron, le Bailli de Suffren & le Duc de Chaulnes. Meffieurs Robert freres font montés dans leur char a midi, avec le Sieur Colin-hullln, leur beau-fiere & le troifieme voyageur. Du refle, on ne fait oii ils ont été descendre, mais ils n'ont paru tenir aucunes des promefles qu'ils avoient faites fur leur maniere de fe diriger, ils avoient bien des aïles en forme de parafol qui ont fervi a !es faire pirouetter fur eux-ir.êmes, fans qu'ils aient jamais pu fe foufliaire 'k la direcfion du vent. 20 Septembre 1784. L'Empereur vient de défendre les contrefaélions de livres imprimés dans fes Etats; il permet, au contraire, celle de livres étraDgers.  c 245; zo Septembre 1784. L'affaire de Madame Ia Marquife de Cabris la jeune, contre la Dame de Lombard, Marquife Douairière de Cabris, occafionne toujours de nouveaux Mémoires. On en compte déja trois de celleci. II en paroit un recent de la première en réponfe audernjer, fuivi d'une Confultation de Me. de Èsau- Séjour, fon Avocat, en date du 26 Juillet. Ce Fa&um n'eft précieux que par des éclairciffemens plus amples qu'il contient fur fon fiere le Comte de Mirabeau , § 1'égard de qui tout intéreffe. 20 Septembre 1784. Extrait d'une Lettre de Francfort du 3 Septembre... L'ex-jéfuite Frank, confelleur de 1'Eleéteur Palatin, vient de prêcher publiquement a Munich contre les Franc- macons, dont il y a pïufieurs branches ou fyfiêmes dans cette ville. Dans le fermon ils étoient défignés fous le nom de Judas d'aujourd'hui, & la diviüon de ce morceau d'élóquence étoit Judas le traitre, Judas le pendu, Judas le damné. Vous voyez que la p.filofopbie & le bon goüt n'ont pas encore fait de grands progrès dans ces contrées.... 21 Septembre 1784. L'Ordre des Avocats, avant de fe féparer, a-prononcé définitivement fur le fort de Me. Prévót de Saint Lucien. Comme il eft venu a réfipifcence, qu'il a avoué fa faute & imploré 1'indulgence de fes confrères, on en a ufé a fon égard & il n'a été interdit que pour trois mois; L 3  ( 246 ) punition qui devient nulle, puifqu'elle commence précifément au tems des vacances. Au contraire , Me. Martin de Marivaux, quoiqu'il ait déclaré ne plus vouloir exercer la profeffion d'Avocat, a affedté d'adreflër depuis cette déclaration k tous fes confrères deux nouveaux Mémoires-figués de lui, trés violens contre M1'. Sauffaye, dans la même affaire, objet de la dénonciation faite a 1'Ordre contre ce membre calomniateur. 21 Septembre 1784., La compofition de la Thériaque dite d'Andromaque, nom de fon inventeur, Médecin de Aeron, qui en a le premier adminiftré k cet Empereur, eft un fpectacle curieux pour les amateurs d'hiftoire naturelle iSt de chymie, d'autant plus qu'il eft rare & ne fe renouvelle que tous 'les fix ou fept ans. II a lieu au college de pharmacie, oü fe raffemblent tous lesapothicaires de Paris. L'ouverture s'en fait avec beaucoup d'appareil. Le lundi 13 de ce mois, Mr. le Lieutenant général de Police, Mr. le Procureur du Roi, des Députés de la Faculté de Médecine au nombre de dix, s'y font renduspour affiftera l'ouverture, qui eft précédée, accompagnée & fuivie de difcours, Sur pïufieurs tables longues l'on voit fous des bocaux les 65 drogues en trant dans la compofition de ce remede, dont quelquesunes trés cheres. Pendant quinze jours de fuite que dure cette élaboration , on recom-  C 247 ) mence Ia démonftratbn qui efl: publique aucanc de fois. "C'eft de-la que tous les apothicaires de Paris & de France tirent la Thériaque dont ils font le débit, & quand elle eft furie point de finir, on recommence la même opération, avec la même pompe. 22 Siptembre 1784. M>, le Baron de Bre~ teuil voulant abfolument que 1'opéra ne foit plus k charge au Roi, a imaginé de rendre fes tributaires les autres fpecftacles, ou plutót d'augmenter le tribut qu'ils lui payoientdéj'i. La comédie Italienne qui ne lui donnoic que 30,000 livres , en donnera 40 003 livres. Les Variétés anufantes, & i'Ambigu comique, n'ayant pas voulu confentir a l*ar|angement nouveau, leurs Directeurs font dépoffédés & ces deux fpectacles font réunis dans la main de deux nouveaux qui offrent enfemble 65,000 livres. Les autres fpectacles & même ceux de province feront taxés a proportion. 22 Septembre 1784. Mr. 1'Abbé Baudeau, intriguant avide de faire parler de lui, a imaginé, on ne fait trop pourquoi, d'exciter le zele de quelques bons citoyens & s'eft fait charger de recevoir leur argent pour une foufcription dont 1'objet eft d'élever un cénotaphe a tous les braves militaires qui n'ont eu, dans ja derniere guerre, que lts Hots pour fépukure, II doit faire les démarches aupi ès du Mini Ure pour obtenir L 4  C 248 ) fon agrément, demander & raflembler les projets & les devisdesartiües,entrejefqueis il fera établi un concours, foit pour la beauté du dcffin, foit pour le rabais du prix. II s'agit au fond d'une grande table de bronze, qui contiendra les noms, furnoms, qualités & grades militaires des officiers tués k la mer, accompagnée d'accefioires en marbre qui doiventcaraélériferce monument. 22 Septembre 1784. On lifoit aujourd'hui place des viétoires fur la porte de M. M. Robert dont on étoit fort inquiet, le Bulletin fuivant: Les freres Robert font arrivés le méme „ jour de leur départ au chateau de Beu„ vry, prés Bethune, chez Mr. le Prince „ de Ghiftelles k 6 heures 40 minutes de „ 1'après-midi, k 50 iieues environ de Paris. Ils font defcendus trés doucemenc & fans accident. " Au bas l'on avoiE ajouté ces deux mauvais vers: A préfent on peut croire a Medée, h Jafon, Craces aux deux Robert e'tonnant la raifon. 22 Septembre 1784. La Faculté de Médecine de Paris, depuis les deux rapports authentiques concernant le magnétifme animal, ceffant d'ufer d'indulgence envers le Doóteur Dejlon, a prononcé irrévocablement fur le fort de ce membre réfraólaire & a rendu le troifleme & dernier décret de radiation contre lui. 23 Sep-  C 249 ) 23 Septembre 1784. Meffieurs Robert avec leur beau-frere font arrivés hier a Paris & ont rapporté le Procés verbal de leur deseen te parfaitement conforme a ce qu'on en a dit. Par un concours de circonftances flngulieres, Mr. le Prince de Ghijlelles qui vratfemblablement eft auffi un peu phyficien , venoit de donner le dimanche 19 le fpeftrtcled'un aëroftat a fes vaffaux, lorfqu'ils ont vu paroitre la Robertine: c'eft ainfi qu'oa nomme la machine de MM. Robert d'une conöguration nouvelle. On les a invités ds defcendre: Papproche d'un moulin ayant paru les gêner, ils ont fait agir des machines en forme de rames & ont décrit un quart de cercle pour tomber au milieu delaplaine. L'embarras de leur machine les a obligés de la vuider pour entrer au chateau. 23 Septembre 1784. L'Académie royale des Sciences vient de perdre encore un dé fes membres en la perfonne du Comte de Milly. II étoit premier Lieutenant honoraire des Suiffes de la gude de Monfieur Frere du Roi, Meftre de camp de Dragons & Chevaiier de 1'Ordre royal & militaire de Saint Louis. Du refte, c'étoit un médiocre favant & un pauvre homme. 23 Septembre 1784. Dans féxtrait da Regiftre des fcellés appofés daus la ville, fiuxbourgs & banlieue de paris, après décès, on a été furpris de trouveï aü Journal de  C 250 ) Paris du lundi 20: „ Le 17, révocation „ de Procuration donnée par M1. Pier re /luguftin Caron de Beawnarehais, au- Sieur „ Claude Vincent Cantim, .CJsef de fes Bu- reaux & fon Caiffier." Beaucoup de gens ont re/gardé feulement cette annonce comme l'effet d'une petite glorioie de ce parvenu, bitn ■ aife de faire voir qu'il avoit un Chef de Burcaux; mais des gens plus fins (oupconnent que c'eft un préliminaire pour ne pas tenir fon engagement de fournir fans autre délai cette autornne k fes foufcripteurs les Otuvres de yoltaire, dont, indépendamms.nt des belles éditions annoncées en i;8o, il a depuis répandu les Profpeiïus de huit autres éditions de tout prix, toute efpece, tout format; ce qui lui a fait toucher encore beaucoup d'argent. Harcelé de difFérens cótés, on dit qu'il répand déja le bruit que ce Caiffier 1'a volé & a mangé Pargeut des foufcripteurs. 24 -Septembre 1784. En vertu des projets de falubrité, de propreté & d'embelliirement de Paris, fur lefquels fe font conciliés Mr. le Baron de Breteuil, le Lieutenant de Poiice & le nouveau Prévót des Marchands, il a été dreffé des# Lettres patentes du Roi, données k Verfailles le 21 Aoüt & enrégistrées au Parlement le 3 Septembre, dont Pobjet efl: de eonftruire une autre Halle a h Marèe 6? d /« Saline, fur le terrein appelié  C 251 ) la Cour des miracles, aux petits Carreaux g5 environs. En conféquence la Hal'e aftuelle de cette efpece, avec les bütimens, les échoppes & autres acceffoirts en dépendans, fer ". Bav.ly, en fon nom & au nom de Meffieurs Franklin, lt Roi, deBorry, Lavoijïer, le 4 Septembre 1784. Ce Mémoire, dans lequel 1'auteur ex'pofe avec beaucoup de clarté & de méthod les vues qui ont dirigé les recherches des Rxaminateu's & les refultats que leurs travaux ont produits, eft en outre un morceau d*éloquence remarquable, oh il peint avec la plus vive énergie le pouvoir de Timasina. tion; on y retrouve un favant écrivala digne, en même teraps, d'être merrbne de PAcadémie francoife , qui a amene fort adroitement 1'hloge du Prince devant lequel il parlok. L 6  C 252 ) 25 Septembre 1784. On continue de vifiV ter le Donjon de Vincennes, cette prifon royale qui depuis 600 ans qu'elle exifte, voit pour la première fois une foule de curieux la parcourir en liberté. Elle ne défemplit point de monde. Lors de la féte du lieu, un fpéculateur en finance offrit h celui qui la montre deux cents écus des petits bénéfices que lui vaudroit la générofité du public ce jour-la feul: celui -ci refufa le marché. On y remarque d'abord les chambres des prifonniers, fauf les cachots oü l'on ne pénetre point, au nombre dedix-huit; elles deviendroient amufantes ou du moins inté« reffantes, fi les murailles pouvoient y parler, c'eft-a-dire, fi l'on y pouvoit lire tout ce que les prifonniers ont écrit en difFérens tems; mais tout cela eft biffé & effacé. On y trouve cependant encore des noms étran,gers, qui annoncent qüe ces chambres n'ont pas toujours été occupées par des Francois. Dans ces chambres ne font point comprifes les pieces du milieu, fervant de paflage pour aller aux quatre tours qui flanquent le corps de logis principal, & de promenade aux prifonniers alternativement. De ces vaftes pieces ou galetas, I'une étoit la cuifine autrefois, la feconde paroit avoir jtté la chambre de la queftion. On y voit encore k cóté de la cheminée un fiege de liene , oh le prifonnier étoit affis, &,deux anneaux de fer fcéflés dans la. rxuraiiie cc  C 253 ) fervant h 1'attacfaer au befoin Une autre eft renommee comme ayant recelé dans fon fein le grand Condé De la cuifine on paffe dans une efpece de cachot a rez • de ■ chauffée qui fait frémir: h la lueur du jour qui y pénetre foiblement, on découvre contre la muraille un lit de pierre creufé , oh l'on jettoit un peu de paiile, fur laquelle couchoit la malheureufc victime qu'il renfermoit. Des anneaux de fer fecorrefpondant en deffus & en delTous, indiqueut que leur ufage devoit être de le garotter. A fes pieds & de fuite fe voit une lunette pour fes befoins, le feulendroit de ce cachot oh fes liens lui permettoient de s'étendre. Le Donjon proprement dit, efpece de lanterne trés étroite au fommet de la tour, efl: encore remarquable par la chaleur bruiante & le froid rigoureux qu'y devoit éprouver tour h tour celui qui 1'habitoit. Du rede , la plupart des chambres font moins grandes que celles de la Haftille, mais plus gaies, prefque toutes jouiflant du foleil & d'une vue plus agréable, a mefure qu'elles font plus élevées. Unechapelle étoit effentielle enpareil lieu: on y pénetre par trois cellules, toutes fermées d'une doublé porte, dans chacune defquelles le placoit un prifonnier. La chambre même de l'aumcViier infpire la trifteffe. On lit au deffus Carcer Sicerdotis. Ce qui paroiu-oit i< 7  C 254 3 annoncer que tant qu'il exercoit cette forc don, il ne pouvoit communiquer audehors. L'efcalier a noyau, fort étroit, compofé de marches hautes & a chaque étage ictereepté par des portes tiès rigoureufement fermées, a 265 marches. II conduit k uce platte - forme d'un travai! fuperbe parfapropreté & par fa folidité, oh l'on jouit d'une vua immenfe & d'une variété délicieufe, qui fait oublier toutes les horreurs par oh l'on a paffé. 25 Septembre 1784. Le Birbier de Sevills a été traduit en Italien & ajulhé en opéra comique, de fagon que le fameux Paefiello y a adapté une mufique de fa compofition. Mr. Framery, en poffeffion d'enricbir la comédie Italienne de ces ouvrages étrangers, a de nouveau parodié celui - ci en frarcois, de facon a nous faire jouir de la mufique. C'eft dans cet état qu'il a été jouéa la cour, mais avec un fuccès médiocre; enforte que les Itahens en font peu eogoués: d'ailleurs les comédiens frangois s'oppofent k la repréfentation d'un ouvrage qui leur appartienr, oh il y a peu de changemens & oh le parodilte a fouvent confervé Ie texte original. 26 Septembre 1784. La Chambre des vacations dès le 10 Septembre s'eft haré de rendre un Arrêt qui fupprime Trés humbles fif trés refptclueujés Remontrances du Parlevient dl Paris d l'occafion de la procédure fuitie & des jugemtns rendus par les Maréchaux de  C 255 ) Francs, contre le Fic$mte de Nee', Muirede Bordeaux. Cet Arrêt, fuivant le but du dénoncia. teur, a appris au public que ces Remo tran* ces étoient imprimées & elles en devieanent trés recherchées. 2<5 Septembre 1784. Vers le milieu du mois d'Aoüt les Sieurs Defennes libraire au Palais royal, & Jobard marchapd de livres, furent arrëtés, comme accufés d'avoir vendu le Diable dans un Bénitier. D'après les perquifltions faites chez eux par les Commisfaires Chenon pere & fils le 17 Aoüt, ils ont été convaincus d'avoir fait le commerce de livres prohibés: en conféquence un Arrêt du Confeil du 4 Aoüt interdit le premier dans fes fonétions de Libraire k Paris & déclare le fecond incapable de les exercer nulle part dans le Royaume & d'être recu Libraire. Tous deux font en même tems condamnés a une amende de 1000 livres chacun. Quoique- leur ordre de liberté foit expédié aujourd'hui, ils font écroués h 1'hótel de la force pour cette amende & ne pourront fortir qu'ils n'y aient fatisfait. 26 Septembre 1784. Le Sieur Racot Grand* val, ancien acteur de la comédie francoife, qui avoit eu dans fon tems beaucoup de réputation, vient de mourir agé d'environ foixante- treize è foixante- quatorze ans. 27 Septembre f784. Dans ce renouvelleaaent de fureur pour les Ballons, on efl:  ( 2JÖ- } fans doute furpris de ne point voir figurer M1'. Charles & de n'en plu? entendre parler. On en donnoit pour raifon qu'il étoit devenu fol, & malheureufement ce bruit qui court depuis pïufieurs mois n'elt que trop vrai. On ne défefpere pourtant pas de fa guerifon. Cet accident a fans doüte rallenti le projet qu'on avoit annoncé de lui élèver un monument fur le Bafiln des Tuilleries. L'amourpropre de ce navigateur aërien y avoit d'abord mis un obftacle par la difficulté qu'il avoit élevée au fujet de M1'. de Montgolfier, dont le nom étoit infcrit fur 1'efquifTe avant le fien. Dans 1'intervalle on a fait rougir le gouvernement de la puérilité d'un pareil trophée & il n'en eft plus du tout quefiion. 27 Septembre 1784. Le lundi 13 Septembre il s'eft préfenté k 1'afiemblée de la comédie francoife quatre concurrens, tous quatre ayant compofé une piece pour célébrer la centénaire de Corneille, mort en 1(584, Ou parle d'une de ces pieces d'un jeune homme de 20 ans, qui a été recuepar acclamation & avec tranfport. Pïufieurs des membres du comité comique ont préfumé que le jeune homme de 20 ans n'étoit que le prête-nom du Sieur de la Harpe: tant ils ont trouvé de beaux vers dans 1'ouvrage; mais on fait qu'il faut fe défier du jugement de ces hifirions. 27 Septembre 1784. Mr. 1'Abbé Mical continue a montrer au public fes deux tctef  C 2J7 ) parlantes: mais comme il n'eft point intriguano, qu'il eft ifolé, fans parti formé, fans cabale, qu'il n'a point foudoyé depróneurs, qu'il n'a point capté la bienveillance des jouïpaliftcs, on parle peu de cette'méchanique, 1'admiration générale des phyficiens. En effet, quelqu'imparfaice que foit encore fa machine, celui-ci a réfolu le problême que depuis Arcbimede jufques a Vaucanfon l'on avoit jugé infoluble. Ces deux tëtes font de grandeur naturelle, trés bien faites; elles font dorées, ce qui eft de mauvais goüt. On les voit a cóté 1'une de 1'autre fur une efpece de petit théÉtre, au bas duquel eft h découvert le buffet de tous les refforts qui ies font mouvoir au moyen d'une manivelle. Dans les quatre phrafes qu'elles articulent fucceffivement cc en imitant a 1'extérieur le mouvement des levres; il eft des mots qu'elles ne prononcent pas parfaitement, des lettres qu'elles mangent en entier; leur fon de voix eft rauque, leur articulation lente; & malgré tous ces défauts, elles en difent affez pour qu'on ne puiffe fe refufer a leur accorder le. don de la parole. Le pourtour de la fcene, qui fe paffe fous un riche baldaquin fupporté par quatre colonnes, eft trés décoré. C'eft Mr. 1'Abbé Mical qui a travaillé de fes mains tous les détails de fon fuperbe ouvrage. 