TABLEAU DE DES PROFINCES-UNIES. ÏQ M IX.   TABLEAU D E LTIISTOIRE GÉNÉRALE DES PROFWCES- UNIES. P A R A. M CERISIER, TOME NEUVIEMB, A UÏRECHÏ, _chez B. WILDi M DCC" LKkTTTT   T A B L E DES 2WJL T X JE XL JE S: Gontenues dans le Neuvieme Volume. Guerre pour la■■Succejpon 4'Espagne. c V^ommencement de la guerre en 1701. Le P.ince Eugene. Dernier efforc de la Cour de France pour gagner les Etats. Propofi.' tions de la Fran.ce/ rejettëés,, Manifefte des Etats - Generaüx contre ia'-fia.nce Les Francais ten ten f de ïiirp-eiidre Kiméeue. Succes des Alliés dans les Pays-Bas. Marlborougn choifi Généraliffime des armées Allies dans les. Pays- Bas. Marlbprough risque ' de tomber au pouvoir des Francais. Heureufe ;expedition des Alliés fur Cadix & \\fP: AArfi^e devant Cadix. Virtoire des Alhes a V.go. Les prêieurs Hollandais élu- fr.fe de Bonn par les Confédérés. Cara- tnSt- de Hui, Divifion dans l'armé'e. M 1702.  7704. * Tahlt dei. Mattere:. & de Limbourg. Campagne d'Al'emaene. Campagne d'Italie. Acceffion du Duc de Savoye 4 la Confédération. Acceffion du Portugal. Revolte des Cevennes. Expéditions rnantirnes. Voyage de 1'Archiduc , &us le t.tre de Charles III , Roi d'Espagne. Tentative fur Barcelone. Prife de Gibraltar. Bataille indécife dans Ia méditerranée entre la flotte corubinée & celle de Frarce. Campagne de Portugal. Campagne d'Italie. Campagne d'Allemagne. Bataille de Schellenberg. Viftoire de Hochftet, gagnée fur les francais & les Bavarois. Campagne des lays-Bas. Le Duc de Marlborough fait ?,U?;rirJla ,9mPaS.ne. Plife & reprife de la Vu!e de Huy. Attaque de Liege. Les hgnes des Francais forcées. Prife des Vïlj £ Til!emonc & d'Aarfchot. Le Duo de Marlborough échoue dans le pro iet de forcer Ie camp des Francais prés de' Louvain. Campagne des Pays-Bas. Bataille de Kamilhes. Prife de Louvain , d'Anvers & de Bruxelles. Prife d'Ofiende. De Memn. De Dendermonde. D'Ath. Campagne d'Allemagne. Campagne d'Italie. Campagne d'Espagne- Campagne fur mer. Campagne des Pays-Bas. Exploits de M. da Forbin & de M. du Gué-Trouin fur mer. Naufrage de 1'Amiral Showel. L'Archiduc fe marie. Coup de main hardi d'un ptrtifan Hollandais. Campagne d'Allemagne. Campagne d'Italie. Tentative des Francais en faveur du Prétendant. L'Empereur refufe le Prince Eugene aux Anglais qut le demanaaient pour eorariander en Espagne. Le  Table des Matieres. § Prirrce Eugene paffe a la Haye. II vient camper fur la Mofelle. Le Prince Eugene fait fa jondion a 1'aimée du Duc de Marlborough. Les Alliés fuivent de prés farmée des enneniis, la forcent de combattre en un lieu desavantageux. Bataille d'üudenarde. L'on fe prépare pour le frege de Liile. Siege de Lille. Ouverture de la tranchée. Vigoureufe défenfe de la garnifon. Le Duc de Bourgogne tente de fecourir Lille. Combat de Wierendal au desavantage des Francais. Le Prince Eugene bleffé. Le Prince de Tingri introduit quelques munitions dans Ia place. Reddition de ia place. Reddition de la Ciradelle. Siege de Tournai. Capituktion de la Citadelle dc Tournai. Cumb-t de Malplaquet. Prife de Mons. CainDaene d'Allemagne. Les Proteftans Francais 'naturalifés. Prife de Barcelone. Reglement de* Etats fur la discipline militaire. Mgociations pour la paix d'Utrecht.. Epuifement de la France. Premières ouverture de paix. Mr. de Torcy fe rend ert Hollande. Portrait qu'il fait du Penfionaire lieiniius. Obflacles a Ia paix. Conférence* de la Haye. Reflexions fur le refus des Etats. Ouvertures de nouvelles ndgociations* Tentatives des Francais pour donner der foupcons- aux Etats contre lAngleterre. Infinuations contre la France. Politique de Marlborough pour maintenir 1'Union de* Ujnfederé*. Propofitions de la France. P;o^ * 4  1 ] J I ♦ Table des Matieres. pofitions des Miés. Conférences de Geerguldenberg. Lettre des Piénipotentiaires. ■ francais au Penflonaire Heinlius. Réponfe des heats. Accufations contre la France. Sentiment de Bolingbroke. * ReSexions fur Ia rupture des conferences. L'Empereur accorde des Titres aux Etats. Ouverture de la Campagne. Les Alliés s'emparent des lignes entre la Bafiee & Douai. Sieee de Douai par les Alliés. Le Duc de Villars teut jetter du fecours dans la place. Dispoiitions des Allié» pour sy oppofer Ca. Pitulation de la Ville de Douai. Siéee de jSethume. Le Gouverneur eft forcé de capi tuier, Prife de St. Venant. Siegp d'Aire. Les Alliés prennent la Ville d'Ai-e Campagne d'Aliemagne. D'Italie. D'Espagne. Etat des Armées dans les Pays-Bas Les Alliés perdent un grand convoi qal leur eft enlevé par les Francaw. Boucbain. eft invefti par les Alliés. Evénemens mari. times. Prife de Rio-Janeiro par DugayTrouin. Révolution dans le Miniftere Brilannique. Commencement des négociations particulieres entre la France & 1'Angieterre. La mot de 1'Empereur Jofeph facilite les" négociations. Situatiën des esprits dans les Pays-Bas-Un is. Artifkes des Anglais. Or£ueil des Francais a 1'égard des Etats. Pré« iminaires. Politique intéreffée des Anglais. Les négociations éventées, Articles Préiicinaires. Inftrudlions du Comte de stafford jour la Haye. Sentimens des Etats fur le* ept articles. Conduite de Buys en Angleerre. Jaloufie des Etats pour leurs Barrie-  Tabh des Mat km. g lts. Démarche des Etats pour faire échouer ]es vuës du Miniftere Anglais. Le Congres fixé a Utrecht. Renouvellement de 1'alliante entre 1'Angleterre & les Etats. Transaclions dans le Parlement d'Angleterre. Keprochje du Parlement Britannique aux Etats. Reproches perpetuels entre 1'Angleterre & les Etats. Réponfe du Miniltere Britannique. Reflexions fur ces raifons. Ouverture des Conférences d'Utrecht. Transadtions pour obtenir de Philippe une renonciation a la Couronne de France. Réglement pour 1'ourerture du Congres. Premier plan propofé par la France. Indignation des Piénipotentiaires. Demandes des Confédérés. Reflexions fur ces demandes. Demande pour faire tenir les Conférences par écrit. Réfolution vigoureufe des Anglais. Campagne des Pays-Bas. Les troupes Anglaifes abandon*nent les Confédérés. Siege & conquête du Quesnoy. Le Prince Eugene met le ilege devant Landrecies. Négligence des Officiers Généraux des Alliés. Denain eft invefti par M. de Villars. Villars force les retrancher mens de Denain , oü les Alliés font une perte confidérable. Le Comte d'Albermale cnfoncé & fait prifonnier. Cette journée rétablit les afFaires de la France. Suites dé la défaite. Prife des Magafins de Marchienxies. Le Prince Eugene leve le fiege dê Landrecies. Le Prince Eugene contrarié dans fes defleins par les Députés des EtatsGénéraux. Le Prince Eugene n'ayant pu jetter du fecours dans la place , eft obligéé de fe retirer. Le Fort de la Scarpe fe rend * 5 1712.  $ Table des MatUus.' fflÈÈÊfö Ll 7ilie de Douai re rad Jffieger le Quesnoy. Le Quesnoy repafle au 6* dé S/T^V^ deVachain. •E-tat de Ia guerre hors des Pavs- Bas. Lene du" KTfr-3 d'ürAt- Reno"^ f;i„R,' d i-We & des Princes dla Maifon de Bourbon. Débats entre le» Cours de France & d'Angleterre , au fu et de la pa.x. Une dispute de Laquais irterl rompt les conférences d' Utrecht. Satisfaftion donnee par les Etats, piaD imaginé par Hemfius en faveur de la maifon d'Autriene. L,es Etats entrent dans Jes mefures .Bntanniques. Derniers efforts des Anglais J)our faire conelure la paix. La paix fignée J Utrecht. Précis du Traité deP pai^ën tre Ia France, # Ia Grande-Bretagne. Entre * France & le Portugal. Entre la France & la Prufle. Entre ÏAngleterre & 1'Es- TJEntre '"^Pagne & la Savoye. Entre la France & la Savoye. Traité de paix & det commerce entre la France & les Etats. ■traite de paix entre 1'Espagne & les EtatsGéneraux. Paix entre 1'Erapereur & le Roi de France. Le Prince Eugene. Minifireflenipotentiaire de 1'Empereur, & le Msréchal1 Duc de Villars Minifire-PIénipotenti.ire du Kot de France fignent Ia paix entre I Empereur & la France. Proteitations contre Ia paix d Utrecht. Reflexions fur cette paix des Pays-Bas Unis. Projet attribué a b Reine Anne. Mort de la Reine Anne. aeorge I. lui fuccede. Mort de Lotks XJV*  Tabfe des Matieres. ^ Mort de Jean- Guillaume - Erifo, Prince d'Orange. Hifloire du Syfiême des Barrières. Ardeur des Etats pour fe former une Barrière. J remier Traité de Barrière en 17G9. Second Traite avant la condufion de Ia paix d Utrecht, ja oufie des Anglais a legard de Ja Barrière. Negociation avec 1'Empereur fur jKéponfe du Baron de Heems. Conféien Offres de 1 Empereur. Traité de Barrière conclu. Arreté détinitif fur ie Traité de Bamere. ReJex.ons fur les places des Barnera R.vahte des Anglais. Efforts des Etats fur terre éi fur mer , propres a prou* rer leur pu.Oance fur ces deux éiémens. Syfteme pohtique des Etats relativement i k, marine. Intérêt du Commerce. Coup d'Oeil fur PEtat des Moeurs S? . de P Esprit Humain. Moeurs nationales. Peu de goüt pour Ie* feeauxarts Perfonages Muftref. Huvgen" -Zwammerdam Leuwenhoek & Hertzotket Coehoorn. Hoogvliet. Antonides: P00L Téologiensci métaphificiens. Roëil. Becker nftes. Biedenburg. Les mvftiques. Ecrivains ïnafut éublis darjs les Pays-Bas-UnT   TABLEAU D E L'HISTOIRE © ES PROFIL CES-U NI ES. Guerre pour h Succeffion cPEspagne. .Avant que Guillaume III fut dèrcendu dans le tombeau, la guerre Tom. IX. A ■ s l?02.  Commen cement de . la guerre ei 1702. ie Prince JEugejie. •Sernier ef fort de la ;Cour de Trance pour ga•gner les E rats. JLamierti 9lJ la mort du dernier Roi d'£s-  'I SuifceJPe» cPÈspagrte. p pagne,les Etats-Généraux avaient hauteraent iait connaitre aux yeuxde toute 1 Lurope leurs intentions pacifiques; mais ■ que la ntgociation entamée pour une paix génerale ayant été rompue par le rappel du Comte d'Avaux, fans que ia K-epuDlique eüt une marqué certaine de la conunuation de 1'amitié du Roi; mais voyant la barrière de 1'Etat , oceupee par les troupes de France, &la République comme bloquée de toutes part, environnée des prëparatifs immenles du Roi & prête k être entierement enfermee & menacée de' perdre fes alHes, les Etats-Généraux étaient dans la neceffité d'armer ,Sc de demander du fecours a leurs amis & a leurs alliés. Qu'ils voyaient alfez clairement par le memoire préfenté par le Comte d Avaux, que leurs précautions n'avaient pas eté inutiles; puisque le Roi écait rélolu de faire la Guerre, & n'attendait que la faifon propre pour faire agir fes nombreufes armées: Que d'un cóté Leurs Hautes - Puiffances ne fe trouvaient nullement coupables des reproches qu'on leur fairait;& que d'un autre cótë Elles ne I'étaient pas non plus a i'ésard des chofes, oü elles avaient agi aW beaucoup de modération , n'ayant aei que pour leur deffenfe: que dans cette iituation clles ne voyaient point de quei- A £ If02'.  1702 Guerrtpmtr- ia- le utilité il ferait de faire pafier un Eii* voye prés du Roi, ou d'en recevoir un ■de fa part, parceque dans les alliances qu'elles avaient faites, elles s'étaient obhgees de n'entrer en.aucune négociation particuliere, fans la participation deleurs alhes. Qu'elles étaient furprifes de yoir que dans le mémoire qu'on leur avait adreffé on leur dêt que les Etats-Généraux auraient plus de liberté dans leurs.réfolutions,ee qui ne pouvait s'expliquer que par la mort duRoid'An-gleterre, mais que le Réfident qui avait prefenté, le Mémoire fe trompait fort ' laute de connaitre leur Gouverne-" ment & qu'ils avaient toujours- eu la meme liberté. Ils finilTaient par déclarer que la mémoire des Princes d'Orange &■ particulierement celle du Roi Guillaume leur était infiniment précieufe: que fon amitié leur avait été aufli glorieufe que profitable & qu'ils voulaient feconduire fuivant fes maximes, ayant reconnu. qu'elles tendaient toujours au bien de la République;. bien loin d'avoir éte préjudiciables a leur liberté que d'autres voulaient opprimeri On voit par ces raifons qu'une haine violente aveuglait tous les esprits • une espece de routine tenait lieu de politique • & tout le monde tremblait pour laruine: Syftême del'équilibre; dontperfo'^  Succtfjiottd7ïlspagne. ] m ne s'était fait une jufte idée. O &royait que 1'équilibre devait écre étabi fur une égalité de force entre la Maifoi de Bourbon & la Maifon d'Autriche, & que tour. ferait perdu, fi 1'une prenait ui ascendant trop confidérable fur 1'autre niais ce principe était faux. Mille exem pies prouvenr qu'on n'eft point amipous être du même fang ;..une Maifon peut donc acquérir des Royaumes pour fes Princes, & n'en être pas plus redoutable a l'Europe. Il-el> encore évident que la puiffanee dominante peut fe dégrader-, la Puiffance rivale décheoir, toutes deux mêmc fe ruiner k la fois ou fucceffivement, & prendre la place 1'une de 1'autre; fans que la liberté des autres Etats foit expofée a aucun danger ;il en réfultera feulement de nouveaux intéréts, denouvellesalliances, denouvelles liaifons. Crainton qu'il puiffe y avoir une Puiffance dominante, fans qu'il ne fe forme auffitöt une Fuiffance rivale? Ce ferait la crainte la plus ridicule. Quel malheur extraordinaire eft-il arrivé a 1'Europe, quand la Maifon d'Autrictie par les Traités de Weftphalie & des Pyrénées, a d'abord cedé ala France la place de Puiffance dominante; & a 1'Angleterre,.. depuis le eommencement de ce Siècle , celle de Puiffance rivale? Maïs laraifon peut-elle fe faire entenare j. quand ■ la paffion parle ? Les trois i A 6- ■:ï' tl i T702. L Manifefïe les Etarsjénérauit:oiuie la ?r sneg, j  12 Guerre pour ie- xro2. Puiffances Ennemiesde la France1'Au. triche, 1'Angleterre & les Etats-Gênéraux fe .concerterent pour faire paraitre leur manifefte le niême jour 15 de Mai 170a. Le Roi de France, difaient les Etats , avaient en 1Ó72 & 1688 voula £?emparer de leurs Provinces pour fe frayer la/°5e k)a M°narchie univerfelle, ou affaibhr tellement 1'Etat & gagner le deffus iur lui, qu'il eüt été obligé de demeurer dans i'inaftion & de fe féparer de fes Allies: content d'admirer en filcnce la Puiflance Frangaife foumettant les autres Potentats , pour parvenir enfin a fon premier objet qüi n'était rien moinsque de fubjuguer ces Provinces, & de les .dépouiller enfuite de leur liberté & de leur Rehgion,. pour lesquelles on avak expofé touc ce que la République avait ,de plus cher, pendant une guerre de .quatre-vingt ans,contre toutes lesforces Efpagnoles. II eft vrai que le Dieu qui veille fans celle fur ces Provinces, y avait vou-lu dans la fuite faire fentir fon courrou* dans ces deux guerres, a caufe des grands péchés de fes habitans, mais fa bonté paternelle n'avait pas voulu permettre que le Roi de France éxécutat fes pernicieux deffeins, Au. contraire, elleavait tellement béniles armes de 1'Etat & de fes Alliés,. que la paix en 1677 & en i%7 avait forcé le Roi de  SucceJJwn iP'Espagne. rjï France de reftituer k 1'Empereur & au Roi d'Efpagne tout ce dontil s'étaitemparé fur eux, concre la teneur du Traité 1 de Nimegue. Nous avions lieu d'attendre que leTraitéde Ryswyck ferait exéeuté de bonne foi; mais nous avons cprouvé q.ue lorsque la France le fit, fon intention n'était pas de 1'öbferver, mais feulement de nous faire mettre bas les. armes, nousdéfunir, ruinernotreCom. merce, afin de continuer plus facilement dans la fuite fes vues ambitieufes. Pour eet effet Pon refufa publiquement le tarif promis par le fusdit Traité , & lorsqu'a la fin on nous en accorda un r il fut fort désavantageux. En outre, fans egard k Partiele XV du traité, nos fujets qui s'établiffent en France pour trafTquer, & qui ne devaient pas être compris dans les charges publiques qui feraient impofées fur les Etrangers, n'önt pas laiffé d'être écrafés des impofitions les plus exhorbitances. Malgré toutcela la France n'a rienobmis pour nous perfuader par toutes les proteftations imaginables de fincérité qu'elie ffe demandait rien avec plus d ardeur que de conferver la paix, & éloigner tous les obftaclcs qui pouvaient en abréger la durée. Comme le Roi d'Espagne était d'une conltitution très-faibie3 & qu'én cas de decès, fa lueceffion pau> A 7 17OT,.  1/02. 1 ] 1 i c c c £ d b ft P d r4l Guerre pour/d? IT ra,lnfer/e gCandS tr0UbIeS e" ^r0- pe, cela donna lieu a-des ouvertures, pour un traité, par le moven duquel ou pouvait d'un cöté prévenir leToD . grand pomoir oü- le Roi de FranceT rait monté par fon avenement a tou?e la" Monarchie d'Espagne, & d'un autre k donner la jufte fatisfaction a'ceux Qu? S d!s ^gitimes fur cette ftK celhon, & conferver la naix générale Sur ce fondement le RoigdS France ayait fait un traité fo.'cmnel avec celui ü Angleterre & cetEtat, les 3 & 4 de Mars i7oo. Nous avions efpéré qje h Mais a peine fut-il conclu, que nou^ sprouvames clairement que le Rn? ëpSécu^ 7,1 exet-uter, & au contra re it em>loya les amfices les plus adroits nour ■ endre l'Empereur odieux au Roi Char e'n?nUr °b!iSer ^ Monarque Sa£e un teftament en faveur de Ia Fran- En effet leRoi d'Espagne étant mort n a produit un teftament de ce Pri£e, Par lequel le Duc d'Anjou, peï Is de Louis XIV, eft inftitue hé?Uie: e tous fes Royaumes & Etats ï)è3 publication de ce prétend , te ,Tri de fon ambition déméfurée & i defir d'employer tous les moyeS  SucceJJhn dr"Espagrres. tffö poffibles pour la fatisfaire. Eiï conféquence, au mépris d'un traité folemnel le Roi de France a aecepté le teftament ; il a fait proclamer le Duc d'Anjou Roi d'Espagne, il a pris posfesfion de tousles Royaumes &, üomaines du,feu Roi,. &ns aucun égard pour les droits inconteftables de l'Empereur,.dont il avait fi hautement recomiu la légitimité dans lc traité de partage.. Louis XIV- ne s'en eft pas tenu li, il a bientöt après fait occuper tous les Pays-Bas Espagnols par fes propres troupes, quoique les notres y fuflent en garnifon p. ur les confervcrs du confentement du Roi Charles; parla notre République s'eft vue tout-acoup privée de la Barrière pour laquelle nous avions- foutenu deux fangiantes guerres,& que dans le traité de partage le Roi de France fut convenu que ces pays démeureraient k. 1'Archiduc d'Autriche.. Outre cela le Roi de France s'eft hiU té de gouverner despotiquement les deux Royaumes,.dont ir ne fait, a proprement parler, qu'un feul Etat;&des avis venusd'Espagnemême,confirment que la Cour de Madrid a cédé k., la. Cour de yerfailles les Pays-Bas pour enjouir en toute Souveraineté &. les annéxer k la Gouronne. Ce même Roi, étant enfin parvenu; 2&1 comble de fes. defirs par cette énorme i/ar:..  18 Guerre pour la' puiffance dont toute 1'Eurnpe craignait avec raifon la grandeur, n'a pas tarde de faire palier en Italië une armée tbrmidablc pour s'y rcndre entierement le maitre; pour nous intimider il s'eft faifl de la Citadeile de Licge,. mulgré le üoyen & le Chapitre, & a 1'inlgu de 1'Empereur ou de 1'Empire, föifant conduire le Doyen prifonnier fur les terres d'Espagne.- Pour nous refferrer davantage & nousmieux environner, & contre'le gré du Chapitre de Cologne, il s'eft rendu maitre de la plupart des places de ceDioccce & fpécialement des forteresfes de Bonn, de Keyferswert & de Rhinberg, il s'eft mis en état de faire k tout moment des iacurfions fur les terres de notre République, pour nous bioquer entierement, il a levé kfes propres dépens un corps confidérable de troupes dans le Wolfcnbutel, afin de pouvoir nous attaquer de ce cöté, il a fait transporter au travers de pays étrangers,routes fortes de munitionsde guerre ^'Artillerie pour renouveller en eet Etat les horribles fcenes de 1672. Non content de nous avoir rcfferré de toutes parts fur serre-, il s'eft rendu maitre de tous les ports d'Espagne de Naples, de Sicile & des autres Isles de la Méditerranée, de tous les ports des Pays-Bas Espagnols, & tient avec les  Succejjión drEspagtie. rr Indcs Ie commerce de toute 1'Europe, d'oü il peut exclurre toutes les nations commergantes. H a encore taché de perfuader au Roi de Portugal, de nous défendre fes havFes, fans compter qu'il a envoyé une Escadre aux Indes pour s'emparer de Ia-flotte d'Argent, oü tant de fujets de eet Etat & d'autres nations ont des fonds très-confidérables. Nous voyant donc dans une fituationfi dangereufe, nous avons été contrahits d'armer autant qu'il nous a été pofiïbletant par mer que par terre, contre une fi grande puifiance & un péril fi menagant, de demander a nos Voifins & k nos alliés les fecours dont nous avions un befoin fi urgent; ils nous ont été' auflitot accordés. Ainfi- nous trouvant en état de rejetter toutes les négociations particulieres propofées par la France pour nous tromper, nous nous fommes alliés avec 1'Empereur, les Rois d'Angleterre & de Pruffe , & autres Pnnces & potentats pour la défenfe de notre Souveraineté, & le rétabliflèment de la paix générale. Ainfi pour prendre fes furetés, chacun de fon eóté, PEmpereur a envoyé une armée en Italië pour tenir tête aux Frangais. Outre cela BEmpereur nous ayant ré> ms. de Pafiftlej^our chaffer les mug»  1702. lP Guerre pour-Ja: pes du Roi de France de l'Eleclorat tfét cologne,, ayant autant égard aux de-, mandes de ce Prince nocre aiijé qu'a notre fureté propre, nous y avons fait mareiier nos troupes comme auxiliaires.. pour faire diverfion. C'eft ainfi que par les procédés des i .frangais, la guerre fe voit commencée , P°ullee vivement enplufieursconcrées a notre grand regret, fans que nous. y ayons aucunement donné lieu, après avoir pour toute demande follicité feulement ce qu'il iroportait nbfolument* a notre fureté, fans qu'on ait jamais daigne nous faire réponfe, ni prélenter ia momdre offre raifonnable. LeManifefte des Anglais ne faifait aucu- ne mention duTraité de partage, que 1'Angleterre n'avait jamais approuvé ; mais il contenait entr^autres, unreproche amer contre Louis XIV d'avoir reconnu le Prince de Galles; comme fi cette reconnaiffance cut: portéplusde préjudiceaux droits-. 3e la Maifon de Hanovre, que le vain titre de Roi de France que prennent les Rois i Angleterren'en porte a la Maifon de • liourbon. La Reine Anne était d'autant noms a pardonnerde traiter le Prince de balles d'enfaut fuppofé, qu'elle ravair -res - bien le contraire..-. B y avait encore lans ce Manifefte un Article qui aurait ia ouvnr les yeux auxEtats-Généravu..  SucceJJion d?Esptgn$. ïj^ Louis XIV outré que les Anglais eufiënt interdix k fes fujets, ainfi qu'a ceux de la République & k toutes les Nations commercantes , 1'importation des Marchandifes étrangeres qui n'étaient point du cru de leurs Pays re'fpedtifs, avec leurs Navires, fuivant la fameufe Ordonnance du Parlement du tems de Crotnwel; ceMonarque, dis -je avait fait publier dans fon Royaume, leódeSeptembre 1701 une pareille défenfe contre les Anglais, fuivant la Loi du. Talionrepréffaille fi léguime, qu'elle mériterait par cetv railön d'être fuivie par tous les Royaumes, & les Etats. Quelque fondée & quelque conforme au L>roit naturel que fut cette conduite de la France ; cependant comme elle portait au Commerce des Anglais' dans ce Royaume le même coup que cette Nation, avidedegain, avait porté auparavant k celui des Hollandais dans la Grande-Bretagne, elle fut un des principaux motifs qui engagerent les Anglais k, déclarer la Guerre a la France, quoique la Nation Anglaife,. ayant la. première present en pleine paix5 une iemhlable Loi: k, tous les Peuples ne Peut point regardqe alors. comme injufte, ou comme fournifianc le moindre fujet de rupture , mais, au contraire avait dès 1'année 1678 enüerement défendu tout Commerce aV v.ec.: la. France fc comme extrêmement. m  1/02. T,, ia v. »i -1 £. I I ( vï 3 ( 3 20 Guerre pour la préjudiciable au Rovaume d'An'HeT.er • re. " 6.. ' L'Empereur qui avait plus deraifonsde fe plamdre de Louis XIV , ne les tira cependant pas toutes de faits fürs &' yrais. E avanga dans fon manifcfte qu'il était connu de tout 1'ünivers que Louis XIV n'avait obtenu le Teftament de Charles II- qu'en corrompant les MiniJ^de ce Monarque & en profltant de fa faiblefie de corps & d'esprit, pour lui faire figner un Teftament qu'il n'avait pu ni lire ni entendre. Cependant aucune de ces déclarations de guerre n'irrita plus Louis XIV que celle des Etats-Généraux. II ne put,, en faire Ja lecture de fang - froid. II neput s'empêcher, en la. jettant fur ia ta?ie '. la5er éG-haPPer ces mots : fe aurai bien faireencore repehtir Meffieurs es Marchaods de Hollande de leur tudace a, me déclarer la guerre Ce Monarque fembla méprifer d'entrer dansJne multitude de raifons , pour répc-nire a la provocation des trois PuilTan;es. La Paix de Ryswyck , difait-il , sonclue dans un tems oü le Roi en 'ertudela ftipériorité de fes armes,'au;ait pu dicter la loi aux Puiffances Voiir.es, était une preuve éclatante de fon leur fincere de donner Ia paix a fes fu~ ïtS; L'Empereur fans avoir aucun wat fur ia Monarchie Efpagnole,. cüer-  'SucceJJion cPEspagfie. urs fes armes, & après avoir clmmane chaque année les troupes Alliées avec iccès pendant le cours de Pété il faifeïr mier égaiement fes talen s pourJa né jciation durant le repos de Phiver. Les ng ais Pont comparé k Céfar; ma s les eilleurs juges des exploits militai 2 • lui ont pas eté auifi favorables & loiqu ils n'aient pas refufé de le mettre nombre des grand* Généraux, ils ont mar-  Smeejjlon (PEspagnc. *j marqué beaucoup plus d'eftime pour Guillaume presque toujours malheureux, que pour Marlborough, accompagné de la victoire. II eft vrai qu'il battic de trés feabiles Commandans; mais ce fut moins par la fupériorité de fes talents, que paree qu'il eut toujours I'avantao-e dc pouvoir faifir le moment favorable" fans etre aflujetti a aucune gêne, pendant que fes adverfaires ne pouvaient faire un pas ni engager une aftion, fans avoir recu les ordres d'une Cour éloignce, oü ceux qui s'étaient efnparés de 1'efprrc du-Monarque, étaient plus propres a dinger le Gouvernement de Saint-Cyr que la conduite des armées. Marlborough [avait oppofer a 1'ardeur tumultueufe & bouillante des Frangais, cette préfence d^efpnt tranquille & mefurée, qui dans un combat femblaic le transporter audefius du champ de bataille, d'oü i! portalt un coup d'oeil infuillible fur les deux armées,_& prenait enfuite 1'unique parti qui pouvait affurer Ia victoire a celle qui agitiait fous fes ordres. Son avance excesfive n'était pas propre a Iui:conciher 1'affection de fes inférieurs, maïs n lui fuffifak d,en ê£re cra.nt ^ eltime, & fes premiers fuccès lui aiTui-erent tellement la confiance des troupes, qu'elles crurent toujours marcher a ia gloire en combattant fous fes étendards.Tem. IX B I.702.  Marlbourotigh risque de tomber au pouvoir des Frantaii. ! 1 1 I ) 3 I , j I ] f f i > i i f 51 f, V s6 Guerre pour la Peu s'en fallut que cette même année ne mit fin a fa gloire. Après Ia campagne il fe rendaic a Maaftricht dans un Jacht avec vingt-cinq foldats, pour eagner par eau la Haye. II fut joint a Ruremonde par le Général Coèhorn. avec foixante hommes dans un plus grand batiment •, & ils avaient encore pour escorte foixante cavaliers qui fuivaient le rivage; mais qui s'égarerent dans les tériébres. Un partifan Frangais, caché lans les rofeaux avec trente-cinq homnes, fe faifit de la corde du petit batinent, y entra le piftolet a la main, & e rendit maitre de tous ceux qui le iiontaient. Le Général Obdam & 1'un les deputésHollandais, étaient munis de Jalie-ports qu'ils montrerent au partian ; mais le Comte avait négligé de >rendre cette précaution, & if eut été nfailhblement fait prilonnier fans une irefence d'efprit qui le fauva. II avait >ar hazard dans fa poche un ancien pasï-port, au nom du Général Churchill fon rere; il le préfenta avec affurance, & 3U que le partifan ne fit pas attention V^Ce qui était expirée, foit qu'il iit éblom par les guinées d'Angleterre. ! laifla palier le Comte, ne retint prijnmer que ceux qui n'eurentaucun passport a montrer; la barque continua i route après avoir été pillée. Le Gouerneur de Venloo, ayant eu avis que  SucceJJïon d^Espggnc ij Ie Général Anglais venait d'étre arrêté, er ut qu'on 1'erameneraic a Gueldres, & lortit auffitót avec avec fa garnifön pour inveftir cette Ville. Les Hollandais contternés donnerent en même tems des ordres pour raffembler leurs troupes: mais elles devinrent inutiles par 1'arrivée du General a la Haye, oü il fut recu avec des transports de joie. La fortune favo'rifa fur-tout les alliés iur mer. Ils fe propoferent les plus bnllantes entreprifes. Pour eet effet, ils équiperent une flotte de trente vaifleaux de hgne Anglais, & de vingc Hollandais outre les aucres batimens dont ie total montait k cent - foixante voiles. Le commandement en fut donné au Chevalier George Rooke, Vice-Amiral d'Angleterre. Le Duc d'Ormond fut nommé Général des troupes de débarquement. compolées de fept mille Anglais & de cinq mille Hollandais. L'objet de eet arme^ ment était la conquête de la ville & du port de Cadix. Le Prince de Darmltadt en dilait 1'execution facile, au moven des correspondances qu'il aüürait pouvoir fe procurer dans le pays; mais la vengeance feule,était le motif qui lefaifait parler ainfi. Il avait perdu le gouvernement de Barcelone. % L£flottc étant arrivée k 1'embouchure du Tage,_ y attendit le Prince de Darmltadt, qm s'était rendu d'avance a LisB a 1702, ïeureufe rxpéditioit ics Alliés 'ar Cadix k Vigo.  ü8 Guerre pour la 1702. Arrivée i devaut Ca iix. bonne pour .engager Ie Roi de-Portugal a fe joindre aux alliés par la craintequUl fut lui infpirer de la puiffance de 1'Espagne & de la France reünies, qui ne rnanqueraient pas de le chaffer un jour de fon Royaume. Ces raifons fpécieufes étaient plus que capables de décider le Roi de Portugal k fe ranger du cóté de PArchiduc; cependant il fe contenta pour lors de favorifer fecrettement les ennemis de.-Philippe V & différa jusqu'au printems de Pannée fuivante k fe déclarer ouvertement. 1 Les préparatifs que Pon faifait en An•gleterre contre Cadix étaient fi publics; on y procéda avec tant de lenteur, que les deux Rois eurent tout le tems néceffaire pour mettre cette Ville en état de défenfe. Les Espagno's n'avaient auxune force a oppofer k une defcente des ennemis. Ilsn'avaient dansleurs ports que tres-peu de vaifleaux de guerre,Sc lorsque 1'on apprit le projet des alliés, le -Marquis de Villadarias qui commandait dans PAndaloufie, n'avait pour toutes troupes que cent-einquante hommes d'Infanterie & trente de cavalerie. La garnifon de Cadix n'était que de trois eens hommes, on n'entretenait ni magafins ni armes pour donner aux milices ■du pays; & a la veille d'une guerre -fanglante, cette Province fituée fur la ■fcontiere, était plus dégarnie qu'urie  SucceJJïon d'Espagne. 