TABLEAU D E L'HISTOIRE DES PROFINCES-UNIES. TOM. rui.   TABLEAU D E L'HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROFINCES- UNIES. VAK A. M. CERISIER, TOMB HUITIBME» _jhez B. WILD; M D C C L X X x TT   T A B L E DES MATIERES Contenue dans le Huitième Volume. Louis XJVpeut gagner les Prov. Unies. Oppofnion comre Gut li. JIJ. R ivalité entre le Roi de France'& Ie Prince d'Orange. Louis XIV laiiïe percer fon. deflein de s'allier avee la République. Conteftation au fujet de Maastricht, Querelle avec 1'Elecleur de Brandebourg. DifputesinteQines au fujet du licenciement. Difpute avec Amfterdam au fujet -des fortifkations de Naarden. Etat intérieur & dispoiuions des efprits dans la République. Objet de la l'o* Htique de Gjaillaume III. La France propofe un alliance aux Etats, traverfe celle que 1'Angleterre leur propofait. Orguei' de Louis XIV. Aflbciation entre la Suede & les Etats-Généraux. EfForts de la France pour rompre 1'ailbciation. Dispute avec la Franse fur le falut du pavillon. ConduL-e des Erats au fujet d'un enlevement ptvetré par Ia .trance. Les Efpagnols demandent. des fesour$ aux Etats tontre le Roi de Frs&ce. FolitJ--  u TABLE des; MATIERES. que ambitieufe de Louis XIV. Poütique adroite des Provinces-Unies. Disputes avec ™ect,eur de Brandebourg. Louis XIV fe guit de la Principaut.é d'Orange. Querelles de VOoR-fnfe; L'Empereur entre 'dans 1'aüociation. Le Prince d'Orange fait partir une flotte pour Gotthenibourg. Hoftilités des Francais dans lesPays-Bas. L'Efpagne reclame des fecours de la pait desEtats-Généraux. Propofitions des Francais. Le Prince d'Orange propofe- une levée de feize mille hommes. Oppofition de la Ville d'Amfterdam. Le Prince d'Orange vienfa Amfterdam a la tête d'une Députation. Langsge hardi d'Amfts-dam contre le Prince: d'Orange. Reflentiment du Prince contre la Ville d'Amfterdam. Déclaration de la ville d'Amfterdam. Inte!ligences entre la Ville d'Amfterdam & 1'Ambaffadeur de Frarrce. Accufations contre la Ville d'Amfterdam. Propofition de lever les feize mille hommes a la pluralité. Teneur de ia lettre du Comte d'Avaux interceptée. La levée des feize mille hommes paffe a la pluralité des voix. Proteftation , oppofition de Ja vilie d'Amfterdam contre la levée. Artifice employé pour intercepter ces lettres. Le Prince. d'Orange produit les lettres du Comte d'Avaux interceptées. Le Sceüé mis fur ies jiapiers d'Amfterdam. Le Comte d'Avaux iuilifïe la vilie d'Amfterdïm. Amfterdam demarde la levée de. fes papiers, Articles pour contre la ville d'Amfterdam. Conférence óe v«i Beuningen avec 1'Envové de Brandebourg. Converfation du Deplté de Brandebourg avec le Prince d'Orange & le 'Penfioaaire. DiScukés de la Zélapde pour ia nou veile  'TABLE des MATIER2S. in • levée. Difficultés & obftacles en Frife & C'öjiingue. Vigueur de la Ville d'Amüerdam. Fropofitions de 1'Ambafladeur de France Oppofitron des Provinces de Frife & Groningue. Concluiïon de la Tréve de vinet ans. Articlesde la Treve devingtar.s Difficultés fur la ratification de ce Traité. Reflesions fur ce Traité; coup d ceil fur les affeires politiques. Dispute fu'r la Réduction des - iroupes. Propofition remarquaWe de la viJe d Amfterdam. Réponfe des Nobles Ressentiment du Prince contre la ville d'Amfterdam. Guillaums TH augmente fon Autorhs dans les Villes. Innovatiön dans la ville de Gorkurrv Changement a Utrecht. Quereile a Dort fur PEle:t!on des B-onms - gms - de ■ hmt. Dispute vee la kegencede Leide. Le Prince d'Orange s-accomodeavec la ville d'Amfterdam. Laviifede Deventer refufe de fe föumettre au Reglement de 1675. Précaution de la. ViHe a Amfterdsra. RcvQcation de PEdit ds Na mts. Perfécution des Proteftans en France. Les Refugiés Protefttns accueillis en Holiande Jnnuence -de cette perfécution fur les aifai:es' ■ politiques. Les Marchands cfeAmfterdam p-éienre.it une Requête. Repré£i!le des EtkGeneraux contre les Catholiquès. FauMe politique de Louis XIV. Dommage cauféptr •ur gagner les Etats-Généraux. Préparatifs ïur a guerre. Guillaume III ligue £en0ü. au 1 Europe contre Louis XIV. Deman:s des Anglais & des Hollandais. Néeomons du Comte d'Avaux. Nouvel effort : Louis XIV fur les Etats. Les négocia>ns rompues. Guillaume III. ferme lagrani Alhance. Mort de Guillaume III. " 169$ 1700. 170J.  'vm TABLE dbs MATIER.ES. Mat Politique des Pays-Bas-Unis. Forces de 1'Etat. Disputes pour la Succes j. llon de Guillaume. Suppreilion du Stathou I derat dans cinq Provinces. Changernens-dani les Regences. En Gueldre. En Over-yflcl» Dans la Province d'Utrecht. Fadions ej| Zelande. IVouveaux Troubres en Gue'.dresli La Hollar.de augmente fon autorité. Dispuit] tes fur 1'élévation du Prince.  TABLEAU L'IIISTOIRE des PRO FINCES-UNIE& Efforts dt Louis XIV. pour gagner hs Provinces - Unies. Oppofition contre Guil-> laumt III. La paix de Nimegue ne calrria pas les inquiétudes dff 1'Europe, Tom. VIII. a I6-9.  169.. Rivslitc curie le Roi de france & Je priacc d'ürauge. 2 Louis XTTr.. peut gagner fes Prop. Unies. Louis XIV,en défarmant les ProvincesUnies par des propofitions qu'une petite Républiqaècomnierf^nte ne pouva;tgueresrefufer,n!avait chcrche qu'a la détacher de fes aüiés & a rompre la li°-ue fonnée contre lui. Ce prince avait réuffi La mamere dont les Etats Généraux avaient forcé lesalliés a recevoir cette paix ayant brifé tous les liens de la confiance; Louis XIV réfolut d'en tirer parti La Rcpublique avait en Part de perfuader a tous les Etats jaloux de la grandeur Fraroaife, c'elt a dire a toute 2'Europe , que fon exrftence était le point d'oti dépendait la liberté générale. Louis XIV la regardait lui - rnétne eomrae une conquête plus facilc k faire qu'a conferver. II nc pouvait oublier que, depuis bicn des annces, dans le tems même oü elle paraiffait avoir dispara du globe, elle avait pu foulever i'Europe contre lui&mettredesbornesk fes projets. .Renongant donc k tout espoir de Ia niettre au nombre de fes Pronnces, il 'refolut d'en faire une amie En parvenant a ce proiet, il efpéraic n'avoir plus rien, qui m'it obftacie a fes ?ues ambitieufes'. „ Attaché avec ardeur k eet objet { il :ut_ longtems la bafe de fa politique. Vlais il fe trouva partout traverfé par' m de ces hommes qui font nés pour  Oppofition comre Guiil. III. s cPéf,er les grandes révolutions. Le Prin-ce d'Orange animé par le relTentiment perlonnel féconde parlesdrconftances. jfc degmfant habilemenc fon ambition fous le prétexte impofant du maintien • n™in*rETpéenne» ««ivement menacée, ofa fe produire pour Rival oe Louis, & descendre contre lui fur «1'arene politique de 1'Europe. Heureulement, fon interêt fe trouva partouC ™?^TQi lintëlêt Sénéral & Contraire k celui du Tyran des nations. Les intrigues de ces deux illuftres perfonriages pour fe traverfer & fe tromper 1'un & 1'autre, font les fources d'uü découlent tous les faits ïntereffans qui vontfuivre. jusqu'aux grandes époques qui déveloo! perent cette fermentation & réplong?. rent l'Europe.-dans les horreurs de la , guerre. Nous verrons comraent Guillaume , avec ie reflbrt de fa politique , foulevales nations , balanga Penor! me puiffance des Frangais & leur prépondérance dans la guerre P - -C'S!Len quelque fagon, ï'hïftoire du retabliffement de 1'EquiUbre en Etfropï que nous a lons traeer. L'Equilibre K pas un vain nom. Ce n'eft pas un fy. fteme nouveau. La nature 1'infpire également dans 1'un & 1'autre hérSfphere, & dans tous les Etats des fociétés hul -mnnes. On fenc partout une jffiSfe A a  %6\g. , 4 Louis XIV. veut gagner lei Pr er. Unies. innée contre toute puilTance prépondé_rante : ce penchant a raaintenir une balance de pouvoir eit mêrae le mobile&la ré.g!e des. operaaons des tribus fauvages 'de 1'Amérique.. Cette idee a été la caufe primitive des guerres & des révolutions .arri vees dans les Républiques de .la Grece. Dans le leizieme fiecie elle fouleva 1'Europe contre la puiiTance "Efpagnole & ne contribua pas peu a favoriler l'étabhflement de la Répubiiquc Belgique. Enfin la prépondérance & 1'ambition de la France ramenerent le« mêmes évenemens fous Louis XIV, Quand les Provinces-Unies n'auraient pas eu de Stathouder, d'autresEtats autaient fens doiue produit un autre Guillaume III. C'eft un fpe&acle bien cuxieuxque de voir, dans le tems de tant de mouyemens au dehors de la . Répu'blique JesreiTorts fecretsqu'on failait jouer au dedans pour la d^terminer. C'eft 'un fpedtacle non moins curieux de Voir, cómbien, en travaillant k mainjenirla liberté générale de 1'Europe, ces RépubÜcains avaient a lutter pour défendre leur liberté particuliere. On verra par quels-moyens Guillaume III fut fleyenir abfoiu dans> fa patrie en prenant au dehors un afcendant marqué fur les plus grands monarques. sön Terra combien, avanc de de-  Oppofition contre Guill. TIL g ▼enir, fuivant 1'expreffion générale Stathouder dK4ng!eterre, il ent de la pemc a fe rendre Roi ds iioUmde. On verra la politique toujcurs cïrconfpecïe , mefurée & lente-de la Rëpubliöue ava'nt d'entrcr en adtion; & fcsme.Wsvigóureufes, iages, & fermes quand elle fut engagee dan^ la guerre. La paix était a peins- llgnée entre Louis XIV ,\c les Etats, cme le Monarqje laïffa dans une affaire de peu de coriiequence, percer fon defiHn de fe coneiher familie de la Repubhque & de l'attirer dans fes intéréts. A te première Ambalïade qu'eüe lui envoya les Ambaffadeurs demanderent a étrè introduits avec les honneurs accoutumés, en pafiant Ia grande Cour du Louvre k travers une doublé Haye de Gardes da Corps. Les Francais héfiterent a ceder des honneurs, qu'on n'accordait, difaient-ils, qu'aux Députés des Èmpereurs &desRois.De pare Sqd'autre on s'appuyait fur des exemplesantérieurs: Louis XIV apresavoir contefté beaucoup cette faveur iteriie, fans doute pour en relever 1'importance, voulut a Ia fin felailTer ea«mer C'étaient Meflieurs Jacob Boreel,°Vaa Odyk & Van Dykveld qui firent cette entree; maïs Boreel fut le feul qui refta A- 3 1679. Loa's XIV. iaiffe fjerj^r fon Jefftin ils 5*al!ier jyee la ilemibü^ae'. Holi. Merc,  6 Louis XIV. -peut gagner les Prov. Unies-. ÏÖ79- Conteftatio;i au iiijet de Miastiicht. Refol. ' Gencr. Jout Ocfnb. 1779. Holh en France, avec le tkre d'Ambafladeur Ordinaire des Etats. L'importance que la République com • mengait a regagner, ne earda pas a Sul donner ce ton de fermeté qui 1'avait caraciériréeautrefois.L'Ambaffadeurd'Efpagne, Don Emanuel de Zyra, demandait que les Etats le miflent en poüeflion de Maaftricht & du Comté de Vroenhove, fuivant la ftipulation énoncée dans 1'ailiance conclue en 1673. Mais depuis que les chofes avaient changé en faveur des Etats, ils n'avaient plus les dilpofitions & la reconnaiffauce que 1'apprcche du danger avait lak éclore dans leurs, cocurs: ils chercherent donc a éluder ces demandes •,. & ils trouverent facilement des prétextes. Ils formerent, aleur tour, diverfes demandes aux quelles 1'Efpagne n'avait, dïfaient-ils, pas encore fatisfait •, & pour intérefler le Prince d'Orange dans cette affaire, ils. ajouterent la demande de plufieurs articles que fa maifon avait a reclamer de i'Efpagne, en vertu des traités de 1647 & 1651. L'Efpagnc avait effettivement prnmis dans ce tems la de lui abandonner certaines feigneuries & des fommes confidcrablcs; mais bien loin d'avoir rempü ces engagemens, il fe trouvak» d'après un calcul qu'on donnait pour fi-  Oppofition contre Guill. IÏJ. ■ f del, qu'elle était en arriére de fepc millions, trente lipt mille, trois eens quatre-vingt douze florins. Pour récuper.er une place d'une auffi 'grande importance que Maaftricbt, 1'Efpagne 'auraic pu fe détermi'ner a Pacquittenjent da ces demandes; auffi les Etats ajouterent une autre prétention dont 1'appréciatioiy n etait pas auffi facile; c'etaient les prëparatifs dispendieux quM's avaient faits, drfaient ils, en fa faveur: ils en Méraient qu'ils avaient tous les droits deconferver Maaltrieht. De la de vives dnputes entre les deux puifiances; mais comme chacurie des deux parties était ïntereffée a ne pas paffer les bornes pacifiques de la négoclation &. des écrits pubücs, les Etats refterent en poifeffion de la place; & 1'Efpagne garda les forames teclamces par la Republique £> le Pnnce d'Orange. Dans ces fortes'de dilputes ou 1'interêt doit toujours ï'era* porter fur Péquité , n'aurait - il pas mieux valu, pour les deux parties, s'arranger a Pamiable , Pune en avouanc qu elle ne pouvait fe deiifter d'une place d'une fi grande imporrance; & i'autre, en recevant volontiers la décharged'une dette pécuniaire qu'eile n' tak gueres en état d'aquitter ? La Republique était chargée univerfelieraent du reproche d'ingratitude. ScnaN A 4 ££ Querefle ■eeTEJeo ur dc  -f Louis XÏV. peut gagnst les Proy, Unies, 16-9. BrandeJjuurg, Tufendor] Liv. XVII Hol/ Men: i'cr. Rep Holi. ti Jul. mi. st Ai;ut. deftin était d'avoir les plus vives querelle^ avec les Princes qui 1'avaient fecourue lepiuspuiflamment. l/Eictteur de Braniebourg , furtout, ne pouvait lui pardonnér de 1'avoir forcé a une ■ paix désavantageufe avec la". France & la Suede. Avant que cette paix eut delivré fes territoires de Cleves des troupes Ennemies, ii avait, longtems & vivement, follicité les Etats de le lécourir k leur tour. On avait témöigné beaucoup de douleur du facheux etat oü il était; mais on ajoutait que la République n'avait pu, fans s'expofer a un danger imminent fe difpenfer d'avoir des ménagemens pour la France. Ce Prince, forcé a conclure la pai>", n'en devint que plus ardent a folliciter les fecours des Etats. 11 leur écrivit une lettre oü il donna le plus libre eflbr a tous les feux de fon reffentiment. II'ne fe borna pas aux reproches amers; il prétendit une indemniiation confiderable; parcequ'il avait fait alüance avec eux, leur avait donné des fecours & que leur noire défection avait~~été la caufe de tous les ravages que fes terfes avaient effuyés de la part des Frangais. Les Etats lui répondirent qu'ils reconnaisfaient, avec la plus vive fenfibilité, les fervices effentiels qu'ils avaient regus.de lui; qu'ils auraient bien défiré lui pro»  Oppofition eonfre'Gui//. III. $ eürer des conditions de paix plus avantageufes; ils fe rejetcerent enfuite fur la neceffité qui les avait forcés k traïter, & lui témoignerent que.fa malheureufe fituatiön les affligéait beaucoup. Ils affedterent de garder un filence profond fur 1'indenihifation demandée. Ils auraient également pu reprccher kl'Electeur d'en avoir ine k peu prés de la même maniere dans 1'année critique de 1672. L'Electeur,. loin d'abandonner fes prétentions, eüt k peine regu cette réponfe, qu'il écrivit une nouvelle lettre aux Etats. 11 infifta fur Pindemnifation % ajoutant toutefois, qu'il reglérait fes prétentions fur les principes d'une moderation équkable. II mit dans un nouveau jour toutes fes raifons; mais voyant qu'elles nyétaient gueres perfuafives; il crut que des moyens différens produiraient des fiütés . plus efficaces-. ' II eut recours aux menaces;. il délibera , s'il ne fe rendrait pas lui-même juftice, en faifant avancer des Troupes vers 1'Yflel. II n'ofa, cependant, récourir k. ces' violentes extrénlités fans avoir fondé la Cour de France- Maïs Louis XIV, toujours attaché k fon plaa de gagner les Etats, le détourna forcement de cette entreprife;, en repreTen.. tant k combien de dangers il s'exp». feit pour obtenii des avantages. inceitains» A 5 1679, S4 /fout,  »ïf|mtei ïnteftines •u fujet TK-fu<- \\ ïtfflt ilipulé que les deux Monarques ' e rcndaient cautions d'avance du mam■ïen de la paix prète a le conclure Le loi d'Angleterre, fachant 1'inclinatiort Ju Prince d'Orange pour cette ailiance*" ie perdit. pas de tems pour la. propoi'er* £ . Pnnce d'Orange voyait dans cettê ttaire un incident proprea mettre Char-s k a. la discretTon de fon parlement n le forcant a le convoquer. Quoique >n projet tcndit a faire exciure le Duc ïorfc de la fuccesfion, iieut 1'adrefie enchamer ce- Prince imprudent aux lefures qui tendaient a iadefttuétion; idney AmbaiTadeur Anglaisa-la Have fit )utes les demarches pour ména^er la irantie propofée. II ne fe bornait pas dire quele Roi de la Grande-Eretag.  Oppofition contre&uilL IIL - 19 ne envifagerait toute ailiance avec fa Majefté trèsChrétienne, comme une ligue .forraée contre lui: il infistait vivement fur 1'obligation reciproque de confommer ja garantie dont on était convenu ,quand 3a paix de Nimégue ferait conclue. ; AmbaiFadeur-de France continuait a faire des demandes diamétralement oppofées.- II infinuait aux Etats que fon Roi ïpgarderait toute ailiance de leur part avec quelque autre puiiïance, comrnedirigeé contre lui ; & comme il déSrait de les avoir pour amis, il demandait, en fon nom du ton le plus impérieux de fe decider s'ils voulaienr forre ailiance avec lui & dans quel rems? Deux propoJiticas auffi contradidtoires,, de la part de deux. formidahles puiffan-.. ces qu'il importait. de menager également,. fakes non feulément dans les conférences pmicuiieres, mais encore dans les affembleés d'Etat, jetterent 1'embarras & la défunion dans la Republique. Lesardens Républicainsinclinaient. vivement du cöté de la France; mais a 1'exception de huit ou dix d'entr'eux les autres n'avaient pas aiièz de courage pour agir ouvertement contre le Prince d'Orange. II y en eut même qui dans „ des conférences particulieres avec le 7 Cc-nue d'Avaux, avouerent qu'un des reffoiU les plus propres a peri uader une 1680. Vagenaar 'jfvavx i  ïö?o. a$. 17, 38. io Louis XJF'.veut gagner iesProp.Unies, nation naturellement timide & pacif!'. que, était la crainte; & qu'elle apprchenderatt la guerre encore plus que le Prince d'Orange. Une ouverture de cette forte ne contribua fans doute pas peu au ton menacant que prit alors la France. Ceux du parti contraire, k la tête des quels étaient le Prince d'Orange 64 le penfionaire. Fagel, n'onbliaicnt rieti pour ruiner ces manoeuvres. On pouvait, diiaient-il, contenter les deux monarques, & travailler a 1'alliancc avee la France, dés quon aurait conclu la garantie avec. l'Angieterre. Ils faiiaientenvifsger cette garantie comme ün préliminaire qui devait neceiTairement préceder & amener l'atlianceavec la France. Cette rufe était prête a reuffir, lorsque le Comte d'Avaux en fut inforrné. Voyant que ie tems ne lui permettait pas de s'aiiujettir aux formés,, il eut recours k une réfolution extraordinaire , pour en prévenir les effets. II fe rendit chez tous les députés desdix huit Villes de Hollande, que 1'aiTemblée des Etats de cette Province avait appellés. k ia Haye. II fut leur repréfenter avec ïant de force les malheurs d'une rupture avec la France, qull peignait comme une fuite néceflaire de la garantie avec PAngleterre , qu'ils changerent tous  -'Oppofition contre GuiïL 'IJL • sï :dravis. Les Provinces de Frife & de .-Gromngue fatfirent même cette occafion pour mortifier ie parti du Prince d'Orange, en aifectant d'affiirer 1'AmbaiTadeur . qu elles n'auraient jamais .confenti a jl ■ garantie avec l'Angleterre. Le-Comte f, Avaux esperait même de faire agréer Paihance avec la France; & il en avait reprefentê les avantageslous uneperfpec-tive fi attrayante, que le Prince d'0-< range fut un jour entier a balancer s'il ne ia propoferait pas le premier, pour ie faire un mérite d'une cnofe qu'il ne pouvait empêcher: mais le Roi de France, ayant déclaré qu'il voulait s'en tenir aumaintiende la paix pour élever Ion commerce fur celui des Provinces Unies, le Prince d'Orange & fes amis fe prevalurent de cette faulTe demarche; & les plus zélés partifans de la France voyant le Roi lever lui -même les alarmesdontils avaient befoinde s'autorifer perdirent tout courage. Le Princed'O- •* range, pour acliever de triompher, en'o attirant le peuple a fon opinion, fit in linuer aux ministres protestans depein- 9 dreen chaire 1'alliancede la France com- C° me contraire.a la religion. Le Roi." de France femblait prendre plaifir a fournir de ces fortes d'armes afes ennemis:il défendit dans fes 'Etats qu'ii y eut des fages - femmes de la religion pro- ï68o.' Htt 7l. W 73. H 3. 95. urne Re. I. Hall. • Janv*  22 LouisXÏVseul gagner lesProy. Unies. l680, teftante; pendant que le Roi d'Angleterre, craignant d'etre connn pour catholique, ce qu'il était en effet, faifait condamnerau dernier-fupplicedesprêtres de fa propre religion, Le prëfident des EtatsGenéraux enprit cccafion de repréfenter k 1'aflembleé le quel des deux Rois méTi tait le plus de confianceou• celui qui travaillait a détrulre leur religion oü celui • qui s'expofait au danger pour la maintenir. II ti'y eut que les Provinces de Frife & de Gronihgue qui tinrent bon pour 1'alliance avec la France. Les autrcs, furtout celles dont les frontieres étaient le plus expofeés k la merci des 'Francais, fe contenterent de gemir fecretement d'avoir vu manquer une ailiance k la faveur de laquejle elles esperaient fe procurer une parfaue fécurité. On aurait faifi 1'occafion de propofer alorsla ligue avec 1'Angleterre, mais Louis XIV avait pris fes furetés de ce cöté ik; il -avait eu recours k fes moyens ordinaires pour arrêter cette affaire k la fource, en gagnant le>Roi d'Angleterre : Charles II, endormi parPargent de ia France, ne s'embaraffa plus des affaires de PEurope -& laiffa Louis XIV y déployerk fon gré toute Pétendue de fapuisfance & toute la Jiauteur de fon caractere impérieux. 'Louis était alors au plus haut .point de la-grandeur; mais  , Oppofition contre Qui//, fff. .s comme Porgueil en eft ordinairement 1 ; iuue, il ne tarda pas a préparer la dé padence de fon Pouyoir5 ,par Pabus qu'i . affectad'en faire. H Ce Monarqne voyant les autres puis , fances divileés Par fes intrigues ou dé,farmees par le Jicenciementdeleurs crou,pes, augmenta fes prétentions. L'Espag• ne, dont les- poffesfions belgiques kï maient le plus fon ambition, tut auffi h première qu'il attaqua. II commenca pai forcer lelloi d'Espagne a renoncer au • CTS deJDuc de Bourgogne. Enfu-ice il demanda que les Frontieres des S pays fuffent fixées. Ivlais-rien ne re -volta dayantage que 1'érection deDiffcrens Tnbunaux, pour réunir a fa cou ronne tous les domaines qui pouvaient avoir etédureffort de fes nouvelles conquetes. Ses propres fujets étaient k la fois parties , temoins & juges dans ces tnbunaux: ils interpellerent les Souverams ,a qui ces terres appartenaient a Z°lZ*Uv ÜCres & de re"dre hommage au Roi de France; a leurdéfauta Paide d'anaennes chartesSc de .vieux docurnens, ils adjugerent ces domaines a la couronne,comme enétant originairement des hefs ou des dépendances. Les parties mteresfées intriguerent, négocieren? protesterent contre ces procédés hautain! irréguliers; maisLouisXI Y.tcrmina les 3 ■ i(58o. i « ■ Orgueil de Louis XIV.  l68o HfAvaux \ CO Dwont, T. VII. d. ii. 14. 84 &o*/V nut gagner les Pré». Unies, disputes en fe faififfant par Pépée desi places qui ne voulaient pas fe rendreaux: - arrêtsdefes chambres deréunion. Ainfii Louis ie conftituait le juge luprênie des i -.autres Souverains & faifait.pendant la 1 paix des conquêtes plus grandes encore: ■que pendant la guerre. Les EfpagnolR, , _ outrès de ces procédés revoltans, peig-' nirent aux Etats Généraux le danger 1 oü ils étaient, en perdant leur barrière, de tomber k la merci d'une puifiance qui ne fuivait d'autre régie de fes aétions .'que le fentiment de fon pouvoir. Cet incident, joint aux progrès des perfécutions religieufes contre les Proteltans en France, acheva de prévenir les Etats ■contre toute ailiance avec la France, Ses plus courageux partifans craignirent de parler en faveur d'un Monarque que fon ambition & fon intolérancerendaientgénéralement odieux. Ils fe bornerent k empioyer tous leurs efforts pour engager le monarque k changer de mefures; mais inutilement. Ainfj Louis XIV forga la Republique, non feulement k accelerer, mais encore k préparer ces nouvelles ligues qui ne tarde.rent pas k: fe former contre lui ('). Avant de fe liguer avec  Oppofition con:re Guill. fff. 25 -avec les Etats, de la Chréticnté, la Ré■publiquefit aumois de Septembrc de cette armee, un traité avantageux de com■merce avec le grand -eigneur. Les HolJandais furent affranchis de tout droit •pour 1'importation d'argent dans fes doraaines & les droits payables pour les marchandifes. furent regies a trois pour -cent. -On lurpefmit de vendre les marcnandiles dont jusqu' alors les Francais, ou les Italiens avaient- eu la vente exclufive. On leur permit d'etablir :des Confuls dans plufieurs villes de commerce. Les fujets de la Republique pris idans des vaisfeaux enncmis ne devaient ■p^us etre menés en esclavage. La maniere dont la Cour'de France trauait 1'Efpagne mérite fur tout d'être -remarqué. Elle demandait la ville & le -Comte de Chimey , & comme on ulait de quelques tielais, elle forga lesEfpagnols de la fatisfaire, en faifant entrer ■des troupes dans le paysdeLuxembouro•Les plaintes devinrentfi vives que lesdifierenr.es parties, 1'offenfeur & les oflen■ies, formerent un congrès a Courtrav mais la France, au lieu de relacherdc fes prctentions, forma des prétentions ■nouvc les fur la rille & la chütellenie •d fc.slel , fur Gecrteberg, Minore le pays de Beveren, les Bailliages d'Afterede & de Boekhorst &■ fur quelquds •autres places^ qu'on avait oublié, difait lom, Vfff. g  Aflbciation 1 entte la Sueite &!es Etats-Gé. néraux. i j D'Avaux , 3 l 2.6 Louis XIV. nut gagner les Prov. Unies. elle, d'inferer., dans le dernier traité de paix. Louis ne donna quefixlcmaines de tems aux Efpagnols pour fe déterminer; mais, comme ce tems avait eté trop court pour une nation ausfi lente, il fit bloquer Luxembourg. C'était peu pour Louis XIV d'avoir provoqué tant de puisfances par ces reunions ufurpatrices. •Maitre de dix villes libres de 1'Alface il ne crut pas fa puifiance füre, s'il ne rangeait fous fa domination la capitale de cette belle Province, Strasbourg, ville grande, riche, impériale & hbre. La rnfe & 1'intrigue lui procurerent cette acquifition fans peine & fon coup férir. II ne donna d'autre raifon de cette ufurpation fi non que cette ville avait rompu ia neutralité dans la derniereguerre. Danslecomtéde Chiney,fe trouvaient deux feigneuries, Vianden & St. Vit ,ancien appanage de la maifon d'Orange. Le Prince Stadhouder fut cité devant la chambre erigée k Metz pour rendre lommage; il ne comparut pas & les deux 'eigneuries furent confisquées. i Le Prince d'Orange animé par 1'ambi:ion & le resfentiment, cbercha partout les ennemis k la France. II fit un vopage en Angleterre, pour attirer leRoi Charles dans la ligue qu'il projettait; nais ce monarque était alors irrévoca)lement lié avec Louis XIV. II préfe■ait 1'amitié d'un Prince qui lui fourlisfait Pargent dont il avait befoin, k de 1  Oppojiüon contn Guiil. III. ï brillans projets, dont il commencait ■foupgonner & a craindre 1'auteur. Le Prince d'Orange, affifté des luttiïc res du Penfionaire Fagel, eut •aloi recours k un expediënt de la politiqu Ja plus profonde. II fit pïopoier ouvei •teraent une asfociation générale pour 1 •■manuien des traités de Westphalie & d Nimégue,ou touces les puisfances pour raient entrer,avec ces deux claufesim portantes; que chacun des aflbciés ferai obhge de fe fommettre k 1'arbitrage d< de 1'asfociation & qu'elle rcunirait li maffe de toutes fes farces contre quicon que troublcrait fa paix génerale par un< intraction k ces deux traités. Les Etats Lreneraux que 1'intolerance de Louii Alv. avait unanimement alienés, adopterent vivement ce plan. La cour de Suede tut la première k entrer dans cette asïociation. Cette ancienne alliée de la France n'avaic pas été ménagée par Louis, |. la,,mert du Duc de Deux-Ponts' li s-ecait emparé de fon heritage fans aucuii égard pour le droit inranceftable desRois des Suede k ce Duché de peu d'importance. L'alliance fut concluele loOctobre. Elle devait durer dix ans La cour de France, qui favait qu'on 'Z i?0°UVait J'arröt« par ces fortes -de ligues, fit tous fes efforts pour em&£r 5iracificati°nde cette ailiance. Le ■loomte d'Avaux qui avait fait agir tous B a 7 a s e £ t I. i65. Dumont T. VII. p. i'. 15- Efforts de la France jour rom?re PaSö* iatioiï.  :-Sf8 Louis •XIV. veutgtgmr les Prav. Urtk-s. , ^"9 Jbid 1S0. ,11. iVn- ., les reïïbrts pour en troubler Ja négociation, pric le parti de porter fes plairites dirc&ement auxEtats Généraux. II :fk un grand rombre de repréfentations, •pleines de hauteur & de menaces. Entr' autrcs expreffions, il-déclara; que- ces fortes de ligues fonnées contre le Roi fous le prétexte chimerique de mainte«ir les dermers traités de Paix, menaigaient la Republique d'une nouvelle guerre, peut-ctre plus funeste encore que ja derniere; & que le Roi demandait k iavoir, s'il devait la regarder comme fonamie ou comme toujours prêteafaifir ■les occafions de traverfer fes intéréts. Les Etats firent k cette repréfentation , une réponfe également refpeclueufe & nobie. Ils déclarerent qu'iis n'ava'ient contracte aucune ailiance qui tcndit direclement k traverfer les projcts du Roi; qu'ils -efpéraient trop bien dè fa grandeur d'aïne pour qu'il trouvkt mauvais qu'un Etat reconnu independant par lui même, irik-de (e droits, en formant des enjrageme,ps qui ne tendaient qu'a maintenir fa liberté, .fa religion & la paix; •que 1'Alliance s'était d'ailleurs faite avec un de fes meilleurs alliés pour le mainticn de deux Traites dontfaMajefté avait elle-même dióté les articles ; qu'il n'était pas croyable qu'elle voulut regarder comme Ennemis lesPrinces & JesjE- i tats, qui s'engagcaicnt >iu maintien' de \  Oppofition contre Guitl. III. at traités,dont lui • mêmedéclaraitpartout vouloir religieufement obfervcr les ardl cjes., Ilsfinis faient en difant qu'ils efpéra lent au contraire roériter fonamitiéparcc procédé. II eft-douteux ,fi cette réponft adroite & fiere phk au Roi; car les E tats en asfurant que cette ailiance nc traverfait pas dire&ement les-desfeinsdu Roi, avouaientaslezclaircmént qu'elle y ecaitw.'//>^%w««/oppofce L'on ne voit "a< que le Comte d'Avaux ait fongé davantage k rompfe ces projets. Les Etats continucrent leurs menées lècretes pourfoulever 1'Europe contre le monarque dom 1'ambition menagait la liberté genera'emais toujours avec ces ménagemens & ces pré.cautions qui femblent avo'r. cajraóterifé la Republique & qui conviennent a un Etat Subalterne. •Une dispute élevée au fujet du falut du pavillon oftre un cxemple frappant de ce fystême. Le Duc de Mortemar fe trouvait au mois de Septembre avec deux galeres Frangailes devant Livourne II rencontre le Comte de Sty-rum chargé d'escorter une flotte marchande des Etats k-Smirne avec deux vaisfeaux de guerre. Les Frangais lui. firent demander ficrement, s'il n'avait pas reconnu les galeres de fa Majefté, & pour que le raifon il avait oublié de leur fai* re e amr.P Srvmm ^„„„j:. -.-«.. . - . -• "v,L"u '>-punuu uu'11 n'fl- vait jamais fu que, dans.ce¶ges, de Ba Dispute avec la 1 France fur 1c falut cfci paviüoii» Holt. Sfcrcur. Uo!l„ Ref, luis.  80. Louis XIV.peutgagner les Prop-. Unies,. gros vaisfeaux de guerre fusfent tenus de faluer de fimples galeres. Les Francais joignantkl'impétuofité naturelle acet> te nation lafiertéquicaradterifeunepuisfance prépondérante, ne lui donnerent pas le tems de déliberer s*il répondrait a, cette imperieufe prétention? Ils commengaient k fe ranger en ligne de bataille , pour Pattaquer; heureuferaent leGouverneur deLivourne intervint pour prévenir les fuites fanglantes de cette querel!e:Styrumfatisfait lui même de pouvoir colorer fa condescendance, & prétextant qu'il n'avait céde qu'a fes repre'fentations, n'he'fita plus: il faluadeneufs bordées le grand Monarque: c'était le nom que les autres nations donnaient alors k l ouis XIV; titre fondé, quoiquils ne cherchasfent qu'k ridiculifer le goüt qu'il femblait prendre aux titres pompeux & aux flatteries exccfïïvcs de fes fujets. Cependant la condescendance de Styrum, ne fatisfit pas le Roi. II démanda qu'il fut puni, Se s'adresfa, pour eet effet, aux Etats Generaux. Cette demande fut du nombre de celles dont 1'éxécution efttouiours éïudée & jamais pourfuivie. Cependant, pour lever les caufes de ces conteftations dans la fuite, il fut réfolu que l'on rendrait au pavillon Frangais les ïnêmes honneurs que Pon rendait aux Anglais dans les mers Britanniques»  Oppofition contre Guill. IJL 31 Un autre ineident oü la Republique fut beaucoup mieux conferver fa dignité avec la France fit alors beaucoup plus cFeclat. Un Frangais, qui fe faifait appcller Comte de Sedan ou de St. Paul, s'était établi k Amfterdam. II avait eu foin de s'y procurer le droit de Bourgeoifie qui alture celui qui 1'obtient toutes les prérogatives de la liberté civile. La Cour de France réfolut de le faire enlever a caufe de quelques délits. Un Lieutenant & Sept Dragons, fe chargerent de cette fonction delicate; mais ils furent arréttcs a Rotterdam, avant de Pavoir exécutée. On les conduifit k la Have, on inftruiflt leur procés, on les traduifit au tribunal de la Cour. L'Ambafiadeur de France ofa les réclamer; il ne craignit pas d'exigcr leur élargillement, en difant qu'ils^étaient venus pour exécuter les ordres du Roi. Les Etats furent étrangement furpris d'un ton aulTi injuricux. lis fe plaignirenc vivement & d'une aftion qui portaic atteinte a leur fouveraineté & furtout du peu d'égards qu'on leur marquait, en afieftant de leur faire publiquement unepareilledemande. Si le Roi,difaientils, avait k fe plaindre de eet homme, il aurait dü s'addrcffer k fes juges competens. On laiiliiit au jugement de fa Majefté quelles facheufes confequences refulteraient dans les differens B4 Conduice des Etars au fujet d'un enlcvemeritpïojetté par ]* Erauce.  i,68o. 32r Louis XIV. nut gagner les Prov< Unies,:, Etats; iï des fouverains étrangers s'y arrogeaient du pouvoir, au point d'arracher les fujets au tribunal compétent: de leur ibuverain. Ces raifons n'empécherent pas 1'Ambaüadeur d'en trouver d'autres pour infilter a ce que lesprifonniers fufiènt élargis. II n'ofa pas desavouer direótement les principes qu'on lui objeftait; il aiTura qu'il avait eu recours au Böurguemaitre Van Beuning. pour fe faire livrer un homme qui, difait-il, avait offenfé le Roide France ^ qu'on avait éludé fa. demande ; qu'on avait même refufé de. livrer un autre. coupable, un Empoifonneur,dontle crime ne devait trouver.. azile nulle part: IL infifta fur 1'élargiffement des onze prifonniers; mais- le Penfiouaire Fagel engagea les Etats de Hollande a.répondre,. qu'on ne pouvait arrêtter le cours de la juftice envers des hommes qui avaient violé la fureté publique; qu'on avait la plus forte inclination de plaire au Roi, mais que la protection dus a ceux qui vivaient foumis au Gouvernement était le premier & le plus facré des devoirs, Le procés fut continué: les prifonniers furent condamnés; le Lieutenant a perdre la téte, & les autres, a.une détcnfion de dix ans dans la maifon de cor-. reótion. On fit tous les préparatifs, pour 1'exécution de ia fentence. L'éeha:feut fut.. drefle;, on y Pcrca,.fuivanU.a,  Oppofition contre Guill. HL « eoutume , un cercueil d'un drap hoir, Les condamnés entendirent lire leut fentence; ils allaient fubir leur trifte fort; lorsque tout a coup on leur annonga que ie fouverain avait accordéieur grgce, Cette action fit un honneur infini aux Etats , qui concilierent ainil le maintien de leur droit avec les ménagemens dus au Roi de France ou avec la puié que leur infpirait le fort de quelques hommesqu'un zeleaveuglepour leur fjuverain avait égarés. Ces ménagemens politiques dans une affaire particuliere, n'eurentaucuneffet fur 1'eiprit conquérant de Louis XIV.' II infilla fur les ceffions qu'il demandait a 1'Efpagne;; & fur fon refus, il fit presfer le fiege de Luxembourg. Les Etats, Généraux & Ie Roi d'Angleterre intcrpoférent leur médiation, pour I'engager a changer de conduite; mais it repondit que fes demandes étaient juftes &• qu au moins on devait lui offirir un équivalent & que pour les p'nces qu'il demandait dans lesPays- Bas- il fa contenterait ou de la Mavarre, ou'de la Bilcaye ou de -la'Catalojrne. Les Efpagnols demanderent alors un fecours de buit mille hommes aux Provinces Unies. Le Prince d'Orange opinait fortement a ce qu'ijs fuffent accordés; ce n'e't 1 pas, dit Ie Comte d'Avaux, qu'il crüt que ces huit mille hommes- feraieat B5 1682, Les Esoa5110I.S denandent-.Je fecours mx -Etats •. :ontïclË loideFraa.»  3 4 Louis XIV. veut gagner les Prov. Unies. tóSz. »7 Mars Voute anv teieafe dc d'un grand fecours aux Efpagnols : il s'attendait bien k la défaite de ces troupes & même k !a prife de Luxernbourg; mais il comptait pour beaucoup que la guerre fut une fois ouverte. Pour engager les Etats dans une démarche qui devait amener un evenement qu'il défirait; il n'y eut point d'intrigues qu'il n'employat. II affiftait en perfonne k toutes les afiemblées. II mit cette affaire plus de vingt fois en délibération, Lorsqu'un Député n'était pas de fon avis, il le renvoyait k fes conftituans, pour qu'ils déliberalient de nouveau. li n'y eut point de ville dont il ne renvoyat plus de dix fois les Députés. Les, opinions furent partagées; on répréfentait k 1'Ambafladeur que la France n'avait jamais formé des droits fur Luxembourg \ mais il répondait qu'on ne voulait s'en emparer que comme d'un gage ou d'une indemnifation pour Alost & les autres lieuxque fa Majefté réclamait. D'autres, ajoutait-il, avaient eu recours aux mêmes moyens, pour des. prétentions bien moins légitimes; eet exemple, infinuait - il , vous mêmes Pavez donné en retenant, contre la parole du traité , Maaftricht, pour nantiffement d'une dette de trois millions. Le reproche était embaraffant; mais dans la plus grande chaleur de ces dé»  Oppofition contre Guiïï. III, ' g bats, on apprit tout k coup que le bic cus de Luxernbourg était levé. Le Turcs avaient alors pénétré, avec un armée de deux eens mille hommes jus qu'aux portes de Vienne. Ils en presfaient le licge avec vigueur; & il étail a craindre que, cette barrière emportée, ils ne fe débordaffent dans toutÉ i'Allemagne. „ Je ne veux que le bier „ de la chrétienté, dit alors Louis XIV. ,, Je ne veux point attaquer un Prince „ chrétien, quand les infideles font dans „ 1'Empire, ni empêcher 1'Efpagne defe„ courirl'Einpereur» C'était, cependant, ce monarque lui-même qui avait attiré de fi redoutables ennemis k PEmpereur, par fes intrigues au ferrail & par la proteótiou fecrete qu'il donnait en Hongrie aux Proteftans qu'il perfécutait en France. On juge même qu'il ne s'oubiiait pas lui même dans le desaftre public: il avait une armée fur la frontiere; & la faveur des circonftances pouvait lui procurer la gloire de fe voir rechmer pour protec'teur de 1'Empire & de faire nommer fon fils Roi des Romains. Mais Vienne fut délivrée' contre toute attente par la valeur du grand Sobieski, Roi de Pologne, fécondé du Duc de Lorraine. L'Empire fut alors en fiarêté. De tous edtes les Etats jaloux de Louis XIV, interpoferent leur crédit pour reconeilier les B 6 5 s 1682. Shcle de Louis xiy. Danisl Journal p. CXI.  g6 Louis XIV. nut gagner les Prop. TTnifsx 1682. Politique adroite des Provin cesUnies. D'Avaux 3 Decemb. Hongrais avec leur fouverain ; ainfi ■Louis XIVy pour avoir, par vanké-, voulu ne devoir fon aggrandiffement qu'a la faveur des circonltances & a fa générofité, perdit une 1'occafion unique de refgufciter 1'ancien Empire deCbarlemagne. II femblait ne chercher qu'k humilier les autres puiffances; mais cette fauffe politique excitait leur reilen timent, fans abbattre leur pouvoir. Au contraire on ne peut s'empêcher d'applaudir a la conduite des ProvincesUnies dans ces circonftances délicatcs. L'Etat des affaires les portait naturel.lement k traverfer les projets de Louis XIV; mais Pavcuglement du Roi d'Anr gleterre pour la cour de France, & la faiblesfe ou la pufillaroinité des autres Etats ne leur permettaient pas de s'ex«*. pofer k toute Ia puiffance de LouisXIV, en fe produifant, feuls, fur 1'aréne, au risque de n'être pas asfiftées par les autres puiffances. Leur meilleurepolitique était donc & de liguer fecretement tous les peuples contre fa puisfance préponderante &de n'éclater que lors qu'elles auraie.nt des alliés furs &f>une maffe de puiffance fupérieure k celle qui commencait k prendre un empire tyrannique fur les autres. Cette politique, ïiécesfairement lente & mefurée n'était guere du goüt de Guillaume III. donc |8kj eunsffQ & le resfentiment ne pouvajenr,  Oppofition contre GuuL ITT. %i 'ftipporter aüeün delai. II convientaus-fi de remarquer, pour 1'inftrudr.ion dé :l'hiitoire, que les Etats moderaient Par■deur de Guillaume pa? leur fagesfe, &que Guillaume animaic leur lentcur naturelle par fon ardeur, C'éft de ce melange heureux de iagefl* & d'ardeur qu'on vic cclore ce fyftême politique qui donna tant d'afcendant a la Republique fur le3 autres Etats, qui retablit la balaneede 1'Europe, la fauva de la iérvitude dont elle était ménacée & prépara 1'élevation du Stathouder lui-mêmeiurletróne de la Grande-Bretagne. Le Roi de France, voulast fauver les apparences, offrit de remetre le diffé rends avec PEfpagne a 1'arbitrage du Roi d'Angleterre. Le monarque Anglais était trop reconnaisfant pour ne pas prononeer en faveui- d'un Prince qui le mettait en état de fe pafter de fon parle ment & d'entretenir des mai tresfes: mais les.Efpagnols,craignant les effets de cette partialité, éluderent i'accepr.ation d'un pareii arbitrage. Les Etats-, vivement intéresfés a la consiliation de ce diflerend, chercherent d'autres moyens, plus propres a la faire naitre. Animés par la Prince d'Orange, ils négoderent pour attirer d'autres Etats. dans PAffociation qu'ils avaient formée avec la Suede. Ce projet était d'autant plus difficile, que leur conduite au Congrès de NiraégusB 7. 1682. Dispiïtes nvee 1'Eieéleur' ds Braifdebourg» j  Juin- ! 3 8 Louis X/r. pm gagner les Prop. Unies. avait changé les dispofitions des Princes i leur égard. Les cours de Copperrhague ' « de Berlin, ne pouvant pardonner aux Etats la maniére dont ils avaient abandonné leurs alliés , avaient époufé fe parti de la France. L'Electeur ne refula pas feulement d'entrer dans cette aflbciation; mais il travailla, de concert avec le Danemark, k ménager un accomodement fur les conditiohs propofées par la France. Frederik- Guillaume de JJiest, fon Ambafladeur-extraordinaire, hvra en conféquence, un grand memoire aux Etats. II y faifait un tableau aiar™"cje 1'etat préfent des chofes, de la raiblefie de PEfpagne, de la divifion de Empire Germanique,de laGuerre avec les Turcs; pour leurmontrer la nécesfite de prévenir tout ce qui pouvait faire eclater une nouvelle guerre. Le Prince d Orange déclara que, de fa part ainfique du cote de PEfpagne, il pouvait affurer qu'on ne défirait que la paix, mais qu'on ne voulait pas que le Roi de France en dittat arbitrairement les eonditions, comme un vainqueur k des vaincus. Les Etats firent k 1'Elecleur uneréponferemphe d'exprefllons, non moins fin»-ulieres, bien plus piquantes. Comme on ivait des préfomptions fuffifantes qu'il n'épourait pas gratuitement les intéréts du Roi de France, les Etats obferverenr. Wils avaient tout tenté pour 1'attirer  Oppofition contre Guilh IJL 39 dans 1'afibciatiori faice avec Ia Siiedê; qu'ils auraient bien defiré que peur fe procurcr quelques fubfides il n'èuc pas favorifé les interets particuliers de 1'un aux dépends de ceux d'un autre. Que n'ayant pu reusfir dans cefalutaireprojet,ilsnevoulaient pas fonder les caufes fecretes de fon refus & de fon accesfion k d'autres alliances; mais qu'ils ne laiffaient pas de fe flatter qu'un Prince ausfi intérefie que les autres au maintien du repos de 1'Etf* rope, prendrait fes mefures avec beaucoup de circonfpeótion; fous quel point de vuë qu'elles puffent paraitre k d'autres; qu'on avait tort de leurreprocherla malheureufe nécesfité d'être hatés pour faire la derniere paix; puis qu'ils étaient dans Pïmpojfibilitê rèelle de fournir plus longtems les énormes fièftdes qu'on leur arrachait. Ils efperaient cependant que ,1a cour de France mettrait une grande confiance en lui, & qu'un Prince temoignant généralement le defir le plus vif de maintenir partout la paix* le confirmerait dans de fi louables dispofitions II eft aifé de concevoir qu'un langage ausfi piquant ne fut pas goüté k la cour de Berlin. Le Prince d'Orange avait fur* tout l'averfion la plus forte pour 1'acceptation de 1'accomodement propofé par la France. On dit que le monarque, défespérant de le gagner par les voies or* dincires, 6c de parvenir k fes projets fans 1682. Puffendorf Liv. XYIU,  t 1682, Icmis XIV.. fe laific ile laPrincipauféi'Orauge. 4© Louis Xir. Veutgagntr les Pro?. Unie-s. m&M gagnc, imaginade le fcduire par des promesfes eblouisfances. Le Comte - f Avaux sroyant avoir tout faits'il ga' Avaux Va is 1633,'  1682 Duniont VU. u. Ip. 21, LVAvau* j Quorelles de 1'Ooftiïife. tuffertdorff liy. XVlil. 42 Louis XIK veutg agner ks Pro». Unies. fifanr.es; que ce n'était point une foule; . de traités & de gros rouleaux de papiers - qu'il fallait lui oppofer; mais de bonnes1 armees. Ainfi les Princes qu'aucun mterêt affez preffant n'engage pas dans une caulé, ne font déterminés que par les fubfides qui ne forment qu'un interêt momentané. Cette maxime fut encore verifiée par la conduite de Jean George : III, Elecleur de Saxe. On ne put ja'. mais s'accorder avec Lui fur Partiele d'un fubfide; & tous les efforts tentés pour 1'attirer dans 1'aflbciation furent inutrlês. De tous ces petits Princes, aucun n'était plus important a gagner que le l'Eledleur de Brandebourg ; foit parcequ'il était déja la feconde puifiance de 1'Empire; foit parceque plufieurs de fes domaines étaient frontieres des Provinces-Unies. On fait que les Etats avaient eu l'art de profiter des divifions de POoftfrife pour faire entrer depuis lon<^tems garnifon a Embden fous le titre fpécieux de médiateurs. Pour avoir occafion d'y entretenir leur puifiance fous ce titre fpécieux , ils y fomentaient Pefpnt d'oppofition des Habitans contre le fouverain titulaire. Cet Etat fe trouvait aiors gouverné par la Princeffe Régentê, fous ia minorité d'un fils valétudinaire, dont la fuccefiion devait écheoir ï PElecteur de Brandebourg. Ce Prin-  Oppofition contre Gai/L ITT. 43 ce, en vertu de fes droits futurs , avait eu Padreffe d'engager les Etats du pays k recourir k lui dans une derniere difpute. Les Etats-Généraux regarderent cette démarche comme un erapiétement fur leurs droits; & Ia Princeffe - Régente pronta habiiement de cette Jaloufie pour les attirer dans fes intéréts. Les deux parties étaient k la Haye ; pour y ménager leurs Interets relpectifs & attendre le jugement des Etats Généraux; lorsque tout a coup les Ambaffadeurs de plufieurs puiffances de PEmpire, 1'Empereur, 1'Eledteur de Brandebourg, le Prince de Lunebourg & d'autres, protefterent contre cette médiation & foutinrent qu'elle n'appartenait qu'a i'Empire. Les Etats-Généraux alléguerent en leur faveur une posfefilon de quatre-vingt dix ans. L'Empereur ne fe borna pas a réclamer les droits primitifs de PEmpire; mais ii agit en conféquer.ee. II authorifa 1'Electeur de Brandebourg a concilier les différends de POoftfrife en fon nom; Sc l'Eleéteur, pour aflurer Pexercice de ce droit , fit , avec le confentement des. Etats du pays, entrar unc garnifon de trois k quatre eens hommes dans Grieti'zyl. Les Etats - Généraux fe voyant jmenacés de perdre urie médiation qui les rendait maitres d'un pays d'une fi grande iiaportance , curent recours k 1682.  ÏÓ82. 44 Louis XlV.veut gagner les Prop.Unies, II tous les moyens de prévenir ge danger» L'Empereur Leopold était un Prince d'un caraclere facile & ombrageux.. On lui infinüa adroitement que l'Eleótear était fur le point de s'arroger une-auto rité exorbitante en Ooftfrife. H écrivït auffitót a Frederic - Guillaume dé rétïref fes troupes de ce pays. Mais il ne [ devint pas Paveugle partifan- des Etats- [' Généraux. D'un autre cóté Kampricht, l Réfident de 1'Empereur a la Haye fut | chargé de préfenter aux Eiats-Géné- l taux un memoire ferme & véhément , contre leur conduite. On leur dilait h clairement qu'ils s'etaient arrogés un \ pouyoir iliegitime dans une prineipauté i .de PEmpire;, & que pour maintenir les i droits du corps 'germanique, PEmpe,- j reur' ferait obligé de fouiever contré j eux les Etats du cercle de Weftphaiie. \ Lés' Ètats Généraux fe plaignirent vi- i yement de ce memoire, congu, diiaient- ( ils-,- en térmes peumcfurcsquiblcflaiens i ] .leur dignité : la querelle uevint tous . i les jours plus vive: peu s'en' fa 11 ut que I \ le fort. de Vredenbourg ne t om bat dans c les mains de PEIecieur, touiours foute- p nu par les Etats du pays. Mais la Prin- | eeffe -Régente & les Etats-Généraux t ayant augmenté leurs précautions pour | n'être pas fürpris , Paffaire , foutenue j des deux cötés par la foice, fans qu'on c öf at én venir aux dernieres extrémites * I  ■Oppofition contre'Guill. JTI. 45 :-rcfta indécife. Dans le même.tems la .Provïnce de Gueldre.reclama des droits de fuzeraineté fur Efens, Stedesdorp & Wittmund. Mais 1'Empereur & les 'Etats du cercle de Weftpnalie s'infcri•virent en faux contre cette prétention. Tls foutinrent fi vivement que ces pays dépendaient de PEmpire. que Paf> "laire n'eüt pas une iftue plus décifive que celle de 1'Ooft-Frife. L'Electeur ■même de Brandebourg crut avoir trouvé le rheiljeur moyendéfe vanger des Etats & d'augmenter fa puiffance & la prospérité d'un pays dont il.attcndait la Tucceffion;- !I1 y avait déja eu a Embden une fociété ëtablie pour la navigation dans 1'Abyflinie; mais elle n'avait pas réuffi. Frederic-Guillaume y érigea, .avec des patentes émanées de fa feule autorité, une autrc compagnie Africai■ne; pour commercér fur la cótc .de Guinée. A cette nouvelle la Compagnie 'Hollahdaife des Indes - Occidentales prit 1'alarme. Les Etats - Généraux , époufant leur querelle, prótefterent contre cette érection. Ils firent repréfenter par Mr. D'Amerongue, leur Député k la Cour de Berlin, qu'ils avaient des patentes pour naviguer exclufivement k la xóte de Guinée. Ainfi la République, 'devenue puifl'ante, ne reconnaiffait plus -cette liberté des mers au'elie avnir rr>. .clamée contre les Efpagnols, les Portugais Holl. Men. Pufeni'off '■'r.d.  40 Louis XIV. veut gagner les Prov. Unies: 1683. ï/Empe- reur entre dans 1'alTotiatioii. & les Anglais; lorsqu'elle était encore faible & timide. Auffi PEleöeur leur répondit que les patentes dont ils étayaient leur caufè, ne pouvaient obliger que leursfujets & non ceux des autres, & que la Compagnie ne pouvait s'attribuer le commerce exclufif que dans les Pays qui lui appartenaientpar laconquête ou des traités. II était impoffible de répondreaces raifons; auffi les Etats abandonnerent leur prétention; ils eurent recours a d'autres moyens, plus propres k faire échouer une entreprife qui leur caufait des alarmes. Ils n'empêcherent pas la nouvelle Compagnie de traiter avec les Habitans de la cöte de Guinée & d'y bütir un fort qui fut appellé le GrandFredericks - B.urg; mais un de fes vaisfeaux étant tombé dans les mains des Frangais, &' deux autres dans celles des Hollandais; on imagina tant de chicanes, avant de rclacher ces derniers; on traveria la nouvelle compagnie par tant d'obftacles , qu'elle ne tarda pas k s'éteindre. Ces diverfes querelles augmenterent la mésintelligence entre les "Etats-Généraux & l'Elc&eur. Mais 1'Empereur était trop intérelle k prendre le parti de PEfpagne; pour écouter de petits reffentiments. Auffi les Etats n'eurent pas de la peine k les attirer tous les deux dans lc traité d'Afibciation avec la  Oppofition contre Guill. ITT. 47 Suede. L'Empereur Leopold y cntra le a8 Fevrier 1682 & le Roi d'Efpagne le 2 May de la même année. L'année fuivance la puiffance de Louis XIV. devenanc encore plus redoutab.'e par une déclaration oü le Roi de Dancmark PElecteur de Brandebourg, 1'Evêque de Muniier, s'engageaient a le maintenir dans fes nouveiles acquifitions; Pailöciation fe montra fous une forme plus impofante. L'Empereur ,;PEfpagne, la Suede & les Etats formerent une ailiance plus etroite qui fut fignée a la Haye le 6 Fevrier 1683. Elle devait durer vingt ans Les confédéres devaient s'asfifter mutuellement de fix mille hommes de pied & de douze Vaiffeaux de guerre. Au cas que 1'un d'eux fournit de la Cavalerie un homme a cheval devait tenir lieu de trois fantaffins. L'Empereur, ne pouvant fournir de forces navales, n'aurait aucun droit d'en réctamer. On devait mviter plufieurs autres Etats dans cette felliance; le Roi d'Angleterre fut celui tau'on chercha le plus a gagner, mais Kon devouement pour la France fit échouer ftous fes projets. L'Efpagne refufait confttamment de le prendre pour fon arbitre javec la France; & Charles II, fe paffant des Memblées parlementaires qu'il ne convorauait plus n'aurait prononcé qu'en faiveur de la France qui lui fourniffait les Du mout. T. VII. p. U. 19. ï». Ilnd p. i(J. 55> 5Ö. '  Tc 68 3. Le Pvinc d'Oran'e fait pariii' une Hotte pouf Got?hembour£ TTAyaux . Juin. ■ Siii Aout -tqNoycmb. - 48 Louis Xffr. Mutgggnsr les Pro», Un'm, fubfides ,qui le rendaient indépendartt de fes fujets. Le Prince d'Orange était 1'ame -deces . mouvemens& de-ces hgues; -il cherchait toutes les occafions de caufer un embrafement général -en Europe. Le .Roi de Danemark était devenu, par la ■ dëfe&ion des Suedois, 1'allié de la France. Avec les fubfides qu'il en regut-, il fe vit en état de lever une belle armée & de mettre une flotte en mer. La .France, pour fe faire refpecter dans le Nord , y envoya une flotte qui fe joignit k celle des Danois. Vainement il fit rcpréfenter aux Etats qu'il n'avait aucun deffein hoftüe; vainement la Ville d'Amfterdam qu'il avait affurée de fon amitié particuliere, s'oppola long."tems aux armemens: le Prince d'Oran~ge n'en fut nue plus diligent k fai.re équipper unc flotte; il y fit travailler jour. & riuit avec-la plus grande a&ivité: il allait lui-même vifiter les: vaisfeaux. dans !es Amirautés-; enfin les; Etats en ayant permis la lörtie, le Prin.ce.d'Orange oTa, de lui-même, donner "au' Lieutenant-Amiral Willems Bastianszoon qui Ia commandait. ordre de: cbercher la flotte Frangaife pour que Ia: dispute du. pavillon donnat cccafion a un 'combat. L'Ami/al, ayant paru chanceJer.,. le Prince lui récrivit pour 1'encou- ■rager  '■Oppofition contre Guill, III. 4* sfüger qu'il-répondait des fuites. Mais ! fon retour au Texel, fans avoir rien vu, ia flotte fut accueiliie d'une violent* tempête qui fit périr fept k huit vaisfeaux;ce malheur fut attribué au Prince d'Orange qui avait preffé la fortie des vaifiéaux , dans les jours périlleux d€ 1'arriere faifon, fans attcndre qu'ils fusfent en état de tenir la mer; fa dignité ne le mit pas k 1'abri des imprécations ,d'un peuple furieux. Les gens de mer & princfpalement les filles & les femmes des matelots, fe répandirent dans les ruës, lui demandant, Pune fon pere, Pautre fon mari, [avec des cris & des nuriemens horribles. Le tumulte fut aflreux k Amftcrdam, oü le Prince fe trouvait alors, pour une autre affaire, tendantc également a engager Ia République dans une guerre nouvelle. Cet incident eft un des points les plus incereifans de cette époque. Louis XIV, imperieux jusques dans Parbitrage du Roi d'Angleterre fi favorable pour lui, n'avait donhé k PEfpagne & k PEmpire pour Paccepter, que |usqu'au mois d'Aoüt, L'Epfagnenes'etant pas déclarée au terme indiqué, fes troupes pénétrerent k Pmflant, fous les ordre du Maréchal d'Humieres, dans Ie pays d'Aloit & les autres piaces qu'il reclamait. II fit dire en méme tems au Marquis d'Grana, Gouverneur des Pavs* Tam. VIII. C HcYHIités les Francais dans les Fnysias.  . go Louis X/V^eutgagner les Prop Unies. 1683. L'Efpagm . rcclaire 'l fecours de -Etats - Cé nénu.x. Jmftefd, .GefcUsd. XX Ihre. IfoHatu! tlej'ur. Bas Efpagnols, qu'il étaic réfqlude coniërver la paix. .Ce langage politique n'empccha pas .que la nouvelle de cette invafion hofti; le ne répandit 1'alarme non feulement 'dans les Pays-Bas Efpagnols; mais encore dans la Republique. Le Marquis de Caftel Moncayo, Ambafladcur d'Efpagne k la LIaye, profita de la première im.preffion, pour demander aux Etats-Généraux les huit mille hommes ftipulés dans les dernieres Conventions. Les efprits étaient fi bien difpofés qu'il ne trouva d'abord aucune oppofition. Les -Villes de Delft, de Leyde & d'Amfterdam héfiterent cepéndant avant de fe déterminer a une demarche qui pouvait leur attirer la guerre. Les Etats-Gé-néraux , inquiets eux mémes fur les .conféquences, invitererrt de nouveau le .Roi d'Angleterre a interpofer fa médiation pour ménager une réconciliation entre la France & PEfpagne. Mais ce Monarque éluda adroitement cette Réponfe en difanc qu'il ne pouvait ie mêler de cette affaire, tant que l'Efpagne reJuferait de le prendre pour arbitre. Les Etats-Généraux, voyant ces tentatives échouer, eurent recours k 1'éloquence, & drellerent une longue inftrudlion qu'ils envoyerent au fieur Van Citters, leur Ambaifadeur k Londres pour juftitfier amplement leur conduite & montrer  Oppofition contre Qui//. JTI. .51 ku Roi que la Republique n'avait que ■des vues pacifïques. Ils écrivirént même ■a 1 Lmpereur pour joindre fes foUicita • uons aux leurs; ces efforts prouvent •xombien Ia Republique rëdóutait une 'nouvelle guerre. n ?n effet il avait fallu tout le crédit du innce d'Orange pour engager les Etats a la concesfion des huit millehommes. Son Altclie, craignant même qu'ils ne vinsJent k fe repentir, les avait fait partir a l ïnltant; & dans Ia crainte que ce rentortnc fut pas fuffisfant pour foutenir les E pagnols & provoquer les Francais, on .aiiure que de fa propre autorité, il fit ■mareher quatorze mille hommes au lieu des huit mille accordés: coup bien hardt, ajoute le Comte d'Avaux'en rapportant ce fait, qui fait affez voir que le Pnnce fe foucie peu des Etats. L'arrivee de ce renfort n'empêcha pas les Franfeais de s'emparér de Courtrai & de Dixminde & de bombarder Luxernbourg. Les Efpagnols ne purent fe vanger qu'en publi ant une declaration de guerre datce du u pécembrc : c'ëtait la derrière & fiiible freffource des Efpagnols; les Francais f oyant qu'on ne pouvait leur répondre fvee une bonne armée, menaccrent de tncttre, non dix comme auparavanu Jmais centvülagesencendres, fiPoXfordait la demande qu'ils'avaient faite fn meme tems Louis XIV, paraiflant eoaL C 2 I683. '' ' rM Propofitions des ' Francais 4  52 Louis XIV peutgtgner les Prop. Unies. 1683.; Le Prince cVOrsnge propofe une Icvde de feize mille hommes. defcendre aux dcfirs des Efpagnols qui s'obftinaient a ne vouloir pas céder Luxernbourg , propofa de prendre en échange ou.Courtrai, Dixrnuide & les Villages dépendans de Aath; ou Puigerda, Gironne &Cap de Cuires ou Pampelunne & Fontarabie, k condition que 1'Efpagne aurait conciu Paccómodement avant la fin de 1'année; ofirant en outre de faire avec PEmpereur -& PEmpire une treve de vingt pu vingt - cinq ans. Mais ces propofitions parürent intolérables a ceux 8 qui on les offrait. L'envoi d'un fecours contre un Prince auffi formidab'e, auffi imperieux que Louis XIV, était un coup hardi de la part des Etats. Ils avaient tout k craindre d'une pareille démarche; cen'était qu'cn fe rncttant fur un pied refpeciable de défenfe que la Republique pouvait écarter Porage qui la menagait. Le Prince d'Orange s'efforga de faire pafler Pajarme & 1'aVde.ur de combattre dans tous les efp'rits. II fit propofer une prompte augmentation de troupes. Le j r.0 Septembrc le Confeil d'Etat propo- j 'fa aux Etats Généraux, s'il n'était pas .de la prudence cL'aug-nienter au plütó't les Troupes de i'Etat. de feize mille ] hommes', dont 25CO de cavalerie ; la dé- j penfe devait monter k pres de deux millions. Pour ne pas efTaroocherlesefprits, j on ne demandait cette augmentation qu'è  Oppofition contre Guill. TIL 5g pour quatre mois ; le Prince d'Orange fe flattaitfans doute que ce point accordé, les circonftances'araerieraienc naturellement la néceffité d'une prolongation. Les Députés aux Etats-Généraux envoyerent cette propofition a leurs provinces refpeelives, en demandant la décifion la plus promte posfible. Leur confentement ne fut pas auffi rapide que le Prince 1'aurait defiré. Des provinces entieres s'oppofcrent formelIement a 1'augmentatión. Les opinions furent furtout trés differentes en Hollande. La nobleffe & la plupart des villes céderent d'abord au vceu du Prince d'Orange. Mais la ville d'Amfterdam oppnfa Ia plus ardente, Ia plus opiniatre réliftance a la levée. Dêlft étant dans les mêmes principes mais n'ofant faire éclater la même oppofition, fe contenta d'infister a ce que dans une affaire d'une fi grande confequence, il ne fut pris de réfolution qu'a i'unanimité. Amfterdam trouvait que la Holiande était hors d'état de foutenir le fardéau de nouvelles taxes, &' que Louis XIV le plus puisfant des Mdnarques, d'ailieurs fécondé par des alliés dont il était fur, triompherait toujours de 1'Efpagne qui n'avait jencore que des anus faibles oudouteux. Cet avis paraiffait imprudent dans un tems oü 1'envoi dés quatorze mille homC 3 1683. Oppofition & la Ville M'Araltcr» dam. AmfterJ. Gsfchied. liy. XX.  Ï683 54 Louis XIV. o>eut gagner kt Pro». Unies.,-. mes devait paraftre avoir prpvoqué fuffifamment la France. Mais cette vilieétait alors aSTurée, par des intelügcnces fecretes avec le Comte d'Avaux; que Louis XIV ne voulait pas rompre avec. les Provinces-Upies;; & Louis XIV. pré-, ferant d'obtenir 1'objet de fes prctentionsde bon-gré,cxcitait fousmaincette: ville k le feconder.. Dans. une afièmb'éedes Etats de la province, elie fit repréfenter que la France était une puiffance' a ménager;. qu'on ne pouvait comptcrfur aucun allié ; que 1'Empereur &. i'Empire avaient trop k faire avec' les, Turcs; que la Flotte était revcnuede- Gottembourg, fans que la Suedeeut mis en mer" un feul nomme; que , PEfpagne prenait peu k. cceurlaconfervation des Pays-Bas &Tportait tous fes : foins fur PItalie.. Amfterdam concluait i de Ik qu'il ferait. dangereux de rcjetter les demieres conditions aux quelies la, j France offrait de s'accomoder. Le Prin-' ce d'Orange était. préfent k Paffembice.. . II parut outré de ce discours. Le Comte d'Avaux., dit-il avec chaleur, ne tiendrait pas un autre langage,s'il était: j préfent;van Beuning qui porte la parole- 1 ne ferait pas für de fa vic, fi Pon examinait les ehofesk la rigueur ;.l'interét de- 1 de 1'Etat ne m'eft il "pas ausfi précieux. j qu'a la ville d'Amfterdam ? II ne fera pas dit que je me fois jamais laiJp \m- 1  Oppofition contre Gut 11. III. 55- rier par cette vitte, encore moins par les caprices d'un van Seuning". La plupart des autres membres & furtout les • nobles applaudirent k ce discours. Ils chercherent a ébranler ceux d'Amfterdam. Us n'ofaient pas rejetterl'accomodement; mais ils aifuraient qu'il fallair. commencer par 'confentir a la propofition des nouvelles levées. Tous ces eftbrts refterent inutilcs. Le Prince d'Orange eut alors recours k un autre expediënt. II engagea 1'affemblée k coucher les plus prefi'antesfoliicitatiorsdans une lettre qui fut envoyce aufenat de Ia Ville rcfractaire. Elle fut luedansPasfera* blee des trente fix. On y difaitqu'effeclivement la paix était préferable k la Guerre; mais une paix fondée fur des principes équitables. On y parlaic avec desapprobation & même avec mépris de la paix de Nimégue k la conclufion de laquelle la Hollande avait tant contnbué. Le Roi de France y était furtout peint fous les traits les plus afeut-étre, encore plus modéré. On 1 jfait accufer celui qui avait fauvé 1'Etat I :n 1672 d'en chercher la ruine : mais 1 1 était réfolu de ne jamais fe foumettre 1 1 la France & de facrifier fa vie au main- i ien de la conftitution actuelle". Ce 1 liscours véhément ne fut pas la feuleat- 1 aque que les députés d'Amfterdam eur. ] ent a efluyer. Lés autres membres fe 1 nquerent k 1'envi d'imiter cet exemple; 1  Oppofition contre GuiU. JIL 67 lés nobles toujours dévoucs au diftributeur des emplois, affurerent qu'il fallait mcttrc un termc aux bruits que fon Altefie foupirait après la guerre, que c'était une affréüfe calomnie & qua perfonne ne brülait davantage pour la paix. Qu'Amlterdam voulait- diéter la loi a. tous les autres membres ^ & que dans dix neut'voix, le parti oü il y en avait feize, dix-fept ou. dix-huit devait i'emporter.. Qu'Amlterdam cherchait vifib'ement \ derruire la liberté & la profpérité de 1'Etat,..& qu'il fallait dévoiler les auteurs de ce complot & Ie myftere des intelligences feerctes arec. la France par la voië des couriers.. Ces parolcs étayées du.fufFrage des autres membres,. ne'branlccnt pas Amfterdam.. Les deputes perfifterent dans le refus de la levée.. Delft & Schiedam, fans 1'appuyer ouvertement, foutinrent qu'on ne pouvait léfoudre la levée \ la pluralité. .Alors les nobles firent une propofition qui montrait leur dévoument execfiif pour Ie premier Chef de la République, en propofant, s'il ne conviendrait pas d'interdire a. jamais toute intelligence entre des membres particuliers de 1'aiïèmblée & les Miniftres des puifiances étrangeres ?. Mais ceux d'Amfterdam prirent a 1'inltant la parole &• repréfentcrent vivement qu'ils n'y aonfentiraient jamaisa moins qu'on 1683. Propofition de lever les feize mille hommes a la pluralité..  68 Louis XIV. veutgagner les Prov. Unies. Teneur 'dé Ia lettre du Comte d'Avaux interceptie. L'vaux 7. 9. Jany. ne leur montr&t öu qu'il y avait une loi fofmelle contre cés fortes d'intelligences, ou qu'on était en guerre avec les puiffances dont les Députés" fe trouvaient k la Haye. lts ne refufaient pas de s'engager k donner avis aux autres membres du Gouvernement des chofes j fecretes que les Arabaffadeurs étrangers pourraiént leur communiquer relativement k la République en général. Mais ils croyaient avoir le droit de conferer avec 1'Ambaffadeur de France, ainfi que )cs autres membres de PEtat le faifaient eux- memos. Le Penfionaire Fagel leur ayant dans la fuite objecté quelquos réfólutions de PEtat qui paraiiiaient condamner" ces fortes d'intelligences • ils montrerent que, dans la conftitution fédcrative des Provinces - Unies, ces réfolutions ne pouvaient condamner que le myftere k Pégard des autres membres de PEtat. Les Régens de la'Ville d'Amfterdam continuerent leurs correfpondances avec PAmbaffadeur de France. lis prirént même des mefures pour agir de concert avec les" Provinces de Frife & de Groningue qui continuaient a s'oppofer k la levée. Le plan fut formé fous la direction du Comte d'Avaux qui envoya ie récit circonltancié de toute cette transaction dans une longue lettre du 0 Janvier, qui par fa teneur & les mams oü  Oppofition contre Guiïï. I/L ég elle tomba, augmenta les divifions & le • reffentiment des deux partis qui divifaient l'Etat. li uiandait avoir appris de ceux d'Amfterdam que la conduite du Prince d'Orange caufait des alarmes, qu'on était réfolu de le traverfer; & que les Régens de cette Ville défiraient vivement qu'il publiat un mémoire , non pas tant pour ètre 1'objet des déliberations des Etats - Généraux que pour faire connaitre au peuple les difpofitions de fa Majefté envers la République ; qu'ils attiraient vivement & journellement d'autres villes dans leur parti & qu'ils comptaient beaucoup fur les Provinces de Frife & de Groningue. D'Avaux ajoutait qu'Amilerdam employait même les brigues pour les gagner & qu'elle avait dans fon parti fix a fept villes. Le Prince d'Orange, difait-il, s'eft fait un point d'honneur de faire paiTér la levée contre le.fuffrage d'Amfterdam, le Penfionaire Fagel pour parvenir au même but, fe foucie peu de fouler aux pieas les loix conftitutives de l'Etat ; mais quand ils réufiiraient tous deux ii faire paffer la réfolution; ils n'en tireraient aucun fruit; car la réfolution ne fuffk pas, il feut encore de 1'argeht pour faire la levée. D'Avaux ajoutait encore que 1'oppofition d'Amfterdam réveillait 1'ardeur des anciens Républicains; il mit nommément dam 1683.  7-0 Louis XIV. reut gagner les Prov. Unies, 1683. ■t T VAvaux Janv. ï,a levée des feize mille homanes pafl'e la plura-, lité des voix. Voyez Wagen. XV. «70. ce nombre le fleur Paats, Bourguemaitre de Rotterdam. Quoique le Comte d'Avaux eut fuivant la coutume des Ambafiadeurs, exagéré la conduite du parti oppofé au Prince d'Orange & les efpérances qu'il ert concevait, il 'y avait cependant dans fa lettre , des expreflions tendantes k juftifier Arnfterdam. II difait, entr' autres, qu'elle n'avait jamais voulu donner d'asfurance particuliere k fa Majeftc & qu'elle avait déclaré qtie cela ne pouvait fe faire que par les Etats-Généraux qu'elle ne défefpérait pas encore de gagner. Mais lesAmfterdammois furent bien éióignés de réusfir dans ce dernier projet. L'affaire des nouvelles levées ayant étédiscutée de nouveau dans les Etats de Hol lande; Arnfterdamy oppofa de nouveau la plus vive réfiftance. Le 13 Janvier, elle fit paraitre un memoire pour démontrer la néceffité d'un prompt accommodement entre la France & PEfpagne & le danger des levées propofées. Mais toute fon éloquence ne fit aucune impreflion fur les autres membres. Le y de avait donné quelque efpéranee de s'oppofer au confen'temement; mais van tteverning, ayant répréfenté aux autres Regéns'de cette "Ville, qu'il nc fallait pas perdre de .reputation 1'illuftre chef de la République, & que cette réfolution pourrait acélercr un accomo-  Oppofition conm GulII. JfT. 71 benent entre Ia France & 1'Efpagne iti sVwient huiles periuader., Le Prince .cl Orange avait même fi fort k cneur de gagner Amf,erdam qu'il eut recours a tous les artifices pour leur pérfuader la rneme chofe. II offrait même de lemen donner une aflurancc fignce de dou.ze des prmcipaux membres des Etats de Hol lande; mais ceuxd'Arnfterdam re°-arderent toujours la levée comme une pterre d'achopement k ces accomodemens. Le Prince d'Orange, les voyant tous dans ion parti a 1'exception de trois, fit réfoudre la levée k la pluralité des voix le 31 Janvier. Arnfterdam protesta'vivement contre une réfolution oppofée aux principes fon- 1 damentaux de PEtat, qui exigent Puiia- « nimite pour toutes les chofes quicon-' cement la guerre, la paix, les impo-! pofitions & le changement. Elle lom- 1 ma Paflbrablée des Etats de déclarer fi 1 la ville d'Amfterdam était tenue de contribuer aux fraix d'une levée qu'elle n'a ■vait pas accordée. Le Penfionaire Fagel ne répondit que par des fubterfuges (-); ou plutot il éluda de répondre .en declarant que dépuis la naiffance de de la Republique, on n'avait jamais fait O Voycz D'Ava.ix II. 185. l6% 'rotesw ion, op poiion 8$ la iile d'Anale rdam ontre h ;vi5e.  ■ncii. Rif. ■31 Jany. Artifice employé pour intercepter ces lettres. < j 1 1 1 i 72 LouisXIV.veut gagner hsProy.Unies. une pareille queftion. Mais Amfter-dam perfifta dans fon oppofition; elle: ne carda pas méme a donner une protestation oü elle foutenait que cette ré4 folution fappait des loix fondamentaleej qui fubfiftaient même fous le regne desi Comtes. Elle allégua un Reglement for-mei de Pan 1581. a cerujet,confirmépar:' un autre de 1'année 1671. Si la pluralité: décidait dans un pareil cas, difait elle,:, ceux qui ne confentiraient pas feraient; expofés a être taxés arbitrairement par les autres membres Ils regarderent en coniequencé cette réfolution comme de:: nulle valeur & ils étaient décidés a ne-! contribuer en rien aux frais de cette: nouvelle levée. La ville de Schiedam en déclarant". qu'elle tenait cette même réfolution pour1 nulle & contraire k 1'anciehne coutume, , ajouta qu'elle proteftait contre tous les : malheurs qui pourraient en réfulter. Le Prince d'Orange ne vit pas, d'un xil indifférent qu'une -oppofition ausfi Dpiaiatre fit échouer toutes fes mefures. j tl cherchait depms longtems a préfenter lans un jour odieux les corresponJances ècreies d'Amfterdam avecl'Ambaftadeurl le France. Enfin il crut avoir trouvé-| 'occafion de fe vanger en réuniiTantl ;ontre eux tous les autres membres de i 'Etat. Les papiers oü fe trouvait lal ettre du Comte d'Avaux, du 9 janvier, dont 1  Oppcfifion ccmre GuilL Jfl. yaux intercepties. 74 Louis XIF. peut gagner les Prop. Unies. entre les mains de fon poftiUon, qui le ramena a Maastricht. Le Comte d'Avaux fit des plaintes aux Etats Généraux dc cet attentat fur leur territoire, mais il n'ofa pas d'abord fe plaindre du Prince d'Orange qui garda plufieurs jours ces lettres, craignant fans doute de fe compromettre, en s'en autorifant contre la ville dM mfterdam. Enfin' défesperant de gagner Arnfterdam & ne voulant plus garder de mefureavec cette ville, il fe rendit le 16 Fevrier dans Paffemblée des Etats dc Hollande, avec les lettres interceptées du Com'te"d'Avaux qu'il avait fait déchiffrer: a pcine fut-il affis, que. d'un ton millérieux, il déclara qu'il avait des chofes de la derniere conféquence a communiquer. Pour \ donner plus d'importahce a fa démarche & mieux exciter la curiofité, il demanda j que les portes fufiënt fermées exacle- i ment, fans que perfonne n'entrat ni ne lörtit. Le Grand - Penfionaire n'atten- i ditpas même le confentement de 1'as-i femblée pour donner k 1'Huiffier de Iafalie des ordres en conféquence. Enfin! te fen AlteiTe déclara que n'ayant paru jusqu'a préfent dans Paflemblée que fous : ie titre de premier noble, il venait cetSe fois en qualïté de Stathouder. II ajouta qu'ayant a produire des chofes qui regardaient Meffieurs Hooft & Hop^ S)éputés de la ville d'Amfterdam, il de- i  oppofition contre 'Gilïïl III. "75 -ïnandait qu'ils-fe retiraffent dans une autre Salie, pendant le cours de cette dé. hbération. Des qu'ils furent fortis, le Prince d'Orange les accufa d'avoir eudes ^correspondances criminelles avec 1'Am-fcailadeur de France & produifit pour fes preuves, la lettre du Comte d'Avaux que le Grand - Penfionaire lut k haute•voix. Le Prince d'Orange affura qu'il y était queftion de Ia correspondance la rpju;s criminelle. Le Grand-Penfionaire \ Je feconda en donnant k chaque article ■ les interprétations les plus odieufes. La Kpfus grande partie des membres qui j n'enténdaiept pas un mot de Frangais ou V 1'cntendaient fort mal, fe déclarerent pufii-tót contre les deux accufés. Sept Villes parlaient déjk de les mettre en pri"fon & de leur faire leur procés: ces deux .Députés entendaicnt de Ia chambre voifiiie oü ils fe morfondaient depuls une heure fe demie prononger leurs noms fort haut, en (ortirent brusquement & s'élanccrent dans le lieudel'affemblée en ifranchisfant la baluftradc qui était d'enviJ'ron quatre pieds de haut. Quand ils furent jj.ce dont il s'agisfait, ils déclarerent fiejrement qu'ils étsient prêts k rendr'e compte de toute leur intelligence avec üë Comte d'Avaux & fommerent les auïf.es députés d'Amfterdam de déclarer Jfc'il avaient agi de leur chef ou par or- " pré de leur ville. Le Prince d'Orangè  Le Scellé mis fur les papiers d'Amfterdam. ff^Avaux il.Fevrier 76 Louis XJfr.£etrt gagner les Frap.-Umes. ri'en infista qu' avec plus d'ardeur k ce qu'on leur fit leur procés. Tous les députés d'Amfterdam fc rcunirent alors contre cette demande. Ils curcnt 1'audace de reprocher k ieur tour au Prince d'Orange 1'envOi de la flotte k Gotten;bourg fans leur participation, fes intel■ligences avec le Marquis dé Grana, k laqueile ils attribuerent avec beaucoup de vraifemblance 1'obftination des Efpagnols k refufer les conditions propofées par la France. Les deux accufés demanderent la lècture de la lettre oü fe troüvaient les griefs dont on les accufait. Mais bienioin de leur accorder une chofe fans laqueile ils ne pouvaient fe juftifier, le Prince d'Orange fit propofèr qu'on mit le Scellé fur les papiers qu'ils avaient dans leurs maifons k la Hayc. Cette propofition rcncontra la plus vive oppofition, furtout de la part de ceux d'Amfterdam; mais ils furent obligés dc céder. Pour bien expliquer, dit lé comte d'Avaux, de quelle conféquence 'était ce Scellé , fans compter 1'injurc qu'on faifait k une ville Souveraine & fi puiiTante, il faut favoir que les dix■ huit 'villes de Hollande qui ont er.trée aux Etats de la Province, ont des maifons k la Haye, oü leurs Députés dcmeurent pendant 1'aflemblée des Etats qui font convoqués régulierement qua jre fois par an, fans les~afiemblées extra-  Oppofition contre Gul//. III. 77 jdrdinaifes; qu'il s'y traite moins fou; vent des affaires d'Etat que des affaires [particuiièrês qui concernent le dcdansde la Republique & fur tout des querelles que les villes'ont les ünes contre les autres, chacune cherchant fon avantage I particulier , foit dans les impofitions orjdinaires, foit dans les extraordinaires, f dans la manieredes levéesde deniers,dans les armemeiis de mer & de terre &-autres choïes fembbbfes. Les jours qu'il y a; affembléé, les Députés font un memoire de cé qui s'y éft'paffé; ils Pen* voyeur dans leurs villes a leurs fupérij eurs & ecrivént tui doublé dans des régiftres qui'demcurent a la Have-, ils enarègistrent parcillcmeht les ordres les i plus1 fecrets & les reponfes de leurs fuIperïeürs.' Tous leurs régi'ftres depuis 41'établiffemént de la République font dans jjccs maifons'. On peut juger par la quel violement de la foi publique & quel tort on faifait a Meffieurs d'Amfterdam de faire voir, non a des confrères feuleinient, mais a des pérfónnes intéreffées lm même, dans ce ca's la, parties adver1 fes, tout ce qu'ils avaient dit & penfé kontre eux de plus fecret On peut ajouter qu'il eft contraire a tous les droits d'avancer fimplement qu'une vil:Ic eft cnminelle,. fans en apportcr aucune preuve, & de vouloir qu'on vifite &s papiers les plus fecrets, affurant D 3  78 Louïs XIV. 9 tut gagner lesPra*. links». qu'on y trouvera des preuvcs dcfa dé-. loyauté. II eft aifé de juger, continue le même Negociateur, que le Prince s'étaic laiffé encrainer par la chaleur du reffentiment.-. II avait'deux autres partis a,. prendre plus prudens pour parvenirafes , fins. Le premier était d'envoyer querir les Députés. d'Amfterdam, de leurdéclarer qu'il avait les lettres de PAinbaffadeur de. France de. leur en faire voir les cndroits.les plus forts en leur infinuant qu'il avait en main de quoi les perdre, mais qu'il .ne s'en femrait pas*, au cas qu'ils vbüluifent confentir a la levée. Dans.ia crainte d'être abimés. lans reflburce ,.. ils auraient tout accordé. L'autre expédient-, pouvait lui fervir au cas qu'il voulüt les perdre abfolument; c'était de faire arrêrcr de fon autorité" les deux Députés;.. de leur donner des. Commillaires comme. on avait fait a 1'égard de Barnevelt,.. ou de les mettrc entre les mams dc la juftice,, pour leur faire couper le couen vingt-quatre heures. On n'aurait pas approfcndi cette affaire; le peuple aurait cru Mefiieurs d'Amfterdam coupables dc trahifon, & perfonne n'aurait été en état dc s'oppoler a aucune chofe que le Prince aurait " voulu. Quoi qu'il en foit de ces raifonnemens. moins foiid.cs qu'ébjouiflans» y eft ce:-.  Oppofition contre Guiil. JlL 79 I tain que le Prince dans cette affaire, en I fit trop ou trop peu. Les Députés II d'Amfterdam regardant le Scellé de leurs I papiers comme une violation de la Ibi ; publique & craignant pour leur propre perfonne, fe déroberent türtivement de 1 la Haye, en traverfjnt au milieu de ia I nuit les jardins de derrière. Leur reJ tour précipité & les raifons quil'avaient > occafionné, jetterent dans une vive in - quiétude , les Bourguemaïtres , & furI tóut Van Beuningen qui avait eu le I plus de part aux intelligences lècretes | avec le Comte d'Avaux.- On ne manqua I pas d'attribuer les alarmes des Régens (I aux remords d'une cónfeience coupable; tinais, cn faifant leur apologie, ils fou- II tinrent que ce trouble ne provenait que des mauvais traitemens qu'ils avaient es- J fuyés k la Haye, fans les avoir mérités. |! Aufli le Confeil des trente fix, aflémblé - dès les cinq heures du hiatin. ne put ! cacher la furprife & Pmdignation que | cet événement leur caufait. Leur pre} miere réfolution fut d'envoyer une letI tre circulaire k toutcs les villes pour leur ; expofer leurs plaintes & demander une i| fatisfaétion éclatante. Mais la lettre du Comte d'Avaux qu'on devait tenir fc • ; crete ayant été rendue publique & ! même avec des allégations affe^; grajves, tirées d'autres papiers trouvés idans le même paquet, le Comte d'AD 4 1683.  8o Louis XIV. y eut gagnerles Pro-r.Unfèsz I683. Le Comte «l'Avaux iurtifie la ville d'Amiterdain. (*) Le Comte d'Avaux dcclare cêpendant que. les Régens d'Amfterdam étaient en faute pour avoir traité des affaires d'Etat avec un'Ambafladcur; maisc'eft une erreurj.il eft vrai qu'il 11'eft pas permis h un nicinbre particulier de conclure des'affaires relatives a toute la conPédération; mais il y a bien loin d'un traité a des correspondanccs qui Cc bornent a de fimples conférences les quclles ne peuvent être interdites a aucun des membres urquelqueaafiérè . Hue eg feit,, vaux ofirit feercttement k la Régence de prendre fur fon compte tout cc qui pou^ vait leur être imputé dans- cette affaire. La Régence fe contenta de fe plaindre du Scelié de fes papiers & d'affurcr dans fa. lettre circulaire qu'eile était en état de prouver fon innocence dans Paffairedu Gomte d'Avaux. Le Comte ne manqua pas d'exécuter fidelementcc qu'il avait promis (*): cela lui fut d'autant plus aii'é qu'il pouvait accufer impunément les déchiffreurs de fa lettre de s'être trompés & qu'a Is léierve dc quelques particularités quimarquaient un trop grand concert entre la Régence d'Amfterdam & la France, le reile de la, lettre ne roulait-que furies moyens de faire rétablir la tranquilli-té dans les Pays - Bas. Le Comte d'Avaux fit plus encore. II affura que ceux1 qui avaient déchiffré la lettre étaient designorans ou des imposteurs; qu'on ne pouvait rien en déduire contre la ville* d'Amfterdam ou contre quelqu'un en par-  Oppofition contre GuiÏÏ. III. §i ticulier, puisqu'il n'y avait pas Ie nom ;de qui que ce fut. II avanga même que, s'il avait ajouté quelques eirconflances Jarbitraires pour donner pius de poids h jee qu'il mandait au Roi, i! ne s'enijfuivait pas qu'on en put tirer occafion d'accufcr un ticrs & qu'il n'était refponfobie fur cet article qu'a fon maitre. Pour appuyer cette aüèrtion il ne fit pucune difnculté de donner au fieur Paats ConfeiHer de Rotterdam impliqué dans pa lettre un témoignage, que depuis quatre ans il n'avait eu aucune forte d'entretien avec lui, ce que Paats afilira en kleine affemblée des Etats de Hollande. r Cette jultification infpira du courage a la ville d'Amfterdam. Voyant que ces papiers restaient toujours fous le Scellé I& que fa lettre circulaire ne produifait jaucun effet, elle eut recours a une dépiarche éclatante. Elle refolutdeneplus jenvoyer de députés a 1'affemblée des, uEtats de Hollande, fe bornant a y faire ipourfuivre fes intéréts par deux de fes (Secretaires, Dirk Geelvink & Comelis .'Munter qui expoferent plufieurs fois Pat iteinte portee a la liberté par le Scellé mü n'était motivé que fur le récit de buelques conférences particuiieres, relativement a la paix, fans qu'on put lui reprocher aucun engagement dérogatoire i. la conftitution féderative. 1 Les nobles & plufieurs villes foutinrent' qu'il fallait examiner les papiers r.vant de V- 5 1683. Ho$> Refoh Feyi. Mars Co tfid, van Siaatsz n. IX. Holl. . Merc. Arafterdani ficaiandc Ja lovde ik fes papiert. Article s pour & contre la vfl!; cl'Am- fterda»'.  Sta Louis XIV. yeutg agner les Prop. Unies-,. les affranchir: ils fondaient leur opinion fur cinq articles. i° La ville d'Amfterdam avait donné au Comte d'Avaux des informations fur la faibleffe de l'Etat &. fur les discordes inteltines qui le déchiraient. a° Elle 1'avait affuré de ne. jamais confentir a la levée des feize mille hommes. 3°Elle 1'avaiént raftruit des. intrigues qu'elle cmployait & des membres qu'elle avait attirés dans fon parti. 40 Elle avait conféré avec lui fur les aiTurances qu'on luidonneraitencasdenéceslité. 50 Elle 1'avaitengagéadéüvrer uit mémoire, moins pour être discuté dans. les Etats que pour être répandu parmile peuple. Dès lors il n'y eut pas deïapports odicux qu'on ne fitcourir con, tre Arnfterdam-. On ne peut s'imaginer,,. dit lc Comte d'Avaux,. les impoftures& les calomnies que les émiiiaires duPrince d'Orange & du Penfionaire Fagel faifaient courir parmi la populacc pourexciter qnelque foulevement. llsy firent débiter que Meffieurs d'Amfterdam; avaient vendu te pays au Roi;. qu'ils en, avaient même touché l'argent,.*& quele Prince d'Orange avait découvert cettctrahifon. Des gens apoftés dans les. marchés criaient que Meffieurs d'Amfterdam étaient des traitres, qu'il fallait faire leur procés, ou les traiter comme les De Witt, & qu'il fallait jetter 1'Ambaffadeurde France dans un canal. Amüerdara ne resta pas dans le fileri-  Oppofition contre GuilJ. IJL 83 ce. Elle répondit a cetteinculpation que la faibleiTe du pays & la défunion qui y régnait étaient trop manifeftes pour qu'on eut befoin d'en donner avis k 1'Ambasfadeur de France, comme ff c'était un myftere ;& que Le Grand-Penfionaire lui-même n'ayait pu s'empêeher d'avouer que •cet Ambaiïadeur avait un art particulier pour pénétrer les affaires fecretes de l'Etat: qu'elle ne s'étaient jamais cngagée ü rien qui enchainAt la iiberté de fes déHbérations ou les prerogatives des autres membres. Arnfterdam trouva même un grand nombre de partiians. Les lettres duGomte d'Avaux, ayant été publiees, chacun y chercha avidemment le traité que Mesfieurs d'Amfterdam avaient fait pour vendre le pays, les places qu'on devait leur livrer, 1'argcnt qu'ils avaient regu &c. mais quand on n'y trouva qu'un redt de conférences tendantcs a la paix, que les paflages les plus criminelsétaient la discuffion des expédiens requis pour ce falütaire objet; qu'on n'y vit même des éloges de la nation, le Comte d'Avaux mandant que les Hollandais étaient de bonne-foir, qu'il fallait en ufer avec une entiere franchife & ne pas les troraper; la première clialeur ne tarda pas k ■fecalmer. Undesplusviolensde ces écrits fut une Misfpe d'un Régent A PaffemhHs de Hollande, fous le nom de■Philatetesj on i'attribua généralement au PenfioD 6 1683.  1683 Wagen. XV. 195. 326. 84 Louh XIV. pmgagner les Prop. Unies*. naire Fagel; & la ville d'Amfterdam crut devoir y répondre. II parut ausfi contre fon Altefle, & furtout & Arnfterdam, des brochures qui Ie peignaient fous les traits les plus injurieux. On ne 1'accufait de rien moins que de vouloir perdre le pays par une guerre ruineufe ou même 1'aflèrvir par 1'augmentation des troupes de terre. Les Etats rendirent des ordonnances feveres contre la pubhcation de ces fortes delibellcs: mais la prohibition ne fit, comme il arrivé toujours, qu'augmenter la curiofité de* Lecteurs & 1'avidité des libraires. Le fameux Burnet prétend mcme que 1'anrmofité des Amfterdammois était alors fi grande qu'ils parierent de transporter le •s tathouderat au Prince Henri Cafimir , Stathouder de Frife & de Groningue oa de lui donner 1'autorité oue Guillaume III avait fur la ville. Le Comte d'Avaux afiure qu'on délibéra k la Haye fur ics moyens d'attaquer Arnfterdam, de la bombarder & d'y cxciter un foulevement parmi le peuple. Ce qui eft fur, c'eft que le 23 Mars les Régens refolurent de prendre a la folde de la ville fept k huit eens hommes, outre les quatre eens qui s'y trouvaient déjii. Les partifans du Prince continuerent a déclamer contre Arnfterdam. Ils foutinrent qu'elle s'était rendue coupable de feute-trakifon. C'eft a cette occaüQa  Oppofition contre &uill. ITT. 85 qu'ün des plus grands Jurisconfultes de ee pays écrivk depuis ces paroles : „ la „ majefté d'Orange était oftenfée, fi 1'on ,, ólait le moins du monde s'oppoferiice „ que laRépublique n'eüt d'autre mouve„ ment que celui qu'elle recevaitdefon „ impulfion. Arnfterdam ufait avec fuc„ cès de fon pouvoir pour s'oppofer a ce „ projet. Car, ajoute te même Ecrivain, „ le Prince n'avait aucün refpect pour les „ Régens des autres villes." Perlonne furtout ne fut plusexpofcau rcllentiraent du Prince que le Bourguemaitre van Beuningen. Le bruit eourut qu'il y avait des complots contre fa vier, & il n'ofa pendant quelque tems fortir de cbez lui. 11 ne fe laiffii pas al'ari-ner. Au contraire, il découvrit un projet formé par le Prince d'Orange pour fe réconcilier avec le Stathouder de Frife & n'en être pas traverfé dans fes pro^ jets fur Arnfterdam. II fit augmenter les précautions pour la fureté de la ville, II eut avec 1'Envoyé de Brandebourg Paul van Fuchs, des conferences importantes- fur les intéréts du pays. LePrin l ce, lui dit van Beuningen, était pleir j d'ambition & furtout dèpréfomption i n'avait aucune bonne raiion d'être irrite contre Arnfterdam; cette ville voulail I le fauver malgré lui. Le Prince, conti i nuait-il, était aveuglé par la plus fata le erreur. II fe fiait erop aux Efpa, r> 1 1683. Bi»kers-\ hnek Que. ant per. push Lib. II. ch. IV. Conférenee-lie van Beuningen avec 1'Envoyé de Bvrrnde. bourg.. Amfl. G*fchïed.infuj. U 684. ci \  1683. Converfation du Député de Brat>debourg avec Ie Prince d'Orange & Ie Penfioaaké. S6 Louis XIV. nut gagner les Prsp. Unies, gnols qui le leürraient d'une vaine promefle de payer les fomnies qu'il avait k • répéter d'eux. II ajoutait trop de foi a ceux qui lui peignaient Louis XIV. comme tremblant devant lui &craignant de 1'onênfer. II avait trop de flatteurs qui ne cefi'aient de lui infmuer que la providence 1'avait choifi particulierement pour faire échouer les deöèins vastes & aaibiticux de la France. II avoit trop d'ambition, d'cpiniatrecé & de préfomption. II fe laifiiiit aveugler par les Efpagnols qui voüiaient Pengager dans une fcene' dont il payerait tous les frais. II était alTez.vifible que les intéréts de la France. étaient directement oppoles a ceux des Provinces-Unies; mais c'était une mauvaile politique que d'irritc-r une Puifiance dont on n'était pas en état de borner la puiffance; & il convenait encore moins de prodiguer les dénomations injurieufes a ceux qui s'oppofaienc a une guerre dont les fuites feraient des plus fatale*. Le Sieur Fuchs, chargé des intéréts de fon maitrcalors incline pour les mefures propoféespar laFrance en faveur d'une pacification générale, fut charmé d'une ouverture fi conforme a la politique de fon maitre II répondit qu'il'était furprenant que de petits Princes de PEmpire ófasfent expofer le fort de 1'Allemagne, en entrant dans une affociation qu'ils  Oppofition contre Guill. %'t jPavaient pas Pintention de foutenir gfite tukement, ni le pouvoir d'affilter de forces fuÉJÜatés contre la France.. Mais ce fut furtout k la Haye que Fuchs eut dc vives conférences pour une pacification générale. 11 cxpofait au Prince d'Orange la faiblesfe des Pays-Bas Efpagnols;, Pimposfibilité oü ils étaient-de tenir tére a la France'& la néeeflité d'une paix générale,' répréfentant, avec beaucoup de fondement,, qu'il n'y avait pas a'autrc raoyens, pour faire disparaitre la: discordequi divifak les Provinces Unies. La réponfe que. Lui fit le Prince d'Orange eit r-eraarquable. II dit k- Füchs qu'it ne voyait ces divifions qu' avec ia plusumerc douleur;. qu'on devait s'atténdre. k une ruine totale, fi Dien n'avait pitié des Provinces-Unies & de leurs voifins*. II elt vrai qu'ön le croyait inciiné pour la guerre Sc. qu'on jetait fur lui la-, blame de tout le mal. On lui faifait le plus grand tort: la République ne pouvait perdre de vue les. Pays - Bas, fans. s'expofer k. voir difparaitre la feuie barrière qui Pempechait de tomber a la merci de Pambitioh Frangaife. Les conditions propofées par Louis XÏV. étaient. telles qu'il ferait toujours en état d'eirvahir les Pays-Bas,. quand bon lui femblerait. Si Pon pofait les armes en conféquence d'une paix nouvelle, il arrive*f&c ce. qu'ön. avait déja vu après la  2683. 88T Louis XÏV. peut gagner ks Prop. Unies. paix de Nimegue; la France ayant faifi cette ocealion pour faire de plus grande acquifitions encore qu'elle n'en avait 'fa'ites pendant la guerre. On ne pouvait laiffer Luxernbourg entre fesmains;c'était la' feule ligne de communication eni tre i'Allemagne & lesPays-Bas. Le Prince affurait qu'il n'avait aucune averfion pour la paix; mais il ne la röüïart qu'k des conditions equitables. E infinua que PElecteur aurait k fe répentir de fon dévoument pöur la France; les Suedois. difait-ii, PElefteur de Baviere, ie Duc de Hanovre, PElecteur de Cologne & d'autres en avaient eprouvé les effets II fallait être aveugle pour ne pas voir' que Louis XIV. atpirait k- la Monarchie Umverfelle. II était vrai qu'on ne pouvait, en le truverfant, s'attendre qu'k des calamités; mais il valait mieux, ou penr les armes k la main que de fe fommettre k de fi loches reunions, ou le refigner aux décrets de la providence. Quant k moi, continuait il, je fuis né dans Ie malheur, élevé dans Padverfité La faveur du ciel m'a cependant,ma!gré les efforts de mes ennemis, rétabli dans les dignités de mes ancêtres. J'efpere qu'il me continuera la même protectiom & fi c'eft cependant favolontequejefuccombeau malheur, je m'y refigne de bon cceur. Une feule chofe me caufeunevive douleur; c'eft de voir i'Eie&eur qui dos  Qppofïiión contre GüW. HL 8r}- ma tendre enfance,.m'a toujours aimé comme un pcre, pancheren faveur de la ville. d'Amfterdam, qui fait gloire de ■ traverfer mes defi'éins. Je ne faurais pré* voir 1'ilTue qu' auront ces brouilleri.es r», mais, quoi qu'il en arrivé, je ne pardon-» nerai jamais a,van Beuning. Fuchs fit un nouveau tableau de la:fituation critique des affaires. 1'Empereur, dilait-il, eft aflbz occupé de fa,guerre avec lcsTurcs. L'Empirc eftdU vifé & presque lans troupes.' L'Efpa* gnc eft dans 1'épuilement.. Les Provinces-Unies font en proie adeux partis qui déchirent leur fein: 1'Angleterre neveut pas faire la guerre. La France feule k des armées aflez nombreulès, peur étendre fes conquêtes tout le long du Ruin & engloutirtoutes les Provinces-Uniesr»., Pefpérance dé recouvrcr ce .qu'on aura. perdu disparaitra dans la crainte de perdre ce qu'on aura confervé. Cette alternative était crnclle.; .mais il n'y avait de. refiburce que dans une pacification dé-.. finitivé.. Ces raifons n'ébranlerent pas le Prince d'Orange.Il foutint qu'ön ne pouvait fe fier ades traités faits avec la France. E aurait. donc faliu ne jamais faire la paix avec elle,. ou ne mettre bas les armes qu'a aprèsl'avoir mis hors d'état d'abufcr de fa puisfance. Cette idéé était de la bonne po=iitique; mais avant que les circonftances,  90 Louis XfK peut gagner 'les Trov,Unies. Ï683. fulTent favorables pour 1'éxécuter', il. etaic dangereux de fe roiqir contre Pimpetuofité du torrent. Le Penfionaire Fagel foutenait le Prince d'Orange dans cefentiment. Le Comte d'Avaux avait beau moótrer que fon maitre était intereffeas'en tenir auxconditions qu'il avait propofées,&quel'An» gleterre ne permettrait jamais qu'il pousfat plus loin fes conquêtes.' Fagel attuqua direétement ces idees dans une convérfation avec Fucbs; Nos affaires, difait-il, font dans un écat plus dangereux que dans les tems anciens;lorsque Haarlem fuccomba fous les forces Efpagnoles & que Leydc & Alkmaar ne furent lau ■ Tées que par miracle. II vit encore le méme protecteur: notre caufe eft équitable. II vaut mieux périr en foutenant une caufe jufte & agréable k Dieu que fuivre des mefures , émanées de 1'éfprit malin. II' vaut mieux aller devant i'Ennemi prés de Bruxelles que de 1'attendre k Dort, La mémoire des maux que les Frangais nous ont eaufés, eft- encore Miche. II vaut mieux fouffrir mille morts que d'être expofé aux cruautés arbitraires d'un Louvois, ou de quelque méprifable Gommis qui ne fait que dépouiller la livrée. Nos ancétres n'ont pas craint de s'expofer k la mort pour défendre la liberté.. Ils fe font procuré une renommee immortelle. II faut fuivre leur exen>  Oppofition- contre GutII. iM. - QM ibie. La conformité de religion devrait iitacher l'Eledeur a nos interets. Mais •.comme il f'eltallié pour la ruinede notre Etat, nous n'avons plus de connance qu'en jpïeu.'» Le Penfionaire. Fagel,. dit pluJfieurs autres chofes qui fentaien.t plus les , vagues déclajTiaijonsnd?un-.piéÖi^nt-feoatitique, que les obfervations-réfléchiesd'un Igolitique fagé. 11 blama PElecteur d'enKretenir amïtié avec une ville qui avait leu la plus grande part a la paix de NiIjmégue & avait toujours traver Ié fes in-vfterêts.. Fuchs-répondit qu'iLs'était atitendu a voir propoferdes refolutions faïges, mais qu'on ne lui parlait que de projets défespérés p qu'il était abfurde ,de s'oppolèr a des périls qu'ön pouvait «éviter qu'un pilote expcriracnté delf alt céder a 1'orage quand il courait risiique de perir en fe roidiffant- contre le iivcnt. Le Stathouder & le Grand.-Pennlionaire refterent inébranlables; jusqu'k ce qu'ils eurent perdu toute efpéran!ce d'attircr le confentcment de toutes lies Provinces a la levee des feize.mille i| hommes.. Ik eft vrai que les Etats de [Gueldre n'oppolèrent pas de grande dififlcultés a !a conceffionj. mais'on ltipula ! qu'dle n'aurait de force qu'autant que ; les autres Provinces auraient adopté les j meines mefures ,,...&• que leursfroatierea fcraient fuffifament défendues. La Zéelande9,.qu?on. cr.oyait dévou-  Dlfiicultés Zeelande pour Ia nouvelle Itevée. M'Jvatix *4 Mars. i 1 ] 1 i 1 c 1 3 9% Louis 'XIV. nut gagner les Pro?. Vntat- ée au Stadhouder, oppofa de bïen n\nè grandes difficultés encore. Les villes d& Middelbourg & de Ziriczét; protefterent fortnelleinent' contre la levée, Lc* Prince eut alors recours a -la vöie dés ex-' hortations,-il ecrivit aux Etats de Zélande une lettre-oü-il déduilait toutes' les raifons poffibles pour gagner les deux'villes refractaires;-mais-il rfV eut que ' celle de Goes qui fe laifla éblouir. Middelbourg perfista^ dans fon oppofition.' Les Etats de la Prevince jugerent a propos de lui fairé une députation ; mais le " Bourguemaitre de'Maafe, ayant réfufé' de convoquer le Sénat- pour la recevoir,* tut traité fi mal par le fieur d'Odvk representant du premier noble,.que Ie confeil* ie la ville réiblut de n'aföster aux Etats. u de payér aucune compofition, avantju'on eut fait réparadon d'honneur au '1 iourguemaitre. Le Prince d'Orano-e : •rut devoir fe transporier lui-même en ; belande. Mais il y fut fort mal recu; -a Bourgeoifie rcfula de fe mettre fous' es armes pour lui faire honneur. H pa'üt le 2Q du mois de Mars dans 1'asfem>lee des Etats de cette Province III ivait tellement a coeur leur confenteaent k la levée qu'il fitun discours d'u- l eheureentiere, pour en prouver la né« I efiité, Enfuiteil vifita, 1'un après 1'aure, tous les membres de la Régence dé Middelbourg,-qui étaient les plus op-  oppofition contre Guill. JIJ. i$$ Ifofcsa Ia levée;-mais nonfeulement chaKun en particulier perfista dans fon opipofition; la Régence en . corps recUuna formeliement i'article de 1'Union, fulyant lequel la rnajorité ne fuffit pas pour 'former une réfolution relative k des leiVées des troupes. Le Prince inflexible malgré cette déclaration, voulait que P confeiller penfionaire Huybert don» jipkt une conctufion k la pluralité ; mais ijle ministrc, dont la familie avait cependant toujours été „attaché k ia maifon .'d'Orange, refufa de fe prêter ace procédé Irrégulier; il déclara qu'un telle démarche iétait contraire au ferment qu'il avait iprété & qu'il y allait de fa tête. Alors !le Prince ne crut pas au-!deffous de fa •'dignité de procéder lui-même k -la demarche de recueillir les voix. Ziriezée, Tholen, Fliffingue & Veere confentirent k la conclufion, prife k la pluralité. Goes ne fe hazarda pas fi avant; on fit auiïïtót une députation k la Régen' jte de cette ville, qui n'ofant, ni don-:ner une oppofition vigoureufe, ni confentir formeliement k des mefures qu'efle n'avait jamais bien approuvées, ne ifit point dc* réponfe pofitivè; & fe confcenta de dire qu'elle écoutait & voyaït. {Ces contraditions formelles ou tacites in'arréterent pas Je Prince. II fit dresfer un acte oü il était dit que les villes iponfentaientk conclure a la pluralité. A. la 1683. D'Avaux »7 Fsvrit  1683. ^4-'Leuk(XIVïpetst -gagfier les Prof. ünle-sl lefture de cet écrit, 'tous-les membresdes Etats gardcrcnt un profond filence; mais Middclbourg s'éleva fierement con-j tre cette démarche &s'yoppofa par uiiq protestation vigóureufe. C'est ainfi que; Ie Prince d'Orange vouiait accoutumerl les membres intégrans de ia confédé-i ration.k 'fuivredes ordres;'mais la réfolution n'avait paffe que depuis peu de femaines, lorsque la Régence de Zrriczee desavoua fes députés qui y avaient confenti. On remarqua, dans cétte affaire., que dans le deux plus puiffantes provinces de la République, ce furent les deux villes les plus confidérables par leur puisfance & leur' commerce, Arnfterdam & Middclbourg qui perfiftcrent a s'oppofer k la levée; .& que dans chacune des' deux provinces., ïl y out une vilie qui desavoua les réfolutions prifès a-la pluralité. Le Prince d'Orange était fi jaloux de ] cette levée qu'il ola retenir pour la faire, ■ Pargcnt deftiné a pavcr les arrerages des ' vieilles troupes. L'oppofition n'était pas ; moins fortc de la part des Républicains: les commiflaires de 1'Amirauté d'Amfter- ' dam fuspendirent la réparation -des vaisfeaux, aimrmt mieux laifier la Flotte de h République dans un état déplorable, ; que de faire des diligences dont le Prin- : ce d'Orange aurait pu abufer. Le mé- ï :ontentement contre le Prince avait mé- ■-  ■ Oppofition coniro Guill. JU. 95 Iffic paffe jusqu'aux dernieres claffes .du foeuple. DesHateliers aqxquels le Prinjce avait fait demander desbatimens pour Itransporter des Troupes, refuferent., jlorsqu'ils apprirent que c'était pour les ijconduire en Flandre. II voulut uier de Jvioience pour le transport de les gardes; i «mais aucun des proprietaires des batimens' ne voulut y prendre part. ! La Province d'Utrecht, oü le Prince Jjpouvait tout par le droit d'y nommer arIbitrairement la Régence, fut la feule iqui confentit fans ré-ftriction h. la levée. fj!Encore les Etats de -cette Provinoe lui ifirent demander auparavrmt quelques ^Compagnies, dans la crainte que leur réfolution n'excitüt un foulcvement parmi jle peuple qu'on ne pourait raffurcr conItre tout ce qui pouvait attirer une guerre lavec la France. A la nouvelle que les.FranIgais s'approchaient du cóte deüolognc, il y leut une fermentation générale dans les jjProvinces de Gueldre, d'Utrecht, d'OIveryffel; & la populace fut prête a fe lljeter fur les Magiftrats. Mais les Profvinces de Frife & dc Groningue perfisI terent dans leur oppofition. On crut les jjgagner par une députation; mais ils laifeóterent en préfence des députés de I prendre une réfolution contraire k Ia ü levée & tendante a preffer une protestapion générale. II y cutenOveryffel biendejs 1683. '/f Vit UT ;o Mars 1. 7. Avril, 1 Juin. D'Avaux ^evrier 18 Avrit. Difficultés jbftacles :n Frife & ' jvoninguec  *ï683. ■] ] t c 1 3 $6 Louis Xir.ynirgagner kt Pro», Üï^tm membres oppofés.k b levée; il para] qu'on fut oblige de fc contenter u'une: .refemnon prifek Li pluralité. ' Pendant que les Euts-perdaient airifl ie tems a déübérer, PEspaghe presféJ avec vigueur par la .France, fut obligée'l de fe prcter.kunenégociation. Les Euitl prenant une part eonfidérable aux conféJ Tences qui fe tenaient k la -Have, .oer--' dirent de vue la levée des feize mille1 bqmmes. Pour en diriger les conditions luivant fes ïdées politiques, Ie penfionmire Fagel imagina d'en faire exclurre! les Députés de Friie & de Groningue I Les Etats de ces Provinces reffentirent i vivement Paffront qu'on voulait leurfai- i re. Ils ecrivircnt aux Etats Généraux que, dans un cas de paix ou de Guerre pn ne pouvait rien eonclure fans eux1 k moins de prétendre qu'ils étaient les I ssclaves des autres Provinces, ils menaeerent de fe dispenfcr de verfer leur 1 quote part danslacaiffe delaGénéralité; 1 Vetant pas juste, difaient-ils, que ne ! ïejouiffant pas des droirs-& desavantares de PUnion, ils en fupportaffent les 1 marges. Ils en vinrent jusqu'k recla- '> per fous main la proteelion du Roi de •rance; & fur 1'affurance qu'ils en retirent, ils fe concerterent avec la ville j I Arnfterdam; .pour foutenir les mémes ; 'Omts jusqu'k Ia derniere extrémité * Pnncc de Nafiau, Stathouder de ces' deux 1  öppofiïon Watti Guiff. IJl. §>'■/ Meux Provinces entra dans le même plan oontre la maiiön d'Orange, La ville d'Amfterdam, bien loin de fe piffer alarmer , fit demander au Prin]te d'Orange, pourquoi le Régiment de ijTorcé etait forti du territoire de la Réïhmbiique, pour entrer dans les terres Id'Espagne; quel etait le nombre des jTroupes qu'il avait envoyées aux Espasnols; fi leurs ordres étaient öffenfifs^ou ijdéfenfifs? & pourquoi la Flotte des fficats était allee k Gothembourg? Le prince d'Orange fe plaignit viveIment de la conduite d'Amfterdam il ilfon égard; & déclara qu'il devait avoif i;de fon cóté une autre conduite aIvec elle, & qu'il n'avait point de compte ila rendre k une ville feule. • II fe rendit 'fur le champ aux Etats de Hollande oü il ïfe plaignit encore qu'Arnfterdam voulait Idicter la loi a toute la République |& 1'expofer k une ruine certaine, afjoutant qu'il était réfolu de périr plutót fque de permettre que la République fut lexpofée k être changée en dedans, & scompromife au dehors. L'alarme fe ij'répandit dans la ville d'Amfterdam'; ;le bruit y courut, qu'on travaillait k la bombarder, k y mettre le feu de Jtous cótés & a foulever la populace. ILa ville augmenta de fix eens; hommes, Ha garde ordinaire & lui donna des armes i Tem. VIII. E 16% d'Avaux 7 Janvier d'Avaux 265.  1683. D'Avaux 2 Mars. D'Avaux 225. -Vigtieur d in Ville tV Arnfterdam. D'Avaux 14. F eb. £ Mare. ,98 Louis X/r. veutgagner les Pror. Unies. k feu au lieu de batons ferres qu'elle avait auparavant. ■ Le Prince d'Orange preiïa lesSo'.liciteurs d'avancer Païgerit pour les levées. Les Solliciteurs lont des particuiiers qui ont foin de demander le payement des gages qui font dus aux Colonels, Capitaines & autres Officiers de L'armée^ r& comme les Provinces, après avoir délivré des ordonnances, qu'on ne refufe jamais, .étaient enfuite longtems fans les 'payer, ces Solliciteurs avangaient de j'-argent aux Officiers fur leurs ordonnances k gros intéréts: plufieurs des Régens avaient de 1'argent entre le mains de ces Solliciteurs, pour le faire valoir k fept ou huit pour cent; &, pour prolonger ces intéréts, ils reculaient iöuvent le payement des. Troupes; mais 1'oppofition de la ville d'Amfterdam arrêta toutes ces opérations. Perfonne n'ofa' confier de 1'argent aux Solliciteurs. , La viile d'Amfterdam, voyant les chofes prendre une tournure fi conforme k fon Syftême, infistaavec une nouvelle vigueur k ce que le fcellé fut levé de fes papiers. Vers le milieu du moisde May, elle recommencak envover des députés aux Etats de Hollande. 'lis: menacerent fi ferieufement de ne plus ver-' fer aucune de leurs quote -parts k lai généralité, au cas que leurs papiers ne  'Oppofitftn contre GutII. 777. ' 99 pjffeut pas affranchis, que les esprits fe Ëaiifereiu ébranler. -Les papiers furent 'rcndus le 24 Juin après un Scellé de -quatre mois. C'est ainfi qu'Amfterdam 'fortit avec -tonneur d'une affaire oü elpe avait contre elle presque tous les membres de l'Etat. C'est ainfi 'que fous une -conititution fédciative, oü 1'unanimité des voix eft ftipulée, un feül membre ■ refractaire aux propofitions des autres, leur dióte k la fin la loi; & cela eft juste; car les membres de la confédéra- gtibn ne fe font öbligés qu'a 1'obfervation -desarticlesde 1'aéte fondamental •, il cön"vient donc que toutes les nouvelles arTaiferes qui peuvent affeóler 1'état dechacunc |en partïculicr,obtienncntleconfentement unanime de tous. L'oppofition d'Amfter- ■ dam encouragea les Provinces de Frife & dc Groningue, Middelbourg, & les membres qui n'ofaient former qu'une oppofi- ■tion indirecte. En même temsqu'Amfter- •dam faifait échouer la propofition des nouvelles levées, elle avangait une affaire non moins importante, 1'accomodement a 1'exception des villes ds  Oppofition contre Guill. IJL 107 Luxernbourg, Beaumont, Bouvines, Sc Chimay, qu'elle retiendra avec leurs dépendances, fa Majefté trés-Chrétienne, & fa Majefté Catholique demeurant au furplus dans le même état de poffeffion, auquei elles étaient, lors de la levée du biocus de Luxernbourg, fans toutefois qu'en vertu de fadite posfeffion , uu de eelle des autres villes & places qui demcureront pendant cette trêve, foit a la France, foit a PEfpagne, il pui'sfe être mit aucune prétention, ni fait aucune réunion de part ni d'autre, ni contre les Etats-Généraux, fous prétexte de dépendance ou autres droits,quelque nom qu'ils puiffent avoir. V. Sa Majefté trés chrétienne fera pareiilement obligée, après Péchange des ratiScations d'Efpagne, dc retirer en- ' tierement fes troupes de deftus les Etats de la domination du Roi Catholique, en quelque end roi t qu'ils foient fitués. Le Roi Catholique ne commettrs p'.us aucun acte d'hoftilité- VI. Si, fur ce fondement que lesdits Seigneurs Rois demeureront, pendant laditc trêve en la poffemon oü leurs Majeftés trés-Chrétienne & Catholique étaie nt lors de la levée du biocus de Luxernbourg (a la réferve des places fusmentionnes, qui demeureront k la Majefté trés-chrétienne,) il fe trouvat auelques lieux, dont le t«ms de la pos 1684.  1684 l i 10% Lcuis XIV'. nut gagner iesProy.Unie?.. fesfion, ou 1'étendue fut conteftée, la décifion en fera remife au Roi de la Grande Bretagne,k la charge néanmoins que les dits Seigneurs Rois ne feront plus regus k former aucune plainte furce fujet, trois mois aprés 1'echange des ratifications d'Efpagne de la préfente convention. VIL La levée des contributions fera continuée de part & d'autre pour tout ce qui reftera k échoir jusqu'au jour de Péchange des ratifications d'Efpagne; & les arrérages qui refteront dus, lors du fusdit échange feront payés dans 1'es-" pace de trois mois après le terme fusdit, & aucune exécution ne fe pourra faire pour railon de ce, pendant ledit tems, eontre les communautés redevables ?. pourvu qu'elles aient donné bonne&valable caution dans une ville de la domination ou poffesfion de celui desdits Seigneurs Rois,a qui lesdites contributions feront duè's: & en cas que quelques différends vinflènt k naitre k 1'égard desdites contributions, on ne s'en pourra procurer aucune fatisfaction par voie de fait ; mais cette conteftation fera terminée k Pamiable,& fi cela ne fe peut, on s'en remettra k- 1'arbitrage du R.oi de la grande Bretagne. VIII. Sa Majefté très-chrétieane s'enr,age de faire ceffer dès k préfent tous. i£tes d'hoftilité dans les païs-bas, con.»  Oppofition contre Guïïï. TIL 109 lire les villes & les lieux apartenans h, la I couronne d'Efpagne, même dans le plat i pais, fi les Efpagnols s'en abitiennent \ ■ & les Seigneurs Etats-Généraux s'engaI gent de ne rien entreprendre contre les ; placcs appartenantes' & fa- Majefté tresChrétienne, ni contre fes troupes, IX. Et fi le Roi Catholique n'accepte jpas la fusdite trêve aux conditions tri— ilpulées, & que dans 1'eipace de fix fe-pmaines, a compter du jour de la fignaIture de la préfente convention, fa Ma| j-eité Catholique n'en fovirnit pas un acte ijtïe ratification en bonne & due fonne,. I les Etats-Généraux s'obligent,en ce cas,. i de retirer immédiatement après ledit | tems de fix femaines, toutes leurs trouJpes, des Païs-Bas Efpagnols, & de ne~ . Idonner, tant que la préfente guerre duIrera, aucune afliftance a la couronnei d'Efpagne, directement ni indireéte| ment , tant que les différends quiI exiftent préfentement ne feront pas ter! minés; & ils s'engagent auffi de ne com. Jmettre aucun acte d'hoftilité contre lesi: troupes, pais, & fujets de fa Majefté i|ni contre fes alliés. Èt fa Majefté trèsI Chrétienne s'oblige réciproquement dej 1 n'attaquer ni de prendre aucune autre 1 place des Païs-Bas, même de n'y faire; la guerre dans le plat pais, fi les Efpagnols s'en abftiennent, fa Majefté fe >■/fervant la liberts de port er fes armes dans E 7 1684.  1684. xio Louis XJF~ Teut gagner lesPrsv-Unies, J lés Etats du Rol Catholique, par-tottt ail- I leurs que dans lesdits Païs-Bas, jusqul i • ce que la paix foit rétabüe entre lesdits ] Seigneurs Rois très-Chretien & Catho- I lique. X. Et en cas que la guerre venant a fe continuer entre les Rois ttèschrétien & ie Roi Catholique, fa Majefté trèsChretienne fit des conquêtes fur lacou- 1 ronne d'E;aagne,elle promet que,quel- 1 quefuccèsquefesarmespuflènt avoir, £"//*■ f n'acceptera point d">equivalent dansles Pais- j Bas- Efpagnols des conquêtes ■qiPelle fera- 1 pendant Ia préfente guerre, & qiPelle ne- J s'emparera point non plus pendant kdit tems. % d?a.ucune des places des Païs-Bas y foit par 1 revolte, échange, cesfwn volontaire, ou. .1 par quelqu* autre vole que ce foit. XI. Sa Majefté s'öblige pareiHement I de donner encore un mois k Ta Diete' de Ratisbonne, a. compter du jour que- I Ja préfente convention fera fignée, pour I epnvenir d'une trêve avec la France, Sc fadite Majefté s'engage de nepouvoir, pendant ledit mois augmenter les con- I dirjons, qu'elle k fait propofer, & qu'c-l- Je y a fait réiterer depuis quciq.ues mois. XII Sa Majefté très-Chrétienne, & les Etats Gcneraux des Provinces-Unies, ; confentent que le Roi de la Grande- : Breragne, & généralement tous les Prin- l ces qui voudront bien entrer dans un pa-  Oppofition contre Guill. UI. ut I teil engagement, puiflent donner k fa BMajeité très-Chretienne foausdits SeigI neurs Etats ■ Généraux leurs promesfes & obiigations de garantie de 1'exécution i de ce qui eft contenu dans la préfente. ponventiotv, fa Majefté trés-Chrétienne, I & les Etats Généraux confentent quepaI reils a-ites de garantie foient donnés a fa: I Majefté Catholique , Helle accepte ladi- té trêve. XIII. On eft convenu,. & il a été dé* elaré , qu'ön ne pr.tend rien innovèr 5 aux Traités fait k Nireégueentre le I Seigneur Roi trés chrétien, & les Seigifl neurs Etats - Généraux , & qua lesdits 1 Traités demeureront dans leur entiere j force &. VigjieüF. j XIV. Le préfent Traité fera ratifié & approuvé parledit Seigneur Roi, & par J iesditsSeigneurs Etats Généraux, & les | lettres de Ratifieation de 1'un & de 1'au:] tre, feront déüvrés en bonne & duc I formc dans trois femaines, & plütót, ft | feire fe peut,, a,compter dujour dc la 1 fignature. Fait k. la. Haye le vingt-ncuviéme jour ] dc'juinmil fix cent quatre-vingt-quatre, La ratifieation de ce traité n'éprouva I aücun délai delapartdela.France; mais, i lortqu'il fut queition de laratifierdans les 1 Provinces-Unies,on vit unnouvelexe mp'e I de la conftitution compliquee de la Reguhlique 6c de 1'oppofiüon des parus. ï 1684, DifficuItéS? fur la ratification d% ca Traité  ió84 SPAvaux so Juill. lil LouisXTV.peut gagner les'Prop.Unies, y eut dans les Provinces les plus devouees au Prince d'Orange, un grand nom-bre de Régens qui s'oppoferent k la ratifieation, jusqu'k ce qu'on eut pourvu aux intéréts du Stathouder. Mais, comme les Provinces de Hollande, de Friie, d'Overyffel & de Groningue ne s'arrerent pas a ces obftacles, cette grande aöaire n'eprouva aucun délai; & i'échange des ratifications fe fit entre la France & les Provinces - Unies, le 19 de hullet Les bien-intentionnés,dit le Comte d'Avaux, tnompherent d'avoir empêché qu'on ne itipulk rien en faveur du Prince. II eft certain, ajoute-t-il,qu'iis fe cqnduifirent avec beaucoup de bonneioi; mais il eft encore plus vrai qu'après les avoir compromis de la forte ,il aurait fallu les foutenir dans la fuitc. Le Roi de France aurait alors dispofé des EtatsGénéraux k ia voionté. Le Roi d'Espagne, fe voyant par ce traite, privé du pnncipal fecours qu'il avait efpéré. fut obhgé d'y accéder. Les progrès del armes Frangaifes dans la Navarre & la Catalogne ne contribuercnt pas peu k le déterminer. Pour affurer fes conquêtes par une paix générale, Louis XIV avait ménacé PEmpire, en farfant avancer les troupes dans 1'Alface. Une négociation auffi vigoureufe alarma 1'Empereur; il conclut de fon cóte une trêve avec la France; le traité fut figné k  Oppofition contre Güi/l. ITT. iï§ lïiatisbonne lo 15 Aoüt. - La France fut iaffurce dans la pofleffion de Strasbourg & de toutes les villes que les.chambres dc réunion lui avaient aifignées. 1, Ces deux Traités acheverent de monteer a 1'Europe la puiffance formidable jde Louis XIV, On fit plus attcntion ipwx acquifitions qu'il fit qu'a celles qu'il aurait pu faire. Les Etats pafferent ipour avoir été &. furent en effet les Auteurs de ce Traité. Ils y travaillerent avec d'autant plus d'ardeur, que tous les Érais de cette guerre allaient tombsr fur eux, & qu'elle ne pouvait avoir que des Suites fècheufes. En effet, la France n'ayant rien a craindre de la Grande - Breitagne, presque rien de PEmpire & trèsjpeu de la petite République des Provinjpes-Unies, aurait pu s'emparer facileiment de tous les Pays - Bas. Perfonne ih'attribua cette politique a un effet de la. modération du Monarque; queiquesuns 1'attribuerenta Pépuifement defesfi" feances ;.mais il parait plus probable qu'il coaimencnit a craindre que la nécesfité |d.u danger ne liguiit les puiffances voifi|nes,& qu'il conguc 1'éCpoir dc venirplus jfurement a bout de fes deffeins par des -progrès lents. II crut donc devoir fe contenter du Luxernbourg pour couper [aux Pays - Bas Efpagnols ies fecours de 1'Empire. La France avait fuivi la mêijme. politique depuis la paix de Munster; 1684. Reflcxiona fur ce Trai» é ; coup (Treil fur les affaire» yoiiti'iue. Balenhrnk* ü'Avaux,  1684. 114 Louis XIF'.peut gagner lesPróp.Unies, elle auraïr trouvé faeüement une autre-; occafion de s'emparer du -reftc- des PaysBas; - mais les révolutrbns arrivées donsla Grande-Bretagne'occafionnerent un nouveau fyftême politique dans cc Royaume*-- G'eft ainfi que la France dicta: par-tout la loi a-fes voifins comme k fes-' Ennemis;- Elle foutint cette. guerre avec avantage de tous les cótés; L'Efpagne' avait du coeür, mais trop peu de farcespour maintenir fon autorité. L'Empire était divifé; & mcmé entre les Princes qui auraient voulu agir contre la France,; 31 rf'y avait ni union dans les confeils,n-i concert' dans les projets, ni ordre dans les dispofitions, ni vigueur dans Pexécution." L'Empereur prit ce tems* la pour porter de nouvelles atteintesaux' libertés de la Hongne, & pour oppri mer fes- fujets P-roteltans. II- n'y avait nul autre Prince ni Général qui füt capable d'intimider la France; & les conïéquences de ce défaut parurent presque k chaque opération. L'éxpérience montrait que la France était k portee d'avoir; le deitus & 1'aurait toujours fur tous fesennemis aótuels. La tripte Ailiance avait arrêté fes progrès, & Pavait obligc d'afcandonner le Comté de Bourgogne; mais la Suéde était adtuellement engagée dans la guerre contre la France; 1'Angleterre favorifait encore fecretement les intéréts , comme la Suéde Pavait fait au cona-  r Oppofition toitire GuilL.JJI.' U57 peencement. Les dix Provinces entieres jj auraient été faumifés en qüelques camJpagnes de plus; & il valait mieux pourIPEfpagnc, auffi bien que pour la Hollande , que 1'on en fauvit une partie en acceptant une forte de compofition, que; Ée risqucr le tout en la refufant. Voila. ce qu'alléguerent ies Etats-Généraux. fpour s'exeufer d'avoir impofé des condiitions dures a PEfpagne,. de n'ën avoir ffiipulé aucunes pourTeurs-autres Alliiés, Sa d'avoir figné feuls. Es avaient lidonné a la France une occaiion dont elle fproflta avec beaucoup de dextérité &c de Iprudrnce, la facilité de traiter avec les ij Confédéres un kun, & de les battre ea Idétail dans.le.Cabinet,. comme elle.avait. tfouvent fait en Campagne. Le fatal prinjicipe de compofer avec Louis XIV", de\ puis que fes pretentions, fa puiffance & Pu? ■Ilage qu'il en fit, eurent commencé u mena; eer PEurope, prevalut ainfi de plus en I plus. Quoiqu'il n'obtint pas tout jee qu'il psétendait; cependanton vit i dans le cours des années de cette pério'|de, les Domaines de la France de plus I: en plus étendus a. chaque Traité, par un 1 confentement unanime; fes barrières fori tifiées de tousxötes, celles de fes voi; fins affiiiblies d'annéc en année,, & cette \ Puifiance qui devait faire valoir un jour contre le refte de PEurope les prétentions dc. la Maifonde Bourbon a, la. Met? 16$ 4.  1684. < { t c ] t I lj p 11 JI è i 16 LouhXÏK peut gagner les Prbp.Ünles narchie Efpagnole. établie plus folidement, rendue véritablemenr formidablell au moins en de telles mams. L'extrême faiblefle d'une des Branchés de'laMaifon d'Autriche, & la pitoyablp conduite de toutes les deux,lapauvretëdequelqucrons des Princes de PEmpire & leur désunion, ou leur politique mercenaire a-tous, enfin les vues étroites, les fausfes idees, & Piniquitédu Confeil d'Angleterre non-feulement erapêcherent d'arréter ii tems les progrès de cette Puilfance,mms lui aiderent a s'élever jusqu'k cë qu'elle eut acquis une force presque inrurmontable par aucune confédération fu:ure. Les Etats chercherent avec une extréüè ihquietude k conferver leurs barrières'* k k erfehakter par des traités & des aracles pofitifs un Monarque qu'ils ne wuvaient arréter par la force. Les conlitions de cette trêve étaient fi avanta;eufes ii ia France, qu'elleemployatou- 1 es les intrigues, pour obtenir un craité e paix definitif aux mêmes conditions /Jais ce n'était ni 1'interêt ni 'Pinten- : ion des autres Etats. Le Roi de 'rancé aurait pu reder, non-feulement' 1 principale puiffance , mais même le I renner mobile de PEurope; s'il eut fu I Ier de fes fuccès avec modération & I énager l'opinion publique fur Partiele I ■ la religion. Mais fes invafions, fes I  ©ppofition contre Gutll. JIJ. -I.17 ■jnfraótions de la foi publique, fes édics Karbares contre les fujets Proteftans, lui latfirerent 1'averfion du refte de 1'Europe, &. firent naitre ces ligues qui 1'humilie: rent a fon tour. II elt vrai que 1'Emperjeur n'était pas moins intolérant; mais les rigueurs s'exergaient dans des pays rerculés'dont les intéréts n'étaient pas conI 'fidérés comme faifant partie du fyftême l^Ie 1'Europe. Le Prince d'Orange fe vit \ ainfi contraint d'acepter une paix qu'il J abborrait. II montra, jusqu'k la fin, une ffermeté qu'on n'aurait pu s'empêcher ;: d'admirer, fi 1'ambition perfonelle n'eüC ij guidé fon plan glorieux. Ni les menajfes de la France, ni l'immobilité des i|-autres puiffances ne purent le faire écarfeer du veritable intérêt de fa patrie ni idu bien commun de 1'Europe. Mais ;;i-malheureufement il n'avait pas encore I affez d'autorité pour devenir 1'ame & le 5ixentre d'une confédération. II eit vrai :s|.que la France était environnée d'une I multitude d'Ennemis; mais ces Ennemis I femblables aux ouvriers de la tour de Bawiel, parlaient diverfes langueT3i ne faf vaient pas s'entendre 1'un avec 1'autre. On a dü remarquer dans cette époque 11'obftination du Prince d'Orange k fufcii! ter k la France de nouveaux ennemis; j -fon foin k profiter de toutes les occaf:fions de foulever les Etats-Généraux conI ,tre elle; les détours qu'il prit pour faire 1684.  :: V üj 1 é i I iS ZouiiXTK »eutgagner les Pre». Unies, j croire que fes -démarches ne tendniemqu-au bien pub'ic; les movens donc 1 II le tervn pour dcfabuier les aYdens Ré- ] publicams, & pour les porter a -maintemr leur liberté, enförte que leur parti Prévakit fur le fien, & qu' il fe vit ! lorce a donner a connaitre li clairement i es deiieins, que la plus grande partiede I iaRepuolique ié réunit contre lui, & que j trois Provinces furent fur le point de fe I detacher des quatre autres, pour con-1 dure féparément un traité que toute ia I republique fut a la fin obligée de figner. _ On va voir comment de nouvelles I üivilions donnerent lieu au Prince d'O- range de détacher d'Amfterdam le Prin- ! ce de Nafiau, Prince tres-faible & trés- I peu eclairé. D'ailleurs, comme il 'Umx. un confentement unanime de la Prownce de Hollande, pour exécuter ce que es Regens d'Amfterdam fouhaitaient, le Prince trouva moyen de gagner quel3ues villes, .& d'empêcher cette unifor- '} mté de voix. Comme la plus grande I sartie de ceux qui s'étaient oppofés k I ui fors de la conclufion de ia Trêve, ne I 'avaient fait que par 1'appréhenfion de a guerre, & qu'ils n'avaient plus cette neme crainte, il n'eft pas furprenant, i ils n'agifiaient pas avec la même chaeur, & s'ils ie rallentirent d'eux mênes. On verra que ie Prince d'Orange ronta.parfaitement bien de leurs irréfo- .  ■ -Oppofition. contre "GuW.-JU. jfo 'lotions & de leurs faiblesfes, & que de Routes les „entrepriles qu'ils firent contre lui, il n'y en ent pas une qui fut .foütenue avec vigueur, ni fuivie avec application; au hcu que tout ce qu'il .-entreprit fut toujours paufié k 1'extrefbité avec toute l'ardeur pofiible. Ainfi le premier mal vint du dedans ;de la République; mais ce mal était médiocre; il n'aboutiffait qu'a des démêles domeftiques, dans Jesquels, k la ve-rité le parti Républicain, fuccombait fouvent ,• mais il ne laiffait pas de fe maintenir, & s'il n'avait été accablé par tout ce qui arriva au dehors, les entreprifes du Prince d'Orange n'auraient fervi qu'a élever un parti contre lui, qui étant puiffant & irrité, aurait favorifé les deffeins de la France,, fi la France était entrée dans les intéréts de la République. Mais dans le tems qu' Arnfterdam fe foutenoit avec vigueur, qu'elle avait fait caffer les nouvelles levées de onze mille hommes,, & qu'elle demandait opiniatrément une feconde réforme de quinze mille autres ; ce qui arriva aux Religionaires en France fit furfeoir leurs pourfuites, & donna un grand avantageau Prince d'Orange, Lorsquc la France les inquiéta dans leur commerce; qu'on défendit 1'entrée de leurs harengs frais^, & gu'on empêcha, contre la teneur dee 1684,  1684. ï c € 'Jüo LotiisXJV- peut gagner les Prop Unies* Traités, le débit de leurs Draps; qu'ils n'eurent permifiïon nide vendrenederetirer hors duRoyaume; lesRépublicains perdirent leur crédit, & la confiance que les peuplcs avaient en eux, de forte,que fe voyant incapatsles de rien faire pour la France, ni en état de fe maintenir eux-mêmes, & tous les marchands les ayant abandonnes, les uns & les autres fe foumirent au Prince d'Orange pour n'être pas emportes par le torrent. II y avait encore moyen de Jes empêcher de fe perdre entierement; & Ie feul confentement du Roi de leur laifler faire leur commerce qui apportait douze millions tous les ans en efpéce k la France, aurait remis le calme dans les efpnts. Pour ce qui regarde PAngleterre, on verra le fuccelTeur de Charles il. travailier avec application k fa propre ruine ; Dn le verra fe livrer entierement au Prince d'Orange, après tout ce qu'il avait u de fes deffeins, & faire de nouveaux rraités avec les Etatsr-Généraux; abanlonner les intéréts du Roi de France [ui feul pouvait le maintenir dans les 'ues qu'il avait pour la Religion Cathoique; faire confidence aux Etats-Généaux de la réfolution qu'il avait pnfe de ie point avoir de liaifon avec le Roi, e ne point faire d'alliance avec lui. Enn, fi Pon a vu la négligence du Rei Char»  ;-©ppofuïon eetitre GdïlL ■ fff. jü 4 Charles fon frere, fur les entreprifes du i^Prince d'Orange , on verra 1'étrange ■ aveuglement de-celul-ci. II eft certain que le désfein de la vil- " le d'Amfterdam , lorsqu'elle conclut fa :trêve, était de perdre entierement le •penfionnaire Fagel, &de diminuer tellement 1'autorité du Prince d'Orange, qu'elle ne put plus leur être prejudial'ble, pour cela ils avaient réfolu, ausrfitót que la trêve ferait fignée, de refufer de confentir k la continuation de la reerue de dix mille cinq cents homrnies qu'on avait faite deux ans auparaivant,de faire examiner dans 1'AlTemfaléc ides Etats de Hollande , quel était lë i pouvoir de leur Gouverneur, quel était I celui de leur Capitaine Général, & quel "était celui du Penfionnaire de Hollande. [fis voulaient par la discufion dés droits jattachés k ces charges , diminuer ie i'-pouvoir du Prince d'Orange de faire rmarcher les troupes des Etats Génél'raux dans toute 1'étendue de leur do'iimination ; de caffer les Officiers felon [fon bon plaifir, & de donner toutes les charges de 1'armée. Elle voulait rétablir le Gouvernement ides Provinces de Gueldres, d'Utrecht, :& d'Overifiel, qui n'ayant pas été remis ifur 1'ancien pied depuis la paix de Niifmegue, avait rendu le Prince d'Ora'ngè fabfclu dans ces trois provinces, oü'tl Tom. FJJL F  1C84. .'Dispute fur la Ré tluélion des ^Troupes, I 11% Louis XlV.veut gagner Jes Prw.Unies* nommait généralement tous ceux qui entnuent dans lc Gouvernement. Elle fouhaitait aufii de s'unir étroitcment k la France dont la proteótion leur devenoiten quelque facon nécefliüra pour fe foutenir contre le Prince d'Orange, & après qu'elle aurait été aiTuréede lamitié du monarque, par une ailiance qu'elle voulait faire, elle devait encore caffer quinze mille hommes & n'en garder que vingt-cinq mille. C'étaient-lk de très-beaux deffeins, & Meffieurs d'Amfterdam, qui trouvaient leur confervation particuliere dans le rétabhffement de la liberté de la République , voulaient fe mettre en état par ia conclufion de ce Traité de les exécuter. Avant de terminer cette époque de 1'Hiftoire des Provinces - Unies, il n'eft pas inutile de revenir fur un événement , propre a développcr Ie fyftême de chacun des deux partis qui divifaient alors la République. A. peine la trêve de vingt ans fut fignée, que la ville d'Amfterdam infista pour qu'on fit une reduéiion dans les Troupes. Le Prince d'Orange & le Conieil d'Etat, avant vers la fin de 1'anneé, propofé I'état de laguerre pour 1'anneé fuivante, les Provinces auxquelles on 1'avait envové le trouverent beaucoup trop confidérablepuisqu'on y parlait d'entretenir a peü-  ' Oppofition contre Guill. TIL isj prés toutes les troupes qu'on avait fur ■ pied. Les Amfterdammois qui avaient toujours des intelligences fecretes avec le Comte d'Avaux, infifterent, dans ■ 1'Affemblée des Etats de Hollande, pour le licenciemént de douze mille hommes répréfenterént avec vigueur la né- ■ cesfité d'augmenter lesforces maritimes. Cette diverïité de fentimens occafions un nouvelle dispute qui fut prolongée bien avant dans 1'année fuivante. Les Députés d'Amfterdam propoferent un état militaire oü il n'était porté qu'k 26315 hommes de pied & 3000 hommes de cavalerie , declarant qu'a compter du milieu du mois de Mars , ils regleraient fur ce nombre le payement de leur quote-part. . lis obfervercnt k cette occafion que fes charges impofées fur les Habitans furpafi'aient trois fois ie revenu des ■ terres; qu'on avait facrifié des millions pour des fubfides & pour d'autres chofes relatives k la défenfe de terrc, & ' que 1'Espagne en avait pris occafion de reduire les forces de terre k mefure ■ que la Republique augmentait les fiennei lis foutinrent qu'il fallait avoir moins de troupes de terre & s'occuper du 'retablifTement de la marine. C'était difaient-iis, ie feul moyen de rendre la République respeclable k fes voifins. ■L'Angleterre fuivait ce fyftéme avec F 2 l6c?|. Propofitio» remar quajle de la /illc d'Arfl> terdam.  324 Louis XlV.veutgagner ks TrotJJniet. 1684 fi'' Avaux. ir. 203. I J fuccès. I!s fallait fuivre cet exemple& briguer k 1'envi 1 empire des mers. La -République de Venife n'était également -défendue que par des forces maritimes. •On n'avait pas befoin de foudoyer des -troupes: on n'avait qu'a gagner la Bour■geoifie des villes, par ,1a douceur du Gouvernement, & la faire exercer aux é■volutions militaires; elle ferait toujours prête k défendre fes foyers dans une attaque imprévue; on ne ieverait des troupes réglées qu'k 1'approche d'une guerre nouvelle. C'eft ainfi que le corps 'helvétique maiatenaitfon indépendance. Au moins devait-on fe borner k un petit nombre de troupes fur pied, que 1'on entretiendrait avec beaucoup d'économie. On n'avait du cöté des Paysbas Espagnols, gueres d'autres frontieres k entretenir que les places fituées en-deck de la Meuze & de PEscaut. Au cas (ce qu'k Dieune plaife) oü la France viendrait k s'emparer des Pays-bas Espagnols, on délibererait, fi 1'on ferait en état d'entretenir les garnifons de Maaftricht, Graavc, Heusden, Geertruidenberg, Bois-!e-Duc, Breda, Willem flad , Klundert, Hulst, 1'Eclufe, Berg op Zoom & le Sas de Gand, de conferver en même tems la prote&ion du Rhin & de 1'YlTel, ou bien s'il ne èrait pas mieux pourvu k la défènfe de 'Etat en creufant les rivieres, ou par  Óppofitïon contre GuïlL ITT. 125 d'autres moyens propres a roettre Ia Province fous l'eau en cas de nécesfité & a conferver les forts fitués fur les rivieres. les plus propres a être fecourus & a faciiiter Pen tree de la Flandre & du Brabant. Dans un autre mémoïre fur la réductïon des troupes, Amiterdam foutint que les Pays-bas Espagnols étaient' une barrière iüffifanté pour la Republique. Elle- repréfenta que le commerce & la navigation étant diminués demöitïé, depiiis la paix de Muniter, & le fardeau des dettes publiques augmenté, il fallait fe décharger d'une grande partie des Troupes. Les nobles de Hollande s'éleverent vivement contre ces obfervations poiiti-, ques. Ils déclarerent avoir vu avec un trés-grand étonnement que les Régens d'Amfterdam euffent déclaré leur avis, touchant Pétat de guerre, d'une maniere auffi abfolue; que fi la conftitution de PEtat requérait néeefiairement que la Milice fut reduite k ce point,elledeviendrait tout-a-fait ihu'tile pour la défènfe du pays Ils. foutinrent que la décadence des finances n'était pas caufée par Pentretien de la milice, mais par les arrérages des capitaux que PEtat avait empruntés depuis 1'année 1672, ,& que les contributions étaient plus que fuffifantes pour cet entretien puisque lesrecru.es faitesen 1682, avaient été F 3 1684. Rc'r.otife  '3 26 Louis XIF.veiït gagner les Prov'Uniesv 1684. entretenues par les mêmes moyens9 fans qu'on eut mis de nouvelles impofitions. Ils accuferent ceux d'Amfterdam d'im- 1 prudence & de contradidtion , faifant I voir que lorsqu'ils propofent de rétablir les ibrces maritimes, enforte qu'elles 1 donnent k l'Etat la fuperiorité de la mer, I ils attirent la jaloufie des Princes voi- 1 fins, & quoiqu'ils foutiennent qu'il raüt éviter avec foin tout ce qui peut I au dehors donner fujet d'offenfe & de I broüiileries. Ils voyaient, difaient-ils, avec douleur que ceux d'Amfterdam oubliaient I avec quel foin & quelle Deine les Commisfaires députés de l'Etat avaient ' travaillé avec le Prince d'Orange k former en 1Ó78 un Etat de guerre ordinaire fur le pied qu'exigeait abfolument la défenfe de l'Etat; puisqu'kpréfent, fans en donner aucune communication auCapi-. I taine-Général de la milice, niauxau- I tres membres de l'Etat, ils veulent qu'on - I regoive comme une chofe infaillible ce 1 qu'ils ont déterminé;. & qu'en déckv I rant qu'ils ne confentiront k aucun en= I tretien qui excéderait ce nombre, ils montrent le peu d'égards qu'ils ont pour les autres membres de 1'CJnion. II eft vrai, continuaient-ils, que la puisfance maritime de l'Etat eft tombée dans yne grande décadence, qu'on ne peut  . Öppo/ltion contre Guill. IJL 127 : eómprendre qu'après avoir fecondé euxI mêmes le zele avec lequel lePrince d'OI range k prefié les membres de l'Etat de ij donner les ordres néceflaircs pour leré;! tablifiement des fonds maritimes, plu.: fieurs membres de l'Etat, intéreffés au : commerce ont traité cette propofition I comme fi elle ne les touchait point ,■ qu'ils jugent abfolument néceffaire qu'on 1 niette en déübération les moyens de réI tablir la marine, pour prévenir la ruine inévitable des forccs maritimes de f'ËI tat; mais que ce ne ferait pas pourvoir k la füreté de l'Etat de rendre les forces de terre inutiles k fa défenfe pour i; rétablir celles de mer. Ils ne favcnt pas ce qui peut avoir induit ceux d'Amfterdam k vouloir régler PEtat de guerre fur le pié de l'annee 1650; puisque cet état de guerre k été un fujet continuel de brouillène entre les . i! membres&IeCapitaine-GénéraldesTrou. ij pes; & ils ne peuvent croire qu'on voul| lüt k préfent faire naitre les mêmes dis1 putes, par le changement de 1'état de ; guerre de 1678, qui a été dresfé,après 1 un examen fi pénible, par le confentement 1 unanime des membres de cette Province, & de celui de toutes les autres. C'eft fe tromper que de croire que la .' conduifit dans les conteftations alors i élevées dans lesRégenccs des villes, donna de nouvelles preuves de fon atten1 tion a augmenter fon autorité. La pe: tite ville dc Gorkura lui fournit ia prei rniere occafion. Le Droffard de cet té \ ville & des pays d'Arkel avait beaucoup i de pouvoir dans la Régence. II choiffifaifc : les Bourguemaitres, les Echevins & les \ Confeillers , faifait affembler le Confeil \ en fon nom, avait féancé dans cette as: femblée. Mais ij la mort de Guillaume 1II, les Etats, pour s'attacher la Régen-' ice, exclurent le Droffard de cette as:femblée. , Guillaume III ayant, par Ton crédit, procure cette place a Louis iHuigens, celui-ci, s'autorifant de te F é 1684. rnnovatien dans la ville de Gojrkum.  1684. *t» Wilgen. 24 V. 255. Groot Plee. Guillaume TIL Augmemt faveur du Prince, voulut recouvrert'aua tortte des anciens Droffards, k Pexcer*' El,ö,"s. de,s. éleftions de Magiftrats , qü*fo n ofait disputer au Stathouder. Mais cette ambition lui attira une querelle-ffi SnUna!ec,laJ¥Bencc» ^ue la Cour de Hollande le déclara déchu de cette digniteit le condamna k une amende coniideraole. La proteétion du Prince Ie fit retablir. Se prévalant de cette faveur, il reclama les vieilles prétentions. Au mois d'Avnl 1684, on devait choifir les umciers- de la Milice- Boura;eoife; le Droffard affigna 1'affemblée du Confeil fur Jes dix-heures; mais les Bourguemai* tres avaient fixé 1'éleciion k onle heures. La plupart des membres du Confeil le rendirent k 1'heure indiquée par leDrofiard;. mais trouvant la falie d'afiémhlee fermée, ils la firent enfoncer. Les. Officiers de la Bourgeoife étaient déia> nommes, lorsque les Bourguemaitresarnverent k Pbótel de ville, accompagnes de quatre Confeillers qui leurétaient attachés. Les Bourguemaitres pretendirent que Péleclion était nulle; la querelle ne fe horna pas aux paroles'' un d'entreux en vint k des éclats plusviolens avec un Confeiller. Le Droffard voulut faire reconnaitre les Officiers éius Les Bourguemaitres foutinrent que 1'éection était nulle & en choifirent d'autres, L'agalre fut portee aus. Etats, Ls§.  