TABLEAU D E L'H 1STOIRE DES PROFINCES - UNIES. TOM. VIL   TABLEAU D E L'HISTOIRE GENERALE DES PROVINCES-UNIES. P A R A. M. CERISIER. TOME SEPTIEME« d UTRECHT, chez B. WILD. MDCCLXXXI.   TABLE DES M j£ 5T J <§ 31 ê of- Contenues dans Ie Septieme Volume. Ssconie Guerre avec les Anghu. C^oup d'oeil fur I'Etat Poütique des Pro- T <  vin TABLE bes MATIERES Prince d'Orange a 1'égard des deux projets de Traité. Guillaume fait éclater des foup^ons contre De Witt. Les Anglais échouent dans leur Négociation dans les Pays-bas. Guillaume III. Stathouder. Caufes des révoltes du peuple & de 1'élevation du Prince. Audace des Prédicans. Premier foulevement a Veere en Zéelande en faveur du prince d'Orange- Le Ruwart De Witt forcé de figner la révocation de 1'Edit peipétuel. A Rotterdam. A Haarlem & Leiden A Delft. A Amfterdam. Révocation de 1'Editperpétuelpropoféedans les Etats de Hollande. Aquel point Amfterdam a-t-ellepousfé le zèle pour le prince. Le prince d'Orange proclamé Stathouder de Hollande & Zéelande. Masfacre des De Witt. Attentats contre les De Witts. Le psnSonaire De Witt attaqué par des asfaÜBS. Inflexibilité de De Witt a I'Egard de fon Asfafin. De Witt fait fon Apologie. Lettre du prince d'Orange a De Witt. De Witt penfe a réfigner fa charge. Tichelaar accufe le Ruwaard De Witt d'avoir voulu faire asfaffiner le prince d'Orange. Détail de 1'accufation. Le Ruwaard condamné la fubir laqueftion. Sentencepro noncée contre le Ruwaard. Irregularitédans la le&ure de la Sentence, Tichelaar excite a foulever ls peuple contre les deux Freies. Jean De Witt trompé jrar un mesfage èu Geolier vint trouver fon frere dacs ia  TABLE des MATIERES. ix prifon. Les deux Freres presfentent leur fort. Tichelaar anime le peuple. Jean de Witt tente envain d'echapper. Précaution des Etats de Hollande. Rufë employés pour faire retirer le Comte de Tiüy avec Ia Cavalerie. Precautions pour livrer les deux Freres a la rage popuk-.ire. Masfacre dss deux Freres. Cruautés exercées fur les deux Corps. Ferocité de Verhoef. Détresfe des parens des De Witt. De Ruiter expofé au danger de perdre la Vie. Les deux corps enlevés & inhumés. Conduite du prince envers les coupables. Triite fin de ia plupait des meurtriers. Particularités fur le Caractere de De Witt. Gafpard Fagel nómmé Grand penfionaire. Les Etats autorifent le prince d'Orange a changer les Ré • genees des Villes. Le prince change les Regens. Troubles en Zéelande. Changement dans le College des Nobles. Amniftiè Générale. Péril de la Hellandt. Operathn des Frangaii. Etat de défenfe de la Hollande. Les Anglais échouent dans un projet de defcente. Etat florisfant de la navigation. Belle défenfe de Groningue. Mouvemens enAlleHiagne contre la France. Entreprife de Louis XIV fur Bois-Ie-Duc. Acroisfement du Credit du prince d'Orange. Le princerepousfé devant Woerden. Le prince d'Orange asfiège envain Charleroi. Incuriion des Fran- i67t, cais a Swammerdam et Bodegrave. Prife de Coeverden. Projet de Frazerfurles vaisfeaux d'Amfterdam echoue. Les Flottes en trenten nier. Batailienavale de Schoonveld Paix avec l'Angleterre, Munfler & Cologne. Difpofition de la nation Anglaife. Cha»  X TABLE pes MATIERES les II. defire la paix. Lettre des EtatsGeneraiix. Congiès de Cologne. Alliance des Etats avecle Danemark. Les Francais abandonnent Ia Hollande. Accomodement particulier des Etats avec 1'Angleterre. Traité entre les Etats & l'Argleterre. Alliance des Etats avec rErrpereur, Ie Roi d'Efpagne Ót Ie Duc de Brunswyk Lunenbourg. Prifeide Naarden par le prince d'Orange. Ranfr-n cennercent des places évacuées par lesFranI°73* c'ais- Efpérarces de Ia Répubüque. Bataille Se Senef. Grande prife par le prince d'O. range et Ia Franche Comté par les Francais. Succés de Turenne en Allemagne. 'Rêunion des Sept Pminces.' , XJélibération fur la rentrée des trois Prö. IÓ74' vinces conquifes dans l'Union. LeStatbouderat declaré hereditair^. La Gueldre ofFre Ia Souverainété au Prince d'Orange. Guerre avec la France £f la Suede. * ^75' Difpofition de la France a la;paix. Mort de Turenne. Expedition & mort de De Rui ter en Sicile. Campagne en Flandre. _ Le Prince d'Orange echoue devant Maaftricht, Expédition dans le Nou contre les Suedois. I676. Intéréts desdiverfes puisfancesauCongrèsde Nimegue. Nouveaux fuccès des Francais dans les Pays bas. Prife de Valenciennes par les Frangais. Prife de Cambrai & de St. Omer par les Francais. Défaitede Mont Casfel. Voyage du Prince d'Orange & fon mariage en Angleterre. Accomodement par ticulier entre la France & les Etats. Eatail Ie de St. Denis,  'P R E F A C E Ob ne penferait pas, qne, phis les hénemens fe rap. prochcnt de nos jours , plus ü eji difficiie de les repioduire avec exaüitude & fidélité. Rien n'eji, cependant, plus* certain. Dans les tims anciens on manquait, ileflvrai, de documens propres a èclaircir les faits cbfcurs, ou è faire trcuver le fil des événemens découfus ; mais dans les tems Kodernes s'cffre un airtre inconvénient, on eftaccabléfous ie poids des matériaux iHl faut non feulement du tems,pour les recueillir; mais encore une étude particuliere pour en faire le ihoix Souvent lesfources oü l'on puife rendent les mémes faits d'une manier e différer.te: qued'objiacles, d'em?lat ras pour un Ecrivain qui vtut étre inflniuif £f fidel? Encore ces ebfiacles peuvent- ilsètrefwmontésparletravail, i'indujlrie £f la patience: mais il efi un autre incident qui nnddans les ttms modernes, lafonüiond'hifloirienégalement épineufe £ƒ délicate. Les générations encore fubfiftantes d'aüeurs qui ont joué dans l'hifloire un rêleji voiJin de nous, font extrtmément délicats fur des faits qu'ils n'auraient vu qu'avec indifférenee danswieperfpeiïiveélei* gfiée. 11 faut donc menogcr cette faiblesfe qui vient d'unö mauvaife honte ou d'une fausfe délicatesfe. Tont tïhommes conjlitués en dignité, font fi peu important par euX' mèmes, que ravakr la gloire de leun ancètres, c'ejileur eter la plus grande portie de leurs mérites. Encore Ji l'on avait des piècis authentiques qui donr.asfent laClef de attains événemens qvüon ne fait qu'entrewir, un hi' ftoiien libre cjf courogeux faurait Je mettre au desfus ces confdérations particulieres, qu'il doit toujours immolér h la vérité. II efi par exemple dans ce pays une multitude de particuliers qui font en posfesfion de mé' moirés fecrets, propres a dévüopper des caufes presqwe icuit^rs tteèriês dans les mmumtns publics." On nms  F R E F A C E, avait premis la communication d'un grand nomlre de tes pieces; mais un incident inoui dans les annales de la Litterature , nous a empechè d'attendrc la bonne volonté deceux qui nous faifaient ces promesjes, ou d'afprofondir certaines prticularités qui exigeaient des mjormottens dmt les dtpêfitaires font plus attentifs a leurs commodiafe quaux befoin d'un hiprien On crotrait que nous vivms dans un Pays barbare, fi Von favait les entraves eu'on nous a impefées pour retracer les annales d une mtkn libre. Nous efpênns qu-un temsviendra, ou une tarriere moins bornée nous mettra plus en état de faasfaire ceux qui out daigné finttresjer <* mi premiers esfais.  TABLEAU L'HISTOIRE DES PR 0 FIN CES- UN1 ES. Première Epoque. SECONDE GUERRE avec les ANGLAIS. Hostilités en Afrique, en Amérique. —: Vi&oire navale des Anglais a lahau* teur de Lefloffe. —Guerre avec PEvgque de Munfler.— La France & le Dattemark fe déclarent pour les Etats,—. Vtütoire navalefur les Anglais aux Duim. ViStoire des Anglais a F embouchure de la Tamife. Mouvemens en faveur du Prince d^Orange. —lExpéditionde De Ruiter <£•? du Ruwaard de Witt jusqu"a Cbatam. — Négociations & paix de Breda. ILfEs dermercsalüancesconcluesavec i fifaT Tem. VII. A 3'  1663. Coup d'ffiil fur 1'Etat politique des Provinces - Unies. 3 Seconde Guerre 1'Angleterre & la France auraient dücimenf'er, finon pour toujóurs, du 'moins pour longtems le repos des ProvincesUniesj fi les traités ne fervaient pas fouvent, plütöt a masquer qu'a detruire les mauvaifes difpoütions. Ce n'eft ni fur la nouveauté ni fur la grandeur des engagemens qu'il faut en mefurer la folidité ; mais fur les avantages qu'en retirent les deux contractark Depuis que le commerce des Provinces - Unies éclipfait celui detous les autres peuples & qu'ellesn'avaient plus rien a craindre de f Efpagne; les Anglais étaient devenus des rivaux dano-ereux par la concurrence du commerce, & les Francais des voifins trop redou tables par leur puisfance. Les alliances avec ces deux Etats, n'etantque 1'efFet de la crainte, ne pouvaient être folides. Ainfi ven-ons-nous bientöt la Republique tour a tour aux prifes avec 1 un & 1'autre, & même attaquée par tous les deux a la fois. Elle fut presque écrafée fous lé poids de leursformidables efforts: elle ne fe relevaqu avec peine: mais devenue par ces malheurs même le centre de routes les baines & ialoufies contre la France, elle fe rend 1'arbitre de 1'fiurope & 1'ame de tous fes mouvemens. Elle ett le centre des négociations & des ligues de 1'Ëurope, & la France le  avec les Anglais. poïnt contre le quel fe portent les ei forts combinés de la confédération gé nérale. Le Prince d'Orange, élevé au: dignités de fes ancêtres, quoiqu'il ne fü que le premier Officier & le premier fu jet d'une petite République, prend ui afcendant réel fur les plus grands ma narques. Son crédit s'accroittellement au'il öfe afpirer a la conquête de troi -oyaumes & fe met en efFet a la pla ce du monarque qu'il détröne. Quoi qu'en général il püt compter fes disgra ces par les campagnes & par les fié ges 'qu5il_ avait entrepris, il ne laifli pas de faire trerabler fes vairiqueurs 8 'de conferver la confiance générale» 1 detruit le fyftême politique établi pa la paix de Weftphalie. On n'avai d'abord penfé qu'a réduire leur puisfan "ce a de juftes bornes: enfin on en vin jufqu'a projetter de renverfer cett< monarchie. L'Hiftoire ferait inutile, i elle ne móntrait a quel point ce röl< brillant peut être utile ou dangeretu & urie. République qui, fondée fur k commerce, ne doit entrer dans lei affaires étrangeres que dans les casoi fes intéréts effentiels font attaqués. Les Anglais n'envifageaient qu'en frémisfant les progrès de commerce de la République. lis étaient indignés defe voir fupplantés dans tous les marchés «te 1'univers. Leur ■ reffentiment atigA a 3 - ift>3. c t i t r i i Caufes dt Ia fecond» Guerre ave#  4 i662' mi ce té v! X tt le P K Cl C s d d 1 Commen1 Seconde Guerre ■ritait, en penfant aux avantages de ir patrie, fi fupérieure aux Frovitis- Unies, par la fituation, la fertüi, la population & la bravoure des atelots. Hs auraient dü chercher a lincre leurs rivaux par 1'économie & ictivité: mais ces moyens étaient op lents pour Fimpétuofité nationaals crurent qu'il ferait plusfacile & us court d'enlever de force ce qu ils ne Duvaient obtenir par une adroite conïrrence & une aótive induitrie; ils rurent qu'en écrafrnt leurs rivaux ils éleveraient plus facilement fur l^urs *bris. Charles 11. vit avec plaifirdes ifpofitions C propres a faire réuffir fes roiets fecrets contre la Hollande. Le )uc d'Yorlc.fQn frere, plus ardent :atholique que lui, foupirait; encore lus vivement pour la deftcuction d uie République , regardée comrne le toulevard de la Réforme & la lour- de ces idéés politiques & religieufes qui avaient caufé tous les malheurs de Charles I. Le Duc était Srand-Amiral.d'Angleterre; il avait 3es connaisfances fupérieures dans Ia Marine; & il espérait de trouverdans cette carrière une gloire brillante qui lui procurerait en Angleterre une cqnfldération dont il avait grand befoin, Les efprits étant aiufi dispofés, on ae s'embarasfa guere de fauver les  avec les Anglais. 5 arparences. Dés 1'année i66r, Sir Robeit Holmes avait infulté les éta* blisfemens des Etats tn Afrique, fousi prétexte que toute cette cöte apparte-; rrait aux Arglais jusqu'au Cap de Bon-: ne Efpêrance. En 1663, au mépris de, i'alliance qui venait d'être jurée entre les deux Etats, il recut des ordres fecrets pour commettre de nouvelles hostilités. 11 partit avec une flotte de vingt quatre vaisfeaux. 11 fit voile vers la cöte d'Afrique, prit plufieurs vaisfeaux des Etats qu'il rencontrafur fa route, & le premier Fevrier 1664, il réduifit un Fort dans 1'Isle de Goerée. Enfuite s'étant emparé de Tacorary, de Cabo-Corfo & de onze vaisfeaux marchands devant St. Georgedel Mina qu'il attaqua inutilement, il fit voile vers 1'Amérique. Au mois d'Aoüt il foumit toute la nouvelle Belgique dont le nom fut chargé en celui de Nouvelle Vork, en Thonneur du Prince qui était le chef de eette expédition. Les Isles de Tabagö & de St. Eblhche, attaquées ausfi audépourvu, tomberent également au pouvoir des Arglais. A la première nouvelle de ces violences eommifes en pleine paix, les Etats firent des pla ntes ameres a Charles ü. Ce Mofiarque ne fe contenta pas d'afïeéter d'ignorer entiererrtent 1'expéditibn du Chevalier HolA 3 ioflilire's >ar les An» [Iais. 4itfcm. iy. $6.r. ii» 'Srand. Vïe] ie Ruiter. 3. 210. 111. Ï664. Kotxl Zeel. iz. 24. ïepl. 1664. ! 1 Jauv.  6 Seconde Guerre 1664.. 1 'jfltjtm. V. : 70. , D'Efirade httre d» i 6 4- 3»»K. 7 .rfoaf. J{^»'«, Liv. M. D'EJlrade. I J«ln. A:t$im. V. 78. 84. 87, 92. 106. nes; il pousfa 1'artifice jusqu'a le fai■e conduire a la tour, rejeta la faute ur le Duc d'York, fon frere, &pro:efta qu'il voulait conferver religieufenent 1'alliance qu'il venait dejureraux Stats» Mais il ne fut pas difficile de i'appercevoir que ce Monarque ne cher:hait a' les raffurer que pour les ac:abler en les furprenant endormis dansle fein de la fécurité. Dés le raois d'Avril, le parlement Britannique avait fait connaitre fes mauvaifes difpofitions en recommandant au Roi, par une adreffe publique , de recourir aux moyens les plus efficaces, pourdéfen» dre la nation contre les violences & les outrages qu'elle effuyait des Hollandais. La ville de Londres confentit enfuite a lui prêter pour eet effet la fomme de cent mille livres fterlings. En même tems Downing fe livrant a fon carafiere violent &, turbulent appuya 1'adreffe du Parlement par un mémoire plein de déclamations, mais abfolument dénué de preuvesjuitificatives. 11 ne put alléguer d'autre fujet de plaintes que ladétentiondedeux navires, la bonne avanture & la bon ne Espérance, que les Anglais reclamaient depuis longtems, & dontlejugement avait été renvoyé, par une claufe du dernier traité, devantlajustice ordinaire qui n'avait pas encore  AVEC LES AN CLAIS. f pronoucé.LJavideDowning,qui pour une lbmme modique s'était fait céder les droits trés- équivoques des Réclamans fur ces navires, fe refufait atoutesles voies de la conciliation. Les Etats de Hollande, voyant les Anglais précipiter les armemens &decidés a rompre en guerre ouverte, arrnerent a force de leur cöté. Sur les plaintes de la compagnie deslndesoccidentales,ils réfolurent d'envoyer douze vaisfeaux en Afrique. Mais, comme les Anglais ofaient affirmer que Penvoide cette flotte ferait regardée comme une déclaration de guerre & comme eet équipement aurait fait perdre un tems précieux, on eut recours a un autre expédient. De Wittimaginad'envoyer des ordres fecrets a De Ruiter qui croifait alors avec une efcadre de douze vaifleaux contre les Pirates d'Alger qui, depuispeu, avaientrompulapaix. Mais il n'étnit pas aifé de tenir cette refolution asfezfecrete, pour en dérober la connaisfance aux Anglais. Cette difficulté fut 1'objet de longues réfiexions. Enfin De Witt & fix autres commisfaires , eurent recours a un artifice qui paraiffait dérogeraux principes de la conltitution, & ne pouvait en effet fe justifier que par la néceflké des circonftancef. Le 5 Aout, ils porterent ls ïéfelution toute dreiTée dans Taslen.» A4 1664.1 De Witt en* voye feersment des Drdres a Da Ruircr. De Witt 'Bricv. I. Sïl. IV. 306. 3°S. 320. 337. 143. A'.tfem. V. 179- 33, Secrct. Rt' "el. Heil. 6. 7. Aent, "Brandt. 121. De Ruiter. >. H2. tl 3.  ï Seconde OueRke 1663. De Witt tiompe le Refidenc d'Angltter- blée des Etats. Pendant qu'on la lifait a la fuite d'autres papiers, ils eurent foin d'éloigner oü d'attirer adroitemental'ecart ceuxdont la fidéliiéétait iuspecte. ün obferve même quele Préfident auquel on la fit figner avec plufieurs autres papiers, n'en favait pas le contenu. Elle fut ausiitöt cnvoyée a De Ruiter qui 1'ayant rec,ue le ier. Septembre devant Malaga, fe mit en devoir d'obéir. Mais, quoiquïl eüt caché avec le plus grand foin les motifs de fon départ; Lavvfon Admiral Anglais, avec lequel il croifait dans Ia mediterranée contre les Corfaires d'Alger, ne laisfa pas de concevoir des i'uii}Cons. Le Koi d'Angleterre donna promptemcnt ordre a Downing de pénétrer lemifterc. Le Réfident Anglais qui fa.fut accroire a la cour de Londres qu'il gouvernait toute la Hollande, vint trouver le Grand - Penfionaire pour s'éclaircir. 11 eut 1'audace de lui demander ii De Ruiter avait eu ordre de faire voile pour 1'Afrique: il crut Tembaraffer en ajoutant qu'ua honnéte homme ne devait point déguifer la vérité dans une pareille circonltance. Non feulement Dé Witt fut éluder la curiofité de Pinterrogateur importun qui voulait dérober l'on fecret; il fut même, lans violer les regies de la bonae-foi, le rasteer contre l#s Ibtq 9onsï  avec les Anglais- 9 „ tenezpour cenain," lui dit il, „que les Etats de Hollande n'ont rien ordonné qui puisfe alarrner le Roi votre maitre .• quant aux Etats -Généraux, vous favez bien qu'il ne fe paffe rien dans leur asfembiée de fi fecret quine vous foit bien connu''. Sur cette Répcnfe, Downing , trop vain pour imaginer. que des Hollandais pinTent le tromper, fe hata de faire pafferfapréfomptueufe confiance au cabinetde Londres. Le Roi d'Angleterre, ayant en peu de tems équipe une puisfante flotte, ne garda plus de ménagemens. Elle mit en mer fous la conduite du Duc d'York, s'empara d'une Flotte marchande de cent trente vaisfeaux des Etats qui venaient de Bordeaux, chargés de vin & d'eau de-yie , pendant' que. d'un autre coté on mettait un ar-i rêt fur tous les navires qu'ils avaient' en Angleterre. Peu s'en fallut qu'une* autre escadre de fept vaifleaux Anglais commandée par Thomas Allen, ne s'emparat d'une richefloue qui revenait de Smirne: heureufement troisnavires de guerre qui 1'escortaient, oppoferent une réfiitance fi vigoureufe, que les Anglais furent obligés de fe retirer, fans avoir pu prendre pTu&de deux batimens. Mais la mêlée fut fi fanglante que Pieire van Brakel que commandait cette efcoite périt dans il A '5 iiii. 2 31. Holti1it- combat avec un grand nombre debraves marins. Cependant les Etats avaient envoyé a Londres leSieurvan Goch Ambasfadeur extraordinaire pour expofer leurs plaintes, accommoder les ' différends & prévenir la guerre, s'il était posfible Mais après bien des foins & des peines inutiles, un des princinaux miniltres vim lui notifier que Panimofité des deux nations avait été trop loin. pour qu'on püt éviter une guerre ouverte. Le Koi ne tarda pas a accorder a tous fes fujets des Lettres de lépreïailles. II acheva de lever le masqué en publiant une déclaration de guerre, motivée fur des injures, difait il, mnembrables, & fur Pordre donné a De Ruiter d'aller attaquer les Anglais en Afrique. Mais comme iln'articulait aucun fait pour prouver ces injures innomhrables & que Pexpédition de De Ruiter était pofténeure aux hoftilités des Anglais , on a toujours regardé cette aggreslion comme undea traïts les plus iniques de Pambition öc de Panimofité des Anglais. t Les Ëtats, voyant qu'on ferait vaine- • mens des propolitions d'accomodement a une nation jaloufe & réfolue d'en venir aux plus violentes extrémités, nepenfer ent plus qu'a fe garantir de la tempête par des préparatifs formidables & vigoureux.. üa peu de tems ils eurent équippé  AVEC LES ANGLATS. ft une flotte de cent troisjvaisfeaux. Pour avoir plus facMemènt des matelots, on mit un arrêt fur tous les navires qui fe trouvaient dans les pom. La pêche de la baleine & du harang fut inter rompue. ün affigna de fortes recompenfes a ceux qui pourraient s'eraparer d'un vaifleaü Anglais ou en enle veraient le pavillon. ün augmenra le tarif des blesfures. n nomma plu fieurs Lieutenants - Amiraux , pour chacun des départemens des difF^rentes Amirautés. Opdam, feigneur de Wasfenaar, fut mis a la tête de toute la flotte fous le nouveau titre deLieurtenant Amiral - Général; parceque Ia qualité d'Amiral - Général avait été comprife dans la fuppresfion des grsndes dignités affedlées aux Stadhouders. Enfin les revenus publics furent ménagés avec tant de foin & les préparatifs pousfés avec tant d'ardeur, que onze millions fe trouvaient en réferve pour les néceflhés imprévues & quarante grands vaiiïeaux en état demettre en mer, au cas que a grande flotte eüt befoin d'être renfnreee. Ces imlnenfes resfources avaiercr in» fpiré tant de préfomption, & Faggresfion violente des Anglais, tant d*ar$ rnofité, qu'a la nouvelle que ia Sotte Anglaife avait mis en mer au mois de mai, on donna des ordres pofitifs dTalA ó Ï0$ Groot fine» UI. 223, 7.1.6. 262. 7.6 i 29L 292 293. 29S Aitfem. V. D'Eflradl, 21, IÏ, May HL ViSoïre navJle- des. An Jsis is' !3 havueur n» teufe d'une panie de fa divifion, malgré la mort d'Auke Stellingwei f, Lieu^ tenant-Amiral de Frife,; du Capitaine Bankerd & de plufieurs autres habiles cc.braves officiers ,. Opdam tint la victoire< en balance juqu'adeux, heures après midi: il i'attacha au vaisfeau du Duc d'Yorc : la mêlee devint fi fanglante que le Duc fut cpu* vert du fang de. trois perfunnes tuéesa. fes cötés. Dans le plus fort de 1'action, lefeu prit aux poudres de J'intrépide. Up«. dam: fon vailfeau faata avec tout 1'équip?ge qui fut englouti par,les fiatmmes & les flots. Ce malheur, jeta la. confternatioa & caufa un désordre géA 7  14 Seconde Guerre 166$. 1 I 1 Memtirt de Gukhe Liv. J. 6y Hamn. 1. 2 31. léral dans la flotte des Etats. La )lupart des vaisfeaux s'enfuirent a outes voiles vers leurs cötes. Tromp foutint jufqu'a la fin 1'honneur de fa patrie & la gloire defonpere i-'aiThabileté de fa manoeuvre, il vint a bout 1'arrêter avec fa divifion , jusqu'è a nuit, les efForts des Anglais, & de auver la plus grande partie de la flote. Soixante vaislèaux fe refugievent dans le Tesfel , dix fept a dix-huit dans la Flie, douze a treize dans les aorts de VVielingue, de Goerée, &de ia Meufe: quel^ues uns tomberent au jouvoir des Anglais: ils en brülerent :rois qui s'étaient accrochés enfemble, fans qu'on put les féparer. La conEufion était fi-grande qu'on asfureque les Anglais auraient pu détruire les :>atimens qui fe retirerent au Tes. êl oü la marée ne les fit entrer jue le lendemain fur les deux ou trois ireures: les unsdilentquMsmanquaient de brülots : d'autres aflurent que le Duc d'York, s'étant endormi dans le fein de la victoire , un de fes chambellans nommé Brounker, qui n'était pas de ceux qui préferent la gloire iu danger, feignit d'avoir un ordre de fon maïtre. Sous prétexte qu'il ne fallait pas tropexpoferl'héritierdelacourorme & que les Hollandais devienaent des lions dans le défespoir, oa  avec les Anglais. i$ fit rel a-her les voiles; & le principal' avantage de cette grande viétoire tut perdu. Cet échec ne laisfa pa? d'être confidérable pour les jrovinces-Unies. Elks perdirent environ vingt vaisfeaux tandisque les Anglais nVn perdirent qu'un. De Witt attribuait le mauvais fuccès de cette bataille a la con ( duite plus courageufe que prudente de. 1'Arniral Opdam, qu il n'aimait pas, dit on, a caufe de fon attachement a i la maifon d'Orange. D'autres ont ïbutenu que De Witt, avait lui même caufé ce malheur, en forcanC Opdam a combattre dans quelque état qu'il fe trouvat. Pour rendre cette opinion plaufible, on ajoute qu'il fe trouvait alors dans une pofition fi critique qu'il avait beföin d'un combat dont 1'heureufe iifue püt rétablir fon autorité chancelante, oulemauvais fuccès déterminer la France a fe déclarer pour les Etats- Mais ces conjeftures ne s'accordent pas avec les difcours de Tromp: quoiqu'il fut ennemi de De Witt, il déclara que la viótoire eüt été asfurée pour la Répu blique, s'ill eüt été bien fecondé. Ausfi la fuite honteufe d'un fi grand nom bre de Capitaines excita une indignation générale» jean Evertfen,, Lieuv tenant Amiral de Zeélande, quoiqu'il a'eüt abandoané- le champ- de bataille Ds Gdchk 77 4itfem. f* i+6 +47- lafnagc, % I8_ 7*<«, llh. 2,11$  166$. Mécon ten' femert & ttoubles cvils. V'SJlvitd. IS >»». m. 213, 215. 2 Jmll.] 229. 2;c. 231. 232. 233. 12. Xhv. ƒ27. i>« Ouiche 106. 47 7f 4 «35C2 - s°4. *<ƒ/. Hi//. Jeuv. J*hi Ntv. Dtc. 16. SiCONDE GUËfiU qu'après avoir combattu vaillamment; jusqu'ï 1'épcque du défordre caufépar la mort d'Opdam, fut cruellement maltraité par la populace. Lorsqu'il mit pied a terre a la Brille, elle fe ramasfa autour de lui, Paccufadelacheté dans les termes les plus injurieux & le précipita dans 1'eau , oü il f* ferait noyé, fi des foldats Francais n'é-r taient accourus- a frn ftcours. 11 fut obügé de fe tenir caché jusqu'au tems oü il put fe juftifier devant d'autres iuöies qu'une populace brutale. De Witt, qu'on accul'ait de le huV, futle premier a écrire qu'Kvertfen méritait des recompenfes & non des punkionf.. A. la première nouvelle de cette. défaite déplorabie, que les premières itr.prtffioui de la confternation nationale avaient encore grotifie, De Witt fentit fa cpnfïance ébranlée- Ses propres amis trembkrem. I's étaient déji inclinés a acheter la paix a tout prix & a y famfier même leur jaloufie contre Pélévation du Prince d'Orange. Les zélés partifans du Stadhoudératen prirent occofion de publier dans les provinces, & de propofer même dans les Etats, 1'élévation du Prince d'Orange, comme i'unique moyen de rétablir les affaires. Les Bourgeois d'Amfterdam éclaterent en murmures contre la Régence. Ceux de Leide je-  avec les Anglais. 17 terent dans Peau un tambour qui _f£ fait des recrues au «om des Etats- lef rtuple criak en fureur qu'il tallait lever pour le Prince d'Orange & non pour des trakres. Queloues Mmiljres. crurent 1'occafion ftvorabl*: pou,r tou, lever le peuple contre une régence qui les tenait fous le joug.. llseurent 1' udace de publier en chavre quecete guerre mariume ne pouvait avoir un SeSeux fuccès , fi. le, jeu ne Pïmce d'Orange n'était mis a la tete du gouvernement, lis örent des apphcafions odieufcs 1'écnture & des^comparaiföns déshonorames .pour les Ke s,ns. ils chercherenf a confirmer le. leuple dans Pidée que cette guerre S fomentée par la France qui mettak aux mains les deux principa e^u.s. fhnces maritimes pour f f ^ {Mg ne nar 1'autre, & s'élever lur leurs débris. lis prêchaient pubhquement qu'il plüt a Dieu de les délivrer da leurs deux grands ennemis, lesFranSiïte lesêAnglais. la France eut promis d'asfifter les iuats, un ^llre, nommé Thedeus Landman, ofa dire en pleme chaire a la H?ve, que Dieu les chatiait d'avoir Spu lalliance avec un Monique de la bonne religion, pour accepter les fecours d'un Roi idolatrs qui fcrg fur eux une feconde bamt- burtn^e 1665.  ge Witt. "Bnvv. 31. ■Jmll. 'D'Eflrad. 23. Juill, Ml. 248. 18 Seconde Guerre ni. Downing qui réfidait encore k a Haye , toujours ardent a femer a divifion, répandait partout que fon Roi ne voulait point avoir la guerre avec les Etats; que De Witt ï'eul voulait la lui faire, & qu'il ferait allez plaifant pour les races futures de lire que le Roi d'Angleterre öc de Witt euffent fait la guerre enfemble. Les partifans de la maifon rOrange répandaient, pour appuyer ce difcours, que Fambition de Da Witt était la feule caufe de cette guerre. Ce qui achevait d'augmenter le trouble & la confternation, c'eft que les Anglais, étant maitres de la mer, pouvaient s'emparer de la flotte de Srnirne, decelledeDeRuiter&decel!e des Jndes dort on attendait a tout noment le retour, & dont on n'avait point de nouvelles. C'eft dans les crifes embarasfantes que fe deployent avec le plusd'énergie le génie & le courage des grand» hommes. De Witt ne fut pas longtems en proie a la première impresfton que devait lui caufer la perte d'une bataille dont il avait eu tant deraifond'attendre un heureux fuccès. On commenca par faire un chatiment exemplaire & terrible des capitames qui avaient manqué a leur devoir. Trois öes plus coupables furent condamnés  avec les Anglais. 19 a mort & arquebufés; trois autres virent rompre leurs épées & leurs yeux par la. main du bourreau & furent déclarés incapablesde jamais fervir: le premier pilote de Cortenaar, convaincu d'avoir lailTé dériver fon vaifleau, pour s'éloigner de Pennend, fut condamné a asQfter a la punition des autres, laborde au cou. En effrayant les laches, on n'oublia pas da rendre juftice au courage & au mérite. LesEtats firentélever a Phonneur de PAmiral Opdam un monument dans la grande églife de la Haye , oü fonéloge eft gravé fur le marbre. La gloire de PAmiral Cortenaar fut immortalifée par un monument femblable dans la même Eglife. On impofa filence aux predicateurs féditieux, en leur défendant expreffément de parler d'affaires d'Ëtat, en privant même les plus indociles de leur emploi. De tWitt entama une négociation fecrete avecles 'niécontens^d'Angleterre: il avait quelque efpérance de réusür;ceux qui devaient entrer dans le complot, furent épouvantés par la maniere odieufe & perfide avec laquelle on avait livré a Charles il. trois des juges de fon pere. On expédia de tous cötés des ordres pour avertir les trois flottes, de fe tenir fur leurs gardes. Tromp fut chargé de tenir la mer paur les protéger9 1665. Ibid, i? Juin. 1IS 218. De Gwicba ?I. Mem. de Litdhm.lIU D'Eflrad. 111. 558. De Witt, "Briev. II. 2°J. »+$  20 Seconde Guerre Mauvaife humeur de Tromp, Mtfim. r. 4+JP-4J7. 4«ï. rie de Rtti **r. 284.. De Guichs 7«. 77.8 3 (*) Tout ce que dit Rapin fur ce fujet ji'esc gueres fidele: le ptu qu'en dit Hume me paiait plus exaft .&plus conforme ab la véricé. au cas que quelqifiine rilt fur !e poirrt d'nrriver. Mais ce Vtarin, a qui fa jei* neife, fes talens & PalreAtda popikire infpiraient une fiirté inépriütnt'e, ayant répondu d'un lltle fee & laconique que les Régens ne fkvaünt ce qu'ils difaient on fit travailler avic activiré dans les eilanders , pourmectre au plutöc une Hotte fönnidable en mer (*> Tromp pouffj ia mauvaife humeur jusqu'a reiüfer da paiaitre dans le tnbunal militaire, formépour juger les iaches qu'il avait lui- même 'déférés a la vindi&e publique. Les Etats & de Witt, facrifiant leurs res'fentimens particuliers a Pavantage de la patri e & ns confidérant que les talens fupérieurs & la confiance des matelots pour lui, fe vangerent noblj* ment: on le nomma Lieutenant- Amiral de la Meufe a Ia place de Cortenaar: il fut choiü rxmr commander la flotte en chef.- mais pour borner fon autorité & tempérer les excès de fon courage bouillant, on lui joigtiit trois députés des Etats, Kutger Huigens, Jean de Witt & Jean Boreel. Tromp  Avec les Anglais. 21 ne goüta pas ces dernieres difpcfitions. Moins fenfible & la faveur qu'on ■ lui faifait qu'indigné des reftrictions qu'on impofait a ion autorité , il éclatait en plaintes contre De Witt. Se livrant même 0 une _ vangeance ï indigne d'une ame noble, il fepropo-* fait, dit- il, d'expofer le Penfionairéde s fl prés au danger , qu'il leguériraitz pour toujours de fa manie finguliere de 1 combattre. Un incident qui répandit la joie générale, rxheva de mettre le comble a fon mécontentement. ün craignait, depuis longtems, que De ;Ruiter ne fut tombé avec fon efcadre au pouvoir des Anglais: on levitrevenir au mois d'Aoüt, après une expédition de quinze mois, non- feule-inent en bon état, mais couvert de lauriers & chargé des dépouilles de 1'ennemi. 11 avait repris en Afrique tous les forts enlevés par les Anglais a rexclufion de Capo-Corfo; ils'était dedommagé fur celui de Cormantin. II avait attaqué leurs posfeffions en Amérique fans pouvoir les entamer; mais il avait pris dans fon trajet vingt fix de leurs vaisfeaux. Son arrivéefut d'autant plus heureufe, qu'en revenant par la mer de Norwege il n'avait dü qu'a 1'obfcurité d'un brouillard épais Ie bonheur de ne pas tomber au milieu de la flotte anglaife. Un retour- & etPur de uiter. ie de Dl niter. %S. 289. 85.  Seconde Guerre JlÊL Be Ruiter r.ommé 1/ieutenant .Amiral-Gé'- fortuné , dans un tems de défolation générale , caufa une joie qu'il efr. imposfible d'exprimer. Le peuple fe tranfporta en foule au Texel, pour contempler a loifir cette escadre triomphante & goüter le plaifir de voir flotter les pavillons enlevés a 1'Anglais. Quiconque avait pu aprocherDe Kuiter s'eftimait heureux, & s'en rétournait content; plufieurs Dames de la première confidération, croyant pouvoir, dans une occafion fi extraordinaire, déroger a la réferve impofée •a leur fexe & cédant a cette fenfibilité touchante qui les caraftérise, lui fauterent au cou & le caresferent, comme li elles euffent vu dans lui unpere ou un frere, échapé feul d'un naufrage. Enfin De Ruiter fut célébré non feulement comme ie plus grand capitaine de marine de fon tems, mais encore comme un héros favorifé de la protection finguliere du ciel, pourfauver la République , dans 'les circonftances facheufes oü elle fe trouvait. De Witt qui avait une prédilection particuliere pour De Ruiter , non moins bon capitaine, mais moins indocile, moins fougueux, moins partifan de la maifon d'Orange que Tromp , ne laisfa pas échaper ce moment d'enthoufiafme général. Sur la propofiöoa de la ville d'Amfterdam, il eg.  avec les Anglais. gagea les Ktats de Hollande a nom« mer De Ruiter a la charge de Lieutcnant- Amiral-Général , vacanteperla mort d3©vam. Tromp, qufs'attendait que i'honncur dont il venait d'être decoré ferait un acheminement a cette dignité, regarda cette préférence comme un pasfedr it & un affront. Son dépit fut fi violent que fon premier deffcin fut de ne point fervir fous De Ruiter. 11 fe laisfa vaincre k la fin: il fe réconcilia même avec fon rival: mais comme on pardonne rarement a ceux qui nous enlevent des honneurs que l'on croit avoir mérités, la fuite ne tarda pas a montrer que cette réconciliation n'était pasfincere. On ne laisfait pas de trembler en core pour les riches fbttes de Smirne & des Indes • Orientales, lors- ( que cyheureufes nouvelles mirent lecomble a la joie publique en apprenant quel les étaient en fureté; on apprit que lincident le plus extraordinaire venait de les dérober au plus grand danger. Elles avaient pris la route du Nord pour éviter le pasfage périlleux de la Man che, dont les Anglais font facilement les maitres en tems de guerre. Elles étaient arrivées dans le port deBergh en Norwege , attendant une forte escorte pour retourner en Hollande, & Indient i.xcraordiïaire qui auve la flot:c de Smir^ □e dans it port da 3ergh. De Gm'cht 9i. ice. 101. Vie de Rait er. so6. Kcp'm. Idny XXIII. f 137- Barnet. I. 234.. Lcttr. itA^ tii'ltH* 4  ö4 Seconde Guerre Tenple ^mtf. i ZO 21.17' II. 3 04- ] 316. 3ï«' . jShfem V. , 493- | (*) Le Comted'ArlingtonécrivaitauCheTalier Temple le 24 Aout 1665 en ces termes „nous ne nous ferions jamais engagés dans „ une entreprife ausfidifficile, fans les aflii,, ranceslque nous avait données la cour de Da„ nemarkde nous asüfter d'une autre maniera qu'elle» fi'a £ait," =• repofant fur le droit des gens & ïirtout fur 1'étroite alliance des Etats vee le Roi de Danemarc. Mais l'JJof ■oyé d'Angleterre , ayant remarqué iue ce Monarque oubliant les im'ortans fervices qu'il avait recus des itats, & touché féulement du res"entiment de petites injures , engarea a favorifer 1'attaque des Anxlais, leflattant de 1'agréable efpoir de M donner fa part dans la proie OL'escadre Anglaife , qui croifait dans -es parases , eut ordre d'aller attaquer la 'flotte des Etats jusques dans l'afile oü elle fe croyait en pleine fureté. SirGeorgeïiddiman quilacommandait, envoya dire au Gouverneur que ces vaisfeaux appartenaient aux Anglais par le droit légitime de la guerre, & qu'il eüt a les livrer au plutót de bon gré, s'il ne voulait y être contraint par la force. Les Anglais fe préparerent en même tems k met-  ave-c les Anglais. 25 rre ces menaces a exécution: mais FA' miral Hollandais fut ranger fes vais-. feaux dans une pcfition fi avantageufe, qu'il fut en état de répondre vigoureufement au feu des Anglais. Les habitans de la ville prirent leur défenfe: Ie gouverneur lui-même, foit qu'il füt intimidé , foit qu'il n'eüt pas encore recu des ordres bien clairs, foit qu'il n'eüt pu s'accorder avec les Anglais fur le partage du butin, fe déclara a la fin contre les aggresfeurs; ü fit tirer le canon du chateau fur la flotte Anglaife qui, battue de tous les cötés, fut obligée de retourner en Angleterie pour fe radouber. Cet incident qui trompa 1 attente de tous les partis, acheva, fans doutede déterminer le RoideDanemarck, alors flottant entre 1'Angleterre & les Provinces-Unies. Godard Adrien , Setoreur de Reede, d'Amerongue & de Ginckel, qu'on lui envoya en ambasfade, s'appliqua & ruiner les manoeuvres du Chevalier Talbot. II eut recours a tous les moyens ufités par les habiles négociateurs; mais aucun ne fit plus d'impresfion fur 1'ame intéresfée & avide du Roi quel'offre d'unfubfidï confidérable qui fut ftipulé Pannée fui vante, & dont la France fe chargea de paver une partie. Le Monarque fit une alliance offenfive & défenfive avec lei Tom. VI. B 1665. Le Roi de Danemarck fe deel are pour les Etits. AMem, V. SS1. J3 HM, Refol. Vev, 16 66, Tafnage, I, 75/. d'Efirad, 24, Dccemb. ibid, ijavtV) 1666, Dtanmt VIJS.  iS Seconde Guerre £es Ecats Etats contre F Angleterre, femblable k celle qu'il avait déja faite fecretement avec PAngleterre contre les Etats.-^ promit de les asfifter d'une flotte de quatorze vaisfeaux. 11 n'ofa , cependant, éclater ouvertement avant d'être en état de foutenir la guerre. Er, cornme il dévorait des yeux la prife de tous les vaisfeaux Anglais qui étaient dans fes ports, il ne voulut s'engagerarien h moins d'être asfuré que le traité refterait fecret. Ce Traité ne pouvait va 'oir fans avoir été ratifié par tous les corps de la République, & ne pouvait être propofé dans des affemblées fi nombreufes, fans courir le risque d'être divulgué par les Partifans publics & fecrets ae la maifon d'Orange & de PAngleterre. Dans cette circonftance embarrasfante les chefs du Gouvernemen^ & De Witt eurent recours a un expédient extraordinaire : ils trouverent moyen de le faire ratifier, même dans les Etats Provinciaux, fans qu'ils s'en appercuffent. Un pareil procédé était fans exemple: il pouvait entraïner des conféquences fÉcheufes même pour les auteurs : De Witt crut fans douteque le bien de la patrie, & la néceslité des circonftinces 1'autorifaient a s'ècarter des regies ordinaires. Les Etats ne négligoaient pas de folliciter leurs autres alliés: ils perdirent  avec les Anglais. 27 leurs peines en Suede oü ï'injure feite par les Etats a Charles X était trop récente & trop grande, pour que 1'impresfion en hit effaeée ducceurdes öuédois. Les Etats toumerent alors leur principale attention vers la France, quoi-: qu'il ne parut gueres prudent de met-1 tre fa confiance dans ce Eoyaume. D'après 1'es idéés vraifemblables de la politique du iour, on n'accuïait pas feulement Louis XlV^ de fomemer cette guerre, mais- même de 1'avoir fait nairre. Les mouvemens que la Cour de France fe donna, d'abord pourprévenir cette rupture, eniüite pour ré concilier les deux parties, enfin pour taire tourner la fouune en faveur des Etats en fe déclarant pour eux, montrent aflez que ces bruits n'étaient appuyés que fur ie penchant populaire k attribuer aux princes la politique qui parait la plus analogue a leuisiatérêts. Van Beuning prelLnt la cour de France de donner a fes ailiés les fecours ftipulés par les traités, reeut de Mr. De Lionne fecrétai^e d'jctat cette réponfe remarquable. Ce/?,dit il, une'méchan ie affaire : nous vous afifierons, & romprons a caufe de vous un engage^ ment que nous avons avec l'Angleterre ; & demam vous romprez avec nous, Tout fe trouble par une méchante poli's» 2 :n Snede, fecret, Refol 'sov, Oec9 [664, Aiifim. r, ?S. 207, Les Erats me recours iu fecours Je la France Secret. Ref, tiov. Uec. Aitfem. V. IS. 247» de Witt "Briev, i 666, £73,  a§ Seconde Guerre 1665. i'Eftrai, ra, 19. *l ï En 1660, ce prélat guerrier fit de nouveau la guerre a fes fujets. II vint même a bo^it de les asfujettir entierement & de les dépouiller des privileges qui (*) Ce Tecours fut envoyé malgré 1'oppofition de Dort, de Schiedam, de la Brille & ftirtout d'Amfterdam. Burnetrapporte (I. 233) que cette derniere ville empêcha les Êtats de -s'emparer de Munfter dont la fouveiaineté leur fut offerte par les habi-. tans. Cette affertion peut êtremife au rang ces autres erreurs oufauffetés ordinaires aeet Auteur. On fait que Bolinbroke, Hume, Sir Jean d'Allympre n'ont point caché le mépris qu'ils faifaient de fon hiftoire: les faits y font trop fouvent altérésou traveftis par la pasfion de lapartialité&desfablesabfurdes 6; ridtcules. On fait d'ailleurs que ce grave Prélat, ce rigide cenfeur, n'avait pas, du moins en théorie, les fentimens de la morale la plus rigide; & que, s'il n'eut téïiu qu'a fon fivffrage, il n'aurait pas été plus difficile fur la poligamie que ne le fu. rent les DotteursLuthériens confultésparlf Prince de Hesfe. B5 1665. Ahfem. IV 597 2, 118, 244, 248, 4Ji, 4fJ, 6sj, 67s, loS<, IOS3, Wicqttcf, Liv, X, 552. ss6, de Witt, "Briev, UI, 4*f' 434, >3 7, V, 3Hi 338,  1665. 2/Mtot. Jtufl. T. XII, 9S4 XXHI 43 H'ggans Hlfim. ér Critic, Kimaris, 34 Seconde Guerre faifaïent de cette ville une efpece de République municipale. Piqué de nouveau contre les Etats qui, dans cette derniere occafion, les avaient asfiftés d'une fomme d'argent, il méditait depuis longtems les moyens de fe vanger. En 1663 il imagina de leur demander !a oreftitution de la Seigneurie deBorkdo qu'ils avaient, difait-il, ravie, 1'an 1616, h fes prédeceffeurs. Mais les Etats de Gueldre évoquerent cette affaire a leur tribunal. II prononcerent en faveur des droits du Comte de Stirum fur ce fief de leur Province. Les Anglais, cherchant partout desennemis aux Provinces-Unies, il neleur fut donc pas difficile de gagner retefprit ambitieux & vïndicatif. Et comme il avait plus de bonne volonté que de pouvoir, ils promirent de lui fournir de quoi entretenir une armée. II avait pour maxime qu'un homme d'arm- s ne devait avoir ni confcience ni entrailles, & qu'un prince ne doit pas êire délicat fur les moyens de s'aggrandir, parceque la iortune feconde fouvent 1'audace & procure au moins a ceux qu'elle trompe la réputation d'"a** «r imaginédegrandsdeileim , Conformement a cette exécrable politique, il ma impudemment fes intelligences avec l'Angleterre jufqu'a ce qu'il fe vit en état de tomber .a 1'improviste fcr les Provinces-Unies. 11 commen»  avec les Anglais. 35 ca par faire eourir un manifefte oü il accufa les Etats d'avoir brifé les images & les crucifix refpectés même des Turcs, commis des outrages fur 1'hostie facrée & fait rötir au feu des cathohques, inhumainement masfacrés. Peu s'en fallut que ces impoftures atroces, imaginées pour foulever les cathohques, ne produififient les plusfuneftfis effets. LesPafteurs de cette religion eurent 1'audace de venir infurter un Francais établi a Rotterdam, & de fe répandre en injures contre le Roi de France qui affiltait, difaient-ils, deshérétiques contre un Prélat zélé qui voulait rétablir la vraie religion dans le pays. Dans la ville d'Utïecht, quelques uns porterent l'irnprudence jusqu'a publier qu'on dirait bientot la grand' Me.sfe dans i'Eglife cathédrale. Enfin, pour achever de foulever lepeuple, van Galen eut recours a un artifice employé dan* la guerre des Bataves par les Komains. ün porrant Iedégat fur la frontiere, il affecta' d'épargner le Comté de Lingen, qui ap-' parttnait au Prince d'Orange. II adop ta pour chant Militaire eet ancien vaudeville qui fiatte fi agréablement le peuple, paree qu'il célebre la gloire de Guillaume I, II fit même répandre le bruit qu'il avait traité' avec 1'EleCteur de Brandebourg & le Duc B 6 (4. Stft, d'Eprai. 19. N«v. ■iitfem. V. ie Wit. Briev. ü»  gó Secon de Guerre 166$. < fEfirak I. OSeb. AU\tm. \V. 421. 6 + 1. 64J. 671. Le Roi de France envoye des tfpüpes le INiewbourg peur les intéréts du Prince d'Orange. Pendant que le peuDle, avide de ces bruits, traverfait le ïouvernement en accablant De Witt d'imprécations & demandait a grands cris 1'élévation du Prince d'Orange, l'Evêque portait le fer & le feu dans la Frontiere. Aidé de 1'argent d'Angleterre, il avait attiré fous fes drapeaux une multitude de déferteurs & de bandits, dont il vint i bout de fonner une armée de dix -huit mille hommes. 11 avait commencé pars'emparer deBorkelo, dont il fit masfacrer toute la garnifon contre la foi de la capitulation, 11 prit enfuite Lochem & Deutichem: il pénétra jufques dans 1'Overysfel, oü il réduifit Oidenzeel & pluüeurs autres places. Comme L\>n armée fubfiftait principalement de pillage, la terreur inarchait fur fes pas. La confternation était d'autant plus grande que les milices des Etats avaient été confidérablement diminuées al'entrée de la Guerre par le licenciement des troupes Anglaifes & Ecosfaifes.Les chefs du gouvernement,n'imaginant pas avoir rien a craindreparterre, avaientporté tous leurs efforts& toutes leurs resfources fur mer. Aux premiers mouvemens de l'Evêque , ils avaient entamé une négociation avec FEecleur de Brandebourg, le Duc de INiewbourg & d'autres irrin-  avec les Anglais. 37 ces de 1'Empire pour en obtenir des Kégimens. Les premiers jugerent 1'oc-; cafion favorable pour fe faire reftituer i les places de Cleves oü les Etats' avaient garnifon. Mait, pendant que ces; demandes retardaient le traité & Iefecours; le Roi de France, craignant que dans la crife périlleufe des affaires, quelque émeute violente ne fit élever le Prince d'Orange a la tête de la République, fe hata de fournir aux Etats les fecours qu'ils attendaient en vertu du traité d'alliance. II envoya fix mille hommes de fes meilleures troupes, fous le commandement de Francois De Pradel. Les difficultés du voyage retarderent d'abord leur marche; les Etats furent mêmeobligés de pourvoir 1'infanterie qui manquait abfolument de bas & de fouliers. Pour marquer la confiance qu'ils avaient dans la bonne foi de Louis XIV, ils firent paffer fes troupes au travers de leurs villes; mais; comme on exigetoujours beaucoup de ceux a qui l'on prête du fecours,les foldatsFrancais ne tarderent pas a fe plaindre qu'on n'avait pas pour eux les égards düs a de fi généreux auxf liaires. Les Etats , ne voulant pas qu'on leur fit la loi dans leur pays, fe plaignirent de leur cöté de^l'indocilité & de la licence des troupes francaifes. S'il fautajouterfoiauChevaliei 166$. on tre 'Etfêque leMjnlter, dEJirad. II. 411. ,ty, 4««. ie Guiche 124. Z.ettre de Temple ïi. Oflvb. 10 dscemb. De Guiche {. lïi. JLettre du 18 Decemb. att Dnc d'OrniQnd,  *8 Seconde Geterrs Temple, Réfi.lent de fa Majelié Britannique a Bruxelles & intéreflë a décrier les fecours de Louis XiV, les Francais ne répondirent aux égardsdes Etats qu'en les donnant, dit-il, mille fois au Diable. II ajoute qu'ils vécurent a drfcrétièn dans tous les lieux de leur pasfage, & qu'ils poufferent la mauvaife volonté ou plutöt 1'extravagance jusqu'a boire a la fanté des Anglais & des Munftériens qu'ils allaient combattre. Pour comble d'embarras, le Roi de France, déterminé a pouri'uivre , 1'année fuivante, fes prétentions ambitieufes fur les Pays - bas , avait des vues fur iVaastricht; & le Comte d'Ëftrades fut chargé de fonder fi les Etats voudraient ceuer cette place a ia France. D'Eftrades, ayam mieux connu les difp'ifiuons des efprits, n'ofa pas même en faire la propofition, de peur d'exciter des ombrage.- dans untemsoü il importait de gagner la confiance des efprits. Habile a tl., eer les pasfieais & les vues de fon muïrre, il avait ouvert au miniftere un prujet bien plus vaste & plus imporeant.. il ne propofaif rien moins que de profiter des diviiions inteitings de la ^epublique & de la préfence des troupes iraucaifes pour s'emparer des provinces de Fri& de üronwgue. il aut même Trojets ambit'ieux de la ïranee.  avec les Anglais. 39 avoir attiré-dans fes intéréts la princes fe veuve du dernier Stadhouder de ces deux Provinses, &Mere &Tutrice du Stathouder adtuel, encore enfant. 11 crut avoir d'autant plus de taifonde fe fier a elle qu'elle ne vivait pas en bonhe intelligence avec Ia Princesfe douairière d'Urange fa rnere ,. dévouée aux Anglais. Mais cette Princesfe intéresfée & politique, après avoirlongtems amufé la Cour de France pour en obtenir~ le payernent d'une vieille dette de cent mille livres, changea dans la' fuite d'étendard , lorsqu'elie eut perdu toute efpérance de :recouvrer cette fomme. D'un autre coté, la conduite de la France n'augmentait pas la~ confiance des Etats. Le Général Pradel oppofa mille difficultés aux entreprifes qu'on lui propofait pendant 1'hiver. Les Dé^ putés des Etats auraient voulu que, par des marches rapides & des opéra tions promptes & vigoureufes, on eüt furpris 1'Evêque de Munfter qui, ébloui de fes petites conquêtes, pasfait les journées a boire a l'Ailemande, & donnait lui-même 1'exemple de la débauche, a fes foldats. finfin, le Prince Maurice a qui fes longs fervices dans les Pajs-bas ausfi bien que dans le Btéft , avaient donné une grande exr périence, s'étant, fous le voile de- la 1665* D'EJiraA. n, ne. ' Les troupes-. des Etats» isüftées d€S>. Francais repousfenf l'EvèquedeMunfter.Baf»aSc. rös. ?c Cuhbt :3i- 16c* !8+.  i665i ihid, 174. I3i. 184. Taix avec j'E.êque i Mandcr. I666. ("*) 16. ievr. 166 jDumont. V y- 111 8 6, Ai'fim- V' 1020. 1022. Seconde Guerre fiinplicité Germanique, emparé de Fesprit du Général Francais, cette réunion augmenta 1'activité des opérations. Les troupes des Etats & de Ia France combinées, vinrent asfléger Lochem. S'il faut ajouter foi aux farcasmes du Comte de Guiche, les öoldats des Etats ne furent nullement pointilleux rji jaloux des postes difficiles. Selon lui, ce fut principalement a la bravoure des Francais qu'on fut redevable de la'prife de cette place. La marche des troupes du Duc de Lunebourg avec qui les Etats veenaient de faire un traité, & furtout 1'alïiance offenfive & defenöve (*) qu'on vint a bout de conckire avec 1'Electeur du Brandebourg, effvayerent rl'Evêque de Munfter; & pour com' ble de malheur , les ofFres du Roi d'Angleterre fe tiouverent bientot épuifées pour ce Prélat guerrier & prodigue: ainfi voyant fes troupes déferter faute de paye, & ménacé a la foispar tant d'ennemispuisfans, il craignit pour fes propres domaines. 11 s'empresla d'entrer en conférence : les Etats, non moins jaloux d'avoir eet ennemi de moins, firent ouvrir le congrès a Cleves. La négociation fut fuivie avec tant de rapidité, que la paix futconclue le 18 du mois d'Avril. L'Evêque rendit, par ce traité, toutes les  avec les Anglais. 41 places dont il -s'était emparé, & renonca a tontes fes prétentions fur la ville de Borkelo. Les fecours envoyés par les Francais ne fervirent pas feulercent k délivrer les Provinces-Unies des hoftilités de ce ficheux voifin; elles affermirent 1'autorité chancelanie du Grand Penfionnaire. De Witt, a fon retour de la Flotte, parut avecun nouvel éclat dans les asfemblées d Etat. Le Comte d'Eftrades ne laisfa pas d'écrire a la Cour que les préfens faits a quelques membres de la Régence n'avaient pas peu contribué a eet heureux changement. ., J'ai gagné," difait-il, les quartiers de Zwoll & du Comtéde Zutphen qui ont rasfuré les villes de Hollande qui chancelaient. II y a dans 1'asfemblée trois eens députés, tous corruptibles." C'efïpar ces moyens qu'il croyait ou voulait faire croire k fon maitre qu'il avait empêché qu'on n'envoyat en Angleterre une ambasfade a la tête de laquelleonpropofait de mettre le Prince d'Orange. Cependant les chefs du Gouvernement ne celTaient de répréfenter a la France qu'il n'y avait qu'un bonmoyen d'empêcher un bouleverfement dans le Gouvernement & d'attacher pour toujours la République a la France. C'était de rompre avec FAngleterre par une déclaration ouverte. Louis 166& Di'morit. W. p. ui. 106. D'Mfirdd. in.\79. J-04-. 506. 513. ƒ25-. I 53é. 54-J. 62 i . La Franse déclare la Guerre a 1'Angleter rn. AUfcm. V. 9 tl, 912. V'Eflrad. 13 Nov. Itffij. 13. & 20.  1666. Janv. 3666. Tiafnage. T. Xtti. ie j Witt f. iTev &t> "Beuning Ve Witt. 12 JSfcv. Secr. Rej 17 Fei. 501. 43 Seconde Guerre ' XIV chancela longtems , avant d'en ■venir a cette démarche importante & délicate. Enfin, après avoir bien recommandé au Comte d'Eftrades, de faire vaioir aux Etats ce trait de générofité & de s'asfurer qu'ils appuieraient duns le tems fes droits fur les Pays bas, il rappella fon Ambasfadeur de Londres. 11 déclara la Guerre a la Grande Bretagne le 26 Janvier. Mais la conduite de la France a la fuite de cette Déclaration, fit foupconner que cette rupture n'était qu'un jeu concerté entre Louis XIV & Charles 11 pour tromper la République \ ou du moins que Jé Monarque Francais n'avait voulu s'engagcr qu'autant que fa démarche pourrait rompre les mefures de la maifort d'Orange & foutenir 1'autorité de la faétion contraire. ,s II y eut cependant des difputes fur e la maniere dont devait fe faire la jon} ction des deux öottes qui ne fe joignirent jamais. Les débats furent vifs. clLz France fe prévalait du befoin riiqu'on avait de fon fecours, pour exiger non feulement les premiers honneurs du falut, mais même le privilege fingulier de ne pas le rendre; fous prétexte que le Paviüon Amiral de France n'avait jamais été baisfé. Ces débats durerent jufqu'a ce qu'on perclit toute efpérance de voir réusfir cette jonction»  avec les Anglais. 43 Les Etats, contens de l'asfurance de n'avoir pas un ennerni dans la Fran ce & trop éclairés pour fe repofer fur leurs alliés du foin de leur défenfe, n'en travaillerent qu'avec plus devigueur a préparer des forces formidables; ils équipperent fur mer une flotte de quatre-vingt- einq vaisfeaux, neuf brülots & huit jachts, quimirent en mer au commencement dejuinfous les ordres de De Ruiter. La flotte des Anglais était d'environ quatre ving! b&timens ,• mais par un excès de précaution, ils s'affaiblirent confidérablement, en détachant un corps de vingl navires pour aller au devant de la flotte francaife afin de prévenir la jonction, Ils étaient commandés par 1'Auteur de la derniere révolution, Ie fameus Mofik, aiors Duc d'Albemarle. Et par ut excès d'audace naturelle a cette natior beliiqueufe, au lieu de décliner lecombat, ils allerentcherclieri'ennemi. Les deux flottes fe rencontrerent le onze du mois de Juin a la hauteur des Dunes. Le premier choc fut vif & opinia tre des deux cotés. Le vent fut d'abord en faveur des Anglais; mais comme il foufhit avec violence, ils en refurent plus d'incommodité que d'avantage ; paree que la trop grande incli' najfon des babords empêcnait de doa '1666: Cjmbatde quatre jours dans les Dunes. Vie de Rapi ter. Mem. de Gmche. Ils 2 5 9. I' 1  1666. 44 SeceNDE Guerre ner une direction jufie aux batteries bisfes qui ne pouvaient porter quedans 1'eau. Cette circonft-mce était, au contraire, favorable aux tiollandais, dont les boulets firent un grani dégat dans les voiles & les agrès des Anglais. Le combat eommencé è une heure ne finit qu'a la nuit. Deux navires Anglais furent eoulés a fond & trois furent pris: dans un de ces derniers l'on trouva le Vice-Amiral Berkeley expirant & baigné dans fon fang Mais eet avantage fut acheté par "la mort du Lieutenant Amiral Evertfen qui fut tué d'un coup de boulet & par la per te de deux vaisfeaux qui périrent par le feu, avec une partie des équipages. Le lendemain le combat recommen* ca dès la pointe du jour avec le même acharnement que la veille. L'Amiral Tromp, s'abandonnant a fonimpétuofité naturelle, s'engagea avec fa divifion dans le gros de la flotte Anglaife* II courait rifque d'être accablé par le nombre. De Kuiter, voyant fon rival dans le péril, la première penfée de fon ame noble & généreufe fut d'allerledégager;ilperce ausiitót au milieu du feu & parvient a ledélivrerens'expofant au plus grand danger. Ce fut dans cette horrible mêlée que fe fit le plus grand carnage des deux cötés,  avec les Anglais. 45 Les Hollandais y perdirent Ie ViceAmiral Van der Huift qui fut tué & le vaisfeau de Liefde qui fut brülé. Quatre autres de leurs navires furent tellement maltraités,qu'on eutbien de 'la peine a les remener au Texel. Mais 'la perte des Anglais fut beaucoup plus -confidérable. De Kuiter attaqua Aibemarle avec tant de vigueur, qu'après avoir eculé a fend plufieurs de fes vaiffeaux, il le forca de feretirervers la cöte d'Angleterre, avecenvirontren* te badmens, les feuls qui fusfert en état de combattre. II commencait a fe flatter de les atteindre, lorsqu'un calme furvenu un peu avant la nuitles déroba a 1'ardeur de fon courage. Le troifieme jour ne fut reraarqua» ble par aucun coup d'éclat. Les Anglais s'enfoncerent dans la Tamife. Pour ne pas voir tomber leurs vaisfeaux les plus endommagés entre les mains des Ennemis, ils y mirent euxmêmes le feu. Pour comble de malheur, 1'Amiral Afcue qui montait le Royal Prince, le plus grand vaisfeau de la flotte Anglaife, donna fur un écueil, & fut obligé de fe rendre avec" tout fon équipage." Tromp fe flattait déja de 1'agréable idéé de Ie conduire en triomphe dans les portsde la République: mais De Ruiter, jaloux 9 dit-on, de lui ravir cette gloire, 1666.  i666. Harangue de De Rui. ter a fes Officiers. "Brtndt vit de De R«i ter. 46 Seconde Guerre fous prétexte que ce navire ne pouvait qu'embarraiTer, y fit mettre le feu. Son desfein était en effet d engager un nouveau combat. Les Anglais, alor* codidérablement renforcés par la jorcticn de 1'Efcadre du Prince ■Robert, brülaient eux-mêmes^ d en venir aux mains , pourlaverl'affront, qu'ils ven ient d'elluyer. Lekndemain les deux fiottes fe chereherent avec une ardeur égale des deux cötés, „ Mes smis," dit De Ruiter en haranguant les Officiers qu'il avait fait venir fur Ion bord, 5, voici Fiuftant qui va décider de notre fort. Les chefs de 1 Etat, „ les Peres de la Patrie, nos parens, „ nos femmes, nos enfans, enfin le fa„ lut de tout ce que nous avons de „ plus cher nous apelle a notre devoir. „ JNous laisferions - nous arracher la „ vicloire après 1'avoir tenue fixée trois „ jours fous nos pavillons ? Mos En„ nemis font les mêmes que nous vi- mes hier fuir lachementdevantnous. „ II n'y a oas de milieu, il faut vam„ ere ou nïourir,- il s'agit du falut de „la patrie & du nötte: ou plütot il „ f tut vaincre pour éviter de tomber „ entre les mains des Anglais & d ê„tre jettés, fans mifëricorde, dansles „ cachots affreux oü ces barbares font „ périr nos compatriotes de mifere & „ d'mfectiou. Je ne doute pas de la  avec les Anglais. 4/7 „ vi&oire , fi vous me fecondez comme voas avez déja fait par votre courage „ & votre bon accord" La bataille commenca le 14 Juin, dès les huit heures du matin. La liot te des Ang'ais était alors compofée de foixante & un vaisfeaux, la plupart frais & enbonétat; les Hollandais n'en avaient que foixante quatre, qui venaient d'effayer trois jours de fatigue. Ainfi les forces fe balancaient a peu prés de part & d'autre ; & Ie premier choc n'en fut que plus général & plus ferré. Plufieurs navires furent défemparés des deux cötés. Un de ceux des Etats fut confumé par le feu. Mais 1'après -midi, De Ruiter faifit rapidement 1'avantage du vent, pour ord >nner aux fiens de faire un effort général en tombant a la fok ö£ de tous les cötés fur 1'Ennemi. Cet ordre fut exécuté avec tant de vigueur & de précifion, que les Anglais, enfoncés & mis en désordre, chereherent leur falut dans la fuite. Plufieurs de leurs vaisfeaux furent ou pris,oti coulés a fond. On les pourfuivit jufqu'a fept heures du foir; on efpérait même de prendre ou détruire la plus grande partie de la flotte, lorsqu'un^brouillard épais, furvenu tout-a - coup', empêcha la pourfuite. „ C'eft Dieu," dit alors De Ruiter 5 qui les fauve: il ne veut 1666. Dc'faite des Anglais.  i66ö. Caufe ie -cette vifl ■re. Xefel. 1 M*ri I' T&rauit Yie de Rtdter : 4.8 Seconds Guerre „que les corriger deleurpréfompdon, ,& non les perdre tout - a-fait. Le lendemain on chercha encore les AnSïis; mais ils s'étaient tous reurés gdans leurs ports pourfe fauver ous y radouber. Cette retraite fut eau fe que De Kuiter rentra, de fon coté, dans le Wielingae. . . La gloire de ces quatre fameufes ci'iournées fut toute entiere pour les Etats. Ils perdirent, il eft vrai,deuxvice-Amiraux, huit eens hommes , & quatre navires. Mais les Anglais avaienteucinq a fix mille hommes de tués.ils avaient laisfé trois mille pnfonmers & perdu vinrt-trois vaisleauxciontlix furent conduTts en Hollande. Ainfi les Etats eurent toutes lesraiions d ordonner un jour foiemnel d'acïions de graces, On fit également des feux de ioie^a Lon*.'/-dres : mais ils ne fervirent qu a moni53trer dans un plus grand jour la vanité de cette nation. L hiftonen Anglais Burnet'n'a pa s'empecherde dire aue faire de pareilles réjouülances était fe moquer de Dieu & fejouerdes !42hommes. L'Amiral Afcue fut envoyé 5 prifonnier a Louveftein oü il refta juf6S-qu'i la conclufion de la paix. Le 77Scorps de Berkeley fut embaumé par ordre des Etats-Généraux & envoyé au Roi d'Angleterre qui les remercia de ce procédé noble & obhgeant.  AVEC LES ANGLAIS. 49 On convint généralement que cette brillante viétoire n'était due qu'au génie de De Kuiter. SI fe didingua non feulement par la fagelTe adreirable des ordres qu'il diltribua; mais encore par 1'intrépidité avec la quelle il donna lui même Pjexemple & fa prompiitude a fécourir ceux qui s'engageaient trop avant dans les lignes eiinemies, On dit alors de lui qu'il était la main quibattait la mefure pour faire jouer j'effr-oyable harmonie de tous les Infirwnens ikftruSteurs de la guerre. Les Ennemis eux mêmes, quijerencontraient pat-.out, ne purent s'émpêcher de demander s ii y avait cinq ou fix Ruiters dans I'armée? II fut regardé comme l'hïureux mortel, choifi par la providence pour humilier 1'org.ueil de .ceux qui vouiaient s'arroger 1'empire de la mer. II n'eft pas inutile de remarquer que De Witt eut ausft beaucoup part a ce Triomphe ; s'il eft vrai qM'il fut dü en partie a 1'ufage des boulets a chaïne dont on lui attribue 1'invention & qu'on croit avoir été employés pour la première fbis dans ce combat. Les Anglais. en chechant a fe dé-' guilër pardesfêtestrompeufes, Lhonte. de leurdéfaitc, ne négligerent rien pour fe mettre auplütötenétatde la réparer.' Cette nation hardie & beUiqueufe ne' démenti-, point Ion activité ordinaire. Tem. VI. C 1666. r.Eltire des Anglais tèi r!e li 'or'anci Zrandt. vïe e De luiten  1666^ I4> O Bob. 50 Seconde Guerre Au bout dü'un mois & demi ils fe trouverent en état de reparaïtre en met avec une flotte formidable d'environ quatre-vingt douze vaisfeaux & vmgt brülots. De Ruiter était déja forti, avec une flotte de quatre vingt huit navires, dix neuf brülots & dixjachts. II venait de tenter, mais inutilement, s'il pourrait faire une defcente en Angleterre. Les deux flottes fe rencontrerent le 14 Aout entre le Sudforland & les bancs de Flandre- Le premier choc fut également furieux des deux cötés : Les AngJais brülaient de laver leur derniere disgrace- Les Hollandais ne voulaient pasfe voir arracher le fruit de leurs précédentes victoires. Leur avant garde était commandée par Jean Evertzen, frere de celui qui avait été tué d3ns le dernier combat & par Tierk Hiddes de Vries , un des pius habiles roarins de fon tems. Malheureufement ces deux Lieutenants- Amiraux combattant contre 1'Efcadre blanche des Anglais, commandée par Thomas Allen, furent .més dés le commencement de l'aótion. Cet accident ]etta le désordre dans Pavant - garde qui plia deux heures après: des lors tout 1'effort des Ennemis fe porta lur le corps de bataille, aux ordres de De Ruiter. Tromp, qui commandait 1'arriere-garde, au lieu de venir i ion  avec les Anglais. 51 i fecours , refta longtems a ure grande Jiilance & b'engagca enfi'ite dan.- u e attaque ü vive avec 1'Lfcadre bleue , i que 1'ayant mife en fuite, ij la pourffjivit toute la nuit. De Kuiter rcftant amfi toujours feul par cette diverfion, .& 'étant longtems défendu avec huit vaisteaux contre vingt-deux qui Ten* • viiornaient, prcfita de la nuit pourfe 1 iietirer, -a petites voiles, vers le rede 3 de la flotte. Les Anglais, qui ne l'avaient pas perdu de vue, lui donnerent le lendemam un réveil terrible, lis 1'environnerent dès la pointe du jour. öes gens étaient fi épmfés des latigties de | lk veille , qu'ils dormaient au milieu Ides morts & des mourans; On ne les engagea qu'avec peine h mettre ia main a Fceuvre. Au milieu du carnage, De Kuiter fit apeler a fon bord Van INès, un des Capitaines qui ne 1'avait jamais quitté. Sis entrerent dans la Dunette pour deliberer fur le parti qu'ils devaient prendre. lis en fortaient après 1 être convenus de fe battre en retraite, lorsqu'un boulet de canon emporta le ; bsnc fur lequel ils venaient de s'asI feoir. Les ^Anglais, fe flattant de prendre De Ruiter vif oumort, fireut des ; décharges fi furieufes que fon navire 1 paraifiait prêt k voler en états. Dans 1 cette pofition alarmante, ce grandhom* C a 1 1666.  V- i666. ft -—— u .. I c c 1 \ { \ i f 1 i i 1 I Les Anglais b-ulen: n"e flotte Mir chandê & en Village. 19 Aont. Ltttre de ®c Vtritt.. 3.6 A-JHt. Truc and $cr8 na" i Seconde Guerre é ne put f'empêcher de s'écrieravec ne efpece de défespoir: 6 Cieli Qtie ; fuis malheur eux! Par mi tant de ba Uas ny en aura t-ilpas un qui vienra memporter? De Witte, fon Genre, faifi' eet inftmt pour lui coifeil>r de tomber lui même Oir les An'lais & de leur ven Ire cherement fa :ie. Mais de Ruiter, revenant alors 4 a prudence ordinaire, jugeaqu'il ne con'enait pas a un chef de mettre en daneer la flotte conti'e a fes foins & la brtüne de 1'titat; en s'abandonnmtaces raits de courage qui neconviennentqu a le fimples capitaines. il fe retiradonc ■tl oppofant une défenfe fi fiere que les ïïniemis ne purent tirer aucun avantage. n »ntra dans lèWielmgue,oü Tromp ne tarJa pas a 1e rejomdre. De la tous les vaiseaux raffemblés de la flotte firem voile aour laHollande,dans un état fort délabré. Qaoiqu'elle n'eüt perdu que deux vaiffeaux & les Anglais quatre; on neput, cependant.contefterlaviftoirea ces d.:rniers; puisquïts tinrent h mer d 911 i s chafferententierementles riollandan. Us affe^rent de promener orgueilleulement leur flotte pour jetter 1 alatrae dans Sutes les cötes de Hollande. 11 y avait alors dans la rade de la bhe une fbtte de 10 vaisfeaux Marchands. MalSé des avis réitérés, ils avaient réfufé d'aller chercher un pofte plus iur,  AVEC LES ANGLAl S. 53 d'après la folie penfée que les ennemis n-öferaient s'avancer a caufe des bancs de iable. Ces obftacles n'anêtterent pas Fardeur jmrétueufe des Anglais. Hol mes fut détaihé fous la direclion de Laurent Heemskerk, auparavant capi laire de vaisfeaux & banni pour avoir manqué a fon devoir. 11 avait une efcadre de vaisfeaux legers & quatre brülots, qui porterent la fternme dans, quelqucs- uns des principaux navires. L'enrserm ayant mis. le défqrdre dans te flc ttt , le^ Auglais faifirent ce moment de corifternation, latuerent couïageufement dans les barques & pui team la flan me d;ms tous les autres na\irt;> qui furent confumés a 1'esccpticn de buit ou nettf qui ie fanveren.t, Lifles du fuccès de cette expédiron , 'les Anglais firen une delctnte dans Pisle de v cheliajg. y brulerent un gms viPage oü fe trov:\ait une cle ces balil'es ou ranaux qu'on nomme en Hullandais Era?ji>arts. Ces terrjbles échecs conlttrj;cient les Honaridais. Us tremblerenï de ne plus trouver dans leurs pons cette ïüreté qu'ils y chercbaient,. dit le Comte de Quiche, li lbignc-uf'etnent par de prövnptes retraites. . // fe.. jvignit, pouiluü le uiémc auteur latyrique , a cette confidératton une dmleur vive de la pene du Patriimtnei C3 1666. ■ative of tht. Qraet frtc tefs of kis Majefiy's Fleet Hnrling 160 dutch Shifs &c. Smehe 28 I, Uoll Refot'. lont. êitfem. V. '31. 8}»  t Querelle er.tre De Ruiter 6: Tiomp. Troirp Ü5 Eracié. Refol KM. 19. »+. Aitfem. V. 719. 732. ;4 Séconde Guerre S( comme Vutile fait presque tout Hti- j ■êrêt *i Provinces Unies, fa porto les , toueba plus vivement que cello ae ia gloire § de la réputation de leurs ■hm diviflons que les incidens de eet te défaite cauferent oarmi les deux principaux chefs de la flotte produi ^nt de nouveaux erabarras. De ku ter e plaignit vivement de n'avoir perdu la Sli le que pour avoir été abaudonné par Tromp .llrepréfentaqu'iln'auraitjamais düSerdre de vuëlei>lvil!on Amiralpour S après une efcadre particuliere de l-isnnemi. Tromp fit éclater, aans cette circonftance, toute ^ "auteur , Voreueil, & Hmpétunfité de ion ca; raftere. „C'était De Ruiter qui avait, S ilpar une lenteur déphxéedaisfö échaper 'avantage d'une viaoirecertaine, en manquant 1'occafion laplustaSabWecou^11 ne cherche a me perdre d nonneur que paree que Dieu m'a fait la grace de triompber, avec peu de yaisleaux, tand s qS'avec des forces bien fupér u es, U n'a effuyé qu'un revers 1 onteux." Tromp en vmt menie pw qu a foutenir que fa condmte avait fauvé la flotte d'une ruïne totale»; Ces xaifons perfuaderent d'autantmoins, que TrompPétait eonnu pour un partilan zélt de la Maifwi d'Orange & quort  avec les Anglais. 55 le foupconnait d'avoir eu, pour la favorifer, des defleins pernicieux. Les Etats de Hollande prirent avec chaleur le parti de De Ruiter , connu par fa docilité & fon affection pour le Gouvernement actuel. On donna la charge de Tromp au Colonel Guillaume Jofeph van Ghent, Le malheur de Tromp ne dok cependant pas rendre fon témoignage - fur De Ruiter plus croyable. Cette terrible défaite fut caufée par la défection d'une partie de la flotte, Les Francais qui s'étaient trouvés dans ce combat ne purent ^ s'empê cher de dire hautement qu'il avait fait des chofes de eceur & ds têtt qui furpaffaient les forces hurnaines; qu'ils eftimaitnt plus fa retraite que gil avait gagné la bataille; puis quarcc huit vaiffeaux il avait tcnu téte a dix-hint des plus ferts d'Angletesrc. Le Roi de France voulut même reconnaitre le merite de ce grand homme, en lui envoyant le collier de 1'oidre de St. Michel avec une chaiae d'Or & fon portrait enrichi de diamant. On ne laisfa d'attribuer la d fgrace de Tromp a fon penchant pour lamaifon d'Orange. Les troubles publicsct les complots fecrets qui fe formaienta chaque inftant pour la rétablir, donneC 4 1666. De Ruiter jufl.Bé. UCIerc Vo, XIV. ;jc-. Vu .ie De Kw'iey, Z. Mouvcmé'nj en faveur du Pr'mee d'Qiange.  56 Seconde Guerre 1666, De Witt Trlv II. 162. 16J. 172. 180. 18). 186. Les Etats d Hollande f «hatsent d r^dusjiion rent a penfer que le parti dominant ne pouvait prendre trop de précautions pour faire échouer ces projets. Plufieurs villes & des Provinces entieres; demandaient qu'on mït le jeune Prince a la tête des armées, en lui déférant la charge de Capitaine-Général. Et comme on était peu content du i'rince Jean Maurice de iNalTati, on demandait que fa place de Général de la Cavalerie fut transpor tée au Prince d'Orange. Pour renverfer ce projet, fans paraïtre entrainés par des vues particulieres, les Etats de Hollande infinuerent adroitement que, dans lei circonltances préfentes, il ne fallait mettre a la tête des armées que des chefs expérimentés, qui ne fufïent pas fufpefts aux alliés de 1'Etat & furtout a la France - lis propoferent même le fameux Prince de Turenne dont Fattachement a la religion reformée & \es liaifons de fang avec la maifon d'Orange, paraiifaient devoir lever tous les foupcons a fon égard. Mais comme ni le Roi de France, ni de Turenne lui-même ne parurent goüter eet arrangement , on laiila les chofe* dans le méme état. La Zeélande n'en fut que plus ar; dente a infifter, pour faire déférer au ; jeune Prince la charge de Capitaine de la Cavalerie & lui donner féance dans Ie  A-VEC LES ANGLAIS. 57 Confeil d'Etat. Cette propofition fut difcutée dans les Etats de Hollande. , Les nobles & les villes de Dort, de Rotterdam, d'A'kmaar, de Hoorn, d'E'nkhuizèri & de Mede-iblik, paru: rent dispofées a favorifer ce plan ; mais en ajoutant pour claufe, qu'il fciiait auparavant s'alfurer, en fe char ge?nt de fon éducation, s'il n'était pas cfuis les principes Anglais. Haarlem & LdJe fe montrerent moins diffici. .4es. Mais Delft & Amfterdam ne vou I* latent pas même qu'on fe charge at de cette é-Jucation. 1. a Pn'nccflc Douaisriei re, inftrüite de cette déiibératior, ne * perdit aucun moment pour la mettre a profil. De" Witt lui même, voyant les dilpofitious des efprits, & cé.iant : habüement a I'orage, fit, par t'avis du , Comte d'Eftrades , le premier pas, | pour s'aboucfter avec elle fur eet ob| jet. Comme.il connaifiait le faible de i cette femme dominéé par 1'efprit | d'ambitioii & d'i'nterêt, il fut la ramener a fon parti par des promesfes ébloujlTantes; il' 1'engagea même d'abandonner le parti qui la foutenait, de mettre toute fa ccnfwnce dans les I1 Etats de Hollande, en les priant dele charger de 1'éducation de fon petitfils. Pour mieux Ia gagner, il lui ap» prit, en confidence , que les E ats adopteraient non feulement le jeune C 5 du Tiirce d'Orange Sc 1'adoptanr p ur Enfant de i'Etat. Memoires-' d? Gït'.che. H 217. D'Eftrai. IV 203. Mtftm. F. 7ï3.  ï666. e$ Seconde Guerre Prince pour Enfant de 1'Etat, mats qu'ils étaient même difpofés k fe chareer des frais de fon éducation cc a le faire entrer dans le Confeü d'Etat. La Princeife crut faalement cequ elle deürait avec ardèW Elle hazarda la première démarche; en fnppliant, dans un memoire public, les Etats de fecharger de 1'éducation de fon petit - fils. Lette otfre fut ausfitöt acceptée. Les Etats faifirent cette occafion pour donner au, Prince des ïnftïtuteurs & des Lrar- • diens dont ils étaient fürs. Le Penfionaire De Witt fut nommé pour être du nombre. On reforma entierement la maifon du jeune Prince. Parmi les ««tonnes fuspeftes d'Anglo - manie, qui en furent éloignées; on compta les üeurs Heenvliet, Bromley, Boreel & Zuilenftein. Le jeune Prince fut furtout inconfblable de 1'éloignement decedernier; il avait déja pour lui cette tendreffe particuliere qui fut le premier fondement du crédit que ce Seigneur acquit dans la fuite; lorsque Guillaume parvint au comble de la gloire & des honneurs. 11 vint même trouver le Comte d'Eftrades & le pna, les larmes aux yeux, d'empêcher quon ne lui arrachat ce Seigneur. _ 11 proJnit de vouloir fe livrer entierement Confeils du Penfionaire, de le regarder comme fon pere & de n avoir,  avec les Anglais» comme Enfant de PEtal, d'attachement que pour la France & les autres amis & alliés de la République. Mais Zuyleltein était connu pour trop zélé partif; n des Anglais, pour qu'on déférat au defir du jeune Prince. Ceft d'après fes difpofitions que De Witt, jaloux de montrer combien il avait a cceur 1'avantage du Prince Guillaume, s'enfermait des heures entieres avec lui, pour 1'inltruire dans 1'ait de gouverner; quoiqu'il n'oubliat pas, d'un autre cöté,de tout tenterpour éSoigner 1'époque oü le jeune Prince %ait obligé de mettre fes tilens a exécution. Cet-1 te conduite ne manqua pas d'exciter \ des murmures; mais on publia qu'il d n'était pas de la bonne politique d'éle-15 ver le Prince d'Orange aux charges,' avant qu'on füt certain s'il avaitp abandonné les maximes Anglaifes. Lar difcretion & les marqués de déféren- < ce que le jeune Prince témoignaitpour; Dc Witt cc pour les Etats, ürentpor- 1 ter des jugemens fur fon caraélere que \ la fuite avenfiés. Le Prince ic\\{ti\x.