11 avoit autrefois compofé deux  C 258 ) figures d'Anette & Lubin jouant de la flüte cc pouvant exécuter pendant 24 heures de fuke des morceaux de mufique toujours variés. On lui a fait un fcrupule de ces figures nues &, contre Pordinaire, ce favant mécanicien a brifé fon ouvrage, objet de fcandale. On en voit encore des débris au pied de fon nouveau fpeétecle. On ne concoit pas comraent M'. le Comte de Haga, pendant fon féjour dans cette capitale, n'a pas daigné vifiter Mr. 1'Abbé Mical & fon cabinet; ce fpeétacle étoit bien digne d'attirer la curiofité d'un Prince auiïï infiruit, auffi ami' des arts cc auffi avide de voir cc de connoitre. L'Académie des Sciences fait un fi grand cas de Mr. 1'Abbé Mical, que le iy Septembre de 1'année derniere, jour del'expérience de la Montgolfiere Jancée en préfence du Roi a Verfailles, cette compagnie ayant été invitée de s'y trouver par députation, les fix députés voulurent avoir avec eux cet abbé, 1'introduifirent au milieu d'eux dans le cabinet du Roi cc Sa Majefté ayant demandé quel il étoit, on lui dit que c'étoit Pau« teur des tétes parlantes. 28 Septembre 1784. Le Sr. de Beaumarchais accoutumé a myftifier le public,avoit pouffé Paudace jufques h s'ériger en bienfaiteur de 1'humanité & propofé une mftitution patriotique en faveur des cauvres meres nourriccs dont il fe faifoit le chef. II devoit y emplo-  C 259 ) yer tout fon Figaro. La iettre contenant fes idéés, trés obfcure comme tout ce qu'il compofe, inférée au Journal de Paris du 15 Aoüt, n'avoit pas produit tout 1'enthouilafme qu'il efpéroit cc encore moins 1'argent des foufcripteurs dont il s'offroit d'être le banquier. On en avoit ri dans le public & fon plan de bienfaifance préteudue étoit oublié. II ne I*ache pas volontiers prife. II annonce aujourd'hui que, fur 1'invitation faite aux eomédiens franeois par 1'auteur du AJariage de Figaro cc accepté par eux avec empreflement, la cinquanfieme repréfentation de cette piece fera donnée le famedi deux Oclobre au profit des pauvres meres qui nourriffent, fuivant le projet annoncé. Du rede, il promet aux perfonnes ^énéreufes qui voudront bien fe faire connoitre en réuniilant leurs bienfaits au prix rigoureux du fpectacle , qu'elles feront inferites au nombre des bienfaiteurs de fon affociation. On congoit facilement que lebutdu Sieur de Beauuarchais, qui au fond s'embarrafle fort peu des pauvres meres nowrrices, de leurs marmots cc de Phumanité fouffrante entiere, a regardé ce moyen comme un véhicule pour ramener le public a fa piece qui commence a. foiblir un peu du cóté de la recette. Beaucoup de gens s'imaginent qu'il y joindra quelque fcene, au moins quelques couplers relatifs a la nouvelle circonftance cc la fureur recommence en effet pour retenir des loges.  C 2fJ0 ) 28 Septembre 1784, Le Docteur Mittié, membre de la Faculté de M.édecinéde Paris, ayanc ouï chanter une gouvernante dont il venoit de faire "Pacquilition, fut fi émerveillé de fa voix, qu'il voulut la faire entendre des gens de Part & inflruire defacou h pouvoir entrer a Popéra: elle s'y refufe, fous prétexte qu'elle eft trop Sgée; mais lui annonce qu'elle a une fceur beaucoup plus jeune & dont 1'organe eft encore plus beau. Elle lui propofe de la faire venir de fon village. Le Docteur .y confent & ce fujet rare en effet eft M!le. Bozon, qui en quinze mois a appris k parler, a marcher, a déclamer, k chanter & fait Pétonnement des connoiffeurs, quoiqu'eile ne foit pas auffi merveilleufe qu'on Pavoit annoncée; elle eft maigre, petite, laide, noire, mais re manque point de phyfionomie furlafcene & a d'ailleurs une intelligence, une fenfibilité qui doit la rendre bieniót la première actrice du théêtre lyrique, d'autaDt plus qu'elle eft fort jeune, puifqu'elle n'a que dix - fept ans. Elle a déja par deffus Madame S'. Huberty, qui prononce fort mal, une articulation nette; de maniere qu'on ne perd pas un mot de ce qu'elle chante: elle a beaucoup de mémoire & apprend adtuellement des róles dans fept opéra différens. Ce qui lui doit promettre des fuccès foutenus, c'eft qu'elle aime beaucoup fon talent & jufqaes a préfent s'y livre toute entiere.  C 2<5I ) Elle a continué dimanche pour la feconde fois fon début, retardé par une indifpofition légere. 20 Septembre 1784. Meffieurs Ie Chevaiier de Se'ine & de Forges, dont cn ne parloit plus depuis leur efpece de capitulation, fuivant laquelle ils avoient été fouflraits nu fupplice qu'ils s'étoient mis dans le cas de fubir, reviennent de nouveau fur la fcene & ont donné cette nuit une alarme plus vive que la première fois. Par une indulgence extréme, ces deux gendarmes transférés a la prifon de la Con« ciergerie, y joüiffoient de la même liberté qu'a 1'Abbaye, y voyoient des filles, y donnoient des repas. Hier au foir après avoir bien fêtoyé leurs amis & même les guichetiers, ils fe' font prérentés, armés de nouveaüx pifiolets d'arcon,pour fe faire ouvrir les portes de la prifon, ont tué un premier guichetier, ont griévement bleffé le fecond & par le même moyen alloient paffer le troifieme guichet, lorfqu'on a appellé du fecours. Ils fe font ainü trouvés enferroés entre deux guichets, & pour éviter qu'ils ne fiffent ufage des armes qu'ils avoient, on a imaginé de faire établir une pompe par en haut, qui a joué ü fortement qu'en peu de tems ils fe font vus fubmergés & ont demandé grace: on leur a mis les fers aux pieds & aux mains & leur Procés s'inüruit su Bailliage du palais.  C 262 ) 29 Septembre 1784. Grandval ett mort le S4 Septembre. Contemporain de Baron, il avoit confervé la tradition de fon jeu & étoit deveuu lui-même un excellent acteur, particuliérement dans le haut comique & dans les róles de petit-maitre. I! avoit débuté en 1729, ayant au plus 19 ans & avoit été regu h la fin de la même année: après avoir quitté le théutre il y étoit remonté en J764, mais fans fuccès; eniorte qu'il s*étoit retiré de nouveau promptement. 11 vivoir. depuis ce tems -la dans la retraite avec Ivllle. Dumefnil. Cette union duroit depuis 45 ans & l'on peut juger combien elle a dfi être douloureufe pour celle qui furvit. Leur fortune étoit médiocre & bien peu proportionfiée a leur talent. Le Sieur Grandval 'ne jouiffoit que d'une penfion de la Comédie de 1500 livres & d'une autre du Roi de 1000 livres On dit que celle-ci eft déja donnée au Sieur la Rive. Le Sieur- Grandval étoit fils de Nicolas Racot Grandval, muficien organifte, auteur du poëme de Cartouche & de pïufieurs pieces repréfentées en Province; il avoit lui-même compofé quelques petits ouvrages dans le genre dramatique. 30 Septembre 1784. C'étoit damain Ier, Oétobre, jour de la mort du ^rand Cortièüki que Comeille aux CHamp's Elfféts ( c'eft ainfi qu'on appelle la nouvelle piece compofée pour faCecténaire^) devoit avoir lieu;  • C 203 ) mais il y a tant de décorations & d'habillemens qu'on n'a pu les préparer & que la repréfentation eft renvoyée è la femaine prochaine. 30 Sjptembre 1784. Mr. Qjiefnay de Saint Germain, Confeiller de la Cour des Aidesde Faris & membre du Mufée, prpnonca le 9 Juin dernier dans une afTemblée publique de ce Club littéraire, oh il y avoit grand nombre de Dames, 1'Eloge de M'\ Court de Gebelin, dont on a dans le tems annoncé la mort. Comme il laiffe une familie mal h 1'aife, 1'auteur a fait imprimer fon ouvrage au profit de cette familie & chacun paroit vouloir concourir h la bonne oeuvre, car 1'impn'meur n'exige que fes débourfés & les libraires chez qui la vente eft annoncée renoncent aux bénéfices d'ufage. Du reste, cet éloge eft imprimé, par égard pour les Soufcripteurs, dans le format du Monde Primüif; il qft en outre enrichi du portrait de 1'auteur. II eft facheux que le Panégy» rique ne réponde pas aux efforts de 1'Ecrivain, que l'on n'y trouve que trés peu de fairs concernant le héros, qu'une efquiffe jmparfaite du Monde'Hrimitif, & que le ftyle n'ait ni énergie, ni chaleur, ni correóftion 30 Septembre ;784.*On affure que Mi, le Duc de Chartre< a obtenu des Letrres patentes enrégiftrées au Parlement, fuivant lesquelles il lui efl permis de vendre & aüéner les maifons conftruites fur les terrains du Palais Royal.  C 2*4 ) Du refte, Ia Police s'eft déja emparéedes rues nouvelles & du derrière decesmaifons, qui étant toutes oirvertes en cette partie, lui deviennert de fait foumifes en totalité. 30 Septembre 1784. La révolte arrivée 'dans 1'Univerfité, lors de la compofition pour Les Prix, a mérité 1'attention du Parlement qui, en conféquence, a rendu le 7 de ce mois un Arrêt, portant reglement ace fujet. Comme les vétérans femblent avoir été les chefs d'émeute, il efl ordonné qu'ils feront féparés des autres écoHers en Rhéthorique & qu'il fera établi dans chaque Faculté deux Prix pour eux feuls, auxquels ils pourront concourir, quelque age qu'ils aient. Que du refte nul étudiant ne fera doréHavant admis h la compofition pour les Prix de 1'Univerfité, qu'a la charge de n'avoir point au 23 Juin de chaque année, favoir, en fixieme douze ans, en cinquieme 13 ans, en quatrieme 14 ans, en troifieme 15 ans, en feconde 16 ans, & en Rhéthorique 17 ans. ier. Obtobre 1784. Comme 1'opéra de Diane fj? Endymion efl tombé, ou du moins retiré après quelques repréfentations, il efl inutile d'entrer dans^ aucun détail fur cet ouvrage réprouvé du'public, a moins qu'on ce le reprenpe. ier. OStobre 1784. Un Mr. 'Camptnat, qui fe dit Ingénieur privilégié du Roi & Ieurre le public depuis prés d'un an d'expériences qu'il  C 265 3 qu'il doit faire en machines aëfoftatiques, annonce enfin que la fienne aura lieu dans le courant de ce mois. II I'nppelle Diligence Jtenenne & prétend qu'elle a été vérifiée ■ par de»-perronnes célebres & éclairées, qui ont été. chargées de I'examiner. Cette voiture a la forme d'une tour qui a 60 pieds de hauteur: elle eft accompagnée de moyens de direélion & doit être montée de ftx perfonnes. Comme le principal objet efl d'avoir de I argent, il annonce d'avance difFérens bureaux de recette oü l'on pourra prendre des cillets. 2 OSlobre 1784. Extrait d'une Lettre d Evreux du 25 Septembre Je ne Fais pourquoi les papiers publics n'ont pas fait mention de la fête que notre Evêque a eu * TT- ï dO0ner a Mefdam" ^eMde dan* fa maifon de plaifance qu'on appelIeC^. C'eft a Ia fin d'Aoüt qu'elle a hJ7n l6//étfte en ^ été le mariage de huit filles dont les dots ont été fournies en part*>par Mefdames, M partie pa Til que & autres proteöeur, bienfaifans. Le f Hf raffemb!é t0Us 1« parens pro! chams & éloignés de ces filles au nomb° de cent qu'il a régalés tous dans fon ce qu, faifoxt un coup-d'ceil charmant dn ' Mefdames ne pouvoient pas s'arrS n ya eu des chanfons trés fphituellcs, dont Ie  ( 266 ) ' qui répétées dans Péloignement produifoit un effet trés heureux. Mefdames oct été fi fatisfaites de cesfêtesi qui ont duré trois jours, qu'elles veulent y revenir, & le Prélat évalue qu'il lui en a coüté pendant ces trois jours 60,000 livres au moins. On ne doute pas qu'une bonne Abbaye tirée du Porte • feuille de IvR é'Ati' tun ne dédommage notre Evêque de cette dépenfe. Vous favez qu'il efl Narbonne- Lara en fon nom, & il doit Phonneur qu'il a recu au crédit qu'a la Ducheffe de Narbonne fur Pefprit de Madame Adelaïde. Le fingulier, c'eft que M1. le Duc de Narbonne ni 1'Abbé de Narbonne n'étoient a ces fêtes. 2 OStobre 1784. On apprend qu'en Nor^ mandie le bois efl fi rare qu'on y conftruit a la hate un canal pour le tranfport de cette denrée & qu'il doit être navjgable k la tous* faint, époque ou Rouen eft menacé de manquer de bois. 11 efl trés vrai que Phiver dernier on y a coupé par néceffité les arbres du Cours, fupeibe promenade qu'il a fallu facrifier au befoin du moment. 3 Oüöbre 1784» Hier il s'eft trouvé k la joeme. repréfentation du Mariage de Figaro prefqu'autaot de monde qü'k Ia première. L'auteur y avoit ajouté en effet quelques ( couplets relatifs a la circonftance, d'une grande platitude: ce qui n'a pas empêché qu'on ne les aLiplaudfc avec tranfport & qu'on ne criat bis.  C 26-7 ) 3 Otlobre 1784.. Depuis que le Parlement a ceffé fes démarches a 1'occafion de Mr. de Mions , le courroux du Monarque s'eft calmé, la Lettre de cachet a été levée Sc 1'exilé a eu permiffion de revenir a Paris, oh il s'eft rendu il y a déja quelque tems. Du refte, aucune fatisfaólion fur le fond Sc cet événement ne fert qu'a. confolider un impót illégal & vexatoire que les Magiftrats par leur pufillanimité & leur filence, mal■ gré fon défaut d'enrégiftrement, ont femblé reconnoftre d'une fagon indirecte & tacite. 3 Oélobre 1784. M". de la Tour, ce peintre de portraits au paftel, fi renommé autrefois Sc qui employé aujourd'hui è des actes de bienfaifance le fruit de fes travaux, ne fe borne pas a fa patrie feule, il a fbndé un Prix pour 1'Ecoie de Paris; c'eft une demifigure a pein.dre d'après le modele, au moins de grandeur naturelle. L'Académie Royale de Peinture & de Sculpture dans fon affemblée du deux de ce mois, c'eft-è-dire, hier, fatisfaite des efforts de fes éleves a cru devoir parrager ce Prix. Le Sieur Riviere, qui a obtenu cette année un des feconds Prix de Peinture, a été noEimé par le premier fcrdtin , & le Sieur Duvivier par le fecond. Ils font tous deux éleves de Mr. Suvée. 4 OSlobre 1784. Comme tout ce qui a rapport au Sieur de Beaumarckais devient piquant, il faut conferver malgré leur pla- M 2  C 268 ) titude, les trois couplets dont on a parlé hier & qui fervent de preuve combien ce poëte au cceur aride, aux entrailles feches, elt incapable d'exprimer le moindre fentinient. Après le premier couplet chanté du Vaudeville ordinaire, Suzanne & le Sieur Figaro fe font fait des mines & la première a commencé fur le même air, en s'adreflant au public: Pour les jeux de notre fcene Ce beau jour n'eft point fété» Le motif qui vous ramene C'eft la douce humsnité: Mais quand notre Cinquamaine Aux bienfaits fert de moyen, Le plaifir n'y gate rien. Esfuite Figaro a chanté: Nous heureux cinquanténaires D'un hymen fi fortuné, Rapprochons du fein des meres L'enfant prefque abandonné; Faut-il un exemp'.e aux peres? Tout autant qu'il m'en naitra, Ma Suzon les nourrira, Suzanne a repris: Mon amï, je ne fais guera Quei devoir fera plus doux, Comme époufe & comme mere,' Mon cceur les remplira tous. Entre l'enfant & le pere  ( 2(5p ) Je partagerai l'amour,; Et chacun aura fon tour-.' Enfin l'on a invité Bridoifon h donner du fien; il a fait pïufieurs charges, puis a bien voulu déclarer fon avis en cette maniere: Qne d'plaifir on trouve h rire Quand on n'voit du mal a rien! Que d'bonheur on trouve a s'dire: L'on m'amufe & j'fais du bien ! Que d'bel'ehofes on peut écrire Contre tant d'joyeux ébats! Nos criti iques n'y manq'ront pas. ' 4 Ótïobre 1784. Le procés concernant la rebellion & le meurtre arrivés a la Con* ciergerie, s'eft inflruit par devant le Lieutenant général du Bailliage du Palais; il s'eft trouvé un troifieme acteur impliqué dans Paventure. C'eft un nommé Jaquin. II. étoit ce qu'on appelle dans les prifons Servante des Guichetiers. C'eft un prifonnier moins coupable & le plus fufceptible de fortir bientöt, que eeux - ci s'attachent & auquel ils donnent une certaine confiance pour les aider dans leurs fonctions. Les Sieurs Defaignes & de Forges 1'avoient gagné & il étoit convenu de les feconder; ce que le róle qu'il jouoit lui donnoit la faculté de faire mieux qu'un autre. Voici maintenant ce qui eft conüaté juridiquement. lis ont été tous trois dfiment atteints & convaincus d'avoir formé le complot de U 3  ( 270 ) s'évader h mains armées de la Conciergerie, & tf cet effet le Sr. Defaignes de s'être procuré par une perfonne qu'il a dit lui être inconnue, cinq piftolets de demi-arcons, trois quarterons de poudre k tirer & vingtdeux balles; de les avoir diftribués; favoir, deux piftolets au Sr. Desforges, avec les munitions nécefïaires, & un feul de même au nommé Jaquin. & d'avoir gardé pour lui les deux autres piftolets & le reftant de Ia poudre & des balles: tous trois, pour 1'exécution de leur complot le mardi 28 Septembre vers les neuf heures du foir ont voulu forcer les portes, ont tiré pluüeurscoups de piftolet, dont un a porté fur un guichetier & 1'a griévement bleffé; un autre, quoique dirigé fur le guichetier, a porté fur Jaquin, 1'uu des accufés, & un autre fur un fecond Guichetier mort de la bleffure le lendemain matin. Le bruit général eft ce foir qu'ils ont été condamnés tous trois par le Bailliage le nf. Octobre, k être rompus vifs & que la Chambre des Vacations vient de confirmer le jugement. 4 Odobre 1784. On a cité dans le tems' 1'infcription latine imaginée par 1'Abbé Bos* covitz pour être mife fur la Pompe a feu & tout le monde a jugé ce diftique par fon élégance & fa précifion, digne de le difputer aux infcriptions de Santeuii: un M>'. Guidi, Cenfeur Royal ci fpécialement le Cenfeur du  ( 271 ) Journal de Paris, a traduit ainfi le diftique de 1'Abbé Bofcovitz: Ici par un accord nouveau Eniri fonde & le feu la paix eft rdtablia; Dj citoyen 1'efpérance eft remplie Ec c'eft Ie feu qui'donne i'eau. Quiconque rapprochera ces deux inferiptions, jugera fans peine combien Ia francoife eft inférieure a la latine. . C'eft une nouvelle preuve que notre langue eft infiniment moins" propre qua 1'autre au ftyle lapidaire. 5 Ocïobre 1784. Si la piece de Corneille aux Qhamps Elyfées en un aéte & en vers libres, exécutée hier aux Frangois a été ju.'ée la meilleure de celles préfentées a Paréopage comique, il faut que les autres foiènt bien mauvaifes. On ne concoit pas que les comédiens aienf pu foupgonner un inftant de Mrs de la Harpe, cet ouvrage d'écolier également défeétueux & dans le pian & dans la marche & dans la verfification 0_aaud ou auroit voulu tourner en ridicule le pere de la tragédie en France, on n'auroit pu s'y prendre mieux, fauf le Sieur Afofe''qui, chargé du róle de Voltaire, a eu Part d'en faire une véritable caricature. Les comédiens étoient fi forc engoués de cette piece, que fur le manufcrit envoyé a la Police ils avoient mis une efpece de hote de recommandatiou, oh ils difoient M 4  C 2?2 ) que 1'ouvrage étoit 1'eiTai d'un candidat tout jeune, fur lequel ils fondoient les plus hautes efpérances & qu'on ne pouvoit trop encourager. Voila lps juges du théatre. 