29 Province. intérieure n'aurait dü Pêtrc dans Ie tems de la paix la plus profonde. Le Roi était en Italië, & Pon avait confié le foin du Gouvernement k une Reine, dont Page femblait peu propre k 1'adminiltration d'un grand Royaume. Sans argent,- fans armes, fans troupes de terre & de mer, elle manquait encore de -Chefs k qui elle put confler le commandemenc dans une Province,oü 1'affection des habitans était très-douteufe. Malgré des circonliances 11 fkcheufes, cette PrinceiTe, avec une prudence qu'on ne devait pas naturellement attendre d'une Reine de quinze ans, vit fans fe troubler, le danger qui s'approchait. Elle convoqua lesMiniftresdu cabinet, & leur paria avec tant de graces & de force,. qu'il n'y eut perfonne qui n'ofFrit fes biens & fa vie pour la défenfe de la patrie. Les grands, la noblefle, le peuple & jusqu'aux eccléfiaftiqucs & aux moines contribuerent k 1'envi, chacun felon fon pouvoir, a fournir cequi était leplusnécclfaire. Les Milices furent armées & toute la Province parut difpofée k défendre les droits de la Couronne, avec toute la fidélité naturelle k la Nation Elpagnole. La Flotte combinée, après être reftce quelques jours devant Lisbonne , & avoir kqu le Prince de Eannftadt, arriva le 23 d'Avril k la vue de Cadix vers les B 3 I702,  33 ' Guerre pour ia 1702. trois henres après midi. ÏI était imposfible de faire dans les formes, le fiege de cette ville, mais elle aurait été dans un grand danger fi 1'entreprife avait été mieux conduite. Le Gouverneur Don Scipion Brancaccio, Chevalier Napolitain, avait beaucoup de bravoure & de capacité. Le Marquis de Villadarias , qui commandait fur la cóte était un Officier très-expérimenté; mais ils n'avaient que des milices mal armées & ce fut avec cette faible défenfe qu'ils attendirent les attaques des Anglais & des Hollandais dont les troupes étaient-aguerriespar les campagnes précédentes & capables de tout, s'il y eut eu plus d'accord entre leurs Chefs. Les alliés, en arrivant devant Cadix,mirent leurs vaifleaux en ligne, depuis la pointe de faint Sébaftienen s'étendant en face de 1'Isle. Ils envoyerent le 24 quelques batimens pour fonder la mer dans la partie feptentrionale. Mais le Gouverneur fit un feu fi terrible qu'ils n'oferent approcher des remparts. Les alliés commerxerent le 26 k débarquer fur le continent. lis trouverent quelque réfiftance de la part du Marquis de Villadarias k la tête de fes milices; mais ces troupes n'étant pas en ttat de tenir contre de vieux foldats, le Commandant les fit retirer au port Ste Marie. Les alliés croyaient emporter cette ville  SucceJJion d'Espagne. %t d'emblëe; mais le Marquis tic fi bonne eontenance qu'ils tournerent du cöté, de Rota, dont ils fe rendirent maitres < fans peine, par la connivence du Gouverneur Espagnol. Le Prince de Darraftadt lui donna pour récompenfe le titre de Marquis au nom de PEmpereur, mais il n'en jouït pas longtems. Villadarias Penvoya au gibet lorsque cette Ville rentra fous la domination Espagnole. Le débarquement finit le 30, & pendant ce tems - lk le Prince de Darmftadt courut le pays pour fe faire des partifans, mais il ne put corrompre la fidélité des Commandans. Lesaliiés voyant qu'il fallait employer la force, attaquerent la ville du port Ste Marie le premier de Septembre; & centvingt hommes qui y étaient en garnifon, après avoir combattusquelque tems, fe retirerent en bon ordre k Xerès. Si Pon peut en eroire les rélations des Espa^nols, les alliés maitres du port Ste Marie y commirent toutes les horreurs qui accompagnent la licence la plus effrénée. Le iéxe le plus faible y éprouva un traitement plus cruel pour lui que la mort. Le meurtre & 1'incendie furent joints au pillage & a ia profonation des Eglilès. On y commit des excès ft horribles que les Espagnols naturellement pieux, congurent ('horreur laplusméritée contre des Ennemis qui mar-. B4 I702.  ï i t i c r F 3& Guerre pour Ia. chant fur les traces des Maures, fcnrblaient vouloir égaiement détruire leurs perfonnes & leur culte. C'était mal commencer, fi i'on avait envie de gaper 1'amitié & la faveur de la nation, J^es Lspagnols les plus fages congurent mie. tclle averfion pour les alliés, iur-tout une averfion fi furieufe pour les Anglais que le tems n'a jamais pu 1'as.'Qupir. ■ Les alliés s'emparerent enfuite d'un autre petit fort, nommé Ste Catherine fur Ja même cóte; il n'était défendu que par vingt cinq hommes qui fe retirerent dans ia tour, oü ils capitulerent, ne pouvant tenir contre une armée entiere. Le 8 ils entrerent dans PuertoKeal que les Espagnols avaient abandonrés. Leur objet était de s'emparer de ^latagorda,pour être maitres delaBaye. mis quand ils. voulurent en approjp.er, ils regurent un fi grand feu, ju'ils furent obligés d'en difierer Pattajue après avoir perdu beaucoup de monle; 11 y avait aufll dans le port quclques airaaux & huit galeres de France qui aivaient tous les mouvemens des vais-aux Anglais & Hollandais; après bien es attaques & des efforts redoublés 'our rompre 1'Estacade formée entre les eux forts, les alliés furent obligés de smbarquer leurs troupes le 17. L'on ropofa enfuite de defcendre k Pile de  Saceejjhn d'Espagne. 33 C idix, mais 1'Amiral Rooke, malgré le Duc d'Ormond & le Baron de Bar Général des Etats & les proteftations de ce dernier, dirigca les voix dans le Confeil pour le retirer fans faire de nouvelles tentatives. Les alliés firent leur rembarquement avec tant de précipitation & fi peu d'ordre,que plufieurs chaloupes chargées de foidats coulerent k fond, que les milices du pays leur tuerent plus de fix eens hommes, & que 1'on oublia de faire provifion d'eau douce. Ainfi fe terraina cette expédition dont on avait fait les préparatifs avec tant d'éclat. Quoique la réfolution prife par 1'Amiral Rooke, & le Duc d'Ormond de quit-! ter la cöte d'Andaloufie,futarrêtéedans' un confeil de guerre, 1'Amiral eut eu bien de la peine k faire valoir leurs raifons en Angleterre , fi le hazard ne lui eut procuré le moyen de couvrir la honte de fa retraite par une expédition plus glorieufe. Le befoin d'eau ayant obligé quelques uns de leurs vaisfeaux de relacher fur la cóte de 1'Algarve pour faire aiguade, le Capitaine Harri qui montait le Pembroke, y apprit que le Comte de Chateau-Renaud, Vice-Amiral Frangais escortait avec vingttrois vaifleaux de guerre la flotte des gallions qui portait en Espagne 1'or & 1'argent qu'elle avait chargé en Améri- B K 1702. Viftoke les Alliés l Vigo.  Ï4 Guerre pour la 1702. que & que cette flotte était entree dans le port de Vigo fur les cótes de Galice. ■ L'Amiral averti par Harri remit auffitöt k la voile, elle arriva devant la ville le 22 d'Odtobre. Le -tems était fi nébu. leux qu'on n'appercut la flotte combinee que lors qu'elle touchait presque k 1'embouchure du petit golfe fur lequel eft fitué Vigo. Cetie ville n'avait que de fimples murailles avec un fort a quatre baftions de peu de defenfe. M. de Chateau - Renaud ne négligea rien pour to fureté de la flotte, & après avoir fait tous les préparatifs que le tems put lui permettre, ayant raflemble toutes les troupes & les milices du pays, il réfölut avec ce peu de forces d'attendre les alliés. m Auflitót que la flotte combinée eüt jetté i'ancre, quelques petits batimens s'avancerent pour fonder ia profondeur de la Baye. Le Duc d'Ormond deicendit lur la rive meridionale avec un corps de deux mille hommes. lis marcherent aux batteries & aux forts qui dèfendaient les vaifleaux,les attaquerent avec vigueur & les emporerent 1'epée a la main. Ils y perdirent plus de cent hommes par la refiltance de 300 Mariniers Frangais & de cinquante Espagnols, qui fe voyant prets d'être forcés, fe retirerent dans un vieux Chateau. Quelques tems après ils voulurent faire une fortie  Succeffïon d'Espagne. 35 mais les Ennemis ne leur donnerent pas le tems de fermer la porte, & entrerent avec eux dans le Chateau dont ilsferendirent maitres. ' Pendant que Pon combattait ainfi fur terre, les vaiffeaux des al lies fe dispolaient a rompre 1'Eftacade. Le Vice-Amiral Hopfon , & le Vice-Amiral van der Goes , reuffirent a la forcer. Les eftorts dei Frangais ne retarderent que de quelques heures le désastre de la flotte. Les alhes maitres des battenes, (es tournerent contre eux, firent un feu terrible de toutes parts, & jetterent une quantué prodigieufe de grenaaes. les Frangais refifterent longtems; mais enfin obhge's de ceder a la fuperiorité , ils rmrent le feu a leurs propres bktimens & en firent échouer quafe. Les alliés ne laiflèrent pas de s'emparer de cinq vaifleaux de guerre & de quatre galionsl il y en eut dix-fept de brülés, quatre d'echoués & quatre frégates furent aufil brulées. Cent pieces de canon furent emportces avec une immenfe quantité d'efFets dont on n'a jamais pu lavoir la valeur; paree qu'ils furent divertis par les particuliers qui n'en fi>ent pas la jdeclaration La perte des Frangais & des Espagnols fut d'environ deux mille hommes tués, & de tous ceux qui fe retirerent, il n'y en eut qu'un tres petit jnombre qui le fiflent fans bleffure*. L AB 6 1702.  Sö . Guerre pour la Ï?Q2. larx'terti li- 255. miral Espagnol fut fait prifonnier. Les alliés ne compterent que neuf-eens hommes de tués ou bleffés. Ainfi fe termina cette expédition égaiement célebre foit par 1'audace de 1'entreprife , foit par le butin qu'on y fit, foit par la perte qu'elle caufa. Mais tel eft le deftin de la guerre qu'elle eft fouvent fatale i) ceux qui triomphent! Pendant que les Etats-Généraux ordonnaient des prieres publiques pour remercier le Ciel de cette éclatante victoire t plufieurs maifons de commerce d'Amfterdam pleuraient fur la perte des Gallions auxquels on fait que toute 1'Europe & furtout les Nations commergantes font confidérablement intéreffees. Quelques uns, même demanderent uneindemnifation fur les effets énlevés. On eut quelque égard a cette requête; rnaiscoirrmeonexigeait des requérans des preuves de leur propriété, & que la plupart de leurs négociations fijr 1'Amérique Efpagnole s'étaient faites fousdes noms Efpagnols, presque tous furent obligés de facTifier leur intérét particulier a la gloire de la Patrie. II ne fe paffa rien autre d'important fur Mer cette année. Les Anglais s'emparerent dans les Indes occidentales de Plfle St. Chriftophe appartenant aux Frangais. Les événemens avaient été balancés dans les endroits ou les Etats u'avaient  SucceJJlon d'Espagne. g? aucürrë part aux opérat:ons. Lc Duc de Vendome petit fils de Henri IV avait le 24 May fait lever le fiege de Mantoue au Prince Eugene. II battit lc 16 dejuil. let le Général Visconti a Santa Vittoria. En Lombardie,les deux partis s'attribuerent le gain de la bataille de Luzara, oü fe trouva le jeune Roi d'Espagne qui en recueillit les avantages, puisquc les villes de Luzara & de Guastalla lui ouvrirent leurs portes. Ainfi finirent les campagnes de la première annëe de cette guerre fameufe. Les Etats, animés par ces preludes, montrerent une ardeur finguliere pour en presfer la pourfuite. Én conféquence Vers. la fin de 1'année ils firent prier la Reine i Anne d'augmenter le nombre de fesTrou-i' pes; le Parlement Britannique confentit' ï cette augmentation,mais il y ruit une 1 condition,favoir que lesEtats défendraient1 rigoureufement tout commerce avec la/ France & PEspagne. Le Duc de Marl- 3 borough avait, avant fon dernier voyage en Angleterre beaucoup infifté lk desfus; & les Députés Impériaux & Anglais iniiftaient d'autant plus vivement fur ce point, que les armées Francaifes en Italië, en Allemagne & dans les PaysBas, difait - on, tiraient des fommes confjdérables des marchands de Hollande & d'Angleterre. L'interêt du commerce, le nerf de la République, avait exigédans B 7 1702. 1/0.3- Les pré.;ilrs Holii'dais é* ulent les rnhibions. 'indal V. 7.1 - 179* amhsrli I. 306» 40.  R-'botitet Vil. 277. iWfi. de Rliinberk. s ( ( i ] ( I f. v t a f< 3& Guerre pour la les dernieres guerres, qu'on ne touchac ïïn ? C,eCCe f?orde- Mais- les inftances furent alurs fi preffantes & les Etats-Gé- PAmXrCt!UOnt hés 11 «roitement avec i^lerterre* que' 1'oppofition i mtt.et national a celui de leurs cönfé deres. Mais 1'efprit de commerce fuuftS: ver des artifices pour ciuder cette defenie. Les Banquiers empioyerent les noms de marchands etabUs da/s les pays nïtres, & par 1'appat d'un gain leger ils conunuerent les mêmes correspondanoes avec lécuritc. «pun- Les Etats,s'etant concertésaveclHn?leterre pour ajouter vingt mille hommes aux troupes combinées, pour lacam- «TeVp8 P^S-B;,S' "'^tendfrenc >as que les Frangais ouvriflent la cam- 5ffi"r ?as-Rhin & dans'3™, .jys-Bas. Les commencemens furent fu.n augure favorable: Rhinberk fe renï w?°T'? Pruffiennes commandées wG?J? L°ttUn, qui' aPrès unaffez ang fiege emporta de même la ville de rueldre. Maïs lesconquêtes les plus in> 'ortantes furent taites par Marlborougn. La Reine Anne pour récompenler %s :ryices que ce General avait rendu 1 tece de fes armées, 1'avait elevé ■a quahte de Duc. Cette PriqceJ • ie deitinaic au commandement des  Succejpon d'Espagne. 33 troupes Anglaifcs, qu'elle envoyait ei Fiandres, & les Etats-Généraux Payant re connu auffi pour General des leurs, il f rendit k la Haie le 17 dc Mars pour com mander en chef 1'armée des alliés. J eut de fréquentes conférences avec h Grand Penfionaire Heinfius & avec li Comte Henri de Naffau, Seigneur d'Ou werkerke, qui, conjointement avec le Ba ron d'ObJam, avait fuccedé au Comt< d'Athlone. Ayant réglé le plan des o pérations de la campagne, le Duc pafi] dans le Brabant, & vint camper entn Tongres & Liege. Cette pofition lt mettait k même de fe porter fur Bonr dont le fiege devait fe faire par le Baron d'Obdam & par lui, fuivant qu'il avait été réglé a la Haie. En conléquence le Baron devait commander les troupes des Provinces - Unies fur le Rbin, & le Général d'Ouwcrkerke fur laM-'ufe. Bonn eft une des principales villes de i'Archevéché de Cologne & la refidence de PElecteur. L'Archevêque Clément, frere de 1'Elecr.eur de Baviere. qui de vait fon eleónon k 1'Empereur, avait changé d'intérêts, s'etait attaché a la maifon de France, & avait regu dans Bonn des troupes de Louis XIV. La place fut inveftie le 24 & le 25 d'Avril par ie Géneral Bulaw, a la tete de la cavalerie Anglaife & Holiandaife, & par le Général Fagel , avec 1'iniknterie 1 1 Prife deBonn ]1ZT lés Conr'édciés.  4° Guerre pour la des mêmes nations. L'armée des alliés était alorsaugmentéede vingt mille hommes, dont le Parlement d'Angleterrc avait confcnti a faire payer la moitié de la lolde, a condition que lesPrincesd'Allemagne fe chargeraient de 1'entretien des troupes. Le Général Coëhorn arriva le q6 au fiége, & dispofa trois attaques, 1'une du cóté du Rhin , qu'il fe chargea de ciriger en perfonne contre le fert qu'on appelle de Bourgogne; les autres contre le corps de la place, fous les ordres du Prince de Hefle-Casfel & du Général Fagel. La nuit du 3 au 4 de Mai ou ouvrit la tranchée, mais dès le lendemain les asfiégés firent un feu fi terrible & foutenu avec tant de vigueur les jours fuivans, que les alliés perdirent un grand nombre d'hommes. Leurs batteries ayant été dreflees, ils commencerent a répondre au feu de la place, lis avaient cent pieces de canon, cinquante mortiers, & fuivant le nouveau fyftême que Pon commenga de fuivre dans cette guerre, ils rendirent les attaques fi vives , qu'il fut impoffible aux affiégés de reparer les brêches, ni méme de s'y préfenter, fans être écrafés par les boulets & par les bombes. Le 8, les aliiés rompirent a coups de canon te chaine qui attachait le pont volant que les Frangais avaient fur le Rhin, & il fut entierement brifé par 1'artillerie  Succejjion dfEspagfte. 4'ï des sfiiégeans. Le lendemain 1'on allaic donner 1'affaut, lors qu'on apperguc que les Frangais faifaient retraite fous les ordres de M. de Rabutin Commandant du fort,& que pour la couvrir ils avaient mis le feu k quelques batimens dont la furnée femblait les dérober k 1'ceif des alnégeans, Mais ceux-ci s'en étant appergus,entrcrent dans le fort avant que les Ennemis euffent eu le tems de fortir, en pafferent plufieurs au fil de 1'Epée & firent quarante prifonniers. Le 13 les Frangais firent une fortie, enclouerent fix pieces de canon, & fix mortiers & tuerent beaucoup de monde aux alliés. Gela n'empêcha pas que le foir du même jour ils ne fiffent une attaque fi vive, qu'ils fe logerent fur la -contrefcarpe. Enfin le 15 tout le front de 1'attaque ne faifant plus qu'une grande brêche, ils fe dispolerent k donner 1'affaut. A~ vant d'en venir a cette extrémité, IVIarlI borough fit fommer le Marquis d'Alle-'J gre Gouverneur de la place de fe rendre. Le Marquis convaincu de 1'imposfibilité de tenir plus longtems, battit la jchamade; les conditions" furent réglécs e lendemain, & on lui accerda tous les honneurs que méritait fa belle défenfeimais il fut réglé que les- foldats Alle' ! mands k la folde de l'EIeclcur, auraient la liberté de quicter fon fervïce, s'ils le jugeaient k propos, fans pouvoir êiré  42 Guerre pour la Campagne ties Payslu. i regardés comme déferteurs. C'était s aflurer finement des recrues. • Dans les articles de la Capitulation, il n'y eut rien de réglé par rapport a ia Rcligion Catholique-Romaine, & il fut dit qu'on s'en rapporterait au Chapitre de Cologne, qui decida qu'il n'y aurait rien d'innové k ce fujet , fur quoi ie Général Anglais ne fit aucune difficulté. Ce fut un effèt de fa politique; les partifans de la maifon de Bourbon publiaient par-tout que les puifiances mantimes avaient principalement en vue dans cette guerre d'étendre la Réligion Proteftante. Quand le Duc fut maitre de Bonn, il en fit démanteler les fortifications, trouvant cette place trop éloignée pour la pouvoir conferver. Pendant que les alliés étaient occupés k ce fiege, le Maréchal de Villeroi que Louis XIV avait nommé pour commander Parmée de Flandres, ayant fous fes ordres le Maréchal de Boufkrs, rasfembla k Bruxelles une armée decinquante-quatre bataillons & de cent-trois escadrons,non compristrois corps détachés, & marcha k Tongres le 10. de Mai. Cette ville fut emportée le même jour, & la garnifon fut faite pri,ronniere de guer- . re. Cette place n'avait que des fortifi;ations de terre & n'était pas fufceptiale de défenfe. Le Maréchal, en fe reniant maitre de cette ville avait en vue  SucceJJion d'Espagne. 43 la conquête de Maaftricht; mais le Général prévint ce deflein, en confervant a une lieuede cette ville un camp trés fort, • occupé par toutes les troupes qui n'avaient point été employées au fiege de Bonn. Malgré cette précaution M. de Villeroi esperait profiter de Pabfence de ce Général pour furprendre ces troupes. II marcha toute la nuit du 14 au 15 pour tomber fur elles au point du jour. Mais Partillerie n'ayant pu fuivre avec autanc de diligence, fon armée ne put être en bataille qu'k midi, ce qui donna le tems aux alliés de faire un mouvement pour fe mettre a couvert plus prés de Maaftricht, dans une fituation fi avantageufe, que le Généfal Frangais jugea impofiible de fes attaquer. II fe rabattit fur Tongres, & abandonna cette place, après en avoir fait fauter la tour & les portes. Le refte du mois de Mai & la plus grande partie du mois de Juin fe paflerent en marches & en contremarches. Les Généraux Frangais, voyant que les alliés. étaient plus nombreux, fecontenterent de les tenir en échec & de chercher a les tn ubler dans les opérations, lans en venir a une aftion générale, a moins que des circonftances favorables ne les mit k même d'y tr-juver un avantage. Dans tous ces mouvemens les deux armées fe trouverent fi proches qu'elles, ITO-  i 1 44 Guerre pour la n'étaient féparées que par !a riviere dm jar. Le Duc de Marlborough avait rame* ne au camp les troupes qui avaient fervi a 1 expedition de Bonn , & fon armée etait alors de cinquante-neuf bataillons & de cent-trente escadrons. II forma le projet d'attaquer les lignes de la F'anures & du Brabant Espagnoi que les Généraux Frangais s'occupaient particulierement a garantir, en fuivanc toujours leur plan de défenfive. Pour mieux rcu hr dans fon deffein, le Général Anglais voulait attirer les Frangais if une bataiile, oü il efpérait profiter de la lupenonté de fes troupes; mais au rapport des hiftoriens Anglais, les Généraux Hollandais s'y oppoferent, ou par gwoufie ou par timidité, & voyant que ardeur du Duc pourrak 1'emporter für leur referve, ils demanderent & obtinrent que les Députés des Provinces-linies, qui étaient dans le camp, asftitasfent aux Confeils de Guerre. Ces timides Bourgeois, plus accoutumés a-trai:rr des alfaires de commerce que des o3erations militaire», portcrent dans le ; -onlei! eet éfpric de précaution fi peu sropre aux grandes entreprifes, & firent .'cnouer tous les projets que le Duc ivait formés pour amener une ae>ion eé icrale. 6 Après beaucoup de délibérations &de entcurs on s'en tint au mauvais parti.  SucceJJion tPEfpagne. 45 Ce fut de partager l%rmée en plufieurs eorps pour attaquer en reême teras les ligfies en difFérens endroits. ■ Le Général Spaar fe chargea d'actaquer la partie qui était au de la de L'Escaut, dans le pays de Waës, le Général Coëhorn , entreprit de forcer le paffage dsns le territoire de Hulst, & le Général Obdam, parti de Berg-op-Zoom avec un autre corps d'armée, devait entrer dans les plaines d'Anvers , pendant que le Duc de Marlborough' fe porterait fur les lignes du Brabant. Ce partage de Parmée donnait a la vérité une armée è commander k chacun des Généraux Hollandais, mais ils ne regurent pas en même - tems les talens qui menent k la vi-' étoire, & la caufe commune fouffrit beaucoup de ce partage. Les lignes des Frangais s'étendaient dans le Pays de Waës fur les frontieres de la Flandre Espagnole, depuis Oftende jusqu'k 1'Escaut, un peu au delfts d'Anvers ; On y avait élevé des forts, & fait des retranchemens dont la garde avait été confiée au Comte de la Mothe avec quatorze bataillons & quatre régimens de Dragons. Coëhorn, ayant paflé 1'Escaut , fit le premier fon attaque k la pointe de Callon & forga aiiément les hgnes que leur grande étendue empêchait de pouvoir garder égaiement par-tout. Le.Baron de Spaar, fei-  4 £ ( c q d n k a Bataille d'Èckercn.g d: d( le 4Ö G*«r* pour Ia gnit une marche du cóté de Bruges • mais le 27 de juin il tourna tout-kcoup vers Stecken, & entra dans les lignes li y trouva fept Bataillons qui fe defendirent avec la plus grande valeur , mais la fupériorité du nombre les forga d'abandonner leur pofte. Les Allies y perdirent un Colonel, deux Lieutenans- Colonels, dix Capitaines&troiscens - douze Soldats. lis eurent un grand nombre de blelïës, entre lesquels fut le tfaron & plufieurs des pnncipaux Officiers. Cette conquête ouvrait aux Alliés toute la Flandre Espagnole. Mais pour entrer dans le Brabant, il faüait ju'ils s'emparaflent de celles d'Anvers jue gardait le Marquis de Bedmar La ?!ranne Armée oü talent le Duc de Marlborough & M. d'Ouwerkerke . 'avanga entre Louvain & Malines pour ttaquer de ce cóté-lk; pendant que le reneral Coehorn fe tenait a la gaucbe e 1'Escaut pour tenir en échec le Marnis de Bedmar, & que le Baron d'Obam avec un corps de quinze mille homles le fortifiait dans un camp entre EcSTt? ^ J?aPeHe, environ deux lieues 1 Nord-Eft d'Anvers. Les Maréchaux de Villeroi & de aufflers formerent alors le deffein accord avec le Marquis de Bedmar' : couper le Baron d'Obdam, & d'enter, s'ii ecaic poüible, le corps qu'il  Succeffïsn d'Espagne. 47 commandait; profltant de la marche du Duc de Marlborough qui fe portalt fur Anvers , ils firent avancer leur armée ■ vers Dieft. En même tems M. de Boufflers avec trois mille hommes de Cavalerie &crente compagnies cc Grenadiers arriva le 30 de Juin k fix heures du mntin au quartier du Marquis de Bedmar II fe joignit a eux, avec commandait; & ils continueren! leut marche au nombre de vingt-huil taillons & de quarante-lniic eseadrons. Le Général Obdam n'avait qu< treiae bataillons & vingt-fix cscaJror.s. II avait k fa droite un terrein b s , quj n'eft que marais, & s'é plufieurs lieues le long de 1'Escaut. Ce Canton ferait impniticable fans les chausfées que 1'on a élevées pour conduire k quelques villages , & aux digues qui retiennent les eaux de 1'Escaut. Le Général Obdam, fur quelques mouvemens des Frangais, avait déja renvoyé fes gros bagages k Berg-op-zoom, & comptait s'y retirer avec fes troupes; mais le Maréchal de BoufHers s'était déja emparé de Hoeven , d'Oudcren de Muysbroeck, de Capclle & des autres polles qui pouvaient facilitcr la retraite des Hollandais k Berg - op - zoom ou k Lillo , avant que le Général Obdam fut que les Ennemis étaient fi prés  ■ 4' Guerre peur Pt de lui, & qu'ils allaient le prendre en flancs. Les Heilandais n'avaientd'autre reffource que celle de Ücher de gagner Lillo en fe rendant maitre des chauiïees & en forcant les paflages a Ouderen, Vilmendonc & Comienftein pour arriver a la grande digue de 1'Escaut. Auffitót que ler Baron reconnut la pofition facheufe ou il s'était laiffé réduire, il fir prendre les armes a fes troupes . compofées de Hollandais &c d'Allemands de Saxe-Gotha , de Munfter & de Holitexn & envoya le Brigadier Général bchulembourg avec cinq- cents Dragons pour reprendre Hoeven. Ils y firent des prodiges de valeurjmais les Francais étaient trop bien retranchés & furtout en trop grand nombre, pour-qu'il fut poffible de les y forcer. Le Général Schulembourg fut d'abord plus heuteux du cóte d'Ouderen, & avec deux Bataillons, il réuffit a en délo»-er les Frangais qui s'y étaient établis. Mais il ne refta pas iongtems .dans cette pofition. M. de Boufflers fit marcher a la droite le Comte de Guiscard & le Duc de Guiche avec fix Bataillons qui renrirent Ouderen, & iui-mème avec ving't-deux aataillons & dix piéces de Canon at:aqua Eckeren, dont il fe rendit mai:re après une vigoureufe réfiftance. \mfi les Frangais étant maitres d'Oude;en-.qu'ils avaient repris, Sts'étantem- ■  Succejjion d'Espagne. 49 ■pré du Canon que les Alliés y avaient aménés, & le Maréchal de Boufflers tenant tous les palTages, ilfemblait que Tarmée du Général Obdam n'attendait plus que le moment qui les poufferait dans les marais oü elleallait périr^mifé. Tablement , ou fe rendrait prifonniere de guerre. Les Généraux Fagel - Eberfied Dohna & Hompesch fefoutenaient a la tö • te de leurs troupes avec toute la valeur qu'infpire ie défespoir a de braves.gcns malheureux. Ils fe défendaient de poste en poste, quand il parut un nouveau corps d'Espagnols qui venaient d'Anvers par la grande Digue de 1'Escaut; il avait gagné le Fort St. Philippe d'oü il donnait la main au corps que commandait le Marquis de Bedmar. Ce. renfort I -renfermait de tous cötcs les troupes du f Baron d'Obdam, qui fe trouverent entieJ rement refferrées entre Anvers ■& Par-, mée du Maréchal de Boufflers. Le Gé-: Inéral Hollandais ne voyant, plus.-aucun jfalut pour fon armée, prit la réfolution ide fe lliuver lui-même avee quelques |uns de fes Officiers Généraux; la retrai! te leur fut facile, parcequ' ayant jetté ;tout ce qui pouvait les faire reconnai'tre, & qu'il parlait très-bien le Frangais, Ii« pafferent au travers de 1'armée Roya-; le, oü on les prit pour des Officiers de la nation, & après plufieurs dangerf ' iils parvinrent a fe retirer dans Bréds. | Tom. IX. C H2h  8® Gutrfe peur Is La fuite du Général qui laiffait le-commandernent aux Généraux Slangenberg & Tnli, n'abbattu point le courage de ces troupes. Elles ié battirent avec la' rneme ardeur, tant fur les chauflèes que fur les talus, & rcême dans ics IkV *as, partout oü elles pouvaient tenir ferme. Ofheiers & foldats, femblant ne pas connaitre, ou du moins méprifer le danger, sélangaient, avec un acharnement qui tenait de la tureur, au milieu des I? rangais5 fouvent on les repouffe, ils perdent du terrein; mais ils le regagnent bientot, couverts de leur fang £ de celui de leurs reaoutab.es adveriaires Vingt mille foldats refferrés dans ces pasfages etroits, femblent fe disputer a qui pourra le plus donner ou recevoir des coups; & quand la longueur du combat lorce ceux qui font aceablés de laffitudei reculer quelques pas pour fe repofer fur leurs armes dont ils ne peuvent presque fupporter la péfanteur, Ieurplace eft a l\nftant rempüe par Je rang qui les fuit Les Frangais redoubient d'effbrts a mefure de la réfïftance qu'on leur oppofeles Ennemis chancelent, paraiffent füecomber,les munitionsleur manquert. & iliemble quele moment eft arrivé ils vont nettre bas les armes; s'ils ne veulent pss :ous penr dans les marais: mais tout-a-coup rauSSi'5 r"6"^ la bayo»"ette au Wt du fufll , fe portent de nouveau fur  ■'Üuc&ejjión aPEspsghe. i$i !fc ^illage d'Oudcren qui eft Ie frul endroit par oü ils peuvent faire retraite. Le Géneral Fagel & le Comte de l>ohna fe précipitent au travers de la VaMe avec quatre bataillons. Ils entrent dans ieau jusqu'a la ceinture pour approchér de ce yrliage & 1'attaquer de deux córés ^ïtterens. En méme tems le Comte de iilli,a la tète d un corps confidérabledè dragons fbutenu de 1'artillerie qui lui refte, (orce le paffirge fur la levce, & •feconJd du Général Hompcsch, qui oV niande la Cavalerie, renverie a fon tour les Ennemis, & fes olilige a céder'enfin' ce Vlüage & quatre pieces de canon dont Hs s étaient empaiés. La nuit ne fépara point fes combattans. lis fe battirent jusqu'a onze neures du foir, & ces Généraux couverts de gloire, ramenerenc eontre toute attente les debris fanglans de leurs-troupes a Lilio, oü ils arriyerent k la pointe du jour. 1 Le Général Cocnorn fut témoin de leur bravon* re. II etait de 1'autre cöté de la rivier re mais taute de barques pour la palier, 11 ne put leur donner aucun fecours, & il les föutint dans leur retraite. La Viftoire coüta cher aux Francais. Ils .perdirenc cirfq eens hommes quireHerent fur le coamp de bataille, & le nombre de leurs bleffés fut de huit centjuarante. Les Alliés y curent de tués «eux Colonels, deux Lieutenants Cole* C a  g.7Q3- -£3 Gusrre feur la nels, foixante & un Officiers, & neufeens foldats. Le nombre de leurs blesfes monta a plus de treize eens, & on leur fit feptcens prifonniers. lis perdirent fix pieces de canon, deux gro* mortiers,quarante petits, troiscenschariöts d'artillerie & d'équipages, toutes leurs tentes, beaucoup de 'vaiflelle & d'argent monnoyé. Cette affaire fut d'autant plus avantageufe aux Frangais, qu'elle renverfa tous les projets des Alliés, & que eeux-ci ne purent les empêcher de reprendre leurs anciens poftes dans les lignes de Flandre & du pays de Waes. Le .Général Coëhorn fut obligé de les abandonner précipitamment k 1'arrivée du Comte de la Mothe qui y rentra peu de jours après le combat d'EcIteren. Le Général Slangenbourg rejoignit le Duc de Marlborough avec ce qui lui reftait de troupes, ils parurent quelque fois vouloir en venir a une adtion générale. Un jour entr' autres ils furent cinq heures en préfence & le Maréchal de Villeroi fe tint toujours fur la défenfive pour ae pas combattre dans un lieu desavan:ageux; k la fin il décampa, rentra dans fes lignes, & content d'avoir mis Anders hors d'infulte, il ne s'oceupa plus que du foin de couvrir Oftende, & les autres places maritimes que les Alliég pournuent avoir envie d'attaquer.  