\~Y)£.-1 ftrades, a de l'efprit c? aura du mérite. "A II e/i fort diffimulé & n'oublie rien pour ' parvenir a fes fins. ] Ces dtlpolltions n'éteigniren!; pas \ 1 e zeiedes ardens partifansdelamai'bn : d' Or2nge. L'afFaire de 1'infortuné Baat'. en olTre un exemple terrible. C'était ce C 6 1666. Is Gent lemilhorrf)? Guelrjis homli z&é ?Z ir, fut ominc sur le :mplacer n qtijli ïcu/erneur tcmoWe de lexri Charl^ sla 7Ve'ouille'nms de arente, 7ï- titfem. V. 8}. rSJlrad. 6. May '2. 2J. Ivrik  6o l666. mêi ; 3— de De Witt. 2 9ta^ Guiehe. j.. "6- o! Trojets & qti »rifte fotc ge de Buat. ^ P£ P£ D a Cf g c: It 11 il a r r Lcttre d'Ar j )»ngton. «» cicr. 1 Temf/e 9 ] Ffvrier. 12 1 ƒ Q*~ «ot. 30 Jsi//. il. 1 7 y^OMf. Guïche 281. 283. Aitfem. V. 840. 841. 842. S46. Ki, 88». Seconde Guerre- ne Henri Fleur deCoulan, Seigneur Buat qui s'était Ggnalé par un coue extraordinaire k la defcente dans !le de Fuhnen. II avait été p^ge jeune Guillaume; il était encore ficier dans la maifon du Prince, lors • 'il fut enveloppé dans ia difgracede ux que les Etats remercierent. C ét un de ces hommes ardens & sfionés, dans leur relTentiment. 11, rtait a 1'excès les vertus & les défaUts. es hommes pareils font plus prompts former des. projets qu'habiles k les mduire. De Witt fachant que les Anais entretenaient des intelügences fe■etes en Hollande,avait jetté les yeux fur •Sr. De Buat, pour en pénétrer le ivftere. De Buat, ne pouvant être ifpect au parti de la maifon d'Orange, vait noué une correfpóndance ayecun ommé Sylvius, du même parti, qui éfidait alors en Angleterre. Le come d'Arlington fecrétaire d'Etat était lans la même confidence: on voit par es lettres de ce Miniftre qu'il ne pro ettait rien moins que de s'emparerdu Gouvernement dc la République , en élevant la maifon d'Orange fur les débris du parti contraire. De Buat, enivré de fe voir dans la confiance des deux partis, oublia combien une pareille pofition était délicate. 11 réfolut de travailler en faveur du Prince auquelü  avec les Anglais. 61 était attaché. 11 entra dans une correfpondance férieule avec Arlington. Pour mjeux tromper De Witt il ne lui montrait que les lettres de Sylvius. Enfin il s'était rendu le chef d'une fociété, aveuglement dévouée a la maifon d'Orange. Ce manége aurait duré longtems, fi fa prudence> eüt égalé fon zele. Un jour qu'il avait latêteéchauffée de vin, il eüt l'imprudence, en rendant des lettres a De Witt, de lui en Iaiffer , par mégarde, une qu'il avait interêt a cacher. 11 y avait au defius, pour vous même. On y parlait d'une ibcieté Hollandaife de Bons amis, de villas bien intentionnées quidevaient former une union étroite , & prendr» une réfolution vigoureufe pour un. bon accommodemenr. On difait qu'alors 1'Angleterre s'expliquerait plus claire, ment pour favorifer ïintrigue qu'il favait. De Buat ne s'appercut de faméprife, que lorsqu'tf fut de retour a la maifon: Au lieu de fe mettre en fureté par une prompte fuite, il eut 1'imprudence de retouiner chea De Witt,pour retirer la lettre. 11 vint le trouver dans. fon cabinet, il aurait pu fe la faire rendre de force dans une maifon oü vil n'y avait que trois ou quatre Dometiques, mais il fentit tout fon coutagel'abandonner. De Witt, nanti de cette C i J.66ÓI De Vtitt. "Bricv. II, 3*9- i Eftrad. llfy Hotl, Refol /Imt. Stpterub. Oóhb. htotal. ZeeSi Sept.  i666. t 9, Mars'. Sn Seconde Guebre piéce, 'la porta, fans delai^aux Etats de Hollande. Buat fut bientöt arrêtté; tous fes papiers furent faifis j ce qm rendit fon cas plus grave, fut la-copie d'une Lettre qu'il avait écrite au Comte d'Arüngton, dans le tems de la derniere fermentation élevée pour mettre le Prince d'Orange a la têt: des armées ou du moins de la Cavalerie. 11 écrivait qu'il avait formé danslepays un grand parti pour Ia paix; que c'était le feul moyen de rétablir le Prince d'Orange, qu'il appellait fon petitmatire. 11 alfurait que, par la, le Roi d'Angleterre deviendrait le plus grand Monarque del'Univers, &qu'autrement le parti oppofé chafferait le Prince d'Orange & fe dönnérait a la France. 11 finilTait, en avouant qu'il avait cru devoir ietter plufieurs de fes lettres dans le feu. La'découverte de cette lettre ne manqua pas d'augmen' ter les foupeons dans un tems de trou • ble & de fermentation. Bien des raifons furent mifesenavant pourjuftifier Buat. Les Etats de Zeélande s'mtérefiérent formellement e" fa faveur. Ils foutenaient que la compagnie qu il commandait étsnt fur leur repartition,& fon domicileaBerg Opzoom, cette affaire touchaittouteles Provinces, & qu'au moins il n'était point jufticiable de la Cour dc la ILye a qui les Etats de Hollande avaient re-  avec les Anglais^ 63 mis cette procedure. On ajoutait que fa correfbondance s'était faite fous IV' veu de-gouvernement; qu'on netrouvait dans fes expresfions les plus cri* 'minel'es que des vues de procurer la paix. La Cour même trouvait fon dépt alfez léger & paraisfait vouloir fe porner a prononcer une fen.ence de foannisfement. L'Electeur de Brandebourg intercéda lui même en faveur dü prifonnier. Enfin De Buat montrait qu'il n'avait rien fait fans la participation de plufieurs Régens; entr'autres de Jean Kievit, conlêiller-committé, & d'Ewoud van der Horiï, membre du Confeil d'Etat. Mais ces deux Officiers venaient, en s'abandonnant a un fuite précipitée, d'aggraver ledélit* en augmentant les foupeons. Ainfiles Etats de Hollande infifterent pour qu'il fut pui i dans toute la rigueur des loix. On difait qu'il n'appartenait nullement a un fimple particulier d'entfe'r dans des mefures tendartes al'altération du Gouvernement préfent. On ajoutait qu'un Francais était inexcufable d'avoir voulu faire la paix fans la participation d'un Roi dont il était né fujet. Louis XIV lui-même fut indigné qu'un Gentilhomme de fon Royaume eüt préferé 1'interêtd'un Prince étrangera celui de fa patrie. LeComte d'aftrades, fonAmbafiadeur, folü- i66é>  i666. I 6^ Seconde Guerre cita vivement la condamnation duprï- 1 fonnier. En conféquence De Buat fut condamné a périr fur 1'échaffaut r pour avoir entretenu des corresponctances illicites avec 1'Ennemi- Cet j infortuhé Gentilhomme protefe jus- j qu'au dernier foupir qu'M n'ava;t eu que des vues falutaires. La conduite qüil tint, en apprenant fon mal- . heureux fort, montre que ceux'quibra* vent !a mort quand elle ne s'eflre que confufément a leur idéé au milieu des combats, ne font pas toujours en ét-1 de Penvifager d'un ceil fee fur 1'échaffaut, LeComte de Güichi: affure quefi DeBuat ■ avait confervé affez defang-froidpour répréfenter au peuple 'qu'il périffait victime de la faaine departi, pour avoir vouTu terminer une guerre onéreufe , la 'multitude aurait tout tenté pour l'arrachei des mains du Bourreau. H eft certain que cette exécution caufa beancoup de murmures. Le Peuple s'ecria même que le fang de cet homme retqmberajt fur ceux qui 1'immolaient a leur resfentiment particulier. . : Louis XIV, aveuglé lui-memepar le reffentiment, n'avait pas même gardé lesbienféances de la dignité Royale. II en était venu jusqu'a fe plaindre que le crime de lefe-Majefté n'eüt pas été exgrimé dans la fentencej ce qui s'était  avec les Anglais. 65 • fait pour éluder la confifcation des biens qu'on voulait conlerver a la femme du condamné. Tous ces mouvemens intérieurs ne laisfaient pas que d'alarmer les chefs du gouvernement. Ils fentaient que, pour cimenter leur autorité, ils avaient befoin d'enchainer la fortune dans les opérations militaires. lis firenttravailler avec tant de diligence a la réparationde la Flotte,qu'elle fut en étatderemettre en mer au commencement du mois de Septembre. On efpérait furtout que, dans cette expédition , elle ferait plus heuïeufe a fe joindre al'Escadrefranciafe. En conféquence De Ruiter fit voiles vers les cötes de France; mais quoiqu'on eüt difputé longtems fur la nuniere dont s'opererait cette jonétion , elle ne put jamais s'effecluer. La flotte Francaife avait pasfé le détroit de Gibraltar & mouillait alors dans le port de Breft, fous les o- d; es du Duc de Beaufort, au nombre de vingt-deux batimens de guerre, qui portaient 30 a 40 canons. C'étaient alors tou tes les fbrces maritimes de la France. Ausli Louis XI'/avau pps tant de précautions; pour quecette flotte ne fut p..s rencontrée feule par les Anglais qui 1'auraient détruite, que De Ruiter ne put jamais la tro.uver; quoiqu'il fut 1666. Jon&ioi de ilotes Francaise Se HolknJaife, ïiatu]ué'e. Ahfem, IT. 97s' 979. iEJlrnd. 2.0 May J Juin. ■ "randt vle it Rtiillfy 19' de Witt. Uriev. jjj 3 1. 3Ï.  1666. Vie de K«iier 39I S'C, dKflxad IV 466, 46,', de- Guhhe 66 Seconde Guerre • venu, jufqu'k la hauteur deBoalogne. 11 n'öfa s'avancer davantage dans la Manche; paree que les Francais n y ont aucun port qui pui»fe rïcevoir les grands vaisfeaux. Mais le vent qui Favait amené étant contraire k la flotte Francaife; il fut obtigé de 1 attendre; les Anglais, sentant covnbien il leur import ai c de Fattaquer avant cefcte ionction, s'approcherent : mais foit qu'ils doutaiTent de leurs propfes f rees, foit que la manoeuvrefavante que fit alors De Ruiter pour prendre le deifus du vent, leseüi déconceites; foit que fe Duc d'Albermale leur Amiral, eüt recu, comme on 1'aslur e, un ordre précis de rentrer prompt eraent .a caufe de Fincendie de Londres, ïlny eut que quelques coups de canon qui, tirés a une certaine diflar.ee, ne firent pas grand mal. Enfin un gros vent, furvenu kipropos,achevadefournir aux deux flottes une bonne vaifon pour fe féparer entierement. Les yents devinrent tous lei jours plus contraires; les maladies cauferent de grands ravages dans la flotte. De Ruiter tut accueil!ï lui-.même d'une fievre violente, caüféë par une méche enflammée qui lui était entrée dans la bouche. Tous ces accidens Fengagerent k s'éloigner peu k peu du Canal en tirant vers les ports de la République. A cette nouvelle le Roy  avec les Anglais. 67 de France fe répandit cn plaintes ameres, difant que cette retraite lais-, fait ia flotte a lamërcidesEnnemis(*).4 Le Comte de la Feuillade fe rendit' même de fa part au bord de De Ruiter;' pour le faire entrer dans les vues du Roi. La roaniere dont le Comte de Guiche raconte cette conteftation efl; tout a fait piaifante. De Ruiter démontraït iriathématiquement qu'il était imposfible que la flotte du Roi püt «ntrer dans la Manche a caufe des vents contraires. La Feuillade lui répondit en 1'aflurant qu'el'le irait contre •vent & marcée & que Mr. de Beaufort en avait recu F ordre. De Ruiter qui 1 n'était pas accoutumé aux expresfionsj hyperboliques, furtout dans un fujet; oü i'efprit geometriqueeftfinéceflaire, fut efFrayé, de cedifcours. Il prit a la let-* tre des expresfions exagérées aflezordinaires a la vivacité des Francais. Ils'imagina que leur peu d'expérience dans la (*) Rapin fj troTipe furement, en infïnuint qu'il y avait de I'intelligencs entre la France & 1'Angleterre contre la jonction dts deux flottes. Quand les Lettres d'Kftrades ne leveraient pas tous les foupeons a ce fujet, celles du Lotd Arlington prouvent évidemmsat le contraire» 1666. 'EJlrad.ir. 53. miche 253$ .94. 'rnnchife ê de De luiter,  ï666. i \iid. 295. d'Eftrai. IV. 497. Les Etats racu'ent leu flotte. Guicht vie de De Ruiter. >8 Seconde Gue>re narine les ferait périr. H frénit de peiïl oü leur zele pour la RéDiioiique allavt les expofer. II recueiliit le peu de foives qre fa nialadielui taiffait, pour prier les Etats d'empêch'cr que les Francais n'allasfent fe perdre en forcmt les vents & la marée. Cetce lettre apprêta beaucoup arire aux' Etats & a' tous les pblitïques de la i-laye. Elle ne dfrpinua point la. vénération qu'on avait pour Di Ruiter. EUe montrait dans un grand jour. fa franchife, fa confiance & fa HfBpli» éité, EUe montrait qu'on peut être un héros fans avoir les lumierés qu'ont ordinairement les hommes du monde. Les Etats, trouvant eux-tnêmes la jonébon imposfible , ne tarJerent pas a permettre a De Ruiter de def• cendre k terre pur rëtablir fa fan té» De Wiet fe rendit fur la .flotte avec quelques autres Députés, Il alta chercher lts Ang'ais; les deux flottes s'ap percur'ent, mais ne fe joignirent pas. Enfin ils rapèlerent la flotte. Le Roi de France fut d'autant ptus mécontent de cette Rélolution, que fa flotte s'était deja avaneée dans la Manche. Il fe conlbia, cependant., enapprenaiitqu'elle avait échappé au peril i nmioent de tombtr au milieu de l'Eseadrq Anglaife„ li y en eut même un, apeié le  * avec les Anglais. 69 Irubts qui fut v-ris; maïs comme il 'avait combattu un jour entier contre une Efeadre Anglaife, les Francais fu:. rent-plu's orgueiMetfx de cette coura1 geufe defenfe qulls ne furent affligés de la perte du vaisfeau. Mais toutes : ces démarches ne firent qu'augmenter le foüreon qu'il n'avait aucune bonnê Voléntëdefecöurir 'aRépub!ique,Ö£ qu'il ne parai'sfait les foutenir que pour en'gager les deux pjrtis a s'ëp'uifer par "Sé gr-ands effojts, pour qu'ils1 ne fufltnt pas < n ét at de s'oppofer a fes defiëins fur les Pays- bas. li efi: ctrtain aue cetteopinion, join; te au peu de fuccès que ies deux par• tis avaient reroport'ésda<--s cette guerre, ■ commercait ale-décourager. Aux maU 1 heurs iniéparables de la guerre s'érait j joint un autre fk-au, celui de la pofte qui ; faiiait de grands ravages parmi ies deux ; nations. ïJour comble de calamité ) pour les Ang'ais, la plus grandepartie de ia ville üe Londres venait d'être réduiie en cenures par un terrible incendie qui prit naisfance dans la maifon d\in Boulanger Lnfin le Roi d'An- (*) Tout cc f-u'on trouw fur ce* événement dans Barnet (T 1.) a la tha-jje dus Catholkjues ou des Labadisies ou d'un Fran IÓ66. Les Jeiix «•tes dcfi. eru la paix. Hn'me,  fo Seconde Guer.be e'eterre , voyant que la continuation 4e cette guerre ne 1'ervait qu'a a iéner les Régens de la République contre ï'élévation des ITin.;e-d'Orange, nedé firait plus aue de f rtir avec honneur du pas dangereux ou Ü était engagé. Il etait abandorné par 1'Evêque de Mu fier; il craignait !a France qu'il avait projftté d'attacher a fes intéréts. Il ne voyp.it depuis Fextrémité de la INorwege iusqu'aux cötes de Bayonune acune pi ace qui ne füt enneroie. Enfin, dit le Comte de Guiclie, confor- 1666^ Guiéi 304 cais Proteftant, porte des earafteres trop marqués de contradiction, de fausfeté , de Contes de vieilles, pour niériter la moindre créance. 11 eft imposfibre qu'un hon«ête homme life 1'infcription qui fe trouve fur le monument érigé a Londres en memoire de cette incendie fans être inidigné contre ceux qui ofent confacrer & pèipetuer une odieufe impglture qui flétrit de la Hianiere Ia plus criante & la plusiniufte une fociété religieufe qui forme une partie refpectable de 1'Etat. Que lesEditeurs du Monthly Revieuw aillent voir cet indigne monument d'un fanatifme importeur & refiechisfent fur les troubles de Londres au mois de Juin 1779 &c. &c &c. &c. qu'ils prennent le défenfe du Tolérantisms Proteftsmt.  avec les Anglais. 71 mement k fa devifedl n'avait plus cspérnnceque dans Dieu & fon droit. Pour pnr venir aux fins pour lesquellesil avait entrepris cette guerre, il defiraitdelavoirterminée. Comme il aimait beaucoup plus lesplaifïrsqueles affaires,il defira la paix avec autsnt d'ardeur qu'il avait entrepris la srue ïv . on ne pouvait la conc'ure trop tot pour iè;. défirs. Les Etats de le-;r coté, commencaient a fentir^ le poids de cette guerre dont les dé- 1 penfes montaient a quatre millions quatre eens mille fiorins, fomme fi exorbitante pour ce tems la que le Comte d'Eftrades n'en parle qu'avec effroi: ce fardeau était certaineraent accablant puisqu'il tombait presque en entier fur la feule Province de Hollande (*) Les chefs du parti dominant ne lais- (*) Hume fe trompe furement, en évaJuant a 40 millions de livres Ia depenfe de« Etats. Le fubfide accordé par le parlement fmvarrt lui fut la derniere annéede 1, [00000 livres fteriings. Burnet ajoate qu'on accoi'r da dans ie Cours de cette guerre p'us de cir.q millions de livres Sterlings. Ainfi la dipenfe des Anglais fut plus grande que cel. le cjes Hollandais. S'ils n'en tirerent pas de plus grands avantages , c'eft un incon[vénient ordinaire aux Etats monarchiques Icü les deniers ne fotit jamais auafi bien adminiftrés que dans les Républiques. 1666. YEftrai. 4, Decsmh. 665. !  7 1666. f ——— i 3 i I De W, X, titfem, y, tos, dEffrad, ■7 Sept, **) zSi 19 OSoi, ■ (*) S IX Vofj 2©,, Ö, ïS, fanv. IS77 r-ttt, de le witt. & 'tin Bermin^ 2. 18, Wov ,24 Dtcemli, m. Kin. 2-*, fnffeudrrf  Congres &%■ da, Aitfem. IV, V, 1.3 ï, 7'°. ü'Efrai. IV, '39, a Gtiichi ?4 Seco-n:b-e Guerre : 3re a une liguc-for'rtié^ cö^rë'e!fe'&: d'ü fe troi-ivart 're:''Brare'mark.' ' 1 Ge pas impprrin*^tiitijrirft ferent avec '.vignéur- ïes n^ocwti^S' de'paix avec i'A-ögletérre-.-'.ï's aVaient suvert la carrière par une lettre 5c touchante qu'ils écrivirent au Ro', en" lui rerrVf»'aK5^é«^nflé'Ur leco.-Ps/ deTAmiral' BcMêlfo -JVhUTCharreslU avait : fait la Sjjrenjph* dérnaSvW,rn; faiftsfott cette ffccWforï ffêUi* «ur-Mlnuer' qu'il n'avait aucun ëtofgnetaejhtpour une paix a - des conditions radonables. Les Etats'.lui ayafie rép~vu qu'ils étaient .lans lesmêmes dffpeluiors^ le Ro!'-de Suede qui .s'offf-aib |diïf mu diateur, fut accepté'par ies deux n> tis. Charles, pour miëux 'les 1 gagner, les affura qu'il ne défirait aucun changement dans la fbrme de leur gouvernement , aucune brèche a leur hberte par félévation d'aticun Prince. Mais pour paraitrê conferver une efpece de fupériorité, il demanda que les'conférences fe-tmsfent a Londres. Les btats • earderent prudemment leül'êncélur une ■ ëlëvatión qui défignait le frmce d'ü tdim mais ils firent entendre avec déeence qu'ils avaient contracté oes eno-agemens trap étroits avec d'uitrëS' pmsfances, pour qu'ils pusfent traiter ■ ailleurs que dans un-pays néutie.Lliar-  avsc les Anglais. 7§ les, pasfanf alors a 1'extfémitéoppnfée, propola la Haye pour le ütu du Con grè.-. Mais cette offre, honorabie en v a'pparence, parut telTe qu'elle était tn^< effeU'fln'piege'adruit&dangereux, vi ? fiblement dtfliné a fomenter les non. blescivi-'s paria facilité qu'elle pouvait dnnner aux Anglais de foulever les partiferis de la roaifim d'Orange-' On fut rnénie -qu-'un d'èritr'cux . avrdt-' cfohné ce ConfeilaCbarlef-Ainfi i Wrede ceteptece fut rejettêe. Enfin, après bien des débat?* tc'üs des partis i'accordere-ftt ■ a choi'fir la ville de Breda pour le - lieu du congrès. :< -■ . , • Corr.tné la nbminatïon. dés Piémpo , tcntiaires de la-République* dépendaiti desr Etats-Oénémix, élie ne fut pas a la fatiefactv-n du paft'i anti ■ Stathtfuderien'ni de la France. On en cndifit cinq ' Adoip .Benri Ripper da de Beurze, Jerome van . Baverningk, Pierre rt'Iduiybert, Allard Pierre de Yongflal & Ludoll' de Tjarda de, Sterkenburg Les quatre premiers étaient' cotmüs pour hnnemis de' De Witt & partifaüs declarés de ia mailen d'Orange. Le Roi de France fut finguiièrernént choqué de ce cboix. Quandcfl vit qu'il n"y avait plus de remede, i! fe confola cëpendant dans la petffé'é qb'tf péu^ rait les ëmployer' contre '!é Grandpenfionairej- qu'il foupcormait- de w«* [666. "Efl-acC , 8, 9, 27 +2, !■, öö liï l+j .667. -iempotefl* a'trcs nonv oés» [, 7 dwïh ;. 12 Ma]i V, 157+ Ij'i, 203, üuiehe, 21?  76 SeCON de G-tjerke 31 1667. ( 1 Gonteftition entre les Anglais & les Etats bir prolonger cette guerre; pour öter iux Francais le loilir our fon commerce intérieur. Les altars, fentant qu'aucun traité ne pouvait enchamerdes Anglais fur cet arti;le, y. renoncerent facilement. Mais, pour prendre des précautions plus fü> res relativement a 1'Isle de Pouleron, ils s'en tinrent obftinéraent a la demande des acquiiitions i'aites ausfl bien avant que pendant la guerre. Ils furent d'autant plus inflexibles, que les Francais, paraisfaient prendre le parti del'Angleterre: En effet. les deux Monarques commencaient a'avoir des intelligences fecretes. .Les difputes réciproqnes paraiifaientdevoir dure.rlongtems; lorsqu'une aótion d'éelat , .glorieuié pour la Hollande & terrible piur,ks. Angiais, lendit.ees dcmiers plus lou-? pies' & plus-fici es. • pès 1'ouverture du Congfès, les. Plénipotentiairës Suedois ■ avaient rpfcr* pufé une lüsr>enfion dholliiités. Les Anglais inüttaient princip lement ■ fur 6t- poiiit ,parceque knirsFimvicesyépui-' féus & . mal .adminittrées n'étaient pis encore prêtes pqtir les depenfesiiécea-. faires a de nou.ve.aux armemens. l e Roi deftinait .même le dernier fubfide en payement des dettes que fèsamou-s lui faifaient comracter ausü qu'a celles  AVEC LES ANGLAIS. ?9 occafionnées-par la guerre... II rega*? dait la paix comme-prochaine, puis-, ou'ii ite s'agisfait plus que de légers , m^nh fur lesquels. il était bien ré- > folu-de fc relacher \ mais non pas tot, pour ne pas compiomettre Ion horneur. L-s Matelots, ou il avait fingulierement mal payés, avaient pns fervice dans J& navires marchands; un ,grand non.bre menie.étaient ento és. fur la ffan fa Képublique ou les pavemcns éiaiein ex-.icls. Les Etats s'appe-c-vaïit .de- cet exces de négli2cr.ce & de fécurité-, relblurent d'en l'-er pani. Sis firent de grandsprépara-, tófs; "Re Witt s'appliqna furtoutafaire êchoU''-r tout es propolitions,, d'armiiti-: Gè3 qui paraït naturelle dans m tems At réaoO'aM^ns dé'paix, ,€e Mmiftj e vjjuiait' tiier vangear.ee- de la -maaiere: SXruèoif^! 'perfide - dont le^Apg'ai* «van f4-c-'m-mmcé la guerre.:?; il avait 4£g merjfs panicu'-iers de reflentirnent corti é Charles II ; il avait jugé le caracteie de cï Prince en h.omu.ede génie; h cl"; prés cette coi'naisfqnc&il nourris!■ • depu s longtems leprojet-d humiher ksrüimomit de. fa patrie par un coup ' .A'ivi'i De Witt prolongea laconclution de la paix; & amufant adroitement Charles H qui demandait une fafpenfion D 4 horneur. L-s Matelots, ou'ü avait fin- Jl62l e Charles. U>, ie Wtt. I Tïriev, 11, {91. 3 Proiet d'armcs, il faisait accélerer avec vi"gueur, les préparatifs militaires. Le Roi de France n'oublia rien pour le faire renoncer a 1'idée d'une nouvelle expédition. La flotte aurait mis en mer dès le commencement du mois da may, fans la rigueur extréme de la failön. Elle fortitdu Texel le 6 Juin;öc le 13 du même mois, elle était compofée de foixante & une voiles , tant vaisfeaux de guerre que fregates ,* outre quantité de brülots & de petites chaloupes. Cet armement fbrmidable caufa le plus grand étonnement: L'Ennemi n'étant pas préparé ne favait oü 1'orage allait tomber. De Witt voulait monter fur la flotte pour aller cueillir la gloire du projet qu'il avait concu : mais les répréfentations de 1'Ambasfadeur de France & la crainte que fes ennemis ne profitasfent de fon abfence pour troubler 1'Etat, le retinrent alaHaye. Il eut cependant foin de faire nommer pour un des commisfaires des Etats fur la Flotte, Corneille De Witt, Ruwaard de Putten, fon frere ainé. Ce n'était point un bomme méprifable tel que le dépeint le Comte de Guiche; c'était un de ces hommes qui penfent beaucoup, parient ptu, méprifent 1'éclat & !a; épréfentation & portent dans les affaires importantes une têtefroide, libre, profonde, & au desfus de tous les dangers.  avec les Anglais. Si De Ruiter avait le commandement général de la Flotte. ülle arriva e 17 du mois dans le Konmgs- .liep & le, ió a 1'embouchure de la 'lannle: Le. Ruwaard De Putten fe mit alors iur le vabfeau du Lieutenant-Amiral van Ghent qui fut détacbé avec les dix-iept vaisfeaux les plus légers & quelques autres batimens pour remonter le lleure I e Fort de Sheernefs, fitué dans la'petite Lle de^chappey, futpnsmaleré la valeur du Chevalier Sprague |ui le défendait. Un fit fauter les fonifications. après avoT enleyé ou b«-"!é uneauantité conüdérable demi> nitions navales & de guerre. Alors De Kuiter s'avanca avec legros de la fiotte. I es Hollandais, profitant de la maree & 'd'un vent d'Eft, s'avancerent jusqu'auprès de Chatam, oü le trouvaient la plus grande partie des vaisfeaux du Roi. Les Anglais, pour obftruer 1« pa=face, y avaient coulé a fonds quatn brülots & deux gros navires. Ilsavaienl tendu a travers le fleuve, une grosit chaïne de fer qui pasfait dansdespoulies foutenues par des radeaux. Der riere ia chaïne il y avait quatre vais feaux de guerre & deux frégates, ë fur les deux rivesoppoiées-, deux batte rips de canon, & une compagnie d Fufiliers qui faifaient un feu continue! Le paslage paraisfait impo'fible; c 1667. Expédiion SeCba» urn, te il Xniiet i 6  8a Seconde Gtjerr*' 1667. l'on coramencait' a déféspérér de l?éxécution. du principal ■ objet éé cette entreprife. Dans cet embatras, un Capitaine nomraé Jean van Brakel, qu'on avait mis aux arrêts poöf avoir enfrcint les ordres, offrit d'ouvrir la route, fi on voulait le reiacher. Cette oiïre fut acceptée. L'intrépide van Brakel montant une frëgate légere, s'avance'fous lé feu des batteries, des troupes & des vaisfeauxEnnemis, fans tirer un feul coup. > Mais lorscm'il fut au de-la de la chaïne, il llcha toute fa bordée fur une grosfefrégate; &, fans donner le tems a 1'Ennemide lui répondre, il faute a 1'abordage cc s'empare du batiment. Encouragé par ce fuccès rapide, jeanDanielszoon van den Rhyn qui le fuivait avec un brülêt, bri'fa la chaïne (?), & mit feu a uti vaisfeati dé guerre Anglais. Ce premier pasfage étantouvert, plufieurs autres s'avancerent avec impétuofité. Trois autres vaisfeaux de guerre furent livréi aux flames dans le même end'roit. Le Royal-Charles, Ün desplus grands de la marine Anglaife, futpris & cpnduif enfuite en Hollande. Plufieurs autres vaisfeaux qui s'avancerent en- -, . , O) 11 en eft qui difent qu'el'e fut déteïhée gar , des matelots envoyés a terre.  AVEC LES ANGLA IS. furte, fuivis de De ÏLüïtér & de De Witt daiis une chaloupe, jusques tous le canon du chateau d'Upnör ou ns biukrent trois autres grands- naVires de guerrev le Koyal oax, \üster réciproquement, nu cas quel'une des deux fat attaquée.- Les Anglais ne conierverent f'honneu? du pa'villen.que furies^ mers' Bntaniques. lis.renoi,cerenta-toute» les prétentions dont ils avaient fait le prétexte de cette gusyje., Il^ciéiiogerent même en partie au fameux Acle de navi^ation, en perinèttaat au-x Etats dans une claufe particuliere dc tran:-porjter en Angleterre,-trames fortes de fruits, de ■ prodtiïtions . & de manufaft'ure3 d'Allem.'gne 6t de,tous les Pays-bas». Cette p;ix fut fuivie de celle entre la France &• 1'Angleterre & entre 1'Angleterre éi le' Danemarc. Comme elle. a été le premier' Jijen de 1'Unirïn politique entre; la France & les 'Provin-  AVEC LES A If GL AIS. Bj ces--Unies & que depuis lcsartieleson fouvent été réclamés dans les tranfactionsréciproques, & qu'ils ne le trouvent en Francais dans aucun corps diplomatiqie, ,. it convient de les rapporter" dans toute 1'étendue de leur teneur originale, en indiquant par des Italiques les claufes les plus remarquabies. I« Art. Il y aura une fincere,con(rante & mviolable amitié, a!!lance& union entre le trés- férénisfime Roi de la Grandc-Bretagne & Leurs HautesPuisfances, les Seigneurs ktats Ginéraux des Provinces & villes qui fontfousleur obéisfance, fans différence de place & fitua'ion , cc entre leurs fujets & Habitans, de quelque qualité que ce puisfe être. II. Art. Borénavant cefferont & feront anéanties toutes fortes de désunions» inimitiés, difcordes &guerres entre ledit Seigneur Roi & les fusdits Seigneurs Etats-Généraux & leurs Habitans & fujets, & de part & d'autre ils s'abftiendront de toutes lörtes de pillages, faccagemens, dommages, injures &troub!es, tant par terre que par mer . & eaux douces, partout & principaletnent dans leurs pays réciproques, Seigneuries, PI aces, Go uvernemens, de qmdque condition que ce puisfe être. III. Art. Seront oubliés de. part öc. d'autre toutes lesoftenfes, dommages, & ptrrtes que Iedit Seigneur Roi & fes fujets & lesdits Seigneurs Etats : 1667. rcmé de ttreifa. Dnmwt, m. 1,7: h . t: atrttftet , Art,' V'I i:■:>Mais- pa 1 yv |j|fe$u's :(\jfép navajiL .tout, fujet de •.i-Veü.fton.*, söfeflö dijfétends.0> furjfi p,;.ui' :uufc de R i^tu^n ou ie,#u qui »a,io«s r< uc;.a t, esiv.vslea:' Nj;'Wj; cba'idifo> >*• jtió^ielFyjs ajt^Hief^p^jwp ig:- jigusfe -jfó ^it'ii«m soitfprfft'cif'«?rb «•yijjrrTtevipï.ijb »;res la Maj». Siiie rvf-i;jf.if!rV)fe<;Oïi ja^nr. dCCUpét. daro d'iiS •iLipu-xiPays-éloignés-, ce: ml t que 'la Pïlix y ait- été ïuë;ü ^ - «té. eonvêflu.que . tels vaisfeaux, mmüh®i&fes autres JÜFets mobiliers  avec les Anglais. 91 •qui peut-être auront été occupés après la ConcluGon & Pubiicarion dupréfent " Traité de ; aix, dans ia Manche ou dans la mer du JNord dans le tems de douze jours & de la Manche en remontant jufqu'au Cap St. Vincent, dans fix fl-maines, & depuis ledit Gap jufqu'a la Ligne Equinoxiale, tant dans 1'ücéan & la mer Méiiterranéequ'ailleurs, dans fix femaines, &' depuis au dela de hditte Ligne par tout le monde dans huit mois', fans, aucune K-xee-f* tion oü autre différence de tems ou de lieux , & fans avoir égard a la reftitution ou Compenfation, feront & demcureront, au profit de ceux qui les auront eccupés. , Art. VIII. IS .eftairêttéqüè, föuslesdittes Renonciations .& itipufertor^. ferorrt'ausü compriles' 'toutes for-tes de Lettres èë; Repréliinress! dö ;v%qüe.Ót Conftre-marqué , aapt générales' que particuliercs, éi mbï&$ rel les lbrte> de Lettres- en- vcrtu dcsq u-el fes oW m:s\t après.' ce'. tem&v corimisquelaue dn ftilité & qüe par i?aüt(«rité panlrquh;dê te- prélente aUiaric'è geiles leifnivt ie part & d'autre retenties t5c retoq'uóes.} ccau; cas'que ce nonofcèsant, :une'desldetue W'atiun-s * [sp^Ös^nectieüe révocatïon-föus prettxte cv: en 'vertu de telles Lettres' & C'sniïiisfions. (qui-après la paix»fait» font révoqués) & après le tems limité 1667.  92 Seconde Guerre dans le 7 article ci-defllis fe trouvar avoir commis queique nouvelle hostihté, il fera comme perturbateur du Repos public, puni felon ie droit des Gens, outre la Reftitution entiere des Effets occupés & 1'entiere indemnifation des dommages foufferts, a quoiil fera obligé; nonobftant toutes claufes contraires qui pourraient être inferées dans lesdites lettre» ci-dcsfus révoquées. Art. IX. Et comme dans les Lieux étoignés, comme en Afrique & en Amérique & principalement en Guinée, quelques protestations, déclarations & femblables Ecrits peuvent avoir été donnés ou publiés au nom des- Souverains de part & d'autres contraires k la liberté du Commerce & de ia navigation, 11 eft pareillement couvenu que telles pretestatiöns, déclarations & autres Ecrits feront fuppriraés & cenfés a l avenir comme nuls &. de nulle valeur,* & que chaeune des deux parties et leurs Habitans & fujets jouiront de la même liberté de Gommerce & de navigation, tant en Afrique qu'en Amérique, dont ils joubfaientoupouvaient jouir felon le droit,au tems de la fignature du Traité de 1662.. X. Art. Tous les Prifonniers, depart & d'autre, de queique état&condition qu'ils foient, pasun excepté, fe* rent rendus fans rancon & remis enli- l66j.  avec les Anglais. 95 j berté ; & ils payeront toutes lesdettes qu'il auront contraétées pour caufe de :• nourriture ou autres raifons Légitimes. XI. Art. Ledit Seigneur Roi & lesi dits Seigneurs Etats - Généraux demeui reront amis, Confédéréjt Xjnh & liés n par une amitié particuliere pour dé|: fendre les droits & Privileges des fu| jets Réciproques contre qui que ce foit qui voudrait entreprendre de troubler la paix de 1'un ou de 1'autre Etat par mer ou par terre, ou qui s'étant retii ré fous Tautorité de qui que ce foit, fe feront déclarés Ennemis ouverts de run ou de 1'autres Etat. i XII. Art. Ledit Seigneur Roi & le$ • dits Seigneurs Etats- Généraux ne feront, ne traiteront, n'entreprendront rien 1'un contre 1'autre ni les lüjett des Uns contre les fujets des autres , en quelques Lieux, mers, Havres, Diltricts, Bayes & Eaux douces en queique occafion que ce foit; & que ni 1'une ni 1'autre, ni les fujets de part & d'autre ne donnera ni ne montrera aucune aide, Confeil ou faveur, ni ne fiiuflrira qu'il foit rien fait, négocié ou entrepris par aucun qui que ce puisfe être au dommage ou désavantage 1'un de 1'autre, ou de leurs fujets réciproques, mais toutes les deux partis traverferont & empêcki-ront tous & un chacun, demeurant fous l'obóisfance 1667.  Secomde Guerre $667. Tune ou de. T autre , (Fertirctrendre , faire 1 tranar ou uitenter queique caofe ■contre elles. 1 • XM.<ï\rt. Ledit SsigtteÜB Roi ou la fusdkte K'évïttWiq-uQj pë perfonne-de leurs fujt.t.-, ILibitans èu-aurresquifè tHwent ,oir deaYem-errt lu'uv. -lest. juris~ diétioti;, ne foutiendt a^-M'uififiira de Confeil; ou de faveur,3 ks j Reóellesl 1'un' de l''autre-} taais empecheront. exprcffément aula>\teds Rei'elles -ni fiit.'danni auastne \aiSe ou 'asfiftmee pat' 'laaeatr. d&.léiunsjfujseis t< Habitans ou.au/r^s ds-> mcuMtit :daó$-imrs jurisdiction; ö? no foit fourni Troêfres* Vaisfisau»^ Armcs\ Mb tik laaft duguej-reouauiras jhar-cbandij-es .défendues ^ ni même .aucunï aigent ou'. vsurc:.: -Et >jervut a-jugés- i aelui :0it .& -cxax ciintre qui il f'ira con irez'cvu en* csia^ ïi confisqt'és dVeurs pro fits tbus les Vat feaux, Arsies ,Mti: aitioKS Of Guerre ou autres Marchnndice< difeudues, enfemble l'ar gent e? les> approvifi'j-nnemens a qukonqüevlleipuis». pent appartenir; ou qui-les auront four-> nis rouEre la difprafition de cet article;: & féront ceux qui de leur fü & 'vo-i lo té, auront fint ou eiit;'epris queique.' ehofe de contraire audit artide, dé-! elaré^ Ënnerois des deux partics'&feront putois aux Lieux oü- le Delit aura été conrm'S-comme traf.'res-kl'ism, & fera ccnvenu ci-après- de Ja- fpécifica*  avec eps angl a I s. tfê i tMi Bes marchahdifès qui feront repui tëé?' de •arrvtrebandi?» : < -!XyL Art. Le -dit feignéur^Roi & : lesdits Sèignri n- Ktats - Généraux s'asI fifierótit rkèipï óquèment , finietsment ] & de bonne foi contre les Rebelles de Phn & des autres lant pcw^mor' que .1 p&f tcr-ve' ê?'" £t/m fWè> b>fom fcM, ifo. tmuper & vaiffedux ,•' de telle qnaütiJ të 4c grandeur, & éri la-'tn&riierë •|l anx,lCfmdtionsJq+i7il ftra ei aprèe coiv-' | vè'rid * Felórf-qué' Ja nécesfkë & les con* ijéjftures 1 exiger-orrt de J'un oude 1'suWttéij? ;le tont •héammófns-ki.Bv1 Dë^emft; ; 6< a b é'liai'ge' de eelu»rdtemanctera- 1 i »\M Art. rvi flis?dit -Roi 'rd lc> ] dfr"s! 'Sèigriéóri'fcAit*- Généraux" AtfJeu** Ifirjer/J'nè rceévifont 'belöf óii ceux qui ifdnt öu-ferbnt'ïdéclattës -RébêlPès1 fsi^i- tifs de 1'un ou l'a'Uré 9a»s L fr§ - Seigpenvres , ' P|ys "JrV«^vmce*?, • M-a- vres-j B'ayes "on CoatréeS > |fi ne ('era' la-'p.a's' urf-iieux- dan.-- ''Tpüir, dités Sèi•gheurrés-'i Patï'fëV'Pr:jj Provinces-Unies, de commettre aucu| ne hoftilité ni yiolence les uns contre ïiles autres, par mer ou par terre, fous »][ queique prétexte que ce puisfe être. I Comme ausfi par conféquent il ne fera I point permis auxdits fujets & Habitans I de prendre d'aucun Prince ou Etat, 4 avec lesquels 1'un des confédérés fe:] rait en queique différend ou guerre oui verte, aucune Lettre patente, (nomJimées Commisfions) ou de Repréfaillles, & beaucoup moins de cauler, en I vertu des-dittes Lettres, aucunemolesE 3  102 Seconde Guerre 1667. :ation ou dommage a 1'un des Confédéré'. 11 ne fera pas plus permis aux Etrangers qui vont en mer avec des Lettres de Répréfailles ou qui nè font pas fujets de 1'un ou 1'autre des Confédérés, mais qui ont leurs Commisfions de quelques autres Princes ou Etats, d'équipper leurs Vaisfeaux dans les Havres de 1'un ou 1'autre des fusdits Confédérés & d'y vendre les effets qu'ils auront pris, les faire acheter, ou en queique maniere que ce foit les échanger, foit que ce foient des vaisfeaux marchandifes, ou quelques autres d'enrées, de queique nature qu'elles foient» & ne leur fera non plus pèrmis d'acheter aucun vivre que ceux dont ils auront abfolument befoin pour venir dans les Havres du Prince dont ils ont obtenu les Commisfions: Et fi par rencontre quelques fujets de fa Majefté ou des fusdits Seigneurs Etats-Générauy, par permutation ou échange, ou par quelqu'autre maniere que ce foit, ont eu queique vaisfeau ou marchandifes de 1'un ou 1'autre des fujets, les fusdits fujets feront en ce cas obligés de rendre fans aucun délai ledit vaisfeau, ou lesdites denrées ou marchandifes aux propriétaires, cice fans aucun dédommagement ou reftitution de 1'argent donné ou promis pour lesdits effets , pourvu qu'ils puisfent juftifier  avec les Anglais. 103 ; par devant le Confeil de fa Majefté, 6u par devant lesdits Seigneurs ritats Généraux, qu'ils en font les proprié- I taires. Art. XXII. Si ledit Seigneur Roy de la Grande Bretagne, ou lesdits Sei| }! procédé fommairement, en cette attnre, fins s'altreindre aux tonaa 1667.  ïl4 Seconde Guerre 1667. 1 de prncéder qui fepratiquenta Ia cour, & que droit foit fait, de maniere que, autant qu'il fe pourra , Sa Majeilé en foit contente. Si quelques perfonnes fe trouvent coupables de 1'abominable meurtre commis en la perfonne de feu le Roy Charles premier d'heureufe memoiré, & qu'elles fetrouventlégitimement accufées, convaincues oulèntenciées, & qu'elles foient trouvées fous la Domination desdits Seigneurs EtatsGénéraux; que dèsque lesdits Etats , o'u quelques uns de leurs officiers en aurost connaisfance, ou qu'<;n les leur aura dénoncées, elles feront apprehendées, mifes en prifors , envoiées hees en Angleterre & livrées ès mains de celui qui fera pour ce commis par Sa Majelté Britannique, pour les garder & les faire retourner en Angleterre. Pour plus grande confirmation detout, & que les piéfens articles féparés font de mot a mot du même contenuque :elui qui a été conciu a VVhitehal le juatorzieme Septembre V. S, & quatriesie ftile nouveau fan 166 a., & qu'il ïoit cn toute vigueur être ausfi bien sbfervé que tous ceux qui font conté» ms dans le traité'^ïmcipal, nous Ambasfadeurs extraordinaires ik - Plenipoentiaires de ladite iVlajefté le Roy i'Angleterre, 1'avons tigné & a ice-  avec les Anglais. ti$ lui appliqué notre fceau. Fait a Bréda le 31 juitlet 1667. (figné) L b George Flemmïng. L S- Hollis. L. s. Chriftophe Delphique. L S. Henry Coventry. in Dohna. Edit Peupetüel* La conclufion de la paix glorieufe de Breda avait porté au plus haut démé la rèputation de De Witt. On ne pouvait lui reM r Ia gloire d'avoir attiré la France dans une querelle étrangere dont la politique aurait dü 1'éioigner mais la République étant ménacée par ce même allié aux fecours duquel on avait mis tant d'importance; il fallait un trait de génie extraordinaire , pour 1'arracher au danger qui la menacwt. Louis XIV, voulant le prévaloir de noeuds des la reconnaisfanceaveclesquels il s'imaginait avoir attaché les Etats, n'avait pas attcndu la fignature de la paix pour faire une invation dans les Pays-bas. La République lentit alors qu'elle avait be foin de porter fes forces de terre fui un pied refpectable; on délibéra naturcllement fur qui on jettevait les yeua ' pour commanüer les f roupes. Le ze le des partïians de la maifon d Oran pc ne manqua pas d'éclater dars cettf occaüon. La Province de Zeeland* i66jl Edit Per*} petuel. ! Stctit. Rtfc  iiö Seconde Goerrê l66j. tss- VBJlrad. V. 3+8, 379. j 81. commeng-j par. folliciter pour mi faire " obtanir féanee dans le Confeü d'Stat. La plupart des Provinces étilent 3 avis qu'on le nominat i h charge de Capitaine ■ Géneral.. Les Etats' de Hollande étaient fort oppofés a ce projet; ils étaicat.féeondés par la Provinced'ütrecht, qu'ils avaient toujours eu foin d'attirer a leur part» Ils n'öfaientcependant le frayerier direot jmmt.* ils fe contenterent d'avancer a lroitement qu'il ne convenait pas ;d'en parler; avant que le Prince eüt atteint un %e convenable, qu'on ne pouvait borner a moins de dix-huit ans. lis nelaisfaïeat pas de voir clairemant qu'ils auraient de la peine a empêcher cette éiévation; fi 1'Etat était engagé dans une guerre de terre, dont le danger devenait tous les jours plus procbain, lis crurent que, dans ce cas , il ftlla t trouver un moyen pour Ie mettre hors d'état de travailler a lhuiniliation de ceux qui avaient travend fon avancement. Dans cette idéé, ils imaginerent de mettre uie barrière iternelle entre la charje de Capitat. ae-Général & celle de Stadhouder, En conféquence, le Penfionaire De Witt, voulant profiter du ciédit que le fuccès de la guerre avec les Anï-ais venait de lui procurer, ouvrit dans les Etats de Hollande un plan,  avec les Anglais. t 17 fuivart leonel , ces deux dignité? re pourraicr.t jamais être remplies" rar !a même perltnnë. Un avis, fi cttfime a leur ptnchsnt & k leur irterc-t pasfa avec la plus grande célérité. Il re s'éleva pas une feule vo;x peur s'y qppofer. L'ardeüf Ré* publicf.ine fut même portee au point, qu'en crüf pouvoir faire de ce plan une cor.ltitutior, éternellè. On ne fongea pas que les hommes re feut pas plus maitites de 1'avem'r que du paslé. Afin peut être, de pal aitre irnitei la République c'Athenes qui r.omreatt ies loix éternclles, önéteignit le Statheuderat par un arrêt, qui fut nonimé VEdit perpéwel. 11 fut non ■ ftulement decicé derie jamais déroger è cette Rélb ltition, mais encore de tout tenter pour engager les Etats des autres Provinces & les Etats Généraux k rélbudre: qu'on ne défererait -jamais la charge de Capitaine-ou Amiral Général aquiconque ferait Stathouder d'une Province ou de plufieurs, Pour mieux intéresfer lesMagiftrats des villes aumaintien de cet Edit, il fut ftatué que 1'Electïon de toutes les magiftraturesöc la coliation des charges refteraient irrévocablemenraux villes & aux corps politiques. Il n'ycut qu'un feul député,c'était un vieillard dê la ville d'Edam, qui refufa de prêter ferment. II feretira en difaat Aitfetn, Vh 143. I64.. :6». ►«vsz 23»r- M|« I. \16.  n8 Seconde Guerre 1667. qu'il était vieux & fourd, & qu'il ne 'pouvait figner ce qu'il n'entendait pas. Afin que cet Edit füt régardé comme invk^able, tous les K.égens furent obligés d'en jurer le mainrien. Cette fameufe Réfolution était concue en ces termes. „ Les Etats de Hollande & de Weftfrife, asfemblés, après avoir conferé avec lés Nobles & ies Magiftrats des Villes, ont, du confentement unanime de tous les membres, arrété & eonclu les articles fuivans; comme un Edit perpetuel & une loi Eternelle, pour la defenfe de la liberté & pour la confervation de 1'union, & du repos public." I. „Que la Nomination & TElettion de ceux, qui entreront ci- après, dans le College des Nobles, celles des Bourgmeftres, desConfeils, desEcbevins, & d'autres Charges, qui regardent la Magistrature des Villes, qui fe trouveront avoir le droit, par 1'ancien ufage, ou par Privilege dé ja accordé, ou qui pourrait, dans la fuite, leur être accordé,- Qu'elles jouiront, en ce cas, de toute 1'étendue de leurs Privileges, conformément aux loix ; fans qu'il foit jamais permis de déferer a qui que ce foit, au préjudice des Villes, cette nomination, & Ëlection, en tout, ou en partie."  avec les Anglais. ïicj II. „Que les Charges, Offices, EraIplois, & Bénéfices qui font a préfent ■a a noraination des Etats, leur dei meureront, fans qu il leur foit permis d en difpoirr autrement; bien entendu I qu'on ne comprendra point ici les KmIplois & 'es charges militaires, quipeu- vent venir a manquer, pendant la cam» [ pagne, tant par mer que par terre, | dont la difpofuion provifionelle, pour 1 ce qui segarde leurs GG. PP. fera I reglée, conformément aux plus grands i Emplois, comme elles-mêmes le juge^ j runt a propos, pour le bien de la Patrie. III. „Que leurs G G. PP. non feu* lement ne fe départiront jamais de j cette réfolution, mais qu'elles emploi5 ront de plus tous leurs foins pour peri fuader la Géneralité de 1'importance de cette affaire; afin que les Provin1 ces alliées en étant convaincues, agisfent de concert avec leurs GG. hP, «Sc prennent des réfolutions unanimes, f ftables &uniformes; en vertu desquelï les il foit arreté, que celui, ou ceux j qui feront fuccesfivement revêtus des j charges de Capitaine & d'Amiral-Gé' ij néral, ou qui jouiront en même tems J de ces deux Emplois; ou celui auI quel, fous queique titre que ce foit, I on pourrait déferer le commandemen li en chef, fur les troupes, tant par mei 1667.  lao Seconde Guerre 1*567- que par terre, ne pourra, ounepour•0:11 pas être Starhouders ci'une Province, ou de- plufieurs Provinces; & pour ce qui concerne, en particulier, la Province de Hollande & de Weft; frife, que non (euleraènt ceux a qui on aura confié le commandement en Chef des troupes de terre & de mer; mais encore quelqu'atttre que ce puisfe être, ne pourra être revêtu de la charge de Stadhouder de cette Province, cet Emploi étant & demeurant éteint; & les Confeilters deputés, en 1'abfence de leurs G. G. P. P. i'eronc authorifés, conformément a leur inftruction, de donner les ordres néceffaires dans chaque Quartier, fuivant I'exigence des cas, & la nécesfité des affaires." IV. „Que pour rendre ferme & ftable la réfolütion > prife ci-desfus, & pour mettre d'ailleurs en repos, dece coté la, la Noblesfe & les Villes; il eft a propos que tous ceux, qui font a préfent admis, ou qui feront admis dans le college des Nobles, & qui élus, ou qui le feront, pour être dans le confeil des Villes, déclarent parun ferment foiemnel, qu'ils maintiendront avec fincérité, les articles fpécifiés cidesfus & qu'ils ne fouffriront jamais qu'on y donne queique atteinte, & encore plus qu'ils ne feront jamais, & ne  A VE C EES ANC-LArS. 1^5 né'fouffriront pas qu'on-fasfe, de leur part, aucune propofition, qui y foit • contraire; de plus que le ferment, qui fera prété, par les membres de leurs G.G. P.P. dans leur asfemblée, fera le plus folemnel, le plus fimple, & dans la meilleure forme, qu'il fe pourra. Que d'ailleurs le Grand Penfionaire fera obligé en même temps, de préter ce même ferment, qu'il obfervera & défendra de tout fon pouvoir, tous ces points ; fans jamais y contrevenir direétement, ni indirectement. V. Qu'enfin pour plus grande fureté, ces articles feront inferés, tant dans 1'instruction du Capitaine Général que dans celle de 1'Amiral Général, &que l'on exigera d'eux, par ferment, que non feulement ils ne feront point de propofition, qui y fasfe queique atteinte directement, ni indireclement; mais encore qu'ils ne feront rien qui leur foit prejuditiable; & qu'au contraire 11 cela arrivait, de la part de quelqu'au ■ tre, ils s'y oppoferont & qu'en cas que queique Province. dans la fuite du tems, voulüt leur offrir la fhaige de itathouder, ils feront obligés de refufer & refufer nt abfolument. Les Zéelandais ne manquerent pas de témoigner leur mécontentement fur une pardlle Kéfolution prife a leur in'cu. Les partifans de Ia maifon d'Oranye furent furtout frappés de ce Tome. VIL F 1667. Mé"eonte* ment au fiijet de cet Edit. •Bafnafjil. IX.  lag Seconde Guerre 1667. coup. On ne laisfa pas de prescnre ' une Députation folemnelle pour communiquer foiemnellement cette démarche au jeune Prince. Le Penfiormatre De Witt ne craignit pas de fe charger de cette fonction. Il ne crut pas devoir lui cacher que la conduite de fon pere authotifait toutes lesmefures qu'on venait de prendre pour afferrair la Liberté. II ne craignit pas même de lui confeiller de ne pas imiter fon pere, en recherchantdesalliancesroyales dans des families Ennemies de la République. On dit que lePrincefut, malgré fon extréme jeunesfe, porter 1'artifice & la disümulation jufqu'i témoigner être fort fatisfait de la conduite des Etats, & qu'il pria le Penfionaire de les remercier du foin qu'ils avaient pris de fes intéréts. On n'a qu'i fe rappeller le dévouement du peuple k la maiibn d'Orange, pour fentir combien cette démarche dut rendre odieux, & les Etats de Hollande & furtout De Witt, regardé non fans raifon, comme 1'Auteur de toutes ces démarches.  137 •Seconde Epoque. TRIPLE ALLIANCE ]L/ a paix de Breda était avantageu; fe a la République; mais elle ne ci| mentait pas fon repos. Un Royaume :i tel que 1'Angleterre ne pouvait s'em| pêcher de conferver du resfentiment, | pour s'être vu obligé de recevoir la loi d'un Etat moins puisfant, D'un autre cöté la France , en envahisfant les Pays-bas avec toutes fes forces, était devenue redoutable a 3a République. Ce Royaume, dont la.gloire avait été longtems éclipféepar lesfac| tions inteftines ou par la prépondérance de Ia monarchie Efpagnole, comi! mencait a brilier avec un éclat qui I) xait 1'attention de toute 1'Europe. La ; tyrannie iéodale des nobles était anéantie, l'ariftocratie du Parlement reduite 4 des bornes & Pefprit Képublicain des Calviniftes entierement fubjugué. La nation entiere, quoiquetouti a fait foumile au joug, confervait enicore cette énergie & cette bravoure ij qui font les fruirs desguerrescivilesöc i ordinaires a une grande nation kun peuple naturellement vif & bouiHant. Le Monarque avait les qualités qui excitcnt 1'amour du peuple &p!ufteurs de celles que les fages ne peuvent F a i66f. Coup d'csll fur ia puisfanceFran^aife. (  Prfterte d< Louis XIV, Jour envï it ies Ps/s bas. ra8 Ti i! le s'empêcher'd'approuvèr : la beauté male de fa phifionomie était embellie pat un air affible & poli : pasfionné pour les plaifirs fans négliger les affaires, aimant femmes fans fe laisfer gouverner par fes maitresfes, décént jufques dans fes vices: Enfin ayant le fecret de faire aimer même au fein du pouvoir arbitraire, ilfurpasfait déja en gloire & en grandeur tous les fouverains de fon tems. II avait augmenté fes finances par le meilleur ordre, & la force de fes armées par la plus exacte difcipline. Il enrichiffait fon royaume en encoungeant le commerce & les Arts ,• & jaloux de toutes les fortes de gloire, il commenc/ait a créer une marine, écneprojettait rien moins .que de la faire aller de pair avec celle d'Angleterre & des Provinces Uniefr. Tel était le monarque dont le Penfionaire De Witt entreprit de faire échouer les desfeins, pendant que tous les autres Etats de l'Europe, ou trop faibles ou mal- gouvernés, n'ofiiient s'oppofer è fes prétenties. LouisXIV, femblable a tous le? Prinees ambitie >x, auijmentait les fiennes a mefure qu'il fe fentait plus fort II avait déja porté fes vues fur une partie des Pays bas Efpagn'ils. Cette année on vit fortir 4e 1'impriinerie royale en France un  Alliance 1129 Traité cü les droits de la Reine Marie Therefe étaient apptiyés fur le droit de Lévoluiion. C'eft amfi qu'on ap\ pelle dans quelques Provinces des 1'aysbas, une vieille coutume en vertu de laquelle les femmes d'un premier mariage devaient être préférées pour l'béiitage aux males d'un fccond. I Cette controverfe fit d'abord naitreune I guerre de plume: Il parut fort finguI lier de voir déduire d'un ufage relatif aux fuccesficns particulieres en certaiI nes Provinces le droit de fuccéI der a la iouveraineté de ces Provinces même. Il parut fort fingulier que les francais, accoutumésafoutenirl'indivifibilité de leur monarchie, défendisfent 1 de la même bouche la divifibilüé de celle d'Efpagne. ün fe rappellait que,pour éluder toutes chicanes, ils avaient renoncé fbrmellement a cette fuccesfion : C'était fur la füreté de cette renonciation que flnfante avait été accordée a Louis XIV. Ausfi ce Monarque fe repofait beaucoup moins fur fes droits que fur fes forces. ( II fe mit a la tête d'une armée, formidable de quarante mille hommess pi s'empara de Charleroi le 1. de May, St. Vinoxberg, Furnes, Ath , Tour,:nais, Douai, Scarpe, Courtray, Üudenarde, Lille, plufieurs forts qui E 3 JL667. )onquête es FraB» ais.  i66j. Négocia tion politi que de D Witt avec la France. d'Efirad. IS Sc is May. I>' 14 Fev. + Mars. 130 Triple avaient foutenu des fieges de plufieurs mois, toutes ces places furent pnfes en peu de jours. Six mille hommes de ttoupes Efpagnoles furent défaits. Les Francais n'eurent qu'a fe préfenter: Cette campagne eut plütö'; 1'air d'un voyage de plaifir que d'une Expédition militaire. ■ Le progrès rapide de cesconquêtes ■ jetta leffroi dans les Provinces* Unies, s déja accoutumées a regarder les Pays- bas Efpagnols comme leur barrière. Cette invafion les alarma d'autantplus que Louis XIV leur avait fouvent promis de ne rien entreprendre fans les avoir prévenues. De Witten portades plaintes a D'Eftrades. L'Ambasfadeur Francais voulut lui faire entendre, qu'on avait fatisfait a cet engagement de 1'amitié, en envoyant aux Etats les premiers exemplaires de la Déclaration qui avait précédé lamarcheduRoi. Les Etats, peu contens d'une défaite fi finguliere , fentirent qu'il ne fallait pas s'en tenir a des demonftrationsftériles de mécontentement. Dans cet enbarras De Witt ne put s'empêcher de revenir a Tanden plan de 1'année 1Ó35. Soit pour détourner le Roi de fes projets d'aggrandisfement; foit que, dans 1'imposlibilité de les faire échouer, il  Alliance 131 jugelt plus prudent de partager avec lui, il propofa de faire érigerles Paysbas Efpagnols en République ou d'en faire un partage a 1'amiable. Mais ces propofitions ne fatiffaifaient point 1'ambition du jeune Monarque. De Witt était d'autant plus embarasféque la guerre Anglaife n'étant pas encore términée, il avait des raifons de foup: conner que Louis XIV était fecretement d'accord avec Charles II, & mê me avec la Suede. En conféquence il crut devoir traiter avec D'Eftrades fur la portion qui ferait abandonnée au Monarque dont il n'était gueres pos1 fible d'arrêtter les conquêtes. 11 com : menca par entretenir correfpondance avec le Marquis de Caftel-Rodrigo, i Gouverneur des Pays-bas. Le Roi de France demandait la Franche- Comté, ! Ié Luxembourg, le Cambrefis avec ! Cambray, Aire, St. Omer, St. Vinoxbetg, Charleroi, Tournay & Douai. De Witt abandonnait facilement la Franche Comté dont l'acquifition importait peu a la République. Mais il était plus refervé fur les Pays-bas, dont il ne voulait facrifier que des places d'une petite importance. Jincore tenta t - il de renverfer ce projet, en propofant d'en revenir, dans un traité Ifecret, au partage fait 1'année 1663, j Ifuivant lequel les Etats & la France f e 4 1666^ Holt. KefoU May. De Witt Briev. II. f87- 491. f94 4j)J. f07» D'EJlrad. V. 291. tol. 39ï. Lettre it 'ie Witt, 11. 23. 'ay Tam. VZ. • 584,  l'on avec i-ioi», dlifirad. : Mtfem. V, %16 3 IJlJ7/, 2«i. 13* Triple fe partageraient 'chacune les places des Pays-bas qui étaient le plus a leur bienféance & feraient ériger le refte en République. Pour flatter 1'ambition de Louis XIV, il fit fctitir qu'alorsce monarque aurait les mains plus libres pour recueillir Ia fuccesfion de tous les autres domaines Efpagnols. De Witt cherchait en habile miniftre a gagner du tems. Les valles efpérances qu'il faifait briiler aux yeux du monarque Francais n'auraient pas manqué de foulever toute l'Europe contre la France. Ausfi D'Eftrades fit-il entendre que la France était décidée de borner fes prétentions légitimes a quelques territoires, qu'on ne pouvait lui refufer. De Witt fe rejetta, fuivant fa coutume, fur les alarmes que 1'invafion de Liouis XIV avait caufées dans tous les Pays-bas. Les Efpagnols ne fe bornaient pas a foulever les peuples; en accufant la France de prétendre a la monarchie univerfelle , accufation '■ qui avait lbulevé pendant fi longtems l'Europe contre les Efpagnols; ils rer muaient tous les reflorts pour intéresfer les Provinces-Unies a leur. caufe; ils otïraient, pour en avoir des fecours de troupes & d'argent, deleurdonner en gage les revenus des péages de la Meufe & même les Villes de Bruges, d'Uftende, de Dam & les For.ts Ifa-  Alliance 133 belle & St. Donaas. De Witt, voyant les Etats ébranlés par' ces offres, en pj it occafion de propofer un accomodement entre 1'Efpagne & la France. II confentait d'accnrder a Louis XIV la plus grande partie de ces demandes; mais il exigeait qu'il fit une nouvelle rënonciatión authentique a tous les autres droits de la Reine. Le Monarque , fe refufant a une propofition qui travtrfait tous fes projets, De Witt fit tous fes efforts pour ménager une fufpenfion d'armes. Les efprits étaient fi alarmés que d'Kftrades commencait a craindre que les Etats ne fe déclarasfent ouverfement contre leRoi. Mr De Licnne Miniftre difait qu'il re croyait pas que le progrès des armes r Fr at caifesfitplusde fen:ati«>n a Madrid , qu'il' n'en caufait a la Have De Witten * pritadroitement occafion de faire entendre qu'on ne procéderait jamais a une pareille demarche, fi le Roi en arrêtant le cours jde fes conquêtes, paraisfait difp >fé a fdre un accomodement avec 1'Efpagne. 11 parvint a fi>n hut, en afiurant le monarque, que les !"tats fe joindtaient au Roi, au cas que 1'Efpagne rej ttat des conditions raifonnahles. Mais ce grand politique ne cherchait qu'a gagner du tems; pour réveil Ier les autres puisfances & furtout la Grande-Bretagne, & les at» tirêr dans une ligüe contre la France £ K 1667. "Eftr**.  '134 Triple 1667. Arobasfade des Ents en -Ang'e terre. A'tfem. rl. 72. 7S. 147 212 • 226, Hifi. X211. 279. ére. D'Efirad. ri. 1. De Witt 'JSriev. IK J6l. J52. J94i 600, iil. I J » ( ] I I J I 11 avait, pour cet objet, fait expédier au mois de Septembre une ambasfade Extraordinaire a Londres, compofée de Jean Meerman, un de fes amis de confiance & grand Politique, & dé Jean Boreel Bourguemaïrre de Middelbourg. II était dès le mois de Juin venu a bout de s'asfurer de la Suede, par un traité de commerce & d'alliance. II craignait dehazarderdans cetté cour des avances infructueufes qui lui feraient perdre 1'amitié de la France,fans lui en procurer une nouvelle. Pour être plus fur, il commenca par fonder fi la cour de Londres ne s'entendrait pas avec celle de France. Quand il fut certain du contraire, il ïmploya tous les moyens posfibles de réveiller la jaloufie des Anglais; en paraisfant lier étroitement la République avec la France. Le peuple était aien difpofé en Angleterre, parl'antijue haine nationale, a s'oppofer aux :onquêtes des Francais. Ainfi cette poitique y fit le plus grand effet. La ïation ciéclara hautement qu'il fallait ;mpêcher les Francais & les Hollanlais de fe partager les Pays-bas. Ft orsqu'on y eut appris que les Etats itaient bien éloignés de cette idéé, on ;ria qu'il fallait fe joindre a eux pour "auver les Pays-bas de 1'ambition fran;aife. Charles II, malgré fon inclina-  Allia.nce 135 tion fecrete pour Ie Roi de France, était dans le premier feu du fesfëntiment de 1'avoir vu fe déclarer ouvertement contre lui. II fentait avoir befoin de regagner les cceurs de fon peuple que fes prodigalités & les malheurs de la derniere guerre lui avaient aliénés. Pour remplir ce doublé objet, il crut devoir s'oppofer aux progrès des armes Francaifes dans les Pays -bas. Sir Guillaume Temple, fon Réfi-1: dent a Bruxelles, recut ordre de fe c rendre fecretement a la Haye. C'était 1 un homme'd'un génie élevé, d'un ca-3 ractere franc, cultivant la philofophie au milieu des affaires, méprifant le monde Oü il favait figurer avec éclat, trop honnéte horame pour s'abaisfer aux petits manéges des politiques vulgaires, & jaloux de iaiiir cette occafion de montrer, en fecourant une République, 1'amour que les belles ames ont pour la liberté. Ce Refpeétable •Anglais eüt a peine conféré avec De •Witt qu'ib "fentit cette fympathiö que les graad?.' hommes ont 1'un pour I'autre. 11 s'établit, entre 1'un & I'autre, une confiance intime qui leur fit abandonner tous les détours de 1'artifice ; ilspégocierent enlëmble avec la cordalité de deux amisqui ttaitentd'affaires 1 gartiadieres. . . :>i V. . [ I 'li .E:<5 1 : 'egocitó dn 'du h evalier enfple.  136 T b. .1 p le - 1667. Temple & De Witt negocient la Trip e Alliance. Lelt. de Mr, de Lionne, 18 Nov. d'Eftrad. ri 117. de Witt.. , 3riev. IV. 609. Temples Lett. 2. 15, 15, ' Janv. Htfaag, II, $. 10, Temp'e p1us impétueux, prop>"a d'abord a De Witt une alliance ff n five entre 1'Ang'eterre & les Et:ts; pour delivrer les Pays bas en s'oppofmt a main arméa a 1'invafion' des Francais. De Witt qui avait des ménagemens a garder avec la France & fentait ne pouvoir tncor? fe fier entierement a 'un gouvernement ausfi précaire que celui d'Angleterre , montraqueles Etats ne pouvaient attaquer un Royaume avec lequel i's avaient une alliance ausfi ancienne qu'étroite, & qu'ils ne pouvaient encore former qu'un e confédération, pour 1'engager a >fe conrenter d'une partie^ de fes conquêtes. if répréfenta qu'on avait remis depuis peu fur le tapis le partage des Pays-bas Efpagnols entre la France & les Etats; qu'il aurait donné dans ce piege , s'il n'avait craint le vnifinage des Francais; que le-parti contraire lui paraisfait le plus périlleux ;■ les Efpagnols étant faibles, & les -puisfances duNordtrop peu décidées pour infpirer de la confiance &. 1'Angleterre encore ulcérée de Ia derniere guerre & trop. expofée a des changemens de fyftême pour qu'on put faire fond fur fespromesfiV. De Witt fit fentir qu'il ne ferait pas de la bonne politique d'irriter un ancien alljé, un voifin ausfi puisfantque la France pour fe repofer entierement fur, un . ennemi a peine réconcilié  A L L l A N'C H 'f*f I/in'vafion des Francais dans les'Pays- I bas exnofait la Keput>'ique a un trop ■ p;and dangtr pour ne p?s s'y oppófer. I D'apiè.s ces oHfervations j il adopta ■ pour po'itique aVcorder queique cho* Ü fe a Ia France pour conferver fonamï* ;| tié & de • forrner une '■ confédération :| pour sopporer au prbgrès ultérieur de I Fes armes On fent combien ce doublé I ohjet était difficilé'a reraplir; rnaisilne | faut pas le perdrede vue, G 1'önveut i apprécier dans une jufte balance la ii conduite de Dé Witt dans cette oc!; cafion. Temple, ayant feriti la juftes| fe & la néeesfité de cette politique; II drelTa fur ce- plan le traité qu'il avait • en vue. Son admfe & fa vivacitéfi- i rent le plus grand efFet fur la lenteur • | ordinaire aux Ktats. Il fentait que* ! puisqu'il fallait ménager la France en i lui cédant les conquêtés qu'elle aur rait faites, on ne pouvait trop fe htI ter de -conclure un-traité qui devait en arrêter .le cours: II fit fentir en même tem? que fi l'on fuivait les formes ordinaires en prenant 1'aVis des Provinces ; 1'Ambasfadeur de France fouvcrait par les manoeuvres & peüfcêtre par la corruption , le moyen de itraverfer un ouvrage qui terrdait au ibien être des deüx nations & même i de toute la Chrétienté. Dé Witflui fit obferver que les Péputés des ütats E.7 1657-  I3§ Triple 1667. Traird d Ja Triple Alliaace. VI 66, 67, Temples Lettres, 1, étaient tenus. fur leurs têtes de ne fi» gner aucun traité, fans le confentement de leurs conffcituans, les Etats des Pro* vinces refpsccives, Mais, .darts une cireonltance pareille, De Witt crut que le bien de 1'Etat devait pasfer fur les formalités ordinaires. 11 engagea les Etats- Généraux a ratifier a la fuis Je traité- Lorsqu'ii fut figné, les deux partis s*eiabrasferent avec la plus grande cordialité.Tei»pie ne put s'empêcher de s'écrier: c( Breda comme Amïs, ici comme freres. •■ Le traité coafiftait en deux con ventions. La .première •& la moins intérresfante ne eontenait qu'une ligue défenfive fuivant iaquellé les deux parties fe promettent, dans le cas d'une attaque a craindre ou eftective, de s'asfifter réciproquemetat de quarante vaisfeaux de guerre, de fix mille hommes d'infanterie & de quatre eens chevaux, dont les frais feront payés, trois ans après la fin de la guerre, d'après une jufte évaluation , par celui qui aurait reeu le fecours. La feconde conveation, était bien plus importante, puisqu'eUe était oflenfive. Elle avait pour obj'd de mettre fin a la guerre entre la France & 1'Efpagne. ön commenca par s'appuyer adroitement fur ï'offre qu'avait fait; Louis XIV de mettre bas les armes, eai sie» tenant a l'al-  Alliance *39 ternative, ou de fe faire céder toutes les placés qu'il venait de conquérir ou tous les droits des Efpagnols fur le Luxembourg ou ia Franche-Comté, en ajoutant a 1'une de ces deux Provinces, Cambïay & le Cambrefis, D. )u.ai, Aire, St. Omer, St. Vinox- Berg, Burnes, Binck & leurs déptndances. Sur ce plan, le Roi d'Angleterre & les Etats s'obligerent de ménager la paix entre les deux Couronnes, i de pbrter 'a France a fulbrendre les hdftilités jufqu'a Ia fin du mois de i May & d'empëcher que, ce termeexpiré, on ne pousl at les opérations fniKtaires dans les Pays-bas: les deux .parties s'mgagerent , au défaut de !tout autre moyen, de recourir aux i voies de fait, pour porter les Efpagnols a foufcrire a ces conditions. Cette claufe n'était pofée que pour jetter de la poudre aux yeux des Francais. !ün en faifait un étalage pompeux, mais dans un article fecret, on Aipulait que fi Ton ne pouvait engager ile Roi de France a fe contenter de ces conditions avantageufes , 1'Angleiterre & les Etats- üénéraux asfiiieraient alors ouverrement 1'Efpagne, & iicombattraient la France par terre & par eau, jufqu'a ce qu'elle fut réduite aux bornes oü elle fe trouvait a la paix des Pyrenees,'* 1667^  X -O Triple 1667, ". t/NSin de Otcéd- aLt On s'était flatré de 1 efpérance datt'rer la Suede dans ce traité. De Witt , toujours attentif a ménager. Louis XtV en failevant tout le monde eontre ce Prince ambitieux, crut devorbisfer a Temple quin'avaitpas de pareils ménagemens a garder, la gloire d'attirer dans le traité , cette tncien allié de la France. Le Cnevaiier Temple, voyant tous les avantages d'une extréme célérité dans cetr te circonftance, alla trouver le Comte de Dhona, Ambasfadeur de Suede* Il pasfe par desius le cérémomal, il vole dans fa chambre fans fe faire avertk, prend ur. fiege &s'asfeoit, Lesmanieres libres & franches gagnerem la confiance du Comte. Il embrasfale <~hevalier: Cette méthodefamihere de néeocier abrégea firgulierement la négociation. Ce qui ht le plus. d impr.es-fion fur la Suede, Etat puislant, mais pauvre, fut'• la : promesfe d un. fubfide conü.iérable; mais comme les deux puisfances médiatrices n étaient pas diipolées a les payer;il futdécidé' d'en rejerter le fardeau le plus pefant fur les Efpagnols; puisqu'on pretendait n'avoir en vue que les intéréts de cette nation. Ainfi fut co: clue en cinq jours, cette triple alliance, qui fit alors tant de bruit & qui fut recue partout avec des applaudisfemens univerfels. Elle  A Lt ti 1. A JW CE 141 k-* toujours été régardée comme un trait de la plus profonde politique. ün ne faurair contefter a De Witt la gloire d'en avuir concu le plan, Il eutle bonheur de trouver, dans leChevalier I Temple, un cooperateur qui, par fon ii zele & fes talens, aecélera beaucoup 11'exécution de cet important ouvrage. Ausfi ce Ministre Anglais recut-ila cette occafion des éloges fans nombre: f mais ce gi and'homme répondait mo| deftement qu'il était trés difficile d'arracher les chofes de leur centre; mais i que rien n'était plus aifé que de les y ramener. De tous les hommages qu'on |j rendit aux talens & aux vertu de ce f grand homme, rien ne dut le flatter jjdavantage, que la réfolution extraori dinaire des Etats a fon égard. Ils aI vaient depuis longtems des mésintellii genees avec la Cour de Portugal. Ils iréfolurent unanimement de s'enrapporuter a la médiation particuliere du Che?valier c'eft ce qu'ils exprimerent dans ij le titre de 1'acte par ces paroles flatli teufes; non comme a PAmbasfadeur d'Angleterre , mais comme au Chevalier Temple. L' La maniere fidele dont nous avons expofé cette négociation, montre aflez que, quoique De Witt eüt cherché ;beaucoup a ménager la France, il js'en : fallait beaucoup. qu'il fut 1'aveu- 1667. La gloire it cette alliance due i De Witl Sc h Temple. Le Cltlt Ui, XV. 14*  i66j. £KjlTai,ÏV 322. De Witt "Brhv.1V. SU, Méconten tement des cours de France & d'Efpa ■ £ne au fujet de la TripleAiliance. i'EJlrai ajo. 258 263, 142 Triple gle partifan de cette puisfance. Quand il conférait avec le Comte d'Eftrades il fail'ait beaucoup valoir le projet de forcer même a main armée, les Efpagnols a faire des cesfions a Ia France. Mais dans les asfëmblées d'Etat, il était le premier a montrer la nécesfité de prendre les armes contre la France, au cas qu'elle ne voulüt pas fe bomer, aux cesfions qu'on lui faifait. Ausfi le Chevalier Temple écrivait-il, alors, qu'il avait trouvé dans De Witt un Hollandais fincerement dévoué a fa patrie & nullement livré aux intéréts de la' France, Les Etats de Hollande témoignerent même tant de fatisfaction de fes fervices qu'ils le continuerent dans Temploi de Grand»Penfionaire. Peu de tems après ils lui firent un préfent de quarante cinq mille florins, aux quels 1'crdre des nobies en ajouta quinze milie. La .nouvelle de la Triple alliance fit un effet furprenant dans ia cour de Louis XIV. -Ce Monarque orgueilleux avait la tête remplie de 1'idée pompeufe de fes triompbes & des vastes conquetes qu'il .voulait ajouter a fes Etats. Ses équipages étaient pms; il avait endosfé ik cuirasfe; la triple alliance futun coup de foudre pour lui. ' Non fëulement elle arrêttait dans leurs cours, les desfeins ambitieux qu'il était  Alliance 143 | alors fur le point d'exécuter; elle y I mettait a jamais une barriir qu'il paI raisfait imposfible de franchit, Pourj : comble de dépit, il avait le chagrin 5 j de fe voir pris dans fes propres filets. J Les ofTres qu'il avait faites infidieufeI ment. avaient été pofées pour fondement I du traité. Envain fon Miniftre De 1; Lionne crut devoir affecter dans cette ti occafion un contentement qu'il n'éprouI vait pas. Envain il déclarait qu"au} I fonds le traité était avantageux au \ Roi; mais qu'on aurait pu le coücher en termes moins choquans; en faifant allufion a ces mots, moyens ejficaces,que 1 les parties s'engageaient d'employer pour obtenir la paix. D'un autre cöté De Witt cherchait par fon éloquence & le tour qu'il donnait aux chofes, le moyen de pallier cette démarche t| aux yeux du Roi de France: mais lorsque ce Monarqueeut découvert les articles fécrets, il fe plaignit amerement que des alliés ancehs & icomblés de fes bienfaits ourdisfent de Ipareüles trames & fomentasfent des ligues' femblables contre lui; De Witt Slè juftifia en montrant qu'on's'était teijnu a 1'alternative offerte; qu'on n'avait fuïvi que le plan du Duc de Furftenberg, déja connualacour de France; & que le plus grand blanre devaitêtre attribué au Roi d'Angleterre qui n'a- ™6li )e nut. hiev. IK d'EJfrjiJa I. 26*. 71. 272* 74»  n5 67 2tf -Janv. aj Ftvr.'l ttEJlród, »7. as 7. Temple's Lettres. 1 SS 5W &i47> Hi I44, T' R I P L- E ,'vait pas- voulu figner Ie traité 1 'es* Etats n'avaient garanti que le Roi ^'entiendraita falternaive. Enfin po-ir Jisfiper ce mécontentement, De Witt foatint que le Roi pouvait fe r pofer fur les bonnes intentions des Etats, Les derniers appuyerent cette adroiteexplication, en afTurant le Roi, dans une iettre, qu'ils n'avaient eu d'autre vuë que de forcer les Efpagnols de lui céder les p'aces flipulées & de prévenir 1'effuöon du fang humain. LeRoi de France parut fe payer de cette-réponfe. Mais au fond du cceur ce monarque irrité de voir qu'une petite -République eüt concu 1'iiée de pofer des bornes a fon ambition & de fe rendre 1'arbitredestêtescouronneés, médita dèslors le moven de s'en vanger. La cour de Madrid n'était gueres plus contente. Elle menaca fouvent les ■■Etats-Généraux d'abandonner p!ütöt> ,tout ce qu'elle posfedait dans les Pays bas que de fe foumettre a des conditions ü humiliantes. Elle aurait bien voulu, par cet artiflce, engager les puisfances médiatrices a lui conferver tous fes domaines en les portant a des mefures vigoureufes. Mais De Witt & Temple connaisfaient trop bien les vues de 1'Efpagne pour fe laisfer alarmor. Ils favaient, a n'en pasdouter, qu'elle regarderait éternellement  A x l i a k « e ^45 les Pays-bas, comme le feul Hen avec lequel elle pouvait continuerfesliaifons avec autres puisfances de l'Europe. Elles avaüent d'autant plus befoin de les entretenir, qu'elles étaient iëules en état de défendre fon indépendance contre les prétentions Francaifes, au cas que le jeune Monarque Efpagnol vïnt a .mourir fans enfans. . Le Roi de France, qui avait befoin i de nouveaux prétextes, pour colorerj 1'aupmentation de fes conquêtes, ne c manqua pas d'alléguer cette opiniatre-c té Efpagnole pour une raifon qui le' nécesfitait a continuer la guerre. C'eft 2 ce qu'il fit dans favis qu'il crutdevoiren** donner (*) aux Etats: mais £pour' ne pas les forcer aéclater encraignantl pour eux-mtmes, il dirigea tous fes efforts vers la Franehe-Comté. Pour ne pas donner le tems a lés ennemis de traverfer ies mefhres, il n'attendit pas le tems ord naire des C;.m agnes. Il par'it au cceur de 1'hiver & fe rendit maitre de, cetce Provin ce en quirze jours. La plupart des villes fe rendirent a difcréüon, Befaneon la Capitale ne demanda que la confer»'ation dun faint-fuaire, fort révéré (*) Cet avis eft du aa Janvier & la triple alliance fut fignée ie 23 dun.ê.ne ü.o.s, 1667. -ouis XIV» 'e rend naïcre le la Frau» he-Curja- ê. I. Jauv. 'Eflrad, ii. 2319. .78 281, >S2, Bantig» Ij IJ.  i66y Congres up; après avoir montré tant d'obftination a céder des places d'une fi grande irnportam e dans le coeur des Pays-bas. On lbupconna, non fansraifon, qu'ils s'éiaient déodés a ce^te ren mcat on plütöc qu'a celle de la Fra ce par un trdït d'une p >litiquerufée. lïs.é aiemm >mHe-fiblesala conlèr'atii.n de ce qu'on iie leur enlevait pas qu'a lapertedesp nee qu'o i leur retenait. lis furent même u-més d'abandon■ney tousles Pays - bas, pour expoler a une conquête facije les Hoilandais qui.n'a- vaient  La Triple Alliance 149 I n'avaient pas volé aflez promptement a I leurs fecours. lis avaient rémarqué 1 dans tous les procédés de la Républi1 que qu'elle fe lbuciait fort peu des I intéréts de la monarchie Efpagnole , qu'elle ne cherchait qu'a pourvoir a fa propre fureté; en éloignant Louis ; XIV de fes frontieres, fans s'embaras: fer des progrès qu'il pourrait faire d'un i autre cöté. Les Efpagnols reglerent leur politique fur le resfenti| ment que cette conduite leur ji caufa. Le traité fut ausfi dirigé pour tenir les Holiandais dans de perpéjtuelles a'armes , qui les forceraient a tl faire a ' 1'avenir avec les Efpagnols , j des liaifons plus étroites qu'ils-' n'aui raient voulu. Le Cbevaüer Temple i ne put s'empêcher de voir que 1'ob! jet des Efpagnols était de mettre 1'An|gleterre & les Provinces Unies dans lila nécesfité de faire la guerre a la Franke. Tom VIL G tettri de " .gleterre, pour détruire la forme Républicame des Provinces & y établir le Prince d'Orange pour fouverainabfolu. Mais, dit 1'hiftorjen Oquinous transmet ce fait, Mr. De Wittnevoulut .pas y ajouter foi. „ Cette grande „ ame, ajoute t-il,croyait les Anglais „ incapabks d'une ü lache trahilon. „ II avait trop bonne opinion de fes „ faux amis & queiquerfois une trés ,,, mauvaife de (es véritables. il re„ ceva't les avis d'une maniere déso, bligeante, quoiqu'ils fullent impor-  ALLIANCE & LA Réi1 UB LI QUE I53 tsns & ceitains. Car il n'était que „ trop yrai que les deux Rqis s'en„ tendaient." D'Eftrades écrivsitdans le n;ên e tems qu'il fallait punirles Etats de leur conduite envers le Röij & qu'il n'aurait tenu qu'au Monarque de s'tmparer de fous les Pays bas. Il déclare au miniftre De L;onre qu"on ne pourra lts empêcher de fomenter des ligues contie les droits de fa Majefté, & qu'il doit regler fes mefures' la desfus. £>'il y avait dèslors une in-? telligence entre les deux Rois pour j renverfer la République, il paraitcer -'i tain que le Généreux Temple ne trein-a pait pas dans ce lache complot. Mais/ les Monarques ont quelquefois recours aux honnêtes gens pour tromper plusv fürement. Templenelaisfait pasdecon-2: cevoir des alarmes. II ferait a fou-\ haiter,'' difait-il „ alors que le jeu-c, „ ne Monarque Francais negligeat le i! „foin de fes finances, feplongeatentie-" „ rement dans les plaifirs ou'confumat toutes fes forces a queique guerre „ férieufe avec un voifm puisfant." Mr. de Gourville qui fut alors chargé de traverfer la négociation des Etats avec 1'Evêque d'Ofnabruck pour lever des troupes, confirme ce fait dans fes mémoires, II dit que Mylord Hollis, Ambasfadeur de Charles II a Bruxelles 1'asfura, dans le fecret, que le Roi-' ., G3 d'EJlrad, v'L 27*. asnage II, 3. H* ettr. 3 'ay & tin* i. fnr ia ranie Eflrad, Ei-Ó. 16 M.1TI, 'emoire? de m-JUe, I, . 