fon Autarhtdans Ier Pl'flès. ijj Officiers éius ies premiers furent continués provifionellement.. Le procés resta longtems indécis; enfin en 16&6, le. Stathouder eut le crédit de faire affürer au Droffard le droit de convoquer le Confeil, d'y faire des propofitions,.. d'y recueillir les voix, d'y former les conclufions & d'avoir féance & fuffrage parmi les Bourguemaitres. Le Pfince d'Orange fit cn même tems une chofe dans la ville d'Utrecht, qui dut bien faire voir qu'il était fort •i éloigné de vouloir rétabiir 1'ancien Gbu.' vernement de cette ville. II ne fe con: tenta pas de nommcr a fon ordinaire : ceux qui devaient être Bourguemaitres 1'année fuivante; ou remplir quelques I places vaeantes : il chaffa du Confeil de la ville tous ceux qui s'étaient op: pofés dans ces derniers tems a fes desi feins, quoiqu'ii y en eut parmi eux qui : euffent été-depuis 25 ansdansle Confeil. C'étaitune chofe inouïe,quï n'aja: mais été pratiquéAdepuis 1'établiffement : de la République. Cet attentat fit faire : bien des réflexions, & fit craindre ! aux ardens Républicains que le Prince : d'Orange n'opprimat infenfiblement la liberté, s'ils n'était arrêté par une op; pofition vigoureufe. Guillaume III. ne fut pas obéi avec la même rapidité dans les villes de Hoilande oü fon autorité n'avait jamais été F? 1684.. Changement k Utrecht. D'Jyaux IV. wé» ia. Queyelle 1 Dort fur le 1'EiecTaon &ssBtnnes~  134 Guillaume IJL jlugmetite 1684 gcns-de- huit. Rifol. Ho, Dcc. i6t: Janv. Mevr irt8; D'Avaux IV. 115. 311. 123 »34- '3<5 142. 14::. Ï53- i7*< 188. 192. *0O. 227. 148. «73. 278. 3+3- confidérable. Le confeil de Dort eft com. pofé de quarante perfonnes, augmentées - de huit membres qui repréfentent la Commune & font élus par le Stathouder fur une préfentation de vint-quatre, • choifis par les corps de métiers, avec 'le droit de voter dans 1'éiection des . Bourguemaitres. On les apelait toujours les Bonnes-gem de kuit. Le Prince d'Orange, ayant regu la préfentation accoutumfeé, réfuia de faire i'éleótion, fous prétexte qu'elle n'était pas réguliere, & engagea ia Cour de Hollande k faire des enquêtes a ce fujet. Trois Députés de laCour de Hollande fe transporterent a Dort,&, fans avoir inftruit préalablemént la.Régence, ils citerent les quatre Doyens des Communautés. Ia Régence trouva ce procédé contraire aux droits du tribunal des Echevins de la Ville. Elle défendit k tous les fcrgens & autres Huiffiers de la Ville, de reconnaitre en aucune fagon ces Commiflaires. Les Députés, traverfés dans leur emploi, rétournerent a la Haye, fans avoir rien fait., Les Régens de Dort encouragés fous main par d'autres villes & furtout par celle d'Amfterdam , firent avanger la convocation des Etats, fe plaignirent amerement que des Commiffaires de la Cour de Juftice fusfent venus dans leur ville pour s'infóriner du Gouvernement, & furent fouc§-  fin Autorité dans Iss Villes. 135 mis par la ville d'Amfterdam On convenait en générai que le Prince, en quahté de Stathouder, avait droit de veiller k la régularité des éleétions; mais on foutenait que, dans un cas douteux, il ne devait rien faire fans avoir prévenu ia Régence. Le. Stathouder fe plaignit furtout qu'on 1'eut repréfenté comme cherchant k borner les privileges des Villes & qu'on eut convoqué les Etats idans une faifon incomrnode^ce qui ne pouvait. tendre qu'a le rendre fufpect aux !Habitans. II hazarda même de renvoyer la députation k Dort; mais la Régencene fe contenta pas de lui réflfter. EUe fit,, dit lc Comte d'Avaux, imprimer une yieille chronique, dans la quelle on voit qu'un Comte dc Hollande (c'était fgns doute Jean I.) ayant voulu jadis attenter k leurs privileges, avait été mis en tutelle & fonEaiiiif,qui était fon confi:dent,maflacré. Elle fe plaignit aux Etatsides entreprifes formées contre leurs privileges. Mais, pour ne pas irriter le Stathouder, elle propofait de s'aboucher avec lui pout terminer le différend k Pamiable. Elle prenait un avis conciiliatoire, propre k ménager k la fois le Prince d'Orange & les privileges des gilles. Guillaume III. parut oflbnfé d'une propofition qui, difait-il, rendait douteux fes droits les plus inconteftables. II déclara que.* pour les maintenir, 1684.  1684. IS6 Guillaume III. Augmtntè il employérait toutes les forces que Dieu & la nature lui avaient mis en main. II engagea la Cour k mander a la Have quelques uns des Dovens des corps de métier & a démettre le Bailli de la Ville de fon emploi.i II donna enfuite un mémoire oü cesDoyens étaient accufes d'avoir changé une élection déja faite, d'avoir vendu leurs voix a des Eclievins qui les avaient invités dans des maifons particulieres & les avaient enivrés de liqueurs &c. La ville d'Amfterdam, ayant pris parti dans cetaffaire, porta, avec fon impétuofité ordinaire, direêtement la coignée au pied de 1'arbre. Le Bourguemaitre Gerard Bors van Waveren, dépucé dans les Etats, dit qu'il fallait que la Cour de Hollande rendit compte de la conduite. Les Régens d'Amfterdam firent même déclarer que la démarche de la Cour, en envoyant des Députés a Dort, était une irrégularité fans exemple, un trait de mépris pour les Etats qu'il ne fallait pas lailfer impuni. lis propoferent en même tems de faifir cette occafion pour faire examiner jusqu'oü s'étend le pouvoir des Stathouders & le droit des villes, Cette dispute leur donna lieu de fonder les fondemens de 1'autorité des Stathouders. La Souveraineté. dirent-ils, réflde dans !e corps des nobles & les Col^ leges des Régences municipales; on 1'a-  jon Autorité dans lis Tiïïes. 137 'i vair, il eft vrai , déférée, pour ua tems a Guillaume 1, mais Maurice fon fils & \ fes fucccsfeurs n'avaient étéque.Stathou* - ders ou Lieutcnants du Souverain; & ieur ■ i autorité avait été feornée. par une in« : ftruction dont les Etats pouvaient éteni! dre ou restraindre les hornes a leur vo? j ionté. La Cour ayant ófé faire une nou- veile nomination, la Régence de Dort .; appuya 1'Qppofition d'Amlterdam par une l; déclaration vigoureufe & dirigée fur les I mêmes principes.. Toute i'autorité du. t Stathouder, .difaient-ils, eft émanée des-;! Etats. On ne lui avait jamais, défêré le. 'I droit de faire des enquêtes. Le pouvoir !i d'élire ne donnait point ce droit. En., 'i acceptant ie premier, on était fuppofé i renoncer au fecond. Le droit de pré,1 fentation,. laiOe aux villes,, ferait nul jj fi le Stathouder pouvait faire des re; eherches a cet égard.. Le droit de pré1 fentation & celui d'éleótion devaient | être indépendans 1'un- de 1'autre. Sou! tenir le contraire, c'était ébranler les j fondemens de la conftitution. De ce|que le Stathouder devait veilleraumain-. : tien des privileges, itne s'enfuivait pas qu'il put s'attribuer le droit de faire des . 1 recherches arbitraires & de juger a fon jgré fi les privileges étaient violés. II ! deviendrait alors le premier infraéteur des Iprivileges. Ils foutinrent que le droit [d'-informer fi les nominations étaient ré- 16S4.  I3'§ Guillaums III. Augminie Ï684. < 3 j ] i i i D Avitus 1 IV. 224. t I I » gulieres ou non, n'appartenait qu'a la ; Régence. Cemémoire, dont nous ne pouvons donner que le precis, n'inipofa pas au pati contraire. Le Prince d'Orange ne garda pas même les apparences, ■ pour faire une nouvelle nomination. Les Commiffaires & le nouveau Bailli de Dort fubornerent quelques doyens des corps j de métiers, les menerent 1'épée dans les reins a Phötel de ville & les forcerent it faire une nomination, d'oü le Prince tira auffi tót fes Elus. Les nouveaux Elus, encouragés par le Prince & la Dour, eurent 1'audace d'aller prendre èance dans Paffemblée du Confeil. La iégence, ne voyant ausun jour de pou/oir les rejeter, firent dans les Etats le Hollarïde, une proteftation, oü ils 'éclarerent qu'ils tenaient la conduite les Députés envoyés par la Cour, pour rréguliere & qu'ils ne reconnaitraient >as les nouveaux Elus jusqu'a ce que les Ctats de Hollande euliènt délibéré fur ette. affaire. Ainfi les nouveaux Elus irent ieurs fonctions cette année, fans voir éte proprement reconnus. Les fiats ne jugerent pas a propos de prononcer ar cette affaire. Le Comte d'Avaux préend que le Prince d'Orange avait troué moyen de les gagner en cbrrompant les )éputés. Ainfi le Prince d'Orange triomha a peu prés dans une affaire, qui tait d'une plus grande importance qu'el-  fon Autorité dans les Villes. 139 i le ne le paraiffait au premier abord. Car ; le Prince, s'attribuant le droit de pouj1 voir envoyer dans les villes des Com:• miffaires pour s'informer des brigues qui [ fe font dans 1'élection des Magiftrats, i & pour y obvier en quaüté de Stathou|i der; comme il n'y avait point de ville i; oü il n'y eut deux partis; dès que les I adverfaires du Prince d'Orange ne vouI draient par entrer dans fes delfeins, il y ! aurait auffitöt envoyé des Commiffaires, ; fous prétexte qu'il y aurait cu des caba! les, & changerait ainfi les Magiftrats a I fa volonté. La prétention du Prince d'Oi range n'allait a rien moins qu'k le 'ren; dre maitre abfolu de la Province de Hol;j lande, & par elle, de toute la Républij que. Les'öourguemaitres de Dort pous.faient alors Penthoufiasme au point .1 d'avancer que leur caufe était la même | que ceile qui avait occafionné le fouÜ le vemen t des Provinces-Unies contre 'PEfpagne. Le plus velé, Arend Muis van Holy, apprenant que le Prince d'O; range voulait le faire arrêter déclara . hautement qu'il était prêt k faire un voyage k Louveftein pour le bien de la Pai trie. Le Prince d'Orange de fon cöté ne fe mit point en peine de cacher fon 'mépris pour ces Régens. Un jour qu'ils avaient envoyé un de leurs Secrétaires, pour lui préfenter la nomination des nouveaux Magiftrats, le.Prince leretini 1684, IV. 116.  ï-684 avec la Régence d« Luide. T40 Guillaume ITT. Augmetnr fept a huit jours,, lui. faifant donner at»-! manger dans 1'office & ne lui donnant audienee qu'èn pafiant, pour aller a la chaffe. Ce traitement caufa une indignation génerale. On fe plaignit que ceuxdMmfterdam avaient trop decondefcendance dans une occafion qui demandait-■ toute la vigueur du feul membre de l'Etat qui eut encore quelque pouvoir. Le Prince d'Orange fut encore pliïsl heureux dans une dispute a peu prés fera-1 blable avec la ville de Leide. lindesEchevins étant mort,- le Bailli de la ville vint lui préfenter trois perfonnes • j desquelles il devait choifir une, pour'! rempiacer le défunt. Mais Guillaume,,] après lui avoir reproché d'avoir livré tèchement un fugitif Abghis noramé ' Armstrong au Roi d'Angleterre, le chas-1 fa honteufement de fa préfence. La Ré- 5 gcnce de Leide, pour fe vanger, fixa I un tems au bout duquel elle fe réfer-i vait 1'élection, au cas qu'elle n'èüE pas été faite. Le Prince d'Orange craignit i d'abord que cette affaire portee devant les Etats de Hollande, ne fournit une ! occafion de mettre des bornes a fon au- I tonté. „ 11 ne tient qu'a lui de pré„ venir cecoup, dit le Comte d'Avaux", i „ cependant il ne le veut pas faire, paree- I „qu'il ne peut fevaincreni céder en rien" La raifon pour laqueile, ajoute ce Mirustre-Francais, il ne-veut pas choifir  fon Autorité dans ks Villes. 141 j :aucun des trois qui lui font préfentés.; 1 'C'clt qu'il n'y en a pas un qui fe foit I voulu engager a donner fa voix pour met- ■ j *re dans le Confeil de Leide, une de fes i xreatures qui en a été chafiee depuis ||ix-huit mois. Le jour oü 1'on cboifit 9 les Echevins, on avait nommé, fuivant la J coutume, feize perfonnes,parmi iesquelI les le Prince d'Orange devait en choifir I pi?. La pluralité du Confeil au nom:bre de 40, n'avait pas,jugé l propos de püettre dans ce nombre quelques perfon3|nes que les treize Coniéillers qui forImaient la minorité auraient bien voulu faiRe nommer. II y avait dans la nominajöon deux perlonnes, Nicolas van Bank||em & Pierre Cuneus, dont le premier 'in'avait pas encore l'age devingt-huit ans -■accomplis & dont le fecond était né dans U'Inde, d'un Pere qui,avant & après la pauTance de fon fils, avait demeuré h )Leide, & qui fans être Bourgeois de la ville, appartenait a 1'Univerfité. Le 1 Prince prit prétexte de ces deux cir■xonftances, pour rejeter la nomination. W écnvit d'abord aux Bourguemaitres ;:& au Confeil. Enfuite, de fa propre auttoritc, il nomma quatre Echevins dont laucun ne fe trouvait dans la liste qu'on lui avait préfentée. Cette éleclion pairut d'autant plus étrange,qu'ildéclarait il'avoir faite fur un nomination feuledans is Confeil, pour pallier cette expres- 1684.  5 I4Ê Guillaume JIJ* jiugmtnte 1684. fion, il déclara, dans la fuite, qu'il avait choifi parmi les -membres défignès par la minorité, atténdu que la nomination de la pluralité était illegale. Le Confeil porta fes piaintes aux Etats de Hollande. Le Bailli rcfufa de recevoir le ferment des Elus. La querelle devint fi vive, que ceux de Leide tinrent leurs portes fermées, redoublerent la réfolution de iacrifier biens & vies pour le maintien d'un droit qu'ils appelaient la perle de leur Couronne. Mais ce courage ne dura pas longtems. Le Confeil fe conten» ta d'une légere vengeance. Le jour de ; 1'élection des Bourguemaitres étant ve» nu, quatre mois après celui des Echevins , le Prince d'Orange fit prier la Régence de la difterer de quelques jours. Mais cette inf-nuation fut rejetée. Ën-^ fin la dispute fut remife a i'arbitrage de quelques CommifTaires. Ils donnerent une décifion conciliatoire , en declarant que les derniers Bourguemaitres feraien-t reconnus ainfi que les Echevins élus par 1 le Prince. Ainfi, dit le Comte d'Avaux, les effbrts que les Magiftrats de Leide ont faits pour fe maintenir contre 1'in- 1 jufte autorité du Prince d'Orange, n'ont ïervi qu'a augmenter fon pouvoir & ale rendre maitre de cette puiffante vilie: On nepeut, ajoute-t-il, alfez s'étonner de 1'irrégularité de leur procédé: ils re»: ■lijfent un jour d'avoir aucune •■complai- \  fon AutorM dans les Villes. 143 iince pour le Prince d'Orange; ils ne veulent pas même entrer dans des temperamens qui ne vont point a blefièr eurs droits & ieurs privileges; & le Icndemain ils -a^cordent tout ce que le Prince leur demande, même de plusinjulte. Après avoir refufé de iürfeoir de jtrois jours 1'élection de leurs Bourguemaitres; deux jours après ils fe laisient gagner par les Emiffaires du Prince 'd'Orange & viennent a la Haye fe fousmettre a fes volontés. Ce qu'il y a de Plus furprenant, c'eft qu'ils font convejnus que toutes les fois qu'il y aurait des jdémêlés dans leur villejls en remettraient «'arbitrage au Prince d'Orange. Les pen- intentionnés déplorent cet aveuiglement ; mais c'eft tout ce qu'ils peuventé faire. Le Prince d'Orange fe rendant, infenfiblement, maitre des villes pourra tourner a fon gré, les délibera! P?ns des Etats de Hollande. II n'ofejrait enfraindre, auffi ouvertemenr, les privileges de la ville d'Amfterdam. Mais in s'y prend d'une autre maniere. I En effet, le Prince d'Orange, voyant la ville d'Amfterdam inébranlable, lors qu'on 1'attaquait de front, la fit fonder Jlous main pour un accomodement a 1'aimiable. Arnfterdam n'infifta plus auffi ivivement fur lelicenciement qu'elle avait propofé; on lui promit en revanche de hater Ia conftruétion des trente fix vais feaux,- déja réfolue en id%2. II fut fti. 16S4, Le Prince d'Orange s'accomode avec la ville d'AmIterdamJlmtterd. XXI. div. D'Avaux IV. J37-  TT684. I ï i 1 1 i i 1 pLa vïlle de Deventer refufe de fe foumettre au Régiement de -1675. 14 Guillaume III Jfugmtme ulé de part -& d'autre qu'on oublierait ; paffé: & le Comte d'Avaux ajoute lême une circonilance -peu vraitemblale, favoir que les Amfterdammois fe ;raient engagés de ne rien propofer dans =s Etats qu'après i'avoir communiqué u Prince d'Orange. Ce miniftre remariue avec plus de fondement, que les perècutions du Roi de France contre les 'roteftans, contribuerent beaucoup a tliéner de la France les efpritsdes Prodnces-Unies qui auraient été dispofes 1 fuivre fes mefures politiques iur la paix. Avant de donner une idee de ces perfécutions qui eurent la plus grande infiuence fur les affaires politiques de 1'Europe, nous terminerons cette époque en tragant une ébauche des troubles de quelques autres villes, dont le Prince fut prófitér pour étend.re fon autorité. Nous commencerons par POveryffel. Et pour repréfenter ce qui concerne cet articlefous un feul point de vuë. nous remonterons jusqu'k 1'année 1677. Le Prince d'Orange avait alors trouve une grande oppofition -k fon autorité dans POveryiTel. Les jurés de Deventer réfuferent de fe conformer au Reglement que fon Al'têlTe, en vertu du pool voir que lui en avaient donné les EtatsGénéraux, avait fait en 1675 touchant ia. forme du gouvernement dc la Provinces lorsqu'elle fut rentree dans PUnion. ils  fbr, Auïorhè 'dans les PlJfês. "145 pl-s foutenaient 'que ■ ce Réglemént était aux privildgcs de leur ville '■ & a la liberté de 1'Eleétion de leurs Ma' • gfrats; qu'il ne s'était fait que pour une fois feulement & fans confehuence ;pour 1'avenir. Que la Régence Te ?S vait jamais regu ni approuvé, & qLpon ! ae le lui avait Pas comrauniqu'é avec lïï fe&MMq^ qu'ainfi ils avaient! ete fort furpris de la défenfe quefon Alfgffe avait fait faire aüx Magiftrats tui ferment elus a la féte de'S. Pierre preter ie ferment avant qu'elle eut ao. jProuvé leur éleétion. Mais ie PrSice leur répondit en Gouverneur quicon|wrait toute 1'étendue de 1'aWfté iqu'on lm avait confiée. Nous ne nous lamuferons pas,difait-il, k réfuter les ar! gumens que les jurés alléguent pour iuft fier leur oppoiition,'nous dirons feuE t) qUC noUs.aurions bien fouhaité flue ces gens, anjourd'hui fi jaloux de i eurs privileges, euffent fait paraitre autant de zele lorsqu'il s'agiflait de déifendre leur Religion, leur Liberté & la ^nh,C°ntre 1,ennemi c™™ de a Republique, auquel ils ont livré leur |He fans aucunes condi'tions, avec les ilroupes que les autres Provinces avaient ' envoyées k leur défenfe. Ce reprocht Ifait jufte;mais ce qu'il aioutait, qu'on Jeur avait confervé leurs privilege; eft lie^a»^dansl^nion, &g$$ 1684.  1684. 'Guïllaumi JIJ. Augmenis avait feulement déféré au Gouverneur I Hereditaire de laProvince le pouvoirde 4 changer les Magiftrats, & d'en faire de 3 nouveaux, lorsque les Jurés n'auraiend pas agi comme il faut, renfermait une contradiótion manifeste, puis qu'avant cela 1'e Stathouder ne fe mêlait en aucu- 1 ne maniere de 1'élection du Magiftrat dont les feuls Jurés étaient les maitres. j Ce privilége, un des plus beaux de leur ville, leur était tellement enlevé, que ie Prince ordonnait aux Bourguemaitres i & Régens de décharger de leur ferment j & de leur emploi les vingt-deux jurés qui refufaient de fe foumettre au Régiement , & de rempiir léur place de ceux " qui avaient déclaré qu'ils voulaient s'y . c'onformer. De plus, il leur enjoignait expreffément de faire promettre a ceux , qui feraient inftallés^ . qu'ils obéiraient a ce Reglement, de leur faire prêter le ferment, enfuite de proccder a Péfec- I tion des Magiftrats, de lui envoyer tant le remplacement des Jurés que 1'é- I leclion des Echevins & du Confeil, & d'attendre ce qu'il en ordonnerait. Et comme nous croyons .être bien avertis, ajoutait-il, que quelques perfonnes in' quietes taehent d'animer la Bonne Bourgeoifie de la ville, fous prétextedemaintenir fes Priviléges, nous entendons que vous ayez a vous en informer exacte < .ment, "& que vous ayez a procéder con-  fin Autorité dans ks Wilies. ifö r.re ceux qui s'en trouveront coupables, comme contre des Perturbateurs du repos public, ainfi qu'il conviendra en bonne jufüce. Le Prince était trop puiffant pour eiïuyer un refusjaulïï priton ie parti de fe foumettre. C'est ainfi , que le Prince d'Orange parvint k foumettre a fon autorité un ; Gouvernement dont les inftitutions démocratiques parailTaient affurer 1'indépendance. II eft vrai qu'il abandonnait 1'élection annuelle des Régens au College de la Commune-jurée; maisle droit qu'il fe réfervait de rejetter 1'élection , ndceffitait les Electeurs k n'é ' lire que des fujets qüi lui fuffent agréables. II n'y avait' pas jusqu'aux quë- ' relles ecclefiaftiques, oü le Prince d'O- ' range ne s'immiscekt, pour augmenter fon autorité. On en vit une preuve frappante dans la conduite qu'il tint au fujet de 1'affaire de Momma. C'e- 'tait un Théologien-, très-verfé dans les Langues Oriéntales, sppelé par le ' Collége de Middelbourg, pour ctre Pasteur de cette ville. Comme les Eglifes 1 de Zclande n'ont point de Synode -provincial réglé , & que chaque Isle afes Gaffes, aiïemb'.ées Eccléfiaftiqu:s, Colloques , ou Synodes partiCuliers-, xompofés d'un certain nombre de Misifires & d'Anciens , le Collége uusG 2 1684.  1687. XfS Gu'illaumè III. jiugmeme .lifié pria la Claflé dc Walcheren , ok eil Middelbourg., d?approuver 1'Elettion -qu'il avait laite. .Mais, • quoique Momma fut fort fgavant , & fes moeurs ir-réprochables, la Claffel-mprouva fon éleftion , difant que fix Miniftrcs , de '.dix qu'ils étaient . k Middelbourg, s'y oppöfaient, & que le Prince d'Orange avait défendu d'admettre des perfonnes -fuspeeïes de nouveautés, c'eft-k-dire du Coccéïanisme. Sur quoi il ne fera point .hors de propos de rapporter, fuccinte.ment.& en général,.queUes font les 0pinions particulieres qui diftinguentles Tbéologiens connus dans les ProvincesUnies fous le nom dc Coccéïens. Ils établiffent pour regie de 1'explication de 1'Ecriture , que les mots fignifient tout ce qu'ils peuvent fignifier. Ils tij-ent de Panden cultc &' de 1'ancienne hiftoire une innnité de fens miftiques , de types , dé figures, .& d^allégories.; ils trouvent Jéfus-Chrift dans mille en- : droits obfeurs du vieux Teftament, oü les autres Théologiens ne le voierit point. Ils appliquent les anciennes Prophéties aux cvénemens modernes; ils fapportent k fept périodes tous les événemens qui doivent précéder & fuivre le Meffie. Ils mettent entre les fideles des différentes -économies des 'difiinsjtions qu'ils mutiplient a Fini-  fon Autorité dans les Viller. Ï4Q af. Ils croicnt que le quatrieme coramandement du Décaiogue ri'eft que Cérémoniel,. qu'il ne regarde point les chrétiens , par ce qu'ils ont été affraii" chis du joug de la loi par Jéms-Chrift; & ils prétendent que 1'obfervation d'un jour de repos dans la femaine n'eftque d'inftitution ecclèfiaftique. Enfin, ils rempliifent leurs fermons de recherches typiques & prophétiques, &s'attachent moins a la morale & aux doctrines communes de la Religion que ,les autres Prédicateurs réformésr C'était la ce que le Prince appelait des nouveautés. II; écrivit aux MagiftratsdeMiddelbourg qu'étant obligé de prendre garde a ce que tant le Magiftrat pour ce qui eft de la police , que PEglife pour ce qui regarde les ordres Eccléfiaftiques, foyent, chacun réciproquement, maintenus dans le droit qui leur appartient légitimcment, & ne' pouvant permettre que 1'un ou 1'autre y fouffre aucun prdjudice , il leur ordonne trésexpreffément de lui envoyer au plutöc leurs fentimens & leurs confidérations fur la lettre que la Gaffe de Walcheren lui avait écrite touchant 1'Election de Guiilaume Momma , en qualité de Miniftre de leur ville-, de laqueile lettre elle leur envoyait copie, leur enjoignant cependant de ne permettxe GS 1687,  ï.687- 250 QuUfaume III. Augmente. point que Pon paffat outre a -la cönfir«-_ mation._ On douta fi un Stadhouder avait droit d'ordonner quelque cho-1 fe dans une ville qui fait partie de la Souveraineté d'une Province confédérée I de la République-., lors au'il ne s'agie que d'une affaire domeflique , telled qu'eft celje de 1'Eledtion d'un Pafteur. Tout Peitet que produifit cette lettre, § fut que les Magifixats & le Collége qua-1 hfié retarderent le départ des.Députés chargés d'amene? leur Miniftre, & qu'ils ' écrivirent trés-refpedtueufementauPrin- I «e. Mais, comme fon Alteffe exigeait une » foumiffion aveugle , elle leur témoigna 1 fon indignation par une 'lettre fuivante dont quelques traits montreront com» ment un Stadhouder écrit a une ville, lorsqu'elle refufe une prompte cbéiffan-1 ee a fes ordres. " Nous voulons bien vous déclarerque nous ne fouffrirons' en aucune ma- I niere que les ordres que nous vous a- I vions donnés en vertu du pouvoir & de 1'autorité qui nous a été confé-rée en qualité de Gouverneur de Zélande par les Etats de cette Province, rencontrent auprès de vous la moindre contradidtion , ni que vous croviez pou-1 voir vous dispenfer de 1'obéifiance que vous nousdevez, fous prétexte que,par vos procédures précipitées, vous aves. I  fon Autorité dans les Villes. 151 stms les chofes hors d'état d'être ajuftées felon notre intention. " Nous ne pouvons auffi nous drs-' penfer de vous faire Tgavoir que nous Sommes bien -aifes d'apprendre que les finances de votre ville font en fi bon état, que vous ayez pu appeler deux Profeffeurs en Théologie & en langues Grecque & Hébraïque. Nous Espérons, puisque vous en avez le moyeri, • que vous mettrez ordre que tant de •pauvres perfonnes qui ont des prétentions légitimes k la charge de votre Ville , & qui jusqu'ici n'ont pu avoir juftice k cet égard , foient auffi enfin payées de leurs dettes. : Nous voulons respérer que les ordres que nous vous donnons par la préfente "feront refpectés & ponciuellement exécutcs , afin. qu'a faute de cela nous no foyons pas obiigés de nous fervir des moyens les plus légitimes , '& en meme tems les plus efiicaces que nous jugcrons a propos pour cet effet, qu'aifurément nous ne manquerons pas de mettrc en oeuvre en cas qu'il en taille vcnir aux ex■trémités. " La Gaffe prop'ofa de renvoyer :l'a décifion de Paffaïre k un Synode provincial; mais le Collége qualifié , qui regardait les atïtfes Gaffes dont ce Synode ferait compofé, comme fes parties, G 4  1Ö8?. \ 1 ] ] J £ h I | 232- Guiileum JJZ .Augmsuu rejetta cette propofition , & réfolut tout un homme tel que Momma o i PSiïffi*?*1" du S de: ia purcté des inoeurs & d'une erande Le Prince d'Orange,,qui n'avait d'a. 1 2 P" quutcr 1'armée ni le ftU del WSm PPur.des queftions.de pure ^fciphne cccléliaiuque , fe rendit k Middelbourg a ia fin <§ Noïemb e *™ * 1'affembiéedes Etaïde Zé! mde le premier jour du mois fuivanl 4 coLPd^rMidde!b0Ur- fut' C0"fiS -e comme abfente , paree qu'on la refdait comme partie intéreffée • & le rmce , qui s'était'. déclaré en fayett  fon Autorité dans ks Villes. 153 : de la Gaffe de Walcheren , ne voulut i pas fe prévaloir de ia qualité de préIj mier noble , qui1 lui donnait le droit de iuffrage ; mais fa préfénce valait plus d'une voix, outre celles de Terveer s & de Eleffingue t dont. il était Sei| gneui\ Les Etats dc Zélande,.n'öfant lui riea refufer , Pautoriferent , en- qualité de ■ Gouverneur- de la Province & Pays de ! Zéiande,, a- corriger Sc punir tous ceux j du Magiilrat de Middelbourg &t du :[ Collége" qualifaé de cette ville, qui fe;j raient les principaux Auteurs de la i confirmation de Guillaume Momma en i fa charge de Miniftre de ladite Ville-, '• & ceux qui avaient' commis le plus d'ex',! eès après la réception des délènfe3 itératives-faites par le Gouverneur, au 1: nom da: cette Province , foit en les I démettant ou fuspendant des- charges I ou fon&ions-qu'elles poffedent ou exer» 1 cent dans- le Magiftrat de- Middell bourg, ou dans ie Collége qualifié de cette même Ville; on lautorifa auffi a. cenfurer- & corriger toute autre peri fonne qui fans- être- dans la Magiftra; ture fe ferait rendue coupable ds . ces excès, feton qu'elle Pöurait mérité. Les Magiftrats ' firent deux protes: tations confécutives contre cette Réi fiuiution. qui leur paraiffait ibruftfi* O. 5 ■ 687.  168?. Trécaution de la Ville d'Amfter<&xm. Tgoïï.tiertur. 1677. £. §2' 154 Gailhumt III. Augmente Les Etats de Zélande irrités prirent une nouvelle Réfolution par ia•quelle ils priaient le Prince d'Orange. en qualité de Gouverneur de la Province , de fe fervir des moyens qu'il jugerait a propos pour 1'exécution de la Réfolution & de 1'autorifation des Mats. , L? p™ce Q'Orange, fans être SouVeram, faifait tout cc qu'il voulait. II avait Part de fe faire autorifer pour pacifierIes troubles de chaque Province par les moyens qu'il jugerait les plus convenaples; & _a la faveur dc ces autorifations, ll exergait un pouvoirabfolu contre ceux qui s'oppofaient a fes volontés. Ce fut ainfi qu'il en agit a Middelbourg. Il depofa des Magiftrats, éloigna de toutea les fon&ions eccléfiaftiques & civi'es ceux qui avaient eu le plus de part heette affaire, caffa dixCapitaines, dix Lieutenans & autant d'Enfeigncs du Confeil de guerre de la Bourgeoifie. Enfin, ilannulla l'Ele&ion de Momma & demit de fa charge le Miniftre van der Wayen, qu'il envoya fans aucune lorme de procés en exil. Les Magiftrats d'Amfterdam, craignant que des Disputes pareilles ne troubias-~ fent la tranquillite qui régnait chez eux, firent entendre aux Miniftres réformés de leur. ville, que ce leur- ferait uns  fon Autorité dans les Villes. 155 ehofe fort. agréable dc les voir unis e'nfemble,par le lien d'une Tolérance'-mütuelle. Ces Pafteurs, mieux dispofés, k cet égard qua ne le font ordinairement -les Théologiens, sWemblerent i & après d'amiables conférences, convi'nrent -una- 1 nimement de quelques articles pourconferver entre eux la Concorde & 1'union. Ces articles portaient en Subftance, -J, qu'on confefferait qu'il n'y avait aucune différence effentieile dans les Colléges & dans les Egiifes touchant la Théologie & la Religion. IL qu'on vivrait enfemble en amitié, concorde & union fraternelle , & qu'on. ne fe rendrait aucummauvais ofrice,, foit au prés des Magi- i ftrats, foit auprès des membres de 1'E~ I glife. III. qu'on ne prétendrait point que les chofes fur lesqueües 011 ferait d'ua autre fentimeht que fes Collégues, fus- I fent d'une te'le importanceque fans, ceia on ne put pas bien: entendre 1'E- ' enture,, prêcher 1'Evangile, & avanccr le Régne de Jefus-Chrift. IV. qu'on s'abftiendrait tant. dans les ferrnonsque dans ; les Catechismes de tout ce qui ferait 1 inutile k. 1'ëdifjcation du peuple V que dans rciedtion des Miniltres , on n'aurait égard qu'a. 1'hümeur pacifique de la. perfonne , & non k. lUniverOv té dans laqueile elle aurait étudié. EnIn. , que les Pafteurs qu'on recevrait jfe Sa é>  %6$? 1^6 GttiUaumt III. Augmsnu l'avenir feraïent obligés de fe conformer. a ces articles, qui.furent d'un comrnua confentement convertis en une Réfolution. C'est ainfi que ces fages Magistrats réunirent les Efprics des Eccléfiastiques de. leur ville, en les portant par des voyes de douceur, & fans entrer dans leurs Disputes, a vivre enfernb!» ^pai?.  m R É V O C A T I QM, DE- U É'D.LT. D E ' N: A. N T E S U n des plus grands événemens de ce fiecle , un de ceux qui contnbuerent 1e plus k engager les ardens Ré\ publicains d.e revenir aux opinlons !; des Princes .d'Orange, fut la.révocati; on de 1'Edit de.Nantes. Louis XIV. i après avoir annoncé, par plufieurs aétes : perféeuteurs,.fa réfolution de.n'avoir i qu'une feule Religion dans fon Royauj me , fuppofa, d'après. des_ liftes infiI deles d'abjurat.ions, achetées ,. qu'il ns i avait presque plus de fujets Proteftans. i Trompé par des Miniftres. pervers il crut qu'il ne devait plus d'égardsk un petit nombre d'opini&tres qui restaient 1 Ayeugié, par les Prêtres 3 il-fe perfü% G 1 Perfécution^ des ProttHans en Francs, ■.  1-68?. 15^ Rhocailon s'o da que le vrai moven d'expier fes péchés, c'ctait de rendre tout fon Roy•aume Catholique. II confidéra commeprovifionel & extorqué , PEdit de Nantes, accordé & iuré folemneilement,en 1598, par Henri IV' pour asfurer le libre exercice de la religion aux Proteftans , auxquels fon grand. Pere était redevable de la Couronne. L-eit amfi qu'il porta le dernier coup. a un arbre déja ébranlé de toutes parts La revocation de 1'Edit de Nantes pour Tetenir en France les Proteftans* leur aiTurnit !a liberté de confcience' Elle ne leur ótait quel'Exercice public, mais le lendemain des ordres furent expediés pour leur ravir cette liberté En vain les perféeutés oppoferent aux Oppreffeurs ces. Edits facrés a 1'ombre desquels il avaient vécu en citoyens utiles & paifibles. Des Prêtres furent chargés de les convertir ; &,pour rendre leur éloquence plus perfuafTve on envoya des Dragons dans leurs maifons pour y vivre a discrétion jusqu'k cc qu'ils cuffent abjuré. Le Marquis de Lourois qui avait opiné a enfevclir Ia Hollande fous les eaux, fit re- j Mnnaitre Ia dureté de fon caractere « ians ce trifte événement. Sa Majefté 3 reut, écrivait-il au Duc de Noaiüés en j 5-anguedoc, qu'on faffe effuyer les der- j ueres rigueurs a ceux qui ne voa- l  PE:!h cÏ3 NaMss. 159. dront pas fe faire de fa Religion. Ces ordres ne furent que trop fidelement cxécutés. Toutes les violences tnféparables de la perfécution, furent exercées contre ces malheureux ; & leur obftination femblant augmenter avec leurs fouffrances , les uns couvrirent, fous une feinte converfion ,leur> redoublement d'horreur pour la religion Romaine , une multitude innombrable alla chercher dans les. Etats proteftans la liberté qu'on leur enlevait dans leur patrie. Ils. échappercnt malgré les édits publics contre les émigrations 9 malgré les gardes que 1'on mit aux frontieres. Toute PEurope étonnéedu facnfice que la politique offrait h lafuperllitionen recueillit les victimes. avec empreffement ; les Fugitifs trouvercnt, furtout en Hollande un aziië„ des relfources & des encouragcmens. Les uns y portaient leurs tréfors ; les autres y transplantercnt leur induftrie & ces arts & ces manufaftures qui faifaient depuis longtems la richeffe de. la France. Des Hollandais, domiciiiés en. France , ne purent fè dérober a la fureurde la perfécution. Les Proteftans de la Principauté d'Orange ne furent pas plus épargnés que les autres. Le Prince eut beau faire des repréfentations; eiles furent fi peu écoutées que,peu de mois après 5 cette. Principauté fut irrévoca- 1687.  Les Réfu giés Pi-ote ftnns accu ei 11 is en "doHaude, i 1 ï-66 Rhocatioa-fc' blemant confisquée, annexée h Ia Cou■ ronne & incorporée k.la Provence. I oute la Hollande retentie de PintoJéJ rance de Louis XIV. Les Ministres* jammes en feeree par le Prince d'Oran* ge.&.par. le Penfionaire Fagel, ne lais~ lerent pas échapper une fi belle occafion' de demer les Frangais & leur Roi. II ne fut plus poffibie de colorer l'ambkion < öe Louis XIV, aux yeux des.Proteftans.: prévenus contre fon intolérance. Ceux' meme qui fentaientqu'ón pouvait être: intolerant, fans être ambitieux, que-: lambition des, conquêtes ne peut s'ac-i corder avec le fanatisme, n'ofaient pu-; blier leurs fentimens.,.crainte d'être dê-i chires en pieces par le peupie. Les Magi J ftrats d'Amfterdam, au contraire, euJ rent Padroite politique de fe fignaler par-' leur conduite généreufe envers les Rélugies de France. Comme la rigueur des.' edits etait p.rincipalement dirigée contrees Miniftres, les Etats deöHolianaV commencerent k pourvoir k kur enfe. S'n^'f uns PMfioa de qmcrê eens fiorins k ceux. qui avaient des en-J lans & de deux. eens cinquante k. ceuxqui n'en avaient point. La Villed'Am-J fterdam-ajpma deux eens fiorins k cha--' :un des feize plusbabilesMiniftresFran- '< jais qui s'établirent dans- la Ville I's irent un préfent de cinq eens fiorins &' toe penfion annuelle de deux eens k \m  PEdit de'Neattts. tfJl certain Jéan Cabrier qui avait établiünemanufacture deTaffetas luflréqm valait ce!- ! ie qui fe fabriquait a Lyon. Ils eurent même la politique de ftipuler. qu'il n'enfeignerait fon talent a aucun étranger. On fitt i- ceux qui pouvaient fabriquer des étofiès d'or , d'argent & dc foie, préfent de places poür y..ériger des manufaétures. Ils attiretent un Hollandais nommé Vincent , qui fe trouvaita Angouïême a la tête d'une manufacture de papier oü il occupait cinq eens ouvriers. II y eut une fi grande quantité de rich.es marchands , qui vendirent leurs effets pour fe rendre en Hollande,, que cette augmentation de numeraire fit- baiflèr 1'intérct de 1'argent a. deux pour cent. Un grand nombre.place.rent leurs- fonds en rentes viageres. Rien■n'ctt plus intérefilmt que la Cor^ respondance de. 1'Ambaffadeur d'Avaux avec la Cour au fujet de cet événement, également propre a muntrer la fageflé dé ce Miniftre, Paveuglenient de Louis XIV, & a développer les caufes de plufieurs événemens qui fuivirent. Dès Part ió8i,.le Comte d'Avaux écrivait a la Cour de France qvie la réfolution prifede recevoir les enfansdes réformés a renoncer a leur religion dès Page de-fept ans avait beaucoup altéré les dispofitiwns de ceux d' Arnfterdam, & furtout de ceux de 3-rife & de Groningae pour. la France; VAvaux /f. ios> . ïafluence ' le cette lerfécution * ur les nffql-v.: fis pulitilues. PAvaux r>' 151M57.  Md. if>4. IV. 1z. i6'3' Rhocanon dt Les Arminiens même. qui font fuppofc's conferver de 1'averfion pour !e Calvinisme, ne purcnt s'émpèchcr de prévenir le Comte quele motif de cette intóiérance ferait feule capable d'empêcher une ailiance avantageufe''entre les deux Etats. II mandait i-annee luivante que le Penfionaire Fagel ne fe contentaitpasdesquètes publiques qu'il faifait faire pour les Huguenots Francais; mais qu'il excitait les Miniitrcs a peindrc dans les chaires Louis XIV comme prêt a faire dans le pays une" invafion femblable a.celle de 1672, pour détruire abfolumcnt la Religion proteftante. Au com-mencement de 1'année 1Ó83, les cfprits étaient fi animés en Hollande qu'il fut queltion de cbalfer tous les Religieux & généralement tous les prêtres qui n'étaient pas natifs du pays. Mais Fagel fut le premier a s'óppolêr a cette propofition; feit qu'il craignit, pour les intéréts du Prince d'Orange , d'effaroucher les Cathoiiques Angtais; foit qu'il appréhendat. un foulévement en Hollande oü les Cathoiiques font en fi grand nombre. En 1ÖS5 les Etats de Zélande, emportés par le même fanatisme, chaffefent un grand nombre de Cathoiiques de leur Province. Mais, comme ils furent accueiliis a bras ouverts dans les villes d'Amfterdam & de Rotterdam,, les Zélandais ne tarderent nas a fe re-  PEdit de Nantss. 163 serrtir d'une repréfaille auffi injuftc qu' nuprudente. Mais le fanatisme ne laisfa pqs de reprendre bientót le deffus.. 'Ce futfurtout en i68j,que les fuites de la perfécution firent le plus d'éclat en Hoi lande ; paree que des Marchands Hollandais en fentirent les fuites. Soixante Négocians d'Amfterdam Te réunirent pour demander une indemnifation LesEtatsGénéraux fc laifferent entrainera une démarche, qui étonna plufieurs Princes étrangers, & qui les fit accufcr même d'intolérantisme par quelques-uns, Sur les inftances réitérées des Miniftres, de ceux de Zélande & de Frife furtout, ils publierent un Edit, par lequel il était enjoint aux Jéfuites, Franciscains , Dominicains & autres Religieux , de fortir des terres de leur domination, avec défenfe d'r rentrcr jamais. Les Miniftres des Princes Cathoiiques a la Haye ne manquerent pas de faire des plaintes auffi, comme fi 1'on eut eu defièin d'abolir la Religion Romaine dans toute 1'étendue de ia République. Cet Edit était contraire , disaient-i's, a cette tolérance des différentes feétes du Chriftianisilie. adopt 'e par les Etats, qui plus d'une fois avnient déclaré vouloir en être les proteeftcurs & les défenfeurs. Eux, qui avaient toujours désapprouvé Ia per' fécution que 1'on faifait fourSrir aux Réfcjrmcs de France, fuivaient maintenans 'ién Mar ■ :hands i' Arnfterdam prefentent uneRequé- aéptifaiit* 3es Etats.. Généraux contre les Catlioli- M cjueï.  $68/. 'j ] i < ïÖ4 ' M»óc&fion tfë Pexempie qu'avait donné Louis XIVPerfonne pourtant ne paria olus haut nt plus inconfidérémenr. queleSieurKrampngt, Réfident de-l'Empereur. A 1'eii croire,.les Etatsavaient vialé pareet Edit les convention* fakes autrefois par eux avec les Cathoiiques-Romains. ie banmiiementde quelques individus lui pa- a 1aicJmeme quelque chofe de plus injulte, de plus odieux , que les fuites funeites de la Révocation de 1'Edit de XMantes. Enfin, cette aft-ion prudente, peut-être a 1'envifager comme un réglement particulier de police, de> venait aux yeux- de Kramprigt- la fource d'une guerre de Religion. qui pourrait embrafer toute PEurope.' II ne fut pas difficile aux- Etats Généraux de juftifier une démarche,.dont ils n'etaient-tenus d'ailleurs de rendre compte k perfonne. Ils repréfenterent ux Mimftres des Princes Cathoiiques, p'ils. avaient éprouvé que les Jéfuites & les moines- étaient des mïffionlaires etrangers, peu afledtionnés a PE.at, dependants de leurs cloitres & de eurs fupérieurs,. & qui tiraient tous es ans des- fommes confidérables de ces 'nmnces; que c'était pour. ces raifons « d'autres femblables, qu'on leur interifait les terres de la République, & élement par un zéle perfécuteur ou  ■p'Ldit ds "Nantes. , 165 fsar vengeance des maux que 1'on faifait foufirir en France &ailleursk ceux de leur Religion, Que les Catholiqucs-ftomains ■ des■ Provinces- Unies pouvaient fe, fervir de Prêtres nés dans ces Provinces; & qu'il leur était très-facile de fe palier de Religieus, .qui,-par leur vceu d'obéisfanee, étaient foumiskdes maitres & fupérieurs étrangers. Enfin, que les prêtres -indigens avaient eux -mêmes prié les Etats de renvoyer les Jéfuites & autres moines étrangers. PElecteur de Brandebourg embrafla ausfi Ia caufe des Etats auprès de L'Empereur, & fit voir évidemment combien il était-ridicuie dé vouloir faire pafler le •banniffement de quelques prêtres & moines Étrangers pour une perfécution contre les Cathöüiques, femblable. k celle que Pon exergait len France contreTes Réformés. ComIbien plus ridicule il était encore de préitendre que le Roi de France fut plus autorité k révoquer 1'Edit de Nantes, ique les Etats k bannir quelques indiviidus inutiles; paree que, difait-on, la Iconduite des Etats en cela était conItraire aux conventions faites entre les !Catholiques & les Proteftans des Provinces-Unies ; conventions pourtant, ajoutait PElecteur, dont ni Kramprigt, ni iqui que ce foit ne pour rak donner la [moindre preuve. L'Empereur, convainisu par les raifons de PElecteur de Bran-  06 "Kèvotmion ée debourg, lui fit répondre, quJil était bien éloigné d'approuver ie zele indiscret de fon Miniftre, a qui il n'avait jamais ordonné de dire ou d'écrire rien de femblable. 'Kramprigt garda' dcpuis le filence; & les autres Miniftres étrangers, dont le zele avait été moinsardent, fe rendirent fans peine aux raifons des Etats : ainfi les Jéfuites & autres Réligieux furent bannis. Ils préfenterent aux Magiftrats une Requête trop propre a jetter du jour fur les affaires du tems pour être paffee fous filence. Elle était de la teneur fuivante. Les marchands trafiquans en France, tous Bourgeois & habitans de cette Ville, remontrent très-rcfpeétueufemene, que comme c'eft la coutume ordinaire dans la nature & le cours du négoce en France, que les négo'cians de cette Ville, remettent tous les ans vers la faifon de vendange & la moifibn des fruits en France, a leurs amis & correspondans, en divers lieux de France, tant dans les Villes maritimes que dans le plat pays, de confidérables fommes d'argenty pour faciliter les moyens du commerce, & faire aux autres fujets de 'France deno tabies avances, pour le vin , 1'catt de vie, les chataignes, les pruneaux & autres fruits , lesquels ils vendent alors aux correspondans des fupplians potfr -Ie* livrer après la vendange & la mois-  PJStfh de Nantes'. jó"/ fon, & les correspondans les envoient aux fupplians pendant 1'üyver , pour fe reinbourlér de leurs dites avances , qui ■ font tous les ans fort grandes, & la plupart du tems extraordinaires, principalement- quand il y a grande difette de grains en France, comme il eli arrivé cette année; lesdits fupplians & les autres fujets de cet Etat ont envoyé en France , & fur-touc k Bordeaux & k Rouen , des quantités confidérables de toutes fortes'de grains de cette ville,, de Rotterdam & des autres villes de Hollande, & des autres Provinces du , Pays-bas ; & vu la mifere du commun peuple , auquel fe fait le plus grand débit, les grains fc vendent ordinairement h crédit, & les fupplians & les autres qui en envoient font obügés d'attendre après la vendange pour rétirer ce qui leur eft dü du cru de la terre, d'oü il eft aifé k voir que les habitansSc ..fujets des Provinces-unies des Pavs-bas, ont un intérêt confidérable en France; & par les fusdits moyens deremifesd'argent & de grains, ne font des moindres qui maintiennent le commerce de France & des fujets de ce Royaume, que ce nonobftant les fupplians font avertis de -toute part , & fpécialement de Bordeaux, que 1'on perfécute ceux.de laRe» Ugion prétendue réformée, & qu'on les oblige a aller a la melTe, 6f k faire pro- 1687.  'i i A l i 1 d e { ' ■Rèpomh'ti 'de fcffion de la Religion Romaine,-aprfe Que Pon a abfolument ruiné ceux qui jouir de la liberté de -confcience -riffi ainfi plufieurs des principaux San^s de la Religion proteftante,. pour ne fe point expofer a de fi rudes & de fi\t hémentes perfécutions, s'étaient retires pour un tems a-paris,'& autres pl ee' étlTSt ?e France'& ^ d?™ étaient allés faire voyage oü leur com rnerce ies ]lait. » 'Intendant de laProvince, fans avoir égard ï hTliberte dans le 'fait du commerce£,ou fam Hes, lesquels y font établis a caufe natifs de Hollande, ou de quelqu'autres Provinces des Pays,bas/fdSntS celler dans les maifons d'sdits abS itoient leurs perfonnes a revenir ffi rois jours ïous peine de 3coo 1 dV nendes, avec d'autres menaeïs 7e rul J,eu1 maifons » de faire vendre les erofént Ba« ^ *? ™S eroient, & de tout confisqueL pen- an que les Soldats font dansleur'sbS e la. campagne oü ils ravagent to ft e qui nefe peut faire fans grand tort dpmmage , aux fujets de cet Etat & irticulierement des fupplians, qui PoS ■reiiés aux Negocians en France, dont Is  '^Êdlt 'de Nantes, '%f ter'-tuiiie traine après elle celle 'des fup-piians & des autres 'fujets de leurs - Seigneuries , a quoi ferapporte le der "' nier ordre donné a ceux de 1'Eglife Ro- ■ niaine-; que tous deux qui ont quelquee ■ biens des prétendus Réformés , aient'* ié déclarer dans jours fous pei- ne d'une groffe aménde, par quoi eft óté aux correspondans des fupplians & des autres le moyeft de mettre fani dangers les biens '& les effets qtftls ont par-devant eux , & qui appartiennent Tcritablement aux fujets Üè cet Etat 5 & aux Bourgeois de cette Ville d'Amfterdam, entre les mains des négócians Cathoiiques-Romains , & fujets de ladite Majefté trés -chretiehne, qui ne feront plus longtems en état de garantir les biens êt ies élfets des fupplians, de la furie de la perfécution •, & comme les fupplians & les autres fujets des ;-Etats & Seigneuries , cóürent grand danger de perdre ieurs biens & efféts *en France-, fans guerre ouverte, feulement fous prétextè de Religion; paree que leurs correspondans, ruines dccec;te maniere-, ne pourront fatisfaire les -fupplians & les autres créar.ciers ; & de tout cela , les fupplians jugent , fauf le refpeél:, que dans 1'exécutiöiï de la déclaration du rRoi, fes Officiers procedent avec trop de rigueur ou même d'excès, contre Pintention de ft Tem. VIII. H l'68'f.  ï6$?. 170 "Répocailon ée Majefté: fa bonté naturelle &.iuftice ordinaire, ayant depuis peu donné gratification , & un allégement aux Vaisfeaux Hollandais , Je , 1"™ des tonneaux qui ont aniené \l dits grains en ..France , ne peut perniettre que les fujets dé cet Etat fouftrent un fi grand dommage dans leurs biens, leur argent & leurs effets qu'ils ont envoyés en France, fur la bonne foi du rétabiiffement du commSce dan? le Iraité dé paix, qu'a 1'occafion de la &ZUOh ,dCS fujets Proteftans dc fa Majefté on les inquiete en leurs perfonnes, (en tant qu'ils font établis en France pour le négoce ) & qu'ainfi il fjk ""e mfraétion Utoïrï dans le IlMft ft ^OÜ}'qmiks fuPP»ans s'asfurent que quand ces mifcres feront re- lf?lée\wut df bon & avec zele k fa Majefté tres-chrétienne, il donnera prdre incontinent que les fujets de eurs beigneuries foient conferres dans m 7 font etabus, confervés dans leurs per onnes & families , ou remis en liberté pour pouvoir retourner avec leurs biens dans leur patrie. A cet effet les Supphans prennent la liberté de s'adreser a vos Vénerables Perfonnes, pour les fupplier très-humblement d'en vou- .eite Ville, afin qu'ils aient ia bonté  ■ PÊdit de Nantes. ltff pde'porter cctce affaire- a Paffemblée des F Hauts &Puiffans Seigneurs , les Etats | de Hullande , & d'y régler qu'eux OU' Heurs Seigneuries, écrivent fur ce fujet en termes lërieuxau Roi de France; -& ordonnent en même-tems k leur j Ambaifadeurkla Cour k Paris,defecon| der de bouche le plus fortement qu'il fe pourra, 1'intention & le bon deffeirt de leurs Seigneüries, afin qu'il plaife k Sa Majefté, de donner les ordres nécespairés pour mettre & tenir les fujets | de leurs Seigneuries •, hors de plaintes & dc dommages ; & pour donner liberfté ou pasfeport aux natifs de cet Etat habitués en France, en confidération du négoce, de pouvoir retourner avec 'leurs perfbnnes, leurs families, & leurs biens en Hollande, comme auffi d'en 'faire une repréfentation k fon Exellenfce, Monfieur le Comte d'Avaux, Amj;baffadeur Extraordinaire de Sa Majefté "a la Haye, & de lui demander fon affistance k cette fin. Le Roi de France 'fentit Ta fermetéi Ps'ébranler k la nouvelle de tous cesmou-1 'vemens en Hollande. II ordonna k fonj Ambaifadeur de contredire les relations^ des prétendues violences faites fur les •confeiences k Bordeaux , d'affurer que 1'Intendant, Auteur des Converfions, i-n'avait employé d'autres armes que Ia ifperfuafion; comme fi des Intendaüs H 2 'ausfe potique de ,ou is XIV. VJvai'X '. 161. ■  iV'id. 193. 103. a.18. 230 *3i au. 2C6. mi. vi. *of- ioS. ,J7.* -Rèyocmion arvicnt a. a Couronïc ë'Aiigle  1,68?. %f Prince d'Orange prend par: & laDeicen te du Duc de Monmoutti en Angleterre. ïf.Ayiiux IV- 277. 347. 0 : \ ~]S Guillaume III. devient de Brandebourg, qui s'était brouille avécj Louis XIV. pöur 'avoir- attiré dans fss • Ecat:s ™e multitude de Proteftans Francais, chercha naturellement arcnoueravec le Prince-d'Orange. Fuchs,' fon Envoyé, que le Comte d'Avaux avait toujours envifagé comme incliné a faire ces liaifons, entreprit c&t-ouvrage &. vint a bout de 1'éxécuter. On ne fait pas ce qui fut, convenu fur les affaires d'Angleterre. Ce qui eftcertain, c'eft que.le Prince d'Orange chercha a. ne donner aucun- ombragé a facques II. Il eut la politique d'éloigner de fa Cour le Duc de Monmouth, %' natqrel.de Charles H, qui avait déjafait ' eclater-fon elpr.it remuant.& ambitieux & qu'il avait jusqu'alors honoré de fa' confiance mtime & comblé de fiveurs Cet illuftre Fugitif fe retira d'abord i Bruxei'es. Mais ne fe croyant pas affèz 1 en fureté, il revint.en Hollande, au ! II. fe tmt caché., ne. s'abouchant que dans le plus. grand fecret, avec le Prince d'Orange. Le Comte d'Argile,homme fougueux &.ardent, qu'il trouva a Arnfterdam, lui perfuada de tenter une. entreprife pour foplever Ja Grande -Bretagne contre le nouveau Roi. Une ri- ' :he. veuve d'Amfterdam leur préta cent nille Fiorins; ils en acheterent des muutions de guerre; & firent voile, d'A<-. Rle .pour 1'Ecoffe, Monmouth pouiï  R«i '' Aveux -V. 175- j J Disputes.. dans 1 Hes Indcs- 1 Oricntales ' tntre L'An- ] gleccu-c& , Ja Hollan- 11 ie. ' p Wapen. d pas de bonne-foi & qu'il n'agit qu'autant qu'il le croit néceffaire pour donner quelque fatisfaétion apparente au Roi d'Angleterre, croyant, dit-il aun homme en qui il fe fie, que s'il y a une perfonne au monde qu'il haïffe & contre qui il foit outré, c'eft le Roi d'Angleterre. Je ne compte pas pour preuve décifive de la mauvaife volonté du Prince d'Orange, qu'il n'a fait faire ni feu de joie ni aucune démonftration publique au fujet du Couronnement duRoï d'Angleterre. On prétend même qu'il fut trouvé enmite des Lettres qui contenaient la correspondance entre le Prinze d'Orange & le Duc de Monmouth. La Princeffe d'Orange devait devenir Reine d'Angleterre, & .le Duc deMori-'. mouth , premier du Royaume après le Prince d'Orange. Quoi qu'il en foit,le Ëtoi d'Angleterre ne" put jamais rendre a confiance k fon Gendre; mais celui-.. ;i fut plus habile k tirer parti de POrinion publique,que le Roi d'Angleterre 1 en arrêter les eff'ets. Jacques. BL, avait des raifons fuftrantes de fe défier , non-feulement du Stathouder, mais encore de la nation oü ; Prince d'Orange voyait tous les jours mi autorité s'aecroftre. ïl: était de fa plitique de tirer parti des fujets de ivifion inféparables entre deux nation* vaLes de.-CQ.mmer.ee 3 pour entrainer dan*  Rei PAngleterre.- i8r- fes intéréts celle für- laqueile il ré-» :gnait. • Le mauvais fuccès des conféreni;ces tendant a concilier quelques dispu;tes entre les-Compagnies-des Indes desj deux nations, ièmble une fuite de ce•jfyftême politique; Le-Roi-de Bantam, ijnonimé Agon, avait en 1680 abandonné- i les rênes du gouvernement >a fonfilsainé-, ij Abdul-Kabar- Aba> Nazar. Le nouveau il Monarque était devenu auffi grand ami•» de la Compagnie Hollandaife que fon peil re en avait été 1'enncmi. Elle profitait. ii de ces heureufés-dispofitions pour aggranI dir a Bantam ia fphere de fon-commer- oe. Les Frangais, les Danois et-princi:\ palement les Anglais ne furent pas affez i\ desintéreffés pour voir fans jaloufie uneilconcurrence qui leur nuifait. Les Anglais-que le vieux Agon avait toujours affec~tionnés,lui foufflerent 1'efprit d'ambition & 1'exciterent a réclamer, fous | différens prétextes, les-droits-qu'il avaitcédés, Dela une guerreentre le Pere& ; le fils. Les Holtandais prirent parti pour ; le lils, les Anglais & les Danois pour le • pere. - La fortune fe déclara .pour le prémier. Le- jeune Roi vainqueur, ufa de: fes fuccès pourchaffer de fes Etats tous ! les Européens qui avaient donné des : iècours a fon pere; & par reconnaiffan1 ce il en abondonna tout le commerce . aux Hollandais, auxquels il était rede■ vabfe de fon triomphe. La Compagni.s H ?  iüicne Fes RHt de fes f&jecs. I8S- GuWtiiime III. devlcm Anglaife des Indes porta cette affaire dé* vant leRoi Gharles,elle fe plaignait que les *• Hoüandais avaient, dans le tems oü le pere regnait, offert un huitieme de plus pour le poivre, afin d'avoir le commerce exclulit de cette denrée,& que,.fi leurs tentatives avaient échoué fur le pere„ elles ayaienr réufff fur 1'éfprit du fiis. LesHollandais maient ces imputations; ils accufaient les Anglais d'avoir foutenu le pere contre le fils & contre eux, de l'a-' voir meme affifté de munitions de guerre. Des plénipotentiaires furent Sommes de. part & d'autre pour conciiier ce?Iferen?V Mai»H furvint dans lesindes plufieurs autres de ces querelles ordinaires entre deux nations , égale! ment jaloufes, également intéreffées.MaiS' ioit que ces disputes fuffent trop compiiquees, foit que Jacques Ilv.eüt intéret a les perpétuer ,■ foit qu'elles fufient aoiortaees dans les autres transaCtions, plus importantcs qui fe paffaient alors en Angleterre,-elles refterent fufpendues Jacques II. ayant éteint avec le plus grand fuccès Ja première rébellicn qui a-ait menaeé fes droits a Ja Couronne, femblait devoir-jouir d'ün r*£nétranqjjilie & fioriffant.. Tout femblairr lui promettreune prospérité conftante■ grands Ennemis vaincus • & détruits, une armée viclorieufe fur pied &s:-grands & ,le peuple, non - feulemcnc  Rdi tPAnghferre.l§3- :löumis, mais affe-ctant de la complaifan,|ce, tous les Etats étrangers empreffés •jia;.rechercher Ton amitié & le regardant scomme 1'arbitre de tous les -différends jde 1'Europe, tous ces avantages paraislifaicnt des augures certains d'un regne ipaifible &, glorieux. Jacques avait d'ailjileurs plufieurs desqualités qui pouvaient ilui concilier 1'éftime de fes fujets. II était jjexaét & ponctuel dans toutes fes affaires. [Ji aimait & entendait l'économie & Ja navigation quaütcs propres a faire.fleurir un Etatjaloux de fa marine & de fon .;icemmerce. ' La nation paraiffait dispouée a remettre. entre fes mains .ie dépot de. fa liberté: il eüt pu même fe flatter ; de faire peu a peu triompher fa religion, s'il eüt été meilleur politique, s'il eüt fu conduire fes deffeins avec prudeiv ce & discrétion. II eüt du penfer que fa religion feule. était fufpeóte; que .s'il n'eüt point été catholique, que s'il eüt été- mahometan ou de la religion dc Confuciusvque s'il n'en eut point même ;; eu du tout, fon regne n'eüt. jamais été i troublc. Mais 1'éclat avec lequcl ii témoigna fon zele pour 1c catholicisme & s'ef; ferca de 1'établir dans fon Royaume, k perdit. Cette religion était en horreui aux Anglais qui la regardaient comme 1; ; religion de 1'efclavage. licrotdevoirfaifii . laconjonéture d'unevictoire& d'unParle i ment favorable, pour exécuter fon projej;  3-H Guillaume ITT. deviant Ermé des fuccès qu'il avait remporteWal demanda, folemnellemcnc, aux deux chanV • bres ,.un nouveau fubfide pour le maintien des nouvelles forces-qu'il avait levées, & déclara qu'il avait employé un grand nombre d'Officiers. cathoiiques & qu'en leur faveur il avait pris la réfolution d'ufer du droit de difpenfer ceux de cette re* ligion du ferment appellé"7Vj/-,.qui in», pofait k quiconque obtenait un emploi public, 1'obhgationdecondamner 1'univerfalité de PEglife Romaine,.Pautoritë du Pape & la tranfubltantiation. Le Parlement avait tant de rcpugnance pour•ane oppofition ? que fi Ie Roi eüt exercé fon pouvoir difpenfatif, fans le déciarer on aurait gardé le filence; &. la nation te ferait accoutumée k Pexercicedecefe dangereufe prérogative. Mais attaquer de front la ■ conftitution fbndamentale „ fouler auxpieds le préjugégénéraLmts nacerouvertement la religion nationale, etablirune armée fur pied, & demander ia lanction du Parlement pour autorifer ces mefures, c'était le, comble del'imprudence: auffi s'éleva-t-il un cri généra! contre cette propofition: cependant ies efpnts écaient tellement habitués au joug,.que Póppofition ne fut pas foutenue; le Roi continua de conférer les plus importa-ns emplois, civils&miiitaires,a des cathoiiques; la ReligionRomaine tut exercee publiquementehAngleierre.  Rol d*~3ing!éterre.. ï%$ Jacques. ne .fe.horna pas Lees infrac-f i!t4ons, qui mettaient è . fa discrétion ■iiles propriétés des. citoyens-,,dès qu'on i lui reconnaisfait: le,. droit- de; difpen* fer des loix: il indifpofa la nation ,i Anglaife-par la, févérité, avec laqueile il : pourfuivit lesreftes de la faction de Mon- ii mouth. Les Officiers exereerent même fur : des innocens « des cruautés qut. révolte» :irent la nation. , lis• fe croyaient autoriV i; fés par le,Monarque en pourfuivant les , malheureux reftes de cette faction, au! delk même desmers, Aux mois de Mai & de Juillet, if envoy* aux.Etats une lifte d'environ cent perfoimes qu'il traitait de Rebelles, les priant deJes bannir , des Provinces-Unies.- Il.-fe trouvait dans ce nombre le faraeux Jéan Locke, auparavant Sécrétaire du Comte de Shaftsbury. Les Etats., pour, plaire. au Monar■ que, donnerent.des ordres publics pouf en faire la recherche; mais fecretement | ils eurenrjbin qu'elle fat fake avec tant | de négligence,, qu'aucun d'eux> ne fut i trouvé.. L'Envoyé d'Angleterre ,,.SkeL ton,livra.aux Etats une autre listeplui i nombreufe-de profcrits, tant hommes qu« | femmes^ on. donna avec la même publi! cité des ordres pour les-faire chercher j le traité de -Breda» qu'on.-senait de.re i nouveller & de confirmer? était forme fur ce point. Mais il y avait eu k la fui, ie„.d6.1a même paix.un aucre placard qui l68f: [1 pourfuit 'es Enuemi*. usques lans les Provinces-; ü nies. XV. 3ﮫ  Politiqne du Prince d'Orange. ■ Ligue d'Aus- • beurg. I i T € f< I c p 31 li: p; il ét or ié i8Ö ' Guillaume III. devienf dönnait quinze jours k oeüx qui rêiPdraient quitter le pavs.- ' feftrtnrï- ceil affidu > lui toutes ces fautes en politique. II fuiJflit conftamment fon fyftême de former' des ligues,.. dont il püt tourner la direction contre la France.' 11 était proba- ble que PEmpereur, après avoir achevé e m?S Tlircs' ^ndraft ce parti.. II devait, ainfi que Ie Roi 3'£fpagne, être furieux des outraees • répëtës qu'ils avaient regus des F?aS fis. Jacques II avait fait ailiance avec ■ 'Efpagne, & pouvait fe proraettre aue I s maifon d'Autriche au mokis ne Ü srait pas 'oppofée , furtout quand srait queftion d'une' affaire de RelMon l n'avait point de Traité avec Ia Fran. ' e, mais U était ami perfonnel, & pa. ent trop proche du Roi, pour n'en perer ies fecours néceiTa'ires d am l e ff >m. Pour lui óter ces deux apnuis Ie 1 nnce fut par fes intrigues n5Eer'un' * rfrnr"^f™^ i'^endit fonabeau--gefufpeft ala maifond'Autriche,come un Prince contraire a fes dciTein* L'Empereur & le Roi Cathoüciue ient d'autant plus fufceptibles de <ÏÏ brages, que leurs Miniftres avaient lülemenctenté d'engager le Roi d'Aa-  Roi PAngleterre.. 287; gleterrc a entrer avec eux dans la même ligue. Le Comte de Caftnnaga, Gouverneur de. la Flandre, Efpagnolc, & 1'Ambaffadeur PedroRonquillo n'avaient rien omis pour 1'y.engagcr; & ce dernier lui avait promis que,- s'il voufait y accéder,fon Parlementacquiefcerait ktout ce qu'il avait entrepris d'établir touchant la Religion. Quand le Roi eüt été d'humeur k fc.liguer contre la France, il y a apparence que ce n'eüt pas été fur le crédit que cet Efpagnol fe flattait d'avoir dans fon Parlement, qu'il eüt embrafle ce parti; le penchant. naturel de la nation, fortifié alors par les cris des Calviniftes chafies, était un raotif plus plaufible. II ne crut pas de la bonne politique de quitter un ami folide pour fe jbindre k des Princes quine pouvaient; lui être utiles, tandis qu'ils auraient befoin de lui, vu que les Proteftants cornmencaient k furprendre leur pieté, jusqu'k les attirer en des Ligues ' formées contre un Roi Catholique en faveur des Calvinistcs qu'il avait chasfé ■ de fes Etats.' En conféquence , le Roi d'Angleterre répondit k 1'Ambaffadeur d'Efpagne,.. qu'il garderait fidelement Pallianee qu'il avait avec fon maitre; mais que la même fidélité 1'obligeait ausfi k ne point rompre 1'amitié qui était entre lui & le Roi Très-chrétien fon paÉBöiï qu'il. voulait vivre. en paix avec. l68?v  x8B' GüÏÏlaimt III. dhïtnt l6S?. 1 JSumont VII. p. 11. ' 131. 1 ] 1 - 1 IH3. i&a ( fes voifins,-& la maintenir's'il pouvait* entr'eux.. Cette. réponfe ne contenta nas les Confeils de. Vienne & 'de Madrid', & dispola apparemmeat' PÉmpereur & Ie Roi d'Efpagne k écouter des'propofitions, nön-feulement contre le Roi de France, mais contre le Roi d'Angleterre même. Ce fut de cette forte que fe forma la funefte- Ligue qui chaffa Ie Röi d'Angleterre de fon Tróne & de fes Etats. Cette affociation fut auffi dirigée pour óter au. Monarque Francais toute efpérancek Ia fucceffion d'Efpagne. Car "on y cortvint depuis que les Puiffances liguées aideraient 1'Empereur k faire Ia conquête de cette Monarchie, comme lui étant dévolue de droit, & qu'on ne ferait la paix avec la France qu'après 1'avoir réduite k renoncer a fes prétentions fur les Etats de cette Couronne. L'Empereur, le Roi d'Efpagne pour le 2erc!e. de Bourgogne, oü les Pays-Bas é:aient compris,Je Roi deSuede pour lés E:ats de 1'Empire,.PElecteur de Baviere^ :eux de Franconie & deSUabe, la maifon de >axe & plufieurs autres Etats de 1'Empie, entrerent dans- PaiTocisftion. Sous irétexte de s'e'ngagcr k maintenir la reve de vingt-ans & k convenir des froupes que chacun d'eux fournirait >our cet objet, ils prenaient des préautions contre les projets ambitieux.de  PArtghtsrtt. ï8f :1a France. , Les Etats renouvelerent ausï leur ailiance rvec la Suede. ; Le Prince d'Orange faififlait en même items, toutes les occafions d'aigrir les ; e-fprits contre la France. L'orgueil inful= tant des Francais, comme eft celui de toute puiffance préponderante, ne manquait ipas dc lui en fournir. Un des .traits :,qui fit alors le plus d'éclat,fut un comirbat particulier entre deux vaiffeaux de jguerre des deux nations. Les Etats '.avaient envoyé le Comte de-Styrum avec une Escadre de vaiffeaux de guerre pour lefcorter une flotte marchande au Dé\troit de Gibraltar, réprimer les pira:,teries des Corfeires d'Alger qui -faifaient lla guerre k la République, & furtout ipour défendre les Gallions Efpagnols atikendus de 1'Amérique. Deux vaiffeaux de icette Escadre s'ctaient .rendus dans la i-Eaie de Lagos pour y prendre du bois. Les Francais les ayant rencontrés, leur ori donnerent, d'un ton impérieux & me- nacant, de les fuivre k Cadix. Les vais-.feaux Hollandais céderent d'abord k la force; mais un d'eux commandé par le .Capitaine Ewyk tenta , fur le foir, de 'ivS'éloigner. ,Un navire de foixante ca,l nons, envoyé par leChef d'Escadre, lui ji tira plufieurs coups pour le ramcner. Le I Hollandais., loin de fe rendre keet appel, y répondit en lachant toute fa bordée, $1 s'engagea entre les deux batimens w i68<§. Combat entre un vaifl'eau Francais i5i un vaU1'eau Hollandais.  ' igo '''Guillaume III. denetn\ n6S6. ] v< ] < i ] g jxmibat trés-rede qui dura trois heüfes, Le Capitaine Hollandais fut tué avec quatre des fiens & les Francais perdirent quarante hommes. ~l\ fallut que toute 1'escadre s'approchat, pour faire cefièl? Ie combat. Cette rencontre fit jetter les hauts cris k la Haye. Mais 1'Ambaffadeur. de France voulut la pallier en racontant les particularités d'une maniere bien différente. Le Duc de Mortemar, difait-il, ayant rencontré en mer deux vaiffeaux Hollandais, convint avec eux de faire route enfemble & de pa'ffer le Détroit; un des deux Hollandais s'écarta k 1'éntrée de la nuit ; le -Sleur de Belleisle s'en appergut, mais trop tard, ïe Erouya vers minuitk portée de la voix,& & tacha de lui perfuader de rejoindre t'Escadre de M. de Mortemar: mais le Hollandais lui répondit fiercment qu'il n'en ferait rien. Le jour étant venu, le Capitaine Hollandais mit fon navire fous :es armes, & courut a toutes voiles fur ;elui du Sieur de Bel!e-isle, qui ayant ïeffein de lui tirer trois coups de canon i balles 1'un après 1'autre vers fon avant, )our fignal de ne pas avancer, k peine :ut-il tiré le premier, que lèHollandais ui tira une bordée de ■ vingt-cinq piees de canon. Le combat devint trèsude: le Capitaine Hollandais fut tué, e vaiffeau fort mal-traité,deux Officiers Jollandais vinrent dans la chalouppe  'Rei PAngleterre. prier le Sjeur de Belle-isle, de faire cesfer le combat, ce qu'il fit, après quoi ■jlsvinrent enfemble rejoindre le Duc de Mortemar vers Cadix. 'La France fe, plaignit mëme que les Etats tramaient contre : elle des projets pernicieux avec PEfpagne. Quoi'qu'il en foit, on ne put ja„nmais avoir fatisfaftion de cette offenfe. Quant aux Algériens qu'on avait efpéré : de réduire par la crainte, ilscontinuetaent* leurs déprédations. Les Etats iiavaient , en 1683 , obtenu par un Traité /avec Muley Ifmaci, Roi de Maroc & ^i-de Fez, que les équipages de leurs vaifïfeaux qui écho,ueiaient~fur les cötes dc IBarbarie,, ne feraient pas faits prifonbiiers; que leurs corlaires ne croiferaient jl.plus fur les vaiffeaux des Etats, & que, i;dans le cas d'une rupture, leurs marli-chands auraient le tems & la liberté de |-fe 'retirer avec leurs effets. II était ■I;même ftipulé que les Algériens ne vienI draient jamais croifer devant les cótes de Ij Hollande. Mais depuis la dernierè rupture, ils s'étaient avancés jusque dans la Manche & infeftaient la navigatiön de la République, avec d'autant plus de ifaCilité, qu'ils étaient protégés fous mairi •par le Roi d'Angleterre. Les Anglai; 1 .leur donnaient même un libre accèi " dans Plsle de Wight & dans leurs autres ports, avec la liberté d'y dispoferdt • [leurs prifes. Qi procédé parut k em 1686. "om-fes d.'s pirates d'Alger. D'imont VII. p. m» 63- 77319-  "Giui/Jaame 221. ienéia .Zele im. prudent dt 'Roi Ja- <ïues. cun,ce qu'il étaic réellertient, un effet dn reffentiment de Jacques II contre lePrinced'Orange & contre la République,dont il avait des raifons plaufibles de lè défier dans les projetsqu'il avait congus. Le Monarque imprudent &-bigot ne gardait plus de mefures. '11 permit a des moines de paraitre k fa cour avec 1'habit de leur ordre; quelques-uns même oferent fe vanter, que dans peu ils efpéraient de marclier en proceffion dans la ville de Londres. Quatre Evêques fuTent confacrés dans fa Cbapelle & diftri* bués dans differentes parties du Royaume, pour y faire des Profélites. Les Je■ fuites eurent la liberté d'ériger des féminaires dans toutes les principales villes. Le meilleur meyen d'obtenir des charges était de.paffcr dc ■ia'religionProtestante k la Catholique. II prit pour fon confeiller & fon confident intime le jéfuite Edward Peter qu'il fit entrer dans le Confeil d'Etat & aliéoir entre les Pairs •du Royaume. II porta les chofes aux mêmes extrémités en Ecofle. En Irlande, oü les Cathoiiques formaient le plus grand nombre, les principaux emplois dtaient ótés partout aux Proteftans, pour être conférés aux Cathoiiques. Enfin, Jacques II. voulut que toute l'Europe fut téraoin de fon zele pour la foi catholique. II envoya folemnellement k Slome le Comte de Castdmaine en qua- litt  ■ "Rsi PAngleterre. "-i:9S Mtë dsAmbaffadeur extraordinaire, pour témoigner fon óbéiffance envers le Pape & réunir fes trois Royaumes au giron de i'Eglife dont ils s'étaient féparés depuis plus d'un fiecle. On préténd que le Souverain Pontife regut fort mal cette Ambaffade •& qu'il échappa a des Cardinaux de dire qu'il fallait excommunier un Roi, qui allait détruire le peu de Catholicisme qui reftait en Angleterre. Innocent XI était alors engagé dans une vive querelle avec Louis XIV, querelle qui 1'intéreffait plus que la converfion de "PAngleterre: il avait peu d'égards'pour un Monarque qu'il croyait uni trop étroitement avec fon Ennemi. Le ■Pontife Crut cependant devoir répöndre a cette députation, par 1'envoi d'un Nonce en Angleterre. Quoique le Parlement eüt déctaré toute communication avec le Pape crime de haute trahifon, le 'Roi- ne laiffa pas de faire au Nonce une ïéception publique & foleranelleau Cha■teau de Windfor, contre le fentiment du Souverain Pontife qui avait recommandé au Nonce de ne paraitre que fods ■-J'incognit-o d'un Comte, fans expofer lés marqués de fon caractere. On trouvait bon quéjacques II. eüt ün Agent auprès -du grand Turc & qu'il regüt honora■blement les Ambaffadcurs du'Roi dc Maroc; mais ces démarches en faveur -d'une Reljdon dont oncraignait lesbreTom. VIII. -I  Iie Prince d'Orange accueilie .les mécontens. ,< i 194 Guillaume III. ilevimt grès, cauferent. une alarme univcrfelïe. jacques, pour lever toutes les entraves qui 1'enchainaient, fit publier une liberté générale de Cunfeience; mais la générahté des Proteftans, e'eft-a-dire le gros dc la Nation n'y vit qu'un deflëhi d'élever Ie Papisme fur les ruines ue la reforme, \ Pomhre de cette liberté. %.Lcs Anglais craignirent pour leurs conftitutions.