Siib'ceffion (PEspa'gne, «;g .Sur la fin du mois les manoeuvres des Alliés parurent annoncer qu'ils voulaient attaquer les lignes, mais le Duc de Marlborough s'avanga du cóté de Hui. Enfin le 14 d'Aoüt il inveftit laplace & ie furlendemain Mr. Millon qui y conïmandait fur fommé de fe rendrè. II refufa, en confia la garde au Comte dè '1'Isle, a qui il laifia tróis eens hommes, & fe retira dans le Chateau : Mais le Comte ne tarda pas de le fuivre. La garnifon était d'environ douze eens hommes , qui furent repouffés de fort en forts & les afiiégeans firent un feu fi terrible de_ canons & de mortiers, que le 25 M. Millon fut obligë de fe rendre prifonnier ' de guerre avec fa garnifon dont les armes étaient crévées. Ces troupes furent échangées contre la garnifon' de Tongres. La dh'ifion~ régnait dans 1'armée du Duc de Marlborough. Ce Général ayant voulu profiter de la grande fupériorité de fes troupes, avait formé fe projet d'attaquer les lignes entre Namur & Ledemer; mais il fallait y faire confentir les autres Généraux & il ne put en gagner que la moitié après des peines exceffives. La plus grande oppofition qu'il rencontrait, dans toutes fes opérations, venaient du Général Slangenberg. Cet Officier des Etats avait fervi gloneufement fa patrie dans les C 3 1703-, prife d&; 2 Hui. ^. Divifion lans 1'ar- )  ^r3- * *■ .... 1 7 i \ X. 7 C ?rife de a I 54 fruerre póur fa7 v§ h,;nFa,t pas VOuiu ^ ia fin de fa vie lui donner de I'emploi. Amès la' «ort:au,MoMrque JttAdutoStre^ paf nterent auxEtais-Géneraux les fer- rendusqihe i V *f^CS & Iui ***** renuus a la République. II obtint le eommandement qU>ü d,firak. dVni hS?ie l ^ s'etaient avancés penficS ri 1 n fVair Pss fervjv faifaient difncu.te de lui obeir. Gela aimmenraencore la mauvaift numetó q¥Sta' fc merhautement tour ce que faifait ieDur 'onHirn°T,gh- 11 fcf ! ou d'attaquer les lignes Fnxr^io, AnJö 'a!re !e fie*e de Ürnböurg. fe*i"€aiS' ,es Hcfföis & plufieurs lt ■res opinerent pour la première enfe£f les HoiIa^ais ^trames partngr?u^ V0U'l,irent «ument-qu* iS^ff .La decifion fut defé&È\S^I qU1 Pntie de^ier Parti,. fi : P ^ewerent néanmoins. quel- -öuvÏÏÏr X 1CS U°neS maiS ™W ble" gardécs ^'}ls défespéSérfbl? emp°rter to^ Pe"e Le 9 de Septembre Limbourg fut in-fti par les Généraux Rulaw & Hompesch la tere de vingt Eseadrons. Le Prince■ , Heffe-CaJTcl fe cjaargea de.conduire.  SueceJJJon dTEspagm. 55 le fiege, & un detachement de quinze mille hommes fut envov é fur la Mofelle par ordre du GénéraL Anglais. Limbourg n'était pas en état de faire réfiftance: il n'avait que quelques ouvrages de.terre fait;- a ia hacejaufii Mr. de Reignac qui y commandait ne tint que jusqu'au 2.9 qu'il fe r.endit prifonnier de guerre, pour ne pas être emporté d'as,faut. Quelques jours après Gueldre fut attaque par les troupes. PrulTrennes qui la bloquerent jusqu'au 17 Je Décembre,le Gouverneur rendit alors la place par capitulation^cequi termina la campagne, bes .deux cötés les avantages n'avaicnt pas été fort confidërables. Les Ailiés ne furent pas profiter de la fupériorité de leurs forces, & 1'on n'en doit attnbucr Ia eaule qu'k la dcsunion des efprits dans ie Conlëil.. Les Frangais au contraire avaient bcaucoup fait en r.e perdant que quatre places presque toutes démantelées, & en réduifant a fi peu les efforts de leurs Ennemis qui, avec plus de concorde & d'union auraient pu remporter de plus grands avantages. Tels furent les pnncipaux événemens 1 de la Campagne des Pays-Bas. Les Confé •' dérés furent moins heureux fur les au-5 tres théatres de la guerre. En Allemagne les Frangais forcerent Les lignes de Keh'lerSghants,;, le Maréchal de Tallard repris C 4 Campagne' 'Allctna- ne.  jro.3- •ampajme. «talie.' , ■ i i i ■ ei f; Acctffion cUi Duc de Savoye aha, <"onfédéra- u HOU. p d ps 1' d( 5$ Muïrre peur fa ■Mats. Lc Marecha de Villars s'emm ra des villes d'Offenberg & deLdTd ïeffSÖ kDasb^e" l'^aeurRd S PafTau ba"U ks ImPériaux a l allau & pnS fur eux plufieurs places- ,„!nhHtaiie. les fort de Ia guerre, quoi- ' e tóf fha pour les -e Comte de Stahremberg, avec des taens fupeneurs & une cSnduite que feï ;nnem,sadmirerent, eut bien de ta pe? 'e a fe;foutemr dans ce pays. Ce pre'- ais pour qu'ils en auguraffent un fuces femblable a celuiqü'ils avaient eu tiparavant contre des ligues plus formS aötes, pmsqu'ils avaient alors PEspant & les Pays-Bas Espagnols-en leur Mais Ia défeftion du Duc de Savoye intiibua beaucoup a chaneer toute la ce des affaires. Victor Amedée beau! ;re du jeune Roi d'Espagne & du Duc - Bourgogne, abandonna fes gendres )ur profiter des ofFres avantageufes de ^mpereur qui lui promettait le MontferC le Mantouan, Alexandrie,VaIenee, les ys entre le Pé> & le Tanaro & de gransiommes que 1'Angleterre 1 ui payeraie,. I  Succejfion d'Espagtie. 57 Cet antique gardien des Alpes craignait d'ailleurs, en affurant a Philippe, la poflefïïon du Milanez, d'être enclavé' dans les Etats de fes deux gendres, qui auraient toujours été maitres de lui faire la loi, fans qu'il put attendre aucuu fecours. Au contraire en favorifant 1'Archiduc,outre 1'avantage qu'il enretirait, il avait encore celui de fe trouver entre deux puiffances rivales dont chacune achéterait fon alliance par de nouvelles cefli ns. Le Duc fut totalement décidé par la détention de fes troupes. II écrivit a la Reine d'Angleterre & aux Etats-Généraux pour les engager a le défendre contre les efforts de la Maifon de Bourbon. Mais comme le danger était trop éminent & les fecours qu'il pouvait attendre de ces puiffances trop éloignés, il s'adreffa aux Cantons Suiffes pour en ayoir de plus promts; mais furtout aZurich, paree qu'il le crut plus propre que les autres k entrer dans fes vuè's. Mais il manquaJde politique dans un point effentiel, ce fut d'avoir laiffé fes troupes au milieu de 1'armée Frangaife, tandis qu'il traitait avec 1'Empereur. Le Duc de Vendóme les fit désarmer & arrêter au nombre de cinq mille hommes; cette conduite dont le Duc fe plaignit comme s'il n'y avait pas donné Iteu, fut bientót fuivie du Traité coa- '^mnherti * II. 547' i  g?Q3 f Acceiïïot - : & &uern pour hh clut le cSjd'Cctobre5par lequel ce Prlrce entra dans la grande Alliance. Jusqu'alors le Roi de Portugal était refté roCA;r?r,qu?,Teporté dans le cceurpour la Maifon d'Autriche. Enfin preflë narees folhcitations des Confédérés, & crail^fL^ fe VPir Ma merci de PEspaghe par Pa liance étroite que événement du. 0C d,£nJou devait former entre la France & PEspagne,11 fe décida en faveur dePArchiduc & de la grande-alliance. Letraite, figné le 16 de Mai fut ratifié le ? • deJuillet. Ilportait en fubftanceles points\ fuivants." Les puiffances contraftantes agiront de concert pour mettre 1'Archiduc Charles en poffeffion de toure 1'Espagnevde. même que Pa polïedé le feu, Roi. Le Roi de Portugal ne fera tenu , de faire une guerre offenfive que dans, 'Espagne-méme. II y entretiendra feulement a. fes frais douze mille hommes-, d'infantene,.&. trois mille de cavalerie ' II levcra en outre dans fon Róyaumaonze mille hommes de pié,. & dix mille cavaliers pour former en tout virigo auit mille hommes de troupes Portusrai;es infanterie & cavalerie. Pour 1'entreLien de ces treize mille hommes d'aue;nentation,Jes puiffancesConfédérées lir wyeront chaque annéeun million de pa^ agons tant que la guerre durera; avec a claufe que frees treize mille hommest i«.iQHt pas levés par le Roi de Poxtugaf. '  SucceJJion d'Espagne. 59 sn totaüté, il fera fait une déduction proportionnée fur le million dePata°-ons Outre cette femme, il lui fera pay! celle de cinq cent mille patagons lors de la ratification du traité, pour le mettre en état de lever les treize mille hommes d'augmentation. Les Alliés feront palier en Portugal, &c' y entretiendront I pendant toute la guerre, dix mille horames d'infantene & deux mille, tant de cavaliers que de dragons, q'ui feronc commandes par des Officiers - Généraux Fortugais,. & foumis » la difcipline militaire du pays. Les Alliés enverront dans es Ports & fUr les cótes de Portugal, le nombre de vaifleaux néceflaires pour les garantir de toute infulte de la | part des puiffances ennemies. On neconviendra d'aucun traité de paix fans ieeonfentement général de toutes les puis* fances Confédérées. Ce traité ne pour|ra avoir lieu tant que le Ducd'Anjou. ou guelque Prince de la maifon de France demeurera.en Espagne. La paix ne Ipourra auffi être conclue , fans qu'au ipréalable le Roi de Portugal ne conferjve toutes les Villes,. Provinces & terri-toires dont il eft actuellement en poflesfion, & fans que le Roi de France ne lui eede les droits qu'il peut avoir fur Maragnan, & fur les pays fitués entre * Jnviere des Amazones, & celle de St Vin*' .ou de quelques conventionü G é-  60 Guerre pour Ia qu'aient été faites préeédemment a ce fijjet, entre les Rols de France & de Portugal. L'Archiduc ratifiera toutes ces conventions , auffitöt qu'il entrera en poffeffion des Royaumes d'Espagne & des Indes, ce qui eft garanti par les Etats-Généraux. L'Archiduc Charles fe rendra en Portugal avec les troupes & forces convenues, & leRoi ne fera tenu de commencer la guerre que lorsque le Prince y fera réellement débarqué. Le Roi de Portugal le reconnaitra pour Roi d'Espagne, & 1'Archiduc renoncera a toutes préten donsqu'il pourrait avoir fur le Royaume ée Portugal, ou fur quelqu'un des Pays & Provinces qui en dépendent. Les autres articles continnent divers arrangemens fur le nombre des Officiers t fur 1'artillerie , fur les armemens que les puiffances maritimes devaient employer fur les cötes d'Espagne, & fur les obligations que les autres puiffances contractent de pouffer la guerre avec vigueur ^ tant en Flandre que fur le Haut-Rnin en Italië, en même tems qu'elle fe fera du eóté du Portugal". „Sclon les deux articles fecrets dèsque 1'Archiduc fera en pofleffion des Royaumes d'Espagne & des Indes', tels que les poflëdait le Roi Charles II, il' céde- 1 ra & abandonnera au Roi dePortugal-lcs I villes de Badajoz, Albuquerq-ue, Valea- i  Succejpen drEspapm. 61 $s, & Alcantara dans la- Province d'Estramadure, ainfi que celle de Gardia, Tuy, Baïonne & Vigo dans-le Royaume de Galice, & tout lë Pays de Rio-de-laPlata en Amérique"'. C'eft ainfi que cette défeclion ouvrit, Pentrée de 1'Espagne a 1'Archiduc, com-( me celle du Duc de Savoye fermait lesT portes d'Italie k la France. Dès lors le Prince Autrichien fe prépara k pafler dans le Royaume oü fon Compétiteur regnait tranquillement. Les confédérés fe virent en état de porter la guerre dans le cceur de PEspagne. L'Angleterre & les Etats-Généraux préparerent en conféquence des armemens formidables pour porter ce Prince a Lisbonne, & pour obtenir la fupériorité, dans les mers qui entourent la Pe«infule qui renferme PEspagne & le Portugal. Ces forces maritimes devaient fervir en même-tems k favorifer dans les Cevennes, le foulévement des Camifards.. C'eft le nom qu'on donnait aux Proteflans que Pintolérance avait armés dans ces montagnes qui leur fervaient d'azile& de rempart. On fait comment ces hommes réduits audéfespoir, ulcérés par le despotisme qu'on exergait fur leur confcience, prirent prétexte d'une perception violente d'impöts& de 1'enlévement de deuxDemoifelles que 1'Abbé de Cheila avait fait «onduïre dans fon Chateau , formerent C7 Lévolte es Cevetêes».  Expdtlïtioiis marl- ■ i ( ] '< i . , &uerre pour tip une révolte en criant ,powï 0atös&j£ hmedeConfctence. Ce cri de guerre,t0"•jours propre k enflammer la fureur des peuples, produiflt dans le cceur de ia, france un foulévernent qui occafion. na une diverfion d'autant plus funefte k Louis XIV que le Maréchal deMontrevel n'ayant.pu éteindrc la révol- Hnnr°?J ^ M^CC^ ^ Villam dont la prérence eüt été bien plus utile, en Allemagne;. Les flottes envoyées par 1'Angleterre: & les Pays-Bas pour foutenir lef révoltés, n'eurent cependant pas les fuccèg, qu'on s'en était prornis. Les Anglais tentorent auffi une defeente fur laGuadaloupe, mais ils furent repousfés.. Mr DuQuesne-Mosnier qui commandait une: escadre Frangaife dans la méditerranée Kir i AUn -,magazin ^e ''Empereur svait a Aquila pour 1'armëe d'Italie L-e ipd'Avril trois vaifleaux de guerre &" 9x capres Frangais attaquerent une flot-' te raarchandeHollandaife& prirent deux vaifleaux qui 1'escortaient & treize Sanens marchands. Au mois de Mai Ie ?/qU,S,de Coetlogon qui commandait ■me escadre de cinq vaifleaux renconra pres de Lisbonne une flotte marende de cent batimcns Anglais & Jollandais, escortes par cinq vaifleaux-, 0^rep'nieS-atCaqUa&a^S M ™£ ombat ,, en prit quatre & cou'a a fond:  • Succeffwtt a">~Espagtte;. 63. -•re cinquieme; mais pendant le combat m plus grande partie des navires marchands eurer.t le tems de fe réfugier dans es ports du Portugal. L'Amiral Rooke, qui commandait dans la Manche une forte escadre, roda pendant quelque tems le long des cótes de Bretagne, & avant debarqué fept mille hommes a Beüe-ile h en ïnveftitlefort. Uordonnaenmêmetems une defcente dans Pile de Grouaismais il. fut repouffé plufieurs fois des" deux cotés,, & contraint de s'en retourner d'oü-il était vemu L'Amiral détacha enfuite de fon escadre quelques vaisfeaux. de ligne, qui entrerent dans Ia> mcditerrannée, & efcorterent les vaisieaux marchands qui étaient demeurés dans les ports de Portugal, & qui ga°-nerent leurs ports refpe&ifsfans rencontrer aucun obftucle. Le 2a. de Juillët le Gontre-Amiral iJilkes,, qui croifait fur les cótes de iSormandie,, rencontra a la hauteur de Granville une flotte. de quarante cinq • vaifleaux marchands, escorrés par trois* vaiireaux de guerre Frangaisv Les Anglais 1'attaquerent avecfuccès; mirent le feu a 1'un des vaifleaux de Pescorte; en prirent un autre, & obligerent le troi-~ fieme a fe brüler lui-même pour re pas, tomber entre leurs mains; mais tout Péquipage fut fauvé. La moitié du convoi kit bruleou coulé a fond,lans cependant'  64' < Guerre .pour .'«' procurer aucun avantage. Les Fraa9ÜS eurent leur revanche peu deï jours après. Le Comte de la Luzernet avec trois vaifleaux de Roi, attaqua le: 10 d'Aoüt une flotte de deux cent voiles, qu' escortaient quatre vaifleaux de; guerre Hollandais. Trois des vaifleaux* de guerre furent pris , le quatrieme: s'échappa , & 1'on prit ou brülaa trente vaifleaux marchands. Le refte ia fauva dans les ports dTrlande; mais le; Chevalier de St. Pol les y fuivit & leun brula cent foixante batimens pêcheurss qui formaient a peu prés le refte de la» flotte: Le plus confidérable armement que firent les Anglais cette année, fut celui dont fut chargé 1'Amiral Showel. 11 mie 11 la voile le premier de Juillet avec trente cinq vaifleaux de guerre, depuis cinquante jusqu'a quatre-vingt-feize canons; L'Orford & le Montaigu, qui faifaient; partie de cette flotte, attaquerent &. prirent dans les- Soundings trois bati-! mens Frangais de douze, de dix-huit & de trente-fix pièces de canon. Quel-, ques jours après la flotte Anglaife ren4 contra le Jafon & PAugufte vaifleaux Frangais, dont le premier eut le bonheur d'échapper; mais le fecond fut obligé dè fe rendre après un combat très-vif con-t tre trois des plus ferts vaifleaux enneJ mis. La flotte gag na enfuite le dé^  Succzjjïon drEspsgm. §5 «roit oa une tempête les jetta fur les cótes de Barbarie, d'ou ils remirent'k la voile le 12 d'Aoüt pour repafler ledétroic. Elle débarqua enfuite quelques troupes k Altea ville d'Espagne fur les j éotes de Valence, mais elle n'avaient ; d'autre but que de répandre des manifeftes pour foulever les Espagnols contre Philippe V. Les Anglais fe rembarquerent le 3 de Septembre, & allerent relacher k Livourne d'oü ils envoyerenCjdeux vaifleaux de guerre du cöté de INarbonne pour eflayer de foutenir les révoltés des Ccvennes. Mais les cótes fe trouverent fi bien gardées, qu' après avoir pris quelques Tartanes Frangaifes, ils furent obligés de fe retirer. La flotïte voltigea fans fuccès dans laméditerranée jusqu'a la fin d'Octobre qu'elle revmt en Angleterre. Les vaifleaux rentrés dans les ports, farent accueillisau mois de Novembre d'une temp;te furieure, qui ayant fait périr le 26 dans la Tamife un grand nombre de vaifleaux marchands, fit encore perdre treize vaisfeaux de guerre; bcaucoup d'autres furent très-endommagés, & il y eut plus de quinze cent matelots qui périrentdana |es flots. 1 Le courage de 1'Archidjc racennu^ «01 d'Cfpagne fous le nom de Char-1te IJL, shangei beaucoup la f.ice'i 1 d ——OC ■ '-yage (is-, ArcliiduÊ; ius le titror 2 Cïiarles( , Roi 'EspagiMt?  . €6 Querrs pour let des affaires. L'Empereur fon Per©, êgfè'é avoir renonce folemnellement a tous lés droits qu'il pouvait avoir h ia Monarchie d'Ëlpagne en faveur de ce feeond fiis , le fit reconnaitre par .les Miniftres des Puiffances comprifes dans la grande ligue & par le Gonleil Lnpérial. Le Prince Autrichien prit fa route par Duffeldorp.. II y trouva le Duc de Marlborough ,. qui lui remit une lcttre de. ia Reine u Angleterre , qui le téheitait de- fon avéhèment au Trone d'Efpagne ; & pouc l'affurer qu'elle' emploiVait touces . les forces des armes Britanniques , pour coniri'ouer au malntién & a la gloire de fonregne. Le Prince réponJit a cette lettre en Monarque Éipagnol , fuivic. le chennn de la Hoilande , & arriva k la Haye , "le 3 de NovcmbrCo. 11 s'embarqua le 10 pour 1'Angleterre . oü il devait s'anêtcr quelques. jours avant qué de paifer k Lisbonne. Mais le vent contraire le forga de reSaeher k Rotterdam. II était parti deVienne avec fi peu d'argent que i'Electcur Palatin fut obligé de lui en prêcer pour les frais de fon voyage. L'ab-i feence de 1'Amiral Rooke, qui devnit le: ir,ansporter en Angleterre,. 1'ayant obli*  SucceJJion pour lm j ét Ij: gé' de faire en Hoilande un plus long féB jour qu'il ne croyait, ce prétendu Héj ricier de tant de mines d'or & d'argent il fe trouva dans un befoin fi preffant d'argent, qu'il emprunta foixante mille écus 1 fiir des bijoux. Un juif d'Amfterdam lui i fournit^ cette fomme k cinq pour cent I d'intérëty mais k condition de pouvoir i vendre ces bijoux, au plus ofirant s'ils. | n'étaient pas reürés dans deux années. , L'Amirante deCaftille tenta aufiï de faireun emprunt auprès des Etats - Généraux, I «iui ne jugerent pas k, propos de lui doni ner cette fatifacrjon.. Enfin i'Archiduc )j partit de la Haye le- premier de Janvier 117C4, & fe rendit en Angleterre, d'oü il ifit voile pour Lisbonne oü il arriva le W de Mars.. II y trouva L'Amirante, BB Prince de Darmftadt & plufieurs aujjtrres mécontens, qui fe haterent de lui irendre hommage, & de le reconnaitre en quaüté de Roi d'Esoagne fous le nom, ïide Charles IIJ.. Quelques fujets de la na|tion qui fe trouverent alors dans cetteij ville lui jurerent égaiement obéiffance;l& fidélité.. Le Roi de Portugal lui ficill'accueil le plus favorable,. mais le projjet qu'on avait formé de fon mariagcavecIjPInfante, ne put être éxécuté, cette: liPnncefle étant morte peu de jours avanr isju'il arrivat a Lisbonne. Les Anglais. m avaient fourni, huit mille hommes;  ib Guerre pour:Jk' de bonnes troupes commandées par te', Duc de Schomberg, qui jointes k cellesI de Hoilande & de Portugal, fortnaienta en cout un corps de vingt-fix mille horn- ï mes deftinés k foutenir fes prétentions. ■ 3\Iais il fallnit prendre fur ce nombre les garnilons des places frontieres. Le Portugal jouiffiüt depuis longtems des douceurs de la paix-, & le Gouvernement,-* convaincu que Charles II n'aurait jamais^ tourné fes armes de ce cöté-lk, avait éga=' Jement negligé Pentretien des places 9» le foin des munitions & celui de com- ; pletter les Régimens. On avait faitj quelques levées k la'fin du regne de ceMonarque; mais on y avait apporté tanti de ncgligence qu'k peine les Soldats &mème les Officiers (avaient le maniment-, des armes & les plus fimples évolutions^ militaires. On ne pouvait donc comptêrj en Portugal pour le foutien de PArcbi 1 duc, que fur les Troupes Anglaifes &a Belgiques. En* conféquence dans ura Confeil qui fut tenu k Lisbonne £ peul de jours après fon arrivée,, on jugeal qu'il n'était pas poffible d'attaquer 1'Esl pagne, a moins qu'il ne furvint quelqueg circonftance favorable., & Pon fe tinl j.usque la fur la- défenfive. L'Archiduc aflïfta a ce Confeil en perfonne, ainfi que leRoi de Portugal,les Généraux Anglaisf & Hollandais,JcsPrincesde LichtenfteiM  Succtffion d'Espagne. 'éf & de Darmftad, 1'Arriirante de Caftille, & le Sécrétaire des dépêches Mendoza. Le Prince de 'Darmftad avait des intelligencesfecrettesdans Barcelone. Enconféquence il fut réfolu que la flotte combinée fe rendrait dans la mediterranée, pour . fonder les Calalans. Cette flotte étair compofée de vingt, trois vaifleaux de ligne Anglais, quatre ; brulotsde la même nation &de quatorze: vaifleaux de ligne des Etats, avec prés de , trois mille hommes de Troupes de débar! quement. L'Amiral en espérait encore r"deux mille, mais il les attendi-t inutilement, & il mit a la voile pour Barcelo: pe: Le Prince de Darmftad comptait tou: jours fur fes correspondances; & en partant de Lisbonne il aflura k 1'Archiduc qu'auflitót que la flotte paraitrait fur • ia cöté , les Catalans viendraient en foule fe ranger fous fes drapeaux. Dans 1'efpérance de réalifer fes brillantes promefles , auflitöt qu'il fut k la vue de la i wille , il fit mettre pié k terre k trois IGentils-hommes de fa fuite & k deux Offii piers avec ordre de demander un paflèport pour y être introduits. Ils furent conduitsauSergent Major, & luidirent iqu'ils avaient quelque chofe d'important ik communiquer au Yice-Roi, de la part ide 1'Empereur pour Pavantage d-e la Ville & du peuple. Sur le rapport qui en fut ifsit k Francais Velafco qui rereplisfait rentative ur Barc»one.  g.7Q4- 7® ftuerre peur m lors ce pofte- éminent, il répondit qu'il «5' pouvait recevoir aucun mesfage fans un ordre exprès du Roi Pliïlippe V. Le Prince voyant que cette première tentarive ne réuffisfait pas & fon gré, euvoya fon Sécrétaire chargé d'urse "lettre & la ville de Barcelone, mais il ne fe trouva perfonne pour la recevoir, ce qui le détermina a faire une drfcente le 31 de Mai i quelqae diftance de la place, i la tëee d'eiiviron trois mille hommes. Velafco envoya mois compagnies de cavalerie üspagnole pouts'yoppofer. mais elks ne purenr emrêcrier le débarquemeut. Le Prince fic lommer le Vice- Roi de lui apporur les clés de la Vilie dans quatre heures pour tout délai. Mais ce Seigneur qui craignait peu les rodomontades,tanr qu'il pourrait contemrles babitans , répondit com-ne fon devoirl'exigeait, <& ne s'occupa qu'a veiher fur les mécontcns. Le nombre cnétai' confidérab!e,&le Vigmer ou premier Mag (tat avait formé une confpiration pour livrer une poiteaux Alliés la nuk fuivante. II eft vraifemblable qu'elle aurait eu lieu , fi 1'Archiduc fe-; Ion fa promeffe, eut pu débarqi.er avec vingt mille hommes. Mais quand on le vit fi mal accompagné,tout refta tranqnile quoiqu' il n'y eüt que treize eens hommes dans la place. Le Prince de Darmftadt d'accord avec le Viguier voulant intimider ceux qui chancelaient, fit jetter des bombos dans la ville tant par mer que par ter-  .Succejjion 'd'Espagne. 7Ï Ie", mais elles firent pen d'efivt & perfm-ine ne fe remua. Le Vig'uieY demanda la |&arde d'une pofte dans le defiP-in de la liwrer.au Prince. le Vice-Roi iuftruit, ju;gea de fon intetuion, le menaca de le faire pendre fur le cbamp, & Füffura de lui accorder fa grace, s'il la méritait par fa fincériré. Le Viguier effrayé découvrit toute la confpiration; on arrêia quelques üns des Conjurés. Le Prince le fut bienmt & voyant fon projet échoué , il fe réfnbarqua , & Ia fl itte remit a la voile. 1 'L'Amiral avait deux objets , 1'üij d'en.gager une bataille avec un flo:re Frangiife c ■mmande'e par le Comte de Totiloule qui Scroifait dans la méditerranée , 1'autre de s'emparer de quelque place importante fur les có:es d'lispagne. Le premier objet ne .put alors être rempli; qtmique les Corvettes Anglaifes découvrisfent le 8 de Juillet iplüfièurs voiles qui faifaient route vers v,Toulón , & que le lendemain on vit claiIrenien't que c'éiait cette flotte compofée de uquarante voiles. L'Amiral tint cónfeil de iiguerre & commenga a donner chasfe , mai« il ne jugea pas k propos de pourfuivre. Rooke abandonnant pour lors fon preaiier objet, réTolut de ne rien épargner cjpour remplir le feeond , & il fit voile [yers le détroic de Gibraltar, oü il fut \ joint par une nouvelle escadre aux ordres idu Chevalier Showel. Le Contre Amiral ■SBing, i la tête d'une divifion dt'la flotte, 1 ' v I7°4.. . —5 -  72 Guerre pour 7e V04 r ïrife de Kbraltar. fe préTenta devant Cadix pour aider m foulévement que devaient former les habitans: mais le petit nombre des Conjurés fit manquer 1'entreprife. Bing ayant rejoint la flotte, 1'Amiral regut des ordres de la Reine qui lui enjoignaient 4e ne rien entreprendre que du confentement de 1'Arcbiduc & du Roi de Portugal. On tint un confeil de guerre, & Rooke bien asfuré de 1'aveu des deux Princes, fit décider 1'attaque de Gibraltar. L'on fe contenta auparavant de détacher quelques vaisfeaux de la flotte que l'on envoya aTercere pour efcorter la flotte du Bréiil. L'Amiral Rooke & le Prince de Darmftadt, infttuits de la faibiesfè de la garnifon de Gibraltar, fe rendirent le premier dyAoüt dans la Baye & débarquerent dixhuit eens hommes d'Angleterre & des Etats avec le Prince a leur téte fur la larigue de terre qui joint la ville au continent, ce qui ótait a la place toute efpérance de fecours du cÖté de FEspagne. Le Gouverneur Don Diégo de Salinas fut fommé de fe rendre avec fa garnifon; mais eet Officier répondit en fon nom & en celui de 'fes foldats, qu'ils étaient prets a facrifier leur vie pour la défenfe de Ia place qui lui était confiée. Alors les Alliés firent avancer vingt-deux vaisfeaux aux ordres des Contre Amiraux Bing & Van der Dusfim, pour battre la ville du cóté du midi. Miis . k veut contraire fit qu'ils ne purent être  SimeéJJhn P'Espagne. «jfg ! 'Jn ordre de bataille, avaht le lendemain I ■matin: L'on 'commengadonc le ti a tirer iur la ville, qui n'avait pour réfilter qire': cent hommes de garnifon qui pouvaient ■* peine fuffire pour le fervice de 1'artille-ne dont les remparts & les bastions étaient garnis, au nombre-de cent pieces de canon. Commentun nombre fi petrconfidé; rable aurait-il élé-capable de réfirter aux i forces des asfiégeansV LefeudesVaisfeaux fut pousfé avec une telle vivacité contre !-le móle, qu'il éteignit de ee cóté le feu l -des batteries de U place. L'Amiral Anglais comptant fur une faible réfiftancs, i fit avanger des chaloupes armées pour ati taquerle mème móle,mais ilétaitdéiacon,-quis par la hardiesfe desCapitaines-Hielher Jamper, qui, 4 la tê:e de quelques déi.termihés s'étaient jettés 1'épée k ïa main i iur eet ouvrage. Les Espagnols hors détat de le défendre , rabandernnerent; I mais en le -qüictant, ils mirent lé feu a pme mine qui' tua quarante hommes des ï-asiidgeans & en blesfa plus de foixante. CeNa n'empêcha pas les Alliés de s'y loger, i de s'emparer du canon, & de fe rendre mal-tres d'un petit bastion entre le móle & la i-ville. .. . ' . .■ _ Don Diégo de Salinas n'ayant aucun« i resiource pour fa defenfe, leur remit 1* phee le 4 après une feconde fommation. \ Vn lui accorda par la capiculation tems lés Tom IX. D  - 7,4 ,Gu$m pour fa honneurs de la guerre»lesEspagnols curent la liberté de feretirer avec armes ■ & bagages; mais les Frangais furent faits prifonniers'de guerre. Auffitót le Prince de Darmftadt s'établit dans la pla.ce avec deux mille hommes de garnifon, & il ne perdit pas un moment pour faire .réparer les fortifications . qui, étaient en tres mapvais état. Ainfi fut prife une forterefie qui paiTait pour imprénable. Une longue chaine de ro ■ ehers escarpés en défendait toute approche du cöté de ia terre: du coté de la mer 1'entrée eft inaccesfible aqx grands navires. Une baye longue, mal füre & orageufe, y laisfe les vaifleaux expofés aux tempêtes & a Partillerie de la forteresfe & du móle. Les Bourgeois feuls de cette ville la défendraient contre mille vaifleaux & cent mille hommes. Mais cette force même fut caufe de fa prife. La garnifon, malgré fa fai.blefle extréme, négligeait un fervice ; qu'elle croyait inutiie. Cette Ville eft encore aux Anglais malgré le blocus dont les Espagnols 1'environnent depuis plufieurs annécs. Le tems apprendra quelle puiflance en reftera maitresfe. . i. Cette importante conquête, acquifc par les deux nations aurait dü leur appartenir de moitié. La Reine d'An- Rêfot.Ihi O,,. /  Succejjhn 4''Espsg:u, ■75 Éöeterre ne put s'empêcher d'en parler p 1'Ambafladeur desEcatsaLondres comme d'une -acquifition fake en commun -& fur laquelle'il xonve'-iait de prendre des arrangemens en conféquence. Mais ia Cour de Londres ne tarda pas k changcr d'opinion. ■Un autre fait fnon•tre combien. les Anglais attacbaient •d'importance a la confervation de cette - conquete. Lc Prince de Darmftadt avait fait proclamer le Prince Autrichien a ■'-Gibraltar & y avait arboré 1'étendard -.de 1'Empcreur; mais 1'Amiral Rooke •le fit óter, celui de la Reine Anne fut smis k la place. Quoique PArciiidue fut trés fenfible k eet affront & que les An■ glais montraffent aflez qu'ils ne failaien: =pas feulement des conqnêtes pour lés •autres, le.befoin qu'il avait des puiffan• ces maritimes 1'obligea de diffimulcr, Après la conquête de Gibraltar, Ia tflotte combinée rentrant dans Ia médi-1 'terranée, rencontra lc Comte de Tou-! loufe, fils naturel de Louis XIV, Grand■Amiral de France. La flotte Francaife ! ■était compofée de cinquantc 'vaifleaux ! de ligne & de vingt-quatre galeres :-le nombre de. ceux des Anglais" & des E:rats était de quarante - neuf vaifleaux de Ligne , de. fept frégates & d'au sant de .galüoues k bcmbes; •ainfi -les deux flottes éraient a peu prè: égales; ies batimens Frangais étaient, il eftvraL Da 22L jatsffle iis-(écil'e . In 13s la mj?-. liccnnnée üitre fa btte COIHlinéc & elle i!s  ; 1704- Lamhertt ifi. Campagne ie Porcu. gal. "(6 Guerre ,pcur la plus gros-, il y en avait beaucoup-k trois ponts; mais ceux de la flotte combinée, étant plus légers, avaient plus de facilité pour revirer de bord & pour obéir k toutes les manoeuvres néceflaires dans iin combat naval. Les Anglais tomberent les premiers fur 1'avant - garde & fur le centre de la flotte. Les Hoïlan-' dais engagerent le combat avec Parrieregarde. L'action dura plufieurs heures-; la nuit fépara les combattans, fans qu'il y eüt aucun vail'eau pris, brulé ou coulé k fond de part & d'autre. Les deux partis ne manquerent pas, en conféquence, de s'attribuer chacun la victoi-' re; ce qu'il y a de vrai, c'eft que tous deux fe retireVent; les vaifleaux combinés paree, dirent-ils, que les muni-! tions leur manquaient; & les Frangais, paree que leurs ennemis fe fauverent k la faveur de la nuit. La campagne de Portugal ne répondit pas non plus au prélude de la -eonquete de Gibraltar. Le peu d'expérienee des I Portugais dans les armes,'-Porgueil na- ! tional, le préjugé contre les avis d'au- 1 xiliaires étrangers qu'ils regardaient avec horreur k caufe de la difterence de religion; le penchant des Miniftres du Roi pour les Frangais; la faiblefie de corps & d'éfprit du Monarque, toutes ces caufes rendirent les opérations de ce có'|é-l|i extrêmement difficultueufes. Les  SucceJJÏon d1Èspagne. 