M É MOIRÉS S E G R E T S POUR SERVIR A L'HISTOIRE de la RÉPUBLIQUÊ DES LETTRES EN FRANCE, depuis MDCCLXII jusqu'a nos jours; JOU RN A L D'UN OBSERVATEUR, Contenant les Analyfesdes Pieces deThia.trt qui ont paru durant eet intervalle; les Relations des AJJemblêes Littérair es; les Notices des Livres nouvsaux, clandejtins, prohibès ; les Pieces fugitives, rares ou manujerites, en profe ou en vers; les Vaudevilles fur la Cour; les Anecdotes êf Bons Mots; les Eloges des Savans , des Artifies, des Hommes de Lettres morts, &c. £fc Sfc TOME VINGT-SEPTIEME. h:ic prgpius me, vos ordine adite, Hor. L. II, Sat. 3. vs. 8i & 82. A LONDRES, Ca ez JOHN ADAMSON. MDCCLXXXVI.   MEMOIRES SECRETS pour serviral'histoire de l& Kepubliq.ce des Lettres en ■I'RANCEjDEPüIS MDCCLXfl, jusq.ua nos jours. ANNE'E MDCCLXXXIV. 13 Novembre 1784. Extrait d'une Lettre de Conftantinople du 12 Oclobre. rjne de mes pnncipales remarques depuis que je fuis ici e'eft que 1'athéifme y a fait de grands pro' grès, en proportion autant qu'ailleurs- fur tout depuis que le projet d'adopter Ja taftique" Ëuropéenne a multipjié les étraDgers è Conftantinople. Ainfi les Turcs en acquérant dos connoilTances militaires, perdront leur religion & mêmc toute reJigioa. Lequel vaut Je mieux? ^ 13 Novembre 1784. Mr. Afe«c, Mafcre des Requêtes vientde périr par accident chez foa confrère M<: Laurent de rilledeuü; i! étoit connudans Ia Lutérature parunetraduftionde Machiavel & un difcours préliminaire, oh il venge ce grand politique. de Ja mauvaife ré. putation1 qu'on lui a dcnnée. Ses amis aiTurent qu',1 y a des chofes dignes de Ja profon deur des vues de Montetquieu. Quoi quTen fou, c'étoit un homme d'efprit & de rnér?. A 2  C4 ) te, mais fans fortune; ce qui Ie faifoit fou' vent gauchir dans fes fonótions de Magiftrature. Mr. Menc étoit d'une ancienne & bonne familie de Provence;il éioit membre du Parlement d'Aix & quitta Iers de la révolution pour paffer au Confeil & achetant a crédit uce charge de Maïtre des Requêtes. L'intrigue & la fouplefle lui avoient valu les bonnes «races de M1'. Ie Garde des Sceaux. Ce Chef de la juftice cherchoit a le foutenir en lui procurant des places ou des fonclions utiles. C'eft ainfi qu'il 1'avoit mis dans Ie nouveau bureau des Quinze-vingts; il étoit en outre d'une nouvelle commiflion pour la recherche, la colleöion , la réunion & 1'interprétation de toutes les ordonnances de nos Rois. 13 Novembre 1784. Relation de Ia Séance publique tenue aujourd'hui par I'Académie Royale des Sciences, pour fa rentrée d'après la Sr. Martin. LePublic enentranta d'abordobfervé avec fatisfa&ion un ballon fufpendu a Ia voüte de la falie; il a jugé qu'il feroit quefiion de ces machines dont il eft li fort enthoufiafle. Ce - ballon a même fervi de joujou pour le défenruyer jufques au moment de I'ouverture de ]a Séance; on le defcendoit de tems en tems afin de le bourrer d'air infiammable, & c'étoient des brouhaha, des cris de joie qui ne finiflbient pas. A chaque fois cependant il fé répandoit une odeur infe&e , qui obligeoit d'ouvrir les fenêtres.  er) Meffieurs étant en place il n'y a eu aucune annonce de Prix, foitdécerné foit a décerner; ie Secrétaire eft entré tout de iuice en matiere & la durée de la féance a été entierement rempüe & au-dela par ia le&ure de quatre Eloges & de quatre Mémoires. Dans les premiers, M . le Marquis de Condorcet a foutenu la réputation qu'il s'eft déja fi juflement acquife en ce genre. Meiïïeurs Morand , Bezout, Macquer & le Comte de Treffan,de onze!confrères auxquels il avoita payer le tribut, ont été ceux qui fe font trouvés en rang pour palier. L'Eloge de Mr. Morand a été court. Cétoit un Médecin , fils du fameux Chirurgien du même nom. Les morceaux qui ont frappé dans ce difcours, font lorfque Ie panégyrifle a peint fon héros, amateur de toutes les fciences, les effleurant toutes; ce qui i'a erapêché de fe diflïnguer dans aucune è certaia point; embrafTant la médecine pour avoir ua état, fans vouloir la pratiquer, comme propre a lui donner occafion d'acquérir les vaftes connoiffances dont il étoit avide. L'endroic oüj k 1'occafion des Mémoires aiTez étendus de Mr. Morand fur Ie char-bon deterre, le Marquis de Condorcet diiTerte en homme d'étac fur la difette du bois a Paris & en France & veut en afllgner Ia caufe, n'a pas été du goüt de bien des politiques. Ses raifonnemens ont paru maladroits & tirés de trop loin. Tout le monde n'a pas été aulïï fort content de fa ' A3  (ö) digreffion fur la Scciété royale de Mécf/cine, pour laquelleon lui reproche une complaifance fecrette. li n'a pu cependant ne pas rendre juftice a 1'attacbement de Mt. Morand envers la Faculté, attachement qui ne lui a pas permis de refter chez cetterivale, dès qu'elle a voulu s'élever contre fa mere. Enfin la peinture d'un Directeur de compagnie par oü il termine, a réuni tous les fufFrages; il a repréfenté Mr. Morand comme un modele en ce genre, joignant la fermeté a Ia douceur & fachant fe faire aimer de tous fes confrères, fans jamais courber la regie au caprice de peribnne. L'Eloge de Mr. Bezout n'a pas été plus long. 21 fourniflbit peu. Cependant 1'auteur a eu Tart d'y faire venir des digreffions qui ont attaché dans ce fujet aride. Celle par exemple, oh il excufe les difficultés fouvent fondées en raifon de Ia part des parens qui s'oppofent au goüt peu réfléchi & nuifible de leurs enfans pour la carrière des lettres ou des fciences , a paru préfentée fous un afpecl: nouveau & piquant ; mais le morceau vraiment applaudi & qui a emporté tous les fufFrages, c'efr. le détail dans lequel è 1'occafion du choix fait de Mr. Bezout par 'le Miniftre pour Examinateur des gardes-marine & des éleves del'artillerie, il développe les diverfes parties, non feulement du talen;., mais du géniequ'exige un pareil emploi: Mr. Bezout, malgré fes frayeurs de la petite • vérole qu'il n'avoit point eue ,  ( 7 ) allant interroger auprès de leur litdeux jeunes gens attaqués de cette maladie, pour qu'un pareil retard De nuifit pas trop a leur avancement & les jugeant dignes du facrifice qu'il leur faifoit, eft une anecdote è conferver & que le panégyrifte a rendu plus intérelTante encore par l'onclion qu'il a mife dans fon récit. Mr. Macquer étoit un chymifte qui a beaucoup écrit en ce genre; ce qui a donné lieu au Marquis de Condorcet d'entrer dans une infinité de détails fur cette fcience fi amufante & fi h la mode aujourd'hui. La peinture de 1'union quiregnoit entre fon héros &unfrere, homme de Lettres, auquel il a furvécu dans les larmes & la douleur, a ferré le cceur de tous les fpe&ateurs fenfibles. Celle de Mr. Macquer avec toutes les qualités les plus fociables, n'aimant que fon intérieur & y rentrant toujours avec plaifir & le plus qu'il pouvoit, eft un tableau non moins touchant Sc plus philofophique. Enfin ce favant recelant en Jui-même une caufe de mort dont il éprouvoit journellement les effets fans la connoitre, calculant les approches du terme fatal, en prévenant fa femme & ordonnant que fon corps füt ouvert, afin de pouvoir être utile peut-être a rhumanké, même après fon trépas, a mis Ie comble a rattendriflement & a 1'admiration de 1'aflemblée. Mr. le Marquis de Condorcet a changé abfolumenc de ton pour fon dernier éloge; il A 4  C8) s'agiflbit d'un hornme de grande qualité, d'un guerrier, Lieutenant • général des armées du Roi; il a embouché en quelque forte ia trompette & a débuté par un éloge pompeux des ancêtres de fon héros. Outre ce morceau qui diftingue. ce panégyrique des autres déja pron'oncés plufieurs fois a la gloire du défunt, ]e Secrétaire a trouvé le moyen de s'en ménager plufieurs qui n'avoient pas été employés. Cequ'on peut lui reprocher, c'eft d'avoir plusparlé ducourtifan&del'hommede lettres que du favant;iln'apasdiffimuléque fon héros avoit peu de titres ó cette derniere qualité. Quelques difiertations fur l'éleótricité au moment oü elle devint 1'objet des recherches de tous les phyficiens, comme aujourd'hui lesdifférentes fubftances acriformes, furent le prétexte plutót que le motif fondé de fon admiflion a 1'Académie des Sciences, A en croire Mr. de Condorcet-, le Ccmte de Treffan, quoique neveu & éleve de deux Evéques, n'en étoit pas plus religieux. C'eft ce que lui reprocha le jéfuite Menou, lors de la fondation de 1'Académie de Nancy, a laquelle ne contribua pas peu Mr. de Treffan. II y prononga différens difcours & le Jéfuite, Confefieur du Roi Sta< nislas, 1'accufa de s'y être montré exceffivement hardi dans fes opinions. Le Roi de Pologne lui en fit des reproches:,, Sire, lui ré„ pondit 1'accufé, je fupplie votre Majefté „ de fe reflbuvenir qu'il y avoit trois mille „ moines a la proceffion de la Ugue & pas ■ „ un  (9) un philofophe." rVk de Condorcet, dont la plume eft naturellement amere & fatyrique, n'omet jamais de pareils trans & avec d'autant plus de raifon, qu'ils enchantent toujours 1'auditoire. Une chofe fort remarquable dans ces quatre éloges, c'eft qu'il n'eft queftion dans aucun que le héros ait fait une fin chrétienne: poinr. d'extr'ême-onclion , de viatique, de Confeffeur même •, on en infere avec aflez de vraifemblance qu'ils ont tous été philofopbes jufques au bout. Mr. Demarefl a lu le premier Mémoire fur la caufe de la diftintïion & de la fêparation des couches de la terre c? fur les confêquences qui en rêfultent. Les moyens qu'employe la nature font fimples & uniformes. On n'a pas deviné fon fecret, quand on pfligne de grandes caufes a la plupart des effets qu'elle produit. C'eft ce que prétend Mr. Demarefl dans fon Mémoire. 11 n'y offre qu'une trés légere efquifie des obfervations qu'il a fakes depuis vingt ans fur cette part ie de rhiftoire naturelle; il s'eft contenté d'y préfenter fes vues générales & il a trés bien fait. Cetre matïere aride n'étoit gueres propre h intérefier le trés grand nombre des auditeurs. Le fecond Mémoire d'Aftronomie eft de M'. de Caffini: fon but eft la vêriücation des nouvelles dkouvertes faites en Angleterre fur let étoiles doublés. C'eft avec des lunettes qui grofiiflenc des miliiers de fois 1'objet pias qqe A 5  Cio) les aurres, qu'on a fa.it ces obfervations. tl a été furtout queftion de la Planete de Har' fchel. Tout ce Mémoire fort fee & fort ennuyeux a été peu écouté. L'attention a été finguliérement réveillée par le Mémoire de Mr. Sabatier fur un grand nombre de morfures qu'avoit faites a une même perfonne un chien enragé,traitées avec fuccès. C'eft qu'il intérefToif puiflamment tous les auditeurs. La cautérifation eft le moyen employé parM1'. Sabatier :avant lui on le regardoit purement comme auxiliaire, & il a éprouvé qu'il étoit curatif & peut-être ]e meilleur qu'on put employer. L'auteur commence par établir 1'état affreux du malade, qui portoit fur lui foixantequinze morfures ou égratignures. Nul doute que 1'animal dont il avoit été fi horriblement déchiré, ne füt enragé; puifqu'un jardinier mordu peu avant une feule fois par le même chien, fe croyant guéri, étoit mort peu après d'une hydrophobie bien avérée. Mr. Sabatier entre enfuite dans tous les détails de fon procédé trés violent, dont le fuccès avoit en moins de cinquante jours pafie fes efpérances„ Durefte, nul remede adminiftré au malade, fauf qüelques gouttes d'alkali volatil qu'il avoit défirées;mais l'académicien les lui avoit accordées par complaifance pure, & ne regarde point cefpiritueux comme anti-hydrophobique. Ce Mémoire a été fort applaudi.  ( n ; Le Public s'impatientoit beaucoup de ne rien entendre fur le ballon offert k fes yeux, lorfque Mr. Meusnier a fini la féance par un Extrait de l'expofé des recherches £? expèriences faites jufques d ce jour par ordre de VAca~ démie pour la perfeêlion des machines aërojiatiques. De tout fon récit il réfulte que la Compagnie a jugé comme le plus eflentiel de trouver une enveloppe abfolument imperméable k I'air inflammable; c'eft a quoi elle travaüle & ce qu'elle efpere avoir obcena dans le ballon fufpendu, d,ü k 1'invention du Sieur Fortin, artifte trés intelligent. Ainfi elle n'eft encore qu'au premier pas. 13 Novembre 1784. Extrait d'une lettre de Loches du 2 Novembre La manie des aëroftats a pénétré jufques dans notre petite ville. Le 14 Oótobre dernier nous avons joui du fpeftacle d'un ballon lanré dans les airs; il étoit d'une figure hexagonale; un cóne tronqué formoit fa bafe, un prifme fon milieu, & fon fommet étoit terminé en pyramide. Une de fes faces repréfentoit les armes de la ville; fur une autre on h'foit le quatrain fuivant: Superbe aëroftat, dont Ia noble ftruéhire De I'efprit des humains anuonce la grandeur; Tout émerveille en toi; 1'art aide la nature; Le ciel eft ton pays, un homme eft ton auteur. Ce globe s'éleva environ è mille toifes; A <3  C 12 ) mais la circonftance la plus extraordinaire c'eft que plufieurs de nos amateurs aiTurent avoir vu, a 1'aide de leurs lunectes, une infinité d'hirondelles fe repofer fur lui. 14 Novembre 1784. Partout le goot de la belle typographie lemble fe ranimer. En Italië 1'imprimerie royale de Parme dont Mr. Bodani eft Directeur, & celui de la Propagande a Rome, cherchent a ledifputer aux Aldes, aux Gioliti, aux Torrentini, ces anciens imprimeurs fi renommés dans ce berceau de la Littérature en Europe. On a exécuté dans 1'imprimerie de la Propagande, avec de trés beaux carafteres & fur de trés grand papier, un eiTai typographique en 4Ö idiomes, pour célébrer Guftaxe lil, Roi de Suede, lorfqu'il 'y a voyagé. L'éloge de ce Prince original éft en un quatrain latin que voici: Ampliw, baai mtmores Aiarici, Roma, furortm} Res fato verfas mnc meliore vides; Nam te gustavi recreat prafentia; gaude Quod te mme tanti Principis ornet amor! Ces vers traduits d'abord en fuédois, le font enfuite dans les autres langues de Tanden continent. Voici comme un amateur les rendus depuis ici trés librement en francais* Trop de cruels Tyrans, ó dép'orable Rome, Ont jadi-, dans ton fein déployé leurs fureurs; Ouvre les yeux, fecbe tes pleurs; Dans un Monarque vois un homm  C 13 ) 15 Novembre 1784. Afin de pouvoir mïeux comparer la Lei ere iVJiniftérielle aux Esêques & !a plaifanterie dont le clergé 1'a fait luivre, il faut les rapprocher 1'une de 1'aucre, Voici d'abord la première. De Veriai'les , le 16 OBobre 1784. Le Roi ayant fixé, Monfieur, fon attention particuliere fur 1'hnportance de vos fonctions, ainfi que fur les avantages multipliés que recueille ion fervice, comme celui de la religion, de vos bons e^emples & de vos foins journaliers, Sa Majefié m'ordonne de vous marquer qu'EUe defire que vous réfidiez beaucoup & que vous ne fortiez jamais de votre Diocefe fans en avoir obtenu fa permiflion. Vous avez donné, Monfieur, trop de preuve^de votre zele au Roi, pour que Sa Majefié ne foit pas perfuadée que vous entrerez dans fes vues avec un emprefiement égal a leur juftice. L'intencion de Sa Majefié elt donc que toutes les fois que vous ferez dans le cas de vous abfenter de votre Diocefe, vous m'en préveniez, ainfi que du tems a peu prés que vous croirez que vos affaires pourront vous en tenir éloigné. Je me ferai undevoir, comme un plaifir, de mettre fur le champ votre demande fous les yeux de Sa Majefié & de vous faire part de ce qu'il lui plaïra de décider. J'ai 1'honneur d'être avec un parfait attachement, Monfieur, votre, &c. Réponfe de M>: l'Evêque d'dia Lettre A 7  ( 14 ) ée Mr. le Baron de Breteuil , du 16 OBobre 1784. J'ai recu, Monfieur leBaron,Ia Lettre que vous m'avez fait Fnonneur de nrécrire en date du 16 Oótobre, La première phrafe de cette Lettre eft un peu longue; mais avec de Ia patience on en vient è bout, & après 1'avoir lue, on eft bien édifié desgrands principes qu'elle renferme; aiDfi que vous me le prefcrivez, Monfieur, je réfiderai beaucoup, en ne fortant jamais de mon Diocefe. II a trois lieues de long fur deux de large. Je ne franchirai pas fes bornes,fans en avoirobtenu votre permiffion; je réponds de la foumiffion de mes confrères, comme de Ia mienne. Le Clergé de France, le premier Corps de 1'Etat, va devenir un college, dont Monfieur Ie Baron fera le Régent. J'ai foixaote ans, je croyois mon éducatioa finie; mais je vois bien que fous un maitre auffi babile on peut toujours apprendre quelque chofe de nouveau. Je vous prie, Monfieur leBaron, de me continuer vos lecons. Elles m'enfeigneront a facrifier 1'amitié, la reconnoifTance, la nature même;le fervice du Roi recueillera des avantages particuliers , multiph'és de mon mini. ftere; les prémices du vótre annoncent une récolte abondante P. S. Si ma fanté m'oblige de vous demander la permiffion de fortir de mon Diocefe, je prendrai d'avance la précaution d'écrire è mon Médecin pour favoir a peu prés le tems  C y ) que durera ma maladie, & j'aurai i'honneut de vous en informer." On voic par-la que cette facétie portant tout au plus contre le premier Commis, auteur de la Lettre circulaire alTez mal tournée en effet, ne peut en ridiculifer 1'objet, trop bien entendu du cóté de la politique & du cóté de la religion. 15 Novembre 1784. H Te tient depuis quelque tems un comité chez Mr. le Garde des Sceaux, compofé de quatre Magjftrats, quatre membres del'Académie des Belles-Lettres & quatre Bénédiólins. Son objet eft de rasfembler en corps toutes les Ordonnances de nos Rois pour en former un Code de jurifprudence du Royaume. On n'en eft encore qu'è la première Race, & 1'on compte qu'il en parokra un premier volume 1'annéeprochaine. Quand la vieille Ordonnance eft bien conftatée, bien déchifFrée, ces Meflleurs joignent des notes au texte; dans lefqueiles ils font voir ce qui en eft tombé en défuétude & ce qui en eft en vigueur;ce qu'il y avoit de bon, & ce qu'ils y trouvent de défedtueux. On ne connoft encore que quelquesmembres de cette aflemblée: Mr. de Saint Genis, Auditeur de la chambre des comptes, qui depuis Jongtems s'étoit occupé lui feul d'un travail de cette efpece & avoit raflemblé en ce genre un recueil des plus étendus; M. Pafort, Confeiller a la cour des Aidés, homme de lettres qui a remporté un Prix a 1'Académie des In.  C 15) fcriptions & s'eft occupé déjè de cette favante matière; enfin, Mr. Menc, Maitre des Requêtes, qui vient de mourir. II ne faut pas confondre ce comité avec un autre plus étendu, dont on a rendu compte,puremenc littéraire & dont le but eft d'en. Radet, d'avoir évaporé tout fon fel & toute fa gaieté dans le commencement & den'en avoir  C20) pas affez réfervé pour la fin. Au refie, il s'eft pafie a cette repréfentation une anecdote finguliere. Les Do&eurs tnodernes ont été précédés de la Breuette du Finaigrier, drame fort goüté du public. On a été iurpris au milieu du fecond aóle d'entendre partir du centre du parterre un coup de fifflet trés fort & trés prolongé. Tout le monde a été indigné & lesvoifinsdu fpeftateur malveillant luien ont fait desreproches; ce qui a occafionné une forte de tumulte, 1'a fait connoitre & il a été arrêté & conduit au corps de garde. II s'eft trouvé que c'étoit un homme du peuple , qui n'avoit jamais vu le fpedtacle,a qui quelqueMefmérifte avoit donné de 1'argent & un fifflet pour qu'il fit ufage du dernier au milieu de la piece des Dofteurs modemes. Son peu d'ufage, fon ignorance fi ' 1'on jouoit deux piéces, ou fi 1'on n'en jouoit qu'une feule, 1'avoient fait fe méprendre & fiffler trop tót. Sa bonne foi lui a fervi d'ex^pufe & il a été relaché. Vraifemblablement *Tlne connoiflbit pas même le nom de celui qui 1'avoit mis en ceuvre, ou au moins il n'a pas encore percé dans le public. 18 Novembre 1784. Extrait d'une Lettre de Rennes du 13 Novembre Quoique les Etats fe tiennent dans cette ville , 011 ils fe font ouverts le 8 de ce mois, contre !'ufage& fon droit, notre Evêque ne les préfide pas & refte abfent. C'eft Mr. 1'Evêquede Dol, comme plus ancien,qui le remplace,par ordredu  C 21 ) Roi. Cette difparition de Mr. 1'Evêque de Rennes eft d'aucant plus finguliere,qu'elle arrivé précifément au moment oh tous les Prélats ont recu 1'injonct.ion de fortir de la capitale & d'aller réfider dans leur diocefe. On dit que le nótre a la défenfe contraire, jufques è ce que les Etats foient finis. C'eft un problême de favoir li c'eft volontairement ou non. Bien des gens eftiment qu'il s'eft fait adreffer cette Lettre de cachet pour fe foustraire aux reproches de 1'afl'emblée, a laquelle i! avoit donné fa paroled'honneur de n'y point reparoitre qu'il n'eüt fait retirer les Arrêts du Confeil qui déplaifoient. Nos Etats du refte font affez tranquilles a préfent. Mr. de Calonne & M1'. Ie Baron de Breteuil paroiftent avoir a coeur de contenter la Province; c'eft d'autant plus généreux de leur part, qu'ils ne trouveroient pas grande réflftance. La Nobleffe eft préfidée par un Mr. de Tremerga, qui n'eft rien moins que fait pour occuper cette place, & en général tu.:«! nos chefs font reconnus fort fouples. Pour amufer les Etats fans doute, on a ré* pandu au commencement de leur ouverture un pamphlet fans titre contre 1'Evéque de Rennes. Comme je fais qu'il en eft parti des ballots pour Paris, il vous en tombera fürement un exemplaire fous Ia main & je ne vous en dirai pas davantage Je vous ferai paffer deux Arrêts de notre Parlement, qui vous parviendroient plus diïfi.  C 22 ) cilement, paree qu'ils font trés mortifians pour les Fermiers-généraux & pour ie Confeil qui les foutient & a été obligéde les abandonner ou du moins de pallier leurs torts dans fon Arrêc du iö Odlobre. Par le premier Arrêt du 12 O&obre la Cour en Vacations ordonne que cént trois barils de tabac en poudre, & la totalité des róles detabac filé dit cantine , a 1'ufage des troupes, faifis au bureau général & a 1'entrepöt des fermes a Rennes & a Saint-Servan, feront brülés au bout de la promenade du cours dé Rennes, & enjoint è 1'agent des fermes de remettre , dans le jour, aux débitans de ta• bac en cette ville les moulins leur appartelians, &c. Le fecond du 15 Odtobre confirme les faifies de tabac en poudre qui ont été faites par les différéns Juges de la provincedeBretagne; fait défenfes a tous agens.& entrepreneurs des fermes unies de France, de diftribuerdu tabac en poudre venu en baril, & leur ordonne de remettre, dans le jour de la notification du préfent Arrêt, aux débitans de tabac, les moulins qui pourroient leur avoir été ci - de> vant enlevés, afin qu'ils puiflent pulvérifer les tabacs en carottes pour 1'ufage du Public. 18 Novembre 1784. Madame la Ducbefle de Villeroy, chez Iaquelle loge le Sieur Radet, eft trés attachée a la doftrine du Magnétifme animal: elle lui a fait des reproches d'avoirofé  C23 ). en mettre en fcene les apótfes : pour complaire a cette Dame il renie aujourd'hui fon ouvrage dans le Journal de Paris & Ia piece demeure fur le compte du Sieur Rofiere. Voici du refte ce qui s'eft pafte avanc-hier a cette occafion. Au dénouement, on voit les malades rangés autour du Baquet de fanté, pour fubu 1'opération du Magnétifme. Quand on eft au moment ou 1'influence agit fortement, tous les malades fe levenc, & on les envoye dans Ia Salie des crifes. Après la piece, le Sieur Rofiere a adreffé ce joli couplet au Public; Du vaudeville enfant gaté, Mefïïeurs, avec févérité Ne jugez pas les entreprifes; Pour favoir votre fentiment, L'auteur eft-la qui vous attend Dans la falie des crifes, Le Public ayant demandé l'auteur avec beaucoup d'applaüdiffemens, le Sieur Rofiere eft revenu feul & a répondu au Public: Mesfieurs,j'aieu l'honneur de vous amoncer que l'auteur étoit dans la Salie des crifes: vos bontés l'en ont fait partir fjf nous ne favons point ce qu'il eft devenu : ce qui a fait recommencer les applaudiffemens. 19 Novembre 1784. Malgrétout le ridicule queVoltaire a voulu imprimer fur Mr.dePompignan, fes Odes facrées,fa tragédie de Didon  ( 24) & fa traduction des tragédies d'Efchyle feront toujours regretter en lui la perce d'un de nos meilleurs Littérateurs, d'un Poëte forn.é fur les grands modeles, qui avoit beaucoup de goüc & nous rappelloit le fiecle dernier,dont 1'éclat s'afibiblit & fe perd tous les jours. 19 Novembre 1784. Extrait d'une Lettrede Bordeaux du 16 Novembre... J'ai découvert depuis que je fuis dans cette ville une nouvelle branche de commerce qu'il eft important de faire connoltre. Paflant dans une rue du fauxbourg Saint Seurin , je vis dans 1'attelier d'un forgeron beaucoup de têtes de fer concaves & qui s'ouvroient & fe fermoient a clef. Je demandai quelle étoit la deftination de ces fortes de mafques ? L'ouvrier me répondit que c'étoit pour les Negres des Ifles. Voici 1'ufage de cette jolie iuvention. Lorfque ces efclaves font a 1'ouvrage & qu'ils parient mala-propos ou commettent quelque autre crime de ce genre, on leur met la tête dans cette boite, a laquelle eft foudée en - dedans une forte lame de fer, large d'un pouce & loDgue de deux, qu'on leur fait entrer dans la bouche & qui s'applique fur la langue,de forte qu'ils ne peuvent la remuer, ni fermer la bouche, ni 1'ouvrir. Excellent moyen pour n'être pas touché de leurs plaintes Di de leurs larmes; car vous faurez qu'un Negre gémit & pleure tout comme un homme. 20 Novembre 1784. Extrait d'une Lettre de Saint Maxence du 15 Novembre. J'ai été émer»  C 25 ) émerveillé d'un nouveau pont qui fe trouve ici fans que perfonne en aic parlé. A la hardiefle' de celui de Neuilly, ajoutez des colonnes accouplées qui tiennent lieu de piles, & dont ]'élégance pare la folidité: imaginez un trottoir intérieur, d'une invention nouvelle, adofié è i'extrêmité du pont, de maniere que les chevaux qui traineront lesbateaux, pafferontfous la voüte fans s'arrêter. En voyant Je moyen fi fimple d'avoir réduit è rien Ja manoeuvre Ja plus difficile des bateliers,on nepeut s'empêcber d'admirer Je génie, qui fait ainfi anéantir Jes entraves phyfiques de la navjgatiou'. Du refte, ne foyez pas fcandalifé fi je mets le nouveau pont au defius de celui de Neuilly, cela ne fait point tort a Ia réputation de fon auteur qui eft le même: cela veut dire feulement que Mr.Peronnet s'eft furpafie:on pour-' roit juftement 1'appeller le Faxiban des p\nts & chaujfées. 20 Novembre 1784. C'eft Ie 0 au foir décidément que Mr. Je Comte d'Oels revenu de Êarate Affife eft parti en dernier lieu de cette capitale. On raconte qu'en prenant congé de Mr. Ie Duc de Nivernois, il lui a dit; j'avois paffe" la plus grande partie de ma vie d défirer votr Paris; j'en vais pajjer le refte d le rtgretter. 21 Novembre 1784. Extrait d'une Lettre de' Rennes du 17 Novembre Le3i du moi* dernier, les Plans de la Navigation intérieur de la Bretagne, dreflës d'après les Méraoiu*1 Tome XXF1L B  ( 26) du Comte de Piré, pour joindre la Vilaine a fa JMayenne & a la Rancé, ayant été préfenrés au Roi par les Députés CommiiTaires des Etats de Bretagne, il doit en être grandement queftion dans 1'affemblée & ce fera un des principaux objets du travail. 21 Novembre 1784. Tandis qu'on laiffefans encouragement la belle inftitution de 1'abbéde 1'Epée, 1'Empereur qui en fut frappé dans le tems n'a pas négligé de la fermer dans fes Etats & ü en a rempli depuis peu le projet. On apprend que ce Prince a fait choifir trois maifons a Léopoldftadt pour y recevoir & inftruire trente fourds & muets: La première lèur fervira de logement; la feconde ,d'école; la troifieme,oii fe trouve un jardin, eftdeftiBée a leur récréation. Au frontjfpice de la première on lit cette infcrip-ion: Jurdorum, mutorumque Inftitutioni Êf Viftui. Joseph. Au c. 1784- .... Le 29 du mois dernier, ces Eleves dilgragiés de la nature ont rendu pour la premie, re fois, dans une affemblée publique, un compte trés fatisfaifant de leurs progrès durant le cours de 1'année. 21 Novembre 1784. LeDefceuvri ou 1 Efpion du Boulevard Su Temple, a, comme on ly avoii invhé.étendu fa fpberefcdepuisquelque tems il paroft une brochure dans le même genre fur les grands fpecftacles. Elle eft ü rare qu'on ne peut encore en parler que fur parole. II feut efpérer que les héroïne» & les  ( v) ■«ryphées de Popéra & des deux comédïes trouveroot queique défenfeur, meilleur que l'auteur du pamphlet ïntitulé , le dé/ceuvré mis en mvre ou le revers de médaille, pour fervir d'oppolition ft VEfpion du Boulevard du Temple, & de préfervatif ft la tentation. Pamphlet trés plat qui ne pouvoit pas avoir même Ie mérite de défendre 1'innoceace. Quelle innocence en effet que celle qui fe trouve au 'milieu de tout ce qu'il y a de plus vil, de plus crapuleux, de plus infame, oü Ja vertu la plus pure fe fouillemit néceffairement. 22 Novembre 1784. II eft mort il y a peu de tems une courtifanne du vieux ferrail, norsmée M'ie. de Beauvoi/in. Obiigée de donner ftjouer pour fe tirer d'afFaire, elle avoit par fes charmes ufés eu Part eD dernier lieu de captiver Mr. Bauiard de Sainte James , Tréforicr des dépenfes du département de Ia marine Ce magnifique feigneur, ayant plus d'argeat que de goüt, avoit fait des dépenfes énormes pour elle: on eftime qu'il faut qu'il lui ait doané en bijoux feuls & autres efFets enviroa qumze ft dix-huit eens mille francs, outre vingt mille écus de fixe par an. Sa tente eft aujourd'hui 1'objet de la curiofité, non-feulement desfillesélégantes, mais encore des fem mes de qualité. On y compte deux eens ba. gues plus fuperbes i'uneque Pautreron yvoit des diamans fur papier, comme chez les lapi. daires, c'eft. ft. dire non montés; fes belles robes fe moment ft quatre vingts; od pariede B 2  C 28 ) draps de trente-deux aunes, tels que la Reine n'en apoint. Enfin depuis la vente de la fameufe Deschamps ,on n'en connoit point en ce genre qui ait fait autant de bruit. 22 Novembre 1784. Extrait d'une Lettre deStrasbourgdu 12Novembre... Unedeschofes qui m'a fait le plus de plaifir dans cette ville depuis que je la parcours , c'eft un jardin botaniqué femblable a celui du Roi a Paris. C'eft un des mieux tenus & des plus riches que 1'on connoiffe. Mr. Cerard, Préteur de Strasbourg, qui, comme vous favez, a été le premier Miniftre du Roi auprès des Etats - Unis, a dépofé dans ce jardin une col» leclion des plantes les plus curieufes de 1'Amérique Septentrionale, qu'il a rapportées luimême des environs de Philadelphie; ces végétaux acclimatés fous un ciel ami du leur & propice a leur culture, réuffiflent a merveille. Ce jardin doit beaucoup aux foins d'unMédecin fameux de cette Univerfité, nommé Spielman, chymifte encore plus célebre,mort en Septembré de 1'année derniere. Lorfqu'on lui confia la diredion du Jardin de Botaniqué de Strasbourg, il n'y avoit ni ferres, ni éco]e, aucuns fonds n'étoient deftinés k fon entreuen; il lui a procuré tout cela, & il peut en paffer, finon pour le créateur, au moins pour le reftaurateur. Une des anecdotes flngulieres qu'on m'a racontées de la vie decefavant & que je ne puis omettre, c'eft qu'en  C 29 ) 1756 il fut nommé a la chai'-e deProfefleur de Poéfie; ce qui ne vous laiffera pas uns grande idéé du goüt de cette ville & des éteves qu'il a pu former en ce genre.... 23 Novembre 1784. Comme la piece des DoSleurs Modemes, quelque médiocre qu'elle foit , porte fur le ridicule du jour, elle faic tmind bruit & fera certainement fuivie avec » . ... fureur. il court aans les muuuu» uu p>-ii<. écrit imprimé è ce fujet. C'eft une efpecede Confultation au public, dans laquelle on demande s'il eft permis de jouer ainfi fur la feene, non - feulement des médecins connus, mais tous leurs difciples, cboifis entre cequ'il y a de plus illuftre.de plus éclairé & de plus eftimé dans le Royaume ? On attribue cette feuille, qu'on dit bien tournée, a M. d'Eprémesnil , grand enthoufiafte du Magnétifme. On affure qu'il attend le retour de quelques confrères auiïï fanatiques que lui en ce genre, pour dénoncer la parade des DoSleurs Modernes aux Chambres affemblées & en demander la profcription. 23 Novembre 1784. Le bureau académique d'écriture eft une des inftitutions qui feront époque dans 1'adminiftration de Mr. le Lieutenant - Général de police aftuel. II a été établi par Lettres - patentes du Roi du 23 Janvier 1779, régiftrées au Parlement le 12 Mars audit an. II eft compofé de 24tnembres & doit avoif 24 agrégés-,24 affociés écrivains & graveurs; en outre des correfpondans écrivains, dont le B 3  f 30 •Offibre ïreft pas déterminé. Ce bureau s%. iemble quatre fois par mois pour traiter de la jerfcflion des écritures; du déchiffrement des anciennes écritures ; des calculs relatifs au eommerce, a la banque & a la financé; de la Aan oir"00 f"- éCrltUreS' & de ]a ^mmalre Aancoife relativement a Porthographe, U a «ne féaDCe publique de rentrée au mois de Jovembre. Celle de certe année gui a eu Jeu le dix-huit Novembre, a préfenté un ipectacle pïus nouveau & p]us curieux , fcuce féance des autres Académies. ün Mr. Haüy, Jnterpréte du Ro'i & Profes, leur pour les écritures anciennes, agrégé du bureau, a fair paroftre un éleve, L de 17 ans nommé U Sueur, aveugle depuis TÉge de & femames, auquel par un procédé particulier en moins de fi* mois il a appris Tl eft «alculei■ è diftinguer des cartes de géZ'apbe, a folfcr, « noter Ia mufique | rrlme i impnmer des Jivres a Pufage de" fes fembla. v &Jf ?Ch3mp iJ Iui a tonner devant 2'affemblée des preuves de rP «n-n „ Tl pfl- j, ~i r *"cuves üe cequil avancoir. II eft a obferver que eet infortuné, obligé d aller mendier des fecours qu'iJ parta'ge ™?c fa familie , ne peut facrifier a 1'étude que quelques mftans par jour. Cette fcene auffl mémorable que touchante a déja été gT yée. On voit une eftampe repréfentant le jeune aveugle Jifant a Paide de fes doïts 2e défi^r?6 f0Q Pr°pre raouvement & avec Je défiatéreffement leplus noble s'eft offert a la  C Si 3 Sorfété Philantropique pour confacrer fes «»V lens k 1'iDftruöion des enfans aveugles- nés, dont elle prend foin, & » eft a fouhaiter que tLe rival de M'. 1'abbé de 1'Epée mais ayant moins de facukés, il trouve plus dencouragement. Au refte, c'eft k Paveugle <ïe Puifaux , inftruifant fon fils avec des caraöeres en reliëf; a Sanderfin, aveugle enfegnant es mathématiques au milieu d'ut, eerde de clairvoyans 5 & tout récemment k W. de Kapellen auteur du joueur d'échecs qu'on a vu ia, & le maitre de Mlle. Para*;enfin a Mr. Wej' lemburz, de Manheim, privé de la vue dèslS de lept ans & fuppléant a la perte de eet oreane par la perfeftion donnée k fon tact, que W.Haüy avoue modeftement qu.1- efi re* devable de 1'imagination d'une tcntativef qm * fi bien réuffi. . _ . ,., .• . „ Novembre 1784. ön fe raiTure de plus en plus aujourd'hui fur la fanté de Mr. Charles: II annonce qu'il ouvrira fon cours de phyfiqu* expérimentale le jeudi 2 Décembre; ce qur urouve que fon malheureux accident n a pas erf Se plus longues fuices. Bien des gensi mêmcf affurenc , malgré toutes les probabihtes du contraire & la rumeur générale foutenue acet égard, qu'il n'a jamais eu lieu. 24 Novembre 1784. Le pampMet contre 1'Ëvêquede Rennes qu'on a annoncé, a percé' en effet dans cette capkale. II n'a pomt de' sfcre. C'eft un Recueil de Lettres, ou \on B 4  C32 ) affimile Mr. de Girae 4 Figaro, & 4 I'occafion de la p,ece du Sieur de Beaumarchais on fait vemr ce Prélat fur la fcene. Tout cela eft fort mal agencé & tiré de trés loin. L'envie «le médire s'y montre trop 4 déeouvert On y a inféré jufques 4 la généalogie des Bareau: manufcrit dont nous avons parlé il v a plu' fieurs années. Quoi qu'il en foit, comme la méchanceté, bien ou mal aiTaifonnée, produit •oujours de J'efFet, les Bretons recbercbent avidement celle-ci & le pamphlet en eft trés couru, trés fêté. II parojt que l'auteur en veut auffi 4 Mr. Foujaud de Montjourdain, Adminiftrateur des • D™es deBretagne, &4 ce titre feul Iepla« dans fa brochure. II y rapporte une anecdote de procédé dur & de mauvaife foi, par Jaquelle ü voudroit indifpofer contre ce financier Mr. JeCoDtróIeur général, qui, dans ce moment-ci, bien loin de vexer les Bretons cherche 4 fe rendre de fon mieux agréable 4 Jeur Province. 24 Novembre 1784, Le petit imprimé dont on a parle a pour titre Réflexions préliminai. res a loccafwn de la piece des Doiïeurs Moder nes. Comme il eft fqrt court, qu'il ne fe" vend point «Sc n'a été envoyé qu'aux adeptes ou partifans du Mefmérifme; qu'il eft d'ailleurs trés important , puifqu'jj fembie deftiné 4 fervir de bafe 4 Ja dénonciation 'de Mr ó'Eprémefnil ,on va le configner ici dans toutè fon ïntegnté. »j Voici 53 Voici  C33) „ Voici un Pouvoir terrible & d'un notl« veau genre qui s'éleve dans 1'Etat." „ Ms.Mefmer a des ennemis puiffans, il en a même qui font revêtus d'une grande autorité. II a fait une découverte, il propofeune doctrine, il a beaucoup d'éleves plus diftingués les uns que les autres par leur rang , leurs lumieres, leur exiftence perfonnelle. „ Ses ennemis n'ofent pas attenter a fa vie. Le tems dés auto-da-fé paffe partout ailleurs. II n'a jamais exifté en France. Forcés de ménager fa perfonne, ils 1'attaquent dans fon honneur. On 1'a joué fur le théatreltalien de la maniere la plus indécente & la plus calomnieufe, lui dire&ement, & indireftement fes éleves, fes malades. En attendant que Mr. Mefrner le demande aux loix , on ofe demander aujourd'hui aux peres de familie, aux citoyens honn^tes, en un mot au public impartial, s'il eft bien convenable que dans un Etat policé, une autorité quelconque s'arroge Ie droit de difpofer fur le théatre de 1'honneur d'un individu ? „ Jriflophane jouoit Socrate & 1'a conduit è Ia ciguë. Eft ce-la 1'intention des ennemis de Mr. Mefmerï Ils fe trompent. L'honora* ble cortege dont Mr. Mefmer eft entouré, portera, quand il en fera tems, au pied du Tröne & dans le fecret de Ia Juüice un té* moignace de fon favoir & de fa vertu. , „ Si les ennemis,-de Mr. de la Chalotais avoient imaginé la reffource des théatres, ils B 5  (34) auroient pu mener loin ce grand fiommc cc ia Magiflrature Francoife. Le le&eur eft prié de pefer ce petit nombre de réöexions dans 1'in térieur de fon foyer. L'auteur de eet écrit fe nommera ui? jour. Connu par fon refpect, pour la puiffance du Roi, 1'autorité des loix & la vérité, il a toujours fait profeffion de ne craindre m les railleries, ni les intrigues, ni 1'abus du. pouvoir." 24 Novembre 1784. Duharri le rouè re-vient fur Peau & cherche è tirer parti aujourd'hui, non de fa belle - fceur, mais de fa ferrïme. On fait qu'il a époufé une jeune & jolie perfonne de fa province, bien née d'ailleurs. II 1'a menée k Paris avec lui depuis quelque tems. II a commencé par chercher a la dégoüter de lui & k Ia familiarifer avec le vice» en lui dommant Ie fpeclacle de fes propres débauches & en faifant venir fans ceffe fous fes yeux toutes fortes de coquines. Enfin il fa introduite cbez M. le Contróleur général & c'eft elle qui fait aujourd'hui les honneurs de Ia table de Mr. de Colonne. On veut que Madame Ia Vicomteffe de Laval, furieufe de cette préférence, fe foit retirée & vive aóiuellement avec Mr. Micault é'Harvelay. 25 Novembre 1784. On a commencé hier la vente des tableau* de M'. le Comte de Vaudreuil, Grand-fauconnier de Fr ance. Ccte fuperbe colle&ion eft au nombre de plus de  C 35 3 cent. II n'y a de 1'Ecole frangoife queiqudcfues Cafanove & les huit tableaux de Mr, 'Vernet pour la galérie dé la Ferté, qui n'ont jamais été expofés auSallon. On a parlé dans le tems de ces chefs • d'oeuvre comrrrandés parM--. de ïaBorde & dont il avoit eu la malhonnêteté d'enlever la jouiffance momentanée aux yeux du public. On eft trés furpris que Mr. dë Faudreuü fe défaffe de tant de richeffes pittorefques, & •1'on ne peut trop en donner la raifon. La plus mifemblable, c'eft qu'il avoit en vue la place de Mr. d'dngiviller; que pour mieux y parvenir il avoit été bien aife de fe donner la réputation d'un connoiffeur & que cette petite charlatanerie ne lui ayanc pas réuffi , il s'eft trouvé gêné & a été obligé d'ufer de cette reffource pour faire honneur a fes af' faires. 25 Novembre 1784. Vers S. Madame de *** qui avoit éprouvé des revers de fortune & étoir. tourmentée d'une maladie cruelle, a 1'époque du jour de Sainte Catherine, fa Patrone,. O Catberine, autrefois.fi brillante,. D'appas remplie & d'efprit pétillante, Qu'on fêtoit tant! plus de cour ni de fleurs, Même de vers; perfonne ne te chante. Ce jour s'alonge au milieu des douieurs, Et ton tribut, hélas! ce font mes pleurs. Cet abandon que ma Mufe détefte,, IVoyoni föurtant, calculons tes malheurs)' B 6>  Sem'oleroit il a tes yeux fi funefte? Qu'as -tu perdu?desamis vains, trompeurs De tout état, tout rang, toutes couleurs, Epotiventail du mérite modefte Flagorneurs bas, ou méchans perfiffleurs; ïun'en avoisqu'un vrai.... Mais II te refte. zy Novembre 1784. Extrait d'une Lettre de Rennes du 20 Novembre. Nos Etats, depuis leur ouverture, fe paffent affez bien jufques a préfent avec la cour & Ie miniftere: mais il y a des tracafferies particulieres dont il faut empêcher les fuites. Je ne vous ferai point un jouraal faltidieux de nos féances & m'en tiendrai aux faits principaux. Après le difcours du Comte de Montmorh, Ie nouveau Commandant de la Province, plein degraces & d'aménité, le don gratuit de deux millions a été accordé paf acclamation. Eofuite les Etats ont expofé leurs doJéances & ontdemandé fi lesCommiffaires du Roi étoient autorifés a redreffer leurs griefs il doncr wie tien?  ( 4o ) Vois comme aux tems futurs avec nous on arrivé; De Pimmortalité nous coinpofons Parchivej De Fréderic le grand frere, émule & foutien, Tes hauts faits, tes vertus, lecons de tous les ages, Rempliront a leur tour nos plus brillantes pages. Au üyle amphigourique de cette piece, a fa prolixité, on juge aifément quel en eft l'auteur. C'eft eet homme qui depuis fept mois occüpe feui le tbé&tre des Francois. On voit qu'il ne réuffit pas mieux dans la louange que dans le fentiment. Ces vers font dignes de l'auteur des couplets de la centénaire. II faut les conferver pour leur ridicule rare. 26 Novembre 1784- C'eft Mr. Robert qui, quoique peintre de genre,a été nommé gard» du Mufceum qui s'établit dans la galerie des Tuilleries; il eft défigné pour cette place depuis longtems; voila le moment auquel il va commencer a en exercer les fontftions. Les macons font abfolument fortis de ce lieu; mais il y a beaucoup d'autres ouvriers qui doivent y paffer & 1'on ne croit pas que le Mufetum puifle être ouvert au public avaut 1786. Les peintres d'hiftoire, qui, avec raifon, croyoient que cette place leur étoit düe, font trés jaloux de Mr. Robert, qui ne Pa emporté que par une protectiqn fpéciale de M1-. le Comte d'Jngiviller. Tout récemment Mr. Robert a demandé un adjoint, paree qu'il prétend qu'un garde du Mufcsum ne doit jamais s'abfeuter. On a  C 4-r ) fcnti Ia juftefTe de fon idéé & c'eft Mr W. raf, ancien peintre d'hiffoire, trés médiocre il eft vrai, . i'Intendant, puisqu'il n'eit point encore renvoyé è fon Département. II avoit cependant préfenté a la Cour un Mémoire apoiogéuque afléz fpé. cieux, fi les fajts qu'il y expofe étoientexactement vraïs. Ce Mémoire eft irnprimé aujourd'hui fous un titre étranger ; " il porte: Lettre d'un Subdêléguê de la Généralité de Guienne 4 M. le Duc de ***. On ne peut dou.cr que eet ouvrage ne foit celui de m4 Dupré de Saint. Maure, par Y Avertiffement de lEditeur qui dit; „ je ne puis me perfuader „ que je rifque aucunement de compromettre 3, le Magiftrat qui, fous un nom emprunté, paroft i'être moins occupé de fa propredé„ fenfe que de celle du gouvernement." * Par ce Mémoire trés violent contre le Parlement & recnminatoire de fes fameufes Remontrances dont on a rendu compte, l'auteur prétend dévoiler les motifs d'intérêt & d'animofiJé qui ont excité les réclamations de cette Cour contre une lol fagement établie pourle regime des corvées, fuivant laquelle elles fe payoient en argent dans une proportion conforme aux impóts, & ceux quis'étoient fou- Tw r^ iUeS'Ja' s'y tro^oien! affujertis. Une Inftruction fignée du Roi, envoyéepar Mr. de Clugny, devenu Contróleur général , a foa fuccelTeuren i776> avoit d'abofd été e gut de de fa conduite. Depuis cette InftrucS c 3  (54) a été modifiée & convertie en une Ordonnance du Confeil du 3 Mars 1783, par M*.Jolyde Fleuri, Le Parlement n'a'ofé attaquer cette Loi; mais il a fuppofé des abus , dont on voit le détail dans la Lettre du Premier Préfident aux Lieurenans-généraux des SénéchauiTées de la Province du 31 Mars 1784, rapportée a la fuite de celle du Subdélégué. Du refte, dans un Nota en Pofifcriptum, M'. 1'Intetidant ne peut s'empêcher de convenirquele fyftême adopté aujourd'hui par le gouvernement fur la manutemion des corvées, ne foit fufceptible d'inconvéniens & il y indique fommairement des remedes. Ce qui fortifie encore les foupcons contre ]a bonté du nouveau régime , c'eft que dans 1'avertiffement on annonce une égale fermen'tation élevée dans le Parlement de Languedoc contre Padminiftration des corvées. 2 Décembre 1784. On parle d'une caricature , imaginée a 1'occafion de la guerré. L'Empereur, qui en eft le principal héros, eft au milieu, fon épée a moitié tirée ; la Hoilande en face, dans 1'attitude d'une femme qui fe défend; le lion Belgique eft è cóté d'elle qui grince lesdents & femble rugir;la Franceplus loin braque fes canons; le Roi de Prufle eft derrière l*Empereur,il le guette & 1'onle juge difpofé a la furprife. Au bas on a écrit ces mots t. ture lu tu tu rengaines. 2 Décembre 1784. 11 n'y avoit autrefois k Bordeaux que de petites affiches trés feches &  C 55 ) trés ennuyeufes concernant Ie commerce, paroiffant une ou deux fois par femaine. Deux jeunes gens de cette ville ont imaginé de les convertir en un journai abfolument calquéfur celui de Paris, qui fe diftribue chaque matin' fous le titre de Journal de Guienne. II eft dédié au Maréchal de Mouchy & a commencé Ie premier Septembre. II n'eft point mal fait & pourra même, a bien des égards, être plus curieux que celui de Paris, paree que, quoique foumis è un cenfeur, il fera fufcep. tible de plus de liberté. II eft aufli littéraire, & nous ne pouvons réfifter au defir d'en citer pour écbamillon la fable fuivante, petitchefd'oeuvredigne de la Fontaine ;elle eft d'un Mr, Dournu , vicaire de paroiffe. La Corneille 6? l'Efcargot. Monfieur de l'Efcargot, foyez le bien-venu: Coinment êtes-vous donc, lui dit une Corneille, Monté fur ce hêtre chenu, Vous qu'on fouloit aux pieds Ia veille? Mon fecret, répond-il, n'eft pas une merveille; C'eft en rampant que j'y fuis parvenu. 3 Décembre 1784. A la derniere affemblée publique de 1'Académie des Infcriptions & Belles Lettres on vit que 1'Abbé Arnaud, 1'un de fes membres les plus affidus, manquoit. On dit qu'un chancre horrible Ie tourmentoit,on ne fait fi c'eft une fuite de fes débauches; mais eet bomme d'églife, un des plus vigouC 4  C 50 reux champïons dans les combats amoureux » vient de fuccomber. Plus intriguant que littérateur, de rien il étoit parvenu a être Abbé Commendataire de Grandchamp, 1'un des Quarante de 1'Académie Frangoife & de celle des Infcriptions & Belles - Lettres , Ledteur & Bibliothécairé de Monfieur, Hiftoriograpbedes Ordre? de Saint Lazare & de Jérufalem. II prétendoit avoir de grandes connoiffances en mufique , & c'eft la matiere fur laquelle il a commencé d'écrire. Du refte, il n'a fait gueres que des opufcules.- 3 Décembre 1784. Dimanche dernier un jeune homme trés bien mis s'eft préfenté au lever du Roi; il a fendu la foule des courtifans, s'eft jetté aux pieds de Sa Majefié & lui a dit: „ S1 r e , j'implore votre commifération „ & votre puiffance pour me délivrer du dé„ mon dont je fuis poffédé; c'eft ce coquin „ de Mefmer qui m'a enforcelé " Tout le monde eft refté ftupéfait. Le Roi feul s'eft retourné en riant vers la cbapelle, c'efi - a - dire vers 1'Evêque de Senlis & autres aumóniers & chapelains qui étoient-lè & leur a dit:,, Me«„ fieurs, c'eft votre affaire; cette bonne ceu„ vre vous regarde." On craignoic que eet événement ne 1'eüt efFrayé; mais on a bientót été rafluré par la maniere dont il 1'a pris, On s'eft emparé du quidam; il s'eft trouvé être le fils de Mr. Millet , Receveur général des finances , frere de deux femmes mariées a la cour, entre autres de Madame la Corntefte de Mm-  C 57 ) Mouflier. On 1'ajugé fol & renvoyé a fesparens. 4 Décembre 1784. Madame la Baronne de Burman étoic d'origine fille d'une courtiere de diamans dans la place-dauphine. Elle avoit époufé un per.it bijoutier nommé le Coqt qui a fait banqueroute & eft mort en Efpagne. Dévenu femme galante, elle a donné dans les yeux d'un riche Hollandois, de 1'ordre équeftre, qui 1'aépoufée, puis s'en eft repenti, a voulu faire caffer fon mariage & n'ayanc pu réuffir a 'aiffé fa femme fe livrer è tout fon libertinage. Elle eft aujourd'hui maftreffe en titre du Baron d'Ogny., Intendant général des pofies; elle a furtout en fous-ordre le Sieur Julien de la comédie Italienne, dont la femme a quelquefois porté des plaintes au Baron; mais il en eft tellement engoué qu'il ne croit rien & ne peut fe paffer de cette Dame. II vient d'en marier la fille au Comte de Peyfac avec des avantages confidérables & Ia plus grande pompe. Cet éclat a beaucoup fcandalifé Paris & donné lieu de rechercher toute 1'hiftoire de fa mere. Elle n'en fera pas moins préfentée, n'ira pas moins è Verfailles nejouira pas moins de tous les honneurs & de toutes les diftinctions des femmes de la cour. Le contrat de mariage a été figné par Leurs Majeftés le 21 Novembre. 4 Décembre 1784 La Pederaftie, aujourd'hui le beau vice è la mode, comme la Tribade. ne parmi les femmes, a été portée depuis quelque tems a un fi haut point de fcan. C 5  C 53 ) dale a Ia cour que Sa Majefté vouloit qu'on févft contre quelques Seigneurs prh en fla> grant délir. On parle d'une efpece de Serrail qu'ils avoient établi a Verfailles, oü fe rendoient les bardaches a leur ufage. On a repréfenté au Roi quel'éclac d'un ch&timent juridiqueferoit trés dangereux,defbonoreroit d'ailleurs beaucoup de grandes maifons, enfin exciteroit fans doute de plus en plus le goüt & la curiofité de ce pêché. Le Roi en conféquence de ces repréfentations s'eft contenté d'en exiïer quelques - uns. On citoit furtout ]e Marquis de Cre maixre d'hótel de Madame; on 1'accufoit d'avoir débauchéun Haiduque de la Reine. Comme il eft abfent depuis deux mois & dans fes terres en Flandres, ce bruit s'eft accrédité, au point qu'on affure queM1'. d' Angiviller, fon ami, lui a écrit qu'il feroit bien de revenir pour détruire , en fe montrant, les rumeurs facheufes qui fe répandoient a fon fujet. Cependant il n'eft pas encore arrivé. A ce même fujet 1'on cire un fameux prédicateur de Paris, Ie pere Ctfaire, carme déchauffé, coufin du pere Elyfée; on dit qu'on a voulu Ie perdre dans la Franche - Comté fa patrie, oh il eft aétuellement & qu'il eft accufé de fodomie au Parlement de cette province. II faut artendre des éclairciffemens fur eet étrange proces. 