&pour leurs libertés nationales •lis tournerent natureüemcnt leurs res gards vers le Prince d'Orange, dont 1'Epoufe était 1'Heritiere préfomptive de ia Couronne. Le Prince d'Orange & les Etats avaient de- leur cóté les veux fixés iur PAngleterre. Mais rien ne leur caula de plus grandes inquiétudes que Pattention de Jacques II. pour Ie rétablifienient de la marine Anglaife. Ces alarmes accrurent.a la vue des étroites liaifons de jacques II- avec Louis-XIV, qui était intérefle a fomenter la divifion entre le beau-pere & le gendre. II paraiffait même de Ia politique de Ia France d'ailumer au plu tót la guerre entre PAngleterre & la Hollande; pour, s'il étaitposiible, couper lechemindu Tróne Britanniquea Guillaume. Le Prince d'Orange lui-même, ioit qu'il jugeat 1a politique de la France fous ce point de rue, foit que fa conduite fut réellement iquivoque & fufpetfe, paraiffait ne négligé rien pour donner aux é vénemens une di-  Roi d'^inghterre. 195 ïredion qui lui fut -favorable, II recevait ja bras ouverts tous les Réfugiés d'Angleterre. -II cabalait avec eux , pour précipiter la révolutionqui faifait 1'objet' de fes plans & de fes defirs. II le con- j traignait même fi peu, quefouvcntilbu- ; vait a la confufion de tous les Papistes indistinótement. . Cette conduite, qu'il déguifait habilement 'ous un zéle apparent pour-la re-< ligion Proteltante, ne le rendai t pas moihs -cher aux Anglais que la haine qu'il avait] jurée a la France & qu'il déguïtait auffi \ speu. Mais il aurait par-la ruiné fes1 projets en les laiiian t éven terfi jacques m eüt feulement fuivi les regies ordi-naires de h politique la plus commune. Tout^ ce qu'il apprenait & recevait de -fon Gendre devait lui infpirer des foupcons. Voyant avec queilc ardeur lès Anglais jettaiefit" lès veux fur lui, il j crut que la fanction les ferait entrer nlus facilement dans fes mefures. En confè-quence, il follicita fortement le. Prince de donner fon ëonfentèmerit pour la révocation du Test & des Loix penales; &, pour mieux le gagner, il s'avanga au ■point de lui donner 1'éfpérance de le féconder dans les briilantes .entreprifès que fon génie vaste & actif lui ferait imaginer contre la France Mais Guillaume crut qu'i! n'avait pas befoin de cc fecours- pour fes prójets contre PambiI 3 i/i/net TAv'unx V. 300. |ö3ï v. . 24. 22É. .75. »9f. 7. IQ. ifii 1 refufe 1'entrer) lans les nefures lu Roi l'Aiigleies£ e. yAvttux bid. Humt.  Auffi fulp eft au stathouder» 1 A x .t i i #"5 GMilkMr.e IJLMritnt tion Frangaifc.. II confidérait Tacques>fï eiperance. „Seconder les vues odieules .qu'on lui propofait, était voidoir dc P^tager la même a'verfion. II fe mettait.en danger de perdre une fucceffion ouverte devant lui E 1 exceffive imprudence de fon beau pere lui faifait efpérer de recueillir ivinf nature. II fe borna donc a donner fon confentement a Ia révocation des LoK pénales, paree qu'elles portalent aSffi toen contre les Non-confornnstes cue contre les Cathoiiques. Mais i fe X fa conftamment .a 1'abolition du Test qu'il regardait comme le feul & dernier rempart de 1'EglKe Anglicane, Si H tfctait cependant pas membre. La ma- ce^e cilaire, les petites ntrigues au'il mploya pour. exécuter 1'evénement Ie óurg SSL^ 'Ui * 16 P1US heure«* ?our l Europe, font trop intéreffantes ?our être paflèes fous filence, fi S ivouer que quoique les moyens em>Ioyés par Guillaumeaient fouvent r'te pquivoques , & fes pians infeélés de iS eret particulier, il feraic difficiJe '1 ommer une révplution dont les fuites 'ent plus comribué k 1'intérêt gene-  Roi (PAngleterre,- fof ra] de 1'efpece humaine, qüë la révolution qu'il occafionna en Angleterre. Vers la fin de 1'année i68ö, le Rot Jacques avait'envoyé k laHaye lef'ameux Quaker Guillaume Penn, pour faire entrer le Prince d'Orange dans fes mefures. 11 mettait tant d'importance a cette acquifition que , même avant qu'il en eüt des preuves authentiques, il répandait partout que le Prince d'Orange était dans les mêmes fentimens. Penn, que Burnet, toujours partial envers ceux d'un parti contraire au fien , appelle un difeur de rien & presque un fourbe, & que les philolophes rangent aÊtueilement au nombre des plus grands hommes qui aient exifté pour le bonheur de 1'humanité, parut devant le Prince d'Orange. Cet ami dU-Tolérantisme, ne voyant dans 1'abo-ütion du Test & des Loix pénales, qu'un chemin tracé pour la Tolérance univerfelle , en expofa les avantages avec tant de chaleur,que bien des Proteftans, chofe étonnante, le regardaient comme un Papifte caché. Mais le Prince d'Orange lui répondit que perfonne ne pouvait êcre plus tolérant qu'il 1'était , qu'il croyait fermement que la confcienee ne releve que de Dieu •, que fi 1'on ne demandait qu'une Tolérance univerfelle, & dans laqueile les Papiftes même fufientcom pris il y donnerait- les mains de bon I-S 168?. 1. V. i. VI. ii.  168? Conduite du Marquis d'Albyviller, Ambassadeur c!u Roi Jacques, 198 Guillaume II], deyieni cccur,.& y porteniic tous les .Arms qu'il ! en ; mais que, 11 Pon vou- ■ tóit ouvnr la porte des Emplois aux Cathoiiques-Romains, par la Révocation des Lqix qui leur en défendaient I'entree, 1! croirak trahir fa Religion s'il y confentait; que cette Religiën n'avait pas de plus ferme rempart que ces lom, ou que, pour mieux diie, elle n'en avait poir.t d'autre fous un Monarque Cathohque-Romain. Penn repliquL que ie Roi youlait tout ou rien,& oue fi Pon ayait la comphfifance de lui afcrS £&if ,tout',les Loix ne lèraicnt pas Ö*ffV^ées»qWil cu ferait une nou* «,?' è fn ferait lrrévocab!e., oour affu* ' rei- la Tolérance dans fes Etats." La Révocation de 1'Edit de Nantes, fi-fou jent dcclare pcrpctucl & irrévocabie. fourmt une Reponle-, qui était lans réplique- % q«,i lui ferma la bouche. Pffnfr 1 fAl^leterre tenta d'autres eiforts par le moyen d'un nouvel Ambaiiadciir qu'il envoya a ia place deSkelton, qui, pour le vouloir lervir avec trop de zele avait perdula confiance du Prince d'Orange. II jetta lesyeuxfurun irlandais, nomme White, qui pour avoir faiNe metier d'Espion pour les Efpagnols, ayait obtenu le titre de Marquisd'Albvville, au beu de 1'argent qu'on ne polluit lui donner. C'etait ditBurnet, un tJOjnnic qui n'avait d'autre talent que do- ■  Roi PAngleterre, 100 tavoir corrompre; élevé depuis k Pemploi de Miniftre, jamais hommc ne parut plus méprifable & plus ridicule. II ne .avait ni tenir fon rang ni cacher fes^ menlbnges. Le Comte d'Avaux n'en fait \ pas un'portrait plus avantageux. II le' repréfentc mèmc comme un Efpion doublé, vendu k celui, qui le payak le plus, & .comme obligé de fe laifler corrompre., pour réparer les outrages dc la fortune. C'était certainement un trait de la derniere imprudence dansjacques II de choifir pour Ministres dès hommes auffi perdus dc réputation. La manierc dont les Etats ree/ürent les ordres dont ceMinistre était chargé,montre combien le Roi d'Angleterre perdait alors de fon crédit chez 1'étr'anger. II demandait le retachement de quelques Officiers Anglais qui, pour lui plairè, avaient tenté d'arrctcr un certain Payton pour 1'cnvoyer en Angleterre. Les Etats refuferent cette demande ; il redoubla les follicitations; les'Etats relacherent alors les prifonniers; mais après les avoir^ fait condamner. au bannifièment. Le" Roi jacques en voulait furtout k un certain Fergufon & k Rurnet. Il infistait vivement pour fe les faire livrer; il parlait même de Burnet comme du plus grand Traitre que PAngleterre eüt jamais produit. Mais on ne fit la recherche de' Fergufon, que quand on fut qu'il était disI 4 >'' Avaux' '■ 377- :;',* '. ■  .( ] < ] r i d P si ir la le bi m pi ^ de 4oo Guillaume JJf. depiem ff/u. Quant a Burnet, on répondit qnffi Sri £ 'e defflander aux Etats de «owande, fes feouverams & fes Ju^es tJ WrSU avaic ^urément raifon d'é- ehkZ r C01--r-C Burnet- Aucua An- eontre 1p £ «"^^ fe formaient- Eontre le Monarque. Il avait a ce fit* PrinS5 HC,°nnférences continuelles avect aCldM°fDf,', le donnare Fa* v -Mr. dc Bentinck. Ce fu«- IntWdrefia.les inftruclions fecret es mi urent données a .Dvkvelt. On ui e- * Qmrnandmt furtout dc chercher a don-' - me Sn Tm°m- "VOrables du Prince |ue 1 on dépeignait en Angieterre Com»un partifan outré du FrescTtl Ss ' e, du pouvoir abfolu, & même- com-. e un Papiste au.fond du cceur PouV "eux paryenir ace but , le PrÏÏe Orange avait envoyé en'Anglete 2 lufieurs Prédicans Anglais , après «gr comblés de.pré&ns & eTaUS . Nat on r"c ?-t'011 ^giicane. & de iNation. Ces différens procéJés firent plus hcureux effet. Dykvelt fe vit entot entouré d'un grand nombre de .contens &i, était f la-téte J£S£ ?chVnJ*CTunnicnz ^fetement ;c', -C'?ur de ]aHaye. Ils envoyaient■ > Eimffiiires au Prince d'Orange; rrï  Roi PAnglefèrre-: 20 r on' obferve qu'il eut toujours foin de' ne pas s'expofer a fe compromettre, en s'nvangant trop-, <8c qu'il s'en tenait toujours a des premeffes générales , de prendre la défenfe des lioertés & de la religion de la Nation Anglaife. Les principaux- perlönages Anglais qui trcmpaient dans cé complot h'ë; taient même pas tous inkiés- dans1 le fond du projet: on ne leur révelait pas qu'on fe- porterait jusqu'a détrónerJacques! II. Dykvelt ne l'avait communiqué qu'a peu dé perlbnnes fur lesquelles on pouvait fe fier. II en paria fecretement avec-Ia Princeffe de Danemark; il régla même avec-elle Partiele de la fucceffion. II s'employa avec tant de zele & de dextérité dans cette négociation ,que Burnet ne put s'empêcher de dire dans la (uke qu'on devait a Dykvelt la principale gloire de ce grand événement % & qu'il avait mérité qu'on lui érigeat une itatue de marbre. Gependant 1'opinbkreté avec laqueile le Prince & la Princeffe d'Orange refuferent leur confentement k. PAbolition du - Test-, augmenta finguüerement les foupgons du Roi Jacques. 11 ne put s'empêcher de dire k Dykvelt que le Prince d'Orange aurait dü montrer une entiere déférence pour fon beau - pere : & que fon gendre femblait affeétcr ds ie traverfer en tout. Dvkvelt répliqm I 5 1687. Deflehi rfc Guillaume fur In couronnecfAnglc:ene.Wagen. %V. 354»  1687. • 1 ( 1 c Cwresrwiitm d'Orange. II répondit k Steward par la Lettre fuivante, dont les conféquences furent ?£nrgfnndAS P°Ur qUC plufieurs hiftoriens 'ïnmp Jrngf 3 pr0pos de la rapporterdans toute la teneur. «Je/uis fiché que ma mauvaife fanté m au fi longtems empêché de répondre a yos lettres, par lesquellcs vous temmgniez fouhaiter pafilonément de fca^ m A* m°l> quels étoicnt les. fenüttens de leurs Alteffes k l'éeard de 1'abphtion des Loix pénales, & pius particuiierement celleduTcft; je vousprie d'etre perfuadé que je véux voSspar^ ier a coeur ouvert & fans réferve, fur cette affaire , .d'autant plus que vous dites que yos lettres ont été écrites de la connaiflance & de 1'aveu du RoL je vous alfurerai donc premierement Lr1?"p0,1?xTllent» 9ue leurs Alteffes ont Souventdéclare,.. comme Ellesfirent trèsparncuhérement au Marquis d'Albevilie, Lnvoye Extraordinaire de fa Ma- ]rfi ,^at§' ^'ElleS fOTt d'Opi- pion que Pon ne doit faire violence a aucun Chrétien en fa confeienee, & que Ion ne doit makraiter perfonne, a caufe qu'il différe de Ja Religion éta3ke & dominante. C'eft pourquoi Elles peuvent bien confentir que les Pa•S f in-!cterre, Ecoffe & Mande oient foufferts, avec la même Liberté £e, Religion qui leur eft aecordée par  'R$f cPJfagleterre:-- 8§$ fles -Etats dans: ces Provinces'; dans :. lesquelles on ne peut pas nier qu'ils ne jouiffeht "d'une pleine Liberté de conIfcience ' Mais, pour cé-qui eft des Non» :i conformiftes, leurs Altefies ne confena tent pas feulement, mais approuvent de itout leur cceur qu'ils ayent une entiere ,[Liberté pour 1'Excrcice de leur Reik llgion, fans aucmv trouble ni'empêche' inent; en forteque perfonne nepuiiTe les ' inquiéter le moins du mondefur ce fujet." Et leurs Altesfes feront toujours prêtes , quand il niaira k fa Majelté, de I leur rémoigner fa volonté fur ce fujet, de:\déclarer 1'inclination qu'Eiles ont k i concourir k Pétablifiement & k la confkmation de cette Liberté , &-k la : maintenir & defendre-, autant qu'il fc| ra=, en leur pouvoir de le faire , & felonie itile des Traités , Elles laconfir; meront en donnant de leur part la Gai rantie,.- dont vous me. parlez' dans les vótres." ' „ Et fi fa Majefté juge k propos outre cela , de foubaiter qu'elles joignent au-ffi leurs effbrts aux fiens pour Pabo-» i lition des Loix pénales , Elles font : prêtes de le faire: pourvu que 1'oncon; ferve en leur pleine vigueur^ ces Loix par lesquelles les Cathoiiques -Romains ; lont exclus des deux Chambres du Pari Isment-, & de tous Emplois publics » I 7 [687;  i i ? r c r c O 1 v; te fe tx 206 Guillaume fff detiem tant ecclefiaftiques que civils & militan-es : comme auffi toutes ces aitres Loix , qui confirment & afiurent la Religion Proteltante con re mains!» ^W d6S '^üq^Z „ Mais leurs Altesfes nepeuventpoint eonfentir a 1'abolition du Telt; ou de ces autres Loix penales ci-dculs oaf tendent a affurer la Relig.on pVoteVff te; vu que les Cathoiiques-Romains n'en reeoivent aucun autre prCjud cè B non qu'ils font exclus par dies des' Pariemens, & des Emplois pubiics Et piepar leur moyens ia Religion Pro -eftante elt a couvert des S p es Papiftes pourraient former contre .He, ou contre Ia fureté publique " on •e peut point dire •nffi^Se^Teft « ces autres Loix etnblisfent aucune igueur contre ies Papiües, { 32 e leurs Confciences. Ce font S ient des précautions & des con^óns m qualifient & rendent les pïrfonSS ipablesd'ëtre membres du Parieinem J de reniplir quelque Office ; p^Tel' mt Dien & devant les Hommes Pils font de la Religion ProTcfi • De forte qu'effectivement le del f de ieur établiffement n'eft au- que de garantir la Religion Pro-  Roi PAngleum* 2üf teftante da préjudice qu'elle pourroit recevoir de la, part des CathoiiquesRomakis." „ Leurs Alteffes onteru&croyent toujours , que Pon ne doit pas demander ou attendre d'Elles davantage: puisque par ce moyen les Cathoiiques -Romains & leur Pofterité feront mis k couvert pour toujours de toute peine tant en leurs periönnes Sc biens , que dans 1'exercice de leur Religion ; & Elles-jugent que les Cathoiiques-Romains fe doivcnt corttenteF de cela ,, •& ne pas inqu:éter le Royaume, fous pretexte qu'ils ne peuvent pas être regus dans le Parlement, ou être admis aux Charges; ou que Pon ne caffe pas les Loix ,, dans lesquelles confille principalement la- fureté de- la Religion Proteftante; caf fi on faifait esqu'ils fouhaitent., cela les mettrait en état de la renverfer fatilement." „ Leurs A!teffe3 cro-yent auffi, que les, Non-conformiftes feront très-contens quand ils fe verront pour toujours k couvert du péril d'être inquiétésou maltraités pour PExercice libre de leur Religion , fous quelque forte de prétexte que ce foit. Leurs Alteffes s'étant déclarées li pofitivement fur ces iujets-, je vois manifeftement, qu'Elles font bien éloignées. de vouloir empêcher que 1'on affranchis- /  IfJoS. 2ö& Guillaume ITT. dement fe les Non-confbrmiftesdela févc'rité des Loix pénales , puisq.u'Elles font prêtes : d'employer tout leur crédit & de faire tous leurs efforts pour les établir en cette francluie ; Elles n'inMent point du tout auffi , a ce que 1'on refufe aux Cathoiiques-Romains 1'exercice de leur R°li% P°urvru en ufent avec modeltie&fans pompcni oftentation. Pour moi , Pal toujours été & fuis encore fort contre tous ceux qui veulent qu'on perféeute les autres Chretiens paree qu'ils different de la Relieion pu! olique établic : & j'espérc avec 1'aide de Dieu, que je ferai toujours de ce jentiment-la; car, comme ia iumiere dont ia Religion éclaire nos esprits eft, fe Ion mon ientiment , un pur effet de la milencorde de Dieu enversnous, il me Jcmble que neus en devons remrrcier Dieu de routes les puiöances de nos Ames, & avoir pitie de ceux qui font encore piongés dans- PErretir , comme Dieu a cu pitié de nous, & que nous devons prier Dieu ardemmenf, a ce qu'il lui plaife d'amentr dans le chenun de la vérité ceux qui s'en égarent , & nous fervir des moyens les plus doux & les plus agréables pour les y attirer." *; „ Mais j'avoue, que je n'ai jamais pu comprendre, comment des gens qui font profeüion d'être Chretiens & qui peu-  Hoi PAngleterre, 209 vent • Jööïf» Taris peine ni facherie de i'cxercice de leur Religion, peuvenc croire qu'il leur foit permis de troubler le repos d'un Royaume ou d'un Etat, & de renverfer les Loix du Gouvernement^ pour pouvoir entrer par ce moyen dans les Charges, fans faire difficulté de fapper & de détruire les Loix qui font la ïureté & le repos de .la Religion étabüc." „ 11 eft ccrtain que laReligion Réformee eft , par la Grace de Dieu & par les Loix du Pays faites par le Parlement, la Religion écabïic & publique des Royaumes d'Angleterre, d'Ecosfe &d'Irlande-, Et que 1'on a pourvu par ces Loix-Ik, qu'aucun ne puiffe être admis foit k être rnembre du Parlement, foit kquelqu'autre Emploi public,exccpté ceux qui deelarent ouvertement qu'ils font dc la Religion Proteftante, & qu'ils nc font pas Catboüques-Romains: Et on a auffi pourvu par ces Loix, que la Religion Proteftante fut k 1'avenir en fureté contre toutes les entreprifes que les Cathoiiques ■Romains pourraient formercon* tr'el'.e: or, en toutes ces chofes, je ne vois pasqae ces.Loix contiennentaucune rigueur contre> les Perfonnes ou contre les, Biens de ceux qui ne peuvent pas prendre ces Tests, qui ne s'aecordent pas avec la Religion Catholique-Romap ■ne, Tout 1'inconvénient qui leur .en 1687.  i68?. j i i t t c i 310 Guilïaums IIL deriem SF^Pa eft peuvent avoir ae part- au Gouvernement, ni aux Offices d'importance, pendant que le r^on Jiences ne leur permettent pas depren- Pas qiPite fasfent aucune chofe qui foit au prejudice de la Religion Réformée Du reste leurs Perfonnes & ku s mms £SÏ p'.rfuret1' & FExercice n éme de Jeur Religion leur eft affuré » ,, Puisque, comme j'aidéja dit, leurs kl !^Z rnLP^eS dC fe ioi"drea'faMajeite pour 1'Abohtion de ces Loix penales: par lesquelles les Hommes font expofes aux amendes & autres ripueurs-ie ne voispas qu'il refte d'autre difficul I ' exccpté celle-ci, que quelques Gens roudraient que les Guholiqueï-Roniahs Klc-f rd¥S harCS & EmP'ois Pulles, & que par confequcnt les Loix qui mettent couvert la Religion Proteftante contre SSSPSSr d6S Ott^iques Romains, uffient abohes. Au lieu qti'au même •ems les autres ne fouhaitent pas ave? me moindre ardeur que ces Loix deeurent en leur pleine & entiere ve?- ^H?,.DTnC que la Principale furee de la Religion établie, confifte a les comme une chole facrée * ? * II eft certain, qu'il n'y a point de  J&i PAngleterre,, S.Xi ■ Royaume ni dé République, ni aucun j, autre Corps ou Societé d'hommes,, quel- le qu'elle. puitTe être, qui n'ait étabii :des Loix pour fa fureté* par lesquelles \ÜS pourvoient k toutes les entreprifes raüi fe peuvent faire contre leur Repos, | & qui prefcrivent & marquent les quailités qu'ils. jugent nécessaires k tous ceux. qui peuvent avoir de 1'Emploi dans ce i Royaume, Ecat ou Scciécé; & aucuti i ne "peut prétendre qu'on lui faffe tort,, ;en ne 1'admettant pas aux Charges,.lors- qu'il ne remplit pas les-conditions&quaj lites qui font requifes pour cela." „ On ne pêut pas auffi nier que 1'on ne j remarque une grande difTerence entre . la conduite de ceux de la Religion Réjformée, & eelle de ceux de la Religion Romaine les uns ettvers les autres. Les •Cathoiiques;-Romr-ins, ne fe Gontentant ; pas d'exc'.ure les Reformés de toutes les i Charges lucratives ou d'aiuhorité, fupi p.riment ontre cela abfolument 1'exerci1 ce de cette Religion-^ & perfécutent i crueiiement tous ceux qui la profefient:, ne manquant point de. faire cela, par» i tout oü ils peuvent exercer ces rigueurs. jfans danger. Etj'ai beaucoup de dou- leur que nous ayons k, préfent devant 1 nos yeux tant de déplorables Exemples. • de cette cruauté, qui eft exercée eft. Dmt de lieux. différens k.la fois.""  1687. 1 1 c t t r tj C Ti O Cl a. g< ta te dc & fo ne a «p Guillaume JIJ. denem'' criarC,vSrPnnpqf V"e VOudrais de Ml re IS,S S' "c Wit nwnquer d'£ Z e,S ™fI0n d,° Iaquelle «s font. Et Ülpi' nner |enr !l? !fc' 'a approuver ou pé, qu'a iaVureté pubaquf rft  'Mol -PAngleterre. %g§ 'Son, vous accorder ce que vous dites, que la Religion -Rélbrmée n'en recevra aucun préjudice." „ Je Igaiquel'on dit communément que : Ie nombre des Cathoiiques - Romains dans HPAngleterre & dans 1'Ecosfe, n'eft pas ieonfidérable; & qu'ils nepoffedent qu'un ppetit nombre de Charges importantes; quoiqü'on ne puisfe nier, qu'il en va tout autrement en Irlande. Mais ïl faut -néceffairement que vous m'accordiez ceci, que, s'ils font en petit nombre, il ne ferait pas raifonnable que ja Tranquil»té publique fut troublée pour 1'amour j-d'un petit nombre de Perfonnes, prin'cipalement lors qu'on peut leur offrir ►une auffi grande grace , comme eft lp iLiberté de 1'Exercice de leur Religion: •Et fi leur nombre eft plus grand, on en a d'autant plus de raifon de leseraindre." „Je crois veritablemeat que les Catholii ques - Romains, én' 1'état ou font les chosfes a préfent, ne fouhaiteront point exkrêmement d'être dans les Charges & Emplois publics,& qu'ils ne feront point H'entreprires fur la Religion Réformée, ftant k caufe que cela eft contraire aux 3Loix, qu'a caufe des grands inconveil niens que cela pourrait attirer dans un I autre tems fur leurs Perfonnes, ou fur ; leurs Riens; Cependant, fi les Barrières ■ des Loix étaient une fois rompues, voqs (pies verriez entrer dans le Gouvern^- 1687.  2587, " "Bï4 'Guillaume JIL devleni ment, & les principaux Offices Sterft* plois feraient mis entre leurs mains; & - 1! ne fêraft pas facilc a fa Majefté de s'oppofer a eux en cela, quelque ferme qu'Elle puiffe être; car ils le preileraient affurément beaucoup Ik^defius, & lui reprefenteraient la chofe comme" une affaire oü fa Confcience ferait interefiee; & quand ils feraient en poflèflion des Emplois publics, que faudrait-il que fiffent les Protéftants, qui ne tireraient plus aucune Protedion des Loix, & qui ïie dcvraient guere attendre de bóns traitemens dc tels Magiftrats ? &' au contraire, les avantages que les Cathoiiques Romains tireraient de leur Affranchifiement .des Tests.& des Loix pénales, font fi évidens, c-ue ce ferait perdre fon ' tems, de vouloiÉ s'amufer a les prouver. Je ne puis ni ne veux douter de la fincenté des intentions de Sa Majefté, & qu'il n'a point d'autre vue dans cette affaire, finon que fes fujets püiffent jouïr en toutes chofes des mêmes Droits & Li'oertés." „Mais le fens commun, auffi bien que 1'Expérience de tous les Siecles , du préfent auffi bien que des paffes; nous montrerit qu'il iéra imposfible aux Cathoiiques Romains & aux Proteftans, lorsqu'ils feront mêlés enfemble dans les Charges publiques & dans les Emplois, de vivre paifiblemenr enfemble,&  Roi (PAnglsterrs, 215 cn bonne intelligence; ils feront très-asjfurément jaioux'les uns des autres; car bes Principes & les Maximes des deux • iReiigiorjs font ü contraires 1'une a 1'autre, qu'a mnn fens'il ferait imposfible a Iquelque Prince ou Roi que ce foit, d'étouffër tous les foupgons & ammofiféi qui pourraient s'élever &'éclater a tous momens;?? „ Pour ce qui efidecé'que vous appréhenaez, que les Non-conforrfliftés ne ïferont point aflranchis des LoiX pénales,, ijqui font faites contr'eux, fi 1'on n'abojilit pas le Teftau même tems; ce fera la la verité un grand malheur pour eux; Simais les Cathoiiques-Romains en feront ieuls a blamer, puis qu'ils aiment mieux i qu'eux & leur Roftérité gémiilent toujours fous le poids des Loix pénales, & rfoient expofés a la haine de toute la I.Nation, que de demeurer toujours dans Pincapacité d'attenter contre la paix, & contre la fureté de la Religion Proli teitante ; & d'être privés de ce petit i-avantage (fi 1'on doit Pappeller de ce nom) ^ d'avoir part au Gouvernement & aux Emplois publics ; vu qu'en tous les Lieux du Monde g'a toujours été le Pri•vilegede la Religion établie par les Loix; ; .& en vérité ces attentats des Cathoiiques - Romains, n'en doivent être que plus fuspeóts aux Proteftans qui en doivent être d'autant plus fur leurs gardes, 1687.  -1 I n ■-SÏ6 Guillaume 'IJI. devlem ' 2§ï v°yei^ qüe les Cathoiiques-Re- ■ HH h£,~ nJemf ten]S qu'ils f0»c foumis k la rigueur des Loixpénales, ne-fe con= tentent pas de n'en. fouffrir 'point dScoramodité.k préfent, mais ïLLtcl core de perfuader .k fa Majefté , de faire que les Proteftans-, bongré'malgré détruifent cette fureté qu'ils ont Jour •leur Religion; & ouvrent le-chemiri S" Lnt£odmreles Cathóliques-Romains •dans le Gouvernement & dans les Emp ois pubhes: auque! cas il n'y aurait P us de prote&ion k espérer pour eux que celle que 1'on peut attendre d'un «jouvernement Catholique -Romain P Une chofe femblable ne peut donc paraitre que fort injufte -k leurs Alteffes. Vui les 'blamerait pour tous les incon- Sri?/ qrUVen P,ourront Procéder ;puis. qu Elles fe font declarées fi ouvertêment fur- ce fujet, & cela d'une maniere fi arantagetife aux Cathoiiques-Romains mêmes;, & puisqu'il ne tient qS ce leul pomt que les affaires ne foient juftéesj Leurs Alteffes ne-peuvent lonner leur confentement k des choes fi contraires aux Loix déjk étages ,&fi prejudiciables k Ia Religion Proteftantetelles que feraient 1'Admffion des Cathoiiques - Romains au-x ,harges du{?ouvcrnement, & aux Em'lois importans-, k i'Abolition de ces 'Oix-:, qui ne peuvent. produire d'autre  Rei d'Angleterre. sJiJr effet "que d'affurer la Religion Proteftante contre les entrepriies des Cathoiiques-Romains. Vous me dites ■': Que les Cathoiiques-Romains en ces Provinces ne lont pas exclus des Emplois & des Charges importantes. Mais vous vous trompez beaucoup en cela. Car nos Loix font précifes la-delius, les excluant en ter mes exprès de toute part dans le Gouvernement , & de tous les Emplois de la Police & de la Juftice. II eft vrai , que je ne connais point de Loi expreffe qui les exclue des Emplois militaires; cela auroit été véritablemeht trop dur, vu que dans la première fondation de notre Etat, ils fe joignirent a nous pour la defenfe de la Liberté publique, & nous rendirent de grands fervices pendant les guerres; k caufe de cela ils ne furent point exclus des Emplois niilitaires: car la fureté publique n'était expofée par lk a aucun darger, tant a caufe quelenombre de ceux de cette Religion qui fer■vaient en nos troupes n'était pas grand , que paree que les Etats auraient pu facilement prévenir les inconvéniens que cela aurait pu prodüire: Ce qui n'aurait pas pu fe faire fi aifément, fi les Cathoiiques-Romains avaient eu part dans le Gouvernement, dans la Police & dans la Juftice de nötre -Etat. Tem. VIII. K  , 11% Gul llauwe ]JJ. deviant 1687. ï Je luis très-certain de ceci, & j'en pourrais donner de fort bonnes preuves, qu'il n'y a rien que leurs Alteffes riefirent tant, finon que Sa Majefté puifle régner heureufement, & dans une parfaite intelligence avec fes fujets ; & que fes fujets , étant perfuadés de l'affection paternelle de Sa Majesté envers eux , foient prêts de répondre de leur cöté a fa Bonté, & de lui rendre tout le devoir & I'obéïffance posfible; mais leurs Alteffes font convaincues en leur Confcience, que la Religion Proteftante & la fureté de la Nation, feraient expofées a des dangers certams, fi le Teft, ou les autres Loix pénales , desquelles j'ai déjk fouvent fait mention , étaient abolies ; c'eft pourquoi Elles n'y peuvent pas confentir, ni fe joindre k Sa Majefté pour cela, car Elles croyent qu'elles auraient un grand compte a rendre k Dieu, fi ia-confidération de quelques avantages préfens les portait k confentir & a enn;ourir k 1'exécution des chofes qu'ils :royent être fort dangereufes & préjüJiciables k la Religion Proteftante. ' Leurs Altesfes ont toujours eu pour >a Majefté une foumifiion profonde, Sc ont réfolues dc 1'avoir toujours; carElcs s'y croyent ebligées tant par les „oix de Dieu que par celles de la Natu•e j mais comme le fujet dont il eft pré-  ■■'■Roi PAnglsferrf. 219 : fentemcnt queftion, ne regarde point de nouvelles Loix que 1'on veuille faire mais 1'abohcion totale des Loix déja éta-blies par le Roi & par le Parlement, Elles ne voyent pas comment on peut attendre d'elles un confentement k une ■ telle abolnion, pour laqueile Elles ont une fi jufte averfion-, comme étant une chofe contraire aux Loix & aux coutumes de tous les Etats chrétiens, tant Proteftans que Papiftes , qui ne recoi- ' vent perfonnc dans le Gouvernement. • ou dans les Emplois publics, que ceux ■ qui profeffent la Religion publique & etabue, & qui mettent peine de 1'aflurer contre toutes les entreprifes , que 1'on : peut faire contr'elle. Je ne crois pas qu'il foit néceffairede vous montrercombien leurs Altesfes font y dcvouces k Sa Majefté ; c'eft une chofe dont Elles ont donné des preuves fi réelles, que, comme 1'on n'en peut pas douter il ferait inutile d'y infifter: Et elles font reiolues de continuer toujours dans la même foumiffion , rcfpecï, & aöection ; ou plutót de 1'augmenter ' s'il •eft poflible. Je fiiis &c. NQy. 4 1687. Nous avons cru devoir rapporter cet- c, te Lettre toute entiere; paree qu'elle eut q« -Ja plus grande influence fur les événe-cu mens qui fuivirent par le courage qu'eUtre -^e - infpira aux Proteftans de toutes les K 2 nfd. te Let-  ■2,20 GuiUamm UT. dektent 1687. Bvmet. Barnet. I.c Prince d'Orange fe déclare e'n i'avcur )des Protestans An- dénominations .& par 1'union qu'elle 'eur infpira contre les progrès du Catholicisnie. Car le but du Prince d'Orange étant de la faire publier, il prit pour prétexte qu'un faux bruit s'étant répandu qu'il était d'accord avec le Roi fur 1'abolition du Teft, on ne pouvait trop fe hater de désabufer te Nation. Majs 1'enthoufiasme de la Nation k la publication de cette piece , irrita fi fort la Cour d'Angleterre, qu'elle eut recours k 1'impofiure, pour en arrêter les fuites. Elle m publier un Ecrit pour montrer ouque la Piece était fuppofée ou qu'on n'y avait pas expofé fidclement les fentimens du Prince & de la Princejfe d'Orange. Fagel crut devoir réfuter cette piece, en déclarant dans un écrit public qu'il était effecliver mentl-'Auteur de la lettre, qu'il n'avait fait qu'expoier les vrais fentimens de leurs Alteffes, auxquelles il en appelait. Le Monarque,'outré de cette réplique, ne garda plus de mefures avec fon Gendre. II n'en paria plus, même pubhquemert, que dans les termes de la plus vive indignation. Le Prince d'Orange ne gardait également plus de ménagement de fon cèté; mais il agifiait en "bon politique. 11 voulait que la réfolution qu'il donnait k 1'Eglife Anglicane fut publique j pour encourager ceux de ce parti & les  Rot PAngleterre. 221' porter k s'oppofer avec plus de hardiesiê k tout ce que le' Roi d'Angleterre voudrait entreprendre. C'eft ainfi qu'il disfipait les foupgons qu'on pouvait ré. pandre k fon égard. Le Roi d'Angleterre ne tarda pas k s'appercevoir des impreflions que fit cette politique fur les Proteftans d'Angleterre. Le Prince d'Orange jugea de fa dignité de ne faire paraitre dans cette affaire que le Penfionaire Fagel, pour fe ménagcr la facilité d'avouer ou le desavouer , fuivant la tournure des affaires, ce que le Penfionaire avait avancé au Roi d'Angleterre. Plus le Prince d'Orange ufait d'une politique raffinée, plus Jacques II agiffait fiyec imprudence. Le Monarque lui fit dire pofitiveraent qu'il voulait tout ou rien. Le Marquis d'Albeville , préoccupé des projets de fon maitre, necraignait pas de révéler ce qu'il importait le plus de tenir fecret. Un jour que le Prince d'Orange lui parlait des promes* fes que !e Roi avait faites de maintenir la Religion dominante , & du ferment qu'il en avait prêté k fon facre, cet Ambalfadeur répondit qu'il y avait des occafions oü les promeifes des Souverains ne tiraient point k conféquence ; & le Prince ayant répliqué k cela , que 1'Eglife Anglicane devait être ménagée, paree qu'elle faifait le Corps de la NatiK 3 1687. 3u mei *55. 242.  222 Guillaume III. depienl- ^ f687 le Prince d'Orange s'afiure des difpofitions de fon Epoufe. on, Pimprudent Marquis ajouta, que co ' Corps, qu'il appelait 1'Eglitè Anglicane, 1 n'en avait pas encore pour deux ans. Etait-il déjk tems de reveler les fecrets de fon Maitre? quelleconduite pourun Mimftre public ! Le refte répondaic merveilleufement a ce trait; & les autres Mmiftres, fans en excepter Mr. d'Avaux Ambaffadeur de France, re ïavaient comment colorer des Bé vues qui revenaient a tout moment , & qui le rendaient le jouet de toutes les compagnies, Burnet agiffait d'une manierev bien différente : nous nercndrons pas les différentes converfations que cet hiftorien habile eut avec- leurs Alteffes. ün jour la Princeffe lui demandant pourquoi le Roi fon pere en vouiait tant au Miniftre Jurieu? Le Doéteur lui répondit, que cette averfion n'était cauféct que_ par le ftile trop peu modéré de cec Ecrivain , qui ayant, entr'autres, pari■< tres mdécemment de Marie, Reine d'Ecoffe , avait en quelque forte fait partager la hontc de fes calomnies a tous ceuxqm étaient descendusde cette Rei-' ne. Mais, reprit la Princeffe d'Orange, Jurieu n'eit point coupable fi ce qu'il a eent de la Reine Marie eft conforme k la vénté. Car, ajouta-1 -elle, fi les Princes veulent faire du mal, ils doivent s'attendre que lapoftérité, quin'a  Hoi (PAngleterre. - 223 plus rien k craindre de leur puiffance , s'en vengera fur leur memoire; & c'eft lk un bien petit mal en comparaifon de tant de maux qu'ils ont fait fouffrir k d'autres. Parotes bien remarquables, qui montrent k quel point les préjugés religieux peuvent affaiblir les aöeétions de la nature. Charmé d'avoir trouvé dans Burnet un homme dont les lumieres fur 1'état aótuel de PAngleterre pouvaient fervir k fes vues , le Prince voulut fe Pattacher plus particulierement en Pengageant k ie fixer k Ia Haye. Mais Burnet nc voulut, dit il Iui-même, s'engager k rien;, avant d'avoir mieux fondé les idéés du Prince fur plufieurs points. II craignait, difait-il , qu'élevé dans des principes bien différents de ceux de la faétion de Louveftein, comme 1'on nommait encore alors les partifans dc la Liberté républicaine , Guillaume n'eüt été imbu dès fa jeuneffe d'opinions peu favorables k la liberté & k un Gouvernement libre. Mais ces fowpgons fe difffperent bientót, lors que fon Alteffe Peut affuré qu'il croyait qu'il n'y avaitqu'un Gouvernement libre qui fut en état de refifter kun puiffimt Ennemi, & delburnir autant d'argent qu'il en faut pour foutenir une longue guerre. Le Prince, par fesréponfes, fatisfit d'ailleurs Burnet fur la plupart des autres points; & K 4 ' 1687  2S4 Guillaume JU. devkm 1687. bientot celui-ci nedouta plus quel'hom neur de fauver la liberté Anglaife , du • naufrage qui la menacait , ne fut réferve a Guillaume Hl. Mais une difficulté reftait; en cas que la mort ou une Révolution -, qui ne femblaic même pas éloignée , chaffat Jacques II du Tróne de fes peres ; c'était a la Princeffe d'Orange feule qu'appartenait le droit d'y monter la première ; & il était incertain qu'elle voulut partager Phonneur du Diadême avec fon mari. Burnet réfolut dc s'en éclaircir; & dans une autre converfation ayant amené le discours fur les affaires dé PAngleterre, il demanda k la Princeffe, ce que deviendrait le Prince lors qu'une fois elle ferait Rein» de la Grande-Bretagne ? La Princeffe repondit, „ qu'elle fe contenterait du nom de Reine, & qu'elle ferait donner au Prince le titre & Pautorité de Roi; & que, fuivant les legons de PEcriture Sainte.. eile.lui obéirait en tout comme k fon mari s'il voulait Paimer commefa femme. " Réponfe habilement préparée , & amenée par les raifonnemens & 1'éloquence de PAnglais ; elle fatisfit tellement le Prince,.qui y avait été préfent, qu'il a dit enfuite , qu'il J avait alors neuf ans qu'il etait raarié fans avoir jamais ofé mettre la Princesfe fur une affaire , que Burnet était vebu k bout de terminer en un feul  Roi PAngleterre. 225 jour. C'eft ainfi que le Prince fut habilement profiter du peu d'ambkion de fon Epoufe , pour avancer la fienne. Le Roi d'Angleterre ne put s'empêcher de faire éclatcr par des procédés publics un reffentiment qu'il aurait dü cacher avec foin, pour renverfer les projets formés contre lui. II demanda vivement que les Etats lui rèndiffent les fix Régiinens Anglais & Ecoffais qu'ils avaient k leur fervice. Les Etats répondirent qu'ils ne fe croyaient pas dans 1'obligation de rendre des Troupes qui tiraiént leur folde& qui s'étaient engagés librement k leur fervice. Ils élüderent cette demande. Mais pour être afiurés de ces Troupes dont un grand nombre profefiiiient la Religion Catholique, ils laifierent la liberté k tous ceux qui voudraient feretirer; trente a quarante feulement en profiterent. Le Prince d'Orange conduifit fi bien fes mefures, que tous les ordres de Ia Nation Anglaife tournerent les veux fur lui. Le nombre des Perfonnes "empresfées d'entrer dans l'aflbciatjon qu'il ^ormait par le moyen de Dyckvelt , croisfait de jour en jour. Jacques II avait pouffé Pabus du pouvoir jus qu'a déclarer de fa feule autorité, le Teil & les K5 r687. Les Etats r_'rUK ut ks R 'gi i'ens, dema ïdés nar k< Roi d'Aiijjlettne. ■ Vagen. XV. 393. 394'  1687. Naifi'ance *• firpenr de-9 néconcens. tl'occafioft Ié cette ïaiffiaicc,"  1687, ifemor. rle itry/yk. ' 1 228 GutUmme IJL deviem on. Ainfi les plus artificieux ayant répandu le bruit que Ie Prince rou■veau-né était un enfant que le Roi avait fuppofé pour foutenir aprèslui la Rehgion Romaine dans fes Etats, cette fable fut regue avec avidité par le gros de la Nation; on rapporta une multitude de contes que Burnet a confignés dans fes mémoires. Quoique ces contes fe détruifisfent les uns par les autres & que la fuppofition, fi elle eüt été réelle, n'eüt pu s'exécuter que d'une feule maniere, on ajouta généralement foi a une chofe que 1'on defirait; on crut qu'un Roi, coupable de tant d'imprudences , pouvait bien fe permettre Ja plus affreufe des impoftures par excés de Religion. Le filence de laPrinceffede Danemmrkv quoique intéreflée dans ce fujet, ne iaisfa pas d'augmenter les foupgons. Elle avait d'autant plus de tort, dit fon Frere naturel le Duc de Berwick, qu'elle favait nveuxque perfbnne la groffeffe de la Reine, ayant mis plufieurs fois la main lur fon ventre & fenti 1'enfant remuer, J'y étais, continue le même Seigneur; & malgré mon refpeft & mon levoucment pour le Roi, je n'aurais janais pu donner les mains a une aêlion lufii déiefcablé que celle de vouloir mp'Ofer un enfant, pour óter la couronne  Roi PAngleterre. Sap- stüx véritables hériciers; & après la mort' du Roi, je n'aurais pas continué a fout'enir les intéréts d'un impofteur: 1'honneur & la confcience ne me Pauraient pas permis. Quoique le Prince d'Orange fut affez fur de cette naiffance, pour avoir envoyé le Comte de Zuileftein faire fe» complimens au Roi a ce fujet; quoique, dans la fuite, il eut réglé la fucceflion en faveur du jeune Prince; cependant,a la nouvelle de cette prétendue fuppofition, il ne négligea rien pour accrédi-ter une fauffeté qiri pouvait fervir a fes deifeins. II fit fufpendre dans fa chapelle ies prieres qu'il n'avait pu fe difpenfer de faire dire pour le Prince de Galles. En attendantjil n'oub'ia rien pour engager tous les partis a prendre des mefures vigoureuiês contre leRoi. Zuilestein qu'il avait envoyé fous prétexte de feliciter le Roi fur la naiffance- du Prince de Galles, lui rapporta des invitations formelles d'un grand nombre de Seigneurs Anglais; pour le prier de hater fon voyage, & d'accourir a la defenfe de la Religion & des Loix fondamentales. L'invaflon, difait-il, ne fe pouvait entrcprendre,ni dans une conjontture plus favorable, ni pour une caufe plus légitime. Toute la Nation était irritée, & demandait un Liberateur. Le Procés iaK 7 1687, O'Ayatur VI. 177. Le Prince cabale cn Anglecerre. Burntt Uumt.  230 Guillaume IJL devitm 1687. tenté aux fcpt Evêques & dont on menacait tout le Ciergé inférieur, ne laisfait plus douter que Pon voulut pousfer a bout 1'Eglife Episcopale, & ruiner la Religion Proteftante. La fuppofition d'un Héritier ne pouvait que faire paffer aux Géncrations fuivantes le joug de Rome,& du Despotisme. Si 1'onneprofite pas de cette fermentation des Efprits». le peuple n'y reviendra plus. L'Armée elle-même attend que Pon, vienne rompre les fers du Royaume. On y par Ie tout haut contre le Papisme; on y boit les»fantés les plus injurieufes pour cette Communion; & le peu de Papistesqu'il y a dans les Troupes eft le fujet de Ia Railierie & de PAverfiQn publique. Le Roi, qui ne s'en était que trop appercu, avait difperfé les Troupes dans les Provinces, & vraifembiablement ne les fefait plus camper, qu'il ne les eütmifes fiir un autre pied. La flotte lui donnait les mêmes fujets d'inquiétudc. Striekiand, Papiste, a qui Ie eommandement d'une Escadre avait été conféré, s'était avii'é de mettre a fon bord des prêtres qui v dilaient la Meffe, ou du moins cette "partie de leur Rituel que les Loix permettent fur les vaiffeaux de Guerre. Peu content d'y avoir des Prêtres Romains, il en avait fait fortir, fur un Prétexte hk» Wie* ie Chapelain Protcllant. II y eut  Kol PAngJeterre, 23T' auffi-tot un vacarme horrible; & Peu s'en fallut que tous les Equipages ne fe mutinaflent. Strickland en puri'it quelques-uns, & le Roi, qui vint pour pacifier les Efprits, y perdit fon tems & fa peine: au moins, fi fa préfence arréta le foulevement elle n'éfTaga point la haine que 1'on portait aux Papistes en générat, & a 1'Amiral en particulier. La flotte, d'ailleurs,. ne paraiflait r.ullement a portee de febattre contre les Hollandais; & lors.que certaines gens en parlaient, pour fondcr les Efprits, 011 répondait fans detour, que les Hollandais étaient leurs amis ■ & leurs freres ; & que c'était plütèt contre, la France, qu'il fallait mener des Anglais."' L'Evêque de Londres, les Comtcs de Darby, de Nottingham, de Devonshire, & de Dorfet, le Duc de Norfolk, le Marquis d'Halifax,les LordsLovelace, Warwik , Eland, Paulet, Délamere ,& quantité des plus Fiches citoyens de Londres, tels que les Hambden, les Powle, les Lester, quoique des partis les plus'oppofés, s'accorderent a faire leur cour au Prince; ies Whigs, fideles a ces angiens principes de liberté, qui leui avaient fait tenter le Bill d'exclufion, ft porterent facilement a Poppofition contre unRoi dont la conduite vérifiait cc que fes plus mortels Ennemis avaiem  ;68r, 222 Guillaume IJL denent fait attendre de fa fucceffion. Les Torys & le parti de la haute Eglife, vo- yant leurs lervices oubliés, leurs droits envahis & leur Religion menacée conyinrent d'abandonner, pour un tems, les Doctrines exagérées de la foumiffion, & d'ouvnr 1'oreille aux grandes & puisiantes mfpirations de' la nature les Non-conformiftes, fe défiant des caresles de leurs anciens Ennemis, trouverent plus de furêté dans lesoffresdeto'érance, d'un Prince élevé dans ces principes, & formé k cette pratique. Ainfi toutes les factions s'étaient alors en. dormies en Angleterre; & leurs animofites furent oubliées, pour s'unir dans la reiolution de s'oppofer k leur imprudent & rnalheureux Souverain. Le Comte de Shrewsbury, qui s'était acquis la faveur populaire, en renongant dans ces circonftances k la Religion Catholique, qu'il avait profeffée dès i'enfance. prit le parti de quitter fon Régiment, d'engao-er fes biens pour quarante mille livr'es"Sterling, & d'offnr fon epée & fa bourfe au Prince d'Orange. Lé Lord Wharron, maigre fon age & fes infirmitcs, s'était mis en chemin dans la même vue. Le Lord Mordaunt, qui fe trouvait k la Haye, y pousfa 1'entreprife avec cette ardeuX t fp™ & ce courage qui le caractérifaient. On croit que Sunderland meme, le Miniftre favori de Jac-  Roi PAngkwrs. agf* I ques, entra dans une correspondance :i réglée avec- le Prince, & qu'aux dépens; de fon propre ■ honneuf & de Pintérêt • du Roi fon maitre, il embraffa fecrettement une caufe, dont il prévoyait que' le fuccès ne pouvait être éloigné. Le Prince fe dctermina facilement k céder aux inftances des Anglais, & ne. fit pas ■ diniculté d'embraffer la- défenfed'une Nation qui le regardait comme fon feul Protecteur-. Le grand objet de 1 fon ambition était de fe voir k la têtc !; d'une Armée conféderée, pour vanger, par fa valeur, & lui même, & fa Patrie,. & fes Alliés, des injures qu'ils avaient recucs du fier Louis. Mais ausfi longi tems que PAngleterre demeurcrait fous' te Gouvernement adluel, il défespérait de former jamais une Ligue, dont on put efpérer quelque fuccès contre un fi puiff-mt Monarque. On ne faurait fup\ pofer que les nreuds de Palliance euffent beaucoup'de force fur un Prince de fon rang & de fon caraöere,. fur-tout lorsqu'il faifait réflexion qu'ils n'avaient pas : été formés volontairement par leRoi, & que dans la.fuite ils n'avaient jamais été culti vees par aucune marqué eflëntielle de faveur ou d'amitié: ou s'il avait a craindre quelques reproches, pour avoir violé les devoirs de la vie privée,; il comptaitque la gloirededelivrer des Nations. opprimées ferait une ample corn- i6i3^.:  Prépal ntifs du Prince d'Orange. I ] i t c 1 c ï c P ï tl " e 234- Guillaume JJJ. dcvlem ' penfatiori pour ce blame," • D'ailleurs il I ne pouvait raifonnablement s'attendre • en ouvrant föh entreprife, qu'eJie düÊ le faire monter fur le Trónê Angleterre: mais il prévoyait que le fuccés de ' xvation , & telle était 1'imprudence de Jacques, qu'il n'y avait sucun avantaS nemt? ^ ^ pr°mettre k fes D'après ces mouvemens , le Prince d'Orange ne pouyant plus douter d'une confpiration générale k fecondcr fes pro- • jets, prepara des forces pour center 'entrepnfe. II avait beiöin d'une fletss Söffite-eafe, d'un corps dfe trou- Pear,enrfide|,;ab;e &, dC g^^es fommes sargent II etait furtout néceflaire que fs grands preparatifs fe fiffent avec tant emyftere & de fecret, qu'ils n'altr ï affent pasjes Cours de France & d'AnSwrn Heureuföra^t les circonftan•es ie trouverent propres a fournir un préexre plauimle pour faire des preparatife e guerre a cet objet. Maximilien Heni de Bayiere, Ele&eur de Cologne, Evéae de Liege, de Munster & d'Iiildeseim etait mort au moisdejuillet. Deux Mcurrens fe prefenterent fur les ranss our obtemr cette riche fuccesfion • le nncejofeph.Clement de Baviere, loZ mu par la maifon d'Autriche, & je ardmal de Furstem^erg dévoué aveu- .  Rol d>lAngkurre. 2-35 : glëment k la France. Les Eleóteurs fe partagerent encre ces deux Candidats; tine partie fe déclara pour Furstemberg, • déjk Chanoine du Chapitre; une autre pour le Prince de Baviere. Le Pape Innocent XI, alors brouillé- avec la France k caufe de Pabus des franciiifes qu'il voulait óter k fes Ambasfadeurs, corifirma Pélecbion du Prince de, Baviere. Le Roi de France, youjant foutenir le Cardinal , envöya des Tróupes fur le Rhin qui s'émparèrent de toutes les places fortes dans PElecborat de Cologne. Ces Hoftilités femblerent impofer aux Etats la néceffité de pour voir a leurproprc défenfe contre ces moureirens quife faifajerit dans leur voifinage. Le Prince 'd'Orange Mijt cette occafion comme un prétéxte favorable pour raffembler des troupes &' former des alliances.; en ap'.parence pour aider -les Princes de la ligue d'Ausbourg qui foutenaient PElöÖion du Prince de Baviere; mais en effet pour PExpéaition qu'il projettait en Angieterre. II ne tcnait qu' k la France d'obliger le Prince d'Orange a 'fe dévoiler ou k leprévenir, en faifant marcher fes troupes vers les Pays-Bas. II aurait cru qu' en pédant au Pape le droit: abufif des franchifes, le Cardinal de Furstemberg ferait reconnu Eletleur de Cologne; mais lo Prince d'Orange avait jus» yu'k Rome des- émiffaires qui attifaienn- i68f.  i%6 Guillaume III. denent 1:687. Mem. de Ckoifv. II. 1*8. III. le feu entre le Roi de France & le Pape-, a la faveur de cès brouilleries, Guillaume fit des alliances & des préparatifs fans que les intérefles eufient des foupgons fuffifans fur fon véfitable projet, que lorsqu'il ne fut plus tems de le faire échouer. 11 n'y avait que peu d'Ahglais qui fus"fent toute 1'étendue des defieins du Prince d'Orange. La furété de la Religion Proteftante, la réductiön des Cathoiiques aux termes des Loix établies contre eux, la liberté des Pariemens, 1'éloignement du pouvoir arbitraire, la conlerva tion des honneurs & des charges dans les families Proteftantes, furent les ap • pats auxquels la multitude fe laiffa prendre ; on ne propofait pas ouverte«ïent de détróner le Roi; mais de 1'obliger k gouverner fuivant les Loix. La plupart s'engagerent avec d'autant plus de confiance, qu'ils s'étaient formé une idee particuliere de la modération du Prince d'Orange. Ce n'eft pas une chofe téméraire que d'avancer que lé Prince d'Orange fe frayait depuis longtems le cheminautröne; & qu'ii ne voulait pas attendre 1'occafion toujours incertaine & trop lente pour les ames impatientes & ambiticufes. Avant même que Charles II. mourut, il avait congu 1'idée de fe faire déférer la régence du Royaume. Au commencement de  Rol PAngleterre. 237 1'année 1683, il commengak k faire fondre de gros canons k fes frais & k fes armes. Mais le pas le plus important qu'il s'était propofée pour réuffir, fut de fe réconcilier avec la Ville d'Amfterdam. La politique avec laqueile il fut faire entrer cette ville dans fes interêcs, montre qu'elle eut la plus grande part k i'expédition; puis qu'il n'aurait pu rien faire, s'il n'eüt obtenu fon confentement. Le Bourguemaitre Costers, fut le premier dont il fit fonder les fentimens. La Penfionaire Fagel lui demanda fi le Prince pourrait compter fur la Ville., au cas qu'il fut appelc en Angleterre pour y xétablir les affaires. Apparemment que Je Prince eft dans 1'idée de jouer le petit Monmouth , dit quelqu'un qui fe trouvait préfent. Le Prince lui-même ne crut pas au -deffous de fa dignité de travailler k lui faire goüter fes deffeins; mais toujours avec circonfpection, comme en lui demandant des avis & n'employant que des termes vagues & généraux. Mais il ne put longtems fetenir dans les bornes de la diffimulation. Cofters ayant pris occafion de la grosfeffe de la Reine pour lui repréfeater., que la naiffance d'un Prince lui ferait perdre tous fes droits k la Couronne, Guillaume ne put fe modérer. II répondit avec une forte d'emportement, que 1687. Guillaume fait entrer la Ville d'Arnfterdam dans fes projfits  .16%?. : M 4 • 1 i f 2'S8 ' Guillaume JIJ. devhnt cela n'óterait rien a fes droits. II pararit que le bon Vieillard fe raiffa ga-ner• mais que fon plus grand fouci était le peril que couraient les Matelots qui naviguaient en France.; par ce qu'on ne JecretU£ prevenir qu'en éventant le On jugeait le myftere de fi' grande £ri? i? cres»Jean Hadde & Cor- f V1DCk' auxquelsilfut confié; w ^CT^ea;t-on le fecret le plus profond. Ce fut .le Sieur Dykvelt le confident intime de fon Xffe 'qui dZ» i? PartTfUr parler * A^rdam.» jacques II, leur dit-il, avait juré la ruïne de l'Etat & de la ReliITarPreH°Jntóe-; °n,ne P°uyait tr°p wait la Répubnque fur mer. Hadde & Costers répondirent qu'il fallait mettS on e^poir dans la Providence. Dvkvek eclara que la meilleure politique était I'attaquer avant d'être attaqué. -Les Bourguemaitres re góütaient pas des ShPréc^tées. Au moïns alla t il attendre que la Marine Fut en peil leur état. Dykvelt n'ofa pas con" ier toute 1'étendue de fon fecret a des X"1 Pufil^nimes ; mais la néS ttr w-^gner fit que fe trouvant rUl avec Witten , il lui découvrit pluieurs particularités ■ imporcantes P &  . lioï (PAngkterrs. s gr) ïicha de le perfuader. Deux jours après cecte converfation fecrete,,-oh appela Witfen a la Haye. Le Prince lui dit d'un ton ferme & en ftile laconique en La tin , aut mme Mtt nunquam ; a pré; fent ou jamais. Witfen vouiut dévoI rer Pinqüietude oü le jetta ce dis;-cours; mais fes larmes le trahirent ; ii ne répondit qu'en implorant les lumie; res du Ciel. Envain Dykvelt & Ben| tinck s'eiforcerent de lui repréfenter I Pexpédition comme étant de la derniere ;;: facilité. Ils ne purent le perfuader. Le {Prince priait Witfen de Paffifter de fes ; confeils; mais quand Witfen lui remontrait les difficultés & les dangers de 1'entreprife, le Prince foutenait qu'elle l était facile & immanquable. Les deux autres Bourguemaitres initics dans le Secret (car on fe défiait du ii -quatriemc,Jean Appelman) n'étaient pas •plus faciles k fe déterminer. "Revenu d'Amfterdam oü Witfen était alle les s confulter, il rapprota qu'ils n'avaient pu ' ni confeilier ni déconfeiller la grande en; terprife; que pour eux, autant qu'on .voudrait 1'exécuter fans qu'ils paruffent y avoir part, ils ne laifleraient pas de folliciter des fecours pour cet objet^ mais qu'ils étaient d'opinion que la chó,fe ne paiferait jamais dans le Confeil .de la Ville. Ces parolesremarquablesprouvent avec queile circonfpeélion ils pro- 1687.  .1 •240 'Guillaume Jïl. dep'tent cédaient dans des affaires critiques. Êe Prince d'abord mécontent, fentit que ■ ces paroles fortant de pareilles bou.ches & dans des tems fembiables annoncaient plus qu'elles ne promettaient. •Le Grand-Penfionaire y mettait toute 1'impétuofité de fon caraótere. II fallait, difait-il, protéger la .Religion. 11 convenait,il était néceffaire de recourir kla voie des armes; ainfi firent nos Ancêtres: c'eftfur la Religion qu'ils ont fondé 1'édifice de l'Etat. Witfen, auffi droit qu'il était fenfible, ne put s'empêcher de foutenir k cette occafion, que le foulevement des Pays - Bas contre les Efpagnols, avait pour caufe les atteintes portées aux Privileges & la tyrannie. Le Prince changea alors de batterie: je n?ai pas encore, difait-il, de plan dccidé; mais il convient de faire des préparatifs, d'enröler des Matelots, de lever de 1'argent & de ne donner aux Etats, avis de 1'expédition qu' k Pinftant du départ. Enfin, le Prince craignait fi lort que 1'affaire ne transpirkt avant le tems, -qu'il ne voulut pas confentir que ie quatrieme Bourguemaitre & deux autres membres de la Régence d'Amfteriam y fuffent admis. On avait trouvé un prétexte pour rasfem)ler des 1 roupes,fans laifier connaitre leur 'éritable deftination; mais 1'équippement i'une Flotte confidérable devait avoir un autre  Roi ftjtnglitsrïe. '2^1 ': Objet qu'une précaution contre des troubles dans le Continent. II fallait furtout pour les préparatifs, fur 1'un & P-autre Element le confentement del'asfemblée des -Etats - Généraux qui ne pouvait fe donner fans qu'on eüt obtenu celui des Provinces respedtives. N'y avait-il pas d'ailleurs dans les affemblées d'Etat un grand nombre de membres - qui n'aüraient pas goüté ce projet ? On ne pouvait avoir ce confentement, fans en expofer Pobjet , ni en expofer Pobjet a un fi grand nombre de Perfonnes, fans que le fecret fut évertté par le Marquis d'Albieville , & furtout par ' un homme auffi pénétrant que le Comte d^Avaux. La France , liée naturellement avec un Roi Catholique fur le Tröne d'Angleterre, n'eüt pas manqué de prévemr Pexécution de ce projet * en faifant avancer des Troupes. Jl fe préfentait encore. une difficulté. Le grand nombre de Troupes néceffaires a cette expédition , jaiffait le pays dégarni, & ouvert a 1'invafion des Franss- .. .. Ces difficultés paraiffaient infürmoh-i tables: mais que ne peut la Politique, <-: aidee par la faveur de quelques circon'f ftances ? Le Prince d'Orange fit d'abord repréfenter aux Etats, que la mar- * che des Francais.dans le Pays de Co- c iogne rendalt néceffaire la "réparacion •Tom. VIII. L 1688. k Prince 'Orange mploye :s deniirs ubliCs a Mi Expé» ition.  242 . Guillaume III. derhni l688 Iï/Araux, VI. 126 131. 154. 211. 238. des fortifications. L'approche du danger fut caufe qu'on ne fit aucune difficulté d'accorder quatre millions. Mesfieurs d'Amfterdam voulaient favoir 1'emploi que -Pon ferait de eet argent. Ils voulaient que 1'on défignat les places aux fortifications desquelles on Pemployerait; mais le Prince d'Orange & le Penfionaire Fagel furent éluder toutes ces précautions. Le Prince fit élever tant de difficultés par la Province de Gueldre oü il avait fes créatures les plus fideles , fur les Forts par oü il fallait commencer, qu'on ne püt prendre aucune réfolution. Ainfi les quatre millions refterent tout entiers dans la caifle des EtatsGénéraux, afin-qu'on püt les employer pour les préparatifs de' la descente en Angleterre , fans paraitre dispofer arbitrairement des revenus publics : le Prince avait eu le foin d'engager les Etats a nommer un Committé de trois a quatre Perfonnes'pour conférer avec lui fur 1'emploi de cet argent. On concoit aifément qu'il n'oublia rien pour faire tomber le choix fur des Perfonnes de confiance. II leurrepréfenta lesmoyens faciles qu'il avait de fe rendre maitre de PAngleterre, d'oü leur Religion était la plus menacée. II n'oublia pas *e leur expofer les droits que la Prin-  ■-Roi tPAnghtérrs. S45 i- ceile d'Orange & lui avaient k la Coup ronne Britannique. II affiira furtout I que fes mefures étaient fi bien prifes' V pour 1'execution de ce deffein, que !es I Etats n'avaient befoin que de lui prêil ter des Vaiffeaux; & qu'il fe chargeait I de tous les autres frais. ■ II fit repré|| fentcr en même tems aux Etats que I 1'aflaire de Cologne pouvait occafionï; ner une guerre avec la France ; & 1 s'il ne ferait pas k propos de monter la Marine fur un meilleur pied & de créer un fonds pour 1'entretien conI ftant de neuf mille Matelots. Une i propofition , qui montrait affez vifi■ blement que les préparatifs n'étaient 1 pas pour le Continent , ne laifia pas f de paffcr fans oppofition. Cependant le point le plus im-1 ; portant était la crainte d'une inva (l : bon, de la part de la France; convenait-d' il dans ce tems critique, d'expofcr laii' • Patrie k 1'esclavage pour en affran-d' chir une autre Nation ? II n'aü-p F-rait pas été prudent de menacer la ; France en faifant des recrues cont fiderables. Dans cet émbarras, le PrinI ce jetta les yeux fur ces Princes d'Al;|lemagne, qui ont toujours des homümes au fervice de ceux qui les Ipayent le mieux. Frederic Guillaume , . iviecteur de Brandebourg, vénait sdfe' La I68B. eStatliott. :r engage s Princes 1 l'Empirft ui fournir s Trou- !S.  ,244 GtiiUaume fff. devient ï688. Burnet. C.lvaux. 17. 13.6. 162. 2-59. Wagen. XV. 436. i fuccéder au Grand Frederic, fon Pere. Ce Prince qui fit ériger la Prusfe en Royauté , était fingulierement jaloux de tout ce qui pouvait flatter ia vamté. Le Prince d'Orange, profitant habilement de ce faible, & de fon zele pour ia Rqliginn Proteftante, en obtint des promefiés de fecours au cas que les Provinces-Unies fuffent attaquées pendant fon expédition en Angleterre. II engagea les Ducs de Lunebourg-Zeift , de Wurtemberg & ie Xangrave de ..Heffe a lui faire li même proniefie. C'eft a la politique de fon grand favori le Sieur de Bentinck , que le Prince d'Orange fut redevable de „ce fervice. Ce fut encore Bentmck qui fe ehargea d'attirer dans ce projet , les trois Bourguemaitres d'Amfterdam , initiés dans le fecret. Mais Hudde prétexta une indispofition pour ne pas fe trouver au rendez-vcus. .Geelvinck & Witfen ne parurent iiucunement flattés de cette confidence; ils dirent a Bentinck qu'il aurait pu s'épargner la peine de vcnir k Arnfterdam. L'arTufe leur dit-il , depuis la naiilanee du Prince de Galles, ne regardait plus le Prince ; mais toute la République Les Bourguemaitres trouverent cette déclaration peu conforme aux discours flu Prince d'Orange & du Penfionaire  Rol cPAngkiene. 245 ! Fagel, qui leur avaient toujours dit i qu'il voulait ie charger du tout. On I obferve même que les deux BourgueI maitres, en foupant le foir avec Benli tiuck , n'oferent fe compromettre au I point de'boire'au "bon fuccès de 1'eni< treprife. On eut dit que Loiffs XIV s"entetfI dait avec le Prince' d'Orange; car il I fit précifement ce qu il fallait pour \ obiiger les Etats-Généraux k tout li risquer. On défendk en France le port ji dc toutes lesmanufacture-s de Fil gu de I Laine fabriquées en Hollande; de mêi, me que i'entrée du Hareng , a moins I qu'il ne fut ialé du fel de France. Ce I Réglement, étant contraire au Traité ;i de commerce, & les intércffés en foüfi frant beaucoup-dans les Provinccs-Unies, 1 on y défendk auffi I'entrée des Vins & I desEaux" de vie de France, jusqu'ace j qu'on eüt rétabli les chofes fur 1'aniien pié. Le Prince d'Orange n'avait rien l| tant k craindre , finon'que la Cour 5 de France ne cherchak quelque tempérament pour contenter les Hollandais au fujet du négoce, & pour : les raffurcr pa-r rapport k Cologne. 1 La plupart des Villes fe feraient fai cilement laiffées entrainer, toujours faeiies k fe tromper quand il s'agit d'éviter : une guerre qui n'aecommode jamais : des. Négociaus. Mais, la hauteur de. . ^ . L 3 t6^. Fauflerolitique de_ Louis XIV  24$ Guilkume III. dimem 168 8. Louis XIV lui faifait alors mépriiér tout le monde ; &; ce Prince Daraisiait bien plus deiircr Ia Rupture', que la craindre. Les Etats-Généraux, qui ne purent en douter, réfolurent unanimement d'augmenter leurs-Troupes de dix mille hommes , & de prendre a leur fervice treize mille Allemands dont le Prince d'Orange était déja convenu avec quelques Princes de PEmpire.. La Ville d'Amfterdam qui faifait dabord quelque difficulté, donna fon confentement comme les autres, quand elle vit qu'on les jouait d'une facon groffiere. Les Agens de la France iaiihrent efFeótivement; a endormir les Hollandais par des PropoPtions vagues qu'ils répandaient avec industrie. Tantót. ils-dilaient qu?on ailait faire un nouveau. Réglement de Commerce, au contentement général; que Pon abandonnerait le Cardinal de Fur Hemberg ; & qu'on. laiSerait la déofion de 1'affaire de. Cologne 3 la Cour Impériale:, tantót on publiait un Expédient pour termincr le Litifc. C'était que le Prince Clément, "reconnu Coadjuteur, aurait en main' quelques Places fortes de PEleétorat. On amuait ainfi le tapis ;. mais 1'illufion ne iit pas de durée: car, au milieu de ces P-rojets en Pair dont on bergait !e monle a, la Haye v on vit paraitre 5 i la  Roi PAngleterre. 247 furprife de toute PEurope , un mamTe (te de Louis XIV" contre 1'Empercur Leopold. D'un autre cöté, 1'on ne peut s'empê-, chcr d'être étonné de 1'influence extra-1 ordinaire d'un Stathouder dans la Ré- \ publique furtout lors qu'il s'agit de ' rétablir la décadence des affaires Maritimes. Nous avons vu combien il y avait de plaintes a ce fujet; cependant en peu de mois, & presque fans éclat, il y avait cinquante cinq Vaiffeaux raffemblés dans les Ports de la Meufe & de Zélande. Les vifites dans les Amirautés, les voyages fecrets ne lui coutaient rien pour faire preffer cet armement. Les Batimens de transport, au nombre de plus de cinq eens , furent loués fous difiérens prëtextes par des particuliers dont on était für,& envoyés en differens Ports pour y prendre les Troupes & les conduire a Goerée, oü était le rendez-vous général. L'affaire était trop avancée pour être cachée aux Affemblées du Corps fédératif. Vers fe milieu du mois de Septembre on la communiqua a quelques membres des Etats de Hollande; mais toujours fous le Sceaa du fecret. Elle devint alors fe fujet des délibérati.ons des Villes; également fous ferment. L'affaire ne fut discutée a Arnfterdam, que par un Committé du Confeil. Le L4 i638. nfluence :xtraqfdilaire du liatliouder. v^- L'entrepri-I e coramitïiqirée airs Etats. 1'agen. XV. 440.  ï688 Jplaintes- & irienaces tl< la France. D'jivau.v VI. ,47. 158. 167. »72. Guillaume III. -timent Bourguemaitre Witfen, qui fe trouvaitdans ce Comniitté, déclara qu'il ne pou~ -vait ni confeiller ni déconfeiller-la grande entreprife; qu'il y avait de grandes difficultes des deux cótés; mais que f! on y perfiltait, il convenait d'affifter e Prince , pourvu qu'on déterminat te fecours & qu'on ne rompït-pas avec' PAngleterre. Mais la plus grande partie qes Commiffaires & même du-Confeil * déclarerent que l'affaire était-trop avan?' cee pour qu'on püt reculer. Les Etats de Hollande . y confentirent unanimement. A plus forte raifoii-le Prince of> Unt-il le confentement des autres Provinces, ou fon autorité était bien plus grande. 0 ~ II deyenait dès lors impofiïble de tenir la chofe fecrette au Comte d'Avaux. Le Mimltre nefc méprenait pas tout-a-faittur la, deftination de ces préparatifs-. Long-tcms avant ie mois de May ii avait foupgonné ce deflein ■: lorsque le iutur aecoLichement de la Reine tcnait tout le monde, en fufpens-, on fit counr en . Hollande., une brochure oü Pon foutenait les.droits du- Prince &' de la Princeffe d'Orange a la Couronne d'Angleterre-, a 1'exclufion même du B,oi regnant , avec tant de force-, qu'on ne pouvait fe méprendre -fur le but de cet écrit. Au commencement du nioi.de J.uin, d'Avaux écrivait au Roi  Roi (PAngkts 're. 249 qu'il était afluré que 1'armenient du Prince d'Orange regardait PAngleterre. A la fin du même mois il- dit affez pofitivement que les mouvemens fimulés qu'on faifait faire aux Troupes & aux Vaiffeaux ne luienimpofaient pomt. Cependant Louis XIV s'imaginant toujours que ces préparatifs étaient deftinés k fecourir la Suede contre le Danemark, n'ajouta foi k ces avis, que lorsqu'il n'y eut plus moyen d'en douter. Le Roi de France fe hata d'en- donner avis au Roi d'Angleterre. Jacques, averti déja par une multitude d'autres incidens, ne voulut pas ouvrir les yeux; Louis prefik Pinfortuné Jacques de donner k fes avis Pattention qu'ils méritaient,.& de prendre fes précautions pour fe defendre de Pinvafiondont fesEtats étaient ménacés. je ne fus, difait d'Avaux, qu'au commencementdeSeptembre, lorsquel'ar-memenc était presque en état demettrekla voile,, qu'il prk quelques msfures pour eoiuj.urer. la tempête. Encore dans un daager qui menagait fa Couronne & fa vie„ fes démarches fe reffentirent de. fon ca* raótere faible & indolent. Le Marquis d'AlbyvHle ,fon Ambaffadeur, au lieu de parler aux Etats du ton menagant quP éxigeait la néeefficé des circonliance's, fe contenta de leur livrer un mérnoire ou il demandait-k favoir ce qu'ils avaient en vue par des Armemens fi formidafcles L 5- 1688. '•bid. i 3 rt. '53- ':7107. 2i->* 'M.Mït- Citt.f. J&i  1688 Wilgen. XV. 4J8, 439. SPAvaux VI» 220. 250 Guillaume IJL dè>iem dans une faifon de 1'année aufli peu favo• rable. Le lendemain le Comte d'Avaux - porta le même fujet aux Etats-Généraux, mais fur un autre ton; quoique le Roï de France fut moins intérefTé dans cette affaire que celui d'Angleterre, fon Roi,.. difait-il, était trop jaloux de maintenir le repos de PEurope; pour voir d'un oeil indifférent les grands armemens qu'ils faifaient. Sa Majefté ne pouvait plus douter que leur deffein ne regardat PAngleterre; dans ce cas il voulait bien leur apprendre que fes alliances étroites avec le Monarque Anglais le porteraientnon-feulement a le fecourir, mais encore k regarder tout acte d'hoflilité avecle Roi Jacques comme une rupture publique avec la France. Et pour leur óter tout prétexte de fe rejetter furies troubles d'AUemagne ; le Comte d'Avaux leur déclara le même jour, qu'il était réfolu de foutenir le Cardinal de Furftemberg contre quiconque oferait s'oppofer a fon éleétion. Ce ton ferme intimida plufieurs Députés: le Penfionaire Fagel & un autre des confidens du Prince d'Orange baifferent la vue, d'une maniere qui les trahit aux yeux de 1'Ambaffadeur Francais. Cette confufion ajouta aux prélomptions congues contre le Prince d'Orange. Les Etats ne laifferent par de fe tirer avec adrefiè de ce mauvais pas, lis eu-  Roi PAngleterre. 