7| ■troupes n'cntrcrent en campagne qu'au fcrois de Mai. Le Duc de Bcrwick qui commandait les tröüpes du Röi Philip,pe, les avait prévenues. II avait pris piuiieurs places fur les Pórtugais. . Le Général Fagel, qui commandait lestroupes-des États, raflèmbla quatre mille hommes de Cavalerie pour arrêter fes Iprogrès, & couvrir la ville d'Abrantes ifur les bords du Tage oü étaient les gros magafins des Alliés, raflèmbla quebIques aütres troupes, pofta dans les montagncs prés de Sarcéda, deux bataillons," fous les ordres du Général Weideren, fe mit a -la tête des deux autres k quel-" que diftance en arriere, & commandaau ■ Général de fe replier au cas qu'il vit Parmce- des deux Couronnes s'avancer contre lui. Lc Duc de Berwick ne hu en donna pas le tems; pendant la nuit i! gravit la montagne par divers chemins afin d'attaquer Weideren au point du jour. On le prit d'abord de Keent &• ce Général ne voyait qu'une partie des troupes fans pouvöir leur répïfter. II foutint le combat prés de trois heures; mais ceux qui avaient monté par les autres chemins 1'ayant pris en même-tems de tous cötés; il ne put plus réfifter, & fut obligé de fe rendre prifonnicr de guerre avec tout fön détachemcnt: Fagel inftruit troptarddecetteatiitaque, pour lui porter du fecours, fis : » 3 IÏ2ÏL  78- Guerre pour la- é'Italie. arracher les drapesux de leurs laneespour qu'ils ne tombafient pas au pou- voir des Frangais ou des Espagnols, &. n'évita d'être pris que par fa diligence h fe recirer. Les troupes des deux Couronnesne perdirent rien, & outre leGénéral Weideren, elles firent prifonniers de guerre Nogens, d'Almada, & le fils du Gé ncral Athlone.-On prit en même tems fur: ie Tage quatre bateaux chargés des équioages de tout le détachement. -. Le Duc de Schomberg dont le pere avait rendu les plus grands fervices aux. Portugais, fut fi mécóntent, qu'il quitta leur fervice; & fut remplacé par le Comte de Galloway. Celui-ci tenta de pdnétrer en Espagne mais il trouva toutes choies en fi- bon état dedéfentequ'il n'ofa rien entreprendre. Ainfi finit cette première Campagne, fans procureraucun avantage ni gloire. ie En Italië les Etats du Duc de Savoyeétaient devenus le théatrc de la guerre, Les Frangais y prenaient les places 1'une après 1'autre. Le Comte de Stahrenberg lui avait amené, par la plus favante & la plus mémorable des marches, quinze mille hommes de troupes Impériales-, mais cette diverfion n'avait laiffé k 1'Empereur que huit mille hommes qui furent non feulement chafles de toute i'Italie mais qui fe fondirent presqu' entiérement par la difette d'argent & de proviSons,  SucceJJioa d'Espagne.' 79 . Lc Duc de Baviere, s'étant emparé' de Paft'au, fe vit maitre de la navigation du Danubc. Vienne même fut en : danger, d'un eóté, par la Baviere & de i'Pnutre, par les mécontens de Hongrie. •1L'Empereur fe vit réduit a trembler pour fa pcrfonne. Dans eet état des choies oü 1'Empire entier femblait recevoir i le joug des" Francais-& des Bavarois, I PEmpereur follicita vivement la Reine ! Anne & les Etats-Généraux d'envoyer ! la plus grande partie de leurs forcesau fei cours de fes Etats qui fe trouvaient dans 1 un danger éminent: Le Prince Eugelé r partie fur la faiblefie de fes trou^ Le Duc dc Marlborough fait oiivrii' la Campagne*.  ïlimoirc ie VMur. 8 IS' Guerre pour la pes. Le Duc toujours adti1", fit un" vö-? yage k Radftad. II ne le trouva ni fr malade,ni fes troupes fi''aibles qu'ilavait prétendu ; aulïi fans perdre fon tems k des reproches inutiies , il lui arracha la promelfe de marcher au plu-töt avec fes troupes. Le Duc fe rendit alors k Treves.-- Le 13 de Mai, il traverfa la Mofelle, enfuite la Saar; il s'avanga vers Sirk oü fe trouvait le Maréchal de Villars qui , le voyant approcher, fe retira vers Konigsmacheren oü il fe retrancha. Le plan du Duc n'ctait pas de 1'attaquer; mais de couvrir lefiége de Saar-Loüis qu'il'voulait faire entreprcndre aux troupes Atlemandes; mais le' Margrave de Bade ne lui tint pas fa parole ; il feignit une feconde mafadie ; & la lenteur de fes troupes k arriver, fit manquer cette entreprife. ■ Le Duc de Marlborough qui s'était vu une armée de prés de cent-mille hommes fans pouvoir attaquer les Frangais, ni même entreprendre un fiege par le manque de chevaux, de munitions & lamauvaife volonté des Atleroands, fit la retraite ; mais ■. craignant qu'elle ne diminuat l'eftime dont il était jaloux, il écrivit au Maréchal de Villars, que le Prince de Bade 1'ay.ant trompé, il partait fans rufe-de guerre, plein d'eftime pour ie Général Francais & de courroux contre le PrinceAilemand. II fit marcher fja üatéé  Suceejpón d'Espagne. 85 : vers les Pays - Bas, que les Frangais ati taquaient alors vivement; Le commanriemcnt de l'armée fut alors laiilè au Prince de Bade au delk du Rhin. Mais comme il avait en tête le Duc de Villars, il ne put rien faire avec des forcesfupérieurcs que de s'emparer de Haguenauévacué par les Frangais. Les fuccès du Roi de France pouvaient ; feuls rétablir la fortune des Electeursde i 'Baviere & de Cologne. Lepremierpouvait fe mettrc k la tête des armées, mais ; le fecond n'avait que des vceux k adrefTer au Ciel pour en attirer les faveurs fur les armes de fon frere, & de ceux qui combattaient pour la ntórae caufe. 11 infritait auprès de Louis XIV , a ce qu'il envoyat une puiffan te armée en Flanidres, & commencat la campagne, par s'emparer de la ville de Liegc dont la ; fouveraineté était attachée k fon titre : d'Evêque. L'approche des Alliés Pa; vait forcé de 1'cvacuer. La Cour de Ver^ i failles acquiefga d'autant plus volontiers k ces propoiitions, que ia ville de Lie1 ge ouvrait Pentréedu terriroirc des Etats. ! & aurait öté aux Alliés un palfsreparoü ils envoyaient des Troupes en Flandres. iL'Electeür de Baviere, nommé par le ! Roi d'Efpagne Gouverneur des Pays-Bas Efpagnols, avait palfé 1'hiver k Bruxel. les. Le Maréchal de Villeroi qui devait 1 eoramander tous luiPy joignit aucoan J7Q5- Prife & re. prife de la Ville da Httjv  30 Guerre pcx,r ld mencement de Mai. L'armée des deux Couronnes, forte decinquante bataillons & de foixante & douze eseadrons, partit d'Heiliirem le-19 du même mois, & M. de Villeroi , - la conduifit dans une plaine pres de* Hui , oü elle arriva Ie 22, L'Élecleur de Baviere vint 1'y joindre, & iis refólurent d'ouvrir fa ■'■ campagne par lc fiege de Hui. Le 27 les troupes pafierent la Meufe , & le Marquis de Gacé s'empara le même jour d'un faux-bourg, & la Ville fut totalement inveftie le 18 k midi. Le go la tranchée futouverte, & les Magiltrats de la Ville.en apporterent les dés, fans attendre que l'on eüt élevé aucune batterie. M. de Cronfton qui en était Gouverneur, avait auparavant fait retircr la garnifon dans les Cbateaux & dans' cinq fort-s peu cenfidé- ' rables qui n'ont.été élevés que pouroccuper les hauteurs voifines qui commandent la place. La tranchée fut ouverte la nuit fuivante, devant les deux > premiers qui, après une réfiftance afféz vïve, furent emportés le 4; maïs M. de Gacé chargé des opérations du fiege, ne crut pas devoir attaquer les trois lütres. 11 tourna fes effbrts contre le Dhateau, & la brêche étant praticable , • q Gouverneur qui craignait d'être emJörté d'affaut, battit la chamade, & fe rendit k discrétion avec la.garnifon des51  Succejpón d'Espagne. - gi trois Forts , au nombre de treize eens dix-föpt foldats & quatre-vingt - feize Officiers. Ils furent tous conduits a Namur ;. on rafa deux des Forts , & l'on mit' garnifon dans les deux autres. Pendant cette expédition, Parmcedes Alliés fe réuniifait fur la montagne de Sr. Pierre oüelle demeura dans Pinaftion jusqu'a 1'arrivée de Milord Marlborough. II s'y rendit le 13 de Juin, aprés que les inftanccs des Hollandais, & les lenteurs du Prince de Bade , Peurent déterminé k quitter les bords de la Mofelle. Le 15 l'Electeur de Baviere alla étabiir fon quartier k une lieue de Liege. Le Chapitre & le Corps de Ville enroyerent auffitóc une députation pour demandcr-a capituler. On ne put convenir des conditions, & l'on' demeun-< fans rien entreprendre jusqu'au 18: Enfin l'Electeur en fit enfbneer les portes; fes troupes y entrerent & eurent quelques legéres escamourches avec la garnifon, qui fe retira dans la Citadelle, II était facile k l'Electeur de fe rendre maitre de la Citadelle; mais au lieu de Pattaquer, il fe retira précipitammènt, envoya fa grosfe artillerie k Namur & fe retira dans les lignes du Brabant. Les troupes du Duc de Marlborough iïrent la pius grande diligence, arrive- 'Attaque da  Les lignes des tra lisais force"e.->. JÉ! Guerre pour la■ rent k Maaftricht le 30, & joignirent' bientót celles de M. d'Ouwerkerke campécs fur la montagne de St. Picrr-e. Sahsconfondre les deux armées, elles commenccrent a. agir de concert; traverfe-rent la Meufe le 2, de Juillet, Sr Ie; 5 celle de. Mr. d'Öuwerk-erke s'avanca du cóté de Hui, fans que les Ennemis fis; fent aucun mouvement pour en défendre 1'approche. Ils Pinveftirent le 8 avec douzc bataillons &■ autant d'escadrons-commandés par le Lieutenant Général Schul. Les Frangais ne firent- pas unelongucréfiftance, le Commandant battirla chamade le 12-, & fe rendit prifonnier de guerre avec fa garnifon compofée de cinq eens hommes. La-prife de Hui rpétait que le prélude des grandes entreprïfcs que méditait le Duc de Marlborough. Ce Général voulr.it fe dédommagcr par quelque aclion' d'éclat qui fut utile aux Alliés, du peu de fuccès qu'il avait eu fur la Moffelle; II xcmprit.par. la retraite des Généraux . de l'armée des deux-Couronnes que leur intention était d'eviter une bataille. Des deux cótés les forces étaient a peu prés égales, mais.les Alliés avaient plas d'infanterie,. & les Francais phi.v-de Cavalerie. Lc Duc n'avait ri'autreparti a prendre que. celui d'attaquer les lignes, &. pour cela il avait befoin du conl'entemsBt des Etats-Géneaux; 11 depêcha §N  ■Succsflkn d'Espagne. ia Haye le Général Hompefch' pour leur propolèr cette expédition & leur en faire connaitre Pimportance." Les EtatsGénéraux lui donnerent earte-blanche, -s'en rapportant uniquement a fes luraieres & a fa valeur. Le Duc n'eut pas plutot cette réponfe, qu'il affembla le-Confeii de guerre, & y préfenta fon projet. Les avis furent tellement partagés qu'ii fallut en venir a un fecond Confeil. L'oppofition venait principalement du ■-Général Slangcnbourg & de quelques < autres Hollandais qu'il avait mis dans 1 fon parti, pour contredire en tout le i Général Anglais. Mais le Général d'Ou' -werkerke, le Comte de Nogelles, & le 1 -Prince de Heffe-Casfel,foutinrent le fentiment de Marlborough par de fi fortes raifons, que malgré la réfiflance de fes adverfaires , le réfultat du Confeil fut ; .conforme a fon avis. II fut donc décidé qu'on attaquerait les lignes & l'on ^s'en rapporta entiérement au Duc fur les moyens de les exécuter. Les lignes avaient une fi grande éten! due, que quelques nombreufes que fusfent les troupes ennemis, il était difli: cile de les défendre avec des forces é: gales dans toutes les parties. Elles con> t mengaient vers 1'Abbaye de la Marcheaux-Dames fur la rive gauche de la Meufe , allaient traverfer la Méhaigne; gagnaient la petite Ghete qu'elles traver» \7°5>  J7°5 t/4 Guerre pour Ja faient au'ffi; fuivaient cette riviere jus■ qu'a Loewe, & le refte de la Ghete fer- vait de lignes jusqu'a Diest. Outre ces lignes, qui par leurs difFérens détours, occupaient un efpace de plus de douze lieues. Les Frangais avaient encorea défendre les bords du Demer &de laDyie, depuis Diest jusqu'k 1'endroit o.ü ces rivieres reünies fe jettent dans 1'Escaut, ce qui fait un espace d'environ dix lieues, en forte qu'ils avaient plus de vingt lieues de lignes ou de rivieres k garder contre un enncmi fin & entreprenant. Le Duc de Marlborough, qui voulait attirer la plus grande partie. des forces ennemies dans un endroit éloigné de celui qu'il voulait réellement attaquer, fit paffer la Méhatgnc le 17 dejuillet au Général d'Ouwerkerke, comme s'il eut eu deffein de forcer les lignes entre la Meule & cette riviere, En même tems il fit marcher une partie de fes propree troupes vis-k vis de Judoigne entre la Méhaigne & la Ghete oü les lignes fem.blaient être les plus faibles. Les deux Généraux ennemis crurent qu'on allait Jes attaquer; mais ce n'était qu'une feinte. Le Comte de Nogellcs k la tête de vingt bataillons, fe mit en marche le foir du J7 pour gagner le pont de "VVange, qui rn'était défendu que par quarante hommes, Toute l'armée de Marlhoiough  SucceJJJon d>J$spag,ije. . 95 jfuwit lei detachement. EHe partie aus-iuü> aprèS fca retraite b'at'ïüe, & le Général d'Ouwerke-'te repafia ia Méhaigrie :. en diligence; lil était ppécéde par le Baron de Hompescii avec douze eseadrons, I: dont chaque cavalier portait une botte i de paille pour jVter dans les lignes. Les troupes s'égarerent pendant la nuit qui ■: était des plus obfeures, & elles ne puil rent arriver avant le jour, felon 1'ordfè ! qu'elles en avaient. A quatre heures du jnatin elles étaient k un mille des bords [de la Méhaigne; le Comte Nogelles ayant détaché deux Lieutenans avec foi, xante grenadiers , rompirent fans peiI ne k coup de hache la barrière du pont; I mirent en fuiteles quarante hommes qui 1 le gardaient,traverferent la riviere & s'emiparerent du village d'Heiliflém au delk des 1 lignes. Un détachement de grenadiers & «de huffards lesfuivit&ferépanditdetou:ttes parts dans les marais dont ce canton teil rempli. Les bataillons duComte de Noigelles fe haterent de paffer,&cinq d'enirr'eux entrerent au delk des lignes idans un chemin creux, & fix autres fuffent poftés dans un village voifin Le Général Schut fut a'uffi heureux du cóste de Noor-Espen , fit paffer les dix estcadrons & les-dix bataillons qui reveWaient de Hui, & le Duc Marlborough avec fa cavalerie, eut le tems dé fe renIre au delk des lignes, de fe ranger es  •*r°5 l>rile des Villes de Tillemont d'Aftri'chot. $6 Guerre peur /* bataille, & d'atteindre les Francais. Auffitót que l'Electeur de Baviere ar> prit que le Général d'Ouwerkerke avait repaffé la Méhaigne, il fit prendre les armes k toutes fes troupes, donna or~dre k la Cavalerie d'être prête k mon■trer a cheval. Les Officiers qui étaient -dans les lignes eurent ordre de fe tenir -fur leurs gardes, mais on ne pouvait -prévoir le lieu de 1'attaque, furtout .après le pofte qu'ils avaient occupés. A peine eüt on appris ce qui fe parfait au pont de Wange, que l'Eleóteur monta k cheval, fe fit fuivre par M. de Caraman, par le Marquis d'Antin, & du Prince de Birkenfeld avec vingt & un bataillons qu'ils commandaient du cóté de Nondoue, & lui même k ia tête de 27 eseadrons de cavalerie., de carabiniers , de grenadiers k cheval, & de .cuiraffiers courent aux ennemis k toute bride. Mais malgré 1'ardeur avec laquelle il attaqua, fa .cavalerie fut totalement rompue, malgré la valeur & 1'habileté .de M. de Caraman, I'Eledteur fut forcé de faire retraite, & d'abandoner entiérement les lignes aux ennemis. Les Alliés firent dans cette journée prés de quinze eens prifonniers dont cinq Officiers Généraux, cinq Colonels, & foixante & dix Officiers. Le nombre des morts fut k peu prés égal de part ,& d'autre, Ils fe rendirent maitres de dix-  Sucrejjion drJ£ipAgfrê. ft l «ix-huit pieces de canon, de neuf étenI dards, quatre drapeaux, & d'une paire de timballes. Enfuite 1 Is s'emparerent ■ ;l fans-réfhtance des villes de Diest & d?AI lost, d'oü l'on avait rctire les troupes; | & de Tillcmont- oü il n'y avait qu'un I fcul batai.llon. qui fut fait prifonnier de i! guerre. Après la -prife des lignes, l'on i lè hata de les -comblcr & d'en détrui- : re tous les ouvrages. Quelques Offi, I eiers Généraux, particulierement Slan-I gembourg, avaient propufé, auffitót après I paflage des lignes de fe .porcer fur ■41 Louvain & de s'emparer de ce-camp , I pour empêcher les Ennemis de paffer la .' Dyle. Mais 1'infanterie parut -fi fatiguée | de ia marche forcée qu'elle avait faite I -Pour venir au pont de Wange, que d'u£ ne voix unanime on rejetta cette pro| -pofition. Les Alli.es attendirent .donc au lendemain a fe remettreen marche, pour 1 s'approcher de Louvain dans 1'espérance, i -ou de joindre l'armée des deux Couron|-nes avant Qu'elle eüt totalement pail'é la Dyle, ou de forcer le pafrage de-cette riviere. Mais ils trouverent l'armée d'au* ftant mieux retranchée , que l'Electeur avait choifi ce camp de préférence; paree I qu' après la bataille de Nerwinde il s'y |;était retiré avec le Roi Guiilaume dans jle tems qu'il fuivait avec ce Monarque ■les intéréts de la maifon d'Autriche. Le Duc de Marlborough n'ayant pulf i Tom. IX. E Ma Duc èt •lbo-  f)S Guerre pour let' i-ougli ëchoue dans lc projet de forcer le camp des Francais prés de |,ouvahi« choue dans lis S c uil tui 11 uien ïcuciumea. empêchcr la retraite de l'armée des Ennemis, ni entourer le corps de Mr. de Caraman \ réfolut de faire de nouveaux etforts pour les forcer dans le camp oü ils s'étaient fi bien retranchés. Des payfans" & des èspions 1'informercnc exaótement des pafrages les plus faciles;& le foir du 29 de Juillct il fit avancer trois détachemens, avec lesqucis il efpérait de traverfer les rivieres & lemettre a portée d'attaquer cette armée avec avantage. Le premier était compote de neuf mille hommes d'infantcrie & de deux mille de cavalerie, fous le Général Heukelom, & pricédés d'un grand nombre de pionniers pour applanir les chemins. Le premier détaehement avait ordre de paiTcr la Dyle a Nur-Yfche, chaque cavalier portait une botté de paille pour combler lesfoffés, & il était expreifément défendu a toutes les troupes de faire aucun feu durant cette nuit. Le fecond détaehement commandé par le Prince de Wurtemberg devait I tenter le paffage a St. Joris-Wert; & le troifieme, aux ordres du Comte d'Oxenftiern devait traverfer la riviere \ Corbec. Chacun de ces détachemens était accompagné de pontons & d'un nombre fuffifant de pieces de canon, & Marl- I borough les fuivait avec le refte de l'armée. Es arriverent au point du jour fur les bords de la Dyle; quarante canons forent mis en batterie fur une hauteur;  Succéffion tT'Espagm. on travailla en toute diligence a conitruire des ponts, & le Général Heu■kelotn ne rencontrant aucun obftacle, travcifa la riviere avec onze batailloiis, trois mille grenadiers, & mille dragons quis'emparerent de deux viliages dont les naïes & les jardins furent garnisde troupes. Elles n'y reftcrent 'pas longtems en repos; l'Eleftcur de Baviere,indruk de leur paffage, fe fni't auffitót cn marche pour arrèter leurs progrés. Son'avant-garde, compofée de fix eens dragons attaqua les ennemis avec la plus grande vivacité; mais la fiiDérioritc du nombre 1'emporta & le Général Ilcukclom demeura maitre des villages jusqu'a i arrivée des troupes deiïinées k foute™\cs dragons. Elles réuflirent a én chafier les A!iiés;& douze pieces de canon qu'on établic fur le bord de la riviere ayant éclairci les rangs de ceux qui étaient demeurés fur le rivage oppofé, 1'E edteur a la tête de fes troupes, forga les premiers h la repaffer précipitamment, avec une perte affez confidérable. Ee Prince de Wurtemberg ne fut pas plus heureux. II trouva que les bords de la Dyle étaient couverts des troupes des deux Couronnes. Elles lui empëCherent totalement le paflage, la traverferent elles mêmes, pourfuivirent fon armée & la forcerent d'abandonner 1'en- utreprife. E 2  -1^3 ~&uerre pour 'U Sur de nouvelles plaintes que le Duc de Marlboroush- envoya faire a la Have, des continuelles oppofitions qu'il rencontrait dans toutes les entrepnfes, les Etats - Généraux lui donnerent plein-pouvoir d'agir comme bon lui femblerait, pour 1'avantage commun; & il réiblut en conféquence dg former une nouvelle entrepnfe fans prendre 1'avis du Confeil de guerre. Ij ordonna donc de prendre des vivrea pour plufieurs jours •, fit remqnter fes troupes le long de la riviere , jusqu'oü il avait defiein de fa traverfer; c'etait dans le lieu oü les eaux partagécs en plufieurs branches, préfentent un pafla'ge plus facile. Auffitót que l'on y fut ■parvenu un detachement tTaverfa la Dyle 'aCorbais&aSt. Martin, pendant qu'un autre plus confidérable en faifait de meme au deflus de Genep. Le Duc pafla enfuite la Llana ; alla camper le 16 d'Aoüt; plaga fa droite a Hulpen, fa eauche a Braine-PAllen, ce qui lui don;nait 1'accès du bois de Poignies, & le mettait a portée de gagner le grand chemin de Hall ï Bruxelles qui paife entre ce bois & la riviere de Senne. L'Eleéieur de Baviere quitta fon camp foi]s Louvain, & alla fe pofter fur la riviere d'Yfche, afin d'empécher au Duc le paflage de cette petite riviere. Le même jour le Général Anglais détacha le GÊ-  Éuèejjiph cPEspagne. fb'f ad ral Churchill fon frere, avec dix mille hommes d'ïnfanterie, deux mille deicavalefle pour chafier le ColorielPafteur du pofte * de Wacerloo. Ce brave Officier craignanc d'ètre enveloppé, fe retira en bon ordre %■ mais le lendemain il reprit fon pofte,foute nu par le Marquis de Grimaldi. ■ Toute 1'ar'mCe des Alliés s'étant rasfemb'ce entre In Llana & 1'Yfche, Marlborough fe dispofait a attaquer celle des deux Couronnes. Mais les Députés des Etats-Généraux refuferent ablblument d'y confentir, a moins que le projet ne fut préfenté au Confeil de guerre pour avoir les'avis des Généraux de la République-. En vain le Duc fk-il les plus fortes repréfentations fur ia néceffité abfolue de ne pas perdre un inftant pour attaquer les ennemis; malgré la foree de fes raifonnemens, il fallut en venir' a un Confeil de guerre. Son projet y fut approuvé par le Général d'Ouwerkerke & par le Comte de Nogelles qui connaiiiaient les talens duDuc,&mettaient leur gloire a le foutenir. Le GénéralSlangenbourg fon éternel adverfaire a la tóte de fes partifans que la jaloufie, animait tous, fit tout ce qu'il put pour faire échouer une entreprife qui allait couvrir de gloire le Général Anglais. Ils parierent avec la plus grande force dans le Confeil de guerre contre le projet da Duc. Les Députés des Etats•GénérauK- . E 1  ;o2 Guirrt ptur la /"OS Lsntl/erti PI. 4/i- 27»<-.'«/ IV. 13S-144. «atwcliement timides & peü expérimcïités dans les expéditions miiitaires, parureht frappés de ces raifons, que Ie Gér.éral Anglais, avec fon clcquence naturelle, & tous les efförts des Officieis Généraux qui lui étaient attachés, fut contraint, malgré lui,, de céder k la pluralité des vcix. D'un caradtcre impétueux & ne foufltant pas aifément la eontradiélion, dans le premier mouvement dc fon indignation il écrivit aux Etats - Généraux une lettre tres-vive remplie des plairtes les plus ameres contre leurs Députés qui, difait-il, lui avaient fait perdre 1'occafion de potiffer k Pextrémité l'armée des Ennemis. Les Etats-Généraux voulaient ménager le Duc pour plufieurs raifons. Afin de lui donner quelque fatisfadtion, on fit une cineac de réprimande aux Députés , on én nomina d'autres pour 1'année fuivante & il fut décidé que Slangenbourg ne ferait plus employé dans l'armée fous les ordres du Duc dc Marlborough. Le Général Anglais, voyant qu'il lui était impoffible de concilier lesefprits, renonga ie refte de la campagne a former aucune entreprife. II retourna a Tiilemont, fit démanteler cette Ville pour épargncr une garfifon, & occupa fes troupes a eombler entiérement les lignes dont il s'était emparé. ■En même tems il envoya le Lieutenant  ■ Succejjlon cPEspagne. 103 Général Dcdem, faire le fiege de Loeve pctite place kir la Ghete, que fa fituation au miiieu des marais rcndait afiez importante. Les maifons n'en étaient couvertcs que de pailie, & le Gouverneur regut ordre de 1'abandonner auffitót que les batteri.es feraierit élevées, ahn ci'empccher qu'elle ne fut réduite en eend re. Les pluies continuelles qui furvinrent dans le mois de Septembre empêcherent tout autre mouvement que ceux qui é« taient néceflaires pour les fourrages. L'inaction des deux armées quoique voifines, donnerent le tems au Duc de Marlborough d'aller faire un tour a la Haie, ou il regut toute la fatisfadtion qu'il pon vait döfirer. De retour aux camp* ii voulut changer de pofition, mais la vigilance de l'Electeur de Baviere lui fit efiuyer un-petit échec a fon arriere garde, oü on lui tua environ cinquante hommes. L'armée des deux Couronnes s'empara enfuite du bourg d'Herentals, que les Alliés abandonnerentprécipitamment. On y prit onze cent chevaux, tant de felle que de trait,avec une gran • de quantité de bagage. Le Duc s'en vengea bicntót paria prife dcSandvliet, dont la garnifon incommodait beaucoup les habitans de lp Zélande. II charge» le Comte de Nogelles d'en aller faire le fiege; il la prit en trois jours, obligea E 4  ÏC4 Guerre pttr ïa- Ia garnifon dë fe rendre prifonniere de.guerre, & fic fautcr les fortifications de la place L'armée des Alliés s'était avancée jusqu'a West-Wefel & Klamptout,., k quelques lieues de Sandvliet pour en couvrir le fiege, ce qui les avait écartés des bords du Lémer. L'Electeur de Baviere" profica de leur éloignement pour reprendre Diest, qui fut emporté le 25 après un combat trés meurtrier On y fit prifonniers quinze- cent cinquante deux foldats, cent foixante & quinze Officiers, ce qui fut fuivi de la reddition de Halem oü l'on prit. deux eens hommes; & la faifon devenant trop rude, obligea les Généraux de mettre des deux eötés les troupes en quartiers d'hiver. Le Duc de Marlborough profita de ce tems pour fe rendre k Vienne & combiner les opérations de la Campagne prochaine. II perfiftait toujours dans-, fon entreprife de pénétrer en France que des obftacles étrangers avaient fait échouer; Quoiqu' en Italië les malheurs les plus conftans euffent accablé les deux Couronnes dans le cours de cette année, ce fut cependant en Flandres & en Espagne qu'elles éprouverent les premières disgraces, par-la levée du fiege de Barcelone& par la perte de la bataille de Ramillies. Ces deux événemens arriverent dans le courant, du. mois de Mai. L'orj=.  SuccéJJton cPEspaghe* lég pariera du premier en parlant des affai< res de 1'Espagne, & l'on ne s'occupera raaintenant que de la campagne de Flandres & de celle du Rhin. Le Duc de Marlborough continuait k commander en FJandre l'armée des Alliés; & fur les repréfentations qu'il avait faitcs aux Etats-Généraux, ils avaient donné les ordres les plus pofitifs k leurs Députés , pour qu'ils ne le gênaffent plus dans fes opérations. On avaitauffi eu 1'atj tention d'écarter le Général Slangen bourg, qui s'était toujours oppofé de i tout fon pouvoir k 1'exécution des des: Jeins du Général Anglais. Le Duc eni tra _ don c en campagne vers Ie milieu du : mois de Mai avec un pouvoir abfolu & I une armée nombreufe, dispofée k faire | les plus grands efforts pour augmenter ; encore la. gloire que fon Général s'était i acquife dans les campagnes précédentes. j II etait de la plus haute importance pour i les intéréts des deux Couronnes de lui ; oppofer un Général qui fut temporilèr k propos, & lui faire confommer inutileffient la plus grande partie de la campa; gne. Mr. de Villars, qui joignait lapru» dence la plus réfiéchie aux autres quali' i tés qui forment les grands Capitaines éi tait celui dont il parait que la Cour de | Yerfailles aurait fait choix, fans la malheureufe désunion qui empêchait 1'Ei i leéteuj de Baviere & le Maréchal d'agk E 5. • T.706V Campagno" tles pays-Bas.  I?o6. 1 ] ïataille de iaiüUies. ;o6 Guerre pour' Ia le concert dans une même atruée. Oil lonna le commandement k Mr. de Vileroi. Ce Général excellait particulie■ement dans les marches. II fut ma'.heu•eux avec un fi beau talent; mais il méritait de réufiïr, & il aurait réuffi fans rloute s'il eüt eü ' des Lieutenants qui eufient fu le feconder. II fit des fautes tonfidérables dans le cours de cette campagne, peut-être paree que, admis dès Pchfance du Monaraue k la familiarité la plus intime, il fe crut capable des plus grandes chofes , parceque Louis X1T qui connaifiait fi bien les' hommes, lui confia les plus grandes places; & il avait eontracté la facheufe habitude de ne confulter fouvent que foi-méme dans les affaires les plus importantes. La plus grande faute du Maréchal de Villeroi, en 1706 ne fut pas d'aller au devant de Pennemi, mais de n'avoir pas attendu le renfort qui lui amenaitMr. deMarfin; & cette faute le jetta dans la disgrace qui 1'accompagna pendant tout le cours de la campagne. Le Maréchal' deMarfin qui commandait alors un corps féparé du cöté du Rhin, devait joindre 1'Eleéteur de Baviere, après avoir fecondé les opérations du Maréchal de Villars. Par cette jonétion l'armée Francaife ferait devenue fupérieure k celle des Alliés. Mais i$ Duc de Marlborough ne donna pas le m  Succijfion d'Espagne. 107 tems h Mr. de Marfin d'arriver, & Mr. de .VUIerpj marquant la même ardeur pour en venir a une aétion générale, les armées fe trou verent en préfence le 23 cle Mai. Celle des deux Couronnes, compofée de quarante mille hommes d'Infantene, & de trente cinq mille de Cavalerie, fut rangée en bataille, la drpjte appuyée fur la Méhaigne, & la gauche s'étendant jusqu'au villaged'Au• fier - Kerk,, oü elle était couvertc entieremént par la Ghete, & par un marais qui s'étend depuis ce village jusqu'a celui de Ramillies. On avait jetté dans le dernier plufieurs bataillons d'Infanterie; maks avec fi peu de précautions, qu'outre la trop grande <üftance de ces bataillons a la première ligne de l'armée Franeaife, on avait négligé d'ouvrir les haies du cöte par oü l'on pouvait les foutenm On avait égaiement. manqué a> abattre celles qui féparaient ces différens corps, cn forte que chacun tne pouvait combattre que dans fon enclos, fans qu'il fut pofiïble qu'un donnat du fecours a 1'autre. La bataille commenga a unebeu• re apres midi. Le Duc de Marlborough avait fait mettre en batterie vingt pieces de gros canon vis-a-vis de Ramillies, & il commanda douze bataillons pour y attaquer les troupes des deux Couronnes. En même tems quatre bataillons tfes Etats, foutenus par ja cavalerie E 6  1706. ïoS • Guerre-peur fa- qu'on avait détachée de la droitc dès Alliés, eurent ordre de chafier les troupes qui occupaient le village de Fran-quenies, fur le bord de la Méhaigne. Quatorze eens dragons Frangais k pié s'avancérent pour foutenir 1'Infanterie eantonnée dans ce village. Mais le Général Suiffe Weremiller, qui commandait le détaehement des Alliés, ren verfa en peu d'inftans tout ce qui s'oppofait k fon paffage, & fe 'rendit entiérement maitre de Franquenies & du chemin qui conduit k Tavières, après quoi il s'empara même de ce dernier village, oü il ne rencontra prèsqu' aucune réfiftance. Ce premier avantage dés Alliés les-, ayant mis en état dê faire agir la Cavalerie Hollandaife qui était k leur gauche toute cette aile s'ébranla en même tems fur quatre lignes: mais k meiure qu'ils; avancerent , la troifième & la quatrième: aile de leur Cavalerie entra dans les in=tervalles de la première & de la feconde, ce qui ne forma plus-qu'on grand front, fans aucun intervalle. Si i'armée Frangaife eüt pu faire la même manceuyre, la maifon du Roi, qui était k Ia. droite, eüt ailément repouiTé les enne-" mis; mais outre qu'on n'avait pas eu laprécaution d'y mettre aflèz de troupes, «elles qui étaient k ia feconde ligne ne purent faire des mouve mens afléz promts gp^r.remplir de JsêiBe lesinteryajles qui.  