14.IJ.  \ Le jeune Prince d'Orange , laisfe echa. per des traits de Jfolitique. 154 Orages contre la Triple i'Angleterre ne foupirait que pour une occafion de fe vanger de De Witt & d'abaisfer fon orgueil. Gourville ajoute que ce fut lui qui donna le confeil de tromper le Miniftre Républicain par de feintes démonftrations & par une fausfe alliance qui conduirait infailliblement De Witt a fa perte en le détachant de la France fur laquelle il ne fe repofaüt que dans lacrainte de ne pouvoir gagner 1'Angle* terre a fon parti. 11 asfura qu'il connaisfait affez De Witt pour être perfuadé qu'il ne manquerait pas de donner des mortifications a la France; dès qu'il fe croirait für de 1'Angleterre , & que 1'orgueii de ce fier Répu. blicain, après avoir forré la Suede & le Danemark a la paix & triomphéde 1'Angleterre, ferait fingulierementflatté de pouvoir ausfi dicter la loi a la France. Gourville ajoute qu'il dresfa fur ce fujet un mémoire qui fut envoyé en Angleterre, & que la fuite prouva qu'il avait été adopté. Le grand objet des Puisfances malintentionnées pour la République était de développer dans fon fein même les gerraes de leurvangeance & de fadeftruétion. Un de leurs plans était de mettre a profit le zele du peuple envers la maifon d'Orange , pour punir les chefs Républicains contre lesquels ils avaient les plus grands griefs. Les  Alliance & la RépUBLiouE 155 affaires du Jeune Prince continuaient k fomenter le feu des divifions inteftines. Plus il croisfait en age, plus la province de Zeélande redoublait des follicitations pour le faire avancer dans les charges. Les Etats de Hollande voulaient bien confentir a lui donner féance dans le Confeil d'Etat; mais a condition que la charge de Caj| pitaine & Amiral-Général refterait a jamais féparée de celle de Stathouder. !j lis dresferent a cet effet un plan qu'ils i! nommerent harmonie-, oü les Provin!i ces de Gueldr;, d'Ütrecht cid'Over|| Ysfel accéderent. Ce plan ayant par Ia obtenu la pluralité dans les Etats-Gé f néraux, ces derniers envoyerent une rdéputation en Zeélande, en Frife & i en Groningue, pour les attirer dans le même plan. Mais ces trois ProvinI-ces, ayant perfifté dans leuroppofition, icette mésiptelügence fut caufe que le sjeune Guillaume ne fut pas admis dans jlle Confeil d'Etat. Quoique ce Prince :itouchat k peine a fa dix huitieme lannée il ne laisfait pas d'être trés ïhabile dans 1'art de disfimuler. Le Sr. de Gourville qui le voyait dans ce tems la, fut furpris de fes progrès dans cet :)art fi utile a 1'ambition II en rapiporte ce trait trop propre a développer le caractere d'un Prince fi fameux idans la fuite, pour être pasfé fous filencet F 4 1668; Qonr ville Mem, 11, t-3.  I56 ORAGES CONTRE LA 1\UPLË I668. Le Jeune Guillaume Pioclamé prebier no,Ue de Le jeune Guillaume s'était entretenu avec 1'épanchement & la liberté d'un arm' des obftacles que les adverfaires de fa maifon cppofaient a fon aggrandisfement. ün vint avertir que Mr. de Witt entrait pour lui parler. Au moment même il eourut au devant du Penfionaire,& lui témoi gna les plus grandes amitiés. En m'en allant, dit Gourville, je le regardai fixément. II me dit après, qu'il avait bien fenti ce que j'avais voulu lui faire entendre. Nous convinmes qu'il devait agir de la forte, en attendant le changement des. circonftances; &. je lui dis en riant qu'il en fava'.t beaucoup pour fon age, 11 eft vrai que la France & 1'Angfeterre ne firent dans cette époque, aucune démarche de conféquence, pour le rétablisfement du Prince d'Orange: ces deux cours politiques auraient, au contraire, régardé cette élévation comme contraire a leurs intéréts. Elles en faifaient asfez pour conferver les chofes dans 1'état oü elles étaient & fomenter les diviüons acttielles; mais elles fe feraient bien gardées de travailler a un rétablisfement qui pouvait ou du moins qu'elles croyaient pouvoir éteindre les divifions toujours utiles a des voifinsmal-intentionnés. Ce jeune Prince ne bornait pas fes talens pour la disfimulation a quelques traits particuliers de confidencefecrete» 11 commenca dèslors a s'en fervir uti-  ALLIANCE & LA RéPUBLIQUE IJ? leraent pour fon avancement. La maniere dont il fut alors mettre a profit la bonne volonté de la Zeélande donna fingulierement a penfer aux chefs du parti dominant, II entretenait depuis queique tems des correfpondances dans cette Province par le moyen du Seigneur deZuilichem grand partifans de la France & dont, fuivant d'Eftrades, les préfens du Roi n'avaient pas peu aidé a échaufferl'affection Mr.De Witt venait tous las matins, pour examiner fes maïtres & le* lecons qu'on lui donnait fur les mathéraatiques &!apobtique. Le Prince fut fe dérober a 1'ceil actif de tous fes furveillants; Sous prétexts de fe rendre a r>reoa, pour y elTayer des chiens de chaife, il pasfa furtivement en Zeélande. Éa vdle de Middelbourg fe piqua de lui faire faccueil le plus brillaut. Le lendemain de fon arrivée, il parut dans Pa-femblée des Etats oü il fut proclamé premier Noble de Zeélande» L'enthousliajme fut général & extréme.. Les Eccléfsaitiques ne laisfevent pas éobap-.r cette od anon de faire éclater leur devouement pour la maMoti d'Orange. Ils députerent pour le féliciter ftr fa nouvelle dignité. Celui qui porta.t la parole ouvr't fon discours par ce \ tsxte de 1'Ecriture : je i'ai donné' un cxur fage; tu n'as jamais eu d"é-' gal & tu n'en auras jamais 11 met--: O 5 ] I66B. Mande. i'Efiratl. V. isr. Pi. 3*7. 'emi. Ba/».** TU ■ ■7. lamfoi. T. ' tl 1, !*p:.';Qittt% ■  Heil, Sepib, Vaimb, t >?(ƒ««, VI 607,613,' $2.0, 158 Orages CONTRE LA TftjPLE tait enfuite a contribution lesmeilleurs morceaux de Plutarque & de Platon relativement a la dignité d'un Prince. Les Prirces d'Orange avaient felon lui été cboifis de Dieu pour s'oppofer a 1'Efpagne comme les Scipions pour détruire Carthage. Le jeune Guillaume, auquel on ne peut refufer la juftice d'avoir fu méprifer les louanges, crut devoir applaudir a cette éloquence pédantefque, parceque ces fortes d'Orateurs ont toujours eu le plus grand crédit fur le peuple. On peut même aiTurer qu'ils en font devenus les démagogues, depuis qu'il n'a aucune part au gouvernement. Tant c'eft le propre des peuplesqui font ou qui fe croyent libres , d'être gouvernés par ceux qui les flattent par 1'éloquence oratoire. II eft plus facile d'imaginer que de décrire la douleur & Tembarras que cette échapée caufa aux chefs du parti Repubhcain. Ils étaient outrés de la maniere dont le jeune Prince les avait joués, en fe dérobant a leurceil Vigilant. lis étaient indignés de ce que, dans cette occafion, il avait été procbmé Marquis de Veere & de Flisfingue, dont les Etats de Hollande avaient toujours contefté la mouvance aux Princes de cette maifon. lis avaient les moyens de fe vanger, lis ne tarderent pas a s'en fcrvir. Ils commencerent par le mortifier en s'emgarant rnalgré fes proteftations, de Ia  Alliance & la RéPUBLïQUE i£< pêche & de quelques autres droits feigneuriaux de Geertruidenberg. La conduite des Zeélandais pouvait être fuivie dela nomination du Prince au Stathouderat de cette Province. U était a craindre que les Provinces qui fe nommeraient un Stathouder, n'emportasfent la préponderance fur les autres dans le Confeil d'Etat. llstravaillerent k empêchercette démarche. Hs formerent une Réfolution par laquelle il fit ftipulé qu'ils ne permettraient jamais qu'aucun Stathouder ne fiégeat dans le Confeil d'Etat; ils vin-, rent même a boutd'engager la Provirtce d"'Utrecht a imiter leur exemple ,1 en abolisfant le Stathouderat. Le' nombre des Confeillers de la ville qui s'oppoferent k cette réfolution, fut extrêmement petit. On obferva que ces oppofans étaient des fanatjquesaveu : glement dévoués au parti du celebre' Voetius. De Witt eut la plus grande part a ces dispofitions. Il déclarait au Chevalier Temple que 1'intention des Etats était d'élever le Prince aux charges de Capitaine & d'Amiral Général; que, dans cette vuë, on lui aurait déja. fait prendre féance dans le Confeil d'Etat, fans les démarches précipitées de quelques Provinces; que ces deux charges étaientincompatibles avec celle de Stathouder, que vü le grand nombre de troupes aentrstenir Se la petite étendue de 1'Etat, c'en était G 6 166S. pour qu'aiij :im Stathouder ï^tit féance lans le Confeil l'Etac Ixtr.icl ah ie Refoi. 'au de rroedfch. ier Stad 'itretht 16. 17 Octob, ). deccmb* Temple Lett\ ' Sept.  1668. TrouWes dans les Piovinces pour 1'aiance ment du ïrince. dtitjtm. VI iób Oragss contre la Triple . &{t de laRépuM:que fi ces trois charges étaient réunies dans la même perfonne. 11 dit que, s'il etait né fous Hn gouvernement monarchique, il n'eüt jamais approuvé la levée de bouclier contre Phdippe II. U ajouta qu'étant né dans une République oü il aygit prêté ferment de roaintenir les loix il- ne pouvait confentir a rien qui ten ■ dit a en alterer la confervation, qu'il sétonnait toujours que la République eut pu fubfifter fi longtems au milieu des dangers aux quels elle s'était vue expofée par la trop grande autorité des stathouders qu'un fi grand bonheur ne pouvait etre attribuè qu'aux eritbarras des guerres continuelles ou a 1'extreme modération des Princes Stathou der»; que le dernier avait été le feul qui eüt longé a changer li ferme de 1 Etat; ce qu'il fallait attribuer aux mauvais -confeils des Francais chargés du foin de fon éducation. Le jeune Prince devenait d'autant plus dangereux qu'étant ertré dans la jouisfance de fes biens en fortant de tutelle, il avait plus de moyens de fe faire des partifans. Les Provinces deFriP- & de Groningue, jaloulesde conierver c» droit au stathouder qu'elles avaient* protefterent co; tre cette Réfolution. II y avait dans ces deux Provinces, de grandes divifions. Ceux qu'on appellait les partifans de Hollande étaient pour toutes les melures Républicaines j mais  ALLIANCE & LA RéPUBLlQTJE l6t les autres appellés partifans du Prince entra'ent contre toutes ies vues des Etats de Hollande. Comme ces derniers formaient le plus grand nombre, ces deux Provinces protefterait fans relache contre toutes les réfolutions contra'res augou-. vernement Stathouderien- Ces divilions fe manifesterent en Qverysfel par des éclats plus violens encore. Rufgert van j Hariblte, Droft de Skiland, lbutenaiti toujours dans cette Provinces lés inte-1 rets de la maifon d'Orange. Les vjIles de Deventer & de Campen étaient pour lesAnti-Statbouderiens. La'divt" fion augmenta fi fort, que cbacun des deux partis forma, comme en 1'année 1655, une asfemblée particuliere, pour répréfeater les Etats: les uns s'asfemblererk a Campen & les autres a Zwol. Chacun même des deux partis dépur ta aux Etats-Généraux. Cette dispute échauffée par les resfentimens & les intéréts particuliers, dura jufqu'en lófr; Les Etats de Hollande & De Witt implorés pour médiateurs, en* voyerent deux commisfaires, pour acc< moder le différend. Il eft aifé de prévoir que la-, décifion ne fut pas en faveur des partifans du Prince. D'a* prés 1'accomodement qui fut conclu , Haar lol te fe vit obligé de fe dérrettre de fa» charge de Drost pour un an & de fon droit de préfi-» der dans - les Etats de la Province* G 7 ihji». vi, )ivifion (a )veiysfel. 'ay Tom.  1658. i>!vifion ej Hollande. 'jtUfcm. VI. * i < . * Guerre ci. t vile en * Zeélande. I c ll t( iffa Orages contre la Triple pour trois ans. Ainfi le parti oppofé au Prmce était alors le plus fort en Overysfel. II n'eft donc pas étonnant que cette Province fuivit tous les mouvemens de la Hollande. Comme les Provinces de Gueldre & d'Utrecht étaient devouées au même parti, les AMi- ötathouderiens eurent dès lors ia prépondérance dans les Etats-Généraux. La Hollande elle-même ne put empêcher les désordres d'éclater dans ion ïem. ün fait que cette Province ett comme partagée en deux divifions qui ferment le quartier du Sud ou la Holbmde méridionale & le quartier du Nord ou la Hollande feptentrionale. ^es deux quartiers étaient divifés fur les contingens a payer dans les fubfides Provmciaux. La première payait 79 cc demi d'un centieme. üuoique la derniere n'eüt a payer que 20 & demi, elle ne laisfait pas de fe plaindre ï fv Uft trop i121"' Après de longs X vijs débats, ordinaires dans cesfores d cppofitions d'interêts pécuniaires, m ymt a bout de ménager un accomodement. 11 fut convenu que lequarPayerait 8i| & ie Ouar[er'du Nord 18^. v Les divifions qui s'éleverenten Zeemde furent encore plus vives, puisu elles éclaterent en voies de fait, L'éivation du Prince d'Orange dans ceti Province fit fermewer le prermer rme du raécontentement. La ville  Alliance & la RéPUBLiouE 163 de Ziriczée trouva fort raauvais qu'il eüt nommé pour fon fubftitut & pour Répréfentant du premier Noble, Mr. d'Odyk qui n'était pas né dans la Province. Les Etats, ayant a la pluralité, fixé a un certain nombre la réduction des troupes de leur répartition, Ziriczée faffit cette occaGon, pour faire éclater fon mécontentement. Elle engagea la ville de Goes a époufer fa querelle; ces deux villes foutinrent qu'il fallait licencier trois compagnies de plus. L'oppofition devint peu a peu fi violente, que ces deux villes refuferent d'envoyer leurs Députés a 1'asfemblée des Etats - Provnciaux. Goes qui n'avait époufé qu'une querelle étrangere fut la plus facile a fe laisfer gagner: mais Zirikzée refta inflexxible. Elle pousfa 1'obftination jufqu'a refufer de verfer fon contingent dans les charges générales de la province. Les autres membres, dont la patience s'était montrée inaltérable, lentant plus vivement, par ce deficit dans leurs finances, le danger des divifions intestines, refolurent de recourir aux moyens extremes pour les terminer, |De concert avec le prince d'Orange," Ijls firent avancer des troupes, tirées Ides garnifons de Flisfingue & de Veere jfous les ordres du Coïonel Theodore van Volbergen. Elles commencerent 166S. Refil. Ziel. Helli Merettr. 166$. [609.  1669. Bifpute i"ur la luduc|ts Trou- Ï04 örages contre la. Triple par faire une descente dans- 1'Isle deSchouwen prés de Brouwershaven, dont elle fe rendirent makres, aprèsun fiege dans les formes. La ville. de Ziriczeé s'était d'abord préparée a une defenfe vigoureufe en levant des Waard-gelders & rnettant tous lesBourgeois fous les armes. Mais ce coup de vigueur la fit chanceler. Elle envoya quelques Députés a Middelbourg. fous prétexte de s'informer du motif de cette invafion. Cette premièredémarche donna occafion a des conférences; & comme les deux partisavaient intérêt de fe réconcilier, 1'un par ambition &. I'autre par crainte, on ne tarda pas a faire un accemodement platré. Ziriczée confentit a Partiele le plus esfentiel, le payement des contnbutionsi Quoiqu'on eütrapelé les troupes c'e Brouwershaven,, elle corferva cependant de 1'aigreur: Mais. elle ne put en doener des marqués, qu'en ftipulant qu elle fe refer-vait, en tems & lieu, le droit de derriander la fatisfaéh'on des griefs dont elle fe plaignait. Les Etats de Hollande avaient été plus heureux dans une difpute qu'ils avaient eu au fujet de la rédu'ction des troupes, a la conclufion de la paix d'Aix-la-Chapelle. Cette dispute resfemblait beaucoup & cellt qu©  Alliance I fi politique que Louis XIV. Pendant que les Etats de Hollande affaiblisfaient ainfi la République, en reIj duifant le nombre de fes défenfeurs; le Roi de France n'oubliait rien pour , diminuer la quantité de fes resfources, I Dés qu'il eüt vulaposfibilitédefoulevei 1 contre elle les Etats oü elle mettait le plus de confiance, il tenta de la j gagner elle - même, en la détacbant | de la Triple - alliance. Ce point était I d'autant plus important que les Etats j! étaient fortement relolus de tout emJ ployer pour confolider cette alliance; & que Louis XIV avait tout lieu ji d'en être fortement convaincu. Apeiine la pacification d'Aix •■la-Chapelle (i était conclue, qu'a Foccafion des difputes fur le falut du Pavillon, d'E! ftrades prit occafion de propofer un .1 réglement pour abaisfer les prétentions i ambitieufes de 1'Angleterre fur eet ari ticle. De Witt avouaque ces préteni tions étaient infupportables & parut déli firer_ de fe réunir a la France pour jhumilier 1'orgueil des Angiais. vSimon Arnaud de Pompone était venu remplacer d'Eftrades au mois de Mars ï 16Ó9, De Witt eüt des conférences particulieres avec lui fur une nouvelle alliance entre la France & les Etats. Louis XIV.' entunte de dét.'.che» les Eta's de la Triple Alliance. Sscrtt, Rfc fol. Holt. i5..Vo». d- E(i'.id, Vu 41*. De Witt. brlev* II 47*i 47J.' D'EJlrat. 10. 17. 24. Maf. 176»,  IÓ3 OïlAGES' CONT-E.E LA TaiPLB 1669, T>e Witt Hrliv. U. S7S- Temple Lttfr. IS M*y 1679. Le nouveau Miniftre Francais promit que !es conditions deneureraiemfecretes. Iirepréi'entacombien.les liaiibns des Etats avec d'autres puisfances dcvaient révolter- un Monarque jeune, ouisfant & plein de courage. De Witt était abligé d'accueillir & mêmequelquefjis de propolér des plans d'alliances; pour pénétrer les vues & les autres liaifon9 de la France. Mais on voit, par fes é-^ crits qu'il croyait la République obligée d'en venir a une rupture, au cas que Louis XIV ne vouiüt pas s'en te< nir aux articles de la- derniere paixv La France s'embarasfait peu de fe lier avec les Etats. Elle ne propofait une alliance nouvelle que pour engager les alliés des Etats a les abandonneren voyant qu'ils étaient les premiers a fe déticher de la triple alliance. Mais De Witt était trop éclairé pour tornber dans Ie piége. II déclara que, bienloin de faire aucune breche a la triple alliance on travaillait a en augtnenter la force en y attirant FEmpereur, L,es Francais espéraient aumoins par ces confidences particulieres de caufèr des ombrages aux Anglais. Mais le Chevalier Temple, agisfant en honnête homme plütöt qu'en miniftre, n'oubliait rien pour disfiper les foupeons & foutemr 1'ouvrage auquel il avait eu tant . de part. i?L F*e croyez pas" écrivait il au-Lord  I AlXIANCE & IA RéPVBMQUE 165 ,, Arlington, „que les Etats agisfent „ par des marceuvres fourdes Ls font terrres; rrais leur génie n'elt pas >, tourné du cöté de la fourberie. lis I >, ne font pas réduits a des exirémités „ qui les nécesftent a des procédés I „ fultils. Jufqu'a ce que la France ,, fe UAt rendue maitre des Pays-bas „ Efpagnols, ils agirort toujourj c< m„ me des marchands riches & jouisj, lart d'un grand crédit, qu'on ne „ faurait ccnlérver que par la bonner> f°i-" Cet honnête hrrrme n'était pas initié dans les myfttres de la cour qu'il 4 répréfertait ; & lans doute il n'etait |i ccnfervé que pour que fa frarchife fetvit mieux ' a tromper. Les disprfitkns fecreres du Koid'Angleterre étaif nt alrrs ahfolument contraires aux intéréts des Provinces-Unies. Ce Monarque, indolent & voluptueux, 1 avait alors abandonné les rênes du ijRoyaume, a cinq des princpaux seigneurs, qui formaient un Confeil que le nation 'flétriffait du nom de Cabalet 5|parceque les lettres mitialts de leurs mem, Cliffird, Arlington, Bucking,\kam, Ashley & Lauderdale, compofent le met At gbis cabal. Ces Minis: tres pervers & lans principes, s'étant appercus que Charles !l avait un pen! criant particulier & invincible pour fe Manoetvrres if Luuiï XIV en gieter. re,  170 Orages contre la Triïle lier avec Ia France, s'étaientempresfés "de flatter cette dangereufe pasfion. lis Fentretenaient dans fes defirs pour raugmentauon de fon autorité, dans fon goüt pour les plaifirs & la dépenfeöc dans fon projet de mettre & jamais 1'autorité royale a couvert des révoltes pnpulaires par la deftruction des libs nés nationales. Peu de tems après la derniere pacification, il était même jtehappé a Chfford de dire: ma/gré tout cet dc'at, nous aurons cependant une autre guerre avec la Hollande. Le Roi de France avait alors pour Ambassadeur a la Cour de Londres , le Marquis de Ruvigny que fes alliances dans ce royaume, fon attacnement a la rel'gion réformée & fes talens politiques rendaient trés propre a fond-.'i 1'eiprit des cours. Louis XIV j inftruit de 1'état des affaires, crut devoir y envoyer encore Mr. Colbert de Croisfy, déja connu par fimportance & le luccès de fes néguciatiors. Cet habile miniftre ne tarda pas a s'attacher enticHment les mmillres Anglais en leur faifant, comme il s'enefl enluite vante , fentir toute Tétenduede la liberalité dn Roi de France. Ausfi ne manquerent • ils pas de flatter le pencbant du monarque en lui répréfentant que les erreurs & les irfbrtunes de fon pere ne venaient que pour avoiï  Alliance & la RépuBLiouE 171 négligé de former des alliances étroii' tes avec les cours étrangeres, qui fe : feraient piquées de le fourenir dés 1'éruption de Ja révolte,- qu'il était d'une mauvaife politique de n'avoir pour alhés que des Etats faibles; qu'il n'y , avait dans toute la chretienté aucun I monarque qu'on put comparer au Roi I de France, & qui fflt plus capable, par les forces de fon Royaume & la noblesfe de fes feminiens, dedéfendrela caufe des Rois contre des fujets qui voudraientfe révolten Ilsl'attachaient pour opérer une révolution ausli favorable k la maifon Royale d'anéantiï la République Belgiquedontl'exem i ple, la réputation & les fuccès avaient jj beaucoup contribué a nourrir dans la I nation Anglaife les principes RépubliI cains & les fentimens de liberté. Il privait par la fes fujets d'une correspondance dangereufe avec des voifms, i proteftans & libres. En favorifant Ij les projets des Francais dans lesPaysbas, il acquérait un droit a leur recoiiiiaisfance pour qu'ils favorifasfent les I fiens dans fon propre royaume. Il trou< I vait jusqu'a des prétextes patriotiques | pour couvrir ce projet. Il faliait eraIj pccher, difait-on, que d'un mélange monftrueux de république & de monarchie, & de queique ufurpation des fui iets fur le fouverain, il ne réiültai 1669I D'Orleaftf Hifi. des RevoU d' Angt,  I i669- u —— t i Dïspute avec les f Anslais fur j Suriram 8t les lndet ] Oriëntale:. • < < ' Vit it it ■Win, t, 77. d'EJlrai. VI 43+- fff ORAGES contre Ut Trrle ne annarchie qui replongeat 1 Angle;ire dans l'iiitreux cahos dont t-lie tait a peine fortie. Un ne peut disconvenir queleschoes préftntées dans ce point de vuë taient non feulcment anaf gues au caactere d'un Prince avide d'argert, mbit-eux d'augmenter fon autorité,& •atholique au fond du cceur; mais en■ore afTez confoimes aux maximes de a p' ltique d'une maifon qui iéntait ie befoin d'établir 1'autorité royale fur 3es fondemens ïnébranlables. Les Er mislaires • de France ne fe bornerent pas a faire jouer les resforts pinsfans de 1'intérët du Roi; üs travaillerent k exciter le resfentimer.t du rcimftere Anglais, en leur expofant que les Etats avaient déja invité Louis XIV a une alliance contre 1'Angleterre. Ils faifaient fans doute allufion au rrojet ébauché entre d'Eftrades & de Witt; pour forcer, a main arrrée, les Anglais a renoncer a leurs prétentions a Fégard du pavillon- Un obferva que, deiuis ce tems, la cour Britannique chercha partout des prétextes dechicanes aux Pr» vmces-Unies. Les plus impoi tantes s'él everent a 1'occafion des posfe.'fions dans les deux Indes. Les Zeélandais s'étaient emparés de Surmam au mois de mars «dó?; mais queique les Anglais fe fusfent rétirés dans  Alliance & la RéPUBLiquE 173 i dans cette colonie au mois d'Octobre i fuivant, ils avaient été obligés de l'é« i vacuer , en vertu du traité de paix , 1 fuivant Jequel chacun devait confer1 ver ce dont il était en posfesfion, le ; so du mois de may. Mais Willough1 by, au lieu de fe conformer a cetor: dre, fe mit & traiter cette Colonie en pays conquis, pillant, brülant & levant des contributions, On fit des ! plaintes; Willoughby recut de nou1 veaux ordres d'évacuer la Colonie; : mais en fe retirant, il voulut emmener, & même de force, tous les Anglais qui s'y trouvaient établis. On I eut bien de la peine & obtenir que les I Anglais fe rel&chaiTent en faveur de i ceux qui voudraient refter. Maislors: que le Gouverneur Zeélandais fut ins* , tallé dans cette Colonie, les Anglais i fe plaignirent k leur tour qu'il y retenait les plus riches Habitans & ne i permettait la retraite qu'aux plus pau1 vres. Les Zeélandais jouirent de la 1 posfesfion tranquille de cet établisfe1 ment jufqu'en ió8a; ils vendirent alors i le droit qu'ils y avaient a la Compaj gnie des Indes - Occidentales pour deux < :: eens cinquante mille Florins. L'an1 née fuivante cette Compagnie, nepou1 vant furfire aux fraix que lui coütait cet établisfement, en venditdeuxtierss I 1'un a la ville d'Amfterdam & 1'auar;© Terne VIL H Onmai vu. p. r. :63. Tegentil St,iat der Sereen, tféi  1669. Lettres, ie Temple's merc. ie HM. 174 Orages contre la Triple a Corneille van Aarfens, Seigneur deSommelsdyk. Les Héritiers de cedernier ont confervé leur portion julqu'en 1770; Amfterdam acquit alors cette partie par achat. Ainli cette ville posféde les deux tiers de la Colonie, cc le refte appartient a la Compagnie des Indes - Oceidentales. Les différends élevés entre les deux nations , relativement aux Indes Orientales étaient en grand nombre: mais le plus important fe rapportait a une ftipulation faite au mois de novembre 16Ó7 entre les Hollandais commandés par Corneille Speelman & le Roi de Macasfar. Spee'man, en s'emparant de la plus grande partie de cette Isle & dictant la loi aux vaincus, avait ftipulé „que tous les Anglais & leurs ad„hérens évacueraient 1'Isle dans un „certain tems, pour avoir été lesbou„tefeux de la guerre." Les Anglais indignés de cette claufe ausfi injurieufe, que préjudiciable, firent tous leurs eftbrts , pour la faire fupprimer. Les Holiandais, jaloux de conlèiver les avantages d'un commerce exclufif dans 1'Isle, qu'ils regardaient comme un jufte dédomagement des frais d'une guerre longue & difpendieufe, ne voulaient rien relacher. Ausfi fallut-il tout le génie du Chevalier Temple, jour les engager a permettre aux Art-  Alliance & la RéPUBLiouE 175 glais de venir comrnercer a Macasfar. Au milieu de ces débats, onnenégligeait pas de fonder les Anglais fur leur attachement k la triple-Alliance. Mais le Chfevalifr Temple ne fe pasfionnait plus fur ce fujet comme autrefois. De Witt fut le premier a s'en sppercacir. Tem mieux s'en asfurer ; je vic-r.s , dit-il en abcr-t éatt 1 fAjaibssfade-ur Anglais ,f vcus faire une vifte ncn en qüalitéj de fflimMè ■> mais d'smi. J'ai fu, par -la - \oie de Puffendorf que la france : a déja cherché a détacber les .Sucdois ce ]%Hiancé. 1] asfiiie c,i:e d'Apgletcrre re tardwra pss a l';.btrdcnr.èr & qu'elle adopte déja des ncfircs contraires aux articies fiipulcs dans Ja Triple-Alliance, Les slanres.de De Witt n'étaient que trrp fendées. Leuis XIV ne tiayaijlait pa-s" envain a s'attacher entierement la colt d'Argleterre. II nefe fccmait pas a pre mettre de gros fubfidts au Koi Ghsrks. II eut encorp recours a un mcyen extraordinaire , & d'autant plus. fur qu'il infpi'rait mcins de foupeons. Henriette Marie d'Anglettne, Epcufe du Duc d'Or< léjns & fceurdu Roi Charles, futconfidente du fecret &JePlénirotentiaire. thaigé de corfcnimer le tiaité. Char les avait .teujeurs eu une tendresf Ha Titfcm. VÜ 1-50. 437- L'Afglfé ?rre his* :nt echter eur ii:dif. erence Jour ii j Triple AlliancsJ La DuJ :bcsfe d'Öf< l^ans, jt St£u-da Roi i!An. glettrrre , attire ce Monarque au parti qc 1* Fiar.cC;;  ï75 Q&agss coXTas la Truia \. 1669. particuliere pour cette fteur, qui joignait les- charmes de 1'esprit aux graces de la beauté. Afin de j etter urf voile plus épais fur cette négociation, Louis XIV feignit de vouloirvifiter les travaux de Dunkerque. II s"y rendit avec un cortége norabreux & brillant- La Duchesfe d'Orléans prit le prétexte du voifinage pour aller voir fes freres a Douvres. Le Roi Charles prodigua pendant dix* jours les fêtes les plus galantes en fon honneur. L'artificieufe Duchesfe tira parti de ces momens de délire & d'ivresfe, pour arracher entierement fon ft ere aux anciennes maximes de la politique Anglaife. C'eft ainfi qu'au milieu des plaifirs & des fêtes fut préparée la ruine d'une République heureufe & puisfante. Charles convint qu'avant de travailler a rendre fon autorité indépendante & despotique, il devait commencer par anéantir la République des Provinces-Unies. Comme les conjonctures n'étaient pas encore fjvorables• pour commencer 1'exécution de ce , projet; on ne pouvait fe fier entierement & ua efprit ausfi volage que Charles II. Louis, connaisfant le caractere de ce Monarque & 1'iuconftance de fes idéés, ïmagina de 1'attacher pour toujours a te France par les liens  ALLIAKCE & LA RéPUBLIQUE I77 de la volupté, les feuls que 1< JMonarque Anglais ne püt rompre La Duchesfe d'Orléans avsit a fa fui te une Francaife, nommée Mademoi felle de Kercuaille, d'une familie no ble de la Basfe - Bretagne. Deu? grands yeux noirs a fleur de tête ,dei traits réguliers & fins, une taille richt & déliée, un efprit féduifant, firen fur le monarque voluptueux 1'impresfion défirée. Il fe ciut le plus fortuné des mortels, de pouvoir retenit en Angleterre une beauté fi rare. II ne tarda pas a la combler de bienfaits, a la créer Duchesl'e de Porstmouth & a lui donner toute fa confiance. Charles, dans 1'ivresfe de fa coir quête, ne put ou ne voulut pas voir les pièges qu'on lui tendait. 11 conferva toute fa vie une pasfion violente pour cette nouvelle maitresfe , qui remplft exactement de fori cötéle role politique dont elle était chargée. La mort fubite & tenible de la -Duchesfe d'Orléans a fon retour en France, non fans foupcon d'avoir été empcifonnée par un m ri jaloux, ne changea rien aux difpofitions deCbar le li.: ilprit même occafion decetacci dent, pour envcyer en France ie Duc de Buckingham , afin de mettre la derniere main au traité. 11 fut convenu que le Roi de France attaquerait les H 3 : 1669. res wem. .hij!, ér milit. I. 'A9' L'gue drs R'Vis di France 8c d Angtf. terrl* po.Jr h dcltruc. tion d^-i Provinces Units.  1669. Traité de ■ Paix. I. Ï84-. . Les pui?, fances du Nord foll 1/8 ORAG-ES CONTRE LA TRIPLE Provinces-Unies par terre avec une puisfante armée, a laquelle le Roi d'Angleterre ajouterait lix mille hommes, promettmt en outre dé ies attaquer fur mer avec une flotte d'anmoins cinquante gros navires', auxquels le Roi de France en ajouterait trente. Louis promettait encore de payer a Charles un fubfide de trois eens cinquante mille livres fterlings par an: Comme les deux Roisne doütaient pas du fuccès de ce projet, ils partagerent d'avance les eonquêtes qu'ils méditaient. Les Isles de Zeélande dévaient appartenir a 1'Angleterre > & le refte des Provinces- Unies a ïa France, excepté Ia Hollande, dont on faifatt un appanage particulier que Yen cédait au Prince d'Orange, au cas qu'il voulüt accéder au traité. Ce qui fut le plus lïngulier dans la conclufion de ce traité, c'eft que le Roi de France y promit le maintien de la paix d'Aix-la Chapelle&leRoi d'Angleterre celui de la Triple-alliance." On dirait que la juftice n'eft pour les Rois qu'tm lien qu'ils peuvent brifer k leur gré. ou qu'unprétexteiiluroirepoür tromper la bonne foi des peuples. Mais, avant de fe partager d'avanf ce un pays fur, le quel ils n'avaieirc aucun' droit, les deux Monarques avaient cherché a s'asfurer des Puis-  Alliance & la RéPUBLiouE 179 fances du Nord. La Suede était alors fous un Roi mineur, Ócgouvernée par des Miniftres intéresfés &pauvres; elle était d'ailleurs fort mécontente de la négligence avec laquelle on lui payait les fubfides ftipulés dans la triple-alliance. II nefutdoncpasdiilicile de 1'ébranler. Le Roi d'Angleterre fe cbargea lui même degagner l'Ëlecteur de Brandebourg. Dès les commencemens de 1'année 1669, il avait fait partir pour Berlin,: le ChevalierGabriel Sylvius,' qui brülait de fe vanger des Etats qui 1'avaient enveloppé dans la disgrace des ferviteurs de la maifon d'Orange. Sylvius prétexta d'abord da vouloir attirer l'Ëlecteur dans' la triple-alliance , mais il laisfa percer dans fes difcours fi peu de bonne volonté pour 1'Efpagne & pour les Provinces-Unies, qu'on ne fut pas longtems a juger qu'il ne venait que pour fonder les efprits & que la Triplealliance ne fubfifterait pas longtems. Pendant que la France, pour eaufer moins de foupeons, laisfait a 1'Angleterre la gloire de gagner les Grandes cours de 1'Allemagne ; elle pr'atiquait de fon cöté lés petits princes de 1'Ëtnpire qu'il eft fi facile aux monarques riches & généreux degagtier. Louis avait attiré dans fes interets ■1'Arch.evêque de Cologne, leDucde H 4 1669: entrerdans 'igue contre la Re", publique. De Witt "Brie-u. U. «47. Ï7S. ibii. IV, 41 %. Vttg/niorf ie Reb. Gejl. Frii. W/7/. Liv. X'. S. 3. Efïbrt t*mé pour aitirar l'Elec enr Brand», bourg.  iSo Ubages coN-ms la Triple 1669 Vttfendo de Reb. li eft. F der. \Vi L. XI. . Brunswyk Lunenbourg,l'Evêqued'Ofƒ nabruk & le turbulent Evêque de Munfter, toujours prêt a fe declarer *" contre les Etats, dont il était Pimplacable Ennemi. Mais le partifan le plus Zélé qu'eut alors Louis XIV en Allemagne, était le Prince Guillaume de Furftemberg, frere de 1'Evêquede Stratsbourg. C'était une tête cbaude, fécond en projets & vendu a la France. Comme Paccesfion de la cour de Berlin aux mefures prifes contre la République , était regardée, non fans raifon, comme un événement de la plus grande importance, le Prince de Furftemberg fut chargé de faire un dernier efïbrt fur Fefprit de cet Elefteur. Il fe rendit a Berlin, vers la fin de 1'année 1669 fous Ie titre d'Envoyé de 1'Archevêque de Cologne. Pour mieux donner lechange, il commenca par repréfenter, s'ilneconviendrait pas de former une ligue pour empêcher que la France n'attaquat les Provinces-Unies. La France & les Etats, dila.it-il, précipitent les préparatifs de tous les cötés. Au milieu de ces grands mouvemens, les Princes de l'Kmpire refteront - ils Ipectateurs indifférens? Une froide neutralité ne les nécesfiterait - elle pas a des dépenfes pour des préparatifs qui les accableraient, fans leur procurer  ALLIANCE & LA RéPUBLKjUE l8l aucun avantage? JN'eft-il pas deleui interêt le plus presfant d'examinet quel parti ils prendront dansuneconjoncture ausfi délicate? On ne peut douter, que le Koi d'Angleterre ne fuive le parti le plus favorable a 1 équilibre & k Finterêt de l'Europe. II efi donc de la fage politique de fuivre le parti qu'il embrasfera. Si ce monarque fe déclare en faveur des Etats, on pourra retirer des Hollandais les places qu'ils ont ufurpées a 1'Empire ' & forcer les Francais a faire la paix, S'il arrivait, cependant, que les Anglais prisfent parti pour la France, il ferait dangereux de ne pas épouferle parti des plus forts; car il ferait alors imposfible aux Etats, même avec le fecours de 1'Empire, de réfifter i deux puisfantes monarchies , qui 'd'ailleurs ne manqueraient pas d'avoir encore les Suedois de leur cöté. 11' eft des moyens pour empêcher qm la puisfance francaife ne devienne re doutable k 1'Empire. On partagent avec elle les places conquifes par le confédérés. On donnerait la Provin ce d'Utrecht a l'Ëlecteur de Cologne 'celle de Gueldre & Zutphen k celu de Brandebourg, la Frife k celui d« Brunswyk- Lunenboürg, Groningue ö les Ommelandes auDuc deiNeubourg;& Ton abandonnerait lerefte, c'eft-k-di H 5 1669. i i c  1669. j < d h Orages contre la TRiktf re la Hoï'ande & la Zeélande au Prince d'Orange, dont le Roi d'Angleterre favorife les interets." Furftenberg ne fe borrait pas 'a ce plan chimérique. Il expofait .un plan pour confervér 1'union des" Provinces ainü divifées, fotis un Gouverneur-Général qui remplaceiait les Etats-Généraux. 11 ,ne fut, pas d:öicileJde féntir , par i'expofition ■ de ces projets extraordinaires, qucls étaient les difpofnions de l'Ëlecteur de Cologne. On connut que fon but étai'r de fonder le tetrein. Pour troraper Furftemberg a fon tour & 1'engager a dévelopcr plus au long les ° vu és de fon maitre.,. on parut prêter une oreille attentive a toutes fespropofitions.. Enfin , lorfqu'on Feut bien pénétré, on répondit que l'Ëlecteur avait asfez de raifons de mécoritentement contre les Etats & -particuIierement araifon du despotisme avec lequel ils ténaient garnifun dans fes rilles de Cleves, & qu'il ferait afoutiaiter que cette République orgueileufe füt humiliée. Mais il ne pouvait, ajouta-t-on, leur faire la guer:e, parcequ'il était lié avec eux nr deux traités qui lui impofaient le levoir de les fecourir, s'il? étaient attamés. On ne difait pas que 1'interét sfentiel de l'Ëlecteur exigeait cette émarche; mais on fit fentir que, ü République des Provinces - Unm  Alliance & la RéEUBLiQüE 283 courrait le danger d'être fubjuguéé, il y avait dans 1'Kurope plufieurs Etats trop intéresfés a fon exiftence,pour ne pas voler a fon fecours; ce qui produirait une guerre longue, vive & générale. Pour mieux donner lechange, l'Ëlecteur promettait d'interpofer fes bons offices, afin d'engager les Etats a don • ner a la France la fatisfaction légitime qu'elle pouvait exigerd'eux. Après bien d'autres raifonemens, oü les uns & les autres cherchatent a fe pénétrer ou afetrompermutuellement, Furftemberg ouvrit enfin les deux projets d'un traité qui pourrait fe. faire entre les Electeurs de Cologne & de Brande- ' bourg d'un cöté & le Roi de France de I'autre. Il flattait l'Ëlecteur de Brandebourg de 1'efpérance de recous- .vrer i'entiere &paifible posfesfion des places que les- .Etats lui retenaient. Mais, dit un Defcendant de cet Eleteur, Erederic Guillaume préfera les 1 feminiens de 1'amitié & de la recon- E naisfance aux aniorces de l'interêt & aux attraits féduifans de fambition. Il femblerait, au contraire, vu le peu de raifori qu'il avait d'être attaché aux Etats par les liens de la reconnaisfance & de 1'amitié, quil ne confulta-, dans cette démarche, que fes vrais intéréts qui doivent toujours guider les aclions d'un fage fouverain. 11 fit PI 6 1669. femolr. di  1669. Avis donr par l'JElei leur dè Brjnde. bourg aux ïiacs. 184 ©rages contre la. Triple partir pour Ia France Laurent Georcre Krockow pour détourner Ie Roi te cette guerre. Mais Krockou ne recut que des réponfes vagues. Tout ce qu'il put y apprendre, c'eft que Ia guerre n était pas ausfi prochaine que lüyêque de Furftemberg 1'avait repréfentée. f L'Ëlecteur Frederic-Guillaume, un des plus grands Princes de fon fiecle par fon génie & fon courage, continua de négocier avec la Cour de Franse pour sasfurer de fes proiets. ün tacha vainement de le gagner en lui montrant 1'imposfibilité de réfifter aux forces de la France, foutenue par de nombreux alliés, & furtout en Ie flat. tant du recouvrement de fes places ufurpées par les Etats. Pour rendre fa réfiftance plus plaufible , il oppofait toujours les liaifons d'alliance öc d amitié qui 1'attachaient aux Etats Crénéraux : quoiqu'il eut bien desmotits de mécontentement contre -eux il crut devoir alors facrifierfes resfentimens a Ia faine politique. li les avertit d'écarter 1'orage prêt k crêver fur leurs têtes. II leur confeil. Ja de chercher k calmer le courroux du K01 de France, parcequ'ils n'avaient au tour d'eux que des voifins, & même des alliés indifférens ou mal ratentionnés. L'Efpagne était fans for-  Alliance & la R&ubliqub 185 i ce, Ia Suede dans une fituation équïI voque, 1'Angleterre & la plupart des I Eleéteurs devoués k la France» II asü fura qu'ils pouvaient compter fur fafï| délité a remplir fes engagemens a leur i égard; mais il n'oublü de les avertir que le fecours d'un feul allié ferait toujours bien Jfaible pour les défendre contre une légion d'Enntmis puisfans. 11 finisfait, en les exhortant i ; retirer leurs garnifons des places qui lui appartenaient dansIepaysdeCleves. Cette derniere demande, toute juste qu'elle parait, renditfans doute les avis de FËlecteur fuipects aux Etats. Onfa| vait qu'il entretenait, depuis queique , tems, des négociations avec la France;on 1 craignit qu'il ne fe füt laisfé gagner i par elle, afin de recouvrer 1'entiere 1 posfesfion de fes domaines heréditaii res. Ses liaifons avec la maifon d'Oi range, 1'interêt qu'il avait pris a fes affaires, les querelles qu'il avait euesace fujet avec les Etats, enfin lerefusqu'il avait fait d'accéder a la triple - alliance, tous ces incidens ne pouvaient jnanquer de le rendre fufpect au par1 ti qui gouvernai*- alors la République. Ainfi les E'ats, après 1'avoir reoiercié de fes bons av» rtisfemens, lui répondirent qu'ils n'avait aucune raifon de irien appréheuder de la part de la France, que les préparatif de cette H 7 1669.  166g. les Etats toncoivént ies ïlarmes. Se Witt "Briev. 11. ' 107. 216. 25S. Ó-fas ƒ««. Lett, ie Temple 2.2 Mmemb. i85 Orages contre la. Triple ' couronne paraisfaient avoir une autre deftinatton & qu'ils n'avaieht aucun dinerend férieux avec leurs voifins. Quoique les Etats fe trompasfeHt, en fe défiant, dans cette occafion, de l'Ëlecteur; ils ne laisfaient pas d'avoir de bonnes informations fur la fituation 1 réelle des affaires. II eft vrai que De j Witt, en conférant avec d'Eftrades | ou Fomponé, paraisfait repofer !a confiance la plus grande dans la France; mus, on voit, dans fes lettres fecre-1 tes qu'il n'agisfait ainfi que par politique. On y voit qu'il entretenait depuis longtems, des correspondances ! fecretes en France & en Angleterre. II avait fefprit trop pénétrant pourne pas tirer des inductions de la froideur qu'il remarquait dans le Chevalier Tefcrple a 1'égard de la triple-alliance; & le Chevalier lui-même était d'un caractere trop franc & devait montrer trop de zéle pour cette Alliance, qu'il fegardait comme fon otrvrage, pour pouvoir disfimuler ce qu'il penfait a cet égard. En un met la ligue conclue entre la France & 1'Angieterre était fi peu fecrete, qu'on difait hautement a la Haye, que le plus brülant des ministères Anglais n'avait duré que neuf mois. Les Etats fcntirent toute la gran^deur dü péril auquel ils étaient expo  Alliance & la RéeUBLioUE 187 .Tés. A la follicitation de De Witt ils Lcrurent devoir envoyer de nouveaux Ambasfadeurs dans les cours les plus fufpectes; foit pour mieux pénetrer leurs .vues, foit pour s'asfurer de leur amitié. S Comme une partie de Porage avait paru fe former du cöté de PiSmpire , ils avaient envoyé Gerard Hamel Bruininks a la cour de Vienne. Pierre |de Groot rappellé depuis peu de fon Ambasfade en Suede, venait, a fon retour, de prendre posfesfion de la charge de Penfionaire de Rotterdam, ja la quelie on 1'avait nommé pendant Bon abfence, afin deréparer dans le Ifils la maniere violente dont le ypere avait été dépouillé de cette diignité. Pierre de Groot ou Grotius avait |des talens fupérieurs pour la négociaföpn. ün crut que perfonne ne ferait [plus propre a i'ambasfade de France, teays oü il avait été élevé» Conrad jyan Beuning, ancien Bouiguemaitre '4'Amllerdam fut envoyé en Angleterre & jerome de BeverninkenEfpagae. ! Comme le Roi de France était ceij'ui, dont ie resfentiment était le plus 'redoutable, on commenca par chericher a Pappaifer, en fkcrant fa vani té par des marqués éclatantes d'lionjpeur. Pendant qu'il vifitait fes derjftierés cónquêtes des Pays-bas, lë iiSeigneur de Wasfenaar vint, avec le 1669Ï PréeaatamS des Etats envers le Roi de France. frécnutiofi des Era's»  i83 Orages contre la Tripl» 1669. tnfe?iiorf Lh. XI. Hafnage. 102. Wagen. 33. 4*&- Rappel du Chevalier Temple.. ï-cfaage. II I«7. I IC. III. , lettr, ie Tem1' '9' ai. Seft. Mime, titre d'Ambasfadeur-Extraordinaire,lecomplimenter au nom!desEtats,&Fas~ furer de leur inclination a conferver fon amitié & lui fouhaiter debrillans fuccès. Wasfenaar s'en revint, aprèsavo;r été comblé de politesfes;. mais Groiius fut a peine arrivé a Paris, qu'il ne tarda pas a pénétrer qu'on y> était mal difpofé pour les Etats. Mr. De Lionne ne lui cacha pas combien on était mécontent qu'ils voulusfent s'oppofer aux juftes prétentions dutloi fur les Pays-bas. La maniere violente & précipitée dont Louis XIV s'emparait alors de la Lorraine fans aucun droit ni provocation, montraitaux Etats tout ce qu'ils avaient a craindre d'un Ennemi fi puisfant & fi hardi. Mais rien ne fervit plusa ouvrir les yeux des Etats & du Grand Penfionaire, que le rappel fubit du Cheva-lier Temple. On 1'avait confervé jufqu'alors dans fon eroploi, afin quefafincérité naturelle inlpirat plus de coufi»* ance. Mais on s'était bien gardé de • [ui communiquer les fecrets du Cabiriet. La. probité de ce miniftre était [i bien établie, qu'on fe croyaitfürde l'Angleterre, tant qu'il refterait en Hollande. - Dans le« alarmes caufées par les derniers bruits, il n'avait pas  Alliance & la RépusLiQUE 189 caché fes propres foupeons, au fujet~ du maintien de la triple-ailiaace. il avait rasfuré De Witt qu'il ne prêterait jamais fon ministère a Je pareilles mefures. II en dit asfez pour faire entrevoir les caufes de fon rappel. 1 Ausfi De Witt ne manqua pas de faire repréfenter a la cour de Londres qu'il regarderait 1'abfence du Chevalier comme une déciaration d'un changement de fyftême. C'eft ainfi qu'un limple fujet,chargé d'affaires politiques, s'était, par fes talens &fesvertus, acquis plus de confiance des nationsvoifines, que fon propreRoi: Ausfi Charles IL qui n'était pas encore prêt a roropre, crut devoir ufer de queique disfimulation. Pour faire croire que 1'abfence du Chevalier n'était que momentanée, il voulut que fon Epoufe & fa familie reftaslent k la Haye. Perfonne ne fut nommé k fa place. C'eft ainfi que la rufe elt obligée, pour s'envelopper, de recourir k des manéges indignes, qui révoltent les cceurs droits , & fenfibies. . Les ütats ne pouvaient plus doutei du péril qui lesmenacait. Ils n'avaient, pour 1'écarter, que trois moyens, également faibles & précaires. C'était om d'appaifer le courroux de Louis XIV par des geste extraordiaaires, oude 16.6% IncertitudfS des Etats»  '1669. IBifputes > fnttetiens | au ftjet d Prince d'0 rang». I90 OftAGES CONTRE LA TftiPLE foulever une ligue puisfante contre ce Monarque ambitieux, ou de mettre leurs forces militaires dans un état a pouvoir répousfer les attaques des armées les plus formidables. Le premier moyen pouvait eompromettre 1'honneur & les intéréts de 1'Etat, le fecond n'était gueres praticable dans un tems oü toutes les cours,- infenfibles au danger qui menaeait l'Europe, s'étaient déja presque toutes laisfées gagner par Louis XIV. Le troifieme moyen devenait presque inutile; fi l'on ne faifait échouer les desfeins d'une legion d'Ennemis puisfans, qui pouvaient attaquer la République de tous les cötés, par mer & par terre , avec des forces fi redoutables qu'il était moralement impo.dible qu'uu Etat ausfi petitpürleur tenir tête. Ün avait bien pris des précauttons jfoit pour fe procurer des alliés, foit > pour'ménager un accomodèrnënt'avecla France: mais, cornme on était fort éloigné de pouvoir en' efpérer'd'heureux fuccès, il devenait d'une politique mdifpenfable de prendre d'autres précau-, tions, pour fe^ mettre en état de fe défendre foi-mêmei au cas qu'on ne püt compter fur des fecours étrangers. Mais, dans ün tems oü 1'é alage des grands préparatifs aurait pu intimider les puisfances mal -intentioonées ou  Alliance & la RéPUBLioUE igt ou foutenir queique tems des attaques [fubftes, jüfqp'è ceque l'Europe réveil-' Sée par ion propre danger, de fa létargie. eüt vöïé a la défenfe d*un Etat dont la ruine eüt détruit Téquilibre gdnéral; le peu d'Union qui regnait rdans le pays- empêcha qu'on ne prit ces Ihges meftires. Avant de penfer a fcélever les forces de terre de 1'Etat, on convénait généralement qu'il fallait s'accorder lür le choix d'un Capitaine Général & fur le dégré d'autorité qu'ön accorderait au Prince d'Orange. lia Hollande ne pardsfait pas inclméè | rexchire entierement des dignités. .Amfterdam furtout paraisfait, depuis queique tems, prendre fingulierernént ï cce'ur les intéréts du Prince. Mr. van Beuning, Bourguemaïtre de cetie ville était ala tête de ce parti, LI ne fe contentait pas de demandef la prompte admisfion du Prince dans fe Confeil d'Etat; ma;s la viilepiquée d'avofr- esfuyé un refus, ofa, dit- on •(/") afpirer a fe tirer de pa;r d'avec "ies autres villes de Hollande. Elle pi-êténdit qu'on ? devait lui accorder d ms la Province une influence analogtie au contingent qu'elle verfaitdans ié tréfor pubfic. On fent bien qu'une prétention ausfi extraordinaire ne dut pas être fort accueillie; mais les dé* putés de cette ville, slmaginaat alors SB/ft Merti [669. p. :z. 3°. [J70, ilf (*) Letti de Temple Arltngtm 24 Demnjfj 166$,  19% 0&A-3ES CO-STR.E-.LA. TaïPLii que Mr. Da Witt était leur plas grand aiverfaire dans cette J;nun.is, propofereat h créuiou d'.uae charge de fecretaire d'Etat pour les atnires étrangeres. Ils alléguaieat povrrraif ia que Mr. De Witt était asfez occupé des aïaires intérieures qui demmdaient un homne tout entier & qu'il fuccotnberait fous le poids de ce doublé fardeau, s'il n'était foulagé. Les adverfaires de ce projet com meneer ent par le rendre fufpect, en infinuant que van Beuning n'avait imaginé 1'idée de de cette nouvelle charge, que dansU vue de la remplir. De Witt, affectant Ie plus grand défintéresfemmt, eut la politique de laisfer agiter cette queftion, fans paraitre y prendre aucune part.Cette moderation apparante ou réelle joint aci zele de fes amis fit échouer le projet devanBeun'mg.De Wittvitfon crédit s'affermir de plus en plus. La Hollande tira même avantage dé ces incidens pour lés desfeins. Comme le danger qui menacait 1'Etat, faifait demander, avec une nouvelle ardeur, 1'avancejaient du Prince, elle fit entendre, que defirant entrainer toutes les autres Provinces dans cette démarche, elle s'oppofei ait a ce que le Prince d'Orange fut nommé Capitaiue- Général ni msme admis daas le Confeil d'Etat, jufqu'a ce que  lALLI-ANCE & LA RlHJBLïQÜE T93 les autres Provinces eusfent également ftatué que cette charge refttraïta jamais ' féparée de celle du Stathouder. Les proivinces de Zéelande deFrife & deGronmrgué, voyant alors 1'imposübilitè devain-i ere une Province, fi puis lante & par elleitnême & paree qu'elle était foutenue de trois autres, jugerent qu'il était tems de 3 ife rendre. Files petferent quenluii louvrant a ce prix, 1 entrée du Lonifeil d'Etat, cette première faveur pour-; i rait lui fervir dans la fuite de marche pour monter plushaut. Cette accc fion de toutes les Provinces au même plan fut appellée harmonie. Mais il ne fuffifait pas d'avoir ouvert Fentrée du Confeil d'E'at au jeune Prince; il fallait encore s'accorder fur la place lou'il devait cecuper & fur lefuffrage \%A lui letait accordé. Ces tiois coints cauferent des débatsd'autant plus Ivifs qu'il fallait respecter 1'autorité de [f 1'Ftat qui ne 1'avait encore admis 4 au1 cune dignité , fans blesfer les égards Üdüd & un Prince, fi diftingué par léIclat & les fervices de fes ayeux. L arIticle de la maniere dent le Prince fié- I eerait cauia furtout une grande cuihculté. Les Députés de Frife exigeaient II que la chaife qu'il occupcrait,, füt au aetfous du Prince de JNasfau, leur 3 Stathouder qui par & charge, était 1669. 'mple ,tti. 27. day. Ml. Refol. S Men,  ï 669. Zele de Ia Ville d'Aa fterdam pour le Prince. Amft. gcfchicdcms.tiv. XVII ~Wagen. XIII. +30 3ce. Ï94 ORfVClËS gontre la TrIPLB au desfus du Prince d'Orange, auquel 'on fermait toutes les avenues d'un; fembbble dignité. Ces railons prévaiutent; la cha^fe du Prince fur rnïfe au desfous de celle du Stathouder de Fnfe; Enfin comme le Prince d'O-range n'avait aucun droit a la préfiden-ce , on ne crut pas qu'on put lui accorder un fauteuil oü avaient fié^é' Leicester. &ceux q i avaient été Stathouder ce cinq ou fix Provinces; on jugea qu'il. devait fe contenter d'une cnaife garnie de velours;" mais,pour lui donner queique diflinction fur les autres membres,- cette chaife futplacée du menie cöté de la tabie oü était celle-du Préfident- &.par'lè au desfusiaes Députés 'des,'Provinces. On déhoera enfuite s'il aurait voix délibér.tive oudérifive. Ce point occafiorna des débats, d'autant plus long? que plufieurs craigcaient de trop aü&menter le pouvoir du Stathouder, ea lui aceoraant un fufFrage déc'fiS Cet article^ parut d'une importance ' afiez grande, pour être porté a la GénéraIjté. Amfterdam ;en cette occaiion, ! s mterpofa fortement en faveur du Prince; elle paryint enfin a décider les ar.. * tres membres en .fa faveur. Cette ville fit encore,éclater fon.zele pour e menie Pnnce ; lorsqu'il fut question de la penfion qu'on" lui affigne-  I Alliance & la RéPüBLiQUE 195 Irait pour foutenir la dignité dont il Ivenait d'être revêtu. On penfe que' |l'opinion aes Etats-Généraux était de llui faire préfent de cinquante mille flo- rins; mais la Hollande ne voulantdon| ner fon confentement que pour vingtjicinq mille florins, la ville d'Amfterjdam opina pour trente fix mille. Ainfi cette ville puisfante donnaiti a.la Hollande- le mouvement que cet-t j te Province communiquait a toutes les'( autres; feroblables a ces globes celes-, fltes qui tracent a des fpheres inférieu-f ires, lc cercle qu'elles doivent décri-1 re autour d'eux. Van Beuning était 1 toujours a la tête de cette ville; et, ffoit jaloufie foit crainte de 1'autorité' I de De Witt, on infinuait malicieufeIment qu'elle devenait dangereufe a la i liberté. On fe plaignait qu'il attïrat a lui la conduite de toutes les affaires. | Ceux, furtout, qui n'étnent pas avanicés dans les charge, fe rangeaientdu Imême parti, fe plaïgnant qu'il cher1 chait a fe faire des créatures; pour I établir dans la République le fyftême [nouveau dont il était 1'auteur. Ses [partifans le difculpaient en asfurant [ qu'un honnête Regent peut & dok fe Jfervir de tous les moyens. légitimes. de [faire triompher le parti qu'il juge le [ plus avantageux a 1'Etat. On crut que lemeilleür moyen d'hu- 1669. lonteöl.? ions entre t ville 'Amlier-' tam & p'u» uurs autre nembres. Itfnage II. 13 - ilS. lart/fm. I. ■9«.  1.9Ö Orages contre la Triple milier ce parti, était de travailler a ravancernent du Prince d'Orange. Amfterdam fe vit bientöt appuyée par Haarlem. Mr. Fagel, PenGonaire de cette derniere ville, donna, dans cette occafion, les premières marqués de fon attachement a la maifon d'Orange. Il ne fe borna pas k rappeller les Jërvices qu'elle avait rendus a la République. II infifta, particulierement, fur la part qu'elle devait prendre a 1'interêt d'un Etat oü elle posfedait defi grands biens, & fur la confideration qu'elle pouvait lui procurer, en contractant des alliances illuftres avec les Princes étrangers. Grotius, Penfionaire de Rotterdam, qui fans doute ne pouvait oublier les malheurs de fon pere, refuta méthodiquement ces raifons. Pour être reconnaisfans, ditil, eft-on obligé de fe rendre Esclaves ? La gratitude authorife - t - elle ceux qui brifent les fprs d'un peuple & leur en jimpofer d'autres.? II peut y avoir de la magnanimité dans un particulier de s'expofer a des malheurs pour prouver fa fenfibibté. Mais les chefs des nations n'ont &ne doivent avoir d'autre loi que lebonheur des peuples Les anciens, nos maïtres dans la politique, avaient établi 1'oftracifme pour bannirtoutcioyen qui devenait dangereux par radmirauon ou lafeafi-  Alliance & la RéPUBLiQUE 197 k fenfibilité que les talens fublimes ou de brillans lervices excitenr dans 1'efprit des peuples. Lesgrandsbiens, loin d'être un motif d'attachement, ont paru fi dangereux; que les Frifons euxmêmes ont reftrdnt 1'éteüdue de ceux que leuss Stathouders pourraient acquérir dans la Province. Des alliani ces étrangeres fort plus dangereufes j qu'utiles. Les anciens Rataves les avaient fagnnent interdites a leurs ! chefs. Gmtius prit dela occafion de | montrer que, dans un Etat libre, ces I alliances etrangeres étaient plus dan1 gereufes que dans un pays, oü Ie. . thef jouisfant de toute la piénitudede la puisfance fouveraine, n'a d'autre mobile que Pinterét de 1'Etat ou 1'efprit d'ambition , toujours fupérieurs. aux liens du fang." Ce difcours fut beaucoup applaudi; mais i! ne fit aucun effer; parceque le parti contraire était de venu le plus fort. C'eft ainfi que le Prince entra dans le Confeil d'Etat. La modérat'on que De Witt fitéclater dans une affaire qu'il n'aurait pu empêcher, lui concilia 1'eftime & 1'admiration des deux partis. Le jeune Guillaumefuteni» : vré de joie. Dans le premier tranfportii ; fe livra aux plus belles efpérances. 'II ! afpira même a prendre féance dans j lasfemblée des Etats-Généraux. Mais ' cette prétention ambitieufe penfa. lui Tomé VIL f 107O; II J.  1670. gefcbied. £?«. 18. Dirpute fur réi^va tion du ïrince d'C range ala eharge ie Capitaine 198 Orages contre la Triple dcvenir fatale: non feuleröent la Hollande fit échouer cette demande, contre les fix autres Provinces, par fa courageufe oppofuion; les ardens Républicains en prirent même occafion de rendre fufpecte Pambition du jeune Prince. C'eft fans doute h 1'occafion de ces différends qu'il yeutun écl at violent entre les deputés d'Amfterdam d un coté 6c ceux de Rotterdara,de Delft & de Hoorn de I'autre. Les deputés de ces dermeres vdles fe répandirent en menaces. ,, Paree qu'Amfterdam, difaient-ils,furpasfe les autres villes en grandeur cc en puisfance, a-t-elle le droit de les gouverner k fon gré? On pourrait Bien encore envoyer des troupes, devant fes murailles pour la réduire. Les Régens d'Amfterdam furent mdignés de ces menaces injurieufes. lis demanderent une réparation éclatante d'honneur. Ils foutinrent que la ville n'avait jamais cherché a dommer fur les autres ; qu'elle s'était toujours fisnalée par la modération, la prudence & la douceur des mefures. Ce fut furtout au fujet de 1 éléva" tion du Prince d'Orange a la charge • de Capitaine-Général quelesdébats furent les plus longs ;& dans cette occafion même, la ville d'Amfterdatn fit encore éclater ie fyftême qu'elle  Alliance & la RéPUBLiQUB 199- 1 avait embrasfé, en faveur du Prin,sj] ce. Les nobles & quelques villes avaient propolé , s'il ne ferait pas k I propos de n'élire le Capitaine-Général, 1 quepourunan; & denedéfereracetéI gard qu'au confenternent unanime de tous les membres. Mais la ville d'Amfteri dam s'oppofa vivement k cette propo(fition, & ne voulut pas même qu'elle ffüt couchée dans les Régiftres de 1'Ëtat. Les adverfaires de la maifon d'Q|irange fe retrancherent alors fur la jeu» 1 nesiê du Prince, & foutinrent qu'il fallait attendre qu'il eik accompli les * vingt deux ans ftipulés. Enfuite on f ne difputa plus que fur le degré d'auto rité qu'on lui accorderair. Les Etats. de Holiande chereherent a convenir i d'un aitiele fur lequel ils n'étaientpaa 1 d'accord. lis propoferent s'il ne coni:Iviendrait pas d'abandonner, comme auiparavant, 1'adminiftration des affaires imiiitaires a des Confeiilers-députésde ) ïa Campagne, & de convenir avec toutes les Provinces d'une commisfion oü le pouvoir du Capitaine-Général ferait réglé. Les Confeillers-Committés de la Province s'étant occupés de cette : iimportante affaire, De Witt repréfen> ta dans leur asfemblée, le danger oik fe trouvait la République. „ Nous 'rfavons, encore, dilait-il, aucun ami au dehors; le pays eft d'une-étea- Hol!. ReJ,{* '4 Maj. "Stut P'st£ :u. s*.  üoo Orages contre la Triple 1670. d , ta t a ii n q a c P é d ' , c a . ■ ■ Ü t c e r c 1 i '] ! 1 *•> '1 I ieNpeu confidérable & accablé de nt d'impöts, que la feule part de la ollande moate , en tems de guerre, environ trente millions. 11 elt-done" aportant d'élire un! Capitaine - Gênéil qui foit agréable aux Provinces, ai puisfe les engager a contrtbuer .ix befoins publics, & donne de 1'éiat & de la confidération aux Trouss de 1'Etat. Le Prince d'Orange :ait fur la-point d'atteindre a fa vingt-. eukieme année. Peut-être en le hoifisfant, avant que cet age füt ccompli, gagnerait-on 1'Angleterre, ï feul état qui püt écarter la te/mpêe qui menacait d'écraser la Républiue. Ces obfervations ne firent aucun flët fur ceux de la ville de Dort. Ils. Epréfenterent qu'il ferait dangereux de léroger aux Réfolutions qui fixaient 'élection du Piince a'vingt deux ans ccomplis. Et comme on avait repréènté qu'il était dans Ia plus haute fazeur auprès des Eccléfiastiques ,• ils lemanderent ü cette faveur prccuait de 1'argent a 1'Etat & s'il convelait a la éignltë de la République de e régler fur 1'inclination des gens PEglife. On devait faire beaucoup Dour ménager PAngleterre; mais non jas jufqu'a fe rendre efclave. Comme 'ependant la plupart des membres ïn-linaient.en faveur du prince, on tra?  Alliance & la RéPUBLiQUE aoi vailla a dresfer 1'inftruction qui devail regler fon autorité. La ville d'Amfterdam, voulant montrer, qu'elle n'a vair pas agi par un zele aveugle poui 1-Ié Prince, deminda que 1'in truction 1 füt coneue en ter mes généraux quine I délignasfent point le Prince d'Orange; qu'entre deux partis extrêmes qui dij Jvifaient 1'Etat, 1'un pour le rejett^r : •& I'autre pour lui tout accorder, il y; avuit un milieu a prendre; celui de n'accorder ni trop ni trop peu. Enfin. : après bien des defcusfions,ksConfeillersJbommittés convinrentque le Capitaine•■ I Général ne pourrait être Stathouder d'au , curie province , qu'il nedonnerait aucune ■ loi, & ne conférerait aucune charge: qu'ii Ine déiivrerait aucune patente; Qu'il ne 1 ferait' fous le fe'ment. d'aucune puis| fance ét-rangere, a 1'exception de ceux exigés pour les Fiefs ou pour des oridre's de fimple honneur, comme celui al de la Jarretiere; Qu'il ne fe mêlerai'1 t ni de la religion, ni des finances , ni de 1'adminiftration, ni des difputes des Provinces & qu'il fuivrait les or'I dres des Confeillers Députés a 1'armée. On s'accorda facilement fur lesbornes auxqueiies on devait reftreindre 1 le pouvoir du Capitaine-Général:mais on ne pouvait convenir lur la durée de la charge. Les uns voulaiem qu'elle. füt pour.la vie,. les autres ls 3 167 dl te Prince d'Oian^e elt choifi Capitaine Général.  1671. IQfl ORAGES CONTRE LA TRIPLE ïxaient k une feule campagne. Les nobles & les villes de Haarlem, de Leide & d'Enkhuifen fe déclarerent Sur le premier fentiment ; Dort, elft, Rotterdam & Hoorn pour le recond. Les premiers foutenaient qu'un Capitaine-Général a vie exercerait fa charge avec plus de zele & de fidélité ; & qu'il ferait plus confidéré des foldats. ,,L'Edit perpétuel avait, ccntinuaient-ils, asfuré fuffifamment la liberté. L,es conditions mifes a 1'autorité du Général donneraient toujours le droit de le dépofer, au cas qu'il vint k les transgresfer: d'ailleurs parmi les Princes les conGdérationsd'interêtl'em« portaient toujours fur les liens du fang. Si le Prince avait befoin d'être renouvellé dans chaque campagne, on pouvait faifir 1'intervalle de fa fortie de fbnction, pour 1'élever au Stathouderat. 11 cbercherait toujours a prolonger la guerre , pour conferver plus longtems fa dignité." Ceux du parti différent alléguaient en faveur de leur fentiment les Réfoiutions de 1'Jb.tat. Un Général a vie difaient - ds, pour avoir occafion d'exercer fon autorité, voudra perpétuer la guerre, & s'oppofera constamment a la paix, toute avantageufe qu'elle puisfe être. 11 fe déclarera toujours pour les grandes armées, queique préjudice que leur raaintien caufe  ALLIANCS & LA RéPUBLIQUE S05 aux Finances de 1'Etat. Maitre des troupes, n'eft-il pas a craindre qu'il ne les fasfe fervir a fes deifeins contre le bien de la patrie P La ville d'Amfterdam , attentive a confrrver la réputation de prudence & a tenir le jufte millieu entre les deux extrêmes, opinait pour une élection perpétuelle, mais révocable au cas qu'on eüt des raifons. Qutlques- ups foutenaientque 1'élévation du Prince pourait influer fur les cours de Verfailles & de Londres. Boreel, Ambasfadeur en Angleterre, était dans cetie perfuafion. On asbire que la cour deFrance,convamcue de Pambition & des talens politiques du Prince airfi que de 1'attachement du peuple pour lui, crut de fa politique de favorifer fon elévation , qu'elle jugeait imposlible de tsaverfer. Au moins ne fit-elle rien pour fon avancement; elle jugeait fans doute, qu'il était de fon irtertt d'empêcher qu'aucun des deux partis quidivifaitlesProvinces, ne devint trop prépondérant; afin d'entretenir, par la dift orde intestine, la faibleüe de LRépublique. Quoiqu'il en foit,la querelle desEtats traina en longueur. On prétend que De Witt eut la politique de la prolonger, pour voir quelle impresfion la Réfolution des Etats au fujet du Prince d'Orange pourrait faire fur les cours de FraaI 4 d'E/traj.rr. IV. 24J. V. 38c r8i.  Ï04 Orages contre la Triple] :e & d'Angleterre. Ce quieftcertain» :'ett que les délibérations trainerent jusqu'a ce quePoragefutprêtdetomberfur la patrie. Encore fallut-fi que les Etats Généraux envoyasfent une lettre trés presftnte aux Etats de Hollande,pour les engager a prendre une déciöon que le péril extréme de 1'Etat rendait nécesfaire- lis repréfenterent que 1'élé» vation du Prince d'Orange a la dignité de Capitaine - Général répandrait une joie unanime dans tous les efprits, ranimerait le zele destrou« pes & pourrait fervir a regagner la Grande-Bretagne. Toutes les provinces s'accordaïënt fur Putilité, fur la nécesfité même de cette Election; ilne s'agisfaic plus que d'un point de peu. d'iraportance; favoir fi cette élection ferait pour la vie oü pour une campagne. Six provinces opinaient pour le premier fentiment; on devaitd'autant plus les écouter qu'elles étaient les plus expofées a la première attaque des Ennemis. Mais les fioilandais resterent infiexibles. lis oppofaient conftamment a leurs adverfarres le dernier plan adopté fous le nom d'harmonie, pour que la pluralité ne füt pas décifive dans cette occafion. Ainfi les autres provinces & les Etats-Généraux furent obligés de fe conformer a 1'avis de la Hollande. Encore les Etats de Hollande ftipulerent que le  Alliance & la Répu-BLioUE 205 1 Prince n'entrerait en fonction; que lorfqu'il aurait vingt deux ans accomplis. ' Ils bornerent m5me fes appointernens a huit mille florins par mois; quoique, depuis la tcêve, les autres Capitaines- Généraux eusfent toujours touché cent vingt m'11e florins par an. Nous verrons, dans la fuite, leschangemens que, la fingularité des circonftarïces appo:ta dan* ces dispofitions. C'eft ce ! qu'un Député des Etats fut prélire d'une maniere frappante. II coupait, d'un air réveur & appliqué, du papier avec un canif, pendant qu'on dresfait l'inftruction fur du pvrchemin. A quoi p?nfez-vous lui dit un des autres Deputés? je. fonge , répondit. j il, que s'il eft fi facile de couper du papier avec m canif, le parcbeminne il tiendra gueres contre une épée". . Les difcofdes avaient des fuites d'autant plus funsftes, qu'elles a-rêtaient tous les prép ratifs des Etats dans un tems oü le dang r les rendait le plus nëcesfaires. Le Roi de France n'ofa.it les atta^uer, fubiteraent, fans aucune raifon apparente. Pour les f>reer a ufer de quelques repréfalles qui pusfent lui f >u nir des monfs de m 5cont-mtement contre eux, il eutracours a de " petits manéges, indignes d'un gr?nd Roi. II, défendit 1'imnortuiion de plufieurs nurchanuifes des 1 5 1671. Le Clerc. II. 264. Le Roi de France fait éclater fes mauvaitè* difpofi- tions con, tre les Etats. '  ao5 Orages contre la Triple Yalienier Vent. Ettnpa 1, Èylag. S. »■ O). (*) Ni», Ijift. dc HelUade Liv. 13. th. I. Waf.lt. xiix. a«i. 3ê2, Xran&t vie de De Jbitir. Provinces Unies dans fon royaume; on ies chargea d'impofitionsfifortes que le narchand ne pouva't plus y faire de srofit. Les Etats - Généraux commen:erent par recourir a la voie douce des rejréfentations; mais comme elles étaient nutiles, ils crurent devoir en ag'r de néme envers les Francais. Ils défeniirent 1'importadon des eaux-de-vie 5c de quelques étoffes de France; ils hausferent les droits de 50 pour ico fur d'autres oc mirent un impöt de 200 florins fur une quantité de fel qui n'en payait que cent. La Cour de France parut indignée de cette démarche: maisLouisXlV n'était pas faché(*) intérieurtment que les Etats multipliasfent les fujets qu'il croyait avoir de n'être pas content d'eux. Il ne cacha pas fon mécontentement a leur Ambasfadeur De Groot. On disait ouvertement a la cour qu'il ne convenait pas a cette petite République de provoquer un fi grand Roi. On ne cachait pas le mépris qu'on avait pour leurs forces de terre. Les Francais pousferent la préfomption & 1'orgueil au point de propofer aux Etats de céder une de leurs places aux Efpagnols, Ïourque ceux ci donnasfent Ipres a la 'rance. Enfin De Groot, ayant decouvert le fecret de 1'alliance entre la France & 1'Angleterre, n'oublia rieo  Alliance & la RepüBLïQüE 207 pour reprefenter aux Etats Iagrandeu du danger au quel ils étaient ea pofés. Les Etats-Généraux, après avoi i tenté plufieurs moyens d'adoucir 1 monarque, crurent devoir recouri k un efFort extraordinaire & pro | pre a ramener Louis XIV ou k s'as I furer de fes mauvaifes difpofitionj | La lettre qu'ils lui écrivirent el I datée du 10 Decembre 1671 1 mais elle ne fut préfentée que le du mois fuivant. Elle était pleined'es ; presfions, infpirées par la crainte &1 i| refpect. „ La bienveillance que les Roi précédens ,"difaient ils, „avaient mar quée pour leur Etat, les empêchai | de croire que fa Majefté vouïüt leu : faire la guerre. lis avaient beau examine leur conduite; ils n'y trouvaient rien qi püt leur avoir attiré fon resfentiment. 11 en apeilaient a la juftice qui briilait e 1 toutes les acüons. Ainfi fes prepara tifs ne pouvaient fitre dirigés contr une nation qui avait toujours obferv religieufement les traités. Au moin efperaient-ils qu'avant de lesattaquer fa Majefté leur ferait favoir les griel | qu'elle avait contre eux. lis finif I faient par offrir de lui donner toute les fansfactiors légitimes." L'Ambas faJeur de Groot ajouta, pour gagne le Roi, plufieurs autres ra>fons égale I 6 t Réponfe 9°. 191. arni de ba République & de la paix. 'Nous avons déja rapporté plufieurs traits, propres a faire connaitre le caractere de ce miniftre impétueux & turbulent. II n'était Venu, difait-il, qu'avec 1'intention la plus ardente de paciöer les difFérends , de mettre ds Veau dam le vin & non du vin dans Peau. II ajoutaita ces expresfionspeu nobles, que fon caract^re ne fympathifait pas avec les mefures violentes l & que ci-devant il avait toujours été obliaé de parler le langage dicté par fon miitre. Ce ton dóucereux ne dura pas longtems. Ce miniftre ne tarda pas a lignaler fon arrivée par des éclats violens. Avide julqu'a la rapacité, il fe plaignit d'abord que les •Etats n'eujfent pas dérogé en fa faveUr a la Réfolution qu'ils avaient prife de n'accorder déformais 1'exemptioa des impots ordinaires a aucun de; ministres d'un Etat qui ne 1'accordait pas aux miniftres de la Répubhque. 11 aftecta fur tout le ton impéneux , lorsqu'il demrmda fatisfaction fur 1'injure que l'on avait faite a un navire du Roi. II préterdait qu'on avait blesfé la fouveraincté de 1'Angleterre fur les mers & demandaitquel'Amiial van Ghent füt puni d'une maniere exemplaire. Comme il avait orare de ne faire que peu de féjour en Hollande,  Alliancë & la République 217 il prescrivit aux Etats un terme couri & déterminé pour lui répondre : maniere de négoeier fort impérieufe & qui n'eft gueres praticable dans un gouvernement compliqué oü la conftitution de la République rend les délnis inévitables, & furtout dans un tems oü les divifions étaient au plus haut point. Après bien des débats, De Witt repréfenta, dans les Etats de Hollande, qu'il convenait de disfiper les facheufes impresfions infpirées a la nation Anglaife qui ne s'imaginait pas que la guerre avait pour objet de plaire a la cour de France; mais de foutenir 1'ancien droit du pavillon. En conféquence il propofa d'offri'r au Roi d'Angleterre , au cas qu'il voulüt les dérèndre contre les projets de Louis XIV, la prérbgative k t< us vaisfeaux de Roi, de faire baisfer le pavillon, non feulement a des navires particuliers; mais encore a des flofes entieres. Et pour mieux gagner les Anglais, on aurait ftipulé que l'on n'accordait ce lalut que pour faire honneur a un fi grand Roi, fans que cette déference put tirer a conféquence contre la liberté de la navigation." Cetexpédient fut approuvé des Etats de Hollande. Le projet fut porté au ChevalierDowning; mais il refufa de l'accepter, fous prétexte que cette réponfe venait Vie de De Rrdter. 7S0. Negnciaavec 1'AnJ gleterre, au fujet de propc-fitions adroiH tes. farces par De , Witt.  f1673. Wagenaar xin +76, 477* 47S>« Zïtqne. ■Bafagc II .f91. 152; 2l8 ÜRAGES CONTRE LA TR IPLE trop tard- Les Etats envoyerent euxmêmes cette répcnfe a Londres & Ia firent préfenter par leur Ambasfadeur: mais la cour trouva qu'elle était concue en termes équivoques &c?.ptieux. Les Etats avaient alors pour Ambasfadeur a Londres, le Sieur Boreel, homme doux & plein de probité, mais trop fimple pour pénétrer lesintrigues mifterieufes de la politique. Il ne cesfait d'écrire qu'on n'avait rien a craindre du Roi d'Angleterre. Les Etats, mieux informés, crurent que 1'importance des chofes exigeait de plus habiles négociateurs. Ils jetterent les yeux fur Mr. Meerman, ancien Bourguemaïtre de Leide & 1'envoyerent a Londres avec le titre d'AmbasfadeurExtraordinaire. Meerman alla trouver les miniftres Anglais & les pria de dresfer la Réponle dans les termes qu'ils jugeraient convenables: mais on lui répondit que ce n'était pas lafonction des miniftres Anglais de dresfer des actes pour les Hollandais. L'Ambasfadeur leur apporta la rédaction • d'un article, pour leur demander s'ils en étaient contens Ils répondirent qu'jls ne pouvaient s'expliquer fi Partiele n'é« tait figné. L'Ambasfadeur fe détermina de le figner a touthlzard; & comme il demandait une conférence nouvelle, on jugea pouvoir lui asfigner  Alliance & la RépusLiQUB 119 une certaine heure. Mais lorfqu'il fë préfenta a 1'heure indiquée, on lui I dit que le tems des négociations était pasfé. Les Anglais, manquant de : raifons, prenaient pour prétexte de leur mécontentement, la nécesfité de tirer une vengeance éclatante de 1'affront fait a leur pavillon & la maniere injurieufe dont le Roi était traité dans des médailles, des tableaux & des li: vres. Les Hollandais furent longtems fans fcavoir fur quoi pouvaient être fbndés ces reproches. Dans un Pays qui fortait a peine de deux guerres i longues & fanglantes avec les Anglais rjjoü la presfe & toutes les autres inventions qui tiennent aux beaux-art» jouisfaient de la liberté nécesfaire & ileur perfectibilité, il était bien difn: culté de découvrir ce que des partiiiculiers pouvaient avoir écrit contre ,5j des Ennemis 4 peine réconcdiés. Céui tait le comble de 1'injuftice d'en jetter le blame fur lefouverain. Après bien des perquifitions, on découvrit que lesAn • glais voulaient parler d'une certaine médaille oü 1'affaire de Chatam était repréfentée d'une maniere glorieufe pour les Hollandais , devant lefquels on ;voyait les Anglais dans 1'abbatement & la Gonfternation de la défaite. II y 'avait encore fur le même événement un Tableau dans .'Hotel de ville de 1672.  