251 rent auffi recoursau ton impe'rieux. I!s ne voulaient point, dirent-ils, gêner la liberté des fuffrastes dans 1'eleetion d'un Archevêque de Cologne. Ils éluderent la première queftion, en demandant fierement quelles lortes d'alliance fubfiftaient entre le Roi de France & celui d'Angle; terre : ferait-ce difaient-ils, quelque ailiance pour nótredeftruótion&cellede la Religion Proteftante ? Leur Ambaffadeur Citters eut ordre de preffer le Roi Jacques de s'expliquer k ce fujet cette queftion qui fe dénoua pour lanegative, fic perdre beaucoup de tems: &cenefutquè 3e 14 du mois d'Oélobre que les Etats firent au Marquis d'Albyville cette réponfe remarquable. Attendu que leRoi de la Grande-Bretagne avait lui-même défavoué qu'il eüt aucune ailiance avecle Roi de France, ils déclaraient de leur ; cöté,qu'ils n'avaient aucun defïeind'enI, trer en guerre avec lui jon peuple. Ils ] avaient vu avec douleur, que des perfon1 nes qui leur enviaient 1'avantage de jouir de la paix, euffent cherché k indispofer le Roi contre eux, pour la feule raifort qu'ils avaient vu avec amertume les me: fures irrégulieres que 1'on prenait,foit k : 1'égard de la Religion Réformée, foit a Pégard.'deslibertésdc la Nation. Leur plus grand defir était de voir disparaïtre ces : nuages, atteftant fincérement qu'ils n'a| vaient rien tant k cosur, que dc travailL 6 1688. Le Roi i'Angletef'e dfjclare ju'il 11'n. joint d'aliance avec Louis XIV.  252, Guillaume III. denent Ier conjointement avec fa Majefté, potèle maintien de la Paix-de Nimégue «5 des.Traités qui en avaientété le réfultat." Cette réponfe était adroite, mais non équivoque. Les Etats en difant qu'ils n'avaient aucun deffein d'entrer en guerre avec le Roi & fon peuple, faifaient entendre fufïifamment qu'ils ne les avaient pas tous deux en vue, mais un des deux, c'eft vk-dire le Roi feul. Auffi cette réponfe jetta Jacques H dans une fi violente colere, qu'il ne put la cacher k 1'Ambaffadeur Citters. II en voulait, dit-il, moins aux Etats qu'au; Prmce d'Grange: c'était, dit-il, le plus mechant de tous les hommes \puisqiPil cher--. chait a dètróner fon propre beau-'pere. Quoi qu'il en foit, le Roi d'Angleter*e crut avoir des reffources affurées contre une entreprife ennemie. II avait une Armée de terre, une Flotte, des maga-. zins capables-de rendre inutiles les efforts de fes Ennemis. Pour être plus fur de leurfidélité, il renforga fes troupes de plufieurs Régimens- Cathoiiques qu'il • fit venir d'Irlande, II confia la garde- de Portsmouth & de Huil, les deux clés du Royaume, k des perfonnes de la même Religion. Enfin, le Roi de France qui-dès le mois de Juillet, \vi avait offert un renfort de Troupes & de Vaiffeaux, lui fit encore l'offre d'une^lotte entiere & de trente mille hora-  mes. Mais Jacques ■ aveugle jusqu'k la in, les refufa d'après 1'avis du Comte de ' Sunderland fon Miniftre II comptait" que fon- Armée, k laqueile il fe fiait, & qu'il avait confidérablement augmentée, fuffirait pour repouiïër les attaques étrangeres, & pour étouffer les féditions de, la Populace. Un pet it. nombre de Trou-v pes Frangaifes, jointes aux fiennes, ne lui femblait propre qu'a faire naitre de. nouvelles. plaintes, oü même un prétex-> te de foulevement contre des voifins haïs & redoutésde la Nation.. Un grand corps d'auxiliaires pouvait * a. la vérité, le garantir-d'une invafion Hollandaife & de la révolte.de fes propres Sujets, mais était capable enfuite de le réduire k la dépendance , &c de. ne lui laiffer qu'un autorité précaire. Une invafion même desFrangais, dansjes PaïsBas, était fujette aux plus dangereuïes fuites; &c, dans ces tems de défiance,. & d'une Ligue contre la. Hollande & la Religion Proteftante, qui avaient déja... produit tant de.mécontentement enAngleterre. Telles furént les objeclions qui lui furent fuggérées par Sunderland;,. & réellement elles étaient d'autant plus piaufibles, que fa fituation ne. pouvait être plus délicate. II parut même regarder comme une infulte 1'offre de Louis XIV II n'é-' tak pas 3 difait-il, dans le même état1 L ? [688.. 'acqtie*.. :hangc de londuite»  i688. ] < t i t I t ]< q 254 GuïUaume III. dtnent que le Cardinal de Furftcmbere & redmt k la protecïion de Ia .France. II rapella même Skelton, alors Ambasfadeur k la,Cour de France, & le fit mettre k Ia Tour pour avoir donné la première idéé de ces offres: afin de regagner 1'amitie" de fon Peuple, ii déclara vouloir convoquer un Parlement libre. II revint fur plufieurs des latales mefures qu'il avait prifes. II recabht plufieurs des Officiers qu'il avait dépofés. II rendit les Chartes qu'il a™t révoquées. II annulla le tribuna! Eccléfiaftique qu'il avait créé. On le vit_ fiatter les Evêques Anglicans qu'il avait perfécutés. Enfin , comme il avait méprifé avec une hauteur dépla:ee le bruit de la fuppofiiion du Prince de Galles, & que ce bruit avait °.te„.re?u ;iVCC avidité, même avant la laiffance de lenfant , il fe foumit a numiliation de conftater la réalité de :ette naiiTance. Dans une déclaration pi'U pubha contre le Prince d'Oran;e, il fit, furtout, valoir Ia confiance [u il avait eue dans fes Sujets, en efulant des fecours offerts par Pétran:er.^ II fit même publier une amnillie cnerale dont il excepta cepenJ;uit -eize Perfonnes, au nombre desquel■s etait Burnet. Le Prince d'Orange , qui favait a ael point la circulation d'écrits k*.  Rd'i (PAngUterre.: 2.55; cendiaires pouvait enflammer les esprits dans un tems de fermentation, ne laiffi pas échapper cette reflburce. La ■fadtion qui lui était dévouée , drefla d'abord un écrit qui parut fous le Titre de Memoire des Vrotepants An«lais. Tout ce que 1'esprit de mécontentement , de haine & de fureur peut infpirer k des féditieux contre un Prince odieux , était raffemblé dans cet Ecrit. Le Docreur Burnet , mettait la derniere main , k ces libelles, on les imprimait k la Haye; on les répandaic enfuite avec profufion dans toutes les parties de PAngleterre,. Enfin, lorsque tout fe préparait peur Pèmbarquement , le Prince d'Orange leva tout-k-rait le voile par la publication d'un Manifefte,. pour motiver & juflifier fon expédition. Plufieurs Plans furent envoyés en Angletcrre k cet effet, & le Penfionaire Fagel en fit la rédaólion;. mais comme il y étalait les principes de 1'Ecole de la mamere la plus ftftidieufe , Ie Docbeur Burnet 1'abrégea pour Padapter au genie des An°-lais. On y faifait le dénombrement de &toutes les foufFrances de la. Nation ; le pouvoir de dispenfe & de fuspenfion ; la Cour de commiffion Eccléfiaftique ; les Offices remplis par des Cathoiiques;. Pélévation d'un Jéluite au 1688. icnts feniïs ponr 'oütenir les ïsprits. "j'irnet. Dumont. /II. p. 11». 79.. Burnel* Hum. 4.!Si.  ï688 B'Qrleans a©2. 2Sö Guillaume TIL devïenr eonfeil Privé ;.le Papisme-ouvertemeat • encourage par des Eglifes , des Collé- ges & des Séminaires , élevés en fa faveur ; le déplacement des Juges, s'il*, refufaienc de conformer leur Sentence aux volontés de la Cour; les Chartes aneanties,. & Péleétion des membres du Parlement foumife a des ordres arbitraires; les plus modeftes Pétitions-, de- la part des Perfonnes du plus ACA^e \ traitées de criroinelles & de fédmeufes ; 1'autorité Civile & Militaire d'Irlande abandonnée aux Papas ; un pouvoir fans hornes ufurpé fur les Loix &. fur la Religion d'Ecesle , & la foumiffion, fans réferve. onver tement- exigée dans - cette contrée ■ enfin les vioientes préfomptions contre la naiffance du Prince de. Galles- c'd tait pour remédier a tant de rnaux difait. le Prince d'Orange , qu'il fe propofait de paffer en Angieterre, avee une Armée capable de le garantir d^s pernicieux Confeillers du Roi. Son unique but était de voir convoquer un Parlement libre ,. qui prit fo^ de pourvoir a la fureté & k-la. liberté d,e la. Nation , _ & d'examiner les preuves de la légitimité du. Prince de Galles ■ Eerfonne , ajoutait-il,. ne lerait afièz inmfte pour le foupgonner d'un autre deifein que celui d'affurer un établis-  Mi 'PAngleterre. §57. jifement durable. , k Ja. liberté ,,k la Remgion&.k-.la propriété des,£ujets. Les ii forces, . dont il voulait être accomipagné , feraient tout-a-fait dispropotj tionnées k.toutes vues de conquête; |& le bon fens. ne permettait pas de iVimaginer que tant- de. Perfonnes, de Tla plus haute diftin&ion. dans 1'Eglife i& dans l'Etat ,..euflen-t pu 1'cxc.iter , ; par des rnyitatiórfs fofenfjelies , k de 'pernicieufes entrepriles.." U cxhortait i'en même tems • tous- les hons'Ani glais de fe joindre k lui pour concourirk ! un fi louable deiïein. On était fur le point d'envoyer cette Déclaration en Angieterre , & une i autre affez femb.lable. en Ecoffe , lors 'qu'on apprit qu'elle port?it k faux* 1 au moins pour la plus grande par.1 tie , par les démarches qu'avait fait le I Roi pour contenter ies Proteftants, leur öter tous les prétextes qu'ils pouj vaient avoir- de fe" plaïndre. ' La plu1 part des chofes. faites en faveur des ! Cathoiiques , avaient. été ou révoquées ou fuspendués. jusqu'au JParlement, dé! ja indiqué ; mais difféfé. k -caufe du trouble'que ca-ufait 1'entreprifé des Hol1 landais-. La commiffion Eceléfiaftique ,| avait été abolie % les Evêques étaient rentrés en grace', & celui de Lönr i dres dans fes fohetions. On' avait rendu U-la. Gapitaic. &, a. d'autres- Comrau-  T688. 7 I I | I 1 t 1 258 Guillamnt III. devhnt nautés les Chartrès qu'on leur avait otées du vivant même du feu Roi. On avait donné''au futur Parlement toutes les affurances poffibies d'une parfaite liberté. On n'avait en un mot rien omis de tout ce qu'on avait cru propre k-diffiper les ombrages & k gagner les cceurs ; & enfin le temps npprochant auquel on difait que les Hollandais avaient réfolu de fe mettre en Mer , * on avait pubfié une Proclamation , par laqueile le Roi avertiffant qu'une Puiffance étrangere fe dispofait k venir envabir le Royaume exhortait fes' fujets k • qüitter toutes esdéfiances paffées,pour fe reunir contre I'ennemi commun. - Le'Prince d'Orange ayant appris ces nouvelles mefures du Roi, fit ajouter pour les détruire , deux points k faDéclaration : 1'un fut une protciinion qu'il n'avait nul defiêin d'envahir le Royaume , mais feulement de faire asembler un Parlement libre, & en état Paffurer la Religion &.les Loix , fur les Fondemens qu'on. ne püt plus ;branler ; 1'autre fut une réfutation des iffurances que donnait le Roi de cete.méme liberté au Parlement , qu'il >romettait , exhortant les Anglais zéés k ne s'y laiffer pas furprendre ; ufuite de quoi ayant envoyé ce Malifefte en Angieterre avec ordrc de  Rot PJingletem* : 259 ' Py répandre ,,. il ne penfa plus qu'a partir. Le Prince d'Orange trouva d'autant ■ plus de facilité dans fon entreprife, t qu'il affurait n'avoir d'autre deilem ( que de garantir la liberté & la Reli-i gion Proteftante en Europe , en faiiant réparer les atteintes qu'ön y avait portées en Angieterre. La perfécution des Proteftans "en France , oompr.rce a la conduite. arbitraire de Jacques II en Angieterre,. femblait autorifer leurs craintes. Le Penfionaire Fagel ne fe contenta pas de faire circuler ces idees; il fit même venir les Miniftres. II deploya fon Eloquence pathétiquc, il les convainquit que cette Expédition etait la feule chofe qui püt (iiuver la Patrie & la Religion, du danger prochain qui menagait 1'une & 1'autre •, que les Dragonnades de France leur difaient aflez de quelle furcur impitoyable eft anim'é le Papisme; &, que, fi Pon pérmettait k cette Eglife infernale de gagner 1'ascendant cn Angieterre , le Proteftantisme n'avait p'tus hnmainement de resfource. Les Miniftres émus répandirent aifément dans leurs Troupeaux le même zele pour la caufe. Car , quoique le Clergé des Provinces-Unies n'ait presque point d autorité que celie que le Magiftrat juge k propos de lui laiffers 1688. klarme irtpirée en iüllande. yAvaus 1\. ■ iurnet, Suineti 357-  ï688. 3 i < c c j e c fi i ï 2Ó0 Guillaume ff/, depten f mffa *Jks de Païs °* les Ecclefia, ft ques fbient plus eftimes du Peuple, ou,j1s ayent. plus d'induefice fur lui Lofn^YTv rnC?meilS- ^ue leur donna h£ n?Vuj" ies artlc'es des Harangs* des Draps & des autres manufacturcs du I ffiIrP:lCk7ent d?ai^rir les Esprits. La fureur devmt fi violente que les Bourguemaitres, dit le Comte d'Avaux ! Sif Ia cat* ^ parlaient d'autre chofe que de périr les armes a la main plutot que de demeurer dans 1'état oü' üs étaient.. Lé Prince d'Orange Taifit h bilement ees disPofitions, pour obtèmr 1 equippement a'une grande Flotte, t réPfratI.on des Fortifications , une Sr ,„1I?pofitio,a d'un deuxieme or? ,5 lG-re- de neuf mil!e Matereres ^"jC100" de Troupes etran,eres. Le Comte d'Avaux exnaiTn JUX !nc!^ns Rc'P^licains les fuites meftes de Pinvafion d'Angleterre S KVVh R^bliq-i s'exU? >etre envahie par la France, ou de ?™U m? •f>r0virce Britannique • i nudité ou ils allaient fe trouver n donnant au Prince d'Orange 1'éfite e leurs Matelots & de leurs S: -aux; maïs on lui répondait qu'on ne QUvait plus réfifter au torrentVqu"i? ,a craindre d'être déchireVw ^ Peuple, & que 1'autorité du Prince  'Roi cPAngktsrr». Ml 'd'Orange était devenue trop grande; : pour qu'on püt . y. réfifter. Quelques: uns demanderent ï'éclairciffement d un , fi grand..armeruent, jnais.ils ne parlérent qu'en tremulant;; ne fe voyant pas fécondés, ils abandonnerent le pro:! jee de faire des plaintes, pour prendre I le ton de la louange & du remerciI ment : mais ils ne tarderent pas a i déplorer leur aveuglement & a fe repeni tir de leur faibleffe, au point de réi pandre des larmes , pour n'avoir pas I reconnu plutót .les artifices du Prince I d'Orange. Les Etats-Généraux, au contraire, ■ voyant 1'entreprife portée au dernier ipoint .de maturité, affeéterent de larefpréfenter comme une démarche de -la i-République entiere. Ils déclarerent aux ; Miniftres Étrangers k la Haye, que les i /liaifons étroites du Roi d'Angleterre avec j.le Roi de France. leur ayant infpiré des i alarmes légitimes pour le maintien de leur Religion & de leur indépendance; ils avaient jugé,.k propos d'afiifter le Prince d'Orange de "Troupes & d'argent pour aller rétablir les affaires de la : Grande -Bretagne; eependant que fon deffein n'avait jamais été de détr.óner le Roi , ni d'inquiéter les Ca1 tholiques.' Cette derniere claufe ne pouvait fervir aucunement le Prin,.ce d'Orange k 1'égard des Anglais^ 1688^, 3eclarsti>n des E- :ats-Généraux aux Miniftres Étrangers.  - 202 Guillaume.- IJL deview i688 La revoh tion d'Afigleterre fi . vorifée pa les Prince: Cntholi- ■ Wagen. /XV. 470. mais elle était néceffaire pour les relations que le .. Prince ■ etait obligé - de conferver avec les Etats Cathoiiques de PEurope. 1- En effet Pon affure que non feulement PEmpereur , & le Roi d'Espag. ne ; mais encore le Souverain Pontife favorilerent une entreprife qui tendait vifiblement air préjudice de la Religion Catholique en Europe. La conduite impérieufe de Louis XIV envers le Pape auquel il venait de déciarer la guerre & d'enlever Avignon, avait outré ce Pontife ardent & belliqueux. On prétend qu'il prêta même deux eens mille Ducats au Prince d'Orange, & qu'il fit dire des millicrs de meffes pour 1'heureux fuccès de-cet Hérétique , partant pour détróner un Roi Papifte. On fit du moius courir le bruit que le Marquis de Caftlemaine propofa au Pape la médiation de Jacques II pour terminer les difputes élevées „ entre la France & le S. Siege , infinuant qu'alors les deux Rois fe réuniraient pour faire triompher le Catholicisme & détruire la République des Provinces - Unies ; mais que le Pontife facnfiant - les intéréts de la Religion k fon reffentiment, donna avis de cette ouverture au Prince d'Orange. On asfurait auffi que les Cours de Verfailles Sc de Londres avaient voulu attirer  'Roi -cPAnghttrrs. 263 PEmpereur dans le même projet, & ifous Pappat dps promeffes les plus iejduifantes. i, Au commencement du mois d'Oéto:bre, les-Troupes, que Pon avait faitvejnir de Nimégue', s'embarquerent fur le iZuider -Zee , & demeurerentplusdedix ijours avant que de pouvoir fortir du ■[Texel. A cela prés., la diligence fut iinouïe. . En trois jours on loua cinq icens Vaiffeaux de Transport; & tout le Tefte , k proportion , fe fit avec la même viteffe. II eft vrai que quelques jehofes manquaient, & que . d'autres furent oubliées! Si Pon confidére néanr imoins la grandeur de Pentreprife, .& le ifecret qu'il y fallait obferver , tant. ijqu'on le put, on fera lans doute étonliné de ce qu'il en manquait fi peu, ou jjde ce qu'on n'en oublia pas davantage. fPendant que le Prince était k 1'armée,* iVïrs. Bentinck , Dyckvelt , Herbert [& van Huift , paflerent deux mois enij tiers k la Haye k faire les Préparatifs, fans que perfonne en entendit parler; [Sc Pon eüt dit que tout confpirait k t favorifer le myftere. Mr. Bentinck était itoujours fi attaché au Prince, & ;fi i( peu de chofes fe faifaient fans lui , [que fon abfence aurait pü donner de * -Pombrage. Le 16 d'Oótobre, vieux Stile, levent ui avait été longtems kl'Oueft, fe.met- 1688.  2688. Le Prince d'Orange prendCon gé des JStat*. i ] < 4 -'-s&j, Guillaume IJL deriehJ tant a PEft, on ordonna que tout-ie Monae fe Tcndita Helvoet-Sluis. Ge Ifflemematin, le Prince vint a PAifemblee des Etats Généraux-, pour prendre Congé d»eux. -II leur dit , , , , qu'il • recönnaliTaitfenfiblemeht toutes les bontés que Pon "avait eues pour lui en tant de rencontres ; qu'il prénait Dieu a Témoin qu'il les -avait fldelement fervis depuis qu'on lui avait confié le Gouvernement; &'qu'il ne s'était jamais propofé d'autre objet que le Bien de Ia Patrie qu'il avait pu quelquefois fe tromper ' tnais, qu'il n'en avait jamais eu le Deslein; qu'il n'y avait point de motifs qui PengageaiTénta cette nouvelle'Expédition, que les Raifons qu'il en expoiait dans fon manifelte.; qu'ignoranr la vokmte de Dieu, fl'fë foumettait res. pectueufement aux ordres de & Providence; que, quelque chofe qu'il en put arriver, il leur confiait le foin de la République, & leur recómmandait inflamtnent laPrincëffe; qü'il pouvait les asrurer qu'elle aiinait leur Pais,' autant que e hen; & qu'il espérait qu'en cas decadent, ils la prötége'raient, & lui reniraient tous les bons offices qu'elle méitait' ' r ' ,Jr,Adieu fut trifte & tou■hant. Lés Députés de chaaue Provine voulurent prendre la parole pour lui epondre ; mais , fondant tous en ïarues, ou -pénétrés de douleur , les con>  -Roi' PAngleterre. ■ 265 |-ceniplimeHs furent mal arrangés & trèsi courts, mais extrêmement tendres. 11 I n'y eut que le Prince qui eonfervafon ■ f flegme & fa gravicé. On fit des prieres 1 publiques dans lesEglifes, fuivant 1'orI dre des Etats-Genéraux. L'envoyé d'Esè pagné en fit dans fa Chapelle avec folenI nité, au grand fcandale de tous les Ca|tholiques; c'eft-k-dire qu'il fit chanI ter la grand -meffe & les vepres, cè quine fe pratiquait chez lui qu'aux grandes fêtes; & fon Pre'dicateur.recommanI da qu'on priat Dieu pour les Etats & 1 pour le Prince d'Orange. On ne put voir fans étonnement, ni même fans inIdignation, Pair tranquille & content de Madame la Princeffe d'Orange: k la voir aller dans -1'Eglife, oü elle affifta k 'trois prêches difterens, qui durerent . depuis dix héures & demie du matin : jusqu'a fept heures & demie dü foir, fans presque aucun intervalle, on auj -rait dit qn'elte aliaix rendre graces k I Dieu d'une vidtoire, bien loin de fe per1 fuader qu'elle allait prier pour 1'heureux + fuccès d'une confpiration formée contre i le Roi fon pere. Enfin, le Prince s'étant émbarqué fö 1 19 d'Odtobre, ia flotte mit le foir-k la 1 voile. Le lendemain, le vent s'érant i tourné au Nord, & mis au Nord-Ouelt m fe leva la nui't une grande Tempéte, |'contre laqueile on tint bon jusqu'aïj. Tom. VIII. M i58'8:  i6S8. Xa tempéte force la Slotte a ren'trer ünefeconde fois. VAvaux |VI. 3Ji- 20*6 Guillaume III. devlem lendemain,que trouvnnt que c'étaittenter 1'impoffible, & que 1'on courrait ris• que de voir toute la flotte brifée par la proximué des vaiffeaux, ou diffipée par leur cioignement, on fit fignal de reaagner le port. Le vingt - deuxieme, la pms grande partie v entra, fans avoir regu de dommage; &, quelques jours apres, on y vit arriver le refte, fans qiul en eut peri aucun, ou que 1'on y eut perdu [qu'un feul-homme, qu'ua coup de vent avait emporté des Haubans dans la mer. £1 y eut pourtant quelques vaiffeaux qui avaient tant fouffert, qu'on fut obligé de décharger tout ce qu'il y avsit, & auflitót ils s'enfoncérent. La feule perte, que caufa cet orage, fut de cinq eens chevaux, qui penrent faute d'air. ' ^^euPrince remic a ]a voiIe le mai"di 26 Octobre k Helvoetfluys, avec une flotte de plus de fix eens voiles. Elle était compofée de cinquante grands batimens & de vingt Frégates, d'autant de brülots & de prés de quatre eens navires de transport, fur lesquels il fe trouvait qua tre mille hommes d'infanterie. Mais plufieurs des plus vieux vaiffeaux avaient été fi mal réparés,quetrentebons navires auraient pu cauler beaucoup de mal dans la flotte,d'autant plus que le grand nombre des transports aurait exigé une es:orte plus confidérable. C'était l'Arm>ai  'Roi iPAngieiïrrt. étij 'Arthur Herbert, 'Anglais, que les Etats 'avaient, non fans répugnance & feulement pour complaire au Prinee, nommé pour commander la Flotte. Mais a peine fut-elle en pleine mer qu'elle fut «jaccueilliè d'une violente tempête & tous les vaiffeaux disperfés, & forcés de rentrer, 1'un après 1'autre, dans te >port. Plufieurs regardaient cet événement comme d'un mauvais augure; mats le Prince & les Etats furent en tirer uti ^grand avantage pour le -fuccès de leür deifein. Ils firent, dit - on, publier que 1'expédition n'aurait plus lieu cette an•née: pendant que ia France, & PAngleterre croyant avidement ce qu'elles dé'firaient, négligeaient les précautions pour faire échouer 1'entreprife, le Prince & les Etats firent-travailler avec activité a la réparation des dommages esfuyés par la Hotte. En effet, le onze dü mois de Noveriibre , elle fe trouva' en état de profiter d'un grand vent d'Eft - nord - Eft pour remettre a la voile. Trois jours après, le 14 du même mois elle arriva devant 1'Isie -dé Wight&le Prince dit queledébarque • ment, fait ce jour - la, qupétait celui de -fa naiffance -& de fon mariage, lui ferait d'un heurcüx préfage; mais les Anglais ■qui fe trouvaient fur la flotte, & qui n'etaient pas moins fnperftitieux, foutinrent ^que le lendemain, anniverfaire de È Rapbti Le Prfttce debarque en Angieterre.  .1688, •Le Roi _J*cques 263 'GMiïJêïwe ju jfrkm ■ confpiration .des poudres , ferait d'un - augure encore plus favorable. Le P#p' ca fur. obligé de leur céder. La defcenate fe fit- le 15 k Torbay, avec la plus .grande.-tranquilité, & fans la moindre ^oppofition; quoique les deux rivages de • la Tamife fuffènt couverts d'une muiti..tude innombrable, attirée par la grandeur du fpeftacle & leur inquiétude fur aè fuccès de la plus importante expédi,-ïtion qui eüt-été. formée depuis bien des :fieCles. Burnet ayant para devant le : Pnnce .au moment oü il mettait pied a .terre, Guillaume k qui 1'on avait inculque les principes du plus rigoureux calvinisme, lui dcmanda -en riant s'il ne £croyait pas enfin k la -Prédestination ? .Le Prince s'avanca dès le lendemain ■vers Exester. II .fit publier folemnelle-jnent fon manifefte dans cette ville. Mais les exécutions -qui avaient fuivi la malbeüreufé expédition de Monmouth., avaient laisfé dans ce pays un eflroi fi profond, que perfonne n»ofait joindre le Prince: peu k peu cependant, on vit accourir fous fes étendards quelques-uns de la noblefiè; il fe fit auffi tót des affociations en fa faveur,- & 1'éfprit de foulevement fe repandit en peu de tems dans tout le-Royaume. Le Roi,qui s'était rendu k fon armée prés de Salisbury, fut frappé de Ia défertion qui s'y faifait k chaque im*  Roi PAngkurn; •' 269 Bént. On- eüt dit que fes plus fideles flofficiers avaient formé une confpiration' jjp'öur Pabandonner. Un remarqüa pa'rmi iices transfuges la princeffe Anne fa filté,,:ie Prince George de"- Danemark, fon fe|;cond Gendre & le Lord 'Churchi! qui [aVait toute ia confiance&lui devait toute' IBl fortune, & qui fe rendit ft fomeüx dejpuis fous le nom de Duc de Mar1'00liróugh. II-fut frappé de ces traits cruels iide la part de fes pareus les plus proches; ;i& de fes arms les plus fideles, Grand li Dieu, s'écria -1 •• il, prends pitié de ijmoi, mes propres enfans ont aband'onné ii leur pere. II parut auffi timide dans ';adaverfité, qu'il avait été audaeieux daas le' fein du pouvoir. Voyant qu'il ne pouvait I compter Kór fes troupes qui dêfërtaiént ij par compagnies enticres, il parut prêt a i fouscrire a tous les redrellemens qu'on fl voudrait lui demander. Cette nouvelle i fut portée' au Prince qui"s'avangait vers i Londres; le Roi lui fit dire qu'il vou! lait convoquer un Parlement libre & fe i concertér avec lui pour en aflürer la 11i bertë. Le Prince d'Orange ne pouvait avoir pour les Anglais une tendreffeaffez gran de pour ne ié propofer d'autre büt de fes < frais& defesfatigues, que d'affurer leur - Religion dont il n'était même pas, ou . leurs libertés qui devaient intimider un ; procrie héritier du tröne. Ilrépondit. M 3 168?. Anifices du Prince pour engigeï le Rot jacques Sl le fau/Ver. 1  ié88. i ƒ f 270 Guillaume JIJ, deplem mais en continuant fa marche, qu'il ftfe lait, desarmer tous.les Papistes, les démettre tous des charges; lui affigner une garde pendant la duree du Parlement &. furtout ne pas introduire des troupes etrangeres,. Jacques k qui les' craintes groffiffaient le danger.crutqu'iP n'y avait plus de fureté pour lui dans' le Royaume, & qu'il ne pouvait earderun" tróne fous les. débris duquel il aurait dü s'enfevelir, II refolut précipitam-" ment de pafTer en France, fe hata de 'aire partir d'avance la Reine fon Epoufe avec Ie jeune Prince fon fils, qui n'arait que cinq mois.. Ce qu'il y eut de plus fingulier,. c'est qu'il prit toutes les Jrecautions posfibles pour cacher cette uite; comme fi elle n'eüt pas été ce" que fes Ennemis defiraient le plus Le" loi fuivit fon époufe la nuit fuivante. 11 s'embarqua fur la Tamife avec le Che ' aUer Halès, déguifé en valet de chamjre; de cc Gentii-bomme.. Non contenr Pabandonner ausfi lachement les rênes ju Gouvernement, il jetta legrand fceau ' lu Royaume darts, le fleuve, comme >our augmenter Ia confufion dans les afaires. II eut même. 1'imprudence de reroquer auparavant. les lettres qu'il avaic onnees pour la convocation d'un Par'eaent. Cette nouvelle, avec celle clean évafion ,.augmenterent le nombre des" artdans du Prince d'Orange. CePrin.  Roi PAnghtirrs. 27 ï I cè lui-mèmé,-charmé de voir fon beau1 pere prendre un parti qui Laiffait un I champ libre a fon ambition , fans Poli bligcr a violcr Ies'devoirs dc la natu- II re, fit mettre aux arréts le Comte de Faversham que le Roi lui avait envoyé pour conferér avec lui , afin ,l d'augmenter la frayeur du Roi. Mais ce Monarque infortuné,- arrêté dans fa fuite fe vit obügé de reprendre 1 le chemin de Londres. A cette nou' veile ,- Guillaume fit partir fon confi:l dent' Zuyleftcin avec1 une lettre pour : prier impérieufement le Roi de ne pas I avancer plus loin que Rochefter. Mais \ cette lettre arrivée trop tard donna I de nouvelles alr.rir.es au Prince d'O ! range. Jacques II était non - feulement dans Londres •, mais la populace raI mende par la compafiion a s'intéres! fer pour fon Roi , Pavait regu avec 1 des cris de joie & des acclamaI tions, au fon des cloches & avec touI tes les démonftrations de Paffection la j plus vive. Le Prince d'Orange, alarmé de cette i nouvelle, vit bien qu'il n'avait plus de \ ménagement k garder & que la ciri conftance exigeait un coup d'éclat. 11 I fit entrer dans Londres deux mille hommes de fes Troupes qui chafferent les gardes Royales, & s'emparerent du Palais de Whitehall , ob le Monarque M 4 l68S. t  1688. Rapin, Hume. IPagen. XV, 4S5, XV. 486. i j ] 1 272 Giuliaume ITL\ dspiem- etait logé, II ne s'en tint pas k cette • ?ae!*fdie- Hallifax, Shrcwsbury &de ■la Mere, Seigneurs. Anglais fur iesquels il Te fiait .le plus^fe rendirén£ de fa part au milieu de la nuk, dans 1'appartement du Monarque & \ ré. veillerent pour lui dire que le Prince d'Orange étant fur le point de venir k ,vnlreS » É ne ferait. Pa« Prudent qu'ils s y trouvaffent.en même tems, & qL1>|i eut k fe retirer k Ham. Le premier mouvement du Monarque ainfi riïenaee d'être détröné, fut de fe p!aindre qu'on avait troublé la. tranquillité de fon fommei!., li.demanda la permis, iion dc fe retirer a.Rochefier^ Viik» plus proclie.de la mer; & p0n iuge bien que la de.raande lui fut aifément accor- ' dee., Le Pnnoe d'Orange vit d'un coup «ceil compien cette démarche -lui é* pargnerait de difficultés & de vioicnces' dont les moindres cuifent flétri d'une tache ineffagabie le diadême dont il Btait pret. de fe ceindre. le front T?cques II fe rendit k Rochefter le 28 du mois de Décembre : le Prince d'Orano-e entra le même jour dans Londres , 5» yant donné a. fon beau-pere une ^arle, -plus pour Pintimider que pours'asurer de fa perfonne. II donna même les ordres fecrets pour le laiiier échap>er. Et pour mieux i'épouvanter, il lui it infmuer fous main .qu'on en voutait  -Roi PAngleterre. 273 a-fa perfonne & qu'on avait nomnié quatre commifflires pour le jugeis Ce faifolé Monarque ne manqua pas-, de - donner dans le piége;. il trerabla d'éprouver le fort defon pere: il crut devoir profitcr de la négligence de fes-gardes-, pour fe fauverune feconde fois par la roi te: cette fois il fut plus-heureux dans i'objet de fes défirs. Le navire fur iequel il s'était embarqué, le porta heureufement au Port d'Ambletcufe , d'oü il fe rendit h Saint Germain en Laye. Louis XIV regut ce Monarque qui venait de méprifer fes fecours,avecune magnificence,un refpeét, & une généroftté, qui lui font plus d'honneur que fesplusbrillantes vidtoires. En même tems il déclarait la guerre aux Provinces-Unies,- Sa déclaration etait datéc du-26 Novembre. II femblait que 1'on dut s'attendre a y trouver PexpedLtibnf d'Angleterre comme 1'un des principaux raotifs de cette nouvelie guerre; Cependant Louis XIV n'en difait pas-W mot dans fa déclaration. II y étaitfimplementdit, „ que Sa Majefté ayant efpéré que les- Etats Généraux des Provinces - Unies-, qui avaient montré tant d'ardeur a faire conclure la trêve de vingt ans ,-n'enauraient pas moins témoigné a la maintenir; Elle avait ap? pris au contraire qu'ils faifaient des levées extraerdinaires,& fe liguaientavec les Princes de 1'Empire. pour exciure le M 5 IÓ88. Louis XIV. iléclare !a inieirre aas' ProvincésUiües.  2688. Jfcitrée du jPrinre d'0lange a < ] ] 3 « • ( I I 2?4- Guillaume TIL denem Cardinal de Furstemberg de PEIedtoratde Cologne. Qu'Elle avait taché de les. en detourner, par fon Ambaffadeur, le "]te ^ A™11*; mais qu'au-lieu de fe rendre k fes repréfentations, ils avaient oepuis joint leurs Troupes, commandees par le Prince. de Waldeck, a 1'armee des Princes ligués contre le Cardi? l,que.c'était la ce nnrma tous ceux qui fe trouverenelans les charges k 1'exception des Papfles. Pour s'attacher ceux de la Relipi.domste 9 il affifta au fervice diviu.  Roi (PAtighiem:- 275 fuivant le rit Anglican,& recut la communion des mains de PEvêque de St, Afaph, Guillaume,affuré que,dans la fermeritation actuelle, le peuple choifirait généralement pour repréfentans,. des hommes difpofés a précipiterla révolution,. laiffa la plus grande liberté aux E!eéteurs. On prit même foin d'indiquer acette afiemblée ce qu'on défirait qu'elle fit, par des billets affichés fur la porte de la Salie: Le prélude fut d'un auguretrès-favorable. H fut réfolu, a 1'unanimité des voix r de remercier le Prince & de pricr pour lui dans les Eglifes. Elle ne tarda pas même a-décider dans une réfolution auffi importante que mémorable:que le Roi Jacques,ayant rompu le contract originel entre lui & ie Royaiunc, avait abdiqué le gouvernement& qu'ainfi ie tröne était vacant.. Le lenderaain ilsexaminerent fi un Roi Catholique-Romain était incapable de gouverner unEtat Pr@tefr.ant? D'après- cette déclaration, plufieurs foutinrent que la Royauté était dévolue au plus proche hcriticr du Roi. Mais. comme cette délibera,tion éloignait encore les efpérances ambitieufes du Prince d'Orange, fes ardens fauteurs formerent une.^Requête qiPils firent figner par une multitude innombrable de tous les rangs & dénomimtions, pair. demander a la'Chambre Haute gok lil 6- .1688. Guillai'rna. Prociamé Koi,  i688. *7<5 Gmllaume Ilf. de f'tent le Prince & la Princeffe d'Orange fus-lent prodamés Roi & Reine. Mais lè Pnnce d'Orange regardant cette manierene proceder comme trop irréguliere* £rtrr°P tumultueufe, pour donner une baie lolide au pouvoir qu'il ambitionnait" empecha que cette requête ne fut li-" vree, Cette maniere d'agir ne laiffapas de • lui donner la réputation de modération. aupres de la multitude qui n'était pas en etat d'apprécier fa, conduite. Pluiieurs des membres du Parlement voyant qu'il ne faiiait aucune intrigue parmi- eux, pour les entrainer a fes feös^ y furent également trompés. Ren, fermé dans !e Palais de St. James, il lortait rarement,. était d'un acces difficile, recevait civilement, mais fanscorüialue , éeoutait avec attention, & ne diiait- presque rien.. Ii affeciait demon- " trer un air myftérieux; foit tóricabïe grandeur d'ame , foit afft-ctée, foit qu'il fut bien aife de connaitre le caractcre & la conduite des -> nglais abandonnés a leur naturel-: mais au fonds,, ii ne pouvait croire, qu'une affembléedontla plupart des membres avaient déjk éclaté contre Jacques II-; qu'une armee & une Hotte qui-1'avaient abandonné ; qu'un peuple qui le redoutait, fe cruffent amais en fureté , tant que toute ren:ree au tróne ne lui ferait pas fermée-.  iiGUillaume difait gravcmcnt, qu'il etait ;venu déiivrer la N'arion qui 1'en avait prié ; que cette Nation étant devenue libre , il lui laiffait- le foin-de faire ce* iftu'ellë croirait être le .plus avantageux: pour elle -r & que, lors qu'elle 1'aurait ij régie , il.- reprendrait avec. plaifir lecherain de la Haye. Il.craigoit cependant qu'on ne. prït k la- lettre cette IJ indifférencc affecten;, i) réfolut. de s'exfpiiquer , en- conödcnce , fur ce qu'il iiespérait de .la fituation des affaires,- II' ifitappeler. Halifax., Shrawsbury, Danby & quelques autres. II leur dit,. : qu'ayant été invité k fervir la Nation,. ! i! s'était engagé dans cette entreprife, i & que -le fuccès avait répondü k Ionh deffein; qull appartenait au Parlement, oui fe trouvait Jibrement éiu & libre■ ment aflemblé, de concerter d'héureu-. I fes mefures pour 1'établiflèment public , , & qu'il avait-, entendu parler de divers Syftêmes. ,.les uns demandant.uae Régence, & d'autres paraisfant défirer que la Couronne fut. offerte k la Princeffé •,. mais qu'ils étaient feuls intéresfés k préférer le plan. d'adminiftration qui leur : femb'erait le plus agréable ou ie plus j avantageux : que s'Üs fe déterminaient 1 pour une Régence , il n'avait aucune ' objedtion k faire •, qu'il fe croyait feulement obügé de les avertir qu'ü ne voulait pas. être le Régent qu'ils choiM 7 1688/  168R ( Mém. de ' £ Alrymple , H.. 8.. * ( C 1 f II a a J"/tlrvmple Ü 2?8 Gm'/faume III. denenf firaient, ni s'engager dans un Syftême dont il connaiffait les invincibles difficultes :. que perfonne n'avait une plus parfaite & plus jufte opinion que lui^ du merite de la Princeffe ; mais qu'il les avertiffait auffi que fa réfolution était de préferer la condition privéeala posieffion d'une Couronne qui dépendraie de la volonté ou de la vie d'autrui: en u,n, m,ot' Ju'ils devaient compter que s'ils choififfaient 1'ün ou 1'autre de ces leux plans , iL lui ferait abfolument im-' poffible de les affifter dans" 1'éxécutionqu'il était appelé par cPautres affaires,' lue leur importance ne lui permettait 3as d'abandonner pour une dignité fi précaire, & qui ne lui laiffferaient pas neme le tems convenable pour introiuire 1'ordre & 1'union dans leur Gouvernement divifé. Le Prince fe trahit ncore dans une autre circonftance II vait affuré le Comte d'Arran, partifan le Jacques II, qu'il respeéiait les gen», 'honneur de tous les partis;- mais un>retexte plaufible s'étant préfenté % il t mettre ce Comte a la Tour. Quoiqu'il ne parut aucunement dans?s_ déliberations publiques,. il avait des' Mis de confianceégalement attentifs. fes intéréts. Ambitieux d'occuper ui le tróne, il retenait Ia Princeffe 'Orange en Hollande. Le Lord Hg-  Mi: PAngleterre,- 279: lifax, avant propofé dans les premières délibérations, de déférer la Couronne k lui feul; en lui donnant pour Succeffeurs la Princeffe Marie fon Epoufe & la Princeife Anne , feconde Eiile de Jacques , fon ami Bentinck fit tous fes effórts pour appuycr cette réfolution. „II était plus- naturel, „ dif üt - il „ de donner 1'autorite fouyeraine'k. cette feule perfonne que de a paraver. La Femme doit. toujours Être foumifc au Mari. La Nation devait tant au.Prince,..qu'elle ne pouvait moins faire par reconnaiilance, que de le p.accr fur le Tröne. Le Partaxe du Pouvoir Roval ne pouvait qu'eire fujet * de aramis inconvéniens •,. &, quoiqu 1 v eüt beaucoup a fe promettrc du Jueement & des bontés de la Prmceilt d'Omnge, cependant, quand on connaii la faiblesfé de 1'Esprit humain, qui peul tfasfurer que cette Princesfe necliange ra jamais 3- „ Bentinck. voulut encore preffer cette affaire dans une con fultation , qui fe fairait dans la. maifoi particuliere de. Guillaume- Herbert Mais, celui-ci, que la goute arrètai dans le lit , s'élanca k cette ouvertu re & déclara que s'il eüt prévu c deffein ,.il n'eüt jamais tiré Pépee pou le Prince.. . . D'autres étaient cependant d'opmio &t ne. mettre. que la.Pjinccffe fur 1 1688. Burnstï. 438» . tTAlrypipli. .11.27- l is Cr  i < t i a i i t ti a & ? k la 230 Guillaume IlT.devim tróne. Mais le Prince d'Orange arak pns fes furetés de ce cöté ff El l était alors en chemin pour fe rendlt en Angieterre.- Elle rép^ndic fort fe chement a ceux qui lui ecrivirent ai ?ï ne loiihaittait, drfht-elle ,. ni ne voir la. d'autre titre que celui' d'époufe feS-^ qU3lité ^ voulait reiter loumife k lui ; qu'elle ne vovait Pas fans etonnement qu'on fk quelaue kfference entre deux Ipoux. llpZxffe Anne approuvait aufii- Ie nSme ^lan d'ëtabiiffement public On h* ?romettait un ample revenu , dont e i" e contentau , avec le fecond rang de leVli^-p oii» - u entierement «eguge , elle pouvait croire , au fond |ue, du cóté de Pmtérêt, e1VSr' *?™>"P> a la R-évoiutiS.' AIS o es les Gens fages virent qu' 1 g 'art plus de milieu entre mer"re ïq Prince fur le tróne oü. rapeller\l Ainfi Paccord paraifiant ré ambitieux pour y renoncer... Auffi en donnanteonnaisfance aux Etats de fon avénement k Ia Couronne Britannique, i! déclara que cette nouvelle digmté ne ralenterait jamais les fentimens d'affeétion & de fbti ricitude qu'il avait» toujours eues pour fa Nation; ajoutant qu'il esperaitactuel'ementremplir avec plus d'avantage pour la République , les charges qu'il y posfédait & quMlSfèraie ibn; poffible pour angmenter la prospérité des' deux Nations par la bonne intelligence qu'il entretiendrait entre 1'ure "& !'autre. L'autorité du Prince était trop affermie dans les Provinces, pour qu'on ósat fe roidir cöntre fa volonté; nous verrors cependant ■ les effens que les ardens Républicains firent pour fe foustraire k cette autorité qu'ils regardaient comrrie ülégitime, L'abfence de Guillaume,.difaient ils, & ion application k rempiir les devoirs de Roi Britannique ne pouvaient manquer dele détourner de fes- devoirs en qualité de Stadhouder. K ne fallait pas s'attendre , que la République  Srham'icfut'fut les Prorinces-Unhs. 2S$ 'föt dcsormais autre chofe qu'une dépendance de PAngleterre. Les Répubücains d'Amfterdam frémiflaient de s'être laiffés embarquer dans un projet que Guillaume leur avait juré ne de voir pas avoir cette' iflue. Lorsqu'iL fe rendit , en 1692 en Hollande , il parut dans les Etats-Généraux ou il déclara qu'ayant mis ordre aux affaires de fon Royaume , il venait reprendre les eharges -de Capitaine - Général, d'Amiral & de Stathouder. II demanda une prompte jonétion avec ia Flotte d'Angleterre & nomma tous ceux quidevaient commander celle des Etats. Mais rien ne leur caufait plus d'alarmes que la guerre avec la France que cette expédition avait fait naitre. Louis XIV, inftruit par le Comte d'Avaux des moyens da faire impreflïon fur les Provinces-Unies, avait commencé par faire arrêter tous leurs niarchands & leurs navires qui fe trouvaient dans fes Etats. Sa déclaration de guerre était a peine publiée, qu'il fit commencer les hoftilités dans la Mairie de Bois-le-Duc & réduire plufieurs villages en cendres. II fit même garderk vue leur AinbafTadeur; mais les Etats, en ayant ufé de même envers le Comte d'Avaux, cette repréfulle ne tarda pas k faire donner la liberté aux deux Ambafladeurs. Les Etats ne carderent pas a publier leur déclaratiojo de 1689. Hupture Duvcrte ïvec lu France. Corps Diplom. VH. 113.  1689. i c r I d r d 1: d d 2 86 Tnfluence de 'la 'Rèvolution guerre. Ils y rapellaient avec amertume la guerre de 1672, dans laqueile Louis XIV avait mis leur République a deux doigtsde fa perte;ils décaillaient toutes les infractions qu'il avait faites a la paix de Nimegue; ils noublierent pas les perfécutions religieufes, qui cependant lui avaient fait tant de mal & tant de bien a fes Ennemis; ils s'étendirent furtout en plaintes douloureufes fur les atteintes portées k leur commerce. £tt pour prendre leur revanche k ce fujet ! ils défendirent d'importer dans le pays aucune marchandife de France, ni d'importer en France aucune munition de ;uerre ni de bouche. Cette déclaration ïeft datée que du 9 Mars. Ainfi les itats,avant de fehazarderdans un pas aus1 épineux, avaient eu le tems de voir [u'ils feraient foutenus par un @;randi lombre d'autres Etats. En effet, la Franè ayant déclaré la guerre a PEfpagne £ l'Efpagne a la France, le nouveau Roi 'Angieterre fut Ie premier k la déclaer k la France, en fon nom & en ceai de Marie fon Epoufe. La néceflité e foutenir des alliés tels que I'Empe ;ur & les Etats; de maintenir Ia pêche e Terre-neuve dont les Frangais voulent fe rendre les maitres; la violation J paviilon Anglais; la perfécution des roteltans Frangais formaient le contenu ;-cette déclaration. il n'y avait rien  ■Britannique fitr les Propinces-Unies. 387 L particulier dans ia'.contre - déclaration r du Roi de France, iinon la dénomina- tion d'ufurpateur qu'il donnait a Guü- * Jaüme avec toutes réflexions odieufes que le détrunement d'un beau-pere pouvait fuggérer. Les Etats, attaqués .fes premiers,-voyant ainfi PAngleterre nécesfitée a les feconder, s'affurerent aus,fi del'Empereur. Ils conclurent avec lui une ailiance offenfive & défenfive pour ramener la puiifance Frangaife aux ter- s mes des Paix de Westphalie & des Pyrenées. II y avait un article fecret pour foutenir PEmpereur dans fes droits fur la monarchie Efpagnole, au cas que le Roi d'Efpagne mourüt fans enfans. Ainfi commenca la confédération connue depuis fous le nom fameux de Grande-Ailiance, paree qu'elle réunit &*foutint la lio-ue d'Ausbourg, a caufe de la multitude & de la puiffance des Etats qui y accéderent. Le nouveau Roi d'Angleterre, qui avait été 1'ame de ce grand mouvement , fut ausfi le premier a y accéder. Mais, avant qu'il eüt fait cette importante démarche, il y avait eu des négociations finïulierement curieufes&intéreffantes pour la conclufion d'une ailiance étroite entre PAngleterre & les Provinces-Unies. Dès le commencement de Pannée, les Etats avaient en voyé a Londres, une Ambaffade extra ordinaire, compofée du Bourguemaitn 20 DucentK Négociations en Angieterre.  ï68q al M ■i -3 ] j -J I ïi -fi || \ * r< ;fe . ai le ;pc 'ce pc te; riiSS^rTn^^- Cesdeux der- montré, dans k maniere mcn e dont i ï avait donné foh .confentement k ia des ™ e lui étaient plus chers que tr"NffW' ni d'aucune au! Kucoi rfS; n'^ait confenti qu'avec Deaucoup de repugnance a êtreemDlnv^ lans cette ambalide. Ar?ive' en, An e put l'eblotur. En bien, lui dit £ S/^dreffant.fans doute iux deux fiSSN^ la preraiere ludigcS |ue dit-on maintenant chezvous? te'-®1? cru q^efle réufiirait fitien 9 Jais, quoique tout fe préparat alorsuour ér dC°™eil3enc.H commencait-a ff 3é^tató. iout va fort bien. aiour>- - que des hozanna-; ma s peut-être rw= ; reZ;vous pas longtems avant d'en\et f afü^K^' Ges paro- qm gniblaient exprimer un reWet s nl !J0lUmde-' fl;l"e!-ent fans doute nr nƒ LUCS'; :ma,s 11 étaic "op éclairé ur ne pas voir lesfujets de mécon tel cr tl'6',pr0pres Compatriotes. 1 c" general commencait a s'élever COH-  . 'Érïtcmnïquefur les Provintés-Unies. s5e> ï^ontre lui: „ Tandis qu'il gardait, d-r-iait-on, 1'armée dc la République en Angieterre pour fa propre fureté, il laiffait fon pays expofé a la vengeance de la France; les plus hardis ajoutaient même qu'il ne retenait la flotte que pour la joindre a celle d'Angleterre, pour les employer toutes deux k incorporer la République aux Isles Britanniqucs en détruifant fa liberté par une force étrangere dams un tems oü elle était fans déienfc au dehors. Mais ils avaient en vue des objets plus importans, que la connaiifance de plaintes particulieres. Ils •étaient chargés de plufieurs détails rela-tifs k la combinaifon des opérationsmilitaires de 1'une & 1'autre Nation, de demander les fecours que PAngleterre était obligée de fournir en vertu du Traité de 1678, & furtout de prefferle rembourfement des dépenfes nèceffaires prodiguées par l'Etat pour 1'expédition d'Angleterre. Comme il convenait k PAngleterre d'avoir des troupes qui priffent langue dans le Continent oü fe 1 préparaient les principales fcenes de la guerre4, cinq mille hommes de Troupes Anglaifes regurent ordre de palier en Hollande. Mais les deux autres points rencontrerént plus de difficultés. Les Hollandais avaient porté, -avec tonte l'exadtitude nationale, la dettequ'ils exigeaient a fept millions, trois censua Tom. VMI. N  , 2.9° -Mui nee d% la lUvsiuUm l6Sg. Wagen. XIV. 13. D^JrvymII. 55.177. mille trois eens trente-deux fiorins,, un fol, huit deniers. Le Roi d'Angleterre n'était pas ayare en promcffes de leur procurer cc rembourfement. II devait tout aux Etats, difait-il, ils avaient facrifié .biens -.& vies pour lui; il était dispofé k palier lui-même en Hollande plutót que de la voir ruinée. Pour parvenir k la fois k regagner 1'amitié de fes Compatriotes & k porter PAngleterre k de grands efibrts contre les projets de la France, il faifit adroite-nient Poccafion des demandes & de la reconnaiffance que 1'on devait accorder a fes compatriotes. Ils ont , dit-il, négligé leur propre fureté pour venirau fecours de PAngleterre & la tirer du péril. Ce fervice vient de les expofer euxmémes k une perte iriévitable; ils n'ont d'efpoir que dans ceux qu'ils.ont fauvés. Leurs Ennemis regarderont leur ruirie comme un acheminement kcelle de PAngleterre. II convient donc a des Bretons de ne pas fe jaiffer furpaffer en générofité. Mais quand il fut queftion de préfenter le bill pour le payement des avances faites par les Hollandais, POrateur des Communes remit adroitement devant lesyeux duRoique ceque les Hollandais venaient de faire pour les Anglais, ['Angieterre Pavait fait autrefois pour Ja Hollande; auffi la Chambre baffe eut-clle égard k fes repréfentations; elle ré-  Bntannfyite fitr les Travinces-Ünies. 291 ■duifit cette demandéi fix eens mille fiorins; encore fe paifa-'t-il environ trois ans avant que cette fommé fut entierement payce. Quant-au dernier article, on convint aifément du plus "effentiel, favoir du nombre des' vaiifeaux que chacun des deux partis mettrait en mer. Mais 1'article le plus frivole eau fa les plus grands débats. Les Amirautés de la République avaient envoyé des députés pour cet öbjet; mais dès qu'ils avaienc vu qu'ils feraient obligés de céder fur un point qui intéreffait 1'horineur de leur Patrie, ils s'étaient Mtés d'y retourner pour n'avoir aucune part k un accord odieux. -Leur prévoyance était jutte; les Anglais inces-Unles. 2/93 'tëms oü Guillaume déclarait la Guerre a la France pour raientir leurs préparatifs fur mer ; ils envoyerent en même tems en Angieterre Alexandre Schimmelpenning van der Ooye, Seigneur d'Engelenburg, en qualité d'Ambaüa' deur - Extraordinaire , titre qui. fut aucfi donné aux autres Députés. Les Négociations furent entamées-, le Roi d'Angleterre eut la politique de n'y vouloir pVaitre aucunemént pour ne pas mécontenter deux nations qu'il avait intérèt de ménager également. Les Anglais voulaient que la guerre & la paix fc fiücnt coniomtement. Ils voulaient que 1'on déclarat de bonne prife tous les vaiffeaux fans exception qui navigueraient en France. Quant au premier point, les Ambafladeurs des Etats firent d'abord remarquer qu'il etait contre la faine politique qu'une petite République a qui la paix pouvait ê;re avantageufe, s'enchainat aux interets d'un grand °Royaume rempli de reffources pour la guerre. lis firent remarquer , fur le fecond article, qu'il oftenferait les nations neutres a qui des traités formels afluraient le droit, de naviguer :St de commercer avec les Puiffances belligérantes. Ils infinuerent qu'il ferait dan gereux d'aigrir un corps auffi redouta ble. Ils en. parierent au Roi qui, dan un incident contraire a fes projets be! N 8 1689. S  i689. l 3 1 i i I ii t 294 s Injluence .de la Rhalmhu -, liqueux , ne put garder la neutralitéqu'ilavait affecléeril foutenait qu'il convenait a des PuiiTances auffi étroitement hees de ne jamais fe féparer ni en paix ni en guerre,,. L'Ambaifadeur Witién, trouvait qoe Guillaume avait en vuede fe foutemr fur ie tr'öae de. Ia Grande-Bretagne avec 1'argent & les-Troupes des Etats & les. tenir en guerre, tant que la France voudrait foutenir le Roi [ac~ ques. „ II fe plaignait encore que les Anglais vouluffent s'arroger le droit dc juger les pnfes mences. dans leurs Ports par des. Hollandais; quoiou'il- eüt été itipule dans .un accord qua la décifion appartiendrait aux Amirautésx dont les armateurs dépendent. Mais le Comte de Nottingham leur répondit en propres tonnes que dans ces cas, les loix-éraienï ïu-desfus des traités.. Le Roi fait des traités; mais ils ne valent qu'autant qu'ils ' ont conformes aux loix. Nous avons ine loi par laqueile. nous pouvons jurar tous les vaiileaux qui entrent dans ïos Ports; & nous les jugeons. . Les Amlaliadeurs Hoiiandais infiltaient furtou>>our Je point de la liberté du commer;e' a_jaquelle ils .étaient eux-mêmef 05 rffv Mais Engelenburg & Dyfceld fe jaifferent gagner. Odyk ne'tarda as z ïtmter leur exemple, pour faire ' 1 Cour au RPi: Witfen & van Citïrs voulant tenir ferme, pn n'eut.pa:  MrUannique fur les Provhices-Umes. 2.95 même pour eux les égards ordinaires de Ia'bieniéance. Witfen pour avoir fou- . tenu que le Goudron n'était pas unemarchandife de contrebande, fut traite de fit. Guillaume le preffa lui-meme de fignet' cet article; mais quel droit 'peut-on s'arroger fur des vaiffeaux de nations neutres,- difait Witfen ? II faut que cela paffe, répondait le Roi; c'eft le droit du canon, Heinfms, alors Penfionaire de Hollande, fut le premier klui écrire, qu'il nedevahrpasfigner. VanCitters öfa dire qu'un pareil traité déshonorerait k jamais les traitres qui 1'auraient figné. Le traité fut dreffé fans fon con cours. Les deux Etats commencercnt par fe promettre de fe garantir leurs droits & pofiéfiions réciproques. Dans un autre traité, ils interdifaient tout comnierce en France , même aux nations neutres, fous peine de-confiscation des vaiffeaux & des effets. Ce ne fut qu' avec bien de la peine que van Citters & Witfen fe laifferent gagner pour les figner. Witfen ne put cacher fon trouble, comme peut le témoigncr, difaitil après, ma main tremblante. Les Anglais furent fi ardens k mettre k exécution un traité fi contraire aux privileges de toutes les nations maritimes de l'Europe, que les Rois de Sucde & dc Danemark s'affocierent ■ N +: .689. DumorJ. VII. 32-5' JOU  1689. ! I j i ( 296" Infiuem» de Ia Rêvoh-nim en 1691. & 169.3 contre tous les attentats portes a.ia liberté du commer'w^iï? &ra"d "ombre de vaiflêaux de Hambourg & d'autres Ports de la mer Germamque, revenant de France oü Jls étaient allés avant la déclaration de guerre de 1'Empereur, furent conduits en Angieterre; on les .déclara de bonne pnle; Guillaume lui-même,aveugié par fon leflentiment contre les Frangais,déclara que telle était la volonté. Mais il fit S cherceuxdu Roi de Suede & deDanemark qui s'etaientmis fur un pied refpeéïable Au moins, les Arnbaüadeurs crurent racneter ces condescendances par i'acquihtion de quelques avantages de commerce en Angieterre. Ils cfrurent que Poceafion etait favorablc pour faire annuller le funeile acl»de Navigation, rendu par Cromwel. Le Roi les renvoya laAo°rd,^^ autre tems i ferré de plus prés, il déclara enfin qu'il ne pouvait contenter les Etats fur cet article II nait, écrit Wit[en, quand on lui'parait d'abour cet Edit &. déclara*t que i etait une chofe impoffible. Loln qiPon ?Ut obtemr des avantages , les Né^0, :ians. Hollandais , établis en Ano-|eter■e , fe plaigmrent qu'on ne les avait ia', nais fi fort maltraités. On ne put mêïlf°^enir Pimportation de la tayence ie Delft, Ils reprefenterent euvain 'es  Britamlque fur les Vroinnces-XJmes. «97 pertes immerifes qu'ils faifaient' fautc de convoi; on refufa de les écouter. On remarque qu'au départ des Ambaffadeurs le Roi voulut s'attacher Witfen en relevant ir la dignité de Baron \ mais cet homme fimpie & modeffe refufa cette offre; paree, difait-il, qu'il craignait que cet honneur ne lui fit des ialoux & des Ennemis. On lui ofFrit encore 1'emploi de Curateur de 1'Univerfffé de Leide a condition qu'il favoriferait la fuite des Voetiens , ou des ardens Calviniftes que Guillaume protéo-eait. Mais il refufa avec indignatibnD de fupplanter dans cette charge Conrad van Beunning , qui , quoique iüiet a quelques accès de demence , ne kü paraiffait pas pour cela , inhabile k un emploi qui n'exigeait presque aueu-^ ne fonótton.. Ainfi les Etats ne trouverent pas en Angieterre la.reconnaisfance qu'ils avaient attendue des fervices importans qu'ils venaient de lui ren- dr fait Pair m(1Lpeup! Sroffier mépriNation, 'SffvS^^ cette & infu tait es L^f^f d^ Officiers eurent Si J?dats; LesHollandai3 Peup equi S™i?eS ^"^ens d?™ eslmérateurf InvUes a -devenir, tié^^iÉS méme * des Perfon. nes vo "ren r™^ i les . Püe de fa re T le Roi ^ • rhnrl4c S m82ns des Frangais & des on c&innaUtredit» d'ra a^&dS : || cnagrjn , jjomez,. .& des Hollcm- Cette jaloufie pojjrjuiyic les Hollandais  Brltannlque fur les Pronnces'JJmes: 299 jusques dans les fervices qu'ils rendirent én Iiiande. Car lesTroupesHollandaifes qu'on y avait envoyées , y confervant leur fanté par 1'exaétitude de la dücipiine & les foins qu'on prenait d'eux , pendant que les Anglais périffaient par les maladies , ceux-ci avaient la faibleffe d'imputer eette différence k la prédileelion de Guillaume pour fes compatriotesr De Ik - ce reffentiment pröfond qui s'enraoina dèslors dans les esprits des Patriotes Hollandais contre PAngleterre.' Ceuxqui connaiffaient le caradlère des Nations libres & commergantes, regarderent plas que jamais les liaifons ' entre les deux peuplés , fous un même Prince, cömmeun fujet perpétuel de discordes & d'om brages." Les Communes avaient auparavant témoigné le defif d'apprendre du Roi • qüelles étaient entre la Hollande & la • Couronne les obligatiorrs mutuclles de s'entre - fecourir: elles voulaient favoir qtiel nombre de Vaiffeaux & de matelots les Hollandais'devaient fournirpour' 1'expédition de Pêté. Ils autoriferent même le Comité krecherchér pourquoi les Hollandais;' n'avaient pas envoyé plutót leur Flotte 'en Mer ; quoiqu'en comparant ladate du Traité entre les deux Nations y il fut' clair qu'elle eüt mis Ü la. voiN 6- 1689,  1689. ( ( 1 3 1 30O Ittflutnce de la Réfolution-- l e , auffi tót qu'on pouvait s'y atterrctre. J L'ayerfion des Anglais fe porca jusques fur le Roi. Ils étaient accoutumés a des Rois populair.es & familiers: mais Guillaume froid, refervé , taciturne toujours enfoncé dans fon cabinet, ou ne goutant que le plaifir de la chaife , s'était menie retiré ,. aHamptoncourt, fous pretexte que fair de Londres ne convenait point a fa fanté, Il-affeétait 0 orner cette maifon, de jardins dans le gout de ceux de fon pays & d'y éta'er les Fleurs , les Arbres & tout le costume l ollandais. On fe demandait fi Fon avait mérité que le Souverain enle?at a fes fujets la gayeté & la pomped'une Cour. On en vint jusqu'a critiqucr les défauts de ia Perfonne :■ ni fa petite Eaille, ni.la frêle contexture de fon corps ne furent épargnées: la populace, infuU pmt a ce qu'il avaic de particulier dans ia Phifionomie, Papellait par dérifion. ft« crochu, Pour regagner l'affeétion ies Anglais, il fallut que Guillaume idoptat,tout a coup, les ufages des au* •fes Rois; on le vit affifter aux courfes te Chevaux h fe faire aggréger dans un' les corps de metier. Maisle choix des paraes expofant leRoi kde nouveaux desagré-. nens, il balancas'il n'abandonnerait pas m digmté qui l«i caufaic tant de chagrjn,  Sriwmique fur lts Frevïnces-Unies. gör H ne fut queftion de rien raoins que de fe retirer en Hollande & de laiffer k 1 k Reine le foin de gouverner un peuple fau'il ne fe trouvait pas capable de con!;tenter & de conduire II communiqué :!eette idéé aux Lords Carniartiien & ISbrewsburi, en répundant des larmes telles ,. fans doute , qu'un ambiitieux dcspote trompé peut. en répani dre. Les deux favoris lui répondirent ;l fur le même ton-, & leurs larmes de; Courtiians le déciderent k refter.. C'eft i: ainfi que Guillaume fe trouvait la pre:! miere année de fon Couronnement. I Aulïï écrivait-il au mois de Janvier , 1690 k Mr. de Bentinck: Je trouve que les gens commencent k être fort. ; en peine de mon voyage en Irlande 1 furtout les Whigs, qui ont peur de-me i perdre fitot, avant qu'ils n'aient fait. I avec mói ce qu'ils veulent: car, pour leur 1 amitié , vous favez ce quyil va. h compter j U-dejfus dans ce Pays-ci. L'abfence du Stadhouder ne pouvait1 ! 'manquer de caulèr des embaras dans les., ! Provinces oü. le choix des membres de< i la Magiftrature était a fa dispofitton, ! L'on en vit au commencement de ran1 née 1690 un exemple dont les fuites I faillirent k devenir férieufes. Le tems ; approchait auquel fe fait annuellement. ! 1'éleótion des Echevins k Arnfterdam.. ' Les. Bourguemaitres 8c le Corifeii nom> N. 1 68.9, )ispute au< Ujccde lasrmmiarioivles EclieritïS d'Alfli* terdam.  2689. 1 I c 1; d ft P ti ié T ie fei )ai iC£ fai 302 Itfawee je j» Rêpolution f'r^pr, des q&zeT^ I guillaume III fit i%]eétiöJ3 .^gg> 'ins, maïs ne-manqua nas -,Mfn il ° aoigner combiem iFlg te" e ce qu'on ne lu avl n , X°nCen^ • -Nominacion *3S^£S&] Mi. Les Bourguemaitres >& le Cnr 1 de cette puiflante Ville iVtrou»^ |U dispofes a permettre que 1'on po? t a moindre atteinte aVrTprSfc ges , & ne voulant pas tnr /r,„ i ient s'obliger a enrSye? p£?ia S" ?r. Nomination en Angieterre D£-r .terent un mémoire aul EtaVs de Hot • Je, par-lequel ils demandaient at dits Etats ortfonnaflênt k li Cr) Jl ceduShndes EcS iS ï! ce du Stadhouder j ou qu'ils y au?t-  Bntamiique fur ks Trorinces-Unies. 303 rifaffeht les Bourguemaitres eux - mêmes; comme ils 1'avaient été par un Octroi de.l'année 1650 - n Pour motifs de cet-te demande Meffieurs d'Amfterdam alléguaient , . „ que, fuivant leurs Priviléges , qu'ils étaient obligés de maintenir & de conferver , la Nomination des Echevins devait- fe faire le 28. Janvier ; que-lea Février ils prêtaient ferment & entraient en charge , & que cet. intervalle était, trop court pour envoyer la Nomination en Angieterre; " " A ces raifons Arnfterdam joignait une forte de menace-, declarant qu'elle cefferait de contribuer aux dépenfes publiques, ,fi on ne la maintenait dans-la jouïffance de fes Privileges.- Les -Etats n'oférent cependant rien- déterminer fur cette importante affaire , lans avoir demandé 1'avis du Roi d'Angleterre \ ce qui donna lieu a différens- écrits dd:>part & -d'autre , & a des Négociations, dont-nous verrons bientöt le réiuitat. Pendant que cette difpute reftait ainfi indécife, il s'en éleva une autre-, qui ne caufa pas moins de mécontentement au Stadhouder. A peine il était monté fur le Tröne d'Angleterre *, .que fon affedtion pour Guillaume de Bentinck lui fit combler ce Seigneur de graces < & 1'accabler pour ainfi dire de digni £és. Ami de cceur de. Guillaume IIL i68«>,  l68g. ] 3 ( C 1 c p ft d I di ti S'i a ia fci Si 304 Tnfluence de la Rèpafuiiön ?er' Burgrave de Falconbere & Comte de Portland fPO ute e le déclara fans detour que Ben nek etait déchu de fon droi? if ne" enCSlreC?renda1^ -pas moins autorifé ■H^ V paruc élement a i'Asi blée des Etats. Les Députés d'Am  BritanniquerurksProvincis-ljiiks. 305' i rnotivé des raifons qu'ils avaient de de'Jmander- 1'exclufron d3 Bentinck. Les JfcJobles & le Ridderfchap répliquerent < | au memoire de la - Ville d'Amfterdam, f & oppoferent raifons k raifons, exem4 pies a exemples, pour prouver que | Mr. de Bentinck , quoique mcmbre du I Parlement d'Angleterre , devait être ij admis k tenir fón- rang dans PAffemI blee des Etats de Hollande. Loin de fes I laiffer cönvaincre par les raifons des No. bles, les Députés d'Amfterdam, voyant . que Bentinck ufaits réellcment du droit . qu'ils lui disputaient, protefterent en :| termes très-forts contre fa prefence k .! 1'affemblée des Etats. Ils remarquaient I dans leur proteftation, que lui permetI tre d'y paraitre , ,, c'était faire... un : changement abfolu dans !e gouvernement , & en renverfer les fondemens; : ils regardaient comme nul & de nulle I valeur , tout ce qui ie traiterait & fe I réfoudrait dans 1'Aifemblc-e. des Etats ,. en préfence du Comte-de Porthmd;; & pour que la poftéritê ne püt leur re: proclier d'avoir confenti k 1'admiffion : de ce Seigneur ,, ils déclarerent qu'ils , avaient des ordres expres de fe retirer; de 1'affcmblée , & dé s'en abfen; ter auffi- longtems que le Comte de Portland ferait préfent. " En effet % ■ U.s fe reürereut auffi tót, ne laiffans' 1689.  1689 306 f ■ Infuence de la Revalutlon dans Paffemblée que le Penfionaire d'Amfterdam , • pour écouter & pour • voir. ■ Guiliaumë' ne' put aoprendre fans une forte d'indignacion la querelle' que 1'on faifait a Portland , mais Pópiniatre ferraeté de Mefiieurs d'Amfterdam , dans l'affaire de PElectión des Echevins de cette Vilie, lui fut'plus fenfibie encore , paree qu'elle heurtait directement fon Autorité. L'on allure qu'il avait chargé Portland de propofer eertain expediënt , qui devait contribuer a accomoder-l'affaire d'Amfterdam; mais ■ les procédés du Confeil de cette Ville contre ce Seigneur , ne fervirent qu'k irriter davantage le Monarque. II lui en écrivit en des termes qui font bien voir a quel point il fe croyait offenfé. ^ Les chicanneries que veulent vofts faire Mesfieurs' d'Amfterdam , écrivait Guillaume dans une lettre au Comte de Portland, ne viennent que de la mauvaife affeétion qu'ils me 'portent , & me caufent le piü.s grand chagrim J'espere que vous. en triompherez? & que les autres Villes vous prêteront la main. Si l'affaire de l'éleótion des Echevins fe termine , fuivant 1'expédient dont je vous ai fait part , & le feul auquel je veuille entendre , je veux que vous foyez. compris dans Paccommode-  JJi'immu/ue fur hs Prmnces-Unies. 30.7 :.ment-, auquel je'ne.me prêterai ja! mais qu'a .cette feule condition.". ' En, 1 effet, 1'on traita, depuis conjointement !' l'affaire du. Comte de- Portland & celle ji.de 1'élection des Echevins d'Amfter|! dam. Après bien -des débats qui fuf rent pouffés de part & d'autre avec i|,une forte d'optniatretë, Pon trouva-enJl fin un expediënt qui femblait confervfer Itous fes droits au'Stadhouder-,...fans i'porter-atteinte . aim Privileges de la i Ville. Elle envoya fa Nomination diLreclement aux ,Etats de Hoiiande, qui jl la firent paffer ausfitêt'au Roi d'Anigleterre. Ce Prince parut fatisfait, ,, ; paree qu'il ne doutait pas (difait-il dans une lettre qu'ii éctivit aux Etats en leur renvoyant la lifte des Echevins 'qu'il avait- élua d'après cette Nominaj tion ) - qu'ils n'eüffent eu de bonnes 1 raifons pour fe charger eux-mêmes de lui faire paffer Ia' Nomination., aulleu id'infifter i ce qu'elle lui.fut^direótement envovée par la ..Magiftrature d'Amfter; dam ; que c'était ce qui Pavait engagé ï faire . iiSledtion d'après cette Nomination quoique, d'un autre cöté, il fe 1 fut volonticrs fervi du pouvoir que lui donnait fa charge de Stadhouder," pour maintenir la Réfolution qu'auraient pris ■les Etats. Et comme il ne. doutait 'nuüement que les Etats - ne foutinffene 1 comme, ils Je devaient,..fesdroits.com- 1689.  ï68q. Efcterc du Roi re (ïir i'éledhbn«f Amfter* ram. 3'o8 Jnfltienze dela Révólm'ion me Stadhouder ,- il voulait faire voir,. de fon cé-té, qu'il érait le Proteérearl ' des Priviléges de la Ville d'Amfterdam ; & afin que non-feulement lal Magntrature , mais la Bourgeoifie 1 menie püt mieux jouïr de ces Privi-J leges, il défirait qu'on lui envoy&rj tous ceux qui pouvaient être relatifsl a la Magiftrature & a ia fidelle Bourgeoifie 1 Q'Amllerdam. " La Lettre qu'on fit circuler comme 1 venant de lui, -& dont l'aur.hcnticiré I elt encore disputec, mérite une place'i dans i'niftoiré. Quoique avant mon de-1 part pour la Hollande dit-il ii Mr. Ben-1 «nek, je vous ave amplement expliqué 1 mes intentions, je ne laiffe pas de vous I écnre la préfente, pour vous faire part ] des reflcxions nouvelles que j'ai faites 1 depuis votre embarquement, afin quel les joignant a vos premières inllruéti • I ons, vous en puisficz tirer tout le fruit i qui convient dans fa conjoncnire pré- I rente, pius j'envidige 1'atteinte que la I Ville d'Amfterdam vient de donner a I mon autorité, & le préjudice qu'éile peut porter au bien particulier de mon I service, & a celui de la Cfnétienté • I rnoins je puis ine réfoudre a me relri:her de mes droits, & £ louscrire a la requête de ces Magiftrats injuftes & ! néconnaiffans, qui oubliant les fervices ignatés que mes peren & moi avons I  Bmannitjue fur les Prepinces-Unies. 309 rendus k cet Etat, dépuis l'-etabliffement Üe la République, .& fe laiflantféduire par quelques efprits féditieux, & jaloux de ma grandeur,, & de mon crédit dans les Provinces, profitent de mon abfenIce, & des engageraens dans lesqueisje «irne trouve-, & veulent faire revivre une prétention, qui ett ausfi chimérique, tausfi mal fondée., .qu'elle eft injurieufe a ma gloire " En effet, quiconque examinera fanspréwention les titres fur lesquels cette pmsifante & féditieufe Ville,, appuye le droit ■ide fe fouftraire de 1'autorité du Stadholder, les trouvera fi peu folides, qu'il fera furpris qu'aucun homme fenlé puisfö y donner la moindre attention. El;]e produit de prétendus Privileges, qui ftui ont été accordés en divers tems par I Marie & par Philippe II, & qui ont été eonfirmés depuis 1'établiffement de la jRépublique, au préjudice de mes an! cêtres. Elle allégue en même tems : Pobligation, a laqueile elle s'eft enga\ gée par ferment folemnel k chaque muI tation de Magiftrats, de maintenir lei dits Priviléges. Pour détruire des droits ausfi mal établis, i! ne faut que conful: ter les Loix de la République, qui Ion de fa fondation, en fupprimant le Gou verncment Monarchique, ont en mem< tems abrogé tous les Priviléges & tou res les concesfions accordées par les Sou 1689.  '1689 ■c ó m *£ c P t< 'Cl ,\S'lo yJrfMznce'eleiaRèpolutim . verains Si cetre abrogation ti'a pas m faite par des attes expres, elle 1'a écé • du moins tacitemcnt, paree que ces for• f^6 Pr£rogaEives ne-conviennentpoinc ^1'Ecac,i3'u.ne R-épublique, nla i'égalite & a Ptimon qui doivent régner par°V™S-!fS membres q»i Ja compofent:" ' D'ailleurs, les prétendus aftes, que es Etats ont donné en divers teros en /aveur de- cette.Ville contre un de mes ancetres, ne peuvent pas être des-tin-es /alables contre les droits de Ia charge t Joiadhoi!der > j'ai bien voulu conferver: pmsqu'alors la République écant naiffante, on ne confultaic pastoutesles ioix & .la juftice dans les décifions des fu\L, l T r °bli^é dC Smeder au tems, & de iöuscnre aux demandes, juoiqu^njuftes , des Villes , pour ne ?pint aigrir les peuples; & pour ne pas 'eveiiler un refted'inclination-pourleSrs mciensj Princes, qui ri'était pas touc-fait eteinte dans leur cceur. " " Ce que je vous dis eit fi vrai., que epuis que le Gouvernement a écé foliement établi, les Etats reconaiffaflt injuftice de certains adtes, que la néesfité des tems-avait arrachés d'eux v nt derogé fagement-dans la -Tufte. We aurrais même, pour anéantir ces préMus drous, avoir recours a la présiption , puisque depuis prés d'un ecle, ceux ■d'Amfterdam -ne fe fmt  i -Brhannïqasfitr les Proyinces-Unies.; 3 j i 'ipoint avifes de les faire revivre., quoiilque Poccafi-or. fe fiu.préfentée plufieurs jjfois pendant 1'abl'encfi de jr.es ancêtres.., ■ llorsque 1'mtérêt de i'état les appellait en im pays ét-ranger., pour-.commander les armées: alors ceux qui exergaient la IMagiiïrature a Amfterdam ,-plus mftruits :ide leurs devoirs, & moins ambitieuss ;ique ceux de ce tems-ci, ne-croyaienc ipas que ce fut déroger aux droits, & iaux privileges anciens de leurs villes, . que d'envoyer demander les fuffrages du jiStadhouder abfent, pour le clioix des {Bourguemaitres & des Echevins en dijkers Heux: même, lorsque le bien de nion fervice ou celui de 1'Etat m'ont apfpellé hors de ces Provinces, ils n'ont [fait aucune difficulté d'avoir recours a , moi, comme au légitime difpenfateur i.de leurs Magiftratures. Je reconnais a ! ce trait injurieux 1'ancienne averfion de ; ;euc Ville pour la grandeur de ma mailifon, & 1'oppofition qu'elle a toujouts ij arïeétée de montrer k toutes les propo•litions que je faifais autrefois pour le [■bien de la République: mais ce qui me .Lfurprend le plus, c'eft 1'aveuglement des i Membres des Etats , raême des plus 1 éclairés, qui fe laiffent fafciner les yeux Lpar les iniinuations Lrompeufes de cette ,artificieufe Ville, & qui ne s'appergoiI vent pas du piége qu'elle leur tend: car Uslie les furpxend avec adreffe, en rcv£-  %0g, : ï i i ■ 3 I I i s T a %lï . Infiaence de la Répoluthm ti-flant fon mauvais deffein d'une faufle apparence de néceffité & de juftice pour pouvoir plus impunément anéancir le reite de i'aucoricé du-Stadhouder, & rntroduire enfuice dans la Magiitracure des gens a fa dévotion, dont les fulFrages lui foient allures, foit pour feïëparer de 1'union des Provinces, fi elle le juge a propos, foit pour les engager de ie feparer de la ligue, & k conclure a ra tontaifie une paix auffi honteufe. que celle de 1678, en demeurant unie avec ene je ne igais poinc quelle réfolution lesLtats prendront mr une affaire auffi délicate que celle-ci; mais j'ai peine i croire qu'ils imitent leurs prédeces[eurs en acquiefgant.contre moi a Pin[ülte & dangereufe demande de cette ville, & qu'ils manquent a cette occaïon au refpecl:, a la confidération, & a a reconnaiffance qu'ils me doivent. fe cais bien, que s'ils prennent cette par:ie, je ne ferai pas fi traitabie ni fi «mpiaifant que celui de mes ancêtres, i qui ils ment ces pasfe-droits. Comme na iortune, mon élévation, & mon caactere font ïnfiniment au deffus de ceux ont il était alors revêtu, ils doivent ulli s'attendre a un reffentiment difféïnt, & proportioné a mon rang & mon génie, & compter, que quand n R01 a bien voulu s'abaisfcr iusues a ne poinc méprifer 1'emploi de  Brhanmquefur'les Pronnces-Sniet. % i% Ne leur Stadhouder, non feulement i!s ;-ne doivent pas penfer k en diminuer i l?autorité & les prerogatives; mais qu'ils ■ ; doivent au contraire en mefurer 1'éten: due k la grandeur & k la Majefte Ro» I yale. Je ne fuis pas cependant fi peu informé de mes véritables intéréts, que je Ine iache que mon fort eft comme atta* : ché k 1'amitié & k la protedtion des Etats, & que lorsque je hafarde de me 'brouilleravec eux, jecommetsmon étaibliflement en Angleterre, dont vous conmaiffez auffi bien que moi 1'incertitude ::& le peu de folidité: mais il n'importe, .quelque risque que je puis courir, il n'y a extrémité k laquelle je ne me porte pour foutenir mon rang & ma gloire. IQuiconque a ofé entreprendre 1'affaire l!d'Ang!eterre peut n'être pas aimé, imais il doit être crainc & ménagé: qui ja fgu réduire la Ville deLondres,du jmoins ausfi fauvage, & ausfi difficile Ji ;igouverner que celle d'Amfterdam, peut bien mettre cette derniere Ville k la rai9. $ï4 Jnftuence de Ja Réw/uiïaii être en Angleterre, & m'affermira fur I le Tröne : car enfin je connais l'ancien- , ne jaloufie des deux nations 1'une contre I 1'autrc: je Jgai que le commerce a tou- | jours été la pomme de discorde entr' elles; ausfi je ne doute pas que la propofition de ruiner le commerce de Hollande, 1 ne foit agrcahlement regue en Angleter-: re, & ne réunifie en ma faveur des Au. •] gïais, auprès desquels les engagemens «troits que j'ai avec les Etats, me rendront toujours fufpeft. Vous m'alléguerez fans - doute , que la France ne manquerait pas de profiter de cé desordre 5 | & qu'enfin le malheur en retombera peut- 1 être fur moi. j'en conviendrai avec vous: I mais on facrifie fouvent la Politique k la : yengeance, & cette Couronne, qui eft peut-être moins aigrie contre les Anglais, que contre les Hollandais, qu'el- I Je rcgarde comme les inftrumens ou les moteurs de cette uerre, fuivrait peut - I .