SücceJJïon drEspagfte. 109-1 étaient gêneés par le bagage qu'on avait négligé de retirer. Les eseadrons des Alliés entrerent dönc dans ces interval- 1 les qu'ils trouverent vuides, orirent les-èscadrons Frangais-en flnnc & par derrière ; & quoique la maifon du Roi fit. des prodiges dé valeur, &.. qu'elle repouffat avec fuccès tous ceux qui 1'atta-. - quaient dé front, elle ne put réfifter longtems k Ia multitude d'ennemis qui Penvironnait. Le Duc de Marlborough porta presque toutss fes forces contre cette. • première ligne dé ladroite qui étant attaquée dé tous cötés, fans pouvoir être: foutenue par la feconde, fut obligée de.céder après le. combat. le plus opiniatre.. Pendant que l'on combattait ainfi k la. droite; le Général Schotten attaquait le village de Ramillies avec douze bataillons,.. foutenus de 1'Infanterie de la première ligne des Alliés. La réfiitance: des troupes dés deux Couronnes commandées par le Marquis de Maffei, fut. atïez vigoureufè pour fe défendre pendant prés dé deux heures; Mais 1'aile droite des Frangus ayant été rompuc,.,. les Alliés s'avancerent k la gauche du village dont. les défenfeurs furent chasfés. Le Marquis de Maffei fut fait prifonnier, &.la déroute devint générale tant au centre qu'k Paile droi, te. La gauche par-fa pofition 'déimii. E 7,  110 Guerre pour la, un marais n'avait pu être que flmple fpex"tatrice du combat. Elle fe retira d'abord avec affez d'urdrc; mais quelques charióts s'étant rompus dans un paflage étroit,unc terreur panique s'empara tellement des foldats, que jettant leurs armes,i's prirent la fuite de toutes parts lans que les cfforts de leurs Officiers fusfent capables de les arrêter. Les Alliés furpris eux-mêmes de ce désordrc, envoyerent des détachemens a leur pourfuite, & ce fut alors qu'ils _firent le plus grand nombre de prifonniers. Les Frangais perdirent quatre mille hommes tant dans 1'aflaire que dam? ra pourfuite, & par la défertion. Après la bataille l'armée des deux Couronnes fe trouva diminuée de plus de quatorze mille hommes. Les' Alliés perdirent environ mille hommes, & ils eurent un peu moins de trois mille blellcs. Le Duc de Marlborough fut expolé lui-même au plus grand danger au commencement de la bataille. Ses troupes- ayant été d'abord repouffées par la maifon cluRoi, il courut a toute bride pour les faire retourner a la charge; mais dans le tems qu'il les eneourageait par fes discours & parfon cxemple, il fut environné d'une troupe de cavaliers Frangais, qui s'étant avancés au dela de leurs rangs, tomberent tuut-a-coup fur lui avec uit  Succejfon d'Espagne. m 'd'impétuofité qu'üs Ie renverferent de i fon cheval. On vit alors combien il im; porte k un Géneral d'être aimé de fes ; troupes. Les Angiais animés k la vue, du danger qui le menagait revinrent a |?a charge avec une furcur inexprimable, | repoufferent les Frangais dans leurs i rangs, & dégagerent le Duc. II rcmon- ta k Cheval, & dans le moment qu'il «imettait le pié k 1'étrier, un boulct de (canon cmporta la tête du Colonel Ben- field, qui combattait a fès cótés. Lorsque la vicioire fe fut déclarée en fa faveur, il ne néglïgea rien pour en' retirer tout le fruit posfible, & il paflaj même fes efpérances. II fe mit en mar-1 Sche le lendemain de la bataille, traverfa Ik Dyle le 25 , & alla camper k Ter,'-blanc, laiffant derrière lui la ville de Loullvain, qui fe rendit fans tirer un coup ijde canon. II y trouva de gros magafing {de toutes fortos de munitions avec un jigrand nombre de Frangais malades ou; Üblelfés qui furent faits prifonniers de :jguerre, L'Electeur de Baviere & le Maréchal ide Villeroi, après avoir raflemblé le (plus qu'il leur avait été poffible du déibris de leur armée, s'étaient d'abord reftirés dans cette ville; mais ne s'y croayantenpas fureté, ils avaient gagné Bruxielles, oü ils ne refterent pas plus longNni. Auffitót après-leur départ, leDus 1706- Pr 'c r'e .'ouvain, . 'Anvers & e Bruxtl;s.  Guerre pour t& 2-706. de Marlborough écrivit aux Magifiratsde cette Capitale du Brabant, pour les* engagcr k- reconnaitre 1'Archiduc Charles en quaiité de leur Souverain. 11 fitpublier en même tems- une Déclarationau nom de la Reine d'Angleterre & des* Etats - Généraux, portant promeiie done rien entreprendre contre les privileges des Pays-Bas.Espagnols, de ne faire aucun changement dans la Religiot?r & de ne caufer aucun préjudice a tous ceux qui fe déclareraient en faveur dela Maifon d'Autriche. Sur cette aflurance, les Députés de la Province alle*rent trouver le Duc, pour lui rendre graces de cette Déclaration •, & le 2,8 les Magiftrats de Bruxelles lui apporterenc les clés de leur ville. II s'y rendic en perfonne; on donna par provifion le Gouvernement k fon frere le Comte de Churehlüjilrevint a fon armée,regut de même la foumiflion.de Gand, oü Pon fit prifonniers deux Régimens Espagnols. II prit égaiement les villes de Malines de Bfuges, de Dam, & d'Oudenarde. Les Gouverneurs en avaient retiré les garnifons qui furent remplacées par les troupes des Alliés. II y avait dans Anrers une garnifon de douze bataillons, moitié Frangais moi» tié Espagnols. Les premiers étaient sommandés par Mr. de Pointis, & les autres, par le Marquis de Tarafena k qui  duccsjjtbn d^Esjragne. ri| le Roi d'Espagne avait confié la garde }de la Citadelle. Mais eet Officier plus ; attaché k. la maifon d'Autriche qu'k fon ! Souverain, profita de cette circonftanco :pour faire fon traité particulier, & pour palier avec fes troupes au fervice de , 1'Archiduc, k condition que cc Prince i:lui accorderait la confervation des hon* •meurs & des dignités dont il avait étu ;irévêtu par Phllippe V. Pointis ainfi Jabandonné de fon Collegue, fut con'itraint de foufcrire le 6 de Juin la capiT itulation qui lui fut offerte. II ohtint, :tous les honneurs de la guerre, & fe |retira avec fix bataillons au Qucsnoi, i oü il fe joignit k l'armée des deux Coüron•jnes. Quelques rapides que fufient ceaItconquêtes, elles étaient les fuites naturelies de la bataille des Ramillies- Louis XIV qui accordait toujours tou* ite fa confiance k Chamillapd, 1'envoya ifur la frontiere pour faire jetter des niunitions de guerre & de bouche dans iitoutes les places de laFlandre Frangaife. j|Le Maréchal de Marfi'n joignit avec. 'jvingt deux bataillons l'armée de Villeilroi, peu de jours après la bataille. Mr» ide Villars eut ordre aufii d'y envoyer Ivingt autre bataillons & fix eseadrons jide carabiniers, qui furent bientöt fuivis 1de dix bataillons & de vingt eseadrons... f ':Vers le même tems le Ouc de Marlborough-fit unvopgea la Haye, oü.ii' 1706.  i?c6. ■Prife rottende. 114 Guerre peur Ia affura les Etats-Généraux que 1'intention de la Reine n'était nullement de faire des conquêtes au delk de la Mer; mais que fon unique objet, était de proeurer aux Hollandais une bonne barrière, ce qui leur fut confirmé par une lettre de la Reine elle-même. Le Duc ne refta pas lorg-tems k la Haye, & li revint k Anvers, oü il fut regu avec les plus grands honneurs. L'un des premiers.fruits de fon voyagé, fut 1'envoi que firent les Etats-Généraux de quatre eens batimens chargés de munitions de guerre & de bouche, & dc tout cequi était néceffaire pour faire des fiéges. Le premier que les Alliés entreprirent, fut celui d'Oftende, ülle Otuée fur le bord de la Mer, & prèsque toute entourée d'eaux. La garnifon était compoféc de fix bataillons Frangais & de deux Espagnols« avec quatre, compagnies de dragons; mais ces troupes manquaient de poudre , ce qui les mettait hors d'état de faire une longue rcfiftance; & le Gouverneur Espagnol, nommé le Marquis de Coaruvias, paraiiïait peu affeciionné aux intéréts de Pnilippe. Les Alliés, pour fermer 1'accès au fecours des vivres & des munitions qui auraient pu venir par la mer, blocuerent le port avec neuf vaifleaux de gi'erre & quatre galliotes k bombe, aux ordres de 1'Amiral Anglais Faiiborn. Le  Sitccejjion pour ld 115 General d'Ouwérkerke, qui avait infulte Nieuwport, pour en faire lc fiege, fit marcher fon armée le 19 & ie 50 dc juin pour inveitir üftendc par terre & ia tranchée fut ouverté la nuit du £3 au 24. En peu de jours les affiegeans jetterent unequantité fi prodigieule de bonibes des Galliotes, qu'on en fit monter lc nombre a plus de treize mille. Elles detruifirent tous les bidmens de È Vinc» i 1'exccption d'un Couvent & a une Eghfe, qui furent 1'unique refuge des foldats & des habitans. La nuit du 4 au 5 de Juillet les Alliés attaquerent & emporterent la contrefcarpe, apres une réfiftance médiocre. Le mime jour le Duc de Mariborough arriva au camp, & le lendemain Mr. de la Motte qui commandait fes Frangais, voyant '-e Gouverneur Espagnol dlspofé k fe rendre, & que la Ville menagait de fe révolter, confentit k capituler. II obtint que les troupes fortiraient avec leur épée fculement & leur bagage, qu'elles fö_ nucnt conduites k Dunkerque, & qu'e'les s'engagcraient k ne pas fervir de fix mors. Les Espagnols furent conduits k Mons. Mais les troupes Wallones paflerent au fervicc des Alliés, qui. outre les munitions de guerre & debouche, s'emparcrent de trois vaiffraux de guerre Frangais & de plufieurs barques i-spagnolcs qui étaient dans le port.  1706. ée Menin, n,5 Guerre pour Ü Le Duc de Marlborough & le Générfe? d'Ouwérkerke, ne fe furent pas plutetrendus maitres d'Oftende qu'ils firent pas- | fer la Lys ?nx troupes qui en avaient i fait le fié'ge. La grande armée qui etait I demeurée a-Rousfeiacr pour le'couvnr, fe porta égaiement fur les bords de eet- I te riviere,' & la traveria fans perdre os (] tems,-pour couvrir du moins ie fiege déjj Menin, que le Duc avait dtfiein de fai- * Te avant ia fin de la campagne. Les Ma- j eiflrats de Courtrai lui apporterent les» dés de ieur Ville, & te ^f^m Roval de Pruffe loigmt les Allies avce fes propres troupes, & celles deLunetfJ bourg, qui mor.taient enfemble a piert de vinkt mille hommes. L'armée com^ birée/ayant etabli fon camp vers HeJ Ubin & ie pont Sfc Pierre fur les boruS^ de PCscaut, le Genera! Saüsch fut char-^ sé d'ailer inveftjr Menin avec trcnteJj 'deux bataillons, & vingt-quatre escaj drons. 11 fe rendit le 23 devant cettB place, ietta deux ponts Iur la Lys, m comn enca a élever des batteries. LcH Gcmte de Caraman qui y coremandaHrt une garnifon de cinq mille hommisa avait fait tous lcs,préparatifs pour ren| dre Ia défenfe opiniatre. Mais les AM lies ayant conduit au fiege foixante-Mi dix pieces de canon, & quarante deuj mortiers ou obufiers,les firent agir avej tant.de vivacité i qu'en peu de jours tou^  SuceeJJhn d'Espagne. 117 lies parapets furent renverfés; les oujvrages extérieurs devinrent ïmpratirafcles., & il y eut une brêciie au corps de (la .place. VA rtillerie des alTiégés étaic aufii trés bien fervie, raais toutes les forties qu'ils tenterent furent inutiles a caufe du grand nombre de bataillons ennemis qui montaient journellement la [tranchée. Malgré la fupériorité des asfiégeans, & Peffet des mines, joint au grand feu de 1'artillerie, ils n'avancerent que pié a pié, par la belle réfiltance du Gouverneur. II tint bon jusqu'au p.2 d'Aoüt qu'il demanda a capituler. II fortit de la place avec tous les honneurs de la guerre, quatre canons, deux mortiers , de la poudre & des balles pour vingt décharges, & la garnifon réduite a quatre mille hommes y compris les malades & les bleffes, fut conduite a Douai. Les Alliés perdirent a ce fiege enviroh mille hommes tués & iplus de deux mille bleffés. 1: Pendant que les Alliés faifaient le fiege de Menin, l'armée des deux Couronnes ;avait changé de Général. La confteripatjon que la perte de la bataille de Raimillies avait répandue a la Cour de Verlaillesfit rappeller d'Italie leDucdeVendome. II joignit l'armée de Flandres le 5 d'Aoüt raflèmbla de fon mieux les troupes disperfées; & établit fon camp iï trois lieues de Lille, dans une Otua- -I706.  3 Ï706. t _ { i 1 ] : i .ScDetiderinonde. tTAth. iS Guirre peur Ia ion très-forte, dont la Lys & la Deu!© taient les remparts naturels. H apprit , ans cette pofition que les ennemis fai* lient leurs fourages avec négligence,& e 16 il envoya le Chevalier du Rolel a a tête d'un détaehement pour attaquer és fourageurs, qui dévaient opérer le néme jour prés de Tournai. Les Alliés urent pouffés jusqu'a un pont garde par eurs troupes. Les dragons mirent pie i terre, enleverent cinq censchevaux, cuerent quatre eens hommes, & firent iiutant de prifonniers, du nombre desquels fut Mr. deCadogan, Brigadier, & treize autres Officiers. Le Général Churchill fut enfuite chargé du fiege de Dendermonde bloqué depuis deux mois. II ouvrit la tranchée le i de Septembre. Le même jour il forma fon attaque contre une redoute ^ & contre d'autres ouvrages qui couvraient la porte,qu'onnommedeBruxel-i] les, les autres parties étant inondées; par le moyen des éclufes. Le 5 ccttej redoute fut emportée d'affaut, & lej Marquis de la Vallée, Gouverneur fe rendit prifonnier de guerre. II aurait pu tenir longtems, fans la mesintelli-j gence qui fe mit entre ce Seigneur & lej Commandant Frangais. j La prife d'Ath fuivit de prés celta de Dendermonde. Cette Ville fut kwel ftie le ió par le Général d'Ouwerkerke I  SuccvJJlon iPEspagfu. uc) bniVS dn vin?c;fi5 cscajronsdevingthuit bataillons, fuivis de quitre mi!le pionmcrs, & de foixante pieces de ca. non, outre les mortiers & les obufiers cetce place quoiquc bien fortitiée, ctait trop valtc pour fe défendre avec une garnifon dc deux mille hommes. Le Marquis de Spinola y Commandait pour ifoR01,d, Esp,aSne' & Mr. de St. Pierre était k la tête des troupes Frangafg Les travaux furent poufies jusqu'au i d Oétobre ou les breches étant prat cables, les affiégés furent obügés a canituier. Les deux CottMndans' ti'öbtihrent que d'êtrc prifonniers, a conSri que les Officiers confcrvèraient leur epee leur bagage., & les Soldats leurs hnvrefks. Les Alliés ne perdirent " Kf* TU',CCnS h0mmes tant tiids que" nlclfes & les deux Couronnes douze een* Les grands efforts faits par les Alliés SaeTcotf "a' qu'e'1cnc ^' ü f j ^?„LOt:e- Au contra re le Miré- = chal de Villars fit lever le blocus du fort Louis & s'empara des retrancheme, s de Drufenhe.m que le Prince de Bade avait abandonncs. Les Frangais vinrent mSe Campagne 'Allemane.  n i 1:706. j ■•Campagne 2.0 , Guerre peut U 1 bout de rcprendre Drufenheim &Ha- I ruenau & de roettre tout le Palatinat 4. •ontribution. Mais Villars, iaible tepeu craint, malgré tous ces avantages, ne put empêcher que les Electeurs de Cologne & de Baviere ne fuilent mis au Ban de l'Empire par le nouvel. Empe- ■ reur Tofeph II, qui venait de fucceoer a Léopold fon pere & qui avait henté de fes prétentions , de fon caractere & I de fes mimftres. Mais les campagnes d'Italie & d lspagne furent tout a fait favorables aux Confédérés. II eft vrai que le Marécnal I de Bcrvv'ick, avait commence par eniever 1'importante place de Nicc: au Duc I de Savoye. II eft vrai que le Maréchal , de Vendöme défit le 19 d'Avrille Comte de Revenlaw , Général Danois a la bataille de Caffinato, & que le Prince Eueene accouru le lendemain fut enco- I re témoin de la défaite d'un corps de deux mille hommes & forcé de fe reu-1 Ter dans le Trentin pour y attendre les fecours d'Allemagne; mais la bataille de Ramillies, ayant engage Louis MV a faire paffe' le Duc de Vendome dans les Pavs-Bas, pour y reparer les malheurs de'la France, la campagne d'Ita.ie prit Une face tout-a-fait differente.- Les > Francais asfiegerent Turin ; & la co»| quête de cette place allaitlesrendremai-, tre de tous les Etats de Duc de Savoye,  Jacceffïen d'Espagne. r2ï 'te- Duc de la Feuillade meilleur Courtifan que bon Guerrier, conduifait ce fiege. Trop enyvré de fes talens il avait rejetté les offres du Maréchal de Vauban qui s'était offert a fervir fous lui , comme Volontaire. Le Duc d'Orleans, ï arrivé pour remplacer Vendóme , géne' par les ordres précis de la Cour, ne put donner 1'effor a 1'impétuofité de fon courage. Au lieu de marcher au Prince Eugene qui amenait des fecours au Duc , on fuivit les ordres de Louis XIV qui avait défendu qu'on livrit bataille. Le • Prince Eugene & le Duc de Savoye attaquerent les lignes des Frangais, & les forcerent. L'armée Frangaife, au nombre de foixante mille hommes, fut toute disperfée; cent-quarante pieces de -canon, les provifions, le bagage, lacaisfe militaire tout refta au pouvoir des vainqueurs; cette viétoire décifive entraina la conquête du Milanez, du Piemont, du Mantouan & du Royaume de i Naples. Les Confédérés ne furent par moins hcureux en Espagne. Le Roi Philippe V entreprit en perfonne le fiege de Barcelonc, avec le fecours d'une armée Frangaife fous le Maréchal de Tefie & d'une flotte de la.même nation fous le Comte de Touloufe. Mais quoique les forces qui attaquaient cette ville, fuffent bien rfupéneures a celles qui 1'avaient prife-. T-om. IX. F ""anipagne i'Espagnei  122 Guerre pour la $706. on fut obligéjle lever le fiege. Le Comte deTouloufe, pour ne pas fe commettre avec la flotte Hollandaife & Anglai- > fe, fe hata de regagner le port de Toulon. L'armée Frangaife fe retira dans la Navarre avec le RoiPhilippe. Les Portugais, animés par ces avantages, penétrerent en Espagne : avec les renforts d'Angleterre & des Etats, ils s'emparerent d'Alcantara , de Ciudad - Rodrigo & s'avancerent jusqu'a Salaraanque. Le Comte de Galloway, ne rencontrant aucune oppofition , s'avanga jusqu'a Madrid , qu'il trouva abandonné par toute la maifon du Prince Frangais. II y fit proclamer 1'Archiduc, qu'i'1 invita des'y rendre au plutót. Mais, le défaut d'argent & d'autres circonftances le retin'rent longtems a Barcelone, il fe vit même obligéde prendre un détoura travers le Royaume de Valence: ce délai donna le tems au Roi Philippe de recevoir des xenforts Frangais, avec lesqueis il rentra dans Madrid. Galloway obligé d'abandonner la capitale , alla rejoindrele Prince Autrichien dans 1'Arragon: mais fon arrivée tardive fit perdre les avantages 'de la campagne: la haine des Espagnols contre les armées qui avaient indigne. ment traité les objets les plus facrés de leur culte, fit untort irréparable a 1'Ar.chiduc , ce Prince , quoique plein de 'la religion & de la ptété héréditaire  'SucceJJlon d^Espagne. $jj ians fa maifon ; étaït obligé de tolérer tous les crimes que commettaient impu nément fous fes yeux, ies foldats des deux nations, qui combattaient pour fes interets; mais ces desordres inlpiraient aux 'babitans une antipathie ihvoteréc contre lui; ils détestaient un Prince qui leur venait de la main de deux peuples qu'ils avaient en horreur: un .pcuple mal dis,pole elt difficile a conquérir; c'eft ce qu'il ne tarda pas d'éprouvcr qubiquö pour comble de bcnheur, ia flotte coaibinée lui eüt procure les conquêtes im. portantes de Carthagene, d'Alicante & des lsles d'Ivica & de Majorque. II n'y . eut cette année aucun événe-< ment décifif lür mer. Les flottes com- i 'bmées tinrent les cótes dc France dans des alarmes pcrpétuelles. Mais le Che'valier Forbin fit plus que de caufer des alarmes. II mit k la voile le 2 de Tuin avec une escadre de fept tótimens, & •commenca la campagne par la prife de huit vaifleaux chargés de marchandifes. Le 3 de Juillet, il s'empara de deuxbatimens Hollandais, 1'un decinquantecanons, fur lequel il trouva fept caiflës d'or & d'argent; 1'autre de feize canons I chargé de vin & d'eau - de - vie. Le i d'Oetobre il rencontra une flotte de foixante vaifleaux marchands de la même nation escortes par fix vaifleaux de guerre. Le combat fut très-vif-, & le -bicTF 2 I7o5. lampaghe ar mer. ,  1*4 Guerre pour lx ment que montait le Chevalier fut expofö au plus grand danger, ainfi que le Blackoual, monté par Lanquetot. Ces deux vaifleaux avaient abordé 1'Amiral Hoilandais, & une partie de leurs gens étaient paflé fur fon bord, quand le feu prit au batiment attaqué. Les Frangais eurent beaucoup de peine a fe dégager, & quelques tems après qu'ils eurent réufii k s'en éloigner, ce batiment fauta en l'air k leur vue. Deux des frégates de 1'Escadre Frangaife s'emparerent d'un vaifleau de cinquante canons; mais les autres s'échapperent pendant le com"bat de même que les batimens marchands. Les armateufs de part & d'autre, firent cette année plufieurs prifes affez confidtrables. Les revers terribles que la maifon de Bourbon avait efluyés lur terre, acca'bierent Louis XIV. II fit faire fecretement quelques propofitions de paix. Plufieurs membres du gouvernement dans la République & particulierement le Penfionaire Heinfius s'en mêlerent. On 'propofait de laifler PEspagne-k Philippe , Naples, la Sicile , Milan & les PaysBas-Espagnols k '1'Archiduc. Mais les Anglais ne voulurent entendre d'aucune paix, qui laiffait 1'Espagne & les Indesau pouvoir du Duc d'Anjou. On dreffa fd'au tres articles, ou l'on donnait au Duc d'Anjou, ce qu'on avait propofé pour Wagin. XVII. 28j  Succejp.on d'Èspagtie. 123 ! 1'Archiduc, qui ferait alors refté maitre I de l'Espagne, k 1'exception des Pays-Bas, £ qu'on aurait cédéstout entiers k la Réi publique. Onzent bien qu'un arrangement, fipropre k rendre la République form'rda1 bie, ne pouvait être du goüt des Anglais. Ainfi Pon fe prépa'ra de tous les cötés a pourfuivre la guerre, avec une nouvelle vigueur. Le Duc de Marlborough i qui commandait les Alliés, dans les PaysI Bas, fit un voyage en Allemagne, au com\ mencement de la campagne; engagea le ! Roi de Suede Charles XII a retirer fes i troupes de la Saxe; & il fe rendit vers \ le milieu de Mai, au camp formé aSoi; gnies entreMohs & Bruxelles par le Général d'Ouwerkerlce. Son armée compofée de quatré-vingt dix-neuf bataillons, & de cent foixante & dix-fept eseadrons, était inférieure a celle des ennemis qui avaient cent vingt-trois bataillons,. & cent quatre - vingt - lépt eseadrons. Le Duc de Baviere avait le commandement en Chef de l'armée des deux Couronnes; mais le véritable Général' était M. de Vendöme, quoiqu'il parut n'agir que fous les ordres de l'EIeóteur. Avant que de ■ venir enFlandres, il avait foutenuqu'on devait éviter d'en venir k une bataille irangée, mais qu'il fallait s'en tenir a une guerre de poftes, pour affaiblir 1'ar• mee des Alliés, qui ^ fuivant le génie du Lord Marlborough , ferait toujours F 3 Campnijn* des PaysBas.  Eccploits i Ti!, de Fo bin it de I du Cué Trouin fi jaer. ia6 Guerre pour la en mouvement. Son fystême futapprouvé , & fuivi conitamment. Auffitót que le Général Anglais fut en campagne, il effaya par toutes fortesdcrufes & de movens d'attirer l'armée des deux Couronnes a une action générale. Mais. M. de Vendóme fut toujours fe potter n avahtageufement, que lans fatiguer fon armée, il la tint toujours hors d'infulte. Les Alliés perdirent toute ia campagne. Leur armée diminua beaucoup par la défertion '& les maladies, fuites. naturelles de la fatigue qu'elles eprouverent de tant de marches & de contremarches, fous les ordres 'du Duc de Marlborough. Ce Général fut obhgé de mettre fes troupes en quartier d'hiver ,.. fans avoir pu rcmporter le plus léger a■vantage •, & a fon retour a Londres, ü eut le chagrin de voir blamer fa conduite au lieu que M. de Vendóme regut un applaudiffement univerfel du Monarque Frangais & de la nation entiere. , , e Sur mer les Frangais fe borrerent kde "." petites escadres , qui firent un tort confiderable au commerce & même ir aux opérations militaires. Le ir de Mai le Chevalier de Forbm nut k la voile de Dunkerque, avec dix vaifleaux,. une frégate & quatre barques longues. Le lendemain il découvrit dans la Manche une flotte de cinquante batimers.  Succejjiun d'Espagne. ié$ ehargées en marchandïfés pour le Portugal & pour les Indes Occidentales, fous Pescorte de trois vaifleaux de • guerre & dc deux frégaftes. II les attaqua le 13 , fe rendit maitre de deux de ces vaifleaux ; le, troifieme échappa. ïl prit trente-quatre des vaifleaux marchands , fit onze - eens prifonniers & arriva heurewfemeot a Breft avec ces prifes. II retourna a Dunkerque d'oü.il remit a la voile le xo de Juin pour la Mer du Nord. Dans fa croifiere il prit un grand nombre de vaifleaux Anglais & Hollandais. II fortit de nouveau le 19 d'Ocbobre de B;eft, oü il Bvait araené fes prifes; il fe joignit a du Gué-Trouin qui commandait une autre escadre. Sur 1'avis qu'ils eurent d'une flotte de cent-vingt voiles, forties des ports d'Angleterre, fous Pescorte de cinq vaifleaux de guerre, ils la joignirent &, Pattaquerent lesi. Les Anglais avaient cinq gros vaifleaux de guerre , le Cumberland de*82 canons', le Devonshire de 92, le Royal- oak de 76» le Chester & le Rubis de 46 chacün! Dngué-Trouin n'attendit pas 1'ordredu Chevalier pour attaquer. 11 fe rendit maitre du Cumber'and, du Chefter & du Rubis; le Royal oak était fur ié pointd'êrreenlevé a l'abordage,'lorsque le-.feu prit dans le navire qui allait j'en rendre-maitre; il profua de eet accidene' F'4.  Nau "rag s de 1'Ami a ■Showc!. 128 Guerre peur fa pour fe fauver par la fuite. Le Devons« liire foudroyé de tous cótes , fut con• fumé par les flammes, fans qu'il échapae un feul homme de plus de mille qui lc montaicnt. Les Frangais perdirent beaucoup de monde , foixante batimens du convoi furent pris , & beaucoup d'autres furent la proie des Corfaires qui profiterent de leur disperfion générale; & les deux Officiers Frangais firent un butin immenfe fur ces prifes. La perte de ce Convoi qui portait des munitions & des provifions k 1'Archiduc, lui caufa un tort irréparable. Les deux escadres firent enfuite une multitude de prifes. Forbin avait même projetté d'aller mettre le feu k la ville d'Amfterdam; mais la Cour n'aprouva pas ce projet. L'Amiral Showel après fa malheureufe tentative fur Toulon , conduifit fa 1 flotte a Lisbonne. II y en laiffa lamoitié pour y palier 1'hiver , & revenait en Angleterre avec ceux qu'il _ avait jugé a prepos d'amener avec lui. Le 2 de Novembre a la hauteur des Sorlingues, il fut accueilii d'une tempête horrible qui jetta fon vaiffeau fur un rócher, oü il coula k fond avec tout ['équipage. Trois jours après le corps de 1'Amiral fut jetté fur le fable, & on le rapporta k Londres oü il fut in-  Succejjion d'Espagtii, 12 hurné.' Deux autres vaifleaux périren de niême totalement. Toute la flottt au'rait eu probablement le même fort, fi 1'Amiral au moment que fon vaifleat toucha , n'eüt fait tirer deux coup; de canon qui avertirent les autres Capitaines de changer leur courfe. La Cour de Vienne voyant que fe! peuples s'attachaient plus volontiers aus Princes qui avaient des Succefleurs, fit époufer k 1'Archiduc la Princefle Eii- i zabeth Chriftine de Wolfembutel. Cet te Princefle néeProteftante fe fit Catholiqüe. Elle fe rendit a Vienne le 15 d'Odtobre , mais elle ne joignit le Prin- - ce que 1'année fuivarite en Catalognc. II ne faut pas oublier parmi les evénemens de 1'année ,1707, 1'entreprife fhardie d'un Partifan'nommé Quimtem. 11 était Co'onel au fervice de la Hol- ilande, & comme il avait vécu quelque tems en France , il réfoSut de fe faifir d'un Prince de la Maifon Royale , &de ijl'emmener prifonnier. Ses vues s'éle- jverent même jusqu'a la perfonne du Dauphin. Secondé par feize Officiers & quatorze dragons , ils eurent 1'adreffe d'obtenir des pafleports, s'approcherent de Verfailles par des routes diffé- ijrentes , s'embusquerent dix k Seve, dij? ik St. Oucn, dix dans les boisde Chantillh F 5 1 '■ IT°T- 1 1 L'Archiduc Te marie. Coup dc 1 main liardi) d'un partifan Hollaiidais.  130 Guerre pour) fa les premiers virent pafler le 2,1 ou le aa, M. le Dauphin & les Princes fur le pont de Seve, pour aller chaffer dans le bois Ae Boulogne ; mais ils les trouvcrent trop bien accompagnés. Ils virent ■ palier auffi M. le Duc d'Orléans, mais pour la même raifon ils n'oferent 1'attaquer. Enfin le 24 ils appergurent un caroffe a fix chevaux avec la livrée du Roi; Pentourerent, s'en rendirent maitres , croyant que c'était M. le Dauphin. Mais ce caroffe était celui de M. de Béringhem premier Ecuyer du Roi . ils Pemmenerent prifonnier. Celui qui fervait d'espion, & qui connaisfait les chemins , ayant été arrête; les autres, qui avaient fait monter leur prifonnier k cheval, manquerent leur route , arriverent trop tard k St. Ouen , ce qui fut en partie caufe du mauvais fuccés de leur affaire. Mais ce qui les arrêta de plus, furent les attentions infinies qu'ils prodiguerent k M. de Béringhem. Ils le mirent même dans une chaife, & le forcerent k faire halte,pendant des heures entieres pour le faire repofer. Le Roi piqué de eet enlévement, mit auffi - tót k leur pourfuite un détaehement des Gardes du corps; & tous les Ecuyers monterent k cheval pour fuivre le Partifan k la pifte. On fit fonaerle tocfin de Village en Village: on..  SuccéJJion d'Espagne. " 131 prit quelques uns des cavaliers ennemis, dont les chevaux n'avaient pu fuivre. Enfin on atteignit Quimtem prés de Ham; & un Maréchal-des-Logis lui mettanc le piftolet fur fa gorge, 1'obligea de fe rendre. II fut ramené a Verfailles, oü M. de Béringhem raconta les attentions qu'il avait eues pour fa perfonne. U le fit même fouper avec lui9.