5 Ottobre 1784, Mr. 1'Abbé Raynal avoit fait entrer un de fes neveux dans la marine marchande; ce jeune homme a eu occafion d'aller dans Pinde, oh il s'eft pouffé & diftiDgué d'une maniere h fe faire' eftimer de Mr. de Suf ren. Bleffé dangereüfement dans un combat, ce Général Pa vu en cet état & a recu en quelque forte fon teftament de mort. Ce brave homme lui a demandé en grace d'interpofer fes bons offices au prés du Roi pour que fon oncle revint dans fa patrie, & Pon allure que.M1'. de Suffren a fi bien tenu fa parole que 1'Abbé Raynal eft déjè rentré dans le Royaume. 6 Ottobre 1784. L'Arrêt contre les malheureux condamnés a la roue, dont on a parlé, portoit que Defaignes, 1'un d'eux, regardé comme le chef & le conducteur du complot, feroit préalablement appliqué a la queftion ordinaire & extraordinaire, pour avoir par fa bouche la révélation defescomplices & la vérité d'aucuns des faits réfultans du procés reladvement a la perfonne qui avoit fourni les piftolets & les munitions. De/aignes effrayé de i'appareil feul de Ia queftion, hier matin a déclaré que c'étoit Ja maitreffe de Milord Maffaréenne, Pun des prifonniers de la Conciergerie, qui lui avoit  f m) avoit pafte les armes, Ia poudre & les'balles: que les piftolets lui étoient parvenu's dans de grands & Iongs pains: on eft allé chercher cette courtifanne; elle a, dit on tout avoué & a été décrétée fur le champ de prife dc corps. Tous trois ont fubi leur fupplice avec une affluence de fpeftaceurs, telle qu'on n'en a point vu depuis Damiens. Montés a 1'hótel de ville, ils fe font plaints qu'on n'ait point voulu leur accord r leur grace, tandis que Ia juftice avoit fermé les yeux ■fur le crime de la Touche & de Loqnin, auquel le leur n'étoit point comparable, puis. que le meurtre qu'ils avoient coromis ne Pavoit été que pour défendre leur liberté, n'avoit rien d'atroce, de deshonorant & de dangereux en foi pour la fociété. II eft certain que des perfonnes de la plus haute confidération s'étoient intéreffëes pour eux & que Ia Reine même avoit demandé •leur grace; que le Roi étoit affez difpofé a. la clémence, mais que c'eft Mi-.de Ftrgmnes & Mr. de Cajlries qui ont fait envifager è Sa Majefté la néceftité de faire un exemple en pareil cas, fans qubi il n'y auroit plus de füreté dans les prifons. Desforges a envoyé chercher une fille ïnommée Saint /Inge, qu'il aimoit •& qui eft arn'vée fort effrayée. Ij 1'a raffurée & lui a dit qu'il n'avoit pu réfiHer au défir de Ia voir pour la üerniere fois & il a en mèffie M y  C 274 ) tems demandé au juge Ia permiffion de lui donner une bague qu'il avoit au doigt. Dès le foir même; cette courtifanne, afin de difiiper fans doute 1'impreflion qu'auroit pu donner contre elle dans le public la nouvelle bientót divulguée de fon Mandat & l'hótel de ville, s'eft rendue au Palais Royal & s'y eft promenée fous les galeries. Du refte, Defaignes & Desforges n'ont point voulu écouter les confefleurs; ils fe font tournés vers les bourreaux & leur ont dit: „ c'eft a vous h qui nous avons affaire". Ils maudiffoient un Dieu qui les laiffoit périr, lorfqu'il laifToit échapper au fupplice de vrais fcélérats , des hommes couverts d'opprobre & d'infamie, le fiéau & 1'exécration de la fociété. Quant a Jaquin déja bleffé griévement, al étoit prefque mort & Pon a> pris pour léfipiscence fon anéantifTement total. Les fpeclateurs plaignoient furtout Desforges , dont 1'extrême jeunefTe avoit été abufée' par Dejaignes; qui d'ailleurs, lorsqu'il vit rimpoffibilité de s'échapper auroit voulu fe brüler la cervelle & en avoit été détourné par fon camarade comptant fur fes reffources. Outre cette première lacheté, on reproche a Defaignes d'y avoir joint celle plus grande de trahir la perfonne qui luf avoit fourni les armes. Tel eft le récit qui occupe Paris en ceï inftant.  C 275 ) 6 Oclohre 1784. C'eft' h Saint Geniez, affez vilain lieu dans la Rouergue prèsRhodès, qu'eft 1'Abbé Raynal dans une forte d'exil. II ne peut, dit-on, s'en écarter, & le Roi a mis pour autre eondition qu'il s'y tiendroit tranquille; qu'il n'écriróit point, ou du rnoins ne feroit rien iraprimer. Du refte, on lui a donné cet endroit pour féjour, paree que c'eft le lieu de fa naisfance & qu'il y a fa familie. 6 Ö&obre 1784. C'eft par un Arrêt do 6 Septembre, que le Parlement avoit ordonné qu'il feroit nommé des Commiffaires pour fmvr-fe la méthode curative du Sieur Mejmer & en rendre compte h Ia Cour. Ce ce font plus ceux qu'on a nommés d'abord , foit qu'jis n'aient été que défign.es foit qu'ils aient refufé comme on Pa dit. Voici ceux fixés par Arrêt de la Cternore des Vacations du 21 Septembre. Quatre Médecins. Meffieurs Thierry, Cofnitr, Paukt & Mon* tabour. Deux Ghi'rurgiens. Veret & de Buffac. Deux ApothicaïresF. Follope & de la Cour. 7 Oclobre 1784, Depuis longtems m parloit dun projet donné par les Fermfera généraux pour empécher Ia contrebande enorme qui fe faicdans Paris: «cóofiM M 5  C 27* ) I former autour de cette capitale une muraille qui 1'enfermeroit eb entier & ou il n'y auroit d'entrée que par des grilles fur les grands chemins. On en plaifantoit, on en rioit comme d'une abfurdité, comme d'une folie. Ce projet fans doute n'a pas paru tel au gouvernement & furtout a Mr. de Calonne qui, ayant fort a cceur de faire un excellent bail, accorde a ces Traitans tout ce qu'ils eftiment pouvoir favorifer leur entre prife. En conféquence dés le mois de Mai on a vu décharger fur les Boulevards neufs du cóté de 1'hópital vingt mille voitures de pierres & de moëllons & l'on a fuqueleprojet étoit paffé au Confeil & alloit s'exécuter pour effai depuis la riviere jufques aux Invalides. II s'eft alors élevé des murmures confidórables ; de grands Seigneurs ayant des hótels & des maifons de plaifance en cette partie ont formé des oppofitions h 1'exécution. Depuis, ce tems elle étoit restée en fufpens & l'on fe flattoit qu'elle n'au* roit peut être pas lieu. Mais il y a environ trois femaines qu'on y a mis desouvriers & les travaux font commencés. C'eft un Sieur Pecoul, architeéte , maitre macon entrepreneur, qui eft a ia tête. 1 Otïobrt 1784. üoe perte récente encore que les Sciences viennent de faire, c'eft celle de Mr. de Bernieres. Quoiqu'il ne füt pas de PAcadémie, il méritoit bien.  C 277 1 d'en être. II s'étoit diftirgtré en dernic- lieu par fes batteaux infubmerfibies. 7 Oftobre 1784. Quoique le tribunal des* Maréchaux de France ait fufpendu fes pourfuites contre le Vicomte de N<ë, l'affaire n'eft point finie & même tout récemment fon frere 1'Evêque de Lefcar vient d'étre exilé dans fon diocefe pour avoir mis trop de chaleur dans fes difcours & dans fes démarches & avoir défendu fon frere plus que fratemeUement, fuivant 1'expreffion d'une lettre du Miniftre è ce Prélat. 8 OÜobre 1784. Depuis quelque tems les Fermiers généraux, pour gagner davantage fans doute & faire paffer plus impunément tout le mauvais tabac que la difficulté d'en avoir leur a fait prendre durant Ia guerre, ont imaginé de le faire raper exclufivement a Phótel & dans leurs autres manufacftures & de 1'envoyer en poudre non • feulement aux débitars de Paris, mais dans les Provinces les plus éloignées. Déja en 1782 le Parlement de Grenoble avoit fait brüler du tabac de cette efpece comme gaté & pernicieux: dans le même tems le Parlement d'Aix en avoit fait autant. Le Fermier général 'Augeard y avoit été envoyé & n'avoit pu difconvenir du fait, mais avoit vérifié que la fraude provenoit des débitans & même des entrepofeurs. Les mêmes plaintes viennent de fe renouvcllef en Bretagae & le Parlement de Hennes * M 7  C 278 ) rendu. un Arrêt en conféquence. Mais Ie Gouvernement qui ne veut pas que les Farlc mens s'immifcent dans les affaires mioiftérielles, a caffé par Arrêt du Confeil celui de cette Compagnie. C'eft un M'. de la Haute, Fermier Général ö la tête de cette partie, qui s'obftine a ibutenir le fyftême du tabac rapé, quoique les chymiftes conviennent qu'il eft impofhble, que fans les plus grandes précautions il puifle fe conferver. agréable &fain, longtems enfermé en cef état. 8 Octobre 1784. Extrait d'une lettre de Lille du 30 Septembre Vous avez été bien furpris, dites-vous, de voir le Matérialifme, le Déifme & 1'Achéifme percer jusques dans ce pays-ci, jadis le Cége de la bigoterie & de la fuperftition, & non moins étonné de la modération du Parlement de Douai qui, par Arrêt du 16 juillet s'eft contenté de faire lacérer & brüler par Pexécuteur de la haute juftice un écrit oh le Procureur Général dans fon Requifitoire fe plaint de retrouver les principes impies & abfurdes des auteurs du livre de VEfprit & celui de la Nature. La fageffe des Magiftrats excite votre curioilté & vous me demandez ce que c'eft que Ie pamphlet dont if s'agit & quel eft le fujet? Voici Panecdote. Le 31 Janvier dernier il a été exécuté è Marchiennes Je nommé Lacgueman, du vilJage de Beuvry, comme coupabie de pan»»  C 279 ) cide. Un anonytoe, grandenthoufiafte, fans doute, de la philofophie moderne, a voulu fe diftinguer & a envoyé aux petites affiches de Lille connues fous le nom de Feuelles de Flandre, une lettre datéedu 21 Février, adresfée a M''. Defeffarts, membre de pïufieurs Académies, auteur du Journal des Caufes Célébres., par M. *** Avocat de Ia réfidence de Douai; oh rendant compte de la caufe intérelTante de Lacqueman, il glifle la doctrine abominable dont le réfultat eft, que c'eft a la feule organifation, a la conftiru„ tion phyGque & particuliere de chaque ,, être, qu'il faut rapporter la caufe des ,, grands vices, comme des grandes vertus; que le tempéramment eft le principe créateur des facultés morales: qu'ainfi 1'homme eft enchainé dans tout ce qu'il fait, par s, des loix auxquelles il ne peut fe fouftrai- j5 re" Le Rédacteur des Feuilles de Flandre a eu Ia facilité ou la bêcife d'inférer cette lettre en forme de Supplément au N0. 70 du 30 Mars: quoique le plus coupabia en quelque forte, il paroit qu'il n'éprouvera pas les pourfuites qu'il devroit craindre & qu'il n'y aura aucune recherche ultérieure afin de découvrir 1'anonyme que défavoue ha'utement M>'. Defeffarts: & fans doute, il y a quelques années, nos Magiftrats n'auroient pas été fi tolérans. 9 Oclobre 1784. Mr. le Bailly du Rolks dans une lettre du 3 Septembre adreffée aa  r 280 > Mercure de France, n'a pas manqué de répondre a celle de M1'. CaJJabigy dont on a rendu compte, & non feulementde fe défendre, mais encore le Chevaiier uluck. & M1'. Salieri. Toute cette querelle conOüe dans des dies & redits fort ennuyeux & qu'il eït inutile de répéter. II fuffit d'obferver que malgré fes plaifanceries le poëte francois ne ren ver fe pas bien viétorieufement les affertions du poëte Italien cc qu'il reite toujours beaucoup de louche fur ce procés peu intéreffant au fond. 9 Otïubre 1784. Comme tout ce qui concerne les ouvrages de M' . de Beaumarchais devient intéreffant; voici de plus amples éclairciffemens fur fon Barbier de Seville compofé en mufique, dont on n'a dit qu'ua mot. Mr. Paejiello a mis en effet en mufique k Petersbourg cette comédie traduite en Italien. La partition en parvint en France Pan. née dersiere & M'. Framery fut chargé d'en parodier les morceaux de mufique pour les unir au dialogue de M'. de Beaumarchais. L'ouvrage fut fini au mois d'Aoüt; mais ne fut pas exécuté a Fontainebleau fuivant fa deftination Quelque tems après Ml'. Moline traduifit cette même piece en vers lyriques avec du récitatif, i! deftinoit fon ouvrage au grand opéra oh il n'a pas été joué non plus. Depuis on a demandé a M. Framery fa  ( 281 ) parodie telle qu'il Pavoit arrangée, pour Ie théStre de Ja Reine a Trianon. Les comédiens Icaliens 1'ont apprife fous les yeux de M1. de Beaumarchais, qui les a exercés au dialogue; tandis que Ie parodifte leur faifoit répéter la mufique. Enfin Ia piece a été jouée Ie ij Septembre & ce qui en confirme Ie peu de fuccès, c'eft que Mr. Framery avoue que fa partition n'eft point gravée & que 1'incertitude du nombre des amateurs Pa empéché de s'en occuper. io Oclobre 1784. Le Diable dans un Bênü tier & la métamorphofe du Gazetier Cuiraffé en mouche; ou tentative du Sr. Receveur, Infpeóteur de Ia police de Paris, Chevaiier de Saint Louis, pour établir a Londres une Police, a Pinftar de celle de Paris. Dédié k Mr. le Marquis de Caftries, Minifire & Secrétaire d'Etat au Département de la Marine, &c. Revu, corrigé & augmenté par Mr. 1'Abbé /lubert, Cenfeur Royal, par Pierre le Roux, Ingénieur des grands chémins. Tel eft Ie titre déja trés obfcur du libelle annoncé & qui perce depuis quelque tems dans cette capitale, quoiqu'avec beaucoup de peine. II eft précédé d'une caricature fort iinguliere & n'a que ij8 k 159 pages. io Oéiobre 1784. Me. Linguet a encore été obligé de changer de correfpondant; ce qu'il annonce dans fon dernier N". Celui qui avoit fuccédé au Sieur leQuejne, acony-  ( 282 ) me & dont le Sieur de Montbines n'étoit que le prêce-nom, s'étoit encore rendu coupable, non de vol auffi confidérable que le prédécefïeur, mais il grapilloit; c'eft 1'expreffion de 1'annalifte; en confervant lel même agent önéraire, i! s'eft donné pour fubfiitut honoraire un Mr. 1'Abbé Tabouel, qui fe qualifie d'Avocat. Au refte, ce journalifte eft toujours tracaffé par fon Cenfeur; fon N° 85 a tardé trois mois aparoitre. On exigeoit des canons que Me. Linguet s'obftinoit a ne pas mettre & il 1'a emporté; on dit même que M . de Vergennes a donné des ordres pour qu'orj ne füt pas difficile a fon égard. Toiltt s ces tracaffenes 1'arrierent & il n'en eft encora qu'au N°. 86 qui vient de paroitré. 10 Ottobre 1784. Voici une chanfon adreffée k une jeune Demoifelie que fon Jahux tient dans unefclavage, qui fans doute a excité 1'indignation du poëte. Comme; elle eft fur Vair du Vaudeville dn Ftgarol elle eft fort k la mode; elle eft d'ailjeurl trés ingénieufe & trés bien faitei,.on 1'a dit d'un Mr. Jntoine, Sculpteur en batiments- Je voudrois veuir moi • même, Vous rendre hommage eu ce jour: Mais un Monfieur qui vous aime, Vous enfeime a doub!e tour. Hélas! dans ma peine extréme Que du moins mon billet doux Puiife arriver jufques h vous!  C 283 ) • Envain l'on cache une fille Aux regards des damoifeaux, Pour peu qu'elle foic gentille De quoi fervent les barreaus? L'Amour a travers la grille Vole au gré de fon défir, Subtil comme le zéphir. Eft-il de retraite füre Contre cet enfant allé? II veut faire fa capture De celle qu'on tient fous clé: Oui, 1'Amour dans la ferrure, Habile a commettre un vol, Introduit le roffignol. II O&obre 1784. Le Diable dans un Eénitier roule fur une tentative prétendue du Miniftere de France pour établir a Londres une police a Yinjiar de celle de Paris. II eft divifé en chapitres ou paragraphes au nombre de onze, précédés d'une introducfion. Dans celle-ci le libellifte commence par établir le fyftöme de notre gouvernement, faché de voir fur ia -terre quelqife pays libre, parvenu k corrompre, a affervir tous les autres, fauf celui d'Angleterre. Ce n'eft pas qu'il n'ait-fait pïufieurs fois de nouveaux efl'ais pour cela, entre autres en dernier lieu; mais ils n'ont jamais réuffi. Le premier Paragraphe contient la mifiïon d'un nommé é'Anouilh, efpion envoyé k  c 284; Londres par le Marquis de Caftries pour veiller fur les fiens qu'il fufpecïoit de tra- • hifon durant la guerre & de faire avorter tous fes projets. Ce ó'Jnouüh auffi infidele j que les autres, mange 1'argent qui lui avoit j été confié & revient fans avoir rien fait. Le Miniftre mécontent fe plaint au Sieur Rece~ vëur, Infpedteur de Police, Chevaiier de, Saint Louis, qu'il charge de Parrêter &! d'examiner fa conduite. Détention de d'Anouilh, il s'obftineè ne rien avouer. Receveur ' envoyé k Londres Barbier fon Gommis, qui I s'abouche avec le Sieur Morande, auteur dia Gazetier CuiraJJé. Tout. cela fe paffoit verss ïüoel 1782. Barbier conjointement avec ceti acolyte découvre la trahifon & la friponcerie de é'Jnouilh. obligé de rendre gorge.' Au fecond Paragraphe Receveur dont om efl: fort coDtent, efl: chargé de la miffion plus; délicate & plus importante qu'on développe: aujourd'hui. Elle remonte k 1'hifloire de; Jaquet. On en a parlé dans le tems; il fauci fe la rappeller. Le libellifte veut que ca foit Receveur qui, envoyé en Hollande vers le mois de Juillet ou d'Aoüt 1781, ait décou. vert les imprimeurs du petit roman de Jaquett en ait tiré les noms des auteurs & colporteurs, foit venu en enlever a Bruxelles une; partie, puis de retour k Paris y ait arrêté! le Chevaiier de Launay & Jaquet. II certifiei que le premier a été étranglé k la Baftille; if ignore le fort du fecond; mais le bruit de ü  C285 ) tnort répandu par méprife a donné lieu k 1'anecdote, fujet de la brochure. ün Infpeóteur de la police, nommé Goupil, arrété il y a quelques années pour prévarication dans fon métier & enfermé au donjon de Vincennes, défefpérant d'en fortir s'étoit jetté dans un puits. On attribue cette aventure k Jaquet. Un ami de celui-ci, dépofltaire du manufcrit de fes pamphlets qui avoit toujours menacé de les faire imprimer, fi l'on lui ótoit la vie, crut le moment venu de venger fa mort. II va trouver le Sieur Boijiere, libraire de Londres, imprimeur connu de ces fortes d'ouvrages; cela fit bruit, la Cour de Verfailles s'alarma & défira faire retirer les manufcrits avant qu'ils fuflent imprimés. De • lè la feconde & plus importante mifiion de Receveur, fous lenom du Baron de Livermont. Portrait & hiftoire du Comte du Mouflier; Miniftre Plénipotentiaire a Londres lors da traité entamé par Mr. Gerard de Reynneval. Ils occupent tout le troifieme Paragraphe & ce membre du Corps Diplomatique efl; peint fous les couleurs les plus ignobles & les plus odieufes. Dans le 4<™e. Paragraphe, 1'auteur dn Gazetier CuiraJJé, fur lequel on a jetté les yeux pour en faire un fuppót de Police, eft admis & requ, Un certain Godard, auteur de YEfpion Chinois, de YEfpion Frangois a Londres, & donné a Receveur pour adjoint &  ( 286 ) pour interprête, joue fon róle dans cette burlefque & affreufe cérémonie. Au cinquieme, il eft quedion du New Daily' Advertifer du 27 Mars 1783, oh l'on donne avis de 1'arrivée des efpions frangois, mais en dépayfant le public fur leurcompte. Un Ml'. de la P.,.. . y va plus franchement & répand un pamphiet intitulé ie Tocftn, ou Avis a. toutes perfonnes & furtout aux étrangers que Rtceveur & fa bande font arrivés de Paris pour enlever les auteurs d-.s rrois brochures, les PaJJetems d'Antoinette; les Amours du Vijir V-s.