4 Dêcemkre 1784. Extrait d'une Lettre d'Aui.h du 25 Novembre. Tous les troubles  (59) élevés ici au fujet de notre nouvel Intendant Mr. de la Chapelle, dont le régime des corvées avoit été la caufe, font ceffés. Nous avons regu un_Arrêt du Confeil du 18 Ottobre , qui ordonne que les officiers municipaux fe« ront tenus .d'exécuter dans tous les cas les Ordonnances du Sieur Intendant & Commisfaire départi: il les difpenfe d'une peine portée contre eux par une Ordonnancede eet Intendant , mais pour cette fois & fans tirer a conféquence. Sa Majefié, du refte, fe réferve de faire connoïtre fes intentions fur 1'objet des repréfentations desdits officiers municipaux , ainfi que fur tout ce qui Concerne le régime des corvées. II ordonne en outre que les termes & imputations contenus dans leur Mémoire imprimé contre les Ingénieurs des ponts & chauffées, feront fupprimés comme injurieux & calomnieux. Le j de ce mois Mr. 1'Intendant, avant de leur lire eet Arrót mortifiant, 1'a adouci par un difcours mielleux; il y a fait un pompeux éloge du Miniftre desfinances, dont la gloire' retenlit dans 'toute l'Europe & a annoncé que Mr. de Calonne s'occupoit d'un Réglement général fur les Corvées. Le Maire d'Auch a répondu d'une maniere noble, quoique foumife & refpedlueufe pour les ordres du Roi 5 Décembre 1784. Chanfon pour Ie jour de S. Frangois, a une Dein oifelle que fon amant C ö  r 60) jaloux avoit fouftraite k toute fon ancieune fociété. Air: de tous les capucins du monde. Je voudrois ce foir pour ta fête Trouver chanfonnette en ma tête Digne de me faire écouter; Mais, oh! la maudite barrière.' Quoi! 1'on ne peut plus te-chanter Qu'é crav-rs la chattiere. Tu m'infpirerois mieux, fans doute, Que ma Mufe mife en déroute Par les Cerberes de ton fort. N'impor te! chantons, on peut faire D'excellentes chofes encor A travers la chattiere. De ton fermonneur ridicule, D'Orgon le merveilleux émule, Pourquoi ne pas rire en effet? Et de loin imitant Molière, Lui conter joliment fon fait A travers Ja chattiere. Toujours s'eecroit par la défenfe Le doux plaifir de la vengeance,  (61 ) Et 1'efptit en devient plus fin. De 1'ainour la jeune écoliere Ainfi trouve a duper enfin A travers la chattiere. De ton cenfeur fuivant 1'exemple, Sans remords tu pourrois, ce femble, Lui rendre uue bonne lecon;Crois - mot, tu n'héfiterois guere Si tu favois combien c'eft bon A travers la chattiere. Au refte, qu'il me le pardonne, Pour fon bonheur je le chanfonne S'il profite de mon éveil. Quoique dure foit la mauiere, II fort par fois un bon confeil A travers la chattiere. 5 Décembre 1784. H paroft conftant que ]e Pere Hervier, Prédicateur devenu fameux depuis qu'il s'eft mêlé de magnétifer, eft interdit par Mr. 1'Archevêque de Paris. II faut cependant beaucoup rabattre de tous les mauvais propos répandus contre ce Religieux. ön lit dans lé Journal de Guienne un défaveu formel du Comte de Verthamont, chez lequel logeoit le Pere Hervier a Bordeaux , d'une prétendue lettre inférée, ' fous le nom de ce C 7  C 6-2 )' malade dans la gazerte d'Utrecht, fuivant laquelle i! 1'auroit- chaffé de chez lui. Mr. de Virthamont déclare au contraire, qu'il s'eft trés bien trouvé des foins du révérend Pere , qu'ii lui a beaucoup d'obligation &c. 5 Décembre 1784. Lé principal changement fait par Mr. Guillard au poëme de Dardanui, c'eft d'avoir fondu enfemble le quatrieme & ]e cinquiemè Acte,'pour en arranger un d'une longueur déméfurée & chargé d'incidens., qui fatiguent le fpectateur , bien loin de lui faire paroïtre 1'action plus vive & plus rapide: il a d'ailleurs été trés circonfpect dans les autres changemens. 11 a li bien fenti les reproches qu'on pouvoit lui adrelTer, qu'il a compofé un long avertiiTement, afin de les prévenir ■ & de s'en juftifier. Il y déclare qu'il a.confulté avec beaucoup de foin les différentes éditions de eet Opéra joué pour la première fois en 1739 & remis au théêtre en 1744, 3760 & 1768, afin de fubftituer feulement l'auteur è lui-méme & d'y mettre du fien le moins pofïible. On juge qu'il en a encore trop mis , ainfi que trop retranché. Tort qu'il partage du moins avec le muficien, au> quel il voudroit le renvoyer tout entier. Celui-ci en effet auroit dü imiter le Chevalier Gluck qui, voulant refaire la mufique d'Jrmide, a eu foin de conlerver les anciennes paroles & de lut er ainfi corps-a-corps en queique forte avec Lully. Au lieu que Mr. Sacchini femble avoir voulu éluder les pointa  ( Ö3 ) de comparaifon avec Rameau. Les connoisleurs du refte s'en tiennent ,en admirant quelques morceaux, a réprouver l'enrreprife , comme ne répondant pas a fa hardiefle. Les Danfes en font la reiïburce , comme de bien d'autres opéra. IndépenJamment d'un paffe • pied d'un genre neuf & fupérieurement exécuté par M,le. Guimard & le Sr. Vejlris. plufieurs autres parties des Ballets ont été fort goütées. Les Dernbifèljes Saulnier, Zacharie &.l'j4ngloisy ont furtout brillé. La première a ia majefté de M le. Hnnel & des graces moins féveres; la feeonde, plus de correction & de naturel avec non moins de volupté, que Mlle Guimard; enfin la derniere, abfolument nouvelle au théêtre pour ]a danfe haute, a Ia vigueur & 1'aifancc de toutes celles qui 1'ont précédée, joint déja plus de nobleffe. Les Directeurs actuels du théatre, voyant Ie peu de fuccès de D trdanus fe défendent de 1'avoir regu & laiffé jouer, fur la haute protedlion dont la Reine honore aujourd'hui Mr. Sacchini. 6 Décembre 1784. Le Confeil depuis la paix eft furrout occupé du foin de conciüer PaccroilTement des cultures des colonies d'Amérique, avec 1'extenfion du commerce géné. ral du royaume. II avoit déja reconnu néceffairede tempérer fucceffivement la rigueur primitive des Lettres patentes du mois d'Octobre 1727, dont les difpofkions écartent ab-  c <*4; folument 1'étranger du commerce des Cblonies. II a obfervé que les circonftances ac-~ tuelles follicitoient de nouveaux adoucifiemens. En conféquence il a rendu un Arrêt Ie 30 Aoüc 1784 concernant le commerce étranger dans les ifies frangoifes de 1'Amérique , öb, en les accordant, il a mulciplié encore les ports d'entrepót au vent & fous le vent, afin de prévenir les abus d'une contrebande deftrucfive , ou de la réprimer avec d'autant plus de févérité, que les infracteurs en deviendroient plus inexcufables. 6 Décembre 1784. Extrait d'une Lettre de Nancy du 25 Novembre. L'affaire du Cbapitre de Remiremont a laquelle vous vous iatéreffez, eft fin ie depuis plus3 d'un an. Elle a été folemnellement jugée Ie 23 Octobre 1783 au Confeil des Dépêches, Ie Roi y étant; les Dames oppofantes ont été déboutées, & 1'éleótion de Madame de Ferme a la dignité de Secrette a été confirmée; ce qui a donné gain de caufe aux Dames nieces contre les Dames tantes & tire les premières de Ja fervitude oh celles, ci vouloient les tenir: en un mot, la jeuneffe 1'a emporté fur Ia veillefle; vidtoire pas toujours conforme è la raifon, mais au moins dans 1'ordre naturel. Au refte, 1'illuftration de ce Chapitre, la nature des questions qu'on agitoit fur fa conftitution, Ia qualité des parties, 1'importance , foit pourl'honorifique, fok pourle temporel, de la dignité qui donnoit lieu a la contefta*  ( 65 ) tion, & la maniere volumineufe autant que piquante dont les intéréts des parties onteté défendus, tout excitok la cunofité & donnok de reüef a ce grand procés. 7 Décembre 1784: C'eft aujourd'hui 1 Evêque de Rennes qu'on prend h t&che & qu'on affaffinede pamphlets.' Quoi qj'un nouveau intitulé Dialogue entre un Abbè 6? un ami des , Bretons, ou petit Catéchifme des Bretons, paroiffe contenir des vues plus patriotiques, on ne peut gueres douter que le principal but de l'auteur n'ait été réellement de tourmemer ce Prélat. Quoiqu'il en foit, on prétend que ce petit entretien eüt effectivement lieu le 12 Aoüc dernier. H roule fur,les deux points; U Députation, & les Otlrois municipaux, qui exciterent tant de troubles aux Etats derniers, on y déduit très*au clair ces deux objets, en forte qu'ils font mis a la portée da l'intelligencede chaque metribre, qu'il en peut raifonner pertinemment & fentir la néceffité d'obtenir fatisfadtion. Outre 1'Evêque de Rennes-qui revient dans ce pamphlet, on y parle encore du Sr. Poujaud de Montjourdain, fur le compte duquel on révéle plufieurs anecdotes peu. füres qt calomnieufes vraifemblablement. IL y eft queftion auffi d'un autre maltócier, qui n'eft pas nommé. Ce pamphlet, au refte, eft écrit fans prétention au ftyle, ou a 1'efprit: il eft tiès .«ourt .& intéreffaat dans le moment des  (66) Etats, oh 1'on agite les madera que traite i auteur. 7 Décembre 1784. II paroft que le gouverrement fntimidé en quelque forte par 1'ordre ces Patrien.™ qui femble avoir pris fous fa proteefbon Ie Sr. Mefmer, dont beaucoup font enthoufiafles de fa doctrine, n'a ofé agir ou- vertement contre cette efpece de fecte & a pris le pani, au lieu de 1'cxpulfer par autonte, de faire tomber fa doctrine, en Ia couvrant de ridicule. On ne doutepas aujourd'hui que Ia piece des Do£teur; moderne; n'ait été compofée fous fes aufpices, & Pon veut quelle foit 1'ouvrage, au moins en grande partie de plufieurs médecins ayant Ie farcafme a Ia mam & qui auront guidé leurs prêtenoms. On en juge par beaucoup de termes techmques qu'un poëte doit ignorer. Quoiqu'il en foit, en attendant que Ia oCnoncianon ait lieu, quelques plaifans parmi Jes founens du DoQeur Mesmer ont imaginé üe repoulTer la plaifanterie par la plaifanterie. i^eft fans doute I'origine d'une facétie qui fe répand depuw deux jours, intitulée: Extrait de;. Regiftre; de la Faculté de médecine de Paris, du 1 Décembre 1784. On y parodie les actes ae ce corps; on y fait parler le Doyen comme alarmé des progrès de la doctrine du magnétijme ammal, prêt è s'élever fur les débris de ia fienne, & porj cberche les moyens d'en prévemr Ja ruine. On y tourne en ridicule -Jes rapports combinés de la Faculté & de la  ( 67 ) Société; 1'ancien Doyen Philips, du petit Poëme de la Mefmériade: on y baffoue & les auteurs des pieces contre le Mefmérifme & même les Acteurs & les Aftrices qui les ont jouées. L'abbé Aubert, undesjournaliftes le plus acharné a décrier cette doctrine, eft traité avec un mépris fouverain. On y exalte au contraire les bons ouvrages faits en fa faveur; on nous les faitconnoitre, - tels que les Doutes d'un Previncial, par Mr. Servan, Avocat-général au Parlement de Grerjobie; les Obfervations de Mr. de Bonne-foy, les Lettres de Mr. le Comte dePuyfegur; les Confidérations fur le magnitifme ammal, par M : Bergaffe. . , „ Tel eft le fond de ce pamphlet, qui neit pas fans fel, c'eft-a-dire fans beaucoup de ' méchanceté. ' 7 Décembre 1781. Le Ballon du Sr. PUatre de Bozier, c'eft-a-dire, conftruic fous ies yeux par M™. Romain Sc Hernam, a éte emballé ces jours - ci & a dü partir pour Calais, d'oii eet intrépide argonaute aërien prétend fe rendre en Angleterre. II eft digne rival du Sr. Blanchard qui, de fon cóté,fe propofe de fe rendre a Douvres & de pafter de - la fur ]e continent. II faut voir qui des deux tiendra parole & réuffira le mieux. En attendant le premier Décembre le charlatan PUatre a ouvert fon mufée dans les nouveaux bdtimens du palais royal avec beaucoup d'appareil, &, entr'autres chofes, avec une illu-  C 63 ) mïnatfon en feux de couieur. Deux iUuftres pe^oages ont bien voulu fe prérer au fpec racie, & Jon a vu dans l'aflemblée M . de Suf ren couronner le bufte de Mr. de Buffon. e£ï Sh üuhny de™t chantef une elpeced hymne d'inauguration en 1'honneur de Ihrftonen de la nature, mais Jes Dames iTl'/f VOU,!U admetcre ce"e actrice dans cbanté. Ceft un muficien de Notre-Dame q«u Ja remplacée avec beaucoup de goür Quant au Poëme, il étoit médiocre. § fenr nnm*7 Us cale^urs ne taris- Chanre \ J lerOWpte de M'. Ie Duc de Uianres: è l'occafion des nouvelles bouti- venu PrMt de: Marchands; on dit qu'1 ne loge Plus au Paia.s royal, mais JPal2 aufurplus, Je coup dVwl de ces toiaques arrangées uniformément eft a/Tez KrV,ma]s donne de Pl"s en plus è ce lieu ^V^^ D0WeP-^d-ure bad^ulare TUCet!e att''re auP"rd'nui les h , Ut fC rappe"er da™ Ie Pro. ^«x du plan moderne de fon Palais, Mnle Duc de CWx, afin d'adoucir les regrets des amateurs promettoit de leur rendre Ia JouifTance. même de ce méridien qui attiroit tant de monde, è i'heure de midi. II a tenu parelen a enchéri; car, ouxre le méridien"  (eg) il a fait pratiquer dans ]a Jigne véritable, une petue chambre qu'on remplic de poudre, ce qui forme explofion dès que le foieil y frappe & avertic non feulemènt les promeneurs mais tour. le quartier, que le foieil eft au milieu de fon cours. 8 Décembre 1784. On fe rappelle ce billet plf.ifa.it: „ le manyr ^Bwumarcliais eft venu „ voir la vierge Target," qui a eté i'époque de la liaifon de ces deux perlbnnages. Depuis ils fonc reftés ce qu'on appelle amis dans le monde,c'eft-a-dire qu'ils fe voient fréquemroent, qu'ils boivent & mangent enfemble. Ils n'en font pas moins trés oppofés de caraftere, de mceurs, de facon de penfer, d'agir. Me. Target ne fait pas moins a qtioi s'en tenir fur le compte de eet ami prétendu, il n'en a pas plus d'eftime pour lui. C'tft ce que prouve un mot piquant, leque! lui eft échappé derniérement cbez Je fr.de Beaumarchai; même ou il dinoit. II étoit queftion de la pompe' è feu; 1'amphytrion, qui eft un des aólionrtaires, exaltoit beaucoup cette entreprife- ü difoic que ce projet national feroit infioiment d'honneur k fes auteurs, qu'il en parloit toujours avec enthoufiafme: }J yraiment je Ie „ croisbien," lui répond Me. Target: „c'efl „ votre baptéme." Le Sr. de Beaumarchais qui fent Ja morfure, rompt Ja converfation parle d'autre chofe & eberebe a étouffer ce farcafme fanglant qui n'a pas été perdu pour tout le monde.  C 70 ) 8 Décembre 1784. M. le Baron de Breteuil continue a s'occuper beaucoup de la partie de fon département qui concerne les lettres de cachet. On vante une lettre qu'il a ecrite fur ce fujet aux Intendans des Provïnces de fon département,pleinede fagesinftruftions, bien digne de fervir de modele aux autres Secrétaires d'Etat en pareille circonüance. 9 Décembre 17^4. On ne ceffe d'imaginer de nouvelies infcriptions pour la pompe a feu, fans qu'aucune ait encore paru fatisfaifante. Voici la derniere connue, d'un Mr.de Banfiere: lusperat Mc, Lodoix Vulcano, civibus undas Mi'tere; vix loquitur, flumen ubique ruit. „ Le Roi ordonne a Vulcain de fournir de „ Peau a fesfujets;a peine leMonarquea-t-il ,, parlé, que la Seine fe répand partout." 9 Décembre 1784- Mile. Beaumefnil, après avoir brillé au théatre comme actrice, vou» droit obtenir un rang parmi les compofiteurs en mufique; on a vu qu'elle avoit déjacompofé un petit acle d'opéra; hier elle a ofé fe produire au concert fpirituel. Elle a fait exécuter un nouvel oratorio intitulé: les I/raélites pourfuivis par Pharaon, fujet propre a fournir matiere a une grande, forte & fa vante harmonie, Cet ouvrage a produit affez de fenfation pour qu'on le faffe entendre une feconde fois au public.  C 7i ) g Décembre 1784. Une anecdote du féjour du Comte d'Oelt a Paris, qui n'a pas caufé autant de bruit qu'elle auroit dö & ne fe ré pand que peu è peu, n'en mérite pas moins d ét-re confervée, & 1'on va la configner ici Le Prmce ayant demandé a un enfant s'il n'étoit pas venu dans un oeuf? Pécoiier lui adres. Ia le quacrain fuivant: Ma naiffance n'eut rien de netrf, J'ai fuivi la commune regie; C'eft vous qui vintes dans un ceuf, Car vous êtes un aigle. 10 Décembre 1784. La Lmre de £ ? Baron de Breteuil aux Intendant det Provincet rVrJTT^' mfüjet des Lettres de cachet &>Ordret de détention, eftdatée du 2? Octobre dernier. JJ les invite d'abord è vérifier létat de tous les prifonniers renfermés extrajudtciairement dans leur département refpee. ff 3 dlfc^erlescaufes de leur détention & k ne pas tarder de lui marquer les noms de ceux qu ils eftiment devoirêtreélargfs. En convenant qu'il y a des exceptions f faire foSvent, , leur prefcrit les regies d'après lesquehes 1 Is peu vent & doivent fe déteminer fon: pour demander 1'élargifTement des pZnDiers, foit pour continuer leur captivité. foic pour fe déeiderè I'avenir fur les fautes/crV de cacLr° DCCS exisei'°DC des ]«tres  C 72 ) - , Le Minifire divife en trois claffes les perfonnes a renferroer de cette manière. i. Celles doDt Tefprit eft aliéné. 2. Celles qui, fans avoir troublé 1'ordre public pardesdélits, fans avoir rien fait qui aic pu les expofer a la févérité des peines pronpncées par la loi, fe font livrées a 1'excès du libertinage, de la débauche & de la difiipation. 3. iïnfin celles qui ont gommis des adtes de violence, des excès, des délits ou des crimes qui intéresfent 1'ordre & la ffireté publique, & que la juftice, fi elle en eüt pris connoiffance , euc punies par des peines afflitflives & deshonorantes pour les families. "Tels font les casdifférens ou Mr» leBaron de Breteuil eftime qu'on peut demander des Lettres de cachet; mais il prefcric en même tems les regies qu'il faut obferver dans l*examen& le jugement de ces cas. Tout ce qu'il dit a ce fujet, eft trés fage & il entre dans des détails qui ne permettent pas aux Commiffaires départis de fe tromper, du moins moralement parlant. Cette lettre fort longue refpire dans tout fon contenu autant Pamourde 1'humanité que 1'amour de la juftice & de 1'ordre; elle eft écrite avec beaucoup de méthode & de clarté. Le ftyle en eft fimple & noble, & 1'on peut la regarder comme un petit traité fur une matiere fi importante & fi peu approfondie ju'ques è préfent, qui fembloit n'êcre foumife qu'aux caprices du Defpótifme ou " ' aux  C 73 ) «ux paffions des difpenfateurs des ordres illégaux du Roi. ii Décembre 1784. Le Sr. Compere Laubier, Négociant d'OIeron, a préfenté, il y a quelque tems, au Maréchal de Caflries, Minifire de la marine, un plan dont 1'objeteftd'indiquer aux navigateurs, par le moyen de balifes, les parties de la cóte de cette ifle, ou, dans un cas de naufrage , on peut fauver les équipages, les cara;aifons & quelquefois navires. Mr. de Cafiries en a reffenti toute 1'utilité, il en a ordonné 1'exécution fur le terrein, ainfi que la gravure & l'impreffnn du plan, repréTentant les pofrions. des balifes dans les différentes anfes. Mais on ne dit point quelle récompenfe a recu l'auteur patriocique, ou même s'il a été queftion de Ie récornpenfer. 11 Décembre 1784. Le Dodïeur Jufliea avoit été oommé dans le principe, c'eft-adire le 5 Avril dernier, 1'un des Commiffures de la Société royale de Médecine, pour examiner Ia dodïrine, les procédés & les effets du Magnétifme animal pratiqué par M'. Deslott. II paroit que, penfant différemment, il s'eft bientót détaché de fes confrères, & pour juftifier cette démarche il a fait imprimer féparément fon E vamen fous le titre de Rapport de l'un des Commiffiires chargés par le Roi de l'exa~ men du Magnétifme animal. II 1'a daté de Paris le 12 Septembre 1784. II reproche a fes confrères d'avoir porté un - jugeraent firnple furquelques faits ïfolés & de Tomé XX.FII. D  C 74 ) r'avolr point donné un expofé méthodiquede faits nombreux & variés, propres a éclaircir la queilion, a éclairer le gouvernement & Je public, & a détermioer 1'opinion de 1'un & de 1'autre. Quant a lui, il range les faits dont il a été témoin dans quatre claffes: i. les faits généraux & pofitifs, dont on ne peut rigoureufement déterminer la vraie caufe : 2. les faits négatifs.quiconftatent feulementlanon-a&ion du fluide contefté: 3. les faits, foit pofitifs, foitnégatifs,attribués a la feule imagination: 4, les faits pofitifs qui paroiffent exiger un autre agent. Ce dernier ordre feul indique 1'opinion de M1'. de Jujfim , qui admet quelquefois un agent, daas fon ouvrage écrit avec beaucoup de méthode, Se clarté & de nobleffe. II donné en même tems auxMefmérifiesd'excellens avis fur la maniere de foutenir, de faire valoir & de démontrer leur Do£trine:mais ilréprouve le charlatanifme & le myftere dont ils 1'enveloppent. II leur apprend que tout médecin peut fuivre les méthodes qu'il croit avantageufes pour le traitement des maladies, mais fous' la condition de publier fes moyens, lorfqu'ils font nouveaux, ou oppofés è la pratique ordinaire. II convient au refte qu'il faut profcrire tout traitement dont les procédés ne feront pasconnuspar une prompte publicadon. Ainfi en derniere analyfe , il ne nie, il ne profcrit pas le Magnétifme, mais il décrie la maaiere  C 75 ) fecrette dont on 1'employe & les abus du procédé & de Ja manipulation. 12 Décembre 1784. Un abonné du Journal de Paris,dans une lettre datée de Caronge en Normandie le 23 Novembre 1784, propofeun prix pour la meilleure nourrice choifie p -;rmi celles qui auront fait au moins cinq nourritures pour Paris. Chacun des cinq nourriffons aura dü être allaité au moins dix mois & rapporté è Paris en bon état, & la nourrice ne pourra prétendre au prix que dans le cas oü elle fe préfentera en état & dans Ia difpofidon de prendre un fixieme enfant. Le réfultat de ces conditions, calcul fait, eft que la nourrice qui remportera le prix, aura donné au moins trois enfans a l'E*at. Le prix confiftera en une petite médaille d'or du prix de trente-fix francs, fur laquelle on gravera ces mots: Prix d'allaitement donné d la nommêe.... de la paroijfe de... pour la récompenfer des föins qu'elle a pris de cinq nourriffons de Paris, qu'elle a allaités rendus en bon état d leurs parens. L'auteur defireroit pouvoir fonder vingt prix pareils, qui eft le nombre a peu prés des Provinces fourniffant des nourrices è Paris. 11 eftime que cette dépenfe ne pafferoit pas quin"ze eens livres par an. En attendant que ce projet fe réalife en grand, il envoye foixante-douze livres aux Journaliftes de Paris. C'eft Madame d'Hamecourty directrice du bureau des recommandeD 2  C 7. d'Rprêmefnil, ainfi que le nouveau. On attend avec impadence la rentrée des Enquêtes qui n'a lieu que le quinze de ce mois, pour favoir fi la dénonciadon que fe propofoit le Magiflrat aura lieu. 14 Décembre 1784. Une efpece d'épigramme qui court le monde, indtulé les modes, excite une grande fermentadon parmi le beau fexe, qa-i dévoue fon auteur, RL. Hofman, aux dieux infernaux ; car celui - ci n'a pas craint de fe nommer. C'eft le poëte des Petites affiches, qui les alimente fouvent de fes pieces légeres, boutades, caprices, &c. Voici 1'épigramme. II faut fe rappeller Ie monffre imaginaire des Indes , dont on a donné la defcription & qu'on a dit reffembler beaucoup aux harpies de la fable. A Malbrough on vit fuccéder Ce Figan que 1'on admire; Figan , las de. commander, A fon tour va quitter 1'empire, Qu'a la Harpie il va céder. A la Harp ie on va tout faire, D 3  Rubans, levites & honnets; Merdaihes, votre goüt s'éclaire, Vous quittez les colifichets Pour des habits de cara&ere. 14 Décembre 1784. Mr. de Seg?*r,Miniftre actuel de la guerre, bien different de fes prédéceffeurs qui vouloient détruire ie beau monument des Invalides, ne s'occupe que de fon utilité,de fon embelliffement & de fadécoration. On a déja rapporté ce qui s'étoit fait aeet égard par fes ordres & ce qui fefaifoit encore aujourd'hui ; c'eft une fuperbe horloge qu'on y va voir. Elle eft du le Paute cadet, qui foutient 1'honneur de ce nom fameux & partage aujourd'hui la gloire de fon freredans une carrière que celui-ei a finguliéiemenc agrandie. Le volume de cette machine n'eft que d'un fixieme de celle de 1'hótel de ville dont on a parlé, pour laquellc il a eu ce fingulier proces. Ce n'en eft pas moins un chefd'eeuvre auffi parfait. Les connoilfeurs en ce genre d'horlogerie y admirent tout a la fois la firnplicité dans les moyens,lacertitudedans la théorie & le fini dans 1'exécution. Elle eft & équation, c'eft è-dire qu'elle indique conftamment les heures folaires: par un méchanifme unique elle fonne les heures,les quarts & les avant. quarts: tous ces effets fe produifent fans augmentation de poids & fans aucun obftacle pour la régularité & 1'uniformité du: moBvemenr.  C 79 ) 14 Décembre 1784. L'inftitution patrioque formée depuis trois ans par Mr. l'Evêque de Caftres pour l'inftruclion des femmes en couehe dans fon diocefe, continue avec ie plus grand fuccès. Au dernier concours qui a fini ]e vingt- trois Novembre par ia diftributiori des Prix; le nombre des éleves diftinguées entre les fages - femmes a été tel, qu'il a faliu partager prefque tous les prix. Les diocefes limitrophesdeSt. Pons, St. Papoul & de Carcaffonne y avoient envoyé leurs fages femmes. Mr. 1'Archevêque de Touloufe, frappé de eet exemple, a appellé cette année pour inftruire les fages - femmes de fon diocefe le Sr. Jaert, Cbirurgien Profeffeur de 1'école de Caftres, & ce Prélat en a été fi content qu'il fe propofe de 1'appeller tous les ans. 14 Décembre 1784. On a dü juger par fa maniere dont la Chambre desComptes s'étoit radoucie en faveur de Mr. SauJJaye,ce Receveur des impofitions fi griévement diffamé par fon Commis, que fon innocence commencoic a percer, Depuis par un Arrêt du 4 de ce mois cette Cour a déclaré les impurations du Sr. du Pafquier fauffes & calomnieufes & a réhabilité entiérement eet honnête citoyen. L'Ordie des Avocats eft aótuellement occupé de la punition d'un jeune Avocat qui a figné le dernier FuÏÏum publié contre Mr. Saujfaye.. D 4  C 80) 15 Déeembre 1784. Lors de Ia féanee pu- • blique de 1'Académie Frangoife tenue-Ie jour de la St. Louis derniere, on n'a fait qu'annoncer la remife du Prix deftiné au meilleur traité élémentaire de morale. Cet article mérite qu'on y joigne quelques détails qu'on a fus depuis. L'étendue & le nombre des ouvrages qui ©ccuperent la féanee, ne permirent pas a Mr. Marmentel, en fa qualité de Secrétaire perpétuel, de lire un morceau qu'il avoit compofé pour avertir les candidats de 1'extrême diffi» culré du fujet & de 1'attention qu'il exigeoit: ily développoit les deux conditions a remplir, felon 1'énoncé du Programme, & que 1'ouvrage foit élémentaire & foit en même tems Pextrait & comme la fubflance d'un traité de morale. II les tournoit & retournóit dans tous les fens,lespréfentoit fous toutes les faces & finiffoit par faire entendre aux concurrens, afin de ranimer leur émulation peut-être déeouragée,que ce n'eft pas feulement une médaille d'or, mais une trés grande réputation qui attend 1'écrivain philofophe de qui PAcadémie ou plutót notre fiecleaura regu ce beau préfent. Mr. Marmontel annongoit en outre que l'auteur d'un traité mis au concours & que PAcadémie avoit jugé digne d'une mention honorable, 1'avoit trés bien fenti; quece traité dont le titre eft les devoirs de l'homme £f du citoyen, encore imparfait, n'étoit pas de nature a ob- tenir  ( 3i ) tenir le prix & que ce n'étoit pas même 1'irj» tention de fon auteur; mais qu'il étoit le tra. vail préliminaire, la première élaboration dè ces idéés principales qui doivent en fubftaace former Pouvrage élémentaire. On devoit en même tems faire part k 1'asfemblée de quelques morce'aux du livre. La durée de la féanee trop courte, quoique trés longue, ne 1'a pas permis. Mr.de laCretelle, Avocat, fe déclare aujour. d'hui pour l'auteur du livre ckconféquemmenn renonce a concourir. Un engagement qu'il a contraclé pour le Diclionnaire de morale de la nouvelle Encyclopédie ne lui permet pas de s'amufer ü cette bagatelle; mais comme il n'a pas voulu perdre le léger grain d'encens qui lui venoit d'une main auffi flatteufe que celle du Secrétaire de 1'Académie, il a de* mandé a Mr. Marmontel la permiffion de livrer fon difcours è 1'impreffion. Celui-cia été fort aife aüffi de faire fortirde fon por. te-feuille ce morceau précieux. II eft im. primé dans le Mercure du onze de ce mois & c'eft un parfait modele de galima* thias. 15 Décembre 1784. La vente des tab. leaux de Mr. le Comte de Vaudreuil s'eft effefftuée en deux féances , & a rendu 300,000 livres ; les principaux dont le prix eft a conferver, ont monté aux fom.mes fuivantes: Dj  ( 80 ' Le Pietro de Cortonne. . 35,000 liv». La femme de Rubens. . • 20,000 I 'Adrien de van der Velde. . 19,000 LaVendeufe depommes de Gerard Douw. . ... 19,000 Les deux van Huifjem. . 16,000 Deux petits Rembrants. . i5>ooo Trois Vaches de Paul Poter. . 15,000 Le Préfident Richardot ütvanKeh. 14,800 Enfin un tableau du Guerchin. 12,000 La plupart de ces tableaux ont été achetéa pour le Roi. Les huit Vernet que 1'on mit a 68,000 livres n'ont point rencontré d'acheteur , paree qu'ils ne conviennent qu'a un Prince ou è quelqu'un qui auroit une grande galerie en tableaux : ils font trop grands pour un fimple eabinet d'amateur. 15 Décembre 1784. Extrait d'une lettre de Philadelphie du 10 Odïobre... Le dix - huit Septembre Sir Henri Laurens a préfenté au Général Waynes une médaille d'or frappéeen France, que le Congrès avoit voté en 1779 pour ce Général. D'un cóté de la médaille 1'on voit le fort Anglois de Stony-point, avec cette légende: Aggeres, Paludes , kofies viffi. A 1'cxergue on lit: Stony-point expug. XV. Jul. M.DCCLXX1X. Sur le revers de la médaille efi: un guerrier Américain affis fur une redoute Angloife, tenant fon épée a la main, & ayant a fes pieds  C83) un drapeau anglois, avec cette légende :Virtutis Éf audacice monumentum £f picemium. D'après la lettre ci-deffus il y a grande apparence que cette médaille eft la même commandée a Mr. Duvivier de 1'Académie de Peinture, graveur général des monnoyes de Prance & des médailles du Roi, dont on trouve 1'annonce dans le Catalogue du Sallon de 1779 fous ce titre: médaille ordonnée par les Etats • unis de VAmérique, d l'honneur de M". le Chevalier de Fleury, pour s'être diflittgué d la prife de Stony-point en 1779. La Gazette dans le tems a fait mention de eet houneur regu par le Frangois. 16 Décembre 1784. La fedle du Magnétisme établie k Paris fous le nom de Sociétê deVharmonie , fous la préfidence du Doófeur Mefmer, fon chef & fon fondateur, ne fe décourage ni par les perfécutions qu'elle éprouve , ni même par le ridicule qu'on verfe ft abondamment & li conftamment fur elle. Elle ne s'en propage qu'avec plus de zele. C'eft ainfi qu'elle vient de former une Colome helvétique. Mr. Langhans, Dofteur en Médecine de Berne, eft autorifé par elle k fonder une autre Société pour toute la Suiffe, au norn^ bre de foixante membres, felon la ferme & le3 conftitutions de celle de Paris. 16 Décembre- 1784, Les colporteurs annongoient depuis quelques jours avec un grand myftere un livre fort piquant par fon titre: Is tivre fait par force, ou le myflificate.ur injD' 6  C 84 ) ftifié fc? corrigé par un Perfiffleur perjïffié. II perce & 1'on ne peut le lire, c'eft Ie plus parfait galimathias qui ait jamais été compofé. II eft inconcevable qu'un homme ait pu avoir cette patience, & il n'y auroit en effet que le motif de contrainte & de violence qui pourroit juftifier une entreprife aufïï platte & aufïï béte. 11 contient pourtant prés de 300 pages fans notes & dont plufieurs d'un caraófere trés ferré. S'il y a une clef, il faut être bien fin pour la deviner, & il ne mérite nullement qu'on s'en donne la peine. Verba 6f voces, prcetereaque nihil, auroit dü être fa véritable épigraphe. Par une efpece de dédicace qui eft a la tête, datée du 30 Aoüt, on juge que eet ouvrage eft tout neuf. 11 eft précédé d'une eftampe,qui vaütmieux que fon contehu en entier. On y voit Ie pauvre auteur qui a l'air d'un écolier affis devant fon bureau , une plume h la main.j deux mafques lui mettent Ie piftolec fur la gorge, & une forte de Magiftrat derrière lui, fort attentif, femble attendre fa réponfe pour prononcer fon Arrêt. On lit au bas : faites-nous un livre, ou nous allons vous cajfer la tête. 16 Décembre 1784. Extrait d'une lettre de Rennes du 8 Décembre. Les Etats fe foutiennent avec la même tranquillité. Nos Députés, a ce qu'on croit favoir, ont obtenu les deux objets qu'ils demandoient. Les tables font aujïï rétablies. 11 faut fe  C S5 ) rappeller qu'elles avoient été fupprimées pait un Arrêt du Confeil du 29 Mars 1776. II y a cependant eu dans 1'Ordre de Ia Nobleffe des difficultés a eet égard. Mais 1'avis pour le rétabliffement a paffé a la pluralité de deux eens dix-neuf voix contre cinquante-neuf. II a été principalement motivé fur ce qua cette fuppreffion n'a point tourné au foulagement deflré. Une autre difficulté s'étoit élevée précédemment a 1'occafion de Ia lettre que je Roi eft dans 1'ufage d'écrire aux Etats mêmespour leur témoigner fa fatisfarftion du don gratuit. Lorfqu'on 1'a demandée a Mr. de Montmorin, il arépondu que ce nepouvoitêtrequ'unoubli. On 1'a fupplié d'interpofer fes bons offices pour en avoir une directe. On lui a décLré que Louis XVI feroit Je premier monarque qui n'eüt pas rempli cette formalité. Je ne doute pas que cela ne foit fait. 17 Décembre 1784. Rien de plusdangereux pour un pcëte qui veut débuter dans la carrière dramatique, que d'effayer fes pieces fur un thé&tre de fociété. Les fpediateurs difpo•fés favorablement exagerent toujours les beautés qu'ils croient voir & diffimulent les défauts: il ne peut ainfi fe corriger & fon amour-propre en acquiert une confiance funefte. C'eft ce qui vient d'arriver a l'auteur de l'Jvare cru bienfaifant, comédie nouvelle en cinq acr.es & en vers, dont la première repréfentaüon a été donnée avant-hier. Les D 7  'C 86 ) amis du poëte qui 1'avoient vu jouer a Ia campagne, affuroient que la piece leur avoir. paru délicieufe; & Ie public 1'a trouvée détestable, pleine de défauts,è commencer par Ie titre qui n'eft point du tout rempli, par Ie principal caradtere qui n'eft point fait. Sans entrerdans aucun détail qu'elle ne mérite pas,il fuftlt d'obferver qu'il n'y a dans cette production ni affez d'iniérêt pour la conftituer drame,^ affez de gaieté ou depiquant pour 1'appeller comédie; que c'eft ün monftre qu'on ne fait dans quelle claffe ranger: leftyle même n'en a rien d'agréable & nulle part ne racbete Ie fond. Lepere de 1'ouvrage eft un Mr.Desfauchera* yes, fils d'un feu Procureur au Parlement nommé Brouffe. II a de la fortune & n'eft heureufement poïnt dans le cas de travailler par néceflité. Ce qui 1'a fait juger plus févérement, c'eft qu'il eft fort préfomptueux, fort critique & qu'aux premières repréfentations du Jaloux de Mr. Rocken de Chabannes,. il fe déchainoit contre la piece avec autant d'indécence que de mauvais gofit. 17 Décembre 1784. La Suite périodiquc des Mémoires Secrets &c. connus fous le nom de Bachaumont, ne paroït gueres ici que depuis la S'. Martin : elle forme les |vo!umes 22, 23 & 24 de cette Col leéb'on. Ils embrasfent toute 1'année 1783. Ils ne font pas moins intéreffans que les précédens. On y trouve d'excellens détails concernant les afièmblées  c 87 y parlémentaires de Paris &d'autres villes, con» cernant la faillite momemanée de la caiffe d'efcornpte , concernant la Cour & les Miniftres , de petites pieces de vers rares & curieufes,ou nouvelles abfolument ;en un mor,, on y trouve de plus en plus cette variété étonnante de faits & d'anecdotes qui doivent contribuer k en augmenter le débit, en ce qu'ils offrent de quoi contenter tous les goüts &. toutes les claffes de leóteurs. (Cet article eft tiré d'une gazette manuscrite trés accréditéedans#Paris, dans les Provinces & même chez 1'étranger.) 18 Décembre 1784. Mr. Servant, ancien A» vocat général au Parlement de Grenoble, après avoir inftruit la Magiftrature par des ouvrages profonds & remplis d'humanité fur la Légiflation, principalement a 1'égard des criminels, s'eft amufé dans fon loifir a défendre le Mesmérifme , auquel il croit avoir 1'obligation d'éprouver dans fes maux un foulagement qu'il avoit inutilement cherché chez la Médecine. Le livre dont il s'agic eft anonyrne ^ mais tout le monde 1'en dit auteur. II eft en forma de Doutes d'un Provincial, propofés d Mejjteurs lés Commijfaires chargés par le Roi de Vexamen du Magnétifme animal. Sous ce titre modefte, Mr. Servant releve avec la plus grande étendue toutes les bevuesqueles Mesmériftes reprochent aux Commiffaires. Indépendamment de 1'excellente logique done eft foutenu l'ouvrage, il y regne une gaieté.,  C 88 ) une plaifanterie continue, qui en rend la lecture trés agréable. On ne peut m ieux le comparer dans fon genre qu'aux Dialogues de VAbbé Galliani fur les bleds, qui eurent tant de vogue autrefois, en ce qu'ils mettoient Ia matiere a Ia portée de tout Ie monde, même des gens les plus frivoles & des"femmes. Le nouvel ouvrage eft dans le même cas & ramene beaucoup de mondedu cóté deMeJmer; car les Frangois aiment toujours a rire & donnent ordinairement gain de caufe a celui qui fait les amufer le plus. 18 Décembre 1784.' M'. de la Blancherte a fi bien intrigué qu'il vient encore de fe relever de fanouvelle interdidtion: fon fallou de correfpondance doit fe rouvrir au mois de Janvier prochain, & il en fera toujours Ie chef fous le titre impofant d''Agent général de correfpondance pour les fciences rjf les arts. Mal- ' heureufementMr. PUatre de Rozier lui a fait grand tort; il a furieufement envahi, durant ]a fufpenfion de ce rival, dans fes domaines & dans fa recette; il compte en ce moment pour 40,000 livres de foufcriptions. ïgDécembre 1784. Le Vol plus bout ,ouVEf■pion des principaux thédtres de la capitale; contenant une hijloire abrégée des acleurs & aclrices de ces mêmes thédtres>enrichie d'obfervations philofophiques £? d'anecdotes recréatives. Ce titre de la brochure dont on a déja parié va. guement, n'eft pas encore entierement exéi cuté. Outre un Avis de 1'Editeur, une Préfa«  ( 89 } ce, une Poftface & autres accefforres de rempliifage de cetteefpeee, il n'y eft queftion que du Concert fpirituel & de 1'Opéra. Rien de plus mal fait que cette rapfodie, qui pourroiï être charmante en d'autres mains & avec un autre ftyle. Les bonnes chofes qu'on y trouve, font des lambeaux pillés de l'Efpion . Anglois , des Mémoires Secrets, des Mémoire} ie l'abbé Terrai, da la Gazette Littéraire de l'Europe, &c. Tout mal fait que foit cec ouvrage, on ne doute pas qu'il ne foit coura par lesfilles & les libertins; cequi fuffit pour lui donner de la vogue; ils actendent la fuite concernant la comédie Frangoife & la comédie Italienne avec grande impatience; mais il eft bien a craindre qu'elle ne foit pas meil« leure. 19 Décembre 1784. Voila le moment venu de 1'éledf.ion du fucceffeur de M . de Pompignan. II y avoit beaucoup de concurrens fur les rangs. On en défignoit fept principaux: Mr. 1'ancien Evéque de Senez, Marquis de Chimene, Marquis de Bievre, Sau» vigny, Abbé Maury , Target Avocat , & Comte de Florian. On étoic furtout étonné de voir parmi les concurrens Maïtre Target, qui cependant eft un des plus accrédités. On fait aujourd'hui que le jeudi 16, c'eft PAbbé Maury qui Pa emporté. Les brigues vont recommencer pour la feconde place qui refte vuide. 20 Décembre 1784. M'. PAbbé Giraud-Sou-  Cs>o> tavie, prêtre du diocefe de Viviers , eft un jeune phyficien, auteur d'un ouvrage jntitulé Vhiftoire naturelle de la Fr ance Méridionale. Ce livre, ancien déja, fut, a fon origine, accueilli par 1'Académie des Sciences; il obtint fon approbation; & comme S. M. a concédé è cette compagnie la permiffion^de publier " en fon nom, fes propres ouvrages & ceux qu'elle adopteroit, elle permit a l'auteur de jouir de fon privilege. L'Académie des Infcriptions & Belles-lettres, qui avoit propofé aux favans & aux naturalifr.es des recherches fur les antiques limites de nos raers, honora celui--ei du titre de fon Correfpondant. Les Académies de Marfeille, Dijon , Pau, la Sochelle,Chalons, Metz,Nimes, Angers fe 1'affocierent. Un Cenfeur royal, nommé par 1'adminiftration, examina le livre de nouveauOn reconnut fon utilité & fon orthodoxie au. thentiquement & légalement. Le Souverain après unedifcuffionultérieurefaite par ordre du Miniftre, daigna en agréer 1'hommage. Cependant unM/. Barruel, prêtre du rr ême Diocefe, 1'un des auteurs dc l'Année Littéraire, après avoir été 1'ami «Sc le confident de fon confrère 1'abbé Soulavie, 1'a attaqué comme un hérétique, un impie & un athée; il a porté fa première accufation contre lui dans une efpece de Journal périodique répanda en Vivarais, leur patrie commune, fous le titre des Helviennes, deftiné fpécialement,ce femble, a défendre la Religion contre les livres  hétérodoxes. Non content de cette première efcarmouche, iHui a livré un combat plus direct. & plus en regie dans un pamphlet ad hoe, qu'il a nommé dérifoirement Genefe felon Me. Soulavie, oh, entre autres chofes, il lui fait un crime d'avoir obfervé dans les montagnes du Vivarais des couches de coquillages pétrifiés , avant les couches de plantes pétrifiées, tandis que Moïfe dit les coquilles créées après les plantes; & il part de • la pour le dénonccr a la Sorbonne comme un Philofophe audacieux digne de la cenfure, pour lui prodïguer les qualifications les plusinjurieufes & les plus atroces.. Mr. Barruel a Qbien fait, il s'eft tellement acharné contre Mr. l'Abbé Soulavie, qu'il eft parvenu a 1'empêcher d'avoir un Canonicat de Viviers, d'avoir des Lettres de Grand-vicaire, de prêcher devant le Roi un fermon agréé, qu'il a fait fufpendre les bienfaits du Glergéenvers ce membre eftimé, & qVü eft parvenu, finon a le perdre tout- k- fait , au moins a le mettre dans le cas de fe juftifier. La patience de Mr. l'Abbé Soulavie s'eft1. laffee enfin & il a attaqué au criminel fon calomniateur.. L'affaire eft adluellement en inftance au ChStelet & commencé a faire du bruit; elle en fera fans doute beaucoup plus9. lorfqu'elle fera plaidée. 20 Décembre 1784. On peut fe rappeller la Garre, dont il fut beaucoup queftion il y a quinze ans, pour mettre durant 1'hiver les  Cs>0 bidmens & marchandi fes de la riviere a 1'abri des glacés & des debacles. On en avoit commencé une; elle avoit déja coüté des dépenfes énormes; mais le Parlement n'y ayant pas donné fon attaché, ayant même fait des repréfentations è eet égard, les travaux font reftés fufpendus depuis cette époque & les avances ont été abfolumeht perdues. Ce* pendant on fent de plus en plus la nécesfiré d'une Gane. II s'agit aujourd'hui d'en conftruire une autre; 1'Académie d'Architecture a été confulrée la-deffus & elle tient aujourd'hui une affemblée folemnelle, ou la matiere doit être fort agitée. Elle s'en occupe beaucoup depuis fa rentrée. 21 Décembre 1784- Un Chevalier des Dames, d'autanr plu^ généreux qu'd ne fe nomme pas, a pris en main leur caufe contre Mr. Hiffman & a fait a fa piece des modes la réponfe fuivante: La Harpie eft un mauvais ehoix;' Paftons fur ce léger caprice; Mais dans fes modes quelquefois Le fexe fe rend mieux juftice, En fuivant de plu? dignes loix. JVlefdames, j'ai vu fur vos tétes Les attributs de nos guerriers; On peut bien porter leurs lauriers, Quand on fait,comme eux.desconquêtes. On voit que le poëte fait allufion aux plumes dont nos jolies femmes continuent a fe pa. nacher.  (93 ) 2i Décembre 1784. Mr. Seifman Calmw étoit unjuif riche,qui avoit acheté leDuché de Chaulnes , étoit Seigneur de ia Vidamé d'Arniens , & avoit eu un procés contre l'Evêque de cette ville refufant d'agréer des Bénéficiers, auxquels il avoit donné fa collation comme Seigneur: le-Prélat a perdu dans le tems. Ce Calmer avoit de jolies filles, qui lui attiroient beaucoup de monde; on croic m^me qu'il en a marié une a un Baron Catbolique. Quoi qu'il en foit, lui & fes filles vivoient beaucoup avec le> Chrétiens: il avoiteuauffi de grandes relations chez Madame la Cörnteffe üubarri, il en avoic encore a la cour, & tout recemment avoit vendu !e Duché de Chaulnes k M>'. le Comte ü'Artois. II eft mort Ie fept de ce mois fubitement & fans ayoir fait abjuration, de maniere qu'il a été tranfporté a la Villette, oü eft le cimetiere des Juifs. LesRabins indignés contre ce mauvais difciple de Ia loi avoient dévancé le convoi & lui onc refufé leurs prieres & la fépul» ture. II a fallu que Ie Commiffaire chargé de ce département fe tranfportac fur le lieu drefilt procés- verbal de leur réfiftance, menagat d'avoir recours k i'autorité & de prendre main-forte. On voit par-lè que lefanatifme eft de toutes les religions. 2( Décembre 1784. Suivant 1'ufage, ij coürt vers la fin de cette ancée un vaudeville  ( 94 ) fur la cour, les miniftres, les événemens & anecdotes du jour. . I 2Z Décembre 1784. Mr. le Marquis de ■ChateUux, confervant pour ^ Américains 1'eftime & le zele que lui a mfpifé fon fejour dans ces contrées, s'occupe, durant la parx, ri'avancement des fciences & des lettres partni les nouveaux alliés de la France. II a interpoféfes bons offices auprès du Comte de ArgLer a eet effet. En conféquence il a obtenu pour eux une belle & pféeieufe co Sn de livres, dont le Roi a b.en voulu fairè préfent a rUniverfité de Penfylvame, II a faTt eet envoi accompagné d'une lettre .„ jate du 8 Mai dernier. enL'envoi arrivé, le vingt-fept Juület le bureau d'adminiftration de ladite Un.verfité a SS que le Préfident écriroit au Marqu.s ï fhatellux pour lui témoigner la reconno,2Lce du corps entier; ce qui a été fait Le M,rauis a recu la lettre.oh Pon pourra juger Se d'éloquence du pays par eet éloge du genre u M adminiftrateurs; d^nn°templent avec déiice le caraftere d'un " dont la Puiffance fe déployanc " SVaux bornes de 1'Occ.dent pour y " Vouten r S droits de fhumanité, fernb e " £e le foieil dans fa courfe & faire bnl" e u quïux extrêmités du monde des " vertus qui ajouteront un nouveau lufhe " au tróne'le plus éclatant & ferviront dor^ nemental'hiftoiredes Rois....  C 95 ) Mr. Ie Marquis de Chatellux fe gloriSe avec raifon d'une pareiile correfpondance & Ia montre a qui veut la lire; il en a même fait inférer des fragmens dans le Mercure. 22 Décembre 1784. Extrait d'une lettre de Mende du 12 Décembre 1784.... La Commiflion dont vous demandez des nouvelles, érigée par Lettres-parentes du vingt-deux Juillet 1783, eft linie a la fatisfaction de ces contrées. Je vous ai marqué, il y a un an, que fon objet étoit de parcourir les Cevenoes, le Vivarais & Ie Gevaudan, afin d'y entendre & recevoir les plaintes contre les Juges, Avocats, Procureurs & Huiffiers Les quatre Confeillers au Parlement deTou* loufe que je vous ai nommésalors, accompagnés de Mr. de Salaze, Doyen des Subftituts du Procureur général & qui en faifoie les fonfftions, ont eu un travail immenfevous ne fauriez vous imaginer a quel" excès étoit porté le brigandage des gens de loix & vous frémiriez en lifant ces détails. Nombre d'Avocats, de Notaires, de Procureurs d'Huifliers ont été condamnés aux galeres ou* au banniflement. La corruption étoit fi générale, qu'elle avoit entaché les Juges euxmêmes. Des Praticiens gradués étoient ó la fois fermiers & juges des feigneuries; leurs maifons préfentoienc un alfemblage monftrueux de grefiès, d'érudes de Procureurs, de dépöts d'acles de Notaires, de Régiftres des Droks domaniaux, & 1'on les voyoit è la  C 96 ) fois par eux,par leurs Clercs ou ayant caufe, Parties, Procureurs fifcaux, Greffiers, Procureurs poftulans, Experts,Juges,Notaires, Controleurs. Une Ordonnance des Commiffaires répriïne tous ces moyens de fraude, défend la réunion des difFérens offices, qualités oufonctions en un même individu; tracé des regies certaines pour les Procédures & prononce les peines les plus graves contre les infrac teurs. Voilé, comme vous voyez, une excellente befogne terminée avant que vous ayez rien ' fait a Paris è eet égard. On dit même ici qu'il n'y aura rien, que le Roi dans fa deraiere réponfe au Parlement fur le Mémoire de la compagnie, a trouvé tout bien, & que vous êtes dans le meilleur des mondes posfible. 22 Décembre 1784- Les villes ducommerce font fort mécontentes de 1'Arrêt du Confeil qui admet les neutres dans nos colonies ;elles jet tent les hauts cris & menacent de ne plus faire d'expédition. Elles envoient des Députés extraordinaires pour plaider leur caufe. Ceux du Havre, de Nantes, de Bordeaux font déia arrivés. U y eut derniérement aprèsdiner chez le Maréchal de Cafiries une longue conférence è ce fujet entre plufieurs gens du métier. Un Député du Havre développa dans la plus grande étendue le tort que cetre misfion caufoit au commerce. Mr, de Vamres, In- tendant  C 97 ) eendant général des colonies, défendit I'Arrêt duConfeil avec beaucoup de zele: il affura que eet Arrêt avoit été rendu en connoiflance ■de caufe & d'après 1'a vis des députés du comrnerce. II eft è remarquer a cette occafion que ces députés, quoique nommés librement par les Villes, unefois choifis & formant Bureau, peuvent ouvrir des avis oppofés au vceu de leurs commettans & envifager en grand les intéréts du commerce en général. Voila pourquoi dans certains cas les villes euvoient de* députés extraordinaires, chargés de défendre leurs intéréts refpeétifs. Les raifons militantes pour Padmiflïon des neucres, eft 1'impoffibilité oü fe trouve lx Franee de fournir les colonies de merreins, de bois de conftrucr.ion,de poiflbn & devian. de falés & autres objets de cette efpece, donc on ne peut les laiffer manquer. La grande objeeïion des commergans c'eft que, fous prétexte de ces fournitures, oa ouvre la porte k la contrebande. On leur répond que c'eft pour éviter, aiitant qu'il fe peut, eet inconvénient, qu'on e changé les lieux d'entrepót, qu'on les a placés fous les yeux des adminiftrateurs de Ia colonie,afin qu'ils puiffent mieux veilleraur abus, & fous les yeux des armateurs, commergans & autres intéreffés k feplaindre, pour qu'ils furveillent de leur cóté les naviret étrangers. Tome XZV1I. E  rC^8 ) Enfin M'. de Vaivres a terminé Ie colloque, par déclarer, que dès qu'on pourroit donner des preuves d'une contrebande tolérée, le Gouverneur & 1'Intendant feroienc révoqués fur le champ. 23 Décembre 1784. Les colporteurs annoncent myftérieufement une efpece d'ouvrage périodique nouveau,intitulé ie conteur. On ne fait d'öti il vient; il n'y a fur les numéros qu'on en voit ni lieu d'impreffion ni année. Au refte, ce n'eft qü'une rapfodie de vieilleïies divifées fous différens titres, anecdotes hiftoriques, anecdotes Uttéraires, anecdotes politiques 6? civiles, anecdotes gaillardes. Rien de neuf abfolument dans tout cela; l'auteur n'a fait que mettre a contribution les Gazettes, Journaux & autres ouvrages de toute efpece. Le feul mérite de celui-ci eft d'être court & varié dans fes notices; du refte, ftyle lourd & peu correct. Le rapfodifte, qui ne veut pas effrayer les acheteurs,promet de clorre fon recueil après trente numéros. C'eft le fruit de fes lecr.ures & annotations qu'il communiqué au public. 23 Décembre 1784. Mlle. Contat joue fi délicieufement dans le mariage de Figaro,que beaucoup d'hommes en font devenus amoureux & même des femmes, entr'autres WK Raucourt fa camarade, renommée entre les Tribades. Elle eft allée lui faire fa cour, mais en a été mal regue dès que Mlle. Contat a foupgonné ce dont il s'agiffoit. Alors fille  C 99 ) a pris une autre tournure, fnftruite combien cette actrice étoit dérangée dans fes affaires & témom d'une dette de deux mille écus dont le billet préfenté fous fes yeux n'avoit pu être acquitté è 1'échéance, elle a voulu faire fentir délicatement a M"e. Contat qu'elie pourroit lui être fort utile en ce genre; elle eft allée trouver le créancier, s'eft faitremettre le billet & Je mémoire quittancé desfrais de la procédure en train & a renvoyé anonvmément le tout a Ia débitrice: ne doutant pas malgré cela que WK Contat ne découvrit d'oü venoit ce cadeau, elle s'eft préfentée chez elle avec confiance, mais a trouvé la porte fermée. II faut favoir qu'è Ia même époque, un agréable de Ia cour, Ie Comte de Lauèron foupiroic pour WK Contat, mais inutilement parceque, perfuadé du pouvoir de fa figure* il ne parloit nullement de financer L'Ac' trice, è Ia vue du billet payé, s'eft imaginéê que c'étoit eet amant qui s'étoit mis en re»Ie & apportant Ia même délicateffe dans fa°re' connoiflance, elle 1'a xecu dans fon Jit fans parler de rien & comme fi elle lui accordoit réellement Ie feul prix de fon amour. Ce jeune étourdi, comblé des faveurs de 'l'Actrice s'en eft glorifié dans le public,comme d'une conquête düe è fa féduction. L'hiftoire a fait bruit. WK Raucourt furieufe a rompu toutes les barrières & a, dans fa jaloufie accablé de reproches d'ingratitude JM"e ConE 2  ( 100 ) tat. L'imbroglio s'eft éclairci & il en a réfulté que le jeune homme avoit recueilli les fruits de la généroöté de la Tribade; ce qui, vft la circonftance, a paru plus plaifant encore. Cette hiftoriette eft 1'anecdote du jour & fait beaucoup rire, 23 Décembre 1784. Le vaudeville annoncé ne contient que cinq couplets; mais il ne iajfle pas que d'embrafler beaucoup de gens dans ce court efpace. II y eft queftion de l'Empereur, de la Reine, de la guerre, du Comte de Vergennes, du Maréchal de Segur, deMr. de Miromefnil, du Maréchal de Caftries, de fon fils, du Baron de Sreteuil, enfin de Mr. de Colonne. Quoique les couplets ne foient pas auffi bien compofés qu'ils pourroient 1'être, quelques - uns ne font pas fans fel & femblent d'un auteur qui connoit bien la cour & le miniftere. 