& Madamede Béringhem le récompenia de fon humanité par un préfent. Enfin on le conduifït en qualité de prilonnier de guerre a Rheims , oü il fut trés- bien traité; & il y mourut quelques années après. L'Allemagne , presque abandonnée, par les Confédérés, n'offrit , ainfi que < 1'année précedente , aucun fuccès a la * caufe de la Confédération. Les Fran| cais , fous le Maréchal de Viliars, furi prirent même les lignes qu'ils avaient a ! Stolhofen & mirent toute la Suabe & la Franconie a contribution. La mort idu Prince de Bade au commencementde j 1'année, avait fait pafiér le commandeSment au Margrave de Bareith ; puis a l'Electeur de Hanovre , depuis Roi d'Angleterre; ce dernier ayant lurpris jle Marquis de Vivant auprès d'Offenburg, contraignitle Maréchal de Villars k repafler le Rhin. i En Espagne oü les affaires avaient préifenté Pafpeci: le plus riant 1'année préF é ^arnpagtis • 'Allema- ue.  132 Guerre peur te I707. Campagne :édente, la fortune changea toute-h:oup en faveur du Prince du fang des Bourbons. Le Duc de Berwick, Anglais, fils naturel de Jacques II, renfor:é de tous cótés par les Frangais & les Espagnols, fe vit bientöt une armée formidable. Le Lord Galloway, Frangais de nation, connu auparavant fous le nom de Marquis deRuvigny ,foutenait la fortune du parti contraine. Maig comme il n'avait pas le droit qui fait valoir tous les autres, le confentement des peuples,il évitait tout combat dont la perte eut été décifive. Le Duc de Berwick le forga ii une aétion. Elle fut livrée dans les plaines d'Almanza dans le Royaume de Valence, les Troupes d'Angleterre & des Etats firent des prodiges de valeur dans cette journée. Elles fe firent presque toutes detruire; mais le champ de batai ie & la vi&oire refta aux- partifans du Duc ü'Anjou qui rentrerent en posfefiïon de Valence & d'Arragon & même de Lérida dans la Catalogne. Cette victoire changea entierement la face des affaires. Les reprifes furent auffi rapides que 1'avaient été les conquêtes. Les Confédérés- n'eurent des fuccèsdécififs qu'en Italië. La maifon de Bourbon fut entierement chaflée de cette partie de l'Europe. Les Confédérés fa crurent même en état de tenter des entreprifes fur les Provinces Frangaifes li>  Sucvejpon cFEspagne. i%% mitrophes de 1'Itaiie. Le Duc de Savoye qui, Un an auparavant, n'avait prcsque plus que fa Capitale; vint aflieger Toulon avec le Prince Eugene. La flotte d'Angleterre & des Etats bloqua le port par mer. Mais l'armée fouffrit tellement par la difficulté des chemins, la difette des vivres, les maladies & les attaques des Payfans provencaux;qu'elle fe fondit devant la place; lés Francais arriverent en forces fi confiderables, que les Alliés fe haterent de lever le fiége. Pour comble de malheur, 1'Amiral Showel, en retournant en Angleterre fe noya prés des Sorlingucs. Louis XIV tenta de nouvelles propofitions de paix; mais voyant qu'elles: échouaient toutes par 1'acharnement des i Anglais, tl prit la réfolution de trans-1 porter le théatre de la guerre dans leur \ Isle. II y avait en Ecoffe un grand nombre de mécontcns qui, foit attachement a la familie des Stuards, foit averfion pour 1'Union qui venait de fe faire de 1'Angleterre & 1'Ecofle, étaient dispofés a fe déclarer pour le defcendant de leurs anciens Rois. Dans ces conion&uresLouis XIV fit partir le Chevalier Forbin avec une Escadre qui fortit de Dunker.que, compofec de huk vaifleaux de guerre, de vingt-quatre frégates, de foixante & dix barques longues & d'un grand nombre de Mtimens de F 7 I707-- Wagen» «Vil. 34.. Fentarive les Fran:ais en fa'eur du 't'étendanti 1708,  124 .Guerre'pour fa 1 L'F.mperew rcfufe le Prince Eugene aux Anglais qui le demandaient pour commander ïnEspsgnc. ransport. [On y embarqua fix mille lommes & ■ une quantite confidérable se munitions pour armer ceux qui decent fe déclarer, Le Prétendant, qui Pétait connu que fous ie nom de Che/alier de St. Geore,e, monta lui-même ur ia flotte: Mais cette cntreprife aynnt :ranspirée,les Anglais & les Etats firent palier des troupes -en Ecoffe; ils fornerent enfemble uné flotte formidable \ ;es précautions & les vents contraires firent échouer cette entreprife \ les Frangais rentrerent a Dunkerque, fans ivoir ofé rien entreprendre. La réputation du Prince Eugene, s'était tellement répandue que toutes les troupes fe croyaient invincibles fous fes drapeaux. Le Parlement d'Angleterre en était fi convaincu, que dans une adrefle préfentée par les deux Chambres, elles fuppliérent laReined'obtenir par les inftances les plus prelfantcs auprès de. PEmpereur,qu'il f it partir le PrinceEugene pour aller commander en Espagnc, & y donner de 1'éclat aux armes Confédérées. On ne peut douter que, fi 1'Empereur eüt eu réellement defléin de porter la plus grande partie de les forces oü elles pouvaient faire triompher 1'Archiduc, il n'avait aucun Général qui put y mieux réusfir que le Prince Eugene. Mais il aurait fallu lui donner une armée nom-  SticceJJïon d'Espagne. 135 l breufe & aguerrie, & 1'Empereur vou;] lait employer 1'élite de fes troupes a :J la.confervation de 1'Italie. II avait éga-1 lcment befoin de fes troupes fur les bords du Rhin pour s'oppofer aux forces nombreufes & aux habiles Généraux que ; la France tenait fur fes frontieres. Cette raifon n'était pas encore la feule qui empêchat 1'Erapereur de permettre que le Prince Eugene demeurat ausfi longtems ; ; éloigné de la Cour qu'il 1'aurair. fallu, I fi on l'avait mis a la tête des armées I d'Espagne. Ce Prince, en fa qualité de Préfident du Confeil de guerre, avait établi le plus grand ordre dans ce qui : concernait la caisfe militaire, & il n'y j: avait que lui qui fütcapablede le maintei nir. Enfin le Prince Eugene ausfi habiIle négociatur, que grand Général, lui ,) était néceffidre pour amener les Princes jjdc l'Empire & les autres puiffances a . lentrcr dans les vues de 1'Empereur. iToutes ces raifons engagerent jofeph. a.faire choix de Prince de Staremberg jlpour commander en Catalogne, & de jiréferver le Prince Eugene pour les népociations, & pour le mettre a la tête iides troupes qui devaient agir,foit fur le Rhin, foit du cóté des Pays-Bas, en Iquoi il réusfit admirablement. LePrinceEugene, apres avoir négociék k Cour de plufieurs Prince d'Allemagne  ï/o8. Le l'riiic Eugene palie a la Haie. 136" Guerre 'pour la J pour les attacher de plus en plus k la grande Alliance, arriva le 31 dé Mars k Dresde, oü il prcffa le Roi Augufte ,d'envover un corps de troupes en Flan' dres: il fe rendit enfuite k Hanover, s'entrétint des opérations de la campagne avec 1'Eleóteur, qui devait commander fur le Rhin, arriva le 8 d'A'vril k la Haye, & y fut joint le-io par le Duc de Marlborough. Ges deux grands hommes en qui l'on ne remarqua jamais la moindre apparence de rivalité , eurent de longues conférences avêc le Penfionnaire Heinfius,' & avec Les Députés des Provinces-Unies. Le Prince fit tous fes eiïbrts pour juftifier 1'Empereur fur deux chefs qui mécontentaient égaiement la Cour d'Angleterre & les EtatsGénéraux.'' Le premier était le retard de 1'Empereur k conclurré la paix avec les rebellesd'Hongrie,ce quil'auraitmis en état d'empioyer toutes fes forces contre la maifon de Bourbon. Pour le fecond, ils fe plaignaient de ce que 1'Empereur s'était approprié le fruit des conquêtes qu'on avait fakes dans la Baviere, ; dans le Royaume de Naples, & dans le Milanez; au lieu que, fuivant le fyftème des puiffances maritimes, Pargent que ces conquêtes avaient produit, devait être totalement employé au profic de la grande Alliance. Si le Prince Eu-  SucteJJiêh d'Espagne. 137 gene ne put entierement disculper 1'Empereur, il eut au moins l'art ü'adoucir les griefs dont on fe plaignait, & il fit avec le Duc deMarlborough & lesDéputés un plan uniforme pour la campagne que l'on allait commencer. II les aiïhra que 1'Empereur allait envoyer vingt-cinq mille hommes de fes meilleures troupes en Fiandres; qu'il en aurait douze mille en Catalogne, & trente mille fur le Rhin, fans compter celles qui demeureraient en Piemont, dans le Milanez & dans le Royaume de Naples. II fut décidé dans ces conférences, qu'on alïemblerait fur la Mofelle unc armée fous le commandement du Prince , & dont il réglerait les opérations a fa volonté. II promit en particulier au Duc de faire agir ce corps en Flandre oü ils avaient réfolu de frapper les plus grands coups. Le Prince Eugene retourna enfuite a Vienne oü il refta jusques vers la fin de Mai, & fe rendit enfuite fur la Morelle. Le Duc de Marlborough alla a Bruxelles rallembler l'armée dés Alliés. Pour la rendre plus nombreufe, il confia la garde des places du Brabant aux habitans qu'il jugéa alles bien intentionnes pour les déferidre contre les lürprifes, lurtout lorsque ces places feraienr couvertes par unc armée. L'armée Francaife fut confiéeau DuctiU I?Oo*. Il vient ciuipcr fur >" Li Mofelïê.  I3'3" Guerre pour ia è Vendóme qui devait agir fous lc commandement en chef du Duc de Bourgogne. Le Duc de Berri, & le Chevalier de St. George furent auffi de la campagne. Elle s'afiembla au ccmmencement de Mai dans les environs de Mons & dc Namur au nombre de cent trente, neuf bataillons, & de deux cent quatre eseadrons, ce qui faifajt k peu prés quatre-vingt mille hommes. Celle du Duc de Manbcrccgh n'était que de cent-treize bataillons, & de cent quatre-vingts eseadrons & n'excedait pas foixante-huif mille hommes. Le Prince Eugene en avait raffemblé ure autre fur les bords de la.MOfelle d'environ trente-cinq mille hommes , & i'on devait préfumer qu'il ne tarderait pas k fe i^indre au > Duc, fi le.1- plus grards cfforts de la partdes ennemis. ne lui en iermaient paffagé. Les Frangais, au lieu d'empecher cette jonciion avec lc corps commandé par le Duc de Berwick s'occuperent k reprendre quelques places de Flandres oü'. ils avaient' cics intelligences, & laifferent aux Alliés le tems de réunir leursforces, & de les combattre avec 1'avantage qui leur procura la vidtoire. . • Cependant le Général Anglais avait deflein de former un camp a Soignies, mais il fut prévenu par Paftivité des ennemis, qui y arriverent le 26 dg-  Succejjton d'Espagne. Ig9 sIMai. Les Frangais y refterent jusi|qu'au i de Juin, alors par une marche ij trés -hardie, & prèsque a Ia vue des AlIpés , ils allerent en occuper un nou'. veau, la droite appuyée k Genep, & la, i, gauche k.Braine 1'Allen. Dans cette pogfjtion il leur était poffible de forcer le iDuc k demcurer entre Louvain & BruEelles, fans que le Prince put le joinI dre autrement que par derrière le Déplier. Au lieu de faire les manoeuvres que cette opération demandait les Fran, iigais demeurerent dans leur camp jusjqu'au 4 de Juillet, d'oti ils envoyerent ;ides détachemens qui fe jendirent maiures de Gand, de Bruges, & de Plas? ifendal petit fort qu'ils emporterent d'asj.faut, palTerent une partie de la garnifon feu fit de 1'Epée, & firent le refte prifonnier. L'armée du Prince Eugene qui joignit Wé 7 l'armée des Alliées, changea bien5tót la face des affaires qui ne prometBtaicnt rien moins que la reprife de tou;!tes les villes de Flandre. Mais fi l'on a ireproché des fautes au Duc de Venjdöme, on ne doit point fes lui impu:.ter. Elles nc furent que les fuites des fjconfeils que Pon donnait au Duc de OjBourgogne. Auffitót que le Prince Eugene fut arrivé au camp des Alliés, il propofa au poe &,. au Général. d'Quwerlccrke, de. I/Oo\ Le Fntir-e laetne fiüt. ajóncHo»  1708 a 1'année du Duc de MStrlboreugh. I.ês Alliés f ui vent de jirès l'armée des ennemis, la fortent dj coinbattrc en un Jien desasTmta- JJ.CUX. 14a • 6-uem pour Ja ' marcher k 1'ennemi & de lui donner'bataille. La par fait e inteltigene, qui ré-' gnait entre ces Généraux, leur fit embraffer Pavis du Prince. Ils décampérent le 0 pour s'approcher de la Dendre: le Général Rantzau marcha en a->' vant pour s'emparer de Lefline, oü toute leur armée arriva le .10, & ils traverferent la riviere fans aucun obftacle. Ce fut contre l'avis du Duc de Vendóme que leDuc de Bourgogne, au lieu de faire marcher fon aile droite vers la" Dendre pour défendre ce paffage auX Alliés, donna fes ordres pour fe retirer vers Gand. On réfolut de palier 1'Escaut & de former un camp.au deifuus d'Oudenarde, dans Pintention de s'emparer^ s'il était pofüble de cette Ville.' Les Généraux des Alliés, voyant que les ennemis fe retiraient devant eux; détacherent le Lord Cadogan avec dix mille hommes'd'Infanterie, deux mille chevaux & un grand nombr'é de" pionniers, pour préparer les chemins k leur armée; jetter quatre ponts fur PËscaut; traverfer celui d'Oudenarde, & de s'emparer des hauteurs' au delk de cette riviere. Le Lord a fon arrivée en cette Ville trouva que l'armée du Duc de Bourgogne avait fait unetelle diligence, qu'elle était déjk au delk de PËscaut: qu'elle avait établi fon camp entre cette riviere &; la Lis, & placé douze Escadron*  - Succejpon d'Espagm. 141 : au delk du village de Hierne, oü elle ; avait jetté fept Bataillons. Cadogan ne perdit pas de tems pour exécuter fes ordres & le corps qu'il commandait fut bientót fuivi du refte de 1'Armée. Le Prince Eugene, k la tête de la cavalerie pafla fur le premier pont qui fut conftruit k deux heures après midi, 1'infanterie pafia quelques tems après. Le Duc de Vendóme voulait que fans nt- ■ tendre les Alliés, ou marcbat k leur rencontre & qu'on les attaquat au moment . qu'une partie de leur ,armée ferait occupée k paffer 1'Escaut. Le Duc de Bourgogne- au contraire réfolut de continuer fa route vers Gand. Cette .conduite fut caulè que les Francais fe trouverent forcés k combattre dans un lieu coupé par des haïes, des arbres, des brouflailles ■& des viliages qui.empèchaient les différens corps de fe donner la main réciproquement, & mirent les chefs dans 1'imposfibilité de former ,.& de fuivre aucun plan reglé de bataille. Chaque régiment combattit comme ïl fe trouvait,& fuivant le plusoumoins d'expérience des Colonels. La bataille d'Oudenarde commenca par 1'attaque du village de Hierne, oix les' i.ennemis avaient mis fept bataillons. Ca-' fdogan y marcha vers les quatre heures düïoir avec fix mille hommes d'Infante- kie* qui après une réfiftance opiniatre Peni- Bataille" l'-OudeiMjïe.  ri7o8. 142 Guerre pour la porterent a la fin. Quatre de ces bataillons furent fait priforiniers de guerre, & les-autres furent mis en déroute. En même tems le Général Rantzau tomba fur les eseadrons ennemis, & les forga bientót de plier. Lc Prince Eugene étant arrivé avec Pavant garde de lbn armée, fit avancer fon infanterie au desfous d'Oudenarde, Pentre-mêia de cavalerie , & la fit étendre le long de 1'Escaut, oü elle occupa un terrein de prés d'une lieue, dans les haïes, les bouquets de bois & les marais qui bordent cette riviere. LePuc de Bourgogne voyant avec le plus grand étonnement qu'il fallait néceffairement combattre, quelque mauvaife que fut fa pofition, prit enfin le parti d'aller au devant des Alués, & de gagner la plaine; mais il trouva que le Prince Eugene & le Duc de Maribo'rough y avaient déja rangé leurs troupes en bataille, en forte que les ennemis furent obligés de demeurer dans les défilés. Dans l'armée ennemie tout ce que faifait le Duc de Vendóme , était auffitót changé par le Duc de Bourgogne. Mars les trois Généraux des Alliés étaient fi parfaitement d'accord , que tous les ordres fe donnaient & s'éxécutaient fans perdre un inftant. Le Prince Eugeneavait donné ordre a fon infanterie de ne ,point tirer jusqu'a ce qu'elle fut prés des  Succejpon d'Espagne.- 143 Frangais. Mais quand elles furent a la I portee, le feu devint fi terrible de part | .& d'uutre, que les öommes tombaient - en foule lans que chacun püt gagner du ; terrein. Le Duc de Vendóme fit avan| eer de nouveaux bataillons de la leconde ligne contre le corps ou commandait le f Pnnce Eugene. Bientót les Prusfiens lont renvenés & pouffés jusqu'a 1'Escaut. En menie' tems le Prince Electoral d'Hannovre, depuisRoi d'Anglcterre, fe jette dans la mêlee k la tête d'un escadron : fon cheval eft tué fous lui: un Coloncl tombe mort a fes cótes, & 11 court le plus grand danger d'être ecrafefous les piés des chevaux'oud'être I lait pnlonnier. Un autrc corps dc PrusI licnsvole k fon fecours, il le dégage j ceux qui avaient étéculbutés, révienI nent a la charge, & les Frangais accaI bles par le nombre font renverfes a leur 1 ,tour. Le Duc de Vendóme met pié a I terre, paffe a la tête de 1'infantcrie & 1 expofc mille fois fa vie. Iljugequele I feul moyen de contraindre la vicloiré a I fe déclarer pour fon parti eft de fiire 1 attaquer les Alliés par la gauche, ilen1 yoie un Aide-de-Camp pour en donner 1'ordre, mais le Duc de Bourgogne en 1 fait donner de contraires. La confufioa 1 le met parmi les troupes, les Officiers 1 iubalternesnefaventplus aqui ils doivent I ©beir. Chacun décidé a mourir dane q  'I44 Guerre pour -fa fon pofte, combat féparément, fans qu'il y ait aucune union entre les differens I corps. L'artillerie ne fut presque d'au- 1 cun eflet dans cette bataille, mais le feu de la mousqueterie fut trés-meurtrier. Le Prince Eugene , remarquant que les ennemis peuvent être pris en flanc k la I droite, communiqué fon avis au Duc de Marlborough, qui le fait paffer au Général d'Ouwerkerke , & celui-ci, quoique plus ancien dans le fervice que fes deux Collegues , obéit fans peinea leurs ordres. 11 gagne une hauteur qui com- I mande tout le champ de bataille. II y I conduit dix mille hommes guidés par le I jeune Prince de Naffau & par le Comte Vj d'Oxenftiern, avec deux mille cavaliers I Danois pour les foutenir: fait descendre I fon infanterie par des fentiers Stdesche- I mins étroits k la droite du Chateau de : »Brovan,.& tombe tout-k- coup fur les ' flancs des ennemis, oü combattent les I Gendarmes & une partie de la cavalerie I de la maifon du Roi. Ce corps, malgré | fa bravotrre tant de. fois éprouvée, ne I peut tenir contre une attaque auffi vive & contre le feu redoublé des affaillans. M Les Alliés toujours couverts par lesbaïesJ & les buiffons abattent fucceffivemenc I tous les cavaliers qui paraiffent k !eur,.l vue. Pendant que les Généraux Hollandais | .de Waffenaar & Welk, alongeant leurs I  Suecejftott d'Espdgni. f45 Bles, envelopent les Ennemis dans 'un i| demi-cercle, ceux-ci font attaqués en I même tems de front par Eugene & Marl- ■ iiborough, en fianc pard5Ouwerkerke, & 1 en queue par les Hollandais & les Daiinois. Dans une fi cruelle extrémité, la : Maifon du Roi fait volte face, perce la 1 cavalerie Danoife, & exécute la rétraite «avec plus d'ordre qu'on n'en devait atr-tendre dans un moment fi funefte.- L'in- fanterie n'étant plus foutenue par la ca;i-valerie, eft environnée par les Aliiés-, des régimens entiers font forcésde limettre bas les armes. Si la bataille eüt Kommencé plutót., il eft certain que la |plus grande partie de l'armée Frangaife feut péri par le fer ou le feu des Alliés. JjMais la nuit qui furvint, les obiigea de ijceflêr de tirer, dans ia cnainte que leurs ijpropres corps ne fe détruifiilènt réciproijquement. Ils demenrerent donc dans sleurs poftes, pendant que les Francais Iprofiterent de ce relache pour faire ieur Iretraite. Plufieurs régimens prirent la fuite , les uns vers Tournai, ,les autres vers Lille ; mais le gros de Tarmée fe retira vers Ganda. Cetke retraite fe fit avec fuccès, par5ce que le Duc de Vendóme demeura toujours k 1'arriere garde oü il arrêta les jpfförts des Alliés, qui fe narent k fapourjfuite auffitót que le jcur parut. Pendant Tom IX. G  Ï708. .jL,*ottfe 146 Guerre pour Ia que le refte de l'armée gagnait les environs de Gand par une retraite préeipitée, qui approchait beaucoup d'une -fuite , ie Duc de Vendóme foutenait le I feu des Alliés au travers des haïes par oü il fallait néceffairement palier; tenait fes corps en ordre , & arrêtait conünuellement les Alliés dans leur pourfuite. II ne put cependant empêcher qu'ils ne fiffent un grand nombre de prifonniers, & le Prince Eugene fe Lervit d'une rufe, qui fit tomber dans le piege , la plus grande partie des foldats qui fuyaient au travers des cam.pagnes. II envoya de plufieurs cótés 'des tambours qui battirent la retraite -a la Frangaife avec des Officiers qui "criaient k moi Champagne , k moi Navarre , k moi Piéaiont. Les Frangais quicrurent ces Officiers de leurs corps, I accoururent pour fe joindre k eux, ,& augmenterent le nombre des prifon-niers. . ' La perte des Frangais fut de quatre mille hommes tués; de deux mille blesfés & d'environ fept mille prifonniers. Les Alliés prirent trente-quatre étendards, vingt-cinq drapeaux, & cinq paires 'de timbales. Ils perdirent quinze eens hommes de tués, & eurent plus de deux mille bleffés. • • :'| jgj." jLa nuit du 14.au 15 le-Duc de Marl-  Succsjfwn iPEspagm. Ï47 ifeorough détacha lc Comte de Lottun , 'avec quinze mille hommes &qaatre mille Ichevaux pour s'emparer des lignes que i'ennemi avaient formées entre la Lis& ia ville d'Ypres. !1 s'en rendit maitre fans réfiftance : elles furent rafées, &le Comte fe porta enfuite dans la Flandre iFrangaife & 1'Artois oü il ieva de fcrtes contributions. Dans le ménie tems le Général Anglais mit fon armée en smarche pour occuper te camp d'llei* :ichim, pendant que -le Prince Eugene fe {rendit a Bruxelles pour en faire" partir |PArtillerie & les autres munitions né« sceflaires au fiege qu'il avait réfölu. II fe chargea en perfonne de la conduite :idu convoi , compofé de cent groffes 'pieces de canon , de plus de quarante imortiers, & de cinq mille charriots , jou autres voitures chargées de boulets , !de poudre & de munitions. L'entre■prife était des plus hardics ; il s'afeiffait de les conduire par terre 1'espace de vingt-trois lieues, prèsqu'a la vue (d'une armée de^quatre-vingt mille hommes qui pouvait troubler la marche de :ce prodigieux convoi dont la file feule ides charriots tenaitau moinscinq lieues ijd'étendue. Cependant tout cela fe fit, lïans qu'il y eut un coup de piftolet jtiré, niunfeul charriotdedétourné. Euigene,' accompagné du Prince Frédéric ;de Ileire-Caflel, conduifit le convoi & G 2 I708. inre pour e fieje de Lille.  ,Siege Je «Jille. 14§ -Guerre pour la Soignies, enfuite k Ath; traver-fa PËscaut a Helchim., & gagna les environs de,Lille qu'il avait delTein d'afiiéger. Le Duc de Bourgogne emporta d'asfaut le Fort rouge , défendu par deux eens hommes , dont tine partie furent paffes au fil & 1'épée , & le refte fait prifonniers. II fe rendit auffi maitre du Fort d'Albret , & les Alliés craignant qu'il ne fe portat fur les villes de Ham , 1'Eclufe & Huift envoyerent ordre aux Gouverneurs de ces 'Villes d'ouvrir leurs éclufes , ce qui snit tous les environs fous les caux. Le Chevalier de Rofel, pénétra jusqiA 1'Isle de Cadfan •, brula quelques villages , enleva des beftiaux, & leva des contributions, a la vue du Général Fagel, qui n'ayant pas affèz de troupes pour te"nirla campagne, fe rehfermadans Yfendyek. .. . - Le Prince Eugene, ayant fait, tous fes .préparatifs pour le fiege de Lille, conduifit fon armée k Menin, qui n'en eft éloigné que de quatre lieues. L'armée -fut partagée en deux corps ; 1'un pour faire le fiege, & 1'autre deftiné k le couvrir, k empêcher 1'arrivée des fecours , & k faciliter 1'arrivée des convois. Le -Prince Eugene qui commandait le premier corps, compofé de cinquante baSaillons& de quatre-vingt-dix eseadrons,,  Suciejjion' d^Èspagnë.' 149 de toutes les nations qui étaient entrées dans la grande Alliance , fe mit en marche le 11. Son infanterie traveria Me nin , & la cavalerie conduite par le Prince d'Orange , ■ pafla la Lis fur un pont qu'on y fit conttruire. Marlborough fe chargea de commander ie corps d'obfervation , d'environ loixante mille hommes, & continua de demeurer dans le camp d'Helchim. Le 14 on fit Pinvèstifiement de la place & toutes les troupes furent distribuées dans les quartiers qu'elles devaiént occuper pendant le fiege'. La Ville étant entiérem'ent inveftie , dix mille pionniers furent occupés a creufer les lignes de eirconvallation, qui occupaient trois lieues de terrein & qu'on fit de quinze piés de largeur , fur neuf de profondeur. Le pare d'artillerie fut établi entre les rivieres de' Marqué & de la Deule: le Prince Eugene prit fon quartier dans PAbbaye de Loos, & le Prince d'Orange dans celle de Marquette; Dés le premier jour , le Prince Eugene employa un détaehement de deux mille hommes pour faigner une flaque d'eau du cóté de la Citadelle, mais le feu de la place les forga de fe retirer. Ils revinrent la nuit fuivante, mais après une perte de quatre eens hommes, & un gfand' nombre de prifonniers qu'on G3 I708.  Ouverture de Ia traii«hée. ïgo Guern pour fo leur fit, le Prince abandonna Pentrepri*fe. Une entreprife auffi e'clatante attira dans le camp des Alliés beaucoup d* perfonnes de la plus haute diftindtion -r plufieurs fe firent gloire de fervir. fous le Prince Eugene en qualité dc Volontaires. Les principaux furent Augufte Roi de Pologne, & le Landgrave de Heflc-Caffel. Le Prince choifit pour fairé les approóhes Ie cöté dur Nord, a droite & a gauche de la Deule qui fort de la ville en eet endroit. La. Garde fut réglée k cinq mille hommes d'infanterie , & k neuf eens hommes de cavalerie , avec quatre mille travailleurs. On . eonvint que la tranchée ferait montée fuccesfivement deux jours par les troupes Impériales, Palatines & Heflöifes, trois jours par les Anglais, les Hollandais St les autres Alliés, & que les ingénieurs Hollandais auraienc la diredüon des travaux fous les ordres de leurs Chefs de Mey & des Roques. Le 18 le Prince Eugene fut obligé de reculer fon quartier, fon valet de chambre, au moment qu'il Phabillait r ayant été tué k fes cötés par un boulet venu de la place. La tranchée fut ouverte le foir du 22, & le Duc de Bouflers qui commandait dans la place, ésant forti, en perfomje pendant la. nuit>  SucceJJJon d'Espagtfe. 151 Ja tête des dragons, il fit tirer d'une .Chapelle fortifiée , plufieurs volées de canon chargés k cartouche, qui tuerent ou blefferent un grand nombre d'affiégeans. Cette Chapelle les incommodant beaucoup, ils s'attacherent k s'en rendre maitres, & y réuffirent la nuit du .24 au 25 , ce qui leur donna la facilité 4e s'emparer de divers* petits forts, dont le feu pouvait leur caufer beaucoup «ie dommage. La Deule fort de la ville au milieu d?une Courtine, défendue par deux bastions, couverts de deux ouvrages a cornes avec des demi-lunes , un ravelin & des tenaillons fur la riviere. Ce fut contre ces défenfes, que les Affiégeans dirigerent particulierement leurs batteries, dont les principales qu'on nomma les batteries Hollandaifes, paree qu'elles furent élevées aux frais de la République, commencerent k tirer le matin du 27. On leur oppofa feize mortiers qu'on faifkit agir tous enfemble , pendant que 1'artillerie nombreufe dont toutes ces batteries étaient couvertes, tirait continuellement pour troubler les Affiégeans dans leurs approches. La mousqueterie faifait auffi un feu terrible fans aucune interruption , & tous les remparts ne préfentaient que des tourbillons de feu & de fumée. Un moulin fortiSé r prés la porte de faint A-nG 4- Vigoureufe' détente de la gSfhïfo».  ï*>2 Guerre pour ia- Ï708 ,1e Duc de 'Bourgogne tente de ftcourir fcille. 1 drë, incommodant beaucoup les Au?é« geans, trois eens grenadiers 1'attaque*rent Ie 29. Ils 1'emporterent 1'épée a la main. Mais M. de Boufflers envoya deux bataillons pour le reprendre. Ilsy réuffirent , après avoir perdu prés de deux cens hommes, & en avoir fait périr fix eens-des Alliés. Enfin jugeant qu'on ne pouvait conferver longtems ce poste , ils le firent fauter en 1'air , & fe retirerent dans la place. Le Duc de Bourgogne fut alarmé du danger éminent que courait une ville auffi importante. II- fit les plus grands efforts pour y jetter du fecours. E réfolut de le tenter par la partie du midi, en paffant entre la föurce des deux rivieres. Ce Prince quitta !e camp qu'il occupatt prés de Gand, oü il ne laiila qu'un corps de huit mille hommes pour le garder. L'armée Frangaife, prit fa route par le Brabant pour fe joindre au Duc de Berwick. Ce Général s'avanga par Enghien & Lesfines, & joignit le Duc de Bourgogne a Grandmont. Les deux armées ainfi réunies, n'en .formaient plus qu'une d'environ :ent vingt mille hommes, qui alla camper le 31, dans la plaine de Leuze a trois lieues de Tournai. Elle traverfa 1'Escaut le premier de Septembre, & entra-A  Succèjpon d'Espagne. 153 dans la plaine de Lille, précédée de deux eens pieces de canon. Marlborough inftruit des mouvemens . des Frangais, paffa ausfi la même riviere, comme s'il eüt eu deflein d'empécher la jondtion des deux armées, ouau moins de s'oppofer a leur marche. Mais il ne jugea pas k propos de les attaquer; il fe contenta de pafier 1'Éscauc, pour fe mettre derrière Ja riviere de Marqué, & empêcher 1'introdudtion du iecours dans la place. Les Frangais n'auraient pas tenté de paffer cette riviere dont les bords étaient gardés par les troupes des Alliés; mais comme ils pouvaient pénétrer au defiüs de fafource; e Prince Eugene s'y transporta avec le Duc de Marfborough & les Ingénieurs pour tracer un camp, dont la droite fut appuyée k Nogelles-fur-Deule, & la gauche i Péronne-fur-Marqué; enforte qu'il embrafiait tout 1'eIpace entre les deux rivieres. Comme cette pofition était k peu de diftance du Prince Eugene, on n'augmcnta pas le nombre des troupes de l'armée d'obferyation; mais ce Prince, en retournant a fon camp, promit au Général Anglais de marcher k fon fecours en cas d'attaque, avec douze mille hommes d'infarttene & fept mille chevaux. La marche des Généraux Frangais avait éte retardée par divers obftacle&« •> G 5 1708.  rfT4 Guerre pour /* furtout par la difficulté des chemins^ qu'on avait applanis eny employantdeux mille pionniers. Le Duc de Vendómevoulait marcner aux Alliés en arrivant,, fans leur lailièr le tems de fe retrancher entre les deux rivieres: rien n'était plus* judicieux r mais loin d'adhérer k ce lage eonleil, le Duc de Bourgogne envoya fe Verfailles pour prendre les ordres deLouis XIV. Ce Monarque aveugle enfa confiance pour Chamillard, 1'envoya fur les lieux pour décider, comme fi ce Mimftre eüt eu plus de connajflance de ce genre que le Duc de Vendóme;, peut-être que fi l'on n'eüt pas laifié écouler dans l'ina&ion un tems li préeicux, les Alliés auraient levé le fiege ^ l'on prétend même que cela fut agitédans te Confeil.. Mais le Prince Eugene infilta pour le continuer, mais il ajouta qu'il fallait fermer la place par dé bons retranchemens pour mettre le camp & les affiégeans k. 1'abri de toute infulte. Le Duc de Marlborough eut peine h fe renfermer dans des retranchemens furtout avec une armée vidtorieufe, maisil fe rendit aux raifons du Prince. On les forma de dix piés de largeur fur neuf de profondeur, & le Prince s'en retourna au fiege avec 1'infanterie qu'il en avait amenée. Le Duc de Bourgogne fit attaquer k fa vue le ■viliage de Salin qui était devant leurs.  