i f572. i TROISIEME 220 ORAGES CONTRE £a TRÏïLE " Dort, oü Comeille de Witt, frere du Grand-Penilonaire qui avait eu tant de part a ce glorieux explojt, était répréfenté' couronné par la victoire. On voyait dans le fond des vaisfeaux pris & brülés. Enfin on foupconna que les ouvrages dont le Roi Charles fe plaignait, pouvaient être unlivreintitulé, Belgium Gloriojum,^x Jean Lydius , Miniftre de Dort, ou quelques poefies hollandaifes du fameux Vonlel. Le Roi fe plaignait furtout qu'on infultait è fa perfonne., en expol'ant a la curiofité du peuple, un nrvire qui portait fon mm & que les Hollandais r-' vaient pris dans la derniere guerre. Les Etats pour öter tout prétexte aux Anglais, firent brifer le coin delamédaiile, difparaïtre le tableau de la falie & commencaient même apromettre de faire punir le Vice - Amiral ran Ghent. Mais, pendant qu'ils fe Elatt-aient encore de vaines efpérances; Darcequ'ils n'éfaient pas en état de 'aire la guerre, la rupture commenca le la part des Anglais même qu'ils ivaient efpéré de gagner.  INVASION DES FRANCAIS 221 Troizieme Epoque. PREMIÈRE GUERRE avec lei FRANCAIS. TROISIEME avec les ANGLAIS. INVASION des FR ANC AIS, & dei ANGLAIS. "jT^ e fil de 1'histoire nous conduit enfin au développement de la guerre la plus terrible & la plus dangereufe que la République ait encore eu a foutenir. Après être parvenue au plus haul point de puisfance; après avoir été 1'appuy de l'Efpagne& la balance de l'Europe , après s'être attribué, non fans raifon; la gloire de réconcilier lesRois&depa cifier 1'Univers, elle eft furie point-d'être anéantie, fans trouver aucun moyet pour fe défendre. Trois Provinces torn bent au pouvoir des Ennemis, le; autres font entamées ou balancent pou fe rendre & n'en font pas moins ei proie aux plus cruelles divifions. Le; Edits éternels font abolis, le Princ qui les a jurés, eft difpenfé de fon fer ment: le Stathouderat renaït de fe cendres avec plus de vigueur & d'au torité que jamais : le peuple le plu doux de la terre eft réduit par 1'excè du défespoir , b des barbaries don la nation n'a pas encore effacé la flé Terne VIL K Etat de la RepabtiCjBe, l r i i l t  1672^ «SalNVASlON DES FRANCAIS trisfure. On verra les alliés de la République , rompre les traités les plus folemnels pour lui faire la guerre» les Etats voifins intéresfés a fa détente prêter leur fecours pour renverfer le boulevard qui les empêchait d'être engloutis & ceux que la nécesüté forcait a fe déclarer pour elle, réduitspar la trahifon & la corruption, k demeurer fpectateurs oiflfs. Les Provinces-Unies avaient foutenu la guerre avec 1'Efpagne pendant un grand nombre d'années; parcequ elles avaient a la fois ou tour a tour la France & 1'Angleterre de leur cöté ; & que les Princes d'Allemagne, ou les favorisfaient ou n'étaient pas en état de leur caufer du dominage. Mais elles furent attaquées fur terre & fur mer, par la France & 1'Angleterre, les deux Etats les plus puislans qu'il y eüt alors en Europe, asfiftés de deux Princes d'Allemagne. Les forces de mer fe trouvaient dans un état affez refpectable; mais elles n'avaient que de faibles défenfes fur terre. Les places frontieres étaient mal entretenues; les armées étaient fans difciplkie. Les mtilleurs Officiers, mécontens d'un fervice ingrat, avaient été prendre fervice en France. Une longue application aux occupations cafanieres du commerce avait engourdi  & des Anglais &c. 253 Tanden courage de la nation. Elle ïnettait toute fa confiance dans des ar- I méés mercenaires. Encore ces armées : •étaient peu nombreufes, k caufe des réductions confidérables que ï'efpritde I parcimonie républicaine y avait occa- 1 fionnées. Le parti des Anti-ötathouderiens devenu dominant, avait peu a pen congédié les vieux officiers atta- 1 chés a la maifon d'Orange- lis avaient été remplacés par de jeunes Gens fans * expérience, & fans autre mérite que d'appartenir par le fang aux families qui favorifaient le partj dominant. Ces nouveaux officiers, fe repofant fur la faveur, ne s'appliquaient aucunement aux foncti«ns militaires; les uns fe faifaient remplacer par des fubftituts, d'autres négligeaient de tenir les regimens complets, pour augmenter leur falaire. Les troupes Anglaifes avaient été congédiées dans les dernieres guerres avec cette nation; & 1'invafion de Louis XIV dans les Pays-bas avait occatoi fionné la casfation des Régimens Fran- i^cais. C'étaient les troupes de ces deux nations qui, par une rivalité i i nationale, avaient eu la principale part k la gloire & au fuccès des guerres I précédentes. La République, ayant, pour écar-, "1 ter ces dangers, tenté vainement de li fe faire des alliés capables de la déK a . 167a. Mem, de Temple, Mem, de Gtmvülei ~&4n*ie thi Politicil» Ie De rViCfc  144. InvAsiok des Francais fendre, n'avait d'autre resfource que -de développer toutes fes forces pour tenir quelqfue tems, fes ennemis en échec; jufqua cequelacrainte du datiger r appellat l'Europe de fa 1'hétargie. Dn dit que De Witt ce grand ministre perdit alors la République par trop de raifon. On dit que trop abftrait dans fes principes par 1'étude de la géometrie, il ne voulut juger du cours des affaires que par les vrais intéréts de ceux avec lesquels il avait a traiter, Une union entre la France & 1'Angleterre lui paraisfait trop oppofée aux intéréts de ce dernier royaume: il ne fit pas asfez d'attention que les grands intéréts font fouvent méconnus & encore plus fouvent facrifiés aux petites pasfions. II perdit de vuë la puérilité des motifs des actions des Rois, les minces caufes des grands événemens, & les petits goüts des petites ames qui prétendent gouverner les grandes. On prétend que ces fausfes vues lui firent négliger la défenfe de la République. Ce qui eft certain, c'eft que les forces de mer fe trouvaient alors dans 1'état le plus refpectable. De Witt en avait toujours eu un foin particulier. Les deux dernieres guerres avec 1'Angleterre avaient foutenu la valeur &perfectioné les talens militaires des marin#. De Ruiter, le plus grand officier  & dis Anglais &c. 22$ ■ de mer de fon tems, était étroitement attaché au parti des ardens Républicains. Ausfi De Witt prit tous les foins posfibles pour accélerer 1'équipement d'une flotteformidable. Son projet était de commencer par frapper un grand coup fur mer; pour relever ie courage chancelant des Etats. I] fcmble avoir eu alors une violente animofité contre les Anglais. Il brülait de fe vanger de leur conduite perfide &funefte. I! ne pouvait leur pardonner d'avoir fait perdre a la République 1'alliance de la France, pour fe joindre enfuite a la France contre la République, Teis étaient 1'état & les efpérances des provinces-Unies; lorsqueles Francais commencerent a faire marcher des troupes vers les pays de Cologne & de Munfter. Les Francais, fe hvrant plus que jamais k leur préfbmption naturelle, célébrerent d'avance la conquête qu'ils allaient faire. Ils frapperent une médaille dont le corps était un foleil qui pompait les vapeurs d'un marais avec cette légende, qui faifait allufion aux fecours que la France avait prêtés a la République naisfante: Evexi fcd difcutiam: je les ai élevées ; mais je les disfiperai. Le Roi de France eut cependant le foin de faire précéder 1'attaque par une déclaration de guerre. Le manifefte confervait un« 1672. Langde des Fn»« 9 ais.  aio" Invasïon des Francais 1672. certaine dignité, fi 1'on peut appliqueü ce nom a la violence & k rinjultice^ II ne fpécifiait aucun grief particulier» mais il difaitquela conduite des Etats a fon égard avait excité fajufte indignation. Il n'avait,difait-il, pu voir d'un ceil indifférent les bienfaits defesprédécesfeurs, payés de tant d'ingratitude: fort honneur exigeait qu'il en tirat une fatisfaction éclatante. II avait en conféquence jugé a propos de faire agir contre eux fes forces de terre cc de mer, & d'interdire tout commerce& communication de fes fujets avec les Provinces-Unies, Mais il avait; dans 1'efcorte qui le fuivait un argument plus puisfant & plus décifif. Tout ce que les efforts de 1'ambition & de la prudence humaine peuvent préparer pour détruire une nation» Louis XIV 1'avait fait. II n'y a» pas chtz les hommes d'exemples d'une petite entreprife, formée avec des préparatifs plus formidables. De tous. les conquérans qui ont envahi une partie du monde , aucun n'avait con mencé les conquêtes avec autant de troupes réglées & autant d'ar-gent que Louis en employa pour fub» juguer le petit territoire des ProvincesUnies. L'armée qu'il faifait marcher était d'environ vingt mille hommes,& trente vaisfeaux de cinquante pieces. de canon devaient aller fe joindre a la  & des Anglais &c. aa? flotte Anglaife; 1'Electeur de Cologne & 1'Evêque de Munfter étaient prêts a le feconder avec vingt mille hommes: Pordre, 1'économie & le génie de Colbert, avaient trouvé par le produit net des resfources fiscales d'un grand royaume , une mine inépuifable pour faciliter les projets de 1'ambition militaire du Roi. Les Généraux de fes armées étaient Condé & Turenne, fécondés deLuxernbourg.de Crequi, & des meilleurs Officiers de ce tems li. Les troupes, foumifes a la plus exacte difcipline & orgueilleufes d'être commandéespar des chefs d'une fi grande réptuation, nevoyaient rien qui put leur réfifter. Le monarque , cnvironné de k pius brijlante noblesfe, les encourageait encore par fon attention a recompenfer les belles actions &, ce qu'on eftimait encore plus, par 1'efpérance d'obtenir fon fuffrage. Les fatigues de la guerre n'avaient rien changé dans les amufemens ordinaires d'une cour brillante. Le génie d'une nation galante & belliqueufe ne fe déploya jamais avec plus d'éclat. Le Roi d'Angleterre , ne pouvant briller fur le même théatre, refolutde fe iignaler le premier. Avant d'avoir publié aucune déclaration de guerre, il fit attaquer les Etats fur mer. Tirant habilement parti du caK 4 167^.' Les Arrglnis atrïq'ent la Fin-te de Smirne avant, la décliiratioitr  1672. H are Yïe ie Ratir, üSINvAsion Dts Francais ractere de la nation, accoutuméeacom'meneer les hoftilifés fans déclaration préliminaire, il eut recours au Chevalier Robert Holmès qui lui avait rendu le même fervice dans la derniere guerre. Holmès mit a la voile au 1 commencement du mois de Mars avec neuf fregates & trois Yachts ,• pour aller au devant des noties hollandaifes ' attendues de Smirne ou des ports d'Efpagne & de Portugal. Ces flottes devaient former le nombre d'aumoins foixante & dix voiles & yalaient enviion un million & demi fterüngs. Holmès hrülait de fe ren- j dre maitre d'un fi riche butin. II rencontra en fon chtmin le Capitaine Sprague qui revenait de la Mediterra- I née avec quelques vaisfeaux' de guerre, !& qui lui défigna oü pouvait fetrouver la flotte hollandaife de Smirne, a \ Ja quelle il venait de parler. Il eft certain que fi le chevalier Robert Molrhès eüt découvert fes ordres ï Sprague & 1'eQt engagé a le fuivre, c'en était fait de la flotte Hollandaife. Mais 1'avidité du Butin 1'aveugla : il voulut le partager tout feul ; & fans rien dire a fon compatriote, il alla chercher les Hollandais. il découvrit leur flotte le 23Mars,protégéeparcinqvais- I feaux de guerre, fous les ordres d'Adrien de Haaze. Pour enlever plus facile-  & dis Anglais &c. sa> i ment fa proié , il s'embarrasfa peu ' du choix desmoyens.Sous les apparences de 1'amitié, il fit inviter 1'Amiral van Nes qui commandait le convoi, de pasfer , familierement k fon bord. Mais les. Hollandais ayant' des raifons de fe défier, & commencant k fe mettre en ■ défenfe, Holmès fondit fur eux avec ]a plus grande impétuofité; mais il 'Urouva une réfiftance fi vigoureufe, i qu'il jugea k propos de fe retirer. Alyant, le lendemain, recu un renfort f de ^quatre vaisfeaux, il recommenca la bataille; mais il fut d'abord repousfé. ', Il revint une troifieme fois a la char« ge 1'après midi, & s'empara du i vaisfeau de Van Nès qui périt ea ii combattant vaillammentj mais le linavire était fi fort endommagé, Ïu'il ne tarda pas k couler a fond. ,es autres navires ne laisferent pas de fe battre avec tant de courage que ; Holmès neputfe procurer d'autre avan« i tage que la prife de trois ou quatre vais- ■ feaux marchands.Tous les autres navires de guerre ou marchands, qui s'étaient i également diftingués dans ce combat, t continuerent leur route & rentrerent i! dans leurs ports. La nouvelle de ceta te attaque perfide, avant que le fignal J de la guerre eüt été donné, caufa une indignation générale. Elle fut d'aui tant plus bOflteufe pour les Anglaii, K 5 1672.  ï6j2. Jrianifeite ia Roi i 'Angleter, 3 i I 3 J 430 In v As ion des Francais qu'elle manqua de fuccès. Le Minis-tere de Londres n'ofa la juftifier ouvertement. U voulut faire pasfer cette action pour une firnple rencontre occafionnée par la difpute du Pavillon. Mais la. fausfeté de ce prétexte était fi connue que Holmès n'eut pas le front d'infifter fur cette apologie. Le Roi d'Angleterre, pour fe réconcilier les efprits, affecta de relacher plufieurs des vaisfeaux Hollandais qu'il avait fait arrêtter dans les ports. II crut alors qu'il était tems de donner queique couleur i\ fa conduite. It fit ausfi publier un manifefre. Mais il était. bien différent de celui du Roi ie France qui femblait dédaigner de rendre compte de fa conduite a 1'univers.. Il était plus circonftancié, fana doute parcequ'un peuple libre veut itre inftruit;. mais il n'en était que plus mauvais, paree que Ie defautde Küfons le förcait de recourir è des prétextes faux, frivoles, ou pueriles. Charles y difait que depuis fon £tablisfement, il avait fait paraitre lans. toutes fes actions le plus grand Ele pour le repos de Ia Chrétienté Sc s'était abftenu religieulement de aen entreprendre fur les Etats- d'au> ruy». Quoiqu'il eüt. continuait - il , tokxvé: fcrupuleuXerjjent- i'aUiancf.--  & des Anglais &c. 23-f faite avec eux, ils n'avaient pas lajsfé de le forcer a upe rupture en 16Ó5, Depuis la paix de Breda, ils avaient continuellement tenté d'éluder 1'obfervation des tiaités & des Reglemens; & n'avaient jamais voulu fe prêter a terminer les dffférends fur les établisfemens reciproques dans les deux Indes. Ils avaient pousfé la mauvaife foi jufqu'k retenir plufieurs Anglais établïs i Surinam. Ils ne s'étaientpas contenté d'óutrager les fujets du Roi; ils avaient porté leur audace jusque fur la Majefté Royale. II n'y avait presque point de villes dans leur pays qui ne füt remplie de fatyresvéhementes, de peintures injurieufes ou de médailles infolentes. Ils avaient , 1'été dernier, violé le droit du PavilJion, une des plus anciennes & des plus inconteftables prérogatives du Roi d'Angleterre On avait porté 1'infolence jufqu'a réprefenter dans des cours de la Chrétienté que cette prétention était ridicule. On pousfait 1'ingratitude jufqu'k leur contefter le domaine des mers,- quoiqu'autrefois on fe füt eftimé fort heureux d'obtenir des Ro*is d'Angleterre, la p°rmisfion'depêcher, moyennant un certain tribut. Au lieu de lui donner queique fatisfaction,lei Etats -Généraux avaient taché de fo* K 6 8 167 2»  1(572. ; J i ] ] Motif»; fin.' juliers du »éconrente. ( nent des J Aoglaii. ■ 1 < J 1 \ ï S t32 Invasion ©es Francais ever le Roi de France contre 1'Angleterre. Enfin ils avaient voulu furprendre la religion de fon Amrasfadeur. en lui remettant un papier oü ils prornettaient de faire baisfer le pavillon^ a condition q:ie FAngleterre n'en tirerait aucune conféquence <~rntre le commerce & asöfeait !es Ëmgi contre la France. Leur Amfefcfadl^ Extraordinaire n'avait pas voülu offrir i'autres conditions., avant d'avoir recu les rnftfudtrpns de fes maitres. Ainfi Ie Hoi, désefperant de voir un bon fücSes de ces négociations s'était vu contraint de recourir aux armes. Enconequence il interdifait tout comm°rce ivec les Habitans des Provinces-Unies. -e qu'il y a de plus fingulier dans ce namffcfte, c'eft que le Roi finrsfait >ar déclarer qu'il voulait maintenir obfervation de laTriple Alliance & de la >aix d'Aix -Ia Chapelle. Plut-a Dieu qu'd eut été ausfi fa:ile aux Etats de fe défendre contre és efforts de leurs ennemis, que de éfuter les pretextes odieux ou frivoes contenus dans leur manifefte. C'eft e qu'ils firent Pannée fuivante, en attachant particulierement a celui des Lnglais, peuple libre qu'il importait ten plus d'inftruire qu'une nation oü i volonté royale eft la loi fuprême. il faut en croire une lettre particu-  Cc des Anglais &c 333 lïere du Rei qui fubfiite, il eft encore ufi autre fujet de fin méconrentetaEnt coatte les Htats. Les injures, dit-il, que ni'ont fa!t certaines' perfoones qui font k la tére du gouvernement 'dl'S Provinces-Unies nPont. forcé a faire caiife c-rrtryne avec Ie'Roi trés" ChrSiien. 1N< t' -'; feut o'-jk 'efl; d'hurnilier Porgue»1 irtoüiable de ia'fa:tion deLouveff n & dé couper pour tuujotrrs la racir.e a d'aaires injüres femblables." Les Ecivains/vendus au miniftere firent circuler en rriëme tems la calomnie &3 1'jrjure pour pré venir fa nation contre les Provinces-Unies." Il n'y avait, difaient-ils, jamais eu d'alliance entre 1'Angleterre & la Hollande. Les Provinces-Unies ne formaient pas une République légitime. Ce n'était qu'un azile de brigands & de pirates. Les deux nations étaient ennemies naturelles ; on ne pouvait jamais.fe réconcilier k un peuple ,., döminé par un gain fordide, toujours épris de 1'ambition d'imiter Pancienne Rome en s'asfujèttisfant toutes les nations,finon par les conquêtes, du moins par Pavantage du commerce; & fori grand objet était d'ecrafer les Anglais pour dominer fêule lur les mers. Dans cette lutte il fallait que 1'une ou I'autre nation périt. // fallait détruirc Caribage, 11 était permis de les attaquer. K 7 7».  434 Invasioï* dis Francais l6? «olebjy. fans déclaration de guerre, paree qu'il ne faut pas ufer de bonne-foi envers des perfides, Les Bataves avaient toujours trompé les hommes & les Dieux. lis avaient furtout trompé les Anglais. Ils avaient, dans la derniere guerre, commencé les hoftilités en attaquarit Holmès. De Ruiter avait enfuite, par la plus noire des perfidies, été piller k 1'improviste les établisfemens Anglais fur la cöte d'Afrique". C'eft an> ü qu'on preparait les Anglais par des écrits violens ou adroits, les unspour animer les etprits plus portés a fentir qu'a raifonner & les autres pour montrer k la nation les avantages qu'elle retirerait dans 1'afFaiblisfëment d'un Etat dont Ia rivalité arrêttait partout les progrès de fon commerce. Les Anglais animés par tous cesmo' tifs ? mirent en mer une flotte formidable. Les Etats qui fe fentaient fbrts fur cet élément, réfolurent de les prévenir. Leur flotte fortit aa commencement du mois de May, au nombre de quatre-vingt onze navires, tant vaisfeaux de guerre que frégates, outre cinquante a foixante Yachts & brülöts» Elle était commandée par le Vice-Amiral De Ruiter qui avait k fon bord le Ruwaard De Witt, Député des Etats fur la Flotte. Elle J^rraait trois> divifioas 3; coouaandées  & BES ANGÜAIS &e» »35T f«r De Ruiter, Bankert & deGhent. Elle s'avanca d'abord pour empêcher1 la jonction des forces navales de France avec celles d'Angleterre: mais inutitement; elle eut, cependant, le bonheur de s'emparer d'une Frégite de trente huit pieces de canon.. Elle découvrit la flotte combinée le 8juin,adahauteurde Solebay , port de mer entre Harwich Sc Yarmouth,compofées d'environ cent quarante fix vaisfeaux de guerre, dontil n'y avait que trente Francais, fous le commandement du Vice-Amiral d'Eftrées qui devint enfuite Maréchal de France.. Le Duc d'York commandait; en chef; mais ce Prince, foit confian ce dans fes forces , foit préfomption' dans fes talens maritimes, n'avait fait aucune difpofition pour combattre , lorsque Edouard Montaigu, comte de Sandwich , qui commandait 1'escadre bleue, vint l'avertir que les Ennemis approchaient. A cette nouvelle, chaque navire alla fe rendre a fon poste avec précipitation; de plufieurs d'entreux furent obligés de couper leurs cables pour être prêts. De Ruiter faifit cet inftant de désordre pour fondre fur la flotte Ennemie. Avec 1'avantage de. 1'ordre <& du vent il eüt remporté. de grands avantages ; fi Sandwich, confervant le plus grand ftng &oidt,au.rfljlieu4u daugex, xfeflt iateytge t% te de Dl tuitcr. 4?» 00. r-AU|,  S3<5 Invasion des Francais 3:672. ■ M Ml par une manoeuvre habile, fait forth? la flotte Je la Baye oü De Ruiter aurait pu la dérruire avec les brülótsi Le combat s'engagea i dèslors avec un égal achamement des-deux cotés. De Ruiter s'aittacha d'abord au --Duc d'Ybrk. Il l'attaqua fi rudement, les b'ordées furent fi vives de part éed'au* tre, que le Duc fut ooligé de remonter un autre navire (Sc n'ofa plus reparaitre devant De Ruiter. Le Capitaine Jean van- Brakel eraporté par lbn courage & pasfant fur les- ioix rigoureufes de la' difcipline militaire , fe fignala par un trait extraordinaire. II Ier v-ait dans la divifion oppofée al'Efcadre rouge; mais -ayant vu 1'occalion d'attaquer le vaisfeau du comte de ■Sandwich dans i'efcadre bleue, il s'écarta de fon rang. Il n'avait que foixante canons §ontre eens quatre & trois eens hommes contre mille, llcourut fur le navire Anglais; ilesfuyafon ièu, s'approcha, vint a bout de 1'accrocher; Ötlachant en même tems toutes fes bordées, il fit un carnageaffreux. II réduifit le navire Ennemi a un état fi terrible que le comte de Sandwich n'ofant pas fe rehdre a un fimple Capitaine fe noya en voulant fe fauver dans une chaloupe. Van Ghent, animé par un resfentiment particulier con* tre les Anglais, qui 1'avaient dèwaci  & des Anglais &c. S37 a une punition exemplaire, pour n'avoir pas baisfé le Pavillon devant un Yacht Royal , combattait 1'Efcadre bleue avec la plus grande impétuofité lorsqu'il fut atteint d'un boulet quile tua. Le Ruwaard De Witt fe tint pendant tout le combat fur le tillac. f rois de fes Gardes que 1'Etat lui avait donné, furent tués a fes cotés , fans que cet accident & le bruit des balles qui fiflaient k fes oreilles, parüsfent alterérfatranquillité- Trois jeunes gens des premières families d'Amfterdam, Gerard Hasfelaar , Conrad van Heemskerk & Jean Berg, fe fignalerent par leur valeur a la tête de plufieurs matelots qu'ils avaient enrolés fous eux, & le premier acheta fa gloire aux dépends de fa vie. De Ruiter avoua que de trente deux batailles oü il s'était trouvé, aucune n'avait été ausö fanglante, & terrible. Un officier Anglais, forcé de monter a fon bord , pour n'être pas abimé dans les flots avec fon navire, ne put s'empêcher de s'écrier: De Ruiter eft un Amiral, un Capitaine, un pilote, un matelot, un lbldat; enfirrce Héros eft tout k la fois. La bataille-, commencée dès les fept heures du matin, ne finit qu'avec la nuit; les deux nations s'attribuerent la victoire; fans qu'on fache, la quelle des deux comaienca 1678.  338TNVASI0N DES FRANCAIS 72. MeTurirs de defenTe nc gügees. la première a fe retirer. La pertefufr i\ peu prés égale des deux cötes. Les Anglais perdirent un plus grand nombre d'Officiers; puifque dix-buit de leurs capitaines furent tués. Il y eut des deux cotés quelques vaisfeaux brulés ou coulés k fond. Les Francais fouffrirent les moins ; car, quoiqu'ils eusfent été queique tems engagés avec Bankert, le Comte d'Eftrées s'était toujours tenu a une certaine diftance, foit qu'il eüt des ordres pour ménager fes vaisfeaux tandis que les Anglais & les Hollandais s'affaibliifaient par leur acharnement récipr oques; foit que les Francais n'euflent pas encore dans les cómbats de mer ce courage, & cette imrépidité quel'expérieiice&Pé" mulatios leur infpirerent dans. la finte. On ne peut disconvenir qu'il fut bien glorieüx pour les Hollandais d'avoir remporté queique avantage fur les flottes combinées de deux puisfarjtes natioris,; Ausfi les chefs du Gouvernement répandirent un recit porspeux de ce combat entierement a 1'ayantage dé la République.' Cette politique était- nécesfaire pour relever les courages fingulierem ntabattus, par les fuccès des Fran9ais par terre. Louis XIV avait fait- avancer fes troupes vers les frontieres; mais plus gemreux ©u plus attentifs a la décence exté-  & des Anglais &c. 039 rieure que Charles II, il avait empêché que fes troupes ne commencasfent les hoftilités, avant que la guerre eüt été publiquement déclarée fuivant les formalités ordinaires. Les Etats, fentant alors le danger, déliberent vivement fur la nécesüté de mettre le pays a couvert en fortifiant les frontieres; le Penfionaire De Witt infiftait depuis Ie commencement de Pannée fur la nécesfité de faire de nouvelles levées , mais il ne put concilier les efprits fur cet article. Les EtatsGénéraux firent diverfes difpofitions pour augmenter les fortifkations &les garnifons des places frontieres,- ils fixerent furtout leur at tention fur Wefcl, Rhinbefg & les autres places les plus expofées. On avait prévu qae les Francais pourraient pénétrer jufqu'en Hollande,en fe rendant maitre d'Utrecht, cc de PYsfel. LaProvince de Hollande pourvut alors a fa defenfe particuliere. I fut même propofé dans les Etats de fauver la République par une réfolution Extraordinaire.. La ville de Co logne était depuis queique tems er guerrejjouverte avec PEvêque -Electeur l^es Etats avaient. faifi cette occafioi de faire entrer une garnifon dans 1: ville en fe déclarant pour le parti dei Bourgeois. On prétead que, dans 1'as mt. m fel. janv. feb. Wagen, X.B} IJ, *»• j I t Ü  Sonquêtes des Fian- I 140lNVASr0N DES FRANCAIi femblée de Hollande , il fut alors queftion d'augmenter cette garnifon. Le Marquis de la Fare asfure dans fes mémoires que fi l'on eüt alors fuivi les Confeils de De Witt, la. République était fauvée. Cet habile homme, dit-il, qui gouvernait 1'Etat par la fupériorité de fon genie , P"vrit un avis etrange dansl'asfemblée. II propofa d'attaquer Nuys avant que le Roi püt fe mettre encampagne & d'y brüler tous les-magazins, dont la deitruction aurait mis les Francais hors d'état de faire la guerre. Mais cette propofition fut réjettée; fans doute, parceque les Etats n'étaient pas asfez unis pour hazarder une démarche dont le fuccès ne pouvait être asfuré qu'en attaquant la place avant que te fignal de la guerre füt donné. était, cependant, 1'unique resfour* ce qui leur reftait; elle meritait une attention d autant plus grande que 1'Eleétorat de Cologne était en eflet le prmcipal pasfage que les Francaii avaient choifi pour pénétrer dans les Provinces-Unies. En évitant ainfi dattaquer les Pays-bas Efpagnols» aont il aurait toujours été Ie maitre èès que les Provinces-Unies auraient fubi le joug; il avait un Ennemi de moms & s'asfurait Palliance des Anglais qui préteödaient ne vouloir point  & DES AN6LA IS &C. 141 s'écarter de Ia Triple-Alliance. Louis XIV fe rendit le 13 May a Charleroioü était le Rendez vous de fes troupes. Le Prince de Condé lui confeilJa de ne pas divifer fa nombreufe armée & de fondre dans les ProvincesUnies, comme up torrent dont rien n'arrêttei ait la rapidité: mais pour éviter les contagions & la difettequiruine les grandes armées, il eut foin de divifer la fienne en trois corps. Le Roi conduifait le premier avec le Duc d'Orléans fon frere & le Maréchal de Turenne. Le Prince de Condé commandait le fecond corps & le Duc de Luxembourg le troifieme. L'armée 1 de Turenne s'avanca, par Ie pays de Liege, jufqu'a Maastricht qu'elle lais- i fa derrière elle; paree que pouvant oppofer une longue réfiflance, elleau- 1 rait retardé les opérations de l'armée. On s'avanca donc jufqu'i Mazeik, pe« I tite ville fur la Meufe , dont la prife rapide ouvrit une partie du pays aux ïncurfions des troupes Francaifes. Or- i fby, la première garnifon des Etats II dans les pays de Cleves, fut pris; a1 prés trois jours de fiege. Le Roi ima! gina, pour jetter la terreur, d'entreI prendre alors quatre fieges a la fois. ï Cleves, Burich , Wefel, Emmerik & i Rhinberg furent invefties le même jour par quatre armées francaifes, & ces 1672»  Conqcèie des Evê» ques de Cologne Se de Munfter. Un ment icrfs dl ficrx. Vil. 5>. Mem. de la Pain de Rysreyt. li. -m. ] 44alNVASION des Francais places qui, dans les guerres avec les Efpagnols, foutenaient des fieges de plufieurs mois, fe rendirent prefque fans réfiftance. Rees & Duitichem fe rendirent avec la même facilité. Les Etats, obligés de diftribuer le petit nombre de leurs troupes dans un grand nombre de places ne pouvaient les fecourir les unes par les autres & fe trouvaient même hors d'état de mettre une bonHe aimée en campagne. Pour combiede malheur , des officiers fans expérience commandaient des troupes fans difcipline; une corfternation générale, a la vuë d'une combinaifon de tant d'Ennemis, avait faifi les efprits. Le défefpoir avait prefque éteint dans tous les cceurs ces fentimens d'bonneur qui pourraient encore foutenir les eourages dans les circonftanres périlleufes. Pendant que les Francais faifaient ces conquêtes, l'Ëlecteur de Cologne K PEvêque de Munfter s'étaient déclarées contre les Etats. Le premier [e plaignait de 1'injustice des Ltats qui lui retenaient la vile de Rbieberg & des fecours qu'ils avaient prêtés a fes fujets révoltés. Les motifs du belliqueux Evêque de Munfter étaient moins fondés; peur oute raifon de fa rupture, il accufait e« Etats d'avoir voulu débaucher par  & les Anglais &c. 243 1'argent fes Commandans & fes Officiers. Il pousfa même 1'impudence. jufqu'a reprocher aux Etats d'avoir füborné des fcélérats pour 1'asfasfiner. Ces deux prélats joigoirent leurs forces dans la Weftphalie & fbndirent dans 1'Over-Ysfel & le pays de Zutphen. Enfchede, Oldenzeel, Ootmarfum, Almelo, BorkeIo,Lochem,Grol, toutes ces places hors d'état de fedéfendre , furent prifes prefqu'ausfitöt qu'elles furent invefties. On attendait une longue réfiftance de la part de Deventer; mais foit lilcheté loit trahifon, le Gouverneur, fécondé par quelquesuns des Magiftrats, ren dit la place le 21 du mois de Juin, après unfiegede cinq jours. Zvvoll, Campen & plu-, fieurs autres places oppoferent encore moins de réfiftance. En moins d'un mois la Province entiere fe foumit è l'armée des deux Prelats qui ne s'abftinrent du pillageque,parcequ'ilsefpéraient la conferver. Le Prince d'Orange & plufieurs membres du Gouvernement avaient infifté pour qu'on mlt cette Province en état de défense, mais les divifions qui la partageaient firent échouer itous les projets des, bons Patriotes: On prétend même que; la portion des Habitans les plus diftin- . j gués foupiraient pour une révolui tion. Les- uns , difait - on , ! indifFérens a toute. efpèce de gouver- 167: «7.  1672. Ka Calsfe de 1'Etat fnrtée a Amfltrdan 144 Invasion des Francaii nement , défiraient ime révolution, par le feul amour de la nouveauté. D'autres efperaient qu'en changeant de maïtre, leurs dettes feraient anéantie?, quelques-uns s'imaginaient qu'ils feraiei t plütöt fortune ious un grand JVfórïar ,ue ccmme le Roi de France qu'hvec un petit chef tel que le Prin ce d öringé. La conquête de ceite r-ivirce fut fi rapide qu'elle é'onna FEvêque de Munfter lui-même. Uaugmenta les foupeons par ces paroles qui lui échapperent enprenant Deventer. En vérité je crois que ces Trat' tres neus tiendront parole. Le nombre & la rapidité de cet conquêtes cauferent de vives alarmes dans la province de Hollande. On commenca dèslors a former le projet d'inonder la campagne & de conftruire des redoutes fur les chauffées. «Le penfionaire De Witt réprefenta combien il ferait facile aux Francais, en pénétrant dans la Betuwe & la province d'Utrecht, de s'avancer jufqu'i la Haye. II repréfenta, s'il ne ferait pas nécesfaire de transporter les munitions de guerre & les finances de 1'Etat, ainfi que 1'asfemblée des Etat* Généraux a Amfterdam, ville fortepar fa fituation. Ce fage Confeil fut füivi en partie; & la ville d'Amfterdam devint le dépöt de la cajsfe publique. La  & D£S Anglais &c. «45 La crainte du Penfionaire n'était pas dénuée de fondement Louis XIV'avait ' formé le plan defranchir le Kbin pour * s'ouvrir un pasfage dans le coeur du pays. j A tous les malheurs qui fondaient fur la 1 République, s'éiait pinte ce^te année s une !ë,heresfe extiaordinaire: le Rhin était devenu guéable en quelques en droits de la branche qui fefeparedel'Ysfel. 11 parait qu'on leur foupcunna le deslbin, de tfrer parti decetavantag^puifque le Prince d'Orange était venu fe «amper prés d'Arnhem le long defYsfel, après avoir détaché huit Régnnens fous les ordres du Comte Jean Barton de Montbas, Commisfaire- Général de la Cavalerie: il devait veiller fur rrois endroits oü le pasfage était Ie plus facile ; mais, fous prérexte qu'il était imposiible de conferver ces poftes, Montbas les abandonna. Le Prince de Condé, ayant fo'idé lui - même ces i différens gués, crut d'abord que Mout- < . bas .n'avait abandonné fon pofte que : pour 1'attirer dans une embuscade. 11 fit donc chercher un au're gué; & le Comte de Guiche fut chargé de cette i fonétion. 11 prit pour Guide un pay: fan catholique des environs; mais le coeur manqua a cet hcmme on fut même obligé de Tammer en lui verfant de Peau-de-vie. Le gué fe trouvait au: piés d'une vieille tour, qu'on appelle Terne VIL L 1672. lm us ssfige ia Km par ais. Mm, ne h;iche.4,oZ  1672. 'i ( ] l f 246INVAS10M des Francais le Tolbuys, parcequ'elle fert de bureau de péage. Le Comte de Guicha Fayant trouvé praticable ; toute Parmée Francaife bouillante & jaloufe de fe fignaler fous les yeux du fmverain, entreprit ce pasfage. La rive oppofée était défendue par un détachement de einq k fix^ mille hommes , fous les ordres du Général Wirtz que le prince d'Orange avait mis a la place de Montbas. Le Comte de Guiche entra le premier dans le fleuve. La Cavalerie francaife fe précipita fur fes pas, avec un courage impetueux; fans cependant s'écarter des rangs; quarante jeunes gens de la aoblesfe francaife arriverent les premiers k I'autre bord fous le feu de 1'ennemü Ün détachement de cavalerie hollandaife les repousfa dans 1'eau, mais il fut bientöt Dbligé de fe retirer paree qu'il était foudroyé par une batterie francaife qui tirait du bord oppofé. Plufieurs Franjais périrent dans le pasfage empoités Dar leurs chevaux. Le prince de Con* ié traverfa le Fleuve dans unbattrau, linfi que Pinfanterie royale. U fondit i l'inftant fur le détachement commanié par le Général Wirtz qui, voyant e nombre des Francais grosfir, lacha ied. L'Infanterie hollandaife ne pouvant ; fauver egalement par la fuite, deman-  & DES ANGUAIS &C. 247 f da quartier, que le prince de Condé i -lui fit promettre ; mais le Duc de : tongueville fon neveu ayant la tête encore pleine des fumées du vin, arri:« vart dans ce nu ment, fêcha fonpiftolet fi:r les etmemis qui dcmandaient la vie, en criant, pöint de Quartier pour cette Canaille. Cette imprudenÉe [ rovocatien fit répandre beaucoup de far'g. &' fut fatale a 1'auteur. Les Hollanditis, croyant n'avoir plus de res'ource que dans leur défefpoir, firent mie décfiarge brufque; le Duc de Longueville pé'rit dans cette rencontreavee plusieui s autres feigneurs qui lefuivaierit. Le Prince de Condé courut lui-même rifque de la vie. Un capitaine ce cavalerie .nommé Osferabrug, lui fira un coup de piftolet qüi i lui fracasfa le poignet. C'était la pre! mi ere blesfüre de ce Prince qui mille f is avait expofé fa vie dans les combats. Ce funefle accident joint a la ij moit tragique de fcn neveu qui était I Punique efpérance de la maifon d'Orléans — Longueville, le jetta dans une colere qui lui fit fouiller 1'éclat de fa vidoire. 11 révoqua Pordre qu'il avait dorné de faire quartier. Les Francais fondirent fur les Piollandais cc fii: rent niain basfe fur tous ceux que Ia fuite ne püf fauver. Louis XIV, n'aI yaut alors rien a craindre pasfa fur L a 1672.  1672. Sluit mt quelques jours: mais lesbombe* qu'on y fit jetter cauferent tant d'épouvante qu'on fe rendit après 24 jours de tranchée ouverte. Les forts de Voorue & St. Aniré, les villes'j de Thiel, de Buuren, de Leerdam , < d'Ysfelftein & plufieurs autres piaces L 3 1672.' 11 Juin. V$ penerent dans » Province  1673. Fofitisn dt Varmée dei Etats, SgO lNVASION DES FRANCAIS fe rendirent a la première vuë du moindre détachement Francais. Chaque fuccès ajoutait au courage des viinqueurs & a la conflernation des vaincus. Le Prince d'Orange, quoique rempli d'une prudence au desfusdefon Sge, ne fhifait que d'entreraucommandement; il n'infpirait pas une grande confiance & des troupes quine leconnaisfaient pas; &rerpntdefactiouqy£ le danger commun n'avait pas encore éteint, produifait des ordres fouvent oppofés, qui fournisfaient des prétextes au grand nombre de ceux qui manquaient a leur devoir. Ce n'était qu'u11e fuite continuelle & précipitêe de nouvelles conquê'es. On apprenait a la Haye la perte des villes avantqu'on füt qu'elles avaient été invefties ou ménacées. Tout Je monde fut é;onné de voir que , dans un pays qui avait été 1'érole de l'Europe pour lesfiège#, la plupart des places n'attendadent pas mémepour fe rendre, que la tranchée füt ou verte. Le Prince d'Orange, voyant les Francais dans 1'enceinte de l'Ijsle des Pataves, s'était d'abord retiré a Utrecht. Les Etats & les habitans de cette Province auraient bien voulu 1'y retenir; mais 1'efFroi était trop grand en Hollande. Les Etats - Généraux craignant pour eux-mêmes le rappelleren* dans  & des Anglais &c. 251 cette Province. Ils jugerent que la ville d'Utrecht était trop faible pour pouvoir être défendue, & qu'il importait beaucoup plus de garder les frontieres de la Hollande; pour empêche* 1'Enriemi de pénétrir dans le cceurde 1'Etat. Le Prince obéit a cet ordre & d flribua fes troupes dans cinq poftes. li fe porta prés de B>degrave, le prince jean Maurice de Nasfiu prés de Muiden, le Général Wirtz a Goreum, le Conté de Vo^rne fur Goeiwerwelien- Sluis & le Marquis de Louvigny a Schoonhoven. Ainfi toutes les pkces fitué-'S hors de cette Sphere, furent abandonnées aux Francais. Le Ma-quis de Rochefort s'emnara de Wagueningue, de Rheenen / de Wyk de Duurftede & d'A nrr-foort. Les vides n'a;tendaicnt plus 1'arrivée des troupes Ennemies ; a la nouvelle de leur approche, elles envoyaient leur demander des fauvesgardes & des garnifons. Un de leurs détachemeriS pénétra jufqu'a Nairden, ville de Hollande, arroiilieues d'Am. lier dam, & s'en rendit maitre fans trouver aucune réfiftance. Cinq cavavaliers de la garnifon francaife de cett; vüle, allant a lamaraude, s'avancerent jufqu'a Muiden, oü font les.éclufes qui peuvent inonderlepays, &qui n'eft qu'a une lieue d'Amfterdam. Les L 4 1(572. L»s Fran- 5lis a ure lieu d'Amfterdam.  1672. P'SJlrai.l304. £52 Invasion des Francais Magiftrats, les prenantbóurles Avant? coureurs de 1 armée de France- furent fa;fis de frayeur & leur rendirent les clefs de la ville. 11 ne reftait qu'une fervante au chateau ; ne voyant qué cinq foldats d'ennemis, elle. eut le courage de leur fermer 1'entrée en levant le pont-levis. Le Mafqbis de Rochefort, inftruit de cette avanture, fit partir un détachement pour (aifir cette place; mais le Prince d'Orange averti a tems & voulant réparer la faute qu'il avait faite, en laisfant fans défenfe une place de cette importance avait prévenu les Francais. II y av^it envoyé le Prince Maunce de Masfau, qui förtifia fi bien cette place , qu'elle échapa pour toujours aux Francais. Louis XIV ne douta plus alors de voir tomber fous fa puisfance , toutes les places des Provinces-Unies. Pour deviner quels étaient fe desfeins, il n'eft pas inutile de rapporter ce que lui éoivait alors le Comte d'Eftrades dans une Lettre du 17 juin. „ Je recois tout préfentement des avis, que le peuple de la Ville d'Utrecht a pris les armes contre ceux qui voulaient faire fortir leurs effets & leurs hardes & mém; qu'ils les ont pillés. II y a dans cette ville plus de 6000 Catholiques, dont des principaux font  & des Akglais &c. 053 de ma connaisfance, lesquels fe voyant foutenus pir l'armée de votre Majesté, ne me laisfent pas douter qu'ils n'ébranlent le refte des peuples, qui connaïtront [facilement Qu'ils ne peuvent être maintenus par les Hollandais, qu'en leur fournisfai.t des fubfides qui les ruineront. Ainfi s'ils peuvent un jour fauver leurs biens & leur liberté, l'on peut juger qu'il traiteront avec. votre Majefté & qu'ils fe donneront. a elle" „Par la prife de ce: teVille(d'UtrechtO votre Maiefté réduin la Hollande a. tout ce qu'elle voudra, en ne perdant pas de tems, & envoyant un corps, de troupes pour fe faifir de Muiden , oü fort les Eclufes, d'oü il pourra pnusfer jufqu aux portes d'Amfterdarn fans rien craindre ci l'obliger meme a. traiter-O" (*) Le Comte d'Eftva.ies s'eft trompéfurement, ainfi qus ceux qui 1'ont cop'é. en difant ces paroles. Quoiqu'il y aituneiclufe a Muiden, ce n'eft. p,s la feule par ou.; l'on peut inor.der le piys. Elle ne fert qu'a vuider les eaux excesfives, qu'on fait écouler quand la marée eft basfe & que le vent fouffle de la terre. On peut inonder itQut le p.;ys quand l'on veut par d autist. I dipjes &. Jöl.Bff par une baute matee des. L 5  254 iNVAeiON DES FftANCA 18 1672. eanaux d'Amfterdam, furtout quand ilfouf£e un Nord Oueir, & même. en ouvranï les éclufes qu'on leve pour laisfer pasfer les bateaux qui vont a fVJuyden. II eut encore ■é'.é facile de crever la digue qui va d'Amflerdam a Muyden, d'ouvrir par la un pasfage aux eaux de la mer & d'inondei' tous |es environs; & «'est «e qu'ea Sten partij „On en peut faire de même a 1'égard 3e Woerden, qu'un autre corps peur, emporter, & marcher enfuite a Swammerdam, cc dela a la Ville de Leyde, laquelle voyant les pasfages bbres , aimera beaucoup mieux traiter que dü laisfer ruiner fon territoire." „ Connaisfant la maniere du gouvernement de Hollande, comme je fais depuis plufieurs annéefc, j'en puis parler 4 votre Majefié avec plus de füreté qu'un autre, & lui dire, que préfuppofé qu'elle s'empare d'Utrecht óc des lieux ci-desfus marqués, elle pourra abolir la République, & faire en deux mois ce que toutes les puisfances du monde n'auraient pü faire enfemble..,. La prife d'Utrecht asfujettit a votre Majefté les Provinces de Gueldres, d'Uverisfel, cc d'Utrecht, Celles de Frife & de Groningue peuvent être attaquées par fes alliés ...defortequ'il ■e reftera plus que la Hollande cc la  & des Anglais &c. 255 Zéelande. La prenfere peut être divifée psr 1'intérêtpropre des Villes...» Amiterdam a des déraêlés pour les digiles, paturages, & pour les earxavec les Villes de Hiarlem & de Leyde. Rotterdam en a avec la ville de Dort pour des prétentions de Com-nerce, des Isles & de certains Viliages qui font en conteftation. Les villes, étant Souveraines n'auront pas de peine a fe fouftraire a 1'autorité des Etats-Généraux; quand elles verront qu'on leur confervera leurs Priviléges, que le Magiflrat gouvernera le peuple comme a {'ordinaire, & que leur Commerce & leurs revenus demeureront fur le même pied qu'ils fint a préfent, a la referve des prétentions ridicules, que les Etat* s'attribuent fur la mer, qui feront réglées fuivant 1'intention de votre Majetcé.... Les villes de INordHollande fuivront celle d'Amfterdam, de forte qu'il ne reftera plus que la Zéelande qui confervera fa Souveraineté a part, & qui ne pourra pasfubfifter fans le Commerce & 1'appui de la France & de 1'Angleterre". „Ce qui reftera desautresplaoesaCtX Etats, comme Bois-le-duc, Grave » Heusden, Bommel, & les Forts qui en dépendent, Bréda, Berg op-Zoom & Maastricht tomoeront d'elles mêïiaes, n'étant plus appuyées des gros» L 6 1573;  INVASION BES FR.ANCAIS 1672. fes Villes de Hollande... Par ce nnyen la République & la forme du Gouvernem ;nt feraient entierement ruinées & abolies". AinG penfait, ainfi raifonna:t I2 Comte d'Eftrades. Mais quoique ce Mmistre eüt demeuré longtems fur les lieux, & qu'il fuivït alors l'armée du Roi, il ne paraït pas avoir été plus initié dans les iecrets du Cabinetqu'il n'était inftruit de la fituation phyfique du Pays.1 Ce qu'il confeille au Roi de France n'eft gueres analogue a la conduite de ce Monarque, ni même au traité de partage qu'il avait fait avec le Roi d'Angleterre. Peut-être dirat-ou, que 1'ambitiön des Princes augmente a proportion de leurs fuccès militaires. Mais il n'eft gueres probable que Louis XIV ait penfé ü tót a priver les Anglais & le Prince d'Orange de la part qu'on devait leur donner dans la conquête. Il n'aurait été, ni fur ni politique d'éconduire aind la nation Anglaife, qui n'entrait qu'a regret dans une alliance pareille & qui aurait éfé difpofée , malgré fon Souverain, a changer d'étendard&rar -fit pofition, en état de caufer beaucoup de tort aux Francais. On verra même dans les propoGtions qui furent üdtes peu de ten» après, quelaFran-  & 9es Anglais &c. 257 ee 'tenait en général au premier plan concerté avec Charlés II. Le Magistrats d'Utrecht, ayant perdu tout efpoir par la rétraite du Prince d'Orange, ne fimnt plus concerter des nufures de prudence ni fauvef même les apparences. Ils relblurent deprévenir le Monarque Francais par une députation. Leur étrnirdislemérit était fi grand, qu'ils jetteren'' les yeux fur deux des plus obfcurs marchands de lav.Pei parcequ'ils étaient nés Franjes & qu'ils s'imaginaient que Sa Majefté les écouterait plus fivorablement que les filus grands Seigneurs de la province. !s envoyerent enfuite, pourrédiger les conditions, trois perfonages diftingués des trois Etats, Mr. Tuyl de Serooslcerke de Wellant pour la noblesfe , Mr. Van der Does de Berkeftein pour les Etats & Mr. Van der Voort pour le Corps municipal. Pendant cette députation,1e Marquis de Rochefortentra dans Utrecht & vint prendre posfesfion de 1'Hötel de Vüle , oü les defs lui furent appmtées. Le Roi de France avant réfufé laSauve garde, tlemandée par les députés; ils furent obligés de fe fouroettre a la loi du vainqueur. Le Roi leur accorda ce. pendant la confervation des dróits öc & privileges de la province avec le libre exercice de la religion réformée« L 7 1672. Prife d<- la tfil'e d'U-1 :r«>v- pat Irs Franse-. -B.,friaie IJ» Jij.  558 ÏNVASION DES FRANCAIS 1 11 pronk furtout qu'il n'en céderait k domina'ion a aucun Seigneur particulier & qu'elle ferait cenprife dans le trairé qua Sa Majefté pourrait faire avec les Etats-Généraux. Ceux qui posfédaient les Cacio-ucats & prébendes des cinq Colléges ouChapitre.>& les bénéfices de 1'OrJre Teutoni jue, devaient en jouir leur vie durant, après quoi ces bénéfices feraient a la difpofitioa de Sa Majefté. Monttbrt s'étant rendue peu de jours après, toute la Province d'Utrecht fe trouva au pouvoir des Francais. Louis XlV, toujours jaloux des occafions de réprélenter, voulut faire fon entrée dans U trecht. Le Marquis de Rochefort fe faifitdes avenues pour empêcher que perfonne n'y entrat. Les Officiers Hollandais furent enfermés dans les Eglifes. & les Soldats gardés a vuë fur les baftions. Les Gardes du Corps précédaient le Roi qui marchait entre les Ducs d'Orléans & de Monmouth. C'eft encore une tradition orale dans la ville que Louis eut queique frayeur dans fa marrite. On asfure qu'il fut effrayé en voyant des cheminées fumantes fur le bord des canaux. II craignit qu'on n'eüt miné ces maifonj fouterraines lui font le domicile de la populace; Sc ce conquérant de trois Provinces ïembla pour fes jours. Echappé de ce  & des Anglais &c 25$ pédl imaginaire, il admira, dit-on,la bonté du peuple qui laisfait écluner cette occafion de le faire fauter'en lair avec quelques tonneaux de poudte. Quoiqu'il en foit de cette tradition finguliere, il eft ceitain que le monarque alia fixer fon fejour jt deux lieues de la ville, dans une belle maifon de campagne apelée Zeift, OÜ Ton voit encore quelques reftes de la magnifkence d'une maifon royale. Le Monarque ne fe contenta pas de déployer ces marqués faftueufeu de gloire & de triomnhe.-il voulutrendre a fa religion 1'éclat & la fupériorité que le culte du plus fort s'arroge toujours. II s'empara de 1'ancienne Eglife Cathédrale, après en avoir fait brüler la chaire & les bancs, lever & benir 1'enceinte, pour purifier un lieu, regardé comme profané par un culte étranger. Le Roi fit répéter la même cérémonie dans plufieurs autref Temples des places conquifes. Orj placa même fur quelques autels cette infcription prophane: RegiTriumphan* te, au Roi Thriomph&nt. La ville de IN'imégue fut la feule qui fe diftingua par une réfiftance glo-< rieufe, quoique peu f irtunée. Mr, de' Turenne, après 1'avoir fait bloquer, était v§|u 1'asfieger dans les formes. Lee Bourgeois , ajiiméj 'w rexemple [f572. tfmeguè ie fe ren4 fu'après me défenüs :oursgeale».  aóolNvAsion bes Francais 1672. ! 1 ] & lés difcours de leur Gouverneur De Weiieren, partagerent les travaux avec la garnifon. Ils firent de fi fréquentes décharges de canon que Turenn&4 dont le fyftême était de ména> ger la vie des Soldars, les tint éloignés, fe bornant a faire jetter une quantité de bombes , pour réduire les habitans fans recourir a une ouverture de tranchée ni aux extrémités d'un alfaut. Mais Us habitans avaient pris tant de précautions pour prevenir 1'efftt des bombts ou pour éteindre le feu dès fa naisfance, que leur effet fut prefque perdu; on prétend même, que lts Francais n'ofaient tirer fur le quartier le plus expofé parceque les catoliques v avaient leurs plus belUs maihns. ïl furent enfin obligés d'en venir a 1'asfaut ; trois fois ils furent repousFés; les bourgeois animés par fes fuccès étaient refclus de périr tous piütöt :)ue de fe rendre; mais les Officiers k les Soldats de la garnifon forceren! fes bourgeois a capituler. Les magis:rats & tous les Officiers furent continués dan* leurs charges. Mais, la garnifon perfide qui avait caufè la redïkion de la Ville, entra en gr.nde partie au fervice des Frarca;s. Cette jriiè p-oduifit celle de plufieurs forts les environs & furtout de Bomael. Mais le Ru de France craignaaï  & tjss Anglais &c. 261 que ces fortes de réüftances ne fisfent échouer fes projets dont le fuccès dépendait de la célérité, eut recours a de nouveaux moyens. Il fit publier une Décluation oü il promettait d'u fer d'indulgence envers toutes les villes qui fe rendraient volontairement, & menacait de livrer au pillage &aux flammes celles qui travailteraient a !è défendre foit par des inondations, foit pir quelqu'autre moyen que ce füt. Cette déclaration était a peine rendue , que les' villes de Woerden & d'OuJevvater demanderent des fauve - gardes, qui leur furent accordées, avec 1'asfurance ordinaire du mamtien de leurs droits & privileges. Les trois Provinces de Gueldre, d'Utrecht & d'üvéryslèl étaient déja fubjuguées, la Hollande était emamée, & la Frife & Groning ie fom^laient ouvertes aux premières incurfions: on du que Louis, alors enivré de fes fuccès, tint un confeil de guerre, pour avifer aux moyens d'asfarer & comp'ttter fes conquêtes. Turenne & Condé opinerent a la démolition de la plupart des places k melüre qu'on les prenait, parcequ'elles épuiferaient l'armée par le nombre des garnifons qu'il faillait y mettre.Mais leMinistreLouvois, naturelle-ment fier, & jaloux de donner des gouvernemens, s'oppofa: vive* i6yi. lo Juillet :oft!r hifi. a 'tf?. 177. 1S8. 18J. [89. C )nf;il it G'Jerre pour. conquetcc rotitès les Pr»viric^s- Unies. Vjf/iajie. 8» 224. 237. Le ClstiU. 277-  l6j2. fi6<2 INVASÏ.ON DES FRANCAIS ment a cet avis. II répréfenta que des Provinces fatbles & faifies d'effoi ne feraient aucu e réfiftance, que PErnpereur & les autres Princes de 1'Empire craignaient trop Sa Majefté, pour penfer jamais a traverferf°sprojets, & que les places ainfi que les garnifons feraient toujours nécesfaires pour tenix ïe peup'e dans 1 obéis'aice. Le Roi fuivt cet avjls qui fiattak fes idéés anbkieufs. Enfuire le Prince de Condé propofa d'envoyer fix mille cbevaux a toute bride a Amfterdam, pour s'en emparer, en profitant de la première conftèr^atioa du peuple,fans lui donner le t-?ir.s de reprendre courage. Turenne, plu? circompeér parcequ'il conrm&'t mieux ee pays oü il avait fait lbn premier apprentisfagc da -s la guerre, fut d'un avi - contraire. Il jggea que Pon expoferait ccttc cavalerie^ être totalcmcnt détruite, par k lacibté de Penfevelir fous les eauxen ouvrant ks édufes ou profitant de la haute roarée- En effet cette ville fe repofant fur les déiénfes qu'elle tient de la nature prenait toutes les précautions nécesfaires pour en tirer parti. Elle enröla des compagnies bourgeoifes. Les Magiftrats firent monter une garde rigoureufe. Ceux de la populace que le sianquc de travail pouvait porter k la  & des Anglais &c. jSs révo'te furent contenus par une paye réguliere & annés pour la défenfe de la patrie. Les vaisfeaux de guerre qui fe trouvaient dans le port, fans être employés, furent dilltibués autour de la ville. Plufieurs autres places qui pouvaient tirer le même avantage des eaux, fuivirent cetexemple: les citoyens ne craignirent pas dans cet-e circonftance de rendre a la mer ces campagnes fertiles qu'iïs a 'aient eu tant de peine a enlever a cet élém-nt Onvoulut même inonder par politique certaines terres qu'on eüt pu conferver , de p^ur qu e le petit peuple ne s'imaginat qu'on les épargnait; paree qu'elles a ipartenaient a des princip *ux de la ville', pour faire fupporter asx payians plu-; patiemmenl 1'inondation de leurs campagnes donton joe prétend;;it exempter perionne. L'inondations"éte;:ditfi ioin;. que quelques cavaliers Francais détachés, alors paï le Duc de Luxembourg qui les füivait, n'eurent que le tens d'aller au galop au devant du Du; pyar 1'averde fe retirer. Les précautions de la ville la plus grande & la plus riche des Provinces-Unies, étaient d'autant plus glorieufes; qu'en général le refte de la République ne croyait plus avoir de resfources que dans la fousmisfion. lous les ordres de 1'Etat fentirent leur eourage s'ébranler, LaPrincesfe Douai- 1671. Confternarion générale.  ; Xefil. HM. | i Epouvinte ( êa jPeniotai- ' 'ei' Wirr. 1 Hifi. Mai »«f<. XX. 1 *»'». < 1 I 264 iNVASIoN DES FRANCAIS rtère d'Orange, toujours' dcminée par 1 avance, ne ' pénla qu'a iauver les biens. Elle préfenta reqüête aux Etats de Hollande pour cbtt.nir la peimisDóii de prendre une fauve-garde du Hoi de France pour 1'HStel & lts effets qu'elle avait a la Haye: les litats lertirent les coniéquerces d'une pareille concesfion fur 1'cfprit d'un peuple déja trop ébranlé. Pour ne pas montrer qu'ils déseipéraient et.titrement de la République, ils refuferent de 1'accorder. Us délibererent en même tems, fur les moyens de fsuver les déplorables reftes d'une Répubbgüe, Jadis fi florisfante, ^uoiqu'iïs nisfent coupé toutes les avenues aux Ennemis, en lubmergeant les campagnes, leurs réfolutions ne furent pas conduites avec ce fang-fioid qui x-uvait feul leur inlpirer ies mefures es plus propres a lè lauver du péril. Ju dit que De Witt lui-même ielaisa euramtr a la confterrgtion générae. II ut accablé par la rapidité des :onquétes Francaifes & par la haine les peuples qui regardait fon oppofiion a l'aggrandisfemtnt du Prince, :omme la leurce de leurs malheurs, udieu de fe roidir contre 1'orage & Ie redoiibltr de confiance a proporicn de la grandeur du danger, il paut y fuccomber. 11 vint tiouver tout  & DES ANGLAIS &C 3 II ne voulait pas, dit-on, devoir le fah.t de 1'ritat a un jeune prince dont la puisfanee éclipferait celle de tous les autres Régensf; s'il devenait jamais fe libérateur de la patrie. Mais n'eftif pas plus probable qu'il erut n'avoir rien a efpérer d'un prince li jeune, fi peu expérimenté dans 1'art militaire , a la tète d'une aimée peu nembreufe& s| fans difcipline? N'eft il pas plus prr> >, bable que De W.tt, conformément aS fa' politique ordinaire, n'avait eoneu le desfein de négocier que pourdécon1 vrir les prétentions de la France, 1'enehainer, jufqu?i ce quelescirconïhmI ees devin«fent plus fevorables, Quoiqu'ü en foit, on asfure que De Win, 1 arrès svoir fait accepter la propofition I d'em' était pas encora tout a fait foumnek qui penfait fans doute n'avoir 'lus d efpoir que dans le comage des autres membres, dit qu'elle n'avait pas □e ndfrage a donner. La Frife soppo^formellement i la négociation. Le Frelident de fmaine qui était de cette Province, quitta même fonliége, pourne pas conclure contre Pavis de fes conftKuans; de forte que fur le refus dUtr.cht & de Zéelande d'occuperle lieg!f' £,merae fans atteadre les Députés d Overysfel & de Gxoningue a-  & des Anglais &c. 2fó lors abfens, la Hollande feule presfa 1'accomo lement. Cette '■ r vince, lans avoir égard a l'irrégularité desformes, ofa s'arroger le droit d'arrêteidaconclufion. Le Greffier Fagel refufa de figner une Réfolution, esfendellement irréguliere & dont il n'y avait pas d'exemple dans ks anna'es de la Réou blique. Ce refus excita Mna vivedifpute entre ce v.iniftre& Mr. De Groot, un des principaux Auteurs de cette Réfo'uton On ne laisfa pa^ de presfer la depart Je De Groot pour le lend n iin; mais o mme la réiblutionétait fop hreguliere, pour qu'on lui con. fiat des pleins - pouvoirs, on le ru ;;artir en lui promettam de les lui env-ver. On dit que, dans cette occafion, le GrelfLr Fagel lui adres fa ces paro'es: partüz, ali z vendre votre ■patne; mais vou> aurez de la peine a m-ttre 1'achv.tcur en poslesfi-n de ce que vous aurez vendu." Mr. De Groot repondit qu'il valait mieux abandonner une portie que de perdre le out. „ Vous penf .z a lauver vos terres, repliqua le Griffier, mais os aura foin d'> femer du lel; afin qu* leur ftéribté aoprenne jutqu'a la troifierae génératio i ce que vous aveztari i 1'ombre du plein • pouvoir queyus vous faites donner. Pour moi ] arme* M 4 167 e» Querelle entre UB Groot ê< 1c GrefEer F. ad ■Bülnage U, 244. W;t*,»'f. Liv. XX,  Fermere" ' «nurageure de Ia ville if'AmJer- iiTSS. ,2?6lNVASI0N DES FRANCAIS - l*L !1"'CUX èue C0UPé en morceaiix que de me charger des pareils ordres. Ces paroles font le plus grind hon»f,«er, Son opinion état non leulement la plus noble, mais encore la plus fage ; quelques Jisfent fes motifs , fok qu'il lüt Jo^ duit par un vrai patriorifms ; foit, comme le difent fes ennemis, que les revoltes générales en faveur du Prit Sr\ iïT fVeC leo v»reparaitre es Députés qui ne s'étaient pa< trouvés dans la derniere asfemblée desT tats de Hollande. Ceux TZlfA^ fe piaigmrent pmout qu'on eüt réf™ tiorSnce^nfr d>Wandeirnponance fans les avoir attendus. On du, & il eft affezprobable que cette af f31/6 ?V*Lété vivement difcuteedans es asiemblées du Confeil de cette vil le. Mr. IN.coias Tulp, ancien Bou!"  & des Anglais &c zy, diftingua par Ie même patriotifrne ainfi que Henri Hooft Bourgueaiaitre & Guillaume Backer. On dit que Valkonier prononca dans ces circonftances un discours remarquable; On y trouve des raifons fi frappantes pour animer les Magiftrats i la défenfe de la Ïiberté, qu'il ne fera pas inutile de le rapporter. „Quoi Mesfieurs" difaitcegénéreux Magiftrat, ,,ferait-il posfible qu'aucun „ de nous füt asfez lache pour vouloir fans „aucune nécesfité presfante, renoncer „a cette précieufe Ïiberté que nos „Ancêtres ont défendue avec tant de „valeur par une guerre de quatre „ vingt années, & qu'ils nous ont ac„quife au prix de. tant de fang. Plus „nötre ville furpasfe toutes les autres „villes de la Hollande par fa fituation, „par la bonté de fes fortifications, & „par le grand nombre d'artillerie, de „munitions, de vivres & d'habitans, „plus fommes nous obligés de faire „des efforts extraordinaires pour la„défendre contre toutes les attaques „de 1'ennemi. Par ce moyen nous „mettrons fin aux malheurs qui affli„gent les provinces, & les défen„drons contre le joug que veut leurim„pofer un Monarque, qui cherche a „établir fa gloire aux dépens de la „Liberté de toutes les Nations de „l'Europe, dont il ne fera jamais fcru-; M g > 1672. Amfi, Ge- fchied. XIX SamfmHiJI. dtGuill.Hl. T.z.t. 254.  1672. »78 INVASION D-ES FRANCAIS „pule de troubler le repos , fut ceëfi „violant les Traités les plus folemnels & les plus facrées. Pourquoi „ne lérions nous pas capables deren„dre ce lervice k notre patrie? Am„fterdam eft elle moins confidérable „que Danzic ou Coppenhague? La „première a fauvé le Royaume de „Pologne, & Ia derniere ceux de Da„ nemarc & de Norwege , en faifant „tête aux Ennemis, auxquels il ne „ reftait que la conquête de ces deux „places a faire, pour fe voir Maïtres „ abfolus de ces grandsËtats. La ville de „ Hambourg feule, au milieu de tant », d'Ennemis qui portent envie a fa Ïiberté „ ne la conferve t - elle pas depuis un trés „longtems, fans qu'elle foit encore auw jourd'hui dans le desfein de re?evoir »la loi de qui que ce foit?" N'a t*on »,pas vü 1'ancienne Rome b&tieparui» j, petit nombre de fugitifs & de ban>,nis fe maintenir avec fuccès contre ,,tous fes voifins qui voulaient attenter a fa Ïiberté. Cette ville bien „loin de fubir le joug d'aucun prince 1, éiranger, a conquis toute 1'ïtalie, elle i,eft enfuite devenuecapitaledelaplus 1, puisfante Monarchie du Monde. „Imitons i'Exemple de ces généreux „défenfeurs de leur Ïiberté, & ne fo.:ffrons pas qu'on puisfe jamais nous „reprocher que par notre faute une fi „ puisfante ville fe foit rendue efclave> a-  & des Anglais &c. „ yant la reduction entiere des autres villes de Hollande. Sinousdevonspérir," „périsfons du moins lesderniers, &ne „ nous foumettons pas au joug,qu'on veut ,,nous impofer que lnrsqu'il ne nous rcfte„ra plus aucun moyen de nous garantir. Ce difcours de M. Valckenier fit toute 1'impresfion qu'il en pouvait attendre, fur les efprits des autres Régens qui ne refpiraient que le bien de la Patrie & la confervation de leur Ïiberté. Le Grand Baillif Gerard Hasfelaar , qui fut lui - même malheureufement emporté d'un coup de moufquet peu de tems après, témoigna dèslors qu'il était fermement réfolu de préférer la mort a une honteufe fervitude „il eft tems Mesfieurs," difait ce grand homme, „ de renon„eer a toutes foites de partis & de „factions. Bannisfons toutes 'les „divifioas, & nous unisfons plusétroi„tement que jamais: 1'affaife pour „la quelle nous fommes aujour„d'hui asfemblées, ne noUs eft point „particuliere; elle eft commune a-toute „l'Europe. 11 ne s'agit pas feulement „ici de la confervation de nos villes „ou de nos Province?» De la refo„lution que nous allors prendre dé„pend tout le bonheur ou le malheur „de la Chrétienté Puiique la defti„née de toutes les INations de FEu? „rope eft entre nos mains, faifons en„forte qu'on ne puisfe jamais réproM 6 16ji.  1672. I f i 5 8 28oInvasion des Francais „cher a notre mémoire que nous ayons „négligé aucun des .moiens qui pou„v'aient afferratï le; repos & la tran„ quilité de tant de peuples. Les „ma!heurs qui affligent 'notre patne „nnus fournisfent aujourd'hui une oc- caüon de donner a toute la terre „des preuves éclatantes de notre con„duite, & de laffer a la poftérbéun „monument etemel de notre fbmeté. „Agislbns donc de concert, & faifons „tout notre posfible pour nous garari„tir du précipice oü nos enorms veu- lent nous faü-e tomber." Ceux qui opmeren'; après ces deux Magiftrats ne témoignerent pas m /'ns de courage & d'amour pour la patrie. Fntre tous ceux-ia, il n'y en eut point qui fisfent plus éclater de zéle que Mesfieurs Corneille Backer, JeanCorrer, Corneille Graafland, JeanHudde, homme d'efprit & de fcavoir, Vincent van Bronckhorft, & Nicolas Witzen. Tant qu'il nous reftera une ?oüte de fang dans lesveines, „pro:efterent généreufement ces Magiftrats réritahlemet dignes des empiois qui eur avaient étéconfiés, „nous ne con,fentirons jamais que nos habitans fub,bisfent le joug infuportable du plus , cruel ennemi qui füt jamais. Quand ,même toutes les autres villes feraient ,asfez laches pour fe rendre & fa mer-  & des Anglais &c. 281 „ ci,&que nous nous trouverions réduits „a la nécesfité de réfifter feols aux „armées formidables d'un fi puisfant „ennemi, il vaudra encore beaucoup „rnieux mnurir les armes a la mam, „en combattant généreurement pour „notre Religion, pjur notre Liberté, ,Vpour nos Femmes, & pour nos En„fans, que de fauver nos biens &nos „vies par un Traité qui nous rédm„rait a un cruel efciavage, Nous ,,-fbmmes trés perfuadés que tous fes „habitans d'Amfterdam font dans ce „fentiment, 11 n'y en a pas uppar„mi eux qui ne foit pret a fe laire „taiiler en pièces, en défendant nos ,, murai iles,plütöt que de confentir qu on „traite avec 1'ennemi a des conditions hontetifes. Tous ceux qui asfiftaient a ce confeil firent voir en cette occafion qu ils n'avaient point dégénéré de la valeur des anciens Batavts. II n'y en eut pas un qui ne conclüt a la défenfe contre fennemi- Afin même d'empêcher la dilcorde, la mutinerie & ledéfeipoir, ils firent publier a la tête d'un Edit, pour déren dre la fórtie des grams, un préambule, oü ils annoncaient qu ils étaient réfolus, de facrifier leurt biens & leurs vies pour la ville , ]ank5h' gion & la Ïiberté; & de les défendre iufqu'i la derniere extrémité. J n M ? ■Jm/ltrif.' Pv. XIX.  1672. Les pleins f oavoirs font donne's aux DepuKs pour traiter. j 1 1 t 1 S t € f c c 1 ft b S: ni A fa s8è ïnva3ïo» »es Francais Cette ville ayant adbpté ce fyftéme noble & courageux, fit paraitre fon mdignation contre Ia conduite des autres Députés. Hoorn imita fon exemPle. Mais Schiedam, Edam & Hoorn fe laisferent entrainer a la plurahté. Pendant qu'on déliberait fur cc lujet, on apprit que le Roi de France fe préparait a faire fon entrée dans Utrecht ; on rapportait même qu'il ivait donné cet Archevêché au Cardinl de Bouillon; & qu'il allait fe renire maitre du pofte de Nieuwerbrue'e, d'oü il penfait fe rendre a Leide x a la Haye. Cette nouvelle jetta ous les membres de 1'asfemblée dans me telle confternation, qu'a 1'excepïon d'Amfterdam , tous confentirent a 1 négociation. Villes & nobles, tous attacherent a fe difculper, fous préste que c'était le parti delapruden. e & non celui de Ia lacheté. Leide ft de toutes les villes celle qui folliita le plus vivement -de hater & de snclure un accomodement avec le .01. Ou trouver, difait- on a ceux d'Ama-dam, Pargent & les h mmes capaes de défendre les postes ménacés3 vous êtes en état de nous en fourr , montrez les. Nos villes répliquak nfterdam , fourmillent d'habitans n'on arme les Bourgeois & les payas, en attendant qu'on puisfe les nplacer par des troupes régulieres  & BES AnGLaïS 6tC. i% I Elle finit par protefter contre la réfoHution d'envoyer aux Députés des i pleins - pouvoirs. Leide porta le zele [ de négocier au point qu'elle propofa ! d'abandonner les autres Provinces k elles- mêmes & de n'entamer une négociation que pour la Hollande toute feule. Les Nobles approuvaient cette propofition, ainfi que plufieurs autres i membres. Delft voulait même qu'on i en donnat connaisfance aDe Groot, ComJ me cet avis fut tenu fort fecret; on I n'a jamais feu quel en fut leréfultat. Ce fut au milieu de ces débats que I furent arrêtés les pleins-pouvoirs des I Députés envoyés pour traiter avec le I Roi de France. On les dresfa de la maniere la plus illimitée. Le commis 1 Spronsfer les figna, a la place du GrefI fier Fagel qui refufa conftamment de ! le faire» De Grcot, avant de fe rendre auprès du Roi de France, pasfa par I le Camp du Prince d'Orange aBodegrave pour lui communiquerlesordrei ' dont-il était chargé. Le Prince parui fenfiblement affligé de voir que les chefs de 1'Etat montrasfent fi peu d< courage. ïl commenca lui-même ; craindre que les affaires ne fusfen dans un état défefpéré. II eut la fai blesfe d'écrire a 1'inftant aux Etats Généraux pour obtenir la permisfioi de demander des Sauve-gardes pots Le Princ* 3'Orangc demande la permis-i fion d'avoir de '•'auve- gar->, des du Roi | de ïrance ■B«fn*gc m Wagen, XIV, «H fe k  futvrfces & .intollcrabks d-j la par' <Uerre' Pour combïe d'indi^nité , Je Monarque demandait encore que la Képublrque lui envoyat tous les ans une ambasiaJe (o'emnelle, avec une medaille d'or, pei'axt un mare, fur laquelle il füt gravé qu'elle tenaft de la liberalité du Koi la même Hberté que l'asfiftanee généreufe des Rois, fes préaécesfeur* favait mis en etat d'acquenr. ÏÏtft pluc aifë 'iniagmerquf'd-'écnre 1 é onnemertoür.'.Ajjufitrontf ie. mandes injurieufes jetta lesp.enipotentiaires desLtats^Bu: net afTure ou'un deux s'évauouit è Ja fimple leéture de ces propoötions. Ils fe récrierent furl'imposfibilité de faire adopter des conditions ausfi,dures, ausfi humiliantes; alors Louvois .parut fe radoucir & dit que le Roi pouvait bien laisfer aux Etats les pays qu'il exigeait entre le Ktnn, la Lek & les pays-,bas Efpagnols; & fe contenter de Bommel, du  & des Anglais &c. 287 Bommelrewaard, des fortsSt André& Voorne, Crevecoeur, Loeveftem & le Klundert; pburvu qu'on démolit les forcs de Schans & de Knodfenbourg & que JNiraegue füt démantelé. Peutêtre ausfi fe contentcrait-il de vingt millions au lieu de vingt-quatre. ün perd t Ion tems k reprefenter combien cet adoucisfement prétendu était encore dur: Quant k 1'exercice public de la religion catholique; ilsprirentla Ïiberté de faire certaines réprofentations Ün mom ra que le peuple aurait de la peine a s'accoutumer aux formes biza; res des habits des moines, & pourrait les intulter dans es rues; qu'il ferait clnqué des folemnites d'une réligion feröLe en rits publics, & pou rait les troubler Mais Ie Monarqu* ne voulait rien re'acher fur un article, qji'il regardait comme efientiel k la religion,. aux pratiques extérieures ds laquelle il était d'au ant plus attaché qu'il en fuivait moins les principe! moraux. Mr, de P' mponne était d'a vis que le Roi n'infiitat. pas fur ur ^article ausfi delicat, ni même fur ceux du commerce & de la médaille, nor moins futiles> non moins injurieux. I montra qu'il ferait imposfible de. les faire accepter & qu'on perdrai une occafion qui ne s'olfrirait peut être jamais de mettre pour toii' ft"ijuerc& ' mtmarts. ,  1672, Avis des Etats fiir I's prcpo fiti rts de la France. .288 In-vasion des Francais jour? la République fous la dépendance du Roi & hors d'état de nuire iama s a la France. Mais 'ftlr. de Louvois foutint que les Etats étaient trop épouvantés pour ne pas confentir a tout, & regardersient comme une conquête & une grace., la confervation de tout ce qu'on ne leur öteraitpas. De Groot laisfa les autres Députés dans le camp des Francais qui ne lui donnerent que cinq jours pour rendre une réponfe pofitive. Les demandes du Roi auraient, dans des conjonctures difFérentes, été réjettées avec indignation: mais tout pouvait fepropofer dans un ti-ms oü les têtes qui pasfaient pour les plus faines désespéraient de la République. De Grcot fit fcn rapport dans les Etats Généraux & dans ceux de HoUande. Les révolutions alors arrivées dans la République parle foulevement général despeuples&l'élévation du Prince d'Orange au Stathouderat, eurent queique influencefurles délibérations. De Groot fit envifager le danger oü la République était expcfée; mais il n'infifta pas, ausfi fort qu'auparavant, fur un accomodement. 11 prcpofa même, dans un tems cii 1'Etat fouffrait une extréme difette d'argent, de fabiiquer de la monnoye ck sapier, idéé qu'il était réfervé a no:re fiècle d'épuifer& de mettre en prati-  & des Anglais <5cc. 1S9 que dans toutes fes conbinaifons. Les déliberations les plus importantes fe firent dans Pasfembléedes fcStats de Hnlanie. Les nobles déclarerent qu'on ne pouvnt continuer la négociation, fi le R.oi ne nniérait fes dein mies. Dort & Delft propoferent de ne traiter que pour la feule Province de Hollande. Haarlem voulait qu'on confervat les Provinces de PUnion; & leur fyftême de politique & de religion; mais elle infiftait a ce que la négociation füt continuée. Leide furtout, au lieu d'avoir changé fur Partiele d'un accomodement, fit les propofitions les plus fingulieres. Elle commenca par protefter qu'elle était ausfi éloignée que les autres de commettre aucune lacheté. Elle avoua que les prétentions de la France étaient bien dures» Mais, ajouta-t-elle, on ne les trouvera pas fi étranges, fi Pon obfervé que la France a déja. fait bien des conquêtes qu'il ne fera pas facile de lui ravir ; qu'elle en peut faire de plus grandes encore; que la Frife lui eft ouverte ; que les avenues de la Hollande ne font pas inaccesfibles, foit par la fécheresfe, foit par la difette d'hommes; attendu que les Habitans des villes avaient abandonné leurs poftes pendant que ceux des campagnes fe livraient aux raurmures &  f672. %t$n/ige 11 sjo. £.< Chrc 11 11). i < ] T^olNvASION fDES FRANCAIS au defefpoir; que 1'e'fpérance d'avoir des fecours etrangers érai. ineertaine» & juel'on manqiab abfolumentd'argent, de credit. de reslources & de coura» ge 1! vaut dnnc mieux, difait-elle, abandonner une p? rtie que d'expofer le 'out. Elle finislait en propofant un accomodement particulier pour la feule Province de Hollande. Dans cette nouvelle circonftance critique la ville d'Amfterdam ne démen' tit point fa fermeté ordinaire. On prétend que dans Ie confeil de cet pïcher qu'ils n'ouvrisfent les yeux au peuple. i<.ien n'eft oluspropreamorurer lear état & les artiSces de cette Cour que la lettre qfüs écrivirent le 20 Juilliet a Mr. Fagd. Depuis notre arrivée en ce Koviume on nojs a tïnus dans ut tel érat que no.i feulement ort nsnor-apas laisfé la ïiberté de pouvoir rien avan-1 eer en ce ]d regarie notre commisfion, mus qfoutre cela 01 nous a inter lit to ites les voies de co n numcations avec les gens qui font inftruits djs affaires du monde, par lesquels nous aurions pu pénétrer les diïpoutionr prélenfes de cette Cour. Mais afin de nous faire encore mieux connaitre que nous n'avions rien a prétendre de ce cöté la, Si Majefté a d'abord pris foin de donnerpubliqueme.it des marqués de fon indignation, contre ceux qui öfèraient entreprendre d'avoir queique commerce avec nous; & afin que perfonne ne put do'uter de fes intentions fur ce fujet, EUe a depuis quelques jours fait mettre dans la Tour de Londres une perfonne de qualité qui s'était renduë fufpecte de défobéïsfance a cet égard; quoiqu'elle en fut tout a fait innocente. D'ailleurs on a mis un Officier auprès de nous, pour renvoyer tous les gens qui viendraient nous vifiter fans une Tomé VII. N 1672. Leirre des) •nv >yés en Aigetere i M'. Fag.-l. Vie de De Ruiter.  