24 Décembre 1784. Extrait d'une Lettre de Rennes du 20 Décembre.. Vous ne fauriez vous imaginer la fenfation qu'a produite dans les Etats 1'annonce que le Roi leur accordoit les deux points en conteftation concernant la nomination des Députés en Cour & les Oclrois des Villes. Quant au premier^ article, Mr. le Duc de Penthievre s'étoit défifté depuis longtems de fa prétention, mais le droit des Etats n'eft plus contredit en rien. Quoique tout cela ne foit qu'une reftitutior,on aété fi enchanté de voir le Miniftere fe déüfteï de 1'ufurpation qu'il avoit faite,  C ioi ) qu'on s'eft porté è des folies, oo 3 crié,ving le Roil vive Colonne! Affurément Mrs, les Procureurs-généraux du Parlement, Corrrmiffaires nés du Roi aux Etats, ne fe feroienf pas attendus en 1766 a entendre cette exelamation aux Etats de 1784. On a arrêté en outre dans Paflemblée du onze d'ériger une ftatue è Louis XVI dans une des places de cette ville, ou ailleurs, en mémoire de ce grand événement. Cependant Ia Province achete bien cher une ceffation dé violation de nos privileges & droits qu'on eft venu au point de regarder comme une gracey ks demandes du Roi font doublées. A 1'égard de 1'affaire du Tabac , il nous Cft venu deux membres de 1'Académie des Sciences , comme Commiffaires du Roi pourvifirer les tabacs faifis. Les Commiffaires écoient lesSieurs Cadet & Beaumé, deux apothicaires.. Leur miffion auroit pu occafionner du bruit avec la Cour, fi la fageffe du Parlement n'avoit prévenu le conflit d'autorité & prévenu la violation de fon greffe, en rendant Arrêt qui ordonnoit que le Greffe feroir ouvert auxdits Commiffaires. Ils ont fait leur vifite & n'ont pu s'empêcher de reconnoïtre que les tabacs faifis, même ceux provenans du magafin de la Ferme, étoientgatés. Le Parlement a également ordonné que les Greffes des Jurifdifftions fubalternes,. ou étoient en dépót pareils tabacs faifis, feroient ©uverts auxdits Commiffaires... Je ne fais-  C 102 ) i'ils ont fait entiérement teur tournee, maïs il n'y a pas de doute que leur rapport ne foit uniforme... & cette fois les Fermiers-généraux feront pris en flagrant délir. Cependant la Cour reproche toujours a notre Parlement les tabacs brülés par Ia Chambre des vacations; elle a fur le cceur eet a£te d'autorité . .. H vient de le réitérer par un Arrét du 17 de ce mois, qui vous fera envoyé. 24 Décembre 1784. Me. Linguet fentant Ia néceffité de faire quelque éclat,de mettre en avant quelque paradoxe bien hardi pour foutenir fes feuilles tombées abfolument en discrédit, que peu de gens lifoient & que beaucoup moins encore achetoient,, dans fon Numéro 88 a pris le parti de foutenir la caufe de 1'Empereur contre les Hollandois & de prétendte que la conduite de ce Souveraia étoit non- feulernent légitime, mais conform me a celle que ia France a tenue tout recemment a 1'égard du port de Dunkerque. Cette feuille en effet excite une grande rumeur parmi les politiques. Ses raifonnemens au furplus ne font que des fophifmes & le réfultat de fon bavardage bien analyfé eft une maxime devenue triviale a force d'étre connue & répétée,.que la feule loi des Souverains eft la loi du plus fort & même en général celle de 1'bumanité entiere. 25 Décembre 1784. Extrait d'une Lettre de Bordeaux du 21 Décembre.... L'auteur de la fable de Ja Corneille & de l'Efcargot eft  C i°3 ) un vicairede paroiffe, dont vous avezpuvoir déja de petites produftions dans les ouvrages périodiques. II fe nomme Dourneau; mais fon mérite diminue beaucoup depuis qu'on a fu qu'il avoit imité ou traduit cette fable du latin d'un Jéfuite qui, je crois, eft le pere Desbillons. Le Numéro 16 du Journal de Bordeaux a déja valu une légere fufpenfion aux auteurs. Ils avoient inféré, fans la montrer au Cenfeur, une piece de vers érotiques, oü 1'on lifoit ces vers trop pafiionnést Quand laffe d'être baifée, Tu veux baifer a ton tour; l Quand ta langue électrifée, ïes levres feches d'amour Cherchent ma bouche embrafée..» Heureufement l'interdi&ion n'a pas été loni gue, & les Journaliftes en ont été quittes pour déclarer que la piece intitulée mes Projets, n'avoit pas paffé fous les yeux du Cenfeur, n'avoit été inférée que par méprife fom Ia diftribution des Prix. Le fujet decelui de peinture & de fculpture étoit vraiment patriotique; il s'agilToit de confaerer Ia mémoire du defféchement des marais de 1'Arehevêché en 1624; marais dont les exhalaifons nous avoient fi fouvent occafionné la pefte. Cet événement eut lieu fous le Cardinal de Sourdis, alors- Archevêque de Bor. ieaux. Le petit nombre des concurrens affez forts pour traiter ce fujet, a obligé de rendre Ie Prix commun aux éleves de Peinture <& deSculpture. Les deux couronnés font Mrs. Briant St Marincourt. Le Programme pour Parchite&ure renfermoit un projet de première utilité pour cette grande ville de eommerce: favoir, le plan, 1'élévation & la coupe d'une balie ou marchê au blé, a établir fur un terrein convenable avec des dimenfions prefcrites. Les deux Prix de ce genre ont été rem» portés par Mrs. Thiac Sc Rochefort. II eft a obferver que Mr. Barincourt qui § eu|le fecond Prix de peinture Sc fculpture, 3 remporté auffi lePrix du defiin d'après nature.. 11 a encore gagné celui de 1'anatomie appliquée aux arts de peindre & de fculprer.* ainfi jl a été trois fois vainqueur Sc dans trois genres différent 26 Décembre 1784. Mefiïeurs de Padminiilration du college de Louis le Grand ont fait  v io5 ) faft cette automne une expéditionmyftérieuiè dont ils fe gardent bien de fe vanter, paree qu'elle n'a tourné qu'a leur confufion. Ayanc découverc une cave dont ils n'avoient point eu connoiffance jufqu'a préfent, ils ont pafte' dans une feconde, oü ils ont obfervé une eloifon en moëllons plus frafche que les autres murs & fans aucune ouverture. Ils fe font fait autorifer par la Chambre des vacations pour démolir la eloifon & pénétrer dans Ia partie fecrette. Quel a été leur étonnement, lorfque pour tout tréfór ils n'ont vu dans cèt emplacement tout-è-fait vuide qu'un crène humain. Ils ont fait fouiller dans la terre,. ils ont fait fonder les murs.., rien de plus. Du refte, des conjectures fans fin fur le cr&ne qui fembloit n'avoir pu être jetté- Iè par un foupirail k plus de trois pieds de profondeur de la rue. On eft encore a deviner k quel ufage les Jéfuitesavoient deftiné un pareil caveau. 26 Décembre 1784. Prophétie dont 1'aceompliffement paroït devoir être trés pro. ehain. Tel eft Ie titre d'un pamphlet publié depuis peu encore par les défenfeurs du JMesmérifme. Ils ont fenti la néceflité de mettre les^ rieurs de leur cóté, <5t ils ne s'y prennent point mal. Dans la nouvelle facétie on décrie affez bien & les médecins & leur doctrine & leur conduite & leur char-1 latanerie depuis 1'origine de leur fcience abftrufe & conjeéturale jufques a nos jburSi On: E: 5  C 105.) y dëflgne Ie Docleur Mefmer fous Ia quaïifiV 1 catioD d'homme de génie, k qui la Dature a révélé fon fecret. On y raconte de la même maniere allégorique & prophétique tout ce qui s'eft paffé & fe paiTera depuis fa venue ea France. La Faculté de médecine& la Société royale qui, jufques-lè divifées, fe font réunies contre l'étranger qui vesoit les chasfer de leurs Ecoles, font finguliérement maltraitées, même 1'Académie des Sciences. On baffoue les deux Commiflions ; mais on en veut furtout è la comédie des Doêlturs Moderr nes, paree que les adverfaires regardoient ce moyen comme Ie plus fur pour faire comber la Société de l'harmonie. Entre les Gazetiers, Journalift.es & Folliculaires, on a choiü 1'abbé Aubert, comme lè plus acharné., pour le trainer dans Ia boue & Ie couvrir d'ignominie. On poulTe 1'injuftice jufques a lui eontefter le titre de Littérateur , qu'il mérite éminemment, au gré des connoiffeurs, lorfqu'il n'a pas de raifon d'être partial & de parler contre fon fentiment intime. II paroft que le Doéteur Paukt, eft, après l'Abbé Aubert, le Journalifte que 1'on redoute le plus. Cependant 1'on n'eft pas für de le connoftre pour vin ennemi déclaré & Ton fe contente de le prévenir dans un avis de 1'EditeuF. On finit par dire que les Médecins & les Apothicairesdifparoitront dedeffus la.furface de la terre; & 1'on ne' peut que répondre en chorus avec 1'auteui aivG thit.M  C 107 ) 26 Décembre 1784. Les Lettres de la Guyanne Frangoife portent que les Gerofliers ont donné quatre milliers de leurs fruits; qua les Cannelliers ne réuffiffent pas moins bien; • mais que les Poivriers & les Mufcadiers y croiffenr avec peine. 27 Décembre 1784. Le premier Rédacteur du Courier de VEurope, pendant toute fa correfpondance avoit foigneufement évité de fé compromettre avec M°. Linguet. Soit prudence, foit crainte de fa dent, foit vénération pour les talens de PAnnalifle, il n'en parloit en aucune maniere, & 1'on ne fe fouvient pas qu'il ait même jamais prononcé fon nom. Le fucceffeur n'a pas imité cette circonfpec* tion. II a commencé par recevoir les Diatribes du S'. Caron de Reaumarchais contre 1'édition purgée de Voltaire, que fe propofoit de donner Me. Linguet a 1'ufage des dévots. Celui-ci, natureilement hargneux, non-feulement n'a pas répondu, mais a baiffé pavfllon devant fon maftre, & s'eft défifté de fon projet avec une modeftie rare. La Renommée n'a point publié ce qui s'eft paffé depuis entre 1'Annalifte & le Gazetier;' mais il faut que le premier ait eu des torts bien graves pour que le fecond fe foit por* té aux voies de fait & lui ait donné un Joufflet ou quelque chofe d'équivalent: ce qu'il lui rappelle dans fon numéro 48 dü mardi 14 de ce mois de Ia maniere la plus cruelle & la plus outrageante, puifqu'il lui reproche E ö  £ löS ) en même tems Ia lacheté de n'ofer M en dermander raifon & de s'enfuir honteufement précipitamment devant lui, lorfqu'il le rencontre. Toutesfois, avant de le eondamner, il faut voir comment Me. Linguet repou'ffera ces perfonnalités. 27 Décembre 1784. Un Mr. de Lameignon, Avocat général, avoit été invité par 1'Académie Frangoife de venir prendre féanee dans fonfein ; il refufa fous prétexte de fes occupations qui ne lui permettoient pas d'accepter cette place. La compagnie piquée arrêta que dorénavant elle n'éliroit perfonne qui n'eüe fait des follicitations, c'eft-a-dire, une vifite è chaque membre. C'eft eet Arrêté qui a fait que depuis il n'y a point eu d'Avocat qui ait fiégé k 1'Académie, par une délibération contraire de 1'Ordre te voulant pas qu'aucun de fes membres fe foumit a poftuler une place dont tous doivent Itre dignes, dès qu'ils font inferits fur letableau. Me. le Normand, orateur dont le nom eft «Dcore en vénération au barreau, fut autrefois tenté d'êtrede 1'Académie Frangoife; il fe permit vraifemblablement des démarches: mais 1'Ordre lui intima des défenfes & il s'abilint de pourfuivre fon projer. Depuis peu Me. Target a eu Ie même defir: il a prévenu le'batonnier & les anciens, fes confrères. Ceux-ei moins féveres que leurs dévanciers9 ont penfé difFéremment;  fTs ont decTaré è Me.. Target quil pouvoïr,, fans craindre aueune anirradverfion de POdre, fe mettre fur les rangs & poftuler. 11! n'a eu que fept voix è la derniere élerftionj, il efpere être plus heureux & 1'emporter lor» de la proehaine. 27 Décembre 1784. Mr. Necker a employé utilement fes lqifirs. Ne perdant point de vue fon objet il a compofé dans fa retraite un livre , de l'adminijlration des finances de la France, en trois volumes. II a chargé Mr„ Ie Maréchal de Caftries de le préfenter au. Roi. Mr. Necker eft adluellement a Montpeïlier, oh il eft allé conduire fa femme,dont Ia fanté eft en mauvais état & qu'un médecin de cette Faculté s'eft chargé de rétabür. Mr. Necker a été accueilJi dans cette ville de Ia maniere la plus flatteufe; il vouloit y louer un hótel & perfonne n'a voulu de fon argent, chacun s'eft empreffé de lui offrir fa maifon. On croit cependant qu'il eft paffé aujourd'hui k Avignon cc qu'il eft bien - aife d'apprendre-la quelle fenfation fon ouvrage aura produite. On veut, comme il y dit, des vérités fortes; qu'il craigne les perfécucions de fes ennemis ï Tel eft le langage de fes partifans. Quant h fon livre, il ne fe vend point encore, il eft trés rare & peu de gens favent a quoi s'en. tenir. 28 Décembre 1784. Mr. le Marquis de JBievre, comme on J'a dit, étoit fur lesrangjs. E 7  C HO ) pour la place vacante è 1'Académie Francor» fe. II n'a pas tardé è voir que fes démarches étoient inutiles, du moins pour cette fois; il a trouvé que 1'intriguant abbé Maury 1'avoie prévenu de maniere a ne lui laiffer aucun espoir: il a préféré de fe défifter de bonne grace par le calembour fuivant: Omnia vincii Amor fcp nos cedamus Amori (k Maury}. II eft des gens qui 1'attribuent au Marquis de Cbimene, dans le même cas. 28 Déctmbre 1784- On n'a appris que depuis peu la mort de M'. de la Louptien. dont on a rapporté quelquefois des pieces fugitives. C'étoit fon genre unique: il avoit de 1'efprit, de la grace &.tournoit affez bien un. ■vers, furtout dans fes dernieres années. On a de lui un recueil de poëfies & il étoit auteur des fix premières parties du Journal des Dames, lors de fa renaiffance en 17.61. jyp. de la Loupiiere étoit homme de condition & né au chareau de fon nom, diocefe de Sens, le 16 Juin 1724. Son nom de familie étoit de Relongue: eftropié d'un bras, il n'avoit pu fuivre la carrière des aimes, qui lui étoit prefcrite par fa naiffance. II avoit confacré fon loifir aux mufes & s'étoit contenté d'être membre de 1'Académie de ChaMons &de celle. des Arcades de Rome.. 28 Décembre 1784 Extrait d'une lettre de Vienne du 8 Décembre... Les Gazet tes Hollandoifes ont été. défendues dans toue les Etats de S. M. Impériale. Nöus ne recon*  C ui ) Boiffons point Ia le caraclere libre & franc denötre augufte raattre. Ce petit moyen ne peut que donner du reliëf a de pareilles feuilles. C'eft a qui les aura ou les lira en contrabande. C'eft ainfi que, lors de la derniere guerre avec le Roi de Pruffe, on défendit Ie Courier du Bas Rhin, ou la Gazeite de Cleves; mais 1'Impératrice-Reine vivoit alors,. & cette interdifftion miférable pouvoit paffer fur fon compte. Quoi qu'il en foit, il en réfulte que ces Gazettes qu'on décrie tant, font cependant regardées comme trés importance.vpar les Souverains, qu'ils en font dépendre leur réputation, & en effet ce font elies qui Ia fixent tót ou tard, du moins chez la Poftérité. 29 Décembre 1784. On ignore fi Mr. Vï* gée a quelque mécon ten temen t des comédiens Frangois qui l'ont fi bien traité jufqu'a préfent; mais on a écé fort furpris de lui voir dégrader fa mufe en la faifant paffer du grand théatre au théatre de la comédie Italienne. C'eft ce qu'il vient de faire en y donnant les emans timides, comédie en un acte & en vers jouée hier.. U ne feroit pas extraordinaire au furplus que cette piece eüt été refufée des premiers; elle auroit méme pu i'être desfeconds, pour peu qu'ils euffent voulu fe ren. dre difficiies. Ce n'eft qu'une trés foible esquifle de la furprife de l'arrmr de Marivaux, fi mgénieufement & fi adrojtement filée, que poflédent les Itaiieas. Un dialogue facÜe s  ( 112 ) efes vers affez bien tournés, une foule dé mak drigaux , quelques inftans de comique, réfultant plus du jeu des acteurs que du fond du fujet , ont fait tolérer cette piece, regue du refte auffi froidement qu'elle avoit été concue. ie Pair infTammable ; ce quf fait samm& eette machine, Carlo - Mwtgolfiere. Nos Phyficiens ont interrogé ie Sr. Pilaire\ qui n'eft pas foncé & parle mal. Mais le défaut de favoir eft compenfé chez lui par une grande audace, par une activité prodigieufé & par un efprit d'intrigue ineoncevable, qui lui a fait fupplanter tous fes concurrens,.bien plus dignes de la confiance du gouvernet> ment, furtout Mr. Charles, auquel on ne peut refufer beaucoup de connoiffances: c'eft lui qui le premier a réduit en art cette déeouverte. Quoi qu'il en foit, il faut attendre è préfent le moment du vent. Du refte, s'il le permet, le départ eft fixé du premier au ftx Janvier 1785-, Entre les peintures qui déeorent Te pour» tour du Ballon, on lir. ces deux mauvais vers en 1'honneur de M*. Ie Contróleur'général qui a fourni a la dépenfe: Calonne des Francois foutenant Pinduftrie Infpire les talens, les arts & le génie. Mais ce diftique fera mieux payé que ne l a été le poëme de Milton. 30 Décembre 1784. II paroft ici furtive*ment imprimées des Remontrances du Parlement de Bordeaux au fujet des évocationsy en date du dix - fepc Novembre dernier. On» lés die de la plus grande force & Ie Coafeil; sa eü fort fcandalifé»  C «4-) 30 Décembre 1784. II commencé a paroftre un Mémoire pour Mr. Giraud-Soulavie, Prêtre du Diocefe de Viviers; contre Me. Barruel, Prêtre du même diocefe, l'un des auteurs de 1'Année Littéraire <£ auteur du Libeüe intir tulé, Genefe felon M'. Soulavie. Ce Mémoire figné d'un Avocat peu connu, Me. le Vachtr de la Terriniere ,ne répond pas a 1'importance du fujet. II eft long , embrouillé, mal écrit; mais, malgré ces défauts, on y juge le' plaignant fuffifamment attaqué dans fon état, dans fa foi, dans fon honneur, pour qu'il ait droit d'accufer fon adverfaire de ealomnie & de lui demander lesréparaüonsordonnées par les loix.. Un Pojlfcriptum trés favorable k Pabbé Soulavie annonce que, tandis qu'on imprimoit ce Mémoire, Mr. le Garde des fceaux a ordonEé la fuppreffion du libelle du Sr. Barruel. Au refte, le Sr. Barruel, provoqué depuis plufieurs mois, fe tient fur la défenfive & refte dans un profond filence. On n'en a encore arraché que quatre lignes. 11 s'eft eondamné lui - même devant M>'. 1'Archevêque de Paris, il luia dit que vraifemblablement il per* droit fon procés dans ce malheureux fiecle, oü Vimpiété domine fi ouvertement', mais qu'il y étoit tout réfigné, qu'il lui feroit glorieux d'avoir fouffert quelque chofe pour venger la majefté de la Religion. . 31 Décembre 1784. Dès qu'on a fu hier «Te M". Pieeini pere & fils étoient les deux  f "J) auteurs de la piece nouvelle jouée aux Italieusfous le titre de Lucette, comédie en trois acles & en profe mêlée d'ariettes; chacun s'eft écrié fur le champ, c'eft- è-dire, mauvais poëme & bonne mufique. Jugement qui s'eft trouvé on ne peut pas plus jufte. Seu« lement 1'excellence de 1'une n'a pu compenfer & couvrir cette fois la platitude de 1'autre. 31 Décembre 1784. On a compofé fur 1'injonction donnée aux Evéques de fortir de la capitale &de réfider dans leur diocefe refpectif une affez bonne plaifanterie.. C'eft une Requête des filles de joie de Paris d Monfieur le Baron de Breteuil , oü 1'on fait fentir a ce Miniftre les inconvéniens de fon ordre fi bien concu en apparence & cependant trés mal vu en politique. Comme la piece n'eft que manufcrite & affez longue, on ne peut 1'avoir que difficilement.. 31 Décembre 1784. La mort de Mr. Cour* de Gebelin n'a point éteint les divifions duMufée de Paris. Ce chef a été remplacé par Mr. 1'abbé Roujfier, mais les diffidens n'en fuivent pas moins les bannieres du Préfident expulfé, qu'ils croient ou font femblant de croire levrai. Ils ont rouvert leurs féances au commencement de ce mois & font des réceptions que les fondateurs originaires regardent comme nulles. II faut voir qui 1'emportera; car deux Etabliflemens de cette efpece ne peuvent durcr enfemble. Nous rendrons compte. de 1'affembJé.e des diffidens, iiluftrée, di!>  ia, par Ia préfence d'un Fricee AfricaitJ, 3.1 Décemire 1784. M'. ^foafn Maréchal, jeune lictérateur qui donne de grandes efpé- ' rances , nous offre en ce moment 1'exemple d'une nouvelle vicïime que Ie fanatifme vient d'immoler. II eft bibliothrécaire du College Mazarin, & il perd fa place pour avoir compofé un ouvrage moral qui, quoique revêtu de toutes les formes légales, a paru aux ennemis de la pbilofophie rempli d'audace & dlmpiété. II a pour titre: livre échappé au iéluge. Cette anecdote mérite d'être éclaircie plus amplement. 31 Décembre 1784. La Tribaderle a toujours été en vógue chez les femmes, comme la Pédéraftie chez les hommes; mais on n'avoic |amais affiché ces vices avec autant de fcandale & d'éclat qu'aujourd'hui. Quant au premier, comme il n'eft pas puni par les Loix, e'eft moins étonnant. Auffi nos plus jolies femmes y donnent-ellés, s'en font-el!es une gloire, un trophée! Voici un couplet affezgai, tout recemment éclos a ce fujet» Air de Figaro. II eft des-beautés cruelles, Et 1'on en voit chaque jour. Savez-vous pourquoi nos Belles Sont 11 froides en amour? Ces Dames fe font entr'elles Par un généreux retour Ce réflexions & pour opérer le retour au bien dans une ame qui n'eft pas tout - k • fait corrompue. Les families , & même les peres & meres, quoi qu'en général plus difpofés k 1'indulgence que les autrea parens, exagerent quelquefois le tort des fujets dont ils ont follicité la détention: & fi 1'on fe prétoit trop facilement è la rigueur dont ils voudroieDtufer, il arriveroit fouvent que ce ne feroit plus une corredlion, mais une véritable peine qu'on infligeroit. C'eft ce qu'il eft effentiel de diftinguer, & ce que je vous prie, Monfieur, de ne pas perdre de vue. Lorfqu'indépendamrnent du libertinage, les fujets détenus fe font rendus coupables de vols d'argent ou de fouftraction d'effets dans la maifon paternelle feulement, ou lorfqu'ils ont commis quelques infidélités, ou qü'ils fe font permis des abus de conftance, ou enfin que, pour feprocurer de 1'argent & fatisfaire leurs pafïïons, ils fe font fervi de ces moyens peudélicats, que la probité défavoue, mais que les loix ne puniffent pas; la détention doit alors être plus longue. Je penfe cependant qu'elle ne doit jamais être prolongée a«  ( Ï20 ) de-la de deux ou trois ans; & même que c'eft affez d'une année, lorfqu'il fera queftion de jeunes-gens au deffousde vingt ans, qui ont été entraïnés par la fougue de 1'age, ou féduits par de mauvais confeils, & qui par anexpérience 0nt pu ne pas fentir la confé» quence & toute 1'étendue de leur faute. Je comprends auffi dans cette même feconde claffe, ies femmes & les filles qui fe conduifent mal, & les mêmes obfervations doivent leur être appliquées; c'eft-a-dire que, quand elles ne font coupables que de ftmples foibleffes , une ou deux années de correction font fuffifantes, & que la déiention ne doit être prolongée jufqu'a deux ou trois ans, que quand il s'agit d'un libertinage pouffé jufqu'au dégré du fcandale & de 1'éclat. La troifieme claffe eft de ceux qui ont commis des actes de violence, des excès, des délits ou des crimes qui intéreffent 1'ordre & la füreté publique;& que la juftice, fi elle en eüt pris connoiffance, eut puni par des pemes affliöives, & défhonorantes pour les families. Je congois qu'il n'eft gueres poffible de rien préjuger fur la durée de la détention de cette efpece de prifonniers; cela doit dépendre des circonfiances plus ou moins graves du délit, du caraöere plus ou moins violent du coupable.durepentir qu'il peut avoir témoigné, des difpofitions qu'il annonce, & de ce qu'on doit raifonnablement préfumer  C 121 ) de 1'ufage qu'il feroic de fa liberté, fi elle lui étoit rendue. 11 fauc feulernent confidérer que, s'il efl vrai que les prifonniers détenus pour crimes ,doivenn en général s'eflimer trop heureux d'avoiréchappé aux peines qu'ils onc mérités; il efl: conftmt auffi qu'une détention perpéiuelle , & même une longue détention, eft la plus rigoureufe de toutes les peines pour ceux d'entr'eux donc les feminiens ne font pas totalement anéantis ou dégradés. Du refle, ce n'eft pas feulernent par rap- ' port aux prifonniers renfermés pour crimes ou délits, c'eft pour tous les prifonniers, quels que foient les motifs de leur détention., qu'il convient d'avoir égard u la conduite qu'ils tiennent depuis qu'ils font détenus; indépendamment des autres confidérations 'qpeuvent concourir è ïetarder ou accélérc leur liberté, il eft jufte de la faire dépendrc furtout de la maniere dont ils fe comportenr, • du plus ou du moins de changement qui ft fait en eux, & de ce qu'ou aura a craindre ou a efpérer d'eux lorfqu'ils redeviendront libres. II eft même a fouhaiter que fur eet article vous ne vous en rapportiez pas entierement au témoignage des perfonnes chargées de la garde des prifonniers: je defirerois que pour vous én affurer par vous même, vous voulusfiezbien, dans le cours de vos tournees, vifiter avec un foin particulier les lieux de détention Tomé XXVll. F ,  ( 122 ) de votre Département, foit Maifons deforce Maifons Veligieufes , Forts ou Chateaux ; Tvrojr vous-mêmes les pnfonn.ers, & interroger „nrnDte en leur préfenee V0US faire ^* "X.™ luis perfuadé q0V £ eu e détention, produiroit an dans chaque1 eu o .^antage dont ils font traites, v PrénCoaSmit encrlles détenïs; quelles mefutranquillite emr iesévafions; en- res on prend pour pevemr i ^ ïeprimer. 1 ou» -ft si vous ne pattention de 1 Adminm: m6me pouvez PM'^S^fJSou Chateaux P°Uït0Uten narent : vouJ pourriez du dG VOtTfu^ e Ük oI i Y a le plus de prJmoins vifiterceuK ü > ^ M Si Patres perfonnes de conSubdélégués, o vous crm. fiarice, fur 1 exatt tu h ^ ^ Iie^i'Tme £ par ous taan. du réful-' oublier de me aire p au.Roiunecptetrès  C 123 ) exact, & que je ne lui propofe d'adopter vos vues fur les changemens & les réformes qui vous paroitront uciles ou nécefiaires. II ne vous échappera- fans douce pas que Jorique je vous inviteè preadrepar vous-méme ou vos fubdélégués, des édaircilTemens fur Ja conduite des prifonniers, je n'entends par- MaifL p6UX qUI'f0DC renfermés dans *« Maiions ,• Forts ou Chateaux de votre Dé. partement. A 1'égard de ceux qui, d'après votre avis, ou celui de M. M. vos Jrédéceï leurs, font détenus hors de votre'Intendance, je fuis perfuadé qu'en vous adrelfant a M M. les Intendans dans le Département defquels ,ls fe trouveront, vous en recevrez oefdn CS iDf°rmations dont vous aurez Je n'ai jufqu'a préfent fait mention que des prifonniers aétuellement détenus, compris dans Jatat ei-joint, & fur ]e fort def0UPeIs il sagit en ce moment-ci de ftatuer. Mais tout ce que j'ai obfervé a leur égard & les mémes principes, les mêmes regies qui m'ont paru devoir en général fervir a décider fi les ordres expédiés contre eux feront ou non revoqués, me paroiflent devoir s'appliauer aux perfonnes que par la fuite il pourra être queftion de fenfermer. Ainfi, Monfieur, lorfque vous me propo- fSJexp-éditioD d'ordres demandés par les families , je vous prie de me marquer én même tems dequelle durée vous penferez que F 2  C 124 ) doit être la détention., & je crois qu'en général & fauf les circonüances particulieres qui peuvent fe préfenter, elle ne doit s'étendve au - dela de deux ou trois ans pour les hommes , lorfqu'il y a libertinage & baffeffes; pour les femmes, quand il y a libertinage & icandale, & au delè d'un ou de deux ans lor [que les femmes ne font coupables que de foiblesfe & les hommes que d'inconduite & de dilfipaüon. Te vous prie auffi de me propofer un terme pour la détention même de ceux qui feront prévenus d'excès , délits ou crimes. Cela doit, comme je l*ai dit, dépendre des circonftances, & ce fera a vous, Monfieur, de les apprécier. , , A 1'égard des perfonnes dont on demandera la détention pour caufe d'aliénation d'efprit, la juftice & la prudence exigent que vous ne propofiez les ordres , que quand il y aura une interdiftion prononcée par jugement; a moins que la familie ne foit hors d'état d'en faire les frais de la procédure qui doit précéder 1'interdicVion. Mais en ce cas il faudra que la démence foit notoire &conftatée par des éclairciffemens bien exacts. Quand il s'agit de faire renfermer un mineur, ne füt- ce que pour la forme de correftion, le concours du pere & de la mere a iul'qu'4 préfent paru fuffire. Mais les peres & meres font quelquefois injuftes, ou trop i'éveres, ou trop faciles a s'alarmer, & je  C 125 ) penfe qu'il faudra toujours exigerqu'au moins deux ou trois des principaux parens fignent avec les peres & meres les mémoires qui contiendront la demande des ordres. Le concours de la familie maternelle efl: indifpenfable, lorfque la mere eft morte; & celui des deux families lorfque le pere n'exifte plus; è plus forte raifon quand il n'y a plus ni pere ni mere. Enfin, il nefaut accueillir qu'avec la plus grande circonfpeótion les plaintes des marisi contre les femmes, celles des femmes contre leurs rnaris; & c'eft furtout alors que les deux families doivent fe réunir & autorifer par unconfentementformel le recours è 1'autorité. Ces principes font connus, & je fais qu'en général on les a toujours fuivis. Mais je crois avoir remarqué que 1'ön a quelquefois demandé des ordres; & que M. M. les Intendans en ont quelquefois propofé dans des circonftances oü je vous avoue qu'il ne me paroic pas convenable d'en accorder. Par exemple, une perfonne majeure maitreffe de fes droits, n'étant plus fous 1'autorité pater- " nelle, ne doit point être renfermée, même fur la demande des deux families réunies, toutes les fois qu'il n'y a point de délits qui puiffent exciter la vigilance du miniftere public, & donner matiere a des peines dont un préjugé trés déraifonnable , mais qui exifte, fait retomber la bonte fur toute une familie. II eft F 3  C I2Ö ) vraiment effentiel, par rapport aux faits dont on accufe les perfonnes qui ne dépendent que d'elles • mêmes, de bien difiinguer ceux qui ne produifent pour leurs families que dës défagrémens & ceux qui les expofent a. un véritable déshonneur. C'eft fans doute un défagrément pour des gens d'un certain état, & ils font avec raifon bumiliés d'avoir fous leurs yeux une fceur ou une proche parente dont les mceurs font indécentes, & dont lesgalanteries & les foibleffes ne font pas fecrettes. C'éft encore us défagrément pour une familie honnête, & il eft naturel qu'elle ne voie pas avec indifférence que, dans la même ville, dans le même canton qu'elle habice, un de fes membres s'aviliffepar un mariage honteux, ou fe ruine par des dépenfes inconüdérées, ou fe livre aux excès de la débauche & vive dans la crapule, Mais rien de tout cela ne me paroit préfenter des motifs affez forts pour priver de leur liberté, ceux qui font, comme difent les Loix, fui Juris. Ils ne font de tort qu'a eux; le genre de déshonneur dont ils fe couvrent ne tombe que fur eux, & leurs parens ne le partagent point & ne me parois'fent avoir aucun droit a 1'intervention de 1'autori té. Telles font, Monfieur, les réflexions que m'a fuggérée 1'attention particuliere que je donne a tout ce qui concerne les ordres de déxention, depuis que le Roi a bien voulu me nommer Sécrétaire d'JEtat. J'en ai rendu  C 127 ) compte è Sa Majesté, qui les a trouvées conformcs aux vues de juftice & debienfaifaDce dont Elle eft animée, Elle deflre qu'on ne s'en écaite que le moins qu'il fera poflible, & comme Elle fait que c'eft furtout d'après 1'ufage que 1'on faic de fon autorité contre les particuliers, que fe forme & s'établit 1'opinion du public fur le gouvernement, Elle a jugé a propos que fes intentions a eet égard fuffent connues de toutes les perfonnes qui concourent plus ou moins directement a 1'expédition des ordres. Elle m'a en conféquence autorifé a faire imprimer cette Lettre & a vous en envoyer un certain nombre d'exemplaires que vous voudrez bien adreffer a vos Subdélégués, afin qu'ils puiflent en faifir 1'efprit & s'y conformer autant que les circonftances lepermettront, dansles informations qu'ils auront a prendre & è vous tranfmettre fur les demandes formées par les families. J'ai 1'honneur d'être trés parfaitement, Monfieur, votre trés humble & trés obéisfant ferviteur, (Signé) le Baron de Breteuil. F 4  ( 128 ) ADDITIONS. Amnée MDCCLXXIII. A la page 106. Le 30 Novembre' 1773. Quoique 'Ifinenor joué le dix-fept Novembre è Verfailles aic été généralement desapprouvé, il n'eft pas hors de propos de donner une efquiffe de ce fpeétacle d'une magnificence rare. Les paroles font de Mr. Desfontainei, Cenfeur royal. Elles ne font pas auffi plattes qu'on les avoit annoncées, mais 1'intrigue de ce drame héroïque en trois adres eft triviale. II eft queftion d'un jeune Prince, amoureux d'une Princefie charmante. II a pour rival apparent un Génie, -qui traverfe fa paffion par tous les obftacles les plus effrayans: rien ne peut éteindre la tendreffe reciproque de 1'un & del'autre: une Fée gouvernante de la Princefie intervient; mais n'op. pofe qu'une vaine puiffancé è celle du Dieu malfaifant & jaloux. Après 1'épreuve fuffifante, Ifmenor, c'eft le nom de 1'enchanteur, déclare que leurs tourmens font finis & qu'ils vont ótre parfaitement heureux. Les Décorations font la partie brillante de eet opéra. Le théatre dans le premier Acte repréïénte une avenue qui conduit au palais de la Fée, C'eft en ce lieu que le jeune amant a une explication avec foa rival. Ce- lui-  C 129 ) lui-ei, pour Ie détourner de fa paffion, lui a»nonce «Sc fon amour & fa puiffance. II perfifte, il veut entrer daas la palais;'des Nymphes en fortent, Ie retiennent & danfenc autour de lui: la Fée arrivé & donne lieu a de nouvelles fêtes; il pénetre enfin après avoir regu les hommages de Chinois & Chinoifes, •variant les Ballets par leurs Pantomimes. Le fecondAcle repréfente un Bocage garni de maffifs de rofes & de divers arbuftes chargés de fleurs. C'eft-la que fe paffe 1'entrevue des deux amans: è la voix du Prince qui chante fon bonheur, les maffifs qui décorenc Ie fond du Bocage, fe développent en berceaux , d'oii 1'on voit fortir des Nymphes & des Bergers héroïques : le ciel fe remplit d'Amours qui fufpendent des guirlandes de fleurs: on danfe. Le Ballet eft interrompu par 1'arrivée de I'Enchanteur; les berceaux qui décoroient le fond de la fcene, fe changent en cavernes fombres, d'oü fortent les vents fouterrains; les vents orageux fondent du ciel & chaflent les Plaifirs, les Amours, & les Vülageois: un grouppe de Vents portés' par des nuages enveloppe ie Prince & la Fée, & les fouftrait tous deux aux yeux de la jeune Beauté. Le bruit du tonnerre redouble, & cette derniere difparoit, enlevée par lfmenpr. A 1'ouverture du troifieme Acle on voit ( un défert, oh eft Ja Princefïe. EUe veut fortir, des Génies effrayans gardent Jes iftues &  C 130) s'oppoferjt a fon paffage. On entend Ie prélude d'une marche triomphante: des Efclaves, en différens coilumes & jouant de divers inftrumens, arrivent fur la marche précédente: ils fonc accompagnés d'une troupe. de guerriers portant des trophées ; IJmenor termine le cortege, il donne un coup de baguette; le défert difparoit, & 1'on voit la Galerie de Verfailles, oh fe trouvent les deux amans & leur fuite. Le théatre change quelque tems après & repréfente le Pare de Verfailles illuminé, pris en face du canal. Les cótés font ornés de vafes, de pyramides, d'arcades remplies de fpedlateurs: le fond eft terminé par le Temple de 1'Hymen. Les Amours qui avoient été difperfés par les Vents, reparoiffent en foule & s'occupent a embellir la fête. Les uns portent des médaillons; les autres des préfens; quelques-uns jouent de divers inftrumens: le tout fe termine par des danfes de Nobles qui forment des Quadrilles, de Béarnois & Béarnoifes, de Matelots, de Jardiniers & Jardinieres, & de petits Suiffes. A la page ioö. Le 30 Novembre 1773. Les gens de la Maifon de Mr. le Comte d'Ar'tois fe louent beaucoup de leur nouveau Maitre; ce Prince, ami de la liberté, leur a déclaré dès les premiers jours , qu'il avoit trop afpiré è ce bien, qu'il fentoit trop le bonheur d'en jouir pour vouloir les en priver. „ Je vais fouper", leur dit-il,» ce  C 131 ) „ foir-Ia chez mpn frere Ie Comte de Pro,j vence, je n'ai befoin que d'un valet de „ pied, perfonne a mon coucher: retirezii vous; demain a neuf heures du matin." A Ia page 106. Le 30 Novembre 1773. Mr. éeGuibeH eft de retour depuis quelques jours de fes différentes tournées dans le Nord. II paroft extrêmement content de 1'accueil qu'il y a regu, & il parle furtout avec la reconnoiffance Ia plus vive du Roi de Pruffe <5c de J'Empereur. Le premier a daigné faire manceuvrer fes troupes devant lui & 1'initier aux myfteres de fa tactique, qu'on fait n'étre nulle part, mais réfider dans la tête de ce monarque & d'une douzaine d'officiers-généraux qui ont fa confiance. Le fecond lui a parlé avec la modeftie qui convient a un jeune Prince, encore novice dans 1'art de la guerre; mais il lui a en même tems fait des objedlions favantes & profondes qui annoncent un génie déja müri pour les expéditions difficiles & les grands exploits. On ne doute pas que Mr. de Guibert, de fon cóté, n'ait mis a profit ces utiles legons & ne s'en fèrve pour perfedtionner fon ouvrage, ou pour en faire un autre. A la page iofJ. Le 1 Décembre 1773. Cette tragédie (Bellerophon) n'eft qu'en quatre ac~te« Le premier repréfente une avant-cour du Palais du Roi de Lycie, au fond de laquelle séleve un grand are de triomphe & au-delè on découvre Ja ville de Patarc, capitale du F '. Goezman; qu'il ne connoiffoit le dernier que pour avoir approuvé quelques-uns des ouvrages de ce magiftrat aureur, lorfque Ie Sr. Morin étoit chargé de la Librairie fous Mr. de Sartines. II tracé enfuite le plan de la macbination de fon adverfaire; il y oppofe fes réfutations & nie furtout Je propos atroce qu'on lui impute contre le Sr. U Jay; il coiore le tout du mieux qu'il peut & s'appuye beaucoup du Mémoire du Sr. Bakolies; il fait en outre une fortie effroyable fur Ie Sr. Gardanne Médecin. qui doit ion exiftence, fon bien-être, fon état au Sr. Marin, & le déchire aujourd'hui cruelJement & efi regardé par fon bienfaiteur comme le principal inftigateur des accufations du Sr. de Beaumarchais contre lui. Ce Faclum, moins mal fait que les précédens, eft d'une méchanceté qui plait toujours au public; fans refucer victorieufemenc toutes les accufations intentées contre 1'orateur, il mculpe fortementle Sr. Caron; il 1'accufe furtout de propos, de plaintes, de déclamations graves, propres a Ie compromettre par des retieences cruelles qui pourroient engager  C 133 ) le Miniftere public a s'immifcer dans le Procès & a requérir que le Sr. Marin fut interrogé fur faits «Sc articles. A la page 107. Le 4 Décembre 1773. Le Sieur Quinquet eftun Clerc de Procureur, agé de dix - neuf ans, beau de figure, grand, bien Mti, annoncant beaucoup de vigueur. II s'eft rendu en Domino au bal mafqué donné k Verfailles pour une des fêies occafionnées pour le mariage du Comte ó'Artois; comme le grand nombre des mafques, il s'eft trouvé dans la bagarre ou Madame la Comteffe Dubarri étoit fur le point d'être étouffée; il eft allé a elle, il 1'a prife fo.us le bras, 1'a raffurée, 1'a guarantie de lapreffeexcitée vraifemblablement par des filoux qui méditoient de lui volei- le fuperbe collier de diamans qu'elle avoit, 1'a remife faine & fauve en lieu de füreté & entre les mains du Roi. Interrogé quel il étoit? ce qu'il vouloit? ila déclaré qu'il n'étoit rien «Sc ne vouloit rien: il a longtems réfifté ainfi aux infiances de la favorke pour Je connoitre & lui témoigner fa reconnoiffance: enfin il s'eft démafqué, «Sc fon vifage n'a pu qu'excitér un plus grand intérêt en fa faveur. II paroic que Madame Dubarri prefle vivement S. M. de faire la fortune de ce jeune homrae, auquel elle doit la vie. II a eu rendez - vous a Verfailles & 1'on aflure qu'il jouir. déja d'une penfion fur la caffette; mais qu'il n'en reuera pas la. Un nommé Maton, autre particulier, elt  C 130 ) • eïtépour un trait d'adulation ingénieux & qui a trés bier! pris. C'eft aufïï au Bal mafqué oü" s'eft paffée la fcene. II s'eft habillé en Turc,• vêtement qui alloit trés bien è fa haute & droite ftature; il a fait fenfation dans le bal par Ja richeffe de fa décoration, au point que tout le monde s'écrioit: Ahl le bel Orofmanel le fuperbe MufulmanV On J'a fait remarquer au Roi, qui d'abord n'y a pas porté une grande auention: le mafque aJors, les bras croifés, s'eft mis k fixer le Monarque d'une facontrès caraflérifée, au point que S. M. 1'a remarqué . & a jetté fes regards étonnés fur Jui. Alors, au^moyen d'un petit reflbrt qu'il tenoit tout prêt, fon turban s'eft entrouvert, & S. M. a pu lire diftinclement un Vvoe le Roi trés briljant. Le mafque «atisfait d'avoir réuffl dans fa manoeuvre a fait jouer le reflbrt & le turban s'eft referméjilaaffeclé defemêlerdansla foule, fe doutant bien qu'il feroit fuivi. Effeétivement le Roi a fu quel il étoit & 1'on précend qu'il veut aufïï lui faire fa fortune. A la page 109. Le 6 Décembre 1773. On a donné famedi a Verfailles Sabinus, tragédie Lyrique de Mr. de Chabanon, & mufique du Sr. GoJJec. II ne paroft pas que eet ouvrage ait pris beaucoup. A la page ico. Le 6 Décembre 1773. A Warburton, telle eft 1'adrefle d'un petit pamphlet en 4 pages de Mr. de Voltaire k eet écriyain qui, pour 1'avoir contredit k 1'égard des Juifs, pour avoir pris la défenfe de ce peupje .  ( Ho ) malheureux, effuye de la part du Philofophe une bordée cruelle d'injures ,dónt onfait qu'il: fait fouvent ufage au lieu de raifons. II paroit que ce Warburtm efl un auteur vivant, Anglois, qui a commencé Shakespear & écrit ce que Mr. de Voitaire appelle une rapfodie en quatre gros volumes, efpece dé Commentaire fur Moïfe. A la page 109. Le 6 Décembre 1773. v en" dredi dernier a été un jour remarquable dans 1'Univerfité par 1'inauguration des nouvelles Ecoles de Droit, darjs lefquelles cette Faculté s'eft enfin inftallée. Cette cérémonie publique s'eft faite avec beaucoup de pompe. C'eft Mr. de Lalourcey, Profefleur & Doyen, qui 1'a ouverte par un difcours latin, dans lequel ilarappellé les bienfaits du Roi,qui non feulernent afait Mtir cemönumenc moderne, mais a voulu le faire meubler de fon gardemeuble & doit y mettre le comble a fes bienfaits par le don de fa ftatue dont eft chargé le Sr. le Moine & qui fera érigée au fein des Ecoles. Afin de rendre la fête plus pleine & plus remarquable, on y a joint Ia reception d'un nouveau Docïeur qui a remporté au concours la chaire vacante; il fe nomme Saboureux de laBonnetrie. Ce qui a fourni matiere au refte du difcours de 1'Orateur. Suivant 1'ufage des affemblées académiques, il ad'abord fait 1'éloge du défunt, Mr. Craffoux, & enfuite celui du fucceffeur, dont la modeftie a, ce fem-  C 141 ) ble, eu moins k rougir, au moyen de la Iangue étrangere dans laquelle étoit enveloppé pour ainfi dire, 1'encens dont on le parfu*. moit. 1 Le difcours fini, le Recipiendaire eft allé fe revêtir de la robe rouge, & s'eft préfenté au Doyen pour recevoir 1'inftallation , qui confifte k fuppofer qu'on le revêt fucceffive•ment de tous les ornemens de fa dignité & i lui en expliquer Ie fens allégorique. La robe eft une efpece de bouclier, fjgne extérieur du courage, de la vigueur avec laquelle il doit défendre les loix confiées k fon interprétation. On lui préfente les livres de ces loix, fermés d'abord, pour qu'il comprenne avec quel foin il doit les tenir renfermés dans fa mémoire & dans fon fein; ouverts enfuite, embiëme de la publication qu'il doit en faire par fes enfeignemens. Od lui met le bonnet carré fur la tête.caraclere qui doit ledéfigner aux candidats comme autorifé a promulguer la doetrine de la Faculté: le Doyen lui met J'an. neau d'or au doigt, fymbole de 1'alliance éternelle qu'il contracte avec elle; il l'embrafie enfin en figne de concorde & d'union. Toute cette explication fe fait en latin. Après ce Préambule, le Dofteur de la Bonnetrie eft defcendu de chaire & eft venu donner 1'accolade k M>'. de Laverdy, ancien Mi" niitre agrégé d'honneur; il eftremontéde fuité embraffer les Doöeurs affis dans une chaire inférieure , prolongée a ia drone de 1'Ora»  C 142 3 tcur , & de-la il eft redefcendu pour aller faire la même cérémonie aux agrégés , figurans de même a la gauche; il eft paffé enfin dans la tribune a la place du Doyen , qui la lui a eédée, & il a prononcé un difcours fur la gloire. Quoique, comme 1'on 1'a rapporté, tout fe dife en latin, il y avoit beaucoup de femmes ,a la cérémonie, ou affiftent auffi les Gens du Roi. A la page 110. Le 9 Décembre 1773. On .aflure que Mr. le Maréchal Duc de Brijfac étant chez Madame la Comtefle Dubarri a lui faire fa cour , dans un excès de raviflement s'eft trouvé ragaillardi au point de 1'embrasfer; fur quoi le Roi eft intervenu: mais ce preux Chevalier ne s'eft point déferré, &, demandant: refpeclueufement pardon de fon audace, qu'il attribuoit a un délire du moment: „ de quel heureux augure, Sire," .a-t-il dit: ,, n'eft. ce pas pour Votre Ma9, jefté ! Quelle perfpective de plaifir ne „ doit • Elle pas entrevoir dans la jouiflance d'une Beauté qui réveille les defirs jufques chez un vieillard de mon êge!" A la page 110. Le 9 Décembre 1773. Le Sr. Monval de la comédie Francoife, 3 compofé une idylle fur la belle aftion de Madame la Dauphine a Fontainebleau; il eft allé k Verfailles hier porter cette piece k la Princeflè. On y trouve de la délicatefle, du fentimenr * de la poëfie & une heureufe facilité.. Si tous  C 143 ) les comédiens avoient le mérite de celui. lè, les auteurs ne répugneroient pas tant a fe voir jugés par eux. A la page no. Le 10 Décembre 1773. L'Evóque du Mans ayant prétendu que le Profeffeur de Philofophie chez les Peres de 1'Oratoire de cette ville dittoit des cahiers peu orthodoxes, en a porté des plaintes au Général. Celui-ci, après avoir fait exarniner ia doctrine de 1'accufé, a répondu au Prélat qu'il ne pouvoit faire au Profeffeur 1'injustice & Pinjure de le déplacer pour une accufation auffi mal fondée : fur quoi Monfeigneur en a référé a la Faculté de Théologie , qui s'eft affemblée le jour de Ste. Barbe, afin d'examiner les propoütitions prétendues Janfeniftes. II eft reconnu que ces cahiers font ceux d'un ancien Profeffeur de Paris au College des quatre Nations, qui a enfeigné la Philofophie pendant dix ans, fans qu'on y ait rien trouvé è redire. M1'. 1'Archevêque de Paris prend fait & caufe pour fon confrère <% eet événement échauffe beaucoup la Sorbonne. On efpere que 1'autorité arrêtera ces querelles, qui tendent k ramener les troubles caufés trop longtems par les malheureufes difputes du Molinifme cc du Janfénifme. Ce qu'il y a de remarquable, c'eft que Mr. de Grimuldi., Evêque du Mans , eft un jeune Prélat, fort galant, fort difïïpé, connu par beaucoup d'étourden'es c? de fcandales, &  C 144 ) paffant pour ne pas croire infiniment en Dieu. A la page 110. Le 10 Décembre 1773. Madame la Comtefle Dubarri fentant 1'impoffibi]i:é d'obtenir jamais les bonnes graces de Madame la Dauphine, qu'elle s'eft aliénée irrévocablement par des propos 011 elle déprifoic la figure de cette Princeffe, dont on exaltoit la nobleffe' & les charmes, cherche k s'impatronifer chez Madame la Comteffe d'Artois, a laquelle fon beau - frere eft attaché comme Capitaine des cent Suiffes de S. A.. Royale. On ne peut juger encore fi ces avances de Ia favorite prendront a un certain point. On préfume toutefois que Mr. le Comte d'Artois fort attaché a Mr. le Dauphin fon frere, déroutera fon augufie époufe d'une liaifon ü peu fortable. A la page 110. Le 10 Décembre 1773. Dimanche dernier on a fait k 1'Eglife de Saint Sulpice une publication de bans qui a fait ouvrir les oreilles k tous les affiftans : II y a promejje de Mariage entre haut 6f puijjant Seigneur , &c. la Tour du Pin &c. 6? trés haute &? trés puijjante Demoifelle &c. de St.André, fille mineure de cette ParoiJJe. Ce qui annonce que le mariage dont on avoit parlé depuis loagtems & retardé pour des raifons qu'on ignore, va fe conclureenfin. LeRoi a donné en outre des Lettres parentes a la Demoifelle, par lefquelles elle eft reconnue ifluë d'une mai.  C 145 ) rnaifoD ancienne, dont les titres font détén'orés, perdus, &c. Ainfi nui doute aujourd'hui que ce ne foit une batarde du Roi. A !a page uo. Le u Décembre 1773. Le Sr. Dauberval, fameux Danfeur de i'Op'éra & le plus agréableau public par des pantomimes gaies & faciles, n'a point paru du tout aux fêtes de Verfailles & y a produit un grand vuide. II eft parti ou fe difpofe a partir pour la Ruftte :on lui offre a Ja cour de 1'fmpératrice un fort confidérable, II parofr que le dérangement de fa fortune lui fait prendre ce parti violent. D'ailleurs il afpiroit ó la place de Maftredes Baliets de la cour; il en avoic , traité avec le S\ Laval, mais !es Sieurs Feftrir & Gardel fe font plaints qj'on leur enlevat une dignité a laquelle ils avoient un droit antérieur par leur ancienneté: le premier d'ailleurs aprétendu que le genre de Dauberval ne devoit jamais Ie faire regarder que comme un baladin, un fauteur & ne pouvoic s'affimiler au fien: le fecond, maicre a danfer de Madame la Dauphine, a intéreffé cette PriDcefTe «Sc le marché du Sieur D.iuberval a été CdlTé.' A la page ifi. Le 13 Décembre 1773. oQ parle de plufieurs autres mariages de femmes diitinguées de la cour, femblables è celui de Ia Ducheffe de Chaulnes, aujourd'hui Madame Giac, & même plus indécens que lefien. On ajoute que le Roi a dit plaifammenc a ce fujet, qu'il y auroit bien des tabourets a envoyer au garde - meuble. II femble que c,s Tomé XXm. G  C I4ö ) femmes dévergondées n'attendoienü qu'un exemple pour donner un libre cours è leurs extravagances. La Maréchale SEtrêes eft du nombre. Au refte, tous ces mariages ne font pas auffi fürsque celui de la première. 