être les memmes maximes ; pourvü que d'aüleurs elle y trouvit également fon I compte. Je remets k votrë prudence la I conduite de .cette affaire. & vous re- 1 commande de vous fervir de toute votre : adrcffe pour Ia faire réusfir k mon avantage: mais furtout apprenez k connaitre le caracrère des Jlépubliques, auprès ! desquelles il faut moins emplover ladou- J ceur, que les menaces. La' première ,wye les rendant ordinairement fieres.  'Brhanniqtiefw les Prorincts-XJnïes. % i J> PSc intraitables, & 1'autre produifant un ['•cflet contraire: furtout ne recherchez i .point avec trop d'empreiTement les anus: & les Serviteürs, que j'ai en Hollande; car quelque affeclionné qu'ils me peui vent être, quand ils ne font point coniftenus dans le devoir par ma préfence, Öls font toujours Hollandais, c'eft-a-dire Républicains, ennemis du Stadhouder, & fufceptibles de 1'efprit féditieux ; des anciennes fa&ions, que vous favez mwpït pas entierement été étouffées ïdans le fang des de Witt. Ce què je :rvous dis, n'eft pas feulement fondé fur la connaiffance particuliere, que j'ai du Éfcénie de ces peuples, mais encore fur lies avis, que j'ai regus de ceux., qui.par 1devoir ou par inclination me font le plus '•laffeclionnés, qui au - lieu de détefter uri tpareil attentat, & de m'exciter a la ,;yengeance, m'invitent mollement k jfoutenir mes droits, & me font tacitejbment connaitre que Pacquiefcemeht,qüi ifviendrait de ma part, ferait plus de leur ;goüt, que 1'oppofition & la refiftance: Itant eft grand Paveuglement des peuteles, qui ont en général une averfion naturelle pour leurs fupérieurs, queljques bienfaits, & quelques fervices esjfentiels qu'ils en ayerit regus. Si votre Négotiation réuffiffait, torn|me je le defire , quoique entre nous |e n'ofe 1'espérer, parccqii'il me paO a [689.  i6Sg 316 Jnfluetice de fa RèroJution rait un concert ferme entre ces gens!k de diminuer f'autorité du Stadhouder, & ,que d'^iljeurs fe long commer.ce que j'ai en a*»'ec eux , m'ait appris que je n'y pourrais prendre que nespeu de corfiance , lors qu'il s'agiffail de leurs interets. „ Sollicitez puisfamment les Etats, de m'envoyer au printems prochain , s'il eft poffible , tin ren'fort de Troupes Hollandaifes , pour 1'employer » Ia conquête du refte d'Irlande, & reprefentez - leur vive?ment, non pas tant par rapport k moi, paree que cela pourrait leur être luspecT: , que par rapport k la guerre , dans laquelle ils font engagés contre la France & la diminution de la dépenfe. qui eft, comme vous favez ün puiiTant charme pour eux, que fans ce fecóurs, que j'offre d'entretenir k mes dépens , j'aurai peine a venir k bout de mes deiTeins , & a confommer heureufement cette entreprife. Ménagez cependant eette Négotiation avec beaucoup de délicateiïe & d'habileté : 'car fi vous témoignez de 1'empreffement, ils font affez foupgonneux pour croire, que je leur fais pette demande plutót , pour me ren? clre ma^tre de ■ leurs forces, & pour les réduire k fe foumettre k mes vo* iontéSj que pour terminer 1'expédj*  Brttanniqm fur les Pronnces'-Unies. 317 Éion d'Irlande'. Cependant, quoique j'aye pris des mefures pour tirer des Troupes d'Allemagne , je ne faurais que difficilement me paffer de celles d'Hollande; car fans cela, vu leseflörcs confidérables , que le Roy Très-chréticn fe dispofe k faire paiTer en Irlarvde, je ferais obligé d'avoir recours aux Anglais , que je n'oferais armer , non . plus que des furieux , & desquels je ne dois pas attendre plus da fidélité & d'afië&ion, qu'ils en ont témoigné au Roy Jacques mon préde'ceffeur, lors que je fuis entré en Am glecerre. Sur ce je prie Dieu, mun Coufin , &c. 20 Janvier 1690. Guillaume' III. fit 1'Eledlion, d'après la nomination faite a Amfterdam; Elle fut envoyéc en Angleterre par les Etats de Hollande; mais cette puiffante Ville n'eut pas la complaifance de remettte fes priviléges entre les mains du Roi, ce que Sa Majefté elle-même avait peut être bien prévu. L'affaire du Comte de Portland, fut terminée en méme-tems i la fatisfaétion de ce Seigneur & du Roi fon maitre. Amfterdam confentit bientót après a porter, comme k 1'ordinaire, fa part des dépenfes publiques. SesDéputés reparuren.t k 1'alTemblée des Etats de Hollande. Enfin pendant tout ie tems que vécut encore Guillaume III, ce fvi03 16 '9 La > ille :VAm' erliim le fffi" met.  iffig. li'üutorité; de Guillaume III. liiompbe a Gots & ei; Zélunds, %ï 3' Infliience dt Ja. BJpoJmion rent toujours les Etats qui lui envoye-. rent, pour 1'election desEchevinsd'Am-fterdam,. Ia. nomination formée par la Magiftrature de cette Villeau -lieu que les autres- villes lui faiiaient parvenir les leurs direótement. Cette dispute, quoique la plus importante, ne fut pas las feule qui attira alors i'attention du Roi. Stadhouder; il s'en é'.eva en mênie-ccms, une en Overyffel entre le corps des Nobles & les Etats de cette Province, zu\ fujet des impóts & autres objets de police, dont les fuir.es auraient pü deveHir- férieufes-,-. mais que le Roi termina. heureufement par une ientencerprovifoire donnée k Witbskal le. 25 du mois d'Avil dé cette année. Le defir que Guillaume HL ayait de dominer fur la République en Gouvernant PAngleterre, parut furtout k Goes en Zélande. La Régence de cette ville était divifée en deux. parcis: 1'un étaic pour le maintien & même pour Paugmentation dc 1'autorité du Roi de la Grande-Bretagne, en qualité de Stadhouder-Héréditaire de la Province, & Pautre pour ce qtPil appcllait la confervation des" Privileges & de la Conftitution Républieaine. Les deux partis , k peu - prés égaux, en forces ^ attendaient l'éleftion qui fe faifait au mois de Décembre de deux maitres de. rentespour. faire, tomber le clioU.  Éritanmque fur les JProvinces-Unies. 319 chacun fur quelqu'un des flens. Mais comme ii fe trouva fix voix pour deux fujets : & fix voix pour deux autres , il s'éleva 1, une vivequerelle*, chacun des deux partis linfiftait pour la validité de fon éle&ion; fik chacun d'eux autorifa céux' qu'il aijvaic nommés a entrer en fonttton. Le ijBailli Eversdyk qui fe trouvait a la tête i.des Stadhouderienss'adrefla d'abord'aux Etats de Zélande,' enl'uite au Roi d'Anjgleterre, fe plaignant du tort qu'on lui ilfaïiait. Le Bourguemaitre Wertervvylt | qui fe trouvait a la tête dü parti coniitraire , voulait que- 1'affaire fut décidée 3dans la Ville, & comme il s'appuyaic ij fur les Privileges & les libertés, il gaügna Ja Bourgeoifie. Le Roi Guillaume : envoya des CommiiTaires pour l'inftruiré de cette affaire ; il demandait que ile changement des Magiftrats qui dei vait fe faire le 54 de Juilliet fut diffé; ré jusqu'a plus ampleinformation. Quoi1 que Ia lettre n'arrivat que le jour ou ;devait fe faire 1'éledtion, il fut réfolut de la furfeoir. Mais le peuple asifemblé devant 1'Hotel de Ville, forga :|les électeurs & pourfuivre ce qu'ils aivaient commencé; & Péledtion fe fit ifans préjudice , fut-il dit, des droits du Comté, du Stadhouder & de la Vil! le. Le peupie fit éclater fon contentement par des démonftracions de jöie. 1 Mais a cette nouvelle le Roi ne puc O 4 16? Q.  i68g. 320 Inftuence de Ia Réyolmion modérer fa colere. II était alors a foit Camp prés de Genep; fa première ré%folution fut d'envoyer des Troupes a Goes pour y dépofer la Régence. Les. Troupes arriverent devant la. Ville le 13 du Mois d'Aoüt. A cette nouvelle le Bourguemaitre Eversdylt fit fermer les portes & toutes les avenues, & mettre ia Bourgeoifie ibus les armes. Après avoir pris ces précautions,. il fit lire les ordres du. Roi dans 1'asfemblée de ki Régence. Tous convinxent a 1'exception de deux, de donner pour réponfe qu'on aurait pour fa Majefté en qualité de Stadhouder , tous fes fentimens de refpeót & de déféremee qui lui étaient dus ; mais qu'on ne devait pas, de moindres égards aux droits & privileges de la Ville. Elle avaic ainfi que toutes celles qui votaient dans les Etats , le droit de n'être obligée a recevoir des Troupes dans fes murs, que fur un ordre des Etats de Zélande ;. que Goes en fe xendant en 1577 au Prince Guillaume, avait d'ailleurs obtenu pour condition de ne recevoir de Troupes que dans un cas de nécefiité & du confentement de la Régence qui, dans ce cas, garderaic toujours les clés de la Ville. Qu'il n'y avait aucun danger d'invafion ennemie & que i'Ifle entiere pourrait atteitec |u'il n'y avait pas eu la moindre. appa.-  Brhannïqnefur hs Propinces-Unies. 321 rence d'émeüte contre 1'autorité légitime, le payement des impóts ou le maintien de la Religion. Quant a la derniereéledtion des Regens ; elles'était faite conformément aux Loix & k Sa grande fatisfaótion de la Böurgeoifie. Jugeant en conféquence que fa Maielté s'était laiffée furprendre, ils avaient pris les précautions pour empêcher 1'eritrée des Troupes ; que les armes qu'on avait fait prendre ne feraient jamais employees , que dans le cas oü 1'on vpüdrait forcér les avenues de la Vilie; & dans un peril auffi preflant, ilsauraienc recours aux Confeillers - Committcs & aux autres bonnes Villes de Zélande , pour maintenir le droit de la Ville & pour en prevenir la ruine avec celle de toute 1'Isle du Sud-Beveland. " En communiquant cette réppnfe aux Chefs des Troupes, on leur infinua qu'ilseusfent a évacuer 1'Isie plutóc que plus tard, & qu'on leur fournirait desvivres au cas qu'ils en euffent befoin. " Les Officiers répondirent qu'ils avaient des ordres k exécuter ; ils bioquerent Ia Ville de tous les cotés & laiflerent le Soldat vivre k discrétion dans Ia Campagne. La Régence , indignée de voir le Pays en proie k des merecnairesdont une partie était k fa folde , implora le fecours des autres "Villes. Goes était ferrée fi étroitement que le Por0 5 1689.  $68g 3-22 Influence d« Ja-Mmlution-- ' Uvl dC, C,es dePó^cs fut obIi voilk ee qui m'afflige; O 7 1689;  1689. Le Bourjatnir.iciemalewyn potii pour dts né^ociations c!e p.iix avec la France. ] gaó' Infltience de la Rèvolutim mais c'eft au tribunal de Dieu que j'attends mes juges. Sa femme le conduifk jusqu'au dehors de la porce, ainfi que pluiieurs Bourgeois; jusqu'it ce mie la foldatesque fe vit forcéc de les faire rentrer a coups de baton. Westervvyk qui eroyait toucher k fon dermer moment, demanda alors ce qu'on voulait faire de lui: on va te pendre, dit un Officier Allemand qui était a la tête des fatillites; on va te pendre, ainfi que tous ces diables de Hollandais qui ofent s'élever contre le Roi. On les efcorta de la forte msqu'a ce qu'ils ftiflénthors du territoitoire de Zélande & de Hol lande. Cependant au bout de quelques années ils eurent la permiffion de revenir. Enfin a la mort du Roi Guillaume, ils furent retabhs dans leur honneur & mêmedans les charges. L'affaire de Simon van Halewyn, Bourguemaitre de Dort, fut une nouvelle preuve du fyftême adopté par Guillaume III. II était freredeCorneilieTerrcntein de Halewyn, qui avait eu laconfiance du Penfionaire Fagel & dont la nomination a la charge de Confeillcr de la Ville, avait caufé quelque dispute, par l'oppofition d'Amfterdam qui s'oppofait a ce qu'il conlérvat en même :ems la charge de Confeiller a la Cour Provinciale. Simon van Halewyn. tvait, après la bataille dc Steinkerquet  Sritattrnque fur lesPronnces-XJnm. 327 ifS.it lte voyage d'Allemagne & de SuiiTe, pour examiner 1'état des frontieres de. ce cóté,& furtout pour fonderMr. D'A- piel'ót, Ambafiadeur de France, fur Partiele d'une pacifieation générale. II eut k Soleure une conférence avec 1'ArapalTadeurV qui promit de lui faire favoir jiee que Louis XIV. avait en vnë relati;j vemen t k. la paix & aux barrières des JPays-Bas. A fon retour en Hol lande Halewyn trouva un Frangais nommé :]Robert de Piles, autorifé k lui dei mander de la part d'Amelot, k quelles 1 conditions la République voudrait faire i la paix? Du Pieffis pouffa 1'intrigue au ■ point d'ofFrir vingc mille rysdales au, i Bourguemaitre, au cas qiPil pütengager ' la Ville de Dort, k propofer aux EtatsI le plan d'une pacifieation générale. Du 1 Pieffis écrivit k cette occafion en France 1 que le plan ne pouvait être propofé avant qu'on eüt fondó les dispofitions des , efprits dans les, Provinces - Unies. IIM1 lait auparavant faire fentir k ceux qui ; tenaient les rênes de 1'Etat le danger I de la guerre adtuelle. II fallait être as- furé de quelqucs membres qui fiiTent la : première démarche & d'autres qui eus! fent le fronc de la foutenir. Les deux. I Freres Halewyn étaient les plus pro. pres k cela par leurs talens & leur : crédit. Une propolltion de Dort^ '■ en qiialitd de première Ville. votanta 1689.  1689. 328 Injluence de Ja RèvoJution dans les Etats, ferait une grande impresfion fur les autres. Du Pieffis aioutap ■ dans une autre lettre avoir anpris de Halewyn, que la flotce combinëe d'An^leterre &des Etats ferait de trente navires La négociation était dans eet état; lorsque les Confeillers-Commictés firent arrêter k la Haye quelques perfonnes fuspectes. Halewyn écrivit auffiföt une Lettre k Du Pieffis, mais en déguifant fa main, pour 1'avertir du danser Ses foins vinrent trop tard. Du Pieffis fut conduit dëvant les Deputés de la Cour; mais on ne put tirer autre chofe de fa bouche,fi*non qu'iln'avaitparléque de paix & avee perfonne autre qu'a Halewyn. Halewvn lui mêrne ne désavoua pas la correspondanee qu'il avait entretenue; mais il foutint qu'elle était légitime; puis qu'il n'avaiteu en vuëque Pintérêt de 1'Etat. II mon tra que, par fes correspondances en Angleterre, & par Ia fituation des finances de la République, la paix était ncceffaire. II affura que les Habitans de' la Grande-Breta«-ne n'avaient pas k fupporterlafixiemepartie dufardeauqui accablait les habitans de Ia République;cesprétendusalliésne cherchaient, fuiyant lui, a prolonger la guerre que pour élever leur commerce fur les ruines de celui de Hollande. Au lieu d'avoir payé les fervices qu'on venaic de leur rendrepar la révocation de 1'éditde Crom-  ■ , Britannlqm fur les Prorincts-Unies. %i<$ iwel, on avait en Angleterre mis de mouvellesentravesau Commerce des Proivinces-Unies» II foutint n'avoir eu d'ai> Itre intention dans- ces conférences que :de favoir les intenüons de la France relativement k la paix, pour les expofer ijdans le Confeil de Dort qui les proposferait pour fujet de délibéraüon dans les iiEtacs. II öfa même ajouter que quicon:que employait des moyenshonnêtes pour iprocurer k fa Patrie un avantage auffi. iprécieux que la paix, méritait des ftaïtues plutót que des punitions. II ajoufta qu'il ne craindtait jamais d'expofcr fa vie pour entreprendre une oeuvre auffiipatriotique & qu'il préférait la mort k la ; douleur de voir le bien & le fang de fes leoncitoyens facrifiés aux vues part-icu\ lieres du Roi d'Angleterre. A cette for| tle, vraiment hardie contre un Mortari que dont le nom était 'fi redoutableles ; CommiiTaires fe regarderent 1'un 1'aur Itre, firenc retirer l'accufé, & 1'ayanc i fait rentrer,. lui demanderent encore s'il , réconnidfiliit avoir prononcé ces derniéi res paroles ? Je ne fais pas, répondit le i Bourguemaitre , quelles paroles peuI vent m'ètre échappées dans la chaleur I de madefenfe-,: mais mon intention a été de dire que j'aimerais mieuxmourir que de voir imputer k crifne les eflörts tentés pour obtenir la paix. . Cette défenfe n'empêcha pas la Coui 1689.  i-68q. jRi'fTcxioiis fur Icj l"uites deral3iance avec RAngltter- tk. i i < t ( ( I S3Ö ïnfiucnce de la Rêpolution de pourfuivre cette afgwe avec la der: - nnePrnHrrgUeur- ,Halcwyn fut conduit a une pnfon perpétuelle & fes biensfurent confisqués. LeRoi Guillaume a qui S avait envoyé cette fentènee, lal'trouva trop douce pour un délit auffi' grave fuivant lui Halewyn fut transfér! au ent *M /' ^°uveftei"> d'ou. il eut le bonW,/e Ie f£!uver- 11 fe recira dans la Coio- Ou Pieffis refta dans la prifon pendant tont le tems de la guerre. i, ro'eft u',nl1 que Guillaume gouvernait h. République du fond de fon palais deWestmmften C'eft ainfi qu'un E a?J S ^S^n-terêts di^raient fouvent del n erets Britanniques, fe voyait facrifié par 1'influence du Stathouder. II eur d'autant plus lieu de gémir de cette Union, que Guillaume femblaic vouloir appefantir fur la République un jong: qu'il ne pouvait faire porter aux Anglais. De \k hu, appliqué a jufte titTe le om de Roi de Hollande & de Stathouder 3 Angleterre.- On fe ferait bien gardé ïifait Witfen, de lui faire en HollÈ es meines remontrances qu'on lui propoau lioremenc en Angleterre. II ajoutaic" [u'un grand nombre de membres de 1'Eat n'ofaient rien propofer, fans avoir ■te mfpires par lui. La République n'en prouva pas feulement les inconvéniens endant la vie du Roi Guillaume; il fut  , Britatw'ique fur lés Provinces-Unies. %l 'V fi bien 1'accoutumer k regarderies Erangais comme. d'ëternels ennemis, & les Anglais comme fes amis & alliés natuirel , que pendant longtcms- elle a. :,pu palier . pour une Province AnIgiaife. II fut toujours ja'oux de maintenir avec. la. derniere. rigueur tous Ifes droits de Stathoudermais: dans Jtoutes. les conteftations d'intérêt entre les- deux Etats-, il agit toujours en- Roi d'Angleterre.-. Grande leepn ipour, les petits• Etats de n'entrer ja, ilmais dans une affociation étroite avec de Jpuifians- voifins: c'cft 1'ünion- des aniiniaux de - la fablelelion. tir.ea.lui toute. 3a partU Ce ft ainft'que Guillaume , après avoir lutté longtems contre Padverfué, parvint peu k- peu k Gouvcrner arbitrai; rement. dans la République & fut coniferver cette dangereufe autorité jusque Ifur un tröne étranger; La rentrée des 'trois Provinces de Gueldre, d'Utrecht !& d'Overylïel dans la Confédération, lui iprocura dans fes trois Provinces une i autorité,. qu'il étendnr fi loin qu'on Paccufa dcslors d'en abufer.- Les foup! §ons augmenterent bien plus contre , lui; lors qu'on vit la manière dont il rei fufa la Souveraineté de Gueldre & d'Oi veryiTel. II ne put jamais détruire 1'idée qu'ön lui prêtait d'avoir voulu fe rendie. Souverain; Ge.fou.pgpn fut la cautë Ï689.  1689. I s ] 332 Jnfluerice de la Rêvohtiïofi des differentes oppofitions qu'il éprouva-; mais Ie róle qu'il jouair en Europe fervit encore a lui donner dans la République un credit qui fernm- la bouche aux plus hardis. A confiderer la lituation de la République , fon étendue , fes forces naturelles , "& fes intéréts de commerce, on ne peut s'empêcher de déplorer 1'aveuglement de ceux qui prétendent que i'Angleterre eft fon aliiée naturelle. Un petit Etat ne faurait être Palhé d'un puilTant voifin , avec des intéréts qui fe croifent fans ceffe. Deux nations maritimes & commercantes, de forces auffi disproportionnées que I'Angleterre & la Hollande, ne fauraient être unies , fans que la plus faible foit la vidtime de la plus puiflante; ces maximes font étemelles; & la Hollande ne pourrait être 1'alliée de I'Angleterre , que dans le cas oü 1'une ou 1'autre ferait menacée d'une.conquête. Mais dans ce cas elle eft auffi .1'alliée naturelle de la Prufle , des Pays-bas Autrichiens & même de la France. Dans se cas même I'Angleterre qui n'eft qu'une puiffance maritime ferait - elle ;n état de donner des fecours réels h ia République? Ne ferait-elle pas enpahie & fubjuguée avant que le Parienent eütconfenti auxfubfides néceffaires pour former une armee d'Auxiliaire»  Britanniquefuries Provïnces-Unies. S3S M République n'a donc d'autre aüié ■naturel que les petits Ecats interedes !a fon exiilence , comme elle Pelt a jla leur ; ou quelque grande puiilance bui par fa pofition peut faire de grands itorts a fes Ennemis & par fon eloiignement ne lui donner aucun ombra|e. EUe doit ménager les grandes Puissances , pour les avoir pour amiesdans un tems de crife & de danger: alors i'Angleterre ou la France ou 1'Autrii;che, ou la PruiTe, font fes alliees nanurelles; paria néceffitéouchacuneferait ! de feioindre aux Ennemis de fon Ennemi, 4c par la jaloufie qui fe gliffe ordinairement :.en.tre les grandes Puiffances. 1689.  1689. Influence de Guillaume III en ïurope. .~M"4 Guerrs four 7* G U E R :R E POUR LA ïtÉVOLUTION B'ANGLETERRE. Pendant que le Prince d'Orange menait au fein de fa familie & parmi fes nouveaux fujets , une vie trifte & amere , il était amplement dédommagé par le zele qu'il jouait dans les affaires de t'Europe. A la fois Roi d'Angleterre & Stadhouder de cinq Provinces des Pays-bas-Unis ,- doué des talens des Heros & des Politiques^ implacable Ennemi .de Louis XIV , il etait 1'ame de hi confédération armée contre ce Monarque. Dèsque I'Angleterre eüt accédé k 1'AUiance formée entre I'Empire & les Etats-Génératix , Guillaume donna le mouvement a toute la machine. On ne dontait pas que cette acceffion confolidée par la Révolution-, ne fit pancher la .balance du cöte des  Riyoluüon cP^ngktenre. 535 teónfédérés. Nous allons voir coranient Kies fuccès de la Guerre trompercntune 'si-partie de ces brillantes espérances. II pit vrai, que Guillaume triompha; parLee que tous, les revers de la fortune ne tpurenc ébranler 1'autorité qu'il avait fufurpée ; mais quoique la France resItituit beaucoup , elle ne laifla pas de >faire echouer le but de la confédération; MO confervant la plus grande & lameil- leure partie de fes conquêtes $z des ac, quificions qu'elle avait faites depuis les t traités de Wesphalie & des Pyrénées. ÈLa Nation Anglaife furtout s'engagea^ i avec toute la chaleur de la haine & du .reilentiment , dans la caufé commune i ue 1'Europe , pour réduire la puiffanee [exorbitante de la France, prcvenir fes lentreprifes futures & chatier fes attenttats paffés. Mais ce zéie n'étant ni ; bien conduit , ni bien fécondé par les lobftacles ordinaires dans toutes les conI fédérations, on fut ob'igé de renon- ccr aux engagemens qu'on avait pris dans la grande Alliance. Nous verrons comment les négo- ,cïations politiques, neceffairement liées, \ avec les opérations miütaires , donnei trent a cette guerre une forme toute pari ticuliere. Au miüeu de cette lig-je générale dont les mouvemens divers ne pouvaient '.être uniformes, Louis XIV" mit a pro- 1689: Opératie»* Mili.türe* .  ï68q. S"3ó Guerre pour la fit 1'activité qu'il pouvaic tircr du poavoir abfolu & de 1'unité du comman• dement. L'Allemagne, ies Pays-bas les Frontieres d'Aliemagne & d'Italie, d'Irlande & de la Manche furent a la fois le Théatre de la Guerre. Les Frangais commencerent la Campagne, en portant pour ia feconde fois, la fiamme dans le Palatinat. On avait perfuadé k Louis XIV de ravager ce beau pays, pours'en faire une barrière. Ce cruel projet ne fut que trop bien exécuté. Villes Chateaux , Villages, tout fut la proie d'un embraffement général. L'azile facré des tombeaux ne fut pas même respeclé. La Soldat les ouvrit dans 1'espérance d'y trouver de Por & jetta les cendres au vent. Cette barbarie inouie parmi les Goths & les Vandales, fouleva toute 1'Allemagne contre les Frangais. Les Frangais furent mieux contenus dans les Pays bas. Le Maréchal d'Humieres voulant pénétrer dans le Brabant, attaqua le Prince de Waldeck qui commandait 1'Armée des Etats, renforcée par des détachemens Espagnols & Anglais. Mais il fut repoufle avec perte d'environ mille a douze eens hommes. Le Marquis de Ga[tanaga forga, peu de tems après , les hgnes elevées par les Frangais prés de Sand. Le Duc de Lorraine, que les Frangais avaient chafie de fes Etats, & s'an-  Kholütiön ÏP'Angleterre. 337 ns'indemnifa paria prife de plufieurs places fur le Rhin. Le Prince de Waldeck, les battit encore k Walcourt. Maïs ces pré' lades ne furent foutenus ni far mer, ni dans les aatres campagnes de terre. L'année fuivante, le Prince de Waldeck, après plufieurs marches&contre-marches, fur. joint k Fleürus prés de Charleroi par le Maréchal de Luxembourg; fon ai le droite fut farprife en flanc; lors qa'il s'imaginait qae les Frangais marchaient k lui par un front égal k celui qu'il occüpait: cette méprife, joint k la mauvaife conduite de la cavalerie, jetta le désordre dans fon armée. Vainement fon infanterie fit des prodiges de valeur; fon armee fat mife en déroute. Huit mille prifonniers,fix mille morts,deux eens étendards, le canon & le bagage furent les marqués de cette éclatante défaite. Mais la facilité des recrues fit qu'elle fut bientót reparée par des troupes Allemandes. Ainfi les armées des deux partis fe trouverent bientót auffi fürtes 1'ane que 1'autre il n'y eut aucun engagement ces deux premières ann..'es fur le continent; mais la mer & 1'Irlande furent les théatres d'engagemens plus férieux. Louis XIV, jaloux, en fe declarant pour 1'infortuné Jacques, de foutenir la caufe de toüs les Rois, avait fait des préparatifs immenfes pour le rëtablir fur 'le tröne. II fit fortir de Brest une flot- Tom. VIII. P 169Ö. ,'a.le óc Satitry*  i6go. i g May Lr CUra LVI. 4rS. Yiftoire■N'nvïile dei JFrancois tur les An- SSS Guerre pour-la, te dc trcize vaifleaux du premier rang, pour le transportcr en Irlaneie oü les Catholiques formaient un parti qui pa.raiflait confidcrable. Les Anglais eurent ordre de cherchcr cette Motte; mais ijs nc purent la decoüvrjr que lors qu'elle était a 1'ancre dans la Baye de Bantry. LesJ'rangais dcployerent dans cette occafion tant d'expérience & d'agilité dans la.manoeuvre; que, quoiq.uc les forces fusfent k peu prés égales, les Anglais furent entierement difperfés: Ie débarquement projetté fe fit fans aucune oppofition; Ie Comte de Chateau - Renaud commandait la fiotte Frangaife; ayant pris 3 fon retour fept vaifleaux.rharchands Hollandais, il revint k Breft triomphant de 1'Angléterrc & chargé des dépouilles de Ia Hollande. Les Frangais couvrirent alors les mers de leurs vaifleaux;,ils porterent 1'audace des conquêtes jusques dans les Indes -Occidéntales. jl prirent 'St. Chriftophe aux Anglais'. Ils s'avaricerent dans la riviere de 'Surinam jusqu'au fort que protégeait cette Cojo'jrue. Ils firent plus qu' infulter 1'Isle de St. Euftache; ils s'en emparerent, ils garderent ces deux conquêtes jusqu'a 1'année fuivante, que les Anglais vinrent k bout de lés reprendre. L'année fuivante, les opérations mariümes procurerent, finon plus d'avan-  ■BJvoïution iPJingleterre. '339 tages, du moins plus de gloire encore aux Frangais. Tourville, Vice-Amiral de France & le Comte de Chateau -Re- • naud, fortirent avec quatrevingt huit grands 'vaifleaux de guerre, a la hauteur de Plimouth. Cet armement était devenu plus formidabie, paree qu'avait ajouté au premier projet le Marquis de Seignelay fils du fameux Colbert. La familie de Colbert étoit originaireffiënt d'extraclion Ecoffaife, & le Marquis étant jeune & vain , les Ecoffais qui 1'entouraient Penyvrerent de la gloire ■qu'il accquerrait, fi le Roi jacques de'vait fon rétabliffement k un des defcendans de leurs Compatriotes Seignelay "plein de cette idéé ertvoya '21 bülots & grand nombre de frégates avec la flotte, forma la refolution demonter luimême une frégatte & après que Tourville aurait défait I'ennemi, d'aller le long des Cótes d'Angteterre avec les petits vaifleaux, d'entrer dans tous les Ports, & de brüler les vaifleaux partout ou il pafferait. Le Lord Torrington était alors a Sainte Hélene avec 40 vaifleaux feulement. Car il n'etait revenu de la flotte que ce qui avait fait voile pour la méditéranée, & cette partie était bloquée a Plimouth. Ces vaifleaux qui avaient fuivi le Roi etaient encore en ïrlande, & il n'y en avait que fort peu P 8 T69O. (lnis & les Iollandai» le Cl ere. Wcrcure CEuropc-è  : ] I j 340 . Guerre pour la de 1'escadreHolIandaife qui euffent joint les Anglais : la pofition des Fran gais ne laiffa.it a Torrington nulle elpe'iance de les combattre avec fucces II afiembla un confeil de guerre oü il fut rélo.lut d'éviter unebataille,&en envoya le réfultat a la Reine. Cependanc les Frangais s'avangaient dans le Canal, & comme ils faifaient voile du cótédel'Eft Torrington les fuivait de pres, fouvent a la portee ,& fouvent bors de la portee de leur vue; mais fe tenant toujours entre eux & les cótes, pour proteger celles-ci & oter a Pennend une.partie de 1'avantage que lui donnait la fupériorité du nombre, s'il venait a livrer bataille dans un efpace étroit. La 'Reine fit part de 1'avis du confeil de guerre a 1'AmiraLRuffel, la feule perfonne dans le confeil du cabinet qui entendit les affaires de mer; fur ces entrefaites arriva la nouvelle que la flotte Était renforcée par 16 vaifleaux de plus, qui étaient venus la joindre de Hollande $c des cótes d'Angleterre. Ruffel par:it, &To,it par le mépris que les Ofkiers Anglais font naturellement de Ia narine Frangaife, foit qu'il voulüt fup3'lanter le feul rival qu'il eüt dans fon memin pour arriver au fuprême comnandement de la flotte, il fut d'avis que rornngton était affez fort pour hafar-  Rêpoïution d'Angleterre. 34 ï der une bataille; & il ne manquait pas de raifons plaufibles pour appuyer fori opinion. „ Comme la fuperiorité des „ Anglais & des Hollandais fur lesFraj„ gais, quant aux vaifleaux & aux troupes de mer, la confiance qu' avaient les „ marins dans cette fuperiorité & qui ,, faifait qu'en toute oecafion ils fe fur„ palTaient eux mêmes, & la honte qu'iüy „ aurait au nouveau gouvernement s'il „ cédait 1'empire de la mer dans fon' „ propre Canal. Selori lui les Frangais ayant quitté leur pofte a Piimouth, „ ayant paffé 1'Isle de Wight & s'avan„ cant rapidement dans le Canal, ils al-,, laient être inieflament dans la riviere „ & ébranleraient la métropole avec leur armement. Une viótoire fauvera a „ la Nation les fouiévemens &' en méme ,, tems 1'invafiön; elle fauvera les ports d'Angleterre & les vaifleaux de trans„ port qui étaient a la fuite du Roi & „ il n'y avait pas d'autre moven de fe garandr des brülóts & des" frégates „ des Frangais qui étaient encore plus redöutables que leur grande flotte. U„ ne déroute au contraire n'auraitpoint „ les fuites fatales qu'elle entraine d'or,, dinaire; parceque les Anglais pou„ vaient ailément regagner leurs ports „ & défendre encore leur pays même „ après qu'ils auraient perdu 1'honneur. P 3 169O.  i6go. i ] i 1 1 i i . | 3.4Z Guerre pour Ia • S raflïïn n trpUVanC du foulagement £ êÖ35 ^.^Sf4^ Ces ordres lui furent fignifiés prés de ■ a ia yue de ia flotte Francaifè m,i avait pnfe, n'avait ofé 1'attaquer • nnk fur les ordres qu'il regut il s'av-IncTen Pleine mer contre Pennemi qui é ïit dS Pofe a le regevoir.Sa flotte connfla t en ' 22 vaiflèaux Hollandais & 34 £mlafs L'Armral Hollandais Evertfen d'Orange, commandait i'avant- fe £ Tmp0fee de 1,escadre Hoüandai«».& Tormgton le corps de bataille- Amiraux que 1'un combattait pour h érTfi C3r Evertfen écaic jalouxPde faurer I'Angleterre une feconde fois & de aver fes compatriotes des reproches eue es Anglais leurs avaient fait den'être pas FbSrtuïï* ^ d'auPa>-avant, PoPu a bataille de la baye de Bantry. Mais 'autre fe repofant du foin de fa £ ^„ff?" de fa dignité,.fonge! q, e . faluc de fa patrie lui était contié. II ar! va deia. que tandis que Torrington s'a-.  Rivolution d* Angleterre. 343 vangait lentement & en bon ordre, Evertlën forga de voiles, palla une partie de Pavane garde de l'Ennemi lans ti- • rer un feul coup de fufil, & fe jetta au milieu déux. Par cette précipitacion il iailfa un grand intervalle entre fon escadre & cecte de Torrington qui n'arriva qu'une heure aprcs. Les Frangais remplirent auffitót ce vuide avec un grand nombre de leurs vaifleaux, féparant ainfi 1'avant garde d'avec le corps de Bataille, & une partie faifant tête a Torrington, le refte enferma d'un cóté 1'escadre d'Evertfen, tandisque que la partie de 1'avant garde qu'il avait paffe témerairement fe retourna & 1'enferma de ! 1'autre. Dans cette fituation les Frangais déchargerent toute leur furie contre les Hollandais, & fe tinrent feulement fur la défenfive contre les Anglais. Torrington voyant la fupériorité de fes Ennemis & le malheur de fes alliés, mit alors fon honneur a dégager ceux avec lesquels il ne pouvait vaincre;& après divers eflbrts,il parvint,au bout d'environ cinq heures, entre les Hollandais & le corps de bataille de Pennemi; mais s'appergevant auffitót que les vaifleaux ! dérivaient par la force des courans, il 1 jetta les ancres dans 1'efpérance de fé ; parer les flottes au cas que Pennemi né; gligeatd'imiterfonexemple. Les Frangais : ne prirent pas garde k ce qu'il avait fait, P 4 1690.  1690 - ] ( £ . f f h F !( fi u c< Cl r| n< R pa 344 Guerre pour la & les Combatrans fe trouverent iranerc^ touchure ^ 1 °P^ e» Parc^'a. 1'emfacile rf riViCrS 11 ,euF «ait plus des Lees fn,?ndre em'mè^ contre leur ^ fmre P lCnreS,aUX Jcurs- Da»s bSs S Hollandais avaient été o-, Wge? de bruler trois autres de leurs «lileaux defempares fur la cóte& £ Anglais un des leurs. SeignelaVn?viif 'u monter fur |a flot'» «n„S ? C 1'une miinHi„ 1JUC~» avant etc furpns 'embarS■ m°m-nZ 0n il al*ait 'rvertour k C°mme 11 V0U,ait fe re' J SfiW ■ hT^UF de l'-exécution de P?inr co™niqué attac ?,p ft °" Pia" a T°wville pour remi\e TT' Torrington dan* retraite avait donné ordre d'enlevcr mtes les bouées. Ces deux circoSfS? que Tourville ne fu au. n ufage de fes petits vaifleaux contre 5 ports Anglais;mais il pourfuivk 'ennu ayec fes grands vaffleaux }usqS ybay oü il s'arrêta, foit qu'i n'ofk 3 nsquer une bataille dan? mie mer  Rbolution dyAngleterre. 345 étroïte & avec un ennemJdéfespcré,foit qu'il voulüt voir 1'effet que fa viftoire allaic produire fur les amis de Jacques en Angleterre; mais comme on renchéric toujours fur les mauvaifes nouvelles, le bru'it courut qu'il s'avancait toujours. Tandis que les deux floctes fe voyaient ou fe perdaient de vue, qu'eiles s'aprochaient, fe joignaient, combattaient, on avait prèsque a toute heure a Londres des nouvelies de'leurs mouvemeris. Comme dans une grande ville ellës étaient diverfement contéës fefo'n' 1'a mémoire, 1'imagination, les craintes,lcs éfperances de ceux qui les rapportraient,cela tenait tous les efprits en fulpens & en agitation. Mais quand il fut certain que les deux flottes combinées fe réfugiaient dans la Tamile, qu'a mefure qu'eiles arrivaient, elles brulaient leurs propres vaifleaux fur leurs propres cótes pour les fauver de Pennemi, & que les Francais triomphants les pourfuivaient dans le Canal,tout le monde fut faifi d'un découragement fubit d'autant plus profond qu'on avait appris quatre jours auparavant que les Hollandais avaient été battus par les Frangaisdans une grande bataille aFleurus: car on croyait qu'enflée de cette doublé viftoire & n'ayant rien a craindre du continent, laFrance allait fondre comme un torrent en Angleterre, avee toutes fes forces de terre & de mer, & P 5 1690.  ï6go. i i t < c l Ï4Ö- Guerre pourla que I'Angleterre & Ia Holhnrf- »i, • être les viffimes de hT 7 s al'aient ' Louis & delaSues ró rSt3le amitié d^ la flotte FrJSi?e*qui Sf iltón'e de nesquelques jours aP ésPLifV ,dCS V^' dans le même abatternenc S5,es^prit* 1'incertitude qu'elle cS r" Terfel Par voyait de la^cócé dÏÏf des^ °n la vues diflèrens felon Tuolti£?T, „e prenait par raoorr *» P°Ilt]on qu'elle qu'elle avangaK ftgffii* .f*** deftiné a favorifedesrS ei,eetait leRoyaumerou f envoSr frPfllem,dans France, ou a détruir^f, S e arffléede & les vailTeaux de t aLporfofr dU Roi en Irlande, ou IdéXïrV ?aieiit Roi en Angleterre ff ,e dernier tion de chfêun 7ui lËKg91? moven- le dIik n™!? r ' comme le de Li a laPnatirPéetait^h-beauCOU? racredulité & la^S^ffifHf^ mouyemens de la mi'ir-pLZ K' Les felbng des cdtes?&Cce?;SSievé •egimens dans le Royaume n,?^ C ques ivait ordonnc de nrcffl auxquels on  Rèvohthn tf'Angleterre. g'47 dans tous les efprits, qui étaient confternés de ee que cetce Princelfe qui ne devait attendre fa defenfe que del'union de fes fujets, ne fe croyair en füreté qu'en allant vivre dans le filence & la folicude. Véritablement dans un temps gü 1'armée fe trouvait dans un pays féptfré de I'Angleterre par des mers dont les ennemis étaient les maitres; oü la flotte, le boulevard de la nation, était en fuite ou bloquée dans fes ports, oü le Roi était abfent; les rênes du gouvernement entre les mains d'une femmes dont le confeil était divifé par deux factions implacables, a la veille d'une inva(ion,avec la rebelliondéciaréedans un Royaume & pretes a éclater dans lesdeux autres; enfin avec la perfpective du retour d'un maitre exilé qui reviendraic armé du pouvoir & de la vengeanee, on peut dïre que 1'empire Anglais était ébranlé iusqu'au een ere. Huit jours avant cette- bataille Guil- s laume 111 était parti pour l'Irlande. Le K Brave Schomberg, autrefoisMaréchal det France qu'il avait quittée depuis la révocation de l'Edit de Nantes,n'avait pas été heureux dans cetce l'lsl'e. Guillaume pour mieux aflurer fes fuccès y conduific des forces plus confidérables. L'afcendant que la Majefté royale lui donnait fur les efprits,fes talens, fon art de gagner les cceurs, porterenr, les troupes-- 169 a. iccès du01 Guilnno ei» la ad^.  lógp 348 Guene pour Ja rnrP"eH.a,a^ké.qu'eI)es Avaient pas en* core dcveloppée. Jaloux de mettre la ft^ la évolution qTle Pla- le,tróner ü chercha fon beaupere.-ü n>en etai£ lu fé é * a gué. chacune des deux armées était S v C lmPaCient de combattretandis qu'il examinait le terrein Tn bout Jet de canon lui effleUra une épaule ' les Ennemis Payant vu tomber,?e cmrent mort. Cette fauffe nouvelle paffa TqUrenu France» oü !e Peuple aveK dans fa haine,luifit 1'honneurdeceXer fa mort prétendue par des réjoSnces pubhqucs. Mais dans le tems que IV mee du Roi.Jacques fe livrait-eSe mi nie k une 101e folie & indécente, Gu1laume gufait pafler la Boyne k fes TroU. pes. Le combat s'engagea d'abord avec mais'ÏnnnT"; ^ deS cóSt mais enfin 1'mfanterie Irlandaife ayant Ëdé^uT?,a"le re?e de ['''ivméQ d<<"s oui fS r -nn r°rt du vieux Schomberg qui Jut tue par fes propres Soldats nW aucunes fuites facheufes Guillaume remporta une viftoire comp e e T ra^clfi^ f L.'infortuné lacques défespe* ant de fa fortune, fe rembarqua pour nif3110^ abdi£lua"t ainfi une feconde ois un tróne, fous les débris duquel i! mrau dü s'enfévelir. üne feule S  Rtpolutiott a"1Angleterre. 34c le eut ainfi des fuites décifives, tandis. que les triomphes les plus éclatans des Frangais ne furent que des victoiresftériles. Cet événement montre, ainfi que bien d'autres, combicn ceux qui fe battent fur la défenfive, ont d'avantage fur ceux qui combattent fur 1'oiïenfive'. Les opérations militaires ne faifaient pas négliger a Guillaume les affaires politiques. II avait par ion influenee, engagé les puiffances confédéres contre la France, a former un Congres a la Have, On remarque dans l'acceilïon du Duc'de Savoye (qui fe fit le 20 Octobre 1690) une ftipuiation qu'il fit le plus grand honneur aux Proteftans eonfédérés. On lui fit promettrcderelactiertous les Vaudois qu'il tenait prifonniers pour caufe de religion, & de rendre a 1'éducation des parens lesenfans qu'on leur avait enlevés. Guillaume fe rendit lui-même k la Haye, pour y goüter a- longs traits le plaifir de voir confommer le grand ouvrage dont ii était 1'auteur, & accelerer par fa préfence, la lenteur ordinaire dans les grandes confédérations. Poui donner aux étrangers une plus hcuce idéé de fon rang, il menait avec lui la plus brillante nobleffe d^Angleterre, L'entrée publique qu'il fit la Haye k 5 Février, fut célebrée par des démonftrations de joie extraordinaires: on eüt dit que cliaque Hollandaii P 7 1690-. Coiiarès d'es confédéres h, la Haye. IÓ9I. Dumnnt Turn. VII. p. 11. 172. 275.  lógl. Mercure ifEurope Muis t(5gi. Le Clerc II. 421. XVI. l+2. i 1 i t • 1 ï 1 p d< S; fé d' de Pa ee; eéi S5o Guerre pour fa tours, ddlvr/pAnVSe' deTp S' raic augmenter cec amour,c'étair hnpr uafion feule d'avoir tm i« ,a.per" èntimens pour lui dan? « menies es V nnJii , • les compatrio5* -Sn q mo"rraic content s'il P0Uau affurer une fois leur repos. j Le Congres était compofé des eurs ae ürandebourg & dPe Baviere de; •andgraves de Heffe-DarmftTm■ £ t des Miniflres 7e toSftrf.SS' ' Jeres contre Ia France: mais le Roi Angleterre s'y feiMt rema que? na irus tous les autres paree q2'ï étai ne de ce grand corpS.H TouS ces Prin ' SR de- palfer pa"Ss ?ê emonal & de vivre fur un pied d'é-  Rholufmi d'Atigkterre. g5ï I galité; mais la déférence que tout le monde avait pour Guillaume, lui donnait I une fuperiorité réelle & une fatisfaction • I flateufe que Louis ne gouta jamais au I milieu, de fon fafte & de toutes fes pre| tentions a la preéminence. Le Roi ouvrit le congrès par un disI cours des plus éloquens que nos tems ijl modernes ayent produit. „ Les Etats de l'ti 1'Europe, dit-il, fe font livrés depuis I „ trop longtems a un efprit de divifion^ j „ d'indolence. ou d'inattennon a leurs inI „ térets particuliers;.mais tandis que les „ dangers dont la France les menace,, „ rappellent k leur fouvenir ces erreurs\„ pasfces,il leur möntre auffi.la néceffi„ té, de les réparer. 11 n'eft plus tems /„. de delibérer, mais d'agir; déja le Roi „ de France s'eft. rendu maitre de tou„ tes les fortereffes qui bordaient fon„ Royaume & qui étaient lesfeulesbar„ riéres contre fon ambition; & fi Pon „ ne s'y oppofe inceflamment, il s'em„ parera de tout le refte. Nous devons „ donc être convaincus que Pintérdt „ particulier de chacun eft compris dans „ Pintérêt général de tous» Les forces „ de Pennemi font confidérables & il , „ entrainera tout comme un torrent. „ En vain lui oppofera-t-on des plaintes, , „ & des proteftations contre 1 injufti„ ce. Ce n'eft ni des réfolutions de ; sy diétes nidesefpérancesfondéesfur dea 1691.  iöqi : < 1 I I c c S 352. Guerre pour fa „ bruits, mais de puiffimtes armées & *Ze?T Uni°" Parmi iesaihesqS " fa Surf Ur"rarrêCer Pennemi dans ja courfe. C'eft avec ces movens au'il " ïéhlVRCbet des ^® " io,n n'r°Pf' ^ fublr a i3'™* fon „ jong. Quant a moi ie n'éuanrnerni n „ monCrïdit ni mes fLces?ntm! Pe?- " *f Je Vkndrai ce P'intem f a „ tete de mes croupes vakere ou pé„ nr avec mes ailiés." p Les allies réfolurenc de mettre en campagne une armee de ph,s de"cScS hommes dont 1'Empereur, PEfpagnf fournir chacun 20000; les Hollandais S5oco; la Savoye & Mm rgeS la Jil ta Heffe ?™ n?lb/e L!e Palatinat 4Cci a Helle 8000; la buabe & laFranconié 10000; ie Wittemberg 6oco;L ege e Wombre Munster^oco &l£ -es de Lunebourg 16000. Ils convin•enc auffi fur les chefs d'une decSadon uidevait publier leur reTolution , 2e e poinc mettre bas les armes jusqu'k •e que la France eüc reftitué tout ce !& Zm PriS > fes voifins déP^s la >aix de Munster ; jusqu'a-ce que Ie Parement , le Clergé, la Nobleffe, les Vlue* c Ie peuple de France fuffent rétabS ans leurs anciens priviléges: & mscu'f Lqeie I°U1SpeÜC fait rfe« St 1 iege. Les Pnnces de 1'Europe dari  Rèvoiution a"> Angkterre. 353 : ileur imagination, mettajent déjk la main fur les objets du préraierarticle. Les Francais fe mocquerentdu fecond, foupgoni! riant des oiires qui leur venaient de la [part d'ennemis peut - être déja fourds li au mot de Liberté; & les Anglais qui (!avaient été furieux eontr-e leur dernier ijPrince pour quelqucs- politeffes qu'H i avait faites au Pape, & qui pouvaient i! avoir des fuites, virent le troifième artiijcle avec indifférence, par ce qu'il ne tirait pas a conféquence. Louis XIV. voyant 1'impoffibilité de rompre par intrigue les confeils de cette ardente conféd'ération,,ne fongea qu'a Ten prévenir les effets par la fortune de ila guerre. Pendant que les conlëdé: res combinaient lesmoyens de l'attaquerj il profitait de la faifon favorable pour faire avancer une armée formidable dans les Pays-Bas. Le Marquis de Bouflers linveftit la Ville de Mons. Louis XIV iVint en perfonne pour faire le iicge dans :les formes. A cette nouvelle Guillaume is'avanga dans le ■ Brabant a la tête de .cinquance mille hommes L'armée Franigaife n'était pas inférieure. Toute PEuirope avait les yeux fixes-fur ces deux iSüuverains ; & Pon s'attcndait que la hfivalïtié reciproque, les engagerait a fé imelurcr 1'un avec Pautre, Mais Guillaume retardé par la lenteur des AUe•mands par Pina&ion des Efpagnols» 1691. Succes des Francais 3ins les Pays-Bas,  t6gi. j i \ i ƒ a d v P g v: q r< Cl 354 Guerre pour ' la fut obligé d'agir avec circonfpedtion: & les Bourgeois de Mons forceren c la esp. nifon a capituler. Louis XIV. content d avoir mortifié ion rival en prenantune place d'auffi grande importance fous fes yeux, reprit,-le chemin de Verfailles. Guillaume ne fut pas même en etat d'empecber les Francais de rafer les fornhcauons de Halle. Le Marquis de Bqufflers s'avanga jusqu'a Liége, qu'il bombaraa, pour chatier le Prince Evéque de cette Ville , qui était entré dans la confedération. Il ferrait cette Ville :1e pres pour la forcer a te rendre: mais ï.le fut delivrée par 1'arrivée des conféterés. _ .Guillaume, revenu d'Angleter■e, ou il avak fait un courc voya°-e. ;ommandait 1'armée. II fit plufieurs' nouvemens pour attirer le Duc de Lu:embourg a un combat,- mais le Généal Frangais évita conftamment d'en^a;er une aótion. Le Roi d'Anglete?re e trouvant aucune occafion de fignaler i valeur, retourna en Angleterre. Mais peine fut il parti que le Prince de Waleek: a qui le commandement était déolui, eut un engagement avec les Troues Frangailes. L'aótion fut vive & fanlante. Les Frangais s'attribuerent la ctoire, paree qu'ils n'avaient perdif :ie 4 k 5 eens hommes & les confédé•s, mille. Ainfi finit la campagne de :tte annee dans le Continent j mais en  Rivolut'ion d'Angleterre. "355, ilrlande la fortune fut plus favorable au ;Roi Guillaume. Le Baron de Ginckel, (Seigneur Gueldrois,. commandait les' Troupes. II s'empara de Baltimcre & d'Athlone. It remporta la. viéloire éclatante d'Agrim- .fur les Francais & les Irlandais. il prit encore Limmerik, les deux plus lbrtes.places qui fufiéntaux partifans du Roi-Jacques. Ces deux'conquêtes acheverent la rédudtion de t'Irlande. Le Roi pour recompenfer ies deux Géw néraux >qui avaient" eontribué Ié plus k eet important facces,; nomma Gmci kei comte d'Atblone & Baron d'Agrim; i & Kurigny, comte de Galloway. ! Sur mer.ies Frai-gais-éviterent, comme ils. avaient fait iur terre , toute !iaftion décifive. Ils avaient furtout proij jeté d'incercepter les -noties flottes marnchandes d'Angleterre & des-Pays-Basil Unis qui revenaient de conferve de "! Smirne. Mais ils ne purent les dé1; couvrir. Jean Bart, fameux Armateur 'I Frangais deDunkerque fut plug heureux. 11 vint k bout de découvrir la flotte p'Hbllandaife qui venait de la pêche du harang, II en détruifit neuf k dix baï timens & difperfa les autres. Le Chevapfier Forbin s'empara d'ü-n des vaifleaux I de guerre qui les escortait. Les Etats, attentifs au milieu de ces •jpertes, k tout ce qui pouvait aflermir :i leur pouvoir, vinrent a bout de conclure 169I. 'Irhnda mti'erenent lou- Armatcttts-'. Fraiicai»» Mémoir. Forbin \* 314- Traité de commerce _ avccle Ruide Dane-  35Ö Guerre pour ia 169I. Dumoxt Tom. VII. Surnet tnnce i I » ] 1 ai •' 3 I J ] I ( un nouveau traité de commerce avec ie Roi de Banemark. Ce fut Gedard de Reede, Seigneur d'Amerongue qui ménagea ce traité. Ce Seigneur qui s'était fignalédans plufieurs Aroballades imPortantes dans les Cours duNord, ne furvécut pas longtems a ce traité. II était pere du Baron de Ginckel, deve. nu Comte d'Athlone, par fon merite quoiqü'en dife Burnet, qui attribue la principale gloire de la reduclion d'Iriande a Ruvigny , a Mackay & a Talmash. Nous aurions dit que les fuperftitieux Efpagnols auraienc dans le même tems offert le gouvernement des Pays-Bas au Roi Guiliaume; fi nous wions d'autre garant que ce même ustonen. L'Eleüeur de Baviere qu'ils :hoifirent en effet, était par fa reli;ion & par fes liaifons de fang avec la naifon Regnante en Efpagne, bien plus :n état de fatisfaire tous les partis. La réducnon de 1'Irlande, donna plus le facilité aux Anglais, a faire des pré«aratifs contre la France. Les Pa vs-BasJnis cbercherent également a préparer les forces confidérables fur terre & fur aer. Louis XIV, voyant par les reers efluyés en Irlande, qu'il n'y avait 'lus rien a ménager pour détróner Guiliume,fe prépara de fon cóté,a faire un rand effbrt pour rétablir le Roijacques. .omme on favait que les flottes Anglai-  Répoluiion cP Angleterre. £57 fe & Hollandaife ne fe joignaient qufau ïcommencemènt de l'été, il fit travailler. 11 avec toute la célérité poffible a des préüparatifs formidables. II comptait fur une :;fiocte de foixante & quinze vaiffeaux de Iligne. Tous les armateürs furent rap[pellés; un embargo général fut mis fur ::tous lés vaiffeaux marchands, pour fe ïprocurer des matelots; trois vaifle:i aux de transports furent loués pour con;ivoyer 1'armée de débarquement.; On avait des intelligences en Irlande & en [Angleterre; avec leur fecours & celui :des mécontens qu'un gouvernement nou.veau ne manque jamais de faire, il ne i défespérait pas de remonter fur le tróane. On ajoute que Louis XIV avait forïmé 1'infame deflein de fe défaire par un iiaffaffinat de Guillaume III; comme fi iicette lache penfée pouvait fortir de la ItéJe d'un Prince orgueilleux qui avait [trois eens mille hommes a fes ordres. (Jacques rit circuter en même tems une idéclaration pour animer fes peuple en fa j faveur. II promettait que toutes les dilignités & tous les bénéfices ecclefiaftiil'ques feraient conferés aux feuls memjbre de 1'églife anglicane. A 1'égard des 5 füretés pour les Libertés de ia Nation, fesexprefiïons,quoiqu' honnêtes, étaient !j générales & indéterminécs pour ga- gner tout le monde par 1'efpérance de i'impunité. La déclaration contenait un 169I.  1692. Fameufe Bataille de Ia Hague ; ctéfaite de ia flotte Eïancaife. 1 d 1 < l l Ê T f( 1< g >S5$ Guerre -pour la pardon général avec trés peu d'exceptions. Louis XIV, enehantc de-ce que les divifions de fes,ennemis avaiént paffe de l'irlande.a la Cour., donne ordrea Tour■ville de faire voile & de livrer bataille a Ja flotte Anglaife, afin d'ouvrir lechemin aux vaifleaux de transport qui devaient le fuivre. Mais. toutes lescirconftances devinrent fatales k la.France & ajacques. .Le contré Amiral Carter s'était tenu depuis quelques femaines avec une Escadre entre 1'isle de Gernezey & a GÖte de France qui eft vis a vis., & le Chevalier Raoul de Laval avait obfervé avec une autre, le long de la Cóte ie France jusqü'a Calais: mais Ruffel était encore dans la rivière avec legrand iqrps de la flotte, & les Hollandais n'éjaient pas encore fortis de leurs ports rourville eflaya plus d'une fois de mecre a la voile de Brest, pour attaquer es deux premières flottes; mais il fut epouffé par les mémes vents contraires, |Ui empêcherent d'Etrées de le joindre vee les douze 'vaiffeaux qui compofaient 'Escadre de Toulon. Au contraire races aux vents favorables, & k la pruence & a la' nctteté des plans forïes par les alliés, leurs quatre flottes s joigmrent a St. Héléne, & y fixerent :ur grande ftation pour défendre I'Anleterre, juftement dans le tems que  :Rbolution d3'Angleterre. $59 TTourviHe regut fes jondtion. L'on dépê:'cha des meflagers d'Angleccrre pour avertir la France du danger qui la menagair. Louis envoya contre-ordre a -Tourvillemais le contre-ordre arriva itrop. tard". Quoique Jacques eüc fair. >part a Tourville de fon intelligence «avec la flocte Anglaife & qu'il lui eüc recommandé de 1'éviter; il lui cacha une rirconftance eflencielle, mais qu'il trouvait honteufe pour un monarque, fgavoir, que Ruflel fon propre fujet Sc i.fon partifan, avait menacé de faire feu fur la flotte des alliés, quand même elle le rtransporterait dans fon Royaume. D'ail.; leurs Tourville écaic piqué d'un propos 1 deSeigneiay, qu'il croyaic interefler fon honneur; a fon arrivée en France, r.après la bataille de Beachy-Head, Seigi; nelay qui était de mauvaife humeur de I! voir fon projet favori manquer, lui reprocha de n'avoir pas brülé les Vaifleaux Anglais dans leurs Ports; & Tourville ayant marqué de la fenfibilité a ce i .reproche, comme sMl eüc accaqué fon < courage , Seignelay lui fit une excufe qui était une nouvelle infulte, en lui 1 difant qu'il y avait des gens,qui étaient 1 poltrons de tête quoiqu'ils ne 1'étaient poinc de cceur. En conféquence, animé ! par la gloire de donner un Roi a 1'An; gleterre , de procurer de 1'honneur a la . France fans danger, & par occafion de  1692. I ] i c c t f; r d & * di € S^o Guerre pour fa % lav-er de toute imputation défavoraDle, rourville rmt a |a voile dès le moment 2£i\ T - üeï ordres de combattre, P^1" de J°Ie de les avoir regus, & era? qi"es u emenc ^u'ils ne föflent révo- Les flottes Anglaife & Hollandaifc confiftaient en 99 Vaiffeaux de Ligne, & portaient avec elles plus de 7000 Canons « Plus de 40000 Hemmes. C'etait le plus grand armement naval qui eüt couvert 1 Océan. Après qu'ils eurent pris leur pofte a St. Héléne l'inquiécude redoubla, paree qu'il etait éviaent que du deftin de ces Flottes dépendaic celui de ia Nation. Comme es lecrets font rarement gardés quand Is font confiés a beaucoup de monie, il avait déja transpiré dans le deïors qu'il y avait divers Officiers malntentionnés, & ce n'était qu'un cri ans Ie public pour qu'on changêat eux qui étaient fufpecïs-, dans 1'inceritudes de fgavoir a qui donner ou öter i confiance. La Reine prit un parti sééreux, capabie de piquer la générofité e tous ceux qui avaient dé 1'honneur ; des lentimens. Elle ordonna au Lord lottingbam d'écrire a R uffel qu'elle avait ^clare ne vouloir changer aucun de fes meiers, & qu'elle attribuait les bruits ■pandus centr' eux, a la malice de fes nemis & des leurs ; les Amiraux &  Rholution d''Angleierrs. 561 I ^ies Capitaines lui firent paffer une adresI fe oü ils faifaient profeffion „ d'être prêts k mourir pour fa caufe & celle de leur < I pays" Ruflél ne la figna point, foit par I accident, foit par ce qu'il favait en fa conI icience qu'il ne pouvait manquer de tra.; hir fon ancien maitre ou le nouveau: c'eft | ,, la, dit la Reine, toujours 1'opinion \ „ de ceux qui commandent-; mais je fuis , ., bien ai'fe que cette adreffe foit venue „ pour dëtromper les autres." La Reine donna encore un trait de prudence; au i ïieu de défendre a fes fujets de lire la déI claration de Jacques, elle la fit publier ■; avec une réponfe compofée par Lloyd, f ün des fept Prélats qui avaient été en| voyés k la Tour, montrant par lk que, I bie'n loin de craindre qu'on n'examinat l fon titre, elle ne demandait pas mieux que de le foumettre a la raifon de fes i fujets. Les Officiers eurent k peine figné leur 1, 'adreffe, qu'ils demanderent inftamment , k faire voile vers la Cöte de France, les üns pour prouver leur fidélité, & lesau• tres pour ëcarter d'eux les foupgons. II fut réfolu dans un Confeil de guerre qu'on s'étendrait vers le Cap de la Hogue, ,; Le 18 Mai les flottes combinées mirent k la voile. La flotte Frangaife d'enïiron 56 vaifleaux de Ligne était alors en mer a la quê'tede la flotte Anglaife,& 1 fut découverte le lendemain k huit heu5 Tarn, VUL Q 1692. 1 ■. ■ ...1»  16.92. j 'I > ,< j | d d 3f c £< n 13! S62 G«m /tf res du matin £ enviro* fcpt Kcues de Barfleur. Comme ies Frangais étaient a plufieurs heues, marée contre vent, 11 leur etait fa.è'flë d'éviter un eiFa^e' Sm V&^°^S !CS °fficiers genéraux°conléillerenta-Tourviile de Fe retirer; mais 1 ourvilie s'elanga contre leurs avis Les mouvemens de Ru-ffel donnerent"pendant quelque tems les plus grandes efpérances i PAnnral Frangais; car la flotte de Ruflel ne fut pas en ordre iusqu'a hmt heures,il refta jusqu'a midi fes voies ployees; & laiiffa Pennemi s'avancer iusqu'a une demi-portéc de fufil avant i'arborer le paviüon du combat. Durant :et intervalle il s'éleva des doutes & Jesmquiétudes parmi plufieurs des Cantaines Anglais fur la hardiefledeTour'Ule qui ofait s'avancer avec unefi grane inégalité de force, & fur la lenteur le Ruflel. Ils regardaient autour d'eux >qur voir quand leurs Officiers éleveaient la voix contre 1'une & fautre u quand les vaifleaux les plus prés d'eux uuteraiem la ligne pour aller a Pennemi*. lourville,qui montait le«oleil Royal e 110 canons, le plus beau vaiffe'au e 1'Europe, pafla tous les Vailfeaux Hol, ndais & Anglais qu'il trouva dans fon lemin, & choififlant Ruflel entre >us, il fe rabattit fur lui, mais par la ;ception qu'on lui fit, il fut bientót mvaincu de 1'e.rreur ou il était tombé  Rêpolution cPAngleterre. ïSjj «ti imaginarrt qu'il y eüt quelque confidération fur la terre qui put faire baiffer paviilon 'k tm Amiral Anglais devant un Amitfal Frangais. Néanmóins tout certain qu'il ëtait que fa flotte était de beaucoup, Ia plus faible, il eut honte ■d'abandonner la partie oü fes Officiers 1'avaient confeillé vainement de ne pas s'engager. Honteux eux-mêmes d'abandonner leur chef, ils fe mêlerent dans l'aclion le plutot qu'ils purent, & la foutinrent finon comme des gens qui efpéraient y gagner de 1'honneur, au moins commedes gens qui ne voulaient en perdre que le moins poflible. Au bout d'une heure & demie de combat entre les deux Amiraux, Tourville fut remarquë, étant obligé de fe retirer par le dommage que fes agrès avaient foufferts; mais 5 vaisfeaux Frangais 1'ayant entouré, le fauverent. Cepcndant la bataille continuait de différents có;és avec des fuccès incertains par le grand nombre de vais* feaux engagés, qui quelquefois fecouraient ceux qui étaient en preffe &d'autrefois arrachaient la victoire k ceux qui croyaient la tenir. L'Amiral Holiandais, Almond, qui était k 1'avant-garde & qui avait regu ordre de tourner la flotte Frangaife, afin que rien n'en püt échapper, tenta inutilement d'obéiri un épais broiüllard qui s'éleva fur les 4 heures, fépara les combattans qui fe per» 1692.  .\ \ l É f; | 9 S64 Guerre pour U dirent de vne les uns les autres: en deux neures de tems le brouillard fe disfioaon remarqua que Tourville, aü lieu dé réparer fes agrès, s'était retiré k 1'arriere-gnrdev&que la ligne Francaife était rompue en plufieurs endroits. Ruflel fur que Tourville ne fe ferait pas retiré s'il n'eüt eté réfolu que fa flotte prendrait la fiiite,fit le fignal de donner la chafle de tous cótes., & fans obferver aucun ordre. Dans un des engagemens durant cette chafle, le Contre Amiral Carter fut tué. En rendant le dernier foupir, il donna ordre k 1'Officier qui commandait après lui de ne point quitter yaiireau Frangais qu'il ne 1'eüt coule k fond; preuve, ou qu'il n'avaic eu de correspondance avec le dernier Roi que pour le tromper.ou que la derniere paflion 3ans le cceur d'un Anglais eft 1'amour 3e fon pays. La pourfuite fut interrompue, comme 1'avait été l'adtion, par un ?rouillard, après par un calme, & enuite par les ténebres de Ia nuit. Durant la nuit les deux flottes ancre•ent 1'une prés de 1'autre k la hauteur les baffes cótes de France. L'impétuofié de quelques Officiers Anglais poufla surs vaifleaux parmi ceux des Francais, 1 le Chevajier Cloudsley Shoval avec 1 divifion fe~ trouvait entre 1'escadre de 'ourville & le refte de la flotte Franlife; de maniere que les vaiffeaux des  Èèvolut'ion diAngleterre. 365 Cföis nations étaient rriêlé's enfemble dans 1'obfcurité, attehdant le jour avec impatiencc, dans 1'incertitude s'ils étaient avec des amis ou des ennemis, & ne jugeant de 1'éloignemerit des autres vaiffeaux que par les iïgnaux de détres= fe qu'ils entendaient, & les Hammes des Vaiffeaux qui brülaientV Le jour étant venu, la chasfe recom» ca. La flotte Frangaife était réduite alors a 54 vaiffeaux , quatre, auxqüels le feu avait pris dans 1'acïion, ayaht fauté diirant la nuit, & le refte s'étant échappé. Ce jour il n'y eut' point d'engagement „ mais un fpeftacle beaucoup plus intéreffant; celui de la flotte Anglaife pourfuivant celle des Frangais le long de leurs propres cótes, & a la vüe d'une multitude innombrable de leurs concitoyens qui étaient fur le rivage. Les Frangais rencontrerent dans leur'fuite un escaéron frais de 16 vaiffeaux qui venaient les joindre, mais qui voyant le défaftre des leurs, prirent la fuite & partagerent une disgrace, dont ils ne pouvaient les garantir. Les brouiilards, les calmes, la marée & 1'inconftance des vents fe réunirent en un même jour pour fauver la France de lavengeance des Hollandais & des Anglais. Le gp jour le vaisfeau de Tourville, le Soleil royal & fes deux feconds, 1'un de 90 & 1'autre de 84 canons fe réfugierent avec quelqucs 1692.  1692. 3 i i 1 c I E ' t C * *i r; c d b: cc fe $6& Guerre pour Ia> frégatcs fiir la cöte de Cherbouro- & ieur exemple pres de la Boffué Le re£t>. IiTn ^usïïéri?p:ir iSm-St Comsy'd? n i °rd0nna 8* ^ principal. men?h?, r fl°,CCe' (ous le commando ment du Chevaher Jean Ashbi nou* fomt celle de Pennemi, S| e C e vaner Raoul de Layalle avec une ^ a" Domg, & fe porta lui-même avec iioe jutrc pour enfermer ceux qui ÏS la Hogue. Comme Part de nav ueP 1 ete poite depuis, Ashby n'ofa nonr ai a irarlchi de nos jours fans difficultê ACaSuexdedre & me gnndffloïfe - vaiifeaux de transport, quoiqu'il n'-ur oint d'ennemi fuvant pour fguidtkm de Lavalle. bfüla Ie lendenen les rois frega.es & les vaiffeaux a Che b0Urf eAqui ne fe fit pas fans regret de la paft «f hl? C ctaiC la magnificence-d*» * batimens réduifaienc en eet Le cinquieme jour, quelques-uns des ■ifieaux de de Lavalle & deccuxd" A- t SSi «L Pescadre de $We& fe Pre.P^ a détruireles tf£ ■aixdes ennemis k la Hogue, réduits  Rèvslution d"1 Angleterre. 367 I gfluellement k treize, paree que dans le trouble & la confufion cinq s'étaient :i échappés la veille. Tout le tems que ■ Ruflel avait laifle aux Frangais depuis I que leurs vaiffeaux s'y étaient retirés,il i'cmployercnt k fe mettre en état de les défendre; ils avaient tiré leurs vaisfeaux même dans les bas - fonds autant I: que la marde & les cab'.es avaient pu le I permettre; ils étaient couverts par les ! Forts du Liflet & de la Hogue. On avait I élevé fur le rivagc des places-formes 1 qu'on avait garnies de toute l'artillerie i de 1'armée, une quantité de chaloupes ■: remp'ies d'hómmes & d'Officiers bor1 daient les bancs de fable. Derrière était toute 1'armée Ffangaife rangée en bataille, & le Roi Jacques, le Duc de Berwick, le Maréchal de Bellefonds, Tourville & d'autres Officiers généraux de terre & de mer fe placerent entre les vaiffeaux & Parmée pour être témoins de 1'adtion & donntr leurs ordres. On prit toutes fortes de précautions excepté une que jacques fuggéra & qui était ia meiüeure. Comme il voyait ies marinsFrangais découragés par leur défaite, leur fuite, la chafle qu'on leur avait donnée & la néceiïïté de fe mettre dans un autre, il prédit qu'ils ne feraient rien de bien; & confeilla, mais en vain, de mettre k bord des vaiffeaux, des régimens & des foldats d'artillerie qui s'y battraient Q4 1692.  1692. : 3 1 I i h t c ir. Gl ii< pa gr lei 3<58 Guerre pour la „c ^ '5 1ue C0'Jt le fervice tSL ff °,CCar1ons dépendait-des ba nncer 11 i£dünna dünc «« baceaiS d'a- ™>, a aller a- 1'abordage ou de les brrt ïs ^nt ,5 & au courage de attatl"e vers -raas vaifleaux particuiiers. Ils ne fitte ufage en avanganc, que de leur ra es fans tirer fur les places-forn 4 le," oupes & les vaifleaux échoués Des i'ils eurent gagné le flanc des naviref r trois lois de grands cris de iöie *r SS ha-utes «e?aVeï irs coutelas a Ia main & plufieurs rtiê '  Rholution tAngUttrre. 369 les cordages , d'autres braquaient les canons contre les chaloupes, ies plar.esformes & les forts, Peu s'adrefferent aux • Frangais qui étaient dans ces vaftes batimens, paree qu'ils croyaient que les taiffeaux étaient lés feuls ennemis auxquels ils euffent k faire. Auffi voyaiton les Frangais fortir tranquillement d'un cöté de leurs vaiffeaux & s'en aller dans leurs bateaux, tandis que les Anglais ëtaient entrés par 1'autre & travaillaient k les détruire. Mais ennuyés enfin de faire du mal en détail, les affaillans fe réunirent tous enfemble pour mettre le feu au vaiffeaux ennemis; après quoi ils defcendirent avec les mimes cris de joïe qu'ils avaient pouffés en les abordant. II y en eut fix de brülés le premier jour; lercfte avec un grand nombre de vaiffeaux de transport & de munitions eurent le même fort le lendemain matin;. les ennemis ne faifant qu'une faible réfiftance,.paree qu'ils voyaient qu'elle était inutile. Oa fit peu de prifonniers, car les Officiers étaient dans le même préjugé que les matelots, qu'il n'y avait d'autre objet que la deftruction des vaiffeaux, & quclqucs-uns d'eux firent même des excufes au Gouvernement , de ce qu'ils s'etaient emt.a. • rafles de prifonniers. Dürant cette adtion, on dit que Jacques töcha cette genéreufe exc!am:.üon Q5 1692.  1692. . 3 < 3 ] t i 3?o Guerre pour fa eleves des navires Francais i ^ CS „ qui foient capabies d'une artK r „ brave.» Paroles qui rérarri.,2 r ,fi champ dans le camp^ng^r.ür Ie regu.es comme une offen?e?& CoL" 6nt trait d'ame refpecïabier « me un Frangais & 1^1^^^^.ics né les vaiffeaux qaht^^f^^T fté dechargés, partirent du cöce dl H vage; & les boulets paffLt Dri £ Jacques, tuerent quelqïe?lï«de qui étaient autou? deTpSfor?^ dit alors que e Ciel conihnrró; fut augmenté par une lettre de ït f * par dire „ qu'elle pS? btn Ttü ' nnfnder Pard0n' éSM , nile elle pouvaic 1'efpérer de 1 i n • f comment l„i mBSÜNfögX 9 (on rerPecl a. la Reine ='' f £ taitfiancienne qu'elle etait dat* du S ^L?ov?^ Stt*d3%$ L'nSf 16 POrCCU?-  Répolution Angleterre. 372 cceur, originairement dur, était devenu fenfible & tendre. Le Chcvalier Charles Tarleton lui difait quelque tems auparavant qu'il était honteux de ce que fon fils était avec le Prince d'Orange. „ Helas! dit Jacqucs en 1'interrompant, ,, mes filles y font bien. Ruflel ordonna dans toute la flotte des prieres & des actions de grace pour la victoire. En Angleterre, la Reine fit un préfent de goooo livres aux guns de mer, & il y eut des funérailles. magnifiques pour les Officiers, dont les corps furent portés a terre. En France, Jacques s'en alia lentement & triftement enfévelir dans 1'abbaye de laTrappe lefouvenirde fa Grandeur. Tout ce que lui & fa familie ont fait depuis, 'pour remonter fur le tröne de leurs ancêtres, n'a pas réufS, foit par défaüt de fincérité dans PamÜié de la France, ou paree que ce n'était que d'impuiffans elïörts du défefpoir. Les Armatcurs Franyais furent plus; heureux que les flottes du Roi. Ils fi- t rent une multitude de captures. Bart,! Forbin, Dugué-Trouin, portaient i'au-' dace des entreprifes dans toutes les" mers. Trois navires Frangais s'empa-; rerent au mois d'Aoüt des deux vaifleaux de guerre llollandais qui escortaient la flotte marchande de St. Ubès. Au mois de Novembre, ils atcaquerent le Q * 1692. uceès cïss> iraia- :iu's Frauais. Umoins t Forbin I. 3J7.  i6g: Les Frai £ais pre nent Na mur. & h ..' de Steinker%iie. 3?2 Guerre peur la : convoi qui venait de la Baltique & er* - en everent neuf a dix batimens La fortune avait également favoriféle* - f™*1* .¥ cerre. Louis XIV s'étS ■ ransport lui-même devant Namur la Ville fe rendit après fept iours dé tranchée; le Chateau fe défendit plus ongtems; Ie Roi Guillaume fe préfenta comme U avait fait Pannée précedente, devant Mons; 1'Elefteur Je Baviere nouveau Gouverneur des PaysBas, 1'accompagnait. Ils vouluren: fecouf r,la Place' Ils en fwent empêchés nar Ie Maréchal de LuxembouJ qui cSujrait le fiége,& par la fituaCfonqJu 5™ ïïiïl? "ni Pr°fiCf pour Ieur fe™er e paifage. Dès que le Fort fe fut rendu Louis , orgueiileux d'avoir force cette place importante, h la vue des Ennemis reprit, comme a fon ordinaire lech? mm de Verfailies; quojqu' a 1'exemplê des anciens Perfes,\ menêt a if K tout ce qui pouvait lui retracer la pompe & le luxe d'une Cour. P Le Duc de Luxembourg fut fcriffé k l* tête de 1'armée, pour oblrver Te mouvemens des confédérés. Le Roi Slaume epiait fur tout Poccafion de furprendre les Francais; il femblait défesperer de ne les battre autremencquepar une furpnfe. L'occafion s'ofFrit d'ellê jneme Une Efpion Frangais fut décoSdans fon armé* Ontefoi^X  Kènoïutïon drjfngleterre. 37$- de le faire mourir, d'écrire un faux avis au Maréchal de Luxembourg. Sur ce faux avis, Luxembourg prend des mefu,- res qui devaieat le faire hattre. Son ar. mée fut attaquée k Steinkérque, le ier Aoüt k dix heures du matin. Peu k. peu l'engagement devint plus animé; le Duc de Luxembourg, fe furpafla luimême ; & s'élevant fur la faiblesfe d'un corps débile & malade, fit des prodiges. Déjk une de fes brigades était en désordre'& les confëdérés s'étaient emparés d'une hauteur qui commandait le camp des Frangais & du canon qu'ils y avaient placé; fes troupes ralliees de tous cöcés, fidéles k 1'exécution précife des ordres donnés, pleines d'activité & de confiance vinrent trois fois a la charge ; foutenns alors les uns par les autres, ils firenc un feu fi violent, qu'une brigade , celle commandée par Fagel, fut presque entierement détruite. Les An glats furent cruellement maltraités dans ce combat; les différens Chefs des alliés s'attribuerent réciproquement le malheureux fuccès d'une bataille dont on avait congu les plusbrillantesefpérances; on convint cependant que fi les Anglais avaient été foutenus, 1'iffue aurait été bien différente. LesAnglais & la Maifon du Roi de France étaient les meilleures Troupes qui fuflent au monde. Aufli Guillaume ne put s'effipêcuer de répéter fouvent; O ma Q i [692. Le Clerti Liv. XVI 4»3-  1693. i 1 i c I c tl c 7 le le ti: dc le eu Rc vn aio qu'il commandait Cerr» ancerie» 'erent devant fes "troupes? & "a . S" on compofée de troupes Va, |lir-e" e 0uerre. Tls avaient étendu leur* lï nes entre d'Escaut & |a L™ ,mSx pees de la nier; mais le Prince de Wir nnergdenTinb°UCdC ,es forcer &" «ra Maastricht, après Zir ux eens hommes.' SdeTfuS11 i r,,m fi Précipitamment, que r S f 3"nle' ac«>urant pour délf r cette ville, arriva trop tard H t rs quelques mouvemens qui ava ent ■  I Rèpolution ufie"rs divifions, tait lurtout chargée de proté^er lè nguis, Rook, commandant une de ces ivifions, conduifaif une grande ouan ine' VerS d^erels poïsS ngée-'ladLfr0rt.Ugal & de '» Médicer- 'Tou vin? LFr3Tife' f0l,s IeCo™e ivir^c e'au nombrede quatre - vinn ehe^?COnra CeC,te divifl0n' 9^ utilemenr VOlllui ^viter, mais rïï ! vaiffeaux des Etats i rent pns après un vif comh-.i-- »Anglais fut brülé. T ente fix mii • ; niarchands tomberent au pouvoif Jes < «Wi cinquante quatre furen S-  Mnlmïon dyAttgkterrt. 377' truits. Cette perte Cut évaluée k un million de livres fterlings. Mais ce ne fut pas la feule le Comte de Tourville lespourfuivit & brüla encore plufieurs de leurs vaifleaux de guerre dans les ports d'Ëfpagne & de Portugal oü ils. S'étaient réfugiés. Le refte de la grande flotte combinée,. qui. croifait dans la Manche, perdit courage k cette triste nouvelle-, les reproches & ladésanion s'y introduifirent •, elle fe fépara fans avoir rien fait. Pour comble de malheur, la flotte Hollandaife,qui revenait de la pêche duharengfutrencontrée par trois vaifleaux de guerre Francais, affiftés d'un Armateur dé St. Malo, qui enleverent trente-hüit batimens, Depuis longtems lés Anglais &. les Hollandais avaient juré de fe vanget de la ville de St. Malo, k caufe du nombre & de Paudace de fes Corfaires qui défolaient leur commerce.. Ils formerent un armement exprès pour bombarder cette ville & même pour la détruire. Ils y envoycrent douse vaifleaux & quatre brülots, On remarquc furtout, parmi ces inftrumens de deftruCtion, une machine infernale, k peu prés femblable k. celle que 1'Italien. Giambelli avait im'aginée k Anvers,. pour détruire le pont de bois que le Duc de Parme ayait conftruit fur 1'Escaut pour s'empar sex de cette Yille.. C'était un bitir 1695. Expédi:io«! & Bombarbardiiuentcontre la France*.  '<*93 37' Guerre pour fa ment cn fovrr.e de galiotte de 90 pieds de long, chargé au fond de plus de jco • barils de poudrc, remplis de bombes, degrenades, de boulets, de gros morceaux de lèr, & de toutes 1'ortes de maneros combuftibles. II parut devant St. Malo le 26 Novembre 1693. la nuit du 30 au premier Décembre. L'air étant ferein, la mer ealtre, tls firent parnrleur fatale machine. Elle s'avanca a pltines' voiles vers la muraille oü elle devait être attachée fans être appergue. Eile n'etait plus qu'a 50 pas lorsqn'un coup" de vent la détourna & la porta fur un rocher. Le vaiffeau s'ouvrit, 1'Ingénieur qui le conduifait fe baca d'y mettre le feu;, mais 1'eau avait deja gagné les poudres du fond de cale, &c ia plus grande partie ne prit point:cependant le batiment fauta en l'air avec un fracas horrible, toute la ville en fut ébranlée, & les vitres & les croifées de plus de 3oomaifons febriferent. L'on doit rendre graces a 1'ètre bienfaifant qui veille fur le genre humain, de ce qu'il fit échouer eet attentat contre 1'humanité. Les hommes n'cnt pas befoin d'être excit'és au crime par des fuccès auffi affreux. Ce fut auffi la derniere entreprife fur mer pendant cette armee, en Europe; mais dans 1'Inde les Hollandais s'emparerent de Pondicheri le 3 O&obre. II  Rèvoluuon dTAngleterre. 3^ n'eft pas étonnant ff la République Be gique commenga % fentir le poids c cetce guerre, oü' elle n'était cnrage que pour des intéréts étrangers. El n avait pas fcuiemcnt a fouffrir de fe ermeraiss, mais. encore de fes amis. E, Je (entait wement les fuites. de ifeagt gement fi ïmprudent pour elle, d'intei fO»Ji» *00t commerce avec la Franc< ces du Nord, furtout le Danemurk & 1 fcuede. Cette derniere Puiflance fe pla: . gnait vivement qu'on eut Mg plufleur de fes navires, naviguant vers les port de France. Elle demandait hautemen reihtution. Enfin, les Etats fentant, pa ce qui pouyait arriver »■ eux -mêmes! ia jultice de ces demandes contre le pretentions tyranniques de la conféde' ration , confentirent a réparer le dommage qu'ils avaient caufé de letu L'année fuivante trompa encore lei efperances que les Puiflances maritime avaient congues fur mer. Des vaiffi d ^ngf^re,& d6S Et3tS qui ^nduifaient t J Me-diterranée une flotte marchande furent affaillis. d'une vio™, . te tempête qui en fit périr une gran. ^i™1 Anglais Wheeler,qUi la comwnuaviie de quatre-vmgt pieces de ca- 0 1- e 1693. e mi ' ■' e s 1 Dumont, VII. P. IU I 332. Bombarde* ment de plufieurs places en France. I694.  380 Guerre peur la non. Les Frangais groffirent beaucou^ cette perte , qui aflïiibliflait leurs ennemis; & ceux-ci fe confolerent par 1'idée que la France n'avait retiré au-cun avantage de cette perte, comme s'il n'eüt pas mieuxvalu, pour 1'humanité, que tant d'hommes-péris dans les flots, fufient tombés, avec leurs navires,. dans les mains d'ün ennemi dont le droit des gens aurait pu les tirer. Quoi qu'il en foit-, les Anglais& les Hollandais ne perdirent pas courage. Ils réunirent leurs confeils &■ leurs efforts pour porter un grand coup k la France. Leurs flottes fe réunirent. 11 y avait un grand nombre. de frégates légeres, de brülots, de galiotes a; bombes &. de tous les batimens alors ufités, pour porter la mort & la deftruction fur terre. Les Anglais étaient commandés par 1'Amiral Ruflel & les Hollandais par 1'Amiral Almonde. Le prélude fut d'abord heureux. On commenga par brüler trente cinq - navires marchands dans-la rade de Conquest. On fit eniuite une defcente a Cumayet prés de Breit, le 15 du mois de Juillet. Mais les Frangais qui avaient eu le tems de fe fortifier d'avance, avaient élevé des batteries & oppoferent une fi vigoureufe réfiftance, que la plus grande partie des troupes débarquées au nombre de neuf aens hommes, furent .ou taillées en pie„  TLhoWton