294 Invasion des Francais 1672. permisfion Ipéciale, & nous avons été avertis, qu'il y a plufieurs autres perfonnes en garde, avec ordre de nous obferver ineesfnment. Faifant donc réflexion fur les caufes d'untraitement fi extraordinair* & fi inoui envers des miniftres publics, nous avons toujours jugé depuis notre arrivée que eela procédé d'une ferme & invariable réfolution de cette Cour, quiveut avoir pour Ia France des ménagemens jufques au bout. Mais comme il n'était pas fi aifé d'exécuter ici ce desfein, qui eft contraire aux inclinations de tout le monde généraiement, tant des gens qui ont des attachements a la cour que des autres; il ne faut pas douter qu'en nous éloignant de Londres, on n'ait eu en vuë d'empêcber que la nation ne foit plus particulierement informée des fincéresmtentions de^ notre Etat, & des facilités qu'il eft prêt d'apporter a la paix; de peur que les confeils de la France & les engagemens qu'on a avec elle, ne foient encore plus décriés ausfi bien que ceux qui en font les auteurs. Cependant on veut par notre féjour en ce lieu faire entendre au peuple que le Roi de France ne refufe point de traiter avec notre Etat; mais que ce font L. H. P. qui retardent le progrès des négociations; cc c'eft de cette couleur  & des Anglais &c. 295 qu'on a taché de parer 1'Ambasfade extraordinaire, qu'on dit que cette cou- ' ronne a envoyée par un effet tout particulier de fon inclination a la paix , au lieu qu'on publie que nous lommes venus ici deftitués de tout pouvoir pour la conclure. Néanmoins il eft conftant que les Ambasfadeurs de France n'ont point d'autres vues qued'entretenir la Cour d'Angleterre dans la réfolution d'exécuter ce qui a été eidevant négocié entre ces deux Couronnes, pour la ruine de notre Etat; ou peut-être pour prendre de nouvelles mefures au fujet des progrès que le Roi de France a faits, & des ]aloufies qu'ils pourraient exciter- II y a maintenant prés de quinze jour.-que nous n'avons recu de nouvelle de Hollande & que nous n'avons rien appris de ce qui s'y pasfe: il ne s'eft non plus rien fait de particulier , non pas même le moindre commencement de négociation avec les fus-dits Ambasfadeurs Extraordinaires. Au refte quoique nous concévions que L. H. P. ont pu avoir plus de lumieres que nous fur les apparances qu'il y adeparvenir a . qutlque Traité avtc cette cour, nous jugeons toutefois que les Ambasfadeurs qu'elle a envoyés, felèronttenus fur une grande referve avant leur départ pour l'armée de France , d'oü 1672.  ■i6fi. 49Ö InvAsion dés Francai$ ils ne font peut- être pas encore de retour. Ainfi nous pouvons vous dire que s'il nous efi: permis d'intérpofer notre jugement au fujet de toutes les affaires dont il s'agit, & fuivant I'opinion générale qu'on en a ici, ausfi bien que par raport a la difpofition ü nous aprenons qu'eft la Cour. c'eft envain qu'on fe promet de porter le Roi a changer de fentiment. L'Ambasfadeur d'Efpagrie qui était fort perfuadé que le Prince prendrait d'autres mefures, eft même préfentement désabufé, & croit aü contraire avec tout Ie reste du monde, qu'on eft ici inflexible, & que bien loin qu'il y ait queique apparence de détacher le Roi des intéréts de la France, il prend tous les jours de nouveaux engagemens &conirme fes alliances avec cette couronne. Pour nous , comme nous avions eu :outes les raifons du monde de douter de la première opinion de l'Ambasfaleur d'Efpagne, en confidérant que le miniftre d'un Prince qui avait inrerêt lue nous ne fusfions pas réduits a raitïr avec la France, paree qu'il n'y ivait point de jour a rien efpérer du 6té de 1'Angleterre, ne pouvait parer un langage oppofé a cet intérêt, ans être pleinement & invinciblement >eifuadé du contraire; 'nous pouvons 1'autant moins par les mêmes raifons  &des Anglais &c. 297 révoquer en doute ce qu'il dit aujourd'hui qu'il a chtngé de fentiment, & qu'il eft entré dans le notre. Mais ce qui acheve encore de nous confirmer, eft que tous les progrès des armes de la France font re^us du K.oi d'Angleterre avec d'extrémes applaudisfements, & font vantés a fa cour comme fi c'étaient les propres victoires de ce Prince. Nous avions efpéré qu'on pourrait a la fin comprendre ici, que c'eft la préfente conftitution des affaires qui rendl'alliancederAngleterre nécesfaire a la France & qui par conféquent oblige cette derniere couronne de donner toute forte de fatisfaction a I'autre Monarque; mais que lorsque cette conjoncture fera pasfee , & que la France par fes conquêtes l'èra parvenuë a fon but, elle n'aura plus tant de ménagemens. Car il eft certain que 1'Angleterre connaitra alors, mais trop tard, que ce n'eft que par de purs artifices qu'elle s'eft laisfée engtger a travailler contre fes véritables intéréts, & qu'elle n'aura remporté de tous les prétendus avantages qu'elle s'était promis , que celui d'avoif rendu encore plus rédoutable un ennemi qui tachera fans doute de la priver par la force de fes armes de la part qu'elle s'était flatée d'avoir aux conquêtes qa il fait. Cependant nous ne vovons N 3 1672.  aoü ïnvasïon des Francais 1672. que trop clairement que le défir de " s emparer de la Zélande & de la Hol lande a raonté a un tel point, ou que les fecrets resforts que la France fait jouer ici ont tant d'éficace , que les efprits de ceux qui manient les affaires font abfolument incapables de pareilles réflexions. Ainfi, felon notre fentiment , il ne refte a 1'Etat aucun autre parti a prendre, que de fe réfoudre a défendre conftamment & courageufement le refte de nos provinces, & d'achever la campagne, s'il lé peut, fans perdre rien de plus, en attend-ant que le tems ehange la face des affaires. Au moins ne voions nous pas qu'il y ait lieu d'éfpérerd'obtenir ici queique chofe par Ie moyen des négociatims; & nous nous perfuadons en même tems que les Ambasfadeurs extraordinaires d'Angleterre, a leur retour de Parmée de France refuferont d'entrer en négociation avec 1'Etat, quand ce ne ferait que fous prétexte d être obligés d'aPer auparavant faire leur raport auPoi; ou qu'en tout cas ils tireront la négociation en longueur, afin de tenter cependant fi leurs efforts fur les Provinces de Hollande & de Zéelande ne pourraient reusfir. Nous avons ci-devant écrit a L. H. P. que fous leur permisfion nous prendrions congé de cette Cour,*  & des Anglais &c. 299 fi nous ne voyons pas plus d'ouverrures aux négociations; mais depuis » " caufe de la nouvelle Ambasfade au Roi de France, nous nous fommas remis au Sieur van Dykveldt de faire de nouveau cette propofition a L. H. P, lorsqu'il ferait a propos. Enfuite nous vous avons écrit fur ce fujet une Lettre le 17. de ce mois par la quelle nous avons demandé, fi en tout cas il ne ferait point expédient de propo^ fer au Roi d'Angleterre qu'il vou'üt nous écla;rcir de fes intentioas, & nous donner notre congé'? Gord ne donc il nous femble qu'il impone beaucoup que les Habitans de nis Provinces ne foient pas plus iong'ems flattés d'une vaine efpérance & animés par a moyen contre le Gouvernement, dans un tems oü Punion ct la boine intelligence font abfolument requilès; & que par cette raifon il parait nécesfaire de fcavoir déterminement quelles font les intentions de 1'Angleterre, nous fupplions L. H. P. qu'il leur plaife de nous rappeller, ou du moins de délibérer s'il n'eft pas a propos que nous infiftions ici pour avoir notre congé , & de nous donner avis de leur Réfolution fur ce point. Que fi L. H. P. trouvent a propos de nous laisièr encore ici, julques au retour des fusdits Anmsladeurb Extracrdinaires nousles N 4 1(572.  1(572. Négociation fecrete du Prince d'Orange nvec la Cour d'Angleterre. 1 500 Invasion des Francais réquérons qu'il leur plaife de mts envoyer de nouveauxpouvoirs, parceque ceux qu'on nous a donnés enpartantn'étai.t pas délivrés pour nous fculs, mais conjoirttroert avec les Sieurs van Dykvelt & van Gemmenich, nouscraignons qu'en ne fe fèrve de cette occafion peur nors arrêter plus krgttms, Le Sieur Sécrétaire Covemri nous a priés de dtmander qu'susfitöt que L. H. P. auront fait délivrer un pasferert peur fon vaisfeau & pour lés hardes, on veuille 1'envoyer au Ministre de L. H. P. refidert a Ccppenhague, peur les remettre ei.tre let mains Cu Sinir Jeari Paul Préfident du Roi d'Argleteire a cette même ccur, auquel le-dit Sieur Ccnventri a ausfi écrit fur ce fujet. Et cc mme cette priere reus a été'faite expiès, afirque ctla foit conduit par votre er.trtmisfe neus n'avons pas ofé le refufer, re drutant point que vous ne \ouliez bien prcr.die la peine de faire ce qui eft nécesfaire pour cet effet. Ainfi lous demeurons. &c. Le Prince d'Orange avait, en mêtre tems, entamé une négociation fecrete avec le Roi d'Angleterre, fon Oncle. Cette négociation fecrete ne regsrdait pas feulement fon intérétparticuher, mais encore 1'Jbtat en général i on préterd néme que de la propre autorité, il fit propofer de ceder  & des Anglais &c. 301 a ce Monarque : I. Le falut du pavillon , fans exception, 3. deux eens mille florins par an, pour la Ïiberté de la pêche, 3. quatre millions de florins & Surinam en propriété, 4. la ville de 1'Eclufe en caution , 5. la Souveraineté des Provinces-Unies pour lui Prince d'Orange. Au cas que ces propofitions fuffent acceptées, on pro* poferait a la France certains articles qui feraient rompre la négociation. On conferve encore un écrit oü le Prince exhorte le Roi d?Angleterre k propofer les conditions auxquelles il veut conclure la paix avec les Etats, fe faifant fort. de les faire accepter malgré le penfionaire De Witt & fa faction, a moins qu'elle ne foient toutè-fait contraires aux loixfondamentales de 1'Etat. Ces deux pieces & furtout cette derniere claufe ne paraït gueres fe concilier avec la teneur de la première; a moins qu'on ne fuppofe que 1'Union eft une loi fondamentale & non pas 1'indépendance. Ce qui eft certain c'eft qu'il y eütréellementune négociation fecrete, ménagée par le Chevalier Gabriel Sylvius & Mr. de Reede. On conferve encore une let-/én:'r la nation lAngiaife contre les Hollandais. On avait beau fusciter contre eux 1'efpn't de jaloufie li puisfant iorfqu'il s'agit d'intérêts de commerce &le mépris que les Anglais fuccent dès i'enfance contre leurs voifins & particulierement contre les Hollandais. Leur fituation excita la tendre pitié d'une nation fenfible & généreufe, .furtout: j des efprits écla.rés qui pé étraient le motif & prévoyaient les luites de c :tte guerre. Les deux plus puislans Monarques de l'Europe,'' diiait-on, 1'un fur terre & 1'autre fur mer, ont confbiré la ruine d'une illuttre & florisfante République. Quelie affreufe perfpeétive pour rAngleterre! Quel état le but de Charles , en fórnisBft Ia Triple- Allianc. ? De jftèttrfc des bonvs * i'acco'siemeut forndiable de ia pU sfance Francaife. L approbatioti cie la nation, le lufFrage de t-ute l'Errope ne fort ils' pas des garanj' fuiiifans de la juftice & de ia fagesfe ie cette grande demarche? Ii firn acïuellcment des isefures diametraiement  & bes Anglais &c. 30$ oppofées; quel peut-être fon but? Il veut la is doute fe rendre independant d'un peuple, dont t'eftlme lui parait indifférente. II femble vouloir abufer de 1'extrême 'öumisfion de la nation, de 1'obéisiance refpectueulè du Parlement pour anVrrair le joug. Tous les intéréts poiitiques de 1'Angleterre font facrifiés au dingereux projet de les dépouiller de leurs libertésciviles. Afin d'óter de leurs yeux tout cequi pourrait leur rappeller des exemplesde Ïiberté, la barrière la plus fure de notre puisfance eft abandonnée k nos plus dangereux Ennemis. C'en eft fait; il n'eft plus de resfouree pour les peuples qui ont encore conlérvé quelques traces des droits précieux de Phomme. La tirannie cc 1'iniquité ont conlpiré pour détruire tout ce qui refte encore de loix & de Ïiberté. Charles II lui-même n'était pas lans jnquiétude fur les progrès rapides des armes Francaifes. 1 ne pouvait fe disfimuler que ks Francais, en s'empa-i rant de la Hollande, n'attirasfent k eux tout fon commerce cc fes forces maritimes Qui pournit les empêcher alors de fe rendre maïtres de tous les Pays bas? Louis, alors devenu asfez pui&lant pour faire trembler PAngleter* re elle même , voierait-il a 1'm lèeours conue fes lujets pour tenit öm M 6 'nütlqui» de Ihaiies. li, Tuint* '.» Cltrt VU  IÓJ2. Wagen. XIV. I07. Négociations des Miniftres Anjliis auprès du Prince d'Ora»£e. 304 InVASiont DES Francais promesfe qu'il pourrait violer impunéraent?^ Ainfi quoique Charles ne fut pas d un caractere a concevoir de ia joloufie; il ne put fe défendre d'un certaine inquietude en voyant avec quelle rapidité tout cédait aux arme* francaifes, pendant qu'on oppofaitaux fiennes une fi vigoureufe réfiftance. 11 crJignait même, que les Ambasfadeurs des ütits ne fe prévalusfent de la faveur qu on leur témoignait pubüquem-nt ; pour exciter des cabales. 11 leur fit remettre les conditions aux quelles il confentait de faire la paix. 11 deman. dait le falut du pavillon fans exception, la reconnaisfance de fa Souveraineté fur la mer; deux millions de livres Sterling* pour la Ïiberté de la pêche, oc cinq eens mille pour rembourfer les frais de la guerre & les villes de Vlisfingue, de fa Brille & de 1'Eclufe en camion; & la charge de Stathouder Ot Capitaine - Général pour le Ermee d'Orange, charge qui ferait rendue héréditaire, pour fes descendans mades dont en ce cas de minorité la Grande^ Brétagne aurait la Tutèlle conjointement avec les Etats. I Charles II inquiet fur les négociations particulieres que les Etats avaient entamées avec la France, s'était haté de faire partir Pour la Hollande le Duc de Buckingham & le Comte d'Ar-  & bes Anglais Sec. '30^ lington qui furent enfuite fui is du Lord Hallifax. Les Miniftre* pasferent par la Hollande; & comme les malheurs de la Grerre avaient jettéle peuple dans le désordre & la mutinerie il recut les Ambisiaieursavec des acclamarions dejoie, danslafuppolltion qu ils étaient venus pourapporter la paix. On n'entendait par tnut que ce cri infeufé & tumulrueux vive le Prince d'Orange l Le diable emporie les Etats! Pour feeftricilierebcöre plus Pattachement de la-'nation, ces Ministres débitaient publiquem.ntque Je Roi d'Angleterre ne permr tfait jamais que Louis XIV fe rendit maïtre abfolu des'Provinces-Unies. Lacrainte avait peut-être opéré queique chan». gement dans la politique de 1'Angleterre, fi Pon veut donner lenom ieooliti'que a des projets qui n'éraient fondés que fur les pasfions & Pambition particuliere du Monarque. On a même des raifons de penfer que, dans la terreur d'être forcé par un foulevement a fe déclarer contre Louis XIV, s'il pénétrait plus avant dans les Provinces, il eut queique part a 1'inaction qu'on appenjut alors dans lesopérations des Francais. Le Duc de Buekingham hazar ta même , en rendant vifue a la Princesle Douairière, de 1'asfurer qu'il .était bon Hollandais, M 7 1671  1672. (*} vcj let mem. de D &' HV.be, 'Bafoaze. II. *3J. Bur,,ct Liv. /. aun. I«7ï. 306 Invasion bes Francais ainfi que fes asfociés. XI ftiffirait ré■ pondit - elie avec efprit, que vous fusfiez bons Anglais. II eft vrai, repbqua le Duc, que nous n'aimonspas la ^Hollande ausfi tendreraent qu'une mai r sie; mais nous 1'aimons comme on aime une Epouie. La Prineesfe , avait (?) 1'efptit malin, & la repattie fine; elle n'igiorait pas que leDucviva:t fjrt mal avec fa femme ; on voit bien, dit-elle qu'en effet vous aimez la Hollande comme une Epoufe: ausfi la tiastez; vous comme la votre. Lts Ambasfadeurs Anglais fe rendiren: enlüite au Camp devautBodegrave pour conferer avec le Prince d'Orange, auqud ils prodiguerent lespromesfes. Guillaume, encore jeur>e&ne pouvant déméler aifement 1'impoftuie , en fut d'abord ébloui, il fit uresfer un mémoire t.ndant a m- ttre des bornes aux conquêtes de la France* Le Duc de Bu.k ngham , adulateur outré, hom me fans principes & fan^ foi, promit au Prince de le faire aecept.r. Mais Ie Lord Ailington , plus di,fcat & plus reiervé au moins fir les apparences, avoua qu'on ne pourrait enij-êcher Louis X.'V de profic.r de fes conquêtes. l e Prince fut tellement choque de cette deelaration qu'u aurait donné- toute fa confiance k fiutkinghanw Mais le iendemaia  & DES ANGLAIS &C. 307 Üuckingham, pousfé dans fes derniers retranchemens, fut obligé de dévoiler fes véritables difpofitions. Ii ne faut plus parler de la République dit-il au Prince. Les glacés de 1'hiver feront bientöt tomber ce que les inonaations de 1'été ont conlèrvé. Nevoyezvms pas qu'elle elt perdue? Il répéta fi fouvent ces dernieres paroles pre le Prince d'Orange irapatien'éluifïc cette belle réponfe qui mérite unsplacedans I'hilToire: Je [ais un bon moyen de ne pas voir la ruine de ma Patrie; c'eft de périr dans le dernier retranehement. Les ütats avaient authorifé Ie Prin-1 ce a traiter avec ces deux Seigneurs,; corjointement avec van lieuning,' Beverningh, .4ehatto Gotdnga & vani Dykvelt; ce dernier éta t le feul des Amiiasfadeurs revenus d'Angl. terre & promettait une bonne isfue de la né* gociation. Les Ëtats ayaient firmé un projet trés politique & trés prop.e a donner une meibeure tournure a.ix affs'res. Sur Pelpoir qu'on pouvait e' c< re gagnpf la Cour d'Angleterre » furtout depuis 1'élévation du prince d'Orange, if-s formerent le plan de a détachèrdel. France,klaquelledfet-ait alors bien plus facile de faire entend^e raifon. Cepeniam comme on était bien élo'gnê dfaccorder fes demandes Mitïqae les E:at* 1 Egard Ie rAnjlS' erre»  j < 1 f Y'ttcnltr. I, - ScB Invasion. des Francais exorbitantes, cn crut devoir recourir aux moyens de corruption dont Ia Fiance aVaj fu tirer de H grands avsntages. Pour oter aux Anglais Püée e.'avoir des places de füreté on leur inönua que n'en ne ferait plus précaire, puisque on chercherait toujours a les delivrer, & que Pélévation du Prince d'Orange ferait pour 1'Angleterre t.ne caution plus fure que d.-uze villes de fureté. Le Roi de France , difait-on , ne nous offre iue des conditions intolérables. S'il 'ne retire fes armées du pays, les Provinces-Unies vont ton ber en fon pouvoir, enfuite les favs-bas: a qfel danger PAngkierreneiera-t-eilealors esp .féc? On cbercha même a perfuadcrles Arnbasla.eurs Anghs, que 1'Angleterre devait voler au fecours des Ltarsau :as que la Fr.nee ne voulüt pas fe :ontenter de conditions raifqnnables. .11 en eft qui penlënt que la Cour 1 Angleterre tenait encore a Panden ?rojet de paftager Ia conquête des Jrovinces-Unies avec li France. On joute que Charles II n'eropêcha Louis ÜV de pourfuivre fes conquêtes n Hollande que pareequ'il vouait auparavant que les Andais ■ jsfent maïtres de ia Zélande. Pour ccélerer cette conquéte , la France vait en conféquence fait attaquer le  & DES AN-GLAIS &C fort d'Aardenburg dont la conquête eüt fans doute entrainé ceUe del'iidufe & facilité celle de la Zéelande: mais la Garnifon & les Bourgeois oppoferent une réfiftance fi vigiureufe que les S£nnemis furent repousfés dins deux asfauts oü ils perdirent, dit-on, quinze eens hommes. II eft certain que les Miniftres Anglais agisfaient de concert avec la France. Comme le Prince d'Orange at-1 tendait avec impatience le fuccès de cette négociation; trois Députés vinrent le trouver de la part des Anglais'; Seimour qui fat enfuite Orateur de la chambre des communes, Germyn & Sylvius. Ils crarent pouvoir legtgner en flattant fon ambition par l'offre de la Souveraineté des Provinces • Unies. Les Francais lui firent infinuer fous main que la France cc 1'Angleterre s'engageraient & le maintenir fur le Tröne, ibit contre 1'invafion des Knnerais étrangers foit contre la révolte des fujets mdociles. Ces offres femblaient d'autant plus éblouisfantes qu'elles s'accordaient avec les articles que le Prince avait, dit-on, déja faitpropofer par la voie de Sylvius. Mais , foit qu'il fe défiêt d'une Souveraineté qui dépendait de deux Monarques ö puisfans, foit qu'il n'öfat recevoir un tel préfent de mains fi odieufes ï fes 1672. 3ïre! files au Prin:e d'Oran;e. Bafua£e>B.  1672. Vfa\enaar XIV. IJl 9 31a Invasion des Francais concitoyens ,• il refufa ces ofFres. It déclara qu'il aimerait mieux ■ aller pasfer fes jours a la chasle darts fes domaines héréditaires d'Allemagne que de vendre la Ïiberté de fa patrie. 11 eft certain que les Anglais firent tout leur posfible pour ena-ager le prince d'Orange a entrer dans les vues de la France. Charles 11, difaiton, approuv-ra tout ce qui fera fait par Louis XIV. Les Francais, difait BuLkingham, font honnétes : Il faut traiter avec eux. Il paraït que le k01 de France commencait a cram Ire que des conquêtes fi éioignées 11'épuifasfent fes finances. .11 commencait a fentir le befoin d'arg^nt & le danser d'épuifer fon royaume, par la nécesfité den tirer des chanots chargés d'efpeces qui fe perdaient dans les pays étrangers & même dans les proVinces conquifes. Degrands mouvem-ns fermentaient dans le nord. Pour termin-r cette guerre ii offrait une fouveraim-té qui ne lui coutait rien. Mais pour tirer tout le parti posfible de fes conquêtes, ü cimenta fon union avec 1'Angleterre. Buckingham & Arlington fignerent avec fes ministres un traité (üivant lequel les deux Rois s'tngag.-aknt de ne iaire ni paix ni Trève avec les Ltats Généraux .fans le conlemement tnutuel de. 1'uri &. de Paicre, de fe  & des Anglais &c. 311 communiquer réciproquement lespropofitions qu'on leur ferait. Ils s'accorderent enfuite fur les articles que chacun des deux Monarques propoferait aux Etats. Ces articles font trop intéresfans pour n'être pas rapportés dans toute leur étendue. Le Roi d'Angleterre demandait que lts Hollandais lui cédasfent 1'hoi.neur du pavillon, fans aucune redricaon , même que leurs Flottes entieres baisfasfent le pavillon, & abattisfent le mat de Hune pour un feui Navire Anglais portant le Pavillon de ba Majeité, dans toute la Mer Btitanique, jufques fur les cötes d'Hoüande. La perrnisfion iib.e une année entiere a tous les Anglais, qui font demeurés dans la Colonie de Surinum, d'er pouvoir fortir quand il leur plaira avec toüs leurs biens, de queique nature qu'iL puisfentêtre, fuivant le Traité de Breda Bannislement perpétuel hors dc toui les pays des1- Provinces- Unies , d< tous les fujets du Roi qui oni été déclarés coupables du Crïrae d< léze Majeité, enfemble de tous autres qui feront dénotés par'Sa Majeité d'a voir fait des 1 ibelles féditieux, ou au trement conipiré contre le répos & la tranquillité de fes Royaumes. Rembourfement a fa Majeité dei frais de la guerre, jufqu'a un Millioi 167S. Article» propolés par le Rok d'Angletes, re. t 1  1672. ] i x < c f I e I a I> C P G 312 In v as ion des Francais de livres StcrJirgs, dont400000feront payées dans Je Mois d'üctohrc; & le reile a icoooo livres Sterling par an. Payimer.t annuel de iocoo livres w.erhngs a perpétuhé, pour la permisfion que le Roi donnera de pouvoir pccher des Harangs fur les cöies d'Angleterre, dfscosfe & d'Irlande. f« n r ? d'0rar2e d'a préfent, & fes Defcendants, posféderont la Sou., verainetidesProvinces-Unies, excepté ce qui écherra en partage aux deux Rois & a leur Alliez, oü, a tout le moins, jouiront des dignités de Gouverneur & Amiral Général a perpétuité de la maniere la plus avantageufe £édeées.PrJnCeS PléCédentS les ^t Dans trois mois après la paix fake 1 le fera un 'iraté de Commerce. ,erRé&*ement du commerce les Indes, fuivant les Demandesfaites 1-devant, comme ausfi p0ur 1 avantae des Sujets de Sa Majefté dans leur ségoce, allant, venant, ou habitués n queique pays appsrtenant aux- dits zats, & avec les mênies conditions ✓artageufes, qu, font accordées aux lations les plus iavorilées. L'Isle de Walchéren , la Ville «5c hateau de 1 Eclufe , avec leurs défndances, 1'Isle de Cafant, celle de oerée, & 1'Isle de Vocrne, feront  & DES ANQLAIS &C. 313- rnifes entre les mains afti Sr Wijelé, par maniere de ca ition pour i'exécatioa des conditions rïenrion rées cï'-des'fus. Quoipie Sa vlajeflé déchre de fe Conïe'nter des Gonditións pricélentes k la charge qu'elles feront accept, es dais dix jours, après !esqae s Sa Ma. jeité n'entend plus être obhgée, elle d^clare néa.moins précifement, que quoiqu'eUes f isfent accurdées par les dits Etats» elles n'aaront toute fois aucune f)rce, cc que Sa Maiefté ne fera au:un Traié ni le P ix m de Trèves, que le Roi Trés Chrétien, a Ion égard, ne foit fatisfait par les dits-Ëtats, & que les Princes de 1'Empire, qui font alliez en cette Guerre avec Sa Majeité ne foient pareillemeut content des Conditions, qui leurs feront accordées par les - dits Etats. ' Telles étaient les propoötions de 1'A "gleterre: mais celles de la France étaient bien plus dures 6c plus injurieufes. Le Roi les fit dresfer fous le titre de Conditions fous lesquelles le Roi tres Chrétien confentirait d faire la paix. Les Etats les firent imprimer, ainfi que ceux de 1'Angleterre, & les publierent avec profufion pour exciter 1'indignation des peuples. Les ordonnances faites ci - devant par les Etats Généraux, tant pour défendre les Vins 6c Ëaux de vie de Fran- Article d« Roi de France.  J 1 ( 1 3x4 Invasion des Fran-aii ce dans les Provinces • Unies, feraient révoquées; que celles qui avaient été faites, pour mettre de nouveiles Charges fur les Marchandifes & Manufactures de France, le feraient ausfi; & que, dans trois mois, on ferait un nouveau Traité de Commerce, entre S. M. & les Etats, dans lequel ferait ausfi compris un Réglement pour les Campagnies Orientales & üccidentales, tant de France, que de Hollande. A. favenir, il y aurait dans toutes les PP. UU. non feulement une Ïiberté entiere, mais ausfi une exercicepublic de la Religion C. A. & R. enforte qu'en tous les lieux, ou il y avait plus d'un Temple, on en donnerait un aux Catholiques; lis leur ferait ausfi permis d'en batir, dans les lieux, ou il n'y en aurait point, & que jufqua ce qu'ils fusfent batis ils oourtaient -céiebrer le fervice divin publdguement. dans les Maifons, qu'ils auratent achetées, ou louées, pour cet afrit: 11 .ferait accordé , par les Etats )u par chaque_ province, en particuier , un appointemènt raifonnable a in Curé ou prêtre, en chacune des rghfes , fur lts biens, qui avaient auretors apparteriu a TEglife, ou autrenent: IJf Les Députés des EE. GG. |Ui avaient été envoyé a S. M. 1'a'aient priée particulierement, qu'il lui  & des Anglais &c. 315 plüt par une paix, laisfer le corps des PP. UU. au même état, auquel il avait été auparavant, & que pour donner queique échange a S. M. pour les Conquêtes, dont il avait plü a Dieu de bénir la juftice de fes armes, aulieu des provinces Villes & places, qui avaient été cédées aux Eri. tant en Flandre qu'en Brabant; S.M.quoique déja maitresfe des trois provinces; du nombre des fept provincesTJnies comme ausfi de queique places & poftes, en Hollande, avait bien voulu pour conferver les VII. Provinces cn leur première Union, faire rendre ce qui avait été occtipé, par fes Armes dans les PP. excepté ce qui ferait après declaré & aux conditions fuivantes : IV. les Etats cederont généralement a S. M. toutes les provinces, Villes & places qu'ils avaient, tant en Flandre, qu'en Brabant, & qui leurs avaient étécedées, par 1'Efpagne, excepté feuleroent PEclufeFlJe de Cafant: V. Ils-céder^mausfia.&.M. avec les appartenances & dépendances, le Fort de Knotfembourg, celui de Schenk, toute la partie de la province de Gueldre, lituée par deca du Phin, a 1'égaid de la France, comme ausfi llsle de Bommel, Pl'e&leFort de Vooi n, le Fort de & André & le Chateau de Louveftein, avec le Fori 1(572.  < t $16 Invasion des Francais de Crevecceur: VI. Les EE. céderont pareülement a S, M. la ville de Grave, avec u ferorji d nnertnperpetuite h Ville & Con.ié de Meurs , pniir cn dispo'e' a Ion b n rlsifir, a endi irn que les E»£. inde mni.étaient Ie pü ce d'Orange, pour ce Comté & aums places, Vi'les & Pays, app^rtemnt a ce p'irce, qui auraienteté cedée a S. M .• Vil Les EF.cederont a S. M. le même droit qu'ils auraitnt eu, cu qu'ils pourraiem avoir ou prétendre fur lts places que S M. a occupé.s fur 'cs EE. dam les Ternes de lT mpire; ils fercnt ausfi une pareille cesfion en faveur du prince & (>mte de la Frife Orentale, de tous les dr its qu'ils pourraient avo:r, ou prétendre fur les places, qu'ils occupent en fon païs; favoir, fur la Ville d'Emden, le Fort de Leert-oort 6c Dyler d'tü ils retiieraitnt leurs Gainilons: VIII. II fera peimis auxSujets deS.M. d'aller 6c de venir, de tous les pays, Villes 6c places, qui lui auront été cedées, tant par Mer , que par Terre; 6c fur tcutes Eaux 6c Rivieres, fans qu'ils fusfent fujets a aucun droit )u impofitions, ni -vifites de leurs marmandifes, ni de leur bagage, muni™"s de guerre, ou vivres: IX. Les , üL. GG, s'obligeront de faire rendre ala i  & DES ANOLAIS &C. $1? è Ia Réligion de Malte les Commanderies, qui fe trouveront appartenir a cet Ordre: ils permettront de faire rendre au Comte de Benthem fes Ënfans, qui avaient été retenus par la Comtesfe de Benthem, fon Epoufe. fous 1'autorité & par la permisfion des Etats; nonobftant les inftances par lui i faites, qu'il avait fait appuyer des resommandations de 1'Empereur & de S. M. X. C.ï ils indemniferont S.M. | des dépenfes excesfives qu'Ellea faites. j pour cette guerre, & lui feront payer, dans Ie tems qui fera ftipulé, la fomme de vingt millions; moyennantquoi S. M. leur quittera les trois Millions qu'ils lui doivent payer, pour le prêt a eux fait en 1631. Comme ausfi les intéréts qu'ils lui doivent, dej puis cette année U: xi. en reconnaisi fance de la Paix qu'elle veut bien ac5 corder aux Etats lorsqu'elle peut étenli dre plus fes conquêtes, dans leurs païs; ils lui feront prefenter, tous les i ans, par une Ambasfaie Extraordinai- i re, une Médaille d'Or,péfantun Mare, ii laquelle contiendrait qu'ils tiennent II de S. M. la confervation de la même 1 Ïiberté, que les Rois fes Predecesfeurs l avaient aidé a leur acquérir: Xi i. En| core que S. M. déclarèt de fe conten" iter des conditions précédentes a la ; charge qu'elles feraient acceptées en Tonic. VII. O 1672.  1672. Conduite dn ïrince d'Orjpge a 1 egard des deux projets •ie Traite'. 318 Invasion des Francais dix jours; après lesquels S. M. ne prétendait point y être obligée; elle donnait neanmoins a entendre par la préfente que quoiqu'elles fusfent accordés par les Etats, elles n'auraient néanmoins aucune force; & que S. M, ne ferait aucun Traité ni de paix ni de Trêves, que le Roi d'Angleterre, a fon égard ne füt fatisfait par les Etats; & fi les Princes de 1'Empire, qui étaient Alliés en cette guerre., avec S» M, ne fusfent pareillement contents des conditions, qui leur feraient accordées par les Etats. Les deux Traités furent communiqués au Prince d'Orange par la voie du Chevalier Sylvius.. Ils étaient fignés par Buckingham &;Arlmgton qui n'avaient pas rougi d'y écrire, qu'ils n'avaient dresfé cet accord que pour faire échouer les effbrts des Etats pour élever des nuages entre les deux Rois, en cherchant 'a les détacher 1'un de I'autre par un traité particulier. Le Prince d'Orange ne put conferver fon fang froid ; en lifant les conditions qu'on y impofait a la République. 11 voulut jetter ces dépêches dans ie feu: En communiquant ces deux piecesaux Etats, il déclara qu'il n'y avait pas un feul article qu'on put acceptêr, qu'il aimerait mieux fe faire hacber en pieces que de les recevoir,qu'on ne de-  & des An&LAIS &C. 319. vajt pas imputer ces articles au Roi d'Angleterre; mais a fes Ambasfadeurs,& que les conditions relatives afa perfonne ve« naient plütöt d'un Ennemi que d'un Ami. Les Etats- Généraux prierent le Prince d'Orange d'ouvrir fon avis fur ce fujet. Guillaume s'excufa d'abord; on ccmmencait a regarder cette excufe. comine un trait de modeftie; mais Pétonnement fut grand lors que le Prince fit entendre qu'il ne pouvait s'expliquer a caufe de certaines perfonnes qui fe trouvaient dans 1'asfemhlée. La plupart des Provinces le prierent de les nommer. Majs la Hollande s'y oppofa par tin motif de pröidence & par la crainte qu'une telle- démarche, n'excitat des fouleve■mtns parmi un peuple dont onnepouvait déja plus conteiiir la rage. Les Etats de Hollande, inffruits de cette propofition, la jugerent d'une importance asfez grande pour s'en occuptr; ils réfoiurent de prier le Prince de déligner les perfonnes qu'il foupconnait. L'étonnement fut extreme, lors qu'on 1'entendit nonmier De Groot. On lui demanda quelles étaient fes raifons? 11 n'eft pas encore tem?, dit alors ce Prince adroit & disfiniulé au desfus de fon age, de percer dans le fond de cette affaire, j'ai lieu de foucconner que De Groot a pasfé O 2 1672. Guillaume F »ic eclater ies loup;ons contre 3e Wilt. Barxage II. U3. 324. Valkenier I. Hyl. 61, I3+. 135.  1672. L<* Anprlaisé' ehou ere dans leur négo* 320 Invasion des Francais les ordres de fes coramettans dans 1'étendue des ofFres qu'il a faites a la France". Quoique De Groot eüt fait paraitre, dans cette négociation, trop de penchant a recevoir des conditions dangereulés de Ia part de la France; il faut avouer qu'il n'avait fuivi que les ordres dont il avait été chargé, Ori pouvait attaquer fes lumieres & non pas fa bonne-foi. Un de fes plus grands crimes était fans doute de pasfer pour un des chefs du parti AntiStathouderien que l'on projettait de détruire. Ausfi ne tarda-t-il pas k s'appercevoir qu'on voulait 1'abandonner a la fureur du peuple, dont il avait déja, ainfi que plufieurs autres, failli k être la victime. II jugea qu'il était d'une indifpenfable necejfité, pour lui, de fe mettre en furetépar la fuite. Mais afin que l'on ne donnlt pas une interprét?.tion finiftre a fa rétraite, il écrivit ayx Eiats de Hollande & a la Régence de Rotterdam , pour leur expofer les attentats qu'on avait formés fur fa vie & le péril qu'il courait d'être ma.facré s'il ne s'étaitdérobé par une prompte fuite. AinG le Prince d'Orange vit fon influence & fon crédit s'affermir dans 1'Etat. JNon feulement on rejetta les conditions qu'il avait ju gé intolérables;  & DE. S AnGLaIJ &C gil on fuivit même fon avis en ne contirtuant de négxier qu'avec TAngleter- ..ne. Ce procédé était d'autant plus étonnant, qu'on ne pouvait plus dou« ter que les deux Rois ne fusfent alors dans un accord parfait pour détrure la République. Louis XIV avait employé fes moyens ordinaires <& toujours infaillibles de gagner les ministres de Charles II. Le Monarque Anglais , trompé par fes Ambasfadeurs , crut alors que la ruine de la Républi que était trop avancée; pour qu'il füt posfible de lafauver:. il jugea que le meiüeur parti était dé partager le butin, penfant que la grande maxime en politique de fecourir les faibles contre une puisfance prépondérante, n'était plus de faifon. Les miniftres oublierent toutes les promesfes dont ils avaient leurré le Prince d'Orange. Le peu d'égirds qu'ils eurent pour fes intéréts & pour fa perfonne, ne contribua pas peu a animer ce jeune piince contre les deux Rois & contre leurs . projets deftructeurs. Mais ce qui contribua furtout è faire perdre toute confiance aux ministres Anglais, furent leurs manceuvres perfides a 1'égard du Gouverneur des pays-bas Efpagnols. C'était toujours:1 le Comte de Monterey. Conformé-*1 O 3 1672, lar.s les P-iys - b». Bafnagt 11, 161, aftmge. II, f8. 2él.  . : til t euple Sc ie IVlévaion du Prinee. [* Bs^fï liv, I.  1672, i RéVOLTRI POPÜLAIKES. V liche & impuisfant. Au lieu de s'armer d'un noble courage contre un vainqueur altier & infolent, il éclata en plaintes, en mutineries contre ceux giii, s'étant arrogé toute 1'autorité , n'avaient pas fu écarter ces malheurs, ün leur imputa 1'état déplorable oü s'étaient trouvées les armées: on les rendit refponfables du mauvais choix des Gouverneurs des places: comme ce parti femblait avoir toujours mchné pour Ja France, on crut d'autant plus qu'il y avait de latrahifon, que plufieurs Officiers, traduits devant le confeil de guerre, avaient été jugés dignes de mort ou d'autres punitions infamantes, pour caufe de lScheté' ou pour desacdonsfufpectes. L'affaire du Comte de Montbas fit furtout keaucoup d'éclat; foit parceque 1'abandon qu'il avait fait de fon pofte avait été fuivi de 1'inondation rapide des Francais, foit paree qu'il avait époufé la fceur d'un des chefs du parti de Louweftein. Ce parti avait toujours ré?ardé la paix, comme Ie moyen le plus propre a cimenter fon autorité, Mais une guerre & qui pis eft une guerre malheureufe lui fit perdre la confiance de la nation. La rapidité des conquêtes de 1'Ennemi, le peu d'oppofi:ion qu'elles avaient rencontré, les légociations avec la. Francs infpirereat  | Guillaume III. Stathoumiu 305 ; les plus violens foupeons. On ne douI ta pas feulement de leur incapacité, :i mais encore de leur probité. Le peuple ij qui ne juge des événemens que par 3 le fuccès, ne fe borna pas a dire ij qu'ils éatent incapables de conduirè les rênes de 1'K.tat; on asfura généralement qu'ils avaient vendu la patrie a 1'Ennemi. Le parti contraire n'oublia pas, dans cette circonftance, de fo1 jnenter ces odieux foupeons. L'inclination que le peuple avait toujouri 1 montrée pour la maifon d'Orange, : éclata avec plus de force que jamais: I tous convinrent qu'il fallait que le gouvernement fous lequel la République avait eu tant d'éclat & de grani; deur füt rétabli & que ceux cjui s'y oppofaient fusfent des traitres ou des i Ennemis du bien public. Si dans cet état des chofes queique : citoyen illuftre s'eft trouvé en : bute aux jaloufies & aux traverfes du ! Gouvernement devenu odieux, il n'a : pas befoin d'autre titre pour obtenir ; la faveur populaire. A plus forte raifon le Prince d'Orange, diltingué par ' 1'éclat de fa naisfance, intéreslant par fa jeunesfe & par la privation dés di; gnités qu'on regardait comme un malheur , fut - il 1'objet oü tous les regards fe porterent. On envifagea le O 5 < 167 a.  A'i(?a:ê des ïtédiaas. Jï6 RéVOLTES POPULAIRPS. Prince comme deftiné du del pour être le hbérateur de la Républiau^. ün crut qu'il n'y avait pas de falut k espérer tant qu'il ne ferait pas revêtu de toutes les dignités de fes ancétres. Les Bourgeois des villes profiterent des_ armes que ia crife de PEtab leur avait milès a la main pour la défenfe particuliere. Ils précipiterent, avec toute limpétuofité populaire, un changement qu'ils defiraient avec ardeur. La nécesfbe des'arracherauxoccupations tranquiHes de la vieBourgeoife pour s'occuper des travaux ftériles &pénibles des gardes & des fortifications,les chagrina beaucoup: de fourdesinfinuations feraient pas fortir le Piince de la ville avant qu'elles fusfent asfurées qu'il avait recu fatisfaction de la part du Magiftrat; que c'étaient ces mêmes perfonnes qui avaient arrêté le carosTe du Prince, & qui couchant en joue 1 un des B turguernaitres, qui l'accompagnait, lui avaent démandé, fi l'on avait donné la fatisfaction au Prince^ furquoi Son Altesfe avait répondu, amis, tout ira bien & avait prié ces perfonnes de lui p rmettre de fe rendre -a 1'auberge oü Jtlle avait diné. 1671. Wagtnatu xiv. 7*; 78.  j*in. 3«fi,*Se f] ftthmerl. i 1 1 330 RéVGLTES POFULAIHES. Que le Prince y étant entré avec les Mesfieurs,, Ces mêmes perfonnes & une vingtaine ' 'autres, excitées par le même Miniftre Dibbets, avaient fait un nouveau ferment de ne laisfer fortir de 1'auberge aucun des Magiftrats fans lui rompre le coü, a moins quil n eut donné fa voix k 1'élévation du Prince, & quil n'en eüt figné 1'Acte. Les Régens, intimidés par ces menaces, fignerent un acte oü ils renon,. caient è 1'edit perpétuel, «Sc déclarerent au nom de la ville le Prince d'Orange Stathouder «St invefti des mêmes p uvot, honneur «Sc autorité que fes ancétres avaient posfédés & le déclarerent abfous du ferment qu'il avait fait de nejamais accepter le Stathoudei at. Le Prmce fit paraitre queique répugnance: il affecta, en fe tournant vers. Ies Régens, de les plaindre fur la violence qu'on leut faifait. 31 montra mê- ' me une certaine delicatesfe i .recevoir la difpenfe du ferment; ilparutfouhai:er qu'il füt levé. par des ministres de a. religion. Sous prétexte. de tranquirfer fa confcience, mais eneffet,pour :oüvrir aux yeux d'un Peuple fuperHitieux Pirrégularité de ce procédé , m fit venir deux miniftres qui, au lom du Dieu vivant, le déclarerent .uthorifé; a déroger au ferment iolemtel quil avait prêté- D'autres fe con-  Guillaume Hl. Stathouder. 333 tentent de dire que la difpenfe donnée par les Régens fut fignée par quelques Miniftre» de la pirole de Dieu. Corneille De Witt, Ruwaard de Putten , fe trouvait dans des circonftances bien différente?. Il était retenu dans le lit par un indifpofition contractée fur la flotte, lorsque 1'Acte de difpenfe lui fut apporté, pour le figner. Sa premieje réponfe fut un refus. II dit froideraent qu'il aimerait mieux msurir que de violer un ferment légitime, dont perfonne fur la terre n'avait droit de le dispenfer. On lui répréfenta qu'une populace . muttnée «5c furieufe environnait fa maifon & menacaitdefe porter aux dernieres violences. Cet intrépide citoyen, accoutumé dans les combats & dans les orages civils, a roidir fon ame contre les plus grands dangers, ne fut pas ébranlé. „Tant de balles, dit-il, m'ont fifflé aux oreilles dans le dernier combat, que je ne: faurais plus les craindre : J'aime mieux périr que de figner un pareil écrit". Ces exhortations ayant échoué, on eut recours a d'autres moyens pour le fléchir. Sa femme vint toute éplorée avec fes enfans, lui prit la main avec une tendre follicitude , Gele fupplia» les yeux baignés delarmes, de fe conferver pour el lp & fes enfans. II fut encore inflexible; mais cette femme prenant alors le tonfer 1672. Urmidt vit it Ruiter. Le Ra- Witt forcé le figner a tévoci' :ion de 'Edit psrxSaiel... ,  I 9 334 RéVOLTBS POPULAIRES, me du désefpoir, ménaca d'aller ouvrir la porte, de fe jetter entre les bras du peuple en reclamant föfi innocence & la pitié Me a fon fexe & a les enfans, d'abandonner a lafueur du peuple un Epoux obftiné qui voulait le défier temerairement & a pure per te, puisque tous les autres magiftrats avaient molli. "De Wrt n'eut pas la force de tenir contre une fcene ausfi touchante. Il figna; maiscrovant iauver fon honneur par un fubterruge qui lui fervirait quand 1'ora^e ferait pasfé, il ajouta a la ügnature ces deux lettres V. C, c'eft a dire v$ coactus, contraint par la force. Mas un des Mimftfes qui ée&èuifitfc la populace, ayant donrié 1" merpfétaïiDP de Ces mots, elle demmda tumtftuaireinent que le Ruwaard' les SfÊcSèk iV m encore obiigé ds les afar 'k d~ perdie ainfi la re.^-mree ,.n5il crovvt ivoir ménage a fon hbnneur : rJomW I la maniere dont cette fignature lui -t'i .rrachée n'avait pas füffi pour :onftatef la vLlence , fans les deux mm quil ajuutait a fon nom: tant J eft viai que, dans des' crifes 'déli:ates il eft bien difficile aux plus ;i'ands hommes de conlérver une raion entieiement ferme & faine. C'eft i'nfi que le Prince vit pofer ies fonkmefts de fon ëlévation dans ia pre-  Guillaume III. St-athouder. 335 rniere ville de Hollande qui était Ie berceau de fes plus ardens Ennemis. A peine ceux de Dort s'étaient foulevés que la même fermentation éclata'it a Rotterdam. Jean Kievit ancien Bourguemaïtre de cette ville, obligé depuis la malheureufe affaire de Buat, de fe réfugier en Angleterre oü il était encore , faifit cette occafion pour confommer 1'ouvrage qu'il i avait été contraint de laisfer imparfait. |De fa rétraite a Londres il animait 1 plufieurs des principaux habitans avec Jlesquels il entretenait correfpondance. j Herman van Zoelen ancien Bourguefmaïfre, William Baftianfz, Daniël de tHogendorp, Dominique Rosmaale & 'plufieurs autres Régens & citoyens 1 difiingués, étaient dévoués au Prince, I On accufait le parti de Louweften j de direcommunément qü'il valaitmieui fe donner a la France qu'au Prince Ils attribuerent ce propos aux Régen de la viile qui étaient. dans ce parti Le Confeiller Arend Zonnemans partifai I de la maifon d'Orange, pousfamêmei'ën thonfiasme jufq-'afe défaire de facharge j rarcequ'il jugeait, dit-il, 1'élévation di i Prince nécesfiire ï 1'intérêt du pays i & ne voyait aucun moyen pour 1 ; favorifer. Un autre du même parti i nommé Léonard van Naarfen, asfur dans 1'asfemblée du confeil du ton d A Rotter^ dam. I i Wkquef. Hifi. Ma'nufc. Liv, 1 XXI. » l l 9 1 t  I <%2, 1 336 RévOLTES POPÜLAIRES» ces hommes qui fe crryent initiés dans les mylleres ies plus profonds de lapolitique, que le Roi d'Angleterre necontinuait la guerre que pour faire élever le ■Pnnce Ion neveu au Stathouderat; com* me (1 un Prince tel que Charles II eüt été capable de préférer Jes liens rtériles du lang a des liaifons qui lui fournisfait des fommes immenfes pour fes plaifirs avec 1'efpérance d'établir le pouvoir arbitraire & indépendant. Hogendorp öla méme dire publiquement quil y avait cinq traitres dans la ville. Plufieurs des Régens Anti-Statftoudénens ne tarderertt pas a être inaa PJr h, P°Pulace« Jean Pesfer , Adam Rroefer, Guillaume van der Aa «x le penfionaire De Groot furent les plus maltraités. De Groot, prévoyant les fuites de ces défordres, demanda que les plus coupables fusfent punis • mais la Régence , fe défiant de fori autorné deja chancelante , n'öfa fc porter a cette réfolution courageufe. Les Officiers de la Bourgeoifie, tirerent parti de Pimpunité, pour former 3es projets audacieux. lis demanderent tumultuairement au Confeil de travailier a faire déferer Ie Stathouderat au Prince d'Orange. Un d'env eux, nomniés Jacob Vo6maar,s'étant, ivec la compagnie, emparé de Ia plaie qui tft devant. la grande Eglife,  Guillaume III. Stathouder. 337 I fit demander a ehacun de ceux qui I fortaient du préche,- s'il était pmr le S prince ou pour les Etats'i 'lous euI rent la prüdence da fe déclarer pour I le Prince. Le nombre des mutins s'éI tant accru, le miniftre Borstius parut j tout a coup au milieu de la troupe. 8 II eut 1'audace de demander aux asfis1 tans, s'üs ne défiraient pas qüe 1'Edit perpétuel fik aboli, le Prince nom1 mé Stathouder & dispenfé du ferment qu'il avait prêté? Tous ayant donné leur voix è cette propofition, le peuple fe rendit a 1'inftant devant 1'Höte de ville, fit arborer 1'étendard orange fur la tour & forca le confeil de s'asfembler a une heure extraor3inaire& de révoquer 1'édit perpétuel. Quelques Régens ayant montré de Ia fermeté, les plus léditieux firent annoncer qu'ils avaient juré de rompre le cou a tous ceux qui refuferaient de figner la révocation & de piller lei maifons de ceux quifedéroberaientpar la fuite. Pour comble de dépit la Régence fut obligée d'envoyer des députés au Prince pour lui notifier cette Election. Son Altesfe qui n'était pas contentt de la Régence de Rotterdam les recut avec indifférence. Le Prince affecta de dire froidement qu'il n'acceptait cette nouvelle charge que pourlebiefi de 1'Etat. C'eft ainfi que ce jeune 1672. Waten. XIV. 7-; -37.  338 Ré VOLTES POPULAIRES. .I6"72. Vfagen. Ï1V. lij. A Goudc. ^ 1 Prince, inftruit dés 1'enfance, dans Tart de disfi-muler, animait i'ardeur des peuples par une apparente modeftie. La fermentation. ne daisfa pas de continuer dans la ville. Les Gardes Bourgeoifes oferent. même arrêtter I'Yacht des Etats qui portait des ordres a la flotte. Les lettres furent arrachées des mains des Députés & Paguation fut extréme, lorsqu'après, les avoir ouvertes, on feut qu'elles! contenaient des ordres de ne pas combattre les Anglais. Sans vouloir pénétrer fl la faiblesfe de la flotte ou d'autres raifons rendaient ces ordres nécesfaires, le peuple fe Jivra aux: plus violens foupeons; il déchargea fa rage fur les. Régens fufpects. Un pijla les maifons des Confeillers Arend Zonnemans, Willem" van der Aa: 011 forca la Régence a promettre, fous le bon plaiür de Son Altesfe, de faire mettre ep prifon Pesfer, Vrotfer ,Gaal, DeVisfcher, Van derAa, Paats,De Groot ct Voorburg, de les exclurea jamais & leursdefcendans jufqu'a la quatneme génération, & de créer a la alace pour Confeillers, van Naarfen, Baftiansz. & Beyer; & d'abandonner 1 la djfcretion de, Son Altesfe les chan;emens, ultérkurs dans la Régence. kievit faifit cette occafion pour revenr dans fa patrie; & h Bourgeoilie  Guillaume III. Stathouder.. 359 rintroduiflt dans la ville avec une efpèce de triomphe. Plufieurs des Régens profcrits furent arrêttés; De Groot courut rifque de fa vie; il ne tarda pas a conjurer, par une prompte fuite, 1'orage qui menaeait fa tête. L'efprit de fedition fut un mal contagieux qui gagna toutes les autres parties de 1'Etat.Le foulevement des dif* ferentes villes fut cependant marqué par des incidens particulier? & curieux. JLa ville de Gouda fut d'abord ménaeée d'une invafion des payfans des environs a qui les inondations avaient ravi leurs resfoutces avec leurs terres; Enfuite une troupe de femmes & d'enfans asfiègerent la maifon du Bourgue-' maïtre. Rsiniet, Kant- comme ils n'entendaient pas le mot d'édit perpétuel,: üsdemanderent la fignature du même acte que d'autres villes venaient de figner. La Régence s'étant alors asïemblée, fit publier que Ie Prince était attendu dans. la ville. San Aites.fe s'y rendit en effet; mais iln'ytrou-» va qu'un répas fplendide- Les Habitan.9. de cette petite ville -ne demanderent' rien de plus aux Régens en fa faveur. . Les; chofes fe pa'sferent avec plus de méthode & de gravité a fiaarlem & a Leide. Les compagnies Bourgeoifes firent plufieurs mouvemens. F.l!es^ avaient arbaré le drapeau orange danss a a ,y.' i .«4. A H ar. em Sc % Leide.  10*72. \ A tVeiff, Yalteuier ] «}ƒ. A Amfler- daro, , Jrr.Jltri, Ceftbhd. -tiv. XiX, 340 RéVOLTES POPULAIRES. deux endroits; lors'que les Mag:ftrats ' de la ville , qui d'ailleurs n'e.aient pas cppofés a 1'élévation du prince, donnerent a ret égard leur déclaration qui fut publiée. La ville de Delft offrait alors le • fpectacle le plus fmgulier. Les payfans & les pêcheurs de Maasland, de Masslandfluis & de Schiedam, excités par un miniftre ou fuivant d'autres par un membre de la Régence de Delft , sïtant asfemblés au nr.mbre d'environ huit eens, pasferert les fosfés de la ville fur des radeaux ••& s'en rendirent maitres en efcaladant les remparts. Ils affégerent rtiötel de ville & forcerent la Régence a casfer 1'é«Jit peipé'.uel & a proclamer le prince Stathouder. La ville d'Amfterdam ne fut pas exemp;e demouvemensléditieux. Ils y furent moins violens paree que la Régence de cei te ville fut une des premières a propofer 1'élévation du prince d'Orange. Elle envoyaït a la Haye 1'ancien Bourguemaitre de Graaf pour y denner fen confentement: mais le bruit s'étant répandu qu'il partait pour traiter de la reddition de la ville au Roi de France, il fut infulté par la pc pulace. On iui donna le rom de traitre & de fcélérat: On le meoaca même de le tuer. Une femme lui  6UILLAUME III, Stathouder. 341 femme lui arracha fa peruque ; on lui porta un coup d'épée: & ce ne fut qu'avec bien de la peine qu'une compagnie bourgeoife, accourueafon fecours, vint a bout de le fauver de la fureur d'une ville populace. Il fut d'autant plus aifé de faire cesfer ce' tumulte que dès le lendemiin les Ré-: gens publierent la Réfolution qu'ils avaient déja prife pour 1'élévation du Prince d'Orange & la révocation de 1'Edit perpétuel. Il y eut dans presque toutes les villes des mouvemens, .quoiqu'ils ne fusfent paségalement violens partout. Le désofdre était fi général que les tribunaux de juftice refterent fermés jufqu'a la promotion du Prince qui les fit ouvrir. Rien n'eft plus curieux que la ma-j niere dont fut propofée dans les Etats' de Hollande une Révocation défenduej d'une maniere fi fonnelle. La villej de Rotterdam, étant la feule qui eüt. promis d'en faire mention, n'öfa d'abord en parler que d'une maniere obfeure & couvert; leDéputé de cette ville demanda s'il ne ferait pas permis a quelques membres de faire 1'ouverture d'une propofition qu'il jugeait avantageufe au bien public, quoique contraire a certains Edits qui avaient force de loi. Tous les Membres de 1'asfemblée fentirent ce dont il s'agisfait & donnerent leurs Tome. VIL P 1672. 37. tevocj- iOB de ' 'Edit p°retuel pro)ofée d 1 s es Etat3 ie rlollaade.  1672. 1 : i i ~i 1 1 ! 1 1 l '< 1 1 f 34G RévOLTF,S POPULAIRES: confentement. Le Député dit enfuite, que 1'honneur, la confcience & les rélhlutions formelles de 1'Etat ayant interdit cette propofition , il demandait une permisfion particuliere pour la faire. Les membres de la Noblesfe demanderent une explication (plus nette. Dort s'oppofa vivement a 1'ouverture de cette propofition. Haarlem au contraire y confentit. Delft demanda a faire la premiere propofition. Ünfin Leide déchira tout- a- fait le voile en déclarant qu'on voyait bien qu'il s'agisfait de révo3uer 1'Edit perpétuel. Tous les au:res membres, comme foulagés par :et aveu, ne disfimulerent plus. L'afaire fut ausfitöt mife en délibération, 5c la conféquence naturelle de cette ïiscusfion fut la Réfolution unanime 1'aholir 1'JSdit perpétuel : On ie 1 lifpenfa du ferment qu'on avait prêté :inq ans auparavant de ne pari er néme jamais de 1'abolir. On jousfa le zèle jufqu'a faire dilparaitre ; e livre oü étaient les noms de tous 1 eux qui 1'avaient juré On le brQia néme a Amfterdam dans la chambre lu Confeil. Ce premier pas franchi, on ne donia plus de bornes a la löumisfion. De 'excès de la hame on pasfa a 1'exès delaflatterie. LeMagiftiatdeDört I  Cuillaume 111. Stathouder. 343 non content d'avoir opiné pour le Stathoudérat, répréfenta aux Etats que la perfonne du Prince était fi précieuie, qu'il était nécesfaire de lui donner une garde de Hallebardiers , qu'on devait le prier de fe rnarier, afin qu'il püt laisfer une poftérité qui marchit fur fes traces, & qu'en atten« dant qu'il pfit choiiir un Epoufe, il devait fe nommer un fuccesfeur, afin que Ia Képublique ne demeurat pas privée d'un appuy ausfi nécesfaire. Amfterdam, de qui 011 n'aurait pas attendu un fuffrage fi flatteur, déclara par la bouche d'un de fes Bourguemaitres, que la Perlonne du Prince , lorsqu'il auiait le com man dement , valait mieux qu'une armée de vingt mille hommes & fut la première a propolèr, qu'on lui conférat le Stathoudérat fans aucun delai; Haarlem, malgré le zèle qu'elle avait toujours témo'gné poui la Maifon d'ürange, modifia judicieufement Ion Avis, en demandanr que les villes fe refervasfent 1'Eiection d« leurs Magiftrats, parceque de la co» fervation de ce i'rivilege dependaii leur liberté. Leyde & G01 da appuyeren' ce fentiment ; en ajoutant qu'on n( devait rien faire que de concert avec les Etats Généraux, afin d'entretenii ï'Union & 1'Haruionie des provinces Mais Amftxrdara repliqua par la bou? i8 3 1672.' Voyex Bof- KW. U. 188.  l i f t c 344 Révoltes Popülaires. che du Bourguemaitre André de Graaf, que dans une circonltance ausfi presfante, li n'était pas a propos de faire les chofes a demi; que le moindre délai acheverait d'irnter les peuples, qui le porteraient au dernier excès deviolence; que le plas für était de conrérer au Prince le Stathoudérat & le Commandement avec toutes les préémmences , qu'on y avait attachées» Kotterdam, Gorkum & Schoonhoven K tous les autres Députés, qui regardaient la mort comrne une fuite inévitable d'un refus , iiiivirent eet Avis, & on dresfa la Réfolution fui/ante. „ Sur ce qui a été répréfenté Dar Mesfieurs les Députés des villes ie Haarlem , Rotterdam, & autres Vlembres de l'Asfemblée de leurs No>les & Grandes Puisfances, Mesfieurs te la JNoblesfe, camme ausfi les Dé)utés des villes, aux noms & de la art de leurs Commettans, ont trou'é bon & réfolu , comaie leurs Noles & grandes Puisfances trouvent ion par la préfente, en cette dangeeufe Conftitution des tems & des afüres, que pour réhabiliter les memres de cette Asfemblée pour 1'établis:ment d'un Stathouder, lesdits memres lè difpenfent les uns les autres, oanme ausfi tous ceux qui ont juré  0 GüILtAÜME III. S TATHOtJDSR. 345 9 fuccesfivement FEdit Perpétuel, ainfi qu'ils font préfenternent, du ferment par eux fait fur ledit Edit, felon la Réfolution de leurs Nobles & Grandes Puisfances, en dattê du 15 d'Aoflt 166*7; fe remettmt par coftféquent' les .uns (es autres en la mö:ne liberté qu'ils ont euë aupanivant, pour élire & établir un Stathouder, felon qu'ils jugeront a propos pour le grand bien Sc avantage de 1'Etat." Il en efl: même qui ont écrit que dans le Conleil d'Amfterdam , on fit alors des propofitions encore plus fingulieres & qui ne tendaient a rien moins qu'a porter le dernier coup 4 la liberté. Le Bourguemaïcre Gillis Valkenier propofa, dit-on, de hüsfei; fubiifter FEdit perpétuel; il ne voyait rien, dit-il, dans eet Edit qui fut contraire a 1'élevation du Prince au Stathoudérat; au moins ne s'y trouvait-il rien qui empéchdt la ville de propofer dans les Etats que le titre de Comte lui füt déféré. Il ajouta que les Confeillers Pancras, Geelvinck, Hinloopen & Bakker étaient dans eet-» te opinion. iViais le Confeiller Bontemantel , en s'élevant contre eet avis & pour la fuppresfion de FEdit perpétuel dit, entr'autres particularité remarquables, que le Greffier Fagel, actuellement partifan zélé de la raaifon P 3 I672. A qifl po'frt Ais» fterdam 1 ■ t-elle phusle le féls pour ie Princi?  tójï, t Jailiet. 346 RéVOLTES POSUÏ.AIBES. d'Orange avait le premier imagïné eet Edit, qu'il avait eu de la peine k le faire goüter au Penfionaire De Witt, conflant adverfaire de cette maifon; que cependant Fagel en avait dès 1'an 1Ó30, demandé la fuppreslion, qui devait, a plus fbrte raifon, avoir lieu dans la crife actuelle. CefentimentfutaJopté; 1'avis d'élever Ie Prince a la dignué de Comte, fut rejetté; on réfolut unanirnement de fe borner au Stathoudérat. Les Bourguemaitres lui envoyerent enfuite une lettre pleine de timoignages de zèle & d'inclination pour fa perfonne, le remerciantdel'iaclination qu'il avait fait éclater pour eux , quoiqu'ils ne 1'eusfent pas mérité , le priant d'honorer Ia viüe de fa prëfence", avec asfurance qu'il y trouverait des efprits qui faifaient confifter leur gloire a deraeurer invariablement fes tt ès humbles ferviteurs. La Bou'guemaitre Henri Hooft fut nomrné en même tems pour aller conférer avec fon Altesfe fur la Jefenfe de la viüe; & s'il n'y avait pas moyen de donner un tour heureux aux affaires en augreentant le crédit, lapuisfance & les dignités de fon Altesfe. Le Sr. Hooft s'acquitta de fa commisfion en 1'asfurant qu'il pouvait corapterfur les bonnes difpofitions de la ville. La Reponfe du Prince, quoiqu<: concueen " termes généraux, eft digne de remar»  Guiixaume III. Stathouder. 347 que. II asfura le Député qu'il avait firgulitrement a cceur les intéréts d'Amfterdam, & qu'il venait d'entamer avec le Roi d'Angleterre, une négociation dont il fe promettait le plus heureux fuccès. C'eft fans douted'aprés 1'idée de cette négociation que le plus faaieux menteur des hiftoriens Barnet a brodé Fhifloire d'une offre qu'Amfterdam aurait faite alors de déferer la fouveraineté au Prince d'Orange. Cet Ecrivains ne manque pas, fuivant fa coutume, d'étaler 1'honneur qu'il avait d'être a 'mis par les Princes dans leurs plus grands fecrets. Le Stathouder, dit il, en me parlant de cette offre, ajoutait qu'on ne la lui faifait que paree qu'on croyait tout perdu & que connaisfant Pattachement inébranlable des Pollandais a la liberté & leur horreur pour le joug d'un maitre, il avait reietté cet honneur dangeretix, Que Bui-net ait par vanité, imaginé ce fait, ou plütöt qu'il en ait altéré« exagéré le fonds, ou fil'onveut, que le Prince d'Orange ait eu lui-même, la vanité d'induire Burnet en erreur ; ce fait ne laurait fe coucilier ni avei les documens authentiques du temsni avec le fyftême conftant d'Amfter dam, ni avec la conduite que tint li Prince; quand la même offre lui fut fai te par les Etats de Gueldre* 167S. 73«f»«f T. Hifiory ™'. 7. f- 3*>  t6ji. Le Pri; ci ó'ürange proclamé JtPthoudcr de . iolland & è- Zeelan-. df. Valkeni'r.T, tjl. f i J8. i I ( I k 1 i < t i c Valkenier.\, ^ •Xy/ags. f J17. *2 S}8 Ré VOL TE S POPULAIRES. , Mais avant qu'Arafterdara s'avancat a ce point, les efR.rts qu'elle avait faits pour le Prince d'Orange navaient pas été lans fuccès, Les Etats-Généraux , fuivant 1'impulflon de la Hollande, comin^ncerent par réfoudre de ,lui déferer Ie droit que fes ancêtres avaient 2xercé.( Et le quatre du mois de juin, a 4 heures, Guillaume Henn, Prince d'Orange & de Nasfau fut proclamé folemnellement Stathouder, Capitaine & Amiral-Général de Holhnde. _ Onze Députés des Etats de la Province furent envoyés au Prince qui fe trouvait alors au Camp devant Bodegrave : Ce Prince adroit & "itiimulé ne manqua pas dans cette sccafion, de marquer route la délicatesfe ju il croyait avoir befoin d'étaler: fon ireraier foin futdedemander fion 1'avait lé'penfé du ferment qu'il avait prêté •n acceptant la charge de Capitaine-jénéral i Lorsqu'il fut qu'on avait )it cette précaution, il promit de déendre le pays, de rétablir la tran[uihté dans les villes & de s'acquiter de toutes les obligations afFeétées la charge. En conféquence les Etats e Hollande engagerent les Etats-Gé- ■é/^x,iJdéc,^rT-r le prince Capitaine rénéral de 1'Union , c'eft-a dire des •méés es Campagne & des troupes  Guillaume III. Stathouder. 349 des Pays de la Généralité: mais le droit des patentes ne lui fut confié que provifionellement. La Frife & la Province de Groningue, ayant un Stathouder particulier, fe réferverent ce droit. Le prince fe ren dit le 9 du mois a la Haye oü il fut confirmé dans fa nouvelle dignité en prenant féance dans la chambre de Confeil & fur le tribunal de la Cour. La Hollande fe contenta de donner une démisfion au nouveau Stathouder; mais elle ne regla fon pouvoir par aucune inftruaion. C'eft ce que 1 qn voit par la piece fuivante. II était porté par 1'Aéte. , „ Que les Membres, qui compofaient 1'Asfemblée, ayant témoigné une inclination générale, d'élire le prince d'Orange pour Stathouder, vu que par réfolution du 1 de JuilletCque 1'aslemblée avaitconfirméele3dumêmem3is) il avait été trouvé bon, en cette dangereufe conftitution de tems & d'affaires, que les Membres fe dispenfasfent réciproquement , comme ausfi tous ceux, qui avaient 1'obfervation de 1'Edit perpétuel: Que la Noblesfe & les Députés des Villes, avaient réfolu de 1'étire pour Capitaine- Général & Amiral de la province de Hollaude,. avec les mêmes honneurs, que les princes fes prédecesfeurs avaient eus>. 167a.  1672. ] I 1 j < 1 c 1 c i i< L V il, d: P 550 RéVGLTES POPULAIRES. Les Etats de Zéelande avaient donné 1'exemple de cette promotion le 3 du mois de juin; & le prince leurprê. ta ferrhent le 16 a la Haye. La nouvelle de cette Elévation dans les deux provinces fut a pr-ine ré» pandue que le petiple fit éclarer tous les témoignages de Ia joie la plus vitte. Les drapeaux ürange furent arborés fur les Eglifes & fur les :ours, On célebra partout cette révoution par des décharges d'artillerieSc les feflins. On prétend même que De Witt fémoigna de la joie de cette é\o! ution. EUe avait été d'autant plus ra. »ide que les Régens des villes raignajtnt d'être mis en pieces par Ia •o. 'ulacc ; s'ils avaient ufé de quelque .élai. ils crurent que lapromptitudeöc ;ur zele leur dqnneraient dans le prine un défcnfeur dont ils avaient befoin our s'asfurer cöbtre les fureurs popuiirts qui éclataient aiors par des ef:tt rernbles.A la pröpofition des Régens i Prince publia une Déclaration, par quelle il juftiriait les Magiftrats des illes de 1'accurationdetrahifon, dont ; étaient chargés par le peuple. Il fait „que les maux dont il avait ü a Ditu d'afliger FEt.it, étaient >ur la plüpart arrivés | ar la perfidie par la lacheté des Coannandans,  Güillaume III. Stathouder. 551 des Officiers & des Soldats auxquels les premiers & les principaux potles des frontieres du pays avaient été conriés. Qu'il témoignait, auxyeuxdetoutl'univers qu'il n'avait nutle connaisfance, ni même la penfée, qu'il y eüt aucun Officier de la Régence de la Province ou des Villes de Hollande, qui, au préjudice de leur honneur & de leur foi, fe fuslènt oubliés jufqu'a trafeir PEtat, & a entretenir une correspondance criminelle avec fes Ennemis ou pir d'autres moyens illicites, fait ou entrepris quelque chofe contre le devoir d'un fidel Régent. Mais cette Lettre ne produifit pas tous les bons effets qu'on avait efpérés. On pria le Prince d'arrêtter les desordres du peuple en publiant en fon nom un placard rigoureux. Mais il éluda cette demande fous leprêtexte frivole qu'on ne pouvait reprimer des révoltes conduir.es par les principaux Bourgeois des villes. 11 fe propofa feulement de nommer des députés qui parcoureraient les difFerentes villes; les Etats trouverent 1'avisprudent ; au cas que fon Altesfe fe mit a la tête de la Députation. Mais Gu llaume éluda cette ouvertur? ert repréfentant que fa préfence était nécesfaire a farmés* P 6 1672. Wagin. XIX. pa»  1672 A'tfntat contre lf De Wit! rnliemtr.il «77. Zafaage. 11 rie De Rni ter- 48 8. 35» Makjchb d,s DiWi„; MASSACRE dTTbe*^^. MS RÉGENCES CHANGEE&. fit «hil q,U1 Cette r^olution était SmpT'? tirer tout J'^antares pour afrermir leur autorité fur un SéS"^labIe* rSre« de renverier entierement ceux qui avanf !52 ™«de Gui&S n étaient plus connus que fous les Tputf2 K?Ctr 'eWeJin ^^rr^ 2S?n du Pfince au StathoudPerat,é0t uc reipect CSc de cramte par lesanpï.: ^ avaient enchalné la haL du^eS treCleseDe w£ déC-hïna fil»"«c0nannées8 étaiem " T S?? PlU^UrS  LES RéGENCES Ch ang-éES. 353 du mois de juin, le Ruwaard revenant de la flotte troava la viüe de Dort dans la plus violente fermenta-: tion. Pendant que les Etats prodir guaient les marqués de reconnaisfance' & les éloges a De Ruiter pour une action oü le Ruwaard avait montré' tant de fermeté & s'était élè'vé au, dtsfus des mfirmités naturelles, fes Ïropres concitoyens juraient fa perte. Is avaient déchiré le tableau oü cet üluftre citoyen était repréfenté, foudroyant les Anglais a Chatham; &la tête de fon portrait était encore pendue a la potence. Ces farieux demandaient hautement fa tête. Son pere, perfonage vénérable par fes cheveux blancs, par fes vertus & par cette fierté Républicaine qu'il avait infpirée a fes deux rils, fut infulté. Lepeuple enfon?a fa maifon a coups de haches & la livra au pillage. Cette populace effrénée courut de la a 1'Hötel de ville, en , arracha le tableau de la victoire de Chatam , le mit en pieces, après en avoir enlevé la tête du portrait du Ruwaard qu'elle attacha k un gibet avec des pasquinades fanglantes. Cesfurieuxpillerent enfuite la maifon du Bourguemaitre Halling & quatre inconnus fe rendirent a la. aiaifon de De Witt fur les onze. P-7 1672. U Clert II.  LÉZ1 fte De Rutter. 508. Wagen. xir. i}g te Penfiouaire Da Witt attaque" par dei was fins. J 354 Massacre des De Witt: . heures du foir fous prétexte de ■ lui parler. La fermentati-m qUI agj. tait la ville, &. Papparition de pareils gens a une heure ausfi indue, exciterent de3 foupcons , qui furent confirmés par la violence qu'ils voulurent emplf^er pour fbrcer 1'entrée. Heureuleinenc Ia garde Bourgeoife, appelIée au fecours, arriva a propos pour alarmer ces fceleratsils prirent lafuite. Les foupcons étaient fi généraux contre ce grand homme que les pavfans de 1'Isle de Voorne le chercherent pendant plufieurs jours pour le tuer. Feu s'en fallut que dans 1'aveuglement de leur rage, ils nr maderaslent un Co-nirjs , parcequ'il avait fervi le Ruwaard en qualité de Dolaeltique. Pendant que 1'orage populaire grondait a Dort, le penfionaire De Witt avait couru un plus grand penl k la Haye. II revenait le 21 ^u mois de juin de 1'asfeniblée des Etats de Hollande: fon domeftique 1'acccinpagnait, poitant un flamheau devant lui: quatre asfasfins qui 1'attendaient pour attenter fur fa vie, fondirentfur lui Tépée nuë a ia main, lui porterent plufieurs coups, qui le £rent tombes- a terre, & le laisferent pour mort fur la place, lis le fiiuverent ausitöt par la fuitej mais oa ne tarda  Ê"ES RéGENCES ClïANGéES. $5$ pas a favoir que les coupables étaient ] les deux fils du Confeiller van der Graaf, Adolf de Borrebach , commis des Voiles de Maaltricht & Comeilla d? Bruyn Marchand Grenetier & Officier de la Bourgeoifie de k Haye. Ces quatre raalheureux s'étaient asfemb'iès dans la maifon du Confsiller Van der Graaf a qui la crainte des Francais avait fait abandonner la Haye pour (% retirer a Delft Ces deux jeunes gens , regardant le Grand- Penfionaire comme ia caufe de tous les maiheurs de l'Êtat & de leur familie, crurent que la chüte de cette grande tête pourrait amener un changement falu» taira dans la face des affaires». La chaleur du vin joint a fivresfe d'un faux zele, leur avait fait penler qu'ils ne pouvaient rendre un plus grand fèrvice a la patrie que de la délivrer d'un rninifbre qui pasfait pour un traïtre. Ces fanatiqües dangereux fe fauverent par la fuite, a Pexception de Jacques van der Graaf, le plus jeune des deux freres qui fe laisfa prendre» Ce malheureux avoua fon crime & n'en donna d'autre raifon, finon que Dieu 1'aVait abandonné. La Cour de Hollande, le déclara criminel de LezeMajefté & le condamna comme tel k perdre la tête. fur 1'échaffaut avec confiscation de tous fes Diens»  35<5 Massacre des DeWit-t; 1672. de Dj Witt 3. 1'egard de fon Asfks!in. 1 i 1 1 J ( ] c l t d rs b ft d Ci P ai Vtfiuge. II hi Refel HM. °J 32.z3.yE S RéGENCES CHANGéES. 357 | réfignation, en avouant qu'il avait prié | Dieu de^ diriger les chofes de facoh 1 qu'il périt lui-même, au cas que le I Grand- Penfionnaire fut innocent-du crime de trahifon. Mais un minilfre de la religion qui l'avait asfifté dans fa prifon , publia le récit de fes derniers momens dans ce ftile pathétique & figuré, fl propre a féduire la populace: il porta 1'enthoufiasme jufqu'a I'ériger en martyr. La publication decepieux libelle fit les plus fun alles impresfnns. Le peuple fe crut authorifé par l'impunité des troïs autres qui para: *fa'ent foutenus par les pre niers de FiStat. |Les Etats de Hollan le parurent euxIrflêmes ajouter foi a cette idéé : Après lavoir promis des recompenfes a quiïlconque pourrait leur livrer les coupailbles, ils écrivirent au Prince d'GranIge pour le prier de prêter fon asfiltan|ce contre les coupables & femblerent Ènfinuer qu'ils étaient foutenus par fon iAltesfe, en fe plaignant que ces fcéjlérats eusfent, difaient-ils, trouvé un \azile parmi les troupes de PEtat, peskées auprès de Nieuwerbrugge ou en ld''autres endroits que votre AltesfefaU Uien. Ce qui eft certain, ceftque lees fcelérats ne tarderent pas a fe ImoHtrer, dèsque le parti qui avait ijgouverné fi longtems, eüt per du tóute fon influencd Borrebach confer«a I IC>72.  1672. (*) 2 juin. "Btfiiage II. »S>8. De Witt fait fon Apologie. 358 Massacre des de Witt: même fa charge dans hs poftes & en obtint encore la furvivance pour fon fils. La uianiere dont furent traités ceux qui acheverent cette arFreufe tragédie, fit penier que les principaux cfiefs des révoltes fanglantes qui déchirerent alors I'Ëtat, étaient encouragés & foutenus par des perfonnes de la première confidération. On remarqua que 1'attentat fur la vie du grand penflonaire, avait eu heu le même jour (*) & a la même heure que quatre inconnus avaient voulu forcer la maifon de fon frere a Dort. On en tira de fortes prélomptions que les deux asfasfinats étaient Ie fruit d'un projet concerté. Un nombre confidérable d'incidens particuliers confirma ces préforsp. tions finiftres. L'honneur des Régens qui pasfaient pour les chefs de la faction de Louveftein , fut attaqué dans des nuées de libellos & de fatyres. Le Orand penfionaire qui en était le Principal objet, ciut d'abord qUf» ]e filence était la meiileure réponfe qu'il pflt y faire ; & que , dans un tems au les loix étaient foulées aux pieds K la revolte encouiagée, des recherches -rigoureufes ne teraient qu'irriter lenvie & la haine.- mais enfin voyant que la calomnie faifait des prugrès eiirayans ci que i'ignorance & la lia-  tBS RéGENCES CHANGéE. 359 lice imputaient fon filence a 1'impuisfance de fe jufbfier, il jugea ne pouvoir differer fans danger : il fut furtout fenfible a la publication d'un libelle (*) oü 1'on atiaquait fa délicatesfe & fon incorruptibilité fur 1'article des finances, & qu'on avait Taudace de distribuer publiquernent fous fes^yeux. On 1'accufait furtout de s'être approi prié des fommes confidérables, deftinées pour les correfpondancesfecretes. De Witt était d'autant plus au desfus de ces reproches qu'il avait donné des preuves frappantes de désintéI resfement: lors furtout que les Etats | ayant voulu lui témoignér leur fatisfaction pour quinze ans de fervices par une recompenfe de cent mille florins, il s'oppofa & cette réfoiuI tion & ne voulut accepter que les j quinze mille florins dont les riobies 1( gratifierent. ïl n'eil donc pas éton nant que 1'apologie qu'il fit de fa con duite dans une lettre aux Etats foil pleine de cette na>ble indignation qu couie d'une ame pure &fansreproche (*) Intitu'é: IVaarfchoumng aan alle Edel. moedige en getrouwe Inwoners van Nederland. Avis a tous les braves & fidelles Hibitans des Pays baj. "Bafnsge IT4 295. jiitfem. Liv. 48» 5»i. L  1672. j 1 \ c F ii d 360 Massacre des De Witt: Je prend „dit-il" ia. liberté de rnettre fous ks yeux de- vos iNobS & Grandes Puisfances ce Libelle qui niefliques. Quoique j'ai toujours été du lentiment qu'oo ne pouvait mi-ux détruire ces fortes-deCsWes qKï les méprifant, ik en faifant voir qu'on n y eft pas fenfible, cependant , comme il y a dans celui-ci nneaccufation pofitive, que pendant 1'exera e de f' Charge, j"al gardé pour moi une fomme coniidérabll des deniers aS étaient deftinés pour entreS £! correfpondances fécretes, & par conféquent que j'ai volé I'Etat; rema?quant de plus qu'on avance cela avec M li grand a,r de certitude, qu'ime wfinité de gens y ajoutentfoi" & cön! bresde £*rKf M piufieül's "res de la Noblesfe & plufieurs Ma giftrats de Villes, partic^ereTent deS C-onfeillers Députés, peuvent jgnorer J jama-s j'ai eu le maniement ou la Mpoümn de tels deniers pour les -orrefpondance iëcrettes, j'ai iu Jef >ropos, n'étant pas en état de pfrai^,Hl,perfonne dans I'asiemblée de 'os Wobles & Grandes puisfances, è aule de mes blesfüres & d'uneindis itorm.r fircérement par les préfentes e la véntéduFait. J'auraidoncl'hon!  1 LES RéGENCES CHANGéES. 361 i neut de leur dire, que Mesfieurs les I Confeillers Députés m'ayaat vo ilu I mettre entre les mains au commenceI ment de 1'exercice de ma charge quelI que argent pour les frais des CorresI pondances fécrettes, a 1'exemple de I mes pxédécesfeurs, ik même autant I que je m'en fouviens, m'ayant remiS' | une petite fonnne pour cela , avant li qu'on eüt inventé & mis en pratique ij 1'ordre qui a été obfervé depuis, j'examinai plus foigneufemenr. la chofei 1 & faifant dès lors réflexion fur Je na~ I turel méfiant de cette Nation , je ne voulus point me charger dummieraent d'aucuns deniers; mais j'imaginai un I autre ordre , qui a été rou jours obI ïervé dépuis, de la maniere que je dïJrai tout ■ a-1'heure. De forte que i dès le commencement de 1'exercice de jma Charge, je n'ai voulu recevoir ni i manier aucuns deniers pour les Correfpondances fécretes, ni pour d'autres ufages, comme ausfi je n'ai regu i ni manié pendant ce tems-la aucun» I fomme pour de femblables ufages. ! C'eft ce dont rendront témoignage 'Mesfieurs les Confeillers Députés, kant ceux qui font préfentement en l| charge & dont plufieurs ont eu fbui vent cet emploi, que ceux qui ont été l'les membres de ce College depuis jque j'exerce ma Charge, &tous ceux 167 i.  I I < i i 3 jöt Massacre bes De Witt: par les mains de qui les dépêches & 1'argent doivent pasfer. Tous ces Mesfieurs, dis-je, en étant requis pour le repos & la fatisfacrion d'un chacun fe.'ont obligés de témoigner unanimement & fincérement que de leur fcü , pendant qu'ils ont exercé leurs Charges je n'ai reed ui manié aucuns derniers pour les Correfpondances fécretes. Mais voici ce qui en eft. Il y a eu dans 1'Etat de Guerre un article a la charge de cette Province de deux mille florins par mois deftmés pour les Correfpondan:es fécretes, faifant par an une fomme de vingt quatre mille florins; Leurs Jdautes Puisfances ou leurs comrniüaires autorilës pour les Arfaires Lécretes, ont en partie difbofé de ces ieniers, quelquefois ausfi vos Nobles x Grandes Puisfcances , mais rarenent, & enfin Mesfieurs les Confeillers _ Députés en ont ausfi dispofé en par ie. Ces correfpondances fécretes, mtant quelles ont étéconriées auxConei Iers Députés, ont été dirigées de :elle numerei qu'après que les perennes qui doivent. y fervir ont été :hoifies, ou par Ce Collége ou queljuefois par moi, par 1'ordre du dit ..olJége, on eft convenu avec c^s Peronnes, ou on a arrété par une Réfoutiop des Confeillers Députés, cequ'on  :LES RéGENCES CHANGéES. 