11 pourroit fe faire que cette tournure ne füt qu'une méchanceté des courtifans pour dévoiler au public lés amdurs illicites & peu glorieux de ces Dames. A la page in. Le,i4 Décembre 1773. i>ahinus, tragédie lyrique, eft la tragédie d'£tonine, de Mr. de Chabanon, retournée & mife en mufique par le Sr. GoJJec. La fcene eft a 1 rS'le premier Aöe le théatre repréfente une place publique. II roule fur Ie mariage de Sabinus, Prince Gaulois , petit-fils de fules-Cé/ar, avec Epmine, Princefle Gauïoife auffi. Mucien , Romain, Gouverneur de laGaule, fait annoncer qu'il s'oppofe a eet hymen, & que celle qui époufera Sabinus , doit périr. Cette menace Be fait qu enhardir Eponine; elle force fon amant è recevoir fa main. II eft enrichi de danfes, d abord 2aies,enfuite féveres. La trompettefonne: appel és par elle, trois jeunes Gaulois s échappent des bras de leurs marcreffes, qui arriIZ apTès eux & cherchent a.les retenir Les trois jeunes guerriers cedent — aux féduftions de 1'amour; mais l^™™ent belliqueux les rappelle a leur devoir , & ito brifent les guirlandes de fleurs dont fis font  C 147 ) couverts. Leurs. maftrefles partagent elles. rnêmes eet enthoufiafme militaire, & ce font elles qui arment leurs amans: Eponine arme fon époux & 1'embrafTe; 1'acte finit par une rnarche guerriere. Au fecond Acte on voit Ia forêt facrée des .Druïdes: un autelefl au milieu,& fur I'undes. cOtés un antre fermé par des portes d'airain ' Eponine vient s'y informer de fon deftin- des"' bergers, des bergères,des patres & paftourelles des vieux & vieüles, & des enfans s'y refugient contre les horreurs de Ia guerre & l forment des danfes diverfes. Le grand Druïde rernpht toutes les formalités des myfteres redoutables de fa religion; les portes dSafa souvrent, touchées du guy de chêne, & j* senfonce pour confulter Ia Divinitéjil fort échevelé. Mucien vient enlever Eponine Ta forêt eft abattue, I'autel renverfé, iScaulos s'enfuient en defordre. ^auiojs Soütude affreufe, rochers, précipices è Roö verture du troifieme Acte. MoSogué de" Sabinus incertain A» ™ „ „«1 "7usue ue V rPe n:0j V ja roudre tombe 4 fes pieds, il recule; Ie Génie de la Gaule D7. roit devant lui i„; ^ : . ?ie Pa"  C 148 ) ce qui aroere un changement de décoratiors: Cue cede uneSallerichement ornée & préparée pour • des fê-es; de-la des quadrilles de difFérentes Nations de 1'Europe attirees a ces ipeöacles. J La vue extérieure du palais de Sabinus, ou eft la fépulture dè fes ancêtres, ramene un ton lugubre au commencement du quatrieme Aöe. Toute cette enceinte eft fermée par des murailles. Mucien ne pouvant difpofer Eponine a rompre fon hymen avec Sabinus, ordonne a fes - foldats de mettre le feu au palais, croyant y faire périr ce héros: on exécute ce cruel erdre: une pluie de feu tombe des airs: le Génie de la Gaule les traverfefur un nuaise enflammé: ü tient un flambeau dans la main;il le fecoue au-deffus des murailles & eHes s'écroulent. Les efprits de feu qui ont allumé 1'incendie, achevent la deftruöion du nalais & difparoiffent enfuite. Lmcendie ceffe- on voit parmi les ruines & les débns ' un autel de pierre, fur lequel eft une urne & au deffus duquel font écrits des mots qui apprennent a Eponine que c'eft fon man qui les a tracéstelle croit que ce vafe funéraire contient les cendres de Sabinus, elle s en faiCt cc rembraffe en pleurant. Mucien arrivé, aunuel elle montre 1'urne: le Tyran eft auffi perfuadé de la mort de fon rival. Cette trifte fituation n'excite a aucune danfe. _ Le coup d'ceil lugubre continue au cinquieme Acte. Le théÉtre repréfente les fouterxains obfeurs oh les Princes Gaulois font m-.  C 149 ) humés; Sabinus y efi, il fe renferme dans un tombeau qui eft au milieu du théatre cc qui a de tout tems été deftiné pour fa fépulture. Eponine y vient pleurer la mort de fon épöux; Mucien y accourt pour prévenir le deffein qu'elle a de fe tuer fur le tombeau de fon mari. Elle fe fouftrait è fon empreffement, le poignard a la main, prêce h fe frapper: Mucien la fuit; le héros, fortant de fa retraite, fe faifit du bras a"Eponine, lui arrache le fer , provoque le Tyran & commencé un combat; il tue fon adverfaire; cependant Eponine eft allée avertir fes concitoyens de 1'heureufe nouvelle. On fe retrouve fur la place publique, on entend un bruit de guerre, pendant iequel on voit les Roniains défaits par les Gaulois; le Génie de la Gaule defcend dans toute fa gloire cc ramene les jeux cc la danfe; p A la. page nr. Le 14 Décembre 1773. Madame la Comteffe Dubarri a acheté la maifon du Sr. Binet dans 1'avenue de Verfailles & y fait travailler. Mr. le Dauphin, en allant chasfer&paffant devant a demandé ce que c'étoit ? Sur le compte qui lui en a été rendu, ce Prince a hauffé les épaules & aparus'indignerdu fafte & de la dépenfe de cette Dame. A la page 111. Le 15 Décembre 1773. Pour 1'intelligence de la piece fuivante,-il faut favoir que Mile. Laudumier, dite la Caille, ancienne figurante de 1'opéra, eft une éleve de Madame Gourdan, fameufe Prêtreffe de Vénus, O 3  C 150) qui, a tant detitres, a ie droit de prêcher cette Nymphe. Déja M«. Linguet 1'avoit fait connoftre par une lettre aigre-douce oü, 1'an pasfé,il lui reprochoit les fruits amers qu'ellelui avoit fait cueillir au fein du plaifir. L'auteur de cette Epitre, frappé plus vivement, a cru devoir en avertir auffi le public pour fon falut & prefcrire è la courtifanne des Iecpns utiles qu'il a mifes , afin de leur donner plus de poids,dans la bouche de fa première inftitu trice. Epitre de Madame Gourdan d Mademoifelle la Caille. Bel enfant de l'amour.vous que ce Dieupropice Auroit dü préferver de chancre ou chaudepiffe, Dites-moi quel eft donc le monftre, Ie cruel, Qui, d'un encens impur fouillant le facrifice M'a pas craint d'infefter la prêtreffe & 1'autel ? Si vous Ie connoiffez , nommez, nommez le traitre, Tour Ie falut comtnun faites nous le connoitre. Pouvoit-il ignoier, le dangereux mortel, Qü'a mille honnêtes gens il préparoit des Iarmes; Que Ie premier venu peut prétendre a vos charmes; Et que par moi formée aux combats de Vénus, Vous ne Mtes jamais ce que c'eft qu'un refus. Du Condon, cependant,vous connoiffez 1'ufage, La Caille, & 1'on peut lire aux faftes de Papho«  C 151 ) Que 1 dans les tems heureux de votre appreritiffage, A chaque compagnon de vos galans travaux Vous faviezle chauffer avec beaucoup d'adreffe. Je conviens avec vous que la délicateiTe D'une fille d'honneur en doit beai'coup fouffrir. Mais, ma chere, n'importe.il s'y faut affervir; II 11'eft eau de Preval *, ni vinaigre qui tienne; La vérolè s'en f..., vous connoiffez la mienne: Ces vains palliatifs n'ont pu me prémunir, On ne nous donne , bélas / q^'infideles recettes; Le Condon, c'eft la loi, ma fille, & les prophetes% * Médecin qui prétend avoir une eau préfervative, avec laquelle on peut affronter tous les dangers. A la page 111. Le 16 Décembre 1773. Des deux Evêques défignés par le Roi pour les Iftes du Vent & fous le Vent, eft un certain Abbé de la Roque, ci-devant Barnabite & frere d'un premier Commis: dès qu'il a été nommé, il a quitté fon froc,il s'eft jet té dans le monde & vit dans Paris & a la Cour en Prélat petitmaïtre, affichanc le luxe & la galanterie. Qe fcandale offufque Mr. 1'Archevéque de Paris, & le Prélat de moeurs aufteres ne veut pas laiffer fubfifter plus longtems dans le monde ce moine dépaïfé. Comme eet Evêchë prétendu fouffre beaucoup de difficultés a Rome & même de 1'impoffibilité; Mr. de Beaumont va travailler a faire rencrer dans fon cioicre G4  C 152 ) 1'abbé de la Rcque; ainfi qu'il y a repouffë, i! n'y a pas longrems, des Bénédiétins abbés fe plongeant trop dans les vanités du fiecle. A ia page 111. Le 16 Décembre 1773. Orphanis, dont on a repris depuis longtems les repréfentations, continue a aller, parceque tout va: cette tragédie peu améliorée en efl a fa dixieme repréfentation. A la page 112. Le 18 Décembre 1773. Un duel arrivé lundi dernierexcite aujourd'hui 1'attention de Paris, tant par fes circonftances, que par la difficulté d'en approfondir 1'origine & les détails. On fait en général que le Comte de Rouault Gamache a été bleffé è mort fur le champde bataille, tranfporté chez un chirurgien voifin qui n'a voulu lui rien faire & qu'il y a expiré, fans vouloir nommer fon adverfaire. Quant au combat, les deux rivaux arrivés, chacun d'un bout de la rue des Prouvaires, ont fait mettre en travers leur vokure & fe font ainfi formé une lice inabordable. On a trouvé au cadavre une blefTure a gauchejcequi annonce que le vainqueur étoit gaucher , ou avoit changé fon fer de main. Quoiqullen foit,on a beaucoup varié fur lui & 1'on prétend conflaté aujourd'hui que c'efl un Mr. le Prêtre, Officier , Chevalier de Saint Louis,fils du le Prêtre,Tréforier de 1'ordinaire des guerres. On veut que celui - ci fit avec trop de foin la cour a la femme de Mr. de Gamache, fon ami; mais dont la jaloufie s'eft mamfeflée d'une fac^on ü vive, que 1'autre a été forcé  C 153 ) forcé de fe défendre. Au rede, Ie Roi lui-mêmc a femblé defirer que 1'affaire n'eut point de fuite,s'il a déclaré que Gamacheétoic more d'un coup de fang. A la page 112. Le 19 Décembre 1773. Le Wauxhall d'hiver de la foire St. Germain a eu permiffion d'ouvrir de bonne heure & de donner fon fpeétacle deux fois par femaine, a caufe de labriéveté du carnaval. Pour varier on a permis au Directeur de fournir cette Salie a un concours d'armes. .Tous les éleves qui y ont tiré étoient mafqués. A la page 112. Le 19 Décembre 1773. On croit que les Directeurs de 1'Opéra, quand ils feront débarraffés des fpeftacles de la cour , & que les acteurs auront pris du repos, donneront a Paris Sabinus. Du moins c'eft leur projet, ce qui alarme les amateurs regardant eet opéra comme trés mauvais. Heft certaio qu'il eft on ne peut plus trifte; mais on y trouve de grands morceaux de mufique & des airs de danfe délicieux. A la page 114. Le2o Décembre 1773. Letroi( fieme Mémoire du Sieur de Beaumarchais paro£t enfin aujourd'hui pour les juges & ne fera rendu public que demain. II a pour thre-.Additionait Supplément du Mémoire d confulter pour Pierre Auguftin Caron, &c. fervant de Réponfe d May dame Goezman accujée , au Sieur Bertrand' d'Airolles accufé, aux Süurs Marin, Gazmier de France, «jf d'Arnaud Baculard, Conjeilkr d'AmbaJJade-, affignés comme témoitu^  C i54 ) ïl efl; foufcrit d'une Confultation en date du 18 Décembre, fignée Bidauk, Ader: il eft plus volumineuxque les précédens & la porte de l'auteur efl déjè inveftie de curieux qui le ibllicitent pour en avoir des exemplaires. A la page 114. Le 22 Décembre 1773. La Princefle de Talmont vient de mourir d'une fluxion de poitrine. C'étoic une femme d'espric, fort extraordinaire. Elle étoit proche parente de la feuë Reine & a inflitué fa Légataire univerfelle, Madame Adelaïde. A la page 114. Le 23 Décembre 1773. Au premier Acte Qd'Ernelinde') le théatre repréfente 1'intérieur de la cour d'un palais, dans la partje la plus proche de la demeure du Souverain: des facades fur les arles. Cette cour paroit féparée par des baluftrades: fur les cötés, des avant-cours; des morceaux de fortification font la partie éloignée dans la perfpedlive. On voit d'un cóté fur ledevant, un au tel confacré au Dieu Ode», ou Mars. La fcene commencé par les efforts a"Erne. linde pour empêcher fon pere d'aller è la défenfe de fon palais aftiégé. Elle n'y peut rien; il la quitte, elle tombeévanouie au pied de 1'autel. Sandomir,amant de la Princefle, mais au rang de fes ennemis, fe montre au milieu de la breche: fuivi de fes foldats, il vient è elle, la raflure. Riccimer, le vainqueur , arrivé porté fur un Pavois : les autres guerriers viennent fucceflivement fur le théatre par la breche , & travers laquelle on découvre le  C UJ ) camp des affiégeans & plufieurs de leurs ma» chines de guerre. Le Monarque donne une couronne de laurier a Sandomir; celui - ei ne demande qa'Ernelinde pour partage. Cependant on dreffe un tróne è Riccimer, décoré d'ornemens militaires & de richeiTes enlevées dans le palais de Rodoald, pere d'Ernelinde. Les foldats en dreifentun autre au Général,* qui efi: affis a la droite de Riccimer: celui ■ ci a devant fes yeux les récompenfes militaires qu'il fait diftribuer par des Suédoifes armées. Les danfesde eet Acte font toutes guerrieres & conöftent fimplemenc en marches. On voit au fecond Adte 1'intérieur du palais des Rois de Norwege. Le vainqueur apprend a Sandomir fa pafOon pour Ernelinde; rage de celui-ci: le Roi ordonne qu'il s'éloigne avec fes vaiffeaux Danois: il fe piqué de généroiité envers les vaincus, les fait déchaïner; * ce qui amene un ballet pantomime. Des Bergers & des Bergères jouiffent des plaifirs de la vie champêtre, des Guerriers & des Guerrieres viennent les troubler; la Paix & fes compagnes paroifTent, s'avancent & uniffent les Guerriers aux Bergères & les Bergers aux Guerrieres. Un Port de mer fixe les yeux au troifieme Acle; on voit des vaiffeaux è la rade, des barques mobiles fur le devant, de longues jectées, un phare en partie démoli: fur 1'un des có;és eft un palais d'une architecture détruite k moitié, des bafes, des chapiteaux, des G 6  C 156 ) famftrnirs de colonnes renverfées fur Tes perrons. Ernelinde implore la clémence de Riccimer pour fon pere: le vainqueur veut lui rendre fa couronne, s'il lui donne fa fille: refus de 1'un & de 1'autre; Sandomir dont les foldats & matelots fe difpofoient k partir,leur ordonne de refter & veut venger fon ' amante & Rodoald. Le Roi de Suede menace de faire périr le pere & 1'amant d? Ernelinde, fi elle ne 1'époufe; elle tombe dans une efpece de délire: on 1'entraine. Au quatrieme Acte le théatre repréfente une prifon; vers le fond on appercoit divers fouterrains; fur les cötés plufieurs caehots fermés par des grilles de fer. Ernelinde vient trouver Sandomir aux fers ; le pere de la Princefie, fous prétexte d'engager fon amant è la céder a Riccimer, profice de fa liberté pour ranimer fes foldats & fes peuples : point de Danfe. Le cinquieme Acte s'ouvre par la vue d'un temple magnifique,. oh tout eft préparé pour Je■ couronnement & 1'hymen d'Ernelinde, que Riccimer croit avoir été déterminée k 1'époufer. A 1'inftanc 1'on lui annonce que tout eft révolté. H court au combat. Rodoald arrivé vainqueur, fe rejoint k fa fille & k Sandomir: Riccimer furvienc; fon rival engage Rodoald: k lui pardonner, a lui rendre fon épée; le captif s'en fert pourfe tuer;on 1'entraine, & 1'on eélebre 1'hymenée du Prince Danois, avec la fille du Roi de Norvvege;.  C w ) A la page 114. Le 23 Décembre 1773, C'eü de Madame le Prêtre dont le Comte de Gamache étoit amoureux; & c'eft a la comédie lralienne 011 le mari a trouvé fa femme dans la loge de fon amant, qu'a été donné le défi; ce qui eft la legon la plus vraifemblable de cette maiheureafe hiftoire. A la page 114. Le 24 Décembre 1773-, C'eft effeót-ivement Sabinus que 1'Académie royale de mufique fe propofe de donner , mais réduit en quatre acte, a caufe de 1'ua des cinq oü il n'y a point de danfe & que 1'on refond dans le cinquieme. A la page 114. Le 24 Décembre 1773, Le troifieme Mémoire du S eur de Beaumarchais eft couru avec plus d'avidité encore que les premiers, par le fcandale que caufe fon affaire qui acquiert de plus en plus une publicité générale. Celui-ci ne paroit cepen» dant pas auffi bien fait que les autres; il eft plus découfu ;il y a moins de gaieté franche; les injures n'y font pas auffi finement déguifées, & 1'humeur perce fréquemmenc. Les geDS de qualité font furtout furieux d'y voir inculper un Officier général de la facon la plus injurieufe; c'eft le Comte de la Blaches qui y eft indiqué en toutes lettres, & affez maltraité en plufieurs endroits; il y eft question des cinq eens louis que 1'on a prétendu qu'il avoit fournis au Sieur Goezman, & qui avoient fait pancher la balance de fon cóté. Le Préfident de Nicelaï, les Sieurs Nau üé G?  C 158 ) Si. Mare & Gin, autres membres du nouveau tribunal, n'y font pas plus ménagés; mais le plus makraité efl le Sr. Marin, le Gazetier de France. On ne croic pas qu'il puiffe fe difpenfer de répondre aux reproches graves & diffamans articulés contre lui; d'autant que ce Mémoire auffi répandu & plus fêté que la Gazette , doit percer dans les deux mondes. On efpere que 1'anecdote du palais arrivée le jour de la féanee fournira matiere au Sr. de Beaumarchais pour s'égayer fur le compte du Préfidenc de Nicelaï & nous faire rire auxdépens de ce Magiftrat qui prêce kifiniment aux farcafmes. A la page 114. Le 26 Décembre 1773. On a dit que la Princeffe de Talmont étoit trés fingulierè, même un peu folie, & fon teftament en a fourni la preuve. Elle étoit Polonoife & avoit demandé par ce dernier acte a être inhumée fuivant la méthode de fa nation, c'eft-a-dire, toute habillée: elle avoit déflgné la robe fuperbe avec laquelle elle de« voit être portée a fa paroiffe dans un fauteuil, le vifage découverc; en un mot, elle ' exigeoit qu'on fuivft en tout le rite Polonois; mais 1'Archevêque de Paris s'eft oppoféa cette nouveauté, & la Princeffe a été inhumée è Saint Sulpice, a la frangoife. A la page 114. Le 27 Décembre 1773. Dans le premier Adte de la Paftorale Ik roi'. que è'ljjé, le théScre repréfente un hameau. Aptllm déguifé en Berger, fous le nom de  C 150) Philemon , eft amoureux d'lffê , Nymphe, fille de Macarée: Pan, auffi déguifé en berger, confident d'Apollon, en conté a Doris, fceur d'IJfé', mais il fait 1'amour a la frangoife en petit - maïtre : le Dieu du jour, au contraire, eft férieufement épris & mee beaucoup de délicatefie & de défiance dans fon intrigue. Hylas, bergervéritable, autre amant d'IJfé, eft encore dans un genre différent: c'eft 1'héroïfme de 1'amour pour la fidélicé, le dévouement,.Ia conftance. Quoiqu'il ait lieu de préfumer n'être pas écouté, il vient donner une fêteè la Nymphe. Ce divertisfement, & par le chant & par la danfe, rend a fléchir le coeur d'IJfé. On voit è 1'ouverture du fecond Acte le Palais d'IJfé & fesjardins. Apollon furvient, il fait fa déclaration & elle fe défend de facon a faire juger de fon retour. Pan traite la chofe plus cavaliérement avec Doris; il fe donne tout uniment pour un volage; il exhorte fa fuite a célébrer 1'inconftance : ce qui donne lieu a des danfes & è des chants caraótérifés & trés oppofés a ceux du premier Acte. La forêt de Dodone offre une nouvelle fcene au troifieme Adle: IJfé vient y confulter 1'oracle fur fon amour, elle crouve Hylas qu'elle defefpere par fa froideur. Pan y forme un épifode avec Doris, qui confent enfin a la paffion de eet amoureux & veut effayer s'il lui apprendra a changer, ou fi elle le ren-  C iöo ) dra fidele. Enfin ]e Grand-Prétre fait parIer 1'oracle pour I(fé, j] prédit è Ja Nyrnpbe qu Apollon doit être aimé d'elle: Jes Pré tres & Prêtrefles.Ies Dryades, les Sylvains viennent en conféquence rendre hommage a cette nouvelle Souveraine. De-la un DivertilTement d'un troifieme genre , amené naturellement encore. l(fé paroït dans une grotte au quatrieme Acte: elle s'y plaint ameremenc de 1'amour qu'Apolhn reffent pour elle g elle déclare qu'elle ne changera pas pour ce Dieu le fidele berger qu'elle aime. Elle entend une fymphoniedouce; danfes agréables, formées par Jes Songes flatteurs. JJfé s'endort: Hylas Ja cherche de nouveau , la trouve endormie, apprend a fon réveil qu'elle a cru êcre aimée d'Apollon , mais qu'elle ne changera point de paffion ; qu'elle préfere Philemon. Hylas , voyant qu'il a contre lui & 1'amour 'cc la gloire, s'en va fans retour. Au cinquieme Acïe, IJfé ayant appris l.es inquiétudes de Philemon, fur la paffion d'Apollon , vient rafiurer Je bergerzee qui donne lieu a une fcene de tendrefie entre eux deux dans une folitude. Le théatre change tout k coup & repréfente un palais magnifique: on voit les Heures fur des nuages; tout annonce 1'arrivée d'Apollon: 1'inquiétude de la Nymphe redouble; elle tremble pour Phile-mm> qui fe découvre enfin; ce qui amene  C 161 ) un iuperbe divertiiTernent, compofé des peu« pies des différentes parcies du monde. A la page 115. Le 28 Décembre 1773. Extrait d'une lettre de Sens du 25 Décembre... On a célébré ici le 20 le iervice annuel pour feu Monfeigneur le Dauphin. Mr. le Comte du Muy> Menin de ce Prince & fonfavori, qui a fait creufer fa tombe auprès de fon ancien maitre, y étoit avec 1'édification qu'il donne toujours ; mais il 'a offert un fpectacle plus chrétien encore, il a voulu defcendre dans fon caveau & y repaitre fes regards de toute "'horreur que doit infpirer un lieu pareil. Cette aclion a fait frémir les autres courtifans , affiftans è la cérémonie. A la page 115. Le 29 Décembre 1773. On a lu dans le Mercure des vers d'un Seigneur Ruffe prétendu, en Phonneur de Mr. de la Harpe, que eet adjoint au Journal en question y avoit inférés mödeftement; ce qui a donné lieu a l'épigramme fuivante, qu'on attribue a un Mr. Ginguené, débutant dans Ia carrière: N'a pas longtems, un Seigneur Mofcovite, Grand connoiüeur, d'un pauvre auteur lifflé En vers francois a próné le rr.érite, Dont le rimeur, d'orgueil tout boiufoufflé, Dans fon Mercure a colloqué 1'épitre. Or, mes amis, favez-vous a quel titre Telle patente il a pu mériter ?  C ) Ses vers qu'ici nul ne veut écouter, Ont a Mofcou charmé plus d'une oreille: Chacun y dit: ma foi, fans le flatter, Ce Francois-la parle Ruffe a merveille! A la page 115. Le 20 Décembre 1773. Extrait d'une lettre d^mfterdarn du 24 Décembre... On devoit imprimer ici un Journal intitulé rObfervateur Hollandois d Paris; il étoit annoncé par un Profpeclus trés répandu: Mr. le Comte de Noailies, Ambaffadeur de S. M.T. Chrétienne auprès des Etats Généraux, s'eft alarmé de eet ouvrage, fans le connoitre; il a remué ciel & terre pour en cïïipêcher la pablication: enfin il y a cu priere a 1'imprimeur de la fufperjüïe , & une priere dans un Etat républicain équivaut a une défenfe dans un Etat defpotique. Ala page 115. Le 30 Décembre 1773. Ce matin Mr. de Saint Auban, Officier général d'Artillerie & Cordon Rouge, fe promenoit fur les boulevards a cheval, ainfi qu'il fait tous les jours. Un autre cavalier 1'a fuivi longtems, enfin 1'a abordé, lui a demandé s'il n'étoit pas Mr. de Saint Auban?Celui- ci ayant répondu, „ oui, je le fuis. Et moi, „ je me nomme le Baron de Chargey, neveu „ de Mr. de Bellegar de" a ditalors 1'inconnu: „ vous êtes 1'inftigateur de la perfécution de ,, mon oncle & du jugement infame qu'il a „ fubi; rendez-m'en raifon." L'Officier gênéral a déclaré y être difpofé; mais ne lepou-  ?eir dans ce moment, ou fes piftolets n'étoiene "point chargés... L'affaillant n'en a pas moins tiré le iïen, & lans bleffer fon adverfaire, n'a percé quel'oreille du cheval;il a mis foudaiu le fabre a la main, & a voulu tomber fur Mr. de Si. Auban, qui par des caracoles adroites a éludé tous les coups ;il s'eft bientót actroupé du monde, & le jeune homme ayant perdu la tête, s'eft mis a fuir. Mr. de 5'. Auban 1'a pourfuivi, quelque tems, mais a la faveur d'embarras fon adverfaire lui a échappé. L'Officier général eft allé faire fa dépofition èM'. de Sartines qui, au fignalement, a reconnu le perfonnage: il en a écrit en cour, & cette querelle contée ainfl par Mr. de SK Auban, fi ies circonftances font vraies, doit avoir les fuites les plus funeftes pour le Baron de Chargey. A la page 116. Le 31 Décembre 1773. De. puis quelque tems on parle de difparates de Mr. de Boynes', on prétend qu'il lui en eft échappé dans le Confeil; les partifans de ce Miniftre difent que c'eft un bruit faux, accrédité mécbamment par leChancelier qui, après s'être fervi de 1'excellente tête de Mr. de Boynes pour fes opérations, le redoute aujourd'hui qu'il n'en a plus befoin & voudroit le perdre. Quoi qu'il en foit ,on raconte que Madame de Boynes, k ce propos, s'eft écriée plaifamment: fi mon mari manque par la tête, il ne manque pas par tous les bouts. En effet., cette Dame eft d'une fécondité merveilfcufe.  C io"4 ) A la page 117. Le 1 Janvier 1774. Le fuicide des deux Dragons a fait un bruit confidérable, &, tnalgré !a vigilance de la police pour empêcher que leur teftament de mort ne perce dans le public, il eft répandu & cbacun en prend copie. Le Marquis de Monteynard, en rendant compte au Roi de ce fait, a voulu faire entendre a S. M. que c'étoit un délire: le Monarque par un ilgne de tête trés négatif lui a donné a comprendre qu'il n'étoit point dupe de cette tournure, qu'il n'en croyoit rien, & lui a tourné le dos. A la page 118. Le 3 Janvier 1774. „ Le „ Sieur de Beaumarchais,d\i-i\, (le Sr. Marin) 3, mettant le comble a fon audace, vient de „ le diffamer de nouveau dans un troi, fieme libelle encore plus atroce que les 11 premiers. Cet homme, après avoir infuké „ ala majefté des loix, injurié la magiftra,, ture entiere, bravé le tribunal qui doit le " condamner, outragé des ckoyens honnêtes , qui ne l'ont point offenfé, notamment le „ fuppliant, vendant publiquemenc contre les Arrêts de la Cour, les Régiemens de la ,, Librairie, les devoirs de 1'honnêteté, ce '„ que fa noire mécbanceté lui fait imprimer; portant la frénéfie jufques a accufer „ 1'Adminiftration dans fes premier & fecond Libelles, enhardi par 1'impunité, vient en« „ core par la diffamation la plus atroce „ accufer un citoyen de crimes dignes de la „ plus grande punition. On lit entre autres  C 165 ) „ absminations dans ce libelle: j'appelle un „ chat un chat, & Morin un frippier de mè„ moirés, de iittérature, de cenfure, de nouvel„ les, d'affaires, de courtage, d'ufure, d'intri„ gues, &c . Imputations inouïes, qui ren„ droienc la perfonne du fupplianc inf&me. ,, Une fi affreufe licence, de telles calomnies, ü elles n'étoient réprimées prompte„ nlent, ieroient portées par cec hommeau„ dacieux au point de produire enfin des „ écrits qui femerqienc la haine & la divi„ fion parmi tous les ordres de la ibciété, „ finiroient par armer les citoyens les uns j, contre les autres; on ne pardonneroit ces „ attentats qu'a des peuples fauvages chez „ lefquels la nature, en laiiTaot a 1'homme „ la liberté indéfinie, lui donne-le droit de j, venger fes propres injures: la religion „ fainte & les loix, ayant fagement mis des „ bornesa cette liberté naturelle, ont établi „ des juges pour réparer les offènfes publi„ ques & particulieres: leur miniftere eft né„ ceffaire & ne peut fe refufer a 1'innocence „ opprimée par la vexation & la calomnie. Les outrages abominables faits au fup,, pliant exigent une réparation prompte & „ éclatante: il réclame cette réparation. Ce ,, citoyen, bleffé dans fon hónneur qu'il pré„ fere a la vie, iroic fe jetter aux pieds du ,, Roi , pere & premier juge de tous fes ,, fujets, pour lui demander juftice, s'il ne „ 1'attendoitde la Cour, &c."  - C 166 ) A la page n8. Le 3 Janvier 1774. Madame la Princeffe de Talmont avoit un mobilier confidérable, qu'elle a diftribué en grande partie par des difpofitions particulieres envers fes amis & amies. II paroft que celle en faveur de Madame Adelaïde a été peu agréable a la cour & qu'on la regarde comme une jaöance qu'on y a tournée en ridicule. Elle laiffe cent mille francs aux Enfans-trouvés, è la charge de cinq mille livres de rentes viageres a plufieurs de fes domeftiques. A la page 118. Le 3 Janvier 1774. Sur le compte qui a été rendu au Roi de 1'affasfinat de Mr. de S*. Auban, S. M. a ordonné qu'on fit les perquifitions les plus féveres du meurtrier & qu'il füt puni fuivant la rigueur des Loix. En conféquence on lui doit faire fon proeès criminellement. Des lettres anonymes qu'a regu fréquemment eet Officier général depuis le jugement de Mr. de Belltgarde, ferviront de bafe a la procédure. Jufqu'a préfent le Baron de Chargey efl: réputé trés coupable, paree qu'on n'a que la narration de Mr. de SK Auban; mais les gens fages fuspendent leur jugement & ne peuvent fe perfuader qu'un gentilhomme connu jufques-la par dés mceurs trés honnêtes, ait médité une pareille atrocité; qu'il ait eu la folie de vouloir 1'exécuter en plein jour, fur les boulevards, & qu'il ait eu la mal - adreffe de s'y prendre auffi gauchement. A la page 118. Le 4 Janvier 1774. C'efl:  C 167 ) du feptieme livre desMétamorphofes é'Ovide Cfables 17 & 18) qu'efi pris le fujet de Cephale 6? Procrü. Cephale étoit un chaffeur que l'Aurore, devenue amoureufe de lui, avoit enlevé; il avoit époufé Procris, Nymphe de Diane, & la DéelTe ne pouvant lui faire oublier cette époufe chérie, Ie renvoya en lui annoncant dans fa colere qu'un jour il fouhaiteroit ne 1'avoir jamais revue. En effet, Procris jaloufe d'une certaine Aura, que Cephale appelloit tendrement, en fe repofant des fatigues de Ia chaffe, voulut épier fon mari: cette Aura n'étoit autre chofe qu'un vent rafraicbiffant, 1'haleine légere des zéphyrs:au moment oh fa tendre époufe, écoutant les exclamatiöns vives de Cephale, fans en voir le fujet, dans un accès de fa douleur exhaloit fes plainCes; celui-ci, ayant entendu quelque bruit, crüt que c'étoit une béte féroce: il lance fon javelot & perce fon époufe. Au premier Acte, on voit un bois d'un ombrage agréable. L'Aurore ouvre Ia fcene, déguifée en Nymphe des forêts :a fa préfence les buiffons fleuriffent & les oifeauxchantent: elle annonce fon amour pour Céphale; il arrivé, elle fe cache; celui-ci fait la defcrip. tion de fon bonheur: l'Aurore paroft dans fon déguifement &, fous prétexte de fe plaindre d'un amour maiheureux qui la tourmente, par la crainte que Diane ne le dêcouvre, elle lui apprend que cette DéefTe dans fa vengeance  C 168 ) a condamné Procris, une de fes compagnes, a périr de la main de fon époux. Douleur du chaffeur. La nymphe lui confeille d'alier trouver l'Aurore, fille du Dku du jour, le frere de Diane & de 1'ergager è flcchir la Déeffe ccurroucée. Elle le quitte. Survient Procris, a qui fon époux annonce Parrêt fatal de Diane; douleur de tous deux: cependant ils fe retirenc aux approches des nymphes de la Divinité des forêts, qui vienuent célébrer la réception d'une jeune nymphe arméechaffereffe; elles enfeignenr è leur nouvelle compagne è fuir les pieges del'Amour: 1'une d'elles, ayant fur le front le bandeau de ce Dieu, en imite toutes les rufes; la jeune nymphe s'en défend & 1'on applaudit è fon triomphe; ce qui donne lieu ó des darfes,a des chants & a une pantomime pleine d'expreffion. Le Théatre change au fecond Acte & repréfente des nuées légeres qui environnent le palais de l'Aurore; fur le prélude de la première fcene, une partie de ces nuées commencent a fe diffiper. Dans la première fcene , fur le devant du théatre, l'Aurore, Flore & Palès font aflifes, formant des guirlandes de fleurs: les Heures du matin recoi\ent ces guirlandes des mains des trois Déesfes, & les font paffer aux Zéphyrs,qui vont en décorer le char & le palais de l'Aurore. Celle-ci, après avoir quelque tems déguifé fa paffion, eft obligée de 1'avouer aux Dées- fes:  C 169 ) fes: elle leur dit qu'elle attend Céphak & les invite a embellir fa cour pour le féduire: la cour de Flore & celle de Palès s'aiTemblent en danfant, les Heures fe mêlent avec elles: k 1'arrivée de Céphale, l'Aurore fe retire avec fa fuite dans 1'intérieur de fon Palais. Flore feule refte fur le veftibule pour émouvoir Céphale en faveur de l'Aurore, qu'elle lui apprend être amoureufe d'un mortel', fans lui dire 'quel il eft; elle lui montre les préparatifs de la fête difpofée pour lui: il veut atcendre eet amant fortuné, afin de 1'eogager è folliciter la déeffe en fa faveur. DivertifTement occafionné par la cour de l'Aurore , qui environne Céphale & s'emprefle è lui plaire. Les nuages qui déroboient Je Palais de l'Aurore fe difïïpent: elle fe montre fur fon tróne, au milieu de fa cour. Celle-ci fe retire & ia laiffe feule avec Céphale. II la reconnoit pour la nymphe qu'il a déja vue. Elle lui découvre fon amour & veut le déterminer par la crainte de Paccompliffement des menaces de Diane; il réfifte. Cependant le char de l'Aurore s'avance & les Heures viennent avertir leurSouveraine qu'il eft tems d'annoncer le jour. Dernier effort de celle-ci par un quatuor entre elle, Flore, Palis & Céphale qui eft toujours rebelle: l'Aurore monte fur fon char, & accompagnée des Heures du matin que portent de légers nuages, elle s'éleve dans les airs. Au commencement du troifleme Acte. on Tom XXVU. H  C 170 ) revoit la même décoration de 1'ouverture. La jaloufie annonce è fa fuite fon projet atroce. Pantomime du Baliet, au milieu duquel la Divinité cruelle paroïc tout a coup transformée en nymphe, fous le même déguifement que l'Aurore dans le premier Acle; ce qui promet les plus funefles effets, dont la troupe infernale fe réjouit. Elle fe retire a 1'arrivée de Procris ; la Jaloufie refte & porte au cceur de cette malheureufe époufe fon fouffle empefté; elle lui fait accroire que Céphale foupire pour Jura. Elle veut qu'elle en ait la preuve: toutes deux fecachent pour entendre Céphale exhaler fa paffion, & celuici, ectendant du bruit, lance fon javelot & pe'rce fa femme. II s'appercoit de fon crime; la jaloufie, pour comble d'horreur, fe découvre & certifie a Procris qu'elle eft la caufe de fon defaftre. L'époux maudit l'Amour.puis VJovoque pour réparer fon forfait. Le Dieu vient avec toute fa cour, il refiufcite Procris. Dans ce moment paroït Diane, irncée contre 1*Amour qui lui dérobe fa vengeance, «Sc le iavelot a la main, elle veut elle-même s'élancer fur Procris. L'Amour, portant la main a fon carquois, la menace cc la fait reculer de frayeur. Survient l'Aurore, ö qui elle veut infpirer le reffentiment qui 1'anime. L'Aurore plus doucel'invite a pardonner comme elle «Sc lui montre dans le jeune Hefper le vainqueur que PAmour lui donne. Hefper eb. le dieu qui préfide a 1'étoile du matin. II fe  C 171 ) joint k l'Aurore poar appaifer Diane; mais Diane pius indignée-fe précipite è travers la föule des Plaifirs qui veulent envain Pafrêter: comme elle va frapper Céphale qui défend Procris & qui fe préfente è fes coups 1'Amour la defarme & la bleffe. Diane tombe dans les bras de l'Aurore, & a 1'inftantmême elle voit Endimion è fes genoux. Elle réfifle & fe défend; mais elle eft réduite a fe rendre; & ces deux couples, l'Aurore & Hesper , Diane & Endimion, enchaïnés par les Plaifirs, viennent tomber aux pieds de 1'Amour Ariette & ballet général. A la page 118. Le 5 Janvier 1774. L'a. venture de Mr. de ft Auban continue a faire beaucoup de bruit; mais elle ne prend pas une tournure affez favorablepour lui, è caufe de la diyerfi.é de fes dépofitions & de celles de fon laquais qui le fuivoit a cbeval Ce pendant, comme il efl queftion de maintenir Je refpecl & la confiance düs a un Confeil de guerre; que celui de Lille occafionna auffi beaucoup de fermentation & de lettres ano nymes, le Roi veut que le procés foit fait par contumace au quidam, & 1'on aflure que la plainte eft rendue au Cbatelet. A Ia page 121; Le 7 Janvier i774. Wr.dé ó . Auban a été fort mal accueilli a Verfaiiles. On defapprouve qu'il ait pourfuivi Ie" Baron de Chargey & furtout qu'il ait été faire la dépoficion chez Mr. de Sartines. Quoiqu'il W£ h réputation d'un homme de courage, 00 H 2  ( 172 ) ne trouve pas qu'il fe foit conduit'en loyal Chevalier dans cette rixe. A la page 121. Le 7 Janvier 1774. Mr. Ie Duc iïAumont, qui entre de fervice cette année, en qualité de gentilhomme de la chambre, a congédié tous les gens de ''opéra & arrêté qu'il n'y auroit plus de pareils fpectacles a Verfailles, comme trop difpendieuxcc peu amufans pour les Princes & Princeffes. A la page 121. Le 8 Janvier 1774. Dès longtems menacé d'une difgrace, le Marquis de Monteynard refte toujours injlatu quo. II n'a point ouvert le porte - feuille depuis le voyage deFontainebleau. Les courtifans font dans 1'attente, les Miniftres tourmentent S.M.qui a peine a fe décider & voudroit que Mr. de Monteynard offrtt de lui - même fa démiffion. Celui - ci s'obftine a attendre les ordres du maitre; ce qui donne de 1'humeur au monarque. Depuis quinze jours il fiffle fréquemment, & c'eft è ce figne infaillible que ceux qui ont 1'honneur d'approcher de S. M., reconnoiffent qu'elle n'eft pas dans fon as- öette- . T, /l A la page 121. Le 8 Janvier 1774. II eft affez d'ufage qu'au renouvellement de chaque année il paroiife des Couplets fur les filles d'opéra, oh 1'on conftate leurs talens, leur galanterie, leurs aventures, les noms de leurs amans, en un mot tout ce qui peut intéresfcr les paillards feftateurs de ce fpeftacle. On n'a pas manqué de chanfonner celles de  C 173 ) la génération aétuelle dans deux vaudevilles, dont 1'un eft un no'èl d 1'ufage de l'aeadémie royale de mufique, fur Pair Tous les bourgeois de Chdtres &c. en trente-cinq couplets: Pautre eft fur Pair des mirlitons. On n'y trouve pas malheureufernent cette gaïté piquante de plufieurs autres plaifanteries du même genre; & celle-ci n'eft curieufe que pour conftater la chronologie & le tableau trés mouvant de ces Demoifelles. A la page 121. Le 9 Janvier 1774. Depuis le délire des deux jeunes gens de Sr. De.nis, & la publicité de leur finguliere cataftrophe, ainfi que de leur teftament encore plus fingulier, quantité de particuliers ont quitté la vie, fans dire pourquoi, & 1'on préfume que Pexemple funefte des premiers n'a pas peu influé fur ceux-ci. A la page 122. Le 9 Janvier 1774. Depuis quatre mois on joue a 1'opéra l'union de 1'amour &des arts, & ce ballet eft conftam* ment fuivi. On repete cependant Sabinus. A Ia page 124. Le 10 Janvier 1774. On parle d'une brochure trés méchante contre les artiftes en forme de Dialogues. Elle eft extrêmement rare & défole ceux qui y font maltraités de Ia facon ia plus cruelle, entr'autres Ie Sieur Pierre. A la page 124. Le 11 Janvier 1774. Mr. 1'abbé de Bulté, jeune Chanoine de 1'églife de Paris, qui n'étoit encore que Diacre, a entendu la meffe le jour de Pan, a fait fes aumónes H3  ( m) a 1'ég'ife, efl: rentré chez lui, a donné les étrennes è fa cuifiniere & è fes autres domestiques, eft reflbrti & n'a point reparu depuis. Comme il eft de Biois, on a écrit è fes parens qui n'en avoienc point eu de nouvelles & font arrivés ici en diligence: on eft a la recherche du perfonnage, fur lequel on ne trouve encore aucun renfeignement. On foup§onne qu'il fe fera noyé, fans qu'on fache cependant qu'il ait eu aucune raifon de prendre • eet étrange parti. A la page 125. Le r2 Janvier 1774. Dimanche dernier on a joué aux Frangois Eugénie, drame du Sr. Caron de Beaumarchais, le héros du jour: on peut juger de 1'affluence qu'il y a eu. A un certain endroit oü il eft queftion de juge & de procés, on a applaudi a tout rompre. A la fin de la piece, on a demandé quand on joueroit fon Batbier de Seville ? Les hiftrions n'ont tenu aucun compte de ces apoftrophes du Parterre, auxqueïles ils n'ont pas répondu, fuivant leur imperti. neEce habituelle. Mais l'auteur ayanc paru aux foyers après la piece, a été entouré & conduit en triomphe è fon carofle, a peu prés comme Wilkes 1'étoit autrefois en Angieterre. Mardi dernier la même foule s'étoit portée aux Italiens a la piece des trois freres jumeaux Fenitiens, pour entendre les lazzi d'Ariequin relatifs au Sr. Morin: on a été furpris qu'il les aic fupprimés, on a voulu en favoir la  C 175 ) raifon, 00 a appris que eet acteur avoic été mandé a la police oh il avoit recu une févere réprimande & injonétion de ne pas recidiver. Enfin par un calembour bien digne des Parifiens & qu'on répete comme une chofe trés ingénieufe,on dit que Louis quinze a détruit le Parlement ancien, & que quinze Louis détruiront le nouveau. A la page 125. Le 13 Janvier 1774. On attribue au Sieur Renou peintre & poëte la brochure contre les artifles, on Pen foupgonne d'autaut plus volontiers l'auteur, qu'il a lieu d'être fort mécontent de fes confrères & furtout du Sieur Pierre, le plus maltraité. II faut pour cela fe rappeller 1'aaecdote de fon tableau de Mlle. Cojlé, qu'on a fait enlever ignominieufement du fallon dernier, comme indécent & comme trés mauvais; enoutre la diatribe en queftion feroit une vengeance fanglante, dont le Sieur Pierre a été trés affecté, au point d'en tomber malade. L'auteur ne fait grace a perfonne & maltraité ceux-même dont le talent eft le plus reconnu; tels que Mrs. Vernet, Greufe, &c. On juge aifément, d'ailleurs, è la fabrique de 1'ouvrage, è fon ftyle lourd & technique, qu'il eft d'un artifte. A la page 125. Le 13 Janvier 1774. Mr. le Prêtre de Maniere ayant tué Mr. de Gamaches eft rentré chez lui &, montrant a fa femme fon épée encore teinte du fang de 1'amant de cette Dame: vous l'avez voulu, li 4.  C -?« ) Madame, lui a -1 - il dit, reconnoijfez ce fang. Elle eft tombée fur Ie champ dans un état afFreux, oü elle eft reftée depuis lors & oü elle eft encore; elle n'a recouvré la connoisfance que depuis peu de jours, elle a demandé fon confeffeur & fon mari. Celui-ci s'étoit fouftrait aux regards du public, & méme avoit quitté'Paris pour éviter le premier éclat d'un duel. Mais Sa Majefté ayant Elle-même déclaré que M'. de Gamaches étoit mort d'un coup de fang, il n'a pas craint de-reparoftre& il eft auprès de fa femme. On défefpere qu'elle en revienne,& 1'on trouve que la mort eftce qui peut lui arriver de mieux en circonftance pareille. A la page 126. Le 15 Janvier 1774. Le nouveau Tribunal fait publier un Arrêt du 3.1 Décembre, par lequel il fupprime les deux brochures dont on a parlé, 1'une intitulée: Lettre du Marquis de Brigadier des armées du Roi,d M.... Avocat au Confeil;& 1'autre: le Voeu de la Nobleffe, Lettre dM. Avocat au Confeil. Elles font, comme on aobfervé, une critique raifonnée de 1'Arrêt de Ia Grand' Chambre. On les qualifie comme contenant des expreflions attentatoires au refpecT: dü a 1'autorité de Ia Cour. II paroït un autre Arrêt du 10 Janvier. II eft précédé d'un Requifitoire de 1'Avocat gé. néral Jacques de Vergès, oh il s'éleve en termes emphatiques contre le livre du Bon fens & contre celui intitulé de l'homme, qu'il fup- pofe  C 177 ) pofe être fauffement attribué a feuMr. Helvetius, pour éviter de févir contre fa mémoire. En conféquence la Cour, la Grand Chambre affemblée, a ordonné que lesdits livres feroient lacérés & brülés par 1'exécuteur de la haute juftice, comme impies , facrileges & tendant a troubler la tranquillité des peuples & a ébranler les fondemens de la religion &c. L'exécution n'a eu lieu que Ie mercredi 12 Janvier. . A la page 120". Le 15 Janvier 1774. Si les Mémoires dans 1'affaire du Sr. de Beaumarchais font fufpendus, il court des Requêtes qui ne font qu'une forme plus judiciaire de les répandre. On diftribue imprimée celle du Sr. Dairolles, principalement dirigée contre le Dofteur Gardanne. II y paroic que le négociant s'étant détaché du parti du héros principal avoit rendu plainte contre le méde. c'n le 3 Septembre, & que celui-ci a récri. miné par une Requête fignifiée le 14 Septembre, dont Ie Sieur Dairolles demande que fon adverfaire foit débouté. On y peint au furplus le Sieur Gardanne comme un homme d'un caracfere inquiet, zélé fans prudence, mettant dans fes procédés une chaleur, un enthoufiafme capables d'entrafner les ames •honnêtes dans la féduftion, comme'ayant apportédans cette affaire pour capter le témoignage du fuppliant en faveur du Sieur de H S  C 178 ) Beaumarchais:, des foJas emprefFés, dont les arnis efl'entiels font fouvent in ca pa bles & quë ]es amis infideles fedonnent fans efforts, comme d*accufé étantdevenu agreiTeur, & par une délation odieufe ayant obligé Ie Sieur Dairolles è fe défendre, enfin comme ayant coopéré au premier Mémoire du Sieur Caron & réglé la dofe du poifon pour en étendre & répan- dre les ravages Tel efi: le caraétere du Dofteur, efquiffé en bref & dont on eft d'autant plus porté a croire la vérité que, malgré les injonctions de la Faculté, il n'ofe entrer en lice & refte dans un filence qui nepeuc lui faire honneur dans le public. A la page 128. Le 16 Janvier 1774, L'affaire du Secrétaire de Mr. de Guignes, qui a perdu une fomme énorme en Angleterre aujeu des aêlions, commencé a faire bruit icL Quoique eet Ambafiadeur renie abfolumenc eet homme , prétende ne 1'avoir pris que comme un joueur de violon , propre a faire de la mufique avec lui ; fon évafion, fa détention a la Bafiille, & 1'ceil vigilant qu'il porte' fur lui, quoique de loin, tout fait préfumer qu'il y avoit de 1'intelligence entre eux. On affure que les joueurs adverfes font ici & yeulent intenter contre le prifonnier une aótion, qui ne peut faire honneur au Miniftre de France en Angletere & nécefiitera fon rappel. En général, on parle mal a la cour & è la ville d'une inculpation auffi facheufe. A la page 12.3. Le iö Janvier 1774. Quoi;  C 170 ) que tes mariages rldicules de quelques fem« mes de la cour projettés a 1'inftar de celui de Madame la Ducheffe de Chaulnes, ne foient pas publics, bien des gens s'obftinent a les croire vrais, entr'autres celui de Madame la DuchelTe de Brancas avec Pabbé Ceratti; celui de Madame la Maréchale d'Etréts avec Mr. Ie Fevre d'Amecourt, Confeiller du Parlement ancien; celui de Madame la Comteffe de Gifors avec Mr. la Tour du Roch , militaire efcroc & intriguant, &c. A Ia page 128. Le 17 Janvier 1774. II paroït qu'aujourd'hui Ie grand adverfaire du Marquis de Monteynard , c'eft le Prince de Condé. Celui-ci ne 1'avoic propofé que dans l'efpoir de trouver en lui un Miniftre favora» ble, qui le feconderok dans fon projet de faire recréer en fa faveur la Charge de GrandMaitre de "'artillerie. Le nouveau Secrétaire de la guerre, dans 1'enthoufiafme de fon exaltation , avoit promis è Son Alteffe tout ce qu'elle avoit voulu. La difgrace des Princes qui fuivit peu après , le mk a fon aife pour ne point tenir parole è Son Alteffe. Mais depuis leur retour a la Cour, le Prince de Condé étant revenu a la charge, aidé de Madame la Comteffe Dubarry, Mr. de Monteynard a travaillé fous main a ne point fe laisfer enlever le plus beau fleuron de fa couronne. II a repréfenté au Roi que eet objec de 400,000 livres de rentes étoic une charge de plus pour "'Etat, dans un tems oh 1'on retrasiH ©"  C -80 ) choit dans les Départemens, bien loin d'aug. menter ; il a d'ailleurs prouvé la néceffité de tenir fous fa main celui de 1'artillerie, Pour rémédier aux déprédations dont il a fait voir un échantillon par le Proces de MX de Bellegarde. Au fond, on ne btéme point ce Minifrre d'avoir parlé dans la fincérité de fon cceur & conformément è 1'obligation de fon Etat; mais bien fa manoeuvre fournoife & fes foupleffes vis - è • vis Ie Prince de Condé fon protecteur, tandis qu'il agïffoit d'une maniere différente auprès de Sa Majefié. Madame Dubarri, de fon cóté, efl intéreffée è tourmenter fur eet objetleRoi, qui lui avoit donné fa parole que la chofe s'effeclueroit au premier travail. II y a apparence que c'efl cette anxiété de Sa Majefié qui I'empéche de travailler avec Mr. de Monteynard, fans que d'un autre cóté Elle puifTe fe déterminer h renvoyer un Miniflre auquel Elle n'a rien a reprocher. On ne fait quand fe terminera cette indécifion, par laquelle tout reile en fufpens. A la page ia3. Le 17 Janvier 1774. Le Sieur Renou, auteur de la tragédie de Terée, tombée è la première repréfentation, a fait imprimer cette piece avec une préface, oü il rend compte de fes tracafferies avec les comédiens & rapporte les Lettres de ces hiflrions. Elles font d'une infolence incroyable. Le Sieur Monvil, 1'un d'eux, femblant préférer k la qualité d'auteur celle d'hiflrion, prend  ( I8i 5 parti pour fes confrères contre les gens da Lettres & répand des Obfervations fur la pi. face de Terée rjf de Philomele. Cette diatribe dirigée d'abord contre le Sieur Renou, implique bientót tous les auteurs & mériteroit un ch&timent févere è 1'écrivain, s'il eft véritablement Ie pere d'un pamphlet' auffi indécent: le ton de Ia plaifantev'e, en général trés dé* placé, eft pouffé ici jufques a 1'ironie la plus infolente. A Ia page 129. Le 20 Janvier 1774. On parloit il y a quelque tems chez Mr. Ie Chancelier de fon Parlement, & le Chef de la Magiftrature fe félicitoit de fon éreclion; il avouoit qu'il n'auroit pas cru eu étre iitóe quitte & trouver autant de fujets qui s'enrólaffent dans la nouvelle milice; un jeune Seigneur lui répondit; „ mais, Monfieur le Chancelier. ,i quand on veut empoiflbnner un étang, on „ ne manque jamais de fretin." Plaifanterie qui déconténanca un peu Mr. de Maupeou. A Ia page 134. Le 22 Janvier 1774. Comme tout ce qui fort de Ia plume de Mr. de Poltaire eft précieux, il eft effentiel de reftituer dans Ja pieceintitulée laTaclique, quatre vers fupprimés dans la plupart des copies qu'on en a eues & même dans les imprimés faits en France. Ils contribuent merveilleufement è prouver 1'acharnement de ce grand homme contre fes petits ennemis, qu'il injurie tant qu'il peut & partout oü il peut. Ils font H 7  C i8a ) après le cent vingt - huitieme vers: Sifjler Setniramis, Merope £? l'Orphelin: Ainfi que Ie Dieu Mars, Apolion prend les armes; L'Eglife, le Barreau,la Cour ont leurs alarmes Au fond d'un galetas Clément & Savstier Font la guerre au bon fens fur des tas de papier.... On fent que cette faute d'orthographe Savatier, au lieu de Sabatier, eft faite expres. A la page 134. Le 23 Janvier 1774. II paroït que Meflïeurs les Chanoines de 1'Eglife de Paris favent a quoi s'en tenir fur 1'évafion de Pabbé de Bulté, leur confrère; qu'il n'eft pas abfolument perdu ; mais que le dérangeïnent de fa fortune occafionné par de groffes pértes au jeu chez le Sieur le Clerc, premier Commis des finances , lui a fait tourner Ia tête & 1'a déterminé a prendre un parti auffi violent, qui le met hors d'état de reparoïcre a Kotre Dame, & 1'on ne doute pas qu'on ne lui faffe donner fa démiffion. A la page 136. Le 24 Janvier 1774. L'aventure de Mr. de St. Auban, loin de s'éclaircir avec le tems, devient de plus en plus embrouillée, ou du moins ne fe débrouille pas a fon avantage. Cet Officier en ayant voulu entretenir Mr. le Duc de Chartres, ce Prince lui a ri au nez & lui a tourné le dos. A la page 136. Le 25 Janvier 1774. Me. Tertier, jeune Procureur au Chatelet, s'eft brülé la eer veile, il y a quelqqes jours; oa  C 183 ) attribue cette cataftrophe finifire k difFérenres caufes'quï Jui om tourné Ja tête; il paroft auffi par quelques propos qu'il avoit tenus précédemment, que 1'hifioire des deux dragons, leur teftament & furtout Ia Lettre de Bordeaux, 1'avoient échauffé d'une belleémulation. II n'y a point de femaine oh il ne fe paffe ainfi quelque fuicide. Celui d'un homme qui du pont rouge s'eft jetté dans ia Seine eft fingulierjil s'eft trouvé que c'étoit un malfaiceur qui, bourrelé deremords & fecroyant pourfuivi, quoiqu'il ne Ie fut pas, a voulu fe fouftraire ainfi au fupplice; mais ayant luimême donné des fignes de fon envie de reyersir a Ia vie, il a été fecouru k tems. Ce ne fera malheureufement que pour éprouver le fupplice, eet accident ayant conduit a le déeouvrir & è le reconnoftre. A la page i36. Le 26 Janvier 1774. On a donné hier a l'Opéra les trois aétes annoncés: on les connoft depuis longtems & il ne s'y eft rien paffé de nouveau; mais il y a eu un grand tumulte dans Ie Parterre a 1'occafion de trois artifans trés mal accoütrés qui font venus fe mettre en premières loges avec une femme de la même efpece. Ce fpeciacle a occafionné tant de huées de la part dia Parterre, qu'un fergent eflvenu haranguer ces perfonnages & les prier de fe mettre en lieu d'oh ils caufaffent moins de tumulte; on Jes a transférés aux fecondes loges.  