\ les petits foupers de l'hósel de Bouillon. Démarches dü Comte du Mout Jtier & de Receveur auprès de Boiffiere, Libraire de Saint James-Street: ils ne réufisfent pas» On trouve dans le 6^ms, Paragraphe la gradation de la fortune de Receveur, aujourd'hui Chevaiier de Saint Louis, ayant le Brevet de Colonel. Le 7eme. contient les füites des négociations de Receveur, qui n'eurent pas plus de fuccès. II fait conjojntement avec Mr. du Moujtier un plan de police qu'ils préfentent a Milord Shelbume, dont 1'objet étoit de détruire funout la liberté de la preffe.; Excellent Mémoire en réponfe a cette requifition de la Cour de France. Les Paragraphes huit & neuf ne font qu'u-. ne fuite du même fujet, enrichie du récit: des turpitudes de Morande, de Codard &: autres fu balternes.  C 287 ) Des bavardages & un dfner de PhiUdor remphflent le dixieme, peu intéreiPant & affez plat. Enfin au onzieme & dernier arrivé Mr. le Comte d'Jdhémar, Ambaffadeur du Roi a* Londres, qui fentanc la dignité de fa place ne veut pas fe compromettre par de honteufes relations & renvoye toute cette canaille en France. 12 Oclobre 1784- Extrait d'une Lettre de Touloufe du 4 Octobre 1784 (Ja Arrêt du Confeil, fans que Ie bied foitvenu dans les marches au taux fixé par Ia Loi qui eft de livres le feptier, qui n'eft en<£>re qu'a dix , pour défendre i'éxportation, a jugé a propos de le faire. Le Parlement, confervateur des Loix «Sc furtout fait pour veiller aux intéréts & a la police de la Province, a fuppofé que Ia religion du Roi avoit été furprife & en conféquence a défendu qu'oD s'oppofêt k I'éxportation, fous les pemes les plus rigoureufes, jufques k ce que Sa Majefté eüt été iuftruite & fe fik exphquce; en même tems il a écrit au Roi pour lui rendre compte de fa conduite & des motifs de fa réfiftance. Nouvel Arrêt du Confeil plus foudroyant que le premier, qui cafle celui du Parlement. Cette Compagnie a prévu tout & arrêté qu'au cas qu'il arriveroit quelque chofe d'intéreifant relativement k fcn Arrêt, les Chambres feroient affemblées, malgré le tems de Vacatious.  C £88 3 C'eft au 8 que la Séance eft indiquée & nous attendons avec impatience cequ'ordonneront nos Magiftrats. 12 OÏÏobre 1784. Mr, de Beaumarchais n'a pas fortement excité la commifération des fpeétateurs, enforte que la repréfentation de la Cinquantaine n'a pas rendu beaucoup au-delè d'une chambrée complette qui efl: de 5400 livres environ ; celle-cin'a monté qu'a 6200 livres, dont Ie Comte d'Oélrfeul a donné 300 livres. Quoiqu'il en foit, cette repréfentation a valu k 1'auteur 1'épigramme fuivante, d'autant plus cruelle qu'en paroisfant ne porter que fur la morale de la piece, elle rappelle des anecdotes affreufes qu'on lui reproche: Rien de bon ne vient des méchans, Leurs bienfaits font imnginaires: Tel Beaumarchais h nos dépens Fait des chantés meurtrieres; II paye du lait aux enfans Et donne du poifon aux meres. 12 Odtdbre 1784. Les Remontrances du Parlement au fujet du Vicomte de iV&ë, arrêtées les Chambres affemblées le mardi 31 Aofic, établiffent d'abord & circonfcrivent les deux genres d'autorité trés diftinéle qu'exercent les Maréchaux de France; 1'un k la Connétablie oh ils ont un Tribunal, ch Pon voit des gradués, un miniftere public, un greffe, des audiences; & 1'autre chez, leurf  C 289 ) leur Doven, oh ils ne ciennent qu'une alTernb ée oh aucun des carafteres extérieure d un tnbunal ne fe rencontre & auqu cette allemblée qui a jugé, condamné, cité enfuite un des fujets du Roi, pour fubir ce ftruöion6 ^ fa°S CompéteüCe & faDS inLe Parlement, fuivant les erremens de a denonciatjon de M'\ d'Epremefnil, étabh? • i f °nJ« de PaiP.ire, juftifie'l' ccufé cï dan S n,Dd & *M Ia f°rme> & développe Fnnce 3 f"^'* deS Maréchaux de ment & Sn f fage cePenda^ perfonnel- ,ea°re-" do Sieur iW„ „ 1" ta!ent "Mveaii  C 290 ) aanobli Ie rflle du Vinaigrier & 1'a rendu intéreffant d'un bout a 1'autre: Ce Drame efl: marqué au coin de 1'onginalité de tous ceux de IvK Mercier, qui les tire de la foule ordinaire: ils rendent fon thëatre unique: il y regne auffi ce man que de goüt, qui en produit tous les dérauts; tels que des bizarreries, des longueurs, des trivialités, de la morale déplacée: s'il n'eft pas le poëte des gens de la cour & du grand monde, il efl:celui des bonnes mceurs, de 1'honnêteté cc des partifans de la vertu rigide. ... Une qualité précieufe de cette comédie, c'eft qu'elle eft gaie en beaucoup d'endroits; cm'il V a du vrai comique de fitüation &qu elle prête également a celui du jeu des acteurs & furtout du principal. A la fin on a demandé 1'auteur, fuivant ï'ufage: le Sieur Ferigny eft venu & après des applaudiffemens infinis, témoignage du contentement du Parterre, il a annoncé que la piece étoit de Mr. Mercier, abfent depuis quelques années de Paris & réfidant a Lortfanne. On'prétend qu'un conté qui fe trouve dans le Recueil intitulé le^gage touché, a fourni le fonds de la piece. 13 OSkbre 1784. Depuis qu'on a appris la détention de M1'. d'Ëntrecajieaux k Lisbonne, on ne dit pas qu'il foit encore revenu en France. On allure même que fa tranflation'fouffre des difficultés; que la Reiae de  C 291 ) foumette les pleces originales du proces, afin qU elle puifle juger par elle-même, ou faire juger par fon Confeil, fi Paccufé eft dans Ie cas d'etre réclamé. On concoic que cette formalité qui blefle Ia dignité de la Cour de France, doit fouffrir des difficultes & on ne doute pas que la familie du coupable n'agiffe puiffammentpour les rendre interminables. 13 Ociobn 1784. Samedi 9 les Comédiens Jtahens devoient jouer trois pieces: les deux jumeaux de Berframe, les femmes & le feer et, & la Colonie. Jlscomtneccercntparfupprimer la première; a Ia feconde ils fubflituerent la fauffe magie, & pour Ia troifieme ils vinrent annoncer que ce feroit WK Lefcot oui remplaceroit Colombe indifpofée, Le Parterre déja trés mécontent entra dans une ferméptation violente & déclara qu'il ne vouloit point WK Lefcot, qu'il vouloit WK Burette Laéteur qui avoit annoncé, répondit que' celle-ci n'y étoit pas, & fans s'embarrafler des cameurs, Pon cornroenca la Colonie Alors le Parterre furieus fit ut tel bru t Z jamais on ne pflt continuer: on fit entrer des alguafils dans fon iéi„, on cn ^D<™ fieurs & Pon en conduifit fept pe fonn's u corps de garde. Cette rigueur Ew,.  f 292 ) VEpreuve Villageoije défifée. On eft fiché que le Parterre qui s'étoit bien montré jusques-lè, ait eu la lacheté de laiffer jouer avant qu'on lui eüt rendu les camarades enlevés & qui ne furent relachés qu'après le Specftacle, 14 OStobre 1784. On connoït aftuellement fans aucun doute deux des cohcurrens pour la Centénaire de Corneille, outre 1'anofjyme auteur de celle qui a été jouée. L'un eft Mr. Artaud, auteur déja de la Centénaire de Molière, & Pautre Mr. le Chevaiier de Cubieres, qui eft allé a Rouen faire exécuter fon ouvrage. On fait que cette ville eft la patrie de Corneille, ce qui pouvoit y rendre la piece plus intéreffante: auffi paroit- il qu'elle y a eu,du fuccès. 14 Otlobre 1784. Hier treize on devoit jouer aux Frangois la tragédie d'Ürefte de Foltaire; quand le Parquet a vu le Sieur Saint Prix fe préfenter pour faire ce róle, il s'eft écrié qu'il ne vouloit point de cet a&eur, que la Rive eüt a le faire. Saint Prix ne s'eft point déconténancé; il a harangué le public & a dit qu'il rempliffoit cet eraploi, paree que le Sieur la Rive étoit malade, lorfqu'il avoit été queftion de remettre cette tragédie: le Parquet fatisfait de cette explication 1'a laiffé continuer. 14 Oëtobre 1784. En blamant fort 1'auteur du Diable dans un Bénitier, de la licence extréme avec laquelle il injurie & décrie  C 2S3 ) pïufieurs Miniftres anciens ou nouveauté autres gens en place, on ne peut s'empêcher la gafté, de la tournure, du farcafme, & pïufieurs morceau* de fon ouvrase. s'il eft enaerement de lui, font trés b e„ f itf tels que le Mémoire en réponfe a Ia reqü fil non prétendue de la Cour de France I paroit piuS inflruic efes • £ diatribe a plus de fuite & d'enfemble que n en on communément ces fortes de rapfo- urfeJ / D°UrriedebeaucouP de détails curieus:, de fans , d'anecdotes. Malheu. r^fement le peu de vrai qu'elle contient, y .eft etoufféfous un monceau de calomnies! On juge par quelques exemples combien il eft peu exact a vérifier ce qu'il aporendi II appelle Préfident du Parlement rw-n Goeïmm> <*ü n'a jamais été que Confeiller; fi place en Bourgogne la familie te jaquet qui eft en Franche-Comté: il fait «fermer Goupil pour un libelle contre la rnnnnff que perfonne ne connoft; ,1 ne veut pas que cette Pnnceffe & ion man aient fait banqueroute, &c Toutes ces erreurs qu'il étoit aifé d'écfafiC cir, font fufpefter fa véracité a Pégard d'anecdotes plus difficiles a approfondir. C'eft furtout contre Mr. de Fergennes & Mr. k Noir que la pafóon du libellifte fe manifefte d'une maniere fi effrénée & fi abfurde, qu'il ne conferve aucune vraifemN 3  C 294 ) blance dans fes récits & dans fes afiertions. Mr. de Sartines, M1'. le Maréchal de Cajlries, M1'. Amelot ne font pas mieux traités. 15 Ocïobre 17H4. Le Tabac, objet de luxe dans fon principe, fut apporté en France en 1560. II eft devenu par 1'habïtude une efpece de befoin de première néceffité, pour le plus grand nombre des citoyens. Cette plante commenga a fixer 1'atten-. don du gouvernement fous Louis XIII en It526; mais en payant les droits auxquels elle étoit affujettie par le tarif, on pouvoit en faire le commerce librement. Une Loi qui intervint au mois 'de Septembre 1674, interdit ce commerce aux particuliers & en réferva au Roi la vente exclufive. Cette Loi rigoureufe innige la peine des galeres iaux malheureux furpris en contravention, qui ne péuvent payer une amende de 1000 livres: les femmes font condamnées au fouet. Cette denrée forme aujourd'hui une branche confidérable des revenus de 1'Etat. La Ferme du Tabac fut, en 1680, réunie aux autres Fermes du Roi, & comprife dans le Bail qui en fut paiTé a Claude Boutet; ce fut durant ce bail que Louis XIV fit, par fon Ordonnance des Fermes du 22 Juillet 1681, un Réglement fur le Tabac. Depuis longtems les Fermiers généraux1 ne débicoient en France que du Tabac de: Virginie; c'eft le meilleur. 11 y avoit k  C } cet effet un Traité avec PAngleterre, qui nous Ie fourm'ffoit en tems de guerre3 comme en tems de paix. Depuis Ia révolucion de 1'Amérique ce Traité a été annullé; ies Américaios eux-mêmes occupés de la guerre dont ie théatre étoit fpécialement dans cette province, n'ont pu y fuppléer & malgré la paix ce pays e li encore trop dévafté pour fubveBir 1 nos befoins. Le Maryland qui produit du Tabac inférieur, a-partagé notre approvifionncment avec la Virginie. On a eu recours a des mixtions pour 1'améliorer; de-M des réfultats fouvent funeftes & les plaintes arrivées dans les différess tems dont on a parlé. Celles de Bretagne font trés férieufes, elles ont néceffité une Ordonnance de Police du n Septembre dernier, «Sc un Arrêt du Parlement en Vacation Ie ij du même mois, objet de la caffation annoccée. 15 Oclobre 1784. Extrait d'une Lettre de Rouen du 12 Octobre C'eft le prerrfier Oétobre qu'on a exécuté ici Ia Centênaire du Chevaiier de Cubieres en Phon» neur de Corneille, notre compatriote. Jl y a peu d'action; elle confifte en trois Mufes , Melpomene , Thalie & Polymnie , qui, conduites par Apollon, pofent chacune une couronne fur Ja tête de ce grand poëte. L'intermede eft terminé par des coupiets que chaque perfonnage chante a fon tour. On fiagorne ici comme ailleurs le Parterre, N 4  ( 296 ) qui n'y eft pas moins fenfible; il a fait répéter en conféquence le couplet fuivant, dans la bouche é'Apollon lui-même: Trois divinités du Parnaffe Pour 1'homraage le plus brillatit Viennent a Penvi fiir ma tracé De récompenfer le talent: C'eft peu d'avoir un diadême, Ces trois couronnes fur le front: J'en réclame une quatrieme Que vos fuffrages donneront. On a trouvé du refte la piece bien écrite; on en jugera mieux h la leéture, car elle n'eft point encore imprimée. L'autcur étoit b. la première repréfentation, il a été demandé vivement & a pïufieurs reprite** mais il n'a point daigné fe montrer. II eft parti de cette ville après la quatrieme j lorsque fon fuccès a été bien confiaté. 16 OSlobre 1784. C'eft ordinairement vers ce tems-ci, c'eft- a-dire vers la fin de 1'annéë, que la cupidité des folliculaires s'évertue & qu'ils imaginent des titres bizarres pour exciter la curiofité des amateurs. C'eft ainfi qu'il s'annonce en ce moment un nouveau journal fous le titre de Calypfo, ou les Babillards, par une fociété de gens du monde & gens de lettres. D'après le Prospectus raifonné de cet ouvrage, d'un genre abfolument rare, il fera tout è la fois politique, moral, litteraire, férieux, comi/ cue:  (ml que: il traitera h fond du commerce; 11 n'aura nul rapport avec tous les journanx connus& il fera rédigé par na Club, dont les divers membres connoiffent toutes les langues de l'Europe. 17 Otïobre 1784. Ce qui fe paffe au 4»ne. paragraphe du Diable dans un Bénitier eft le fujet de 1'Ëftampe relative a ce titre allégorique. On y voit le Plém'porentiaire de France aflis dans un fauteuil, préfidanc a la cérémonie de 1'iniu'ation de 1'auteur du Gazetier Cuirajjé aux myfteres de la police. II s'aguenouille & fait fon abjuration entre fes mains. II prête le ferment de trahifon, d'efpionnage & donne fa foi de Bohème. Receveur le montre a Godard & a fes autres fuppóts, comme leur digne camarade. Ou apporte en conféquence le collier de 1'ordre: une roue fufpendue i'une corde dechanvre de fix lignes de diametre; une croix de Saint André, fur laquelle un malheureux femble pret h expirer; une croix de Saint. Louis attachée a une chaine; deux bagues en forme de menottes; tels font les attributs de 1'Ordre dont Receveur eft Grand • maitre. II lui applique & Pinftant fur la nuque un grand coup de pincette; Godara lui paffe la corde au cou; un autre lui met les menortes &c. Ces dernieres circonftances ne font qu'indiquées dans 1'explication. Le refte de PEftampe eft parfemé de pamphlets dont on lit les titres.....  ( 208 ) " Tout cela donne parfaitement rexplication du titre le Diable dans un Unitier; c'eft le S\euvMorande, auteur de libelles, forcé au filence par cette agrégation & même a la pourfuite de fes confrères. I7 Oclobre 1784, On continue a s entretenir de Mlle. Dozon, plus, étonnante a mefure qu'on entre dans les détails de fon éducation. Ce n'eft que vers le milieu du mois de Juin dernier que, préparée & difpolée par le Sieur Uïs, qui le premier a-connu les difpofitions de ce rare fujet, elle a été préfentée a 1'école du chant; & l'on va voir avec quel foin on y travailleles éleves, &la foule de maitres qu'on y trouve. Le Sieur Deshayes lui donnoit des lecons de danfe. Le Sieur Donnadieu, fameux maitre darmes, formoit fon corps a des mouvemens plus libres, plus faciles, plus aflortis h la fcene. Le Sieur Molè lui enfeignoit les principes de la déclamation & de 1'aftion théatrale. Les Sieurs la Sttze & Pillot enfin lui déyoiloient 1'art d'affocier le chant a 1'acftion théatrale. Le merveilleux, fans doute, c'eft qu'en auffi peu de tems Mllc. Dozon ait fu profiter de ces différentes lecons, fans les confondre & faire des progrès dans chaque genre, " 18 Oclobre 1784. Extrait d'une Lettre de Rennes du 10 Oélobre, Nos nes  C 2QP ) font è ïa veille de jefmer & un Arrêt dii CoDfeil veut abfolument qu'ils trouvent bon du tabac qui efl déteflable & funefle. II prétend que Ie Parlement qui n'a pas le' nez fi fin que Ia Cour, ne doit pas s'y connoitre. C'eft ainfi qu'on a cafTé 1'Arrêt de notre Chambre des Vacations, confirmant une Ordonnance de Police concernant Ia diftri. bution du tabac pour toute la province & qui en joint aux Juges de faire des defcentes dans les entrepóts, magafins & manufadtures de tabac. Sur les Procés-verbaux d,u tabac faifi, il a été conflaté que c'eft une pmjjè compa£ïe, femblahle d des morceaux de terre glaife qu'on Ure d'une carrière, fufceptible de fe paltrir entre les doigts; tant le tabac dont elle efl formêe, a été mouülê par l'eau falée ou l'eau de mr if l'apprêt, [f'preffé dans desbarïls, ayant une cdetm wfgfe 6? defagréable, produüe par la fcrr.ientation. De pareils abus n'auroient point lieu fi le tabac étoit envoyé en carottes; mais 1'adju. dicaraire général n'y trouveroit pas un fi grarid prcfit: le tabac en carottes n'eft pas fufceptible d'une auffi grande quantité d'eau que celui débité en poudre, qui provient le plus ordinairement des faifies faites fur les fraudeurs. C'eft un M1'. de Saint Hilaire, fermier» général de tournée", jé crois, qui a porté Ie ÏN 6  C 3°° ) feu dans cette affaire. Au lieu de fe conri« lier avec les Magiftrats pour examiner d'oh venoit Pabus, comme avoit fait en 1782 k Aix & k Grenoble, fon confrère Augeard, qui avoit eu cette mifïion, il a mis en jeu 3'autorité miniftérielle & provoqué 1'Arrêt du Confeil de caffation, auffi abfurde que ridicule. 