n combat ƒ TeS ffiS les forcer » 'Jors la Flandre Franca i> nra,e,na9e™t «ient d'entanL de^onJei dS "f* «tequi dominait iurfs"Se r  Ripoluüott (P Angleterre. petes depuis 1'Eseaut & ia Lys, jusqu'k 1'Océan. Les Allics qui fe flattaient de conquérir une Province, finirent par Iffiégc'r Uuy que le Duc de HolfteinPlocn, devenu Feld - Marchal depuis la mort du Comte de Waldeck, emporta le 20 Septcmbrc. • L'année fuivante s'ouvrit par un évéTicment qui plongea le Roi Guillaume: dans une profonde douleur. La Reine Marie fon époufe, qui gouvernait I'Angleterre pendant fes fréquentes abfences, mourut de la petite vérole le 7 Janvier, \ i'age de trente - trois ans, après un rcgne de fix ans. Quolque Guillaume eut le cceur natureUement froid & peu fenfible, cette perte ne laiffa pas de l'affefter d'autant plus vivement,que cette mort rendait fes droits k la Couronne plus incertains. Ses larmes coulerent pour la première fois. Quoique Marie ait écé généralement regrettée en Angleterre & dans les Provinces-U| nies, la poftérité aura peine k lui parrojet.. R ft 1696.  l69T te Rfi de .Fi'srce defcre fe paix. .1 ( 1 il 1 ,C I Nég oc't aftorn G O Cl A T I O N S •ET PA IX,DE RYSWYCE. T p •■ Sr? ^ S batalllcs* foutenait feul iel rcQ 3 VnTr5 1'EU1'0pe ÜSuée con" Tl r, ne/oupiraitqu'après la paix.: J n'erpérait plus de rétablir le Roi Jac- Z Pn nnbatMlre dc Moyne avait aferffli Guillaume fur le Tróne; la France! de faim au milieu dc^ feux de joie.& des^ le Deum; les recrues étaient difficiJes:; le recouvrcment des deniers public^ SS &ijincertains; les m'anufac5ture| comLées; l'argent repréfente par le pa-; ? J-UeS ,dettes de 1,£tat mulupliées par fl difficultc des emprunts; la difette des rains presque générale. Le peuple mau- ■ Uffait des vicaoires qui lui annoncaient I oujours un nouvcl impöt. Tous les or- I Ires de 1'Etat demandaient la paix & e Monarque en fenrait lui-meme la né J effité. Louis XIV, dont l'age & le put pour la piété commencait k refroiJ,r 1'ambmon, fe iaffa d'une guerre  6? paix de Ryswyck. 3^9 feui accablait fes fujets,■& dont il avait lui-même fenti de prés les inconvéniens, en fe voyant forcé de renoncer a des objets précieux pour fa magnificence. Après avoir allarmé tous fes voifins & éprouvé combien leur' crainte lui fufcitait d'ennerais, il crut qu'il fallait les raffurer pour jouir du repos qu'il cherchaic. II ne rïégligait rien pour donner du poids aux avances qu'il voulait faire, & empêcher cependant eue fes ennemis n'en abufaffent; il preffa enfuite le Roi de Suede d'offrir fa médiation, & déclara en même temps les 'conditioas auxquelles il était prêt a faire la paix; mais 1'Europe était accoutumée a le eraindre, &- plus - il donna des prcuves de modération, moins il perfuada. v Perfonne ne vouiut croire que les demarches de la Cour de France fuffent fihceres; tout le monde foupconnait iquelque piége caché fous fes offres. Lés uns croyaient qu'en fe parant d'une [Ifauffe générofité, Louis XIV ne vouUrit en effet que continuer la guerre; [qu'il feignait de demander la paix pour ilattirer dans fon parti les Puiffances neuitres & rendre odieux fes ennemis: les iiautres aceufaient ce Prince de ne chercher Ijqu'a diftraire lesaliiés des foins de ia il guerre pour rallentir leurs préparatifs. I Après avoir débauché'quelques Princes ide 1'alliance générale-, la France, felon R 3  ^97- j 3 I 1 l i i r. «3 r «r O b P p le VJ X J9@ Sfégeciafiom eux, voulait profiter de l\affoibliiïemen* des allies & les accabler féparën^nol fous pretexte de les punir du peu de casqu'ils auraient fait de fes avances YTvi,e/f0-nn.es Penferent que Louis; AlV. defirait fincérement la paix en con-elurent Ia néceffité oü étaient les allies de s'enir pius étroiteraent & de faire un dernicr eöbrt. La France, difait - on J ne vent point d'une guerre trop lon3 £ue, pendant laqueile fes Ennemis s'apiernflent, & fe font des Capitaines & les Soldats; tandis que voyant au contraire depérir fes anciennes troupes, ele eft obligée de les remplacer par delouvelles levées; elle ne veut la pai* [ue pour reprc-ndre haleine. Si vousne mnez pas entierement fon Commerce' c les finances qui font le nerf de fes )rces, elle les rétabiira promptement ••" i en les rétabliffant, elle formera de, ouvelles entreprifes contre des Princes: ui ne fe trouvcrontpas unis: ainfi la paixe produira que la guerre ,aulieu que la uerre prefente produira une paix dura-' e, fi les al-Hés lont aficz fagespour nefe is laller & ne confentir a pofcr les armes ie quand les Frangais,. inftruits par leur ■opre expérience, feront degoütés deur ambmon parleursdisgraces,ouconmcus que leurs vicloires lcs ontruinés. Louis XIV. cherchait depuis longtems ruiner la. ligue en la divifaac. IL  $ paix de Ryswych tommenga par porter ies vui» mi ig :ide Savoye. Victor Amedée, dit raiftorien de Louis XIV, étaic celui de itous les Princes, qui prenait le plütóc j fon parti, quand il s'agifftk de rompre : fes engagemens pour fes intéréts. Ce fut a lui que la Cour de France s'adreffa. Le Comte Teffé, depuis MaréI chal de France, homme habile & aima!: bïe, d'un génie fait pour plaire, qui eft j le premier talent des négociateurs, agic j d'abordfourdementaTurin LeMaréchaL I de Catinat, auffi propre ït faire la paix | que la guerre,acheva ia négociation. II | n'était pas nécelfaire de deux hommes ii habiles pour déterminer le Duc de Sa; il vbie a- regevoir fes avantages. On lui i| rèndait fon pays;on lui donnait de 1'ar1 gent,- on nropofait le mariagc du jeune | Duc de Bourgogne , fffs de Monfeigneur. ; héritier de laDouronne de France, avec fi fille. On fut bientót d'aecord: le Dut ! & Catinat conclurent le traité a notn I Dame de Lorctte, oü ils allerent iou; I prétexte d'un pélérinage de dévotior qui ne fit prendre le change k perfonne Le Pape (c'etait Innocent XII) en ■ trait ardemment dans cette négociation Son but etait de délivrer a !a fois 1'Ita He, & des invafions des Frangais & de taxes continuelles que 1'Empereur ex: geait pour payer fes armees. On vou lait que les Impériaux laifiaffent i'Itali J u9/ v Louis XIV léw.che Ic Duc de Savoye de Ja arsuide Cs- S 5 I •  ^97- I a France fait les pre- t Jüieres pro- , prifltimis 2 pour la f q Cl le ri L ee d'; pil la pli les lüt ref ra Négocmiom wnement au premier article de ceS^ 3u,1, l al»n es Efpagnols & leslmpé- ufs wfl;rnc a,ce ^ e^«i s fur h> R.hCUnKe aiors tou^s fes forrV ^i ^Rilin' & dans les Pavs-Bas"edefechon lui procura 3tól£ is le flateer de Peiuamer de ce cedels 5 fn uC£Tères ^ y &nHreta.iü is a fa bieafeatice qua celles d'ftalie AHies devaient crsindrequ'n hÏS les comerver s'ils s'opihiatraieiK-k' 'fer la paix. Cet événement procu- tlZnt ,avancages 4 * mm parrijTée de la guerre Vlkmt, elle-fe  g? paix de Ryswyck. 30§ i vit plus en état de porter ailleurs fes ef< forts contre les confédéres. Cette circon: ftance ne coritribua pas peu a leur faire nai- • ■ tre des idees pacifiques que la confiance i en leurs forces & leur union leur faifait ; rejetter. La France même, perfuadée - qü'il n'y avait pas de honte a une puis-^ i fance victorieufe de faire des avances i: pour la paix,, fut la première a- ouvrir des i; propofitions, par ia médiation de la I Snede, L'Empereur & le Roi d'Anglei: terre ayant accepté cette médiation , il I n'y eut plus de dispuce que fur le lieu 1 du Gongrès, Pour abréger'les dispütes, Louis XIV < 1 réfolut de poulTer la guerre avec vigueur. 't ï Villeroi, Boufflers & Catinat comman!l daient fon armee, Le dernier qui avaic le plus d'expérience & de talens rfut char • « géd'affiéger Ath. Oncroyait que&uiliaa:i me volerait au fecoursde la place. Mais il Ij déciara qu'il ne risquerait pas un fenl 1 hommepour fauver une ville que les Fran; cöis feraient également obliges de rendrc :| \la paix. Athcapitulalegde juin, après I douze jours de trancnée ouverte •, & ce I fut par cette conquête que nnk la campagne de Flandres. Lefiege de Barceloni ne, en Efpagne fut plus long, les Frangais réusfirent enfin as'èn emparer après cinquante-deux jours de tranchée ouverte; Mais leurs expéditions furent bien plus. brillanies fur mer. Mr. de Pointis. R 5 i6gr. Pays- as.  Trouin en. 34>ve lnfioi ^.marchan de de Bil- f?45 Negocïathns' • ■ fut chargé d'attaquer lesEfpagnols damrtej Indesoceidéntales. II commandait unees ■cadre de fept vaifleaux de guerre de t rnt, frégates & d'autresbatimens auxqueEft 1 jo:gnirent un grand nombre de ces avanturiers connus fous lenomdeBoucanierV ou Fhbuftiers. Avec leur fecours & I leurs renfeignemens,.Pointis tomba fSl Carthagene & s'en empara, ma er- u I force de ia place Sfcil'intempériedu GliÜ mat. Cette ville était le de'pot des cré' fors que les Efpagnols tintint alors du Nouveau Monde. Pointis y fit un butinl cftimé quarante millions /ruinai les or ufications & revint en'Er neeaprêsf avoir évité une escadre de vingt-quat rel vaifleaux Anglais. Pour combi! de SI heur, 'avare Francais ayant refufé aux- ; Fhbuftiers ime part proportionnée aui fervice qu'ils avaient rendu, ces brï ganas retournerent k Carthagene & la pillerent une feconde fois. Mr de Nes-I mond ne fut pas moins heureux. ii'er.. leva le «, d'Aoüt trois vaifieauxAngla^ charges de plufieurs millions. Mr jyiM 5onveu/'Prit 16 Fo.rt Ne!f0« danslj nouvelle France, après avoir pris deux vaifleaux Anglais, & en avoir coulé untroifleme k. fond. Mais aucune de ces expéditions maritimes neS pJoS hardie que celle du fameuxDugué - Trouw. Les Hollandais «tendment un-  $ paix de RyswycL 395 Ene étrit commandée par le Baron jjde Waffenaar, hómme d'une intrépiiriité peu-commune, & qui fut depuisivicc-Amiral de Hollande. Jamais Du-7 igué-Trouin, dit fon Panegyriltc, 0h jfoutinc de combat plus terrible: ce ne^1 Wat qu'après quatre abordages des plus jlfanglans "qu'il fe rendit maitre du vaisjifeau Commandant.- Tous les Officiers du iiBaron de Waffenaar furent tüés ou bleshési ^e Baron lui même eut quatre bleffures trés dangereufes;il tomba dans fon lang, & i fut pris les armes a la main. Cette victoire fut fuivitr d'une tempête & d'u-ilne nuit affreufe'^ Tout ce que 1'imagi-mation peut fe pe'indre de plus terrible,» rsV'trouva réuni. Dugué-Trouinfutmil1 le fois en danger de périr. Son premier foia 'i en arrivant au Port - Louis, fut de s'in-for'mer du Baron de Waffenaar. II cou-Jrut fur le champ lui offrir tous les fecoursI qu'il était en état de lui donner. Ayant I appris que ce brtive guerrier n'avait pasi été traité avec les égards dus a fa valeur' ij par ceux qui s'étaient rendus maitres de? fon vaiffeau ^ il congut la plus vive in~ dignation contre l'Officier qui les commandait; & quoiqu'il fut fon proche' parent, jamais il ne put fe revoir fan» un fentiment qui approchait de la haine. Lorsque lé Baron de Waffenaar fut gucri de fes bleffures, Dugué-Trouin \& > "ttrélenta-luj, même a Louis X.IY, De pqp. R- 6- homcis £* ge de Ut tï-Troisïi.f  _*fr)7 Revers de Kfiipngne. Méimires. 4* Xorry.- J I i I 59^ Mgociatio/is' reils fentimens font plus d'honncur qÜS- ■confolant de voir le merite ainfi nonoT re par les grandesamesj.tandis que, pour les ames viles & bafles,. il „4 qK objet d'envie, & pour'les ames dureï ou fnvoles un objet defatira cette guerre, la moins intérefie?,laCour d.'Efpagne,paraiiTait la plus diffidleagagner Les grands pertes qu'elle veraic de faire, contribuerent la décider," |Ue fut furtout fenfible a la prife de Barceione.Cette perte fut plus fcnfiDie au Roi, paree que cetce ville ppitale.; de. la Catalogne.,. fiïuée dans le continent de. 1'Efpagne, lui était plus comme que les- vijles de Flandres dontil ignorait l'importance au point de croire que Mons appartenait w1 Roi d'Angleterre,.& de le plaindre^ lorsque Louis.fit la conquête de cette Province, La paix,était alors d'autant plus. necelTaire k 1'Efpagne, que ce Royau-' roe etait depourvu de troupes, de. vaisreaux,.d'argent & de.coniei|. Les grands üviies entr eux,..ambitieux fans crédit iws autorité, attendaient un chan-~ üement-qu'Us envifageaient, comme proiüaim O Monarchie d'Efpagne ne fe ?utenait plus que par fon.propre poids 1 tant d'Etars dont elle était compofée «uent i'Qbjet de i'itmbition des pna^  paix da Ryswych- S97.' j cipalcs Puiflanccs de 1'Europe. ; L'Empire avait écé un des prmcipaux I théatres de la guerre-, les peuples qui ■ | avaient fouffért les ravages desarmées-: 1 F'rancaifes, voyant qu'ils n'Svaient pas < I même 1'efpoir d'être yengés,.avaient le' plus grand befoin d'üne paix qui mitfinI I tous. leurs maux. L'Empereur & les. I Princes de 1'Empire avaient donc inté-\\ rèt Jl la paix, furtout en voyant la faciI lité avec laquelie. Guillaume III. avait 1 accepté la, médiation de la Suede. lis; |i eraignaient qu'il ne les abandonnat, par Si une°paix particuliere, a la dïscrétion de :! la France. Mais les conquêtes faites par ;! la France étaient trop importantes pour !| être abandonnées au vainqueur-, & le i vainqueur encore trop puiflant pour V6> ;i eevoir la loi. Ils auraient.voulu réduiil re la France aux termes de la paix de I Munster -, ils pouffaienc 1'extravagance j jusqu'k demander 1'indemnisation des perl tes eiïlvyées. par la guerre ,.. lorsqu'ils i n'étaicnt pas mème en écat de la fori eer k rendre- fes dernieres conquêtes: Le Roi d'Angleterre , devenu paifible poffelleur du tróne Britannique, n'avait d'autre intérêt, comme Roi d'Angleter • re, que de faire reconnaitre fon titre, & ton • ao Stath Mldcr, de former dans les Pavs-Bis une barrkre füre contre la wuiUanci: préponderatue de la France. La on DtiKi ü nc ^agisfaic de rie^ ^9T- ibftinatiom eur». Inclinatie» de Giiillatt» me III pon* la paix,.  Ryswyck dioüi poin ïe lui du ' Ccngrès. 4fies S? Mém. de j Fiénipoten-^ ïiaires du . I t 1 I r c P I e: P *< I' mgociatioar ie campagne prLTe,^H™f\'™™ öciations fecréttes r% Z • né~ a Reine Régente, mere aecESxiï us par fon ambition romanesque en, Lespiémpocentiaires de P£»jg  fê'paix de RysuycL- 3§9-: reur étaient Alexandre Comte de KauMitz, Henri Jean Comte de Straatman & Jean Frederie Seigneur de Sei-lern. Les autres Princes de 1'Empire, ■ intereffés dans cette guerre, avaient auffi dépucé au Congres. Don Francisco Bernardo de Quiros,GhevalierdeSt. Jacques & Don Louis Alexandrede Stoknare, • Gomte de Mïrement.- étaient chargésdu B-oi d'Efpagne; L'Angleterre avait pour Députes le Gomte Thomas de Pembroke,le Vicomte Edouard Villiers & fe Ghevaiier Jofeph Williamfon. Ceux des Etats-Généraux étaient Antoine Heinfius, Gonfeiiier Penfionake de Hollande, Jacob Boreel,^ Ancien Bourguemaitre d'Amfterdam,Everardde Wheede, Seigneur de Dykveld & Guillaume de Haren , Grietman du Bilt. S'il ne fe fut agi que de réconcilier la France,.I'Angleterre & les ProvincesTJnies, la paix euc écé bieneót faice. Louis XIV n'avait fait aucune difficulté de reconnakre le titre du Roi d'Angleterre. II fe fondait fur le principe 3 qu'un Souverain univerfellement reconnu dans 1'Etat & poffeireur tranquille d'un pays, n'a pas befoin d'aucre titre & doit être reconnu pour te par toutes-les nations. Les ProvincesUnies ne demandaient pas des titres: ellcs foupiraient pour des avantages moin: &riUjmsr mais plus folidesj. il prami' n-ifficultë* pourgagner"  i s i 1 i n d a< "di ai d£ tc ee pe m< Cc eei sia . &r J 4CO Nêgiciations nettre un mémoire oïr H trSSwl ni Ip ffa P0Uf COndition qu'on deaic les accepter avant la fin du moi. 'Aouc. Dans ce plan le Roi ^ - , depms-ta-Paix des Pirenées L'Fm mé ]°yT-rQ 13 P^ aliait^a^: «ter Ie credit de la France h l £dSre*iflan^ -fit- i( tou ' des Si ? traverfer P;ir ^s deues qu'il favait ne pouvoir iarr*U accordées par Louis XIV j l& ifrreclamaient en conférence Pefc.  g Paix de Ryswyck.. 4°* fervation exa&e de 1'objet dé la confédération , qui etak de réduire la France aux termes des Traités de Weftphïüie & des Pyrenees. Ainfi le mois d'Aoüt fe paffa , fans qu'il fut rien terminé. Voyant que des demandes auffi exorbitantes n'etaient point écoutées , ils fe retrancherent fur- la reftkution de Luxembourg k 1'Espagne, & fur celle de Strasbourg k 1'Empirè.- . Don Francisco Eernado de Quirosétait un Mimitre trés zèlé pour les intéréts de-fon Makre, mais Don Louis Alexandre de Stokharr, Comte de Mii remond , était plus dispofé k fe laiffei ! eonduire par les impreffions du Prince | d'Orange; Quiros était infiexible a exiger que 1 Louis XIV tint k la lettre la parole l qu'il avoit donnée avant. 1'ouverture des I Conférences , de rendre toutes- les places conquifes dans ia derniere guerre I Ge Monarque , qui prévoyait qu'en cas jde rupture\ les Espagnols pourraient mettre les- Allemands en poffefiion • de Luxembourg ce qui leur donnerak in libre aceès dans la Flandre , ne vouMt rendre-ni la-Ville ni le Duchéj ij mais il offrait un équivalent que Qui 1 ros refufait toujours d'accepter. Sor 1 coliégue étoit d'un avis différent , & i la décifion de cette affaire important* :  ï6g?. ïübats de ]j France avec les Ptinces de 1'Kmpire. 4°*' Wègociatioits fut portée au Confeil d'Espagne. Elle* y occafionna autant de debats que dans le Congrès: La Reine & 1'Amirante foutenaient Quiros; mais les autres Miniftres le taxaientd'opiniatrcté, & portaient le Roi k confenrir k 1'cchange. Ce Prince, malgré fa faibleffe , reconnut la juftcffe des raifons de Quiros; & bien loin de confentir que ce" Miniftre fut rappellé comme il le demandait luirnéme, il approuva publiquement fa con» duite. Louis XIV convaincu que , s'il pouvait gagner les autres Puiffances, il ferait impoffiblc que les Allemands foutinffent feuls la guerre contre toutes fcs forces reünies, réfolut de conferver Ia Ville de Strasbourg, que les Impériaux voulaient. 1'obliger d'évacuer, & il ofFrit de donner d?autres piaces en cquivalent. Les Minillres de 1'Empereur s'étant joints a ceux de 1'Empire, refuferenc abfolument toute compenfation, paree qu'ils prëtendirent que Strasbourg etait une Ville Impériale , qu'on ne pouvait démembrer. Guillaume fe joignit aces Minillres, tant pour obliger 1'Empereur & 1'Empire, que pour avoir un pretexte de demeurer armé & d'être moins dépendant du Parlement d'Angleterre , quand il aurait feit fa paix particuliere avec la Franse, Les Minillres Frangais foutinrens.  &Paix de Ryswyck.. 403 que Strasbourg n'etait pas une Ville Impériale, mais la Capitalc de 1'Alface ; cependant ils déclarerent qu'ils confentiraient h la reftituer, pourvu que le trairé de paix fut figné avant la fin du mois d'Aoüt. Ils connailfaientaffez la lenteur des Allemands & de la maifon d'Autriche pour fgavoir que cette promefie n'auraic jamais fon effet. Le mois d'Aoüt fe pafia fans qu'il fut rien terminé, & les Miniftres Frangais déclarerent enfuite que les Allemands ne devaient plus compter fur cette reftitution: mais ils accorderent aux inftances du Baron de Lillierot & des Miniftres Britanniques de prolonger jusqu'au ao de Scptembre !a promefie de donner un equivalent, fi les Impériaux fouscrivaient la oaix dans eet espace de tempsv. Ce qu'il y eut de plus remarquable dans cette disculfion , c'éft que LouisXIV & Guillaume III imaginerent un fingulier expédient, pour ttrminer cette affaire: Les Pienipotenciaires accoutumés aux longueurs du cérémonial & des discuflions poütiques ou juridiques, furent abandonnés un inftant. On èmploya , pour gêrer leur fonction, deux hommes d'épée, que 1'on jugea moins verfes dans les fubtilités de PArt de négocier. C'était le Comte de Bouffiers , de la part-du Roi de France 1697. U Cttréil. 43*« tlSts de Is Paix de ILyswych m. 17*  I 1 J t i 1 a 1 I & t P a di P Ui 4<^4 Mgociaiiott: & le Comte de Portland, de la part-du ttoi d'Angleterre; & ce furent ces deux JNegociateursqui terminerent 1'affairedu Roi Jacques. _ Cependant le Roi de France , impa'tient des delais que les Impériaux & les Espagnols apportaient k la paix «t quelque changement dans les premières offres qu'il avait faices. Convaincu que s'il pouvait gagner les autres puiffances, il ferait 'iraDoffible que les Allemands foutinffent feuls la fuerre contre coütes fes forces reünies , ü ■ refolut de conferver la Ville de Strasburg que les Impériaux voulaient i'obli;er d'abandonner. I-e premier de Seutembre, ies Plénipoentiairesremirent keet efiet, unécritk Ambaffadeur de Suede en propofant un quivalent, pour 1'importante Ville de trasbourg. Ils n'aflignerent qu'un deii de vingt jours. Cette déclaration larma d'autant plus-les Impériaux, que échange propofé était en faveur des ■spagnols, que cette adroite politique 5 la crainte de i'avenir, rendaient plus ■aiEableSj & que i'Angleterre & la Ré■ïbhque paraifiaient n'avoir plus rien defirer, lis fentirerit tout 1'embarras ï leur fituation, au cas que i'Ëspagne, ingleterre & les Etats vinflënr k faire ie paix féparée. lis étaienc , ij 'eft c ai j foutenus par les deputés des au-  de Décembre. Ils propofaient meme , une fuspenfion d'armes. Mais les Depai tés d'Espagne, d'Angleterre & des Etats affurtrent qu'ils ne P^vaient attendre plus longtems. La République, ïbndée fur le commerce, & la Naviga- tion, avait befoin de repos , pour rentrer dans fon élément ; on luicédait une I barrière encore plus avantageufe que celle qu'elle avait avant la guerre ; 1 expériencedu paffé 1'ayait trop bien inftruite, pour qu'elle comptót fur les arméesnombreufesque lui promettaien :1e Princes Allemands. L'Espagne obtena! plus qu'elle n'avait perdue dans eet ie 'uerre. II ne s'éleva_ plus aton qu'une feule difficulté , mais affez fin 1697. mes & Mem. di 'a Paix ie itytwycf. til. S7-90. Le traité ileRyswyeS figné.j  J69T- i i( .' ■ '■( u i c c n y ti fi ei fii £( V( PJ €r dc fu; & tol te •"aSöS Wgsciat'tcrns gullere; c'était a qui des trois puïflhnces fignerait la première avec Ja France. Les Etats eommenccrenr.-; il |ime. JSfc? 2LdeASePtembre i une benfdu AleSnfr 3 tr0IS- Les Minillres Sleet reUrC,'ent dC la Saile des . Quoiquê PEmpereur & les Princes ui lui étaient attachés le vifient abanonnés par Jeurs Aliiés, & horsd'S Ie foutenir feuls la guerre , üscontinue ent encore quelque tem'ps k disputer ,our Strasbourg. Ils favaient qu'en a- 'etait U^l^ Pl3Ce a Loilis XIV , i i lil donner entrée dans les CerfeJl'Enpcalapreraiere rupture ene?L«EleaeurSdeM? ence, de Treves & de Cologne y é- a"P f,P/USlnt.éreffds' *««^ d« vofrage de leurs Provinces, & ce iurenr m*. ^ leplusde difficulS e" i e mois.d'Oclobre s'etant encore é»ule fans que les Minifires FrarLis fe relAcher ^ leur Jiffi opofition , ceux de PEmpereur K S^. ^ laiffcienc expirc? e mier délai, la France ne refufat en te d'accorder 1'équivalent propofó" ^s fignerent les articles le 30 d'Oc- ?ar Je Traité conclu avec 1'Espagne Monarque Francois s'engagea deren!  t§ Paix de Ryswyck. 407 ére k fa Majefté Catholique les places de Gironne , Rofes & Belver., ainfi que toutes les autres places conquifes par les armes de France en Gatalogne, ou en d'autres Provinces d'Espagne depuis le traité de Nimégue. La reftitution de Barcclone fut 1'objet d'un autre article, & 1'on convintenmêmetemps., qu'on remettrait aux Espagnols la Ville & le Duché de Luxembourg ; le Comté de Chiny, la forterefie de Charleroi , la Ville d'Ath , prife dans le cours de cette année , & la Ville d« Courtrai. Le Roi confentit encore pai le même traité k rendre la Ville & U Chateau de Dinant k l'Evêque de Lie ge. Suivant les articles convenus entré li France & I'Angleterre, le RoideFran ■ce promit de n'afiifter directement n ■indireftement aucuns ennemis du Rc Guillaume, & de ne favorifer en que! que maniere que ce füt lescabales, me nées fecretes, ou rébellions, qui poui |! raient furvenir en Angleterre. On 1 r rendit réciproquement ce qui avait ét pris de part & d'autre dans le coui de la guerre, & nommément la princ I pauté d'Orange, qui fut remife en entk i au Monarque Britannique. Le traité avec les Etats Généraux i: fsoncenait de même une reftitution c t t 1 e é s r  4 .1 C £ l c is c t k V « a ti Pl fii "4°8 ■Nègosiaiims tout cc qui avoit été pris de part &; d'autre; nomraément la Ville de Pondichery , dont les Hoüandais s'étaienti empares , .& le Marquifat de Bergop -zoom fut jendu au Comte d'Auvergnc, avec toutes les terres & tous les biens qui en dépendaient. II fut auffi ftipulé dans chacun de ces traités, que cclui.qui avoit été conclu i Vigevano l'année précédente avec le Ullcd^Sayoie> ferai£ confirmé par es Puifianees contraftantes , le tout ous la médiation du Roi de Suede ivec convention qu'on y comprendrait ous ceux qui ieraient nommés & aceptes réciproquement avant l'échan«e es ratifications, ou fix mois après eet change. Par le traité entre PEmpereur & Empire d'une part., & le Roi de Frane de 1'autre , onrégla que la Ville de trasbourg ft fes dependances k la «auïie du Rhin „ demeureraient k perpénté unies k la Couronne de France, % de/on cóté céda k PEmpereur les illes de Binche & Philisbouxg, ainfi ie le Fort de Keil. Les autres Forts la droitedu Rhin furent démolis, & >ur le furplus, on s'en tint aux condiJns reglées par les Traités de Wet;ahe ■& de Nimegue qui furent conmes dans tous les pointsoü il n'y était pas  Paix de Ryswyck. 4C9 |)as exprefiement dérogé par le traité de •Ryswyck. Le Roi confentit auffi k rendre au • Duc de Lorraine les Etats que fon PeTe poffédait en 1670 , avant la conquête qui en avait été faite par les arraes de la France: mais avec les conditions qu'on démolirait les Fortifications de lo nouvelle ville de Nancy , & que Je Duc accorderait le paflageaux Troupes du Roi. II n'y eut rien de plus remarquable, dans ce traité , finon que la plupart des autres Princes de 1'Europe y furent compris. II arriva, pendant les négociations ua événement qui contribua beaucoup a les accélérer. Le Tröne de Pologne vint k vaquer. L'Abbé de Polignac, depuis Cardinal , eut d'abord affez d'adreffe, pour dispofer les fuffrages en faveur du Prince de Conti, connu par les aótions de valeur, qu'il avait fakes a Steinkerque & k Nerwinde. 11 n'avait jamais commandé en Chef; II n'entrait point ;dans les confeils du Roi. Monfieur le Duc p avait autant de réputation que lui a la guerre ■; Monfieur de Vendóme en a- . vait davantage; cepcndant farenommée eflfiicait alors ies autres noms par le grand art de plake & de fe faire valoit, que jamais on ne pofféda rnieux Tont. VIII. S ilta'tre.  4IQ . Nègociations que lui. Polignac, qui avait celui de: perfuajer, détermina d'abord les efprits en fa faveur. Il balanga avec de 1'élo-' S^r? ProPeffes> i'argentqu'Augufte_ Elefteur de Saxe, prodiguaitle Prince de Conti fut élu Roi par \È plus grand parti & proclamé par le Primat du Royaume. Augufte fut élu deux lieures après par un parti beaucoup moins nombreux, mais il était Prince Souverain & puiffiint; il avait des troupes prêtts fur les frontieres de Pologne, le Prince de Conti était abfent, fansargent, fans troupes, fans pouvoir; il n'avait pour lui que fon nom & le Cardinal de Polignac. Il falJait, ou que Louis XIV Pempechat de regevoïr 1'oiTre de la Couxonne cm qu'il lüi donnat dequoi 1'emporter fur fon rival. Le Miniitere paffa pour en avoir fait trop en envoyant le Prince de Conti, & trop peu, en nelui donnant qu'unefaible Escadre &quelques lettres de change, avec lesqüels il arriva k la rade de Dantzick. Le Miniftère Frangais s'eit fouvent conduit avec cette politique mitigée qui commence les affaires pour les abandonner. Le Prince de Conti ne fut pas feulement recu k Dantzich; fes Lettres de chanee v lurent proteftées. Les intrigues du Pape, celle de L'Empereur, 1'aïgenc & les troupes de Saxe, affuraicnt déjkla Courant #e a fon rival; il revint avec la gloire  c? paix de Ryswyck. 411 d'avoir été élu. La France eut Ia mortification de faire voir qu'elle n'avaic pas afléz de force pour faire un Roi de Pologne. On dit que Guillaume III, non content de réduire un Monarque auffi orgueilleux que Louis XIV k reconnaitre pour Roi légkime celui qu'il avait traité de tyran & d'ulurpateur, avait fait propofer dans les conférences que Jacques II fut chafle de France. On ajouce que Louis XIV ne put s'empécher de montrer k cette propofition indécente, toute la hauteur de fon caractere, naturellement généreirx, & que & prospéritc rendait fier. A ce prix, au- I rait-il dit, le Roi d'Angleterre n'aura jamais la paix. Le Roi & la Reine d'Angleterre font malheureux & mes amis. Le Roi Jacques, par ia paix de Rvs - | wyck, fe voyait abandonné de tou'res les puiifances, & hors d'efpérance de j pouvoir remonterfur le tróne, a moins qu'il ne furvint quelque nouvelle révolution. Dans l'attente.de fe former quel- j que jour un parti plus fort; quand les in- j térêts de la France & de 1'Efpagne fe. raient réunis, il acquiefca aux raifons | que le Miniftre Frangais avait euespout j conclure la paix a des conditions qui lui étaient fi désavantageufes. Cependant ne voulant pas abandonner fes droits, ce Prince fit protefter k Ryswyck contre tout ce qui pourrait être fait au préiu Sa Sort de laiques [I. Barnet. Ble';noires de Maintsi non.  i i j j j 3 l § Je 4ia Nêgoctations dice de ces intéréts. Les Anglais, par: un article feeree, promirent de payer a la Reine Marie Cinquante mille livres; fterlings par forme d'appanage: mais cette promefle ne fut jamais ranplie. Le! Parlement prétendit que 1'appanage des Reines n'était exigible que par celles qui réfidaient dans la Grande - Rretagne & d'un autre cóté, Guillaume fit entendre que l'argent ne ferait donné que lors qu'elle four-nirait une quittance dans laquelle elle le reconnaitrait pour Roi d'Angleterre. On favait que jamais la Reine n'y voudrait confentir, .& elle continua a vivre a St. Germain des bienfaits du Monarque Francais, jusqu'au mois de Mai 1718, qu'elle mourut fans ivoir jamais rien recu de Guillaume. A peine les artjcles de Ja paix de Rysfv-yck étaient exécutés, que le Roi de France,, ,pour tenir les Allemands plus ;n refpeét, fit jetter les fondements du ïouveau Briffac fur la rive gauche du Ihm vis-j> vis de I'ancienne place de néme nom, qu'il ,avait rendue a 1'Em>ereur. Cette conduite excita de nouveau a jaloufie de laMaifon d'Autriche; mais ucun article du traité né s'oppofant a ette innovation, les autres Puiffances e crurent pas devoir rompre pour un bjet qui ne pouvait intéreficr que PAimagne, Xopis XIVs pour tenir,en craiate lec  c? paix de Ryswyck. 413 autres nations jaloufes dc fon pouvoir, & particuliérement pour iiitirnidcr les ■ ■Efpagnols, réfolut après la paix, d'aug- pienter fes troupes de terre & de mer, afin dc les- tenir prêtes k tout événement. Le Roi d'Angleterre,- n'étant pas abfolu dans fes Etats, ne pouvait de lui-même conferver fes armées fur pied, & le Parlement refufa de confentir k la propofition qui lui en fut faite. La ligue étant entiérementrompue, & laguerre terminée, il ne reftait plus d'autre moven pour empêcher la réufilte des grands projets de la France que d'y oppofer tous les refforts de la politique. Nous verrons bientót eombjen elle fut en défaut de ia part de PEmpereur, tant dans fa conduite envers le Roi d'Efpagne que dans le peu de ménagement qu'il eut pour le Pape, dont le crédit avait alors la plus grande influence fur les affaires de'l'Europe. II faut cependant remarquer que lcj Roi Jacques ne fut pas le feul qui prote-1 ftat contre le Traite de Ryswyck. Tous| ceux qui avaient des prétcntions fur' quelque Royaume ou'petit Etat, femblerent fe féunir pour les réclamer. Le Duc de la Trémouille, defeendant d'iine fille de Frederic, dernier Roi de Naples , protefta au fujet de fes droitsfur ce Royaume. Le Duc de Mantoue protefta son:re tout ce qui pouvait fe conclure S 3 'roteftaions coii- 1 re la pabf le Rysvyck. fllfè's de '.ct pa:x dé Ryswyck.  414 2\égcciations 1697. contre 1'indemnifation de tous les dommagcs qu'il avait efiüyés de -la guerre, quoiqu'il n'y eut pris aucunc part. La Ducheffe de BrunswykLunenbourg protefta pour la confcrva1 ion de fes droits fur deux prébendes de PEglife Cathcdrale de Strasbourg. L'Elecieur de Hanovre réclama la fuccesfion de la Princeffe Palatine, Ducheffe il'Orlcans, qui n'avait pss d'enfant. L'Evêque de Liege réclama le Duché dc 31ouillon. Le Duc de Luxembourg cxpofa les droits qu'il avait fur le Duché de ce nom. Le Prince d'Oost - Frife prolefta vivcment contre la facilité avec laquclle on avait, difait-il, contre fes droits de fouveraineté, admis la ville ü'Embden dans le traité. Procope Frangois, comte d'Egmond , renouvetla les réclamations que fon pere avait faites a la paix de Nimégue & fon grand pere a celle de Munster, fur les Duchés de Gueldre & de Juiiers, les Comtés d'Egmond , de Zutphen, de Meurs, de Hoorn, de Buuren, de Leerdam, & les Scigncurics de Malincs, d'Vflélftein, de Wcerd, d'Amcland, du Bielt, dc Beverland & d'autrcs. Mais ces proteftations n'embaraffercnt guere les Puisfances contraclantes. La France protesta contre les proteüations oü elle était ïntérefféc, & les Etats dc Gueldre contre celles du Comte d'Egmond; & tou-  £? paix de Ryswyck. 415 tes ces réclamations de perionnes qui n'écaient pas en ëtat de les faire refpecter, n'inquiétcrent pas autrement les propriétaires réels. Les Protcftans Réfugiés de Trance n'oublierent pas leurs intéréts dans le Congres, lis firent agir les Princes de leur religion pour obtenir dans la paix un article qui les rétablit dans les droits qu'ils avaient eu en France. Mais les Princes dont cette émigration & le fanatisme dc Louis XIV, faifaient fleurirles Etats, ne devaient faire que de faibles efrorts pour négocier férieufement cette libcrté dc confeience. Et Louis XIV, fe laiffant fur la fin de fes jours infecter dc la bigotterie qui retrécit ordinairemcnc l'efprit,appcfantit encore le joug de la perfccutton ■religienfe, qui augmenta 1'émigration de fes fujets qui couraient peupler & ren? forcer les Pays de fes plus ardens ennemis. Cette époque eft mémorab'.e par le voyagc que fit en Hollande Pierre Premier, iurnommé le Grand, Czar ou Empereur , de Ruffie. Ce grand Prince, qui ne for <$naii: que de grandsdeffeins,voulant donner une marine a fon Empire, & réfléchiffantqüe fes fujets encore ademi-barbares, ignoraicnt jusqu'aux élémcns dei arts néceffaires k la conftrudtion des vais feaux,réfolut de s'en inftruire parlui-mê me. II prit fa route parl'Allemagnc poui le renire en Hollande, & de !k en An S4 Efforts en raveur des Réfugiés Francais ABtsdela paix de Rystvvck lil. 512. 594' Barnet. Le fzar Pierre i : Ment eii lioilüiule.  . i t t I n £ c r; ri te a\ fé m da Ije m< de ere Ai 4-6 fögoci&iiofts cefaeuipSfrant ^^•cWakcJ ferait, comme a leur fource-même ton *oir_s»il y avait moyen d'en^erï qu'il projettait alors contre le Turc ^mpatience de Pierre I lui fit bienr£' ■uivre fes Ambafladeurs qu'il atteïïnk tquelquesjournées. II pourfuivit K e avec eux, accompagné de deux ^ 'ns grand incognito. II arrivi 1, " des R rf -t(k 3dmis a Paudie"- - aes i-tats-Generauxi mais il ne m jt pas qu'ils fcient alors parvenusPï en conclure avec eux. P Quelque ms apres le Czar s'aboucha a dSc ec le Roi Guillaume. Pendant fon iccr en Hollande qui fut de p "feu°rs M», U travailla. de fes propres a ns' ns les chantiers d'AmilerdaS a la Sne aes vaiffeaux, fans vouloiï pel ■ttre que les ouvriers, dont il éta t 'enu le compagnon, le nommaflentaüment que du nom de Pierre (Phtir) - commencement de l'Ajinée fuivante  £? paix de Ryswyck. 417" lé'Cznr fe rendic en Angleterre oüils'arrèta jusqu'au mois de Mai, De retour en Hollande, il n'y paffa qü'unc quinzai ne de jouis, & partit pour Vienne oüil comptaic faire un aifez long féjour. Mais il fe vit obligé de paffer au plus vite dans ces propres Etats,appellé par les mouvemens féditieux qui s'étaient élevés a la Cour de Moscou, par les intrigues de la Princeffe Soprue fa fosur. 11 eit vrai qu'a fon arrivée Pierre I trouva la tranquiiité rétablie; mais la plupart des coupables reftaient encore a punir: plufieurs d'entr'eux finirent leurs jours par le dernierfuplice,&l'onpretendmême que dc fes propres mains Pierre lui même abbattit plus d'une tête. Les nuages qui menacerent 1'Europe a 1'époque mème de la conclulion de la paix engagerent plufieurs Puilfances a former de nouvellcs alliances, pour écarter 1'orage prochain. Les Etats Genéraux commencerent par renouveller ies alliances t)récédentes avec la Suede par un Traité,fait a Stockholm, le 2,2 deFévrier, oü ils s'engagerent a défendreles droits 1'un de 1'aütre &-s'uniiTaientpour maintenir le repos de 1'Europe. Le Roi Guillaume accéda k ce Traité le 14 du mois de Mai. Cette alliance fut renouvclée le 23 de Janvier 1700. La paix n'était cependant pas générale alors ; ls guerre- de PEmpereur & de lés af S 5 1698'. Ouinont /II. 44°146. 446- fi'm-'al II. ^63.  Jl6q8. 418 Nègociatiom &c. lies Ie Roi de Pologne, ]e rw a Rusfie & la République de Veniff co? tinuait encore contre les TurA r panics Belligérantes étaient ce?èndw fatiguées d'une guerre onéreufe, loï gue & fanglante; le Roi GuilaumeX les Pays-Bas Unis offrirent 2medi? tion pour la ternnner; elle fut accSe" ils eurent 1'nonneur de ménage?]???' Jneux traité deCarlovvitz qui Si Jt )a Porte la meilleure moitie de c■ jXue poffedait en Europe. p£ • - elle convinc d'une paix perpltuSe ïï? la Pologne, d'une trêve de K ans avec PEmpereur & l'Emp?eg d'unl de deux ans avec le Czar ft h> ' " e «on Jimitëe avec les Venitfens ne trêVe  419 NÉG OCI ATÏONS POUR LA i SUCCESSION D'ESPAGNE. ï yn paix de Ryswyck ne rétablit la paix de 1'Europe que pour un peu de tems. Elle fut a peine fignée qu'il s'éleva de toutes parts des mécontentemens parmi les nations dont elle fenir blait rétablir le repos Les Frangais, qui avaient murmuré contre la durée de la guerre , murmurerent contre la paix. lis furent indignés que leur Monarque eut fait la paix comme s'il cüt été vaincu. Harlay , Créci, Caliieres qui n'avaient fait que fuivre les ordres du Miniftère, furent inlultés , comme s'ils avaient trahi leur patrie. On fe demandait en France , quel était le fruit de tant de batailles gagnées, de tant de fiéges beureux , de tant de fang répandu; comme fi Ljs Frangais eufient été plus heureux, au cas que la France eut été aggrandie de quelques Villes de plus. Le refte da 1698. Mécontentement de la nation Francaife fur la paix de Ryswyck,  i 1 1 t P bi •qi g( U£ &< dr 4*° Négociation: pour la lui arracher XY^ètS On*?^ lur-tout que Louis XI V pub!ia des intéréts de a guerre nri?'°CCUpö de Ia rucceffiondesgvSeU r^te que intes conquêtes devait aKrmin . rs que la conduite nafféf h!? 7 • -IV avait donnéespo^Senfr vswvrf ii^I kl-/Pacification de «fi» par des traités de parta^e fr* il rem-Ja P>«s grande partie de  SücceJJio» drEspagm. spcs fës Troupes fur pied ; pendant que I'Angleterre & les Etats faifaient une réduction confidérable dans les leurs. Mais ces- diverfes- circonftanees pouvaient être 1'èffet de ['économie Républicaine qui,. dans I'Angleterre & les iPays bas-Unis , ne pouvait tolérer la:, i dépenfe de nombreufes- arme'es qui fera1 blent effentielles a une Monarchie ab^ Jfolue, telle que la France.- D'ailleurs,. j| trois ans avant les pourparlers de paix,, 1 la France avait offert de remettre 1'afI faire de la fueceffion k- 1'arbitrage- da Roi de Suede. On fit des reproches | k Louis XIV de- n'avoir pas propofé li la conclufión de cette importante trans, affion dans la négociation de Ryswyck;j mais n'aurait-on pu faire le même re-\ proche aux autres Puiffances qui négociaient? On ne peuts'empêcher eneflef , d'avouer que ce traité s'exécuta avec une précipitation qui ne devait faire de I la paix, qu'une trêve incertaine & paslagere. On dirait que les Plénipotentiaires ne 1 furent occupés que du defir impatient i de faire pofer les armes aux Puiffances I belligérantes. Pourquoi ne fongerentj ils pas k prévenir les querelies dont la ; mort prochaine de Charles II, Roi d'Es• pagne, menacait 1'Europe ? Le fuccès . de cette démarche eut diffipé les crain■ tes-,- les haines, les foupeons qui fe réS 7 1698^ Vlouve-nens de "A ?rance. •  l6g8. < ] < l d i< jd t( ie -e de Vailfeaux e Galeres, qui tenaient, pour S :, les Ports d'Espagne bfoK■ £ . Escadre fe mit en croifiS devan? £ ^COmme fi ,es F>-angais euffenc to s'emparer de la PJotte dW gS f  Succejwn (PEspagnc. 413 ons ii fon retour des Indes. Les Anglais firent partir une autre Escadre , pour protéger cette Flotte, mais elle ■ ferait arrivée trop tard, fi la France eut cu le deflejn qu'on lui attribuait. II eft vraifemblable qu'elle 1'aurait eocécuté , fi le Roi d'Espagne fut mort mais fa fanté fe rétabüt , quoiqu'elle fut toujours très-faibie, & il n'y eut aucun adte d'hoftilité ; le projet de Louis XIV étant uniquement de tenir l'Espagne en crainte, pendant la vie de Cnarles pour 1'empêcher d'appeller PArcbiduc. Louis XIV , voyant 1'Europe prevenue contre fes deffeins , eut recours k la politique la plus fage pour Pcnchainer. Ce fut de gagner celui qui était 1'ame & le mobile de la hgue contre la France. 11 avait fuffifamment vu, par les négociations de Ryswyck, que les intéréts de Guillaume , reconnu Roi d'Angleterre, étaient bien diffeTens de ceux du Prince d'ürange, firn ple Stathouder. Son ambition fatisfaite iln'était plus auffi jaloux du Syilême di 1'équilibre qu'il avait mis k la mode & d< tous fes anciens projetsd'enlever a la Frar ce, ce qu'elle avait acquis depuis 1 paix des Pyrenées. Ce Prince, occupi ii jouir de fa fortune , n'ayant plus 1 Hiéme befoin qu'autrcfois de s'agite & de foiücver 1'Europe contre les Fran 169B. Nigociati0 is entre Louis XIV cc Guillaume 1U. i 1 i r  ï'6~o8, i < c r I v ii d di C£ d( ac PC ro m< de qm jet 4"4 Mgociatioti: pour fit XIV ie fit fonjer " ^aaon' Loui* beland, alors IminfrC°fflCe de terre a la' (SSdeSS^d attirer a fes v,IP/ " " (p°ur tmeuxPui avait confer rSfurC?uAmbaffade^ fiuenceau'üavairpn. Guillaume 1'inte de lniS^^tC°^ avec fplendeur & Skin J 6 re?ut' d'eftimc.. Le Monarnr^ , ardc marc5ues le flatterenf Z & ^ Mini^es wrt prochaine de ce Prfrc " ft '3 ;s pretendans a fa fucc^E ' & ^ ellaflent toutes lel ho\^^£e]Ienaa" < •■ Sue le Plus für moven riP n agUe-r" évenements auffi dépl^LPrev^l - convenir d'un D Z i ecait «e Monarchie, ^Znff kT dè ces pretendans une Dorren r™ x droits fur lesqS fi? ï f/Sa-tlve ««■ "6 pas rS fës deufr^ ?«» ^ France & d'£s^ï n'rCouirae tête ; n fuffiftïr „ s^ flir une M. le Dauphin fo&w ^ dV0its  Succejjioti d'Espagni 425 fEspagne , que les Pays-Bas feraient donnés a 1'Electeur de Bavière ; ce qui raffurerait les Anglais & les Hollandaiscontre les inquiétudes qu'ils- pourraieno avoir fi ces Provinces paffaient au pouvoir d'un Prince de France; enfin, qu'on donnerait k. l'Archiduc une portion en Italië, dont il aurait lieu d'être fatisfak, Torcy ajouta qu'il était k propos que ee partage fut fait avant la mort du Roi Charles; qu'il devait être réglépar I'Angleterre, la France & la Hollande, & que quand il ferait bien établi par la. ferme réfolution que ces trois Puiffances prendraient de- le foutenir, les autres, k qui 1'on en ferait connoitre Pütiüté, ne manqucraient pas de s'y conformer; ce qui terminerait cette grande affaire fans avoir recours aux armes. Le Miniftre dit encore que Louis XIV n'afvait- voulu s'en ouvrir avec perfonne, avant dc fgavoir quelle ferait le fentiment de 1'Ambafladeur ,&s'il croyait que ce plan ferait approuvé par le Roi d'An» gleterre. 1 Portland répondit que ni le Roi fon maitre, ni- les autres-Puiffances-de 1'Europe ne confentiraient pas k laiffer re- a cueillir la fucceffion d'Espagne par uti Prince de France ; mais que le meillcm jj moyen de- calmer toutes les inquiétudes ferait de donner cette fucceffion au fifs de l'Eleóteur deBaviere.,,en.faifantpour 169R  1698. I 426 Négociath/is pour la le rcfte 1'arrangement qui conviendrait le mieüx aux droits respcctifs des autres Puiflances: que comme particulier, ce projet lui plailait fort au moyen de ce changement; mais qu'en qualité de Miniftre, il fallait qu'il fit part des intentions dc la France au Roi Ion n:aitre avant que de pouvoir ricn dire de pofitif. Louis XIV , fatisfaitde la franchifedu Miniftre Britannique, lui fit remettre le projet du traité de partage, conforme a 1'ouverture qu'il en avait donné lui-même ; lui fit préfent de fon portrait fuperbcment enrichi de diamans; & Portland rctourna au mois cle juin en Angleterre auffi fatisfuit de fon Ambaffade, que lc Monaraue 1'amt été de fon féjour a la Cour de France. M. de Tallard paffa en même temps il.ondres, oü il eut plufieurs entretiens ivec Guillaume, mais i! n'y avait que Portland qui put déterminer ce Prince ur un projet qui sllait le tirer de la iranquilité dont il avait cspéré de jouir. II y trouvait des difficuftés preste infurmontables. Elles n'arrêterent ^as le Miniftre; & quoique Sa Majefté [Jritanniquc fut liée par un article fecret le la grande alliance a foutenir les pre:entions de la Maifon d'Autriche après a mert de Charles II, il eut 1'adrefie de  Succejjïon tfEspagne ' 427 1'amener par degrés a approuver le plan du traité de partage. II lui repréfenta que, pour corner ver cette tranquillité qui faifait 1'objet dc fes vceux, il devait entrer dans les vues de Louis XIV, plutót que d'irriter ce Monarque, toujours prêt a recommencer la guerre au premier fujet de mécontentement: que fon appui lui étoit néceffaire dans un temps oü le Parlement d'Angleterre était rempli de factions & do brigue, contre le gouvernement & contre la perfonne dc Sa Majefté : que ,fous le prétexte de la libcrté publique , ces fiers infulaires voulaient 1'obliger k réduire fes troupes k un tres petit nombre: qu'ils 'murmuraient hautcment dc ce qu'on avait confervé les Gardes Hollandaifes & les autres Soldats étrangers; qu'il y avait dans le Royaume "une multitude d'esprits inquiets, toujours dispofés a fe déclarer en faveur de Jacques, s'il furvenait quelques nouveaux troubles: s'il rejettait la propofition de Louis XIV , ce Monarque pourrait s'en venger par quelque irrnption foudaine en faveur du Roi détróné, & porterait de cc cóté toute les forces de terre & de mer, que la paix de Ryswyck laisfait fans occupation ; qu'il était donc du plus grand intérêt de fa Majefté d'acquiefcer aux vues de la France, & que 1698.  1698. Premier Traité de partage de la Monarchie Espafnole. 42 8- ISftgociatic/is pour: & e'était 1'uniquemoyend'afïürer fon repos & celui de fes Etats. Rien n'était plus Gaptieux que ces raifons,puisqueleTraité de partage eonclu fans le confentement- de PEmpereur & de 1'Empire , pouvak plonger 1'Europe entiere dans une guerre auffi longue & auffi fanglante qu'aucune des précédentes , bien loin d'entretenir la tranquillité que Guillaume avait en vue; ccpendant elles eurent tant de force fur 1'esprit de ce Prince; ou plutöt , il fuivit fi aveuglement les confeils de Portland , qu'il' embraffa ce projet avec autant ü'ardeur que fon favori. II ne reftait plus qu'k le faire agreer aux Etats - Généraux. Guillaume paifa au mois de Juillet a la Haye, obtint leur confentement après queiques difficultés, & chacune des trois PuiiTances ayant nommé fes Plénipotentiaires respeclifs., le Traité de partage fut figné en cette ville le 11 d'Oétobre. Ce Traité congu en 15 articles , non compris les articles fecrets , portalt en fubftance , que, pour maintenir le bien public, tviter la guerre entre les prétendans a la Monarchie d'Espagne, & empècher la réunion de différents Etats fous un même Prince , le Roi de la Grande-Bretagne, ie Roi Très-Chn'r;tn & les Seigneurs Et.its-Généraux des  Succejfwn PEspagnt. 429 Provinces-Unies, avaient donné leurs pleins pouvoirs au Comte de Tallard pour la France, au Comte de Portland & a Sir Jofeph Williamfon pour I'Angleterre & a nuit Plénipotentiaires dénommés pour les Etats - Généraux: qu'ils étaient convenus que fi le Roi Catholique, Charles II, mourait fans enfans, la maifon Royale de France fe contenterait des Royaumes de Naples & de Sicile, des places dépendantes de la Monarchie d'Espagne fur les cótes de Toscane ou Isles adjacentes, comprifes fous le nom de San-Stephano portoHercolé , Orbittello - Telamone , Porto Longone & Piombino4 de la Ville &du Marquifat de Final fur la riviere de Génes & de la Province de Guipuscoa avec les Fortereffes de Fontarabie & de St. Sébaftien en Espagne; le Dauphin renongant, tant pour lui que pour fesenfans nés & a rraitre a toutes autrëfs prétentions fur la Monarchie Es< pagnole.; que le fils ainé de l'Elefteur de Bavièrc aurait pour fa part tous les autres Royaumes, Isles & Etats de cette Couronne, a 1'exception du Duché de Milan, qui ferait donné a 1'Archiduc Charles, fils de PEmpereur, avec la condition que toute la Maifon Impériale renoncerait aux prétentions qu'elle pourrait avoir fur les autres pays cédés •ti la Frasce & au Prince Electoral: que  i6q8. t * t r fi ï V fi ri Si k tr 43° Négociation: four la XLm£*n^ pFmpereur & teur de Baviere, a qui l'on communies &'d^'< de ^ " Ro Vïc SU1^r' a!ors lesde^ Kois, & les Etats-Généraux emnêche- raent ie Prince, fils ou frere 2tl fant de_ fe mettre en pofleffion de la part qm lui était affignée. Mais qu'elle demeurerait entre les mains d'unV- e ?nZU Q 3Utres' p0Llr enadminiftrer Ie Gouvernement au nom du Roi d'Espagne, lans qu'aucun des Princes (ut S FnrfC !mrer en ioulffim f des.' iits Etats, méme après la mort du Roi karles, qu'au préalable il n'eüt fak? •enonciation aux Etats affignés aux au- rSref'; LeS tro5s ^^col ■ feng3Sere«t réciproquement foutemr de toutes leurs forces 1'éxéution de ce Traité, contre quiconque oudrait y apporter du trouble nn ™ .mpêcher 1'erTet. On a ou a Pou ar Kies fecrets que pendant la minSédu" nnce de Bavière, l'Elenut Tuteur & Curateur de ce jeune nnce, & aurait 1'adminiftration duÏÏf ornement des Etats qui luiTalen?as' l"t^"" rque fi ie fils venSkmou! r 1'Eieaeur fuccéderait a fa quafité de Juverain des mêmes Etats, tam pou? ique pour fes autres filsWs &S Tel fut le fameux Traité de partage ,  Suecejpoti d'Espagne. 431 'qui, fuivant plufieurs Auteurs, ne poujvait jamais avoir fon éxécution. Mi'on jen croit le Dodteur Burnet, il tenait Ide la propre bouche de Guillaumequ'en jfaifant ce Traité, il avait toujours pen|fé que les autres Princes, particulierejment ceux d'Italie & le Duc de Savo- ye, ne fouffriraient pas que la France •fe mit en poffeffion de la part qui lui j était affignée. II eft difficile de pénéjtrerdans les replis du cceur des Prinjces politiques, mais il parait hors de i raifon de croire que Guillaume & le Penfionaire Heinfius, qui dirigeait les 1 réfolutions des Etats-Généraux, fe fus;| fent engagés k foutenir de toutes leurs |l forces unTraité qu'ils auraient régardé ; comme illufoire. On doit penfer que [ Guillaume agit de bonne foi , ainfi I que les autres Puiffances contra&antes, ; & qu'il n'eut en vue que d'aflu- rer fa tranquiilité , quoique cette voie fut bien éloignée de la lui faire obte- nir. Toute 1'Europe fut frappée d'éton1 nement en voyant Louis XIV & Guillaume III, réunis pourdécider, ainfi k deltin des Etats & réglerle partage d'ur Royaume fur lequel ils n'avaient aucus 1 droit. La politique de ces deux grand; ! Monarques , fe rendant par leur U; nion, les arbitres de 1'Europe, alarmail I fur-tout la maifon d'Autriche. On étaii 1698. Réfléxions^ furce traité. : Tor?  1698. ■i } % I 4 x e I 1' c d I k fo la pi la Nêgocïathn: pour 7» cependantfur prisde-ce quele Roi TrèsUiretien confentait a recevoir pour Ia pare -deTon fils les Royaumes de Naples iz de Sicile, dont il était fi racilede lui ■empecherl'accès,oude le dépouiller ala première guerre que lui fufciteraient fes ennemis L'article fecret qui donnait 1'Espagne, & fes dépendances a 1'Eletteur de Bavière, fi fen fils mourait, étaicencore plus fmgulier. Le pere avait a la verité des droits éloignés, par fa mere Hennette Adelaïde de Savoie, petite Slle de Catherine d'Autriche , fille du Roid'Espagne Philippe II; maisil n'auraitpulegitimement les faire valoirqu'aa lefeut de la maifon de Bourbon, decele d'Orléans-, de celle d'Autriche & de :elle de Savoie, qui était plusproche par e lang & qui n'auraient pas abandonné lé. :erement leurs prétentions. Quelles que fuflent les vues éloignées e la France , en concluant -ce Traité He réufiiffait pour lors dans fon princial objet , qui était de défunir abfomient les membres de la grande allian2 & de faire craindre aux Lspagnols le emembrement de leur Monarchie Le >uc de Bavière renoneant dés ce moment ' fon ancien attachement pour la mafn d'Autriche, s'unit cPintérêt avec France & devint par la fuite un des fcmUkFrCUX cnnemiïde Le°Pold & de La '  SucceJJbti d'Ëspagnt. -4*3 La msniere dont h France, I'Angleterre & les1 Etats- Généraux avaient dis pofé de la Monarchie Espagnole, ne fut pas longtems un fecret. Le Marquis d'Harcourt, Ambaifadeur de France k Madrid , hoirrme également propre "aux affaires & aux 'comb'ats , ne fit aucune difiiculté d'en laiffer transpirer la 'teneur. Mais les Frangais avaient foin en même tems de répandre le bruit que le plan avait été drefle & propofé par le Roi Guillaume.' Harcourt, attentif k la maniere , dont cette nouvelle ferait regue k la "Cour de Madrid, fe préparait k diriger fa politique en conféquence. Le Roi d'Espagne fut finguiierement furpris d'apprendre qu'on démembrait fa fucceffion d'ès fon vivant. Quoiqu'il eüt 1'esprit faible au point de s'être fait exorcifer pour arrêter ï'ascendant prétendu magique qu'on avait fur lui, il fentit un refte de fierté fe révolter. II réfolut de faire ëehouer par une dispofition teftamentaire, les projets de ceux qui partageaient fa depouille. On dit qu'il ne put s'empêcher de faire alors eritendre ces paroles : Tout Traité efl nuly tant que Dieu ne Pa pas Jigné. ■Pour renverfer en même tems lës( prójecs des faifeurs de partage, le RöiJ fit aflémbier fon Conféil & dit qu'apfèsr' avoir pris 1'avis des üniverfnés & desv Tom. vin. ;r p Politique de Ia Franpour aI armer l'Espagne. Torcy I. 42. 4i. üirtiles 'ï-r itunTei:mentam ren- erTer !; mag.?.  1698. farge I. Ï699. lam 1—<• Morc.ciu jeune Prin *ce de Bayicre. fbïi. 158. .434 Négociation: peur ia Théologiens les plus accrédités de fon Royaume, il avait jugë devoir faire des dispofitions teftamentaires qui garantisfent le Royaume des guerres fanglantes qui pourraient arriver, au cas qu'il moulüt fans avoir fait ehoix d'un fucceffèur. Après avoir ainfi prévenu fon confeil, il fit fceller & figner leTeftament; mais, .quoique le nom de 1'hériticr inftitué par Je teftament n'eüt pas été déclaré, il ne laiffa pas d'ètre manifeftequelc cboix £tait tombé fur le Prince Electoral de Bavière, petit fils de Marguerite Thérefe fille du fecond lit de Philippe IV, au prejudice du Dauphin; & k Ion défaut, k 1'Archiduc au préjudice du Duc d'Orléans. Ce Tellament qui faifait un légataire univerfel , annullait ainfi le traité de partage. Louis XIV eommenca k fe plaindre dc ce Tellament. Le .9 de Janvier 1699 il fit préienter au cabinet dc Madrid un Mémoire oiril maintenait les droits du Dauphin; le Roi Guillaume négociait pour confolider les dispofitions du partage; Lon.qu'un événement inattendu changea toute Ia face des affaires & trompa a la-fois lesidees des trois monarques de France, d'Efpagne & d'Angleterre. Le jeune Prince •de Bavière, 1'espérance dè fa familie, objet qui paraiffait deftiné k Être la louche d'une nouvelle fuite de Monar^rqs., fut précipité dans ie tombeau, a  ISucceJpon cf'Espagtis. 435 ÉPtge de fix ans & quelqoes mois. On ne .-manqua par d'attnbuer, fuivanc la con:tume, cecte mort k ceux qui pouvaient en retirer le fruit. L'Eiedteur même, pere de 1'Enfant, adoptant trop legérement les bruits vulgaires, ne cmigait •pas d'mfinucr dans un manifefte, les •foupcons qu'il avait contre la maifon d'Autriche* Cette mort donna naiffin•ce k bien des cabales: le Roi d'Elp'agnö était oblgé de recourir k de nouvelles confultacions & de délibérer encore futles trois prétendans k fa fucceffion, objet que tous les hommes n'envifagenc qu'avec peine & qui fait la terreur des smes faibles. Louis XIV fe vit obligé de prendre de. nouvelles mefures-: PElecteur de Bavière, privé de toutes fes efpérances, perdait les fomm3s iramenfës qu'il avait fait répandre k Madrid pour gagner des partifims. Léopoid feu! trouvait fon avantage dans eet événement, & comptant également fur l'attachem iat des Efpagnols pour fa maifon & fur la haine de la Nation pour le nom Frangais, il s'endormit fur les fuites, & demeura dans une fécuritc qui enieva pour toujours laCouronne d'Efpagne kla familie qui la poffedait dépuis prés de •deux fiecles. Le Roi Guillaume, au nom de I'Angleterre & des Pays-Bas-Unis, ne reftaic, ■ T a 1699. r,/j mberti \Um.\. 3ïi  l6gg. Négociation entre Louis XIV. &Guil!auEie III pour un nouveau yartage. Lamitrti ï. 95. 96. T«r?e I. ». 11. : Torcy . JSurnet Jiatet. ] i X 1 ( t i d t ti P s cc la jfii 4Sö Négociaiions peur Ia pas fpettateur indifférent de ces fcenes pohtiques. Les Comtes de Tallard & de Portland confererent longtems avecle Grand-Penfionaire Heinfius fur eet.objet. U réfulta de ces conférences, qu'on-revint k un fecond Traité de partage. Plufieurs des principaux membres de ia République s'y oppoferent; Dyckvelt foutint qu'on ne devait .prendre aucune confiance dans les négociations du Miniftre Frangais qui ne cherchait qu'k enpger PAngleterre & la République dans le lauffes démarches. Mais tandis qu'on •cglait le Traité, 1'Ambaffadeur d'Espagne 1 la Haye, Don Bcrnardo Quiros,ayant Jénetré quelque chofe du fecret, en fit >art au Roi Catholique. La Cour de Hadrid,écant ainfi informée des refibrts [u'on faifait mouvoir pour le nouveau raité de partage, réfolut d'en porter les plaintes aux principales Puilfances e 1'Europe. Le Marquis de Canalès unbafladeur d'Efpagne k Londres, pré' :nta aux Lords Régents en 1'abfence e Guillaume, un Mémoire congu en ?rmes très-piquants. Nous en rappor:rons feulement les premières phrafes, aur en donner une idéé aux Leéteurs Prémierement,dit ce Miniftre, le Roi n maitre ayant appris avec des évidents certaincs que Sa Majefté le Roi Guilime, les Hollandais, & d'autres Puisices (en confequence de ce qu'eiles  Succejfmn cPEfpagm. 437 ont traité & ftipulée au Loo l'année pasfee) forgent aujourd'hui actuellement de nouveaux traités fur la fuccesfion de ■ la Couronne d'Efpagne & (ce qui eft le plus déteftable), machinent fa divifion & répartition •, il ordonne a fon Ambasfadeur extraordinaire, réfident en ce Royaume, de faire connaitre aux premiers Lords ces opérations & procédés qui n'ont jamais été vus ni entrepris par aueune nation, fur les intéréts ou fuccesfions d'une autre; & moins encore durant la vied'un Monarque, qui eft dans un age fi proportionné a pouvoir efpérer (pour plufieurs années) une fuccesfion totalement défirée de toutes les nations; que, fans une avarice déteftable, on ne fe laifferait pas emporter k 1'ambition d'ufurper & debouleverfer les pays d'autrui.„La fuite était du mêmeftile,&ilfiniffait par une efpece de menace de porter fes plaintes au Parlement quand il ferait affemblé, Cet écrit fut envoyé au Roi d'Angleterre, qui avait déja plufieurs fujets de mécontentement contre 1'Ambaffadeur. II lui fitjdéciarer par le Secrétaire d'Ctat Vernon, qu'il trouvait fon mémoire mfolent & féditieux: & qu'il lui donnait ordre de fortir en dix-huit jours du Royaume, & de demeurer enferme dans fa maifon jusqu'a fon départ. Ca nalès répondit froidement: Tt Dam T 3 1  l69Q: ] ! I 3 C £ 9 d jg "T 91 C; u 458 JVegeeiaihg,pour Ja mÈ^nJu1 Plurs modéTé ^ns le MéSfté chn? plajgnit au nora de Sa Ma" ui donnera des enfanc- i„ ]uje,.s, rriverp il «>» cnIans». & 'orsque ce a irfn^3niftre difaic enfu5te que fi le Roi Jft vena « a niourir lans énfens droit de reglcrlcdroicdelafuccÏÏ '  S'jccejjion a"iEspagn&. 4W ffon n'aopartenait qu'k lui feul & k fes Rovau-rries: que Dieu lui avait donné ce dro'ic,qu'il ne le tenait que de lui,ainfi que la Couronne, & qu'il ne permetBralt jamais qu'on y donnat attemte fans s'y oppofer de toutes lés forces: qu'onprétenuaic en vain rendre la paix durable par un traité dc partage; qu'il ne' ierviraic au contraire qu'a aHuraer en Europe le feu d'une guerre fanglante: que tous les Efpagnols depuis 1'age dc quinze ans jusqu'a celui de foixante & dix, prendraient les armes plutót que de fouffrir le moindre partage de leur Monarchie, & que 11 des etrangers voulaienc dispofer- de leurs Etats, ils auraient recours k tous les expédiens légitimes, iuivant la maxime que dans les maux extrêmes, on employé d'extrémes remèdes, dans la confiance que Dieu, protecleui du ben droit, bénirait leurs juftes ef. forts, & fe déclarerait en leur faveur. Malgré la fotce de ces Mémoires, les partics contractantes ne laifferent pas de travaiiïer au Traité, qui fut rédigé en feize articles, dont les premiers contcnaient ies mêmes conventions expriméef dans Ie Traité précédent. On donnait \i menie part au Dauphin & a fes defcen dans, mais on y ajoutait de plus les Du chés de Lorrame & de Bar, & l'oi donnait en échange celui dc Milan ai Dac de Lorraine. La Courcnne dUs T 4 I-699L Seawnl Traité d» r-artage. t  lÖgg. ] i ] i j n i' 7 ?' PC ie