363 :leur donnerait par jour, par femaine, s par mois, ou par an, quand on Ij croyait avoir beioin de leurs peines , pour les frais des Voyages, & pour [leur dépenfe. Tout cda étant ainfi réglé, on a donné a ces Correspondans, ou a ctux qu'ils autorifaient ici pour cela, les Ordonnances ou les Actes de mife, comme on les appelIe des fomrnes qui leur étaient duës jufqu'a ce tems-la & même de 1'argent qu'on jugeait a propos de leur I avancer & lur ces Ordonnances ou j Actes de mife, le Rectveur Général a payé de tems en terns ces fi mmes aux dits Correfpondnns , -ou a ceux ! qu'ils avaient autnrife pour cela. Mais j ces Ordonnances ou Actes de mife Vont jamais été dépêchées quaprès Ia , Réfolution & fordre du co lége des ! Confeillers Députés, & qii'a] i è- avoir été Mgnëes par trois membres de ce ' Collége; outre que depuis quelques l.années le Sécrétaire a couché laréfoluj tion dans unng'ftre écrtt& expriméles 1 noms de ceux en faveur de qui cesOrdonI nances ou Actes de mife ontétédépêI chées, & je crois pouvoir ai-furer vos I Kobles & Grandes Puisfances, que les denieis pour les Coirespor.dances 1 fécretes n'ont pas exce^é la fomme de i fix mille floiins par année 1'un fitant 1'autre. ft eft donc bien vrai que j'ai eu ordinairement la charge & la di- 1672.  *jt 3 1 4 ï I 1 1 € f a Lettrt r3u c Prince d'Orangt a De fi Wier. v Vl P 36*4 Massacre des DeWitt: rection de ces Correfpondances, tam.que c°a été moi qui, par ordre du College des Confeillers Députés, ai mfiruit de bouche les Correspondans avant leur départ, qui leur ai enfmte prefcrit pat Lettres ce qu'ils devaient faire, & que les Lettres de ces Correspondans m'ont ordinairement été adresfés. Mais il eft ausfi vrat, que pendant tout ce tems-la je nai pas voulu avoir le maniement d'au:uns deniers pour ces Correspondances, qUeJe « ai recu aucun argentpour ■f'x " ce 9ue dedare avec fincé'JA * bonne Confcience celui qui :lt cc fera toute fa vie &c. . Les Membres du Collége des Coneillers-Députés. des Etats de liollan- de_ Wcft-Fiifè, appuyerent cette pol-gie en ssfurant que depuis tout s terrs qu'ils avaient eu féarce dans f dHrerends Colléges de leurs l\o-les & Grandes Puisfances, ils n'avaient u aucune connaisfance que le Coniiller Penfionaire De Witt eut reen ucuns deniers pour les Correlpondanes fécrettes. On accufait encore le Grand-Penonaire de n'avoir pas eufoindepouroir les troupes fur cet objet '. lur les autres; il Crut de>ir sadresfer au Prince d'Urange, )ur lui faire des plaintes & le prier de  LES RéGENCES CHANGéES. 365 y de le juftifier. Mais il ne tarda pas 1 a 6'appercevoir qu'il s'était compromis I en s'adresfant a un Prince qui ne voulait ou ne pouvait oublier les obftacles qu'il avait mis a fon élëvation. La réponfe du Stathouder eft tournée avec une fubtilité trés furprenante & trés propre a développer le cceur d'un Prince dont la conduite eft un des principaux objets de cette hiftoire. „ J'ai bien recu, écrit- il, la vötre du i a du préfent, avec le libelle- Jen'aurai pas nianqué d'y répondre plütöt, fi le grand nombre de mes occupations ne m'en avait empêché. Je puis vous asfurer que j'ai toujours méprifé les bruits qui fe débitent en cette maniere, puisque non feulement les mieris, mais ausfi moi même en avons été attaqués en plufieurs fortes avec unelicence & une avidité tout-a fait débordée. Et pour ce qui eft des deux points dont vous faites mention dans la vötre, a favoir des deniers de la Correspondance fécrète que vous avez ij maniés & du peu de fiain, qu'on dit, ij que vous avez eu de pourvoir 1'Armée I de toutes les chofes nécesfaires, jene j puis vous dire autre chofe la-desfus, I finon que du premier je n'en ai aucui ne connaisfance, & que Mrs. les Dé! Ttm VU, Q x 672.  1672. j I 1 ] ( ] ( i 366 Massacre bes DeWitt: putés de 1'Etat, comme vous le marquez fort bien dans Ia vötre, en peuvent donner meilleur témoignage qu'aucun autre. Mais pour ce qui eft du iecond, je n'ofe, ni ne puis douter que vousn'ayez eu foin des Armées de 1 Etat tant par Merquepar Terre, tel que la cosftitution des tems & des Affaires 1'a pü permettre, & en telle forte qu'elles ont été renduës capables de pouvoir réfifter a 1'ennemi. Mais Moniieur , vous pouvez bien fcavoir vous même qu'il m'eft iroposfible le particularifer tout ce qui peut y avoir manqué, fur tout a celle qui eft aar Terre, ni Ie foin qifon a eu de uppléer aux manquemens qu'on y a :rouvés, ou celui qu'on aurait dü & 3ü_ y apporter dans fon tems , ou a qui en a été la faute; parceque je :uis diftrait par tant d'Affaires en ces :ems facheux cc malheureux, que cea a été la caufe que je me fuis en;agé le mojns qu'il m'a été posfiblea a recherche des chofespasfées; C'eft lourquoi vous trouverez bien mieux a juftification que vous defirez de moi lans les aciions de prudence que vous ivez faites. Je fouhaiterai de tout : non cceur d'avoir quelque autre ocafion , pour vous pouvoir témoigner I [ue je fuis votre afFeétionné ami, i Gun.laume Hcnri, Prince I d (JKAMGjE.  LES RéGENCES Cü'ANGéE. 367 Une lettrè concue en terines ausfi Vagues était plus propre a augmenter * les foupcons qu'a les détruire. On blama même le Penfionaire d*avoir réclamé une autorité qu'il avait fi longtems traverfée. On penfa que la fermeté d'un Miniftre qui venait de bra« ver la haine du peuple dans raffaire de van der Graaf, commencait a s'ébranler en voyant les fuites des émoI tions populaires, qu'il regardait aupaJ ravant comme les flots d'une mer I émue dont 1'inconftance des vents peut 4 calraer la fureur ou détourner la di| rection. Le témoignage d'un Prin| ce a qui feul les flots de ce peuple I paraisfaient obéir , lui paraisfait donc I luffire pour lui rendre finon fon crédit I du moins fon repos. Il imaginait que I le Prince pourrait faifir cette occafion I de s'attacher un parti qui, quoique :l fur le point de fa décadence, i! avait encore de nombreux adhérens li & pouvait encore renaitre de fes cenJ dres. Les politiques qui fe font vus a la tête du Gouvernement, ont peii! ne a s'imaginer que leur chüte puisfe lêtre rapide: Leur décadence leurpa«rait devoir pasfer par les mêmes déijgrés que leur élévation. D'un autre Icóté le Prince brulait trop d'augmenIter fon autorité , pour faire une dé* i marche qui pouvait affermir ou pr«Q a 1672.  16yi. < 4 ] 368 Massacre des De Wxtt: Jonger 1'aurorité chancelante de celui "qu'il regardait comme fon plus grand ennemi. En renvoyant le GrandPenfionaire fur 1'article des dépenfes, au Confeil chargé de ce département il ^femblait fe plaindre malignement qu'il n'eut jamais été admis dans le myftére de ces dépenfes Sans s'arrêtter a 1'augmentation délicate des forces de mer aux dépens de celles de terre , il infinuait adroitement les faures qu'on avait faires en parlant de ce qu'on aurait pu fuppléer en fon tems. En difant a De Witt dechercher fa juftification dans les actes de ia prudence, il femblait en faire une ironie fanglante , puisqu'elle n'avait pu prévenir les malheurs de 1'Etat. Cette ccnduiteduPiincejointeaurefus d'interpofer fon autorité pour 1'extinction des révoltes civiies, piqua plufieurs membres des Etats qui avaient donné leur voix a fon éiévation. lis a mmencerent a dire qu'il n'avait pas moins d'ambition que fan pere, qu'il Fomentait ]e feu des féditions au lieu ae 1'étemdre & que, pour ne pas s'exJofer aux reproches de tyran, il fe 'ervan adroitement du peuple comne d'un inltrument aveugle pour ;hanger les Régences & perdre ceux lont il avait a craindre ou a fedéfier. ^e Prince d'ürange connaisfak trop  LES RéGENCES CHANGéES, 369 bien De Witt, pour öfer accufer fon intrégrité; ii avait trop deresfentiment contre lui, pjur lui procurer les moyens de regagner fon ancien crédit. II crut donc devoir dans cette occafion, facrifler la noblesfe desfentimens a la politique: il eut foin de n'en pas ! dire trop pour ne pas s'expofer au 1 reproche vil & odieux de calomniaI teur; mais il en difait asfez , pour 1 laisfer ceminiftreodieux, expoféatoute | la fureur de la rage populaire. De Witt fentit alors que lbn cré •I dit expirait. Un de fes amis lui avait ii déja répréfenté que n'étant plus en I état de fervir fa patrie, parcequ'il ési tait devenu trop fufpect &-trop odieux, il devait chercher quelque lieu füi ii pour dérober fa tête a la fureur du Ü peuple. On prétend qu'il goüta ce i! Confeil & qu'il n'attendit que 1'occaifion d'être autorifé a le fuivrepar 1'a1 vis des Etats. On dit ausfi que le ' Prince tenta alors de l'attirer dans fon parti. Lts uns prétendent que EGuillaume lui fit proraettre deluiconiferver fon crédit & même de fe gou verner par fes Confeils; mais que De ji Witt, ferme dans fes principes & ne 1: pouvant agir contre fon inclination, fit i une réponfe d'autant plus genéreuie |ï qu'il refufait la feule offre qui pou'I vait le foutenir dans le déclin de fon - Q 3 1672. De W tt' penfe a téfigner fa •Bafra&'.lL 190. Wictjutfart Manufc. Liv. XXI. Van der Hoeven 't leven van l)e Wilt. II. 3&°Samfm 11. 385. ■B.*ge 11. 307.  1672. 308. 57© Massacre des De Witt: crédit. D'autres difent que les arti-des de raccomodement furent en effet dreslés; mais que les Régens a qui le prince avait donné fa confiance, lempêcherent de le figner, craignant d'être fupplantés par ce ministre habüe. Quoiqu'il en foit de ces deux récits, ils ne paraisfènt guere» anologues a la politique de Guillaume. Un pareil caractere aurait-il donné fa confiance a celui qu'il regardait comme fon plus grand Ennemi? On excepte toujours les chefs de parti, lorsqu on fait graee aux fubalternes; ot ii 1 on ne peut faire une exception; °a xrr, acJcorde des c°nditions qu'on eft réfolu de ne point tenir. De Witt voyant donc 1'orage gronder de toutes parts fur fa maifon, relolut de quitter une charge qu'il ne pouvait plus exercer avec fuccès. Mais avant de faire cette demarche, il fe rendit auprès du Prince pour lui folihaiter un heureux fuccès dans fon éléyation. II partit fort 'mécontent de 1 ascueil froid qu'il en avait recu. j S^eA^t, il parut dans les Etats de Hollande ou il prononca le discours luivant, en demandant fa démisfion. „Le 30 du mois dernier il y eut 10 ans que je prêtai mon Serment dans cette Asfembiée en qualité de Confeiller fenfionaire , depuis ce tems, a  LES RéGENCES CHANGéES. 371 quelles guerres a quelles calamités cet Etat n'a-t'il pas' été expofé?" mais fous la bénédiction du Tout-puisfant & par la libéralité des confenteraens de V. N. & G. P. par leur fermeté & leur bonne conduite, ce même Etat en a triomphé. V. N & G. P. ou piütöt ceuxd entre vous qui ont le plus fréquentecetteilluftre asfembiée, favent avec quel zèk, avec quelles peines j'ai travaillé depuis quelques années, en propofant divers projets propres a prévenir &détourner, s'il était posfible, la mésintelligence & toutes brouilleries avec le trop puisfantEnnemipréfentdelaRépublique. J'ai plufieurs fois répréfenté ks embaras qui nemanqueraientpointd en refulter, fi Ton ne prenait lesprécautions nécesfaires. Mais il a plü i Dieu dans fes décrets impénétrables autant querefpectables, deernduireles chofes de longue main a la déclaratiön de la prefente guerre , enforte que. 1'Etat en générd & la Province de Hollande & de Weftfhfe ent eu le tems & 1'occafion de fe mettre en bonne pofture , en pourvovant a tout ce qui pourrait contnbuer a leur défenfe. Les Regiftres ainfi que la mémoire des Membres de cette Asfembiée & des Sgrs. qui ont asfifté aux délibérations des Etats-GéQ 4 1672.  1672. I 1 i 1 i 1 i < ii 372 Mas£)ACRe Bjs De Wit t.- néraux, rendront témoignage avec I quelle application j'ai fait les propoll* tions les plus presfantes dans les deux Asfemblées. Quoique V. N. & G. P. -ayent pris ausfi promptement qu'il a été posfible, dans un corps compofé de tant de membres, que la nécesfité préfente perfuade beaucoup plfltöt que des exhortations fondées fur un avenir incertain, toutes les meilleurs précautions; il a plü au Tout-puisfant, dans fa jufte col ere, comme il paraït, de permettre que PErat foit accablé des plus grands defaftres, d'une maniere ausfi fubite qu'inconcevable & avec fi peu d'oppofition que la pofterité aura raifon de re la pas croire. Ces fubites calamités ont répandu 1'effroi & la terreur parmi les habitans & leurs Magiftrats & furtout contre ceux qui ont le plus de part k Tadminiitration des affaires. Je me trouve en particulier 1'objet de ces iuneftes impresüons; quoique je ne bis pas un des Régens, mais feulenent leur Miniftre, a proportion de a direction des affaires dépendantes le mon Emploi, dont 1'ignorance en ajt dépendre quantité d'autres, qui i'y ont aucun raport, enforte que je üis perfuadé en confcience que la :ontinuation de mes fervices en quaté de Confeiller-penfionaire ferait  KES RéGELCES Changóes, 373 plus préjudiciable qu'utile a la caufe i publique; puisqu'il eft certain que les ï Réfolutions, que V. IN. & G. P.coaÉ tinueront de prendre fous raon MinisI tere & qui pasferont par mes mams I n'auront plus le même agrément au- prés du Public & par conféquent n y trouveront plus la même facdité « I la même promptitude dans 1'exécution l! pour 1'avantage de 1'ütat. C'eft pourquoi, Nobles Grands & Puisfans Sei- ii gneurs, j'ai jugé que , bien loin de li desfervir la patrie, je la fervirai, en I; demandant ma démisfion , comme ]e ij vous la demande de la maniere la plus '\ humble & la plus reipectueufe, fup. pliant V. N. & G. P. de me dispeni fer de mes emplois, IN. G. & P* S. ; en général & chaque membre de cet, te illuftre asfembiée, en particulier, recevez mes fincères remercimens de ! la bonté & de la faveur que vous i m'avez témoignée en diverfes occafions i furtout dans la concesfion de TActe : qui m'accorde en quittant cetemploi, : féance dans 1'une des cours de juftj> : ce de la Province". Le Grand-penfionaire De Wittfe ré- tira, après avoir prononcé ce discours. Les nobles & les villes de Dort, de Delft de Rotterdam & de la Brille furent ■ . les feuls qui parurent le regretter* i On réfolut de lui accorder la démis-r Q 5 1672.  Tichelaar «ccufe le Ruwaard D: Wilt d'avoir vo » tuer le Prince «f'Orauge & ce fait e«nprifon- .374 Massacre des DeWitt: >• fion Ia plus honorable, & féancedana le haut-confeil. Mais on jugeait devoir prendre auparavant l'avis de fon Altesfe y qui refléchit pendant trois jours , & fit plufieurs changemens dans le plan des Etats. On s'en tint a l'avis du Prince: on fe contenta de faire a De Witt unfimplereriierciment cc de lui continuer de droit de fieger dans le haut Confeil , privilege dont il n'eut pas Ie tems de jouir & dont les Etats de Zéelande avaient traverlé la concesfion. L'empiifonnement de fon frere lui préfageait des fcenes plus terribles encore que celles dont il venait d'être Ia victime. Un certain Guillaume Tichelaar, Barbier dans le village de Piershill , accu'a devant Ia Cour de Hollande, '-le Ruwaard De Witt d'avoir voulu le fiiborner pour exécuter un attentat fur la vie du Prince d'Orange: fur la délation de cet homme, la cour de juftice de Hollande envoya le Fifcal Ruifch a Dort pour s'yfaifir de Taccufé Le Fifcal anivadans lavillele24juin& ferendit a la maifon du Ruwaard ;un dimanche dans le tems oü la plupart des Bourguemaïtres & des Echevins étaient a l'Eglife. Sans leur donner m avis ni le tems de s'asfembler, il enleva faproie. Le Ruwaard qui n'avait aucun reproche a fe faire, le (uivit fans léfiftance, ücpndiüfitle Ruwaard  j LES RéGENCES CHANGéES. 375 .1 de fon carosfe dans un Jacht & de la i a la Haye. ün 1'enfermad'aborddans la chatelenie oü des commisfaires de la cour de Hollande 1'interrogerent. I Tichelaar vint ausii dans lamêmepri'\ Ion; mais on lui laisfait la liberté d'al1 Ier & de revenir: On lui permit même de retourner chez lui, fous prétexte d'aller y prendre de uouvelles informations. 11 ne revint que le 6 j du mois d'Aout; & comme le Ru| waard fut alors transféré dans une auj tre prifon; la ville de Dortobtintque le Délateur y füt ausfi tenu renfèr! mé. Les Magiftrats de Dort fe plaiij gnirent de la violation faite a leurs pri' vileges par cet enlevement. lis fe j pla:gnirent furtout qu'on eüt violé ca j privilege, fur la délation d'un homme , noté d'infamie pour faire arrêtter un 1 citoyen illuflxé, pour avoir été I Bourguemaïtre, Curateur de 1'UI niverfité de Leide , Député a toutes I les asfemblées fouvcraines öcdeux fois ! Plenipotentiaire fur la flotte de 1'Etat. L'étonnement général, caufé pareet j emprifonnement, fut bien augmenté I lorsqu'on fut les détails de i'aci cufation. Tichelaar déclara qu'étant i arrivé a Dordrecht, le7-Juillet 1673, afin de parler au grand Baillif de Putten, pour fe plaindre a lui, de 1'injuftice, difait-il, qu'on lui faifait, aa Q6 1672 Dlrail de l'acsufatioji  1672. 376 Massacre des Die Wit n lieu de-fa réfidence, dans un procés, il ayait trouvé le Baillifcouchéfurun IK; ü_u il lui] avait fait fes plaintes contre le Prévöt de Piershill, & lui avait demandé fon fécours; Que le Baillit e lui promit, ajoucant des paroles obligeantes & lui difant qu'il s était propofé de faire toute autre chofe pour lui, pourvü qu'il lui voulöt preter la main, dans une entrepnfe qu'il avait d'öter la vie au Prince d'Orange; lui difant entr'autres chofes : Vous avez bien ouï dire qu on a fait le Stathouder , que Je peuple m'a contraint d'y confentir, & den figner 1'Acte. Ils n'auront point de repos, qu'ils ne 1'aient fait louveram; ce quicauferaitindubitablement la ruine de 1'Etat, parc-qu'il pourrait arriver, que le prince femanerait a la Fille de quelque potentat ttranger; fi bien que, par une révoJufion, lEtat pourrait tomber entre les mams de ce Prince. Sur quoi le Barbier avait demandé au Baillifce ijuil défirait de lui? Ce dernier répondit, que s'il favait qu'il Je dirait i quelque homme au monde que ce Bit, il lui ferait öter la vie , fans reEnisfion furquoi Tichelaar, épouvanté de ces paroles , avait propofé dirers moyens pour exécuter cette m-  LES RéGENCES CïlANGéES. 37? treprifej favoir, de s'en aller a 1'armée de S. A. & fe rendre farmlier ' avec fes valets, pour raettre du poifon dans quelque verre de vin, oude biere; & qu'en cas que cela ne réusfit pas, il ferait enforte de le tuer» avec quelque arme a feu,^ lorsqu'il fortirait avec peu de fuite , a la Campagne: Que ü cela ne fe pouvait pas, il fe rend/ait a la Tente ou au Logis de S. A. & le tuerait quand il fortirait , & fe fauverait a la faveur de la nuit; ou qu'il 1'obftrverait pour le tuer dans fon Carosfe ou ailleurs: Qu'il avait même demandé au Ruwaart quelques Perfonnes pour l'aider, & qu'il 1'avait refufé, de peur d'être découvert : Qu'il lui avait demandé un Ecrit (fans exprimer pourquoi) mais que le Baillif lui donna fix ducatons, & lui dit qu'il n'avait pas davantage fur lui, & qu'il n'en voulait pas demander a fa femme, de peur de faire naitre quelque foupcon : Que (fi cela réusfifait) il lui donnerait trente mille francs, pour fa recompenfe, avec la Charge de Baillif de Beverland, & promesfe d'avancer tous fes Amis, mais a condition qu'il gpröerait le filence; que la desfus s'appercevant que le Barbier trernblait , épouvanté de la mort, a la quelle il s'expoferait le Ruwaart avait dit qu'il en fallaitve? Q 7 1672.  l6j2. j 1 \ ] ] i a I c a fi d 3?8 Massacre des DeWitt: nir. a bout , ou crever; que TEtat ne ■ fera«; jamais bien gouverné tant que le Prince vivrait, & qu'il fallait 1'öter du monde, a quelque prix que cefQt. Que le voyant encore plus étonné il avait ajouté qu'il y avait plus detrente des pnncipaux du pays , qui em» p oyeraient volontiers quelqu'un pour oter la vie au Prince; mais qu'iff'a- tlo ï ho.mme d exécution. üu'ii était enfin forti, après avoir jurï de temr tout cela fecret; mais qu'ïtant h°un£}éen fa confcience, ils'était fff« au Maïtre Wtelde fn'n, ; ^dePuls a Zuilenftein.- qu'étant de-h parti pour la tfaye avec Ie premier de ces deux Seigneurs i? avait tout avoué au Prince, qui' en avait donné connaisfance a la Cour. ; L)u cöté de Corneille de Witt on avouait que Tichelaar s'était enre enu le 8 de Juillet avec le H vaard environ un quart d'heure;maij on foutenait qUe dans cet entretieï propofition avait étéfaite, nonpaï Ruwaard, mais par Tichelaar lui- même « ™ 1 Chirurgien s'était plaint es malheurs du tems: anrès aunl n .ait offert de decouvrir quelque cho au Ruwaard, pourvü qu'il tint i¥ iofe fecrete. Surquoi le RwLxd  , LES RéGENCES CHANGéES. 379 1 lui avait répondu qu'il pouvait parler ! s'il avait quelque chofe de bon a di-~ re, & qu'en ce cas il le fervirait; [ mais que fi c'était quelque chofe de ; mal, il pouvait fe taire, s'il ne voulait pas que fon fecret fut découvert. l i Tichelaar ayant encore perfifté a dei! mander le 1'ecrêt & recevant toujours i la même réponfe, s'était enfin rétiré en difant, puisque Monfieur ne veut pas favoir ce que c'eft, je me tairai; je donne le bon jour a Monfieur. Le fils & le valet du Ruwaard,, s'étaient tenus a la porte de la chambre qui é ait ouverte , & a peu de difiance du lit; ils avaient entendu tout 1'entretien & 1 avaient raporté de cette maniere, avant qu'ils eusfent parlé au Ruwaard ou a qui que ce foit. Le Ruwaard luiTmême appréhendant que ce discours , fait dans un tems ausfi critique, ne portat fes ennemis a le ca; lomnier, en avait ausfitöt fait part au Secretaire Arend Muis van Bo/y9 le priant d'en avertir le Bailli & les Bourguemaitres, & furtout de faire éclairer la conduite de Tichelaar. Le Sécrétaire Muis déclara ausfi avoir appris du Ruwaard que certain quidam, s'étant rendu chez lui, lui avait dit' qu'il fe pourrait que Son'Altesfe époufat la fille de quelque Prince Souverain, & qu'il fallait lacher ds l6j2.  J6>2 j i t c c 3^0 Masjacrï bes DeWitt: • rernpêcher; fur quoi lui Ruwaard lui avait ordonné de fe taire, paree qu'il ne Voulait pas en entendredavantaie; qu ii ne connaisfait pas cet hommemais que fes demeftiques lui avaient dit qu'il était le Barbier de Piershili. Toutes ces circonftances réunies faila-ent croire aux parens & auxami* de Corneiile de Witt, qu'il éta;t d'utie évidence palpable que 1'accufation mtentée contre lui é?ait dénuée de toute apparence de vérité. „Comment pouvait-on croire, difaient-ils, que le Ruwaard eüt confié a un inconnu une affaire d'une fi grande conféquence; quedansl'efpaced'unquartheureil eut découvert cet abominable desfein , & engagé cet inconnu a s'en rendre compl ee; qu'il eüt enfuite été asfez rmprudent peur faire part aux Bourguemaïtres de Dort d'un entretien fecret qu'il avait eu avec une perfonne, que 1'on préfuinait avoir été gagnée par fes promesfes, & même qu'il eut pousfé 1'imprudence jufqu'a avouerque :et entretien regardait le Prince d?ü?e. Imprudence dont le contre-coup *e pouvait manquer de retomber fur .a tete, fi 1'on entreprenait de pouser le complot formé contre Son Alesle , comme il faudrait fuppofër iu iP sy ferait attendu. A toutes cesoniidérations 1'on ajoutait que 1'accu*  LES RéGENCES C H A N|G é E S. 381 fateur était reconnu infame, & que la julïice du Piershili & celle de Putten avaient prononcé differentes fentences contre fa perfonne pour plufieurs crimes avérés. Ni les raifons du Ruwaard pour fa I juftification, ni 1'invalidité dutémoit gnage unique d'un hommedèshounoIrer par la julïice ne purent i engager la Cour a relacher cet illuI ftre prifonnier. Ses ennemis, qui d'voyaient qu'0.1 cherchait faperte, vouflurent 1'accélérer en repandant d'auI tres' bruits desavantageux fur fa conI duite." Ce n'était pas , difait-on, LöJécutJe,ur en 'épondant K-rif31- °£dre den agirainfi, lui lerra les jambes avec plus de violen~e Ruwaard cédant alors a la orcedt:3a douleur , s'emporta con- ol ^éCüteUT- "C^"' Mdit-il, -ots-tu me torturér ainfiï Je vals e donner un foufflet. ~ Vous vous iaignez déja, répondit le bourreau; e « elt encore rienvraiment: vous feuz bien mieuxd-avouer: vous ne pourez réfijier a la douleur." Avouer' épartit Ie Ruwaard, eomment peut'-  LES RéGENCES CüANGéES. 387. r5» avouer ce qu'on n'a pas fait ? On lui mit alors un poids de cinquante livres a chaque orteil qu'on attacha avec une petite ficelle, pleine de noeuds: on lui tourna les bras en arriere, on 1'enleva, jufqu'a ce que les deux poulies fe fusfent rerccontrées; alors on 1'agita d'une maniereterrible. Ce fut, au milieu de cette torture cruelle, que les Confeillers de la Cour entrerent. Les premiers paroles de ces barbares furent confesfez votre crime. Mais ce relpectable malheureux rasferoblant a ces mots toute fa fermeté," on me bacherait, dit - il fierement, par morceaux, plutot que de irfarracber Paveu {d'une chofe a laquelle jt \riai jamais \penfé. On ne laisfa pas Id'infifter , pour qu'il s'avouat coupable. Alors ce grand homme regar} dant fes juges avec 1'indignation & la i fierté de la vertu, hausfa la voix, & lies cita devant le tribunal de 1'Etre ;;fuprême, en ajoutant quechacund'eux ijfavait bien qu'il était innocent. On 1'étendit alors fur une table; on 1'y attacha par trois endroits différens lavec des ficelles trés minces & forte- ii ment ferrées: fa tête fut mife entre 'jquatre chevilles de fer. Mais au milieu de cette torture & d'autres plus cruelles encore , il conferva toute fa force & fa préfence d'efprit. 11 fem- 1672.  1672. Ssrjrencê prononcé' contre Ie Ruwaard. V»y Tm. V. 401, 388 Massacres des DeWitt: bla même braver les Auteurs de fon -fupplice, en réeitant, ace qu'on dit, alors le corDmencement de cette ode d'Horace , pkine de fentimens analogue a fa fituation, Juflum £? tenacem fropsfiti virum , qu'on a traduit ainfi La mer qui gronde & s'élance, Les cris des féditieux Des fiers tyrans 1'infolence N'ébranlent pas la conftance D'un cceur ferme & vertueux. Le Bourreau avoua depuis qu'il n'a- i vait jamais tourmenté perfonne ausfi cruellement. Le Ruwaard ne laisfa pas de protester jusqu'a la fin de fon innocence. Les juges n'ayant pu tirer aucun aveu de fa bouche, & voulant cependant le condamner, furent embarasfés fur le delit dont ils motiveraient la fentence. Ils délibéraient firr ce fujet, IorsqueleGreffierAdrien Pots répréfenta qu'il y avait des exemples de condamnation, fans qu'on eüt arraché un aveu a 1'accufé, ni fpécifié le fujet du délit dans la fentence. Cet homme a expédiens faifait fans ' doute allufion aux fentences prononcées contre Uitenbogaard & Tetfel. Quoiqu'elle fusfent émanées d'un tribunal  S.ES RéGÈNCES ClïANGéES, 389 tribunal iljégal de juges-commisfaires, ll'idée ne laisfa pas de plaire ; & 1'on Iprononea contre le Ruwaard une lenItence concue en ces termes: „La cour de Hollande ayant vü & {„examiné les pieces & les doormens {„qui lui ont été délivrés par le Procui„reur-Général de laditte Cour, con|„tre & a la charge de maïtre Corneilj„le De Witt ancien Bourguemaïtre de „Dort, & Ruwaard du païs de Putten, L, préfentement prifonnier fur ia porte L, de la ditte Cour & ausfi fon examen,fes L, confrontations, comme ausfi ce qui a é(„té delivré de la part dudit prifonnier Sc I,, ayant examiné tout ce qui peut fervir a ju, cette matiere,déclare ledit prifonnier L échu de toutes fes charges & dignités, L,le bannit hors de Ia Province de HollanL, de & de Welt - Frife, fans pouvoir L,y jamais rentrer a peine d'une puL,nition plus fevere, & le condamne is, aux frais & mifes de la juftice felon l„la taxation qui en fera faite par la „ditte Cour. Arrêté & corclu par i?, Mèsfieurs Adrien Pauw Sieur de l^BennebroekPréfident, Albert Nierop, L Guillaume Goes Sieur de Boekhorften:5,bourg, Frederik van Lier Sieur de Zoe„ termeer, Corneille Baar & Mathieu 'w, Gooi, Confeillers de la Cour de Hólplande & deWeft-Frife, & prononcé Lfur la porte de la ditte Cour le 20 U'Aout 1672, Q/tgné} Adrien Pots" T«me VU. ' R •  l6jl. Xttfnagt 11. 3 ié. Irfeg*litité' dans la lecture de )a Sentencr. i 393 Mass ac re des.De Witt: Cette fentence, trop douce pour un coupable, inique pour un innocent, &Ia procédure qui la préceda, doivent fiétrir a jafflais les juges qui prêterent 1'asfiftance des loix aux projets de la vengeance & de 1'atrocité. En effet la révolution était trop bien cimentée; pour qu'on eüt a craindre qu'elle püt être ébranlée par des citoyens qui avaient perdu tout crédit & toute autorité. Peut-être voulut-on effrayer, par un exemple terrible, tous eeux qui ieraient tentés a 1'avenir de traverfer Tautorité d'une maifon qu'on ne croyait pouvoir établir fur des fondemens trop fermes. La maniere dont on fut envelopper les deux freres dans le^ même malheur parait montrer en effet dans ceux qui préparerent cette affreufe tragédie,un motifplusfort& plus fufceptible dé combinaifon que la première chaleur d'un aveugle resfentiment. Si les fuites de cette procédure furent marquées aux traits de la plus grande iniquité ; la maniere dont on prononca la fentence ne fut pas moins irréguliere, Le Ruwaard demand-ut inftamtnent que la lecture en "üt faite fuivant la coutume, a 1'audience ou rtle de la Cour. On lui répréfentait qu'on ne s'ccartait de l'ufage que pour le fouftraire auxmaui'aistraitemens du peuple; mais il dit krement qu'il ne le craignait pas:  IES R é C E K C £'S CHANSéES. $fj «pendant rnalgré fesdefirs&farequête, la kntence lui fut lue dans la prifon. Un la ccmrara depuis a celle de Pilate qui difait: Je ne trouvepas de crime en cet homme.- Je le ferai feulement fouetter, & je le reldcherai. On pourrait ajouter qu'on fuivit encore Texemple de ce juge Iduméen, lorsqu'il fit délivrerBarrsbas qui était un inOsneBrigand. En eflet Tichelaar fut lélaché, fans awcune note d'infamie. Un dos juges; nommé Aalbert IMierop (*) avait! eu foin de 1'avertir que puisqu'onn'a-! vait pu condamner le Ruwaard qu'au; bannisfement , c'était a lui a exciter le peuple a fe défaire d'un fcéïérar qui avait formé le desfein de faire périr le' Prince; ajoutant, que lui Tichelaar n'eüt jamais été réiaché, s'il avait accufé fausfement le Ruwaard dont on n'avait adouci la fentence, que parcequ'il avait certains complices qu'on jugeait a propos d'épargner. Mais pendant que les juges cherchaient a jetter un voile fur les yeux du peuple , on leur reprochait la douceur dont ils avaient ufé envers le prifonnier; d'autantplus amerement, qu'on fit alors courir le bruit qu'un des Hens de la (*) Les noms des fix juges fe troHVsaï dans Ia fentence ci • devant. R a 1672. richelaar ixcité a fos everlepeuile contre ;s deux 'reres. iafnage IL 106. Vagen. 1W. 157,!  l6j2. J*an De Witt tromJ'é par un raesfage du GeoRer, \'tnt trouver fon frere dans la ' j I I 329 Massacre des De Witt: faflion de Louveftein était de ne pu" nir les crimes qu'on y commettait, que par le bannisfement. Pour foulever & ameuter encore davantage le peuple; on ne tarda pas a femer le bruit que Ie Prifonnier était fur le point de fortir. Dès la pointe du jour on avait affiché ou fait circuler dans tous les quartiers de Ia Haye, des billets féditieux, pour attirer la populace devant Ia prifon. On ne 1'excitait a rien moins qu'adonnera 1'ennemi du Prince, au traitre a lapatrie, le falaire de fes oeuvres; aleprécipiter dans les enfers, a dévorer fa chair. Les juges s'étaient transportés entreles huit & neuf heures du matin auprès du prifonnier pour lui lire Ia fentence. A neuf heures &demi, il n'y avait encore a la porte de Ia prifon que deux Bourgeois en armes & deux Cavaliers. Mais, a peine la fentence eüt-elle -té prononcée, que ceux quivoulaient faire périr les deux freres,' eurent re- " :ours au plus vil des artifices. Le Geolier, prévenu par ces laches ennenis, envoya chereher 1'Ex • penfionai•e De Witt par fa fervante. Elle vint ui dire , que fon frere allait être mis :n liberté & demandait a 1'entretenir tu plütöt. Suivant mêmequelquesrelaions, le Geolier envoya deu* ds-  CES RéGBNCES CHANGéES. meftiques 1 un après 1'autre; pourpresfer 1'arrivée dé 'la vi&ime. De Witt fe trouvait alors dans la maifon de fon beau - frereleSieurdeZwindrecht.il partit a 1'inttant, .accompagné de deux de fes Clercs & fuivi d'un Domelïique: il ne voulut pas attendre Ibn carosfe, recommandant feulement qu'on le lui envoyat a la prifon, pour emmenér avec plus de décence & de facilité fon malheur :üx frere qui, après avoir une torture ii cfuelle , n'éuit gueres en état de fe retirer a pied. Suivant quelques rela'ions, bien des efforts furcnt tentés pour empêcher De Witt de s'©Xf o'Her dans un tems & dins un jour ausfi critique, a la rage populaire,' dont il avait dejaéprouvél seffetsfans ■qu'elle -parut encore asfouvie. Safille» .qu'il aim»ittendrement,' vint, dit-on, fe jetter a.fes pieds , les arrofa de fes .1 ar nies & le conjura de ne pas expofer une vie précieufe, dont tant d'en« nemis avaient conjuré la perte- Un •de fes amis , membre de la chamb e des Comptes , foupconnant qu -Ique pertkbe , nr tous fes effbrts pour 1'empécher de 'fortir. ,,Je ne puis co npren■dre, .düait il, que le Ruwaard vojs ■envoye chetcher par une fervante. H aurait pu vous faire (avoir les intentnns par une perfonne de conti mee: Au moins ne devez-vous pas hazarder va«- 3 1672.1 V/in der Hoeven, f, f12,  1672. 394 Maïsacre bes De Witt: tre perfonns ,• avant d'avoir fait des ■ mtormatious convenables fur la vérité du fait. Ces follicitations éraient fages ; mais la tendresfe fratemelfe Temport a fur laprudence. Onajoutequeles parens deDeWkt, remplis eux-mêmes depréfages finiftres,ne pouvant ie retenir, lembrasferent, comme en lui difant le dernier adieu. Ce grand horame paraislait vouloir counr au devant du deftin fatal qui Tattendait: il femblait qu au milieu des perfécutions qu'il éprouvait, il fat las de vivre: ausfi l accufe t-on de n'avoir pas asfezécouté les Confeils de fes plus fidels amis. ö luivait prefque toujours la première impulfioa de la raifon: convaincu de la pureté de fa conduite, il s'imaai. nait n'avoir befoin d'aucune autre défenfe contre 1'approche du danger & Tacharnement de fes Ennemis. Quoiqu il en foit, il ne paraït gueres que fon vénérable pere s'attendit au maiheur terrible qui menacait fa refpectable familie. II était occupé a la lecture dans le Jardin de la même maifon; lorsqu'on vint chercherl'Ex-penfionaire • cet homme tóujours inébranlable dans fes principes, foupconnait fi peu ou méprifait fi fort la fureur de fes ennemis, qu'il parüt faché de n'avoir pas été averti a tems; pour aller ausfi chercber le prifonnier. Mgj*  tES RéGENCES CHANGéES. 395 il ne tarda pas a être réveillé de fa fiere fêcurité par 1'accident le plus terr.ble qui püt arriver a un citoyen qui fe regardait auparavant comme le plus glorieux & le plus fortuné des peres. L'Ex-penfionaire De Witt, étant arrivé devant la porte de la prifon, demanda aux deux Bourgeois, les feuls qu'il y trouva en fentinelle, s'ils n'avaient rien appris ?. Il voulait fans doute favoir quelques particularités fur la fentence du Ruwaard. Mais on ne ■lui répondit que par un non 3 prononcé d'un ton rude & farouche. A peine fut • il entré dans la prifm que le || Ruwaard s'écria: Ah! mon frere qu# \venez. vous faire ici? Quoi, réprit 1'ExPenfionaire, nenfavez vous pas envoyt \chercher? Non! répondit le Ruwaard. I On penfe qu'alors les deux freres ne douterent plus , qu'il y avait quelque II noir complot pour les envêloppci I dans le même malheur. A peine Jean De Witt était entré ! dans la prifon, que Tichelaar parut . dehors. En fortant il fut abordé par une perfonne qui lui reo mmanda dV jjmeuter le peuple , en criant par tout, (|„que les. deux freres étaient enfemble ,' „ dans la prifon."" II ne s'acquitta j que trop bien de Pinferuale coramisj fion dont on le chargeait. II courut & 3 Les dfui Freres jirpsfentent leur forr. Gedeakreatlrd.Stukken 3 o. 31- Wagen. xtr. u3, Tichel ar anime le Peuple.  1672. I 1 4 ] i 1 i 3$5 Massacre des De Witt? dans tout le voifinage, en vomisfant les injures les plus fanglantescontre les deux freres. II fut Gngulicement aidé par un jeune homme de bonne familie, maïs perdu de réputation, noma van Moezel. Il entra même dans Ia Chatellenie, comme dans la vue de perfuader au peuple qu'il s'v enterrrait volontairement, pour foutemr fon accufation. U fe mit aux fépcrres de cette prifon, criant detoutes les forces au peuple qui s'attroupait; „Camarades! Amisi aaxarmes9 j-aux armes' Le Ruwaard n'a été tori „ ture que peur Ia forme : il aurait du „perdre la tête: ks juges font ausfi cou„psblesi que lui:" Ce chien, „ajoutait ee foreéné, „en avancant Ie corps „hors des fenêtrcs pour être mieux entenau, „ce chien va bientöt fortir de la prifon avec ibn frere: Empêchez 'a 1/ r" efiiems: vangez vous d'a„ bord fur ces deux coquins; enfuhe fur „ leurs complices , qui f0nt au ^nombre-de plus de trente. A ces naroles féditieufes & fi conformes aux lupplitions dangereufes de Ia populace, >n répond par des cris defureur&de rao-e -es Bourgeois firent entendre ces pa^ o^es* tujt ar mes! aux armes ! La lie du Jeuple, cellesci: au meurtrelau meurtre' rahifon! tr abt font Ils courent, enmê11e tems, comme des bêtes feroce* * * fe précipitent a I'envi devant la*  ï,ES RéGENCES C HANGéES. 397 porte du lieu 011 le prifonnier était renfermé: c'était a qui remporterait la gloire de tremper le premier fesmains dans ie fang des deux freres. Jean De Witt, voyant qu'un detiïs Oer s qu'il avait envoyé pour den>ander au Grefïe une copie de la fentence, ne revenait pas , s'impatienta d'attendre. Apprenant que la foule du peuple augmentait a 1'entrée de la prifon , il crut de la prudence de fortir feul. II fe préfenti a la porte; mais les Bourgeois lui fermdrent le pasfage. Ne favez-vous pas qui je fuis? leur dit alors De Witt. „Nous n'avon* point d'ordre", lui répondit-on. „Ëh! quels ordres vous faut-il?" „Ceuxde notre Officier, lui dit on." Comme lapopulace faifait entendre ces .mots terribles , tirez , tirte fur De Witt. Il cherchaitalorsaéchapper par une porte de derrière: mais voyant qu'il n'y en avait pas, il rejoignit fon frere & ne put s'empêcher de lui marquer les crainfes qui cón mengaient a Pinqi'i-'ter, Qjie je voudnus ëlrehors d'ici! dit il, commcnt pourrat je en fortirl ïépétait il fouvent. Les Lrat? de Hollande, asftrnHlés \ alors pour lui donner un til resleu h dans !a Charge de Grand-Ptnfionai re, jjie Virent pas cette émeute, 'ans tésaoigner des alarmcs, lis 'remblaient R5 1572. Tean De W'tt tente :nvain d'échappec récftïön s Er is* olia&dq»  1672. I I ï I I 1 % 39S Massacre des DeWitt? pour eux • mêmes. I!s ordonnerent ausfi aux Confeillers- Committés defaire avancer, pour écarter la foule fix compagnies Bourgeoifes de la Haye ci trois compagnies de Cavalerie qui s'y trouvaient alors. Comme Je bruit s'était ausfi répandu que les principaux chefs de la lëdition avaient mandé les Payfans des Villages circonvoifins , on ordonna, pour leur couper le pasfage, de fairehausfertous les ponts - levis & de faire amener toutes les barques fur Ia riveintérieure du Canal. On écrivit en même tems au Prince, alors au Campdevant A-Ifen^pour le prier de fe rendre au ?lütöt a la Haye avec quelques Compagnies de Cavalerie & d'infanterie. Suiilaume n'eut aucuu égard a cette re-, wête; Mais Ie Comte de Tilly qui [ammandait les trois Compagnies de Cavalerie, vint a bout de prendre >olte devant la prifon & tint longtems n échec les Compagnies Bourgeoifes, ilus dispofées a feconder la fureur da ieuple qu'a la réprimer. En effet eL. is n étaient pas féulementcommandées. ar des Officiers fufpects: plufieurs ïême étaient connus pour les ennemis. lortels des deux freres, entr'autres acharie de Zwart, & furtout un cerin ürfevre, nommé Jieari Verhoef.  EES RéGENCES C H A N G é E £. JCJÏ Le matin, en chargeant fon mousquet de deux balles, il avaitpriéDieu d'avoir part au masfacre des deux freres ou d'être lui-même masfacré. Jean van Bankhem, Echevin de la Haye , i avait fait promettre fous ferment è pluI fieurs des Capitaines , qu'ils ne laisfei rent point les De Witt en vie. VerI hoef, a la tête de ces furieux, s'avanca vers une des compagnies de Ca|vallerie en criant , pour fonder fes difpofitions, Vive le Prince! Pér is/ent \ les De Witt! Que la foudrc écrafe xeeux qui penfent autrement! Quoique cette compagnie parüt incliner pour le parti des féditieux ; le iComte de Tilly , qui commandait les I trois compagnies, n'était pas livré au déIjlire général. II entreprit de leur impofer öt «de les tenir dansle aevoir.Il leurordonna d'avoir toujours leurs armes hautesfans tirer un feul coup, a moins que les Bourgeois ne tirasfent les premiers. IC'était en effet rintention des plus échauffés qui s'excitaient les uns les au(tres a faire une décharge générale fut le Comte: mais ce Capitaine , qui confervait fon fang-froid dans les plus frands périls , leur ayant demandé erement, s'ils voulaient remplir la iHaye de fang & de carnage, ce ton ferme les intimida ; ils craignirent que fes gens ne tirasfentunevangeanceterrible K4  400 Massasre bej DeWitt: d'une provocation. Jean Maas, courguemaïtre & plufieurs autres des principaux Magiftrats de Ia Haye , ayant alors appellé Verhoefen particulier, Ie conjurerent, de Ia maniere la plus honnête & la plus preslante, de fe défafter de Ion entreprife: mais ce forcéné ne leur fit qu'une reponfe farouche & brutale ; il ófa-mémèleur donner les noms de traitres & les me■acer du fort qui attendait les De Witt. Vers le midi , le bruit courut que les deux freres s'étaient fiuvés. Il fallut permetrre, d'abnrd a dix ou douze des Bourgeois armés, enfuite i plus de treme, d'allerdansla Chambre du Prifonnier; pour s'en asfurer de leurs pro pres yeux. La rage populaire érair fi grande & fi 'aveugle, qu un maïtre macnn . nommé Klaptas, mrnta fur le toit de la prifon; pour tirer fur les De Witt au cas qu'ils voulusfent s'échapper. A une heure, les deux freres fe mr?m k table. La fervante du Geolier -jyant dit, pendant le repas, que les Bourgeois faifaient un grand tumulte; quel eft dnnc leur desfein ' dit alors le Ruwaard. Ils veul-nt Vous tuer, répondit-elle. Ils ri'ont éonc qu'a entrer : je fuis prtt. Ainö le Kuwaard confervait toujours fon mê-  iES RéöftNCES CftANSéE. 4ÖÏ I »e c .urage. Le Fiscal Ruifch entra j: alors avec quelques Officiers de Fa li Bourgeoifie & cinq ou Gx bourgeois, li qu'il amenait, difait-il, pour garder j| & pr téger le Ruwaard. Jevaisdönc I m'en aller, dit alors Jean De Witt eri I fe retirant. „Höla,Monfieur, lui dirent alors les Bourgeois, il faut ausfi :i que vous reftiez." Le Fifcal lui conI feilla en même tems d'accorder quelque ch ile au caprice du peuple. Le tumulte augmentait cependant è la porte. La Bourgeoifie frémisfait de voir fes projets de fang traverfés par la cavalerie On fe précipitait, on fe presI; fait les uns fur les autres; onéclatait e» ij menaces;pourforcerlestroupes afereti•i rer.Maisle Capitaine f illy.quiprévoyait I les confequences d'une pareille retrail te, ne fe laisfa pas ébranler: il tint i bon; & 1'oh, fut obligé dVmoloyer la 1 rufe la plus l&che pour le forcer a s'éI loigner. Deux fergens de la Bourgeoifie, i Decarkant & Van Sparde; OtS noms 1 de tous ceux qui tremperent dans cet i infame complot méritent de paster avec i horreur a la postérité aüererit t-ou • ver Mesfieurs d'Asperen & de Bofch\ veld, Tim & 1'iutre membres du Cob [ lége des Confeillers-Commictés: c'éi taient les feuls qui reftaient de ce Corps: les autres, foit imprudence,foi« Rufe na» ployée pouf la e rctiieï e CnintC le T.ily iv -c Ie 6*.  £62 < 3 . 3 1 t 1 C 1 1 iêz MASSACRE BES BE WlTTI JHauvai e intention , avaient déferté leur ohic , dans un tems- oü le mjnulte gé. éral rendait leur préfence la plus nécesfaire. Ces deux ferrrens vinrent demander aux deux 5«aders-C mimittés des ordres pourfaire reurer la Cavalerie. Mais n'ayant ïïn . reUcfir ' ,deux gaines de la Bourgeofie, Van Leeuwen & Van fe^Onf 5^ faire,la ^deman1 ^ leUj demanda s'ils voulaient fe charger de protéger les deux freres contre toute violence? Ils réponnl™ affi™a«vement; mais retournés. a leur pofte, i!s n'en furent que plus ardenA échauffer la fureur des Compagnie* qu'ils avaient a leurs ordrS. Dans le memetems, on eut foin de üasf counr de plus en plus, le brnit" de la m^che des P,yft£, . \* a*u» meme, pour aUgmenter la terreur, venaient piller ia Have Les Confeillers-Députés, ébranlïsp5 -es rumeurs, quoique les précautions >rdonnées par les Etats eusfent dSS asfurer, ne purent refifter a des fnliiciations plus presfantes. Le Bourgue» naitre jean Maas, quoique bien ■ intenioné & jacob van der Hoeve PenfS«aire de la: Haye, le rendnentVuprès es deuxConleillers-Committés, ur montrer la nécesfité d'envover k Cavalene fe faiOr des avenues, pJüï  5,'ES RéGENCES CSANGéES. 403: fermer le pasfage aux pillards. Ces raifons étaient d'autant moins fondées;.. que fi ces Paysfans eüsfent effectivement franchi les pasDges, pour exécuter ce desfein perversles Compagnies Bourgeoifes , alors en armes & törcées par la crainte de leur propre danger, auraient toujours été en état de disftper une poignóe d'h>mmes, asfemblés au hazard, & fans difcipline» Les deux Confeillers ne laisferent pas de fe laisfer perfuader; foit qu'ils craignisfent la populace, foit que - démêlant les trames fecretesdont ce complot était ourdi , ils craignisfent^ d'éprouver quelque vengeance? s'ils Öiaient s'oppofer au tumuite. lis firent dire au Comte de Tillyde fe retirer avec la Cavalerie, pour aller occuper les avenues de la Haye. Lc Comte fentit les conférences de quitter fon poste, fur des ordres qu'on ne lui transmettait quedehouche. Pour fe mettre a 1'abri de tout reproche & donner peut - être a penfer aux deux Committés; il dit. qu'il n'ohé rntpas, a moins que i'ordre ne fut écric. Ën conféquence, Mesfieurs d'Asperen & Bofchveld lui firenr pasfer un ordre écrit que Tilly eonferva fidelleraent, & qu'il montrait depuis , ; en difant , voila le papier qui <* tui los Deux, De Witt. II ne put  ] « .1 i c 1 I f< ]( d JWeautions pour livrcrfl Jttdux ' Fi tjes a la tr rage popu Je ten. ra 'ot gv: Sc Vii les 404 MassacRe bes DeWit« même s'empêcber, en Je ree vant, de dire a haute V( ix: fobéirai; mais ten eft fait des deux freres. «vtrAne ie tut'h miré' leulement % iï de,Ux. comPsgn''es, mais celles dont il était le plu! für, qUe les com! pagnies Bourgeoifes lé ponërent avec mpétuofité vers !a p0rte de la pr?ron. Pour les échauffer, on leur ava t diftnbué les liqueurs avec prcüfio„. Pour n iei)X , g P£ üchevin Van Bankbem s'était mêi é lans les compagnies & les ardmafc de a voix & du gefte. £nfin JJ" ^ urer contre les honnêtes Bourgeois ui fe feraient oppofés a 1'idée effraante d'un masfacre, il s'éleva un cri énéral , qu'il fallait conduire les deux ^^IdeViile&qu'oHJesylaS :ra fous bonne garde; iufqu'aceque ifpoler de leur fort. F La compagnie du Drapeau-bleu qui ?naia,t fa fureur fur touresTsaïï! PfJt pofte devant ia porte. ipauente du retard , elle v ti une giêle de coups, F0l!r JaVre* vnr. L'impéiueux Verh, ef, d'Asll? lS?V\ " Ar™™- Adrien Va„ alen, hmpynqu,, Garpard deMaas #gur, yan r-.rften/MarcharcS 1 & plufieurs autres flélérats dont uoms méritent d'etre hvrés k 1'exé  ÉES RéöENCES CHANöéES. 40$ cration publique, fediftinguerentdans cette décharge. La porte était criblée" de coups; mais voyant qu'on n'ouvrait pas , Verhoef alla prendre chez un maréchal Ferrand du voifinage, des marteaux, des coignées & des haches. Aidés de ces inftrumeus, ces furieux travaillerent a 1'envi a brifer la porte, menacant, avec des fermens exécrables, de faire main-basfe fur tout ce qui fe rencontrerait, fi 1'on n'ouvrait a 1'inftant. Le Geolier fit alors paraïtre le plus grand effroi; comme s'il n'eüt pas été lui -même dans le complot. II ouvrit enfin Verhoef, accompagiié des plus lëditieux, s'élance a 1'inltant, dans ['appartement oü les deux freres attendaient leur functie fort. Le Ruwaard était en robe de chambre für fan lit; & Jean De Witt , envelopé dans un man. eau de velours, lifait a uie table dans la Bible. Verhoef, volant au lit du RuWaard , tire les rideauX avec violence & lui crie d'une vdx ue tonnerre: traitre, il faut que tu meur es, pries Dieu & prepares toi. Quel crime ai• fe dohc commis" dit le Ruwaard d'un ton affectueux , & tachaut d'attendrir ces barbares , en les traitant d'amis, Tu es un meurtrier du Prinee, un traitre , un fcélerat, aepeche. A ces mots le Ruwaard, voyant quti 1672.  i6jz. i J < 1 \ é \ r c d I n d 406 Massacrb 9u De Witï; n'y avait p]„, d'efpoir, fe relev- joints, d-ns 1 attitude d'un honmp 3™ P«*> Un des Bourgeois faifit Ce? inftant Pour le terras e^vec f Us fe de fon fufil; le coup fat fi violent que les colomnes du lit volerent en éSat- S iui laisfa pas le tems. L'KxrW fionaue Jean De Witt demanda E 2 n fcékrf; lui répondit-on »5' ^ /««^rft il voulut direS ques mots pour fe iufhfkr • q • k lui portafur la Se un V, m£;S neux coup de. Ia crosfe d'un fjt Z &^ef fS^f *ftS& je, -hevezmoiflr^ eüs fcélérats de^ett moSr'fS Vè affaut c^iis avaient coffi ^Bon e üuat & 1 innocent Van Der «««f es Bourgeois qu'on avai? choifi^'f •*> m ees venueux citoyS,  I.ES RéC-ENCES CHANSéÈ?. AOf avaient eu l'occafion de recorrnaUre leur innocence, voulurert avancerquelques mots pour les juftirier; vous êttr des fcéiéfats, leur cria-1 -on; üs vous tntdéja corrompu par argent. Ge mot fut comme un avertisfement d'être fourd a toute pitié. Un des féditieux frappa le Ruwaard d'une planche & ile fit rouler jufqu'au bas des efcaüers; lipendant que les autres pousfaient des jcris épouvantables. On le prit alors lipar la gorge, on le traïna hors de la prifon vers 1'arcade qui conduita 1'é» cbaffaut. Son frere le fuivait derrière , couvert de pousliere öc de fang , ;i& fans chapeau. Verhoef le tenait spar la main, le regardant, de tems en, tems, d'un airfarouche&effrayant,lui jreprochant avec emportement qu'il avait iltrahi la patrie. Jean De Witt, esfayant de fléchir ce cceur féroce, eut recours aux expresfions de la douceur & s'efforca de lui faire faifir les ijprincipales raifons qui prouvaient fon i innocence. La maniere dont il parlait» : le feu vif & brillant qui fortait de fes yeux, impoferent d'abord a ce barbaire: il fut déconcerté : ü a dei puis avoué que fi De Witt eüt été armé , 3 n'eüt öfé porter fur i lui des mains violentes. Mais queli ques-uns des autres Bourgeois, i fe defiant de eet entretien öc 167 a. Uierl, hiji. Kir. 171.  V «prenezce Mcoqum la ; & aliez vous en au Dia»> bie avec lui." Da,Lfmd^'in de £eS FOTcénés était, les H",rYafi"ementd'atrocité5d'immoler les deux freres au lieu ordinaire des exécuuon*. Mais il eft bien diffcï SS*"!!! n]Tk'fe fLirieufe & armée pmsle ;.ttcndre le moindre retard A peine le, deux freres étaient fo ;s de a pr ior, que Fe Ruwaard fut reuver. 7 n-r l Ti' Un marcnand de vin ' WWé yan Ryp, un B >l cher nommé Louw ju, p,rtcrentle premierse™ 'vee la tro le de Iturs mousquets 2uoiqu'il n'en fallüt pas un S onrbre pour 1'achever ; Ja raJ des "mörr "t^ -P3S WvIPpJ? i mort. dj n'était déja plus i & A Cgny fccondé par ua B;as abordé, qui, peu de mois aupararant, avaient pour les deux freres le !S dÖ^a lfurs fervices & a leurs ügmtés, & n avaient aucun motif de sslentiment que celui des malheurs S ' a,lent Pu fi Porter a ces inïgmtes. La mort ne put asfouvir leur age féroce. Il n'y eut point d'hor2urs qu ils n exercasfent fur les corps e ces deux vertueux citoyens. ils :s mutilerent de la maniere Ja plus ornble. Ils s'acharnerent principaleient fur celui du Grand - Penfionaire. 'n commetica par lui couper les deux £giS,^ec les1uels i1 avait, dit=on, mé l édit perpétuel. On commit ent "e ,iur les membres que la pudeur  LÉS Ré® ENC ES CfïANGéES. 411 défend de nommer, des cruautés qui font frémir. On ajouta la raillerie a ■ la fureur. Un d'eux , ayant arraché un ceil au Ruwaard , 1'avala en demandant aux fpeclateurs, s'il le rendrait? Un autre lui coupa un morceau de chair vers la hanche, en difant qu'il voudrait le faire röiir & le manger avec fori ami Tichelaar. Tromp pousfa la basfesfe de la vengeance jufqu'a refter fpeftateur de toutes ces fcenes horribles. On lui dejmanda ce qu'il en penfait? Cela dolt êtr£ ainfi^ répondit-il avec une tranquilité barbare: II en eft qui difent qu'il n'öfa pas répondre & qu'en me. me tems il rabaisfa fon chapeau fur fes yeux, comme s'il eüt commencéarougir d'authorifer ces cruautés par fa préfence. Oui ce font eux„ criait un matelot" en s'authorifant en effet de la préfence de Tromp qui ont fait périr notre vieil Amiral Tromp. „Ce chien difait-ilen montrant le corps duPenfionaire, au„rait bien voulu en faire autant du fils: „ mais il n'a pu lui faire perdrc „que fa place. Voilé les coquins qui „n'ont jamais fu nous fournirune bon' „ne flotte contre Crcmwel: ils en „ont bien trouvé une, quand ila fal„lu combattre un Roi légitime. Pour„tant ils n'cnt voulu rien faire con „ tre les Francais, Ce n'étaitpasfeule-  If572 B*fiia£C. 11. 3 IS. 4'j Massacre bes De Witt: ■ ment d'illuftres amiraux qui encoura- geaient la rage populaire en repaisfant ieurs yeux^decet affi eux fpectacle. ils'y trouva jufqu'a des IVIinillres de la reïigion dont Ie caractére doitrefpirer la tranquilité & 1'horreur du fang. Simon Simonides , un de ces prédicans audacieux dont le Pen(iona>:re avaitfouv;nt eté obligé de reprimer Ia langue «édjtieufe, fut furtout rémarqué dans la foule des fpectateurs. Un des Auteurs de cette tragédie en pnt occafion de le forcer a fe compromettre en lui criant: JVlr. le Miniflre, font-ils pendus asfez haut? Sur quoi1 1 un des fpectateurs, montrant le 1'enfionaire qui était beaucoup plus grand que fon frere; non, dit-il, »er> dez-moi ce grand coquin un échelon plus haut. Le Miniftre fe retira dans une auberge vis a vis la place oütous les membres de la Rtgence de la Haye s étaient transportés pour repaitre leurs yeux de cet horrible fpectacle. L ïndécente curiofité, même parmi les perloimes d'un ceitain rang ordinairement lespJus réfervéesfur cet article,fut li grande, qu on remarqua un grand nom- sfLn 6 «£aiosf" dans les environs. bimon Simonides était f, éloigné de condamner la rage des féditieux; que le lendemam ü fit un fermon a leur  LES Ré 6 E N CE S CHANGéES. 4.I3 nleur louange, asfurant qu'ils méritaient Ides recompeufes, pour avoir été les • linftrumens de 1'ceuvre du Seigneur & jde'la vengeance de Dieu. L'aveugleiment était fi profond qu'en pasfantdejvant la maifon duConfeiller De Graaf, t| quelques-uns des féditieuxcrierenta fon I Epoufe. „Madame! la mort de vötre rils I „ eft vangée. Les Auteurs font pendus." 1 Cett2 affreufe boucherie dura depuis | cinq heures dufoir jufqu'a la nuit. Ün | coupa a 1'un & a 1'autre lesdoigts des |pieds&desm3ins ,lenez, les oreiiles& I les autres extrémités du corps que 1'on. ]; criait publiquement a 1'enchere. Un I doigt était vendu quinze avingtfou*, un I ceil vingt ou trente, un orteil dix de I forte que par lacruelle avidité des venij deurs & 1'extravagante curioüté des alj cheteurs, ces membres furent difperfés I dans toutes les Provinces - Unies. Ce n'était pas asfez de ces hor- II reurs , que nous n'aurions pas eu ,1 de courage de détailier; ö 1'exp ifition : de ce tableau n'était pas néces- ; faire , pour inftruire & effrayer la pos: térité. L'impitoyable Verhoef voyant que les ténébres avaient fait déferter da populace, ferendit vers lesneufheu 1 res <5t demie auprès des deux corps. "Dans 1'horreur de la nuit, dmslefilen- ce morne qui fuccédaitau jour affreux, 1 un grand couteau a la main, il Terne. VII. S 167a. Fkoaté óic VerhO'f. Vie de fej* De Witt.ll S17'  Gedenkt 14. 24. 2.6. 41, VMen. 7ft. W*gtn, 4T4 Massacre des De Witt ouvrit les corps, en arracha les deux , cceursaveclarnain, &leurenbattitleviSge'enn0m,S(ant d "s ünprtcations horriE. b es. II voulut faire accroire depuis quil les avait arrachés a d'autres ; mais s'il n'avait été luinieme ie coupable, comment aura*-il pu asfurer dans une aubergeoü rl les apporta encore fanglans, que le Plus gros des deux était celui duPeH. fionaire? U voulait, difaitil, en faire préfent au Roi d'Angleterre ou au prince dürange. Que cet horrible préfent ait été offert ounon; ileftcertam que ce miférable conferva les deux cceurs qu'il faifait voir encore longtems apres pour de 1'argent. Pour donner quelque eouleur a ces actes de barbarie, ce fcélérat qui avait affecté d agir par ua motif de relïgion , de patnotisme & d'équité, eut recouWi la ■ plus noire atrocité. II feignit d'avoir trouvé dans les poches de jean De Witt une Iettre de Bevernmgk qui prouyait fa trahifon. Pour mieux trom-per Ie peuple; le lendemain, comme s U eüt communiqué cette lettre pendant te nuit au Prince, il fe rendit chezle procureur fcterreveld a la Have auquel U ht tirer une copie d'une lettre lüppofée pour fon Altesfe. Pour au£memer la délurion , un des pl ges du Prince vint la chercher chez le, même procureur.  LES RéGENCES CHANGéES. 415 On tremblait que la fureur des fcélerats ne s'étendït fur tout ce quiportait le nom de De Witt. Ausfi eut-on: fcin de fa're pasfer fecretement les en-' fans du Penfionaire dans la maifon des Démoifelles Kofter, Anabaptistes, oü ils refterent cachfs fous un efcalier, jufqu'au lendemain qu'ils furent transportés a Amfterdam , dans le plus grand fecret. Les féditieux parlerenc 'de piller la maifon de De Witt, & plufieurs'' autres ; mais Verhoef s'y oppofa. L'Epoufe du Ruwaard venant en carosfe & la Haye, apprit en cherhin la fureur du peuple contre foa mari. L'épouvante la fit retourner; elle fit conduire fa voiture au premier village, la fit anëtrer a la porte du Miniftre du lieu qui devait toute fa f:>rtuneau Rüwasrd, Le hazard vou'ur que i'hom< me d'i'glife ouvrit ïui-même Ia porte, 11 reconnut fa bienfairrice & lut dans fes yeux & fur f n vifage la caul'e qui 1'amenait. Son parrj fut pro a Vip&fM Madame: retirezvous; vous ne pouvez éi re ici je ne veux point etre melé dans cette affaire; & en même tems il fèrma la porte. Aétïon atroce, ajoute 1'Auteur qui nous fournit cette anecdote & reconrmisfance bien indigne de tous les bienfaits qu'il avait recus. C'eft la en effet un rafinement de S a 167,3. Je'tresfe les Pareus les De s Huvm,-  Vtrltl. der V>:ie van Vtreiht I. Inleid. 74. <*) Tem. 11. Me de Rni UT. JDr Ruiier txpoié au dangei de peröfe ia Tie« j 415 Massacre bes be Witt: .de harbarie & d'inhunianité que 1'on auraft peine a con9evoir , -fi 1'on neiavait par expérience qu'il eft une efpéce de gens durs par principes, ingrats par réflexion qui voyent toujours le crime la oü 'eft le malheur , dont 1'intérêt ;fèra toujours de n'encenfer que les favoris de la fortune, & de tourner le dos a la vertu opprimée. Plufieurs des partifans des De Witt coururent ausfi de grandspérils, entr'autres Guillaume Van Der Aa, Bourguemaïtre de Rotterdam, qui n'échappa que par la fuite. Un nommé La Court, .auteur de plufieurs brochures poiitiques dont nous avons eu occafjon de parler (*), fut ausfi expofé g la rage populaire. La canaille vint clouer a fa porte un chien mort: ce n était, difait on, qu'un prélude avant de le traiter comme on venait de traiter les ,De Wjtt. De Ruiter lui-même que fes talens & le danger de la République de# vuent mettre au desfus de toute attaque, fut environné d'asfasfins dans la ville d'Amfterdam. Une troupe de matelots vint crier a fa porte qu'il fallajt piller la maifon d'un fcéiérat qui ivait yendu 1'armée nava.'e aux Francais. Le Sieur Smit, Capitaine de la 3oargeoifi; parut fur fon permn.éc eur 'de;ianda fieruuent ce qu'ils exi-  LËS RéGENCES C ;l A N G é E 5, 417 geaient? Ils le menacerent deletraitér, comme on avait traité les De Witt a la Haye. Mais Smit leur dit courageu Cement; eb bien.' eh bienmevoiia trattez mot do meme fi je Vat mérité. Cette audace, inipirée pjr lavertu, aopaifa la fureur d'une populace uwtinée. Mais comme cette fédition était fomemée par des partkuliers mécontens ou jaloux de 1'autorité de De Ruiter', 1'entreprife' ne fut pas abandonnée Les femnus furtout crurent que De Ruiter avait vendu la flotte I 1'Ennemi 1 U f en eut qui asfurerent que ce traitre était déjaarrêté & conduit prilonnier a la Haye. L'Epoufe de 1'Amiral, alarmée de ces bruits calomnieux , eut encore recours a Smit, en lui donnant une lettre de fon mari, propre a confondre l'impofture. Tenez dit- il a*ceux qui connaisfaient 1'écrrture de 1'Amiral, lifez: on vit en eftet qu'il parlait d aller au plutót attaquer 1'Ennemi. 11 fallut cependant toute la prudence & la fermeté de Smit, aidé dequelques cavaliers, pour repnusfer cette populace farouche. Atrfitöt que Oe Ruiter fut inftruit de cette affaire, il deroanda une fauve -garde au Piince d'Oran ge qui le prit fous fa protection avec toute fa familie. Cette précaution n'arrêta pas tous les mauvais desfeinsdei Ö 3 r 4  1672. les deux ewps enle\és Jclnhu- 4rS Massacre des De Witk Ennemis de cet Amiral. Peudetemsaprès, étant revenu de ia dotje dans fa maifon a Amfterdam, un in :onnu vint demander a lui parier. Il aUait lui entoneer un couteau de tabla dms le cceur, lorsque le Domeitiqje para heureufernent Ie coup. Ce ne fut qu'avec une extréme referve & bien avant dans la nuit que les Etats, asfuris qae la popu'ace s était tout a fait retirée, firent enlever les corps des deux vertueux & infortunés De Witt. Cinq Domeftiques de familie aux quelsfe joignirent 1'Avocat I heoprule Neranus öc un certain Save* tier dont le non eutbien nrr;té d'être confervé ,remplirent cetrifte devoir.Les deux corps furent transportés dam la maifon de l'expenfionaire, fonsl'efcorte de quelques cavaliers; & ce nsfut que dans la nuit du ar au 22 qu'on les porta a la tombe oü repofait la femme de Jean De Witt; toujours fous iefcorte.de quelques Cavallitrs, fans quaucun. des parem ni amis des deux freres öfat fuivre ce convoi funebre Un fe vit même pendmt que1que tems obligé de recourir aux plus grandes précautions; pour ne pas irriter la fureur populaire. On avait fait porter les armoiries chez le Marguil laer de l'Eglife 0ü elles étaieat enfer-  LES RéGENCES CïtANGéES. 419 méés, pour y refter jufqu'a ce que des tems plus faverables permisfent de les pendre dans 1'Eglife. Mais la populace en ayant eu quelque vént, alla forcer la maifon & brifa ces armoiries en pieces qui furent dis* tribuées aux petits - enfans. Pendant que le peuple fe livraitaux trsnsports de fa fureur, les Etats, voyant que le prince n'était pas venue pour prévenir le masfacre, lui avaient écrit une feconde lettre peur le prier de fe rendre incesfammenta la Haye avec des troupes; afin de prevenir les affreufes conféquences d'une action exécrable aux yeux de tout le monde. Ce furent leurs termes: le Prince était alors dans fon camp devaot Alphen: il allait fe mettre a table. Lorsqu'on vint lui porter folemnellement la nouvelle d'un masfacre, qu'il ne pouvait gueres ignorer, il' ne put s'empêcher de palir. On dit que, dans cette occafion, il donna des marqués publiques del'eftime qu'il avait pour le G.and-Penficnaire» Mais il ne vint a la Haye que lorsquetoutfutconfommé. Mr. deMaasdam était venu, de la part des Etats, pour conférer avec lui fur lesmoyens de rétablir la tranquitité, en punisfant les coupables. Mais Son Altesfe, bien loin de laifir cette occafion pour de- S A. 1672. Conduite du Prince enters les :oup'«bles>  Trifre fin de Ia plupart des meurrriers. ■Bagage V 377. 37» 42© Massacre des De Witt: truire tout foupcon qu'ii eüt trempé dans cette affaire, répréfenta que cette acticn ayant été exécuté par les principaux Bourgeois de la' Haye, il' ferait dangereux de févir contre eux. Cet avis fervit de loi. On n'a jamais plus fait de pourfuites contre les princ'paux Auteurs du masfacre.'Plufieurs même fiirent recompenfés. 11 eft cependant remarquable que la plus grande partie périrent d'une mort tragique. ^ L'Eehevin van Bankhcm ncramé dès ie mois de feptembre a '1'emploi de Bailli de la Haye, s'acquitta fort mal de fes rbnctiont: Ses malvetfations , fes concusfions furent fi criantes que fes protecteurs en eurent hcnte & 1'abacdonnerent aux pourfuites de la Cour de juftice. On lui fit fubir une torture cruelle , il fut condamné a perdre la tête. II appella de cette fentence & mourut en prifon ; avant que fon procés eüt été termkié. La fin du miférable Verhoef ne fut pas moins tragique. II erutque 1'approbation donnée facilement au meurtre de De Witt 1'authorifait k ccmmettre les plus grands excès: mais étant tombé dans les mains de la justice du Khinland, il fut condamné a être fouetté publiquement & renfermé dans une maifon de correction oü il fnit fes jours. L'exécution de fa fen-  LES RéGENCÏS CHANGéEg. 43X tence fut même marquée d'une circonftance particuliere. L'arfluence des fpectateurs qui applaudisfaient a faflériis* fure, fut extraordinaire. Qielques étudians pousferent 1'indgnation jufqu'a payer des violons qu'ils firent jouer devant 1'échaffaut au moment ofr on le fouettait ; & le bourreau affecta d'adapter la meüre des coups a la cadence de cene mufique finguliere. ! e fort du Barbier '1 ichelaar fut asfez déplo'able. Peu de'ems après le masfacre des deux freres, cet infame délateur fe rendit chez Mr.de Heemttede alors Préfident delactvanv bre des comptes de HollanJe & lu^ demanda 1'emploi que Mr. de Zuilenftein lui avait prom's pour le ferv ce qu'il avait, difaitd, rendu a-la patrie. Allez chez Mr. de Zui!enuV [««.  \6jt. Tozens Staatkunde, r. //, .ait' .V 4aa Massacre des De Wit \t pas a fe faire démettte ~ par & on Ta vu dans ut  LS$ RéGENCES CHANGéE. 433 age trés avancé, fe trainant a peine fur deux potences, mandiantdans le* rues de la H?ye , fans que perfonne eut pitié de 1'état oü il était ré» duit. Ce malheureux mourur a- ia Haye vers 1'année 1714? detefté de tous les gens de bien & déchiré par lesremordsdefaconfcience, quine lüi avait pas laisfé un moment de répos pendant le rede de fa vie. Plus d'une ibis ilne pouvait s'empêcher d'avouer confidemment qu'il avait fausfement accufé le Ruwaard, & qu'il était la caufe du meurtre des deux freres. Jean van Valen porta comme tous les autres la peine de fon crime: il fe plaignait fouvent que Dieu le punis1 ait, qu'il n'avait plus de pratique, & que chacun fuyaifcfa maifon." Pour s'étourdir fur les horreurs de fafituation il s'addonna a la boisfon, Sc quand il était yvre, ce qui lui arrivait fouvent, il montrait un piftolet aceux, qui venaient chez lui; „voilé, difaitil, le piftolet a^ec le quel j'ai brulé la cervelle du Gonfeiller-Penfionaire." Quelqu'un lui ayant demandé dans une de ces occafions, „ s'il n'avait jamais eu du repentir de cetteaction? Oui, répondit ce malheureux, fi j'avais autant de ducats que je m'en fuis repenti de fois, je ferais bien rieh*. Cependant ce qui me tourmente &naê 8 6j l6y *L 'tm Air  I6j2. Particnlarités Oir le Caracrere 4*4 Massacre des De Witt.» déchire le plus, c'eft que je crois W>ir toujours le Confeiller-Penfiormire a mes cötés & nepuL-med^far de la vermine qui me ronge • je cr.in qu'elle ne me dévore.'' Plufieurs autres eurent unefin ^galement funefte & deplorable: ce qui eft «fez naturel: car il n'y avait que des gens de fac & de corde qui pusfent fe charger d'une action ausfi affVeufe & s enacquitter avec des circonftancesausu ré vol tantes. Pour achever ce tableau d'horreur, mus avons cru qu'il ferait a proposdexpofer les pariicularités qu'on arecueilhes fur la vie & le caracteredesdeux De Witt. L'on croyait paria, écnt Burnet, rendre fi:rvice au Prince, quoi qu'on lui caufat au contraire plus de dommage qu'on n'en pouvait jamais reparer. La mort du Conté*! ier -Penfionaire fut regrertée de plufieurs perfonnes que 1'on regardait. pour partifans & tmis de la maifon d'Orange. La viracité de fon efprit, la folidité de fon lugemenr , fon éloquence perfuafive, une habileté extraordinaire adecou* wir les fecrets des Miniftres avec qui il avait a traiter, fa grande expéHénce dans les affaires politiques avaient fait regarder depuis Jeng-  £IS RéSENCES CöANGéÈS. tems comme Tonele des Asfemblées de l'titat. Ausfi lui confi n'ton d ordinair?; la conduite des négociations les plus importartes, &pour les 'ffaires étrangeres & pour cellen de la République. C'était lui qui Torn ait le plan des Lettres, inltruélions &'au~ tres Aétes de conféquence. II entretenait un commerce de lettres avec les Miniftres de la République a toutes les cours-, & traitait journellement encore avec les Ambasfadeurs étrangers a la Haye- Il mit un fi bel or* dre dans les finances qu'aprèsmême qu'il fe fut démis de fa charge, les Etats de Hollande leprierent.. de leur donner par écrit le plan des opérat'ons qu'il avait fuivies. II avait ordinairement fur lui un petitlivre de poche, divifé en difterentes tables par,, les quelles il montrait comment öt i'ur que's fonds on pouvait fournir de.i Targent a TEtat en cas de nécesli é,Ceux qui ont écntqu'i' ne connaisfait ni Tétat ni les inté-êts des Cours Etrangéres n"rtnt- fan* doute jamais lu fes lettres. Le Chevaüer Temple avoue n'avoir jamais vü perfonne a qui ces différeats intéréts fusfent fi bien connus. Quelques-unslui ont reproché d'avoir trop fouvent raifonné d'aprè* les intéréts des Pnnces, &■ d'avoir fuppolé trop légèreinenL: $7 [ófte  4ftö Massacre bes -Be Witti . qu'ils agïsfaient en conféquenee de leurs veritables intéréts. Dans la derniere guerre contre 1'Angleterre , il pasfa fur la flotte des Etats, & contre. le femiment de tous les Pilotes il rit heureufement raettre en merpar un vent que jufqu'alors Ton avait cru contrair* (t) D'autres eependant ont (f) Cette action- fait beaucoupd'honneur a la fagscité dia Punfionaire , que i'on dit avoir été trés verfé dans toutes iet branches des Mathématiques, La Flotte était encore au Texel, & les Etats en presfaient la fortie. Les Piïotes les pius expériment^s foutenaient que le vent qui fouffla't alors en.pêchait de mettre en mer, & qus des trente deux Rumbs .de vent il n'y en avait que dix qui pernrisfent la fortfe d-s ports du Texel 'Ils prétendaient encore qu'il ne f'erait jamais posfible de faire pasfer de gro.s vaisfe-ux par le -Spafija-wtsfat, a caufe des bas-fond^ Sans s'arrêter aux anciens préjugés, De Witt, la fonde a la mam, decouvrit q,ue ces prétendus bis-füns avaient ask.-z de profondeiir pourdonnerim libre paslage aux navires fes p'us gros & les plus pïfammei-t chargés ; il fit voir d'un autre córé que des 'trente deuxRfims vingt huit favorifent la fortie de laFiotte. En effet le -4 du mois d'Acüt 1665. l'es^ fai en ayant été fait, une partie de la flotte pasfa le Sptmfeutrtigat par unvemSud * Sud ouejl, ce qui jufqu'alors avait été te-  S.ES'RéGENCES CHANGêES. 427 e*a que pen propre a la suerre, ilne s'sn Haêlait que par vanité; ou peutêtra .pour rétablir fon crédit chancelaa*^ >paf l'heuretix fuccès d'un coffl' bat hvré fous fa conduite- Quoiqu'il n'aimat pas le falie, qu'il allütfouvent a pied & feul, & qu'il n'entretlnt qu'un laquais ou deux (*) ; quelques- nu pour imposfible. 'Pour perpétuer la rr.ésaotre de cette action 1'on donna dans quekjues Oattes de la. Hollande au Spanjaaccsg-ft U nam deHeer JeandeWittsDiep, (*) Un Anglïis, Eerivain autfijudicieux que Miniflre habile adonr.é de lamodestie & de la popularité de De Witt, qu'il avait tiès bien connu, une idéé, qui fera toujours bonorcr la mémoire de ce grand homme. Quant au Confeiiier-penfionaire de Witt, dit il, qui a eu un trèsgrand credit dans le Gouvernement, tout fon train & toute la depenfe de fa maifon n*avaierit rien de different de celui des autres Députés & Miniftres de 1'Etat. 'Sonhabit était grave , flmple & populaire, fa table n'était fervie que pour fa familie & pour un ami, & toute fa fuite, a la referve de quelques Gommis ■ & Clercs , entretenus dans un bureau proche de chez lui, aux dépens du public, était compofée dim feul vatet qui faifait tout le fervice ordinaire :de fa maifon; & lorïque e& Minifke faifeit des vifites de cérémonie, levaletmefr» teit un fia^le mangas- dë livrée iuivai! i2ï  \6~<2 Je carosfe dans Ia ruë. Aux autres occa. iions on le voyait ordinaïrement par la vil le a pié, fuivi d'un feul valet. & quelque fois feu I comme le plus finvple Bour. geois de la Haye. ^ Voyez le Chevalier Tempte, RmnrausfW: UsPwmsts.Units, 428 Massacje hts De Witt: : uns n'ont pas lai.'fé de 11 rcufr d'or-gcud & g'. mbit:r-r.: & clétaiVc» qui lui faifatc resjr !< crtt ■ !es affai ris le? plos irrpcrtBntts, qu'il expé. diai-t fouvent lui feuli ü séiudiait' ausfi a prendre un grand crédit dans la kégence des diffeiemes villes,qu'iltrouvait le moyen de remplir infenfibkment de perfonnes attachées a fes intéréts. II était trés porté a faire donter des charges honorables & lucratives k fes parens & a fes arms, ce qui lui attirait quelque fois le re-froidisfement des perfonnes n.êmesqui < 1 eflin-aitnt le plus. Du refte il fut toujours fidell'e a fa patrie; & quelque chofe que 1'tnvie ait dk ou pubhé contre lui on n'a jamais pü découvnr qu'il fe fbit laisfe gagner ou '. corrompre par aueun Prince étranger, pour entreprendr.e quelque chofe au préjudice de i'Ütat qu'il fervait. Le Prir.ce d'Orange lui-même, dit Burriet, 1'eftimait un des plus grands hon>.  £ES RéGENCES C H A N G é E S. 429 mes de fon fiécle, & croyMt qu'il avait fervi 1'Etat avec fllelité. C'était.dit le même auteur, un homnehonnête, fincère & intégre, qui ne cqhriaïsfait d'autre rufe quecelledefetaire; &qui avait fi bien accoutumé tout le monde, a cette taciturnité qu'il était ditficile de deviner fi ellelui était ordinaire ou préméditée. Mais quiconque lira avec attention les lettres du comte d'Eftrades, s'appercevra fans peine que, dans les négociations du Penfionaire avec cet Ambasfadeur, cethabile Miniftre avait 1'art de cacher fes véritablesfentimens, même en paraisfant les découvrir. ■ Dès qu'il fut mort, les Etats fc faifirent de tous fes papiers, a même de toutes fes lettres, fans, qu'après les plus fcrupuleufes-re cherches, 1'on püt rien découvrir qu portat quelque tache afamémoire Üuelqu'un même ayant demandé a 1'ur des commisfaires, nommé pour cet exa< iuen.ee qu'il avait trouvé dans les papier! de De Witt; Qu'aurions nous pu j trtuver, répondit il.? rien quefrobité, Une feule chofe que 1'on ne peut nier c'eft. que par une obftination, que lei uns ont nommée grandeur d'ame, lei autres opiniatreté & défir de vengean ce, il employa toujours tout fon ere dit, pour exclure, autant qu'il fik ei lui, le Prince d'Orange de l'admmis tration, contre le fentiment de toute 1672. f; I I-  < i i i i t d ê d a q> pï rn ie dl! 430 Massacre des DeWitt: les autres Provinces, & même de celui de plufieurs des principaux membres des Etats de Hollande, qui ne pouyaient fouffhr que quelqu'un qui n'é* tait queteur égal eu rang & ennais- ance , s arrogeat Ja principale direction des affaires. Il fi mble même que :eft a cette fermeté inébranlabie que on doit attribuer une grande par.ie ies maux dont 1'Etat fetrouva aio's iccablé. I en devint odieux a ceux mi dans 1'é éyation du Prince cher:haient ou Pmtérêt de 1'Etat, ou leur >roPre grandeur. La populace i4r> ffW gr0SÖ^ P pr* °^afionö S 2 foupconner d'mfidelité & de trahi- i°ttr?^eKe P°PU}*? 9ui nefaitpoint lettre de hornes è fa fureur Te Penant excitée par des perfonnes une certame confidération, lui ïa la vie d'une maniere qui a fait outer a quelques uns fi ceVeft ree raifon que 1'on accufe les Hof. ■ndais de cruauté; tandis que presie tout le monde, érrangers & com■tnotes, ont jugé qü'/rneritaitun eilleur fort après dix neuf ans de (j). SouPere le.Maitre des ft) Je ne fais rien de ee que 1'on dit orW»W ies Hollandss de leur  IBS RéGENCES CUANGéES. 