19 Ottobre 1784. Dans la feuille du 24 Septembre les journaliftes de Paris s'ex'priment ainü au fujet de la courfe de MtS. Robert'. „ Nous donnerons, fous peu de „ jours, le détail du plus beau voyage aërien qui ait encore eu lieu jufques k préfent, V- & que les obfervations des voyageurs ^' doivent rendre le plus intéreffant". Depuis ce temsil n'a rien paru fur cet objet; il u'a nulle part été queftion des freres Robert, on ne les a vus en aucun endroit. Le Marquis de Ghiftelles, frere du Prince de Ghiftelles, chez lequel ils font defcendus & dont ils ont été fi bien accueillis, a Paris depuis quelques jours eft allé pour les voir; il n'a pu y parvenir: il leur a écrit, ils ne lui ont point répondu. D'après ces circonftances, on craint qu ils ne foient devenus fois comme M1. Charles & qu'on ne foit occupé k les traiter. 19 OBobre 1784. Les Sieurs Albqn & Vallet, Dire&eurs de la manufaclure du gaz irjfiammEble établie k Jayel, qui ont perfecticnné Part de le formt-r & de rerophr leg  c 301 y aëroftats, de quelque grandeur qu'ils foïcnt; dans tel délai qu'on peutdéfirer, ont auffi fait leur fpéculation de bénéfice fur la nouvelle découverte & ce fera vraifemblable. ment la plus utile. Ils onc conftruit une machine aëroftatique fous les aufpices dü Comte d'/lrtois, dont, avec la permiffion'de Son AltelTe Royale, elle porte le nom, les armes & la livrée, & ils font encouragés par la bienveillance du Baron deBreteuü & de Mr. de Calonne. Cet aëroflat eft une Charlotte ou Ruberline de 38 pieds de diametre; on y a adapté une gon. dole en ofier folidement étabüe. Elle contiendra quatre perfonnes, indépendamment de deux conducteurs, qui feront 1'un a la proue , 1'autre a la poupe. Deux cordes attachées k 1'équateur du ballon recouvert d'un filet, retenues & guidées k terre, mettront les voyageurs dans le cas de n'aller qu'a la hauteur oh ils voudront, de s'étendre, de defcendre & de remonter a volonté. Cet aëroftat fera fous une remife couverte, toujours prét a partir au gvé de ceux qui fe préfenteront. Ce joujou, efpece d.e roue de fortune pour ceux qui ne chercheront qu'a s'amufer, fera un obfervatoire ambulant pour les'favans, les géographes, les deffinateurs, les phyficiens, les eftronomes, qui defireront faire des expériences ou des découvertes. Du refte, ces artiftes fe flattent que les N 7  C 302 ) ■ cordes mêmes feront bientót inutiles; ils difent avoir trouvé une manoeuvre dont ils ont fait 1'expérience fur un bateau, avec laquelle on aura un moyen d'aller en avant & en arriere, de monter & de defcendre fans perdre de gaz. 19 Ocïobre 1784. On confirme que le Roi achete Saint Clou pour la Reine, qui commence a fe dégouter. du petit Trianon. On en fixe toujours le premier achat a fix millions & l'on y ajoute deux eens mille francs d'épingles pour Madame la Ducheffe de Chartres. Par une bizarrerie fort finguliere, cette maifon royale n'eft qu'une maifon de plaifance fous la direfte & feigneurie de PArchevêque de Paris, appellé Duc de Saint Clou. On parle de transférer cette Duché. pairie laïque fur Confians, maifon de campagne de ce Prélat. '20 Oftohre 1784. Le public s'empreflë de voir & d'acheter aujourd'hui une efiampe nouvelle, repréfentant un monftre, dont voici Phiftoire. „ Ce monftre a été trouvé au Royaume „ de Santa-Fé, au Pérou, dans la Province „ du Chily, dans le Lac de Fagna, qui eft s, dans les terres de Profper - vofton: il en „ fortoit la nuit pour dévorer les cochons, „ les vaches & les taureaux des environs. „ Sa longueur eft de onze pieds; la face 3i eft a peu prés celle d'un homme; la bou-  C 303 ) „ che eft auffi large que la face: elle efl garnie de dents de deus: pouces de lon„ gueur. II a deux cornes de 24 pouces „ de long, qui reffemblent acellesd'un tau„ reau: les cheveux pendentjufquesaterre; „ les oreilles ont quatre pouces & font „ femblables a celles d'un éne. II a deux „ afles, comme celles de chauve- fourisles cuiffes & les jambes ont 25 pouces: „ ü a deux queues, 1'une trés flexibie,' „ dont il fe fert pour faifir fa proie; 1'autre 3, qui fe termine en fieche, lui fert a tuer: tout fon corps efl couvert d'écailles. Ce „ monftre a été pris par ure quantitéd'hommes qui lui avoient tendu des pieges dans ,, lefquels il tomba: il fut environné de filets & conduit vivant au Vice-Roi, qui „ parvint a le nourrir avec un bceuf, vache „ ou taureau par jour, qu'on lui donna „ avec trois ou quatre cochons, dont on „ dit qu'il efl friand, Le Vice-Roi a déja „ envoyé des ordres fur toute la route par terre^ pour qu'on ait 1'attention de pour„ voir au befoin de ce précieux monftre, „ en le faifant marcher par étape jufques au ,, goiphe de Hondouras, oh il feraembarqué 3, pour la Havane, de-Ja aux Bermudes, 5, de. la aux Agores: en trois femaines il ,, débarquera k Cadix, d'ofj on 1'amenera petit a petit k Ia familie royale. Ou ,, compte prendre la femelle pour en perpéM tuer 1'efpeceen Europe: elle paroit être  c 3°4 ) s celle des Harpies, qu'on avoit regardée jufques ie! comme un animal fabuleux." : 20 OcJobre ï 784. Extrait d'une Lettre de Bordeaux du 16 Oétobre Ilferépand ici la copie d'une Lettre adreffée aux habitans de cette ville par !e Pere Serviër,, Bibliothécaire des grands Auguftins a Pari*. Elle eft datée de Bordeaux le30 Septembre, chez Madame la Préfidente de Fertamont. A Pen croire, venu pour prêchér PEvangile dans cette capitale, on pa forcé d'être médecin en faifant valoir la fublime découverte du Magnétifme animal. II a eu les fuccès les plus heureux. De ■ la des honneurs & des perfécutions infinis: il s'attendoit' a ces dernieres. Les bienféances de fon état ont obligé ce thaumaturge d'écarter la foule qui fe précipitoit fur fes pas avec trop d'impétuoüté & de n'opérer fes merveilles qu'a la campagne. Dès que le Pere Hervier a fu que des Dofteurs inftruits par fon Maltre Mefmer pouvoient le remplacer & fonder une école a Bordeaux, il a fongé a fe retirer & k reprendre les foncfions de fon état. Sur les follicitations de perfonnes diflinguées, il a cependant été obligé de les accompagner aux eaux de Bagnieres; mais il fonge trés férieufement k retoumer dans fa folitude & fans retour. De tous les reproches qu'on Iuf a fait» dans les lettres^ anonymes, libelle» & chas-  ( 305 ) fons, if n'eft Tenfible qu'il un: c'eft le feuï qu'il veut refuter. On 1'accufe d'avoir fait une fortune immenfe. I! a prefque toujours refufé un'fataire honnête, & 11 quelqu'un regrette fon argent, il eft prêt h le lui rendre. 11 n'a même accepté de rétribution que pour roulcr plus promptementencaroffe au fecours des maiades & fubveniraux befoins des pauvres. II leur donnera tout ce qui lui refte, ü l'on ne réclame dans lahuitaine. Ilrerjtrera dans fon cloitrefes mainspures& nettes. Tels font les adieux que nous fait ce doublé charlatan 2i Oftobre 1784. Les Etats de Provence ont remis h Mr Ie Bailly de Suffren la médaille qu'ils lui avoient décernée. On y voit d'un cóté fon portrait avec ces Tnots: Pierre- André de Suffren Saint - Tropcs, Chevaiier des Ordres du Roi, Grand' Croix de 1'Ordre de Saint Jean de jférufalem, Vice-Amiral de France. Au revers, une couronne de lauriers fer* mée, avec les armes de la Province, contenant cette infcription: Le Cap protégé; Trinquemale pris; Goudelour délivré; L'Inde défendue; Six combats glorieux. Les Etats de Provence Ont décerné Cette Médaille. M. D. CC. LXX^IV.  ( 3°S ) 21 Octobre 1784. Les Pointes élevées dans différentes Provinces du Royaume fur les qualités des tabacs pulvérifés dans les manufaclures, ont été fi violentes qu'il a été décidé d'y rétnédier & fans défendre a Padjudicataire des fermes de continuer d'approvifionner de tabacs rapés & préparés dans les manufattures les différens bureaux & débitans par lui établis & commis, d'y met. tre pïufieurs conditions. 10. De veiller avec le plus grand foin a ce que les tabacs choifis de la meilleure qualité regoivent dans les manufaéturês toutes les préparations néceflaires, pour qu'ils puiflent être vendus au public par les j débitans, fans mélange ni add'tion quelconque, 20. De multiplier fes atteliers de rapage autant qu'il fera néceiTaire, & de maniere que ies tranfports ne'fe fafient jamais è plus de trente lieues de diflance; comme auffi d'apporter le plus grand foin dans le choix de fes prépofés. 30. De tenir tous les entrepöts fuffifani" ment approvifionnés de tabac en carotte de la meilleure qualité, pour que les confommateurs qui voudroient en acheter & le faire raper chez eux, puiffent fe fatisfaire a cet égard & aient la liberté du choix. Tel eft Pobjet d'un Arrêt du Confeil qu'on annonce. 22 Oftobre 1784. Depuis pïufieurs années  C 307 ) on parloit d'un opéra comique h grande prétention, que Meffieurs Sedaine & Cretry devoient faire jouer fur Ie théatre italien, ayant pour titre Richard Cceur de Lion: enfin cet ouvrage tant attendu efl parvenu è Ton dégré de maturité cc a été exécuté hier fous la défignation d'une comédie en trois adïés, en profe, mélée d'ariettes. C'eft le pendant dVJucaffin cc Nicolette; en voici le fujet. Richard Cceur de Lion, Roi d'Aügleterre, revenu vainqueur des Sarrafins en 1192, & faifant alors la guerre au Duc d'Autriche, s'engagea imprudemment dans un voyage d'Allemagne; malgré la précaution qu'il avoit prife de fe traveftir, il futreconnu & arrêté par fon ennemi qui le fitenfermer. Sadétention refla ignorée de toute PAngleterre. Le Royaume étoit dans Ia plus grande co'nfternation, lorfque Biondel, pcëte Francois & ami de Richard, entreprit de retrouver ce Roi malheureux. Ce jongleur employé toutes les reffources de fon efprit & de fon talent pour gagner ceux qui peuvent lui donner" quelques renfeignemens fur l-'objet de fes recherches, ou de le fervir dans fes projets cc parvient enfin è. réuffir. Les deux premiers Aétes ont été fort ap» plaudis; ils font remplis d'intérêt: le troifieme eft plus que médiocre cc le dénouement furtout ne répond pas a 1'intrigue. Q^uand cet ouvrage aura fubi les changemens qu'il mérite, on en pariera plus au long.  C 308 ) Le Sieur Philippe qui fait le róle du Rol Richard, dès qu'il a paru fur la fcene n'a pu déployer fon' organe ordinaire h caufe d'un enrouement qui lui eft furvenu tout a coup. Le Parterre comnlencoit atémoigner fon mécontentement & a le huer, lorfque cet acteur a pris le parti de leharanguer, de lui rendre compte de fon accident, de protefter de fa bonne volonté & de réclamer fon indulgence: malgré fon organe rauque il a été applaudi è tout rompre, durant le v refte du fpe&acle. Cet accident a privé le public d'un air fuperbe, qui eft, dit-on, trés bien chanté par cet auteur. 22 Ctöo&re 1784. II ya plus d'un mois qu'on n'entendoit plus parler du Sr. Blanchard, qui fe propofoit de paffer la mer pour venir en France au plus tard versie 20Septembre. Depuis ce tems il s'eft rav'ifé & voici Pannonce de Londres du 12 Oclobre.. ... „ Samedi prochain 16 du courant, le Sieur „ Blanchard, accompagné de 1VP. Sheldon, „ Démonftrateur d'anatomie, doit s'élever ,, dans fon bateau volant, .auquel il*a adapté „ des ailes faites fur' un nouveau principe; „ fes obfervations I'ayant mis a portée dé perfeétionner les moyens de direétion „ qu'il a imaginés. Le Sieur Blanchard fe „ propofe, fi le vent n'eft pas trop fort, „ de faire des évolutions fur la ville de „ Londres, avant de s'en éioigner." Les places font fixées a Londres a une  C 300 ) demi - guinée pour les chambres de I'hótel d'oh il partira, & a cinq fcheüns pour la cour; ce qui fait environ 12 livres & 6 livres de notre monnoye: on voit que JMesfieurs les Anglois font magnifiques en tout. 23000^1784. Extraic d'une Lettre de* Verfailles du 20 Oétobre.... . Rien n'eft plus vrai: M>. Bourdon, premier Lieutenant des gardes de la porte, a été fait depuis peu Chevaiier de Saint Louis, & c'eft lepremier officier du corps qui ait eu cet honneur depuis qu'on 1'a inftitué fur un pied militaïre. Auffi a -1 • il fóté cette cérémonie avec beaucoup d'éclat & invité a un repas d'apparat tous les Chevalkrs de Saint Louis de fon efpece, qui fe font trouvés dans cette * ville. On affure qu'il y en avoit jufques a foixante. 23 OSlobre 1784. Quoique l'on affure que des officiers francois venant de la Havane difent avoir vu le monftre annoncé & .qu'on ajoute qu'on le croit déja arrivé en Efpagne, fon exiftcnce n'eft rien moins que conftatée, & il eft plus certain encore que les papiers Efpagnols n'en font aucune mention. Auffi n'a-t-on rapporté la relation de ce mcnare, relation péchant également contre la géographie, la phyfique & le bon fens, que pour faire voir a quel point on fe joue de la crédulité publique, a quel point 1'homme eft ami du merveilleux & s'en laiffe ïmpofer par les romans les plus abfurde's.  C 3!o ) Au refte, les gravures de ce monftre font muitipliées a 1'infiöi dans cette capitale; on k voit partout, il y en a d'enluminées, de fort bien faites & de trés cheres. 23 OEtohre 1784- Mr. Campmas qui avoit annoncé fon expérience aëroilatique pour le ao environ de ce mois, apprenant que le public commencoit a s'impatienter, le raffure par une lettre inférée au Journal de Paris, oh il dit qu'il 'ne recule que pour mieux fauter; qu'il a 40 ouvriers travaillant jour» nellement & il donne le détail des occupations du plus grand nombre: rien de plus plaifant que cette defcription, qui a toute 1'emphafe d'une gafconnade. 24 OFlobre 1784. Depuis longtems on annoncoit un fpectacle qui devoit s'établir au Palais Royal, il a eu lieu hier pour la première fois. La troupe s'indtule les Petits Comédiens de Son Alté'ffe Séréniffime Monfcigneur le Comte de Beaujolois, Ils ont joué trois pieces, Momus Directeur de SpeElacle, Prologue avec fes agrémens; il y a commencement d tout, Proverbe en un Acte, mêlé Qc Vaudevilles, & la Fuble de Promethée, mife en action, ornée de chant & de danfe. Les deux premières ont paru dëteftabies, la derniere a eu le plus grand fuccès. 25 OSlobre 1784. Lettre du Pere Her vier a'ix Bordelois : Meffieurs, je fuis venu prëcher PEvangile au milieu de vous. La fublime découverte du Magnétifme animal  C 3ii ) m'a procuré le bonheur de vous être utile dans un autre genre. Je voulois me borner è Ia prédication; vous m'avez forcé a devenir votre médécin. Les fuccès les plus heureux ont encouragé mon zele Sc augmenté vos défirs. Seul poffelTeur dans votre ville du fecret de la Nature, le plus important pourl'numanité, j'ai été tout a la fois 1'objet des plus glorieux empreffemens Sc des plus noires perfécutions. Je m'y attendois; & une fois ma détermination prife de guérir publiquement vos maiades, je me fuis affermi contre les féduclions de la flatterie Sc les terreurs de la contradiclion. L'évidence des vérités dont je fuis le dépofitaire, a fortifiéma confiance Sc nourri mon intrépidité. Les bienféances de mon état m'ont engagé dans la fuite a m'éloigner de la foule qui fe précipitoit fur mes pas avec erop d'impétuofité. Je me fuis retiré a la campagne, pour céder a des impreffions refpedables'. je n'ai reparu de tems en tems que pour donner les plus preffans fecours a des maiades dont je m'étoit chargé. Dès que j'ai fu que des médecins inflruits par le Dodteur Mefmer pouvoient me remplacer,' j'ai voulu abandonner la médecine de la nature, pour reprendre les fonftions de mon état. Des perfonnesdiftinguées, que j'avois eu le bonheur de retirer des portes  ( 312 ) de la mort, ont déüré que Je les accompagnaffe aux eaux de Bagnierés; je n'ai pu me refufer a leurs vceux. Mainfenant qu'une nouvelle ecole de phyfique & de médecine eft établie dans votre ville, content d'y avoir contribué, je vais rentrer dans la folitude, d'oii le bien de Phumanité m'a fait fortir pour un tems. je voudrois y retourner avec la douce fans* faction, non feulement de vous avoir été utile, mais, s'il étoit poffible, agréable tl tous. r Si quelqu'un .croit avoir des raifons de ie plaindre de moi, je fuis prêt a lui faire juftice & a lui prouver les nobles fentimens qu'il exigera. Je n'ai pu répondre a tous les honneurs dont vous m'avez comblé; je fuis affuré de votre indulgence, fi vous faites attention aux circonftances fingulieres qui m'or.t environné. Je n'ai pas eté le maitre de fuivre le penchant de mon cceur. De tous les reproches qu'on m'a faits dans les lettres anonymes, libelles, chanfons, je n'en connois qu'un qui exige une réponfe. La foif de 1'or deshonore un Prêtre. La Médecine efl un facerdoce , qui demande prefqu'autant de défmtérelTemeot que celui des autels.» ün m'accufe d'avoir fait une fortune immenfe en 1'exerqant dans votre viile. Je puis, comme Saint Paul, vous prendre tous a. témoins que j'ai refufé de la plupart un falaire honnête; & fi quelqu'un regrette  C 313 3 Tégfëtté Ia reconnoiffance dont il m'a honöré, je fuis difpofé a lui rendre le'prix qu'il a daigné mettre a mes foins. Je n'ai accepté de récompenfe que pour être en état de multiplier mes fecours, en me faifant tranfporter plus promptement chez mes maiades, & pour fournir aux befoins de ceux qui manquoient du néceiTaire. Le peu qui me refte, fervira h cet ufage, fi l'on ne Ie réclamé pas dans' Ia huitaine. Je rentrerai dans mon cloitre les mains pures & nettes, avec la fadsfaélion de vous avoir fait tout le bien qui étoit en mon pouvoir. J'ai 1'honneur d'être avec Ie plus profond refpeét, Mesfieurs, &c, 25 Octobre 1784. II paroit/que le Confeil a eu peur en effet de la fermentation occafionnée en Bretagne par le mauvais tabac rapé; en conféquence, de concert fans doutè avec les Fermiers généraux, il a été rendu le 16 un Arrêt concernant la vente & le débit du tabac, qui impofe en effet les reftriétions annoncées. On commence par excufer les Fermiers généraux, par Iouer même leur zele d'avoir cherché h prévenir les fraudes des diftribu. teurs de la denree qui, pour augmenter leurs bénéfices, y mêloient des corps étrangers, fouvent d'une efpece nuifibleala fa.nté des confommateurs, en prenant le parti de ramener la main- d'ceuvre du rapage ou du raoulinage aux manufaétures étabfies k cet Tems XXVI. ü  ( 3H ) effet; d'ou il réfultoit même une économie intéreffante pour les eonfommateurs moiDS aifés, qui ne fupporteroient point les frais de la revente. Cependant on ne peut s'empêcher de convenir que le changement opéré dans la préparation des tabacs deltinés a la confommation journaliere n'a pas produit tout 1'effet qu'on en devoit attendre; mais par une tournure fort iinguliere, onattribue a descabales des débitans mêmes efpérantde faireabandonner un nouveau régime li contraire k leurs intéréts j les plaintes appuyées de motifs affez fpécieux pour déterminer les Cours desAides des Provinces, oh elles fe font élevées, a les approfondir Sfa ordonner a cet effet de3 vifitcs & des vérifications. On fe plaiut que ces vifites & vérifications, profcrites par un grand nombre d'Arj-êts du Confeil, aient 1'inconvénient d'infpirer de 1'inquiétude aux eonfommateurs, & de fufpendre les ventes au préjudice d'une portion trés intéreifante des revenus de Sa Majefté. Enfin Pon avoue que ces plaintes étoient fondées, que des parties de tabac en poudre étoient avariées, foit par la négligence de la manipulation, foit par un tranfport trop éloigné, C'eft pour y remédier qu'on a pris les'précautions annoncées, & laiffe le choix du rebac rapé ou en carotte aux conforamateurs.  