C 134 ) A la page 136. Le 27 Janvier 1774. Extrait d'une Lettre de Marfeille du 17 Janvier. ... II efl encore arrivé ici a la comédie une cataftrophe fanglante. Voici a quelle occafion. Un officier du Régiment d'Angou* mois étoit dans une première loge, il s'étoit retourné pour parler a quelqu'un: le Parterre piqué de cette indécence , a crié d bas, cul blanc (Ie blanc eft le fond de 1'uniforme de 1'infanterie.). Cet officier s'eft retourné & s'eft remis en pofture convenable. Le foir des jeunes gens du même Régiment ont fait des reprocbes a leur camarade de s'être laiffé infulter; ils ont prétendu qu'il falloit en tirer vengeance. En conféquence, ils ont été au nombre de quinze dans des loges & ont montré leur cul au parterre , ils y avoient préalablement envoyé quarante foldats déguifés en bourgeois avec leurs fabres fous des rédingotes. Le public inftruit du complot ne dit mot, alors les officiers enragés font descendus dans le parterre, y ont preffé beau» coup, ont en un mot fait tout ce qu'il a dépendu d'eux pour chercher noife a leurs voifins & provoquer une querelle: a Ia fin oa n'a pu tenir a tant d'infultes, on s'eft échauffé , il y a eu des épées tirées, & 1'on prétend qu'il y a eu quarante bleffés plus ou moins gravemenr. Toute la ville eft en rumeur a cette occafion, on s'eft muni d'armes a feu & 1'on tire fur chacun des officiers de ce Régiment,  C 185 ) qui paffe dans les rues; en forte qu'iJs font , obligés de fe tenir cachés. On attend les ordres de la cour. A la page 136". Le 27 Janvier 1774. L'hiftoire de nos modes, toutes frivoles qu'efles paroiffent & qu'elles foient, pourroit,être entre les mains des critiques k venir d'une trés grande utilité pour 1'éclairciffement de quantité de faits & d'anecdotes : il en efi beaucoup qui ont rapport è 1'aventure da jour. On vient par exemple d'inventer des Ecrans d la Monteynard. Ils font établis fur un pied en forme de boule,bafe mobile, qui fert k les faire rouler aifément partout Sc comme 1'on veut; mais elle eft en même tems plombée de facon que, de quelque maniere qu'on les renverfe, les écrans fe relevent toujours d'eux-mêmes: image affez naturelle de la pofition oü fe trouve aujourd'hui le Miniftre trés ballotté Sc cependant exiftant. A Ia page 137. Le 29 Janvier 1774. Hier matin k onze heures Mr. Ie Duc de la Vrilliere eft venu trouver k Paris Mr. le Marquis "de Monteynard pour lui annoncer de la part du Roi que Sa Majefté Ie remercioit de fes fervices Sc lui demandoit fa démiflion de fa charge de Secrétaire d'Etat. 11 n'eft point exilé, mais il lui eft finjplement défendu de paroïtre devant le Roi. On s'attendoit tellement depuis longtems è cette cataftrophe, que le Suiffe du Miniftre difgradé, dès qu'il a vu  C 186 ) le petit Saint , n'a pu s'empécher de lui dire: Monfeigneur, je crains bien que vous ne nous apportiez une mauvaife nouvelle. A quoi ie Duc a répondu , fans myftere: tu as raifon. II eft a efpérer que dans cette partie extrêmemeDt négügée, il y a plus de trois mois, on va réparer le travail arriérè; que lesBureaux qui ne finiffoient rien depuis ce tems & plaifantoient indécemment fur le.renvoi futur du chef, du fuprême, vont enfin reprendre leur aclivité. C'eft Mr. le Duc d'Aiguillon qui a Vintérim, dJt-on: on allure auffi que lAbDe lerrai demande a préfider aux fonds de cette partie pendant quelque tems, pour connoitre la réforme dont elle feroit fjfceptible. A la page 138. Le 30 Janvier 1774. On a fu dans le tems qu'il y avoit une lettre de cachet décernée contre le Duc de Sul'.y k la requifition de fa familie. Ona rendu compte de la maniere dont ce Seigneur s'y étoit fouftrait & avoit échappé k fa captivité. Le S'.. de la Borde, le premier valet de chambre du JRoi, profitant fans doute de 1'iDtjmité dans laquelle il vivoit avec ce Seigneur & de la confiance que ce dernier avoit en lui, a eu affez d'afcendant fur fon efprit pour 1'engager k fe reproduire & k fe rendre au chateau de Dourlens, auquel il étoit envoyé: il lui a donné fa parole d'honneur que, lui Duc de Sully, au moyen de cette foumifilon aux ordres du Roi, feroit élargi au bout de quinze  C 187 ) jours, & que, s'il ce 1'étoit pas, jl s'offrofc a venir fe conftituer prifoDnier en fa place. Le Duc perfuadé par ces affurances, a fubi le chatiment qui lui étoit infligé; le Sieur de la Bordé s'eft mis en quatre pour engager Ia familie de ce Seigneur a tenir une parole qu'il n'avoit donné qu'au nom des parens; & fes follicications n'ayant pu rien obtenir, au bout du délai fatal il s'eft rendu è Dourlens, & témoignant tous fes regrets au prifonnier, lui a déclaré qu'il venoit lui tenir compagnie & ne partiroit point que Ia lettre de cachet ne fut levée. On efpere que ce trait d'amitié généreux & héroïque, de la part d'un homme agréable au Roi, ne manquera pas de pro» duire fon effet & de valoirfon élargiffemenc ; au Duc de Sully. A la page 138. Le 31 Janvier 1774. La j po'iice ayant obligé 1'Arlequin de la comédie Italienne d'aller faire des excufes au Sieur Maltin , relativement aux mauvais lazzis qu'il avoit lachés fur fon compte dans la piece des trois freres jumeaux Venitiens, 1'a défolé denouveau par fon compliment: ,,Monfieur, : „ je vicns vous témoigner combien je fuis I „ faché des interprétations malignes que le | „ public peut avoir données a mes plaifante1 „ ries innocentes. J'abjure tout fens étran„ ger& vous protefteque jen'ai jamais voUlo „ donner que lq fens naturel de la phrafe, en difant, ce Marin n'eft pas mal béte; oui ,  C 188 ) ,, Monfieur, vous n'êtes pas Mübête, je Ie „ föutiendrai envers & contre tous". A la page 139. Le 3 Février 1774. Dans la Gazette de France du lundi 24 Janvier No. 8,leSr. Marin fait mention d'un fupplice qu'il prétend ufité a laChine, auffi atroce que dégoutant: il efi: queftion d'une culotte de 'cuir extrêmement fort, dont onrevêt les fesfes du criminel; elle eft fabriquée de facon qu'il ne peut plus la défaire, & qu'obligé de prendre des alimens a I'ordinaire , il expire ïentement dans un tourment dont on ne peut calculer Ia longueur & les angoiffes. Ce détail a révolté les femmes «Sc tous les leffteurs délicats de cette capitale. C'eft fans doute un de ces derniers qui, dans fa mauvaife humeur, a exhalé fes plaintes contre le Gazetier de la maniere fuivante. La culotte chinoife. Que ne chaufle-t-on a Marin Cette culotte vengerefle, Dont en Chine le Mandarin Punit les gens de fon efpece! Du coupable que 1'on nourrit, L'avant-train Ïentement pourrit Corrodé par fa propre ordure; Puis infeélë de ces parfums Qu'il faut que fa narine endure, 11 defcend parmi les défunts.  C 189 ) Mais que j'abrégerois bien vite i Ce fale tourment qu'il mérite, A fes troufleS fi je lachois Le redoutable Beaumarcbais: A 1'afpect de fon écritoire, 1 Du Gazetier en desarroi, Tremblant & palüTunt d'effroi, ïout le fang tourneroit en foire. A la page 140. Le 6 Févriér 1774. Ors prétend que les ordres onc été envoyés a Marfeille pour y enfermer a Ia citadelle les officiers du Régiment d'Jngoumois dont on 3 rapporté les excès; ils avoient été mis fur le champ aux arrêts, & Ja juftice particuliere les avoit décrétés de prife de corps. * j A la page 140. Le 6 Février 1774. On efpere que la familie royale viendra au bal de Topéra fur cette fin de carnaval. Mr. le Dauphin, Madame la Dauphine , & leurs freres & fceurs y font venus Ie dimanche 30 Janvier & y font reftés jufques è quatre heu- iires: ils ont femblé yiprendre beaucoup de jgoüt, même Mr. le Dauphin, qu'on n'auroit :jpas cru partifan d'un tel divertifTement. A la page 140. Le 6 Fèvrier 1774. Un ■1 mariage affez fingulier amufe Jes courtifans. Mr. le Marquis dePontchartrain, frere cadet du Comte de Maurepas, mais agé de 71 ans, :| infirme & goutteux, vient d'époufer une jeune Chanoinefle, fille de Madame la ComtefTe de Béartiy la marraine de Madame la Coni'  teiïe Dubarri k la cour. On prétend que c'eft Mr. le Duc d'Aiguillon qui a fait eet hymen, tant pour prouver une forie de reconnoiffance a Madame de Bêarn d'une démarche que toute fa familie lui reproche & qu'elle pleure tous les jours, que pour per- pétuer un nom a la veille de s éteindre, puisque Mr. le Comte de Maurepas& Mr„ le Duc de la Vrilliere n'ont point d'enfans. Refte k favoir fi le podagre en queftion qu'il a fallu porter a 1'églife, fera bien en état de fe donner de la poftérité. A la page 140. Le 7 Février 1774. On a parlé des tracafferies fufcitées par Mr. PEvêque du Mans au Pere le Roi de 1'Oratoire, Profeffeur de Philofophie dans cette ville, relativement k des cahiers oh le Prélat trouvoit des propofitions erronnées, ou au moins repréhenfibles: on a dit que fur le refus de laCongrégation de retirer ceReligieux, Monfeigneur avoit dénoncé la doctrine en queftion k la Faculté de Théologie, qui devoit s'affembler le vingt - quatre Janvier pour prononcer. Depuis, par Pentremife de quelque média- teur, Ie Pere le Koi avoit été changé de defti- nation & fvlr. du Mans étoit convenu d asfoupir cette querelle, toujours rifible dans ces tems d'irréligion & de fcandale: le mezzo termine imaginé pour cela avoit été de faire donner k la Faculté une lettre de cachet qui lui défendoit de fe mêier de la querelle, mais ce corps a trouvé cela trés mauvais; il s'eft  C 101 ) affemblé au prima menfis de ce mois & a pris des conclufions , par lefquelles' il fe plaint de lacoDduite trop pufiilanimedu Prélat. II déclare a tout i'univers que 1'accommodement s'eft fait fans fa participation, qu'il n'approuve point les palliatifs admis par 1'E-" vêque, & ne peut foufcrire è une doctrine équivoque & fufceptible d'induire les fideles en erreur. Arrêté que les conclufions feront imprimées & cependaut envoyées au. paravant k Mr. le Duc de la Frilliere pour être mifes fous les yeux du Roi. A la page 141. Le 7 Février 1774. H pa, rolt qu'un des motifs qui fait defirer au gouvernement d'envoyer Mr. Ie Marquis de NoaiU les a Pambaffade de la Grande-Bretagne c'eft 1'afcendant qu'il a pris fur les Etats généraux relativement au commerce de 1'imprimerie & de la librairie. I] s'eft fi bien conduic par fes infinuations fecrettes & par fes requifidons vigoureufes, que cette République eft aujourd'hui prefque auffi fage que Paris, & fe contient, furtout en politique, au point de na • laifter paroftre rien qui puiffe déplaire au Miniftere de France. L'Angleterre eft le feul Etat d'oü il fe répande encore des Pamphlets defagréables & mortifians pour notre adminiftration; mais la difpofidon oh 1'on y femble être de travailler a reftreindre la liberté de la preffe feroit un moment favorable pour y faire arriver le Marquis: il échaufferoit le Miniftere Aoglois fur eet objet, lui propofe.  { 192 ) roit fes idécs & lui feroit fentir combien il feroit avantageux au repos de 1'Europe que les têtes chaudes, les.génies voulant toujours fe mêler d'infpeéter les Souverains & de critiquer leur régime, fuffent obligés de s'alimenter autrement, faute de pouvoir donner relTor k leur philofophie cynique, k leurs criailleries continuelles contre le defpotifme, qui empêchent les peuples d'être tranquilles, confians & heureux. A la page 141. Le 7 Février 1774. Madame Savalette, la veuve d'un garde du tréfor royal, vient de mourir. C'étoit encore une des cruches de MIe Curé de Saint Roch* C'eft le Roi qui qualifie ainfi les vieilles dévotes riches financieres dont abonde cette paroiffe, & dans la bourfe defquelles lePafteur puife k fon gré, fous prétexte de charités & d'ceuvres pies. A la page 143. Le 8 Février 1774. Les comédiens italiens fe propofent de donner le jeudi gras une parade nouvelle en un arfte & en vers, intitulée le rendez-veus bien ent' ployé. A la page 145. Le 10 Février 1774. 11 y a eu diftérentes affemblées d'Avocats formées k 1'occafion de Me. Linguet; le réfultat a été de le tenir pendant un an dans une forte d'interdiction de la plaidoirie. Cet orateur a trouvé la pénitence trop dure, & il vient de compofer une efpece .de manifefte intitulé: Réflexions pour M'. Linguet, Avocat de la Comtejfe  C 193 ) Comtejfe de Bethune, oh, après avoir rendu compte de fa conduite depuis qu'il efi au barreau jufques en 1770, &, depuis cette époque jufques au moment aétuel, il difcute Ja déhbération de fes confrères du premier Février, ,j ja trouve illégale, un vrai déiit dans loixlre pohtique, un attentat è 1'autorité de Ja Cour; il la qualifie d'abfurde, d'injufte &c. II y repréfente Me. Gerbier comme 1'in' fbgateur des perfécutions qu'il efiuye; ij v déclare qu'il a rendu plainte contre eet Avo. cat, & il 1'mculpe de faits fi graves, qu'il le met nécefiairement dans Je cas de répondre Ce combat eft un nouveau fpedtacle qui fe prepare pour les oifift de la capitale, & qui devient extrémement intéreffant a raifon de la ceiebnté des rivaux. , A la page i45. Le ro Février 1774. Tout de Mr. de Beaumrehaü. IJ l'a déja Ju chez fes anus qn, a, font enchantés & Jeregardenc comme fupéneur encore aux autres; c'eft ce qu'il faudra voir, ce A Ia page r4y. Le n Février 1774. La Parade des Italiens, quoiqu'aflez bien fake Da pas eu de fuccès, a raifon furtout de Ja mufique trés médiocre. A la page 147. Le i4 Février i774. r>n prétend que M, de Voltüre fait mtigue! beaucoup par des magiftrats adroits auo è  C i«4 ) faire fouflraire le Commentaire que ce cruet ennemi préparoit fur tous les ouvrages du grand poëte en queftion & principalemenc fur la Henriade. Quant a la derniere, ce feroit affurément bien mal entendre fes intéréts; d'autant que le Sieur de la BeaumeUe , croyant mieux appuyer fon Commentaire, s'étoic avifé de refaire le Poëme. Ce n'eft point par-la qu'il eft regretté, mais a raifon de fes Mémoires de Madame de Maintenon, de quelques écrits polémiques & furtout d'une lettre qu'il écrivit a 1'occafion de fes démêlés avec lePatriarche de Ja Littérature. Ondifoic auffi du bien d'une traduétion de Tacite qu'il digéroit. II s'étoit marié peu avant fa more & avoit époufé la fceur de ce jeune la Vayffe de Touloufe,dont il a été fi fouvent queftion lors de 1'affaire des Calas; ce qui auroit du rallentir 1'animofité du Philofophe, défenfeur de cette familie infortunée. A la page 147. Le 14 Février 1774; On commencé a fe louer beaucoup du nouveau Prévót des marchands. Les affaires de la ville de Paris étoient en fort mauvais ordre, lorfqu'il eft entré a la tête du corps municipal- par 1'économie qu'il y a mife, il adéjl payé beaucoup de dettes. 11 a furtout retranché les dépenfes énormes des repas ; leur profufion folie faifoit depuis longtems regarder les Echevins comme des gloutons qui ne s'occupoient qu'a boire & a manger: fans fup. primer ceux abfolument néceflaires, par une  C 105 ) meilleure adminiftration il les a réduits è ui> prix trés modique. A la page 147. Le 15 Février 1774. On parle d'une petite rixe élevée au fein de la familleRoyale eDtre Mr. le Dauphin & Mr. le Comte tfArtois. C'eft une affaire d'amo'urpropre. II eft queftion d'une contre. danfe que déflroit répéter le premier è un de fes bals, a laquelle il ne vouloit point de témoins, excluant méme fon frere. Celui-ci piqué, d'une tribune a fifflé fon afné; ce qu'il a trouvé trés mauvais: on prétend même qu'ufant de fon droit d'afneffe il s'eft permis des mouvemens de colere; ce qui eft affez dans le caracfere de ce Prince trés entier & trés violent; mais 1'excellence de fon cceur 1'a bientót fait revenu- aux fentimens de la nature. A la page 148. Le 16 Février 1774. La Parade des Italiens, fans avoir eu beaucoup de fuccès fe foutient. Les paroles font du Sieur Anfeaulme, & la mufique trés médiocre eft du Sieur Martini. A Ia page ij2. Le 19 Février 1774. Le facrifice généreux que Mr. de la Borde a fait de fa liberté pour tenir fa parole èMr. Ie Duc deSully, a produit enfin fon effet; ce prifonnier eft forti du chdteau de Dourlens, il y a trois femaines environ,& fe Jouebeaucoup de fon libérateur. A la page 152. Le 20 Février 1774. L'Académie royale de mufique donne décidément I 2  C 196 ) rrrardi la première repréfentation de Sabinus. 11 en a été fait hier une répétition générale qui a eu peu de fuccès. A la page 152. Le 21 Février 17.74. Mr. Clieu d'Erchigny eft un ancien Gouverneur de nos Colonies qui, par un exemple de defintéreffement bien rare, eft revenu de fa miffion avec une fortune fi médiocre qu'il a été obligé de fe retirer a la campagne pour y vivre dans la plus grande fimplicité. ün Américain, fe reffouvenant de lui, s'eft empreffé a fon arrivée dans ce pays de s'en informer, II 1'eft allé voir, &, frappé de furprife de trouver eet homme qui avoit fait le deftin de fon pays, dans une forte d'indigence, il en a témoigné fa douleur a fescompatriotes:ceuxci, enflammés d'un beau zele, fe font cottifés & om formé une fomme de cinquante mille écus qu'ils ont prié Mr. d'Erchigny d'accepter, en lui marquant qu'il ne s'en fit faute & qu'on réitereroit auffi longtems que cela feroit néceflaire pour le maintenir dans 1'étac de décence convenable è fon ancienne dignité. A la page 152. Le 21 Février 1774. La Faculté de Théologie a regu défenfes de donner aucune fuite, ni publicité aux conclufions dont a parlé. On croit qu'elle va s'occuper è cenfurer le livre de 1'homme de Mr. Hdvetius; livre déja recommandable par la brüture dont 1'a honoré le nouveau Tribunal. A la page 153. Le 23 Février 1774. Ua  C 197) a été fort furpris que Mr. Ie Comte dtViry, Ambaffadeur du Roi de Sardaigne, n'ait annoncé aucune fête a 1'occafion du mariage de Mr. le Comte d'Artois, d'autant qu'il en avoit été donné une au fujet de celui de Mr. le Comte de Provence. Cette Excellenc: s'en défend & prétend que c'eft Ie Roi foa raaitre qui n'a pas voulu. Les femmes de Paris qui n'aiment qu'è danfer, trouvent cela trés mauvais & critiquentla trop grandeéconomie de Sa Majefté Sarde. Les gens de boi fens applaudiffent è cette fuppreffion, ils eftiment que ce Monarque fait infiniment mieux de foulager les pauvres de fon royaume, ou de ne point charger fon peuple de quelque nouvel impöt. A la page 155. Le 26 Février 1774. Le Sieur d'Ayrolles, outre fon Mémoire dconfulter, &c. répand une Addition qui fait plus de bruit: il y établit qu'il n'a jamais été 1'ami du Sieur de Beaumarchais, qu'il n'a jamais defiré 1'être; qu'il a été injuftement décrété d'ajournement perfonnel, puifqu'il n'avoic aucun intérêt dans 1'affaire; qu'il n'y eft impliqué qu'è raifon de fervices généraux & gratuits; qu'en un mot, il y eft étranger abfolument. 11 fe défend enfuite fur des billets que repétoit fon adverfaire, ainfi que fur le prétendu cartel. II finit par des réflexions dolentes fur les inve&ives dont il a été couvert. Tout cela eft appuyé pour la forme de la Confultation d'un Avocat deGrénier. 13  C 198 ) Si les faits établis daDs cette Addition font vrais, Ie Sr. Bertrand n'efl en effet coopable que d'indifcrétion, de bonhommie trop grande & d'une bêtife extraordinaire. Du refie, on n'y trouve de curieux que Ie portrait fuivant qu'il tracé de fon ennemi. II le peint comme un homme qui „ fatisfait de lui-raême & mécontent des autres, fe réferve une eftime exclufive; qui n'ayant que l'abus de 1'efprit, croit s'embellir en défigurant „ ceux qui lui refufent leur admiration; „ orateur cynique & bouffon, qui, par la „ licence & 1'amertume de fes farcafmes, 3, fournit des alimens k Ia malignité; fophifte ,, effronté qui, par 1'audace de fes affertions, s, éblouit fans jamais éclairer; peintre infi,., dele, qui puife dans fon ame la range dont il ternit la robe de I'innocence; méchant ,, par befoin & par goüt, fon coeur dur, t, vindicatif, implacable, repouffe les fentis, mens doux & paifibles de fes proches, s, s'étourdit de fon triomphepaiTager,étouffe „ fans remords Ia fenfible humanité " On conviendra que ce morceau efl d'un ridicule rare, & que l'auteur auroit dü s'en tenir aux faits, fans prétendre è 1'éloquence. II efl difficile de compofer rien de plus barbare, de plus amphigourique & de plus plat. A la page 155. Le 26 Février J774. Le Sieur Marin qui vouloit refter maftre du champ de bataiile & óter la replique k fon ledoutable adverfaire, ne fait paroicre qu'au-  C 199 ) jourd*hui, au moment du jugement, fon nouveau Faclum. H contient d'abord une réponfe a ce qui le concerne dans le troifieme Mémoire du Sr.deBeaumarchait. Elle eft courte & roule principalement fur des faits d'ufure & autres infamies, dont il fe défend par ua déni formel. Suit une Jddition, oü répondant en'gros au quatrieme Mémoire dudit Sieur de Beaumarchaïs, il fe difculpe de la doublé imputation d'avoir été odieux aux auteurs dans fes cenfures, & d'avoir défolé, pour s'enrichir , les malheureux Libraires; & il nie de nouveau tous les faits avancés en accu fation contre lui. II déclare n'étre point l'auteur des articles inférés dans la Gazette d'Utrecht & dans les Nouvelles è la main. II renouvelle a cette occafion les injures dont il a déjè chargé les rédacteurs des Gazettes étrangeres, en les repréfentant comme des écrivains forcenés qui ne refpeótent fouvent ni les Particuliers, ni les Magiftrats, ni les Miniftres, ni même les Têtes Couronnées. Quant aux Wouvelles a la main, il certifie auffi effrontément n'y avoir aucune part, quoiqu'on aille chez lui pour y prendre des foufcriptions. Enfio il répond aux infinuations du Sieur de Beau* marchais, qui prétend que le Sieur Marin voudroit le faire foupconner d'être l'auteur de Ia Correfpondance. II lui déclare au contraire qu'il le croit iucapable de 1'avoir faite, auffi bien qn'Eugénie, quoiqu'une trés mauvaife  C 200 ) Piece II ]ui contefte méme fej Mémoires dont il veut qu'il ne fournifle que les méchancetés. II revient fur le Star Gardanne, ce jjoüeur auquel il reproche les épigram«es & autres pieces fatyriques faites contre iuJ cc qui, malgré tant d'atrocités dont il le charge, s'obftine è ne rien dire. ' A Ja page 155. Le 2CT Février 1774. Le Meur Gardanne entre enfin en lice. I! publie une Réponfe pour lui Docïeur Régent de la geuite de médecine de Paris, Médecin de Montpellier, Cenfeur royal, Correfpondanc de plufieurs Académies, aux libelles imprimés & publiés par les Sieurs Marin & Bertrand d'Ayrolles. Cet écrit eft fage, affez fatisfaifant pour Ia juftification du Doéteur cc ne peut que produire un bon effet; il ne contient du refle aucun détail qui vaille la peine d'êcre développé. A la page 156. Le 27 Février 1774. M> 1'Archevégue deLyoneft en hoge fous Ie nom du Syndic du Clergé de fon Diocefe contre Jes Comtes de Lyon, attachés a leurs rits a leurs ufages & k leurs cérémonies. Ils' prétendent que les procédés du Prélat dont ils^fe plaignent, doivent être attribués k ce qu'ils n'ont pas voulu fe prêter è fes vues étranges concernantla rédaétion des nouveaux Jivres hthurgiques; cc ils viennent de les expofcr dans un Mémoire relatif è 1'appel comme d'abus, qu'ils ont faic des délibérations prifes  C 201 ) prifes malgré leurs oppofitions par Ie bureaa dioeéfain , qu'ils regardenc comme incompétent & ayant mal è propos ordonné aux dépens de la caille du clergé de^ frais d'impresfion d'un nouveau Bréviaire, dont la pubücation eft fufjpendue. On infinue dans ce Mémoire que le Bureau dioeéfain n'a été que J'inftrument qu'on a fait mouvoir pour confommer par yoye de fait une entreprife a laquelle réfiftent tous les principes de la discipline eccléliaflique. Cette conteftatjon faic bruit rélativement auSiege de Lyon, auquel on attaché la dignité de Primat des G^ulesè. celui qui l'occupe,lvP. de Vlontam, Archevéque trés fameux dans fon orure par fes querelles & par fes galanterie*; & enfin au Chapitre, Ie plus diftingué de France A !a page tj7. Le i Mars ,774, " Mr fe Com.e de Guines , notre Ambaffadeur auprès de Sa Majefié Britannique, efl abfolumenc décidé a ne plus retourner a Londre<- il a même loué iel un petit hótel trés médiocrece qui annonce un projet de fe rerirer des affaires, de vivre modeflemenc & de réDa rer les bréches que fes deux miiïïons lui ,,nt fait fau-e a fa fortune On juge aifémenc qu un dérachement auffi fubit n'eff m vo\m taire. On eorvvient que ce Miniftre avoit perdu tout fon crédit auprès de-. Anglois & toure Ia conffmee de notre cour par i'averjture de fon Sécrétaire, qui (ni fait un tot* jrréparable. 11 reftera avec le fobriquet de I 5  C 202 ) Guines le Magnifique: c'eft ainfi que 1'appelloit le Peuple de Londres è raifon de fon fafte étonnant. Mr, du Chatelet avoit été nommé le Chicaneur; Mr. de Guerchy, le Contrebandier, & Mr. Durand, le Négociateur. A la page 158. Le 2 Mars 1774. Mr.de la Harpe dans fon Mercure de Février a ren. du un compte tout-a-fait defavantageux d'Orphanis, la nouvelle tragédie de Mr. Blin de Saint Maure. Indépendamment de cette critique trés amere, il eft tombé fur la perjfonne & s'eft permis des écarts indécens au poffible, infultans même envers fon confrère. Dans les détails qu'il a fournis fur cette matiere, il a été aifé de concevoir que la rivalité de eet auteur, qui autrefois avoit concouru pour le Prix de 1'Académie Frangoife, qui s'étoit plaint du jugement des Quarante & avoit fait imprimer une certame Epitre d Racine, pour rendre le Public arbitre de la querelle, a laiiïé un yenin qui a fermeuté dans le cceur du journalifte & que celui - ci a épanché dès qu'il en a trouvé le moment favorable. Le Sieur Blin, piqué au vif, ayant rencontré dans la rue le Sieur de la Harpe, 1'a accofté, & après 1'avoir mal mené de propos & de geftes,l'a colleté & trainé dans laboue: c'eft a peu prés le pendant de. 1'a venture de Mr. de Sauvigny avec ce même petit homme. On ne fait 13 le baffbué a réclamé fes protections, mais la rixe n'a point eu de fuites, & perfonne ne plaint eet auteur hargneux.  ( 203 ) A Ia page 158. Le 3 Mars 1774. Extrait d'une lettre de Pecershourg du 22 Janvier 1774. Nous avons ici un Colonei Frangois qui fait beaucoup de bruit & de figure. C'eft Mr. Ie Vicomte d'Adhemar. II donne le ton pour les fêtes, & les Rusfes, jaloux a 1'excès de finger en tout les Frargois, le prennent pour modele. Quoique ce Seigneur ne paroiffe voyager que pour fon plaifir, qu'il n'ait aucun caraftere, qu'on ne lui connoiffe aucune miffion, les Politiques s'imaginent qu'il a eu ordre de titer le terrein , & que, comme il prend a merveille on pourroit bien Ie charger de quelque négociation fecrette. Mr. le Vicomte iïAdhemar eft en effet Co Jonel du Régiment de Chartres, infanterieceft un homme d'efprit, ambitieux, qui a toujours eu dugoüt pour la politique, &Pon préfume que, dans 1'efpoir de faire fón che T ?x* Par Ies néëocmioaSi n aura cherché è fe faire jour quelque part ccpourroit bien avoir des vues diredtes ou indirecïes A la page 158. Le 3 Mars 1774 p ' lV d'une lettre de Nantes du 2Ö &^y£ La nuit du 26 au 27 Oóïobre 1772 J/t Vicomte deMenou, Commandant'pour leRoi des ville &chateau de Nantes, fut volé d'une fomme de quarante mille livres. Tout concou rut a faire croire que Ie vol étoit extérieur £ des indices affez forts donnantlieude fouocon Ber Mr. Ie Chevalier de Foucault, Majw£ I 6  ( 204 ) ville & chateau de Nantes, eet officier fut décrété d'ajournement perfonnel par le Préfjdial de eer te ville. Cependant il a été renvoyé hors d'accufation le vingr trois Mars 1773, Depuis cedernier, en piqué il y avoit longtems avec Ie premier,a pourfuivi en demande de dommages & intéréts le Conve de Menou & a répandu avec profufion deux Mémoires ^ oh il accufe fon adverfaire d'avoir furpofé un vol imaginaire pour en faire re» tomber le foupcon fur Pennemi qu'il vouloit perdre. Enforre q>>e ce Commandant, après avoir perdu q'iarante milie francs par un vol dont la juftice n'a pu connoftre les auteurs, fe rrouve obligé de fe défendre d'un raffinerrrnt de fcélérateffe , d'une combinaifon d'hirrors incroyable. Mr. de Foucault orétendq'i' le Comte l'avoit défigné en fecn.t au Min fte-e public & avoir diri^é la procédure de maniere a le comnüquer dans 1'accufation fan^ fe rendre ouvertement fon dénonciiteur; enfin, neu d'accord avec lui-même & cnanseant bie^rót de fyftême, il fuppofe enfuire la réaliré du vol, pour en accufer la ComtefTe de Menou & fes enfans. C'eft pour ré ion Ire ö ces griefs que Mr. Ie Comte de Menou eft obligé de faire peroitre un Mémoire n ès bien fait & remplide détails curieux, fuivi d'une Confultation d'Avocats de Rennes en date du 5 Janvier dernier , qui établit qu'il ne peut êcre condamné è aucuns doiamages intéréts enveu le Chevalier de  C 2°J ) Foucault. puifqu'il n'a que dénoncé Ie crime, fans en dénoncer l'auteur, qu'il ne connoisfoir , qu'il ne foupgonnoit même pas; mais qu'il a droit de deimoder & d'uttendre la ra. diation de ce que les Mémoires de fon adverfaire contiennent d'injarieux, tant contre lui que contre fa femme & fes enfans, & que c'eft une fatisfaclion trés moderée qui ne lui peur être refufée. Ala page 158. Le4 Mars 1774. M .Dumourier eü un homme plein d'efpnt, qui fait toutes les langues étrangere- de 1'riurope, qui s'elt diftingué dan* laguerre derniere au point d'avoir obtenu la Croixde S Louis è vingt & un ans. Mr le Duc de Choifeul i 'avoit gotné, & avec ces talens, jows a celui de 1'inrrigue, il 1'avoit jugé propre a êrre envoyé en Pologne pour y fomenter les troubies & favorifer Ie parri de la France: mai* eet officier manquant du nerf de la politique autant q je de Ia guerre&n'étant pas aidé des fonds qu'on étoit convenu de lui faire palTer, étoit revenu a la difgrace du Duc de Choi,eul Jl n'avoit point voulu retourner en Po ogne, lorsqu'on y envoya Mr. de Viomefnil. Cependant preffé par le Marquis de Monteynard, Ie fucceffeur du Duc de Choifeul au département de Ia gue>re & qui connoifToit auffi les talens de Mrc Dumourier , il s'étoit rendu & Harnhourg, également autorifé par le Duc ó'Aiguillon, devenu Miniftre des affaires érrangeres. H n'avoit aucun caractere, fa miflioBI 7  ( 206 ) étoit, comme ci - devant, de négocier fuivant les vues de la cour & les circonftances. C'eft dans ces entrefaices qu'il fut arrêté au mois de Septembre dernier; un IVP. Favier, autre. fois attaché aux affaires étrangeres, homme de lettres, coopérateur dans le tems du Journal étranger, le fut aufïï a Paris; ainfi qu'un Mr. de Segur, Capitaine de Cavalerie, & plufieurs autres perfonnes: on n'a jamais fu trop au jufie le fond de cette aventure. On a foupgonné feulernent qu'il y avoit entre ces Meffieurs un foyer d'intrigue pour allumer le feu de la guerre dans lé Nord & de-la ineendier 1'Europe, malgré le vceu de Louis XV pour la Paix & les effbrts du Duc d'Aiguillon fecondant les intentions de S. M. On a cru que le Comte de Broglio en étoit Je centre, paree que c'eft un génie faétieux & turbulent & qu'il fut exilé a la même époque. On parloit alors de lettres interceptées, écrites en chiffres, qui dévoiloient leur projet & oü les Miniftres étoient fort plaifantés, entr'autres Mr. de Boynes qualifié de tête de bots. Quoiqu'il en foit, 1'affaire fut d'abord traitée trés gravement; on nomma une Commiffion fecrette, dont 1'objet étoit d'inftruire le procés des prifonniers. Soic la difficulté de Jes convaincre, foit leur innocence, foit le bénéfice du'tems, les chofes fe font civilifées. La familie de Mr. Dumourier efpere qu'il fortira bientót de Ja Baftille. On veut de plus que M'. le Duc d'Aiguülon, par une générofité  ( 20? ) digne d'une grande ame, oubüant les mécontentemens perfonnels qu'il a contre ce jeune étourdi, fe difpofe a remployer. II efpere que fix mois de captivité lui auront móri la tête & 1'auront rendu propre k déployer utilement fon mérite. On croit que les autres prifonniers feront auffi élargis. A la page 158. Le4 Mars 1774. On efi: fort aife que Mr. le Baron de Pirch, dont laTactique nouvelle, avoir beaucoup plu a Mr. de Monteynard, ait recu un accueil auffi favorable de Mr. le Duc d''AiguiUon. Ce nouveau Miniftre de la guerre prend grande conliance en eet étranger & 1'on parle de changemens confidérables & utiles qu'il fe propofe de faire d'après le fyftême & les inftrucïions du Baron. A la page 158. Le 5 Mars 1774. Dans la quantité de mauvais vers qui font éclos fur 1'Arrêt de Beaumarchais, on diflingue 1'épigramme fuivante , comme plus courte, plus vive, & frappant également fur 1'un & 1'autre parti: Contre un Tribunal qui te blame Tu lancerois envain tes farcafmes amers, Beaumarchais, te voila bien & duement infame, N'es-tu pas jugé par tes Pairs? Celle.ci mérite encore d'être diftinguée* quoique incorrecte: !  C 208 ) Beauwarcbais que Thémis üéttit, Comme cenain riacre t'en rit. Qu'importe a iceite ame de boue, Ou qu'on le bfame ou qu'on le Ioue. Que Cbarlot * allurne fon feu, De fes libelles qu'on "s'arrachef Sur un habit couvert de taches Une de plus paroit bien peu. * Nom du Bourreau. A Ia page ijq. 6 Mars 1774. Par les arrange.nens prj* au fujet de M Dumourier il ne doit point être Jibre tout de fuïte ; il doit paffer avant dans une aurre prrfon:en fortant de la Baftille, il fera transféré au cbdteau de Caen;mais on a fait entendre que ce ne feroit que pour la forme & pour peu de tems. La familie fe flatte toujours que s'il fe conduit bien dans ce nouveau féjour, M . Je Duc é'Aiguillon ne laiffcra pas enfouir Jes talens de ce militaire diftingué & les mettra incesiamment en oeuvre. A la page iöi. Le 3 Mars 1774. Tous les InfpeQeurs généraux de 1'infmterie s'alTemblent deux fois par femaine chez Mr- le Maréchal Duc de Biron, pour examiner les nouveaux principes de Tacr.iq.ie de M\ le Baron de Pirch , fuivant lefquels ia garnilon de Lan* dau a é é exercée: un bataillön des gardes francmfes a exécuté Ie 4 de ce mois dans la  C 209 ) plaine de Grenelle quelques-unes de fes manoeuvres propofées; il paroït qu'il n'y a qu'une voix fur leur excellence & fur Ie mérite perfonnel de eet étranger. Ala pageit5i.Le9 Mars 1774. Mr.Dumou< rier, Colone] au fervice de France, fuivant 1'efpoir qu'on en avoit donné k fa familie , vient d'être transféré au chateau de Caen. Mr. de Segur a été conduit au chateau de Loches, & Mr. Favier efi: refté malade k la Bastille. Comme on n'a eu aucune communication avec ces prifonniers, on n'eft pas mieux inïtruit fur la caufe de leur détention. La familie du premier compte toujours fur un élargiffement abfolu & prochain. A la page 161. Le 10 Mars 1774. Le Sieur du Rozoi, après avoir fait de petits & de grands vers, des recueils, des poéfies, des tragédies, des opéra, des romans, des histoires, des journaux, & avoir ainfi échaffaudé 1'édifice de fa gloire trèsfragile, commencé è fonger au folide. II propofe un Gazetin du Patriote, ou Annonces des naijjances, des mariages, des morts. II répand un Pro/peetus trés emphatique, oh il prouve comment eet ouvrage doit réunir 1'utile a 1'agréable ; comment il eft nécefTaire ,indifpenfable; comment fes feuilles volantes feront infinimenc plus effentielles que les regiftres publics oh de tout tems font confignées ces époques importantes de Ia vie de chaque citoyen: afin de procur«« h fon Gazetin toute 1'utilité dont  C 213 ) il efl Tufceptible, ce graDd politique veut que chaque Province aic Je fien. Le premier Numéro paroïtra le mardi 15 Mars & ainfi fucceffivement tous les mardi & famedi de chaque femaine. A la page 161. Le n Mars 1774. Le Sieur Baugé, Caiffier de Mr. le Maüre, Tréforier de 1'artillerie & des fortifications, homme grave & d'un age mür,marié depuis longtems, mais féparé de fa femme,quoiqu'exiftante èParis, a eu 1 imprudence d'y contradler un fecond mariage affez publiquement pour que quelques perfonnes le fguffent. Cela a duré deux ans & c'eft par la jaloufie d'une autre mahreffe, qu'une lettre anonyme a inftruit Mr. le Maüre de cette polygamie. Ce financier ayant bien vérifié la chofe, a fait compter fon caiffier, qui s'eft trouvé en deficit de quarante mille livres: il s'en eft trouvé quitte a bon compte & a été renvoyé. Ce malheureux va s'expatrier pour fe fouftraire a la rigueur des loix. A la page 102. Le 12 Mars 1774. Outre les afiemblées qui fe tiennent chez Mr. le Maréchal Duc de Biron pour les changemens è faire dans les évolutions de 1'Infanterie, Mr. le Duc d'Aiguillon a nommé quatre Maréchaux de France qui, par ordre du Roi, s'aflêmblent encr'eux fur le fait des armes & de 1'artillerie. A la page 1(53. Le 13 Mars 1774- Les quatre Maréchaux de France qui forment 1'ef-  («II) pece de confeil établi par Ie nouveau Miniftre de la guerre fur Ie fait des armes & de 1'artillerie, font M». le Maréchal Duc de Richelieu, le Maréchal de Contades, le Maréchal Prince de Soubife & Ie Maréchal Duc de Brogiio. Ils ont dü choifir chacun un Lieutenant-général pour 1'affocier a leurs délibérations. L'objet eft de ftatuer quel eft le mei!leur fyftême,de celui de Mr. de Valiere, ou de celui de Mr. de Gribeauval, pour fixer invariablement le calibre, Ia forme des canons, desfuGls, &c. L'on continue è faire les manoeuvres de Ia nouvelle Taólique propofée par M\ le Baron de Pirch. Vendredi les Gardes Frangoifes avoient eu ordre de s'affembler au champ de Mars. Mais le mauvais tems a obligé de remettre eet exercice. A Ia page 163. Le 13 Mars 1774. C'eft au chateau de Dourlens que doit être transféré Mr. Fa-vier, lorfque fon état le luipermettra. II pafte pour être l'auteur du manufcrit intitulé j le Tableau efquijjê de la fermentation qui agite atluellement VEmpire Ottoman, la Ruffie & la^ Pologne. II eft facheux que eet ouvrage trés bien fait n'aille que jufques au commencement de Ia guerre entre ces diverfes Puis: ; fan ces. > A la page 1Ö3. Le 14 Mars 1774. On s'occupe Ïentement, mais conftamment, de tout ce qui peut tendre è Ia falubrité de Pair dans cette capitale, a fa propreté, a fon embellifrement. II eft queftion aujourd'hui d'une  C 212 ) nouvelle place aux veaux k établir au lieu qu'on appelloit les Marais des Bernardins. L'Architedte y prépofé fe difpofe a en faire un monument public , comme le marché aux bleds, en évitant les inconvéniens de ce dernier qu'on accufe d'être mefquin. II doit y avoir k cette place vafte une principale rue pour entrée, & d'autres latérales. Le projet étoit de ne donner a celles - ci que vingt • quatre pieds de largeur avec un trottoir; Meslieurs les Tréforiers de France, faits pour préfider aux cbemins & édifices publics, réclament 1'exécution des régiemens qui prefcrivent trente pieds. C'eft la matiere d'une conteftation qui dérange les plans & arrête 1'activité de la befogne. A la page 163. Le 15 Mars 1774. L'affaire de MA le Chevalier de Foucault fe pourfuit a Rennes contre Mr. de Menou. Mais, indépendamment de celle - la il en a une autre dont les fuites devroient être trés graves,relativement k la loge du Roi qu'il a voulu occuper k la comédie & qui efl: en commun avec le Commandant & le Premier Préfident de Ia Chambre des Comptes. En 1'abfence du premier, il prétendit y entrer: la familie de ce dernier qui en avoit pris poffeffion, s'y oppofa, quoiqu'il y eüt une place vacante. Le Major, remplagant en ce moment Mr. de Menou, fit mine d'uferde fon autorité pour faire enfoncer la porte par la garde : toutefois, par égard pour les Dames . l'abbé Terrai & des difpofitions fages qu'il a combinées pour poufTer 1'entreprife avec vi>ueur A la page 173. Le 1 Avril 1774. La chan. fon dont on aparlé efl mthulée Jugement d'un chacun de Mr. de Beaumarchais, furl'air, mon coufin l'allure, &c. ' Chacun dit a Bertbier, gros vilain, Tu es toujours le même, Intendant fans entendement, Et juge fans le moindre jugemenf Voila, gros vilain, l'allure, gros vi'ain, Voila, gros vilain , l'allure. Chacun ayant vu tous les vilains Déja couverts de blame K3  ( 222 ) Qaand fur les fleurs de lys des vilains II voit Ia bande infame, des vilains, Chacun'ia met fur 1'épaule des vilains, Chacun Fa met fur J'épaüle!, Chacun condamne aux frais du procés Baculard & ó'Ayrolles, Et Marin & Goezman Valentin , Et la modefte femme du vilain, Tant que mort s'enfuive a fe voir baffbués, Baffoués tant que mort s'enfuive. ' Pour avoir tenté Dame Goezman ïvialgré fon tems criüque. Puifque mieux que n'a fait Cicéron, Beaumarchais, tu dois faire une oraifon, Chacun te juge a faire du Parlement La belle oraifon funebre. A la page 173. Le 1 Avril 1774. La beauté du tems a rendu la promenade de Longchamps cette année encore plus brillanteque de coutume. Le bruit qui avoit couru que Madame la Dauphine honoreroit ce fpeftacle de fa préfence, avoit augmenté la föule. On imagine que la crainte de 1'embarras des voitures a empêché qu'on ne fit voir a cette jeune Princeffe une promenade auffi Jigne de fa curiofité. M*. le Comte ÜAranda, Ara-  C 223 ) baffadeur extraordinaire d'Efpagne, a furtout atciré les regards par Ja magnificence de fon train. 11 étoit précédé d'un caroffe de fuite. Ml,e. du Thé n'a pas moins frappé par 1'infoJence de fon luxe: elle étoit a fix chevaux. A la page 173. Le 1 Avril 1774. Les changemens confidérables faits dans 1'artillerie depuis 1765!, ont été combattus dans un ouvrage intitulé: Traité de la défenfe desplaces par les contremines, avec des réflexions fur les principes de 1'artillerie, attribué è feu Mr. de Volière. Mr. Je Duc de Choifeul, dont i'auteur attaquoic les opérations, ne s'oppofa point a fon livre; M'.de Gribeauval qui3voic principalement dirigé Ja befogoe du Miniftre regarda eet écrit comme fans conféquence & n'y répondit pas. Depuis on a imprimé Obfervations fur un ouvrage attribué d feu M\ de Volière, donc le principal objet étoit de faire voir 1'abfurdité d'attribuer cette osuvrepofthumeèl'Officier général en queftion. Enfin le dernier ouvrage en ce genre eft/'artillerie nouvelle ou Examen des changemens faits dans Vartillerie frangoife depuis 1765, par M*** ci ■ devant Lieutenant au corps royal d'artillerie. Ce Traité diffus & fans méthode, comme tout ce qui fort des mains de gens peu accoutumés a écrire & h rédiger leurs idéés, contient fort au long 1'état de la queftion qu'on agitoit alors. L'auteur examine fi ies changemens qui ont eu lieu depuis la paix K4  C 224) dans tout ce qui appartient k 1'artilterie frangoife, font avancageux; fi le Roi de France, comme quelques-uns ledifent, efl fans artillerie; ou fi, comme d'autres le prétendent, il en a une infiniment meilleure. On y traite d'abord des changemens faits a ce qui appartient è 1'artillerie de campagne ; enfuite de ceux qui concernent 1'artillerie de fiege & de place: on paffe de-la è ceux qui font communs k ces différentes efpeces d'artillerie; on termice par confidérer les mutations non moins confidérables, opérêes dans le perfonnel de 1'artillerie, c'eft - a •> dire, dans le corps deftiné k fon fervice, Avanc 1732 rien de réglé, rien de conftant pour le nombre, 1'efpece desdifférens calibres & leurs proportions. Celadépendoit du caprice des fondeurs. On n'avoit fait attention principaiement qu'è 1'ufage de 1'artillerie dans les fieges, & c'eft en conféquence de ce fervice & du peu d'ufage dont elle étoit dans les batailles, au moins relativement au róle qu'elle y remplit aujourd'hui, qu'on détermina les proportions des pieces de canon en 1732. On doit cette ordonnance a Mr. de Valiere. Mais il n'en réfulta d'autre fruit que 1'uniformité & la fixation d'un certain nombre de calibres. Lorfque dans la guerre de 1741, le Roi de Prufie eut adopté 1'ufage déja établi par les Suédofs de mêler dans la Ligne du canon léger, qu'il mulciplia bien plus qu'eux, il fallut  c 225 y ■ fallut que fes ennemis en fiffent'autant, fous peine d'être bactus. Ce Prince même, regardant, lors de la paix qui fuivit, les Frangois comme fes alüés naturels, les engagea 4 fe conformer a la nouvelle méthode qu'il adoptoic & perfeéb'onnoit de plus en plus, & fur laquelle les Autrichiens avoienc enchéri, Ce fut aux confeils de ce Prince que les Frangois furent redevables de cette piece Suédoife qu'on attacha è chacun des bataillons pendant la paix qui fuivit la guerre de 1741. Mais 1'artillerie de Pare étoit reflée dans Ie même état de pefanteur, quoique le Roi de PrulTe & les Autrichiens euflént combiné la mobih'té de celle- ci avec celle des pieces des régimens & diminué prefque moitié fur les calibres de longueur, ainfi que fur la mat.iere. Ces deux Puiffances dans la guerre de 1756 firent fept campagnes avec cette artillerie moderne & fe font confirmées dans 1'excellence de leur méthode. , Mr. le Maréchal de Broglio fut le premier qui entreprit en France d'óter a l'Artillerie de Pare fa pefanteur; ce qu'il ne put faire que trés imparfaitement. L'Artillerie de bataille étoit dans eet état èla fin de la guerre, lorfque le Roi deFran. ce rappella d'Autriche M>. de Gribeauval, qur joignoit è une eonnoifiance parfaite de IWcien état de 1'arcillerie, I'expérience la plu» cornplette des changemens que les Autrichiens  ( 225 ) & les Pruffiens avoient jugé è propos de faire dans la leur, puifqu'il venoit de commander celle des premiers pendant plufieurs campagnes , & qu'il avoit toujours eu en tête celle des autres. Sur les différens changemens qu'il propofa, 1'on ordonna des épreuves: elles commencerent k" Strasbourg en 1764: elles fe firent avec la plus grande publicité. Tous les Officiers d'artillerie en garnifon dans cette place, au nombre de plus de cent, ainfi que tous les autres furent accueillis. Elles durerent pendant quatre mois; il en réfulta: li Qu'on détermina è quel point il étoit poffible d'alléger les pieces qui font è la fuite des armées, pour fe compofer une artillerie auffi mobile qu'étoit devenu celle des Puisfances avec lefquelles on venoit de faire Ia 'guerre, en laiffant d'ailleurs a cette artillerie la folidité néceflaire pour le fervice & pour 1'effet général qu'on devoit en atcendre. 2. Que les pieces anciennes dans tous les calibres n'ont aucun avantage fur les pieces nouvelles quant è la régularité des portées, ni quant a la juftefle du tir, qui font les objets effentielsjlorfqu'elles font tirées les unes & les autres avec leur charge de poudre, avec les mêmes boulets & jorfqu'elles font pointées h même élevation. 3. Qu'aucune des pieces nouvelles de 12, de 8 & de 4 même, n'avoit une portée moindre de 500 toifes, quoique réduites h 13 cali*  C 227 ) brés, & quoique tirées fous trois degrés: portée de beaucoup excédante a celie oh Pon peut tirer fur des troupes avec quelque jüfteffe, , Mr. de Gribeauval propofa enfuire de réduire le vent du boulet è une ligne; ce qui devoit produire: i. Plus de juftefTe dans ie tir: 2. Moins de fatigue pour les pieces: 3 Une sugrnentation des portées. II fut démonrré enfuite qu'en réduifant de moitié environ de leur poids les pieces de 12, de 8 & de 4, elles auroient la mobilité demandée par les Généraux, & indifpenfable par les changemens furvenus dans la tactique & dans 1'artillerie des autres PuilTances; que eet allégement leur laifferoit encore une portée excédente, celle qu'on devoit cbercher & la folidité au moins fuffifante pour le fervice qu'elles devoient remplir. Enfuite on raccourcit,on diminua lesaffuts de poids, ainfi que leurs rouages & leurs avant - trains, ,& 1'on parvint a ne faire pefer que treize quintaux la piece de quatre & fon affut, tandis que, fur fon affut, 1'ancienne en pefoit vingt & un. On corrigea 1'inconvénient que fa légereté lui occafionnoit par trop de reeul & 1'on répara par la précifion du travail la vigueur qu'on lui ótoit par la diminution de matiere. De - la la légéreté de la manoeuvre des pieces de bataille; enforte qu'une piece de 4 roule trés facilement en tout chemin avec K <5  C 2 a8 ) qratre & même avec trois chevaux,& qu'avec huk hommes, au moyen de bretelles <5c de leviers placés au ceintre & è la crofle, elie avance ou recule en tout terrain, aufli vfte qu'une troupe d'infanterie peutmarcher. M'. de Gribeauval avoit auffi changé les caiffons dcftinés a porter leurs muniüons. II porta encore 1'attention fur d'autres objets qui, réunis, ont bien plus facilné le charroi: que 1'allégement des piecgs & des affuts. Les changemens h 1'égard des pieces de: fiege & de défenfe n'ont pas été fort confidérables. Les pieces de 24, aidées d'un nombre proportionné de pieces de 16, en forment je fond principal. Ceux a 1'égard des Mortiers ont été plus. grands, parceque c'étoit la partie la plus infortae. L'auteur entre Ja-deflus dans desdétails longs & favans, oh 1'on ne peut le fuivre. A 1'égord des changemens communs a 1'artillerie-'de campagne & a celle de fiege & de pl'ace; ils confiftent, 1. dans la nouvejle-, maniere de pointer les canons: 8. dans lest améliorations relatives aux gargouflss, bouJets,&c: 3.a 1'égard des cartouches; 4. rélativement aux fontes: 5. a la réception des. fers coulés: 6. l'auteur parle des nouvelles, «onftruétions, de leur uniformité, leur précifiön, leur prix, de la facilité des rechanges.. Le* changemens' faits dans le perfonnel de BuüUsrie- ont été écablia üit Le. principe-  C 229 > trés fimple de fixer combien d'hammes il faïIon pour fervir 'une piece de canon, en temsde paix; combien, en tems de guerre; &, ce nombre fe trouvant le meme pour toutes les bouches a feu,'i! en a réfuké ia compofition des ei'couades de eanonniers & de bomjardiers, la réunion des eicouades pour former une divifion , & celle des divifions pour former les compagnie*. Le nombre des bas-officiers, celui des officiers par compagnie a été déduit du même principe & la comp'jfition. des Régimens & de leur Erat - Major s'en eft enluivie. Le nombre des foldats exiffans lors de cette formation nouvelle, s'eft trouvé en confé* quence diminué de cinq eens foixante en temsde paix, & de quatre eens en tems de guerre; quoique, par ce même arramrernenr. 1p nnm!' bre des bouches è feu fut envjron doublé. Le nombre- des officiers a écé au. contraireun peu augmenté.. Malgré ladiminution eonfidérable fake dansle nombre des foldats,on a cependant trouvé par la conftitution nouvelle du corps de 1'artillerie, le moyen de fournir au fervice de tout le canon de régiment, quoiqu'on ait doublé ce canon, en nombre, pour fe trouver au moins de pair avec ies Puiffiinces contre lefquelles on pourroit avoir la guerre. Ce fervice devenu trés eonfidérable par Ie doublement de canons, fe trouve.rempli au, moyen de quatorze eens hommes d'artillerie  C 230 ) de plus qu'il ne feroit néceffaire en tems de guerre, pour le fervice des bouches a feu de pare & de fiege. Le Roi a été, par cette augmentation, dispenfé d'entretenir dans Pinfancerie deux mille hommes en tems de paix, &, en tems dé guerre, trois mille deux eens, avec au moins deux eens fergens & cent officiers de plus. Enfin lesExercices de pratique & de *iéo. rie fe font reffentis des principes nouveaux de 1'artillerie ; les Ecoles font devenues des Ecoles réelles de guerre. L'auteur refute enfuite les objeótions contre la nouvelle artillerie & furtout 1'ouvrage récent inutulé EJJai fur 1'ufage de 1'artillerie dans la guerre de campagne Sf dans celle de fiege, par un officier du corps, qu'il 1'emble vouloir faire entendre être Mr. de S*. Auban* Mais il profite de ['incognito que veut garder eet Officier général, pour le bourrer d'importance & lui faire voir 1'abfurdké de fes maxi' mes, ou leur inutilité. A la page 173. Le 1 Avril 1774. Depuis quelques jours le bruit court que le Marquis de Monteynard efi inculpé dans TafFaire de la Bailille, dont les prifonniers font difperfés dans différens ch&teaux -forts. On veur par]er de Mr\ Durhourier, Favi"r & Segur, On prétend que 1'Ex-Secréraire d'Etat a euordre de fe tenir éloigné de la cour, au moins de dix lieues; ce qui 1'oblige de quitter Paris. On ajoute que.le Comte de BrogUo s'y trou-  C 231 ) Tant auffi compliqué, eft eonfirmé dans foa exil. A Ia page 173. Le 2 Avtil 1774. On continue a s'entretenir du défagrement qu'a elTuyé Ie Marquis de Monteynard. On 1'attribue è fa facilité erop grande de fe laiffer aller aux infinuations du Comte de Broglio , qui 1'avoit engagé a penfionner Mr. Dumourier h Hambourg, comme envoyé par le Roi pour apprendre les manoeuvres étrangeres des troupes, tandis que lui Comte de Broglio animoit particulierement eet émiffaire & le fai. foit travailler fous main è exciter une fermentation parmi les Princes de 1'Empire &■ les villes Anféatiques , afin de parvenir a une guerre générale. A la page 173. Le 2 Avril 1774. L'orage commencé è s'élever contre leBaron de Pircb, & 1'on croit que le Miniftre de la guerre, paroiffant affedter la neucralité la plus grande a eet égard , eft intérieurement difpofé a ne point adopter le fyftême moderne. II en a fait renvoyer 1'examen aux quatre Maréchaux de France déjè ralTemblés pour Ia difcuffion de ceux d'Artillerie. On fait qu'il n'aime point le Maréchal de Biron, & il fuf. fit que celui-ci foit engoué des évojurjons propofées pourqu'ellesdéplaifent au M niftreDuc. A moins donc qu'il ne foit démontré qu'il faille abfolument changer notre tactlque, poür fe mettre en état de faire face aux ennemis,en cas de»guerre, fans défavantage,  C 232 ) on ne croit pas qua les manoeuvres d'aujouia'hui prévalent. A la page 174. Le 4 Avril 1774. On ne peut nier que depuis que les Sieurs Garimés, Gojfec&i UDuc préfidentau concert fpirituel', il ne foit dirigé avec plus d'intelligence & degoüt:il y regne furtout une grande variété dans le choix des ouvrages & des gens a talens qu'on y employé. Cependant la froideur de ce fpeclacle en éloigne toujours beaucoup de gens qui veulent du mouvement & de la fcene pour y fuppléer un peu. On a imaginé de donner quelques oratorio dans cette quinzaine. C'eft ce qui a eu lieu lundi 28, ou 1'on a exécuté Samfon, qu'on a ridiculement appellé fur 1'afBche orateire frangois ' Quoi qu'il en foit, eet oratorio eftfpris, quant aux paroles, de 1'opéra de Mr. de Voltairt\ intitulé de ce nom. Ainfi voilé encore une fcene ou n'avoit jamais paru ce pcëte univerfel, qui lura procuré un nouveau triomphe; gra» ces, il eft vrai ,è la mufique du Sieur de Mereau, organifte de 5'. Sauveur. Ce compofiteur, qui avoit déja donné aux Italiens la resfource cemique, oh 1'on avoit remarqué beaucoup de talent, en développe encore plus dans eer ouvrage. La mufique en eft grande, noble, majefiüeufe, pïttorefque: elle a produit un merveilleux effet, & 1'onexéeutede* main pour la troiïïeme fois dans la même femaine ce morceau qui a attiré beaucoup-* dTamateurs. Ia DenjoifeJie Larrivée x le*  C 233 ) Sieurs le Gros Sc Beaumlet s'y diflinguent pour 1'exécution. Ce nouveau genre de fpec« tacle ayant pris, on annonce le facrifice d'Abraham. A la page 173-. Le 5 ^wi'1774. Quoi qu'il y ait déja dans ce pays-ci de trés grandes en-' traves pour 1'impreffion des ouvrages, on vient d'en mettre une nouvelle qui gêne beaucoup les auteurs & dont ils gémilTent. Autrefois, quand le maHufcrit étoit figné d'unCenfeur, il ne fouffröit plus aucun retard pour 1'impreffion, &, dès qu'il étoit imprimé, il étoit mis en vente fans autre cérémonial. Cette première approbadon ne fuffic pas aujourd'hui; il faut que 1'ouvrage imprimé foin encore revu & fubiifeun fecond examen. La raifon efl que plufieurs auteurs éludoient la cenfure, en refb'tuant fouvent des endroits rayés ou profcrits par 1'approbateur; que d'ailleurs on diflingue bien plus nettement un livre imprimé; que 1'attention n'étant plus fatiguée è débrouiller une minute informé Sc mal écrite, fe porte teute entiere fur le fens des chofes. On compte éviter ainfi la contradidtion qui arrivoic quelquefois de voir un ouvrage fe vendre publiquement pendant quelque tems avec toutes les formalités requifes, Sc profcrit enfuite par un Arrêt du Confeil. Mais cela effraye les auteurs Sc plus encore les imprimeurs, qui courent rifque d'ê. tre arrêtés dans le débit d'un ouvrage dont 1'édiuon entiere peut ainfi refter a leurs fraig^  ( 234 ) Cela tend fourdement a Ja deftruéh'on de Ja liet ér at ure, & è introduire. 