SttCC'JJïon d1£spngt;e: jrj retranchemens. Les Al Iemands en fu rent chafies ainfi que de quelques poltes il y expofa tellement fa perfcmne quY 1 eut un Officier tué k fes cötés. Chamillard s'en retourna k Verfailles fans avoii i rien décidé, & le Duc de Bourgogne après quelques tentatives inutiles prit . le parti de changer fon camp. Devant Lille, le Prince Eugene avait fait éléver : contre le front qu'il attaquait, douze < batteries oü Pon avait placé cent cint quante bouches k-feu. Elles firent bieni zót de larges brêches aux deux baftions, ! & la nuit du 7 au 8 deSeptembre, ils ; donnerent un afiaut des plus terriblesj :! mais les troupes qu'il avait envoyés pour ' s'emparer du chemin couvert furent ren>• yerfées de tous les cötés & forcées de fe .1 jetter en désordre dans leur rétraneheimens, après avoir perdu trois mille cinqïcens hommeSi Le Duc de Bourgogne partagea fon armée en différens corps 1 pour empêcher Parrivée des convois au il fiege. Leurs dispofitions couperent enItierement toute correspondance entre IP'armée des Alliés & la-vilie de|Bruxel*lies oü étaient les gros magafins des lEtats. Le Duc de Marlborough écriivit k la Reine d'Angfeterre pour lui {d-emander qu'elle envoykt en Flandre les taunitions & les troupes qu'on avait deijfiinés pour 1'Espagne. En conféquence' m Vice-Amiral Bing conduifit fa flotte G 6 i  T70&. Combat di Wierendal au desavantage.des Francais. ïgé Guerre pour Ja k Oliënde, oü toutes ces munitions ■fu*rent débarquées. Ausfitöt que le Duc &m fut inftruit, il fit porter un Détaehement de feize mille hommes pour s'emparer du canal de Nieupoort par oü Pon devait les amener au fiége. Le Duc de Vendóme voulait fe charger en perfonne; d'aller combattre ce corps; mais on ne lejugea pas k propos, fouspretexte que fa préfence était nécefiaire ailleurs, &> le Comte de la Mothe eut la commisfion de veiller fur tous les mouvemens de ce détaehement. Mais il fit des fautes fi confidérables que les Alliés lui durent en grande partie la conquête de Lille. .Enfin par fa mauvaife manoeuvre il fe fit? battre k Wierendal oü il perdit trois-mille hommes, outre un grand nombrede blefies & de prifonniers •, le refte fefauva k Bruges oü ils furent raflembléspar le Comte de la Mothe, pendant que.; le convoi des Alliés continuait fa route; fans rencontrer aucun nouvel obftacle. Le Duc de Bourgogne, voyant le peu» de réusfite de cette entreprife, paffa en perfonne k Bruges,oü il raflèmbla vingtiix miile hommes d'infanterie & fept mille chevaux. II fit ouvrir les éclulesd'Oftende, enfuite il pafla k Oudenbourg, k Wenendal, mais voyant le Général Anglais s'avancer avec des forces fnperieur.es jusqu'k Rouffelaar, dans Pinten ticm. de livrer bataille, les Frangais-;  SucceJJiöh d'Espagne. • 157 qui avaient ordre d'éviter une acxion, prirer.t le parti de fe rétirer fous Gand, : ce qui donna encore aux Alliés la facüi|Éë de tirer d'Oltende toute la poudre qui était néceffaire pour achever le fiege de Lille. Si le Prince Eugene n'eüt pas regu ce fecours, il aurait fürement été forcé de lever le fiege. Mais dés qu'il fut arrivé, | Pardeur & le courage des troupes ayant ; repris de nouvelles • forces , il féfolut ' d'attaquer en même-tems, la nuit du 11 1 deSeptembre,par einq endroitsa lafois. I Pour faciliter toutes ces attaques le Duc i lui envoya cinq mille Anglais. Le Prin: ce fe mit dans une batterie avancée, af fin d'animer fes troupes par fa préfence ; " jj & -vers les fix heures du foir, elles s'avanfcerent au nombre de huit miile hommes. Ils furent repouffés jusqu'a trois fois; & ce 1 ne fut qu'apres la perte d'un grand nom1 bre de leurs meiileurs guerriers qu'ils fparvinrent a s'emparer de- 1'angle du 1 deml-baftion gauche du tenaillon, a 1'at1 taque droite, & de la place d'arme du cheroin couvert, vis - a - vis la gran; de brêche a 1'attaque de la gauche. Les afiaillans furent repouffés de tous : les endroits, & le Prince Eugene fut blefie d'un coup de feu au desfus de 1'ceiP geuche, ce qui obligea j de le transporter a fon quartier; 11 fit > demander une fufpenfion d'armes pour G 7 Le Prince Eugene  ï§8" Guerre peur la' 1708. le Princi de Tjngri introduit quelques munitions dans iaplace. eniever les morts, mais leDue de Boufflers,-craignant que les Impériaux ne proficaifenc de ce tems-la pour éxaminer fes défenfes, répondit qu'il les ferait émerrer lui-même quand il y en aurait un plus grand nombre. Le Duc de Marlborough prit la direftion du fiege jusqu'a ce que le Prince fut guéri de fableflure. La nuit du 23 au 24 ou donna un nouvel aflaut, oü les Alliés emporterent une partie du tenaillon de la gauche; mais k peine commcngaient-ils' k y établir un logement, qu'une mine vint ajouer,leur enlevaun grand nombre d'hommes, & les autres- étant retournés k la charge, fe logerent fur eet angie, dont la prife leur coüta encore plus de mille hommes-. Cependant le Gouverneur commengait a manquer de poudre. Un Officier nommé Dubois en paffant fept a huit canaux k- la nage & fouvent entre deux eaux pour n'être pas vu des Alliés, parvint au Camp du Duc de Bourgogne & lui fit connaitre le befoin de munitions oü. était la Place. Le Prince de Tingri eut la hardieffe d'entrer dans le camp des ennemis qu'il fut tromper, k la tête de deux mille cinq eens cnevaux qui chacun portalt en croupe un fac de poudre de foixante livres, & les autres chargés de trois fufils, & de pierres. Tout allait bien, dix-huit a dïx-neuF  SucceJJióft dyEspagne. • 159-" sens avaient déja paffé, avant que les Allés en euflent le moindre foupgon. Mais un Officier ayant eu 1'imprudence de . erier en fa langue, ferre, ferre, on tira fur eux: ceux qui étaient paffésgagneirent la place r & les autres furent obligés de retourner k Douai. i Cette manoeuvre fit connaitre au Prince Eugene que la ville n'ctait pas bien pourvue de munitions. Ainfi il réfolut de donner deux affauts de nuit ala demi-lune qui couvrait le tenaillon de la gauche, lAfin de harafl'er la garnifon, il fit marleher le 3 d'Octobre en plein midi un Icorps de mille hommes. Ils trouverent iies foldats Frangais endormis par la chai leur & Pepuifement, & quoique bienftót réveilles ils fe miflent en défenfe,.. ),comme ils combattaient fans ordre, ils furent d'abord forcés, tués, ou précipit^és dans les folfés, & les affaillans reifterent maitres du tenaillon. Les jours fuivans,: après plufieurs affauts trèsimeurtricrs ils gagnerent affez du chemin ;couvert pour y dreffer une batterie de ij vingt pieces de canon qui en peu de ij jours firent de larges breches aux deux iiballions de la Courtine. Enfin le Duc de Boufflers * après avoir I épuifé tout ce que Part & '.e génie pour vaient inventcr pour la défenfe de la vilile, voyant que les vivres manquaient, ; que fes bailions étaient auffi endomma»  ïfo8. Reddition «te* la place. ■Reddition de la Citadelle. ( söö Guerre- pour la ' gés, par Partillerie Hollandaife qui ne ceffaic nuit & jour un feu terrible &continuel, réfolut de fe retifer dans la Citadelle, crainte que la tomme fe mettant dans la place, il ne fut obligé de rendre le tout en mêmeterns. Le Prince Eugene, pour marquer U conflderation & i'eftime qu' il avait pour la belle défenfe du Duc de Boufflers, chargea 1'ufficier qu'il lui avait envoyé pour trailer de la reddition de la place, de lm dire qu'il le laifiait le maitre des articles de la Capitulation. Elle fut exccutce fidélement de part & d'autre Ausfitot que la treve fut expirée on ouynt ia tranchée devant la citadelle, oü il y avait cinq mille cinq eens hommes, bien reiuius de fe défendre jusqu'a la dermere extrémité. Enfin après la plus belle defenfe, admire'e même des asfiégeans, le Duc de Boufflers réduit a la dermere extrémité, après néanmoins un ordre duRoi,livra la citadelle au Prince Eugene le 8deDécembre,& ilenobtint ia meme capitulation qu'il lui avait été accordée lors qu'il rendit la ville Le Duc de Vendóme s'empara de LesSngue le 25 d'Octobre. Ce pofte ötaït la :ommunication d'Oftende au camp des Alhes. Cette expédition eüt été ut'ue Jeux mois plutót. II en était de même lu projet que PElefteur fit d'attaquer  SücceJJion d'Espagne. i6ï I Sfuxelles: cette ville n'eüt pu être fecourue dans le mois de Septembre par I les Alliés qui avaient aflez d'affaires deI vant Lille, mais on ne s'en avifa que ie I ïó de Novembre. Le Duc de Marlborough fut en état de s'y porter, & après avoir paffé 1'Escaut le 27 de Novembre. ils s'avanga vers üruxelles, & forga PE| lecleur de déeamper. Le 30 de Décem! bre, le Comte de la Mothe rendit la I-ville de Gand aux Alliés qui s'empa1 rerent encore de Plaflèndall. Ces i conquêtes vinrent fort a propos. Car 1 peu de jours après le froid devint fi 1 rigoureux qu'il eüt été impoffiblederien ■i entrcprendre. Peu de jours avant la redf dition de Lille, mourut le Feld-Maré|-*-ehal d'Ouwcrkerke, dans la foixante-fixiè'1 me année de fon age. 11 fut remplacé par le Comte de Tilly, Général de la ' Cavalerie. Les inondations du Rhin, joint a la faibleffe des troupes, empêcherent enI core qu'il ne fut rien entrepris cette année en Allcmagne.- Eh Italië le Duc -> de Savoye enleva- aux Frangais ies forts I d'Exiles & de Feneftrelles; mais le Duc Ij de Villars forga les deux villes de Pignerol & de Sezane fous fi.s yeux. Les Anglais s'emparererent de 1'IsledeSardaigne S pour 1'Archiduc & de 1'Isle deMinorque ipour eux-mêmes. En Espagne la fortune continua k fe* 170c?. Lsmbertl V. 127. ■ «44»  r-o8. ióa Guerre pour 'w conder Phiiippe V; Charles III ou 1'Archiduc, aidé d'un renfort confidérable amené par le Comte* de Stahremberg ne put rien entreprendre;Le Duc d'Ö'rléans qui commandait l'armée de Phiiippe , s'empara de Tortole; & le courage des Anglais ne put fauver Denia & Alicante. Louis XI V, dont les- reffourccs n'égalaient plus Celles de fes Ennemis futfenfible aux cris da fes peuples accablés• d'une guerre fi longue & fi malheureufe & réduits au défcspoir par un hiver cruel; il' fit de nouvelles tentatives pour la paix'; nous réuniflbns dans un cadre particulier tout ce qui fe fit pour eet objet; mais en négociant, il n'en failait pas moins fes préparatifs pour la guerre. La nation entiere fut indignée des demandes exhorbitantes des Alliés,.. & Louis XIV fe prépa-fa k tenter encore la fortune. La famine,qui defolait alorsla France fervit elle-même k recruter les ■ troupes, & on donna au Duc de Villars le commandement de l'armée de. Flandres. Ce choix futgénéralementapplaudi, & ne pouvait manquer de Pêtre; maisen partant de Verfailles,il regutunordre précis de fe tenir fur la défenfive, plütöt que d'attaquer fans nécesfité. Torci' ayant quitté la Haye lans même négo« cier, avait laiffé k fon départ Mr. le. Préfident Rouillé pour ticher d'obt&i Bir des condiüons moins aecablan-  SuaeJJion d'Espagne. ï6% I tes. Mais les Etats perfifterent toujours I k propofer non la paix, mais une treve •, : & pendant cettre treve, une fatisföótion entière pour tous leurs Alliés, & aueune pour les Alliés de Louis XIV « k 1 condition que ce Prince fe joindrait k eux pour chaffer d'Espagne fon petitfils dans 1'efpace de deux mois, & que . pour fureté il céderait d'abord & k jamais, dix villes de Flandre auxHollaiv pais; qu'il rendrait Strasbourg & Brifac, & qu'il renoncerait enfin k la Souveraiineté d'Alface. Rouillé requt bientöt :; après 1'ördrc de partir dans les vingt: quatre heures, & le Duc de Villars fe : rendit en Flandres pour raflérabler l'armée des deux Couronnes. II vint éta;blir fon camp pres de fa Lis; la gauche k Robeque pour couvrir Saint-Venant, & fa droite k Hinges pour couvrir Aire & Pethune. II s'étendit enfuite jusqu'a la Scarpe. On forma des inondations oü. [«Hes furent jugécs nécesüiires, l'on fit ïdes retranchemens de quinze piés de lar'■geur, flanqués de forts & de redoutes id'espace en espace. Outre ces précauitions, le terrein fut applani, tous les ■arbres & les buiflbns qui auraient pu gê]!ner la vue furent abbatus.- Enfin le Mailrécha! ne négligea rien de ce qui pouvait le mettre eh fureté. ! Les forces des Alliés montaient err; flandre k. cent quatre- vingt bataillons, fe  ivcg. Siege de Tournai.. iffóf Guerre- pour ,'a deux eens quatre-vingt-neuf eseadrons*, dont iis firent deux armées. Le Prince Eugene eut lecommandementde celle qui I était compofée des troupes Allemandes-, -i & Marlborough Ie mit a la tête des An<-■ glais, des ttollandais &• des autres Alliés-. .'■ Quelqu'envie qu'eüt ce dernier de pro- I fiter de fa fupériorité pour livrer bataitV- I le aux Frangais k lavuedu retranchemensdu Maréchal, il en jugea 1'attaque impofiible-, & le Prince Eugene & lui refolurent d'entreprendre lefiége de Tour-' , nai. Pour mieux tromper les Frangais1 fur ce projet, ils firent pafier la Deule :'. k leurs troupes,& fe mirent en marche; comme s'ils euffent eu réelleraent le des-1 fein de le's forcer dansieurs polles.Ce mou- ; vement fit prendre le change au Maréchal de Villars, & il retira de Tournai une partie affez confidérable de la garni-1 fon, pour renforcer fon armée.- C'était, ce qu'ils demandaient, auffitót ils tour- ": nent vers la ville. dont le G-énéral Lum~ lai fit 1'inveftiffement le 0,7 de Juin avec vingt-quatre bataillons & quarante-cinq eseadrons* Le Duc- de Marlborough fe chargea de la conduite du fiége, & le Prince Eugene a fon tour prit le commandement de l'armée qui devait ob'èr- I ver tous les mouvemens du Duc de Vil- j lars. La garnifon de Tournai était de onze batai'lons, fous les ordres de Sur-J völe qui s'était déja diftingué par fa bra-1  ■SucciJJïon d'Espagne. ï6$ voure a la défenfe de Lille. II y avait :,des munitions de guerre & enquautité, mais peu de vivres & d'argent Le Ma- ïéchal ellaya inutilement d'y en faire enitrer & d'y jetter du fecours; mais il était trop tard après en avoir lui-même afiaibli la garnifon. Marlborough pouffa les travaux du fiége de Tournai avec vivacité, pendant Ie refte du mois de Juin & deJuillet;quoiqu'ils eufient perdu Varneton, gros ;bourg -fitué fur la Lis, dans 1'intention de fe conferver un libre paffage fur cette riviere. Les affiégés firent plufieurs forties, qui n'eurent que peu d'eifet, paree que la garnifon était trop faible; mais elle fit toujours un feu très-vif. La nuit jdu 24 au 25, les asliégeans fe rendirent :maitres du chemin couvert après une :belle réfiltance. Le 27 ils emporterent le Ravelin & 1'ouvrage a corne, quoiqu'ils eiuTent été repouffés jusqu'a la troifième attaque» Enfin le 28 le Gouverneur voyant que la brêche était pra. ticable au corps de la place battit la chajnade, & rendit la ville par capitulation : La garnifon fe retira dans la Citadelle, au nombre de trois mille cinq Icens hommes & de trois eens dragons a pie. Les attaques contre la Citadelle avaient commencé en même tems que le fiege ;i4e la Ville; & Marlborough les fit con- I709. Capitula■ion de la Citadelle deTournai  xóó Guerre pour Ia I709- j 1 i << i ■t ■imier avec la même a&ivité après que a ville fe fut rendue. (On convint verjalement de ne point tirer de la ville ur la Citadelle, ni de la Citadelle fur la alle, ce qui ne fut cependant pas touours régulierement obfervé. Ce fiége ut très-meurtrier; les mines des asfiégés irent un ravage étonnant. Le Duc de Vlariborough fit publier le 13 d'Aoüt }u'il donnerait un ducat par jour aux volontaires qui iraient foutenir les trafailleurs dans les mines. II y en eut an aflez grand nombre que l'appas du rain fit entrer dans les fourneaux, oü ls rencontrerent fréquemment les Fran. jais. Alors on fe poignardait dans 1'obèurité. Le défaut de vivres fit plus que tous leurs effbrts. Le Gouverneur hors i'état de continuer plus longtems une fi aelle défenfe, battit la chamade le 31 i'Aoüt. Tout ce qu'il put obtenir, fut que fes troupes fortiraient avec armes & bagage; qu'ellss feraient enfuite désarmées a 1'exception de leurs épées: qu'on les conduirait en France,& qu'on rendrait en échange un pareil nombre d'Officiers & de Soldats pris fur les Alliés,en commencant par ceux que les Frangais avaient fait prifonniers a Varneton, ce qui fut fidélement éxécuté de part & d'autre. A peine Marlborough prit - il le tems de fe repofer après le fiége & la prife de  'Succejpon d'Espagne. 167 la Citadelle de Tournai. Il marcha aus.fitot avec le Prince Eugene pour invefhr te ville de Mons. Le Maréchal de iBourHers venait d'arriver au camp du ;Maréchal de Villars; mais quoiqu' il fut 1'ancien du Maréchal , ilvoulut fervïr fous lui, en qualité de Volontaire. Ils refolurent de s'avancer pour s'oppofer a 1'inveftiffement de Mons. Les Alliés mnrent auffitót les attaquer prés des (bois de Blangies & de Malplaquet. ;< Les deux armées étaient d'envlron, iquatre-vingt mille combattans, mais les 1 '•Alliés étaient fupérieurs de quarante-' :ldeux bataillons; ils avaient cent-qua. pante pieces de canon, c'était foixante pe plus que les Frangais. Le Duc de ,'Marlborough commandait Paile droite pü étaient les Anglais & les troupes AliJemandes k la folde de 1'Angleterre. Le iTnnce Eugene était au centre, Tilli ;s& le Prince d'Orange k la gauche avec les :Hollandais. Villars commandait la gau' Che, il avait laiffé la droite au Duc deBouf? fiers. II avait retranché k la hatc fon larmée dont la moitié n'était compofée \-q\ie de nouvelles recrues. II y avait eu tdepuis plufieurs fiecles peu de batailles I plus disputées & plus longues, mais aujcune plus meurtriere. La gauche des Alhes ou combattaient les Holiandais pfut presque toute détruite & même ipourlmvie la bayqnneue au bout du fu- 'ombat de .lalpla- uci,  ïéS .Guerre pour ia fil. Ils s'étaient cependant [avancés 'fur trois lignes, jusques prés des retranchemens. Ils formerent leur attaque avec impétuofité, &c défirent quelques bataillons Frangais, placés dans un petit bois. Mais ils en furent chaffes, par des forces fupérieures, obligés même k reculer par une décharge de cinquante pieces de eanon chargées k cartouche qui en fit tomber plus de deux mille. Les Anglais reculerent. Le Prince d'Orange veut rallier les Hollandais, il y réuffit, mais ce ne fut que pour les expofer k un nouveau carange. Animés par Pardeur que ce Prince leur communiqué, ils forcent les deux premiers retranchemens, & croyent emporter de même le troifième; quand ils fe trouvent arrêtés par un •prodigieux abbatis d'arbres., d'oü il fort une grêle fi furieufe de mousquetterie, que le Prince qui s'eft avancé lui-même jusqu'k y planter un drapeau au milieu du feu le plus affreux, eft forcé de reduier.' Bientöt les Frangais franchiffent les retranchemens de toutes parts, masfacrent & culbutent les Hollandais dans les premiers retranchemens & leur arrachent neuf drapeaux dont ils venaient de s'emparer. Marlborough a la droite, faifait & foutenait les plus grands efibrts. Le Maréchal de Villars dégarnit un peu Ion centre pour s'oppofer k ce Général; ce  "Sucteflton- tPEspagttg. iêy •ce mouvement donna jour aux Anglais fqui en tirerent le plus grand avantage. Re Lord CaJogan y conduifit un gros ,0 corps de troupes fralchës, qui foutenu >;par un feu continue! ne farda pas a ij s'emparer. des retranchemens dégarnis. «J Le Regiment des Gardes qui les défendnieat, ne réfifhi pas. Vnlars, en ac.; courant de la gauche au centre-, regut „au deffus du genou un coup de feu, qui lllji fit une large bleifure. Auffi amraé .ijk la. vue de fon lang que venait de l'è:re Jle Prince Eugene k qui une balie avait ïiemporté iescnairs derrière 1'or-eiiie le MakéchaJ ri'endevient que piusaruent a com.jbattrc, mais la nature fuccombe: il tym! be evanouiL,on-Pemporte-nors du c'aamp de j bataiilc & la batailie fut gagnée pour les Al■liës. Lechampétait jonché dc-presdetrenRe mille morts ou mourans. La France ne iijperdit qu'environ huit mille hommesdans ;j}cette journée. Les Alliés en laiiïerenthjfur le cnaiup de bataille environ vingt&iün mille tant tues que blefiès, mais le fceotre de l'armée .Frangaile, ayant eté yiforcé, •& les deux ailes coupées, ils s'atd|tnb.uerent la victoire: pour le prouver Be Prince Eugene alla mettre le fiea;e de-: want Mons le 25 du même mois, & forga le Gouverneur de capituler ie 10 du «mois fuivant. La garnifon' fortit avec -,'iprmes & 'bagages, & fix coups a tirer Kar (öldat. Cette conquete demeura aus Tonu IX. H Pnte dc ytojs.  v« —- Campagne d'Allemagne. Tindal yjii. ï?.o -Guerre pour la Etats ainfi que Tournai & Lille. Elle termina la campagne, & l'on mit de part & d'autres les troupes en quartier d'hiver. Les opcrations militaires furent en Allemagnc auffi languifiantes que les années précédentes. On ne fut pas en état d'empêcher le Maréchal d'Harcourt de s'établir au delk du Rhin. Le Comte de Merci s'étant avancé dansl'Alface, avait imaginé de pénétrer en France par le Comté de Bourgogne, pendant que ie Duc de Savoye, y pénétrerait de fon cóté. Mais le Comte du Bourg, détaché par le Maréchal d'Harcourt, le rencontre prés de Rumersheim, lui livre ïataille & défait totalement fon armée. La campagne offre encore moins d'é.vénemens en Italië. Le Duc de Savoye n'ayant pu obtenir ce qu'il demandait k 1'Empereur, reste dans 1'inaction. Le .Comte de Daun fe voit obligé de valncre pour lui. II reprend aux Frangais Annecy & quelques autres places. En Espagne le Lord Galloway eft battu avec les troupes d'Angleterre, des rEtats & du Portugal, dans la plaine de la Guldina, fur la petite riviere de ia Laya. Ce fut leMarquidu Baiquiremporta cette viótoire. Mais elle n'empè,'cha pas le Comte de Stahremberg de s'emparer de Balaguer en Cataiogne. Leg 'AUiés furent battus dans plufieurs pe-  'Subujjién d'Espagne. lifi - dtes escarmouches , la fortune femblait avoir tourné le dos au Prince Aütri chien. Depuis longtéms le Duc de M;irIborougn chcrchait a conciüeriesdifferends qui s'élevaient fans ceffe entre l'Amtletcrre & les Etats. 11 aurait voulu engager ces derniers a garantir la' fucceflion telle que Pavait* réglé Pafte du Parlement paffé en. 1701. Les Etats-Généraux, ou plutötcertaines Provinces deniandaient en échange la garantie d*utfê barrière dans les Pays- Bas-& rnênic rnaintien du gouvernement pré-fent , de fagon que le Stathouderat ne put mik introduit dans les cinq Provinces qui n en éprouvaient pas le joug. Ces de. mandes prolongerent la négociation; mais ertfin les Etats-Généraux confen- "f^i? ? figner un traité conc!u 29 a Octobre, par lequel ils garantilTaient la iucceflion dans la ligne Proteftante Hanovre & les Anglais leur garantislaient une barrière dans les Pays-Bas Espagnols. J Ce fut a peu prés dans cetems-cii que les Etats de Hoilande & de Zélan-E de , confiderant les grands avanta»cs, •qu'ils avaient retirés des ProteItans Frangais qui s»y réfugiaient pour caufe de Réligion , & qui y aD-portaient leurs fabriques & leurs manulattures, déclarerent par uivEdit pali a LnmbfTÏi /. 464» Ais Vvo~ titans rancais acuiaüic's.  57*2 ■ -Guerre peut La blic, que les Réfugiés & leurs-Enfans leraienc confkere.v comme .iujets naturels de 1'Etat- & qu'ils pourraient a leur gré le faire donner des: iettres de jiaturaiité. Ce dernier droit que l'on nommc ordinaircment Droit d'lndigéjiat ,ne donnait auxReuigiés auctin droit d'entrer dans les grandes charges, auxjquelles ils ne pouvaient être appellés que par une faveur exprefle du Ss uvejain qui n'a été demanuée que trés rarement. D'ai-lleurs dans un Etat .■oü tous les Etrangers ont la facilité d'obtenir a peu de frais le droit de ■Bourgeoifie , Pavantage de ces lettres de naturalité a du être compté pour peu de -chofe. Les EtatsGénéraux publierent en 1715 une pareiPe Ordonnance-, & comme la Cour de France ne vousaitpas permettre que les Réfugiés tirallènt aucuns biens du Royaume , en vertu de contract s de mariage, de dispofitions testamentairs, ou a quelquc autre titre qoe ce 'ut, les Etats ordonnerent de leur cöt. , que les Frangais ne pourraient former aucune prétention fur , les biens de.s Frang»j-s,decedes dans leurs Provinces.,foit a titre de contraéts de mariatte , de dispofition testamentaire, ou dc iüccefïion ab intestat; Ordonnance qui ne contribua pas peu a eonferver dans la République., les biens qu'y avaient ap-  Suciijjion d9Espagüe. 175 pörtés ,■ ou qu'y ' avaient aquis les étrangers. ■ Cependant la paix- qui fut corrtlue en 1713 fit cefier de part & d'autre 1'éxecution- rigoureufede tous ces eüits. - - En Italië l'armée Impériale s'était , faute-de prönfion & d'argent , réduite 'a rien. Enfin elle s'était rctablie par des renforts de Pruffe, uu Palatmat Sc i-d'autres-endröits.' Elle etait même defvetiue redoutable fous' le commandement i-d'Eusene. Ce Prince, vou'.ant voler aur I fecours du Duc de Savoye dont les Frangais envahiffaient les Etats , voulut palier 1'A.dda prés de Cafiano: Mr. "de Vendème défendait cette riviére; il y eut une aétion qui fut fanglante;le Prince Eugene- fut bleffé f il abandonmt le cbamp de bataille aux Frangais , il fé retira , fans avoir pu donner du fe(cours au Duc , qui vit fes plus fortes places tom-ber au pouvoir des Fran'giis. ■ ' La Campagne de Portugal & d'Espagne fut plus vive que dans aucun autre endroit. Les Frangais & les Espagnols avaient commencé le fiége de Gibraltar 1'année précédente & le continuaient encoré, Le Baron de Pointis bioquait cette ville avec une escadre. II 1 furvint une violente tempête qui-en disper-fa une partie; & la flotte d'AnH 3 1709:  174 Guerre- pour is gleterre & des Etats détruifit ou disperfa facilement le refte. Ce fiege futentiérement levé le 2.3 d'Avril. La longueur &, 1'adtivité de ce fiege avaient confumé un grand riombre des \ forces Espagnoles; cette diverfion fut trés favorable a l'armée de terre. Les. Portugais, avec. les troupes d'AngleterreSt des Etats, mirent jusqu'a vingtquatre mille hommes en campagne. Les . Portugais étaient commandés par le Comte de la Corzana, les Anglais par. le Comte de Galloway & les Beiges par le Baron Fagel. Les trois Généraux convinrent de commander en Chei altemativement chacun une femaine. Convention bizarre & propre a faire échouer une entreprife par la difficulté qu'uii fecond Général trouve a. fuivre • les öpérations d'un premier. Ils fe mirent en campagne dès la fin du mois d'Avril & prirent Saivaterra & Sarca, villes fituées fur le Tage. Ils mirent alors le fiege devant ■ Yalenga - d'Aicantara fur la petite riviére de San - Salvador, dans-; une gorge de montagnes qui fcpare ia. Province d'üvas de PEstramadure: eet-, te ville fut prife d'affaut : le plus grand nonabre des Habitans y fut impitoya. blement masfacré, a la vuê de leurs femmes & de leurs filles, livrées en même-tems \ H; bjutalité. dufoldau Les, Egtifes même ne.,  SitcceJJïon d'Espagne. 175 purënt leur fervir d'azile; Piniquité, la barbarie & la licence ia plus effrénée y gouterent Phorrible plaifir de joindre le ■facrilege aux autres dêsordres dont les troupes fe fouilierent après la prife de cette place. C'eft ainfi que Pon traitait !, un peuple a qui l'on voulait donner un Röi qu'iirejettait. La ville d'Albuquerque redoutant un parcil fort, ne tatda pas a capituler. ■ Vers la fin du mois de Septembre-, on alfiegea une ville I fur une éminence au bord méridional de la Guadiana, Le peu d'harmonie qui regnait entre les trois nations fit trainer i ce fiege en ldngueur. Lc Comte dc GalUoway eut le bras droit emporté par un :| coup de canon; le Général Fagel a qui | le commanclement était alors devolu, fit Lplusieurs cxccllentes dispofitions pour emporter la place ; nrds" les Portugais ; manquant d'expérience & d'adtivité, ne Üe feconderent pas; le Maréchal de TesW& eut le tems dc venir au fecours de la ( place qu'il fut obiigé d'abandonner. FaI gel mécontent des Portugais refufa abj folument de continuer dans leur fervice. jlfmit fes'troupes en qüartièr d'hiver après la levée du fiege, abandonna une 1 nation qui méprifait fes fages avis & revint en Hoilande avéc le confente1 ment des Etats-Généraux. Cette cam1 pagne d.ms PEstramadure n'avait été H 4 T7Q9- Tindal vi,  17Ó Guerre pour ia Prife de Barcelone. gueres entreprife que pour former une diverfion. Les vues des Alliés étaient principalement tournées vers la Catalogne. La flotte combinée -d'Angieterre & des Etats-fous les Amiraux Showel&. Almonue, était de retour a - Lisbonne , portant cinq mille hommes de troupesde débarquement, une quantité prodtgieufe de provifions de- guerre & de bouehe & toutes fortés d'armes-pour en fournif aux habi-tansdispolés a fe fouie*veren faveur du Prince Autrichien. Le Comte de Peterborough commandait les troupes de débarquement;- & le Prince Autrichien eut affcz d'espoir dé cette expédition pour monter fur la flotte y, qui arriva devant Barcelone le 22 d'Aoüt. Le Prince de Heffe- Darmttad eut befoin de tout fon ascendant pour faire 'entreprendre le fiege. Mais il paya cette audace de fa vie. H; fut tué a l'attaquedu Fort Montejavi. Ce Fort étant pris,. la ville fut ferrée de.fi prés &t fi vivement canonr.ée, par les batteries de terre & celles des-vaifleaux qu'elle fe ren- dit le 4 d'Oclobre. Cette conquête entraina celle de presque toute la Catalogne & du Royaume de Valence. La flotte combinée mit alors h la voile pour les cótes de Portugal; une partie resta pour les couvrir, le reste revint. drans les perts d'Angieterre & de la.  Succeffon d'Espagne. \ 177 République. Le fuccès de cette expé- - dition n'enpêcha pas les disputes d'éclatcr entre 'les deux Etats. Les Anglais fe plaignirent que les Etats non content - d'abandonner tout lc fardcau de cette guerre k leur Reine, faifaient échouer - les plus fages entreprifes par .les inftruótiöns pufiïlanimes , donneés a leurs Députés' -qui gênaient toutes les opórationsv Les' Etats de leur cót'é-fe - plaignirent . des . déprédations des Anglais, qui enlevaient tous leurs vaisfeaux venans de France , même ceux chargés de vin. lis firent repréfenter aux Anglais, que leur République ne fubfiltant que par le commerce , il ne leur ferait pas poffible de fournir leur contingent dans cette guerre , au cas qu'on leur' ótat cette réilource ; que les Anglais & fur-tout les Eccfiais commergaient publiqueraenten France. Cette repréfentationfit impreflion, il parait que depuis ce tems, les deux nations fe relacherent fur cet-article. Les Anglais avaient befoin des laines d'Espagne. Ainfi les deux nations n'ayant rien k fe reprocher, continuerent k enfreindre lesloix qu'elles s'étaientimporées. Tant il eft vrai que tout ce qui tend k donner des entraves k la liberté du commerce eft toujours éludé! • Pendant 1'hiver, les Etats-Généraux 1 H 5 I709- Tindal VI. 2S5 - 299LambertiIII. 466. .eglement  des Etats -fur la discipline militaire. Lamberti IV. .23 &c S78 Guerre pour Ia &e. formerent des ordonnances pour obvier * aux plaintes élevées de tous cótés fur le relachement de la discipline militaire. Ils enjoignirent fur-tout a leurs Députésk l'armée une plus grande Jéférence aux avis des Commandans en Chef; & c'eft k ce reglement que l'on dut. une harmonie plus grande, entre les Officiers Anglais & ceux des Etats, & peut-être les fuccès brillans qui couronnèrent les efforts des deux armées pendant cette:. ■ campagne. .  17 NÉGOCIATIONS POUR LA PAIX D'UTRECHT. D -'puis huit ans la France foutenaii j contre une ligue puiffante qui trouvaitdes i reflburces dans fon union, une attaque I 9U1 l'aurait accablée,quand elle aurai t conI fervé fon ancien bonbeur. Mais la lonjj gueurde la guerre, des efforts extrêmes I pour faire face k tant d'Ennenhs a la töis, I la grandeur & la multitude des revers \ efluyés, la rigueur des faifons qui rui- nait 1'éfpöir des ncoltes, 1'avidité des [ Traitans, la mil'ere, la d^folation, leué« couragement dans tous les ordres de l'E?tat ? rendaient la paix necelfaire. Pour [fe procurer des reflburces, Louis XIV ?s'était, dés Pan 1707, vu oblige de ürefondre les espéces & de hausler la svaleur du numeraire, moyen ruineux toni portait un coup mortel au créi;dit. Les fources du commerce étaient ijtaries, les finances épuifées; la famine Se joignant a ces fléaux, avait jetté toute la France dans ia derniere calamités H 6 9 1709. Epuilemeut ile la France.  Premières ouverture de paix. F Wagen. XYU..