c 3ïj-; * «<5 Oftobre 17S4. Le Roi a fait eenre par Mr, le Baron de Breteuü une Lettre circulaire a tous ies Evêques réfidans aétuellement h Paris , qui leur enjoint de fe retirer, chacuns, dans leur diocefe & de s'y tenir. Sa Majefté ajoute qup s'ils ont dee affaires qui les obligent de venirici, Eile entend qu'üs lui en rendent compte avant Sc Elle jugera fi leur préfence y efl effectivement nécefTaire. Cette Lettre écrite déja depuis pïufieurs jours a fort fcandaiifé NoJJeigneurs. Ils ne conteftent point au Roi le droit de police fur eux^ mais ils trouvent qu'on n'a pas fuivi le protocole de ces fortes d'ordres Sc qu'on les traite bien lêfteraent. En conféquence ils n'ont point encore obtempéré Sc ils attendent une explication ultérieure. 26 (Jcti'bre 1784. L'ouverture de la Salie du fpeciacle des comédiens de bois de Ml". le Comte de Beaujolois, s'eft fake prefque avec autant d'affluence que celles de co« médies italienne & francoife. Cette Salie eft charmante, mais petite. II y a vingt. deux banquettes dans leparquec, deux rangs de onze loges chacun, quelques loges grilléés & des intervalles pour des fpectateurs debout; enforte qu'elle peut contenir en viroa 800 perfoones. L'orcheftre des muficiens eft fpacieux Sc le théatre d'une étendue convenable, même pour le jeu des machines d'opéra. O 2  C 31G > De plein pied au parquet font deux chauffoirs, dont 1'un en galerie & 1'autre en fallon quarré; ils font décorés avec autant de goüt que de nobleffe, & meublés trés élégamment. L'orcheflre efl: excellent; les marionettes font bien faites & ont affez de vérité, fauf ces vilains fils d'archal qui les font mouvoir par en haut, dont le fpectateur voit chaque différent mouvement & qui ótent toute ritlufion. II paroit que les Directeurs de ce Speétacle n'ont point encore eu la précaution de s'attacher aucun poëte, enfortè que les deux premières pieces font d'une platitude rare & fans la plus légere teinture du théatre. On ne fait oh ils ont pris Ie petit opéra de Promeikée; mais, outre que le fond en eft bien entendu, la verfification réguliere, noble & harmonieufe, 1'exécution a paru furprenante; des décorations frafches, des changemens rapides & multipliés, des vols, des defcentes de dieux, des nuages, des tonnerres, en un mot tout ce qui diftingue le théêtre lyrique, s'y retrouve prefque avec la même perfeclion; même des voix mélodieufes. Q_uant aux Ballets, ils font defïïcés par de petits enfans des deux fexes, qui ■ ont encore befoin d'étude & de pratique. Les deux premières pieces avoient été fi mal regues, tellement fifflées & huées, que les directeurs & les acteurs étoient déconcertés  C 31? ) & qu'il a fallu quelque chofe d'auffi excellent pour calmer la fermentatisn & excitcr les applaudiffemens: ce qui prouve cependant combien les Directeurs font dénués de fecours, c'eft que rnalgré la réprobation générale, ils ont été obligés de jouer encore avant - hier & hier le Prologue &4e Proverke, fans pouvoir y fubftituer rien de mieux. 26 OSlobre 1784. On a cité dans Ie tems' 1'infcripdon latine de 1'abb'é Bofcovitz pour la pompe h feu de Meffieurs Perrier; on en a rapporté depuis Ia traduéfcion en vers frangois par Mr. Guidi. C'efl: un fujet fur lequel les amateurs s'exercent k 1'envi. M1'. Trochereau de la Eerlisre, ancien Commiffaire de Ia Marine, des Académies de Rouen & d'Orléans, s'eft auffi évertuéj il a réduit en un feul vers le diftique de 1'abbé Bofcovitz. Sequana, Vulcanusque novo dantfcedare lymphas. Un autre amateur a cru lui donner plus de jufteffe, de précifion & de vivacité par le pentametre fuivant: - Fmdere dant Lymphas ignis & tmda novo. 27 OSlobre 1784. Depuis longtems on a vaguement annoncé Ia formation de la nouvelle Société Philantropique, mais elle s'eft toujours jufques a préfent tenue & cachéc dans les ornbres du rnyüere; elks fe diffi~ O 3  C 318 ) pent avec le tems & voici ce qulon en fait de plus pofitif. / Elle doit fon origine h fept citoycnszélés, qui bientót en enrólerent d'autres; elle s'eft élevée fucceffivement jufques au nombre de vingt & elle le paffoit au commencemeut de cette année. La Société nomme annuellement unPréfident, deux Vice-Préfidens, un Secrétaire & un Tréforier. Cette année c'eft Mr- le Duc de Charojï, qui occupe la première place. En outre on choifit chaque année un Comité de quelques membres; il a pour objet de recevoir les demandes, d'examiner les befoins, de préparer les fecours a certain nombre d'odlogénaires, d'enfans aveugles-nés & de pauvres femmes en couche. Du refte, ces Meffieurs prétendent que par une merveille rafe, Punion ia plusparfaite exclut de la fociété tout efprit dedomination & de prépondérance. Le nombre des malheureux fecourus par la Société fe montera pour Pannée prochaine a 24 odlogénaires, au lieu de douze ; celui des aveugles-nés eft de douze, & elle commencera en 1785'a fournir une fomme de 48 livres & vinst-cinq femmes de pauvres ouvriers enceintes, qui auront les conditions 1 requifes. 27 OSlobre 1784. Tout ce qui tient au Sr. de Beaumarchais eft, ce femble, fait pour exciter du bruit & du fcandale. On a déja  C 319 j ïendu compte comment la comédie frarï» coife s'oppofac a ce que ia comédie italienns jouat fon Barbier de Seville, mis en mufique, comment M1'. Framery, parodifte de la mufique de IVF. Paëfiello efi en différend avec M1. Moline, autre parodifte. Aujourd'hui c'eft un M'\ Wenéch qui réclame la propriété de 1'ouvrage, en qualité de fubftituc du muficien oruinal, revêtu d'un Privilege du Roi au nom de Mr. Paëfiello au fien & en ayant déja fait copier les róles & les parties pour 1'opéra de Paris. En forte que le théatre lyrique femble auffi avoir des précentions a 1'ouvrage & vouloit le jouer a I'exclufion du théatre itaüen. 27 Octobre 1784. Après 34 ans Mr. Marmontd s'eft avifé de rajeunir la tragédie de Cléopdtre & de la ramener fur la fcene trés améhorée: la première repréfentation étoit déja annoncée fur l'affiche pour le famedi i<5 de ce mois: on devoit l'estécurer avant a Verfailles & effaver Ie gnür de la cour; on 'gnure quel obftacle eft furvenu; 'mais 1'ouvrage eft renvoyé loin, car 1'annonce a difparu totalement. 28 Odnbre 1784. Kxtrait d'une f ettre de Saint Germaio en I aye du 19 Oétobre.... Mr. le Maréchal Duc de Mailles, notre Gouverneur, qui tenoit autrefois ici Ie plus grand état, qui aimoic beaucoup les Dames de notre ville, leur donnoit des fpcélacles, des bals, des fêtes de toute efpece, vit au- O 4  ( 32° ) jourd'hui comme le particulier le plus modefte. II s'occupe uniquement de fon jardin a 1'angloife, pour lequel le..R oi, outre la première conceffion trés confidérable qu'il lui a faite dans ia forêt de Saint Germain, limitrophe de fon terrein, vient d'en accorder encore une momdre, mais de pïufieurs ar- . pens. II efl; grandement queflion d'une fuperbe riviere qui fait Pornement principal de ces fortes de jardins; elle efl formée du fuperflu des eaux des fontaines de Saint Germain. C'efl: ce qui a fourni matiere h 1'infcription fuivante de Mr. Trachereau de la Berliere. hommede Iettres qui s eft retiré dans ces cantons, qui s'y adonne a 1'agriculture & a formé lui-même un jardin de botanique fuperbe. Voici fon idéé affez heureufe a mon gré: Nympha urbana prius fieri nunc rujïica gaudet. 28 Oclobre 1784. On annonce un ouvrage plus fort que le■ Portier des Chartreux, ayant pour titre la Convtrjfan du Comte de Mirabeau. II eft enrichi de dix eftampes dans le même genre. 29 Oclobre T784. Tandis qu'on décrie & baffoue Ie Doéteur Mefmer de toutes les manieres, fes partifans ne ceflent d'oppofer a ce déchainement les marqués du refpecl & de 1'admiration dont ils font pénétrés pour lui. C'eft ainfi que le graveur le Grand vient de mettre en vente le portrait de cet étran-  C 32ï > étranger, deffiné d'après nature par Mrï Pups, On lit au bas ces vers de M1, PaliJJott Le voila' ce mortel dont le fiecle s'honore, 'Par qui font replongés au féjour infernal Tous ces fléaux vengeurs que déchaina Pan dors* Dans fon art bienfaifant il n'a point de rival, Ei la Grece 1'eut pris pour ré Dieu d'Epidaure;. 20 Oclobre 1784. C'efl la Reine cjui par' une Lettre trés affeélueufe écrite a M'r. le' Duc d'Orléans lui a marqué connoitre trop1 bien fon attachement envers la familie Rdyale pour douter un inftant qü'il héfitat aïfaire au Roi le facrifi'ce de fon chateau de: Saint Clou & a le vendre a Sa Majefté,. eomme le lieu eftimé par Ia Faculté le pluspropre a la fanté & a 1'éducation phy-fiquede-' Ml'. le Dauphin. En conféquence Ie marehé a été concl-bi famedi dernier. La Reine a écrit depuis h M<\ le Cheva-fier de Mornay, Gouverneur de Saint Clotf,'. Sgé' de 84 ans, que 1'intention du Roi étoit" qu'il confervat fa place'& cohtinu3tfesfon2irfprtsi M1". de Mornay, en témoignant a &i Reine toute fa reconnoiffance dé fes böntés:s, lui a demandé la permifïion dé fe redrer'°; jl a dit qu'attaché a la Maifon d'Orlêm^ depuis 80 ans, fon defir étoit de mourisfau»prés de fes anciens maitres.- Kir, Ie Duc d'Orléans extrëm'effiem fefl#H& a cette marqué-de s&efëy a écrit a- Mr. ife &$  C 322 ) Mernay, qu'il pouvoit lui demander tont et qu'il voudroit. 29 Oclobre 1784. Le cours des petites Lettres dont on a défolé pendant pïufieurs années M1'. 1'Evêque d'Autun, fembleinterrompu & l'on le croit même totalement ceffé depuis qu'on a éventé la mine d'oli partoient ces fréquentes & cruelles explofions. Ce •filence. confirme les foupgons qu'on avoit fur 1'Evêque d'Arras & fes coopérateurs. On fait que le premier a perdu le procés qu'il avoit contre le Miniflre de la feuille & que celui-ci, que fon rival accufoit indiïeclement de fimonie, a été pleinement veugé par 1'Arrêt qui fait retomber les frais fur 1'autre & le condamne aux dépens. Mr. d'Arras eft furieux & s'il ofoit, il n'épargneroit certainement pas Mf. d'Autun ; mais fa propre confervauon 1'oblige d'être prudent, aujourd'hui qu'il eft démafqué. 30 Oclobre 1784. Monfieur eft un Prince ïempli de connoiflances, d'efprit & de fineffe: dans l'inaétion oh le réduit fon róle, pour s'amufer il s'occupe quelquefois h jujjiiiuv,! «. fjuum.. v^eu ainu qu on lui attribue Pimagination des fabots élaftiques; Ie correfpondant de Lyon n'étoit que le prête- nom de Son Alteffe Royale auprès des crédules journaliftes de Paris. Aujourd"höi Pon croit également ce Prince auteur de ia relation du monftre prétendu. Jl y a pe« expres eeaucoup aabiurdités pou;  C 323 3 ïïïieux prouver combien il eft aïfé d'en lmpofer aux fots & aux ignorans qui fofmenC le grand nombre & fubjuguenc quelquefois les gens moins aifés è duper. Ce point de vuephilofophïqueeft bien digne de la fageüe de Monfieur. 30 Oclobre 17C4. On peut fe rappeller la fupprefliori des échoppes qui a eü lieu depuis quelques mois dans la plupart des rues de Paris , ce qui a mis dans 1'èmbarras de ne favoir oh fe réfugier nombre d'étaleurs & de gagne- petits. Par un Arrêt du Confeil du 4 de ce mois il efl: queftion de reftreindre encore la tolérance a -cet égard: Mr. 1'Abbé Baudeau, Confeil de Mr, le Duc da Chartres & le directeur de fes finances dans la partie économique, a fait une fpéculation fur cet événement. Dans Pimpoffibilité oh eft le Prince de continuer fon gros corps de batiment a Pentrée du jardin du Palais Royal, dont le periftile feul étoit commencé; il a imaginé de former dans 1'efpace entre les parties de colonnes déja élevées è une cercaine hauteur, une efpece de foire perpétuelle. En conféquence il a trouvé uil Entrepreneur qui s'eft chargé de faire conftruire a fes frais dans cet efpace pour ua tems donné, une quantité de petites boutiques a louer a fon pront, par ces furains, en rendant è Son Altefle Séreniulmö une cer> taine fomme, fur laquelle on varie encore, Ce coup-d'ceil ne fera pas biagaifique; 1« O 6  c 324 y revenu fera médiocre; mais dans is détreffei'faut tirer parti de toutes fes.refiburces, 31 Oclobre 1784. Tout le monde connoit Ie difcours qui a remporté le prix de PAcadémie de Berlin fur la queftion de l'univerfaïïti de la langue frangoife par Mr. le Comte de Rivarol., U,n Mr. le Chevaiier Jouin ie Saureuil, auteur d'un ouvrage intitulë: Anatomie de la langue francoife, qu'il a compofé originairemeut en anglois & qu'il fe propofe de traduire en francois, attaque aujourd'hui Pauteur du Difcours couronné. Dans une lettre k Mr. le Baron de Bernflorff du Mufée de Paris, en date de Paris fe t.er. a&oüt, il prétend, après avoir accordé'beaucoup d'éloges a. cette differtatio,rj généralement eftiméé, qu'elle auroit befoin d'être 'traduite en francois-. Cette attaque ironique a. vivement piqué 1'amour-propre de Mr. le Comte de Rivarol, qui a ripofté & il faut voir ce que deviendra cette guerre littéraire. Novembre 1784. Les chofes vraies Be font pas toujours vraifemblables & c'eft la. vraifemblance plus que la vérité qu'il faut chercher dans une piece de théatre. C'eft par oh pêche effentiellement Popéra comique de. Richard cceur de Lioni quelque foadé qu/il foit fur un fait hiftorique, comme il parott abfurde^ tous les moyens employés par: Pauteur y participent & ne peuvent ebteni'r de eréance:, quoi qu?il en foit ,, voici & marche de Pouvrage.,  C 32/ 3 Un Francois nommé Blondel, Firn des plw célebres Troubadours, troupe a laquelle s'étoit agrégé le Roi Richard, qui honoroit ce confrère d'une amirjé particuliere, femet en tête de découvrir ce Monarque dont on ignore Ie fort. II ne trouve nen de diffi. cile, il n'eft effrayé d'aucun obltacle, d'aacun danger. II parcourt dives'pays, après avoir eu Iaprécaution, afin de mieux réuftir, de fe faire paffer pour un aveugle. 11 arrivé dans un village d'Allemagne ; il charme tous les habitans par fes chanfons; il faic danfer toutes les filles avec fon violon. II y avoit auprès de ce village un chuteau forrs. ou l'on enfermoit les prifonniers. Blondel, on ne fait pourqaoi , foupconne & fe perfuade que Richard y eft. La circonftance d'une Lettre qu'on lui propofe de déchiffrer, quoiqu'aveugle & inconnu de celui qui la préfente, lui donne le fecret d'une intri- gue amoureüfe entre Ie gouverneur de Ce ehateau & Ia fille d'un Anglois refugié dansce canton; chez qui, pa? un autre hazard non ■ moins extraordinaire, loge Marguerite, Comteffe de Flandre, amante de Richard, qui yoyage aufli pour le chercher. Telle eft Fexpofition dont eft compofé lij premier Acïe; fauf quelques détails étrangers a 1'intrigue , que Mr» Sedaine y a Tépandus pour le mieux remplir & y jettej quelque gaieté. O' £  ( ) Aa fecond Adle, Blmdel perfuadé que Ie Roi efl: dans le Fort, va chanter au pied de ]a Tour le commencement d'une Romance compofée autrefois par ce Prince , en Phon. ncur de Marguerite; cette voix connue & chérie frappe Ricnard qui, pour fe faire connoitre, chante a. fon tour & continue la Romance. Le Troubadour francois eft transporté de joie de voir fon preffentiment accompli , quand -tout a coup il eft arrêté par les gardes & entrafné en prifon. C'eft Ce qu'il defiroic; il demande a parler au Gou- . verneur a i ïnltant et pour arraire preflee. II eft introduit devant lui. 11 joue le róle du conndent de la jeune perfonne, a laquelle ce militaire demandoit un rendez- vous dans fon billet & le lui affigne. II n'a plus alors de peine è perfuader au Gouverneur que tout ce qu'il a fait, n'eft qu'une rufe pour s'introduire fans éclat auprès de lui & remplir fa miflion. Cet officier admire fafineffe & le renvoie avec une récompenfe Blondel, pourfuivant fon deffein, commence le troifième Aéte par une entrevue avec Marguerite & une reconnoifTance. II lui communiqué fa précieufe découverte, & lis travament de concert è Ia délivrance du prifonnier. Ils mettent dans leurs intéréts le .pere de la jeune perfonne qu'aime le Gouverneur. Une fête que donne exprès la Princefle, caufe un tumuke qui fert de prétexte i Pamant, introduit par le poëte frangois^  C 327 ) d'avoir une entrevue fecrete avec fa martre^. fe.' Surpris a fes pieds par !e pere, il n'a d'autre rtflource pour 1'obtenir en mariage & fe tirer lui-rnëme d'affaire, quedeconfentir a la délivrance du prifonnier, follicitée avec la plus vjve ardeur par la belle Marguerite qui intervient & met le comble a fon embarras. II faut avouer que ce dénoue. ment n'eft ni poble, ni ingénieux. Comme la feconde repréfentation de la piece qui n'a eu lieu que famedi 31, avoit été retardée pendant longtems, on fe flattoit que Mr. Sedaine auroit profité de ce répit pour le changer & 1'améüorer; mais faute de resfource ou de bonne volonté,- il n'en a rien fait. ie. Novembre 1784. M1'. Cartault, anciea premier Commis de Ia Marine, mort il y a quelques jours, avoit pour lecalcul un goüt, ou plutót une paffion qui efl: fort rare. II avoit calculéles lögarithmes des nombrèsjusqu'a 2jo mille. Lemanufcrit en deux volumes jn folio eft entre les mains de M'. de/aLa»^, qui doit le dépofer è 1'Aeadémie des Sciences, de même que celui de Mr. Robert. CurédeToul, qui contientles lögarithmes des finus pour toutes les fecondes. M-. de la Lande ayant eu connoiflancedu talent de M''. Cartault , lui propofa des calculs plus utiles, mais pour lefquels il falloit une patience peu commune. Halley, célebie aftronpme d'Angleterre, avoic publié plua  'C £*§ ) de mille obfervations de la Iune & il les avoit comparées avec fes tables; i'1 étoit utile de les comparer avec les tables nouvelles de-Mayer. Mr, Cartault s'en chargea, & il en eft fait mentïon dans la ComoiJJance des temps de 1774, page 281. Si ces calculs & d'autres femblabïes fe tro"üvent dans les papiers de Ml". Cartault, il eft a défirer qu'on les remette entre les mains des aftronomes qui peuvent en faire ufage. 