43I Comptes, Jaques de Witt, ne tarda güere a fe démettre de fa charge, &' rie lurvecut qu'environ un an ci demi aux malheurs arrivés a fa maifon." vent onï dire du traitemert barbare qn'ils ont fait a quelques uns de notre nation (les Anglais) dans les Indes-Orientales (k Amboine) , & de ce que nous avon* v6 depuis p.eu dans l'horrible meurtre de leur Confeiller-Penfionaire De Witt: Perfonnage qui meritait un autre deftin &uneroeilleure recompenfe de Ia Patrie après dix huit ans de fervice, pendant lesquels il n'avait rien donné a fon divenisfemerrt & a fa romraodité , & fort peu a fa fortune. pjrfonnage d'une application infatigable ,. d'une fermeté inébranlable, d'unefpritfain & net & d'une iiuégriiéirréprocbable, teU lement que s'it a été aveugie en quelque cbofe, c'a é(é par la pasfion qu'il avait pour ce qu'il croyait être le bien & 1'intérêt de fa patrie. Tous ceux qui 1'ont connu lui doivent ce témoignage avec justice, & on ie lui rend d'autant plus vc« lontiers, qu'il y a ausfi peu d'avantages a flatter Les morts qu'il y a peu d'honneur a les Mam er. Mals cette aftion du peuple doit ê;re mife au nombre des malheurs du pays, vu qu'elle a trés peu de rapport avec ce que 1'on voit ordinairement en leurs mceurs & inclinations &c." Temple Remarqués fur les. Piovinces. Unies. 1672',  Gafpard Fagel nrrn m( Gra d P. iioca'. re. 3T~- 311. ; i ] ( ] c c 1' € 1] a.1 Jj le qi C( 4?2 MassacubesBeWit» La mort des deux freres n'érait que Ie prélude de la révoiution que i'on piojeu it dans Ie gouvememert Dès que Jean De Wnt fe füt demis de la charge de Penficnaire, les bralde Hollande él alent" en trés en délibéra- ' tmn pour mi r.orcmer un iuccesfeur. Oaiprd tagel qui, depuis le commercement de la décadence du p?rri de Loeveikin, s?éfa» déclaré. de plus en plusle zélé pauifan du Prince, fixa l attenuon générale ; quoique Van Beunmg & Van Bcvcrmrgk-, alo^s dévoués au même pr.rti, ne manquasfent 3?s de titres ni de partifans. Fagel - éxJe ao£f'' Ie ï°ur m^me oü.' on prédécesfeur fut rr asfaeré. Un pareil ncident lui fournit 1 occafion naturelle e montrer les périls dcnt cette charge toit environnée, & de rappeller es malheurs qu'elle avait att rés für eux qm 1'avaientexercéeauraravant. 1 ne lacceptait, difait-il, que P0Ur béir aux Etats. On lui tint compte e ce déyoiment patriotique; & pour indemmfer de fa charge de Greffier, n lm asfjgca douze mille flrrins au eu de fix mille que fon prédécesfeur " mt touchés. Mr. Fagel, dit Burnet Irïd&Zt COrru' etait un favant Jnsconfulte, qui conctvait aiféments cno es, qui jugeait avec netteté, u poslédait ce te efpéce d'El(.quenau geut du Peuple , cü 1'exactita-.  ;XES RéGENCES C H A N G é E S, ,433 ■de regne moins queTabondanca, iX -qui avec ce fécours était tout propre •a gouverner dans une nombreufe asfembiée. Employé par le Penfionaire-De Witt, auquel il rendit de grands fervices dans 1'afFaire de 1'Edic perpétuel qu'il fit pasfer dans les Etats -oü 1'on s'y oppofait avec le plus de vigueur, il obtint la place de Greffier .ou de Sécrétaire des Etats - Généraux, emploi le plus lucratif qu'il y ait en .Hollande. II avait de la vertu & de la piété; mais il était trop violent, & fe croyait trop habile homme. Intrépide quand tout allait bien, on ne lui trouvait pas le courage qui con* vietat a un grand Miniftre, dans les tems difficiles, & dans les occafions .délicates. Fagel, avec cesqualités, gagnatoute la confiance du Prince auquel, s'il faut en croire De Groot, fon cnnemi, il s'ef forca de perfuaJer que fon autorité ne ferait jamais asfez indépendante, tant qu'il afaurait pas fait des chan• gemens dans le Régences les Villes & qu'il laisferait les Regens imbus des maximes deDe Witt. Audi fut-d le premier a fiure une propofition conforme a cette idée. i!nT la dépofition de tant ie Magiftrats, auxquels onnare* prochait ni crime, ni malverfation , parut trop dure, & fut desaprouvée de toutes les perfonnes équitables. II eft vrai que leurs Nobles & Grandes Puisfances déclaraient qu'elle ne porterait aucune atteinte a la réputadon de ceux qui feraienr f >rcés d'en fubir la ïoi; mais cette referve ne les dedomageait oas des honneurs qu'ils perdaient, & de la haine populaire k Isquelle leur dépofition les expofait. Si les Magiftrats font innocens, il y a difait-on, une injuftice criante a lts dépofer, & s'üs font coupables ,on ne peut leur conferver leur réputadon fans avoir pour le crime des égards qui ne peuvent fervir qu'a Tautorifer. Le changement de Régence fe rit dans toutes les villes de Hul'ande. Aucune ne fe piévalut de la liberté qu'elle avait de n'y point coniéntir. parcei qu'entre les Magiftrats qui conrxit faient le öénat des villes, les uns ) craignaient d'être immolés a la fureur du Peuple , s'üs s'oppolaient nu changement que le Prince voulait faire & les autres, qui avaient contnbuéa l'élévatiön de 'on Altesfe, r.ttendaient la retompenfe de leurs lervices.  1 436 Massacre des DeWitk 1672. Le Prince charge i< Regerf. ïoy Wa- Xir. iy 3 223. • TrouMes »n Zézhxi' Pour mieux fentir Ia vérité de ces obfervations, il convient de s'étendre fur les particularités qui caulèrent ou sfuivirent cette révolution. A Rotterdam, a Delft, a Leyde, i Gouda, a Dort, &a Haarlem, ce furent les , émeutes des Bourgeois qui donnerent occafion a ces charge mens. Le I'rincc s'était rendu le 17 Anut a Amfterdam. La conduite des Régens de cette ville contre les négociations avec le Roi de France avait fait évanouir teut foupcon qu'il fusfent mclinés a fe foumettre a ce Monarque. Pour mieux gagner ltur coi fiancè, le Prince déclara que li 1'ennemi venait a fe rendre maitre de Muiden, il fe jetterait lui nume dans Amfterdam pour la céfendre Pendant fon léjoui dans cette ville , il n'éclata aucun mécontenttment. rVjais k peint, fut j, parti que les Bourgeo^ deroanderent un changement dans la Kégence. Pour calmer Piriquktude populaire, les confeillers cenfentirent a igcrim r leur interêt pamcujer au bien public par fine réfolution unamme d'abandonmr leurs emplois au chdx du Prince. En conléquerce Guillaume chang-a le 15 feptembre deux Bourguemaïtres, & quelques Echevins & Confeilbrs. La Zéelahde ne fut pas moins agitée. _ Une Compagnie de Paylans de  JfcES Ré&ENCES CHANSéES. 435 1'Isle de Walcheren, animés du même efprit de révolte que eeux deHollande, marcha enfeignes déployées a Middel hourg. Ces Payfans,fécondésdeladerniere claife du peuple battirent une des portes de la ville, & allerent droit£ ï'Abbaye qui eft le lieu oü les Etats de la Province s'asferablent, perfuadés qu'ils y tronveraient celui qui faifait le principal objet de leur haine; mais ayant appris qu'il s'était refugié a 1'Hötel de ville, ils y coururent, y entrerént de force, fe faifirent de fa perfonne qui leur était oiieufe, & le traiterent indigneraent. Deux autres, Compagnies de payfatas étant venuës renforcer la première, elles allerent en corps forcer lesMailons des deux Freres de Reiguensberg, de Mrs. le Sage , de riafe. Brouwer, Duvelaar &Huybert,fécrétaire des Etats. Les deux derniers eurent le bonheur d'échaper aux féditieux; mais les cinq autres furent arrêtés prifonniers. On leur fit fubir 1'interrogatoire j & on ne les «rit en liberté, qu'après leur avoir fait figner certains Articles nar les quels ils.promettaient le Rétabüsfement du Prince d'Orange dans la charge de fes Ancêtres. Les Payfans changerent enluite treïze Magiftrats, & contents de Jeur expedition,ils fe retirèrent chez-eux. Tomc VU. T 1 - ^'2'  i 43© .Massacre bes ©e Wits» La Zéelande' avait eu plas de vigueur & de courage que les autres Provinces. Ëlle avait ordonné le mois précédent a fes Députés aux Etats Généraux, de protefTer contre l'Arnba-sfade qu'on avait envoyée au Roi de France, & contre le Traité qu'on voulait conclure avec ce Monarque. Les Députés remplirent parfaiternent leur Comrnisfion, & leur Harangue fut forte & pathétique. 11 eft douloureux, difaient-ils de voir trois Provinces déja foumifes a 1'Ennemi ; mais cette perte doit engager les autres as'unir plus étroitement, & a faire de vigoureux efïbrts pour transmetfre a nos En fans la Réligion & Ia Liberté qui ont cöuté tant de fang a nos Pères. Puisque Ia Hollande & Ia Zélande font le principal objèt de la Conquëte des deux Reis, elles doivent s'animer par des Confeils, par des Réfolutions vigoureufement foutenué's, tnettre tout en ceuvre & tout facrifier pour faire échoüer leurs desfeins. Qua la Hollande nous montre le chemin , qu'elle nous donne l'exemple; nous fournirons de 1'argent & des troupes pour la défenfe de la Patrie. tNous limons mieux périr avec honneur, en aifant de glorieux efforts pour main:enir nötre Liberté, que denousfounettre lachement a la difcrétion d'un  LES RéSENCES CHANSéES. 43? Ermemi, qui veut neus faire porter fes chaïnes. Nous ne confentironsjamais qu'on lui remette des Forts & des pteces , qui font les clefs de la République, & qui le mettraient en état de nous réduire , quand il lui plairait au plus dur efclavage. Ils finirett en demandant les avis de la Hollande , & en conjursnt le prince d'Orarge d'indiquer les Traitres, afin qu'on les.chasfat. II femble qu'on ne pouvait reprocher ni faiblesfe ni laChe» té a ceux qui gouvernaient une province qui agisfait avec tant de zèle» Mais tout eft fufpect a un peuple, que la fédition anirae, & ces Mutins en vöulaknt a certaines perfonnes qu'ils (Ci-Gyaient oppofées au prince, pendant que la tranquilhté des autres irétait troublée que par la crainteque le torrent ne s'arrêtat pas ausütöt qu'on le voudrait. il n'y eut pas jufqu'au corps, des c Nobles oü le prince ne fit des clian- * gemens. Ils femblaient avoir prévu d I;orage. Mesfieurs de Duivenvoord, v ■de Maasdam, de Heenvliet, de Was- •'■ Tenaar & de Zevendcr avaient figné enfemble une efpèce de compromis oü, fous 1'honneur & la parole de Gentiihomme, ils s'engageaient a ne pas permsttre que durant quatre anS,denouveaux membres fusfentinftallés, a 1'ex* T a 1675. tisngeicnr daai 1 C"]!ege :s Nobleg* rafC>l.  43§ Massacre des DeWit-t: ■1672. 1 i \ Amnifte "5 «Senerik. j 1 ( i I i 1 i \ F r g 1 F iP P P fe ni & re er reption des enfans des huit membres ictuels. Mais 1'élévation du Prince iu Stathoudérat les fit chanceler. -Au nois de Févrien674, ilschoifirent, a a follicitation -de Son Altesfe, Wolért de Brederode, Maurice de Nasau de la Lek & Frederic de Reede. Ces changemens irent fortir de la ïégence un grand nombre de perbnages de merite. Ils furent rempla:és par quelques citoyens plein d'am•ition ,-mais fans capacité, qui perdient peu a peu leur crédit & leur ifluence. -Le Prkice s'appercut de fa léprife; & voyant ceux qui pasfeient 'our les plus .zelés partifans des De Vitt, prouver leur zele patriotique ar un ..zele. & des fervices réels, les établit peu a peu. Mais ce qui couronna tous ces-chanemens, fut une amniftie générale. :es Républicains étaient obligés d'oner pour la punition des féditieux, jisque. la clémence ternisfait leur reatation & achevait de les rendre fuf:cts au Peuple. Cependant ils n'orent paraïtre , & la crainte leur fera Ta bouche. Les Confeillers Détés, confultés par leurs Nobles Grandes Puisfanats fur cette affaire, pondirent , que ia mesintelligence tre le Peuple & les Magiftrats avait té de fi profondes racines qu'il fe-  I*ES RéGENCES CHANG-éES-, 439. rait iiflposfible de la déraciner entie-rement fans une violence qui ferait beaucoup plus de mal que de bien. Il Faut, difaient-ils, adoucir les efprits, fi on veüt rétablir la confiance. La douceur les fera rentrer peu a peu dans leur fituation naturelle. La multitude armée refpectera d'autant moins la juftice & les Loix qu'on n'a-point de troupes pour en foutenir 1'exécutión. OO) doit ménager le peu d'autorité qui nous rede, &ne point 1'expofer a être foulée au.pieds par une Populace infolenté, D'ailleurs la rigueur qu'on -exërcerait envers les coupables, dont le nombreeft prodigieux, lesobligerait, pour éviter le fuplice qu'ils meritent, a fe [etter entre les bras de 1'ennemi qui eft dans le fein de la République.- Nous avouons qu'il y a dé i'irregularité dans la voye de la douceur; mais noüs n'en pouvons trouver une meilleure. Le Feul remède que nous puisfions imaginer, c'eft de charger le Prince de faire lesinformations nécesfaires, pour percer jufqu'a la fource du mal, de le prier de repréfenter au Peuple Finjuftice de fon procédé, et de tacher de 1'appaifer.' Tel fut l'avis des confeillers-Députés. Lés Républicains, n'ayant ofé le contredira, & les Etats 1'ayanr" aprouvé, FAmniftifc générale pasfa unanimement  l6j2. I I J i I i I j 4 1 J I 440 Massacre bes de Witt: Etle portalt, qus les Etats da Hollande & Wed Frife, vovant avec douleur fa défiance, les haines, les murraures, & la difeorie q'ii régnai^it dans plufieurs de leurs Villes3, tant entre les particuliers, qu'entre le=p'uples & leurs Magiftrats , ainfi que les maux que ces Divifions avaient caufés; d'un autre cöté craignantque la continuation des defordres ne renverfat Ia conftitution du Gouvernement, & ne mit la République hors iétat de repousfer les ennemis, Leurs Nobles & Grandes puisfances n'avair rien plus a cceur, que le rétabiisfenent du repos , & de la tranquiütépubhque & voulant témoigaer a l*»rt ïujets leur afFection paterneüe, "or-! lonnaient, après une raure Délibér';ion, de l'avis & a lapresfamer-co-nnandation du prince d'Oranee, que out ce qui s'était pasfé jufqu'ici par ■apport a ces tumultes, de quel nature, qu il put être, & qu'els qu'èn fusei" le? Auteurs , fLlt entierem mt jubné, aboh, & pardonné, avec d°enfe très-expresfe , a tous juges & dagiftrats, d'en faire jama:s aucun» nformation ou enquête. Mais afm empêcher le peuple de retomber a avemr dans de pareils defordres, les Stats, défendiient a tous leurs fujets fe blesfer en quelque maniere que ce  LES RéGENCES CHANGéES. 45I füt le refpect & 1'obéisfance 'ils devaient a leurs Magiftrats, *^4Vias, ; Officiers, Juges, ou autres en quelquYmploy qu'ils fusfent, leur enjoignant, au contraire, de porter a leurs fupérieurs tout hunneur & obéisfance, fous peine d'être punis felon la rigueur des Ordonnances. Ils défendaient a toutes perfonnes, de quel quab'té & conditions qu'elles fusfsnt, d'attenter par voye de Fait, par violence, de quelque maniere, & fous prétexte que ce fut contre la perfonne, les biens ou 1'honneur des Magistrats, même d'aucun Habitant de 1'Etat, fous peine de la vie< Voulant & ordonnant Leurs Nobles & Grandes Puisfances, que tous ceux qui feraient troüvês coupables1 de désobéisfance ». de violence, ou d'attentat, fusfent irrémisflblement punis di mort, tam les Auteurs de ces violences que ceux qui y auraient la moindre part, tant les Hommes que les Feaimes , tant ceux qui les auraient cbraoailés , que ceux qui y auraient contribué de quelque maniere que ce fur. Enfin elies ordonnaient fous peine de pumtton corpörclle, a tous les Habitaus de ia Province , nou feulement de payer lans a'ücüne contradiction les fublides qufort avait déja impofés, & ceux qu'on imDoferait encore a 1'avenir pour la de* T 4 1672.  y*y Wagen r. xir. 44a Massacre des DeWitt: - S?/* cS rEtat; mais de Prêfer lanaifl aux Receveurs de. ces fuhjides, declarant que quiconque les infulterait par voye de fait, ferait punt de u.Cr\te^ArPnfle^ qui n'exceptaitpoint les Chefs de Ia fédition, & qui accordait limpunité aux plus coupables, xiit desaprouvée non feulemerrt des Répubhcains; mais de tous « irbres des préjuges du parti, confervalent quelqu'amour pour la juiÏÏce & pour les Loix. Ausfi* ne coupa t el* pas enuerement la racine des troubles civils • plufieurs villes furent encore d'é£ttfer^ -disfenfions ^Sftiq^st d écnts fédiweux. Plufieurs lVlagis!  iiXJ h »E J-A HOLLANDE. 44! PERIL de la HOLLANDE OPERATION »£s FRANCAIS. C^N attendait les fuites les plus heureux de la révolution arrivée dans le gouvernement. Mais les Ennemis, au lieu d'en être alarmés, n'en concureht que de plus grandes espérancesdefubjuguer une République qu'ils voyaient en proiea des disfenfions ausfi violentes, ades révoltes ausfi dangereufes, &privée de fes mei Heures têtes.' Loun XIV lui même ne put s'empêcher d£ dire avec une efpece d'indignation, que ce masfacre déshonorait la natior Hollandaife & qu'elle avait immölé fes plus fideles & . de fes plus grands citoyens. Les Francais efpé raient que les glacés de 1'hiver leui procureraient la facilitéde fubjuguer toui ce qui avait réfifté jufqu'alorsa leun armes. On s'était principalement at taché a défendre la Hollande, commi le plus fort boulevard & la der niere resfource de la République. Or fait que cette province eft, de h Meufe au Zuiderzée, coupée de rivie res & de canaux, qui font pourvui d'éclufes au moyen desquelles on peu diminuer ou enfier les eaux contenuei dans leurs lits ou les faire couler daw 1672* Era; de défenfe de la Hollan- V I \ ■ ï' I  i } ] i 1 r j t \ o a r: a tj r 444- PéniL ce la Hollande. les campagnes. On fait' eïïcblë qua du coté de la terre on ne peut pénetrer en Hollande que le long des digues & chausfée?. Mais quand la fé~ cheresfe de 1'Été occafionne'des diwi. nutions dans les eaux, on ne pent rem' pür le lit des rivieres qu'cn ouvrant un pasfage aux eaux de la mer ou en percant les digues daus cemins endroits: mais comme ce demi er expé« dient caufe de grauds domm ast-s, m Jy a resours que dans une extrémeaécesfité. On aurait bien voulu inonder le pays fans percer les principales iigues. La partie de Hollande Gfttetè W la rive gauche de la Meufe avait -té fubmergée, en levant 1'Eclufe de ieusden. Du cöté de Gorcum, on ivait inondé la campagne en levant 'Eclufe de Dalhem ; le Krimpenvaard pouvait fêtre par celle de iche-onhoven fur le Lek; tout le>ays entre le Rkin & 1'Ysfei & lême au Nord du Rhin par deux Lclufes de Fïsfel, 1'Amfterland & une artie du Gooiland par les Eclufes du 'egt. Les troupes des Etats qui ccupaient alors les dnq principales /enues de laHollande, gardaientausles digues de leurs poftesrefosctifsi : tant qu'elles en reftaient les maïes , eiles pouvaient inonder toute ïnceinte du pays interieur. Mais tou-  ÜpdftATioN des- Francais. 345» tes ces p'récautions nrécarterent pas er.tiereraent le danger. Car daas cerfcalffs endróits on ne pouvait pas faire couler une asfez grande quantitéd'eau; dans d'aatres les pa'yfans s'oppofaient a des inondations qui ruinaient leurs terres & dam . quelques endroits les postes n'avaient pas une garde asfez forte rour les défendre. On ne fe crovait pas en fureté a la Haye ; & dèYle '8 du mois de juin, Mesfieurs De Duivenvoorde & De^Maasdam avaient répréfenté dans 1'asfemblée des Etats qu'on ne pouvait voir fans frayeur 1'ëtat déplorable des postes,- que les villes en proie aux féditions & a la dêfiance, chercheraient ehacune a traiter avec la France. II était donc fort a craindre que 1'Ennemi ne fe rendit maitre des postes les plus faibles ou ne pénétrat dans le pays par les terres oü 1'inondation n'était pas asfez haute L'efpritentreprenant des troupes fran§aifes augmentait les alarmes; mais, foit ignorance du véritable état du pays., foit ménagement pour la nationAnglaife, foit plütöt encore riécesfité de fe porter fur le Rhin pour s'oppofer aux mouvemens des armées qui fe levaient en Allemagne, ils ne tenterent rien. On propofa fouvent des plans pour augÊiècter la force des poftes: rsais on T 6 1672» Wagen. XIV. 2i9>  3 j 446 PéRiL de- la Hollands . tné fuffifante dliommes. & de provK fions. Le -Comte de Koningsmark qui ^™dait B?degrave, a£mt mêmï, demandé au prince ce qu'if devaitfaire au cas que les Francais profitasfent. des glacés pour 1 attaquerSon Altes-, fe fut réduite a lui indiquer la-.ville SS-il^6 P°Ur r-étraite' Dans ce grand'pénl, d n y avait que la ville dW fterdam qui oftt fe croire imprenable.. St*a7n'nondé to"s les environs du cote du Diemermeer &. du Bvlemer-' ïneer; on, avait profké du flux nour ouynr les. éclufes: on avait percéks trois papales chausfées quf menent a ia ville , celle de Haarlem, d'Amfterveen &. de Muiden.- &, des redoïtes avaient été diftribuées fur les ou- K le Zu derzee étaient. défendus mr aeSi barques armées.. Les arbres 5es ïtaf^r été1f°uPés' lefbois; L eJL 2 ■ desmoulinsalcier avaient 5té conduits dans la ville; ceux qui oc-' IT^trflT^5 2Vaient ^ J $n* ll % au tas 9ue l'Enne- ?arrêSLr %™ChiT les Qbaacles 1* ZS S-e,ze ce"s matelots, bien ÏÏL S^Cfw5aientlesPrincipauxpoftesIe Zë* rlh ^ du herland. La notArnK63 Ve Provifi°ns. £n un not Annterdam fut comme une vafte for-  'CfcéRATION BES FRANCAIS. 44? li . f . ... . . T f\-!.0 1 teresie au milieu oes eaux.i pntnnrsA I de vaisfeaux armés qui ïa gardaient» I de tous. cótés.. II ïi'y .manqua pas même. de 4'eau douce; il envenaitdes flutes chargées pour.fuppleer a la difette de 1'eau. caulée par Ja longue fécheresfe. Ce qui diminuait encore ces alar-i mes dans un tems de confternation| générale, c'eft- l'état heureux de lad' navigation & du commerce.: Les An-P glais avaient projetté de faire une des-? ceivte au Texel. . Leur flotte parut, même a la yuë de cette Isle: elle avait a bord nnearméed'Anglais,com-, mandés par -le Comte.. Schomberg. II n'y avait rien • qui - püt ■ s'oppol'er a leurs efforts; on n'attendait plus que le retour de la marée pour pgsfer les Soldats dans des chaloupes,: mais un flux - de douze heures ■ &. parJa beau-, coup plus long;que de-coutume, accompagné, d'ailleurs , d'une violente tempête, fit échouer-ce^rojet. Les Anglais fe virent obligésde s'éioigner de la cöte, après avoir perdu trois de \ leurs batimens & beaucoup de monde; cet incident iraprévu fit croire que ] la providence s'interpofak d'une ma- !| niere extraordinaire pour fauver la Ré-.. I publique du djnger imminent oü el- 1 Ie. était expoféeT Les Anglais envoyerent alors un& es Aaais houent ms un lojet Dé grand-homme défendait & enrichisrait fa^patrie d'un cöté; pendant qu'elle' périsfait de 1'autre. Le commercekait toujours florisfant. Cnjourqu'un Conful de France difait au Roi de Perfe que Louis XIV avait conquis srefque toute la Hollande: Comment :ela peut il être! répondit le monarjue Perfan; puisqu'il y a toujours au >ort d'Ormus vingt vaisfeaux Hollanlais contre un Francais. Sur terre les Ennemis n'attaquaienfc dus avec la même ardeur. Le feu les Francais prompt & impétueux u commencement de la campagne & ans 1'ardeur des premiers fuccès, ommencait a fe nlentfr. Louis XIV jmblable a la nation qu'ilgouvernait, é ■ lit retourné en France'; après avoir enouvellé fon alliance avec Ie Roi 'Angleterre. L'Evêque de Munfrer icondé des troupes de Cologne, s'étant  OréRATios dès Francais. 45* einparé de Coeverden , était venu mettre Ie ftège devant Groningue le^ 19 du mois de juillet. La ville avait pour Gouverneur Charles Rabenhaupt Baron de Sucha, Officier plein de. bravoure & de talen s, formé dans fécole de Frédéric-Henri. La garnifon a fes ordres n'était que de douze eens hommes. Elle n'aurait pu réfifter longtems ; mais elle fut renforcée par les Bourgeois & les Etudians qui fe fbrmerent en compagnies, réfolus de fe défendre jufqu'a la dernïere extrémité,. Ils tinrent parole. L'Ennemi commen5a par foudroyer la ville par les bombes & desgrenades: mais on avait pris de fi bonnes précautions, foit en garnisfant les toits de fumier & de cuves d'eau, foit . en fe portant partout avec activité pour éteindre la flamme, qu'elle ne produifit aucun mauvais effetv Les asfiégeans, voyant qu'on démontait toutes leurs batteries, qu'ils ne pou» vaient empêcher les Frifons de faire entrer des troupes dans la ville, ÖS que leur armée diminuait a vuë d'ceif par les forties des asfiégés, s'ennuyerent d'un fiège qui durait depuis plus de fix femaines. Ils fe retirerent le s6 aout après avoir perdu plus de deux. mille cinq eens hommes: cette retraite fut comme le terme du fuccès de» deux préfats guerriers» On leur ie» 1 jmttit&  Mouvcsiens en .Allemagne contre la France. Yoyez. Wage «aar VIV. ac-,-3B. 45Üs PéRIL »E LA HoLLANBB- • prit la plupart" óes forts dont ils s'étaient rendus maitres en Frife & danste pays de Groningue. L'Approche des troupes de 1'Empire n'en tribüa pas peu a ceralentisfement qu'on remarqua dans les opé.rations des Ennemis de la République.. Les autres nations envifageaient la conquête de la Hollande cororae le prélude, de leurpropreefclavage. Elles fe voyaient privéea. de toute efpérancede fe défèndfe au cas. que des Provinces ausfi riches vinsfent renforcer Ie pcuvoir déja trop formidable de la. trance. Dès le commencement .de lannée, les Etats, avaient entamé u-. ne alhance avec 1'Electeur de Brandebourg; &..l'élavation du Prince d'Orange n'avait pas peu contiibué a le déterminer: la ratification du . Traité s était faite au mois de willet. A; cette nouvelle & aux. follicitations de lEiecteur & des Etats,. 1'Enrpereur commenca, enfin a fortir de fon asfoupisfeinent.. La plupart des princes de 1 Empire , ftntirent la nécesfité de fe' déclarer,,. Ce ne fut .partout que négociations & alliances fécretes, enapK?c^p.0UrIe msintien de la paix de VVeftphalie, mais en effet contre lei fuccès de la France: Ainfi fut applarue la route a un Traité entre 1'Empereur et les J&ats, figQé a la Haye." ■  OPéRATION BES FRANCAIS. 45 le 25 du mois de juin. La ratification de ce traité fut cependant par les intrigues du Commandeur de Gre- • monville , Ambasfadeur de France prolongée jufqu'au mois d'octobre. Mais cette prolongation n'empêcha m 1'Empereur ni 1'Electeurde Brandebourg de mettre des armées confidérables fur pied. Avant de quitter la Hollande le Roi de France voulut ügnaler fon départ par un grand coup. 11 projetta de s'emparer de Bois-le- Les garnifans Ffancaifes de Crevecceur & d'Eyndhoven tenaient lespasfgges fermés contre tout le fecours que cette ville aurait pu recevoir. Mais tandis que 1'on préparait lesxhofes necesfaires au fiège, il tombapen«tent quatre ou cinq jours deluitedes pluies fi abondantes que tous les marais qui environnent la ville, regorgerent d'eau comme les endroits les plus bas de la Hollande que la mer avait inondés après la rupture des digues. Le Roi s'arrêta encore quelques jours oour voir fi 1'on pourrait faigner les marais ou procurer quelqu autre écoulement aux eaux-quientrerentjufques óans fon camp deBoxel a deuxlieues de la ville. Mais Timposfibilité de le faire, iointe a la nouvelle de la mar-; che de 1'Eiecteur. de Branctebourgqiu 1672.' Enttepriïè ie Louis XIV. fur BMs-leDuc.  Seroisfement du Credit de Prince d'0 'ange. I 454 PêRlL DE LA HOLLANDE. ; ^"sit f fecours de la Hollande avec J5coo hommes, le détermina a partir Ce fut aiors que Ie Prince d *C)ran ge commenca a devenir Ie centre?U-' mm de toute 1'Europe;. comme ilétait devenu celui de Ia RépubUquL cher^T Stath0»der. voulanSr cher fur les tracés de fes illuftreHn cetres parut charmé de fimbiC" d'etre ie chef & Ie Kbérateur d'i ni lts _uf.. .r vcorifxe ie* liimemls d« Ia patrie. 11 avuit,beaucouP cofitrbué 3 faire rompre M «awSStóal ^^4w^raSr% a Vefpm üu eutje Prince fe rénaodit dans. toute £ Ré~S V t t Foyex. »*• . moiré tig»  i6-z. I!, i ji 4p 454^ PéRiL de la Hollande. fau, du jeune Rhingrave, du Marquis2de Louvigni &-de beaucoup d'OhV . cjers de marqué. On n'attendait que ie fignal du cöté de la mer pour entrer en actión. Mais la' marée étaat* fort baste cette nuit la & lê'tems étant devenu calme tout.ia coup, les vaisfeaux partis d'Amfterdam a minuit furent arrétés faute. de vent, vers trois heures du matin a la hauteurdeMuyden, lans pouvoir avancer. Le prince d'Orange & le Rhingrave", Cblonel de fessGardes, voulaieut commencer l attaque malgré cet inconvénient.' Mais Louvigni & les. autres Officiers plus expenmentés arrêterent leur ardeur. Ils répréfenterent -d'abord au prince que cette place étant la premiere qu'il attaquait, il importait beau coup^pour fonder fa réputation , qu'il' réussit dans fon premier ■ esfav, mie quoique la garnifon &- ies fortiSeations de la place ne fusfent pas >ien redoutables, le'fuccès ne iaisfaif' 'asdetre imposfible, puisqu'on na-' /ait rien a elpérer du-cöté de la mer • X. beaucoup a-craindre les fecours es Ennemis par t«rre. Le prince ürange. fe rendit a. ces railons,'rera proropteraent fes troupes, & jes ïconduifit a Bódegrave. Les Ennelis ayant feu dès le matin le desJa des Hoilaadais fur Waaiden, 'reu.-  OpéRATION DES FRANCAIS. «4§5 I ïbrcerentla garnifon: & des troupes qü'or. ] -y envoya d'Utrecht, ils tormerent Uti détachement dont ils firent attaquer & détruire les-poftes & les éc'.ufes fortifiés qui fe trouverent a la droite & a la gauciae de leur route. Le prince d'Orange forma alors un des-fein fiir Woerden, qu'il fit inveftirle ïo d'Octobre. Zuileftein était a la tête de 1'entreprife. H avait fortifié Ton Quartier, d'un Fort de terre, pallifadé, & entouré d'eau, oü il avait mis du canon; öc a la tête était une. •Maifon & un Moulin, qu'il avait fait percer & rempiir de Soldats. Le Duc de Luxembourg réfolut d'attaquer, ea même tems la Maifon & le Fort, pourvü que 1'inondation le permit. On la fonda & 1'on entra immédiatement aiprès dans 1'eau, oü le Duc fit un faux ipas, qui fit crier les Francais contre i Mnntbas, qui lui lèrvait de guidp I comme contre un Traitre. La Maiifon et le Moulin ne firent pas grande I réfiftance, mais le Fort fe défendit i.mieux. Cependant .Zuyleftein., en fe 1 déténdant,.recut, a ce qu'on dit, dixI huit blesfures, fans vouloir demander | quartier, & tomba mort fur la place. ! 11 n'arrive guères qu'un homme, qui Icommande une partie de l'Armée,re1 coive tant de blesfures avant que de J«ourir> On penfa que c'était une 167$'» r,e Prines epousfé levant J Woerden.  i 458 PéaiL de la Hollande» vengeance du Ciel, qui permetta'it qu'uï des pnncipaux, Auteurs du masfacre des Freres de Witt, eut ausfi le corps dechiré comme ils 1'avaient eu, Mont bas fe varna même, a ce qu'on dit, de 1 avoir tué de fa mam. On dit ausS qu'il fut d'abord blesfë en plulieurs endroits, & qu'enfln un fergentlui donna un coup de halebarde dans la. poitnne, & le renverfa mort par terre. 11 fut enfuite foulé au pieds des loldats, & traïné dans la boue. On eut de la peine a le recannaïtre. Son valet de cbambre 1'ayant diiiinguédes autres cadavres, & obtenu du Duc cie Luxembourg Ia permisfion de I'eri* terrer, le rit la ver , porter a Swammerdam. Ses Charges furent partagées a divers Officiers. Le Gouvernement de Bréda fut donné au :eune Rhmgrave Charles, qui étaitdé|a Coion.'. des Gardes da Prince* le -omte ce Konirgsmark fut fait Gêné* rai de Infanterie, & Genrge-Fredeffp de Waldetv ivlarechal de Camo troupes de 1'Etat, fous le Prince i ürange Géséra; si-me. Le priape coininua d'attaquer Ia )iace _avcc beaucoup de vïgueur : II fr fit jetter une fi grande quaniité de Lxrenaues, que la Garnifon futobh'o-de S 3e les ibandonner pour un peurde 1 ems, cc que les. Hollandais e» étaient j  ÖPéRATION Ï1ES FfiANGAIS. 45$ prefque maïtres. Mais une vigourcufe lorrie de la Garnifon » Francaife les chasfa. Les troupes du Prince les contraignirent de rehtrer de nouveau, & les Francais fe hatant de fe msttre en fureté oublierent de fermer la porte, par la quelle ils étaient rentrés. Les Hollandais auraient pu entrer, pêle-mêle avec la Garnifon ; mais ils n'y prirent pas garde atems, & la porte fut refermée. Quand le quartier de Zuyleftein eüt été emporté, les Francais marcherent a celui du Comte de Hornes, oü Ss croyaient trouver les ttoupes Hotlandaifes, épouvantées. Mais quoiqu'elles visfent les troupes du quartier venir i eux, toutes effrayées, a toutes jambes; le Comte tacha de les arrêterec 'de les engager a tourner vifage a 1'ennemi. 11 fit même tirer fur el les, mais il ne put les arrêter. Demi-heure après, Ftnnerm parut devant fon pofte, & crut trouver les .Hol'andais prêts a fe rendre. «Quinze, ou vingt ■Officiers Francais fe prduuerent - ie 'chapeau a Fa main, en criant:. Quar-fier, bon Quartier,Me-fieurs. Le Comte de Hornes ne leur répondit 'qv.'en ! leur ofirant a fon tour de leur accorder Bon Quartier. 11 fit faire en mê. ' me tems^ïmè décharge brufque qui tüa; beawcoup de Francais. Le Comte  «672. 358 Péiux de la Hollande. s'était fi bien retranché la nuit précedente que .la garnifon qui fit une fottie, ne put pas forcer le retranchément, -ni le lecours qui venait, de 1'autre cöté du canal, s'embarquer pour entrer dans la Ville. Alors le Lieutenant Colonel Palm, voyant les ennemis ébranlés, maroha 1'epée a la main a ce fecours, '& le mit en déroute. Les ennemis repousfés de la forte, furent obligés de fe retirer dans le quartier de Zuyleftein, qu'ilsavaient déja occupé. Le Comte'fit des détachemens, pour favoir de quel cöté 1'ennemi s'était retiré, fans pouvoir en être informé. Cependant il délivraies Officiers, qui avaient d'abord été pris dans le quartier deZuyleftein, &quelques Officiers Francais; qui, a caufe de leurs blesfures, n'avaient pü fuivre l'Armée. Le Comte fit tirer vigoureufement fur Ia Ville, & même fommer la place de fe rendre , au nom du prince ; fur quoi le Major de la Grange fbrtit de la Ville , avec deux Officiers & dit que, puisque les plus anciennes troupes de France étaient dans la place , öc qu'il y avait deux - mille hommes, Dn ne pouvait attendre de capitulation qu'il n'y eüt une brêche dans la mu> raiile. Le Comte fit encore une fein■e, comme s'il voulait forcer la place mais  'OpéRATIONS DES FRANCAIS.' 4Öt mais enfin il fe retira, avec quelques Diapeaux des ennemis, & dix piéces de canon» • Ces entreprifes, quoique malheureules, ne laisfaient pas de renforcer les Hollandais, en les exercant a la difcipline, en les ammmant d'un noble feu. Le Prince d'Orange, loin de fe laisfer abbatire, imagina de fauver fa patrie, par un coup hardi & extraordinaire. II voulut, a 1'imitation du jeune Scipion, porter la guerre chez 1'en» nemi ; pour tenir 1'entreprife plus fecrete, il ne la communiqua pas même aux Etats. Après avoir pris des précautions pour asfurer les pofles de 'Hollande , il s'avanca versMaaftricht, Sous prétexte de garantir cette ville des infultes des garnifons francaifes, ètablies dans les forts voifins, il fit une marche rapide; & renforcé par .dix mille hommes que le Comte de Montry, Gouverneur des Pays-bas, lui fit pasfer, il traverfa la Meufe , forfa le Comte de Duras aiferetirer précipitamment, avec fon camp volant établi dans ce Pays-la, s'empara du fort de Valkenbourg; & le ió du mois de Decembre, il mit le fiege devant Charleroi. II avait d'autant plus d'efpérance de s'en rendre maïtre, qu'il n'v avait dans la ville qu'une faiblfi Tomé Vil. V 1672^ Le Prine* d'Orange asfiege envain Chat» leroi. Wagen. xir, tite  1672. BéRiL df, La Hollande. 46a garnifon & que leGouverneur était abfent. Maisle Comte deMorrtal.ceGouverneur, étant.a force de cpurage&d'adresfe, venu a bout d'entrer dans la ville avec un dérachement, & les troupes . Espa» gnoles s'éiant coniportées avec trop de négligence & de mollesfe, le prince d'Urange fe vit obligé de lever le fiège. II s'excufa fur la rigueur de la faifon & fur la marche du Maréchal d'lluiméres, qui venait fecourir lapla* ce avec huit ou neuf mille hommes. Mais le jeune Prince qui était Généralisfime des deux aimées & chef de 1'entreprife en concut plus dedéplaifir que perf nne. Il parut plus feufible a ce malheur qu'il n'avait fait a celai' qui lui était arrivé devant Woerden. 11 fe retira le defefpoir dans le caeur ; fans tomber néanmoins dans ledécouragement; & continuant d'asfilter la République de fon bras & de fa tête, on eut pour lui plus de compasfion que de mépris. Avant que de rerrtrer dans le Bra* bant, il fit décharger une partie de fon chagrin fur ia bourgade de Binch oü il y avait prés de trois eens foldats Francais & Suisfts en garnifon. 11 _ envoya des troupes fous le Marquis de Montpomllan qui s en rendit maitre le 22 de Decen bre , & la hvra au pillage ainfi que les vil-  OEéRATIONS DES FetANCAIS.' 463? lar/es d'alentour qui furent brülés", ap; ès que Pon eüt permis tous les autres exces dont le foldat eft capablc. Le malheureux fuccès de cette entreprife & 1'abfence du Prince d'Orange mirent la hollande a deux doigts de fa perte. La gelée qui pouvait avcir contribué a la levée du fiège de Charleroi , ouvrit , comme on aurait dü s'en doutcr , un chemin qce les canaux & les inondations avaient lei mé. Le Duc de i.uxembourg, un des plus habiles & des plus actifs Cénéraux decefiècle, gouvernait la Province d'Utrecht. II I avait fait approuver & la cnur le plan i de conquerir la hollande a la faveur | des glacé?. Dès que la gelée commerca a is'annoncer, il rasfembla les garnü'ons Ivoifmes des villes & des provinces d Uitrecht & de Gueldre. 11 fit dans le ■ même tems faire une incurfion jufqu'auIp ès de Kameryknon loin dè Woer]den; pour s'asfurer de 1'état du pays. ;|Dès le 17 du mois de Decembre, la I gelée fut fi forte que la glacé parut j en peu de jours pouvoir porter les jj troupes dans tous les endroits ? Une 1 al ar me. générale fe repandit; & com1 me on n'avait pas asfez d'hommes 1 pour défendre les poftes ; on donna i partout des ordres pour rompre laglaV 2 if57g. Inc.irGon des Francais & Su amïTKidam & Bodegrave.  16-71. \ ] ' 3 1 464 PeR.iL de la Hollande. ce. Les craintes augmenterent par le bruit que plufieurs Catholiques s'étaient chargés de fervir de guide aux Fr ancais. Le Duc de Luxembourg fe mit lui-même en marche pour cette expédition a la tête d'un corps de Troupes d'environ neuf mille hommes d'infanterie & de deux mille chevaux, tous gens d'élite & la fleur de Ia milice francaife. Ii avait eu foin de les pourvoir de patins & de crampons, pour marcher fur la glacé. Lé 2.? du mois , il s'avanca entte Oudewater & Schoonhoven jufqu'a Woerden. La gelée avait été fi foite qu'il était imposfible de ruiner en plufieurs jours 1'ouvrage d'une nuit. Cet accident jetta unefi grande aüarme dans les . lieux qui étaient les plus expofés que 1'effroy s'en répandit jufqu'a la Haye, J qui étant fans murailles & fansdéfenfe, ne pouvait attendre que la défoiation & la ruine, fi les poltes qui la ^ouvraient, venaient a être forcés. Le Duc de Luxembourg envoya i'ahord un détachement de cavalerie aux ordres de 'Milac, pour fonder i la glacé au fud du Rhin était isfez forte pour porter des chevaux: nais comme elle nefetrouvapas telle, e Duc s'avanga lui - même au nord du )ras du Khui, contre Bodegrave,qua  OréRATlONS DES FRANCAIS. 465 | le Comte de Koningsmark chargé de 1 ce pofte, abandonna , au premier 1 bruit de 1'approche des Francais- II fe j retira même jufqu'aux Kclulés de Gou» | da oü il pouvait s'arrêtter , fuivant 1 Fordre des Etats. Ainfi les Francos s'avancerent, fansoppofttion,jufqu'au vilI lage de Zwaramerdam. rmis un dégel fubit avait déja ouvert les eaux du Rhin , & le pont était rompu. 1 Quelques Francais traverferent le canal avec desbarques; mais ayant trouvé le village abandonné, non feulei| ment de la plus grande partie des tiaI bitans; mais encore de la pente trouI pe chargée de garder le pasfage, ils ; mirent le feu aux maifons. Ils livue1 rent également aux dammes toutes I les barques qu'ils y trouverent, rem1 plies de provifions. Mais le dégel < & 1'épaisfeur dè la neigequitondaiten : tombant, rendant les chemins impra- • ticable, pour pénétrer plus avant en ; Hollande , ils prirent une autre route • & fuivant la grande chausfée duKhin I il fe rendirent a Bodegrave, oütrou■ vant les maifons également défertes& 1 vuides, ils y mirent le feu. Ce dé» ! gel lrmreux fauva Leide & Ia Haye ! d'une maniere inelpérée , qu'on at! tribua a la faveur de la pro • 1 vidence qui prenait la confervation de ia Hollande fous fa protection partiV 3 _i672. /  jB"f/iaft II 3*4. 3JS. i < i 1 'B b s i -föó PéaiL DB LA Hor.LAVf>E. •culiete. ,Les Franc en s'en retour.nam, fe trouverent mSme e;i un dam ger imminent de pénr. ils farmri ob!igés,pour fe rendre a Woerd-n dprendre le long d'une digue étroitS f fangeule, oü 1'on pouvait a S fe trainer quatre de front. Pour arriver a cette digue, il fclla* fe rendre f^e.du fort de Nieuw.róruggfq,■femblaic imprensble fans art ilerio Quand ce fort m'eut arrêré |'ariDee qu'un, fcul jour, elle ferait morte de Ë? ? 6 fatl#Ue* LePénléta,td'au. tant plus grand, que les eaux fe dé. bordaient partout, & qus dans bien des endroits, on ne pouvait diitingjer a digue du canal. Luxembourg fe rouvait dans un extréme embarras. Lui même dans .1'eau, il féchait tristement fes habits auprès du feu, rouant dans fa tête mille projets divers; fc fon expénence & fon habileté ne ui fournisfaient aucune resfource pour ichapper. 11 était plongé dans un :hagnn mortel; lorsqu'oni vint lui ap'rendre que le Colonel Pain-&Win |ui commandait le fort avait abandonié fon pofte. C'eft ainQ quelesFranais racontent cette expédition; mais ïs Hollandais parient du paslage de rieuwerbrugge , comme n'etant pas 1 ïaucoup P-és ausli difficile que le mrélente cette narration. Le deffein  Opcrations des Francais. 467 du Général Francais n'était .pas, difent-iis, de faire de? con|uê:es, & de demeurer maitre de quelque pofte,; mais feulemem de vair par quei chemin on pourrait aiier de la Province d'Utrecht en celle de Hollande. J£ti eftet, avec li peu de Troüoes, il n'é.t Lit pas posfible de rien garder, dan; un pays ausfi coupé, & ausü plein de monde que la Hollande. lis ajoutent que la nation entiere était is rité au dcmier point, contre les Fpaccais, & prete k tout entreprendre contre eux & qu'elle ifattend.üt que quelque '.Officiers qui la'cmduiiïsfent; & qu'ej 'efïit il n'cn nianqu.nt pas.. Au li fous pretext: q c toutg communicatie; était coupce av\c le Comte de Kc ningmiaik & que ,1e quartier a ,1-ojj poütion de Bodegrave, h'etant défer du que par une poignée de_ Cavaliei Frifons ne pouvait pas tenir, le Cr lonel Pain-&-vin fuivk 1'exemple d Koningsmark & fe .retira a Gouda dont les HabiMis alarmês ie recurei a bras ouvcitf. Mais comme il r pouvait s'autoiïfer 'd'un ordtc duPrii ce d'Orange, il paya chtr cette.r traite. Ii uit cfsbord cöndamné aut p'rilon perpétuelle; & le Prince d'( range . qui croyait 1'extrême riguei nécesfaire pour rétablir la difeipl" militaire , jugea cette fcnteiive tic v 4 . 1672. Cógtn's ■ Wflo; i 3371> 1 s e » it e 1- te )• ir ie  i i I 1 i ^ c Y d u d / 1 b Ie re P< 468 PéRiL de la Hollands. ?0UF- 35 f1 revifer "tte affaire par Ie Confeil de guerre; mais ce conieil s étant contenté dy ajouter que kbourreau lui pasferait 1'épée furlatête; le Prince ne fut pas encore fathfait. Il évoqua cette affaire devant un tnbunal ou il préfidait, atfifté de comraisfaires urés du haut-confeil, de la cour de Hollande & de Brabant; &Pinfor:uné Pain-&-vin fut condamné a per31 e Ja tete. La fentence fut exécu;ée Ie 23 janvier. Bien loin qu'elle ut umverfellement approuvée, il v :« des gens qui foutinrem qu-'en frandoanant dans cette conjoncture un ■ofte non tenable & des ouvrages contants a la hate, Pam-cWn avait nérité des eloges. Quant aux Franais, ils arnverent le même jour a Voerden , d'oü ils furent répaitis ans leurs garm'fons refpectives. Tous les Hiftoriens qui parfent de affaire de Bodegrave &deS\vammeam sen:blent avoir pris plaiflr afa're ne pemture ausfi affreufe qu'exasé'5 de.s, horreurs dont les Francais ont, ient-ils. fouillé cette incurfion b»bk. '• -Ils ne parlent de rien moins que une ftene générale de fang & de mtalité. Le Duc de Luxembourg s aurait lui même exhonés a ces horurs jpar ces paroles trop abfurdes lir etre vraies „ allez mes enfans ,  OeéRATIONS DES FRANCAIS. 4Ó> leur aurait- il dit,'' pillez, tuez,vio„lez, & s'il fe peut faire quelque „ chofe de plus violent & de plus éxé„crable, n'y manquez. pas, afin que „je voie que je ne fuis point trompé au „choix que j'ai fait de 1'élitedestrou. „pes du Roi, & que vous repondiezst „1'honneur que Sa Majefté vous fait „ de fe fervir de vous dans une guer„re qu'elle n'a entreprife que pour „étendre fa-gloire &fapuisfance juf„qu'au bout du Monde." . S'il faut croire cesfaifeursdedefcrip» tions, les feinmesfurentvioléesenprc* fence de leurs maris, les filles en préfence de leurs Péres & Méres, &les enfans au berceau furent jettés impitoyablement dans le feu. En un mot le foldat furieus aurait exercé 1'inhumanité dans toutes fes efpeces, & les malheureux habitans auraient éprouvé fans diftirction d'age, de fexe ni de condition, tout ce que la rage !& la brutalité la plus excesfive font capables d'infpirer* Ilsajoutent que ce n'eft pas aux foldats feulement é qu'on doit imputer ces énormités abominables & qu'k Ia homeéternelle d'une INation qui fepique de fupporter toutes les autres en bonnes, qualités, un grand nombres d'Ofïïciers Francais y eurent autant de part que. leurs foldats.'' Mais d'autres diminuent de beau»* V 5  i i \ < 3 i! q t; g d rr. fi< cc la 31 1 d'i tie po 47° PéaiL de la Hollande. coup 1'atrocité de cette furie Fran. cmfe. lis avouent que quelques payfans, mis nuds comme la main. furent chasfés dans la campagne; qu'un macon de Zwammerdam très-malade & fa femme furent inhumainemeiit maltraités; que cette femme qui r-e fofait que relever de couches, en mourut; enfin que deux a trois aifci s femmes furent violées, mais fans aucu. ne de ces circonfhnces efFrayante-, B légérement rapportées, & non moins égercment crues. _ De Groot, 1'ancien Ambasfadeurdes Stats en( France , écrivant quelque ems apres a un de fes amis, nomaait cette expédition des Francais, ine jetite incurfion dans la Hollande,' & lans une autre Lettre il dit que,..!ans a- campagne de 1673 en AttoaW', le pasiait journellement des choies ui ne d.fféraient guères de ce qui éut arrivé a Zwammerdam & a Boderave." Bernard Colterus, Sécrétaire 1 la ville de Woerden, s'etant luieme rendu fur les lieux pour vériir toutes les horreurs que 1'on ra. nSlt ^^ue r°n écrivait alors de férocité des Francais, rapporte, ju il yeut bien croire que les foldats m K.01 qui fe qualifie de 'i rès Chré1 ne 1'ont pas été asfez eux.mêmes is sabftenir de violer quelques fem-  OpéRATIONS DES FftANCAlS. 47! mes. L'on m'a rapporti, ajoute-t-il, que deux ou trois femmes ont été forcées dans cette invaüon; mais que^la chofe ait été ausli générale, & fefoit pasfée comme 1'ontécrit quelques-uns, c'eft ce que je n'ai jamais appris des habitans de ces deux Villages, Que les habitans désarmés ayent [été maltraités par la nation Francaife, je puis le croire ,- mais qu'on ait masfacré. brulé , ou fait fjull'rir tous ces tourmens infurpoi tables que racontent ce; Ecrivains, c-eft ce que je n'ai jamais pü vériSer, après lés recherches lei plus exactes. Que l'on ait dépouilk nues des perfonnes encore en vie ,qu'aprés les avoir meurtries & froisfées d( coups on ies ait cnas'ées dans la campagne au milieu des glacés. & desnei ges , oü elle.s ieraient mortes miléra blement, c'eft' ce qui eft hors de tout croyance, a caufe du voifinage de 1 Ville deüouda, qui offrait une retrai te facile & asiurée aux Habitans d ces Vihages, oü plulkurs, & oü m< me la plus grande rartie d'entieuxs't taient retirés a tems. MM mème j'i vü conduite ces l'rifonriiers dans Woe: den; quelques-uns avaient été dépoui lés d'une partie de leurs vêtemem d'autres point; mais je n'ai pü m'ar. percevoir qu'ils eusiént été meurtrisC froisfés de coups." V 6 1673- e ii 1. [» 1c  47* PéRiL de la Hollande. - ux^ms, -vons' dit Le C!erc, ouïdes Hollandais, gens fages & digues de foi , qui avaient vécu en ce tems-la, cc ii y en a encore aujourd'hui; qui ne font nullement amis de la nation *rancaife , furtout au dépends de la leur, qui ont asfuré & qui asfurent, que la plus grande partie des cruautés & des brutalités qu'on attribueaux francais, font de pures fictionsinventees , pour rendre les Francais plus odieux, niais qu'il eft vrai qu'ils pilkrent ces deux Bourgs, & qu'ils v mirent le feu. Le Pere Daniël, dans fa vie abregée de Louis XIV. fe contente de dire, queMr.deLuxembourg a Ia faveur des glacés, s'empara dl Bodegrave & de Swammerdam , & que les foldats en rapporterent un riehe butin; ce qui eft vrai, quoiqu'on ne veuille pas nier qu'il ne fe comimt des brutallités dans ce pillade. Ce n était pas de 1'intérêt de Louis XIV m de la prudence du DucdeLuxembourg, de fe rendre plus odieux qu'ils ne 1 étaient dans les Provinces-Unies, par des cruautés & brutalités inouies. Quelque fom , qu'on puisfe apporter a tenir les Soldats en bride; on ne lcaurait empêcher que ceux qui ont de 1 avantage fur les autres, n'en abufent en quelque maniere. Les Habitans de Binck & de Marimont ne  OPtjRATIotfS DES FRANCAIS. 473 fe plaignaient guere moins des Soldats du Prince d'Orange, & du Comte de Monterei. Cette même gelée qui avait fait manquer au Prince d'Orange fon entreprife fur Charleroi & qui avait, au moins en partie, favorifé 1'irruption des Francais dans la Hollande, ne fut pas partout également fatale a la République. Une partie de la Garnifon de Groningue, profitant des glacés & d'un brouillard épais,marcha vers Koeverden qu'elle emporta fans peine, a la faveur de quelques ponts de rofeaux par le moyen des quels elle montafur les reraparts lorsque Pennend ypenfak le moins. Cet heureux fuccès qui adoucisfait un peu les maux qui accablaient la République de toutes parts, parut asfez important aux Etats pour ordonner dans toute 1'étendue des Sept Provinces un jour folemnel d'actions de graces. Les Munftériens évacuèrent depuis plufieurs autres places dans. ces quartiers; mais faute de monde, les Etats ne purent les faire occuper par leurs troupes. Pendant que les affaires prenaient un afpeft fi favorable fur terre, elles furent fur le point d'éprouver un changement terrible fur mer, oü les Etats avaient cependant lieud'efpererdesfueeès, fi non ausfi avantageux, du moins V 7 Prife d,naires d3ns les combats de tfnn '? Ceteff"réfultede 1'opération mcenaine des vents & des marées , foit de _ ia rurr.ée & des ténébres ou les différens partis font enveloppé;. . De la PincStirnde & les comradictions qui fe rencontrent dans de ba&.ter re,atioDS de CiS fortes de bataiLes; furtout quand elles font hÏÏLm. leS Ecrivains des nat10ns S fv LC r^propr.es fuccès W'* ravaler il faut cependant avouer que les Hollandais rempoiterent un avantageparle msleaux ennemis coulés a fond; mais ;.;!a * :a;t pas Peur reparer leur if, t • ,p0Ur leur donne!' 1* fi'-oirè u tnemphe. Cependant cet avanta,e, quoique petit, devenait confidéra1 • paJ J deskln qu'avaient les Anlais det faire une defcente, ayant des roLpes a la mam qui devaient être com-^andées par le Comte de Schomberg ue on avait debarquées a Yarraouth? ans iespérance de les fai<-e pasier romptement, & plus commodèmer.t 3KS la victoire qu'on fe promettait. e fucces du ccmbat fit échouer ce Wpm, qui aurait été fuoefte alaRé-  OpéiUTIONS DES FraVCOM. 481 I publique fi la flotte avait été battue ; ] & ce fut a cet égard que De Ruiter & I Tromp, qui partagerent la gloire de ii'action, fauverent 1'Etat. Le Coura. 1 ge & la conduite qu'ils firent paraitre f en cette occafion, leur attira les louan1 ges des ennemis- même. Les rélaï nons des Francais qui variaient fur les i circonftances de la bataille, s'accorI daient toutes a rendre hommage au 1 courage hérbique de ces deux grands I Hommes. „Je voudrais ," difait le I Comte d'Eftrées , dans une rélation I qu'il envoya a M. Colbert, „ je vouI „ drais de tout mon cceur payer de ma 1 „vie la gloire d'avoir fait une fi g anI de aclion , & d'avoir marqué autant ^de conduite, qu'en a témoigné de Ruiter dans ce combat." Comme les Hollandais étaient a la •i proximité de leurs ports, ils eurentla I facilité de fe réparer en peu de tems, ïj & de recevoir des renforts; & cinq I jours après le combat, ils fe trouve" rent en état d'aller cfeerCher les I flottes combinées. Le combat s'engaI gea a peu prés a la même haüteür le il 14 de juin, a quatre heures ap ès mi| dl. Tromp & Sprang fe fignalerent i le plus par des proiiges de valeur I 1'un contre 1'autre. La plus grande j perte tomba fur les Francais, que les I Anglais, pleins de jaloufie ci de dé-  4!ia PéaiL ce la. Hollands, fiance malgri 1'alli.ince, eurem foin de • les pSacer de facort k leur faire esfu ver tout .le ftu des Hoüandaiï. Le co 11bat dura jufqu'a dix heures; & les deux parris s'attribuerent la victoire comme auparavanc; quoiqu'il n'y eüt aucun vaisfeau pris de part &:d'autre, '1'romp fe compromit encore cette fois en fe livrant au torrent de fa bile noire. 11 confervait depuis longtems une haine invéterée contre le V;c^-Amiral Sweerts. Il accufa cet Officier de lacheté; mais cette accufation ayant été examinée,on reconnut que Sweerts ne s'était retiré que paree qu'il lui avait été imposfible de tenir plus longtems la mer. La flotte des Etats, n'ayant pas a remettre en mer au commencement du mois de juillet, De Ruiter parut devant les cötes d'Angleterre , prés dHarwich; & provoqua, miis inutilement , les Anglais au combat. Mais les mahdies qui fedéclarerent dans fes équipages, le forcerent a revenir ; il entra dans la Mt-ufe. Vers le milieu du mois de juillet , les flottes de trance & d'Angleterre fe montrerent a la vue des cötes de Hollande, ayant un grand nombre de tioupes a bord pour une .defceme Elles s'avancerent lufqu au prés du Texel emre le HelIer ci Ie Kykduin. 11 était a craindre  OpénATioNs bfs Francais. 483 qu'elles n'inte'rceptasfertt les flottes attendues des Irvdes & prêtes a reve- ' nir. De Ruiter recut ordre d'engager un nouveau combat,ou plus décifif, ou du moins fuffifant pour les élöigrter. La bataille commenca fur les huit heures & demie du matin le at Aout. De Ruiter combattit 1'Efcadre •rouge fous le Prince Robbert, Banken 1'Efcadre blanche ou Francaife fous d'Ëftrées & Tromp fon éternel Rtval Spragge qui commandait 1'arriere garde ou 1'Efcadre bleue. On fe battit de part 6t d auercé de toutes paus, iénoyamalheueufement , en voulant pasfer fur un mtre Vaisfeau dans une de fes chaoupes qui fut eos.lée a fond. Du co- ! é des Hollandais la perte la plus fi-nible fut celle des Vice Amiraux Jean Le Liefde & I;;ck Swterrs, les Capiaines van GtLcr, Sweerts, Visfcher % quelques aures; mais ils nepeidi-' ent pas un Jeul vaisfeau. D'ailleurs a Flotte Anglaife avait tellementfouf- ferT,  ÜPéRATioNs des Francais. 485 fert, que la nuit même qui avait féparé les combattants, elle fut obligée de fe retirer fur fes cötes p >ur fe retttettre de fes oertes. Cela n'empieha ! pas Charles II de faire chanter le Te Deum dans Lonires, & de dunner au public ün détail un peu exagéré des avantages qu'il prétendait avoir remportes fur les Hollaridais, qui de leur cöté remerclerent én même tems le ciel de ceux qu'il leur avait accordés fur les anglais. Il fuflifaït pour la gloirede De Ruiter d'avoir pü tenir tête, fans un dé-: favantage marqué, avec des forcesinferieures a celles de la France & de - 1'Angletterre; & c'était avoir a*fez vaincu, que d?avoir fait échouer le projet d'une defcente en Zéelande, qui, joint a tanit d'autres infortunes , était capable de renverfèr entierement la République. Le Prince Robert n'évita pas le foupcon d'avoir peu favorifé le doublé projet de fubjuguer la Hollande, & d'aggrandir 1'autorité de Charles fur la nation Anglaife. II n'avait pas pres Té 1'ennemi avec toute la chaleur qu'on devait attendredefon : courage. En effet, on ne peut remarquer fans étonnement, que les Anglais. quoique fort fupérieurs par leur alliance, ne p ïrent obtenir le moindre avantage fur les Hollandais; eux, qui Tom VIL X 1672.  486 péR.11. de la Hollande. dans ia guerre précédente, quoique f>u'vent plus faibles en nombre, avaient fait une héroïquedéfenlë, ac.iuisheaucoup de réputadon, & remporté quelquefois des Vidtoires Ognalées. Mais ils étaient mécontens des operations préfentes , qu'ils jugeaient pernicieufes a leur Patrie,- ils n'étaientpasperfuadés de la justice de la quereüe ; (fe fur tout ils nourrisfaient une jalouGa perpétuelle contre leurs alliés qu'ils auraient détruits, s'ils en avaient eu la liberté, avec plus de joie que 1'ennesü même.  Paix avec l'AN©let'£s.re., 4% MMagMBM'p«Mj»jnB»«t»Bpi»iiii«iinBWM«na PAIX avec L'ANGLETERRE , MUNSTER & COLOGNE. JL^es Hollandais n'avaient pas d'alliés fur lesquels ils fisfent plus de fond que fur le Parlement d'Angleterre. Pour l engager a fournir aux lübfides de la Campagne préfente, le Chancelier s'était vu oblige de recourir aux raifons les plus fingulieres. Suivant lui les Hollanda^s étaient les ennemis communs de toutes les Monarchies, furtout de celle de la Grande-Bretagn, feul obftacle a leurs vues d'Empire univerfel, ausfi vafte que celui de 1'ancienne Rome ; que dans leurs di.'g>-aces même, & dans leurs danger préfent, ils étaient ennivrés de leurs ambitieufes prétentions , jufqu'a re jetter tout offre de Traité & de cesfation d'armes ; que dans la Guerre aöuelle, le Roi ne faifait que fuiva Majefté fur les compagnies des Indes ürientales des deux nations; qu'encore que le peu de fuccès de la négoeiatfon de ce Mmiftre leur eüt óté fefpéianc'e' de réusfir; elles n'a« vaient pas laisfé de lui donner ordre de déclarer, que bienloin de faire un X 3 1672. Lettre des ïtats Géléraux a -harles II. rss.  : \ i ! i 490 Paix avec l'Ansleterre, traité particulier avec la France „• comme on le publiait contre la vérité «Sc même contre la vraifemblance, la République, au contraire, était prête dentrer avec l'Angleterre dans une nouvelle alliance plus étroite & plus avantageufe que les précédentes. A 1 égard de 1 affaire du Pavillou, nous croyons, ajoutaient les Ftats, nous étre cqmportés fur cet article avec tout le refpect imaginable, & que notre reponle devait vous fatisfaire. Elle nous parait fi raifonnable que nous youlons bien encore la fo^nefre au jugunent de taut le monde; &'fi 0n y trouva.t de 1'obfcurité, notre Ambasfadeur extraorJmaire avait ordrede ionner mus les éclaircisfements qu'onUi demudeiait. Mais on ne lui dbnna 3 audience qu'une heure après que le Confed privé eöt lü & approuvé la déClaration de guerre. Tout cela, Sire, fait asfez voir ivec quel zele & avec quelle -ns'X* yo^e ..tajefté , afin d'èteindre dans [ön commencement un feu, capiblede confumer toure 1'Burone. Comme nous Te fommes entrés dans cette guerre me pour la nécesGté indifpenfable de lefendre & de protéger ros fujets, ïous n'avons ceslé depu s la rupture ie rechercher autant qu'il nous a été ?osfible, 1'amiué de VotreMajefté, &  Munster & Cologne. 491 nous ne nous fomtnes point lasfés de faire des ouvertures de paix en toutes les occafions. JNousvousenvoyames pour cet effet dès le mois de juin de 1'année pasfée nos Députés-extraordinaire qu'on conflna a Hamptoncourt , fans leur doener audience, & fans entendre ce qu'ils avaient k propofer de notre part- Un Miniftre de PKleo teur de Brandebourg fit ausfi, a notre prière, le voyage d'Angleterre pour répréfenter férieufement a Votre Majefté 1'ardent défir que nous avions de la voir dans un autre fentiment, & la difpofition oü nous étions de faire tout ce qui était en notie pouvoir pour obtenir 1'honneur de ion amitié." Nous avons relufé la fu| pcnle d'armes par terre, que les Mé diaaurs nous ont propofée, & nous "vous 1'avons offerte par mer pourune année, en quoi nous croyons vous a voir donné la plus grande mirque de la forte pasfion que nous avions poui la paix." Les Miniftres du Roi d'Ef pa me pfaï répréfenté de tems en temi les° même» chofes a votre Majefb ci lui ont fouvent réitéré leurs infian ces que no as avons faites en public; nous nous fommes encore fervi d'un moves que nous avons jugé plus effica.ee Monfi-ur le Prince d'Orange, tantpa: 'fa propre inelmation, qu'en confidé rjtioi des prières que'nous lui avon X 4  I ] 1 1 I 4pa Pais avec l'Angleterrb, réitérées- fi fouvent, a employé toutes les follicitatiorsimaginables, pournouS faire obtenir 1'honneur des'bonnes graces de Votre Majefté, Ci pour lui répréfenter 1'avantage & la gloire qu'elle pouvait tirer, en retablufant le repos de la chrétienté, & en nous donnant 3a paix que nous défirons avec tant d'ardeur. Mais quoique nbus eusfions grand fujet d'efpérer que les mftances d'un Prince qui a l'nonneur d'être fi proche parem de Votre Majefté, & dont le merite eft fi connu d un chacun, auraient enfin prévaluaupies d'elle contre ceux qui font ma/affeöionnés enversnous; Quoique nous eusfions ausfi de Ia peine a nous perfuader , qu'après que les intéréts de bon Altesfe & les nötres étaient devenus communs, & n'avaient rien dé' féparés , Votre Majefté voulüt continuer dans fes prémiers fentïments, & énvelopper dans notre ruine un' des plus illuftres Prince de fon fang; nous ivons néanmoins vü avec beaucoupde douleur , que toutes ces raifons n'ont m la perluader de reMcher la moindre chofe de fa première rigueur, öt ]u'au heu d'une réponfe favorable aux juvertures que rous avons faites, ele nous a fait déclarer a Cologne qu'il ly avait point de paix è espërerpour ious, a moins que nous ne luiaccorlasfions, non feulqment a Elle & au  Mun&ter & Cologne.-493 Roi de France , mais ausfi aux Evêques de Cologne & de Munfter, des conditions qu'on n'a jamais exigées d'un peuple libre , & qui peuvent etre fi peu propofées pour des articles de paix, qu'elles ne portent aucune^ chofe qu'une conquête abfolue de 1'Etat, & 1'extirpation de la religion réformée dont Votre Majefté & les Rois fes prédecesfeurs, ont toujours étélepnneipal appui & les défenfeurs. C'eft pourquoi, après nous être refolusaune défenfe nécesfaire , nous avons été obligés de pre»fer les puisfances qui s'intéresfaient pour notre confervation, d'emrer dans une alliance plus étroite avec nous , & nous avons été aslez heureux poür engager 1'augufte maifon d'Autriche a fe déclarer en notre faveur, pour porter le Roi d'Efpagne a conclure en particulier avec nous une ligue offenfive & défenfive, en vertu de la quelle il a déja déclaré ia guerre a la France. Vous jugez faalement des fuites que pourront avoir des alliaHces fi confidérables; mais avant que le mal( foit fans remede , nous avons cru devoir faire un. dernier effbrt auprès de Votre Majefté , en 1'asfurant que quelques changemens favorables qui foyent arrivés a nosatfaires, quelque puislans que foientnos  < i i c 9 h qu TU re 494 Paix avec l'Angleterhe, alliés , netre refpect & notre défe rence pour Ëlle font les mêmes, & que nous fommes toujours difpofés a vous donner toute la fatisfaction que vous pouvez raifonnablement pretendre de nous. Nos alliés, qui font dans les mêmes fentimens, joindront leur mtercesfion anosprières, &nous elpérons, feire, que Votre Maiefté fe laisfera enfin fiéchir, & qu'elle acCordera a nos inftances & aux leurs , ce qu elle nous a réfufé jufqu'a prerent. Et comme le traité généralfouftnrait des dilficultés qui pourraient :ontnbuer a la continuation de la auerre, nous fouhaiterions terminer srcmptement avec Votre Majefté, Nous nous eftimerions heureux, fi melques unes de ces confidérations •ouvaient faire impresfion fur elle, & a difpofer i rentrer dans les fentimens u noni 1'avons vüe ci-devant." Cette lettre qui expofait fortement ax yeux des Anglais la conduite que s Etats avaient tenue enversSaMafté Bntanmque, & les démarches , ils avaient faites pour prévenir une pture entre les deux nations, fut pandue en Angleterre dans le tems ie le parlement s'asfemblait. Elle mnda le J^^«iftere) & anima le par-  Munster & Cologne. 495 lement a faire au Roi des demandes fort desagréables. On avait déji ouvert un Congrès a > Cologne fous la niédiation du Roi de' Suede. Les Ambassadeurs deceMonarque s'étant rendus^a la Haye au coaimencement de 1'année 1673 repréilntérent aux Etats Généraux „que les Roïs de France & de la Grande Brétagne voulaient bien faire la paix, qu'ils propofaient Dunkerke pour le lieu des INégociations, & que tandisque l'on y traiterait, le Roi de la Grande- Bretagne confentait è conclure pour trois mois une fufpenfion d'armes avec les htats." Ceux-ci répondirent qu'ils étaient également p.>rtés a la paix: mais ils rejetterent Dunkerque pour le lieu des conférences, & réfufercnt fa lütpenfion d'armes , n'ayant pü fobtenir fur le pié propofé par le Prince d'Orange. L'on conVint cependant d'entamer les négociations de paix a Cologne, en même tems que l'on pouslérait la guerre aved \Hgueur. En effet les Médiateurs buedois firent quelques propofitions; mais elles parurent fi dures aux Etats qu'après avoir pris l'avis de Son Alte*fe, ils déclarerent ne pouvoir les accepter. Les négociations, cependant, furent prolongées julqu'au printems de 1'année fuivante. X 6 J072. ïologne.  if572. Vi'iarce d» 'Er ts avec le Pane*:a k, Pxtni>n: Carps deflam. VU. f. 1. 22J. I 1 \ , " j 1 ] 1 4$6 Paix avec l'Anoleterm, Les Etats commencaient a repren,dre un ton de hauteur, conforme au rétab isfement de leurs affaires. Louis p ' aPrès avoir Iongtems endormi J-r.U/0pe, pf fes négociations, f avait forcée de fe reveiller en abufant de nemark fit alhance avec les Etats,- & le traité fut figné le £o du mois de may. Les deux partis s'engageaient a fe fecourir mutuellement, fn cas d'attaque, de dix mille hommes & de quarante vaisfeaux de guerre, qui, en cas de nécesfité, pourraient étre augmentés jufqu'a vingt mille hommes & de toutes fes forces navales. Le cas de 1 alhance devait écheoir , fi |es «ollandais venaient a éprouver d'autres revers ou étre attaqués par un nouyel Ënnemi. Cette alliance etait, Suede. Peu de. tems après les Etats conclurent une alhance encore plus avantageufe avec 1'Efpagne. Elle s'en?ageait non feulement a faire Ia cueree a la trance pour Ia forcer arèW .er a fes. conquetes; mais ertcöre a Angleterre; au cas qu'elle refufat - u.re Ia paix a des conditions rai.onnables. L alliance avec 1'Empereur ut la plus importante. Eüeftit fignéé e 30 Aout. Leopold promettait d'enoycr trente mille hommes furieRhia  Munster & Cologne. 497 pour !e fervice de la caufe commune. Ainfi les Hoib.ndais devinrent les alliés naturels de cette m'aifqn d'Autriche dcnt ils avaient: commsncé a Tapper la grandeur. Le' Roi de Frmce voyant fesg'rands projets renverfés du cöté de la mer, commenca a co.ncevo'r de le méfia'nce des démarches des Anglais, s'imaginant mal a propos qu'ils n'avaient pas fait tout ce qu'ils avaient pü faire. 11 femblait avoir renoncé dèslors alaconquête entiere de la Hollande qui lui avait paru d'abord fi facile. Le Mo narque n'eut pas plütöt reparé les fortifications de Maftricht, qu'au lieu de porter fes armes fur les autres Villés du Brabant des Etats, il fit changer les premières routes qu'il avait tfacées a fon armée, fous prétexte que tout était fous l'eau depuis Bois le Duc jufqu'a Berg-opZoom; mais- en effet pat ce qu'il ne comptait plus fur la puisfante diverfjori que Sa Majefté Britanique" lui avait fait efpérer par une prompte defcente en . Hollande ou en Zéelande. D'aijleurs. le Prince d'Orange n'ayant pas bèfoin d'erjvoyer des troupes fur les cötes,' comme il y aurait necesfairement été obligé , ft les ennemis nè s'étaient jStó renrés dans la France, il ne dégarnit poi fle les postes qui défendaient Pehtrée de la Hol^ X 7 Les Francais ;ibanilonnenr. ia Heüande  1672, i ] < I 498 Paix avec i/Ancleterre, ■ StsË£ Ce 1ui fit.Pre"dre a Louw la reTolution de quitter les Pays bas* . • f /,uc. de ''"xembdurg désefbé-raient de nen entreprendre8 qui St avancer fes desfeins, tant qu'on ne ferait pas une diverfion du cöté de a rner Pour obi.ger le prince d'Orange dVffaibhr les corps qui gardaient lfs poftes,- que les Etrlngefs commei> caien a avoir meilkure D|inion dTs h! vant AvqU lIs . n au para- vant , & qu avec des f■ r réfifter & meme de remporter quelque avantage fur les flottes unieldes & Pr puisfans Rois de h SS Sf™ A°Te nen ne contribue da. vantage a Pavancement des grands desfems que Ia réputation qu'on ac quiert par quelque coup d'édat" 11 dée que ces Elrangers concurent de a pmsfance des Etats fur mer & de la capacité du Prince d'Orange'oui a VZrt m fi bon ordre a toutKrre ;end,t plufieurs princes AlSaïspS eur fa?fatCTr " ProPofitions qï'on eur tailait de s'umr pour s'oolofer mx desfeins d'un Prince ambffix Zlf ie qUCl i,s n'avaient ofé fe dé larer de peur d'attirer fur eux une «me certaine, en feifant alliance av?c  MüNSTBR & CoLOttNï. t\$f une République, qu'ils croyaient fans force & fans vigueur. Ces heureufes dispofitions haterent beaucoup 1'accommodement des Etats avec le Roi d'Angleterre. Ce monar que fur la lettre des Etats, avait d'abord exigé des conditions rigoureufes; mais il fut intimidé par fon parlement qui 1'avait ménacé de ne plus lui fournir de fubfide. Après des négociations que 1'ardeur des deux parties pour un accomodement ren lit trés faciles, les conditions fu eiu'airangées. La France tentavainement d'empêcher cet accomodement: la paix féparée fut conclue entre 1'Angleterre & les EtatsGénéraux a Weftminfter lei9Fevrier 1674. Un rétabüt en fbn entier le traité conclu a Bréda en 1667 & celui de marine fait a la Haye en 1668. L'article du pavillon fut réglé a 1'entiere fatisfaction de 1'Angleterre. Les Etats- i Généraux reconnaisfaient les drütsque Sa Majefté Britannique svait d'exiger i qu'on ren dit a fon pavülon fhonneur qui lui eft dü depuis le Cap de Finiftere jufqüau milieu de la pointe nommée Statenlandt en Norwege, öc i déclaraient que toutes fortes de navires & de vaisfeaux appartenant au Roi d'Angleterre,"foit que ces^naviresFus£tnt en compagnie, ou a part, fok r6>»; ♦«0. Scs. Accoraoiementpgi^tlculirr èm Et its ave« 1'Angle. ture. Trilt* ne les*-? MIS & 1'AngJt* teuc»  ii ■ . 5C0 .Paix avec l'Angleterre, qu'ils portatfent la banderole, ou 1'étandard de Sa Maj-fté nommé Jac, qu'ils devaient baisfer la grande voile & faire aux vaisfeaux de fa Majefté Britaniiique le même honneur, que les vais'eaux des Provinces • Unies ont fait de tout tems & en tous lieux aux navires de fes ancêrres. L'article du Commerce des Indes- Orientales fut renvoyé a des Commisfaires qu'on devait non mer de part & d'sutre au nombre de fix, trois mois après la publicatioi) du préfent traité. Si trois mois après la première entrevue les commisfaires nepouvaient parvenir a une conclufion , les points en difpute feraient remis a 1'arbitrage de la Reine d'Efpagne. Les Etats ■ Généraux s'erfgageaient de payer a Sa Majefté Britannique huit eens mille patacons en quatre payemers égaux. A 1'égard des troupes* Anglaifes qui fervaient en France, il fut accordé par un traité particulier, qu'on n'y enverrait plus des recrues. Il y avait une collufion toute vifible fur ce dernier article; car les Officiers Anglais qui pasfaient la mer trouvaient beaucoup de facilité dans les nouvelles levées. Enfin, on s'engageait mut'uellement par un article fecret införé ï la fin du traité, a ne donner aux  Munster & Cologne, joi Giinenrs de 1'une des deux parcies aucuns fecours ni directement ni indirectement, foit par mer foit par terre ou par eaux douces. Les Miniftres d'Kfpagne eurent l'adresfed'empêcher qu'il füt parlé de la pêche dans ce traité, & Leurs Hautes Puisfances, pour reconnaitre les fervices qu'ils avaient rendus dans cette affaire, firent un préfent de feize mille florins a Dom Bérnando de Salinas qui avait ménagé ce traité. Les Hollandais faifaient uncoupd'état par cette paix, en fe delivrant d'un ennemi ausfi redoutable que Tétait le Roi d'Angleterre; & en coupant pour ainti dire, le bras droit au Roi de France.. Ainfi la guerre, a laquelle ce traité mettait fin,futcommencée par les Anglais, qui prirent la flotte de Smirne fans aucune d'é-. claration préalable , & elle finit pac. la rupture de 1'alliance qu'ils avaient contractée avec la France. La guerre commenca par un Acte d'holtilité imprévu pour la République, & la paix ne furprit pas moins la France. Cette paix qui devait rompre les liens de 1'union qui regnait entre les deux Rois, en fit naitre une plus intime , mais fécrete. Charles s'excufa envers Louis XIV, en lui répréfentant jes embarras trop réels qu'il a-  i i i i 502 Paix avec l'Angleterre, vait avec fon Parlement&Louisfe voulut bien admettre avec conaplaifance « Jorsqu'ils étaient le plus étroitement alliés enfemble. Les Duchesfes de Cleveland & de Portsmouth , qui pouvaient tout fur fon «fprit & fur Ion cceur, 1'entretenaient dms cesfentiraens; & la France, a lamelle elles étaient entierement dévouées.reconnaiait genéreufemcnt les fervices qu'e. es lui rendalent. Le Roi de la Gran. ie bretagne, pour plaire a Louis Jqui oulait mettre fa marine for un p?ed Rif' n 6T Jan,ais montée' envoya LSen de-s vaisftailx de fabrique \nglaife qui pouvaient fervir de Ittf * ? deS Gba'-Pentiers Ai g£ Camions entamees a Ciogne^'re-it .rmquement rompues. L^jWal! Ja' que fe voyaut un puisfanr en. emi de moins fur lesbras,iaRenUb"i|ue en était ausfi moins portée a ar^c^les condkions prc^.fé^ par\ "idee. La principale raiion cepcn-  Munster & Cologne. 5©S ^ant tut 1'enlevement du Prince Guillaume de Furftenberg, regardé pour" le principal moteur de cette guerre , & que PEmpereur Léopold fit enlever a Cologne, '& transporter * Bonne oü il fut etroitement gardé. Louis itlv recarda cette violence, commife contre la rerfoniie du Plénipotentiaire de 1'Electeur de Cologne, & dansle heu même des Conférences, comme une violation manifefle du droit des gens; cc pour témoigner ouvertement combien li en était offenfé, de même que de ouelques autres démarches dr l Lmpereur, il ordonna a fesAmbasfadeurs öe rompre les regociation- julqu'4 ce que le Prince Guillaume de fw^% berg eut été re'aché. ,.f-™vc4 ayant refiifé de mettre en P^^J Prince, Vasfal de PEmpire, & quil difait s'être rendu coupable du crime de Léze Maiefté. les Ambasfadeurs de France eurént órdre de fortir de Cologne & de retourner a Paris. Avant leur départ ils livrerent aux Médiateurs Suedois un Mémoire par lequel ils attribuaient toute la faute de la rupture des négociations i 1 enlevement du Prince Guillaume. Les Plémpoten tiaires des Etats de leur cötéremirent aux mêmes Médiateurs un cont_re-Mémoire par lequel ils déclaraient en premier lieu, n'avoir eu aucune part '6>3«  3 1 jj 'i ] AH'nnce dts Eiats avec rEm-' pereur, le ] 504 Paix avec l'Ang-leterre, a ce qui s'était fut contre la perfonne du Prince de Furflenöerg; & Sf naieat d'ailleurs que ce n'était cas lï une railbn fuffifaSte pour cnZï ftï Francais a rompre les négodations& a^fe retirer. Mais le ' Miniftère *rance 1'entendait autremen & t &générale fut plus éloignée^e FrSiS^eS drépa" des Am^fadeurs WW' auSe^rSre8 ftï^ S'? Parvinrent pas m:>insa traite &Pm^ aVe,° ^vêquedeMual [ter cv lEleéteur de Cologne. Ils r*». Bouyelerent ausfi leurs alfiancesavec W *\Qt. Danemarc, 1'Electeur de *^5^f.% *L' Je DucdeBrunsm& Auili^ débarrasfés de trois ennemis, &: iürs des fecours de leurs ouveaux Alliés , les Etats fe trouve! rent plus en état de faire tête « 5r\ dlFfance> q«i de Ibn cöté déefpérant de pouvoir conferver toutes es conquêtes dans les Pays-Bas 0? icnna a & troupes d'évaïuer ou?e elles qu'elles occupaient encore , 1 excepuon cependant des villes de Haaftncht & de Grave. Jamais tems ne fut plus fécond en ' ll.ances partiadieres *& générales, ^es Etats qui fe voyaient délivrésde  Munster & Cologne. 