1'ignorance par degrés, fuivant les principes du .defpotifme. A la page 177. Le 5 Avril 1774. Le fuccès de YOratorio de Samfon a excité les compjofiteurs. Le Sieur CamUni a donné lundi le facrifice a" Abraham, dont la mufique a fait auffi fenfation parmi les connoiffeurs; malbeureufement il a voulu compofer les paroles qui ce répondent. pas au refie. A la page 177. Le 5 Avril 1774. M.M. les Tréforiers de France ont forcé les Entrepreneurs de la nouvelle place aux veaux dönt on. a parlé, de donner a toutes les rues qui y correfpondent trente pieds deiargeur ,au lieu de vingt - quatre. A Ia page 177. Le 6 Avril 1774. Mr. Ie Baron de Bon, Minifire Plénipotentiaire" du Roi è Bruxelles, efi rappellé, &; Mr. le Vicomte d'Adhemar le remplace. C'eft celui qui _ voyageoit en Kuffie & dont on a déja parlé, qui donnoit dans ce pays-la le ton pour les modes & les fêces , & qui étoit admiré de tout le monde , excepté de 1'Impératrice. On préfume que la cour aura été contente de ce petit effai, va donner lieu a ce Seigneur, en le revêtant d'un caraótere, de développer fes talens en politique. A la page 178. Le 7 Avril 1774. Le mercrédi faint Ie ChStelee a jugé p'ar" contumace le procés inftruit contre le .Cntid^m, agres-  ( 23T > fcur de Mr. de Saint Auban, fur Ié bouTe*» vard. Par Ia fentence imprimée, mais non affichée ni même vendue, il confte que ce Quidam étoit le Baron de Chargey, neveu de Mr- de Bellegarde, 'condamné a être rompu vif, eomme atteinc & convaincu d'avoir tiré un coup de piftolet k fon adverfaire; d'être enfuite venu fur lui'avecun coüteaude chafTe affilé, pour le percer par derrière, & d'avoir tiré un fecond coup de piftolet q-ui a manqué. Cette fentence doit s'exécuter en effigie après Ia quinzaine a la barrière du Temple, lieu oü le délit s'eft commis. A la page 178. Le 7 Avril 1774. Le Régiment des Gardes franeoifes a interrompu fes nouvelles manoeuvres pour reprendre les anciennes & fe mettre en état de paffer Ia revue devant le Roi, dans lë tems & de la maniere d'ufage. A la page 178. Le 7 Avril 1774. Les amateurs des fp^étacles forains, reis que ceux de JVicolet &..d'Audinot, font dans de grandes tranfes; ils en craignent la fuppreffion. II eft queftion d'impofer fur eux le quart des pauvres. Ces hifbions ont faic des difftculrés, & 1'on s'en eft prévalu pour les menacer d'une êxunélion totale. Les autres fpeélacles ne feroient point fachés de cette deftruction, & leurs parti fans & proteéteurs appuient la querelle. On croit cependant qu'avec la rétribution demandée, ijs en feront quittes.  C 235 ) A Ia page 178. Le 8 Avril 1774. Le Sieur Torré* rouvert fon Wauxhall fur le Bouleyard le lundi 4 de ce mois. La beauté du tems ]av0It déterminé è prématurer cet[fi. cérémonie lYlalheureufement il a changé depuis &. fon fpectacle n'a Pu être briliant. Le colyfée menace auffi par des affiches de rouvnr encore cette année: on ne peut concevoir 1 obftination des entrepeneurs è fe ruioer pour fatiguer le public d'un monument qui lui dépJaft. A la page 178. Le 8 Avril 1774. On veut que le réfultatdesconférences des Maréchaux de*rance& autres Officiers-généraux affemWés pour 1'examen des différens fyftêmes d'artiilerie, ait été, comme on 1'avoit annoncé, ce prendre un parti mixte^ c'eft-è'-di^. de fabriquer les canons pour'les fieges "fuivant Jes principes de M'. de Volière, & ceux de campagne fuivant les principes de !VP. de Gribeauval. A Ja page 178. Le 8 Avril 1774. Suivant ies dernieres lettres de Petersbourg, Je Sreur Diderot prend de plus en plus auprès de 1 Impératrice des Ruffies : cette augufte Souveraine ne peut fe paffer de lui, & I'oa doute qu'eJJefe déterminé ale laiffer revenir, comme il 1'avoit annoncé. II eft vrai que le furplus de fa cour goüte peu ce Philofophe, & qu'en général il n'a d'agrément que dans la fociété de Ja Czarine, qui dépofe pour lui teute ia majefté du tröae.  • ( a37 ) A Ia page 173 Le 9 Avril 1774. Confidêra. ttons polüiqws & philofophiques fur les affaires préfentesdu Nord, &> particuliéremeni L cel. les de Pologne. Tel eft ]e titre d'une nouvelle brochure, après laquelle courent les politiques de ce pays-ci. Quoique les malheurs de cette république infortunée y foient décrits avec autantde foj-ceque d'étendue, l'auteur s'y exprime avec beaucoup de modération contre les Puiftances co. partageantes. auxquelles il prodigue même des éloges II ne peutdiffimuler furtout les vexationsinóuïes dont les Rulles ont opprimé les Polonois , mais il rejette tout fur le compte de 1'abus du pouvoir des,chefs & prétend que la Cza. nne a ignoréjïes horreurs dont ils fe font rendus coupables. L'objet principal de eet ouvrage eft de dif. culper le Roi des reproches qu'on lui fait fur fon indolence & fon inertie. L'écrivain eertifie que ce Monarque a fait tout ce qu'il pouvoit faire; ce qui eft lui fuppofer une grande ïmpuiflance. Du refte, on y trouve des détails inftructifi fur le gouvernement de Pologne, fur les abus qui en étoient infépatables, Sc la conclufion naturelle eft Ia nécesficé d'une réforme, ou même d'une refonte de la conftitution vicieufe de la république. ' A la page r79. Le 10 Avril 177.4. On dit que M: Ie Contróleur-général a forte. ment è cceur de confommer Ja conftruéïion du Louvre; qu'ij vjfitera par lui-même les  C 238 ) cravaux; qu'il piquera de tems en tems les ouvriers, &, qu'au moment oü 1'on s'y attendra le moins , on efpere le voir fur Véehaffaud. A la page 179. Le 11 Avril 1774. Comme on perfifle toujours a vouloir transférer les Fermes a la Bibliotheque du Roi, qui doit aller au Louvre dans quatre ans, fi le projet de M'. l'Abbé Terrai s'effeftue, & que la Compagnie des Indes qui fert de Bourfe au« jourd'hui, feroit englobée dans les nouveaux arrangements ; on parle de eonftruire une Bourfe a 1'ancien hótel de la monnoye, ce qui la mettroit au centre du commerce & de la capitale. A la page 179. Le 11 Avril 1774. On ne faura gueres le réfultac des différentes conférences quife tiennent chez les Maréchaux de France qui y préfident, que par les Ordonnances du Miniftre lorfqu'elles paroïtront; favoir, celle concernant 1'Infanterie rendue d'après le réfultat des feffions tenues chez Mr. le Maréchal Duc de Biron: celle concernernant la Cavalerie & les Dragons, d'après les affemblées tenues chez Mr. le Maréchal Prince de Soubize, & celle concernant les ,. Milices & Garde-cótes, d'après les réfolutions prifes chez le Maréchal Duc de Ri- A la page 180. Le 13 Avril 1774. Les' répétitions de 1'opéra duChevalier Gluck ont été fi tumultueufes, même les particulieres,  ( 239 ) q^e les Directeurs avoient pris Je parti de de. mander au Duc de la Vrilliere un ordre pour n'y recevoir perfonne: quant aux générales, celle du lundi a été plus nombreufe encore, s'il efl: poffible, que celle du famedi; & cela n'a point empêché ni troublé 1'exécution, qui S'eft faite avec la plus grande préeifion. Dans Ja repétition du famedi on avoit difpofé une loge grillée, oü tout Je monde veut que foit venu Madame la Comteffe Dubarri. A la page 180. Le 13 Avril 1774. Le Confeil des Marécbaux de France & des Officiers ■ généraux dont on a parlé concer» nant 1'ArtilIerie, a auffl fini & arrété fes délibérations , & le Miniftre de ia guerre fe difpofe en conféquence a faire parofcre une nouvelle Ordonnance qui réformera celle de 1772 , & par laquelle on reviendra è ce qui avoit été réglé en partie en 1763- fous le Miniftere de Mr le Duc de Choifeul, A Ja page 180. Le 13 Avril 1774. Tout le monde étoit dans J'attente de Ja première repréfentation de 1'opéra è'Iphigenie, qui devoit avoir lieu hier: une extinction de voix: furvenue dans la nuit au Sieur Larrivée , Acteur eflenriel faifant leröle d'Agamemnon, 1'a empêché de pouvoir jouer, & a une heur'e & demie on a affiché a la porte de 1'Académie royale de Mufique un'avis., par lequel on annongoit qu'il n'y auroit point d'opéra aujourd'hui mardi 12, conformément aux ordres du Roicequi a fort fcandalifé le publie actroupé, On  C 240 ) prétend: 1. que les Directeurs devoient étre préparés è un pareil accident qui arrivé fouvent, & avoir un aór.eur prët è doubler le Sieur Larrivêe: 2. qu'au cas oü Pafteur ne voudroit pas fouffrir ce changement , en quelques heures de tems il devoit leur étre poffible de fubftituer la repréfentaiion de quelques fragmens , &c On a tout de fuite dépêché un courier è Madame la Dauphine, qui devoit honorer le fpefftacle de Ta préfence, pour la prévenir du contretems; mais cette Princeffe s'étant defünée a venir è Paris, s'y efl: rendue & s'eft promenée fur Jes Boulevards avec Mr. le Dauphin, M\ le Comte & Madame la Comteffe de Provence. A la page 181. Le 14 Avril 1774. La cupidiré des aéteurs de la comédie frangoife les a excités a multiplier encore leurs petites loges. Ils en ont ajouté cinq de chaque cóté fur le théatre & deux dans Ie parterre ; ce qui Ie rétrécic beaucoup & gênera infiniment la forte de public qui le compofe &* dont les hiftrions font peu de cas, fans le Sieur It Kaïn , qui regrette toujours Ie fauxbourg St. Germain k raifon du parterre d'alors, dont i! prifoit fort les critiques & les éloges. A la page 181. Le 14 Avril 1774. On a exécuré hier fur Ie Boulevard k Ia porte du Temple la fentence du Chatelet rendue le 29 Mars contre le Quidam, reconnu pour étre le Baron de Chargey 1 on y relate les détails du  ( 241 ) du crime d'affaffinat k main armée qu'on fitf impute envers Mr. de Saint Auban, & paune publicité aflécïée qu'on donne k ce cha. timent, en vendant ia fentence qu'on avoic affuré ne devoir pas 1'être, on óce k fa famille la confolation de voir enfévélie dans le Ulence cette funefte aventure. A la page 181. Le 14 Avril 1774. Les Sieurs Nicolet & Audinot fentant 1'impoffibi lité de fe refufer è la rétribution qu'on leur demande pour le quart des pauvres & crai gnant le malheur plus grand d'une ceffation abfolue, ont pris le parti de paffer par tout ce qu on a voulu & leur fpeétacle vient de fe rouvrir, A la page i82. Le 16 Avril 1774. Ce ïivre clandeftm qui a fi fort feandalifé les artiftes , & que l'auteur a été obligé de fuppnmer dès fa naiffance, au .point qu'il y en a trés peu d'exemplaires dans le public eft intitu é Dialoguesfurla Peinture, avec de. Notes. Ileftdivifé en neuf Dialogues LeS interlocuceurs font Milord Lytleïon; Monfeigneur Fabretti, Prélat Romain, & e SÏeur Remt, Marchand de tableaux. ón voicS bord que ce cadre, nuüement neuf, cft lè même que celui dont s'eft fervi l'auteur d'une petite brochure furie Sallon dernier, dZt ona rendu compte. Celle-ci traite auffi £ grande & très grande partie le même ob et Le premier Dialogue roule fur les tabieau'x  ( 242 ) expofiu'oD. Le fecond, furies autres grands tableaux d'biftoire. Le troifieme, fur les tableaux de genre. Le quatrieme, fur Jes peintres de portraits. Le cinquieme, fur les fculp'teurs. Le fixieme, fur les graveurs & les deffins. Le feptieme, fur les manoeuvres entre les peintres, les brocanteurs & marchands d'eftampes. Le huirieme contient des vues pour remédier aux abus, & pour réunir 1'Académie d'Architecfure è celle de Peinture & Sculpture. Le neuvieme renferme une critique des monumens de nos Archkecfes modernes. L'éditeur dans un Avis annonce que ces Dialogues font détachés d'une nombreufe. coliection qui contient un Cours complet des féances de ces étrangers dans nos Académies, Théatres ,Bibliotbeque*, Cercles &c. & qu'on eft en état de fournir la fuke, toujours enrichie de Notes, fuppofé que eet ouvrage plaife. A la page 182. Le 16 Avril 1774- II ne paroit pas que le livre des Dialogues fur la Peinture foit d'aucun des artiftes auxquels on 1'a fucceffivement attribué,ni mêmed'aucun'artifte; mais d'un homme trés verfé dans les arts, trés répandu parmi ceux qui les profeffent, trés au fait de tous les procédés, & en outre, homme de Jettres plein de goüt & de jugement. Une grande connoiffance de 1'antique 1'a rendu trés févere fur les productions modernes: cependant, quoiqu'il critique  C 243 ) nos Peintres »™ Sculpteurs, nos Graveurs, nos Defiinateurs, dos Architectes les plug eftimés, jl leur rend juftice, quand il ]e faur Son acharnement contre M'. Pierre, Je pre" mier Peintre du Roi, fur lequel il revient parciculierement, efi motivé; il en rend rai fon. Outre qu'il le regarde comme un des pnncipaux corrupteurs du bel art de Ia peinture parmi nous, il lui reproche fon empire defpotjque en vers fes confrères; Ia maniere infolente & barbare dont il traite les jeunes gens & étouffe ainü* les talens dès leur nais fance. Quoique I'écrivain ne s'étende pas autant fur 1 Architecture, & que les coryphées de eet art prétendent qu'il ne connoiffe pas cette partie auffi bien que Jes autres; ce qu'il en dit eft d'un gout jufte, für, précis & Jumineux, & fait voir qu'il en diroit beaucoup plus, s'il vouloit. H Quant au ftyle, s'il n'eft pas toujours correft silya quelques expreffions impropres quelques mots populaires, quelques penfées recherchées, entortiJIées; il eft eD g éra fimple, naturel, & dans Je genre du S gue: Jes interlocuteurs font bien choifis, p ° ent convenablementa leur qualité, & ce fivre eft, fans contredit, Je meijleur au' jourd hu. pour avoir une idéé vraie de péta a&uel des arts en France.. n,A m- Le 17 Avril I774 Uo, L £  C 244 ) doit enfin avoir lieu Ie mardi 19. On compte toujours que Madame Ia Dauphine honorera Ie fpectacle de fa préfence. A la page 184. Le 18 Avril 1774. L'A- cadémie des Sciences a été agitée d'une grande fermentation, il y a peu de tems. Elle avoit élu pour Adjoint Mr. Ficq d'Azyr, Médecin Confultant de Monfejgneur Comte d'Artois, & fuivant fon ufage avoit fait part de l'élecfion au Miniftre ayant Ie département de Paris, pour obtenirla confirmation de S. M. La lettre étoit venue ; mais avec Ia claufe que le Sieur Boer have füt nommé Adjoint i'urnuméraire.Cetatfe dedefpotifme a révolté 1'Académie; elle a nommé uneDéputationvers leDuc de Ia Vriüiere pour lui repréfenter combien ce coup d'autoricé bleffoit les privileges de la compagnie. C'eft le Chevalier d'Arcy qui a porté la parole & 1'a fait avec beaucoup de force & d'énergie: le Miniftre s'eft rendu, mais n'a point voulu avoir le démenti. On eft convenu qu'il retireroit ia première lettre, qu'il en écriroit deux autres , 1'une portant Ia confirmation de I'éïection du Sieur Vicq d'Azyr purement & fimplement par S. M.; 1'autre, oü Ie ^Roi marqueroit fon intention que Ie Sr. Boerhave füt nommé è une place de Surnuraéraire adjoint: ce qui a été fait, & 1'on s'eft contenté en cela, comme en beaucoup de chofes, de fauver la forme de part & d'autre, puifqu'au fond les chofes font reflées les mêaies.  C 245 ) A la page 184. Le 18 Avril 1774. Tout fedifpofe pour Ja prochaineentréea Paris de Mr. le Comte & de Madame Ia ComteiTe d'Artois \ elle doit avoir lieu è Ia fin de ce mois - ci, ou au commencement de Pautre. A Ia page 184. Le i8 Avril 1774. Le haptême d'un Juif fait a la paroiffede Sr. Euftacha la femaine derniere a produit un fpectacb édifiant pour la religion & cette cérémonie a attiré beaucoup de monde. On exalte Je zele du curé, auteur de la converCon. A la page 184. Le 18 Avril 1774. La cabale qui fe fomentoit fourdement contre le Chevalier Gluck commencé è fe développer davantage: elle a profité de la fufpenfion de fon opéra pour fe fortifier, fe combiner, 6c 1'on s'attend èdegrands événemens dans cette partie,è des critiques vives,è des efcarmouches , ades combats littéraires, qui feronc rire les gens dénués de tout efprit de parti. A Ia page 185. Le 20 Avril 1774. Mr. de Voltaire, dans une lettre particuliere è un de fes amis qui lui avoit faitl'élogede i'Epitrede Mr. de Skwaloff ,& lui en parloit comme d'un ouvrage auquel il le foupconnoit avoir eu part, s'échauffe a cette occafion & prétend qu'il n'eft pas affez impertinent pour fe louer ainfi lui - même; qu'elle eft toute entiere du Cham* bellao de 1'Impératrice: qu'il eft unprodige pour I'efprie, les gr.-ice«, la philofophie. II ajoure que 1'Impératrice des Ruffies écrit en profe auffi bien que ce Seigneur en vers, que leRoi h 3  C 246 ) de Pruffe caufe 1'admiration de tous les Frangois qui ie iifent. II finic par demander a qui 1'on doit attribuer ces progrès étonnans de uotre laDgue chez les étrangers; efi - ce aux Enigmts du Mercure? ajoute-t-il. On voit que, s'il fe défend d'un cóté de fe louer luimême, il Ie fait d'un autre d'une faconadroite, il eft vrai, & par iofinuation feulernent. Au refte , tous ces dits & contredits du Philofophe de Ferney font fi communs, qu'on peut facilement ajouter foi aux uns & aux autres. 11 eft conftant que Ie Rufie lui avoit adreffé une Epitre; mais que M1'. de Voltaire lui a tellement corrigé fon thême, qu'il n'eft pas refté un vers du premier. A la page 187. Le 24 Avril 1774. Le chateau que fe fait élever Madame Ia Comtefie Dubarri dans 1'avenue de Verfailles, k cóté de Ia maifon de Binet qu'elle a achetée* s'avance & fera conftruite pour Ie retour de Fontainebleau de cette année. Elle doit y établir un aumónier en titre: beaucoup de prêtres, de curés de campagne, d'abbés de cour briguent eet honneur. A la page 187. Le 24 Avril 1774. Extrait d'une lettre de Toulon du 16 Avril 1774. On avoit le projet d'établir ici une Forme, c'eft - è -dire un baffin-pierre, communiquant a Ia mer par des portes qu'on ouvre & qu'on referme, pour * y faire entrer les vaiffeaux qu'on veut radouber & les faire lefi'ortir; on n'avoit pu réuffir. Feu Mr-  C 247 ) Laurent envoyé dans ce Port par Ie Duc de Prajlin , avoit échoué a caufe des fourees qu'on avoit rencontrées dans i'endroic choifij, & des frais énormes qu'il en eüt coüté pour les deffécher ou les détourner. Mr. de Boynes qui s'occupe de toutes fortes de projets d'amélioration, a donné ordre au Sieur Groignard, Conftrurfteur de la Marine, rempli de talens, même pour le génie civil, d'examiner de nouveau Ia poffibilité de 1'entreprife. Celui-ci a imaginé de conftruire une forme en bois, de la lancer a Ia mer comme ua vaifTeau, de 1'arrêter en un endroit convenable, de la revêtir enfuitede magonnerie, d'y faire des portes &c. On a repréfenté que cette invention feroit trés difpendieufe, qu'iï y faudroit du bois de quoi conftruire deus gros vaiffeaux. Le Miniftre curieux de fignaIer fon adminiftration par des innovations brillantes & utiles, a voulu qu'on paffdt outre, & 1'on va travailler è 1'exécution. A Ia page 188. Le 25 Avril 1774. Mr. l'Abbé de LUle eft prêt depuis longtems, c'eft - è • dire a compofé fon difcours de réception & follicite la compagnie de prendre jour pour fa réception. Mais ces Melfieurs retardent & 1'on craint que Ia mort de l'Abbé la Ville ne foit un nouvel obftacle. Comme par cette mort, Mr. Suard occupe de droit Ia place du défunt, puifqu'il avoit été élu de la mime maniere que le premier; on propo. fe, pour la lingularité du fait, de reculer L 4  C 548 ) encore la réception de l'abbé de Lille, juf. qu'au délai de quarante jours érabli a 1'Académie Frangoife pour la nomination du fuccefieur è la vacance d'un fauteuil; &, quand Je fecond fera élu, de les recevoir tous deux enfemble. A la page i8g. Le 26 Avril 1774. II eft décidé que 1'entrée de Ma Ie Comte d'Artoit & de fon augufte compagne aura lieu le mercrédi 4 Mai. Quoique leurs caroifes de cérémonie ne foient pas prêts, 1'impatience du Prince De lui apas permis d'attendrece tems; ce qui auroit retardé la fête jufques a la fin du mois. A la page 189. Le 27 Avril 1774, La fu* rcur du public ne fe railentic point, malgré les partifans de la vieille muflque qui fe déchafnent contre I'opéra ö'Iphigenie. On doit y faire des améliorations dans les parties foibies, telles que les décorations & les ballets. Vendredi procbain on change ledénouement, qui fera exécuté avec tout le merveilleuxque comporte ce fpectacle. Diane interviendra & terminera fuivant Ie récit confacré par la fable. La Demoife!Ieffei?ze'& le Sieur Dauberval qui n'avoient point encore paru,doivent danfer, & 1'on répand le bruit que Madame Ia Dauphine doit venir revoir eet opéra embelli de tous les acceflbires en queftion. A la page 189. Le 28 Avril 1774. Mr- le Dauphin & Madame Ia Dauphine, Mr. le Comte & Madame la Comteffe de Provence font venus  C 240 ) vctjus mardi dernier fe promener fur les boulevards; ce qui avoit d'abord fait croire qu'ils étoient attirés par 1'opéra. On obferve en général que ces jeunes Prince? & Princeffes s'atnufent peu a la cour. On a vu dimanche dernier avec étonnement, au grand couvert, M'. le Dauphin dormir a table è cóté du Roi fon grand-papa, qui s'en eft appercu ótl'en a plaifanté avec bonté. A la page 189- Le 29 Avril 1774. Le Sieur Dauberval n'a pas manqué de témoigner fa re» eonnoilTance envers Madame la ComteJTe Dubarri dans une lettre encore fort rare, mais dont il tranfpire des copies: onyremarque Ja même aifance, la même familiarité qu'on a déja trouvées dans celle qu'il lui a écrite è 1'occafioa du mariage que cette Dame vouloit contracter du danfeur avec MiIe. Dubois. Cette nouvelle Epitre fur la quéte que 1'illufireproteétrice a bien voulu faire en faveur de cee homme a talent, efl; congue ainfi. Madame! ,, Quelles obligations ne voos ai-je pas, & comment lesreconnoicre.' Invefti, couvert, accablé de vos bienfaits, je viens d'éprouver de votre part une faveur unique & dom il n'eft aucun exemple en France, al'égarrJ d'un fimple homme a talent. J'étois abimé de dettes: 1'inconduite trop ordinaire dans notre état j la. difiipation dans laquelle nou$yi-  v'ods ; le luxe oh nous entrafne Ia fociéré briljante qui nous recherche; le gros jeu, devenu un befoin général, étoient les caufes naturelles de mon dérangemenr. Cela me donnoit peu de droit è 1'indulgence publique. Auffi tourmenté par mes créanciers,-ne fachanc comment les fatisfaire, j'avois pris le parti de m]expatrier,d'allerenRuffieoh J'on m'appelloic ótdontle ciel, tout rigoureux qu'i] foit, auroit eu pourmoi moins d'inclémence. Vous ti'avez point voulu, Madame, qu'une terre étrangere s'enrichït d'une perte bien foible fans doute & que vous avez daigné exagérer: vous avez prétendu qu'il feroic honteux que pour cinquante mille francs on laifllt partir un danfeur auffi précieux (ce font vos termes, & je rougirois de les rapporter fi 1'on pouvoit être modefte, honoré d'un fuffrage comme le vótre); mais ce qui feroit tourner une tête plus forte que Ia mienne, c'eft votre emprefferoent è faire participer Ja cour entiere au rétabliffement de ma fortune: affurément vous pouviez feule me fauver du naufrage; c'eüt été un filet d'eau échappé d'un grand fleuver il eüt été plus doux pour mon cceurden'avoir qu'une protecïrice... Que dis-je! je n'en ai qu'une en effet, & c'eft è vous, Madame, que je dois rapporter les bontés de tant d'illuftres perfonnages. Vous avez prétendu que tous, étant mes admirateurs, devoient concourir h me garderrvous avez écabli une foufcription, & vous fembliez n'ouvrir votre porte, qu'en  ( 251 ) proportion du zele qu'on metrorit è s'yinfcrire: c'étoit une vëritable taxe dont vous gré-viez ceux qui vous venoient rendre leurs hommages. Autrefois Madame la Marquife de Pompadour, cetre femme charmante qui vous a dévancée dans la carrière brillante oh vous en* trez. que les arts ont rendue immorrel'e, paree qu'elle les a 'oujours accueiilis & foutenus, fit faire une loteiïe pour Geliotte (ancien chanteur de Popéra); onadonnédes bals pour Grandval (ancien rdteur de la comédie francoifej; une repréfentation pour Meïé (acteur aft uel de la comédie frargoife): grands hommes . infiniment fupérieurs k moi & par leur talent & par 1'excellence a laquelle ils 1'onc porté. 11 vous étoit réfervé, Madame,d'envifager ma perte comme une calamité générale, & d'avoir recours, pour me conferver,a un de ces impöts extraordinaires, que le Patriotifme alarmé s'empreffe de payer a 1'envi. Mon dévouement plus abfolu que jamais a vos amufemens efl Ia feule maniere dont je puiffe vous témoigner ma reconnoiffance. C'eft aux artiftes, c'eft aux gens de lettres è vous célébrer plus dignement. Qu'eft-ce que le Génie ne doit pas attendre d une Divinité aufïï tutélaire, fi vous daignez faire tant de chofes a 1'égard d'un homme a. talent' , uniquement recommandable par le bonheur qu'il a de contribuer a vos plaifirs? Déja la Peinture, la Sculpcure, la Gravure fe fontdifputé lagloi're L 6  C 252 ) de tramrcettre a PEurope étonnée Tes graces féduifantes de votre figure ; déja les Muf es vous ont couronnée de leurs guirlande-; déja Te Pafriarche de Ja Lictérature, Je Prince de nos Poëtes & de nos Philofophes, le Vïeillard de Ferney, s'eft abailTé è vos genoux (On connoït la Lettre de Mr. de Voltairt è Madame la Comteffe Dubarri, publiée au mois de JuilTet dernier) & vous a, en fa perfonne, rendu les adorations & du Parnaffe & du Portique. Puifte fon exempie encourager ceur dont Ie refpedr captivoit lalangue! Qj'il s'éle» ve un coDcert général de vos louanges, & que Ie Sceptredes Arts & de la Philofophie, tombédés mains de la'Marquife adorable qu'ils pleurent encore, pafte dans vos mains & leur rende en vous une autre Minerve! Je fuis avec un profond refpecf, &c. Paris ce 10 Avril 1774-. A Ta page 191. Le 1 Mai 1774. C'éft au> jéudi 5 Mai qu'eft ftxé la réception de l'abbé; de Liile. Celui-ci a infifté pour avoir une Séance k lui feul, & pouvoir lire, comme on 1'a dit, un ou d^ux chants de la tradudbbn en vers du poëme de YEneïde. A la- page 19-2. Le 2 Mai 1774. Mr. Ie Cftevaherde Faucault, Major des ville & chateau de Nantes, réoand une réponfe en date du- 9 d'Avril , au Mémoire de Mf. de Me«aa» Lieu-ienanc pour ie Roi desdites ville &  ( 253 ) chSreao. II prétend que ce n'eft que d'aorès 1'ayis de Jur»eonfultes éclairés qu'il s'eft cru bien fondé a exercer contre faa adverfai re une aclion de dommages intéréts, & cue celur-ci, bien loin d'avoir prouvé qu'il n'avo.c po,ot eu de pan aux procéd . wlles dirigées contre leChevalier de Foucaül cice de rfnïCDdï qU 1 ,UI 3 füfdtés dans lün n ?3Ce' en ïtDPr,m«t Jes lettres dans JesquelJes ,1 portoit fesplaintes, il a" rendu iaccufé, il a donné è fa propre conduite des motifs que ceJui-ci ne pouvoit que founcon «er; qu'enfin Je calomniateur dans ce teS re malheureure eft celui qui, s'envebplt dj manreau de la difcrétioo, óu plutörTsombres de Ia fraude,a voulu fe ménager IWu • ru t , en cachant Ia main dont /por ók les" ' coups ;es pJus fuDeftes h VhQmeuJ ™ « qui r«t unprimer dam Ia Gazetre de T eWtó un faux avis; & qu'ainff le Chev de/0f eft juftement fondé i demander urerépa rat.on éclatante contre Mr. de Menen % tsr miHe Ws de ^>"r4i Bo^uifS^;^!„^^74,.Onan- erj ver. „n, , „M ; avtc m rteillard, ' Ëi*S*2, DOme 'e facé"e de ivf. de Veltairé eft encore trés fecrette. On dit Mr S "~ u" vers luivans, qu'il L i  c m) regarde coramè une ironie fanglante, un reprocbe de fon peu de goüc pour les arts: Monfieur l'abbé Tïrraypour lebien du-royaume, Préfere un laboureur, un prudent économe, A tous nos vains écrits qui! ne lira jamais... A la page 192. Le 4 Mai 1774- On a fait k la Bourfe une enceinte, efpece de fanctuaire, oh les agens de change peuvent feuls cénétrer pendant 1'heure des Négociations: fentrée en eft gardée, &, quand on veut par]er a l'und'eux,on eft obligédeledernander & il fort. Ona vouluprévenirpar-lkletmanceuvres d'une quantité de courtiers, d'apprentifc couriiers , de crocs & d'efcrocs, qui profatoient des inüruöions que pouroienr avoir les agens pour monopoler & faire tomber les effet» a v,l prix. Au refte ,eet endroit n eft pas d'une erande utilité dans le moment, ou la place eft dans une inaótion prefque abfolue par fétatfacheux de Sa Majefté. Alapagei92. Le 5 Mai 1774- *. plus plaifant que de voir IWeur de h Ga zette Eccléfiaftique dans fa feuille du 2y Avril reprocher au Sieur Marin d'être trop Philofophe. C'eft a 1'occaGon de la Üenne du a Avril,oh celui-ci prétend qu'un goftr. ,Dné uour la liberté eft 1'attribut des Peuples du demi-continent ieptentrional de 1'Aménque. On fait que les Pbiiofophes^ au contraire lui jepro'chent d'être trop firople, trop crédule»  C 255 D de remplir fon Journal de contes populaires, & furtout d'étre un fauteur ardenc du defpotifrne. Ainfi eet anitnaf amphibie, profcrie également de tous les partis, devient odieux même au gazetier eccléfiaftique & fera déformais obligé de fe fuffire è lui-même A la page 103. Le 7 Mai 1774. La requête préfentée au Roi & a Noffeigneurs de forr Confeil par la Dame Romain & Ie Sieur Dujonquay en cafiation de I'Arrët rendu contre eux le 3 Septembre par le Parlement de Paris, quoiqu'extrémement volumineufe,efi fi bien faite, qu'on ne peut en rien retrancber lans óter aux faits ou aux preuves leur développement & aux raifonnemens quelque chofe de leur force ou de leur clarté Après un début oratoire , mais co'urc ofi Maitre Drou réfume tout le fond de 1'affaire & annonce le courage qu'il lui a fallu pour entreprendre une défenfedont ilprévoyoit les dangers pour braver les orages qui pouvoient élever fur fa tête «Sc franchir les abrrnes enr'ouverts fous fes pas; il retrace en détail • FIT fV*1 érraD§e Procès. ^ ee qui 1 a précédé & Mm. Quoiqu'il emprunteb»™ coup de chofes des Avocats quiont éetirci a matiere avant lui & démontré jufques è lévidence linnocence de fesclienscc Ia juftice de leur caufe, il y en ajoute uneinfinité d'autres, «Sc furtout la liberté qu'il a vrailemblablement eue de vifiter les pieces fecrettes du procés, lui a fourni une quancité d'argumens  C 2JÓ ■) viétorieux tirés des dépoötions, recolemens, confroutations; enforte que cette requête eft deveoue un chef - d'ceuvre de logique. A la page 195. Le n Mai 1774. A la mort du Roi, tous les Grands qui écoient auprès de la feue Majefté, nepouvantapprocher de ia nouvelle k caufe de la maladie peftilentielle dont ils avoient pompé fair,ont été,fuivant 1'ufage, fe faire écrire feulernent chez le Roi acluel. M'. le Duc de la Vrilliere eft allé chez Madame la Dauphine devenue Reine , & de laquelle il a pu approcher, cette Princeffe ayant eu la petite vérole,pour demander les ordres de S. M. ou ceux que le Roi voudroit lui donner par elle: Ia Reine lui arépondu qu'elle n'en avoit aucun a lui intimer, ni de fon chef, ni de celui de fon augufte époux. Le Roi eft moEté en caroffe fur Ie champ, & tout Ie monde a crié vim le Roi. Quoiqu'il n'y efit aucun ordre donné, le Roi ayant jugé k propos que toute Ia familie royale füt raffemblée en ces jours de douleur commune, la cour entiere s'eft rendue èChoify. Mesdames font dans le petit chateau, <5t le Roi & fes freres font dans le grand. Mr. le Duc d'Orléans ayant conrinuellement réfidé auprès du feu Roi, n'a pu rendre fes hommages au nouveau. II eft a Saint Clou pour neuf jours. Tous les Miniftres par la même raifon font difperfés & 1'on ne croit pas qfil y ait de Confeil avant ce tems - Jiu  C 257 ) A Ia page 105. Le ri Mai 1774. JVTadame Dtóam .qu'on avoic dit fautTement fortie de Ruel y eft encore; mais on ne préfume pas quelle puifle y fefter longtems: on croft qu elle y attendra Jes ordres du Roi Au refte, fa douleur ne 1'a point diflraite de fon goot pour Je luxe & la vie molle, au point que, ne fe trouvant point affez bien couchée dans Ie Jit de Ia Duchefle VAieuitIon, elle a envoyé chercher fon Iit de Verïailles. Ce nom étoit deveDu depuis fa retraite de Ja cour en ö grande horreur, que Ia jeune Marquife Dubarri (M'ie. de Futnel) voyant combien ce mépris public influoit fur eftememe avoit pris le parti de faire óter Ia Jivrée è fes gens. On fait qu'elle a toujours "Pogoe a eet hymen auquel elle a été facri. nee; ce qu, ja reDd véritablement a plaindre. vrednR^6.!?5- Le liMai J?74. LecadaV„ d™ s efï "ouvé tellemenc infecl qu'aucun chirurgien n'a ofé en faire 1'ouverture. On croit qu on y a mis fur ie champ de Ia chaux v;ve, pu)s a été revê[u d,un cerc(j dg bois de cedre, de plomb enfuite, &c. dfltepï,a" eftdoublement infeélé «Sc du ca. davre du feu Roi & de ia multitude d'odeurs ril. parfums que depuis douze jours chacun court,faos portoit fur lui,donr eftréfulté «n pot-pourri plus affreux que 1'odeurfétide oe Ja maladie peftilentielle de Sa Majefté. ia Page 195. Le uMai 1774. Le corpjs  ( 258 ) du feu Roi ne reftera que jufques au jeudf foir a Verfailles: il doit étre transféré tour de fuite è S'. Ztem'r,avec quelques gardes du corps. On a pris aujourd'hui le deuil de dècence, en attendant que tout foit difpofé pour le grand deuil qui doit avoir lieu dimanche. A la page 195. Le 12 Mai 1774. On parle d'un porte-feuille remis par le feu Roi h Mr. le Prince de Soubife & dont la clef a été confiée' par la fe.ue Majefté a Madame Ad?' hïde, On parle d'un autre porte-feuille remis par Louis XP au Sieur de la Borde, fon premier valet de chambre, pour fuivre la deftination qu'il lui a prefcrite. On croit qu'elle regarde la Comteffe Dubarri, & les enfans naturels que laiffe S. M., dont le nombre efi eonfidérable. A la page 195. Le 12 Mat 1774. On ne peut favoir encore en qui Ie Roi mettra fa confiance. Ce Prince, étant Dauphin> ne fembloit avoir aucune affedtion décidëe. On fait qu'il eft entouré aujourd'hui des perfonnages de la cour les plus méritans; tels que Mr. le Comte du Muy, Mr. le Marquis de Caftries, Mr. le Comte de Ptrigord, M'. le Duc de Noailles. Mr. le Comie ó'Aranda? Ambaffadeur Extraordinaire d'Efpagne,y eft aufïï; Mr. le Comte de Mercy Argenteau , Ambaffadeur de 1'Empereur; M>'. le Comte de L&fcy, &c.  C 259 ) A Ia page 195. Le 12 Mai 1774. MV. fe Prince de Conti étoit aux prieres de quarante heures, lorfqu'un courier eft venu lui annoncer la mort du Roi. Ce Prince, dans Pexcès de fa douleur, a tout de fuite donné ordrc de renfermer Ie Saint Sacrement au fond dit Tabernacle, comme pour reprocher a Dieu Pinutilité des prieres qu'on lui faifoit. Le Peuple qui n'a pas faifi le fens de cette vivacité de S. A. Séréniffime, a été fort fcandalifé de fortir fans bénédiclion. A la page 196. Le 13 Mai 1774. Le chapelier de Madame la Comteffe Dubarri dans ce moment-ci avoit cent chapeaux de commandés & cent bords pour fes gens; ce qui annonce qu'elle avoit cent hommes de livrée & donne une légere idéé de fa dépenfe. A la page 196. Le 13 Mm 1774. VEfpagne littéraite eft un joumal commencant qui pourroit étre neuf, curieux & inftrucbf. Malhei> reufement les entrepreneurs ne paroiffent pas aiTes ec- fófiès, S Kon-Juge qufls font abfolument dénués de correfpondance dans ce royaume étranger. On voit qu'ils ont entre les mains cinq ou fix livres anciens de cette nation, qu'ils dépecent alternativement & dont ils rempliflent leurs feuilles. D'ailleurs il réfulte de cette difecte qu'il n'y a dans leur ouvrage aucune critique, & 1'on fait qu'elle eft 1'ame de ces fortes d'ecrits qu'elle aiguife par fon fel. C'eft Mr. de la Dixmerie qui  1260 3 tient la plume en chef, quoiqu'il ne fache pas ud mot d'efpagnol. • A la page 156. Le 13 Mai 1774. Non feulernent les fpedtacïes, le wauxhall, le co. lyfée & autres lieux fe trouvent ferraés en ce moment; mais avant-hier on a intimé aux jeux publics ordre de fufpendre. Ce vuide oblige les oififs de fe livrer au feul amufement qui leur refte, la promenade. Saint Denis forme un point de repos qui excite aujourd'hui le concours général: le corps de S. M. n'a point paffé par Paris, mais par le chemin de la révolte,- quoiqu'il ne fit pas beau, &que Cette marche fe foit prolongée fort avant dans la nuic, une multitude de curieux s'eft répandue fur la route: elle étoit bordée dei plus brülans équipages. A la page ieö. te 14."^' 177^. Le Sieur de la Borde, un des premiers valets de chambre du feu Roi, homme de mceurs fort diffolues & le complaifant de Madame Dubarri, a été renvoyé, oü plütêï chüfle; c'eft le terme dont fe fervent les courtifans pour marquer le mépris du Roi envers lui; ce qui eft affez vraifemblable d'après une anecdote rapportée anciennement de Mr. le Dauphin a fon égard. A la page 196. Le 14 Mai 1774. Le tranfport du cadavre royal a en effet eu lieu au jour indiqué & s'eft fait avec une promptitude indecente & un dénuement prefque ah-  c 261 ) folu de cérémonial. Les cabarets fur la route' étoient remplis d'ivrognes qui cbantoient. Oq parle entre autres d'un trés coupable qu'on vouloit expulfer & è qui 1'on refufoic de donner encore du vin: pour s'en débarrafier,on lui difoit queleconvoi de LouisXV alloit paffer: Comment, s'eft-il écrié dans un délire puniffable: „ ceB***** ld nous a fait mourir defaim pendant fa vie, £? dfa mort il nous fera mourir encore defoif." A la page 197. Le 15 Mai 1774. Ce qui rend la Comteffe Dubarri plus odieufe è la cour, c'eft une anecdote qui paffe pour certaine, & la fait regarder comme caufe de la mort du Roi. On prétend que dans une partie de Trianon, oh il étoit queftion de diffiper S. M. toujours frappée de la mort fubite du Marquis de Chauvelin, de celle du Maréchal é'Armentieres, & bourrelée par les remords qu'avok excités dans fon cceur 1'Evêque de Senez lors de fon fermon du jeudi faint, on s'appercut que le Monarque avoit jetté des yeux de coneupifcence fur la fille d'un menuifier des environs; qu'on avoit fait venir cette enfant encore novice, qu'on 1'avoit décrasfée, parfumée & introduite ainfi dans Ie lit de S. M., pour qui ce morceau friand auroit été de dure digeftion, fi 1'on ne 1'eüt aidé avec des confortatifs vio!ens;_ce qui lui avoit effedfivement été d'un grand fecours & procuré plus de plaifir qu'on n'en éprouve ordinairement a eet ^ge, On ajou,te que cette j  C 262 ) ■enfant, fe fentant déja malade avoit eu beaucoup de peine a fe prêter è ce qu'on en exigeoit & ne s'étoic rendue qu'intimidée par les menaces & aiguillonnée par l'efpoi^d'une fortune. On ignoroit qu'elle eüt le germe de Ja petite-verole, qu'elle a communiquée au Roi & dont elle eft morte avant lui. A la page 197. Le 16 Mai 1774. On afiure 4ue la lettre de cachet adrelfée a Madame la Comtefle Dubarri n'eft point dure; queS. M. y dit que des raifons d'Etat 1'obligent de lui ordonner de fe rendre en couvent, qu'il n'oubliera point qu'elle étoit honorée de la proteöion de fon ayeul; &, qu'au premier Confeil on pourvoira è lui donner une penfion eonvenable, fi fa fituation pouvoit en avoir befoin. Cette générofjté de Louis XF1 eft d'autand plus grande, que tous Jes courtifans favent que Ja favorite s'exprimoic trés iDdécemment fur fon compte: on en peut dire autant de la Reine qui auroit è la faire punir de propos encore plus outrageans: ces deux Majeftés, è 1'exemple de Louis XII, ne veulent point fe reffouvenir fur le Tröne des injures qui leur ont été faices avant d'y monter. A la page 197. Le 17 Mai 1774. Depuis plufieurs années il n'y avoit poiDt de premier Médecin du Roi. S. M. auroit voulu y nommer le Do&eur le Monnier qu'elle ajmoit & qui avoit le plus d'ancienneté; la Comtefle Dubarri y portoit le Docleur Bordeu, fon  C 263 ) Médecin, qui même avoit I'honneur de t&ter toutes les femaines le pouls de Louis XV, Suivaut fon ufage, pour ne point faire d'injuftice & ne pas occafionner de mécontentement è fa maftreffe, S. M. avoit IailTé Ia place vacante. Par cette fataiicéd'événemens , qui regie ce monde, les deux concurrens ont été fruftrés, & Ie Doéteur Lieutaud, Médecin de M/. le Dauphin, eft devenu de droit premier médecin du Roi & le Monarque aétuel 1'a déclaré tel. A Ia page 108. Le 18 Mai 1774. On fait unQuoIibet fur laComteTe Dubarri,qui rasfemble les différentes époques de fa vie, ea la faifant paffer fur plufieurs ponts. On la fait partir du pont aux choux (fa naiffance d'une cuifmiere) pour aller au pont neuf(fon premier métier de racrocheufe) du pont neuf au pont au doublé (fa groffeffe) de-11 au pont au change (fon amélioration de fortune) enfuite au pont marie (fon mariage) de- ïk au pont royal (fon élévation) enfin au pont aux dames (fon exil). A la page 198. Le 18 Mai 1774. Extrait d'une lettre de Choify du ijMai 1774. S. M. aime beaucoup a rcarcher: Elle a fait'une* promenade a pied hors du chêteau dans la campagne; elle a parlé de chofes incéresfantes & a déployé des connoiffances étendues en fortifications, en génie: Elle s'eft entretenue furtout de guerre ; ce qui fait craindre que des projets belliqueux ne fermea-  C 264 ) tent dans fa tête; mais -ils feront toujours dirigés par ia fageffe & 1'équité dont Elle fait profefiion. En revenant dans le pare, S. M. a trouvé la Reine & les autres PrinceUes qui mangeoient du lait avec des fraifes fur un banc; elle n'avoit voulu ni fauteuil ni chaife: tout le monde s'eft réuni de bonne araitié. Rien de fi raviffant que Ie fpectacle de cette union, bien préférable a tout le fafte d'une pompe afiatique. A la page 108. Le 19 Mai 1774. On a fait une épitaphe abominable fur le feu Roi, qu'on conferve dans les anecdotes comme hiftorique, elle peint la diffolution des mceurs fur la fin de fon regne & 1'auftérité de celles qu'on efpere voir renaitre fous le regne ac« tuel, d'après 1'exemple du mafcre. Quittez, la cour; partez c...., Partez, m... & p...; Ci git Louis, quinze du nom, Dife le Bien-aimè par iurnom, Et de ce titre le deuxieme, Dieu nous piéferve du troifieme! Pour 1'intelligence de cette épitaphe, fi faut fe reflbuvenir que Charles avoit auffi été furnommé le bien-aimé avant fa déÖience. A la page 198. Le 20 Mai 1774. On a retrouvé, dit-on, que 1'enterremenc de louisXlV avoit  C 205 ) avoit coftté trois miflions ; cette dépenfe auroit été aujourd'hui beaucoup pius eonfidérable. A i* page i98. Le 20 Mai 1774. Sa Majefié a do ecevoir hier les Pnnces de Ion lang Jes Mimfires, les Ambafladeurs de familie' ies grands Officiers de la couronne. A la page iyy. Le 21 Mai 1774. Actueüemenc que par les rapports de p/ufieurs térnoin.s ocuiaires on peut conftater la ..onduite du feu Roi daD>. fes derniers inftans, il paroïc que c'eft de fon propre mouvement que ie mercrédi 4,S. M. a dit a ceux qui Pentouroient: „ je n'ai point envie qu'on me fafie „ renouveller ici la fcene de Metz; qu'on' » dife è Madame la DuchelTe d'Aiguilion „ qu'elle me fera plaifir d'einmener Madame la Comtefle Dubarri." Que, dans lanuit du vendredi au famedi, fentanc que fa langue s embarraflbit, il dit qu'on fft venir M' labbé Maudoux fon confefteur: ce qu'avane entendu Ie Duc de Duras, ce Seigneu'r dit au Duc d'Orléans, & aux autres fpectateur ? „ Monfeigneur & Meflieurs, je vou» prendsè „ temoins que leRoi demandefi,n confeffeuK' Que fur lematin, S. M. demanda le viati* que fit arrangereile-méme tout ce qu, étoit néceflaire pour cette cérémonie, & parut 'en Sec'indVS beaUC°UP de ^ric  ( 26? ) qu'on lui a repréfente que fon genre de maiadie avoit obligé S. M. de défendre elle • méme k ce Prince d'entrer dans fon appartement ; ce qui avoit arrêté fa volonté & avoit excité de fa part des regrets de ne pouvoir embraffer fesenfans avant de mourir & 1'avoit engagé a envoyer au Dauphin les Porte-feuilles dont on a parlé. A Ia page 198. Le 21 Mai 1774. S. M. avoit defiré que le deuil fut de huit mois, par vénération pour le feu,Roi; mais fur les repréfentations des Députés du Commerce, & furtout du Sieur Pernon ,député de la ville de Lyon, a qui cette prolongation feroit le plus de tort, le Roi a décidé qu'il ne feroit que de fept; ce qui le termine au quinze Décembre, & ne.fait pas perdre aux marchands la faifon précieufe de 1'hiver. A la page 198. Le 22 Mai 1774- Avant -la mort du feu Roi, Madame la Dauphine follicitoit le régiment royal Champagne pour M*. de Rouci, auquel elle s'intéreffoit fort, & Mr. le Dauphin appuyoit. Depuis la Reine a engagé le Roi a donner k eet officier le régiment de la Reine Cavalerie, qu avoit ]e Marquis Dubarri: en confequence S. M. lui a écrit que, comme courtifan, il n'avoit plus rien aefpérer; mais que, comme fon officier, il feroit fufceptible de toutes les graces que fes fervices lui mériteroient, & qu'en confé. queaceil lui donnoit le régiment royal Champagne, la Reine «defirant que de Rom eftt  c 267; fon régiment de Cavalerie. Ce Marquis Du. barn paffe pour un affez bon fujet, & n'eft IZtaie^' C°mme kS autres'de3ahaine A la page 199. Le 23 Mai 1774. Qn écrir de Touioufe que, dèsqVon y a^rtgu la nouï veile du renvoi de Madame Dubarri de Ia Cour, & meme avant Ia mort du Roi ]a populace s'eft vengée des infolences du Comte Gudiaume, mari de cette Dame, I'a hué luiajetté de la boue; ó> 1'on ne doute pas que ces avames n'aient augmenté depuis; la mort du Ro,, fl ce raalheureux n'a eu ia ié! caution de s'enfuir. p A la page 199. Le 24 Mai i774. Le co m.té des Infpecfeurs généraux de Pinfamerfc nonrmé pour ia rédaffion des princines de Tadbque: du Baron dePirck, MpSllr £ T L J a eu Ie J°ur de Ia Pentecöte aOfemblée chezMr. Je Maréchal Duc deS « ft y a efpérance qu'on ne tardera n« * jv«r ,a pubhcation du' Code milica ^ £ Public attend avec impatience. 