2 Novembre 1784. Depuis longtems ®n fe plaigrjoit qu'on laiffac tomber en ruine i'Obfervatoire, ce monument élevé par Louis XIV a la gloire & a 1'avancement de Paftronomie. II paroit que Louis XVI entrant dans les vues du Monarque fondateur, veut releVer cet établiffement & le rendre plus utile. En conféquence Sa Majefté vient d'ordonner la conftruétion de trois inftrumens capitaux qui rnanquoient a I'Obfervatoire, favoir: un grand corps de Cercle mural de fept pieds de rayon, un Equatorial de feize pouces dediametre, & un Cerele entier de dix-huit pouces de rayon. A 1'avenir, a compter dü iw. Janvier 17855 il y aura trois Eleves qui, fous les yeux & l'infpecftioa du Directeur, fuivront conftamment le cours général des obfervations , en tiendront regiftre &■ partageront entre eux les veilles, de maniere qu'a tous les inftants du jour ou de la nu.it il y ait, a I'Obfervatoire Royal,- un 'obfervateur prêc  ( 329 J a faire les obfervations de toute efpece quf fe préfenteront. Le Roi a pourvu a ce qu'il foit formé peu k peu une colledtion complette de livres d'aftronomie, de forte qu'il y ait a I'Obfervatoire. une Bibliotheque en ce genre, oh les favans puilfent trouver tout ce qui y aura rapport. 2 Novembre 1784. On confirme de plus en plus que. c'efl le Prince augufle dont on a parlé, qui efl 1'auteur de la relation du monftre prétendu. On ajoute que c'eft une allégorie qu'il a imaginée relative au Magnétijme animal, dont une carricature oh l'on repréfente le Docteur De/Ion avec une tête d'ane & une queue de finge, a fait naitre Pidée a Son Alteffe Royale. 3 Novembre 1784. L'achat que le Roi vient de faire de Saint Clou, au moment oh l'on femble craindre une rupture, raflure les politiques & leur fait préfumer qu'elle n'aura pas lieu; ils fondent leurs conjectures fur le caractere connu de Sa Majefté 1 il paroit conftant aujourd'hui que depuis longtems Elle avoit eu le goüt le plus vif pour Rambouillet; mais qu'Elle y avoit réfifté pendant tout le tems de la guerre & ne s'eft déterminée a en faire 1'acquifition qu'a la paix, lis en concluent que fon goüt pour 1'écoriomie & la crainte de furcharger les peuples 1'auroient également détournée aujourd'hui d'acheter Saint Clou & de faire pïufieurs autres dépenfes de cette efpece non néceffité§s»  ( 33° ) 3 Novembre 1784. On efl trés effrayé d'un Arrêt du Confeil d'Ëtatda Roi du 25 Septembre dernier, qui révoque les Arrêts du Confeil des 29 Juillet & 21 Octobre 1749, portant Réglement pour 1% taxe du bois de chauffige a Rouen & ordonne qu'il y fera vendu a prix libre de gré a gré. On craint, vü la difette de cette denrée de première néceffité, qu'il n'en réfulte un monopole & peut - être des révoltes qui en font la fuite ordinaire. 4 Novembre 1784. II paroit des Obfervations fur les deux, Rapports de Meffieurs les Commiffaires nommês par Sa Majeflépour l'examen du Magnétifme animal.. Tel efl le titre d'un écrit in 4". de 31 pages de Mr. Deflon. ' II efl daté de Paris' le 6* Septembre. Ce Maitre prétend y démontrer que pour juger de 1'exifience & de 1'utilité du Magnétifme, Meffieurs les Commiffaires fe font écartés de la marche qu'il leur avoit tracée & convenue avec eux. Que des expériences qu'ils ont faites, il ne réiulte que des preuves négatives. Que ces expériences même, pour qu'on en put conclure quelque chofe, fiuroient öu ctre répétees, paree que Paction de ce fluide, ainfi que celle de 1'aimant, n'eft pas uniforme. Que les effets avoués par Meffieurs les Commiffaires, & ceux furtout éprouvés par eux - mêmes, fuppofent une caufe.  C 33 ï 3 ' Cni'enfin cette caufe ne pouvant être, ni 1'attouchement, ni i'imitation, ni Phnagination , tous les effets produits fous les yeux de Meffieurs les Commiffaires s appartiennent au Magnétifme. Tel eft le rélumé de cette efpece de disfertation, dont toutes les parties ne font rien moins que folidement prouvées. On peuc en extraire quelques faits plus intérefTans a conferver. Mr. Dejlon veut que la prohibition du Magnétifme animal foit impoffible aujourd'hui que Mr. Mefmer a fait 300 Eleves; que lui Dejlon a inflruit 160 Médecins, fans compter une infinité d'autres perfonnes parvenues par leurs propres études, ou par des lurnieres communiquées, a connoitre & pr'atiquer cette méthode. Parmi les irJo Médecins qu'a inftruits Mr. Dejlon, il y a eu 21 membres de la Faculté de Médecine de Paris. A 1'apparitión du premier rapport des Commiffaires, la Faculté s'eft affemblée extraordinairement. Elle a voulu exiger que les Médecins Magnétifans abandonnaffent par écrit, non• feulement la pratique du Magnétifme animal, mais encore leur croyance. L'amour de la paix a rjorté dix fept de ces Docfeurs h promettre de quitter toute pratique magnétjque; mais ils ont refufé d'en reconnoitre la fauffeté, d'autant qu'ils avoient figné 1'affirmative dacs les mains de  C 332 ) Mr. Deflon, fuivant la méthode de ce Profelfeur de n'adrnettre perfonne a Pinftruction, qui n'ait d'abord reconnu 1'exiftence de 1'agent. Enfin M1'. Dejlon confirme le bruit qui avoit couru depuis longtems que M1'. Mefmer vouloit Ie traduire en juftice. En effet Ia procédure a commencé par le premier acte ufité, par une afiignation que convient avoir recue le difciple, Enfuite dans une Lettre a Mr. Franklin, M1'. Mejmer déclare avoir renoncé è cette action. Ainfi le Procés eft refté-la. Au furplus, Mr. Deflon avoue que Mr. Mefmer ne lui a jamais confié fes principes; il eft parvenu a fe faire une Doctrine, qui lui eft propre, qui n'eft peut-être pas la meilleure, mais qui fatisfait fon efprit & le guide utilement dans fes procédés. 4 Novemhre' 1784. La feconde repréfentation de Richard cmur de lion, retardée jusques au famedi 31 Oótobre, a été beaucoup mieux exécutée que la première fois. On y a d'abord corrigé dans le coftume un anachronifme effroyable, en ce que Richard cwur de lion y paroiflbit décoré de 1'ordre de la Jarretiere, inftitué feulement environ ijo ans après. Le feeond Acte furtout, le plus intéreffant, a produit encore plus d'impredion par un enfemble parfaitement bien entendu. Du refte, Pauteur qu'on s'imagiEoit occupé, comme on a dit, a rendre la  C 333 3 marche de Ia piece plus rapide& plus claire, par la fuppreffion d'incidens étrangers qui ne font que 1'embarraffer, fort indocile de fon naturel aux cris du public, ne 1'a point raccourcie. Quoiqu'il en foit, il s'eft appuyé fur Ia variété & Pagrément des fituations qu'elle contient; la mufique vive & piquante dont 1'inépuifable M\ Gretry les a embellies, ne contribue pas peu a leur effet. Le róle le plus brillant, fans contredit, c'eft celui de Blondel, charmant., pétillant d'efprit & de gaieté d'un bout a 1'autre. II eft délicieufement rendu par le Sieur Clair•ual. Cette producftion ne peut qu'ajouter a la réputation des deux compofiteurs. 4 Novembre 1784. Le Concert Spirituel du jour de la .Toufïaint a été remarquable par une production francoife trés - applaudie; malgré le dégout général des partifans de la mufique étrangere. C'eft un in exitu de M/. Deformery: cet ouvrage, plein de beautés, a excité les plus vifs applaudiflemens & fait frëmir les cabales diverfes de Gluckijïes. de Piccinijles, de Sacchinift.es, &c. II paroit que le muficien a plus de vocation pour le genre' des motets que pour les pieces a ariet* tes, oü jl n'a pas encore obtenu un fuccès auffi marqué. - Le Sieur le Fevre, muficien des gardes francoifes , a auffi débuté dans la clarinette^ & fait honneur a Mr. Michel, fon maitre. 5 Novembre 1784. La Société .royale dg  C 334 ) Médecine fe glorifis beaucoup d'avoir vu dans fon fein le Comte d'Oè'is, Ie premier illuitre étranger qu'elle ait eu occafion de céiébrer. C'efl: le 26 du mois dernier que ce Prince a daigné honorer de fa préfence une affemblée de ce corps. Auffi le Secrétaire Vicq d'Azyr n'a-t-il pas manqué de témoigner au Comte d'Oëii fa fatisfaétion par un difcours prononcé è i'ouverture de la féance, affez adroit en ce qu'il y prétend avoir trouvé le modele de la Sociéré dans un comité de Médecins a Berlin, dont les travaux s'imprirnoient dés 1722. II vient par une tranfition affez heureufe a 1'éloge du héros, d'un général dont le juge le plus refpeétable a dit ce qu'on ne peut appliquer h nul autre, qu'il n'a pas commis la faute la plus légere dans fes longs & glorieux exploits. 5 Novembre 1784. Le Comte d'Oëls, qui avoit pris congé de Leurs Majeflés & de la familie Royale .le 31 du mois dernier, ne doit pas tarder a quitter Paris; mais avant de s'éioigner il doit aller a. Sainte Affife, chez Madame de MonteJJon, & chez le Prince de Condé a Lhantilly Ce Prince a été fucceffivement complimenté par toutes les Académies. Celle'des Belles - Lettres Pa fait par 1'organe de fon Secrétaire. M1". d'Acitr. Mais comme elle efl: peu en recomrnandation, cette-féance n'a pas excité grand bruit; elle a eu lieu le 7 Septembre.  C 335 ) L'Académie francoife eii ceNe qui ait Je moins accueiiii ce héros. Outre que lë jour de la Saint Louis aucun de les membres ne lui adreffa de compliment, c'eft qu'après la féance ce Prince s'étant rendu dans la (alle des Académiciens refta ifolé & affez embarrafie. de fa perfonne, fans que ces Meffieurs Pentouraffent & 1'entretinffent, y paruffent faire la moindre attention. 5 Novembre (784. Enfin Meffieurs Robert rompent le filence & publient un Mémoire fur les expériences 'a^rêjlatïqiles faites par eux, oh ils prennent le titre d'Ingénieurs Fenfionnaires du Roi. lis démentent par • la le bruit qui avoit couru fur leur compte; du moins il en réfulte que leur accid-ent n'a pas été long. Par une mention qu'ils font de quelques expériences de M'-. Charles, affez recentes, ils nous apprennent encore indirecte* ent que celui-cl, dont Pétat tacheux avoit été maihcureufemept mieux conilaté, ou du moins beaucoup plus annoncé & répandu, eft revenu dans fon état naturel. 6 Novembre (784. C'eft k la querelle élevée entre M'\ le Baron de Breteuil & M1'. 1'Evéque de Pfifcar qu'on attribue Ia lettre circulaire adreffée aux Evêques en date du 16 Oclobre. Ou fait que M' de Noë fit beaucoup de réfiftance• aux infinuations de ce M-iniftre qui cherchoit a lui adöucit Pordre de ba Majefté ; qui lui confeilla d'abord , comme de fon propre mouvement,  ( 336 ) de faire ceifer par fon abfence les impresfions ficheufes qu'il excitoit; qui, pouffé a bout, lui déclara enfin qu'il n'y avoit pas moyen de reculer, puifqu'il lui parloit au nom du Maftre. Ce que ne voulut pas croire le Prélat, qu'il n'eüt vu 1'ordre par • écrit. On a vu de tems en tems des injonctions du Procureur général aux Evêques de fe retirer dans leur Diocefe refpectif; injoncTions dont ils ne faifoient pas grand cas: mais on affure qu'une pareille Lettre du Roi auffi précife eft fans exemple au fond & dans la forme. Pïufieurs Evêques ont eu peine k y obtempérer. Ils ont fait des repréfentations, mais inutilement & ils font a peu prés tous partis aujourd'hui. Bien des gens eftiment encore que leur réüdence ne fera-pas longue; qu'on veut les tenir écartés, pour les empêcher de fe réunir & de cabaler jufques au tems de Paffemblée décimale du clergé, qui doit avoir lieu au mois de Mai prochain & eft trés- importante par les maticres a y traiter. 6 Novembre 1784. Depuis longtems on avoit annoncé au théatre Italien une piece eneure eugeuuiee uu manage ae figaro, lous le titre des Amours de Cherubin, comédie nouvelle en trois actes & en profe, mê!ée de mufique & de vaudevilles. On avoit dit enfuite qu'elle avoit été arrêtée k la Police & Pon défefpéroit de la voir jouer. Elle  C 337 ) Elle af enfin eu lieu avant-hier; tout ee qui tient è 1'original de tant de, mauvaifes copies fuffit pour mettre Paris en rumeur. Auffi cette repréfentation avoit attiré une grande affluence. On s'imaglnoit trouver une paro* die critique du Mariage de. Figaro Sc Pon a été indigné que Pauteur, foit mutilation, foit^refpedt, foit crainte, n'ait pas ofé fe permettre le plus léger coup de patte. En outre le titre annoncoit au moins de la g'aieté le genre de Pintrigue Pexigeoit ; le Parterre n'a point vu fon attente fruftrée fans en témoigner fon méeontentement c* il en a réfulté un tumulte fi confïdérable qu'on peut regarder la piece comme tombée. Une pareille chüte peu commune a ce théatre n'en efl que plus humiliante pour Ie poëte , connu déjè par pïufieurs pieces agréahles qu'on y avoit accueillies favorablemént. II s'agit de M>'. Desfontainer. 7 Novembre 1784, C'eft Mr. Vigè qui fe premier, tandis que le Mariage de Figaro oc cupe encore la fcene francoife avec tant '6 avantage, 'y a ofé rifquer une comédie. IJ a fait jouer hier pour la première fóis h fauffe Coquette en trois acles Sc en vers. fl eft y.rai qu'il étoit appuyé par une puifTante cabale. Comme il eft frere de Madame le Brun qui tient une efpece de bureau d'efprte ,oh va toute Ia cour, il n'a pas eu de peine a recruter des battoirs. Ce nóuvel ouvrage eft dans Ie genre des Aveux difmles du même ajjteur : peu d'aélion & beaucoup 4e Toms XXVI. p  ( 33§ ) madrtaamc. -LMntrigae de celle - ci a le mérite d'être olaire, fi c'en eft un , paree qu'elie eft plus nulle. 11 faut voir fi fon fuccès fe foutiendra. ; 7 Novembre 1784. Extrait d'une Lettre fe Grenoble du 28 Oétohre..... Si. vos TJofteurs de Paris s'é^aient fur les pocteuTs Mefmer & Dejlon & fur leur doctrine, les nótres ne font pas moins piaifans. Voici' 1'épigramme d'un, Médecin de cette province, faite fur le champ, après-avoir lü le Rapport de Meffieurs les Commiffaires pommés par. le.Roi, pour Pexamen de cette rieille erreur renouvellée: Le Magnédfme. eft aux abois, La Faculté, 1'Académie, L'out condamné tout d'une voix Et 1'ont couvert d'ignominie. Après ce jugement bien fage & bien légal, Si quelqu'efprit original Perfide encore dans fon ctélire, II fera permis de lui dire, Crois au Magnétifme Animal! Vous voyez que nous nous connoiflbns auffi dans le Dauphiné en calembours & que bous favons les admir'er. 8 Novembre 1784. Les faifeurs de difti%ues continuent a s'exercer. Chacun fe dispute a qui fournira la meilleure infeription pour la pompe è feu. On en a rapporté pïufieurs latines, en voici d'autres franco fes qui i ne font que des tradueftions des premières. Un anonyme a rendu ainfi celle de 1'Abbé i Jlojcovits.  C 339 ) Le Dieu du feu s'accorde avec le Dïai des emijf, Et la flamme en ces Jiei.x jette 1'onde a grands flats. Un autre s'exprime avec plus de préci* fion & moins d'harmonie : Ici 1'onde & le feu font un accord nouveau, C'eft le feu qui nous donne i'eau. Un Mr. de la Mefenquere sl eompofé' un diftique latin que nous r/avions pas encore rapporté. II mérite d'étre excepté de Ia foule des autres que nous avons Jaiifé a 1'écart. Le voici: Hicpugna immemorcs cenfpirant ignis & unda Ipfa urbi attonitte flamma tninifirat aquas. Ce diftique a plu a Mr. de Sancy qui aime Ie genre & 1'a fait paffer de la forte dans notre langue: Jci du feu, de l'eau, la guerre eft terminéé; La flamme donne 1'onde a la ville étonnée. 8 Novembre 1784. Quelqu'un fans doute des Prélats mécontens de fe voir obügés de réüder dans leur diocefe a fait ou fait faire une efpece de parodie de la Lettre minifterielle de Mr. le Baron deBreteuil, oü l'on en critique le fond & la forme. On dit cette plaifanterie affez platte; cependant elle a un certain cours a raifon du moment & de* grands perfonnages qu'elle concerns. 8 Novembre. 