505 trois ennemis, ehercherent a fe renforcer encore par de nouveaux amis & a les renforcer entr'eux par des al-] liances communes. Ils eurent 1'adresfe tfentrer dans une efpece de conté-' dération ménagé avec 1'Empereur, 1'Ef 1 pagne, & les deux Ducs de Bruns* wyk-Lunebourg. Les deux derniers promirent de fuirnir dans fix mois treize mille hommes, donc fix mille feraient ertre^enus a leurs frais & le rcfte aux frais des Etats. Quelques mois après 1'Evêque d'üfnabrug leur promit un fecours de 1500 chevaux & dé 3000 hommes do pied. L'Electeur de Brandenbourg était celui dont 6n avait toujours attendu les fecours les plus avantageux öt les plus prompts. II avait m2me paru le premier en campagne pour voler a. leur fecours: mais la crainte de voir fes pays de Cleves tomber pour toujours au pouvoir des Francais & le resfentiment que les Impériaux ne fusfent pas venus asfez tot k fon fecours 1'année précédente, que les Etats ne lui faifaientpas toucher les fubfides promis, ralentirent fa marche. II s'était même, dans un traité avec la France, engagé de refter neutre. Mais voyant tous les Prmces de 1'Empire ou fe raccomoder avec les Etats ou prendre un parti décifif en leur faveur, il revint aux erremens qu'il avait Roi d'Efingn»; 8c le Djc de iriinswyfc juneaiourg. Puffend, 'Jb. XIK 13. 20.. 10 34. ic. DumotJt, VII. f. I; i+s. 267. 196 i8j.  fhjese. te Ckre. II. .12°. 3 32 fiummi Ui »9'«. Jfrifè de Kaarden par ie ?rin' eed 0;an«e F#7 Wagen. Xtr. 272. 5öö Paix avec l'Angleteiuie, abandonrsés. II fit le premier Juillet. 'une alhance avec 1'Empereur, 1'Efpagne & les Etats, pourl'ac juifition d'une paix bo-.ne , folida & générale. Mais le snlus esfentiel fut la promesle js* Les différente^ c te-ératious fu:Vies de la mareis ef&cZ ve & iapide des troupes de FËmpè. reur déconcerterent tous les prS des Francais. Le Conre de Mont cu? cuuy qu, les commandait, s'avanc* S^Bs*^ & Turenne^S ltmpecher de vemr fe joiii ^auPrince d'Orange fut ob igé d'aller" a kl* TCl? cette diverfion fut le falut de la Ho'lande. Les Francais f;r-t obligés do dégamir les pS| L PHn,aienivdanS ,es ^ovinces Enies! Le Prince d'Orange releva d'abord le  Munstbr & Cologne. 507 efpérances de U République en s'emparant de Naarden. . Sa conduite de«' vint un objêt d'admirsjtion; lorsque fe détoH tnt aux armées Fr-.'ncnifes, il al ïa joindre Montecucully devant Bonne. La conquêfe rapide de cette vi !e,i & de plufieurs placet de t'Eleetorat' de Cn'ogne, ay;.nt coupé toute com-c mnnication entre la France &lesPro-i vinces Units, les Francais furent o'nlig'és d'abandonner leurs conquêtes avec plus de rapidité encore qu'ils ne les avaient faire?. Ce ne fut pas fahslesavoir rancormées : r.ntendant Roberfc tira de la feule Province, d'Urrecbt en un an feize cent fbixante & huit mille fïcrins. ün tuk fi preslé d'évacuerle pays cue vingt-huit mille prifon-4 ttiers furent rencïis pour un écu par fokLt. L'arc de triomphe de la porte Saint Denis & les autres montmen» de la conquête, étaient a peine.achevés, que te triomphe était déja abandonnée. Le*Iiol!andais, dans le cours, de cette invafion, eurent la gloire de: difputer 1'empire de,la mer, ötl'adresfe de tramporter fur terre le théStre de la guerre hors de leur Pays. Louis XIV pasfa dans l'Furope pour avoir joui, avec *rop de precipita* tion & de fierté, de Péclat d'un triomphe pasfager. Le fruit de cette entreprife fut d'avoir une guerre faw lanctnement ies laces éValét pa': lef 'ranc3i«. Uy Wïg** Z69. ito. i*f*  1673 ■ ( : ■ jo8 ?mx avec l'Akclbterre. glante afouterir contrel'Efpagne,rEr»pire & la Hollande réunies, d'être abandonné de 1'Angleterre, & enfin de Munfter, de Cologne même, & de laisfer dans le pays qu'il avait envahi & quitté, plus de haine que d'admiration pour lui. On dit que les Catholiques Romains de Guelire avaient demandé avec beaucoup d'inftances, au Prince de Condé les EglifespubliquesuesRéformés; & quil leur répondit fagement, „que, fi le Roi devenait maitre de „routes les Provinces, ik auraient as„fez d'Eglifes; mais que s'il était obli„gé de les abandonner, la grace qu'il „demandaient, leur ferait inutile & « même nuifible " Aquoi. il ajouta, „qu'al n'avait poirit d'ordre la-desfus, „& qu'il ne voulait pas décider, de „lui-même, une chofede cette nature". En eftet cel., n'aurait fait qu'irriter les Proteftans, qui 1'étaient déja asfez; & le Prince fenuit peut étre la difficulté de fe rendre. maitre de la Hollande; fans laquelle la France ne pouvait nulleraent garder le refte. , ün rapporte qu'un des plém'potentiures de Suede, qui etait a Cologne ).u l'on avait commencé a avoir, des :onférences , pour chercher quelque noyen^e finir Cette guerre.; alla de :ette ville au Camp de Louis XIV & quoi  Munster & ColooNe. 509 I quoiqu'ami d'ailleurs de la France, I il dit au Roi que fes conquêtes allarI maienrnon feulement 1'Empire GermaniI que,tnsis encore les Puisfances duNord, I & qu'on lèrait obligéde prendre d'autres I mefures, s'il n'y vculait pas mettre des I barnes. Le Roi lui demanda, fi le Roi I de Suede voulait lui faire la guerre? I L'Ambasfadeur répliqua, qu'il vouI bi' dire föulement que la Suede romI prait avec 1'Angleterre, fi elle ne ces1 fait pas d'errtrptenir Ia guerre." 'lelies ftirenc les heureufes fuites I des alliances formées contre Ia Fnnce. 1 La République eut le bonheur de voir I biertót le théatre de Ia guerre entieI rement éloigré de fon territoire.LePrince 1 d'Orar ge ne contribuait pas peu a fe | eender, par Ibn courage Sc, fa conduiI te, 1'heureux tour que prenaient le; 1 -affaires. Il commengait a goürer. Ies douceurs du cemmandenjen':. 11 y é tan d'ainant plus fecfible, que fes pre tl miers projets lui avaient atthéfamourc" I les fiiffrages du peuple : & ccmme'un !' paix strop prerapte lui auraient fait perdr i ces avances, ilcroyait qu'il était de fo interêt de la recuier. Il fe flsttaitqu le tems qui répare les affaires les fit defespérécs , rétablirait celles di Provinces-Ur-'es , errrme il ava iéiabli les fier.ncs. Ma;s les ffccc< Terne yll. ï ^73» ces d? Ii B-épubüqm : 1674. s s s t is  1674» B Ki l; de : < < 1 ( f c f i c f( d 5fo Paix avfc l'A.vgletsïirs, militairs ne répondirent pas aux efp4 rances qu'on .s'était formées. La guerre fut alors transportéedans lAllemagiie & les Pays-bas Efpagnols* Les Etats obügés de fecourir- comme alliés ceux qui les avaient délivrés du funeste inconvénient d'être lesprincipaux intéresfés dans cette guerre, firent des effbrts extraordinaires pour remplir les devoirs d'une kilte recontmmcg^ê mirent fur pjedunearmée confidérable. Pour srrêtter les fakes de la jaloufie du commandement&luidon- d'eftfms & de confiance, le koi d Efpagne norjaia le princed'O. range GénëraikOme de fes troupes dans esi Pays-bas. Révoh.tion étonnante ïue Fnibppe IL n'aurait jamais prévue Le prince d'ürange rasfembia les trouws auprès de Berg - op - Zoom . aa Duffel prés de Malines, pour y prenre les troupes Efpagnoles aux ordres lu Gouverneur le Comte deMnnterey. Jn détachement de 1'armée Impériale ommandée par Ie Comte de Souches Jdat de fortune, ayant, par une mar. he favante, trompé les Francais diseriés fur la frontiere, vint encore le 3'ndre auprès de Louvain. Le prince Urange, a la tête de ces trois corps ui formaient une armée d'environ '"tante quatre mille hommes, s'abanmm au plus brillant eipoir.  Munster & Cologne. 511 Il crut pouvoir pénétrer en Frarce & y porter par une fronttere ausfi faible les ravages qu'elle avait fairs dans fa patrie li fut d'avis de frapper un grand coup, en'allantattaquerleprince de Cdndé pour le chasfer d'un pofte Évantageüx qu'il cccupait prés de Charleroi, fur liii ruisfi.au nommé Pieten, avec une arniée qui 11'était gueres que de cir.quante mille hommes. La mmchc étant fort périlleufe a caufe des défilés étroits qu'il fallait travèrfër, le fuccès paraisfait encore doüteüx., Les alliés avaient pour eux la fupériorité du riömbre: les Francais avaient des troupes plus expérimentées: ici le resfentiment des pertes & de fanglantes injures a varieer, la la gloire des exploits récen* I foutenir. Les trois alliés avaient 1'avantage qtre donne la reunion; mais 1'inconvénieni qui réfultait de cette union même par la difficulté de 1'harmonie & de 1'accord. Le général Francais au contraire, tf ayant a diriger que fes pronres forces, avait 1'avantage de Füni'të dsns le desfein & de plus d'activité dans 1'exéeution. Sür de 1'obéisfance de iès troupes par 1'éclat de fa naisfance &de fes talens, il était encore trh redoutable, malgré 1'infériorité de fes forces. Informé des iesfeins de fes ennemis par la faciüté Y 2  i ] i ii 512 Paix avec l'Anglf.terre, d'avoir des efpions dans des armées compofées de nations difFérentes, ilréfolut de les prévenir. Monté fur une éminence, les ayant découvertsqui trayerfaiem Ie défilé de Senef, entreManmont & Binch, il laisfa pasfer IV vant garde & le corps de bataille (Sc fit attaquer I'arriere-garde comoofée d Efpagnols: 1'attaque 'fut fi vive'& fi meurtnere, que les Efiwgnols furent enfoncés avec un horribie carnage, jettés dans la deraiere conru(ion,&tout leur bagage enlavé. Le Prince d'Orange ne perdit pas la tête dans ce délordre; U fit dire aux impériaux qui compotsient 1'avant-garde de rebrousfer pour voler au fecours des Efpagnols : mais comme leur général ne savancait qu'ayec une extréme lenteur dans le desfein, fans donre, d'épargner fes troupes; le prince d'Orange detacha trois bataïllonsdes Etats* mais ils furent, ou tués, ou fairs prilonniers ou disp-rfés. Condé enorÏUEiIh de cet avantage & meprifimt es troupss des Etars, cnu qu'il en auau bon marché. Certe première at:aque ne lui avait pas couté plus' de :ent horemes. L'arriere garde en dé•oute lui perfuada que le Corps de ataille étonné & déja fort affaibli 'ar un gros détachcment plierait fous w premiers eibrts. La terreur r«-  Munster & Cologne. 513 pandue dans une Armée par 1» defaite d'une partie des troupes eft un préfago presque certain d'une déroute totale. D'ailleurs on ne devait pas s'attendre que le Prince d'Orange qui n'avait encore fait que trois campagnes ioifmït dès ce tems-la une fermeté inébranlable a la valeur d'un ]eune Guerrier. Mais le Prince, ayant pris un paste avantageux fur une hauteur du villase de St. Nicolas, avait donné des ordres li juftes, executés avec tart d'activité, qu'il fut en état de foutenir toute 1'impétuofité d'une armée Frar.caüë & victorieufe. _ Pendant ces entrefaites las impériam arriverent; & Guillaume ayant recueil 1 fes troupes fugitives, engagea une atta ouequi renditl'action générale, Ilchan eea alors 1'ordredelabataille, donna 1; eauche aux AUemands, & fe mit fa tête des Hollandais qui étaient la droite, d'oü il examinait avec a tention les mouvemens du Prince a Condé, afin de régler les fiens. C< deux Généraux portaient la terreur « Peffroi partout oü ils paraisfaient. U vöyait les bataillons plier, & reven è Ia charge tour a tour, la yicton changer a toute heure de parti, oe mort feule ttiosarher. Le village c fav était foriifié d'un bon Chatcau j y 3 i 1 ï k e s ji n ir e la u St  i£Z± i i i i c ti c i t; fi ft ti t; fff4 Paix avec l'Ansletsrre, enviromné de hayes auxquelles on ne pouvait aller ni par Ia gauche, ni par la droite; parceque d'un cotéily avait un |>3tó, oü le Prin:e d'Orange avait letté de 1 infanterie, & de I'autre un marais impraticable. Le Duc de Lu!?^°'lrg-eut orJre d'attaquer duco:e du bois oü il perdit presque tout 2r ^ ff ^ de ^ retirer sar le défaut desjcombattans. Le iMn:e de Condé qui ne ménageait plus nen, paree qu'il était trop échaufé «taqua le village de front; & ayant ronipu deux bataillons qui étaient fur e bord de a riviere, & pasfé fur le .entre a quelques efcadrons quüefouenaient, il jie douta plusdu&ccèsII e jetta au milieu des bataillons Holandaia d'oü les Officiers qui le ft - eï^tff4remT°bli^S de Ie ^«rer Plu. eurs fois. Le prince d'Orange quine oibattait pas avec moins darde!?? avanca fi avant qu'il fe trouva ala :te d un efcadron Francais. Un Offi ■er lui porta le pistolet a la poitrine»ais Ouwerkerk J Capit^é de' Gardes, vint fe mettre entre deut : uia celui qui aliait termincr la balie, par la mort du Général qui en ifait J ame. Le jeune Prmce de Fri!. qui n avait: que vingtans, combatt toujours 4 fes cötés, & ne lequiti jamais. Le vieux Prince Maurice,  iïüKsT^r. 3t C«lügk£. 515- tgé de foixante & feize ans & nouvellement relevé d'unegrande maladie, chercha 1'occafion de mourir au lit d'honneur cc ne put la trouver dans une action fi fanglante.' La boucherie cont-tnua par 1'afchamement des Généraux, des Offieiers & des Soldates : le coucber du foleil ne fuffit point pour feparer les combattans, le lever de la Lune qui répandit unefaible lumiereiufqu'a onze heures du foir, les ranima? 11 ify eut que la lasfitude, ci rimposfibilité d'emporter le villagedu Fav1 qui obligea les Francais a nnir leurs attaques. Les uns cc les autres aimerent mieux coucher au milieu ae leurs moi ts, que de laisfer a 1'ennemi la gloire de s'étre emparés du champ de bataille. . . Chaque parti s'attrifcua la victoire; mais avec ausfi peu de raifon \\m cue 1'autre. On en rendit également graces a Dieu en Allemagne, en Efpagne, en Hollande, & en Flandres. Les Francais avaient battuTarrieregarde & le corps de bataille.des Alliés i mais le refte de 1'armée unie s 1'avant garde les avait arretés,& le village du Fay, dont dependaitleder nier acte du triomphe ne put étre eraporté. lis tuerent beaucoup de monde dans les deux premières actions cm: fe pasferent au village de Senef.cc j 1674-  3 < ] 1 ( t u i t I 1. Jf 516 Paix avec l'Angletsrue, St. Nicolas aux bois; & ce fut dans ces deux actions qu'üs firent ce grand nomrre de prilonm'ers, qui fut icfeul avjntage qu'ils conferverenr. Mais les Alliés eurent leur revanche au troifieme c.onbat cjue les Francais leur livrerert dans le village du Fay Ce Fut la oü le Prince de Condé vit bhn quil avait befoin de troupes, & qu'il était defait & fans resfources, Ë on tardait de venir a fon fecours. Le :arnage avait été fi grand, quayant roulu faire jetter dans une petite Ra- lne\„0i? ét^}t ,e Sros de 1'infanterie ies Alliés, deux bataillons de Gardes Smsles, ils ne firent que plierles Spaules fans s'avancer, fe laijfant tuer :oirme des gens qui ont peur. La ïuit vmt, & Condé ordonna qu'on fit ivancer des balailluns nouveaux, & juon allat chercher du canon, pour .ttaquer ies Alliés a la pointe du jour l ous ceux qui entendirent cette prol «ofition en frémirent, & il parut vul -lement qu'il n'y avait que lm quieüt nvie de fe battre encore. il avait i:s pied a terre, & tout était dans n grand calme des deuxcótes, qua-'d ir les onze heures il fe fit de part c d autres une décharge terrible fesque toute la cavalerie s'énfuit, ct i Comte d'Oftain, fon premier ücuer , Homms d'un grand courage eui  Munster & Cologne. 517 bien de la peine a le mettre acheval. Cette épouvante lui fit changer ledes-, fein de rattaquer les Alliés en ce lui de fe rerirer dans ce moment. Les deux armées, après avoir coucbé fur le champ de bataille, avaient une frayeur presque égale dVre obligées d'en venir aux mams. Un avait perdu plus de vingt cinq mille hommes de part öcd'autre, tant morts ou blesfés que prifonniers. Le Prince de Condé écrivit au Roi après la bataille, qu'il avait perdu fa meilleure infanterie & une bonne partie de la cavalerie. La maifon du Roi tut presque détruite , & on compta entre les morts fept eens gardes Suisles» II imrxrte tant de donner de la reputation a fes armes, que le Prince d'Orange, pour faire croire qu il avait oü la victoire, asfiegea Otidenarde,; mais le Prince de Condé prouva qu U I n'avait pas perdu la bataille, en rai! fant ausfitöt lever le fiège & en pouri fuivant le Prince d'Orange. Quoiqu'il en foit, les deux prmces : s'acquirent beaucoup de gloire dans cette bataille. Le prince d Orange, dit le chevalier Temple, pendanttoute cette action, donna tous les ordre: nécesfaires, avec une prudence admi rable. U ne negligea aucun avantag( Y 5 1674.  < ] I f h s' je b; s' ga de m la ci; 5i8 Paix av£c l'Angleterre , & chargea plufieurs fois !es ennemis a h tete de ion efcadron, avec beauCoup; de bravoure. Ü fit ferme, au. ii bien rontre fes gens rompus, qui fe renverfuent fur lui, que fur les eS nemis, qui pourfuivaient leur vic'oire avec beaucoup de vigueur, &dcmeua engagé pendant plus de fix heutes, dans la chaleur du combat, iufgua ce qu'il fQt emporté par les fu>ards. Ii les rallia plufieurs fois, & es ramcna au combat. Le r,?ntex d.e.Souc^es, dans la lettre u il écnvit aux Ktats a ce fujet, ïm que pendant toute 1'aétion, ce rince avait témoigné la conduite d'un te e,xPe»nienté, & la valeur d'un -eiar. Le plus glorieux témoignage n celui du Prince de Condé, cmidf ue le pnnce d'Orange avait agi en tout n vieuxLapitaine, mais qu'en s'expofant op au danger, il avait agi en jeune Dmme. Cependant ce vieux général Stalt expofé lui-même, autant qu'un une Cavalier; lorsqu'il vit que la taille était fi fanglante , cV qu'il igasfait de tout perdre ou de tout smer. , On a reproché au Prince de Condé i " etre pas toujours maitre de lui:me dans la chaleur du combat. A journée de Senef, il commanda au evaher de Fourilles, Iieutcnant-Gé,  Munster & Cologne. 5j5 néral, d'aller attaquer le Prince d'Orange qui s'était trés avantageufeinent poflté. Cet Officier jépréfenta au prince que l'on perdrait beau coup demonde, pour attaquer les ennemis. ,,Je ne vous demandé poifit de confeil repliqua le prince, mais de J'obéisfance. Ce n'eft pas d'aujourd'hui que 3 at remarqué que vous aimiez mieux raiionner que vous battrc." Fourilles regarda fierement le prince, en lui dilant qu'il allait lui prouver le contraire. 11 marche droit a 1'ennemi qui attendait les Francais, & y fut tué avec la plupart de les Officiers. Le Comte de Stahremberg, étant a table avec le Piince d'Orange au conmei^ement de la campagne, & tiouvai t le vin mauvais, le Prince lui rromit de lui cn faiie boire de meilleur, avant Ja fin de 1'arméeenChamnagr.e. Stahremberg pria le Prince de je"fouvenir de fa parole. II fut prii a la bataille de Senef,. & mêné s Rheims, avec un grand nombre d Officiers des trois armées. Il V trouvs le vin excellent, & buvant a la fan té du prince d'Orange j'aurai dit-1 touiouis ia plus f rande loi a les pro mesfes.' H n'a pas manqué a la paro le qu'il m'avait donr.ée de me.fain boire, avant la fin del'été, du bon vu de Champagne, en Champagne mime. 1.674.. tfemiire ds U. iVa* I  Grande prife par le ïririce d'Ownge ft la Franche ,C"mts par feeFrarjjaii. Sweès de Turenne en AHewagne. ' ] i i 3 i 4 c r V h d i 5oo Paix avic JL'Angleterre , Le prince d'Orange ne fe laftfï «décourager par ce lauv'is fucS ^1 tenta fur Ia ville de Grave une entre prife qui fut plus heureaft Mds la FrS ft*?^ P« Ie Roi de Com-é ai i h mp-ara de Ia Pranche corme qm d>puis ce tems la eft toujours refté annexée Tla Fi4 r^t tr des aIiiés fe fépaiï. rent a 1 entrée defhiver, toutes éiralP ment. mécontemes les unésdes^trl & feTSL T mé^tenternènt'pit ?a?fom ' Peut"ê£re ayant tous \ T.f™ paS -heureUx etl 'AS ™Z me qui défendait Aiiace contre une armée fupérieure brts in,Sa conteltation entre les n-r, 'mees d'CJtrecht & de Frife, fu?'t "fera^xlafePrféanCre ^ ^'S* "r fOrange, & de Henrigfoiu- de Natfau, Schouder de ö£2i ,Ces deux provinces pro- ^uteT lesaSL^fP3^„de- quatre rïï 4 Wff^? qUeIies "gerontpro. res a juftifier leurs pretentions- deux lois après la production de lèurs S ucdo esrrntyajjuter ««fit uction, & deux mots après quecet! Beduction aura été fourriV il rocèsfera déeidé par les deux Prin- ÈJ £ /Cnr£nCe de^i:eIs on fera 3j,ge de fe. foumettre. Ënatw J« a dcdfion, lës deuxprUnS u.ont tour a tour la préféaace dj PS/^fe & ^eront^iï^ou * la^S prendr? la Première * h K^arxce, Enfin fi rÜJW  rr,cG2?.ès r.u S&AzmómAS?* «27 df s rrovinces refufait de proöuire fes p'ièces, elle 1'erait privée du Droit aiteinatif de préféance jufqu'a la décifion entiere." - Les provinces de Gueldre, d'Utrecht & d'Over-Ysfel feront obhgées de prêter un nouveau ferment a 1 usion avant que d'être admifes dansles Etats-Généraux , & tant lesditesprovinces qui avaient été acquifes, que les quatres autres qui ne 1'avaient Jpoint été iupprimeraient réciproqueI ment tous lesnouveauxDroits qu elles avaient mis fur les vivres, denréescc marchandifes qui fe transportent d u: ne Province dans 1'autre, & elles ii n'en impoferaient p^lus a 1'avenir. On reftituera aux trois Provinces toutes les Places qui leur ont appartenues, avec cette claufe néanmoins , • que la Hollande rétiendra le Fort ; qu'elle a conflruit pour fa défenfeparticulière, qu'on ne pourra bStirqu'a cent toifes de ces Forts, fous peine ;'de démoliticn, qu'elle confervera le ; droit d'ir.onder les terres de Gueldre ! & d'Utrecht, lorsque cela fera nécesfaire pour faconlèrvation, que PEclufe qu'on a mife aMuyden, au lieu de la Digue du Vecht, y demeureia, &  1*74- i i ] i \ t F F r 1 h 5^8 KéuNioN des Sept Provinces. qUeiau,Province d'Ucrecht-be pourra y rétablir aucune autre Digue _ IV. 6 ' Les provinces de Frife & de Grommjue auront le droit de h fth Z eurs dépens un Fort a Hoeven, & la Spuverameté du Territoir f£ lequel ce fort fera bati/aStiendS géesS IT^TT ^Sontchir Se ?égl1 liea'^T' ,&la les provrnces de Gueldre & dSecjï! Les différtns qui pourrnni■re a 1'occaiïon des piuS^SS^ Mappen, & V'aUrfcbappWggft. roviaces de Hollande ffiSS La Gueldre &' 1'Over-Y^i ™ Seïïvi1p,u' 13 -"«Sdïtoï eche quelle a toujours teu le droit tater & elles leveront tous les bftaclcs qu'elles y ont aPf ortés £ r VI1- endan^S?!* ? RéPub%»e déendant de la protondenr des Rivie^5 cv des Marais , qW rendent le .8 provinces de Gueldre, d'Uti echt; -  PaoGRes eu StathoudfraT. 529 & d'Over-Ysfel n'empêcheront point : de rendre le Bas - Rhin & PYsfel plus profonds, en mettant fous Peau les Marais de rOver-Ysfel. Pour cet effet les autres Provinces députe ront tous les ans quelques Membres au Confeil d'Etat, qui auront 1'infpecticn fur ces Rivieres & fur ces Marais, qui dresferont un procés Verbal de 1'Etat oü ils les auront trouvés, & qui répondront en leurs perfonnes & en leurs biens des négligences coramifes pendant le tems de leur infpection. VIII. Deux ans après la fin de Ia Guerre, les Sept Provinces fe donr^eront reciproquement 1'une a Pautreun état exact & fidele de leurs finances de leurs Revenus, de leurs taxes, &c. afin que fix mois après les EratsGénóraux puisfent faire unerépartition équitable de ce que cbaque province doit contribuer a PUnion. Et en cas qu'une province crüt ötre trop chargée, on en remettra la décifion au prince d'Orange, a. laquelle on fèra obligé de fe ibumettre. On laisfe ausfi , a Son Altesfe, ladéterminatioa des tems & d»s moyens, qu'on pourra employer pour les payemens des arrérages'que les rrois provinces conquifes doivent aux Amkautés pour Laur  1 i i i 530 K'éaNiijN Sspt p&cviNOss, part des frais de ia guerre par mer. IK. En confidération des fèrvices q'ie la province a rendus a la Republi me par une vigoureufe défenft, ofi luiaccorde une feconde place dans- le Caofeil d'Etat, & h Gueldre, qui y avait eu ci-devantdeuxüépatés,uy en aura plus qu'un feul. X, Son Altesfe aura le piavoir d élire, de changer, & de dépofer les Magiftrats dans les trois. provin fous cette claufe toute fois, que d'un coté la dépofition ne fera aucun tot a la reputatiön de ceux qui auront exercë leur charge avec honaeur, & que de 1 autre elle ne garantira póint des pemes portées par les placards contre ceux qui n'auront pas rempll leur devoir dans 1'Administration de la police .de lajuflice. Ainfi la dépofition n'é:ait ni une peine infaraante pour les Jns, ni un remede contre le crime oue es autres avaient commis. Enfin 'les «ate declaraient, qu'ils ne revêtaient e prince d une fi grande autorité que sour cette fois feulement, voor deze yze, lans tirer a conféquence & ans vouloir donner aucune atteinte ux droits ni aux privilèges tant des jrovinces . que des Villes & des perMines qui les conapofaient.  I" FncGR'iS < ü StAÏIICUDERAT. gyt Tel fut Ie rétablisfement de T Union Idont nous avons rapporté iesnouveiux 1'Rdgïeminstké.s des Regiftres de 1'Etat Ipour en donaer une jufte Hée. Le rang qui était en difpute entre les Provinces cl'Utrecht & de Frife, fut décidé en faveur de la première - & les articles qui regardaient les Forts ne furert pas exécuté.'. On aima mieux jilès ralèr que de laisjjer fubfifter des lïujets de conteftatiórj. La Hollande n'a pourtant pas laisfé de orendre : depuis le parti de foitiiier Woerden dans les formes; ce qui caufa det'alar|ine a Utrecht, comme fi on avait desiifein de fe mettre acouvert, enl'abanJdonnant comme une province ouverte (Sc plus. expofée. C'eft amfi que le Prinee d'Orange acquit dans ces trois 'provinces une autorité plus grande que fes prédecesfeurs n'en avaient jamais :ieue. Mais dans Ie même tems on agitait i dans les Etats de Hollande de lui con-' ferer une marqué non moins éclatantei de zele & de dévoument. Come Ie parti Répub'icain paraisfait éteint dans la prcvirce d'HolIande, & que le prince avait piés d'autorité que jamais;ceux Irqui s'étaient déclarés pour lui penfe:lrent a la perpétuer non feulementpen' dant fa vie, mais a la transmettre a la postérité, s'il venait a en avoir, O» !.e Stathoi^ [erar. de■\vé hété[iaire. Vey TFltjiem XtV. 31*?  i ) - ] i T 3 F c p £52 RéüNïoN bes Sep t Provinces ne dcutait pas qu'il ne fe rnariat bienn töt. Les Députés de Ia ville de Harlem mirent cette affaire fur le tapis , Ie 33 de Janvier de cette arnée. lil étalerent les grands fervices, que lesi prédecesfeiirs du prince avaient rendusi è Ia République. On ne pouvait pas les défavouer, comroe perfonne: ne pouvait douter non plus de la re* connaisfance de la République, pour cette illuftre BI ai fon ; qui en acquit beaucoup plus de luftre, qu elle n'en avait auraravant. On pouvait encore dire, fi l'on avait olé, ce que les Ktats de Hollande avaient expofé dans leur déduction, en MDCLIV. On fuppofa que 1'JEtat devait être juverné., corrme une République jouveraine & indépendaote, mais fous a direction du Prirce d'Orange, & jue la charge de Stathouder était eserrtielle i ce Gouvernement; ccmme es Doges le font aux Répubüques de /emfe öc de Gênes, & comme 1'aen Angleterre, pendant Ia vie IQhvier Croiiiwel, & quelques mois ous fon Fils, celle de Proteéteur. ^Les coir.paraifons de ces Charges étaient néanmoJns pas tout- a « fait .iftes. Les Doges d'Itahe font pro* ranent les péfidens des Supremes onlejle , & ces Dignités ne font is hé editaires daijs une certaine Familie,  PROGRès du Stathoudérat. 535 Familie, mais feulement a vie; & elles lont remplies , par ceux qui font élus , après leur moit. Le nom de Protecteur fut un titre que les feuls Olivier & Richard Cromwel fon Fils porterent ; ce furent proprement des Chefs d'une faction qui gouvernait par force. Mais le Stathouder était originairement le Lieutenant du Comte, qui n'agisfait qu'au nom de ce Comte, & dont 1'autorfté cesfaitquand il était préfent. Mais depuis que la maifon d'Orange était entrée dans cette charge, les Stathouders fe Srent bien plus refpecter des Asfemblées fouveraines, qu'ils ne les respectaient euxmêmes. II fut dit que tout 1'Etat avait été affligé depuis vingt-cinq ans, de divers maux, a caufe de ladureté,dont on s'était oppofé a 1'élevation de S. A, aux charges de fes prédécesfeurs. Si l'on eüt dit après la campagne de cette année, que ce Prince méritait d'être mis k la tête des Armées de 1'Etat, perfonne ne s'y ferait oppofé , au moins avec fuccès ; mais repréfenter le Ciel comme irrité contre la Ré publique, de ce qu'elle n'avait pas pris pour Gouverneur un enfant au berceau, ou dans fa premièreenfance, c'était .asfurement outrer 1'adulation. Ceux qui pailaient de la forte, conTome VU. Z 1674..  5^6 RéUNIOM des Sept PaoVINCES. f<*74- fultaient moins Ie bien dePEtat,qiPiIs ne cherchaient a fijner un jeune guerrier, aiin d'avoir part a fes faveurs , quand 1'occalion s'en préfenterait, Quelques-uns parierent même de le marier, & de pourvoir a la tutele de fes Enfans, en cUS qu'il en eüt. Enfin, il fut réfolu de déchrer fes delcvndants, s'il en avait, héritiersde fes charges a perpétuité; comme s'il ne pouvait pas arriver desincidensqui ne permettraient pas qu on leur conferat, ces dignités ; qui demandent de Ia prudence & de la conduite, &del'amour pour Ia République , du refpect pour les loix. Cependant onpasfa outre le même jour C 23 de JanVier) dans les Etats de Hollande flb!e, & que fi on ne fe hlSt - q\)\ ne fe fervit de 1'autorité qui avait eté donnéepariesEiatsGéS  PfioGRès du Stathoudérat 539 raux, pour établir une forme de Gouvernement beaucoup moins avantageufe a la Province, que ne lè ferait la Souveraineté qu'ils vouiaient lui déférex. lis aiouterent qu'ils étaient asfurés du Quartier de Zutphen, & témo-gnerent leur cbagrin de 1'oppofition qu'ils trouvaient dans celui d'Arnhetm Le Prefident ne fe rendit point a ces raifons•> mais, fans s'embarasfer de la réfiftance qu'ils trouvaient dans Ion efpnt, ils cabalerent tellement dans Arnhem , qu'ayant gagné les uns pai promesfe ik les autres par ies menaces, ils obtinrent enfin ce qu'ils demandaient. Les tiois Quartiers fe réunirent pou: otTrir la Scuveraineté au prince d'üian ge d. ayant appris qu'il était en che mm pour fe rendre dans leur Provm ce, ils lui envoyerent leurs Député; pour lui communiquer la réfolutioi de lui offrir la Souveraineté di Duché de Gueldre, & du Comté d Zutphen. Quelqu'agréable que dü être une propofition , a laquel le. il était peut - être préparé, il r< pondit aux Gueldrois qu'il ne pot vait leur répondre poütivcment lur un aftaire d'une ausfi grande conféquena qu'il n'cüt premierement confulté k autres Provinces. En effet, le Print en écrivit ausfitöt aux Etats de Ho lande, de Zélande & d'Utrecht. Dai Z 3 167$. t 1 1 2 t l ■ e '» k :e 1is  IÉZJL } ] 4 C 'f d f 1 a li e c: 540 RéUNlON des Ssvt Provinces» Ia première de ces provinces les fentimens furent teHement partagés & fi différents, que p-UÜ6llSi vk-s/oui auparavant avaient le plus presïël'élé vation du prince, lui décorrS £e££ féneufement d'acceprer la fouver Seté Propofée. Du nombre de ces Villes iterdam, Gonnchem, Enkhuizen Munmkeudam. Le Corps des Noblef dam, fcchoonhoven, la Brille, Hoorn Edam & Medenblik, conS aiSf ?J prince d'accepter. Deux Villes, Alk- S^dfcifi?1'01^' fanS avis aecilit , dirent qu'elles ir- eéderaiem a Ia pluralité, ou feran^ went au choix qoe voudrait bien f fre ■ffJSTV qV1 fur t0l,te cette affa Te la p,^s ^ande indrfférence! toute Ia province d'ücrecht cmtque e Prince ne pouvait mieux faire que n plande Ion pela mörementlesrai- ue Middelbourg ne voulut pasrépon repofitivementi queZierikzée&KS fervirent d*s motift lesplusforts & ?S lus convaincants pour prouvVrJs gelfedrti n'étai/paJ K^n g S d scepter Ja Souvcrainere propo, e, & que les Magiftrats de Veere t pioteftant_qu'ils étaient prêts de fi' '«fier leurs jours pour ie jH£* g  \ PRoGRès du Stathoudérat. 541 |déconf>i!taient de fe prêter aux offres , _ Lus bnllantes que folides, qui lui létnenc faites, Tnolen & t lisflngue létaient du fentiment. contraire; ces villes crovaient «el Po* pouvait conIfeiiler au'Piince d'accepter le Dooie, ld- Gueldre, & le Comté de Zutphen; lEÜsiiögtte msme att* e*»re plus loin; lelie voulait t.on-feulement quon conI r-iliat a bon Altesfe; ma'.smemequon lla priftt de ne roint relufer Poffreque 1 lui faiiaient les Gueldrois. Le Prince, s'appercevantquen ZéeJ iat,de la pluialité & les principales 1 Villes en Hollande ne verraient pou.t 1 dun eed indifférent ou.trsnquide,quU a-ccert-at un honneur, qui pouvait etre l régarde comme le premier pas vers une Souveraineté plusétendue, trouv ■ a propos de couper tacineitous»Iei 1 fouïcons, en refufar.t ladigmtédeDut de Gueldre & de Comte de Zutphet dont il fut cependant Clu des le lende • S,-Stathouder Héréditaire, Cag • air.e «i -Amiral - Gér.éra . Aio il lótabtó le gouvernement de ceu Province comme quelque tems aup; S t ü nvait létabii ou plutöt char SSm ^ la Province d'Utrecht, ^Guüiaume &U foï la maniere dont les Zélandais : vrient.trsité cette affaire. , Les Lta dc cette Province , en lui faifant r« L 4 l62i i ij 1 1- é 1- :s  *6>5- i i 1 i f ■ a r ü d; d< bi Cf ch Pc h i n'£ il, & ce bat 'de 542 RéUNlON DES S£PTPA0V)NCpS. mettre une copie des avis des difFé pour engager Son Alfesfe 1 re ufe" les me réponfe trés lougu", trïs fortT néme un peu piquame! II s'v nlai rnait des finiftres impresfions n,^V vait voulu donner dffcfZs^'c ,T f?*nl 1 i • Souveratneté de tout Uberté leenPrr-Par conféquent de iioerté , en banmr tout commerre *foudre les compagnies des de? In fi violer la fureté des Banques nu iques, annuller les obl,gat?ons%P]a arge du pays, & enfin imrodutre un angement umverfel &c. LnecrwS int avoi; jamais donné aucun fS in foupcon finmuvais&fiodlJxX » de difficulté, conSuaitde déligner du nom de Liberté  I PROGKès du Stathoudfrat. 543 était fort applicable a fon égard. Mais il y avait bien plus fujet de cramdre ce que la parole de Dieu remarque avec tant de force touchant la maifon de Gédéon, favoir , que les Enfans d'Ifrael ne fe fouvinrent plus de 1'Eternel leur Dieu qui les avait délivrés de la main de tous leurs ennemis d'alentour, & qu'ils n'uferent point de réconna'isfance envers la maifon de Jérubahal, apres tout le bien qu'il avait fait a llrael. Le Prince terminait fa longue Lettre par ces lignes: „ Nous nous fommes trouvés obligës de nous étendre un peu plus amplement fur cette matiere, paree que nous voyons que non feulernent la Lettre qu'il vous a plu nous envoyer, mais ausfi la Réfolution contenant les avis particuliere des mem bres de votre Asfembiée, ont été ïm primées, & fe vendent partout; nor pas tant afin que nous puisfions être informés de votre intention, a quo néanmoins elle doit fervir uniquement qu'afm que par la on püt donner ma tière & occafion a ceux qui nous fon mal- affe&ionnés pour nos fervices ren iu a 1'Etat, de donner de mauvaifes m presfiens contre nous, aux Habitan qui le compofent, & leur donner dat tant plus de force en alléguant^ qu même quelques-uns de ceux qui 01 Z 5 1075» . t s e e it  i i i \ < c . c n a i e It P ti # ci m

*- ■ Scmps m*g f 3 r s e e q a  i&?5_ Baf,, n. f83. JU 5 75 SS}: S°9. 777, ■ «-; i \ k y<9 riouvil , Ï85. t 1] I d ii U 1'; ce 550GÜERR. AVEC LAFaaN. & LA S. natten , ne pouvant fupporter leooid* 'des mpots nt'cesfaires pour Ie 2S & 1 Efpagne pour le rétablisfement H? leurs pnyilegea. Quoique £ "SJeS ^ltrtOTlti eUsfent bientót étojffé Céditions, elles ne laisferent pasded? "fer les forces oe Louis. CeE„fra„: SSn"SL?USp,a "di»tj™ ^ ,'ciene. La trance, difnofée 3 nd Iqu a ce qu'on eüt rélaché iepIL' uillaume de Furftemberg• f & "2 "fnt que 1'Empereur aVait faft S uèp|TpenI^-^  CONGRèS ds NlMèGUE, 5$i fiftaient fortement a ce que l'on convint, en attendant, d'une fufpenfion d'armes, mais les Alliés n'ayaat voulu confentir a aucun de ces points, les négociations refterent fuspendues tandis que de part & d'autre 1 on fe préparait cependant a entrer en campagne le plütöt posfible Pour fe procurer des conditions plus avantageufes, chique parti fepropofait, en effet, de pousfer la guerre avec la derniere vigueur, lorsqu'on appntque les Suédois, alors gouvernés , fousun Roi mineur, par un Sénat vendu a la France, avaient fait une irruption dans les Ütats del'ElecteurdeBrandebourg. Les Suédois accufaient les Etats Généraux d'ingratitude &reprochaient a 1'Elëcteur de Brandebourg , davoir violé le traité qu'il avait fait avec la Suede pour la confervation du repos de 1'Empire. L'Electeur répondit aux Suédois en volant dans fesEtats avec une armée. Le fuccès couronna fa valeur &fon activité. U les battit dans le combat de r-erhbelles, reprit leurs conquêtes & leur erjleva même plufieurs plaees dans la partie de la Pomeraine qui leur appartenaienf. A fon inftigation Les Etats déclarerent la guerre a la Suede, öc envoyerent un fécours de vaisfeaux au Danemark, qui avait imité cet exem- 167$* Bifae it. JS3. (O*. I  ££75; Campagne 4< idJS, 552 GufiRR. avec la Franc. &laS. ple, ainfique I'Efpagne t c'eft ainQ te que s aüuma yne nouvelle guerre dans le n'«; & pjüa Mg pJ1, tjfi de 1 Lurope. s'y trouw env^co^e. Ge qan y eut de i^gulier dans cet* te gu.rre.a^ecli Suede, t Sa les EJ ayant 1 an 1675 M un tri,ié de corumerce avec ciie , obburent cS^s-.un nouveau ■ traité particulier püint.i'.bkrvaïM,-) de? arucles. ivtois le pias fort de ]a «ue'&e fut *g> les Pays-bas, rAMema^S Ë P ,La Wmm de cette amiéefut P ]^ heureu e pour les Confëdérés, qu eire ne le fut & pendant tout le cours de cette guerre. Les Francais ouvjiront ia caimagne xnHolhn, de avec. une armée nj rabrcufeV Le Unte dEftrade,: emport» le.chateau oe ^ifgv; weqm fe rendit .maitrede Dwant, & ie marquis de Rochefort' de Hui. Une pastis de la grande ar* mée, commandée par Ie Prince de Condé, avait cépandant asfiésé Li», bourg. Le Prince d'Orarge *H£ ausbcot pour forcer les Francais a iver Wge, & il s-étiit déja avancé |ulqu-a Mulheim au delè du Ro 'rt iorsquil apprit que la Viüe, après iix ; jours de trancliée ouverte, s'était ren- ■™ZP?C *fr*A éhsmm »omt.Ie Prince de Condé, pénétrakavec  CcKGRèS I5E NlMèGÜE, 5S3 llu! dars le Brabant. Le Prince eut toeptndan't la gloire d'anêttr tous lesïBCuverr.ens de cette armée, & aucun ■ des deux parts ne parut difpolée a Ufquer un trgagement gér.éral qui pouvait être luwi d'un cöté, de la perte etftier-e des rsys-bas & de 1'autre de 1'invaOon de la France. Les Frarcais furent moins heureux] en Allemagne. Le fameux Turcnne ar ies avcir,l'fnnéePrécédente, tenu li les prince* de 1'Lropire en échec battte-teofc arrrees en détail, & confervé 'IFAhace a la Fiance, était venu csm» i per a Salsbach , pour empecher Moni tecucully d'asfiéger Philistourg. 11 fe ■ cioyait a Ia veille de ruiner fes Enneli mis, lorsqu'étant allé reconnaitre une hauteur fur laquelle il voulait pofei ] une baterrie-, ii fut frappé d'unbouki ; de canon qui Ie renverfa fur la place i & teimina fa gloritufe vie. Cette , oei te fut une calamhé pubhque poui la Fiance. La douleur qu'elle cauli dais toute la nation ne faurait etn i comparée qu'a celle que fit éclater 1( peuple Romain a la mort de Germa mm.l • a confternation de 1'armée ne peu v'expiimer. Les troupes francaile déia füres de la victoire, fe.cruren èèl lors vaincues,- & les Imperiaux qui ai larent ainpcfé peur un retraite iüre porterent la confiance jufqu a elfére 1675» lort de ruienne» l I > t S t » |  i i ! ] I I r a ei Ci P L rs 55*Gu„RR. AVEC LAFaaN.&t,A S. De Lor?est0U^""K™^*. ** Fran-fo x commandemer;t, mit les victo i Mafs1e*P*Ugée,Va!oir une avmn,;(« e Pnnce de Condé bourg, alIay^Sear%D^n^ernfooi les Allemand^de tóï V ^ Haguenau & de SavernT I ig6 Pav Ieu" gwrtiers dans leu! Sire" Crfqui devanfTrèves1^^^3' de !e leur brillante profpérké nP^Ur& ^ocroi jZT e? 's ^bataille de uèür & ia S , a!ors 3a vi-  CoNGRèS DE NlMèGU£. 551 IFrance pour fubjuguer toute PEurope. C'eft principalement fur meroü l'on ii1 s'était flatté de remporter de grands' ij fuccès. Mais par une fatalité extraorJdiraire la plupart des entreprifes ten Jtées fur cet élément réusfirent aux I Francais & furent funeftes auxHollan,|dais. De Ruiter fut envoyé en 1674 ten Amérique pour attaquer les lsles Francaifes. Mais ayant tenté une defJcente k la Martinique, il futfivigoureufement répousfé, qu'il ne fut pas I même en état d'aller attaquer les aui tres lsles. Tromp, chargé dans le si même tems de tenter une defcente a S Belle -Isle fur les cötes de Bretagne 3 & de faire foulever la Normandie par le moyen d'une intelligence fecrete, fut obligé de revenir apiès une perte confidérable, Mais les plus grands coups furent frappés dans la méditerranée. Les SiciHens s'étaient révoltés contre la tyran* nie Efpagnole: La France s'était empresfée de leur envoyer des fecours: L'Kfpagne & les Etats qui avaient faifi 1'occafion de fomenter la révolte des peuples opprimés en France, fe liguerent alors pour éteindre une ré bellirn, produite par les mêmes eau fes en Sicile. L'Efpagne incapablede redu re les mutins faute de marine, eui ncours aux Etats-Généraux qui réfo ïxpedi;iün & nort de De Ruiter- en Sieile. i "Bafatge II, 628. 619. Brandt vie de Ruiter.  55<5 Guerr. avec la Franc. 8tLAS I^flurent d'asöfter un AUiéqui s'immolait pour eux & comrnencait méns ft êtr« la victirne de fa déclaration en leur! 5^1 1Sr? d^™^ent aenvoyer Sw-SlAlej-D£ -Huiter Ma-tóte d'une ,1 flotte de dix-huit vai3feaux de Ligne?: 1 iJe Kuiter mintra beauoeup de rémi 1 gnance contre cette exwédition ir 1 ■trouva ia Hotte bien ffi il ait 1 qu'il était prêt d'obéir, qu'i hazarde ' : raittoujours avec RKS SSS fa vie pour la patrie; mais qu'il était SU Quelques mag-ftrats le prie- ■ rent de vaincre fa = répugnance. C> I J.eft pas, dit il aux mmifesle I'S der ol8"er' n?a,s, a ™e commanaer. ygaad on morJonnerait d'aller en mer avec un feul vaisfeau V Z Pas' & ie ferais tóJfou s ' 'S b,Tln^re' ^esad.eux $™,Vni- 13 *SP»U? fur™t tristes & n -vaient nen d'un heros qui va a la £°rnf;te efUya des/°ntreqtems dan corZls" & éraleU? Wm?üs; fts pour. is. ll fut ag«é par les temnêtes fut PdeS BF* b°?heUr d0" i?PS vfce Rni H du COnftntement du vice-Roi deöjcde, vmgt trois miniftres  CoNGRes de NiMèGUE, 557 proteftans que 1'intolérance Efpagnole avait condamnés aux galerés. _ " De Kuiter recut ordre duVice Roi "d'arrêter les vaisfeaux qui feraient voile alViesfine. Les Efpagnols avaient dit a 1'Ar miral que la flotte des Francais ne i ferait que de douze vaisfeaux; elle le "trouva de trente fous le commandëf ment dufameux Duquefne. Lesflot- tes rederent quelque tems en préfence. Le combat fut terrible. LeChevaher : de Tourville eut ordre de conduireöc "d'attacher *un bïUlot a 1'Amiral riol,| landais. De Ruiter 1'appercut & con- traignit le capitaine a y mettre ie KB. Deux brülöts eurent le reeme foit. Un ii arand bathnetrt francais fut coulé a fond, & ce combat fut bientotfuivi dun fecond. Dans 1'intervalle les Francais recurent un renfort; & leur fl tte f« f irouva de quarante vaisfeaux. Lelie des Etats était réduite a douze & ■ :a cinq frégates & ceüe dès Efpagnols a quatre vaisfeaux de guerre & cmq frégates: ainü les Francais étaient lu'périeurs de plus de lamoitié. Le Golfer "bat fut cependant terrible. De Ruiter qui était für 1'endroit le plus élevé du vaisfeau pour donner fes ordres fut frappé d'un boulet de canon qui lui empoita la plus grande partie du pied gauche , dü ccté des doigts « lui casfa les deux os de la jambedroi- 1676.  4 1 3 t l F P a: v é ë rr ei cc vt Tl va gli rei 558 Guerr.avec la Franc. & laS. t?' u? F<;u a"-desfus de Ia cheville. il tomba de Ia hauteur de fept pieds ♦7. "e T{e bIesfa W'™ Peu derrière la tète. II mourut de cette blesfure quelques jours après. Tous les hiftoriens fe réumsfent a faire les éloges de De Kuiter. Son corps fut embaumé aSviaCU£Cr £ env°yé a Amfterdarn. Les Eccléfiaftiques Italiers refuferent la lépulture a fes entrailles.- mais les Madt.,^racufe les enterrerent a l hotel de Ville, avec une infcription dirne de ce grand homme. Malgrélafu- f/Z'f d<£ Frar?ais' la victolrerefta ndécife. Cette perre valait une vicoire aux Francais. Mais dans n troifieme combat, le Duc dé ivonne remporta une victoire coralete fur Ies.flottes Hollandaife &Efagnole. Awu la France qui, douze is auparavant, comptait kpe ne un aisfeau de guerre dans fes port"" ■ait, k force de conftance & de -me, une des premières puPfance* J v1 E,n fe J01gna« aux Hollandais otre 1'Angleterre, . les Francais a? ^^mPn,s k^ Premiers élémens de rt difficile dela conftruction nï 'e. En fe joignant enfuite aux Ans contre ies Hollandais, ils fppr" 't la méthode des fignaux & des en-  CONGRêS BE NlMèGÜE. £5£ qengagemens navals. On dit même que le Roi d'Angleterre était ii jaloux d'aivancer les progrès de la marine Franlicaife, qu'il leur enfeigna pluüeurs mékhodes ufitées dans fon Royaume. La perte de De Ruiter fut pour les ,!Etats comme celle de Turenne avait :lété pour les Francais. La campagne 1 de terre dans les Pays-bas ne fut plus ïfavorable a la République. LeRoide '! France avait mis dans la plupart des ii villes conquifes des avanturiers, diftin* i gués par de longs fervices,dontlagloiijre & la fortune dépendaient d'une •heureufe audace. Ils fe figalnaient par j des courfes dans le Pays ennemi.- les ij actiens étaient d'autant plus meurtrieres qu'on s'approchait de plus prés que dans les grandes batailles, oü Ie grand t nombre rend une partie de 1'armée inutile. Les garnifons Efpagnoles fuivaient le même exemple. Les Francais avaient en général le desïus; & cette bonne fortune n'était pas tout afait le fruit du hazard. lis étaient foumis k la plus fevere difcipline. Ils avaient toujours des magafms bien pourvusdeprovifions&demunitions: il pouvaient fe mettre les premiers en cam : pagne fans attendre 1'herbe pour lem cavalerie ni craindre la rigueur du tems pour leur infanterie» Les trou pes Efpagnoles au contraire, fautedc Tms Vil. Aa 1676. Gamp-gne en Flandre Bafnuge, i  j 554 GüERR, avec la Franc, & la S, ' prévoyance & de concorde, étaient dans un état fi déplorable, qu'elles ne pouvaient tenter aucune* entreprifefubite ni fournir des fecours a ceux qui venaient a leur fecours, Leurs places, quoique fortes, étaient mal gardées & (encore defendues plus mal en préfence de 1'ennemi. Dès le mois d'Avril Louis XIV fit 1'ouverture de la Campagne,en asfiégeant la ville de Condé en Hainaut, qui ne réfifta que quatre jours a 1'impétuofité des Francais, combattant fous Ie? yeux de leur Roi. Cette conquête facilita celle de Boudiain qui fut prife par le ?US 50rléans*' °n accuCi Louis Atv a ce fiege d'avoir craint de combattre Ie Prince d'Orange, qui vint fe préfenter devant lui avec cinquante mille hommes, pour tenter de jetter du fecours dans Ia place. Oa reproche ausfi au Prince d'Orange d'avoir pu donner bataille a Louis XIV & de ne 1'avoir pas fait. Car tel eft Ie fort des Rois & des Généraux qu'on les blame toujours de ce qu'ils font & o? ce qu'ils ne font pas; mais ni lui m le Prince d'Orange n'étaient blamables. Le Prince ne donna point la bataille quoiqu'il le voulüt, parceque Monterei, Gouverneur des Pays-bas, qui était dans fon armée, ne voulut pas expofer fon Gouvernement au hazard iun événement décülf; & Ia gloire de  roNGEès DE NlMèGUE. la campagne demeura au Roi, puisqu'il fit ce. qu'il voulut & qu'il prit une viïl e en preience de fon ennemi. Le Prince d'Orange qui avait eu la douleur de voir enlever ces places fous fes yeux , crut pouvoir fe dédommager. en leur prenant Maas' ftricht. Le 6 du mois de juillet la ville fa* inveftie; & quelques jours après la tranchée ayant été ouverte, le Prince rit faire un feu cnntinuel fur la place & livrer plufieurs asfauts. Maii fi eUe était attaquée avec courage, ei le était défendue avec bravoure, & le brave de Calvo, qui y commandait i la place du Maréchal comte d'Eftra des, oppofant fans cesfr de nouveam ouvrages a ceux qui étaient emporté par les asfiégans, ceux- ci défespereren bientöt de fe rendre msïtres de cett< importante Ville, la feule qui füt res tée aux Francais de toutes leurs con quêtes für les Etats-Généraux. En el fet 1'armée des alliés ayant été atta quée d'une maladie qui fut bien plu meurtriere qué n'avait été le fiége le Prince d'Orange n'ofa, avec lepe de monde qui lui reftait, attendre '. Maréchal de Schnmberg qui, apiès voir-fait prendre Aire par leMarech d'Humieres, s'avancait a grands p£ vers Maaftricht Ainfi ïnalgré la v; leur de fes troupes & le feu continu Aa 2 1676. Le Prince 1 d/Orange échoue de« vant , Maaftrirf» - 9 » 1 e a- il , s i:l  556 GuSRRE AViC LA FiAtïC. & LA S, dont il la foudreya jufqu'au aód'Aoüt, .il fut obligé d'en lever Ie fiége après bien du fang répandu de part & d'autre. Les Etats y perdirent entre autres le jeune Rhingrave a qui le Gouvernement de la place avait été promis ; il mourut d'une blesfure recue dans une des attaques oü il était toujours des premiers avec Ie Prince d'Orange lui même, qui dans une pareille occafion avait été légerement blesfé au bras La levée du fiége de Maftricht fut un coup de partie pour les Francais, qui craignaient fort que le Prince 11e s'en rendït maitre. Si les Etats prennent Maaftricht, écrivaient a Mr. de Pompone les Ambasfadeurs du Roi a IMimegue, ils en déviendront plus intraitables, & ne fe foucieront plus de pousfèr les négociations, a moins que ce ne foit pour faire rendre aux Efpagnols ce qu'ils ont perdu pendant la guerre. La lettre oü ils s'exprimaient ainfi, était du 21 d'Aout; & Ie 128 du même mois, avant qu'ils pusfent être informés de la levée du fiége ils écrivaient au même Miniftre: Si Mr. le Prince d'Orange manque fon coup, fon crédit en iiminuera dans les Provinces - Unies, Sc il ne pourra plus s'oppofer aux )rogrès des négociations, ausfi fortement ïu'il Pa fait jufqu'ici. Mais Guillauroe  CoNGIvèff EE NlMèGUE. 557 avait un caractere que les obftacles ou 1'adverflté ne faifaient qu'irriter. La 1 campagne fut plus heureufe en AUemagne oii les Impériaux prirent Philipsbourg, fans compter les conquêtes faites fur les Suédois. Les Etats ne virent leurs projets, réusör que dans les mers du Nordcon i tre des Ennemis dont les revers pou-' vaient le moins influer fur leurs, affaires. Tromp s'étant joint avec fon Efcadre a la flotte des Danois, lesaida a s'emparer de plufieurs vaisfeaux Suédois & del'lsle deGothland; les flottes étaient commandés par leSenateurKreus: la première action fe termina fans beaucoup de perte ni d'avantage de partie d'autre: mais dans la fecondeils furent totalement défaits. Tromp s'étant enfuite emparé d'Üftadle Roi de Danemark pour récompenfer cet ïmpor. tant fervice i'éleva a la dignité de Comte & le décora de 1'ordre de I E léphant. II Hvra une autre bataille navale la même année aux Suédois. dont le fuccès fut moins déciüf. Les revers furent, comme il arrivé tou iours , plus funeftes aux Suédois. Ili perdirent tout ce qu'ils posfedaient er Pomeranie & dans le Duché de Bre me. L'année fuivante, Iromp aidaen core les Danois a gagner furlesSuedoi: deuxbatailles navales, qui furent fuivie Aa 3 [676. ïxpécliion dai e e Noncon re le« jaecois. E«/»«C.' II. -17. 71?719- 73 3Sic. 87.. 894, II Jtdn, I i  1676. Intéréts de óivers puisfances; au Congrè ëeNimegut 2te»e/£ mem, 1 1 ] 1 < ( ] i I 1 558 GufiftR. AVEC LA FRAN.& LA Sjl de laconquête de 1'lsle de Ruffer^ qui fut enfuite reprife. Tromp n- revint que 1'année 1678. Le Koi He'D!nemarkle renvoya comblé d'rnnneur* desyEtatsP0UV°ir fe PaSfet desFIo£tes' ' L'inconftance des événemens de cette campagne eut une influencemirquéeilur les négociations Je Nimégue L'ürn-, ■pereur & 1'Efpagne retardaient le départ de leurs Flénipotentiaires, au lieu de le hater. Le Prince d'Orange,qui :ornmencait a. fe défier des dém.rches de fes aihés, était- incertain; mais dans. ! incertitude il pepchait du cöté de la guerre, efpérant donner une baaille qui déciderait de fon fort & de :elui de la République. Le Roi d'Angleterre, devenu Méiiateur, avait plus3 mtérêt a fimr la guerre qu» c«ux ïui s'y étaient engagés. 11 ne pouvait :irer aucun avantage du fort des Arnes, & la INation lui demandait non ■ eulement Ja paix, mais Ia guerreconre Ia trance. Louis XIV. envoya a .onores Mr. Courtin, Miniiïre rom»u oans les affaires par une longue xperience , & qui avait étudié la Poiiti[ue dans les meilleures fources. Les mpériaux, qui ont toujours de hautes dees de leurs troupes, elpéraient de rands iueces, & crovaient qu'il étai* B lmteret de 1'Emp'ire de trainer la>  CoNGRéS DE NiMè30E. S5f néeociation Jufqu'a la fin de la campagne. Les Efpagnols efpéraient gagner beaucoup, bien loin de vouloir céder ce qu'ils avaient déja perdu. Le Roi de France s imaginair que, profitant de fes délais, il pourrait d autant plus facilement faire une paix particuliere avec la République, qu elle était lasfe d'une guerre qui ruinait les provinces, épuifait fes fmance?. Hentrait dans les Pays-bas avec une armée fupérieure a celle des alliés ;il ieriat•tait d'une révolution avantageufe er Sicile & peut-et-e dans le Royaum< de Naples. Les Hollandais qui lou haitaient avec ardeur la paix, dont ili avaient plus de befoin quaucun d< leurs alliés, affectaient d'avoir beau coup de fr@ideur a cet égard. Le Ambasfadeurs de Hollande, dilaier les Plénipotentiaires Francais a la Mt iefté tiès-Chrétienne, ne font aucun ed( marche qui témoigne quelque empres fement d'avancer la négociation de I paix; & comme nous ne crayons ps dëvoir négliger les occafions quifeprt fentent de eonférer avec eux, nous eft mons ausfi qu'il ferait préjudiciable a fervice de votre Majefté de les reche cber avec trop de lom, & qu Us < tireraient des conféquences bien coi traires a la vérite & au^bon état * affaires de votre Majefté. Aa 4 1676* 5 t v s u r- n-' 1*  < i i > t Ti fi d é I di 1' ra le d' la éli fe 1 S60 GUERRE AVEC LA FRANC. & LA S< Les Etats avaient promis a VEfoa* gne, de ne jamais confemir a un accomodement, a moins que les af^ac des Pays-bas ne fusfent rétabliesfur le même pied gü ils étaientTla 2 des Pyrenées. L'Empereur avait de grandes prétentions fur 1'Alface • & cpmme la plus Arande partie de 1'Empire avait époufé la même caufe, on avait efpéré de réduire la Francemr la fupérionté des forces. Les Etaïs iccablés fous Ie poids des irnpötf & raverfés confidérablement S ,'eur rommerce, foupiraient, il eft vS XiV*!?5 ,& S^s par les pS 'aie ? ndePn.la France> ils aient, ft eft vrai, aucune préten- ion qu, les arrêtat pour fa concS- 0115 maïs les fentimens de Ia recon- aisiance^ les principes même de Ia ine politique ne leur permettaient nas 'abandonner les alliés auxquels ftf rmce d Orange qui avait laplusgraï mfluence dans les délibérations de £ at, brülait de la foif de la gbire naire, & fe voyait avecunorfS ife complaifance a la tête de tant armées dont on efpérait de bï its fucces. Sous diversprétextes, il ida, pendant toute Ia campagne, de rouver avec le Chevalier Temple lorsque, ies troupes étaient retiréS  CoKGRè'S DE NlMèGUE, JÖI dans leurs quartiers d'hiver, il dit dans fa première conférence avec ce ministro, que t3nt qu'on n'aurait pas frap* pé de plus grands coups fur la France, on efpererait en vain d'en obtenir des conditions raifonnables & qu'ainft les négociations étaient inutiles. II eu vrai que pour obtenir des conclufions favorables de la France, il fallait avoir humilié fon orgueil & abaisfé fa puisfance; mais les confédérés auraient du mieux s'accorder pour obtenir ce fuccès. Ainfi, quoiqu'ils ne pusfent refufer une médiation, d'ailleurs fuspe&e, la négociation n'avancait gueres, par la mauvaife difpofltion des puisfances médiatrices. Lord Berkelei, Sir William Temple & Sir Lionel Jenkins furent les miniftres de 1'Angleterre. Les Hollandais qui foupiraient pour la paix ne fe firent guere attendre- Louis qui efpérait de divifer les Alliés & 1'avait bien qu'on nc pouvait ni les féduireni leur donner la loi, envoya des Ambasfadeurs. La Suede qui efpérait recouvrer par des traités ce qu'elle avait perdu par lei armes presfait ausfi Ia négociation Mais comme ces puisfances ne pou vaient feules forme unepacification gérié rale, le congrès ne fervit de rien. C'était par les événemens de 1 guerre, plutöt que par les conférence Aa * g s  i i t « a t< te in 31 K 3K SfoGtlERR. AVEC LA-JF&AN.. & LA §I des négociateurs que les ariicles de la~ paix devaient être déterminés: & c'eO" par \k que les Francais confervaient' leurs avantages. Vers le milieu de fhiVer, le congrès de Nimégue fut apen prés complet, & les plénipctentiairesde 1 tmpereur cc de ï'Efpagne parurent alors. Ils ne vinrent, cependant, qu a contre cceur, intimidés' par l»s menaces des Etats quidéclaraient, au cas de plas long deïai, qu'ils étaient dispolés ajaire une paix particuliere avec la France. Le fardeau de Ia guerre devenait tous les jours plus ac:ablant pour la République. Són coranerce en éprouvaitr des dommages é* Kirmes; .& ce qui ne chagrinait pas noms une nation toute commercante, : était de voir que celui des Anglais lonsfait h proportion, a 1'ombre de Ia eutralné. On ne fentait que trop aue es avantages une fois oerdus ne'fe icupéreraientpius. Elle n'avait d'autres lotirs de pourfuivre Ta guerre que d'obsur une bonne barrière- d&s les althrS:- ?ais ,rEfP3gne , outre Ia ïblesfe irréparable oü fe trouvait cet. monarchie, était agitée de divifions 1 oeftines entre le parti de Ia Reine égente & celui de Don juan,. frere * turel du Roi mineur. Quoiqu'elle fat pas en état de protéger fes posmm aes Pays-bas , éVlq étuxxé»  CoNGRèS DE NlMéGÜE. $6$ folue de ne pas conelure de paix qui les laisferaient expofées aux mlultescfc aux attaques d'un voifm ambiüeux & puisfant. Elle tournait principalement les yeux fur 1'Angleterre, qui ne pouvait permettre une conquête qui ne manquerait pas d'entrainer celle des Provinces-ünies & d'expofer 1'Angleterre. Cette politique était faine, fi Charles eüt fuivi fes vrais intéréts; rien furtout n'épouvanta plus les Anglais que les fuccès continus des Francais. La fortune des Francais ne contribua pas peu a accéférer la lenteur ordinaire des négociations de paix ou les intéréts étaient fi différens. Le Roi de France s'étant appercü qu'il ne pouvait vaincre 1'obftination des divers alliés ou'a force de fuccès & que ces fticcès1 dépendaient de la promptitude, avait ouvert la campagne dès le mois de Mars par le fiège de Valenciennes: cette ville fut prife das. faut par uh de ces événemens finguliers qui caraetérifent le courage impetueux de la nation. Le Roi faifait ce fiege, ayant ave» lui fon frere & cinq Maréchaux- d< France, d'Humieres,- Schomberg,.l: Feuillade, Luxembourg & de Lorges Les- Maréchaux commandaient cha cun leur jour, i'un après 1'autre. Vau ban dirigeait toutes les onérations Aa 6. Nónveaus fuccès desFrancaisdans les Fays-ba?» ; Prife d vancé vers 1'Isle de Tabago, il livra bataille a Binkes: & le premier-engagement ayant été égalementfunefteaux. deux flottes fans amener rien de décifif, il livra une feconde bataille, oü les Hollaudais furent battus , le commandeur tué & 1'Isle de Tabago prife. Les Francais enleverent plufieurs autres places aux Etats dans PAmérique. Leurs pirates furtout firent des prifes oonfidérables- fur les b&timens de la pêche du Groenland; i L'on travaillait toujours a INimegue k concilier les dixférens intéréts des puisfances-belligérantesi mais rien n'in trigua fi fort les politiques, que levoyage fubit du Prince d'Orange en.Angleterre,. Le Roi Charles, qui le craignait a caufe de fes relations avec les mécontens, le vit arriver avec plaïfir, réfolu d'sn tirer avantage pour disfi* per les foupcons & le mécontentement de la nation. II crut avoir moyen de Pattacher irrévocablement a fes intéréts. C'était de lui donner en mariage la fille ainée du Duc d'York héri* der préfomptif de la Couronne, fon Eere n'ayant point alors d'enfans males» ,a- jeune Princesfe avait été élevée èans Ia reb'gion proteflante*- Le Erin» i6yji Voyage Sn Prince d'Orange St ör, mariaïé en Anjlsterrer  1 f c d i l O '1 P< V2 Pi ps av 5Ö8GUERR. AVEC LA FRANC .&LAS. ce d'Orange fut d'aootd enchanté de t-nanes crut 1 avoir enchainé par ks doublés Lens de 1'amour & de Ia re connaisfancej rnais fa furprife futeaxtJl. me Icrsque youlant conférer avec lui fui fes intéréts polidques & fur ceux de la France, Ie Prince éluda des'ou vnr fur ces fortes d'aifaires/avantque 3e manage eüt été conclu Charles S^V°,r Ie ^ner> en retardaS -ous d.fférens prétextes, .le tems asfigné pour les n6ces. Mai»TeniPIeé£nt Se ffielr Prince' le^uv?demï ✓aile humeur, fe repentaat d'avoir fait e yoyage 1'Angleterre & réfolu deJa jumer en peu de iours. Avant cePen! lant de partir , ü vouIait dit il , proper ,es ccnditions auxquehes i s li 'raient enfemble a 1'avenir, c'eft ad ecommeIesplusgrandsamisoules dIus rands ennemis. Charles, frappé dJ ette menace, craignk Pimpresfion oue ^év&eTSt ïe SSffi ! regne, qui plut tant aux Anglais ou» les parti* s'unirent a Si' 'ftlsTéét , Arrlingt0n^ 9ui?Z it pas eté dans lefecret,neputs'em. cher de témoigner fon approbadon ait, dit-il, deschofes bonnes en ei-  ! " CoNGRès DF, NlMèGÜE. 56$ les-mêrnes, mais que l'on gatait par la maniere de les faire, comme \\ y avait des chofes mauvaifes que l'on rendait par la: mais il était obligé d'avoue que cette alliance était une 1 chofe fi bonne en elle-même, que la ! maniere de la faire ne pouvait la 1 gater. On remarque que le Prince i demanda aux Etats-Généraux leur con■I fentement fur cemariage, & qu'ils 1 acI corderentl avec des formalités particulieres a leur gouvernement. Mais ce 1 mariage furprit üngulierement Louis 1 XIV qui, accoutumé a tout régl er dans i la cour de Londres, fut frappé d'ap1 prendre qu'une demarche de fi grande \ fmportance y eüt été prife fans fon a1 vis, & meme a fon infcu. Louis XIV, déürant fincerement la I paix, mais ne défirant pas moins de( ■ garder fes conquêtes, réfolut d'intimi-, I der les puisfances médiatrices par de 1 nouvelles conquêtes. Les Francais en-1 ; trerent en campagne dès le mois de i Mars &; s'emparerent deGand, d'Y1 pres &-de Louvain. Les Etats-Gé1 néraux, éblouis |des offres avantageu: fes que Louis XIV leur faifait, pour les attirer a une paix particuliere, fe l montrerent de plus en plus difpofés a les accepter. Ils avaient d'abord com: mencé par faire avec la France urn j efpèce de traité éventuel , ou il futfti- VccomoJanent pariculier enre la •rance Se es Etats.  J678 J t I n t< K K p u b( $70 GUERR. AVEC LA FRANC.cS La S„ pulé que tous les difrérens entre lesdeux puisfances éraiei.t décidés,au cas que les alliés de part & d'autre pusfent etre contents, Cette fatisfacJ^o nf,Pa;aisfait g^res vraifemblabie, mais elle fut beaucoup accéiérée par 5. * e ,es mauvai^uccèsdesconfédéfar u grande lmP3f'ence des Etats. Mais les Francais refufaient de rendre RTnfJ^f C0n*lires da"s 'es Pays-bas Efpagnols, a moms que Ia Suede nï fvec aio aHff"* a5!ait '«meneervee plus de fureur que jamais. Dans ette circonfta.ice, les Etars firent une. Iiance avec 1'Angleterre oü il fut ft£ f n^f1 Ies, Fran?ais fe «fiifaienti a paix dans le terme de iT iours Angleterre joindrait fes arméesa cel- II ^ ttat>r 9tte «claration fit ant d impresfion iur lesFrancaisquele rAout. fi* ügnée a Nimegue lafateufe paix dont voici les aföjfo L trés ChJ- 1*™$* 5mre Sa Wajes. tres-Lhrétienne & fes öuccesfeuraois de France & de Navarrr& fé! oyaumes, d'une part; & les séi .eurs Etats- Généraïx des Province 1 mes des Pays -Bas, d'autre, unéS* Srtf6r^-' fidele * i-iolaK sleront erduite, & fcront délaisW  CoNGRès DE NlMèGUE. 57! tout aetes d'hoftilité, de quelque facon qu'ils foient entre ledit Seigneur Roi,' & lesdits Seigneurs Etats Généraux tant par mer, & autres Eaux que par terre, en tous les Royaumes, Pays, Terres, Provinces, & Seigneuries,& pour tous leurs ftljëts, & Habitans de; quelques quaütés ou conditions qu'ils foient, fans exception de lieux ou de Perfonnes. H Et fi quelques prifes fe font de part ou d'autre dans- la mer B.ltique, ou celle' du Nord depuis Terneufe jufqu'au bout de. la Manche dans 1'efpace de quatre ftmaines , ou du bout de ladite Manche jufqu'au Gap de St. Vincent dans 1'efpace de fix femaines & de la dans la mer Mediterranée & jufqu'a la Ligne dans 1'elpace de dix femaines, & au-delè de la i.igne, & en tous les autres endroits du monde dans lefpace de huit mois a compter du jour que fe fera la publication de la Paix a Paris & a la Haye, lesdites prifes & les domages qui fe feronfr de part ou d'autres après les terro.ee •préfix feront portés en compte & tout "ce qui aura été pris fera rendu avec compenfation de tous les domages qui en ièront provenus. Hl;. 11 y. aura; de plus entre le dit Sei» 167%  i i ( ] j <] ] 5?2Gu^aas avsc la Franc. & la S. ÏÏénLux Iesdl'rS généraux, & leurs fujets & Habitans réciproquement une Oncere, feme,& perpetuelle amitié & bonne corSporf. dance, tant par Mer que par terS en tout &partout, tanteJdedïïs, queoï offenf's ouT6' f3nS fe^renqdreddees onenles ou domrmges qu'ilsontrecus IV. vertu de cette amitié & corïespondance, tant Sa Majefté que les Seigneurs Etats-Généraux , p?o ureront & avanceront fide!em J & la prospérrré 1'uu de 1'autre pa? ance T/n"' aids' Conreil> & fous tems, & ns confentiront a Paveel UUC"n Traité ou Négociation 'un ofr/peM apP°rter du dümage? .un ou a 1 autre , mais les rompront X en donneront les avis réciproquecent avec foin & flnGeritéL1£™rqu£ ■ iu'ils en auront connaisftnce. * _ V. ltr"!S f"r ^squels quelquesbienson*. *é faifis éc confisqués a 1'occafion X adite Guerre, leurs Héri Savant :aufe, de quelle condition ou ReliS udspuisfentêtre, jouiront dSÏ 'iens , & en prendrJont eteur autorité privée, &PeQ S  ■ CoNGRès DE NlMèGUE, J.75 du préfent Traité, fans qu'il leur foit befoin d'avoir reeours a la Juftice, nonobftant toutes incorporations au fifc engagement, dons enfaits, fentences préparatoires ou définirives donriées par défaut & contumace en 1'abfeence des parties & icelles non ouïes Traités, & Accords & Transactions, quelques rénonciations qui aient été mifes lèsdites Transactions pour exclu re de partie les Biens, ceux a qui ils doivent appartenir, & tous & chaque Biens & Droits qui conformément au préfent Traité feront reftitués, ou doivent être reftitués reciproquement aux premiers Proprietaires, leurs floirs éc ayant caufe, pourront être vendus par lesdits propriètaires, fans quiil foit befoin d'impetrer pour ce eonfent.menfe particulier j & enfuite ka propr'utairës des Rentes qui de la part des fifcs fe ront conftitués en lieu des Biens vendus; comme ausfi des rentes & Actions étant a la charge des fifcs, respectivemcnt pourront difpolèr de 1 proprieté d'icelles par vente ou autrement comme de leurs autres propres Biens. VI. Et comme le Marquifat de Berg op Zoom avec tous les droits & revenus qui endependant & généralement toutes les terres & biens appartenants a [678^  iff78. j i * < < t 574 Güerr. avec la Franc. & laS» Monfieur Ie Comte d'Auvergne, Colo- ' nel Général de ia Cavalerie-Legere de France, & qui font fous le pouvoir desdits Seigneurs Etats-Généraux des Proyinces-Ünies, ont été faiGs & confisqués k Poccaöon de la Guerre a laquelle Ie oréfent Traité doit met tre u„e heuretife fin, il a été ac?ordé que ledrt Sieur Comte d'Auvergne nnfr leT*aas la P°sfesfion dudit rvlar- a£Z a dépendances; comme ausfi Prï l^J CtIOÖj' Pll*H<*, Ufances& Prérogatives dont il jouisfait lors de !a déclaration de la Guerre. VIL Chacun demeurera faifi, &jouiraeffectivement des Pays, Villes & Pla- mS'i3erreS,.Isles & Seigneuries, tant ui dedans qu'au dehors de 1'Europe, luil tieot öc posfede k prefent, fans ïtre troublé ni ünquieté directement e fST6?6*' de ^"e'qw&con que Maïs Sa Majefté Trés- Chrétienne yuiant rendre aux Seigneur. Eta5t Généraux fa première amitié, & leur ïtr?? c ne ^euve P^ticulieredans S l, Ca(i0n'„les remettra immédia. ement après Péchange des Ratificaiobs, dans la posfesfion de la ville de daaftncht, avec le Comté de Vronof  CoNGRès de NïMéaüï. 557 |& les Comtés & Pays de Fauquemont, iDalhem & Rolleduc. d'Outremeufe, tavec les Villages de RedemptionBane Ide S. Servais, & tout ce qui dépend |de la ditte Ville. ÏX. Lesdita Seigneurs Etats Généraux promettent, que toutes chofes qui con; cement 1'exercice de la Religion Ca: tholique Romaine, & Ia jouïslance des I Biens de ceux qui en font profesfion, I feront rétablies & maintenues fans aucune exception de ladite ville. de I Maaftricht & fes dépendances, eri 1'état & comme elles étaient réglées par la Capitulation de 1632 & que ceux I qui auront été pourvus de quelques I Biens eccléfiaftiques, Canonicats, Per: fonnats, Prévotés, & autre Bénéfices, y demeureront établis, & en jouiront fans aucune contradiction, X. Sa Majefté rendant auxdits Seigneurs Etats Généraux la ville de Maaftricht j & Pays en dependant, en pourra faire I retirer & eroporter toute 1 Artillerie , j Poudres, Boulets, vivres, & autres j Munnions de Guerre qui fetrouveront au tems de la remife ou r^ftnution d'icelle, & ceux qu'elle aura coirmis a cet effet , fe ferviront , fi bon leur j femble, pendant deux mois, desCharlïois & Batteaux du Pays; auront le  1678. 576Guebae avec la Franc; & la S. pasfage libre tant par eau que par Terre, pour Ia retraite desdite Muni tions; ét leur fera donné par les Gouverneurs, Commandans, Officiers, ou Magiftrats de ladite ville, toute les facilités qui dépendent deux, pour la voiture & conduite desdites Artilleries & Munitions. Pourront ausfi les Officiers, Soldats, Gens de Guerre & autres qui fortiront de ladite Place, en tirer, emporter les Biens Meubïes k eux appartenans fans qu'il leur foit loifible d'exiger aucune chofe des Habitans de ladite ville de Maaftricht & des environs ni endommager les mai. fons ou emporter aucune chofe appartenant aux dits Habitans. XI. Tous Prifonniers de Guerre feront délivrés d'une part & d'autre, fans diftinction ou réferve, & fans payer aucune rancon. XII. La lévée de contributions demandée par 1'Intendant de Ia ville de Maaftricht aux pays qui y font fburois, fera continuée pour tout ce qui reftera k échoir jufoues ó la Ratification du préfent Traité; & les arrérages qui refterent feront payés dans 1'espace de trois mois après le terme fusdit dans des termes convenabie & refiden- te  CoNGaès Da NïMèGUE. 570 te dans une des villes de h domination de Sa Majefté. XI!!. Les Seigneurs Etats • Généraux ont rromis & promettent nonfeulement de oemeurer dans une exacte fNeutralké, isns pouvoir asfifter directement ni indirectement les Ennemis de la Fra ,£esfeurs, cette Paix & Alliance ne laisfera pas de fubfifter en toute fa force, fans que pour cela on envienr.e a la rupture deTAmitié, & de' la bonne correfpondance: mais on repare? ra promptement lesdites contraventions & fi elle precedent de la faute de quelques particuliers fujets, ils en feront feuls punis, & chatiés. XV. Et pour mieux asfurer a 1'aver.ir Ie Bb  1678. 580 Guerre avec la Franc & la S. Commerce&Pamitié entre les fujets du dit Seigneur Koi , & ceux desdits Sei- • gneurs Etats- Généraux des Provinces Unies des Pays-bas, il a été accordé & convenu, qu'arrivant cy-après quelque interruption d'amitié, ou rupture entre la Couronne de France, & les dits Seigneurs Etats-Généraux des dits Provinces Unies (ce qu'a Dieu ne plaife) il fera toujours donné fix mois de tems après la dite rupture au . fujet de part & d'autre, pour fe rétirer avec leurs efFets, & les transporter ou bon leur femblera, ce qui hur fera permis de faire. Comme ausfi de vendre ou tranfporter leurs Biens &meu. bles en toute liberté, fans qu'on leur puisfe donner aucun empêchemant, ni proceder pendant ledit tems de fix mois a aucune faifit de leurs efFets, iaoins encore a I'arrêt de leurs perfonnes. XVI. Touchant les prétentions & intérêe qui .concernent Monfieur le Prince d'Orange, dont il a été traité & convenu feparément , par Aéle figné ce jourd'hui, ledit écrit & tout le conténu d'icelui fortira fon effet, & fera confirmé, accompli, & executé felon fa forme & teneur, ni plus ni moins jue fi tous leidits points en général,  CoNGRès DE NlMèGUE, 5§I ou chacun d'eux en particulier, étaient ; de mot a mot interés en ce préfent ■ Traité. XVII. Et comme Sa Majefté& les Seigneurs Etats - Généraux reconnaisfent les puis; fants Offices que le Roi de la Grande Bretagne a contribué incesfament par fes confeils & bons avertisfemens au falut & au repos public, il aétécon» { venu de part & d'autre, quefaditeMali jefté Britanique , avec fe?Royaumes foit compris nommément dans le préfent Traité , de la meilleure forme que faire fe peut. XVIII. En ce prefent Traité de Paix & d'Alïiance feront compris delap?.rtdu dit Seigneur Roi Trés Chrétien, le i Roi de Suede; le Ducd'Holftein, 1'Ei vêque de Strasbourg, & le Prince 1 Guiiiaume de Furilemberg; comme intéresiés dans la prefente Guerre. j En outre feront compns, fi compris i ils veulent être, le Piince & la Coul renne de Portugal, leDoge&laüe* | gneurie de Venife, le Duc de Savoye ies trcize Cantons des Ligues Suistes & feurs Alliés; i'Électeur de Bayieré, : le Duc Jean Frederic de Brunstvik ; Hahover, & tous Rois, Proteftants, I trincer, & Etats, vides & perlcrmes, ' parucuheres, a qui Sa Majefté Tres^ ' 1 Bb 2 1678.'  1S78. i g8% GUE3RB AVEC LA FRANC & LA S. Chrétienne, fur Ia requifition qu'ste lui en feront, accordera de fapartd'être compromis dans ce Traité. XiX. Et dc Ia part des Seigneurs EtatsGénéraux, e Roi d'Efpagne, & tous les autres Alliés, qui dans Ie tems d& fix lemaines, a compter depuis le cbange des Ratifications , fe déclareront d accepter la paix , comme ausfi les treize louables Cantons des Liguea , ":?fes' ,& leurs A1'ié» Confédérés, la ViUe dümbden, & de plus tous Rois, p/mces, & fctats, Villes & per/onres particulieres a qui les Seigneurs Eta'ts ' Généraux , fur Ja requifition qui leur' 01 fera, faite, accorderont de leur $m « y être compris. XX.. . Ledit .Seigneur Roi, & lésdits Sein «leurs Eta^-Généraux cohfentent av.& ± kJv r Gran,de Blé^c, com, me Mddiateur, & tous autres potent %its etv princes qui voudront bjen entrer en up pareil engagement, puisfeat donner a SaMajeftt, auxdits Seigneurs Etats Généraux leurs promesre st obligations de Garanüe de i'execu-5 Kaitéf t0U- 16 C°menU aU prefent ,T " XXI. Le prefent Traité fera ratifié et 33B-ouyé. par ie dit Seigneur Roi, et  CONGRè'S DE NlMèGUE, 58^ lesdits Seigneurs Etats Généraux , et les Lettres de Ratification feront delivrées de 1'un & de 1'autre en bonne & deuë forme dans leterme de fix femaines; ou plutöt fi faire fe peut a compter du jour de la■■ fignature. Qnatre jours après que ce traité fut figné le Prince d'Orange fit voir a quel point il portait ou la fureur de la gloire, ou le deür de tairs ia paix, ou le mépris fe fes jemblables, II était campé prés de 1'Abbaye de St. Denis; non loins vis a vis de Pannés francaife qui tenai! encore bloquée la ville de Mons en Hainaut jufqu'a ce que les-.confédérés eusfent donné fatisfaction au Roi de Suede. Le Duc de Luxembourg qu la. commandait fe repofait lur h fignature du traité , lorsqu'il apprenc que fon quartier eft attaqué par touti les. troupes du Prince d'Orange. I vole a ce moment donner les ordres & quoique une attaque ausfi imprévm eüt.d'abord eaufé une extréme confu fion, peu a peu il vknt a baut de rs tablir les rangs; le combatdevientalor des plus meurtrieres. Le Prince d'0 range courut lui-saêine un trés gram danger de favié. Un cavalier Frangai était prêt a décharger fon piftolet fu lui; Henride iNasftu Seigneur d'Ov Bb 3, l6y& Bitaiüe de' St. Oen is. Tlafi,^ ÏU '94*' k 'y- S 1 s ti  ï67S JHemeire d' frtmrville. 584®UERa. avec la Franc .&laS. werkerk s'en appercut afiez a tems pour renverfer le Cavalier mort a fes pieds. La nuit feuie fépara les deux armées, rinfanterie du Prince d'üraage refta maïtresfe du terrein: mais cet engagement coüta la vie a piufieurs miliiers de braves gens departdc d'autre. Je ne fais pas comment nos'gens prendront la bataille d'hier, écrivait 1» prince au grand penfionaire Fagel; mais je puis vous asfurer devantDieu que je n'ai fu qu'aujourd'hui par votre lettre du 31 que la paix était conclue. Mais , outre au'ü n'y avait pas d'apparence que lés Etats eusfent négligé de lui donner avis d'une affaire ausfi importante, le prisce avoua depuis au Sieur de Gourville qu'il favait a Ia vérité que la pa^x était faite, mais qu'il avait cru cue ce pouvait être une raifön, pour que Mr. De Luxembourg ne fut plus fur de fes paroles & qu'il avait comidéré que „la perte de quelque monde ne fe„ rait d'aucune confequence; puisqu'ausbien il fallait en reform er." Ces paroles atroces n'ont pas oefoin de sonamentaire.