9 A Ja page 199. Le 24 Mai 1774. Mr Ie Marqu»; de Letorüre ,un des plus btauxhóm renommé par fes bonnes fortunes, avant été I dTeiTpmentè Verfa,,les P^dantTa maadie du feuRoi, y a vraifemblabJementaaané , Ia petite-verole & en eft trés ma! rl% ^ grande défoJationparmileffemmes^ M 2  ( 258 ) de Paris; car il y a au moins k parier qu'il y perdra fa charmante figure. A la page 199. Le 25 Mai 1774. « 'étoit d'ufage, lorfque le feu Roi étoit au chateau de la Muete, que les portes du bois de Boulogne dans lequel il eft, fuffent fermées: le ieune Monarque s'étant apperqu de cette clóture,en a demandé la raifon. II a ordonné ou'elles fuffent ouvertes & que chacun put en liberté fe promener dans le bois. La Reine s'y montre fans garde, a pied, quelquerois a cheval: elle parle a tout le monde avec une affabilité qui la fait aimer de plus en plus, & recoit elle-même les placets qu'on lui préfence Le voifinage de la cour, le defceuvrement*oh 1'on eft dans la capitaïe & 1'empresfement de voir leur augufte maïtre.engagent les Pariilens a fe rendre en foule è la Muete. C'eft une proceffion continuelle de voitures. A la page 199. Le 27 Mai 1774- Lat. faire du Secrétaire de [VP. de Guines notre AmbaffadeurèLondres, dont H a été rendu compte dans le tems, va s'éclaircr :on attend ïncefTamment des Mémoires. A la page W Le 27 Mat 1774- °n a parlé du medecin Ang'ob , nomme Sutton > qui s'étoit offert pour traiter le Roi dans fa pet.te verole, & qui prétend avoir un fpécifique cont é cette' maladie. Ils font deux freres ici Sur le rapnort fait au Roi de mauva.s propos de leur part, il leur avoir été ordonné de forür de France. Mr. le Duc d Oriéans,  C 2Ö"P ) téiTioin oculaire de tout ce qui s'eft pafTé.Ies* a juftifiés auprès de S. M., & la letcre d:2 cachec a été révoquée, au grand contentement de quantité de particuhers qui fe font mis entre leurs mains, pour fe faire inoculer. A la page 199. Le 27 Mai 1774, Mr. de Redmont, Lieutenant général, vient d'obtenir le Cordon rouge. On crie beaucoup con'tre cette nomination arrangée du tems du feu Roi, a caufe du paffe-droit. M-. de Redmont eft fort attaché è Mr. Ie Duc d'Aiguülow: il étoit avec lui a S'. Caft dans le moulin qui a donné lieu au bon mot de Mr. de Ia Chalotais, fource de toutes les perfécutions qu'il a effuyées depuis. A la page 200. Le 28 Mai 1774. La Reine, étant Dauphine, avoit témoigné fon defir d'avoir une maifon de plaifance è elle, oh elle püt faire ce qu'elle voudroit. S. M. qui en étoit inftruite, lui a dit, il y a quelques jours: „ Madame, je fuis en état de fatis„ faire a préfent votre goüt. Je vous prie 3, d'accepter pour votre ufage particulier Je „ grand & le petit Trianon. Ces beaux Jieur „ ont toujours été le féjour des favorites des „ Rois,conféquemmentce doit étre levótre." ' La Reine a été trés fenfible è ce cadeau & furtout au compliment galant par oh I'offre en a été terminée. Elie a répondu au Roi, en riant, qu'elle acceptoit le petit, è condition qu'il n'y viendroit que lorfqu'il v ferok iavité. M3  C 270 ) A Ia page aco. Le 28 Mai 1774. Le Sieur Marin, dans Ia Gazette du 13 Mai,fait un pompeux éioge de Louis XV: il prétend que fon regne fera célebre a jamais par nombre de viór,oires,par Yacquifition de laLorraine. On a trouvé qu'il étoit fort jmprudent a ce gazetier de rappelier un pareil événement, & 1'on craint que cette gaucherie ne faffe une fenfation facheufe fur 1'Empereur, qui n'avoit pas befoin qu'on lui remft fous les yeux cette per te du patrimoine de fes ancêtres & qui' Ia regrette chaque jour. A la page 200. Le 28 Mai 1774. Le Marquis de Letoriere eft mort & toutes les filles gémiffent fur la perte de ce miroir d putains; c'eft ainfi qu'elles 1'appelloient. A la page 200. Le 29 Mai 1774. Malgré les projets de réforme dans les dépenfes donc on fe berce j on parle de retraites accordées a deux Ecuyers (Mrs. de Sl. Angel & de Montagnac) qui ne femblent rien moins qu'économiques, puifqu'on conferve a 1'un 12000 livres & k l'autrejooo livres de penfion,avec quantité de valets & de chevaux entretenus. A la page 200. Le 29 Mai 1774. Mr. de Pontécoulans, Major des Gardes du Corps, du vivant de Louis XV avoit eu le malheur de déplaire a Madame la Dauphine; & quoique 1'objet füt léger, cette Princeffe avoit paru en recevoir beaucoup de mécontentement, au point d'avoir dit qu'elle ne 1'oublieïoit jamais. Lorfqu'elle eft devcnue Reine,  C 2?l ) eet officier a craint que S. Af. netfnt parolen & afin de prévenir tout defagrément, il a pris Ie parti d'offrir fa démiffion. II efi allé trouver Ie Prince de Beauveau, a verfé fa douleur au fein de ce Capitaine des Gardes & lui a avoué le feul motif de fon étrange démarche. II lui a témoigné qu'il étoit au defefpoir de quitter le fervice du Roi, qu'il s'eftimeroit trop beureux que S. M. daignat lui donner un autre emploi, puifqu'il ne pouvoit jouir du bonhcur d'approcher de fa perfonne. Ce Seigneur s'eft chargé de la démisfion de Mr. de Pontécoulans; mais, avant de la remettre au Roi, il s'eft rendu chez Ia Reine,cc lui a expofé 1'embarras de ce Major par 1'appréhenfion de déplaire è S. M. dans 1'exercice de fes fonclions. Cette Princeffe a répondu avec la magnanimité fi connue de Louis XII, qu'elle ne fe reffouvenoic point étant Reine, des injures fakes a Madame Ia Dauphine, & qu'elle prioit Mr. de Pontêcou. lans de 1'imiter. L'ayant vu depuis, S, M. lui a repété la même chofe, & eet officier, enchanté publie partout ce trait de grandeur d'ame. A la page 200. Le 30 Mai 1774. II paroft que la nomination du Comte de Roucy a la place de Meftre de camp Lieutenant du Régiment de Ia Reine qu'a le Marquis Dubarri, & que Ia Reine vouloit faire paffer au premier par un revirement, ne s'eft point effectuée, puifque M<; de Roucy eft nommé au M 4  C 272) Régiment royal Champagne. C'eft fansdoute pour ne point donner un defagrément trop marqué è Mr. Dubarri, bon officier qui mérite des égards, mais qui doit quitter fon nom & porter celui de Comte d'Hargicourt. L'échange, a ce qu'on afTure, aura pourtant lieu, mais feulernent dans un an ou deux. A la page 200. Le 30 Mai 1774. Une rixe furvenue entre le Marquis de Langeac, fils de Madame Sabbatin, & Mr. d'Egreville, eft la matiere des converfations & des plaifanteries de la cour & de la ville. Le premier voudroit époufer la fceur du fecond. Quelqu'un en parloit è Mr. d'Egreville & lui témoignoit fa furprife qu'il ne détournit pas la veuve de fon frere d'un pareil hymen. Mr. d'Egreville s'eft défendu fur ce qu'il n'avoit aucune autorité fur fa belle-fceur; en avouant cependant que fi la chofe dépendoit de lui, il n'y confentiroit pas, & fe lachant en propos defavantageux fur le compte du futur beau-frere. Celui-ci, inftruit du propos, étant è fouper chez fa mere avec Mr. d'Egreville, le provoqua de maniere a lui faire lentir qu'il n'ignoroit pas ce qu'il avoit dit; la converfation s'eft échauffée la-deffus entre eux & ils font fortis pour fe battre; mais il s'eft trouvé des gardes des 'Maréchaux de France qui, comme apoftés-la, les ontarrêtés. L'affaire portée au tribunal ,Mr. deLangeac, en qualité d'agrefieur,, a été condamnéa fix mois de prifon. Eb  C 273 ) Ën général , on regarde cette avanture' comme un complot formé entre la mere & le fils. Madame de Langeac vouloit que celuiei eüt 1'air d'un bravë, qui ne ibuffre point de mauvais propos, & cependant, graces auxprécautions qu'elle avoit prifes, ne courüc aucun rifque. A la page 200. Le 31 Mai 1774. On afait un calembour fur la poütion oü Ja cour fe trouve, ou, pour mieux dire, fur celle' des perfonnages les plus puiflans de ia vieille' Cour; Ie voici: Les barrils s'enfuient,L'aiguillon ne piqué plus,. La vrille e(i üfée, Le pouls eft lent. A la page 200. Le 1 Juin 1774. Oh cite' Ie Préambule de 1'Edit portanr remife du dfofc de joyeux avénement, comme un morceaijj d'éloquence remarquable. „ Affis fur le tróne oh il a plu k Dieu de' „ nous élever, nous efpérons que fa bonté „ foutiendra notre jeuneffe & nous guidera' sy dans les moyens qui pourront rendre nos*' s-, Peuples heureux. C'eft notre premier de-„• fir;&, connoiffant que cette félicitédëpencV „ princinalement d'une fage adminiftrarion1 • » des finances, paree que c'eft ellè qufdéteri,> mineun des rapporrs les plus effentieN én> sï. tre le Souverain & fes fujets. C'eft. verg M $  ( 274 ) „ cette adrniniftration que fe tourneront nos ,, premiers foins & notre première étude. Nous étant fait rendre compte de i'étac „ acluel des recettes & dépenfes, nous avons vu avec plaifir qu'il y avoit des fonds cer,, tains pour le payement exacf. des arrérages „ & iatérêts promis, & des rembourfemens ,, annoncés, & confidérant eet engagement j, comme une dette de 1'Etat, & les créan„ ces qui les repréfentent comme une pro„ priété au rang de toutes celles qui font „ confiées a notre protecfion, nous croyons ,, de notre premier devoir d'en affurer le payement exact. Après avoir ainfi pourvu k la füreté des créanciers de 1'Etat & con„ facré les principes de juftice qui feront la „ bafede notre regne, nous devons nous oe- cuper de foulager nos Peuples du poids de6 impofitions; mais nous ne pouvons y par. „ venir que par 1'ordre & 1'économie. Les „ fruits qui doivent en réfuker ne font pas 1'ouvrage d'un moment, & nous aimons 3) mieux jouir plus tard de la fatisfadfion de „ nos fujets, que de les éblouir par des fou- lagemens dont nous n'aurions pas affuré la „ ftabilité. II eft des dépenfes néceffaires „ qu'il faut concilier avec 1'ordre & la füreté „ de nos Etats. II en eft qui dérivent de libé„ ralités, fufceptibles peut-être de modéra„ tion, mais qui ont acquis des droits dans „ 1'ordre de la juftice par une longue pofiés„ üod, & quidès-lors ne préfentent que des  (275; o, écoDomies graduelles; il eft enfin des dé„ penfes qui tiennent a notre perfonne & au jj fofte de notre cour: fur celles-Ia nous pou„ vons fuivre plus promptement les mouve„ mens de norre coeur, & nous nous occu„ pons déja des moyens de les réduire a des „ bornes convenables. De tels facrifices ne „ nous coüteront rien, dès qu'ils pourront „ tourner au foulagement de nos fujets; leur „ bonheur fera notre gloire & le bien que „ nous pourrons leur procurer, fera Ia plus „ douce récompenfe de nos foins & de nos „ travaux. Voulant que eet Edit, le pre„ mier émané de notre autorité, porte 1'ems, preinte de ces difpofitions & foit comme „ legage de nos intentions, nous nous propofons de difpenfer nos fujets du droit qui „ nous eft dü a caufe de notre avénement k „ Ia couronne; c'eft affez pour eux d'avoir k „ regretter un Roi plein de bonté, éclairé „ par J'expérience d'un long regne, refpeété „ dans 1'Europe par fa modération, fon „ amour pour Ia paix & fa fidélité envers 3, les traités, &c." A Ia page aoo. Le 2 Juin 1774. I! 5'efl élevé une conteftation ó ia Muete entre les Gardes du Corps & les Chefs de Brigade: ces dermers ont prétendu qu'un Garde du Corps en fentinelle devoit fe mettre fous les armes a leur paffage, & fur Ie refus fait par un dè cesMeffieurs.ü a été envóyó auxarïét»,pnï ïucceffivemeae Jes autres qui 1'oac rerrjplacé M ö  p^étendant ne devoir rendre eet honneur qu'au Capitaine. Comme 1'on a jugé qua' c'étoit un parti pris par tout le Corps, 1'affaire a été portee au Roi, qui y ftatuera. II paroft que jufqu'è préfent 1'ufage a été pour Meffieurs les Gardes du Corps & que la demande des Chefs, de Brigade eft une inno. vation dans ce fervice.: A la page 200. Le^Juin 1774. Extrait d'une lettre de Londres du 25 Mai 1774. Les Anglois font trés fichés du changement de regne. Plufieurs Seigneurs d'entre eux ont entendu le jeune Prince fe plaindre du peu de confidération que notre nation avoit pour la nation frangoife, & promettre de la relever de fon aviliffement. Votre Monarque paffe ici pour entier dans" fes réfolutions, pour éca> nome, pour opiniatre;. il pourroit lui prendre envie de guerroyer, & nous ne nous en foucions nullement; d'ailleurs du train dont il y va, le defordre de vos finances fera bientöt moindre que celui des nötres;en un mot, nous fommes fort inquiets,& nous obfervons avec attention fes premières démarches... A la page 201. Le 5 Juin 1774. Depuis i'avénement du Roi au tröne, & 1'expulfibn de Madame Dubarri, on avoit parlé de 1'exil de Madame de Langeac, Maftreffe de MOe ©ua de la Vrüliere, a laquelle ce dernier avoit paru renoncer, pour fe conformer a la. décence des mceurs de la nouvelle cour;mais la. vérité de. ce premier bruit ne s!eft pas-  ( V7 ) réalifée & pour mieux Ie démentir f cetteDame avoit affeété de fe promener fur les Boulevards & de fe faire voir autant qu'elle avoit pu. On a fu depuis Faventuredu Comte de Langeac: elle en a été fi piquée qu'elle a envoyé un Cartel è M. d'EgreviUe, ou elle lui offre de prendre la querelle de fon fils en prifon, & de fe battre au piftolet. L'adverfaire a ri du défi & a préfenté la lettre aux Maréchaux de France. La Marquife de Langeac ne s'eft pas contentée d'une pareille folie elle a eu 1'infolence d'écrireau Tribunal d'une maniere trés impertinente. Le Tribunal a envoyé Ia lettre au Roi & Madame de Lan. geac a re5u ordre de fe tenir è une certaine diftance de Ia cour, que la lettre de cachet fixe, dit-on, a cinquante lieues. On afTure que cette Dame eft prés de Caen. Le Due de la Printer e depuis ce tems ne cefTe de pleurer comme un enfant, & 1'on ne doute oas que cette imbécillité ne mette le comble a fa difgrace. Oh prétend qis , s'il ne donne promptement fa démifïion, il aura 1'ordre de Je faire. «,ilaPag« 2^- Le*>» W C'eft de. mam que S. M. recoit ce qu'on appelie les révérences Elle fe mer fous fon dai<, £ ,outes les femmes préfentéés, ainfi que les hommes fe rendent a Ia cour, les premières en S voile les autres en long manreau;& Ponnaftb ainfi devant Ie Monarque avec le cérémonS' ufité. Mardi S.M.recoi, ,„ Ambaff.deurT M 7/  C 278). A la page 201. Le 7 Juin 1774. Mr. Ie Maréchal Duc de Broglio, & le Maréchal Duc de Brijjac étoienc avec Ie Roi, lorfque le Comte de Noaüles eft venu faire fa cour au Roi; &, comme ce Seigneur eft fort empiétant, il avoit infenfiblement pris le pas fur les Maréchaux & s'étoit infinué trés prés de S. M. Sur quoi Elle lui a dit: „ Monfieur „ de Noailles, prenezgarde, vous Jaiffezder„ riere vous vos anciens." A la page 201. Le 8 Juin 1774. Le Sieur Pierre Roujfeau de Touloufe, auteur du Journal Encyclopédique , avoit entrepris depuis quelques années a Bouillon une Gazette des Gazettes, qui fe publioit de quinzaine en quinzaine & embraffoit le réfumé de toutes les nouvelles del'Europe. Dans cetintervalle les auteurs du Journal hifiorique dff po'.itique entrepris fur le même plan & fous les aufpices du Miniftre des Affaires Etrangeres., ont jaloufé Ie premier: on a profité de 1'imprudence qu'il a euede parler avec trop de complaifancede PEvêque de Rennes, de fon procés avec Mr. de Verdun, de fes difcuffions avecle Parlement de Bretagne ; on afait valoir aux yeux du Duc &'Aiguillon les louanges qu'il prodiguoit au premier, comme injurieufes a ce Miniftre, ennemi perfonnel de l'abbé de Girac, le Prélat en queftion ; ainfi qu'au Parlement maltraité dans fes Mémoires. On aéchauffé 1'animofité de cette compagnie: en conféquence, Arr& coadamnant le cahier du,  ( ) journal du Sieur Roujfeau, oh il rend compte de cette affaire, è étre laceré & bró'é par la main du bourreau. L'arrêt exécuté a Rennes au mois de Janvier, par fuite, 1'introduclion de fon ouvrage étoit défendue en France Cet auteur s'eft remué de fon mieux, eft venu s'établir & Paris pour folliciter la liberté de fon journal;enfin, ne pouvantrien gagner, il a menacé le Duc é'Aiguillon de donner h fon affaire la plus grande publicité, de dévoiler les menées fourdes qu'on avoit employées, & toutes les paffions qu'on v mettoit en jeu. Le Miniftre, loin de févir contre ce malheureux auteur, s'eft rendu è fes dernieres requifitions; i! venoit de permettre de nouveau 1'introdudrion du Journal Eneyclopédique, lorfqu'il a été difgr-acié A la page 202 Le 8 Juin im' S. M. eft allée avant-bier paffer quelques heures a Verfailles pour afïifter è la levée des fcelléson a eté fort furpris de ne trouver que dfel fept mille louis en or, faifant40,8000 livres On compte pour vingt-deux miUions d'effets en papier. II s'eft trouvé un teftament daté de 1755 qui contient des difpofitions pieufes, entre autres, une recom man dation d'étre enterré fimplement. S. M. donne fes entrailles au Chapitre de notre Dame. i c^™H5erefi,!Ue2OT'co° 'ivres de '«tes Int r S 6"es' °UCre /eur maifc«entretenue. Les 200,00» livres de Ia première  ( 23rJ )* qui mcurra, fe panageront par égalé por-tion entre les deux autres pour en jouir cha-cune leur vie durantfans aucun autre accrois" fement. S. M. legue fes joyaux, diamans, bijoux propres a elle & a fon ufage, a fes enfans^ nationaux & étrangers, è partager par égale portion, On ne dit point que S. M. donne aucune marqué de fouvenir aux différens Seigneurs qui étoient dans fon intimité. . On ajoute qu'elle legue 500,000 livres une fois payées a chacun de fes b&tards, dont le nombre eft eonfidérable. Du sefte, il s'eft trouvé beaucoup de papiers , même des lettres encore cachetées que S. M. a fait ferrerj n'ayant pas le tems da vifiter le tout. On comptoir. queMr. le Duc de la Vrillkn donneroit fa démiflion après la levée du fcel» lé; mais il ne veut pas-y entendre & pleure comme un enfant. A la page 202. Le 8 Juin 1774 Ce n'eft que le petit Trianon que le Roi a donné a la Reine pour en jouir. Le premier ufage que S. M. en a fait, a été d'y recevoir fon augufte Epnux. Le jour de la levée des fcellés, elle lui a donné è diner en ce charmant fejour, ainfi qu'è la familie royale. 11 a changé de nom &fe nomme aujourd'hui le petit Vieme\ A la page 203. Le n Juin 1774. Extrait? #une lettre de Nantes du Q Juin 1774--  C 281 ) nouvelle de Ia retraite de M>. Ie Duc $Ai* guilhn fe répand dans cette Province & caufe une grande fenfation: il a beaucoup d'enne* rnisa Nantes,&quelquespartifans,qui nes'at. tendoient pas a 1'événement ; le Comte de Maurepas ayant aujourd'hui Ia confiance .du Roi & une fi grande influence dans les affaires. Les grands changemens qu'on m'avoit annoncé faits dans cette ville par Tanden Commandant & qui ont fi fort fan crier, ne me femblent pas Tavoir embellie, au point de me la faire méconnoïtre depuis vingt cinq ans que je ne 1'avois vue. A Pexception de quelques quais encore imparfaits, qui ne fe prolongent même pas tout Ie long de la riviere du cóté de la ville; a 1'exception de quelques belles maifons répandues fur ces quais & dans 1'ifle Feydeau; è Texception d'une place commencée & qui n'eft décorée, qu'en partie, de batimens devant en former le pourtour; j'ai retrouvé Ia même ville qui n'approche pas, a beaucoup prés, de Bordeaux. A Ia page 203. Le 12 Juin 1774. C'eft aux Bergeries qu'eft reJéguée Madame la Marquife de Langeac. M'. Ie Duc de la VrilMere continue a pleurer fur cette cruelle féparation. - A la Page 203. Le 12 Juin 1774. II paroft une piece infame contre Ie feu Roi. C'eft une oraifon funebre de Louis le Bldtier. Sous ce  ( 282 ) mot de Bldtier , on entend un facteur de bleds ou revendeur, qui tranfporte cette denrée fur des chevaux d'un marché a 1'autre, fuivant 1'endroit oü il compte gagner ie plus. On fent tout ce qu'a de diabolique cette dénomination méprifainte. Quant h la piece, il y a" des vérités1 fans doute, mais énoncées d'une fagon trop hardie pour lë moment. II faut laiffer è 1'hiftoire le foin de les dire fur le ton & de la maniere qui lui convient. A la page 203. Le 12 Juin 1774. Mr. de Voltaire a vu le Monarque défunt fous un coup d'ceü plus favorable que tant de fatyriques. II fait vendre fon Eloge. II avoir autrefois compofé un Panégyriquede LouisKV, il 1'étend & le complette aujourd'hui. M1'. le Chancelier n'eft pas oublié dans cette brochure & le Philofophe de Ferney ne peut fe laffer d'admirër ce génie deftrudteur & réparateur A Ia page 203. Le 13 Juin 1774. Le Roi a finguliérement bien profité des lecons de Marine que lui a données Mr. le Comte ó'Oify, Capitaine des vaiffeaux de S. M., & il défole Mr. de Boynes toutes les fois que celui-ci travaille avec le Monarque. II lui fait fans ceffe des queftions auxquelles ce Miniftre, qui de fa vie n'avoit rien connu a la marine avant fon miniftere, ne peutrépondre. On préfume qu'il ne tardera pas a donner fa démiffion : en général, il fera peu regretté. A la page 206. Le 14 Juin 1774- DePul* plufieurs anaées des architectes ont profité  C 283 ) des moyens oiTerts par des artifies de foutenir & méme d'erjlever des parties de bidmens que 1'on a transférées è des diftances de plufieurs coifes, fans qu'elles aient été endomrnagées. La ville vient d'employer ce moyen pour relever la maffe d'une fontaine publique proche les petits Peres de la place des Vidtoires , qui étoit baifiée de treize pouces & qui a été remife dans fon a plomb. A Ia page 206. Le 13 Juin 1774. On parle beaucoup du difcours du Pere de Nogueres, Barnabite, Curé de Paffy, adreffé au Roi le 2 Juin, jour [de la féte-Dieu, lorfque ce Prince eft venu h Ia paroilfe. Le religieus a profité de la circonftance pourdéploycr fon art oratoire. H prétend que Ia religion feule fait les grands Monarques. Cette aflenion placée naturellement dans fa bouche , efi trop hautement démentie par des exemples anciens &modernes,pour n'être pas regardée comme outrée k 1'excès. A Ia page 2c6. Le 15 Juin I774, II avoit d'abord été queflion d'inocuier les freres du Roi feulernent; S. M. a voulu être de la partie, & depuis Ie 10 de ce mois ils font tous trois dans Ie régime préparatoire de 1'opération. C'efi Ie Sieur Richard, furnommé en ce moment Richard fans peur, qui fera I'infertion; mais il a mis pour condition que S. M. n'admettroit è fa fuite aucun autre Médecin & fuivroit exaclement tout ce qu'il lui prefcryoit. Ainfi tout fe difpofe pour i'évé.  ( 2§4 ) Bemenr. II alarme les bons citoyens,, pea éclairés fur la méthode en queftion. A la feule nouvelle de 1'inoculation future du Roi, les Effetsroyauxfont tombés extraordinairtment. A la page 206. Le 15 Juin 1774. L'enihoufiafmeau fujet du nouveau regne continue a fe manifefter, foit par la fatyre du regne précédent, foit par des acclamations fur Tadluel. C'eft ainQ qu'i Saint Denis au pied du cerceuil de Louis XV, on a trouvé 1'infcription Mc jacet, Deo gratias; & a la ftatue de Henri IV fur le pont neuf, ce mot Refurrexit. A la page 207. Le 16 Juin 1774. Mr. Ie Duc de la Vrilliere perfitle a ne point vou.Ioir quitter; il fe rafture même & prétend que S. M. lui a dit qu'il refteroit tant que fa fanté .lui permettroit de lui rendre des fervices. Cette obfiination a donné lieu a un vaudeville trés malin & fort bien fait fur un air des Vieülards, tiré du ballet de l'Unionde l'A~ tnour & des Arts. II fait fortune: & comme ce Miniftre eftdétefté, il eft couru avec beaucoup d'empreffement. A la page 207. Le 17 Juin 1774. II court une lettre du Comte Jean , (Dubarri) qu'on fuppofe écrite de Suifte, oh il s'eft refugié. H y rerad compte de fon defaftre, de fa fuite, de fa retraite; il fait un parallele piquant des rnceurs du pays , ou il vit, avec celles de Paris; il regrette cette derniere ville, pleine de reffources pour les gens induftrieux comaae lui; au lieu qu'il n'en voit aucune oh il  C 285 ) eft. " II fait quelques réflexions fur fa belle fceur .. & fiait par philofopher fur les vanues de ce monde. Cec écrit qu'on ne peur raifonnablement croire authentique, n'en eft pas moins agréable & contient (Jes anecdo« tes curieufes: il eft encore rare A la page 207. Le 17 Juin 1774. Madame la Marquile de Langeac eft décidément aux Bergeries chez Madame de Souvré: un de fes fils, Chevalier de MaJrhe, a la petice verole, & 1'on ne voit pa- qu'eile s'émprefle de venir a fon fecours ; ce qui fait préfurner qu'elle n'ofe pas reparoitre a Paris. A la page 207. Le 19 Juin 1774. Le Sieur Defportes, peintre de fleurs, de fruits, d'animaux & d'autres objets de la nature muette, eft mort il y a quelques jours, il étoit de 1'Académie & expofoit réguliérement au Sallon. A la page 207. Le 19 Juin 1774. Le Roi a été inoculé hier è Marly , ainfi que les Princes fes freres. Cet événement occ.ifionne de nouvelles difcufllons fur ceite méthode qui trouve encore nombre de contradidleurs en France , mais rien n'a ébranlé le Mo. narque. A la p3ge 208. Le zo Juin 1774. Mr. de la Harpe n'a pas voulu refter muet dans .une aufïï belle occafion de dépioyer fes talens': il aembouché la trompette & adreffé une épitre hérolque è Louis XVI fur fon Edit de Mai, enrégiftré le 30 dudic mois.  C 2gö ) A la page 207. Le 20 Juin 1774. Le pro. jetavoit été d'inoculer auffi MadameClotilde & Madame Elifabeth; mais, la première ayant moncré de la répugnance a l'être.le.Roi s'eft rendu è fes inftances. Madame la Comtefle ö'Artois 1'a été a Marly. A la page 2o8r Le 21 Juin 1774. A préfent que les Dubarri font rentrés dans la claffe ordinaire des autres fujets de S. M. toutes les langues fe déliont fur leur compte. On voit une Généalogied'eux fort exacte, qui ne remonte pas loin, & fixe les opinions diverfes qu'on avoit h eet égard. II en réfulte que ce font des gens de rien,qui, profitant de quelque reffemblance de nom, ont voulu s'enter fur une meilleure familie d'abord, & enfin fur une beaucoup plus ancienne & plus illufire.. A la page 208. Le 21 Juin 1774. Mr. Ie Comte du Muy femble prendre beaucoup auprès du jeune Roi, & 1'on parle de le faire bientót Miniftre, c'eft -a dire, de lui donner entrée au Confeil. Comme les bureaux font toujours reftés a Verfailles depuis les divers voyages de S. M., ils'y tient principalement. On aflure qu'il s'occupe è mettre la derniere main aux Ordonnances que faifoit rédiger Mr. le Ducd'Ai'guitton, d'après le fyftêmedu Baron de Pirch. A Ia page so8. Le 21 Juin 1774. Les comédiens frangois fe difpofoient a jouer le Vindic&tif, efpece de tragédie bourgeoife, ou  C 287 ) de drame en cinq adres, par Mr. Gaflel Du* doyer. Une maladie furvenue au Sieur Moraïvel, un des principaux acteurs de cette piece, en retarde la première repréfentation. ' Les Italiens annoncent.auffiune nouveauté pour famedi: c'eft unepetite comédie en deux adles mêlée d'ariettes , intitulée Perrin êf Lucette. Elle eft du Sieur d'Avefiie, quanc eux paroles. A la page 208. Le 22 Juin 1774. La réception de l'abbé de Lille eft encore retardée. L'Académie veut attendre a préfent 1'événement de 1'inoculation. C'eft toujours une petite perte pour le nouvel élu, qui ne recueille pas de jettons jufques a ce qu'il ait été inftallé folemnellement dans le fauteuil. II y a apparence que Mr. Suard a force de déiais, fera recu Ie même jour, étant déja élu depuis prés d'un mois. A la page 208. Le 23 Juin 1774. L'opéra fe difpofe auffi è donner une nouveauté; le Carnaval du ParnaJJe étant extrêmement ufé & peu fuivi, On parle de jouer YOrphée, du 'Chevalier Gluck. A la page 208. Le 24 Juin 1774. Mr. de Voltaire, qui fe joue de Ja vérité depuis 11 longtems,nie aujourd'hui YEloge de Louis XV, comme lui étant fauffement attribué: il dit qu'il a été prononcé dans 1'Académie de Valenee par Mr. Chambon, qu'il en a trouvé par hazard deux exemplaires a Geneve, oh Louis XV eft fort rëgretté & Louis XVI adoré; &  C 283 ) qu'il les envoyé a fon ami. Ce ne fera pas une petite peine pour les Saumai/es futurs de débrouiller le cahos de menfopges & de contradicfions que ce finguuer Philofophe a répandu dans i'hiftoire de notre Littérature moderne. A la page 208. Le 25 Juin 1774. VAgru culture, poëme en fix chants par le Préfident de Rojfet, dom on a annonce, il y a quelques moi , l impreffion exécucée au Louvre, paroit depuis peu de tems, & ne répond pas a la magnificence de eet appareil typographique. Tout en eft beau, papier, dorure, caractere, hormis les vers. Cet ouvrage efl; en fix chants: c'eft une énuniération longue, minutieufe & feche de tous les travaux de la campagne, fans aucune fiftion, fans aucun épifode agréable, L'auteur s'eft piqué de n'omettre aucun détail, de nommer cous les inftrumens & de prouver qu'on pouvoit faire entrer dans la poéfie ce qu'on vouloit. C'eft réellement un amas de préceptes fort bons a pratiquer; mais c'eft un déteftable poëme qui ne fera'lu de perfoDne, parceque les agriculteurs favent tout ce qu'il contient, & les amateurs de la belle poefie ont quelque chofe de mieux a faire. 11 y a auffi des notes inftmctlves. On peut le regarder comme le pendant du poëme de la Peinture de Mr. Wettelet, pour Ie fcientihque & 1'ennui. A la page 208. Le 25 Juin 1774. On commencé a diftribuer depuis bier des bulletins con:  concernant 1'inoculation du Roi', des Princes fes freres & de Madame Ia Comtefle é'Artoison ne peut traiter la chofe plus gaiement. - On affure que pendant ce tems Jes Mim'ftres viendront travailler chez Mr. Ie Comte de MaurepasSz que celui-ci feu! rend ra compte au Roi: ce qui ne plafc pas è Mefieigneurs A la page 209. Le 26 Juin 1774. Avanthier pour Ia première fois de I'année on a ouvert Ie Colyfée. Afin d'attirer mieux Ie nu. ■bhc, outre les places de trente foJSl 0n en ■ annonce de douze fols pour ceux qui feront feulernent curieux de voir les petits fpeclacle. qironymontrera dans le Cirque, comme jou- ™?H>■? r"lfiCe &C' Dans Jes affiches £ pubhe quil fera ouvert toutes les fêtes & di manches; ce qui fait préfumer une feconde" fois la fufpenfion du Wauxhfil de Torrê oa fa réunion avec les Directeurs du Coivfée A la page 209. Le 27 Juin 1774. Depu'f. longtems on favoit qu'il y avoit unt nouvefie édition de la Correfpondance, imprimé fo ! entte & familiere du Chancelier Maupeou avec fon cceur Sorhouet, membre immovibledell cour des Pairs de France, en deux partie iï pnmees d la Chancellerie; mais on n'ofoit t repandre, foit 4 caufe du nouveau tr buD alors occupé è févir contre les auteu C0I porteurs & diftributeurs de eet ouvraïe fit ' pour ne pas aigrir les efprits, dans PefoS dun raccommodement P Tome XXVII. ' N  ( 293 ) Cette brochure paroit aujourd'hui en deux volumes ïn 12. Chacun eft précédé d'un frontifpice ou d'une eftampe, repréfentant uu affasfinat différent, prétenducommis par un Maupeou. A la page 209. Le 27 Juin 1774- Mr- le Comte da Muy, le nouveau Miniftre de la guerre, eft en général trés peu agréable a 1'infanterie depuis le jugement du Confeil de guerre de Lillé, auquel il préfidoit & oh 1'on prétend que les formes ont été violées. D'ailleurs fon exceffive & minutieufe dévotion ne peut gueres lui laiffer fuppofer 1'étendue de génie néceffaire pour occuper avec diftiuction une femblable place. A la page 210. Le 28 Juin 1774- On voit une eftampe qui repréfente le Sieur Linguet , gravée dans la maniere du Sieur Cochm. II tient en main un livre ouvert intitulé ftaJoyer de Morangiès, A fes pieds font Platon, Demodhene'&c. au bas eft cette légende: PauZfao dicat Morangiès. On affure que ce * n'eft point une caricature , que c'eft un monument élevé de bonne foi par le Maréchal de Camp è fon défenfeur & que 1'ouvrage a é é commandé auSieur de Saint peinr e auteur de ce deffin. Les partifans meme ou Comte trouvent ce genre de reconnoisfance bien bas & bien fol. A la paae 210. Le 29 Jvm I77£ 1 mes ont eu la petite véro.e depuis le feu Rol S pere & s'en lont tnieux ajgjgg comptou, la plupart de ceux qu» 1 ont gagué  C m ) de ce Monarque en étant mort?. Elles font fi bien aujourd'hui , qu'elles fe font rendues dimanche è Marly; Ia Faculté a décidé qu'il n'y avoit plus aucun mouvement a ce qu'elles fe réuniffent è la Cour. A la page 210. Le 30 Juin 1774. Ce quon avoit prévu efi arrivé, Madame de Giac ci- devant Duch.fle de Chaulnes , eft dejè féparée de fon nouve! époux A la page 213. Le 30 Juin 1774. Le Duc de Chartres n'a poinr quitté leurs Majefiés depuis 1'inoculation du Roi: leDuc tför'éans seft tenu k Saint Clou , d'oh il eft allé fréquemment k Marly. Il paroït que les augustesinoculés ont été trés ménagés, qu'il y a eu peu de boutons; ce qui fournit nouvelle matiere a la critique. On dit que cette p^tite verole artificielle eft trop légere A la page 213. Le 1 juilkt 1774. 0n peut fe rappeller que dans Ie quatrieme Mémoiré du Sieur de Beaumarchais il y a un épi* fode concernant fes aventures d'Efpagne, que tout le monde a jugé trés romanefque. Ua auteur Pa trouvé propre k en compofer un drame en trois actes: il a exécuté ce proiet & a eu pende chofe èymettre du fien I! pa fait jouer fur un cbéatre particulier è la barriere du temple. La piece a paru intérefTanre & Ion en a été fi content qu'on en a donné une feconde repréféntation. Le Sr. de Beau. marchais y afllftoit & a fixé tous les regard*. la PaSe 2r3- Le 2 Jankt I?7A. 0a N 2  C 292 ) attribuoit la lettre du Comte Dubarri au Chevalier de Beufflers. II y a apparence que ce Seigneur eüt imagïné quelque chofe de plus plaifant fur un fujet qui prêtoit autant. II eft plus a préfumer qu'elle eft de 1'Avocat Marchand, dont lepinceau naturellementlourd & groffier doit être encore affoibli par 1'ège. / A la page 213. Le 2 Juillet 1774. L'histoire de 1'inoculation du Roi & des Princes fes freres eft ab.folument finie. On a donné le 30 Juin le dernier bulletin; mais en général on eft peu content du fuccès, en ce qu'il n'y a eu qu'une petite quantité de boutons & 1'on veut que S. M. en ait Elle-même beaucoup d'hurneur, paree qu'elle n'eft pas pleinement raffurée, eomme Elle 1'eüt été dans le cas contraire. Le Sieur Jauberthon , qui a fait la piquure, commeChirurgien, ne s'eft prêté qu'è regret a être un inftrument aveugle dans une opération , oü il a coutume d'êtreen chef, qu'il nefait qu'après les plus "grandes précaudons & un examen complet du fujet qu'il inocule. A la page 213. Le 3 Juillet 1774. On a donné hier Ia première repréfentation du Vindicalif, drame en cinq att.es & en vers. Qn eft fi accoutumé è voir aujourd'hui des monftres fur la fcene , que celui - ci n'a pas produit la même horreur qu'il auroit caufée au' trefois. Mais ce qu'on n'auroit jamais imaginé, & ce qui a émerveillé tout le monde, 5'aété de voir ce premier róle entre les mains  (m ) &de qui?... du SieurPreville. Un valetdont le mafque feul eft rifible, faire le Vindicatifl On n'en pouvoit revenir. AuHi a-t-il été trés fouvent hué: du refte, le caradiere eft bas, vil, atroce & 1'un des plus déteftabies qu'il y ait dans aucune piece. Nulle intelligence de la fcene dans celle-ci. Quelques beautés au quatrieme Acte d'un genre trés ordinaire, mais fortement prononcées parle Sieur Molé, ont favorifé les exclamations & les battemens de mains de la cabale protectrice, & ont fubjugué un moment quelques enthoufiaftes; maisle cinquieme les a rétablis dans leur première tranquillité. Lorfque le Sieur Molé eft venu pour annoncer la feconde repréfentation, on a beaucoup applaudi, avant qu'il parlat: mais on a crié du parterre, pour Molé, & 1'on a eu grand foin de faire entendre que c'étoit è facteur qu'on en vouloit. Cependant Ie Vindicatif eft afficbé pour lundi. s A la page 213. Le 4 Juilïet 1774. On s'encretient d'une autre plaifanterie imprimée fous le nom du Comte Dubarri. Ce font des lettres écrites par ce perfonnage obligeant aux différens Souverains de 1'Europe, oü il leur offre fes fervices, & les réponfes qu'il en recoh. On dit que cela eft gai, malin, & que le génie de 1'bomme, ainfi que celui de chaque Potentat, auquel on le fait s'adreffer, y eft bien peint. A Ia page 213. Le juilïet 1774. Mr. DuN3  ( 204 ) doyer pour fe donner plus de tems de faire & loifir les corredlions trés grandes qu'on exige a fon drame, 1'a fait remettre jufques a mercrédi. A la page 213. Le 4 Juillet 1774. Mr. Ie Comte de Broglie eft rappellé de fon exil. A la page 213. Le j Juillet 1774; Le Réglement qu'on avoit fait pour Ia Librairie, fuivant lequel, outre la permiffion donnée fur le manufcrit,il en falloit une feconde d'après le premier exemplaire imprimé , n'a point lieu: on y a trouvé de fi grands inconvéniens qu'il n'a pu s'exécuter & qu'il a fallu y renoncer au grand contentement des auteurs & des libraires. A la page 213. Le 5 Juillet 1774. La jeune cour s'amufe beaucoup a Marly & de chofes trés fimples & peu difpendieufes; par exem« ple, Ia Reine a voulu eflayer du cabriolet & le conduire elle-même: on 1'a vu s'exercer avec beaucoup degrace aux diverfes évolutions de cette voiture légere qui, pour ne pas perdre fon è plomb, exige une adrefle finguliere: 5 M. étoit précédée d'un fimple officier des gardes du corps. Ce fpedlale étonnoit les vieux courtifans, qui n'avoient point encore vu une Reine en cabriolet. En général, qu'aujourd'hui Souveraine & mattreffe de fes actions, celleci peut fuivre fon averfion pour les longueurs 6 1'ennui de la gêne; elle s'afiervira peu 4 1'étiquette qu'elle avoit déja fecouée étant Dauphine. Du refte, S. M. aimera les fpec-  C 295 ) tacles, les fêtes & les plaifirs de fon 4ge „ a mefure que Jes diverfes nuances du deuil s'éclaircironr. Quant au Roi, ce Prince d'ua caraétere auftere, déja d'une raifon müre, ne prendra que les divertiffemens propres a corv ferver fa fanté, è lafortifier & a la délaTer des fatigues du tróne. Voila ce que jugenc ceux qui ont 1'honneur d'approeher de lqjrs Majeftés. A la page 214. Le 7 Juillet 1774. Suivant 1'ufage moderne , Je Viniimif s'eft relevé fortement hier & eft monté jufques aux nues, au moven des forces confédérées que l'auteur a mifes fur pied & dont il a gourmandé le parterre ;ce qui n'empêchera poinc cette piece dont on n'a retranché que des longueurs, d'être conflamment déteftable. A Ja page 214. Le 7 Juillet 1774. Depuis longtems on trouve mauvais que 1'Académie d'archiceclure foic féparée de celle de peinture & de fculpture. Un architeéte ne differe du ' macon qu'en ce qui Je rapproche du defïïnateur, du peintre & du fcuipteur. C'eft par Ia partie de Ia décoration qu'il peut prétendre au génie & conféquemment è la gloire. De cette defunion il naiffoit un inconvénient trés grand; c'eft que les chefs de 1'Académie de peinture ne laifToient expofer au fallon que les architecl.es qui étoient membres de leur Académie.; ce qui ne produifoit aucune émulation dans celle d'archkecture. On affure que Mr. l'abbé Terrai, depuis qu'il eft Miniftre N 4  C 206 ) de toutes ces parties, par la place de Directeur général des b&timerts qu'il occupe, fonge férieufement a ne faire qu'une feule 6c même Académie des deux. On veut encore que par une févérité trés louable, il ordonne que les artiftes qui n'auront point expofé pendant un ou deux Sallons, fans caufe legitime, feront rayés du tableau. 11 arriveroit de la réunion de 1'Académie d'architecture que déformais les monumens publics feroient foumis a la cenfure des connoiffeurs amateurs & autres par un concours dont il ne pourroit réfulter que des monumens plus parfaits. A la page 214. Le 9 Juillet 1774. On a cité le difiique fuppofé trouvé è la ftatue de Henri IV, ai'occafion du mot refiirrexit qu'on y avoit mis précédemment. C'eft un Mr. du Merfans qui en efl: l'auteur: comme ila été fort altéré par la tradition, le voici tel qu'il a été enfanté. O Henri reiTufcité j'approuve le bon mot; Mais, pour m'en affurer, j'attends la poule au pot. II ne faut pas oublier de faire auffi mentïon d'un genre de tabatieres qui, dans 1'hiftoirede nos modes, doit faire époque & caradtérife Ie génie du fiecle & la facon générale de penfer fur la mort du feu Roi. On les appelle une Con/olation dans le chagrin, paree qu'elles  C 2P7 ) font de chagrin noir, a raifon du deuil, & qu'on y incrufte le portrait du Roi & de la Reine. A la page 214. Le 9 Juillet 1774- On a oublié de parler de 1'affaire de M>'. le Comte de Menou: elle a été jugée au PréOdial de Nantes , & il a gagné , il y a plus d'un mois, fon procés contre Mr. Ie Chevalierde Foucault. A la page 214. Le 10 Juillet 1774. Madame la Comtefle de Valentinois,Dame d'hon« neur de Madame, qui vient de mourir, a été remplacée par Madame la Ducheffe de la Fauguyon, Dame d'atours. Le teftament de la première fait bruit, è caufe de fa fingularité. Elle femble avoir voulu exclure toute fa familie de fa fucceffion: elle a inftitué fa légataire univerfelle Madame la Marquife de Fitzjames; elle fait don de fa belle maifon de Paffy a Mr. le Comte de Stainville & charge de fon exécution teftamentaire Me. Baudot, célebre Procureur & fon homme de confiance , auquel elle laiffe io,coo livres de rentes viageres, dont 3000 livres réverübles fur Ia tête de qui il voudra. Elle laiffe 2000 écus de rentes a fon Notaire & beaucoup d'autres fegs. A la page 214. Le 10 Juillet 1774. La conteftation élevée au chateau de la Muete," a provoqué une Ordonnance concernant les Gardes du Corps du Roi, qui va paroftre. On y fixe un traitement aux Chefs de BrigaN $  C 2*3 ) c*e & plufieurs points relatifs è Ia confedh'ori de ce corps, ainfi qu'au fervice. A la page 214. Le 10 Juillet 1774. M'. Ie Comte de Broglio eft arrivé cette nuit & fe difpofe fans doute è beaucoup intriguer, fuivant fon génie tourné fort de ce cóté • lè. A la page 214. Le 10 Juillet 1774. L'fnftruélion provifoire pour 1'Infanterie frangoife, rédigée d'après Jes principes du Baron de Pirch, eft publique depuis quelques jours. Mr. le Maréchal Duc de Biron & Meffieurs les Jnfpeóreurs, après Ia confedtion de eet ouvrage, ont écrit une lettre au Miniftre pour _ qu'il foit accordé des graces au Baron de Pirch qui en eft l'auteur, & aux différente* perfonnes qui y ont concouru. A la page 216. Le ie Juillet 1774. L'Estampedonton a parlé eft ainfi compofée. Elle a d'abord pour titre le retour du Parlement. On y voit Ia Juftice prête è rendre fes jugemens, affife fur un cube,fous un palmier, fymbole de ftabih'té & de paix, tenant fur fon bras droit Je bufte du Roi couronné d'oliyier. Au haut eft cette infeription: RegiPatificatoriiauRoi Pacificateur. Appuyée furun bouclier, le faifceau è cóté, elle porte de 1'aurre main Ja balance & I'épée enlacées d'un rameau d'olivier: auprès d'elle, la couronné royale eft pofée fur le globe de Ia France & le flambeau du fchifme fous fes pïeds. On lir fur le bouclier oh eft gravé un C&lice;ob Leges&S.S. Cm.jerv, Pour la ton-  C 209 ) fervation des loix £? des faints canont. Enfia, au bas de la gravure eft cette autre infcription: Juftitia redux. IV. Sept. M DCCLIV. Le retour du Parlement le 4 Septembre 1754. Enfuite eft un petit Médaillon repréfentant le Duc de Berry dans fes langes, né a Verfailles le 23 Aoüt 1754. II eftentouréde lauriers qu'enlacent les couleuvres qui femblent refpeéter fon berceau. Au defius de fa tête on lit: Pignus pacis: Gage de la paix. C'eft furtout ce médaillon-ci dont on a voulu rapprocher les circonftances avec celle aétuelle, & Mr. le Duc d'Orléans s'imaginane. que peut-être leMonarque feroit fhtté de fe trouverè fon avénement au tróne dans le cas. de rétablir une Paix dont il avoit été le gage è fa naiffance, eft allé a Marly montrer au Roi 1'eftampe en queftion que , pour cette raifon,on recherche aujourd'hui avecempresfement. A la page 216. Le 13 Juillet 1774. Oa a commencé furie théatre de la rue Sc. Nicaife les premières repréfenrations de 1'opéra d'0/> fhée du Chevalier Gluck, &déja quantité d'amateurs ont voulu en avoir les pvémices. Ils; en difent beaucoup de bien: ils 1'annoncenc, comme dans un genre plus agréable, plus léger qu'Iphi^énie; enforte qu'on fe difpofe è\ fuivre les gnndes répérition.s avec la même fureur que celles de ce deruier opéra. Om prétend que les Directeurs ont réfolu de ne point donner de billets pour éviter les iupporN O  C 200 ) tuns: ce qui doit les augmenter. D'ailleurs comment faire des répétitions fans auditeurs? A quoi ferviroient-elles? A Ja page 216. Le 14 Juillet 1774. Mr. de Voltaire dans une lettre è 1'un de fes amis, ne femble pas approuver le titre même du nouveau drame intitulé le Viniicatif. II dit a cette occafion que ce n'étoit point affez d'avoir faic dégénérer Ja comédie de fon véritablebut, en introduifant Ie comique larmoyant; que nous allons avoir la comédie horrible. Quelle exclamation ne feroit - il pas en voyant le monftre dramatique en queftion P A Ia page 216. Le ij Juillet 1774. La nouvelle Cour n'a pas encore une affiette bien fixée; les voyages, les cérémonies, les changemens annoncés, rien ne fe décide; ce qui faitmurmurer les vieux commenfaux habitués aux marches périodiques de Louis XV, qui n'avoit de ftabilité que dans ces petites chofes. On craint que Mr. de Maurepas, par caracterect par fon age, enclin k 1'inaction ne laiffe également languir les affaires politiques; mais la néceffité d'occuper le jeune Monarque n'ayant point de diftractions écrangeres, le forcera d'y vaquer &de donner uu aliment a fon defir de bien faire & de rendre fes peuples heureux. A la page 217. Le ij Juillet 1774. Le Sieur de Beaumarchais, fe regardant déja comme un homme célebre, s'eft fait graver & ion portraic fe yend publiquement. On trou-  C 301 ) ve que c'efi une grande impudence de Ia part de eet accufé, blamé par un tribunal quelconque & non encore lavé. A la page 218. Le 16 Juillet 1774. La fagon de reftaurer la fontaine des petits Peres devient de plus en plus difpendieufe, par les travaux ftirvenus a 1'occafion de 1'éboulement des terres & des excavations. On ne peut regarder cette méthode, fi 1'on ne 1'améliore, que comme de fpéculation. A la page 218. Le 16 Juillet 1774. M". de Waïlly & Peyre font deux architedtes qui' depuis longtems avoient iraaginé un plande falie de comédie k établir a 1'hötel de Condé qui en avoient rédigé les defiins & avoient même obtenu des Iettres patentes pour i'édification de la fufdite Salie. De nouvelles vues a eet égard les avoient obligés de remet-: tre ces plans dans leurs porte-feuilles. Depuis qu'il eft queftion du même lieud'empla. cement, ils ont trouvé fort mauvais que JeT Sieur Moreau, chargé de la befogne, comme archkecte de la ville qui doit faire les frais du nouvel hótel, fe füt approprié leur ouvrage connu & dont il n'a pas eu peine d'avoir communication. Ils attaquent aujourd'hui le Sieur Moreau, ét les obftacles qui s'oppofoient a ce qu'ils fiffent valoir leurs letcrespatentes étant levés, puifque remplacement redevient Ie même, & que 1'énórmité de Ja dépenfe n'effraye plus, ils demandent k avoir la direétion de ce monument. C'eft N 7  C 3°* ) ce qui les a déterminés è mettre leur travail fous le« yeux de leurs Majeflés, ainfi qu'on Pa vu annoncé dans la Gazette de France. Ces tracafferies réveillent 1'efpoir du Sieur Liegeon, qui a par devers lui 1'avantage d'un plan plus commode pour le local & infini' ment moins difpendieux. A la page 218. Le 17 Juillet 1774. Indé« pendamment de 1'eftampe dont on a parlé, frappée en 1754 pour flxer 1'époque du retour du-Parlement, il en fut imaginé une autre plus fiatteufe pour le nouveau-né, qui en fait 1'objec principal, k laquelle on joignit des vers. C'eft celle-ci que Mr. leDucd'Orléans & Mr. le Duc de Chartres ont préfentée è S. M. En voici le détail, fur lequel les vers qu'on va citer d'abord, jetteront un grand jour; ils en font comme 1'explication: Aftre nailTaat, dont la lumiere Doit aujourd'hui des loix éclairer le retour, Pour te voir commencer ta brillante carrière, Quel moment plus beureux eut choifi notre amour? Le ciel efl; pur & fans nuage, Les vents fe taifent dans les airs, Tranquile après un long orage Le timide Alcion s'éleve fur les mers. Thémis arrivé au port; elle voir fur la rive Cet allre dont 1'aurore amene les beaux jours. Sur un berceau de fleurs qu'entourem les Amouis Louis fixoit encore une vue attentive,  C 303 ) Et du héros nailTant confultoit les deftins. II appercoit Thémb , l'Enfant lui tend les mams," Le Monarque fourit a eet heureux préfage; Peuple, ce fourire eft le gage Qui répond a vos vceux du bonheur des humains. Au milieu de PEftampe on voit Louis XV tenant la maffuë d'Hercule, emblême dufanatifme qu'il vient de détruire. La fcene efi forc éclairée; des rayons de lumiere dardent de toutes parts & caracTérifent Ia vérité qui vient de deffiller les yeux du Monarque: dans les airs vole 1'Alcion, eet oifeau fymbole du calme après 1'orage. Thémis, fa balance fous fon bras, fon glaive è Ja main efl; repréfentée comme échappée a la ternpête & débarquant. EHe porte fes premiers regards fur un enfant qui efl préfenté au Roi par une femme ailée. Une aigrette de feu fort de fa tête; on fuppofe que c'efl l'Aurore mentionnée dans les vers. Le jeune Prince tend les bras vers la Déeffe de Ia Juftice. Au devant du tableau eft fon berceau de fleurs, autour duquel voln'gent les Amours Au bas eft 1'infcription ci-jointe: Naiffance. de Monfeigneur le Duc de Berry, né a VerfaiU les le 23 Aaüt 1754, qui fin d'époque au retour du Parlement. A la page 219 Le 18 Juillet 1774. IJ « a un grand fchifme dan< la Faculté de Droit reladvement è la Cure de S . André des Arts, dont les Doóteurs & les Agrégés fe conteftenc  C 304) ïéciproquement Ja nomination, ou, pour mieux dire, de la nomination de laquelle'jes premiers voudroient exclure les feconds. Cette nomination eft attribuée fucceflivement aux différentes Facultés de 1'Univerfité, étant dévolue a ce Corps. Les Agrégés autrefois ne faifoient pas corps avec elle; depuis Je commencemeno du fiecle environ ils ont été déclarés en étre membres. Et c'eft fur cette décifion qu'iiss'appuyentpour obtenir un concours de fufFrages avec les Docleurs: c'eft la matiere du 'procés. A la page 219. Le 18 Juillet 1774. C'eft le vingt-neuf de ce mois que Mr. l'abbé de Eoisment doit prononcer devant 1'Académie frangoife, 1'oraifon funebre de Louis XV. A la page 219. Le j8 Juillet 1774. On a fait mention du mot refurrexit, trouvé è la ftatue de Henri IV. On dit qu'è Saint Denis on a trouvé auffi ce terme exprefiif auprès de Louis XV. On a attribué la pafquinade a quelque parlementaire, faché de voir le Chancelier toujours en regne. Elle prouve au furplus combien aifément le Frangois paffe de 1'éloge outré è la fatyre la plus injufte. A la page 219. Le 19 Juület 1774. Mr.de Vergennes, nommé au Département des afiai. res étrangeres, qui tardöit è fe rendre ici de Stockholm, oh il étoit & oh il a appris avec bien de la furprife le choix du Roi tombé fur fa pexfonce, eft arrivé dimanche en fort bonne  C 305 ) fantê, quoique 1'on i'eüt fait mort. II dit, qu'il a été inftruit de la nouvelle de fon tre-, pas a Hambourg, qu'il s'eft taté & que fe,' trouvant trés en vie, il a continué fa route.. II fe difpofe a prêter ferment inceffamment, afin d'entrer tout de fuite au Confeil. A la page 219. Le 19 Juillet 1774. Extrait d'une lettre de Rennes du 12 Juillet 1774... Nous ignorons pourquoi 1'Arrêt de Rennes concernant le Sieur Roujfeau & fon Journal qu'il imprimé è Bouillon, n'a fait aucune, fenfation dans Paris. II en a produit beaucoup ici; il eft du 14 Janvier & a été rendu fur la dénonciation fake par un de mciTieurs dudit Journal: voici le difpofitif. La Cour, chambres afiemblées, faifant droit fur les Remontrances & Conclufions „ du Procureur général du Roi, ordonne que 1'ouvrage périodique ayant pour titre Sup,, plément pour les Journaux politiques, ou Ga„ zette des Gazettes des mois d'Oclobre, No„ vembre £? Décembre 1773 , d Bouillon, avec ,, approbation cif privilege, fera laceré & brülé ,, au pied du grand efcalier du Palais, par ,, 1'Exécuteur de la haute juftice, comme, ,., contenant aux pages 49, 50 & 51 des faits „ faux & calomnieux; & un libelle féditieux „ fous Je titre de Requête des pauvres du Dio~ ,9 cefe de Rennes ,fak pour continuerd'échauf,, fer les efprits, & renouveller les troubles de la Province, tendant a inculper le Par„ lement aux yeux du Peuple,h répandre des  (306 ) sa préjugés odieux fur Ja juftice de fes arrêts „ & a flétrir 1'honneur de fes membres, aux. „ quels on fuppofe mécbamment des vues & 3, des intentions criminelles; ordonneè tous „ ceux qui en ont des exemplaires de Jes „ apporter au Greffe de Ja Cour, pour y de„ meurer fupprimés; ordonne pareiJlement s, que Jes différentes copies manufcrites en „ écriture contrefaite de ladite requête », des Pauvres au diocefe de Rennes (au nombre de trois) enfemble Jes lettres den» „ voi qui les accompagnoient, toutes mifes 3} fur le bureau par plufieurs des membres de „ ladkc Cour, demcureront dépofées a fon „ Greffe, pour fervir de Mémoires & de „ pieces de comparaifon: a décerné commis„ fion au Procureur général du Roi, pour „ informer contre les auteurs & copiftes de „ Jadite requête, par devant Me. de Caradeuc „ de Keranroy, Confeiller , Doyen de la Cour, &.c." A la page 219. Le 20 Juillet 1774. On continue è prétendre que les paroles de la faujfe peur font de l'abbé de Voifenon, quoiqu'on ne retrouve nullement fa maniere dans eet ouvrage, oii tous les róles paroiffent facrifiés a celui de Mr. Raille, que fait le Sieur Trial. Ce M«-. Raille efl vifiblement calqué fur un homme de föciété trés connu, & qu'on appelle par dérilion Milord Gok. C'eft un plaifant qui prend Jes allures de toutes les natioas & furtout .d'un Anglois. Oa  f 3°7) peut fe rappeller fon biftoire avec Madame de Cruffol, lorfque fe faifant paffer dans un fouper pour un médecin étranger, il capta la confiance de cette Dame, qui defira d'avoir un tête - è- tête avec lui & lui fit des aveux, dont elle fe répentit fort, lorfqu'elle apprit qu'elle étoit dupe. Ce Mr. Raille poffede auffi le talent inimitable de contrefaire au fuprême degré ceux qu'il veut imiter & joue également un róle de médecin. Le furplus de fa piece ne resfemble en rien a la première aventure. La mufique efi pleine de reminifeences, agréable, mais foible; il y a cependant 1'ariette de Mr. Raille, oh il annonce fon fa voirfaire, qui a été fort applaudie comme favante & trés diverfifiée. A la page 219. Le 21 Juillet 1774. On fait que depuis longtems il avoit été queftion de jouer la Partie de chaffe de Henri IV, du Sieur Collé, mais qu'il avoit été précédemment décidé au Confeil que cedrame ne feroit point repréfenté, comme dégradant un fi grand Roi; cependant par une inconféquence trop commune, exécutée fur quantité de théatre? particuliers, dans toutes les Pro vinces, au théatre de la ville de Verfailles, & tout recemment, eet hiver, k la cour, devant Madame la Dauphine. Depuis qu'elle eft Reine, elle a fait lever 1'exclufion: la Partie de Chaffe doit fe jouer inceffamment a la comédie frangoife j mais l'auteur s'y oppofe  C3°8 ) sujourd'hui; 1'on croit que c'eft k caufe de Ia faifon. ■ A la page 210. Le 22 Juillet^ 1774. Les coiffures au tems pré/ent, font des bonnets de femme trés hiftoriés, qui font furmontés de deux cornes d'abondance, & garnis d'une quantité d'épis de bied qui retombent de toutes parts. Cet ajuftement inventé, comme 1'on juge, par 1'adulation, ne fera pas longtems de mode, fi le bied continue a renchérir, comme il fait journellement. A .la page 219. Le 23 Juillet 1774. On connoft "1'attachemene de Mr. le Prince^e 'Condé pour Madame la Princeffe de Monaco. On peut fe rappeller qu'afin d'en jouir plus librement en 1771, il engagea le Parlement a reprendre fon fervice interrompu & a juger le procés en féparation de cette Dame, malgré toutes les proteftations & oppofjtions de Mr. le Prince de Monaco. Depuis le Prince de Condé a affiché fcandaleufement fon commerce d'adultere avec elle; il 1'a logée auprès de fon nouveau palais, dfi il lui fait conftruire un hótel; mais le Roi vient de rompre ces liens criminels par un ordre fignifié a Madame de Monaco de choifir un afyle dans un couvent. Envain fon illuftre amant s'eftil rendu fur le champ k Marly pour fupplier S. M. de retirer la lettre de cachet: Elle eft fefiée inflexible & a répondu qu'elle aimoit 1'ordre, les bons ménages, la confervation des mosurs} & qu'une femme ne vivant  (' 309 ) point avec fon mari, ne pouvoit refter dans le monde. Cette févérité vis è vis du Prince de Condé. dans un moment critique oü, en fe féparant des Princes exilés il obéiffoit fervilementaux volontés du Monarque, prouve combien on fait peu de cas de lui a Ia Cour. A Ja page 219. Le 24 Juillet 1774. Le Sieur Boby, Notaire, vient d'afficher une banqueroute eonfidérable, qu'on évalue a plus de huit eens mille francs. On étoit furpris qu'il ne 1'eüt pas déja faits, On favoit aue eet officier de juftice faifoit beaucoup plus de dépenfe qu'il ne convenoit k fon état & dans un genre ridicule: il fe donnoit les airs d'entretenir des filles d'opéra & de leur offrir des cadeaus confidérables. II affichoit au furplus une élégance, un luxe proport.ionnés k ce goüt; enforte que tout le monde crie contre lui. A la page 219. Le 25 Juillet 1774. Da tems des Romains, 1'Efpagne avoit beaucoup de mines qu'ils faifoient exploiter & dont ils tiroient une grande quantité d'or & d'argenc. Depuis longtems Ia cour de Madrid s'étoit peu occupée de cette exploitation. Plusjaloufie de celle du Pérou, elle y bornoit fes foins. Des particuliers frangois fe font réunis a des Efpagnols & ont formé une compagnie pour extrairedes montagnes des Afiuries les fillons qu'on y avoit découverts. La mine £ft devenue fi abondante, que les aétions de  C 3io) cette compagnie ont pius que fextuplé. On y a fait paffer des gens infbuits pour faciliter par leurs lumieres J'extraction de la matiere & fa décompoficion. Quoique par ce recours è norre nation, les Efpagnols qui devroient être nos maftres en ce genre, conviennent de la fupériorité des Frangois, on reproche a 1'Académie des Sciences de ne .s'être prefque pas occupé de eet art, & il eft queftion d'écablir une chaire & des écoles ad hoe. A la page 210. Le 26 Juillet 1774. La Signora Bafiardella eft ici depuis quelque tems; c'eft la pluscélebre cantatriced'Italie; elle eft fupérieure è la Signora Gabrielli: elle eut voulu fe montrer avec éclat dans cette capitale: elle defiroit qu'on ouyrït une foufcription en fa faveur; on ne fait pourquoi 1'on n'y fonge pas: elle a chanté dans quelques maifons particulieres feulernent, & 1'on craint que ne. fe voyant pas accueillie autant qu'elle le mérite, elle ne difparoiffe bientöt, fans avoir été entendue du grand nombre de nos amateurs de mufique. A la page 219. Le 26 Juillet 1774, Mr. le Cardinal de Gesvres vient de mourir affez avancé en &ge, d'autant plus qu'il étoit contr&fait & boffu. II plaifantoit lui - même de ce dernier défaut naturel & difoit en riant, qu'il n'aimoit pas qu'on 1'appellat Son Éminence. II avoit refigné depuis peu fon Evêi ehé de Beauveis^ 11 laiffe tous ies biens aux  C 3" ) hópitaux de cette ville; ce qui déplait fort k fa familie: elle veut travailler a faire caffer ]e teflamenr, fon Jé fur les ordonnances qui défendent de léguer aux gens de main morte; mais ce qui fem&le devoir fouffrir exception de la part des gens d'églife, tenus au contraire d'y faire retourner ce qu'ils en ont recueilli. A la page 219. Le 27 Juillet 1774. L'oraifon funebre du Roi que MX l'Abbé de Boismont, 1'un des Quarante, doit prononcer a la chapelle du Louvre, devant 1'Académie frangoife, n'aura lieu que famedi 30. C'eft: Mr. TArchevêque de Lyon, membre de la compagnie, qui doit officier. A la page 220. Le 29 Juillet 1774. La réception deM1'.Suarda. 