1784. Extrait d'une Lettre de Lyon du Ier. Novembre C'eft le 21 Septembre qu'eft décédé en cette ville 1'avocat dont vous vous iriformez, Me. Projè P 2  C 340 ) de Royer} des Académies de Lyon, des Arcades, de Bordeaux, &c. Du Barreau il étoit paffé k des places diÜinguées, il avoit ^té fucceffivement Adminiftrateur des hópitaux, Echevin, Préfident du tribunal du commerce, Lieutenant général de Police, Provincial des Monnoyes. Entre fes ouvrages littéraires on diftingue one Lettre fur le fret d intêrêt qu'il publia en 1763; elle plut affez k Mr. de Voltaire pour qu'il permït de 1'inférer dans fes Oeuvres & elle a fervi de bafe k tous les traités ou écrits qui ont paru depuis fur la même xnatiere. II mit au jour après ce premier écrit tia ouvrage fur la Municipalité de Lyon & un Proiet d'itdblijjement d'un Bureau de Nourricer, qu'il eót la fatisfsclion de voir exécuté. 11 avoit d'abord lu ce projet k notre Académie & 1'affemblée avoit fondu en larmes. Au moment de fa mort il travailloit h régénérer le grand Ditïionnaire de Brillon: il étoit a la veille de livrer au public le cinquieme volume. 11 eft k efpérer que fon confrère M>'. Riolz, qu'il s'étoit affocié, con« tinuera ce travail. Me. Proji de Royer étoit un favant plus connu des étrangers que des nationaux. II étoit en correfpondance avec pïufieurs de fa claffa Auffi les illuftres voyageurs qui ont vifité Ja France depuis pïufieurs années, n'ocï pas m-anqué de le voir k leur paffage dans cette ville. L'Empereur, Ie Comte du  f 341) Nord, PArchiduc, le Roi de Suede, le Maréchal Potosky, tous Pont accueilli avec diftinótion. En dernier lieu Mr. le Comte ö'Oh'ls ne lui permit pas de le quitter durant fon féjour. 9 Novembre 1784. Extrait d'une Lettre de Verfailles du 7 Novembre. .♦«. Dernierement il y avoit a diner chez Madame d'Herveley que vous favez être née fujette de 1'Empereur, un Capitaine Autrichien & un gros Négociant Hollandois. Après le repas ces deux perfonnages fe mirent k caufer enfemble fur la rupture éventuelle entre Ia Cour de Vienne & les Etats généraux. Lepremier demande k 1'autre ce qu'il pouvoit oppofer aux quatre-vingts mille hommes que la Hollande étoit a la veille de voir armer contre elle? ,, Notre courage", dk le républicain nos facultés, notre fang.— ,, Voil& des fentimens bien Romains," reprend PAutrichien; mais aujourd'hui ce font les gros bataillons qui gagnent les batailles, font la guerre ou la paix.... Eh „ bien !" repart fon adverfaire : ,, nous avons beaucoup d'argent, plus que 1'Em„ pereur; avec ce fecours nous acheterons „ fes trpupes. 'Puis, après" tout," conti, nue-t-il: „ qu'eft-ce que votre Maftre? C'efl un homme qui b ...'toujours & ne „ dé***** jamais." Propos groffier, fans doute, mais énergique, en ce qu'il caractérife k merveille la politique d'un Prince qui a déja roulé dans fa tête pïufieurs projets de P,3  ( 342 ) guerre, & les a vus tous avortés, faure de les avoir affez digérés. y Novembre 1784. On a découvert que la comédie de Richard Ciear de Lion étoit tirée d'un recueil de fabliaux, publié il y a trois ou quatre ans par Mr. le Grand d'AuJfy, que , tout 1'épifode de B.londel étoit. abfolument poltiche; aucun hiftorien n'en fait mention & la captivité de ce Roi trés réelle ne fournit rien qui puiffe fonder le merveilleüx du fond, qui n'eft qu'une pure fable; ce qui rend la piece encore plus abfurde dans fon intrigue. 10 Novembre 1784. Mr. de la Place eft aufli entré en lice pour concourir aux infcriptions de la pompe è. feu de Meffieurs Rerrier; il a traduit ainfi le diftique de Mr. 1'Abbé Bofcovitz: Ici, chers citoyens, par un accord nouveau, Vos vceux font exaucés: le feu vous donne l'eau. 10 Novembre 1784. On compte deja dix appels comme d'abus de la part desBénédjctins oppofés au régime aftuel. C'eft le fameux Mr. Piales qui les foutient de fa doctrine , de fes principes & de fes raifonnemens lumineux. 11 Novembre 1784. Extrait d'une Lettre de Beauvais du 31 Oétobre...... Une ftatue équeftre de Louis XIV, ouvrage de Girardont deftinée pour la place de Vendóme, ayanu été jugée trop petite, fut donnée par ce Monarque au Maréchal de Bouflers qui la fit Sxansférer dans fa terre de Bouflers. Le  C 343 ) Comte ds Crülpn, propriétajreaujo.urd'nui.de cette terre,a trouvé qu'un auffi beau.morceau.' étoit ■déplacé dans un endroit folitaire de; fon pare; il a demandé que la Statue fiktransférée dans cette ville pour y être(admirée d'un plus grand nombre de Francois. Le Roi y a donné fon agrément. Les ouvriers prépofés a la conduite de ce monument., quoiqu'en grand nombre & avec beaucoup de peine, n'ont pu lui faire, faire que deux lieues en onze jours , la ftatue ne pouvant avancer qu'a. 1'aide de cabeftans. On compte qu'elle pefe 28 k 30 milliers; k quoi il faut ajouter encore environ dix milliers, tant pour le char, que pour les pieces énormes dans lefquelles elle eft aftujettie. Les écoliers du college & des penfions qui partageoient avec les habitans 1'impatience depofféder un monument ücher, profiterent du jeudi 7 de ce mois, jour de congé, pour fe rendre fur les onze heure» du matin k une lieue & demie de cette ville, au hameau appellé Saint Maurice, ofi étoit la ftatue: par un pur mouvement de zale ils prierent 1'Entrepreneur d'abandonner les cabeftans & de leur livrer les cordages. Ils étoient environ deux eens, petits comme grands: tous employerent leurs forces, avec tant d'intelligence & de fuccès, que, fans les ordres précis de 1'Intendant de Ia lailTer a quelque diftance de la ville, ils 1'y euffentfaitentrer & 1'auroient amenée fur la place, le même P4  C 344 ) jour h cinq heures & demie du foir. 11 fe calcule que chacun, 1'un portant 1'autre, avoit déplacé une maffe d'environ 200 livres pefant. ■ ' : ' . • 11 Novembre 1784. Les Etats de Hollande ayant exigé de leurs Confeillers coramittés en Rapport exaét de la véritable fituationdes frontieres, arfenaux, magafins, &c. ceux-ci ont obéi, & cet Etat authentique a mis dans un jour parfait la mauvaife Adminiftration des Chefs. Comme un tel Rapport a percé, eft, dit-on, imprimé, & qu'on en voit a Paris des exemplaires, fort rares, il eftvrai, les partifansde la Maifon é'Orange le traitent de libelle; ils gratifient de crime de hautetrahifon fa pubiication dans la circonftance préfente. Les rédacteurs des gazettes nationalés s'en étant emparés & ayant commencé 1'infertion du Rapport dont il s'agit, ont recu défenfes de continuer. Toutes ces difficultés ne font qu'exciter la curiofité des politiques de Paris, avides de connoitre cette piece intéreflante & fidele; mais c'eft envain que beaucoup 1'ont cberchée jufqu'k préfent, 11 Novembre 1784. Extrait d'une Lettre de Londres du 28 Oclobre Un certain Elias Abefès, Grec de~ naiffance, ayant acquis par un long féjour & par des places de confianee a Conftantinople, des notions dérobées au public fur divers ufages de cet Empire & du ferrail, les avoit rafiemblées dans un manufcrit qu'on vient de traduire  C 345 ) en Anglois, fous le titre de The.prefentJlate cf Ottoman Empire: l'Etat prefent de VEmpire Ottoman. Suivant cet ouvrage, le nombre des efclaves ou femmes du Grand Seigueur aftuel eft de 1600: chacune a fon lit a part: le nombre dépend de la volonté feule du Sultan regnant. Selim en avoit 2Cco & le Sultan Mahomet feulement 300. Elles vivent dans la partie la plus retirée du ferrail, dont un cóté a vue fur les jardins, & 1'autre fur la, mer de Marmora. Depuis que le Czar Heraclius n'envoye plus de la Géorgie le tribut des filles, ce font des pirates qui recrutent pour le ferrail; ils cherchent k les prendre en Circaifie; ils les choififlent fort jeünes, dés qu'elles annoncent de la beauté. On leur enfeigne è broder, è danfer, a chanter; elles n'ont perfonne pour les fervir: ce font les jeunes qui fervent les plus anciennes. La jaloufie eft extréme parmi ces femmes & le Grand Seigneur n'a le droit d'appeller a fon lit une des efclaves qu'aux jours de fétes extraordinaires; autrement elles courent grand rifque pour leurs jours. La jaloufie des favorites fous le regne d'Jchmet ,^ fit empoifonner ijo de ces femmes qui avoient eu le bonheur de s'attirer les regards du Grand Seigneur, les jours non permis Au réfte, cet ouvrage fera bientót traduit en Francois & vous amufera. 12 Novembre 1784. Extrait d'une Lettre de Touloufe du 15 Oétobre L'affaire  (y dont vous me parlez eft déja vieille, elle a écé jugée le 29 Juillet dernier. En voici le fujet. Vous favez que la deftruclion des Jéfuites én France a laiffé un grand vuide pour toutes les Ecoles & notamment dans cette ville, a. 1'égard de la Théologie. Le Parlement y fuppléa par un Arrêt du 7 Novembre 176J & enjoignit aux quatre Profefleurs conven« tuels des Auguftins, des Carmes, des Cordeliers & desBernardins,d'ouvrir leursécoles & d'y faire des lecons publiques. II faut obferver que ces Profefleurs étoient déja néceffairement Membres de 1'Univerfité. Cependant neuf ans après les Sieurs Pigeon, Barthe & la Roqui, jaloux des Réguliers, prétendirent les exclure de cet enfeignement public: 1'un d'eux , le Sieur laRoque, eflaya^ de prouver que leurs rivaux n'avoient eu autrefois que le droit d'enfeiguer les Religieux dè leurs ordres: Me. Jamme, fi célebre par la défenfe de Mr. Damade, prit en main la caufe des Profefleurs réguliers; il releva avec beaucoup de clarté & de force les aflertions du Profefleur la Roque & le terraffa abfolument. 12 Novembre 1784. Relation de la féance publique de PAcadémie Royale des Infcriptions & Belles-Lettre», tenue aujourd'hui pour fa rentrée d'après la Saint Martin. La Compagnie s'étant épuifée fans doute pour la féance publique tenue extraordinaire-  C 317 ) ment Je 7 Septembre dernier, cette féanceci a été fort maigre. M'. ó'Jcier 1'a ouverte, en déclarant que 1'Académie entre les piéces qui avoient concouru pour le prix è décerner dans cette féance, n'en avoit trouvé aucune qui en fut digne Ce fujet étoit énoncé-ainfi: Exammir quel fut l'état du commerce chez les Romuins. depuis la première Guerre Funique jujqu'd l'avtntmtnt de Conjtantin d l'Empire. II a dit enfuiie que 1'Académie propofoit pour le fujet du Prix qu'elle doit délivrer a Paques 1786, de comparer enfemble ZoroaJlre, Confucius £ƒ Mahomet, & les Siecles oü ils ont vêcu. Après ces annonces, il a lu PEloge de Mr. 1'Abbé Guafco, Académicien libre. II étoit né en 1712 d'une familie Piémontoife & diftinguée. II fut de banneheurèfjffligéde la vue cc les foins qu'on prit pour la lui conferver, lui firent perdre abfolument un ceil. Celui qu'on avoit négligé comme trop incurable füt le feul au. contraire qui lui reft&t. Deftinéa Pétat eccléfiaftique, 1'Abbé Guafco étudia en Théologie è Turin. II s'y éleva dans ce tems une querelle a peu prés fémblable è celle qu'on a vu naltre tout récemment h Touloufe ; les Profefleurs féculiers' de cette fcience attaquerént les Réguliers fous lefquels ie jeune de Guafco faifoit fon cours,ils les taxerent d'enfeigner une doürine erronnée; leurs Ecolicrs furent  C 348 ) iaterrogés fur leur foi & n'eurent pas de peine è détruire la calomnie. L'Abbé de Guafco, forti de cette épreuve, fe répandit dans le monde, parut a la cour de Turin & déploya un fi grand mérite qu'il infpira de la jaloufie a fon pere. Pour s'y fouftraire, il vint en France & s'établit a Paris. II s'y lia bientót avec Ie célebre Préfident de Montefquieu & y acquit d'autres amis diflingués dans les Lettres & dans les Sciences. Mr. é'Acier fait une defcription particuliere des talens qu'avoit cet étranger pour la converfation, dont il poffédoit la pantomime au. plus haut dégré. Cette pantomime eft principalement affectée aux Italiens, è qui leur vivacité ne leur permet pasde rien dire fans y mêler beaucoup de gefticulation qui, bien ou mal placée, peut & doit produire des effets bien différens. -Mr. 1'Abbé de Guafco favoit les Iangues, il avoit de grandes connoiffances dans les antiquités & dans les arts. Durant fon féjour en France il concourüt pïufieurs fois pour les Prix de PAcadémie des Belles-Lettres & fut toujours couronné, ce qui lui vaiut enfin 1'bonneur d'y être admis en 1749. Mr. ü'Acier paffe rapidement fur les ouvrages dudéfunt, peu connus & que fans doute il ne connoiffoit pas affez bien lui-même pour entrer h cet égard dans de grands détails; il affure feulement que leur auteur avoit fait des progrès fi confidérables dans notre langue, qu'on s'appercoit rarement, en lei  ( 349 > lifatit, qu'il foit étranger: du refte peu de détails fur les mceurs, fur la vie, fur le caraétere de 1'Abbé de Guafco. Aucune faillie , aucune plaifanterie, aucune anec. dote, aucun motphilofophique rapporté dans cet Eloge. La circonftance la plus finguliere de Ia vie de 1'Abbé de Guafco, c'eft que leféjour de la ville de Tournay ne convenant point è fa fanté, il avoit pris le parti de retourner en Italië; mais d'eflayer avant du climat de chaque ville pour juger celle oh il feroit le mieux: il eft mort durant cet effai en 178r, & PAcadémie a été pïufieurs années aignorer cette perte, enforte qu'il fe trouve encore dans 1'Almanac Royal de 1784 & qu'elle ne lui a payé qu'a cette époque le t-ribut tardif dü a fa mémoire. Après cet Eloge M> de Rochefort a lu le premier. C'eft un fecond Mémoire fur Menandre, oh il établit avec le même art des rapprochemens, Ia même fineffe d'induétions, que Plaute peu foupgonné jufques è. préfent d'avoir tiré parti du Poëte Grec, lui a beaucoup d'obügation & s'en eft approprié quantité de chofes. II en cite pour exemple le Miles Gloriofus, traduit ordinairement fous le titre du Soldat fanfaron. II fait une affez grande analyfe de Pouvrage, il Ie décompofe & pouffe Ia preuve de ce qu'il avance jufques a la démonftration. Du refte, il loue Menandre du talent qu'il avoit dans fes pieces de donner aux fpecla*  ( 3J0 ) teurs le plaifir du ridicule, fans employer les. rdlourcüs d'une odieulé malignité. Il fait voir enfin- qu' ■ëpoÜodérè fur de ious les poëtes comiques , celui qui feut le mieux •inrit er \s -maniere de Men-inire éi qui approcha le plus de fa perfeétion. Chemin faifant, il continue de repandre des préceptcs & d'excellentes vues fur 1'art; il donne quelques légers coups de patte au Sieur de Beau- marciiais qui, lans etre ni menandre, ni Plaute, ni Molière, amufe ou du moins fait €ourir tout Paris depuis fix mois. A cette leclure a fuccédé celle d'un Mémoire de Mr de Guignes, ne contenant autre chofe que des Objervations fur le dègré de certitude des Eclipfes rapporties par Confucius 'dans Jon ouvrage intitulé Tc hun -t- Sceou, depuis l'an 120 jufques en 495 avant Jéfus-Chrift. Son organe ne 'lui 'permettant pas de lire lui-même, il a emprunté celui de fon confrère, M1'. Anquetil, a la voix de Stentor, mais qui, ne fachant pas" Ja ménager, avec les meilleures chofes fatigue & ennuye fouvent 1'auditoire; ce qui étoit encore plus inévitable en cette occafion oü le fujet étoit par lui-même trés didaélique & tres fee. En général 1'auteur, infatigable adverfaire des Chinois, les dépriroe le plus qu'il peut. II prétend que les Eclipfes dont Confucius fait mention dans fon ouvrage, ne peuvent fervir è établir la certitude de Phifloire de ce peuplc, paree qu'on ne connoit pas affez Ie ealcndrier qu'il a fuiyi; qu'on n'y,.trosvc  (351 ) pas affez de détail pour les calculer & qu'eN les ne ('onc rapporjtécs que reianvement a laltrplogie, è iaquelle les Ómnbi's ont été adonnés de tout eens, coirrne i;s Ie font encore a préfent. Il en conclut la hult?te de : leur aftronomie, la- plus ancierine de •P-universmais qui, faute de méthode & de points cenains, ne pourroit que faire tomber dans des erreurs contidérables. Les Chinois font dans les Sciences comme les oifeaux, qui depuis Porigine du monde conltruifent leur nid de la même maniere, fans'aucune amélioration; connoiffant prefque tous lés Arts avant les Européens, ils n'y ont pas fait le plus léger progrès & ils font encore >au premier dégré de leur enfance. , 'Le quatrieme Mémoire Jur la Palejline de Mr. 1'Abbé Guenée, débité par le même Lee teur auroit éprouvé le même fort, fi fon auteur, excédé du , mauvais ton de Mr. Anquelil, n'avoit pris le parti de lui arracher le cahier &, malgré la foibleffe de fon organe, d'en achever la lecture. L'infatigable défenfeur du Peuple Juif & de tout ce qui lui appartient, dans fa differ» tation, qu'il a beaucoup abrégée a caufe du tems, ou plutót dont il n'a lu que la derniere partie, continue a prouver invinciblernent, que la Palejline confidèrée principale' vient par rapport a faferlüité, depuis l'entrét des Croifés en jocq jufques d la conquite dg Selim en 1317, bien loin d'être une terre ftérile & de malédiftion, a toujours été une  C 3J2 ) terre abondance & de.promilHon. II expöfe les principaux objets. de fa culture, les anciens qui s'y confervoient encore, ceux qui avoient difparu , & les nouveaux introduits a cette -époque. On connoït la clarté, la méthode, la'fimplicité pure & noble des ouvrages de 1'académicien , avant qu'il füt de cette compagnie, <5c certes il n'a pas dégénéré depuis. M>. de Kvralio a terminé la féance par Ia lefture du fecond Mémoire fur les loix êf ufages militair es des Romains. Son objet devoit être un examen critique de quelques points de ces loix, des principaux changemens qu'elles ont éprouvés, & des effets de ces changemens. Auffi, obligé de beaucoup étrangler fon ouvrage pour cette féance, malheureüfement il n'en a embraffé que Ia partie la plus ennuyeufeconcernant les détails . de Ia Légion Romaine, qu'il adifféquée dans toutes fes divifions & fous-divifions. Cette fois Ia matiere manquant aux leéteurs, on a levé Ia féance avant 1'heure ordinaire de fortir; les écoliers académiciens ont eu un quart • d'heure de claffe de moins, & fe font empreffés'd'en proftter. iz Novembre 1784. Mr. Desfontaines z remis en un A&e fa piece des Amours de 'Cherubin, & efpere Ia faire paffer ainfi. La feconde repréfentation eft annoncée pour dimanche, 14 de ce mois. Fin du vingt •Jixieme Volume*