céderait a 1'Archiduc. II était nnuf topulé que fi ce Prince mourau£ ef ans ie Roi des Romains ne pourr ^ ?ofièder ies mémes Etats; maismfZ erait nomme un autre Princé fig Ï£ 1 e Roi des Romains, fi PEmSreS é£S !ecedé,de fagon qu'e laCouronTl"DJ iale & ce ed'Efpao-ne ne m fT«r» ■ P?" tre unies fur uaf S^g?^^™ ue celles de France & d'Efpagne cue Empereur ferait invité d'accéder au raité dans Pefpace de trois mof" i ^'Irefufafefles parriefcoSaS s fenuen cooix d'un autre Prince »ur avoir a^part de 1'Archiducfenfin* . trois PuuTances s'engagerent rédpro-* ement a. employer toutes leu s forces ur faire exécuter ce Traité * Uans ies articles féparés, qui furent eCRo?d^e £CmpS' on ^vinc S e Koi d'Efpagne ne voulait poinc en- a£délT-ra}té' f* voulaic *u co"^ tairedeoolir les places qui compofaient  SutceJJion (PEspagns. 441 !a portion du Dauphin, ou celles du Duel é de Milan, les trois Puiffances s'y orpoleraient de toutes leurs forces: qu'eiles employeraient leurs bons offices aupres de Sa Majefté Catholique, pour empêcher qu'on ne changeat les Gouverneurs des places accordées au Dauphin , & pour que, fi 1'on y faifait quelque changement, ils fuffent remplacés par des Gouverneurs Efpagnols. 11 fut ftipulé par un article fecret, que fi le Duc de Lorraine refufait 1'échange de fes Etats contre le Duché de Milan, le Roi de la Grande - Brétagne & les Etats-Généraux auraient le choix j'de donner ce Duché au Duc de Bavière, ii ou de donner le Duché de Milan au Duc Ide Savoie: que dans le prémier cas, la ;ipart de la France ferait augmentée dc ?! la Navarre, & que dans le fecond, le Duc de Savoie céderait a la France le Duché de Savoie, le Comté de Nice & i la Vallce de Barcelonette. On convint encore par le même article fecret, qui fi 1'Empereur n'avait pa; ; accepté le partage, dans les trois moi; qui lui étaient donnés pour y accéder :. on lui donnerait encore deux mois aprè i la mort du Roi Cathoiique; mais qui j PArchidue ne pouraic paifer ni en Es pagne ni dans le Duché de Milan, tan i que vivrajt le Roi CbürleSj &. que le T5 1699.** » \ i  lógg. Colcre de 1'Eöipe. reur. ] i j t ] ] < j t t t é 44^ Négociation; pour la ^Sl^l s'y oppoferaieilt de m Avant de figner ce traité,leRoid'An- 5 Er 3 VOyant parles Mémoires des Ambaffadeurs combien Sa Majefté cf' thohque & toute la nation étaie t iS" te» contre lui, réfolut de ÊffWëiToSl pour engager PEmpereur a yaccéicrlij lai fit entendre que l'Angfeterre& li Hollande ne voulaient point avoifd?'f™ie. P°ur Ie* affiires d'E pUe qSe • e Roi Trés -Chrétien était en ét'ar. Se faire valoir fes droits par les a n es d'envahir la Catalogne & PArragon de fprcer le .peuple a. accepter le Roi qu'il voudrait lui donner auffitóapril mort de Charles: que pour p évenr des fuites auffi funeftcs & érriSÖ 9u'il ne s'élevit une nouvelle gSe J2 anbraferaic toute PEurope, i? vMair nieux perdre une partie, 'que orce de renoncer au tout: que Sa Mi efté Impériale devait fe conduire avec"fm de prudence, qu'elle ne St pas ex VStöiï£È$- 1gucrre SS ie ier.it par le Traité: que lui, Souvcrain, e la Grande-Pretagne, ne fouffi-inir £1! Pafe' & défirerait quef An]°yens, de Wjmr au Tröne de cet2 Monarchie fcffent auffi aifés k 1'Ar Wlw que fes droits lui pSJffisSS  Ssctejpón drÈsp.igne. 443 jgairs; mais que I'Angleterre ne pouvait cue le plaindre; que la Hollande voulait % remcttre. par la paix., des maux qu'elle avaic fouffercs : que 1'Efpagne était réduite k ne plus avoir qu'un vain nom par 1'état de décadencc ou elle était tombée,que Sa Majefté Imperiale favait elle-même que, quoiqu'elle cüt fait la paix avec les Turcs, 1'Empire était plein de diffcntions: que le Duc de WolfenbutCel le Duc de Saxe - Gotha & 1'Evèque de Munster, mécontens de l'éreftion d'un neuviemc Eledtorat, fe déclarerait liautemenc pour la France: qu'on en devait craindrc autant de 1'Eleéteur de Brandebourg piqué de 1'aftaire d'Elbing;. enfin, qu'on devait fentir eombicn il était difficile de réunir tousces Princes, & combien même ils feraient peu formidables après leur réunion. . _ La réponfe de PEmpereur fut aflezs \ équivoque pour donner lieu de croire qu'il ne s'éloignerait pas d'un Traité de ■i partage, s'ii était conforme k fes vues*, mais ce Prince ne cherchait qu'k gagner du temps: il propofa 1'affaire k fon Con\ feil & tous les -membres furent d'avts ii aue fi lc Roi d'Angleterre s'obftinait a. : fbutenir le partage, ce ferait un moindre i mal de céder 1'Efpagne & 1'Amérique : a.l'un des defcendans de LouisXIV. pourT 6  i<5q Opinioii J'Èuropi fur ce Ti té. Tingel I] 35- 40. 2 00. Le Roi «Wifpagne i'ait un Testament en ♦aveur du Duc d'Anjou. Torry. Targ'. 444 Négociation: pour Ia qud c?qUilibre?PU |Janl lbie? Mais Ja Lorraine, aggrandie m f"Ue- par d'Efpagne, SouverK Pl Frontiere» *ee pa? le'RoyaS de Naot™^"6/1"3' t-elle pas pencherdl r™ P> ?Sj,ne fera' Dnis ne s»emWirPrm^ J,a}s-Baston plus S? fa beaucO"P Hollande & 1 Zélani «> P3rtóge- ^ qui la choquait fi fort • demarc^e Guillaume, alors mnfw.^ gleterre & d'ansJes £°v S' es Anglais 1'avaien foS de VeS^6  Suceejjïon tPEfpagne. 445 villes de ia République voulaient fe foustraine a i'exercice de fon autorité, trouvait fans doute une confolation en jouant un róle dans les affaires générales de 1'Europc. II avait toujours 1'ceil fur les affaires d'Efpagne; mais il nes'attendait guere aux événemens qui devaient changer tous fes fyftèmes. Les intrigues fe multipliaient k la „Cour de Madrid. Les éfprits étaient 'partagés; les uns favorifaient la faction Allemande dévouée aux intéréts le 1'Arxhiduc; les autres, la faêtion Francaife, défirant un enfant de France qui prévinc le démembrement de la Monarchie. La politique du Roi de France, habile k iemer les craintes ou lesefpérances, avait gagné la plus grande partie de la nation. Au lieu de ménager 1'orgueil de la nation Efpagnole, les Allemands femblaient n'avoir cherché qu'a la provoquer. Le Cardinal Porto-Carrero, & les Grands d'Efpagne les plus accrédités, fe réunirent pour engager Charles II k preferei un petit-nls de Louis XIV k un Prince ! éloigné d'eux & hors d'état de les déI fendre. On peignitk ce Prince, docilc I a toutes les impreffions, comme tous ie; efprits faibles, fes iujets expofés aprè; fa mort k tout le courroux de la redouj table monarchie Francaife, au cas qu< | fon Tellament appellat la branche Alie I mande au prejudice de celie de Bour T7 1699.  fögg. i ( 1 c I b q ü ïc 2 JU P< ut in IHi bl ar jei s'cbcpri da fai! 4# Mgob'mïons pour la- S6 n'écait.P°in^ difaic-on, «J S 'e/.re,norncia"ons forraelles'de li nicre & de la femme de Louis XIV a ia' v™!TnC ?:EsPWQ> Puisqu'elles l?Ü vaitnt ete faites que pour cmpécher lesaines de leurs defcendans de réunir fous^ leur dommauon les deux Royaumes *- \ qu'on ne ehoififfaic point un ainé btnn rendre juftice aux droits du" lang; mm conferver la. monarchie Efpagno." e fans partage. Le Roi fcrupulciw fit ■on u.ter les Thcologiens. qui furent de•avis de fon Confeil.. LeVapc J?h rut devoir confu!cer,fut du même avis. .eSotiyerain Pontife qui fe trouvait alors rouille avec la Maifon d'Autriche, & ui regardait fon aggrandiffement comme tal a la libertc d'ïtalie, décida cecébre cas de conföiencc en faveur des ourbons. Charles II ayait cependanc »,r m\/Cr°nCIL a fon attachement »ur la Maifon d'Autriche & a fa hai~ ■ contre celle de Bourbon. II reftaic. decis & irréfolu; cependant fa ma» ; iie de langueur lc minait infenfi'ment;, il dépériffait a vue d'ceil • e mort foudaine pouvait priver fes fu' s des fruus de tous les foins qu'on: tait donnés pour prévenir les mu irs de 1'Efpagne ; les confuitatiorsfes par,Charles |I avaient fait ttopuT : pour etre ignorées a la Cour de VerLouis XIV, après avox menacé  SuccejJIeti drEspagt;e. 447 de fon rcfientiment, au cas qu'il füt fris des arrangemens concraires aux droits de fa Maifon fit avancer des Troupes vers les frontieres. d'Efpagne;. le Cardinal Porto-Carrero fatfit cecte occalion, pour faire un dernier eiïbrt fur 1'efprit du Roi. II paria avec encore plus de force qu'il n'avait faitjusqu'alors. II repréfenta que tous les ConfeillcrS' d'Etat, Ia principale nobleiïe de Caftille, les vceux unanimes de fes fujets, &. plus que tout, la volonté fuprême du Maitre Souverain des Empires,exigeaient qu'il nommat un Prince de France pour fon bcritier: que les loix fondamentalcsdu Royaume donnaient la fucceffion kz fon plus proche parent,qui était le Dauphin, ou un de fes fils: que les renonciacions des Reines Mario-Thercfe &: Anne d'Autriehe,devcnaientabfolumenc: nulles dans fes circonftances acluelles^. oü le falut de 1'Etat, la confervation da: la Monarchie appellaient Un Prince de.la Maifon de France,.pour garantir 1'Espagne des malheurs donc elle était menacée: que s'il prenait un autre parti,. ou s'ü perfiftait dans fon indéciiion,. il y avait tout iieu de craindre que les. fujets 'dc la.Caftille & de 1'Arragon,, hors d'état de fe défendre contre les armecs Francaifes, donc les frontieres, étaient couvertes, ne fe jettalfent entte, les bras de Louis XIV & ne proclamas-  ï699 Precis du T«i tarnen t. 448 Nêgoc'aiiófts pour la Jent le Duc d'Anjou , pour éviter de ■ devenir ia proie du vainqueur: qu'il ne - devait ecouter aucune affection particuliere dans des inftans fi précieux.-que les Autriclnens n'étaierit point parents de fon peuple, ni les Bourbons fes ennemis • qSS devait dans fes dcrnieres volontés avoir pour guides uniques les anciens ftatuts tlt R?/a™1es>la d^ifion unanimedes habilcs Doóteurs qu'il avait confultés la voix des peuples, & particulieren^ la volonte de Souverain Juge, auquel il rendrait compte dans peu dl 1'ét ? oü laiflerait fon Royaume, puisque le DQr t» qu'il prendrait abandonnerait fesfuie£ aux malheurs d'une guerre fanglante ou les remettrait a 1'héritier légitime' feul en état de les garantir contre tous leurs ennemis. ,s Charles, cfFrayé des ventés que lc Cardinal lui préfentait avec la véhémer ce qu'exigeait une circonftance auffi preffantc & la néceffité de fe détetminer,réfolut enfin de faire fonTeüament II manda auffitót le Secrétaire des Sches, übiha, qui fut revêtu du titre de Notairc, pour qu'il ne manquat aucune formahte ; & le Roi n'ayant reten . avec lui que le Cardinal Don Manuel Arias ce fut entre leurs mains que le Roi d'Fs-' pagne configna fes volontés derrières On lui en fit enfuite la lefture. CeTeS ment fut fcellé de fept fceauxj Pon ït  Siiccejfwn d*Espagfie. 449 venir autant de témoins qui iignerent fur le revers. Le Teftateur y déclaraic d'abörd, pour la décharge de fa con- Jfcience, que la renonciation de Marie ■ Thérefe ia fceur, ceile d'Anne fa tante l.n'ayant été faites que pour prévenir 1'u1 nion des> deux Couronnes fur une mêime tête,-elles étaient valides a i'égard |du Dauphin, mais nulles k I'égard des a autres héritiers légitimes, & qu'ainfi le |] Dauphin & le Duc de Bourgogne étanE lappcllés au Tröne de France, il nom!j mait pour fon héruier univerfel le Duo I d'Anjou, k fon dcfaut le Duc de Berri, aaprès eux leur poftérité,enfuite 1'Archi1 duc, & enfin le Duc de Savoie. II y difait ,ï en termes cxprès: que, pour fe conforJmer aux loix de fes Royaumes qui déii fendent 1'aliénation des biens de la Cou:aronne & de fes Seigneuries, il ordonnait |& il chargeait fon fucceffeur ou fucces;|feurs, que durant le tems de leur Gou'i vernement, i!s n'alienent aucune chofe a desdits Royaumes & Seigneuries, ni fj qu'ils les dwfent ni partagent, même ii entre leurs propres Enfans, ni en faveur I d'aucune autre perfonne; il ajoute qu'il I voulait que tous les dits Royaumes & jtous ce qui leur appartient, ou pour|rait appartenir enfemble, ou k chacun jeu particulier, & tous autres Etats qui Lpar fucceffion k fes héritiers après lui, ; fe confervaffent enfemble, en fuflènc : toujours joiats comme des biens indU [699.  ï6gg. i ] ] IfOO. ' Mort He Charles U, ( Koi d'KsIM£nt. 4 C t c ]-' fi fi 450 Nègociations pour Ja vifibles & impartiables de cette Gcv> ronne, & autres de fes Royaumes, e| tats & Seigneuries, ainfi qu'ils Pétaient prêfentemcnt. Le Codiciie n'avait ricn de remarquable que la claufe oir pour plus grande! extenfion de la claufe contenue en Partiele XXXV. du tellament, il déclarait pour la fettófa&ioii de la Reine, que $ cette Princefie trouvait plus convcnable k fon rang de fe retirer dans les Etatl qu'il poffédait enFlandres, fon fucceffeur iui en donnerait le commandement & le gouvernement en mêmeforme&maniereeju'oii aurait fait pour que'qu'un des Royaumes d'Italie qu'elle aurait choifi, én rertu de ia• claufe* du Tefiament, en külonnant ies Minillres qui feraient les )ius propres. Charles II ne furvécut pas ongtems a ce Teftament. II languit enore un mois & acheva ie premier de Norembre, k 1'Sge de trente-neuf ans, fa< arriere obfeure & trifte. II ne faut pas s'imaginerqueleMonar[ue Francais ou fes Miniftresetiflentconlu les Traités de partage avec le deflèin e les roropre. On ne peut disconvenir ue 1'idée de formcr ces traités, & pariculierement le dernicr, n'ait été un hef-d'ceuvre;. puisqüe, fi'PEmpereur avait accepté, le Roi de France voyait ■s Etats étendus fans effulion de fang, fr de nouveaux Royaumes & fur ies 1 lus belles parties de l'Italie,.& qua 1  SücceJJiott drEspagm: 45 ï ■PEmpereur refufant d'y accéder, comi me on devait bien s'y attcndre, la terreur du démembrenient donnait \ la maifon de Bourbon la nomination dü Roi Charles en faveur du Duc d'Anjou, & le confentement univerfel de tous les fujets de la Monarchie Efpagnole. \ Les deux alternatives fiattai ent égnlemenc l'ambition de Louis XIV. Ainfi dis que ce Monarque eut appris les dcrnières dispofitions de Charles II il afiembla fon confeil. On y délibcra s'il fallait accepter le Teftament ou-s'en tenir au dernier Traité de partage. Louis balanga quelque tems; enfin comptant fur fes' forces & préférant la gloire de ■ fa Maifon a Paggrandiflement de la Monarchie Francaife, ü fit venir le Dut d'Anjou devant lui & !e reconnut Roi d'Efpagne, fous le nom de Phiiippe V Le nouveau Monarque, demandé avec empreffement par fes nouveaux fujets. partit auffitót pour 1'Efpagne, oü il fui regu avec des témoignages extraordinai res d'honneurs & d'allégrefle. II ne reftait plus qu'a fatisfairé le deux Puiflances, I'Angleterre & le, Pays-Bas-Unis qui avaient conclu li Traité de partage.- Louis XIV. avait ei foin de les faire avertir,- dès qu'il eu pris fa réfolution. A peine fut-elk pendue publique, que les Anglais & le: Mollandais a qui le dernier Traité d< Indéclllmi dc Louis XIV. ; Métoiltetl, temcnt des ' Anglais & ! des Hollanl dais ennrre ' Louis XIV»  Ltttres XXX. XXXï. XXXIII. de Louis XIV. au Comte de 'Briard. L*tmb;rti ï- at 3.- dircnc en plaintes con ' vr^l 45* Négociatioiis peur fa * OiW'*1^ déplu, fe répaj > di.uic en plaintes contre Louis XIV ou donTK^nr 3CCeptant un Te« ™ S '"dispofitions étaient bien moins redoutabies p0Ur 1'Europe. Tel é it le *pieH»1itats,"rGénéraux furent ou paru. wc partage. lis faifaient en conféauen SuSTaI?^ VfèBla «anTlesS: du Dnc d Anfn ^ dC la P^Iamation ÏdI S]0Ü' 11 ne ra!e"tirerit pas événemenr 1l F™ étJe ?rêts a ^ evenement. Le Comte de Briord aajrna ïacilement PAmbaffadeur d'Efpagne^ gde rSnT^ ^iniüre fi dévoué !Ta maï fon de Bourbon, ne demanda oue le dus & le fit a ces conditions qu'il fuivit dCrla Maifon deVóurbon Les Etats n'oferent cependant prendrê aucune« réfolution fans avoir conK J ÏS aïét g nfLe.S fentimens é^n? ?artagés. Dans un Confeil fecret ou'ik urent enfemble quelques-unstroi va?ent We ia demarche du Roi de France n'é-  Succejpon d'Espagni. 453 tait aucunement préjudiciable a Ia RéIpublique, puisque 1'Efpagne continuait Kir le même pied, avec un Roi particuj lier, fans être annexée k la Couronne de France. D'autres attaquerent cette fucceffion , fous prétexte qu'elle pouvait déj truire la barrière des Pays - Bas, rouvrir i le commerce d'Anvers, -faire paffer en j France tout le commerce des Indes Ocj cidcntales. Ils ajoutaient que ce n'était pas d'alors feulement qu'on favait la; mauvaife volonté de la France contre PEtat; qu'elle la regardait comme ayant > \ le plus traverfé fon aggrandiffement, & j qu'il pouvait arriver que le Roi de FranI ce portat fon petit-fils k faire revivre fes prétentions fur PEtat, qu'il appuyerait même au befoin de fes forces. Que quoique la France en cette conjoncture en agit honnêtement, nourriffant toujours fon indignation contre PEtat, elle en confervait le fouvenir. Que le nouveau Roi d'Efpagne, étant d'une branche des Bourbons, il ferait toujours attaché k la France, de la même manière que les deux branches de la maifon d'Autriche Pavaient toujours été. Qu'il était vrai qu'il y avait des Traités; mais que la force feule en pouvait aifurer la durée. ( Qu'il y avait k craindre que ie Commerce dans les Indes Orientales, un des prinï cipaux foutien de PEtat, n'en regüt des ij atteintes, & que celui du Levant qui Opinione les mem. ires du jouvernonent. Lamitrty) '.. 214.  454 Négociatiotts pour fa T^OO était auffi confidérable, n'était pas moins expole. Que les Manufadtures de iainc ■ de la République pourraient tomber par Pmpêcliement que 1'on apporterait k 1'exrortation des laines d'Eipagne, que la France pourrait faire entrtrchcz elle afin d'en ameliorer les fiennes. Cela ferait déferter du pays un nombre trés-confidérable d'ouvriers qui reduits a la mifére par Pinadtion des Manufadtures, iraient ailleurs porter leur ïndultrk & -leurs talens. Ces raifons déduites avec bien d'autres par des gens fages & clairvoyans, ürent convenir qu'ify avait du danger ii concourir k Pexécution du Tellament ep faveur du Duc d'Anjou. On nut eniuite fur le tapis, ce que Pon pourrait faire pour Pempêcher, puisque cette affaire était appuyée par un acte formel, & par 1'inchnation univerfeile de 1'Espagne, mais fur tout a caufe des forces •confidérables que la France avait encore' fur pié. A I'égard du Tefiament,on al-Icguait que 1'acte de partage en avait annulié la valeur, puisque'le Traité n'avait été fait que pour ce motif; pniisque, aucas que le Roi d Efpagne appellat ii fa fucceffion un des fils de France, l'Archiduc, ou quelque autre Prince que ce nit,on y était convenu que,pour Pempêcher, on ferait un tel partage,fiChar«£f II mourait fans peftérité. Öue,quoi-  Succeflioti cPEspagnt. 455 «uc les Efpagnols paruflént pencher univerlellement pour le petic-fils de Louis XIV, il n'etait pas moins vrai que 1'Archiduc avait dans le pays bon nombre de zélés partifans. Qu'il y avait lieu de croire que c'était la dévotion ou 1'ignorance du Roi défunt dont on avait abufé, qui lui avait dióté un Teftament femblable. Qu'Uy avait beaucoup de Grands éxitcs & que la Maifon d'Autriche avait aufli un parti fur, ■que la France ne 1'avait emporté que par fes intrigucs, & dont les Eipagnols ne tarderaient pas k fe repentir. Qu'a I'égard des forces de la France, la demiere guerre les avait confidérablement affaiblies, auffi bien que le Commerce, Que PEmpereur avait fait la paix avec la Porte, & que li le Duc d'Anjou fe rendait en Efpagne , la France ferait obligée dc 1'y foutenir par fes troupes fi Pon en venait a une rupture, & d'en garder les cotes, vu leur grande étcndue; que PEfpagne n'avait point de troupes, & qu'elle' manquait ablöluaient a'hommes. La France ferait en ce cas forcée de partager fes forces, ce qui Paffaiblirait confidérablement, & la forcerait enfin d'entendre raifon. Que le même danger qui raenagait la République, regardait auffi, quoique par d'autrcs raifons, I'Angleterre, 1'Allemagne & l'Italie: par ik il éta't k prefumer cue tout I700.  JE ï.etrre du Roi de France pour gagner les E«ats-Génimüx. 45*5 Kègoctattofis paar ia te quel moyen pouvait être leXeffiï ger&éSem gcr eminent? Un de la Compagnie die S6™^SJ?e-c'était de faireKferre Que Petabhffement du Duc d'ÏÏ fïpagne ferait la caufe deïa perïe de 1^ ?e PFnrqUe' ,PCUt-étre méme S ^ b entótlêmf fCelfaire de h commènce Dientót, furtout pendant que la dI-iIp »es eiprits fe fuffent réfroidis, & cue la France eüt le tems de fe reconmikre En même tems les Etats cheSmr £ tous cótes des renforts comre la France fou par le mouvement des roi nes ï & les Etats Généraux avaient défiré la paix; le Roi y avait eonfenti, Le Dauphin avait bien voulu abandonner ia plus grande partie de fes droits pour s'affüter du refte. Telles étaient les précautions que i'on avait pf ifes pour affurer dans 1'Europe les fondemens d'une paix folïde. Les disputes excitées fur la validité de la renonciation de la feue Reine avaient paru demander eet accomodément. Mais la nuilité en eft préfentement reconnue par ie Tellament du feu Roi. Enfin, il était abfolument néceflaïre que le Roi déclaiit s'il acceptait ou s'il réfufaic le Tefiament, & qu'en 1'acceptant, les Droits fur toute la fuccesfion d'Espagne pafiaient en entier inconteftabiemer.t \ ce nouveau Roi, I! n'était donc Dlus permis a fon ayeul de les féoarer, d'accepter une partie de la fqceeffion, & de refufer 1'autre. Le refus du Tefiament tfansportait tous les Droits & PArchiduc qu'il aurait fatlu attaquer Pu is que la Guerre était inévitable, qu'elle était injufte, les États-Généraux n'avaient' aucun fujet dc fe plaindre du Roi, puisque la réfo'u tion qu'il venait d'adoptef ne leur pof tait aucun préjudice. II ne perdait riet par Pacceptation du Tefiament, attendi que fe contentant du titfe feut de Mc diateurs desintereffés, ils n'avaient rie ftipulé pour eux, pas même une feit V 3 r $ n e  2?QO 1 1 | t d 1< lc Ja C( JWpSRttifs royr Ia gucjie, J d #2 Négockatiens pour/a- ViiJe dans Hun ou J&utre M,™ i» bien encore: fuTpendr?ÏÏf' Rm VCüC pouvait ailéguer ]Ciwsa»Bfs,t ien de Lïïhr rqUe la *uftice< le uc ia paix, 1'efont même dn t,,; ; ^ permettaient pas queHe Kni nv Repubhque de Hollande , qutlie ef? iV eIt ainfl Qüe Louis XIV trouviiig»j Pour uftiner- non-reuS cla mai5 encore la: juitice Se .  Succsjfm (PËspagnt 4% démarche. Mais Guillaume & les Etats ne Je payaient pas de paroles •, ils pousfaient avec ardeur les préparatifs militaires; Louis XIV, trop éclairé pour ne pas foupconner leurs vues, f.c des démarches pour en pénétrér le fecret. Le Gomte de Briord fut chargé de faire des informations exadtes k ce fujet: Les Etats, obligés cependant de s'exphquer, répondirent en termes polis au Gouvernement Espagnol qui leur appremat la nomination de Philippe V; & pour ne pas fe compromettre dans une affaire aulü délicate,ilschercherent dans la forme compliquéede leurs conftitutions,des raifons pour fe difpenfer d'une réponfe plus pofrtive. Peu de tems après, 1'Ambaffadeur Espagnol Quiros remit aux Etats une Lettre du nouveau Monarque, pour leur rrotifrer fon avénement fur le Tróne Espagnol. Mais ils éluderent également de" lui répondre pofitivement; Les Etr.ts fe virent cependant néceffités a répondre plutót qu'ils n'auraient voulu. Le Roi de France demandait qu'ils retiraflent les garnifons qu'ils avaient envoyées dans les places des Pays-Bas Espagnols. Les Etats trouvaient au contraire très-mauvais qu'on ne ceffat d'y introduire des Troupes Frangaifes. Er effet le Duc de Bavière qui gouvernau les Pays-Bas, était totalement dévou< k la France. A la nouvelle de 1'accep Y4- rV ' '•- ' - " lan'jerti I. 227', Torcv Tindal. Burneti \  T/OÏ, 3 l c a c - * r< C( ci ad & du ïei da laiJ i fcgociatiotj*- puur (3 tation, i] avait quitté le deuil OhHHmtA F ne S £ Aaj?1' P0U1' Roi ^0nc ö.ur le^ ordres du nouveau Mnmr q«e 11 introduifait des troupesFranS; voyait au contraire £0? ™^^ of : Francais étaient introdu tSP On en omp u jusqu'au nombre de vingt-deS ^tailions.,qui fe retirerent. On ne co" W pas comment Louis XIV qui dS 0 a^daff'nffi^ lonanuais, ne fit pas arrêter ces trou- es, au moins jusqu'a ce qu'ilseuffenr* onne des afiurances de leur ntStS? entretenir la paix. Par cette■ démar he, U aurait peut-être réusfi a f r de garder la neutralité, U aurai? df mue le nombre de fes Ènnenïs ra?4" pandre de fang: mais foit qu'i™ périr? mm toute apparence qiie les S mms ferait p!us efficaS qS te de rigueur; fok qu'il crüt au-dei JS,dfun grand Roi de manquer *]a% traité avant la rupture ouverte « l permit de fe retirer librement s leur pays, en obrervant de ne ïs Ier pvm quefuccesilyement, crat?'  SücceJJion (PEspagm. "§5 fé que tant de troupes re'unies ne s'emparaffent de quelqu'une des places qu'eiles auraient pu trouver k leur bienfé- • ance. Ce que raconte M. de Puifégur k de fujet, dans fon •-traité de l'art de la guerre, eft fort curieux. „ Charles-II ,-, étant mort le Roi, dit-tl, m'envoya «•, chercher, & me dit: jefuis inquiet ji de voir les troupes de Hollande dans „ la plupart dés places des Pays-Bas ,, Espagnots:' de plus PEledteur de Ba„ viere y a fept k huit mille hommesdes fiennes, tandis que leRoi mon pe„ tit -fils en a-trés-peu. II eft vral ,, que 1'Electeur de Bavière traite avec l; moi, mais en même tems il en fait de ,-, même aves le Roi d'Angleterre. Je' „ vous si' choïfi pour vous envoyer k: - „ Bruxeües éclairer la conduite de 1'E,-, leéteur, & prendre des mellires pour „ faire enfrer mes troupes dans les pla„ ces oü les Hollandais ont garnifcrf; „ donne2 toute ma confiancc "au Mar„ quis de Bcdemar ; dités-lui que j'en„ voie le Maréchal de Boufflers a LiN „ le, & que tous les fccours dont il „ aura beforn, foit de troupes, de-mu. „ nitions ou d'argent, il n'a qü'k vous „ le dire & fut ce que vous manderez yr-au Maréchal de Boufflers, il. a ordre „ de lui envoyer Ié tout: Les Holland-ais de leur cöté s'émprêgV 5 ifor.'  I^OI Lamberli Gufllanme III ligue dc nouveau 1'Europe sontre Louis XIV •SmoUst. $6 Mgociations ptur-la- pniient des refolutions concraires a fes Se ür* '1 Roi de FW S entendre aflez clairement qull ne Der ?K P? Cf-"e ^traite,qavanteqS?; rent S xpll?ues: J<»,. " ^^^ceS^^SXS Se?dlL!SV!ne ^S^esP^  Süccejpón d'Espagne.- 47^-' Conférences -,.mais Ie Comte foutenait que Sa Majelté Impériale n'ayant rien a prétendre, ne devait avoir aucune part ■ a la négociation •,. 1'AmbalTadeur d'Angleterre eut ordre de la rompre. Enfin, le Roi Guillaume ayant paffélui-même a la Haye,.mit de nouveaux obftacles a la négociation. On publia que les Frangais ne cherchaient qu'a amufer les Etats & I'Angleterre, pour les capêcher de faire des préparatifs. Les Fjangais fe font plaints au contraire que leur Monarque avait manqué de cette vigueur, qui avait caraÉtérifé les années briliantes de fon regne. Tout le tems, felon eux, s'était paffé en délibérations, Le Confeil de France femblait ne pas vcir que le.feul moyen qui lui reftair, pour en impofer aux Hollandais, était de leur déclarer la guerre, & d'envoyer des troupes dans-leur territoire; avant qu'ils euffent le loifir de faire les préparatifs que toute 1'Europe favait étre des* tinés a foutenir ies prétentions de PEmpereur.' Les lenteurs du Miniftere de Verfailles furent la caufe de tous les malheurs qui fe fuccederent dans le cours de l£ «\uerre fuivante, Les ennemis eurent U tems de rafiemblcr toutes leurs forces. pendant que la France demeurait dan: un engouraiiïement aufii peu conforms au . genie dc. la Nation qu'a la couduiti Tony 5U 103=.  ?701 Stetrvel e? jVirc de Eouis XIV fi r les E- ■ Mts. R 4^. ( ( 1 J I ] C | ^2 paffee du. Monarque IM P. „ • raux. guidés bar leiL JI E ats"Gén2Ü - «Herent touj£irs d?ns ?e^ï'terre'in"l °f 9"* Je Miruftre de 1'Fn n mÜ'reS aS adnus aux ConférencedansTfeUr ftki £ négociation du Comrw,ï COurs d avant ron Maitre SftS^ ^Q W£ kg&& SS:  Stitcèjjion d'Espagne. -4?3 laient éviter pour iamais le dangereux embarras de les mêler dans leurs propres intéréts. Ainfi toutes chofes paraiflaient fe dispofer a PaifermiiTement de la paix , lorsque les propofitions faites par les Etats-Généraux &-celles de PEnvoyédu Roi d'Angleterre, donnerent, lieu de juger que la paix ferait le fruit de 1'étroite union que la conformité de ces propofitions marquait entre ce Prince & eux. II eft vrai que les Etats - Généraux ont protefté dans la fuite, que leurs demandes excesfives étaient 1'cffèt d'ur.e julte crainte infpirée par la Puiffance du Roi •, qu'eiles ne devaient pas être regardées comme une marqué de la confiance ■ qu'eiles avaient en leurs propres forces. Mais fi cette crainte fi vivement exprimée depuis, dans Ia lettre écrite au Roi d'Angiéterre, pendant la tenue du Parlement, était réelle •, fi les Etats - Généraux, en reprérentant les dangers dont ils veulent être environnés de toutes parts, n'avaient efiectivement d'autres vues que de les prévenir; les moyens d'y réusfir étaient entre leurs mains: il était inutile de mettre un fi grand nombre de troupes en campagne, d'ache.ter chèrement des alliances étramrères, d'inonder leurs Provinces, enfin de faire tous les préparatifs extraordinaires des plus grandes guerres. C'était les Etats - Généraux qui avaient eux-marnes  474 Négociation! pour la- demandé les Conférences, comme'us moyen d'affurer la paix: il dépendait d'eux de les rendre utiles, paree que les intentions du Roi de France n'avaient jamais été dc les prol-ongcr pour fe préparcr k la guerre avec plus-de fuccès, il' ne s'était fervi d'aucun prétexte pour en retarder 1'effet. Elles-étaient ouvertes pour y traiter des feuls intéréts de la République. II dépendait d'elle de la terminer avec avantage en trés-peu de tems. Mais au lieu d'y travailler férieufement, les Etats-Généraux en avaient encore éloigné la conclufion en demandant que 1'Envoyé d'Angleterre y fut ad-mis, quoique fon maitre n'eut aucun prétexte de prétendre des füretés pour iui-méme. Si leRoi, dont les luarieres avaienE bien vu clairement lc but que fe: propofaient les Etats, s'élt oppofé quelque tems k 1'admisfron dé eet Envoyé; s'il avait offert de faire traiter fous fesyeux la négociation commencée k la Hare pour 1'kfiermifïement de la paix, ce Prince Vavait fait par le même principe fur lequel 11 regie toute fa conduite, par te defir finccre dc lever tous les obltaclcs que les ennemis de la paix neceifent d'y apporter; il prévoyait affez le peu de fruit des Conférences de la Iiaie. Le Roi jugeait que s'il ievait une fois ladif.icuité faite pour fadmiifion de 1'Envoyé ,ki Roi d-'Angletcrre-,.. 1'on ne tarderait-  Succejpöft drEsp-»gm. 47? gas d'en faire naitre une autre aufücdt, plus capable d'cmbaraifer la négociation que la premièré. II doutait k la .vérité, qu'il fut facile de perfuader aux Etats Généraux d'infrfter fur la prétendue fatisfadtion de PEmpereur, d'entreprendre le foutien de ce Prince, de confondre fes intéréts avec ceux de leur République, de s'ériger en arbitres entre la France & l'Autriehejde déciderquePhilippe IV a eu le droit & le pouvoir de changer k fa fantaifie toutes les conftitutions de fes Royaumes, d'en exclure k jamais fes- véritables héritiers. ' Que Charles II au contraire n'a pas eu ['autorité de rappeller ces mêmes héritiers , de rétablir par fon Tellament les loix fondamentales des Couronnes d'Espagne. En effet,il était difficile decroirequ'une République fi fage prit contre la France la réfolution de rompre les traités qu'elle a regardés comme la confirmation & le fgeau de fa Souveraineté : qu'elle voulüt aux dépens de fon commerce & de fes richesfes, s'êngager k foutenir des intéréts étrangers,. peu de mois après qu'elle a fait une démarche entièrement contraire, en reconnaiffant le Roi d'Es pagne. Mais qu'il paraiffait que ces confidérations dont la,République avait au trefois feu'e la force, le cédait alors i des maximes nouvelles. yAmbafJ'adeur ajoutait en finiffant, qu'i:  i .. t < i \ I £ d g q fa el h 47<5 Mgöc'iatlons pour Ia tf*Ê'i¥ ? C0nfiance du Roi fön nJ ere, s il lui eenvait encore que 1'on dl c Le 'UCCis des Con'-eï ces. Le Roi eft trop éclairé POur 1 du Roi d'Angleterre a feite de la par deur rw au raême Amba«a hfU • rQue les E^ts-Généraux fon bien informés de la maniere dont eet Envoye lui a fignifié que leRoi deiför J fméïtog'iï ^ détache^tjania5s5S interets de PEmpereur, & que vu troite union des-dits Etatfavïc la Coui ^ulien^^ n eunent de a pris le parti de faire wil uTS^n ^mb!able- Cette déc?a^t?3 ai avau meme eté faité par avance eS Lfönt formellenient queues EratsVéJ tóf aux ne pouvaient continucr les clni ki R1 if HJf'1S ''intervention de l'EnTOyé| xcluant lui-même, les Conférene»«l taient auffitót fufpendues-, ainfi que cl Ssï-h K e"Vr0yé feulementpournr nn ,? ',y flt un Plus long fé-, aifiS l pas la ^tisfalion - lauier a fon départ, la Daix df» i™ ue durce entre leV i^VépubS: .'e, au meins U aura celle d'avoir t connaure qu'il n'a tenu S e que le repos public ne lok p£? «rrompu j que iePRoi. M9 g£  Smcejfton ,;™r „ I ;ncore affez préparés poUr gSf0'? e leurs projets, les éclufes ertes,& cette affaire n'eut d^autïes fui"' es que de prouver inconteftahipm-nl . ***** conduite des te Quoique Louis XIV ne fit aucune ho iHté il p„t les mefures néceflairS our aflurerdeceeóte-ia les froS'S  SucceJJion d'Espagne. 479 h phinc. Tous ces ouvrages, qui en comptant les détours,xomprenaient un nefpacc de prés de cniquantelieues, étaient ■ sfrailés & paliffadés. On écablit un camp ■ bien fortifié a RicheÜe avec un folie" de vingt-quatrc pieds de largeur, & de dou.se de profondeur, un bon parapet,cinq baftions & fix redans munis de cinquante pieces de canon. On y mit quinze bataillons, avec ordre de les relever de fix femaines en fix femaines pendant tout Phiver, & en conféquence on y batit des cafernes & des écuries. On ne peut disconvenir que les Anglais & les Hollandais n'euflent de fortes raifons de politique pour travailler de concert k 1'abaiffement de la Maifon de .France. Ils avaient lieu de craindreque lorsque ces deux Couronnes fe feraient -affermies dans le commerce du Nouveau - Monde, elles ne fongeaffent k envahir celui des Indes, & k en exclure les autres nations Européennes. Les Provinces-Unies pouvaient aufii crain■dre en leur particulier, que Phllippe V,, aidé des forces de fon grand pere, ne ■voulüt faire revivre les anciens droits de fa Couronne fur cette République , & qu'il ne les traidt en fujets rebelles Ces motifs réunis les firent entrer ave* cha'eur dans les vues du Roi Guillaume Cc Monarque,de fon cóté, craignait qu< -fi ces deux Puiffances n'étaient plus os  Ï701 i ■i ] t ï e I; t li d ■4*0 Nègöciaiions puur 1» aipées ileur propre défenfe, elles ne fe réumfient pour rendre le fceptre de la Crrande-Bretagne a la maiiön de Stuart qui etait vifiblement protégée par la l1 run cc Les craintes de ce Prince paru rent d-autant mieux fondées, que le Roi Jacques etant mort a St. Germain-enLaie le ió de Septembre, Louis XIV reconnut fon fris pour Roi de la Grande-Bretagne, lui cn donna le titre fous e nom de Jacques III, lui rendit tous ies honneurs qui appartienuent aux Tétes couronnées, & lui continua la penlion de cinquante mille livres par mois qu'il avait accordée au Roi fon pere Lotus prévit le mécontentement de I'Angleterre, & déclara publiquement que par cette reconnaiiiance, il ne prétendait nullement troubler le Roi Guillaune dans la poffeffion de fon tröne. Le vlonarque Anglais fit des plaintes trés'ives, & donna ordre a fon Ambafladeur Paris, de quitter la Cour de France tfais Louis XIV publia un manifefte ans lequel il prétendit ptouver que ar cette reconnaiflance H ne manquait n neii sa traité de Ryswyck dont article IV portait feulement qu'il ne •oublerait pas le Roi Guillaume dans jouiflance paifible de fes Etats. Cette -marche fervit plus que toutes les follitations du Roi Guillaume, a faire en- trer  Succejpon cPEspagïïe. 481 trer le Parlement d'Angleterre dans les vues de fon Monarque contre la Maifon de France. D'un autre cóté, les Hollandais décidés k commencer la guerre, auffitót qu'ils auraient formédiverfesaliiances fecrettement négociées avec plufieurs Princes d'Allcmagne., ils envoyerent un Agent de la République en Espagre, fous prétexte de commerce, mais Ion objet reel était d'examiner Petat du pays. Celui-ci avertiten particulier les Négbcians de fa nation, de retirerles fonds qu'ils avaient dans le Royaume, & s'attacha particulieremcnt k en reconnaitre. ies forces; k éxaminer les fortifications des places, Ié nombre des troupes, l'état des Ports de Mer, & les dispofitions des peu pies pour le nouveau Souverain. li fejourna quelque tems k Cadix; il fe rendit k Madrid, oü il eut plufieurs entrevues aVec 1'Amirante, qui 1'afiüra du délabrement de toutes .les fortifications; qu'on renverferait le tróne des Bourbons en Espagne, fi Pon faifait la conquête de 1'Andaloufie qui était la clé du Royaume." II jób gnit k ces inftruclions Ie préfent d'une carte trcs-détaillée de 1'Éspagne , lui fit entendre que la Maifon d'Autriche y avait un grand nombre de partifans, qui ne manqueraient pas de fe déclare'r k la première invafion. L'Agent, de retour en Hollande, expofa fon rapport aux EtatsTom. VIII. X  I/OI. tluiliaume ÏH formc 3a s;rantle AUiauce. Torcy. Dumont. LemieTti. i i J J . £ i h 482 Nègoctathns pour la Généraux qui en firent part auRoid'An- ner de n£'m 0t] comi"en?;i * examiner de prés Ia conduite de PAmiianteon eut mieux fait de I'arrêter wraSfe S ?ntiniI3ic 'oujours fes pré- 2 r V? fit en Fr;|nce des ievées fi confidérabies, que 1'on forma cent nou Telles Compagnies de Cavalerie, & £ nouveaux Régimens de Dragons, outre cnacune des anciennes Compagnies jusqu'alors Guillaume III Kpérait giaile dans la guerre. Dans un mms in Sïe 5 i te de la gl01re d'imaginer les plus grandes entreprifes & d'imprimer le mou vemenU toute PEuropc. La démarche Plus genéreufe que politique de Louis S wnare?nnaiirant ie Petendam, m■ra les Anglais. Par haine contre les Caholiqu.es,üs pafferent un Edit pour exdure k,us ceux de cette ReS du rrone de Ia Grande - Brétagne , & Lu? hï'fr?"cJefie Douarierc d'Hanovre, c > fes defcendans après Anne Stuard ui aevait fuccéder a Guillaume. ïs ft,! ent encore très-mécontens de ce que 5 ^narque francais avait fait eï  Si4CceJfion cPEspagns. 4? 3 trer fes troupes dans les Pays-Bas Espagnols, &jugerent que la Hollande avait tout a craindre de 1'ambition de ce Prince, qui engloutirait toute 1'Europe, fi on ne fe hatait de lui affigner des bornes. Guillaume communiqua a. fon Parlement la lettre qu'il avait écrite 'pour reconnaitre Philippe V, celie qu'il tivait fait écrire par les Etats-Généraux, & les proiets de traites entre la France & la Hollande; les Anglais jugerent que Louis XIV ne cherchait qu'a les desunir d'avec Ia Hollande, pour parvenir plus facilernent a fon but. Bien Join d'entrer dans les vues pacifiques de Guillaume, les deux Chambres le prierent folemnellement de rompre toutes négociations, & de déciarer la guerre k la France, promettant de lui fournir. tous les fubfides dont il pourrait avoir befoin: Ces dernieres paroles étaient Pcflcntiel, & fans cela tous ces efforts auraient été impuifians. Dés ce moment il fe hata de conclurc fon aliiance avec L'Empcreur & les Provinces-Unies, & dans la fuite la plusgran-de partie des Princes de 1'Empire y accéderent auffi. Ce traité, figné a la Haie le 7 deSep. tembre 1701, renferme quatofze articles. Le préambule expofait les craintes qui réfultaient pour le Commerce, pout ia füreté des Provinces - Unies, pour la X 2 IfOï.  i I I 4?4 NègociaHons pour la fatisfiiclion en faveur de PEmpereur £ raifon de Ja fucceffion a la Couronnl dSÏSÏ' prife de p°sfesfion d« Ducd'Anjou, 1'umon intime des deux Couronnes de France & d'Espagne. Le Roi de France, difait-on, s'eft d'aÏ2? en Poi]feffi°n de tout 1'heritage de la Monarchie d'Espagne pour le fus- ™ï« /Anj'ou • & s'cft ^Paré a inain armée des Provinces des Pays-Bas Espagnols, & du Duché de Milan; il tient une flotte dans le Port de ^adix, toute prête a faire voile, & ii a envoyé plufieurs vaiffeaux de guerre aux Indes qui font foumifes a PEspagne, & par Ce moyen & P>u. fieurs autres, les Royaumes de France & d'Espagne font fi étroitement unis, qu'il femble ne devoir plus êtrl regardes a l'avenir que comme un feul & meme Royaume.; tellement que,fi on n y prend garde, il y a bien de i'appa- ,we qrUe Sa MaJ'efté Inipériaïe nedoit P.!u,s efperer d'avoir jamais aucune fattsiaUion de fa prétention ; 1'Empire fcomain_ perdra tous fes droits fur les IJL qn r°ll en Itaiie' & dans Pays-Bas Espagnols, & les Anglais x les Hollandais perdront la liber•e de leur navigation & de leur comnerce dans la Mer Méditerranee, aux ndes & aiiieUrs, & les Provi'nces. /mes leront p.rivees de la fuxeté qu'ei.  Succejjion d'Ëspagne. 485 fes avaient par 1'interpofuion entr'clles & la France, des Provinces des PaysBas Espagnols , appelées eommunément la barrière; & enfin, les Frangais & ies Espagnol* étant ainfi unis, deviendront en peu de tems fi formidables, qu'ils pourront aifément lburaectre toute 1'Europe a- leur empire. Or comme cette conduite du Roi Trés - Chrétien a mis Sa Majefté impériale dans la néceffué d'enroyer une armée en Italië, tant pour la confervation de fes droits particuliers, que pour celle des fiets de 1'Empire; de même que le Roi de la Grande-Bretagne a jugé qu'il était néceffaire d'envoyer fes troupes auxiliaires aux Provinces-Unies, dont les affaires font dans le même état, que fi on en était deja venu a une guerre OUverte , & les Seigneurs Etats-Généraux, dont les frontieres font presque de toutes parts ouvertes, par la rupture de la barrière qui empêchait le voifinage des Frangais, font contraints de faire pour la fureté & pour la confervation de leur République, tout ce qu'ils auraient dü & pu faire, s'ils étaient effeclivement attaqués par une guerre ouverte. Et, comme un état fi douteux & fi incertain en toutes chofes, eft plus dangereux que la guerremêmc,& que la France & 1'Espagnes'er prévalent pour s'unir deplusenplus,afk X 3  i < i i i $ c fi V ï & n P( re Ui qi mi 4SÓ Nêgoaafions pour Ia d'opprimer Ia liberté de 1'Europe, & rumer ie commerce ordinaire; toutes"/ai?y>nt Porté.Sa Majefté Impériae Sa Royale Majefté de la Grarde -Brecagne, & les Hauts & Puiliancs Seigneurs Etats-Généraux des Prov in. ces - Unies v d'aller au devant de tous m maux qui en proviendraient ; & de. '™ d.7 aPPorter remede felon leurs °rces, l!s °™ JuSe était néceffaire de faire entr'eux une étroite alliance & -onfederation pour éloigner le grand & tommun danger. 0 . Dans le I & le II .article, les Puisances_ contractantes aprés a formule •rdinaïre d'une conftante, nerpétuelle k mvioiable amitié, difent; que ,Pa'ant rien tant a coeur que ia paix & 1* ranquunté de teute PEarow, eliesfonr ïgé qu'il ne pouvait rien y' avoir de lus efficace pour 1'affermir, que de protirer k i>a Majefté Impériale une (atisetion jufte & raifonnable, touchant fes retentions a la fuccesfion d'Espagne : que lc Roi de ia Grande -Brer^ne : ies Seigneurs Etats-Généraux obtienmt une fureté particuliere & fuffifante )ur leurs Royaumes, Provinces, Ter s & Pays de leur obéiiTance, & pour la ivigation & lecommercede leurs fujets Dans les III & IV article il eft dit ' e les Alhés mettront en u/age tous les )yens poffibles pour obtenira 1'amiable 1  Succejjion d?Espetgne. 48? ia fatisfaction & la fureté fusdites , & qu'ils emploiront k eet effet leurs folns & offices pendant deux mois; mais que, s'ils font iruftrés de leurs espérances, ils promettent & s'engagent de s'aider de töutes leurs törces pour les obtcnir. Les V & VI portent, que les Allies encr'autres ehófcs fer-ont les plus grands elïbrts pour reprendre & conqucrir le*s Provinces des Pays-Bas Espagnols, dans Pintention de les tairefervir de barrière: le Duché de-Milan, comme étant un fief de 1'Empire; les Royaumes de Naples & de Sicile, & les Isles de la Méditerranée avec les terres dépendantes de la Couronne d'Espagne le long de la eöte de Toscane, qui peuvent être utiles pour la Navigation & le Commerce des fujets de Sa_ Majefté Britannique & des Provinces-Unies: enfin,que le Roi, de la Grande-Bretagne & les Etats Généraux pourront conquérir les pays & villes que les Espagnols ont dans les Indes, & que tout ce qu'ils pourront y prendre ferapour eux, & leur demeurera. Les articles VII & VIII ont pour objet, de fe eommuniquer réciproquement les avis & confeils qu'on pourra recevoir, & pour ne traiter de la paix que conjointernent, après les fatisfaclions & furetés communes: comme auffi après avoir pris de julles mefures pour empêcher que les Royaumes de France & d'EsX 4 iröi.  4»3 Xigociathns pour fc i \ I r J è c £ ij s' ai tr p; Bi u Pi da £ ié mïlnï-e ic5 fma5s, Mis f0l,s » m^Ë ScaS'ne f^^W que jamais, Indes f£ ? fe rendent maitrés des ! Ejpagne Ciiarles II. SS S^. de 'telt ce qui S, 2 ailPHHr fJta,b/lr le ^mmerce des *E l eS i^lla"dais dans les pays "J.£i VUon dou acquérir: que Pon tems lus dit de a paix - aue les ai os^oureront de toutes Ktas fu e 4', aqrCS Par-le Roi de France i toet dui prefent traité: que, foit qu'on i f. ''avemr, il y aura une alliance f^e entre les PuiffineescontSS nces v gFranUC: -qUe t0US les Ro!'s» C £<,Etats voudront entrer W le.prefent traité y feront admis ■ e Empire y fera fpécialement invité"  Suceejpon d'Espagne. 4S9 A peine cette ligue fut-elle formée, que les Anglais & les Hollandais mirent 1 en mer une flotte de quarante-fix vai*. feaux aux ordres de 1'Amiral Roock; mais elle ne fit autre chofe cette année que parcourir les cótes de France & d'Espagne , fans former aucune cntreprife. Les Frangais,de leur cóté, avaient une flotte de vingt-cinq vaifleaux, depuis foixante pieces de canon jusqu'k cent huit, aux ordres du Comte d'Estrées, outre une escadre de feize vaisleaux, dont les moindres étaient decircquante pieces de canon & qui pouvait fe joindre aifément k la grande flotte. Les Angiais envoyerent une autre flotte commandée par 1'Amiral Bembow, dans les mers des Indes; mais toute 1'année fe paffa fans aucune opération maritinïe. Guillaume avait été malade dans fom dernier voyage en Hollande; fa fanté' s'altcraic de jour en jour, quoiqu'il ne fut agé que de cinquante & un ans. II • ièmblait preflentir fa fin; puis qu'avant de quitter fa patrie, il avait fait fes efforts, pour qu'on déférat au jeune Prince deNaflau, Jean-Guillaume-Frifo, déjk Stathouder de Frife, de Groningue & de Drente, le Stathouderat de Hollande. Mais il trouva les membres du gouvernement fi peu dispofés k cette démarshe, qu'il ne put s'empêeher de leur déX-5 70L fort (Je ïnillatim»' 111. Burnet, Lambertil. 698. 3S9«  Tindal IV ] 1 1 i i 1 t I i 1 1 490 Négociation; pour Ia clarer, qu'il fallait donc attendre après, la mort pour prendre une réfolution ausfi falutaire pour PEtat. II fentaic fa fin sapprocheri il n'avait pu s'empêcher de dire a fon tavori, le Comte de Portland fc qu il ne croyait pas pouvoir pouffer ft carrière plus loin que Pété fuivant • le pnant en mëme tems de n'en rien d;re a perfonne avant fa mort. A fon arrivee en Angleterre,. il prenait fouvent ^m erl,fement dc ia ctiafe» Pour di^ffiper 1'humeur fombre qui le domi- Le 4 de Mars il prit ce divertiffement I a Hamptoncourt; i'abbov des chiens lui auant juger de loin qu'ils étaient fur ies piftes de la béte, il mit fon cheval au grand galop ;.mais un trou qui fe troura fur fa route Payant fait broncher, il ;omba fi lourdement qu'il fe démit jn os de la clavicule droite prés de 1'éJaule. L'os fut promptement remise nais la fievre furvint auffitót, & on le apporta a Kenfington. II y paffa une -mame, &, quoique malade, il donna sn confentement aux aétes du Parle-' nent, qui furent panes durant eet inervalle. Tout Part des Médecins ne ouvant empêcher que le mal ne fit de 3ur en jour de nouveaux progrès, ce nnce connut qu'il était prés de fa fin, c donna ordre de brüler des papiers, ont on n'a jamais fu le contenu. Ii vis  Smeejjion d'Espagne. 491 approcher fon dernier moment avec la fermeté d'arne qu'il avait toujours montrée. Je fais, dit-il k fon raédecin, que vous avez fait tout ce que votre art pouvait vous apprendre pour me fecourir; mais tout eft inutile & je me foumets. II mourut Ie 19 de Mars dans la cinquante troifieme année de fon agc, après avoir régné treize ans en Angleterre , & gouverné trente ans, comme Stathouder , cinq Provinces de la République. Ainfi mourut Guillaume III du nom,. des Stathouders de Hollande & des Rois d'Angleterre. Les Anglais ne font pas les feuls qui aient fait un'portrait désavantageux de ce Prince-, il s'eft trouvc, dansia Hollande qui lui fut toujours attachée, des Ecrivains qui n'ont pas épargnc fes défauts. Ne fuivons que les tcmoignages des hiftoriens-les plus fide. les , pour tracer fon caradtere avec les couleurs de la vérité. On convient généralement que la nature ne 1'avait paspartagé des qualités pbyfiques. Sa naiffanee prématurée, car fa mere n'était que dans le huitieme mois de fa groiTeffer fut fans doute Ia caufe de la faibiesfe dé fon tempérament; fa phifionomie n'était pas agréable; fes manieres étaient rudesr ies Anglais ie repréfentent comme totalement infenfibie k toutes les émotions» douces & eénéreufes qui afFeöent leX 6 1702:.  1-02. VPagen. XVli W. 1 ] ] 49« Nègociations-poitr ra cceur humain. On ne voit pas cue Prince ait eu aucune de ces vertS oré cieufes qui font ainier l'Uorame iTePc4" feneux,fec& penöf, rarementgai iS w PnU & ente™ent;fi Ce n'efldans E «ere,pour faire éclater un feu caui infr, raic la plus grande confiance aux^rowei" Un rien cependant excitaitfacolere fur tout quand on le contredifait. Slt b pnncipales langues de 1'Europe maïs ni» Su7dunnCr r6 ^ «S^eïfbnreSa? nétrat nn nn3 V'e qu'n avait Plus ^ pé-" netration pour juger les hommes & les ehofes, que de génie pour enter d' grands projets. 60n oblèrva quïfes ra lens pohtiques brillerent beaucoiin nlu," s ffiffietqnu;en ^^TiTii ies lavons nt meme entendre aifez rhi rement que fa gloire n'aurait 3585 fcrt, s'i n'eut jamais afpiré k la Coul onneBntannique. Peut-êrrecetted? erence vint-elle de la différen e dZ deux Gouvernémens & des deux nnf nons; auffi le Bourguetnai re Wit?en ne put s'empécher de&dire qu'il nXmïïl pas fallu lui faire en Hollande les mêmes i Sernde l^'11 Tk Journellenïï i ei uy er de la part des Anglais A nm ur la fin de fa vie, lui ffrenc- ffs dév0 er mille mortifications. On eüt dit ZS a Providence voulait lui faireexuiï « ces épreuves, le criii SS  Succsjjïoti d'Espagne. 495 détrörié fon Beau-pere. La foif de dorainer fut fa paffion dominance. 11 «e fut pas plus heureux dans les combats; quoiqu'ü y montrat une ardeur, un mépris des dangers, une préfence d'éfprit qui 1'égalait aux plus illuftres guerriers •, il y fut cependant presque toujours malheureux; du grand nombre de eombats & de fieges qu'il entreprit, il ne gagna que la bataille de la Boyne & ne prit d'autre Ville que Namur. ' Quant aux qualités de ltme, fes partifans auront peine a le laver d'avoir asfigné des penfions en Hollande, aux meurtriers des de Witt & en Angleterre, k l'infame Oates: ce peu de delicateifé n'a pas manqué de donner lieu k fes détracteurs, de préfnmer qu'il avait eu quelque part aux infames complots de ces fcelérats. Au refte, tous les hiftoriens conviennent quul fut limple & modefte, qu'il parut toujours fort atta.ché k ia religion Proteftante, quoique fans fanatisme; & qu'il fe montn toujours ennemi de la perfécution & des perfécuteurs. Une autre contra diótion dans fon caraétere, creft qu'ave< 'fon apathie pour les fentimens tendres & une averfion pour les fiatteurs, il eu toujours des favoris qu'il combla de fa veurs, de richeffes & de dignités. Oi a'a jamais fu, comment Burnet, dé' ■ *2 1^02. r L  1/02. i c J 3| h .1' ■ n % d; $i B( til foi HO 'Ja Je ie Fr; 494 Nègocïations pour la nef del ft}*» ^ do- tout vïcc I ij'v. • u exemPt de- voir vaincu ies obftacles ntifl£ , vation dans la Rér S-iï/0nel?" * confcils dc rartq có',fr/ £' es rc^urces pour. re^lE Pais SnbiiqUe 3 ce Stathouder acquit dans ce tems-la & nenr i-V»  Sitccejfion MEspagnt. 495 êeftruction. L'Angleterre lui doit encore 1'avantage d'avoir appuyé folemnellement fa conftitution acluelle fur la bafe de la liberté politique & des droits des peuples. II faut auffi convenir qu'il fut beaucoup redevable aux circonftances, de 1'immenfc autorité qu'il acquit dans les Provinces-Unies. Les émcutes populaires 1'éleverent au Stadhouderat. La crainte des fuites dc Panarchie & des divifions oui régnaient alors, lui fit detérer un 'pouvoir extraordinaire. 11 tut autorifé a dispofer de la plus grande partie "des magiftratures & des charges. Ayant ainfi la facilité d'avancer & d'élever ies créatures, il fe trouva par ce moyen le maitre de toutes les délibérations pubhques. II eft vrai que la collation des charges dans les Provinces de Gueldre,, d'Utrecht & d'Overyffel ne lui fut donnée, après la retraite des Frangais, que pour une feule fois, fans que eet exemple püt tircr a conféquence ;. mais profitant du trouble de ces tems-lk, de Pascendant qu'avait gagné fon parti, & furtout dudévouement du grand nombre de fes créatures qu'il avait introduites dans ces charges, il s'acquit dans ces trois Provinces une autorité, qui ne difterait guere de la puiiTance abfolue. 11 n'echoua que deux fois, en voulant traver, fer la paix de Nimegue en 1678, & faire lafameufe ievée des feize mine nommes  i i i i 0o Kégochtiem• pour fa gr. dffSïarïfer' ffit fa celle q„ilumit l'.V Amllerdara OuiilauWffl* ï 6 '5 c'e<"t 1ue iVmi f o u'c"t- orare do prendre la Stof8 ffioquei,rs 5> 223-225. Mem. de- Brande-  Stipprcflion 'HiStathouderat dans cinq Provinces. J < « ï t I ƒ e t n É * li 5^° Eïat Pofhiqm diamant rut ffiWah ungros nnflf.ni/,n J . ' mic effeétivement en L es amis de la maifon d'Oranirp h Mais les Etats^ Holste r??™"' tegés d'une autS^tfflf -"«gec, pms par politique- que par out, s'emprefferent de donner une dé- ^r5-teent toute esp^«- e aux Stathoudsnens. I!S pnblierent e MÏÏaraT • ie' 25 du ™oiS e Mars. Apres avoir temoicné ommen la mort du Roi J"£ Lde,„ dou!e«r , ils- en prirent os. afion de recommander iWon , i'aml ie, la eonfiance entre les diiïérenq lembres de la Confédération I s pro ,èSennoduertCTlfierleUrS tons&S es, pour le maintien de I'Etat . de. uuerte& de la rebgion. Sou. eS  4es Toys-Bas-Unies. $01 cscpreffions générales qu'ils firent intiimer par Po'rgane des Ecats-Généraux aux autres Provinees , ils montrerent ■ Ifuffrfamment quelle était leur intention., Auffi les quatre Provinces qui fe trou-1 rvaient fans Stathouder, firent des déiclarations fembiables; aucune ne paria [de la cotlation des hautes dignités qui ::venaient de vaquer. C'eft ainfi que le gouvernement par des Etats s'introduifit dans la République ; la Refolution , jpaffée en 1651 dans la grande aiïemblée Ik cette occafion, fut mêmeadoptée pour [regie ; fans doute, jusqu'a ce qu'il viht |des circonftances qui lafiflént révoquer, ;jcomme en 1672. Cette révolution fe pafla dans cette IProvince , avec la plus grande tranquilllité. Quelques-uns auraient voulu déférer aux Etats-Généraux ies nominaitions municipales qui avaient. dépendu du Stathouder. Mais les Regens en piace s'öppoferent généralement k ce projet; & s'étant attribués partout le droit de fe perpétuer eux-mêmes, ils fe trouverent revêtus du même pouvoirindépendant, dont ils avaient jouï avant la . jévolurion de 1672. Mais dans les Provinces de Gueldre. I de Zé'ande , d'Utrecht & d'Over-y.sfel , oü la grande autorité de Guillau• me III depuis 1'année 1672 & la dépo finon d'un grand nombre de membres. .araberty L. 69- 8i. Chan^emens dans ies Régeaccs. Wagen. XVII. 134. Jmd gefchied. Lrv« XXII. EnGueldre;  1^02. Wagen. xvTz. & J I i f è « d b le C a re br ra dr ve joi tie chi de Iur mai 502 Ew Polhiqits quillemem Les S„f h trai1' lanc rencrer en chS- itP°,es V0U* fe nninr.ni, j t,fö arnva dans les Villes de Tiel & Bommel. Les Etats de GueldreW jk maintemr les andenïÊr' sla BourgeoifiefoutintiesnSS  4e s Pays - Bas ■ Unies. 5°3 li Nimegue & a Tiel. IlS Te formerent en compagnies & maintinrent de force ces Régens populaires. La dévife qu'ils adopterent, rtjlima libertas , libertè réublie , montrait feffi lammen t ce qu'ils penfaient de la mariltracure précédente. Les Régens én fonction ne négligerent rien pöur fe maintenir dans les autres villes de la Province ; ils appellerent même les garni-fons k leur lécours, mais les Bourgeois & les Communes s'armanc de courage, eurent le deflüs & recouvrerent l'importante prérogative de nommer leurs Régens. Les Bourgeois de la Province voifine d'Over-vflel ne refterent pas fpectateurs indifféréns de cés révolutions populaires. Les colleges des Communes a Déventer, Zwoll & Campen, dépoferent leurs Magiftrats & en créerent de nouveau dans ces trois villes; vainement ceux de Déventer voulurent fe maintenir par k moven de Ia garnifon; deux des Hourguemaitres de cette ville prirent fi fon k cceur leur dépofition qu'elle fut, dit on, ia caufe de leur more. Les Etatsd'Utrecht avaient rappcllé le: cbofes 1'ur ié pié dc Panden Reglement dt tóg'i. la Ville d'Amersfoort 1'an- cie'nne coutume était de nommer les Régens par la voic du fort. Quelques-un, voulaient que la nomination fe fit er premmt les fufirages eomme k Utrecht 17°2- En Over-. yiïU. Latnberti XII. 192. Lettres ie nfot Pattót II. 187. ! Dans la province „(TUtrecht. IVagen. \ xy'u. 17j. ;  1702. } 1 ■\ t ï v o ü rt Li S*l Sa fui mi tra fon tio un pet iëri droi & f ^rf SaïS^™.van Houten, titans prireni ies £LJ Le^ autour de Ja m\tnT^ &afl^blerent POierent foJemnS?enr^ Ville & dé" ?e- lis formeren t0Ute ,a R^en- ort, une nouS ' par i:i voie du ^nibres tn7s %™g>™tion de treize ccrédite's. Van HOlSUrgf0]s les Plus >™ forent de cf Saal & Teek- . eaux R^ens fur?nt Sin- Les no^ ' ^bours & * « au fon des .ourgeoifie. MÏI w rrSrD1fnc de la j ll,ce, iinprouvant S nt3tS-de la Pro- 'Pofition anima i.a DPrTCdé' ce«e g» des ancienVRéS S & Pil1" nt contraints d'ah mHnt laItraues fo■s Etats envoyererr la ^parerent d?fcyj iedes J'oupes qui 31 & Teckr^n ar;if;- VantJouten, 'e"t jugés cSm'ine% ? ***°toal ers Ai ren r ™„i - Les deux t>re! ¥ ftnglantes ?amenerent' ^S eXéca- t-être aflèz de coÏÏLp 5 f°''Ce' ni dement & cc^r Tf ,^ur.prendre t& « «-ceur la defenfe de fts  ies Pays- Bas -Unies. So5 La mort de Guillaume III rcveilla auffi les factions en Zéiandc. Le peuple cria tumultuairemenc que Guillaume avait violé les droits du peuple & ufurpé une autorité illégitime dans la Province. Les Etats déclarerent la dignité de premier noble aboüe. Quelques troubies s'étant élevés a Tholen, ils autoriferent ia Régence de cette ville, a Ié renouveller elle - même. Un nommé Wouters qui avait perdu fa place de Confeiller par cette nomination,fouleva le peuple; il y eut une émeute oü quelques Bourgeois perdirent la vie. Wouters fut porté triomphant a 1'hötel de ville & rétabli dans la Régence qui futrenouvellée d'après le fuffrage du peuple affemblé; mais les Etats ayant interpofé leur autorité dans cette dispute, changerent encore ia Régence. A Goes plufieurs des anciens Régens,dépofés du tems de Guillaume, furent rétablis. La Bourgeoifie de Middelbourg fe fouleva contre toute la Régence de la ville & la forga a fe dépofer d'elle-même. Mais le foin que 1'on prit pour calmer ces mouvemens populaires ne fut pas également heureux partout. Cette flamme mal-éteinte fe ralluma dans plufieurs endroits. Mais ce fut en Gueldre qu'elle produifit un plus grand in% «endie. Les Régens dépofés ne purenc Tom. VIII. Y 1/02. Fnéb'ons en Zéiande. Wagen. XVÜ. 1-*. Nouveaiut Ttoiibles en Gueldres.  I/OS. i * 1 . 1 i 1 ■\ I d d E vi dc et ?< Il Et qu vo qu nation était léStin rqUC kur ROrai" ^rivirent rMf& fe d'Mhè^ queGuinaume IlIavaU ' °-neraux ^ élifant les RégeïX ^g?*** Communes & des Trrnc I ffraSe des ju'a la mort de cc sS™* mé,icr; & le créer une Rtecnce nP » 'e droi£ le'volue * des rS in- -P°UVaiC être lu'elle apparterak0! in r giamesi ,nais 'e, d'après un p ivi&ne o de Gueldre eSi^o!e C,0mte 0tïénéraux, fiattés d'ln^318 le,s Etats" orité dans les vilfes S "ter Icur a«eaux Régens 1 Pr^ Iterent les "ou- oulant pas voir leur Sr Reg0ens ne roits expofés k la dS^Ce & leurs 'nne médiation, direnr ,!ncertaine tats - Généraux était fLqf e-i appeJ au* lege de mn eJcZn t^ ^ pri" t appel k ia Haye «Xnfi,0Ut^sde d'en voir nait/e uw fut fur !e mte. On fe nhiow • énieute fan. ats-Génér^S,n?pTfC ^ue Ie* ejques efprits inq£ * de *■ Pour ^^^^  des Pays- Bas -Unies. 507 naent avait befoin d'un chef pour maintenir 1'union contre les efprits mécontens. LeS Villes du quartier de Nimégue firent également cntendre que la médiation des Etats-Généraux ferait contraire aux libertés du Pays; mais & ces déclaration & 1'oppofition de la Zéiande furent inuciles. Les Etats-Généraux, ne pouvant engager les Régens populaires k députer a la Haye , envoyerent eux-mêmes en Gueldre. Mais que pouvaient-ils contre des Régens dont 1'autorité était établie généralement & appuyée fur le crédit du peuple? II s'était élevé dans la Gueldre une autre querelle entre les villes & la nobiefié des quartiers de Veluwe & de Nimcgue fur la maniere d'aöéoir les nouvelles impofitions que la guerre rendait néceffaires. Ce qui ne fervait pas -jeu a augmentcr 1'orgueU du parti dominant, c'eit qu'on ie iavait fecretement favorifé par sles Etats de Hollande. Ces Etats ne voyaient pas, fans un piaifir fecret, le gouvernement de la Gueldre refter entre' ies mains d'un parti naturellement porté pour une adminiftration fans Stathouder. Ils envoyerent en conféqucnce quatre Députés k Arnhem; comme on csróaMiMt leurs dispofitions, on ne disputa point fur la légaiité de leur misfion ; ils v-inrent même a bout de ménaY a Md. n,*).  j ] € c f r h Sj Cl la hi le 508 Etat Poiitïque feï-hrP a,C-COrd HV5/" figné Ie *1 ^ De•Ölf&'tr* -fuc ftjPuie la noBleil^ & cs villes jouiraient des privilé- S^SSf***^ P0flédes diu in iü3i juiqu-en 1672; que la ferme des inipomxons générales fe ferait Sr les Tifies, & celle des dixiemes de quartier Sx RelfeVn Ainfi 3PPU^S' ?«"0" vtaux Regens formerent une confedéra- uon pour ie maintenir dans le gouve?- nement ; mals les Communes & lefCorw de peuter s'etant appergus que e pan de cette confédération ne tendait 4 fieïï moms qu'a rendre les Régences aétuel- es mdependantes & héréditaire*, fi- &%.t0Uer C"te ligue- Les anciens Négens eurent cependant Part d'excker encore plufieurs émeutes; mais S ne purentjamais ébranler 1'au oritédes nou? [eaux Regens. On dit que ces troubïes urent fomentés fecrettement par la Zé' unde; qui fe trouvait alors déchirée nar e femb'ables faftions, fur-toucf Midelbourg, oü les Elecieurs, autorifé k articiper a 1'éieöion annuelle, rentremt dans leurs droits dont on avait vont les priver. Les troubïes furent alors 'paifés dans cette Province. Mais ils mtinuerent en Gueldre jusqu'a Pannée '07. II s'agiffiut alors de déübérer fur propofltion des deux Provinces Star►ucenennes.qui voulaient faire entrer U biatnouder dans le Confeil d'Ecat  des Fays- Bas-Unies. 509 La robleffe était pour 1'admiffion, Mais les villes d'Arnhem, de Harderwyck, de Hattum, d'Elburg & de Wageningue, s'y oppofaient vivement, & gagnerent ce point k la pluralité. Ceux de Wageningue ayant alors propofé, dans les Etats, que ccrtains emplois ne fusfent confercs que dans le tems des asfemblées, eet avis excita du mecontentement. Un fe plaignit qu'ils avaient outre-psffé leurs pouvoirs La Régence de Wageningue oü fe tenait 1'aflembiée en prit occafion ü'animer les Corps de métier k anéantir le college des Communes. La communauté des Tailleur-s avec une partie de la compagnie Bourgeoifede St. George tenta vainementd'arrèter cette demarche. Les membres dépofés appellerent leurspartifans&employerent ie fecours de ceux d'Arnhem. Ces derniers envoyerent deux Bourguemaitres accompagncs de quelques volontaires & de quatre pieces de canon. Arrivés a quelque diliance de la ville, ils firent demander un pourparler; . on leur envoya quatre membres de la Régence; mais abufant de la confiance, ils arrêterent ces quatre députés, les firent conduire fur un chariot a Wageningue, dont ils forcerent les portes a coup de canon,. & donnerent du courage aux membres du Collége dépofé. Les troubies durerent encore quelquj* Y 3. 1762.  m l < 4 4 ' i < ] fi P c g ti 5 bi Hl i te 5io ^ Pojföpjg- tier & les colleSde'l' r^?S de mê' -es troubïes venaicnt moins h„ i„ lue le peupleavait SKSfÊSff [ue de i'incertitude caufeernrklm> * comfeihaifon des pSS/SïfiSS" «par les ufurpatiöns précédent"" Óü^ ! Peuple a des droits & qUe f« S n"r '« fixes & bien ba4* s^ Je"' n'on lui donne dans les eWt&Z ,r de luices facheules if'f^S 11 a wtraire de grands avantaees e„ "li larges, de moins fe fier k f°Sar2 # fon mérite. On fent d^leuSsS? en une adminutration Popüïa?re ep ile pour rendre les AfflfeL? as creonfpedts & mofns en ;res de  v des Pays-Bas -Unies. 511 ;! phe regarde comme une infulte k 1'huI manité. Avant de terminer eet artic'e fur les I ehangemens arrivés dans le gouvernei! ment municipal, par la mort de Guillau; me 111, il n'eft pas inutiie de ramener, i! fous le même point de vuë, le changcI ment qu'elle occafionna dans le corps Féli dératif. La guerre oü 1'on s'était engagé, occafionnaitlanéceffitédelever des fubfi: desextraordinaires. LeConfeil d'Etat de- mandait pour 1'année 1703 un fecours I de trois miliions quatre-eens mille flo> rins pour les frais de la campagne pro-» : chaine. Les Etats de Hollande y con- fentirent, pour leur quote-part. Mais les Etats des autres Provinces, fe moni trant plus difficiles, Paflemblée entiere j de Hollande fe rendit dans celle des 1 Etats-Genéraux: le Penfionnaire Heini fius repréfenta la néceffité de déployer 1 de grands efförts contre l'Ennemi, & le 1 danger oü s'expofait I'Etat, fi 1'on' ne fatisfaifait au plutót aux pétitions ro quifes. Par cette démarche extraordi: naire qui fut fouvent répétée dans la i fuite, la Hollande attira k elle , pai I la lupériorité de fa puii&nce & dc fon crédit , une fonclion que les StatI houders avaient éxerede auparavanc. Lc I Penfionnaire de cette Province qui por- tait la parole dans ces occafions, recou I Tra p«r'ce moyen, la confidcration qu'i y 4 1102. Lallollan- 1 de augipente fon autorité. Lamhtttï II. 317. I  1^02. -f'ispntes fur l'élevation dn Krinee, ( ( < 1 ( t t a ? C c n fe 1'i IK re cc Si*' Stat Polhifue i1,'^ ae CroyelIes pour Géndril Infanterie & ie eonne de xeneral de ia Cavalerie Mais L res Provinces ayant retor I déf «SfeSl k eet arrangement , il y e,,r 2 laiau. Il fut nommé Général de h avalene ; mais fins pofféder c. tri  des Pays-Bas-Unies. 51$ rent le danger que le commandement fuprême des Troupes ne passk peu k ■ 1 peu k ce jeune Prince ; ce qui fraye- I raic la route k une nouvelle autorité , I contre laquelle on ne pouvait trop fe précautionner , pour le maintien de la i| conltitution a&uelle & de la liberté. I Mais cette déclaration de la Zélande' ; n'ébranla pas les autres esprits. _ C'é: tait une chofe finguliere de voir les i Zélandais foutenir alors les principes fur lesquels le Confeiller-Penfionnaire 1 De Witt avait pofé 1'Edit perpétuel I dont leurs anecêtres s'étaient montrés 1 les plus violens antagonifi.es. Tant Pau; torité abfolue de Guillaume avait effa1 rouché les esprits. Mais nous verrons : combien lÜ liberté eft mal-aflurée quand : elle eft plutót 1'effet des circonftances : que des volontés, & qu'elle n'eft pas fondée fur ia balance & la déterminaI tion des pouvoirs! Cette jaloufie, ces I foupgons contre la maifon d'Orange per» cerent fur-tout k Groningue en 1705.' ] La Frife fit alors une nouvelle ten1 tative en faveur de fon Stathouder. Eli le propofa qu'il fut admis dans le Coni feil d'Etat. Les autres Provinces trouverent cette ; propofition d'autant plus finguliere , ' que les fuffrages s'y donnent, non p^r Province, comme dans les Etats-Gé; néraus, mais par tête. La Frife &; [705. '.amhtrts V. 6Ó2»  j i < c t t I Ci ï P ei au de ne tui d'i lab il aur ene ge en ?S6 a"-fnt .alors eu cinq voix Propofition. La Hoihnl r^6 cecce me exempie. La S 5 fu,lvit Je ees deux ProvinCe, ZfSe-fe Pendue jusqu'a pannr>affülre rella f"s?re fe céclara & 1e La G»eltonnant , Gronin™„ q •parut é- s'oppog^ TkSZ der »e B douta pas non üfi?n L'°n toi de Pruffg,s'. °-ue le nouveau ïuillaume-Fdfo' X ?Sputait a Jea«" effion de GuSfaumeflf.H* le ia fuc" =rêt femblait S i?' & dont w* e nedevint trof?J£ ' quecepnnribué beaucou?P«,Pf ^nt' " euc wtraire, fe ?^?",,^,1 Jui ^air g * k ^4Sude^Sr?déc!?rai^t ■ovmees ne pourraienr fr°U de deux i '^e au CoBT>gata }a.^r aveir tres Provinces feniÏÏ? i* 0rsque Jes r- Cependant S r ^ fa'S Stacfao«Prince & 7™ ad^ au jeune d'un procédé n,5 •' -lan,cr- 1'autre d'un drnir ; ' &dePOUli- füt arrêté mie ha' Inc°nteftabie ; ^nSdle^^bar1! p-cevraic^^~S1  des Pays - Bas - Unies. -5 \ 5 ijblufion du Prince de Naffau du Confeil kl'Ecat , était un coup de parti pour fles Provinces qui s'étaient intriguées • |pour la faire paffer. Cependant queltaues Provinces ne croyaient pas encore en avoir afiez fait. Ce que 1'on appellait alors un Gouvernement libre paree qu'il était fans Chef, parut fi propre aux vues perfonnelles de quelques membres de 1'adminiftration , que ics Etats d'Over-yffel arrêterent de fe paffer idéförmais du Stathouderat pour leur iProvmce. Cet emploi , difaient-i!s 'avait été introduit dans des tems oraigeux; que paree que les Seigneurs de ces Provinces qui gouvernaient conioinitement avec les Etats, étaient fouvent foreés de fe trouver abfens. La paix de IMunfter aurait dü en être le terme Le :grand crédit des Princes d'Orange avait :occafionné 1'établiffement des Stathouders depuis ce tems-lk. Mais cette forme de gouvernement ayant expiré 'avec Guillaume III, la République rentrait dans tous les droits les plus étendus de fa liberté première, dans la jouiffance desquels droits, la Province ; était fortement réfolue de fe conferver 'L'Over-yffel ne s'en tint pas lk. Elle' cvoulut encore inrpirer aux autres Pro■ vinces les fentimens qu'elle vénait d'a;dopter. En effet 1'afTaire fut mife en .deübération, 1'on propofamême de faire 1702.  5JÖ" Ew Poihique revivre Ie plan d'Harmonie formé fous le Penfionnaue de Wit , par lequel leï: dne/1ent,S'en^ réciprot>™ jne plus éllre de Stathouder L'ori dehbera, Pon confuita beaSp fc 1'on fimtpar ne rien conciure P*