1'Académie frangoife eft indiquée au 4 Aoüc procbain. A la page 222. Le 30 Juillet 1774. Epitre & Henri IVfur l'avéneme?it de Loürs XVI, par Mr. de V.... On auroit peine a croire que cette bagatelle füt du vieillard poëte, dont elle porte te nom, fi fon avis au Lecteur & plufieurs paffages de'fa petite poéfie, comme il 1'appelle, n'attefloient leur auteur. Elle n'eft diltinguée des autres que par une adulation encore plus baffe: & en effet il a grand befoin de flatter le jeune Monarque fortement prévenu contre lui. Un trait trés connu prouve combien il 'e décefle: unjour on demandoit a ce Prince devenu Dauphin, quel fpectacle il defiroit? „Tout ce ce vous )  s, voudrez," répondit-il: „ pourvu que'ce ne foit pas de Voitaire." A Ja page 224. Le 31 Juillet 1774. On va travailler inceffamment è 1'agrandiffement de la place qui eft devant lè palais royal: au moyen d'un rang de maifons qu'on abat du cöté des Quinze-vingts, on dégage toute Ja partie du palais encore mafquée, &.en reculant le cMteau d'eau on procure a eet emplacement la proportion & 1'étendue convenables. Malgré tant de foins & de dépenfes, ce palais fera toujours rempli d'imperfedtions & de défauts, & le plus grand fans doute fera celui de n'avoir point affez de grandeur & de nobleffe du cöté de la rue & de reffembler è un llmple hótel particulier.. A la page 224. Le 1 Aoüt T774. La reftau'ration de la fontaine des petits Peres a trés .bien réuffi; elle eft finie, mais non fans une dépenfe exceffive, ainfi qu'on 1'aprécédemment obfervé. A la page 224. Le 1 Aoüt 1774. On n'a pu qu'en ce moment recueillir les pieces authentiques des deux fuicides arrivés èSt. Denis le jour de Noël dernier; Pattention du gouvernement a les fouftraire dans le tems de Ia première fermentation, les avoit rendus rares alors, & depuis de nouveaux événemens avoient fait perdre de vue celui-15. Toutefois il eft trop unique pour n'en pas conferver les détails & les monumens en quelque forte  C 3^3 ) forte dans toute leur intégrité. Les pieces recouvrées font au nombre de trois *' .La.,e"re de Mr- * Rulhieres\ Lieutenant de Ia Marécbauffée, oü il rend compte è fon fupéneur de toute 1'aventure & en drelfe une forte de procés verbal. 2. Un Teftament que les deux Dragon, ont dreffé en commun avant de fe tuer morceau trés finguüer qui, bien loin d'anl noncerde Ia folie, caraftérife au contraire un trés grand fang froid & un efprit de S 3- La lettre de Vm d'eux è un officier oui 'honoroit de fon amitié & de fo, e ffim e lettre oü 1'on retrouve le même efprit S." fopbique que dans Ie teftament, & en ou ?e plus de liberté & de gaieté,telle quS com! porte le genre epiftolaire Alapageaaj. Le2>0&1?74. D . 1 appelle; un (W compofé de BerS f Bergères* de Nymphes, fuitedesdeu?éPoux rend au tombeau ó'Euridir? u t P J' de guirlandes. Orphée fat.W L & titude Ia faI> r^l ^Ttde ce"e mul- tude & a fa dou eur • , f 4 ,a fo,i- gereux d-alf«rJ £S 6 ^danZiM YYir/f aux !fers Jew viélime. — — u  C 3H ) L'Amour fwvtaN il le confole, il lui annonce ou-il peut defcendre au Tartare: quil ramenera fa femme, a condition qu'il fe contietidva & ne la regafdera pomt. U fe retire cnfuite; après avoir gémi de cette loi rigoureufe, Orphêe fe réfout a obéir; ilprend fa ly*e, il met fon cafque , & marche vers le ]ac d'Averne. Au fecond Acte, le théatre change; on voit 1'entrée des Enfers; les fpeftres & les furies s'oppofent au paffage é'Orphée & troab'ent fes accords par leurs danfes. 11 les charme infenfiblement & pénetre. A ce fpecracle effroyable fuccede le tableau des Champs TTlvfées que préfente une décoration nouvelfe " Plaiürs.jeux, danfes des Ombres heureufes- a leur tête eft Euridice, qui fe fehcite de fon bonheur nouveau; elle va parcourir les bofquets écartés de ces beaux Sx" alors Orphêe arrivé & redemandeaux S el fon époufe: pendant qu'on la cherche on charme 1'ennui de 1'époux par toutes fortes de divertiffemens: elle lui eft rendue. Le troifieme Acte ne contient proprement ou'une fcene entre Orphêe & Euridice Celle. 2? Sppersoit qu'il détourne d'elle fes re. aards; elle croit qu'il fe répent déja de fon aöion géDéreufe,elle le preffe de s'exphquer, de tournet les yeux vers elle; après un combat de fentimens divers il ne peut réfilUr aux reproches de fon époufe, il 1'envifage; elle meurt loudain. iviais i nuwu» -r-  Telle eft la marche du poëme charme ttndre, ondlueux en Itaüen, & ' ducteur, Mr. Moüne, pouravoi, , ?* rendre trop littéralemena ftfc i„r? ? Plat:ce qui fait tort £mule e^ & clamation du réciSfrat^t^* ^ ■ a gendlielTe, au pittc^i'£ ^ Itahennes; & que Ie tout eft renforcé D r d4 fymphomes dans Ie genre alleman,? «• r * ^e Je plus eflimé aojoartWd'qu °D fa'C du 26 Décembre ,7„ Mww»<* date ^ cinq heures -wf ^ fe fon£ tués h;er ö S . Denv, a - ? °d quej'ha- Porte qu'on a trouvé fZS h «omt affis chacun fJ^ZSt^ ™ de J'autre cóté de h rh~ > de 1 un & *g Pieds, la msl rfiSrit'"4 vel'e emportée & 1,dtauee a Ja eer- 0.2  C 3iö ) fon cóté. Hs avoient une table entre eux deux, fur laquelle repofoient depuis le matin trois bouteilles de vin de Champagne. On a trouvé fur cette table unécrit, dont j'ai 1'honneur de vous adreffer copie dans la même forme, ainfi que la copie d'un brouillon de lettre écrite a M. de C. officier au Régiment de Belfunce. lis étoient arrivés d'avanthier a 1'auberge; ils ont été occupés toute la journée a écrire quatorze lettres qu'ils ont mi fes a la pofte, & dont on dit qu'une plus grande que les autres eft adreffée a Mr. de Sartines. La juftice de Denys a fait faire la levée des deux cadavres , qu'elle m'a remis aujourd'hui pour être tranfportés k la baffe geole du Chatelet. C'eft de moi dont il eft queftion dans eet écrit fous le nom de Rh. Le Dragon de Belfunce paflant k Sc. Denys, 1'année derniere, allant au Régiment, il étoit avec un de fes camarades.qui" étant ivre avoit fait quelque tapage dans cette même auberge, oh je fus appellé & j'eus lieu d'être content de la conduite du Sieur Bordeaux. J'ai 1'honneur, &c. A la page 225. Le 3 Aoüt 1774- ©nattend avec impatience le difcours de Mr. 1'Evêque de Senez; mais il paffe pour conftant qu'il fouffrè beaucoup de difficultés a 1'irapreffion. On follicite fortement le Prélat d'y changer certaines chofes, & 1'on prétend qu'il s'obftine ' è le laiffer tel qu'il 1'a prononcé, ou k ne point le faire paroltre. On veut que Mf. Ie  C 3t? ) Comte éAranda foit celui qui s'oppofe le plus fortement k fa publicité, è raifon de la maniere injurieufe dont Mr. de BeaumisAll exprimé k Poccafion de la defiruclion oïs fé foite», è laquelle on Ut que Ja Cour d'Efpa". gne a pnncipalement contribué A Ia page 225. Le 4 .tofe ,774. p fuite de ce qu'on a dit, Uk éelaBordeil premier valet-de-chambre du Roi, fem\nt combien U feroit défagréable k leurs Maieftés a pris Ie parti de profiter des infinuations quVl a recues a eet égard, & M'. Richard deU, p, Fermier général, ayant eu 1'agrément de tra.ter de cette charge, il a fait ufaSan gernent avec M'. de la Borde, par JequeTil Jui donne 50,000 écus dargent comptait, fc regoit adjoint pour moitié de Ja place de Eermier général, dans Ja part qu*e„ a MT Richard & celui-ci fe trouve ainfi premier" valet - de - chambre du Roi. Penner A la page 225, Le 4 ^ I?7. ~ „ mm de deux Dragons, ?„;/t?/m d Denys dans une chambre de Vauberve de l'albl „ Un homme qui meurt avec connoiffance ne doit rien Jaifler k défirer k ceux qui Tul furvivent. Nous fommes dans ce caTnW gaucun, autre. Notre intention eftd'empêdier P é exte deS 3 la CUn'°flté' fous Prêtexte de fbrmajjtés & de bon ordre, trans- / O 3  C 318 ) portera ici pour nous rendre vifite. Humain eft le plus grand de nous deux, & moi Bordeaux je fuis le plus petit. II eft tambourmajor de Meftre- de - camp Général des Dragons ; & moi je fuis fimple Dragon de Belfunce. La mort eft un paffage: je ra'en rapporte au Procureur Fifcal de Saint Denys & a fon premier clerc qui va lui fervir d'adjoint pour faire une defcente de juftice. Ce principe, joint a 1'idée que tout doit finir, nous met le piftolet a la main. L'avenir ne nous offre rien que de trés agréable; mais eet avenir eft court. Humain n'a que 24 ans; pour moi je n'ai pas encore quatre luftres (20 ans) accomplis. Aucunes raifons preffantes ne nous forgoient d'intertompre notre carrière; mais Je.chagrin d'exifier un moment, pour ceffer d'êcre une éternité, eft le point deréunion qui nous fait prévenir de concert eet gele defpotique du fort. Enfin le dégout de la vie eft le feul motif qui nous la fait quitterSi tous les malheureux étoient fans préjugés & pouvoient regarder leur deftruclion en face, ils verroient qu'il eft aufii aifé de renoncer a 1'exiftence, que de quitter un habit dont la. couleur nous dè'piait. On peut s'en rapporter a notre expérience. Nousavons éprouvé toutes les jouillances, même celle d'obliger nos femblables. Nous pourrions nous les procurer encore ;mais tous les plaifirs ont un terme, & ce terme en eft le poifon. Nous fomm.es dégoütés de la fcene univerfelle; la  C 315 ) toile eft baiffée pour nous; & nous laifTons cos rdles k ceux qui font affez foibles pour vouloir en jouir encore quelques heures. Quelques grains de poudre vont brifer les refforts de cette maffe de chair mouvante que nos orgueilleux femblables appellent le Rot des Etres. Meffieurs de la juflice, nos corps (ont k votre difcrétien; nous les mépnlons trop pour nous inquiéter de leur fort. fö^Af 3Ui nOUS refte' moi Bordeaux ie Jaiffe a M-. de Rh. mon épée d'acier: il ie fouviendra que 1'an paffé, prefque a pareil jour, il eut i'honnêteté de m'accorder de 1'induJgence pour le nommé Saint Germain qui lui avoit manqué. La fervante de cette auberge prendra nos mouchoirs de poche & de col, ainfi que les- bas que j'ai fur moi & autres hnges quelconques. Le refte de noseffets iera luffifant pour payer les fraisdel'informanon & de procés verbaux inutiles qu'on fera h notre fujet. L'écu de trois livres qui reftera iur Ia table, payera Ia derniere bouteilleque nous avons bfi." A Saint Denys,-4e jour de Noël 1777. (fignés; Bordeaux. Humain. P. S. II y a encore une bouteille de furplus qu'on prendra fur nos erfets. (üané)Bordeaux. A la page 225. Le 5 Aoüt 1774. On ne croit pas que Mr. de Jouville foit obügé de ie defaire de fa charge de Maftre desRequé= tes; on die feulernent qu'il eft exilé a fa terre. O 4  ■ C 32o ) La Demoifelle Granville efl: déja fortie de Sainte Pelagie. A la page 225. Le 5 Aoüt 1774. On ne peut rien voir de plus ridicule qu'un acroftiche imaginé par le Sieur Ducroc, Secrétaire de Mr. é'Alembert, pour mettre au bas du Portrait de ce Philofophe. Le voici: rju meilleur des mortels reconnoiffez 1'image, >fon afpea heureux 1'humanité fourit, fa vérité renait, la vertu prend courage Kt le germe des arts fe ranime & pfoduit. ^éprifant des grandeurs un vain titre emprunté; tdenfaiteur des humains eft celui qu'il piéfere. P.tre a la fois leur guide & leur fervir de pere, ^oegner fur les talens par la,fécondité.Hels font fes juftes droits a 1'immortalité. On ajoute cependant que le Philofophe a trouvé ces vers-trop mauvais pour les adop* ter par 1'impreffion ou la gravure qu'il en permettroit;mais il ne ferable pas trouver mauvais que l'auteur les répande & en donne des copies. , . A la page 225. Le5 Aout^A- Lettreecnte par lé nommé Bordeaux a Mr. de C. officier de Dragons a Guife, au Régiment de Belfunce. „ Monfieur ! pendant mon féjour a Guife vous avez paru m'honorer de votre amitié. II efl: tems que je vous en remercie. Je crois vous avoir dit plufieurs fois dans nos conver- fations  C 321 ) fatïons que mon état aftuel me déplaifoit* cec aveu étoit fincere, mais peu exact, jemè fuis examiné depuis plus férieufement cc j'ai reconnu que ce dégoüt s'étendoit fur tout & que j'étoïs également raffafié de tous les ét'ats poflibles, des hommes, de ï'univers entier óc de moi-même. De ces décou vertes il m'a faliu tirer une conféquence. Lorfqu'on eft las de tout, il faut renoncer a tout- ce cal cul n'eft pas long;je Pai établifans lefecours de la géométrie. Enfin, je fuis fur le point de me défaire de mon exiftence, que je poftede depuis prés de vingt ans, & qui m'a étéè charge pendant quinze ans. Je ne doisdes excufes a perfonne; je déferte, c'eft un crimemaïs je dois me punir «Sc la loi fera fatisfaite* J avois demandé k mes fupérieurs uD congé pour avoir 1'agrément de mourir a tête repofée. Ils n'ont pas daigné merépondre- i'en ferai quitte pour me dépêcher un peu'p!us vite. Je mande è Bar de vous remettre que] ques cahiers que je lui ai laiffés k Guife &que ]e vous prie d'accepter: vous y tröuverez quelques morceaux de littérature affez bien .choiüs. lis fuppléeront au mérite perfonnel qu'il m'auroit fallu pour m'obtenir une place dans votre fouvenir. Adieu, mon cher Lieutenant, foyez conftant dans votre amour pour Saint Lambert & pour Dorat; du refte volt-gez de fleurs en fleurs & continuez d'en' lever le fuc de toutes les conndillaaces, comme de tous les plaifirs. ' O s  C 322 ) Quant a moi, j'arrive au trou Que n'échappe ni fou ni fage, Pour aller je nu fais oü. (Vers dePircn). Si 1'on exifie riprès cette vie & qu'il y ait du danger a la quitter,jetacherai de m'jbfenter une minute pour venir vous 1'apprendrer s'ij n'y en a point, je confeille a tous les malheureux, c'eft prefque dire, k tous les humains, de fuivre mon exemple. Si vous écrivez quelquefois k Mr. de C. faluez le de ma part; je lui dois k tous égards de lareconnoisfance. Lorfque vausrecevrez cette lettre, ily aura tout au plus vingt-quatre heures que j'aurai cetlé d'être avec la plus fincere amitié, mon cher Lieutenant, &c. Bordeaux, jadis éleve des Pédans, puis de Cujas, puis aide de chicane, puis moiDe, puis dragon, puis rien. A la page 225. Le 6 Aoüt 1774. On avoit reproché au Chevalier Gluck d'avoir négligé dans fon Iphigenie les acceffoires de ce fpeöacle, c'eft - k - dire, les danfes & les divertifiemens: il a prouvé dans Orphêe & Eurièice qu'il entendoit cette partie auffi bien que perfonne. Rien de.plus agréable que les aira de ballet. L'ouverture & la déclamation chan» tée de celui-ci font inférieures fans doute k cette partie du premier opéra, bien fupérieur par Pintérêt & par les paffions tragiques. II y a cependant encore beaucoup d'expreffion dans Orphêe, & le Sieur le Gros, animé par le rauficieus continue k être Meun M!1**  ( 323 ) Jtrnoux fait le róle é'Euridice, maïs Pbrgane de cette actrice qui fe perd abfolumenc, eft infuffifant pour certains morceaux trés forts qui exigeroient beaucoup plus de voix. M,le. Rofalie remplit ie troifieme & dernier róle de? cette piece, celui de 1'Amour: c'eft le plus foible. Les Ballets font de la compofition du Sieur Veflris .-celui des Monftres & Démons dans le premier Aéte eft vigoureux, chaud , pittoresque & plein d'énergie. On ne peut s'empêcher de rire cependant, en voyant dans le livre des parolesle Poifon perfonnifié Sc repréfenté par M le. Vernier. On ne peut excufer cette bêtife qu'en la regardant comme une plaifanterie fanglante, qu'on a voulu faire contre cette danfeufe a laquelle fon róle attire toutes fortes de mauvais quolibets. Les Fêtes des Champs Elyfées font cbarmantes pour les détails , 1'ordre, le nombre & 1'exécution; mais op» •f trouve des contrefens dans la Pantomime,, femblant exprimcr la coquetterie & la rivali» té, qui doivent être exclufesdu féjourdes bienbeureux. Enfin les fêtes du troifieme Afle font de la plus grande magnificence, fans avoir aucun caradlere particulier; ce qui efi fans» doute un défaut: elles font merveilicufernenc bien terminées par un pas de trois de Mlle.. Heinel, Sc des Sieurs Veflris & Gardd, qu» préfentela perfecliondel'art Sc un aftémbuge. de graces majeftueufes, comme on n'en. peu£ ■voir nulle part ailieurs. O <&  C 324 ) A la page 22J. Le 7 Aoüt f774. Mr. ]e Marquis du Muy qui, fort infiruit dans 1'art de 3a guerre, defire'former des officiers capables, fe propofe, dit - on, de mettre plus a portée des Militaires & furtout des Eleves deflinésa ce métier, les moyens de leur faire prendre des connoiffances relatives è leur état. II y a dans une galerie immenfe des Tuilleries qui ïegne depuis le jardin de 1'Infante jufqu'au cMteau, raffemblage de tous les Plans en reliefdes villes fortifiées & citadelles du royaume. Le Miniftre en queftion auroit voulu les faire tranfporter a 1'Ecole Militaire; mais remplacement ne le fouffrant pas, il s'agit de les loger è 1'hótel des Invalides. D'un autre cóté, cette galerie étant ainfi dégagée on pourra y développer une multitude de richeffes en tableaux » eftampes, vafes précieux, &c. qui formeront le goütdes artistes & dont Je fpectacle fervira d'amufement honnête aux oififs. A Ja page 226. Le 9 Aoüt 1774. Les Ita]iens fe propofent de remettre inceffamment fur leur théêtre les Nymphes de Diane, opéra comique en un Acte, mêlé de vaudevilles.. Cette piece du Sieur Favart efl de 1'ancien théatre. Le fuccès è'Acajou donne lieu d'ef. pérer que cette autre production du même auteur aura Ie même fuccès. Elle fera accompagnée de fes agrémens, c'efl-è-dire, de beaucoup de fpectacle. A la page 32$. Le 9 doüt 1774. On s'é-  C 32* ) telt fiatté vainement, è ce qu'il paroit, quefe Sacre de S. M. renvoyé è 1'année prochaine auroit lieu dans cette capitaie du royaume' ou la cérémonie auroit pu fe fajre avecun ar»! pareil vraiment digne de la royauté oü fe roit accouru une multitude d'étrangers que" la cunofité auroit amenés, qui auroientréplndu beaucoup d'argent è Paris & qui ne oour ront a ler a Rheims, faute de JogLuTce .' te confidération n'a pu balancer les égards qu on a cru devoir * M>'. 1'Arcbevêque de Rheims qui , malgré fon grand êgë, efoere goüter encore ce bonheur I n'attend que cef heureux moment pour combJe è Ja faveur dont il joui't. «vcur A la page 227. Le 10 Aoüt 1774. Les en nemis du Chevalier Gluck, ou pLtdt Jes dé «fleur, de fa mufique, ne ceffent de ïancer des brocards contre ce comnofiteur rn Elyfées qm, quoique traités trés différem femblent devoir avoir quelque analogie Z È qu'Orphêe n'efi qu'un demi.CaJlor° ' ' On parJe d'une caricature reDréfam-**. j théatre de ,'opéra enrichi de uTa^ÏÏ* le chapeau fu r ,a £ ' ^ SfTf VétU' O 7  C 3** ) & ia page 227-. Le 11 Aoüt 1774. La re» traite de Madame la Princeffe de Monaco ne s'eft point effectuée jufqu'aujourd'hui. On préfume que S. M. dont le premier mouvement eft trés dur, mais qui revient facilement enfuite, aura eu égard aux repréfentations de eette Dame, que fes affaires obügent fans doute de refter dans le monde. Elle eft actuellement a Chantilly chez Mr. le Prince de Condé. T. Ala page 228. Le 11 Aoüt 1774. M'. Dorat, dont la fécondité dans tous les genres ne permet pas a fes talens de fe repofer.fait annoncer dcja une nouvelle tragédie de fa facon, Wtitulée Adelaïde de Hongrie: elle doit fe jouer après-demain. ' , T . Y7^ A la page 229. Le 13 Aoüt 1774. Louis Xg. aimoit fingulierement Ie jardinage & les e-ifle» rentes branches de eet art: il s'étoit crééde iardins en beaucoup d'endroits, entr'autres un a Auteuil, k la porte du bois de Boulogne c'étoit un jardin a fleurs, qui n'étoit arrangé que depuis peu d'années; il avoit coüté beaucoupd'ar^ent & exigeoit un entretien eonfidérable. C'eft- la qu'étoit le jardinier fur lequel Louis XP! a exercé la juftice févere & bienfaifante oui a occupé un moment les converfations ; de Paris. S. M. a regardé ce jardin comme ' jnutUe,ou plutót comme acharge & quoique EUe ne foit pas ennemie d'un art auquel fe livroient autrefois les Romains les plus iliustres* Elle a cru devoir fe priver de eet agréa»  C 327 ) ble lieu : Elle a donné ordre a Mr. Ie Contrei Jeur général de le vendre & les particuliere vont le viflter comme en vente. C'eft le but de promenade è la mode. A la page 230. Le 14 Aoüt 1774. Le hé» ros principal d'Adelaïde deHongrie eft Pepin* fils de Charles Martel & chef de la feconde race de nos Rois, connue fous le nom de Carlovingienne. L'iutrigue roule fur une fup. pofition de femme qu'on lui adonnée, qui ne fe reconnoft qu'au bout de quelque tems. II aime celle qu'il a éprouvée & dont il a des enfans; mais le devoir, 1'honneur, Ja juftice è rendre è 1'innocence ne lui perrnettent pas de iaifter triompher le crime; de-la des combats dans Je crjeur de Pepin, & Je nceud de la tragédie dont il feroit impofilble de rendre un compie exaft par la compiication & Je nombre des incidens. Elle n'a point eu de fuccès; mais on fait aujourd'hui que les pieces méme fifftées fe relcvent du fecond bond & vont toujours- aux nues. A la page 230. Le 14 Aoüt 1774, Mr. de VoVaire vient de lacher un nouveau pamphlet contre l'abbé Sabbathier, fous Ie titre de'Lettre d'un Théohgien d l'auteur des trois Siecles. Cet ouvrage eft bien. loin de Ja modéra'tior* de I'autre mtitulé: Obfervations fur les trok fiecles de la Littérature Frangoife, dont on a parlé. Le nouveau mérite quelques détails & 1'on y reviendra. A Ja page 230.. JLe 11^1774. Oü oTa'  C 328) pas manqué de faire des épigrammes fur la rèceptionde Mr. Suard k 1'Académie francoife: voici les deux meilleures. Pour enteDdre la première, il fautfe rappeller qu'il a fait longtems la Gazette de France conjointement avec l'abbé Arnaud, déja membre de la Compagnie en queftion, & qu'il a époufé la Dernoifelle Pankouke , foeur du Libraire, affez jolie femme. Cecte épigramme eft intitulée les trois exclamations: Auprès Arnaud Ie Gazetier Suard A pris hier place a 1'Académie: Certain Anglois s'y trouvant par hazard Dit a quelqu'un : Monfieur, je vous en prie, Qu'a, s'il vous platt, produit ce bel efprit? Pendant quatre Ans il a, Monfieur, écrit Notre gazette.. Ah, pelte, Et puis"en outre It a traduit avec beaucoup de goüt Le Robertfon.. Ah, diable 1.. & ce n'eft tout. Tenez, voyez: c'eft-lafa femme.. Ah f***** Autre, intitulée Dialogue: Sait-on quel écrivain fuccede par hazard A 1'Evêque de Triconie ? * C'eft un froid tradufteur fans efprit & faos art. Fort bien, j'en ai 1'ame ravie. Vous aimez donc Monfieur Suardi Non, mais je hais 1'Académie! * L'abbé de la Fille.  C 329 ) A la page 230. Le 15 Aoüt 1774. On fe verrolt avec peine obligé de transférer aux Invalides les plans dont on a parlé. Mr. Gabriel en conféquence a toujours formé Je deffin d'une nouvelle Galerie è conftruire a 1'EcoIe militaire pour eet objet, & fi les fonds le permettent, on la conftruira. II eft certaïn que eet établiffement y conviendroit mieux. II ferviroit a tenir fans cefie fous les yeux des éleves, des objets d'inftruclions qu'ils feroient obligés de venir chercher ailleurs. A la page 230. Le 15 Aoüt 1774. On répand manufcrite une Epitre de Mr. óeRulhieres fur ie renverfementde fa fortune: elle eft adreffée a Mr. de Chamfort. A la page 23r. Le irj Aoüt 1774. Extrait d'une lettre de Beauvais du 10 Aoüt 1774. Malgré la charité du Cardinal de Gesmes qui donne tout fon mobilier aux pauvres, aux höpitaux de ce Diocefe, il eft è craindre qu'elle ne foit éludée par les Economats qui abforberont tout en réparations. La fuccesfion la plus claire qu'il lailfera , ce feront quatre-virrgt-deux procés dont hérite fon Coadjuteur. Ce Prélat Cardinal, trés honnête', trés bon hommemême,avoit 1'efprit duClergé au fuprême degré, & pour ne rien perdre de fes droits il auroit plaidé contre fon pere. A Ia page 234. Le 17 Aoüt 1774. Le pamphlet nouveau attribué è Mr. de Voltaire contre l'auteur des trois fiecles, confifte dans  C 330 ) deux lettres d'un Théologien è l'abbé Sabb* thier. Sous cette tournure, jl dévoiJe les manoeuvres du parti Encyclopédique, dont il" jegarde cec abbé comme un iuppót, '& releve en même tems des erreurs ou les faux jugemen? du critique. II profité auffi du perfonnage emprunté pour fe donner fans facon •les louanges les plus outrées ; elles femblent devoir être d'autant moins fufpecles, qu'il les met dans la bouche d'un ennemi, c'efl, a • dire, d'un défenfeur zélé de la religion. II dénigre par la même voye fans ménagement plufieurs grands hommes, depuis longtems 1'objet de fa jaloufie & de fes atteintes indireéïe. On reconnoft dans 1'ouvrage la méchanceté du Philofophe de Ferney, infa. tigable a vomir des libelles; mais on y trouvé moins d'agrément & de légereté, quoiqu'il foit impoffibïe, au premier coup d'ceil de 1'eBfemble de fa compofition , de douter qu'elle foit de lui. Quelques connoifTeurs cependant attribuent cette diatribe au Marquis de Condorcet, qui commencé k s'exercer dans 1'art du libelle & efl pourvu de Ja méchanceté fuffifame pour y réuffir, qui d'ailleurs né manque pas des autres talens de 1'écrivain. A Ja page 234. Le 18 Aoüt 1774. Ou ne peut rendre Je ridicule qui rejaillit fur Mr. GreJJet de fon dernier difcours imprimé. II eft dïautant plus grand, que fon retour ici avoit été une efpece de triomphe, & que tout Paris  C 331 ) s'étoit empreffé d'aller voir eet hornme célebre , dont ladévotion femble avoir afFoibli Ia tête, & tombé dans une efpece d'enfance. A la page 236. Le 20 Aoüt 1774. Les Nymphes de Diane n'ont pas, è beaucoup prés, le fuccès d'Acajou. On trouve le premier opéra comique infiniment plus mal remis que celui • ci, en ce qu'on n'a rien changé du tout aux airs de Pont-neuf dont il abonde ; qu'on ne les a point renforcés par 1'accompagnement, & que d'ailleurs il n'eft nas ioué dans [ la perfeclion qu'il exigeroit. Du refte , il y a un fpe&acle charmant, des décorations galantes & beaucoup de piquant dans les fituations '& de fel dans le dialogue. Madame Trial & le Sieur Nainville fe diftinguent le plus parmi les acteurs dont il faut un nombre eonfidérable pour 1'exécution. A la page 23(5. Le 21 Aoüt 1774. Mémoire pour le Sieur Thair Muphta, de Tetouan auroyaume de Maroc, Tel eft le titre d'un nou vel ouvrage de Me. Falconnet. II roule fur un fait fort fingulier, qui donne lieu a une question de politique vraimenc intéreffante. Thair Muphta, fujet du Roi de Maroc & d'une familie qui porte le titre de Chérif, c'eft-è dire d'une de celles qui paffent pour defcendre de Mahomet, avoit tourné fes vues vers le commerce, dans 1'efpoir de fe ménager ainfi une occafion de quicter fa patrie 6? de s'établir en Europe, dont il goütoir fort i'étatdefociabilité inconnue chezluken 17J8  C 232 3 II avoit chargé fur Ie Navire Anglois le Bat tijte, Capitaine Antoine Montero. des ma chandifes pour Ia fomme de 142,345 livres i fit voile pour Alger. Le feS a/ar été aflailh d'une tempéte, fut obügé de rel* cher è Oran, ville de Ia dépendance de S M Cathohque. On en demanda préalablemen permiffion au Gouverneur. A peine y fut i rnouillé, qu'on forga I'équipage de débarquer quon faifit Jes papiers de Thair Muphta qu'on confisqua fa cargaifon , & qu'jj ft, jetté dans un cachot infedt, les fers aux pied & ^aux mains. Il ne fortit de cette captivit< qu'en payant une rancon de deux mille écus Revenu è Tetouan , il fe rendit è Maroc pour y porter fes plaintes au Roi:.S. M. Jes trouva juftes & Ie chargea d'une lettre pou? Ie Gouverneur de Gibraltar, auquel il demandoit jufiice des vexations & brigandages exer. cés contre fon fujet. Celui - ci renvoya le plaignant è la cour deLondres; Milord d'Egremont venoit de figner les préliminaires de Ja Paix: foit crainte d'exciter une nouvelle querelle avec l'£fpagne, foit indifférence, il eut peu d'égard aux réclamations de 1'infidele & il Ie renvoya è fon tour vers le même Gouverneur. Thair Muphta dans fon retour a Gibraltar, ayant paffé par Paris, s'y efi; fait Catholique après plufieurs contre - temsJ &n'a fait aucun ufage de la lettredu Minifire Anglois. I! a chérché longtems envain quel-' qu'un qui voulüt porter fa récJamation au.  C 333 ) 1 du tróne des Efpagnes, i] efpere ce» idant le trouver, mais, avant de faire auie démarche, il veut s'alTurer 11 Jes loix urelies, civiles & politiques le protéont. Ae. Falconnet dans fon Avis du 31 Mars nier, eftime que jamais droit ne föt plus aftant ni moins fujet a difcuffion; & il en- k cette occafion dans des détails & des cufflons qui atteftent fes connoiflances du >it public, ainfi que des divers traités de ix dont il tire fes principaux- argumens. A la page 235. Le 21 Aoüt 1774. Les cuffions concernant les inconvéniens de (Ter fubfifter le nouveau Parlement ou de rablir 1'aneien, font expofées dans 1'Epiimme fuivante; car chaque fait hifiorique trouve ainfi configné dans une méchanceté moment, bonne ou mauvaife. Voici celle aoncée: se nos deux Pariemens 1'extrême difFérence oit, pour les rapprocher, cauferde I'embarras, hémis les a pefés dans fa jufle balanee; tl'Antique efl: trop haut.le Moderne trop bas. A la p^ge 235. Le 22 Aoüt 1774. L'épitre M', de Rulhieres k Ms. de Chamfort eft fort imée des connoifieurs : elle eft remph'e poéfie & de philofophie; elle roule fur elques anecdotes connues & qui la rendent is intéreffante, en Ia faifant diftinguer cV  C 334 ) tant d'autres qui ne font que des lieux communs. On lui reproche feulernent trop de longueurs, & quelques détails exprimés trivialement; ce qui les rend difparates d'avec ]e furplus de 1'ouvrage écrit noblement. A la page 230". Le 23 Aoüt 1774. C'eft du fils de Mlle. Romans dont on s'entretient aujourd'hui. On aflure qu'il doit être préfenté inceffamment au Roi, fous le titre d'abbé de Bourbon , & pourvu en conféquence de groffes abbayes, entr'autres de celle provenant de la défroque du Cardinal de Gesvres. On Ie dit au Seminaire de St. Magloire pour fe préparer k être tonfuré par M/. 1'Archevêque de Paris. Ceux qui le voient, aflurent que c'eft un trés beau garcon,qui reffembie beaucoup au feu Roi. A la page 237. Le 24 Aoüt 1774. On a 1 encore fait un dernier changement au vers de i la piece de Mr. Dorat qui avoit excité tant : de rumeur; au lieu de 6? laiffe aux Tribunaux, , on a mis conferve aux Tribunaux, ce qui a abfolument éloigné toute idéé d'allufion. A la page 237. Le 24 Aoüt 1774. C'eft ■ l'abbé Mercier qui eft k !a Baftille, qui paffe, dit - on, pour le colporteur de Ia piece atroce : contre la Reine, intitulée la nouvelle Aurore. Elle roule fur des promenades noclurnes ue , S. M. & tendroit a diffamer Ls mceurs. Com- .v me 1'objet des exécrables auteurs d'un pareil.. libeile étoit d'allumer la jaloufie du Roi, on veut qu'on 1'ait fait trouver adroitement dans ;  C 33? ) le -Secrétaire du Monarque, mais les coupai bles calomniateurs ont échoué dans leur desfein. On a peine a croire que i'abbé Mercier fe fut rendu auffi criminel, & la prifon ne feroit pas un fupplice proportionné k fon forfaic. A la page 238. Le 26 Aoüt 1774. L'acaderaie de St. Luc eft auftï ouverte d'hier, &, a defiiut de grande Ecole, fournira quelque matiere k la curioficé publique. A la page 239. Le 27 Aoüt'iy-?^. Nos académies, nos théatres, nos journaux ont retenti du nom deSalency, nom d'un village précieux par Ia fête de la Rofe. On fefouvient qu'elle fuc fondée par Sr. Msdard, Evêque de Noyon & Seigneur du lieu en queftion» Elle fe célebre en 1'honneur de la fille Ia plus fage du hameau. Ce Prélat a voulu que tous les ans on donnat un chapeau de rofe & une fomme de sj livres k la Rofiere; c'eft ainfi qu'on appelle la payfanne élue. 11 détacha de fes domaines plufieurs arpens de terre,qui forment ce que 1'on nomme le fiefde la rofe, & en affedtd le revenu au payement de la dot & aux frais du couronnement. II eut lebonheur d'entendre la voix publique proclamer Rofiere 1'une de fes fceurs: on voit encore un tableau placé au defius de 1'autel de lachapelle de St. Medard, oh eet Evêque eft repréfenté en habits poncificaux pofant la couronne de rofe fur la tête de fa foeur qui eft è genoux & Cüëffoe en cheveux. C'eft k 1'occafion de  C 336 ; . cette fête qu'il fe publie aujourd'hui un Mé. moiré pour les Syndici tf. habitans de Salency contre le Sieur Danré, Seigneur de Salency. 11 eft de Me. de la Croix & fournit matiere è ce jeune Avocat de déployer fon éloquence fleurie, tendre & touchante. A la page 239. Le 28 Aoüt 7774. Le Sieur abbé Mercier eft forti de la Baftille; ce qui le rend innocent des infamies atroces & facrileges dont on 1'accufoit dans le monde. A la page 239. Le 29 Aqilt 1774. On a rendu compte de la triple métamorphofe qu'avoit fubie le vers de la piece de Mr. Dorat. qui fit tant de bruit le premier jour. Avantbjer on 1'a récité fuivant Ie vrai texte, £? rend aux tribunaux leur augujle exercice; ce qui a caufé une fenfation eonfidérable & va fervjr de véhicule a cette tragédie. [ Ces variantes, fi Mr. Dorat les rapportedans 1'impreflion de fon ouvrage, fourniront matiere aux commentateurs,- &, toutes ordonnées ou autorifées par la Police, prouveront combien le gouvernement lui- même étoit verfa. til è cette époque. A la page 239. Le 30 Aoüt 1774. On voit un difcours imprimé, prononcé par le Curé deSte. Maguerite, comme Doyen, au nom de tous les Curés de Paris, Ie 21 Juillet dernier, lors de leur vifite k Mr. 1'Archevêque pour le féliciter de fa convalefcence. 11 eft d'une emphafe inconcevable; il eft précieux par fon ridicule;  ( 337 ) ridicule: il roule fur la fermeté& la douceur avec lefquelles ce Prélat remph't fon Miniftere & s'eft conduit dans les tems Jes plus -critiques. A la page 230. Le 30 Aoüt 1774. Ba conteftation qu'élevele Seigneur contre les habitans de Salency, roule fur 1'élection de la Rofiere. Suivant M>. la Croixt voici comme elle doit fe faire. Un mois avant le jour de Ia cérémonie qui eft celui de Saint Medard, ces hcbitans s'affemblent pour nommer, en "préfence des officiers de la juftice, trois filles dignes de la Rofe, & vont enfuite les préfenter au Seigneur qui choifit celle des trois qu'il lui plak de faire couronner. Le dimanche fuivant Ié Cdfé annonce a fes paroiffiens quelle eft la fille qui a été nommée/a Rofiere. Dans cet intervaile ceux qui auroient a dépofer contre cette éleétion peuvent Ie faire, d'autant qu'il ne fuffit pas que Ia Rofiere foit Ia plus modefte, la plus attachéeafesdevoirs, la plus re'fpeclueufe envers fes parens & la plus douce avec fes compagnes; il faut encore que Ia familie foit fans reproche. Le jour de la fête , la Rofiere eft conduite k 1'églife par le Seigneur, &yrecoit des mains de rofficiant le chapeau de rofe , garni d'un large ruban bleu è bouts flottants & orné d'un anneau d'argent,depuis que LouisXUl daigna a la priere de M. de Belloy, Seigneur de Sakncy , faire donner è Ia Rofiere Ia couronne en fon nom, Sa Majefté y joignit ces derniers atTom XXVll. p  ( 338 ) tributs, qu'elle fit apporter par Ie Marquis de Gordes, ion premier capicaine de gardes. Le Curé fait un difcours & après 1'office la Rofiere efi conduite fur une piece de terre, oü les vaffaux lui offrent des préfens champêtres. En 1766 Mr. le Pelletier de Morfontaine, Intendant de Soiffons, ayant paffé par Salency, fut invité de donner le chapeau a la Rofiere; il 1 empüt eet emploi & la dota de quarante écus "de rentes,reverfibles après la mort decelle-ci en faveur de toutes les Rofieres, qui en jouiront chacune pendant une année. gn 1773,1e SieurDanrê voulant exclureles habitans du droit de nommer les trois filles dignes de la Rofe & de les lui préfentetdtrouva un Syndic affez vil pour entrer dans fes vues; il refufa la convocation de 1'affemblée, ■& leSeigneur profitant de cette inaciion s'arrogea le droit de nommer la Rofiere de fon chef - il fit placer des Cavaliers de Maréchausfée a' laporte de la chapelledeSaint Médard, qui en interdirent 1'entrée & pri verent les fpec tateurs de la vue de la cérémonie. Les habitans ont réclamé contre 1'ufurpation du Seigneur, qui a perdu au Baillage de Chaulny. Le 19 Mai dernier le Seigneur a interietté appel de la fentence & par une vilénie • afireufe prétend que la dépenfe du Chapeau de rofe,du Ruban &i de la Bague d'argentdoit être prife fur les 25 livres dües parle Seigneur. 11 ne veut pas que ce foit 1'Officiant qui mette le chapeau fur la tête de la Rofiere & s'arroge  C 339 ) aufïï cette fonófion; enfin il foutient que la Rofieie ne peut être conduite que par celui qu'il nommera a fa place. A la page 239. Le 31 Aoüt 1774. Mr.Colardeau avoit: fait inférer dans le Mercure d'Aoüt, dans les feuiïles de Freron & autres ouvrages périodiquesjledéfaveu d'un libellemanufcrit qui couroit dans les fociétés & qu'on lui attribuoit. Cette démarche a réveillé la curiofité des amateurs, dont le grand nombre ignoroit abfolument ce dont il s'agifToit. On a découvert que c'étoit une fatyre en vers contre une D' fieur a toujours paffé pour un Prince trés inftruit, ami des arts & des lettres: lorfqu'en agitoit quelque queftion devant le Dauphin, aujourd'hui Louis XVI, & qu'on ne pouvoitla réfoudre , il difoit: il faut demander cela a mon Frere de Provence. Son Alteffe Royale juftifie aujourd'hui cette bonne opinion. On cite un impromptu en vers attribué a ce Prince. II fait honneur a la facilité & aux graces de fon efprit furtout fi c'eft le fruit en effet d'un premier moment dé veine. Monfieur avoit caffé un éventail a la Reine: ilveut réparer ce petit torten vers Sa Majefté;, il lui en envoyé un autre avecles vers fui vantsj: Doux inlirument de vos plaifirs, Heuteux.' d'amufer vos loifirs , Au tems des chaleurs trop extiêmes, De pouvoir prés de vous ramener let Zéphirs 5. Les Amours y viendront d'eux-raêmes. A Ia page 242. Le 10 Septembre 1774* Voici une autre legon des vers attribués a Mon.fieur; elle paroft la véritable: c'eft toujours réventaii qu'on fait parler. P3:  C 342 ) Au milieu des chaleun extrêmes3 Heureux d'amufer vos loifirs, jf'aurai foin prés de vous d'amener les Zéphirs; Les Amours y viendront d'eux-mêmes. A la page 243. Le 11 Septembre 1774. Le Béarn éprouve depuis quelques années périodiquement une épidemie dans fes bêtes a cornes, contre laquelle on n'a pu trouver encore aucun remede efficace;on efpere que M. Turgot aujourd'hui Contróleur général & chargé de cette partie, dont les vues ont été toujours fpécialement dirigées vers 1'adminiftration économique, & renommé pour des expériences en tout genred'utilitépatriotique ,viendra au fecours de cette Province & engagera des anédecins habiles è chercher la caufe de cette dévaftation, pour y mieux appliquer le fpécifique. A la page 243. Le 13 Septembre 1774. Mr» JSIecker, dont la maifon eft renommée comme bureau de bel efprit, qui accueille fort bien le Sr- de la Harpe & a une haute opinion de fes talens , avoit engagé celui ■ ci a compofer pour le Prix de Marfeille,dont 1'Académie avoit propofé pour fujet, YEloge de la Fontaine. Mr. de la Harpe s'en étoit défendu enfaifantentendre qu'il regardoit ce Prix comme trop modique. Sur quoi fon protecleur 1'avoit plusforternent excité,en lui pronoftïquant avecconfiancequ'il fe trouveroit quelque Mécene généreux qui Ie grofljroit. En tüèt, on a fu depuis qu'un ane-  C 343 ) ayme avoit prié 1'Académie en queftion d'accepter une fomme de 2000 livres è joindre au Prix. Cet anonyme étoit M>. JVecter, qui a profité du crédit que lui iidvoit donner fa magniflcence pour folliciter fortement les juges'en faveur de Mr. de la Harpe; mais leur équiré ne leur a pas permis de dégrader k ce point leur jugement. C'eft M>. de Chamfort qui a eu léPrix & a empochë les2000livres; ce qui mortifie étrangement 1'amour-propre du premier. A la page 243. Le 14 Septembre. 1774- On ne fauroit croire 1'importance qu'on amifeau vers de la piece du Sieur Dorat, déja chaugé tant de fóii, & qui le famedi 27 Aofrt avoit été rètabli dans le vrai texte; depuis il a enco-c été altéré, fur les plaintes fans doute du nouveau tribunal, & lorfqu'on a férieufemenc fongé k arrêter la fermcntation trop grande qu'excitoit la nouvelle de 1'exil du Chancelier. A Ia page 244. Le 16 Septembre 1774. Le madrigal fur 1'éventail qu'on a attribué è Monfieur , a bien été envoyé par ce Prince a la Reine avec un éventai!; mais les vers font du Sieur le Mierre. On les dit même imprimés: Son Alteffe Royale n'y a d'autre part que de "jes avoir adoptés & appliqués k la circónftance. Ce choix fait toujours honneur k fon gofir. A la page 244. Le 17 Septembre 1774* Ce qui a déterminé le Roi k reconnoïtre l'abbé de Bourbon, c'eft 1'adrefTe qu'a eue Madame de ' ' P 4  C 344 ) Caveinac (ci- devant M»e. Romans") d'envoyer a Sa Majefté J'extrait baptistairedefon fils, baptifé fous le nom du feu Roi, avec la Lettre yjointe, par laquelleceMonarque promet a Ja mere d'avoir foin de 1'enfant, comme Je fien & de le reconnoïtre. C'eft eet écrit qui a occafionné les perfécutionsfufcicéesala mere-, & qu'on vouloit retirer. Celle-ci 1'a toujours regardé comme fon patrimoine Ie plus précieux • elle a élevé fon fils en conféquence; elle le mettoit toujours dans fefond de fon carolfe; elle fe tenoit fur le devant, elle 1'appelloit Monfeigneur, & fembloit le regarder plutót comme fa nourrice, que comme fa m:re. La grande école qu'a faite M"e. Romans, 9'a été de fe marier. 11 eft a noter qu'elle a nourri elle. même fon fils. A la page 244. Le 17 Septembre 1774. De 1''Encyclopédie-, Tel eft le titre d'une légere brochuie en fix pages attribuée encore h Mr. de Volt air e. L'honneur que la Sefte lui a fait de le choifir pour fon coryphée, 1'oblige d'en prendre la défenfe. Auffi ce pamphlet roule-1- il fur 1'énorme DiQionnaire en queftion,dont il fait 1'éloge & fuftige les détracieurs. A la page 245. Le 18 Septemlre 1774. Quelques idéés bizarres caractérifent princi}>alement les ouvrages que le Sieur Montpptit a expofés au Sallon de Saint Luc. Dans J'un eft un bouquet négligemment entremêlé de Jauriers, de lys, d'immqrtejfes; du milieu defqueJs s'éleve une rofe , oh eft enchaffé Ie Portrais  c 34r> Portrait de Ia Reine. Dans 1'autre du même genre , fe voient enchaffés- les portraits de Henri IV, de Mr. Ie Duc.de Madame Ia Ducheffe de Chartres &"deMr. Je Duc deValois. Son portrait de Madame Loa(/êenhabitdecarmélite préfente d'autres fkgularités: elje tient en main Ie portrait du Roi fon pere ct paroft méditer delTusj.fentiment filia], fans doute trés refpeciable: mais une ReJigieufe entourée de tous Jes inftrumens de Ja pénitence, furtout ayant un crucifix h cóté d'elle,.fembledevoir s'occuper principalement de ces exercices afcétiques: è fes pieds eft d'une part un manteau royal furmonté d'une couronne;,attri. buts faux, puifqu'en France Ia fille d'un Roi' ne peut afpirera la Royauté: de- 1'autre efti un chat avec un collier de perles petireimage & qui exprime trop Iégeremenc d'un autre cóté le$ grands facrifices de cettePrinceffe.A la page 245. Le 19 Septembre- 1774Une brochure in 8'. de 80 pages d'imprelfioa' ayant pour titre lePartage de laPologne,peroadans ce pays - ci & occupe les Roliijques- Cefont fept Dialogues en forme de drames dans lefquels on fait parler les Princes intérreffés conformément a leurs principes & a foconduite qu'ils tiennent en Pologne, avee: quelques interlocuteurs fubalternes.- Cette converfation entre des perfonnages-aufiLdistingués pouvoit être. trés piquante^, fi el.'e; eut été maniée par- un homme d-tefprit qu| i eót-Ja. légereté frangoife.. Mais les pjaif&a*-  ( 34$ ) ttries en font dans le goüt allemand; c'eft-ê. dire, lourdes. Cet écrit a été imprimé a Londres & fe reffent de la liberté angloife. Les PuilTances y font peu refpeclées & le Roi de France y joue un pietre róle. A la page 246. Le 21 Septembre 1774. La plaifanterie du vieillardde Ferney contre 1'Rvêque de Senez efl dans le genre de toutes celles qu'il fait depuis quelque tems, c'efta-dire, fouvent injufte & amere. II reproche au Prélat de fe citer, d'employer des, compaxaifons qui ne font pas exactes dans tous leurs points; de parler trop durcment des défauts idu feu Roi; de s'étre expliqué trop ou verte» ment en faveur des Jéfuites: il va jufques k lui faire un crime d'approuver les coups d'autorité frappés fur le Parlement & de lui fuppofer des torts: & c'eft Mr. de Foltaire qui dit cela; il trouvé auffi trés mauvais qu'il injurie notre fiecle, le meilleur des fiecles, Ie plus rempli d'exemples de grandeur d'ame. On voit que par une reticence adroite, il cherche a faire fa cour au Saint du jour, au Comte de Maurepas & a réparer fon ingratitude envers le Duc de Cheifeul, qu'il défigne auffi indirectement & dont il vante la fermeté dans fa difgrace. Rien de plus puéril que ce pamphlet, oü I'ön découvre cependant 1'adreffe ordinaire du Philofophe a faifir 11* propos & a fe prévaloir de tout ce qui peut le foutenir auprès des grands. Depuis longsems il fuit la maxime d'Horacet Principièus  ( 347 ) placuijje ■ niris , non ultima iatts efi. ■ ■ A la page 246. Le 22 Septinzbre .1774. M'. l'abbé Tenai,, difgracié cornme JvK.de Maupeou, öc con moins que ce ChaEceiier j'ésécration du public, eft auffi chanfonné par un vaudeville affez plat clc>digBerde la ca:;ail!e qui le criante. Peur mieux affocier. ces" deux per Tonnages jon a mia le couplet concernant le dernier fur jg même air que celui relatftf au premier: il nc mériterok pas plus d'êtn; confervé., fQ ne fervoit a coafhter !a fii lion des- anecdotes du jour: --a- Db«n ■ junaan •■ p■» »n< '- m b Chacun Ie penfe, le penfe, . L'Abbé Terras eft en tranfe, L'Abbé Tttrai eft aux abais: Chacun ie penfe, le penfe, . ' 11 ne-peut plus en Franct Piller comme autrefois. Ghacuff le pen. . .V le pen... fe L'Abbé Terrai efl eri tranfe, &c. A la page 248. Le 24 Septembre 1774, Oü fait que 1'archevêque deCambray, frere dü Duc de Choifeul, vient de paffer fubitement en revenant des eaux. Ce Prélat, peu digne d'être regretté , eft un fcandale de moins pour le monde & pour 1'églife; en outre il meurt en digne Prélat, c'eft. a-dire banqueroutier d'üne fomme affez forte. On en parloit derniérement devant le Roi & 1'on s'en étoacoic d'autant plus qu'il écoit fort riche P ö-  C 348 ) mi, mais , s'écria S. M. tout ce qui eft Choi* j'eul. eft mangeur. Réflexion qui fait baiilér Jes actions du Miniftre & ne femble pas préfager fon retour a la faveur, comme s'en fl-ttoient & 1'annoncoient fes partifans. A ia pige 248. Le 25 Septembre 1774. Le Sieur le Kain-, dont Je retour fait toujours époque au théatre frangois & y attire un monde prodigieux, a reparu pour la première fois famedi dernier dans Yörphelin de laChine. Cet acteur admirable continue a exciter la plus vive fenfation au moyen de fon attention a ne fe montrer que rarement & dans de eertains tems, ce qui. eft trés abüfif. A la page 248. Le 26 Septembre 1774. Les lapins font une engeance qui pullule prodigieufement & dévafte les campagnes deJa maniere la plus cruelle. Les cantons des Princes, gardés, pour la chaffe, comme J'on fait, avec uneexaclitude rigou reu fe, font paria trés incommodes. pour Jes voiflns qui nee peuvenc exterminer ce riéau. Sur Jesreprélenlatiocs faites par le Sieur Michel dans le Confeil du Prince de Condé,. S. A. S. a donné Pordre qu'on détruifft tous Jes lapins de fes domaines : bel exempie d'humanité & de bienfaifance a fuivre par jes autres Princes rd'ail- leurs le Sieur Michel.a travaillé en cela pour Je Prince même,puifque fes-propres domaines étoienc ainfi.devënus d'un revenu prefque nuL en certaines partie?. Les dains, dont la dent rorge & flécrit les bois , efi encore uaeauCLC,. efp.ee de gibier trés malfaifante.  e 549) A la page 249. Le 28 Sêptembre 1774. Ofctravaille , ainfi qu'on 1'a rapporté, a Ja des* truétion des lapins fur Jes terres du Prince de Condé; Suivanc le calcul de Mr. Michel, eet animal qu'on vend tour au plus douze k quinze fois, avant d'êtremangé revienc au moins a un Jouis. A Ja page 250. Le 1 OStobre 1774, Voyage d'une Frangoife d Londres , ou la Calomnie détruite par- la vérité des faits: tel efi Ie utre d'une brochure venue de Londres qui fous eette annonce piquante, ne contient qu'un ba. vardage de femme trés long & trés infipide. Gette frangoife eft Madame deGodeville, dont on avoit annoncé depuis longrems Jes Mémoires; on les attendoit avec impatience, comptant y rencontrer des anecdotescurieufes& da moins beaucoup d'efprit. On eft rout furprisquand on a lu cette rapfodie de fe trouver Ja téte, le cceur & la mémoire égqJemenr vutdes. Tout ce qui en réfulte, c'eft que 1'héroi'. ne eft fortie de France pour fe fouftraire aux pourfuites de fes créanciers, & qu'en ayant fait de noaveaux a Londres, elle quitte ce pays-lè encore pour la mêmeraifon:du refteaucuns détails fur les libelles qu'on 1'accufoit d'avoir compofés, fur fes liaifóns avec les li. belliftes*, fur les exempts envoyés, &c. IJ y a quelque facilité dans le ftyje, quelque tournureheureufe; du refte rien', mais rien du tour c'eft une véritable attrape. AJa page 250. Le 1 OStobre 1774. {Janos* p 7.  ( 3'5