-«S ïSo Négociations pour ld depuis longtems Louis XIV auparavant-v fi ricr & fi avide decombats, cherchait ] a nouer des négociations de paix. En 1705 le Médecin Helyetius,. non ■ moins connu pour avoir été lepere de 1'Auteur du li» vre de;'£/^mvqueparfespropres talens,., vint en Hoilande,fous prétexte d'y voir Lfon pere qui demeurait a- la Haye. II commenga par fonderlePenfionaire Heinfius qui, loin de montrer de 1'éioignement pour la paix, demanda. feuïement que la France s'expliquat clairement fur les conditions, au cas qu'elle fütfin-eere. La-deffusia Cour de France envoya le Préfident Rouillé qui joignait % •> • Péloquence la plus infinuante, P;ïrt dc ■ pénétrer les penfées de ceux qui pre■naient le plus de foin pour les cacher. Mais comme on demandait que le Duc. d'Anjou commengat par renoncer a PEspagne &.aux Indes, ces ouvertures ■ ne furent pas fuivies. L'année fuivante. au mois d'Aoüt, la Cour de France fit, 'par la voie du Bourguemaitre Hennequin de Rotterdam, qui entretenait cor- ! respondance avec ■ le Miniftre Chamillard, des propofitions formelles dc paix; elle s'avanga jusqu'a propofer aux Etats - Généraux Pacquifition des Pays-Bas Espagnols; même au préjudice de 1'Archiduc Charles, qui pofféderait PEspagne & les Indes, tandis que  palxd'ütrecht.' 181 le 'Duc d'Anjou fe contcntcraitldes Roiyaume de Naples, de Sicile & duMilanez. i!Ï)es propoli tions auffi excraordinaires deffa part de la France parurent raifonnables Jaux principaux Adminiftrateurs initiés ij dans la négociation; - mais 1'Angleterre i qui fe trouvait aiors moins difpofée ponr jfla paix, les fit échouer.: L'Elecleur de |Baviere en vint jusqu'a propofer au nom li du Roi de France un lieu entre les deux ;| armées, pour y tenir les conférences, j Mais la gloire du Duc de Marlborough ! auquel il s'adreffait, était trop intéresj fée k la continuation de la guerre, pour i laiffer établir des négociations de paix. La République , donr la profpérité dépendait du commerce qui ne fleurit j que par ia paix, foupirait pour le repos, i Ses reflburces s'épuifaient. Les diverï fes Provinces étaient déchirées par les querelles intoftines: les partifans de la maifon d'Orange faififlaient toutes les occafions offertes par les troubles au dehors & au dedans, pour ménager 1'avancement du jeune Stathouder de Frife: il eft vrai que la guerre offrait de grands 'fuccès; mais 1'Angleterre en tirait a elle tous les avantages: dans ces circon■' liances les Etats envoyerent au mois de ! mars 1709, le Bourguemaitre Hennequin k Paris pour-négoc~erd'après les propoi fitions faites antérieurement. Le Duc ! de .Marlborough fut irritic dans lc fecret, 11 7;. Ibli, Jl&l  H22 Xèji 328. To fcy I. 179. ïSi '■ Négociations four la ' . C'était fe confeffer au Renard. Cet W - biftre perfonage, dont les grands talens étaient fouillés par le poiföh de Pmtcrêt & de 1'ambition, enviait même aux Etats ■ Généraux 1'accquifition des PaysBas Espagnols. II avait des vues fur fe gouvernement des Pays-Bas--qu'il défirait voir echoir k 1'Archiduc; 1'Empereur l'avait affuré,. -dans ce cas, de lui raire conférer ce gouvernement, qui ayait toujours été brigué par des Princes de maifons fouveraines. II proteftait fur fonDièu & fur fa damnaüon qu'il n'accepterait pas même le Stathouderat de Hoilande; je fais bien,. diiaif-il, ce donton me foupgonne, mais on fe trompe fort a mon egard. Je ne defire qu'une paix bonne & foüde. Si l'on demandair/ un Gouverneur pour les Pays-Bas, je ne vois cependant pas, pourquoi je ferais moins agréable aux Etats qu'un autre; mais affurément je n'y penfe pas. En même tems le Duc arrachait de 1'Empcreur de nouvelles lettres parentes qui lui affuraient le gouvernement des PaysBas pour fa vie. II n'eft donc pas étonnant _ qu'il traverfat des négociations qui auraient procuré les PavsBas Espagnols k d'autres qu'k 1'Archiduc. Auffi fe trouva-t-il dans les Etats - Généraux des efprits pénétrans qui percerent fes vuè's intereflees: de Ia ces disputes qui éclaterent entre leurs-  paix d'Utrechu • i*t ,D'éputés k l'armée & !e Général Anglais; de la leur ardeur k pourtluvre les négociations. . Mais les affaires auparavant jdefespérées pour le Roi Philippe en Es,pagne, avaient pris une face toute différente par la bataille d'Almanza qui ne ] lui laiffait plus que la Catalogne k- contquérir. Ainfi il ne fut plus pofiible de ;parler de céder PEspagne k 1'Archiduc. Mais Philippe, maitre des Indes Occidentales, pouvait accorder aux Hollan,dais de grands avantages pour leur commerce; on rélolut de faire agir ce moibile puiffant fur un peuple marchand pour le porter a la paix. Le Comte de:Bergheik qui gouvernait les Pays-Bas :ipour le Roi d'Espagne. avait entamé une correspondance avec le Bourguei maitre van der Duffcn de la ville de Tergou. Van der Dufien lui répondit iformellement qu'on demandait en outre ia cesfion formelle de PEspagne & des findesk 1'Archiduc- Mr. Menager, Député pour la ville de Rouen au Confeil du Commerce, vint en même tems en iHollande, fous prétexte d'affaires partL iculieres: comme il entendait parfaitement le commerce de PEspagne avec les Indes Occidentaies, il fit voir aux prinicipaux membres du gouvernement, un jplan qui leur affurait de grands avanta:iges dans le nouveau monde; mais les ulisgraces arrivées aux Frangais dans la  1709 To-rcy U ï§4 ffêgociafïons pour la , campagne de i70§,1efirentrejetter,foriS «-.plétexte qu'il pröpofait de.laiflèra Philip pe PEspagne 8c les Indes. La Cour deFrahceemployait en même tems au prés des E-: ta'ts-Généraux,.un Réfident du Duc de Holftein-Gottorp, qui avait'offert fes ferv-ices. 11 s'appellait Potltuin; Le PréfidentRöuillé fut chargé d'agir de concert aVéw l ui. II partit pour la Hoilande au mois de ; Mars & tint plufieurs'conférences a eet--; te occafiond'abord dans ié Bourg'dc Stryen, enfuite kBodegrave avec le Pen- fiónaire d'Amfterdam "Buys & le Bour-^ gucmaitre van der Duflén de Gouda. Usl déclarercnt' d'abord qu'on n'entreraitj en aucttne négociation ,. a-moins que?1 Louis XIV ne confentit k céder PEsfl 'pagne & leslndcs a 1'Arcbiduc. Rouillé?] oppofa quelques difficultés; enfin il cé8a ce point important. II demanda alotsfi .les Royaumes de Naples, de Sicile & de:": Sardaighe pour dédomntager Philippe de^ ce grand facrifice.; Les Députés fe bor-1 nerent k • promet tre leurs bons offi-cès pour proenrer lés deux premiers Ró-yaumes a Philippe; mais ils-en-iéparerentB .abfolument la Sardaigne. Cecte dermere condition aurait encore paflée; mais les* ' Députés demanderent des places de la plusI grande [ importance pour fe- former une I barrière dans les Pays-Bas, entr' autres -; 'Lille, Tournay & Maubëuge; le Duèl de1 Marlborough-avait tant de crédktf  paix d'Utrechu lc% dans les déliberations & tant d "interêt ; Ju traverfer la paix qu'a. peine une difiiI culte était-elle applanie, qu'il s'en élé* | vait une autre. Les plus brillantes pro | mesfes en faveur du commerce ne pou: vaient gagner les efprits. La Républii que, aveuglée par fon arrimofïté contre j la Franceflattée du röle d'arbitre en| tre les puiffances de 1'Europe ne voyait pas qu'elle était facrifiée aux interets I de 1'Angleterre & de la Cour de Vknne. 3 Elle fe laisfait conduire par le Ptnfionaiijre Heinlius, homme if eft vrai plus i|inftruit dans les affaires qu'iiabilc dans la poiitique; partifan idolatrc du Ifyltême de Guillaume III quil'avait hornoré de fa confiance, aveugle inllrufraent des vues ambttieufes de Maribo\ rough qui avait l'art de fubjuguer tout | efpnt qui ne s'élevait pas fur la fphere i commune.'. If y avait dans 1'Etat queliques Régens qui fentaient la nécefiité !de la paix;mais c'.était le petit nombre; i Les Régens des villes de commerce, Am- ! fterdam & Rotterdam, foupiraient viveil ment pour en goüter les douceurs; mais ce t petit nombre de têtesprudentes n'avaient 1 pas afl'ez d'afcendant fur les efprits que les derniers fuccès avaient enivrés ; & ces. efprits étaient toute la nation. Cependant malgré'les duretés qu' é: prouverent les- mgociateurs Frangais, Louis XIV fe troüvait dans une celle.! 1/09. : 3 - vfr. dcTor- :y lc remi11 Hollaa* le.  •'709- Portrait qu'il fait du Penlloaaire Hem fins. 'J. orcy 11. > i3ó Négociations pour Is impuifTance dc continuer la guerre qu'il ne put renoncer a 1'espoir d'obtenir la paix. Mr. de Torcy, Miniüre des affaires étrangeres, voyant le mauvais fuccès de la première négociation, propola de fe rendre en Hoilande, foit pour lever toutes les difficultés s'il y avait lieu de le faire ; foit pour s'afiurer fi les efprits n'étaient pas encore dispofes k fe prêter k la pacification générale, & pour aecelerer, s'il était pofiible, la conclufion des préliminaires avant 1'ouverture de la Campagne. Son ofiïe fut acceptée; niuni des pafleports néceffaires, il fe rendit en'Hollande, chargé d'agir de concert avec Mr. de Rouillé. Mr. de Torcy poffedait cette éloqucnce ferme qui fubjugue les efprits. il . s'adreffa d'abord au Penfionaire Ilciafius, k Ia maifon duquel il alla defcendre k fon arrivee k la Haye. Le portrait que ce Miniflre fait du Penfionaire mérité d'ètre tapporté. Heinfius, Confeiller-Penfionaire de la Province de Hoilande, avait, dit-il, été placé dans ce pofte par la protection du Prince d'Orange, depuis Roi d'Angieterre. Ce Prince perluadéde fon zele & de fon attachement k fa peribnne & k fa maifon, prenait en lui une confiance entière. II Pavait envoyé en France pour les affinres dé laPrincipauté d'Orange, apres la Paix'de Nimegue; &c dans 1'exercice de cette commiffion, Hein-  paix d*Utrecht. 187 fiüg avait effuyé la mauvaife humeur d'un Miniftre plus accoutumé a parler durement aux Officiers de guerre, qu'ï 1 traiter avec les étrangers. IL n'avait pas oublié que le Miniltre 1'avait menacé de la Baltille. II était confommé dans les affaires, dont il avait une longue expérience. Intiméraent lié avec lc Prince Eugene & le Duc de Marlborough, ils formaient enfemble les. projets, en réglait le tems de 1'exécution, eux fcuis en dirigeaient la marche & les moyens; ils étaient comme Pamè de la ligue. Mais le Penfionnaire n'était aceufé ni de fe complaire afféz dans laconfidération que lui donnait la guerre pour la vouloir prolonger, ni d'aucune vue d'intérêt.' Son extérieur était fïmple. Nul faftc dans fa maifon, fon domeliique compofé d'un Sécrétaire, d'un cocher, d'un Laquais, d'une Servante, n'indiquait pas le crédit dont il jouiffait. Les appointemens qu'il recevait de la République,étaient de vingt-quatremiile florins, la plus grande partie comme Garde des Sceaux. Son abord était froid, il n'avait rien de rude,. fa converfation était polie ,. & il s'échaufFuit rarcmcnt dans la dispute. Les traités foit de partage foit de lagrandcAlliance, avaient pasfé par fes mains. II était donc inftruit des affaires principales qui avaient précédé la guerre, de ce qui s'était palftv 170^  tpah» d'Utreckt. rojr sGes négociations"ne puren* fe contisuer lans transpirer Le Prince Lugene & le .Comte de ZinzenJorf furent authorifés a négocier po.!ri'i::mpereur& le Duc üe Manbonougn & le Lord. Townsnend pour ia Reine d'Angieterre: le èiipix des deux guerriers pour luivre des négociations de paix, montrait affez les dispofitions des deux Cours: i'un & 1'autre dUaient hautement qu'ils voulatent la paix, & ils ne cellatent d'en empêcher la réusfite. Impatiens d'cntrer en campagne, ils infinuaient aux Députés des Etats que la France n'avait d'aut-res intentions que de les désunir par des oftres avantageufes, dont eile faurait diminuer la valeur, quandelle au-rait réufli a les divifer de fentimens. Le Prince Eugene., particulieremenc difait que c'étatt abandonner le certnin fi 1'yn retardait plus iongtems 1'ouyerture dc la campagne, oü l'on ne pouvait manquer.de gloire dans les Pays-Bas, piur s'amufer d'une négociation dont un ne devait rien attendre: que pour juger de la vivacité des ofPes du Monarque Fran. gais, il fallait Cxarainer fi la voix -imp.érieufe de la né^esfité le forgait.a la cesfion des Rovaumes& des Provinces dont il ofïfait de fe depouiller' que m.Aj-é Pétat faclieux oü la France fe ' rouvait xiduite, il ne pouvait p.enfer qu'elle re- Obflades !i la pais»  188 Nègoriations'pour ia" depuis qu'efle ctair allumée, par c5W féqucnt trés -• capabie de connaitre & da faciliter, s'il le voulait, les-vOyes qui-' pouvai'-rrt mèneï a-la paix. Dn verra > 1'ufage qu'il fit de fes iumieres par la relation des Conferences- tenues a I-a Haye.':! ■ - Torcy - s'attacba d'abord a connaitre ' I les dispofïtions des ■èfprits Quosqti' Ara- ' fterdam & Rotterdam, felon lui, pencbalïent le plus-pour la paix; elles inft- I ftaient cependant pour 'que Philippe rerongat a Naples &< a la Sicile;' mais en général les -Etats , quoique pleins de déference pour le Duc de Mariborough,,-' ne voyaient pas fans alarmes & lans om- f brage'1'autorité que PAng'etérre s'aVro- | geaït dans ce pays. I's avaient cependant 1'urt d'elüder les pröpontions du Miniftre Frangais; en éltvan't öu fabaïs- I fant les forces de la France. S'agiffaiÊ»- I il d'obtenir- des-'ceffions, -la France était-'-'"., une puiffance-formidable par la' rondeur"**. & la contiguité de fes domair.es & par I la multitude de fes -reflburees ; on ne p uvait prendre trop fe prccautión con- I tr'elle. Fallait--il en arracher des de- f mandes exceffivesv-il- était, difait-on ,~ de la fageffe de la France de confidcrer"* fa falbleffe préfènte & la force de fesEnnemis & de ne pas s'expofer aux fui- I tcs aftreufes d'un événement malhce.-  ■.paix d*Utrecht. 'Ces négociati-ons"ne piment .-fe cohtiHuer lans transpirer Le Prince Eugene Sr k:,Comte de Zinzendorf furent lauthorifés a négocier pour 1'Empereur &. le Duc de Mariborougn & Ie Lord-i Éownsnend pour ia Reine d'Angieterre: le choix des deux guerriers pour fuivre lies négociations de paix,, montrait aiïez les dispofitions des deux Cours: 1'un & Pautre dilaient hautemeot qu'ils vouwen t la paix, & ils ne celfaient d'en Enpêcher la réusiïte. Impatiens d'entrer p campagne, ilsinfinuaient aux D.épu,:és des Etats que -la France n'avait d'aui:-res intentions que de les désunir par lies offres avantageufes, dont eile faupait diminuer la valeur, quandelle au-pit réufli a les divifer de fentimens. Le i?rince Eugene., particulierement difait ljue c'était abandonner le certain fi 1'yn ptardait plus longtems Pouyerture dc I campagne, oü Pon ne pouvait man* ijuer.de gloire dans les Pays-Bas, puur lamufer d'une négocianon dont on ne jlevait rien attendre: que pour juger de ja vivacité des offres du Monarque Fran. «ais, il fallait éxamin.er fi la voix-impéieui'e de ia né^esfité le forgait.a la ceslion des Roy.aumes& des Provinces dont I oflrait de fe depouiller* que malgré fetat facheux oü la France fe rrouvait lléduke, il ne pouvait p.enfer qu'elle re- Dbftades i la paix.  3 c £ '4 ï i Nêgociatiarts pour Ia gardat encore fes affaires comme settement défespérées, qu'elle put confentir fans retour a la ceffion de PEspagne,, & a accorder toutes les demandes aux-^ qu'elles ilfemblait qu'elle était dispo-. fée k fe prêter; d'oü il concluait qae: la Cour de Verfailles en faifant paffer' un habile Miniftre dans les Provinces -! Unies, n'avait abfolument d'autres vu&sj que de détacher quelques uns des mem- . ores de la grande Alliance, comme elle 1'avait déja fait avec tant de fuccès dans le tems des paix précédentes: bien convamcue que fi elle pouvait y introduire la désunion, elle ne tarderait pas a forser les autres membres de fe prêtera toutes fes vues, pour conclure unc 3aix, oü en paraiffant céder quelques ^arties , elle conferverait par des articles captieux, les moyens de reprenIre le tout avec apparence de juttice, ]uand elle jugerait les circonftanccs faarabies. Le Prince était donc d'avis le fermer abfolument 1'oreille k toutes :es propofitions de paix: de poufier 'igoureufement la guerre, paree que ia 'rance ferait bientöt forcée elle-même e retirerfes troupes de PEspagne, pour mpêcher les Alliés de pénétrer jusque ans le cceur du Royaume, & que ce feart alors que l'on pourrait faire une paix jlide, puisqu'on fe ferait rendu maitre  ■psiix d'Utrechi. . ï$j k-par les armes de tout ce qu'on voulait V que la France cédat, & qu'elle ferait ip. hors d'état de reprendre. 1 Marlborough ne fut pas plutót arrivé, I que les Députés des Etats, déclarerent ;hj.a Mr. deTorcy qu'ils n'écouteraientplus 1 aucunes propofitions que d'accord avec ' ce Seigneur & avec le Prince Eugene. >h|.Le Miniftre Frangais fit une vifitc a ces | deux grands Généraux, ils 'la lui rendi; | rent, & tout fe pafla en politeffes récipro'ilques. Convaincu qu'il ne pouvait détacher ;|la République de la grande Alliance, il ■ftconfentit a traiter les affaires dans ce 'liqu'on appellait les grandes Conférences. fCeux qui les compofaient, furent le |Prince Eugene, le Duc de Marlborough. I le Yicomte de Townshend arrivé d'An. Jgleterre avec lui, le Grand Penfionnaire ilHeinfius, les Députés Buys & Van der jï Dusfen, le Miniftre Frangais &c Mr. le PréIfident Rouillé. Le Comte de Zinzencldorf y fut enfuite admis, conduit par fle Prince Eugene. La première de ces [dl Conférences fut tenue le 20. Torcy y bepréfenta que le Roi Philippe étant ;y trouveraient , entre les mains de PÉmpe'reur & de 1'Empire, pour être rétablie dans la dignité de ville Impériale. Le neuvieme porte que la ville de Brifac fera remife de même a 1'Empereur, au plus tard k la fin de Juin , pour qu'il en . jouïffe , comme il ell pörté dans le traité de Ryswyck. II eft dit dans le dixieme, que le Roi de France aura feulement le droit de préfe&ure fur les i dix villes Impériales d'Alface, & que Helle de Landau demeurera a 1'Emi pereur & k 1'Empire, conformément : au traité de Weftphalie. Le onzieme ' porte que le Roi de France , en conTéquence du même traité, fera démoiir k fes frais les fortifications de toutes Bes places qu'il a fur le Rhin, depuis iBaie jusqu'a Philisbourg, nomnïément, Hunningue, Neuf-Brifack & Fort-Louis. :'Par Partiele douzieme , la ville dè Rhinfelt devait demeurer au Landgraive de Heffe-Cafi^l, & par le treizieme; Pexplication du traité de Weftphalie ifconcernant la Réligion, doit être renivoyé k la paix générale. Dans les articles quatorze & quinzieme, il était dit ;que le Roi reconnaitrait la Reine An!ïie en qualité de Reine de la GrandeI ö 1709.  Iq6 Négociations pour ia Brétagne, & qu'il reconnaitrait auf£ la fucceffion dans la ligne Protcftante, comme elle eft établie par les actes' du Parlement de ce Royaume. Dans le feizieme Louis XIV cédait k la Grande -Bretagne tout ce que la France posfédait dans 1'Isle de Terre- Neuve, & l'on convenait de fe rendre réciproquement tous les Pays, Isles, Fortereffes & Colonies qu'on pourrait avoir conquis de part & d'autre en quelque lieu des Indes qu'ils fe trouvaffent fitués. Dans Partiele dix- feptieme le Roi aurait promis dc faire rafer les fortifications de Dunkerque , & d'en faire combler le port dans Pespace de deux mois. Par le dix-huitiemê, il était dit qu'il y aurait 1'alternative pour la perfonne qui prétendait être Roi de la Grande-Brétagne , de fortir de France, a condition que la Grande-Brétagne , pourvoirait k fa fubfiftance, ou que ce Prince demeurerait en France comme par le paffé.Le dix-neuvieme portait qu'on tacherait d'établir un traité de commerce, Le vingtieme affurait au Roi de Portugal tous les avantages établis en fa faveur par les Alliés. Dans Partiele vingt &un le Roi de France reconnaiffait le Roi de Prufle en cette qualité , & promet-tait de ne point le troubler dans la pos'fefSon de la Principauté de NeufcM-  paix d'Ütrahi ï-97 f6t.' Par Partiele vingt-deux le Roi de: vait céder aux Etats - Généraux, pour leur' fervir de barrière , les villes de Furnes, Farneniback, le Fort de Kency, y compris Menin avec fa Yerge: Ypres avec fa ChAcellenie -T Lille avec fa Chatellenie; Tournai, Condé, & Maubeu=ge, avec toutes leurs dépendances, ca. nons & munitions. Le vingt-troifieme étendait la même ceffion a toutes les villes & places que le Roi aurait occupées dans les Pays - Bas Espagnols; & par le vingt- quatrieme le Roi promettait de n'en faire retirer ni canons, ni munitions. Dans le yingt-cinquieme le Monarque accordait aux Etats - Généraux ' le tarif de 1664, avec fupprefïïon de tous les autres tarifs qui pouvaient y être contraires. Par le fuivant le Roi "reconnaifTait le neuvieme Electorat érigé en faveur de l'Electeur de Hanover. Dans Ie vingt- feptieme & le vingt-huitieme,. "il était dit que le Duc de Savoie ferait remis en polfeffion du Duché decenom, du Comté de Nice, & de tous les pays acruellement occupés par les armes du Roi de France. On ajoutait que Louis XIV confentirait a laiffer jouïr ce Prince de tous les pays a 'lui cédés par 1'Empereur & fes Alliés-, & en outre il devait lui abandonner la Souveraineté des villes d'Exiles, de Feneltrelle & de GhauI 3 r:7°0-_  -70Q- ï§8 ■ Négociations. pour /*. mont,.ainfi que la valléede Pragelas, en forte que les Monts-Genevc & autres,.. ferviffent de barrière entre la France & le Piémont, Par le vingt-neuvieme ce qui regardait les Eledteursde Baviere & de Cologne , était renvoyé a. La paix générale; mais il était dit que PEleóteur Palatin demeurerait dans la. pofleffion du Haut - Palatinat ,. ainfi que du Comté de Cham, & dans le rang dont 1'Empereur 1'avait honoré & que les garnifons des Etats-Géné-" raux refteraient dans les villes de Hui , Liege , & Bonn, jusqu'a ce qu'il en Put convenu autrement. Dans les articles fuivans , jusqu'au trente-quatrieme inciufivement, 1'Empefeur , la Rei-, ne de la Grande - Brétagne, & les Ecats - Généraux , promèttaient de fe contenter de ce qui leur était accordé : mais il était dit que 1'Empire &. les autres Alliés pourraient former telles demandes qu'ils trouveraient convenir: que la négociation fe terminerait, s'il était pofiïble, dans 1'espace dé déux mois , & qu'il y aurait cesPion d'armes. Par le trente- cinquieme 8c le fuivant, on prescrivait au Rol le tems oü il devait évacuer les places qu'il cédait aux Alliés;: rafer les. Fortifications, Sccombler le por.tdeDunfcerque,  paix d'Utrechu ïoïT Le trente - cinquieme était congu en cés tetraes , &-en cas que le Roi de France éxécute tout ce qui a été ci-defius , & que la Monarchie d'Espagne foit renduc & cédee au Roi Charles Hl, comme il eft accordé par-. les articles, dans le tems ftipulé, on a accordé que la fuspenfion d'armes entre les armées des Hautes parties en guerre, continuera jusqu'k ia concluflön & la ratification des traités de paix k faire. Enfin les trois derniers articles regardaient 1'échange des ratifica'tions, & les mefures k prendre pour 1'ouverture du Congrès , dans lequel on devait traiter de la paix générale. Ce Mémoire était figné des Plénipotentiaires de 1'Empereur, de la Grande -Brétagne , &■ des Etats Les deux Généraux promircnt de fuspendre les opérations militaires jusqu'au 4 de Juin , pour donner au Miniftre Frangais un tems aiïez Long pour faire pasfer k la Haye la réponfe de Louis XTV. Le Prince Eugene connaiflaic afiez la-Cour de France, pour être convaincu que jamais elle n'accepterait de femblables propofitions , & il ie rendit pendant 1'intervalle k Bruxelles , afin d'y dispofer toutes chofes pour 1'ouverture de la campagne. Ce que le Prince avait prévu arriva, Les I 4 -?Q9-,  2GQ- Négociations pour ia i propofitions furent rejettées avec indi* gnation par le Confeil que l'on tint k ce - ~ fujet kVerfaiiies. Torcy en écrivitaus-fitót au Prince Eugene ^ fuivant la promeffe , qu'il lui en avait fake. Rouillé , dans une derniere conférence qu'il eut avec les Miniftres de 1'Empereur & de la Grande - Brétagne & le PenfionaireHeinfius,. leur déclara, que Louis XIV ne confentirait jamais k la démolition de Huningue & du Fort-Louis: qu'il voulait fe conferver Landau,: qu'il préten dait qu'on rayat les mots par lesquels il était dit, que les Monts-Geneve & autres feraient établis pour barrière entre la France & le Piémont: qu'il fallait: parler de conditions meilleures pour les. Électeurs de Baviere & de Cologne: enfin qu'il n'accorderait jamais Partiele rrente-feptieme, tel qu'il était portédans ie Mémoire, ne-pouvant s'engager au. delk que de rappeller fes troupes- d'Es- | pagne, & promettre de ne dönneraucu- I ne affiitance k fon petit rils. Après eet- J te déclaration, Rouillé ajouta, que le I Roi fon maitre déclarait qu'on devait i regarder comme nul-les toutes les ofires. qui avaient été fakes pour parvenir auxptéliminaires, & il partit le 9 pour reüourner en France. Louis XIV fit alors ze qu'il n'avait jamais fait avec fes fusts. II fe juftifia. devant eux. II Cn.  paix dVJtrecht. .' 20 ï répandre dans tout fon Royaume la lettre ftnvante. ,, L'efpéranee d'une paix prochaine „ était fi généralement répandue dans „ mon Royaum:, que je crois devoir „ k la fidélité que mes peuplesm'ontté„ moignee pendant le cours de mon „ Regne-,« la confolation de les infor„ mer des raifons qui empêchent encore s, qu'ils nejouïlTcnt du repos que j'avais „ deflein de leur procurer. ,, J'uürais aeeepté pour lerétablir,des „ Con.litions bien oppolées k la fürété „ de mes Provinces Frontieres, mais ,i< plus j'ai témoigné de facilité & d'en3, vie de disfiper ies ombrages, que mes „ Ennemis affeótent de conferver de ma „ puiflance & de mes deffeins, plus ils „ ont multiplié leurs prétentions, en» „ forte qu'ajoutant par degrés de nou„ velles demandes aux premières & fe 3, fervant ou du Nom du Duc de Sa„ voie, ou du pretexte de 1'intérêt des „ Princes de L'Empire, il m'ont égale., ment fait voir que leur intention était „ feulement d'accroitre au dépens de „ ma Couronne, les Etats voifins de la „ France & de s'ouvrir des votes faciles pour pénétrer dans 1'intérieur demon „ Royaume,& toutes les fois qu'il cony, viendrait k leurs Intéréts de commen„ e^r une nouvelle Guerre. Celle que 3,. je-löutiens & que je voulais finir n& I 5  202?. Négociations pour Ia \ 1709. 5> ferait pas même cefTée quand j'aurais; „ confenti aux propofitions qu'ils m'ont.. ,, faites, .car ils fixaient a deux mois le „ tems oü je devais de ma part execu„ ter le Traité,, qu'ils me demandaient „ dans les Pays-Bas & dans PAlface, a „. rafer celle dont ils demandaient-la Sémolition,, ils refufaient de pren3, dre de leur cöté d'autres engagemens que celui de fufpendre tout acle d'ho„ ftilité, jusqu'au premier du mois „ d'Aoüt, fe réfervant la liberté d'agir a, alors par la voie des armes, le Roi „ d'Espagne mon petit fits përfiftait dans . la réfolution de défendre la Couron„. ne que Dieu lui a donnée & de périr „ .plütót, que d'abandonner des peuples fideles,.qui depuis neuf ans le recon„ naiiTent pour leur Roi légitime. Une 3,. telle fulpenfion plus dangureufe que j,. la Guerre même éloignait la paix plu„ tót que d'en avancer la conclufion, car 3, il était non feulement nécellaire de „ continuer la même dépenfe pour 1'en„ tretien de mes Armées, mais ce terme „ de la fufpenfion d'armes expiré, mes „ Ennemis m'auraient attaqué avec les „ nouveaux avantages qu'ils auraient tiré des places oü.je les. aurais moi-mé„ me introduits, en même temps que „ j'aurait. démoli celles qui fervent do ,, rempart k quelques unes de. mes Pro„ vinces Frontieres. Je paffe fous fiience les infinuations qu'ils m'ont fai-  paix d'Utrechu 203 sa tes de joindre mes forces k celles de „ la Ligue, & de contraindre le Roi j, mon petit fils k defcendre du Thröne, 3, s'il ne confentait pas volontairement 3, k vivre désormais fans Etats & k fe 3, réduire k Ia condition d'un fimple par3, ticulier. II eft contre 1'humanité de 33 croire, qu'ils ayent feulement eu la 3, penfée de m'engager k former avec 3, eux une pareille ALIiance; mais quoi3, que ma tendreffe pour mesPeuples ne 33 foit pas moins vive que celles, que ,3 j'ai pour mes propres Enfans» quoi,3 que je partage tous les maux que la 3, guerre fait fouffrir k des fujets ausfi 3, fideles & que j'aie fait voir k toute 3, 1'Europe que je defirais fincéremenc „ de les faire jouïr de la paix,je fuis per33 fuadé qu'ils s'oppoferaient eux-mêmes k 3, la recevoir k desconditionségaleménc. „.'contraires k la juftice & k 1'honneur 33 du nom Frangais. „ Mon intention eft donc que tous „ ceux qui depuis tant d'années niedon3, nent des marqués de leur zele encon,3 tribuant de leurs peines, de leurs 33 biens & de leur fang k foutenirune 3, Guerre ausfi pefantcy connaiffent qué 33 le feul prix que mes Ennemis pré3, tendaient mettre aux offres que j'ai 33 bien voulu leur faire,était celui d'une 3, fufpenfion d'Armes , dont Je temps 33 borné k 1'efpace de deux mois leur I 6  4 204\ Négociations pour fa • Ï709. sj procurait des avantages beaucoup plu-3 js confiderables qu'i's ne peuvent en esi» perer de la- confiance qu'ils ont en J3 leurs Troupes, comme jemetslamienw ne en la protection de Dieu, &,. j5 que j'espere que la puretéde mes in55. tentions attirera la bénédiftion Divi33 ne fur mes armes. J'ëcris aux Arche-33 vêques & Evêques de mon Royaume „ d'éxciter encore la ferveur des Prieres33 dans leurs Diocefes, & je veux en 3, même-tems que les peuples dans 1'é33 tendue de- votre Gouvernement fa» 33 chent de vous, qu'ils jouïraient de lat 33 Paix, s'il eut dépendu feulement de. 3, ma volonté de leur procurer un bien. 5, qu'ils défirent avec raifon, mais qu'il 3, faut acquërir par de nouveaux effortsr^ 33 puisque les conditions immenfes que: 3, j'aurais accordées font- inutiles pour33 le rétabliffement de la tranquilité pu3, blique. Je laifle donc a vótre pru-* 3, denee de faire fgavoir mes intentions 33 de la maniere que-vous le jugerez agi I devient la gloire de la nationles efprits c| abbatus par-tant de disgraces, font releI vés par un noble défespoir. Tout, jusqiqü'au Miniftre, devient Citoyen. Les •ij Provinces manquent de vivres,.ou courc I s'enroller dans les armées qui n'en manJquaient pas. La France, qui iusqu5' alors a combattu pour la gloire/couw : bat désormais pour fon falut. Le Roi I fit porter a Ja .Monnaie. fa vaiflelle d'or ipour être couvertie en efpéces. Son jpxemple fut fuivi par tous les Grands, ie peuple même y envoya ce qu'il posfeIdait en argenterie, les Eglifes en firent |de même, ce qui produifit des fommes 1 trés -confiderables.- Dans le même-tems jfdeux vaifleaux marchands étant revenus r|fans accident d'un voyage,oüils avaient ilpafle par le détroit le plus voifin du po.jle Antarótique, .apporterent du Pérou |en or & en argent la valeur de huit 1 millions, dont la moitié fut appliquée |au bien de 1'Etat,. .& 1'autre partagée r entre" les intérefles a eet armement. Le Dauphin paria même.vivementcon» Jtreledétronement du Duc d'Anjou. L'imadignation fut générale en.France.La nation. ilqui murmuraic- auparavant du poids in■iolérable de la guerre,fit des eflöits extrabjordinaires pour fedéxobera 1'humiliation -è.laquelle. lés Ennemis la condamnaient. 1 La conduite des Etats parut extraor-j!? Aiinaire dans cette occafion & diametra- ü 1 Z TQ9- eflexiöns; ir Is refus. cs Etats.  Wagen. XVII. 2.i9 Torcy II. 179. 206 ■ ^Négociations pour la- lement oppofe^ aux maximes dans une République. L'acquifition de dix villes qu'on- leur- accordait en Souveraineté dans les Pays-Bas Efpagnols, de Lille même qui leur ouvrait 1'êntrée du coeur de la France , & les avantages excraordinaires qu'on accordait a leur commerce, n'auraient-ils pas dü les rendre plus; traitables fur les autres conditions? Etendant des garnifons jusques dans le Pays de Liege & devenant maitres de la haute Gueldre, ils devenaienta peu-près Souverains des dix-fept Provinces. Ils auraient obtenu ces condition, maisc'étak le comble de 1'indécence d'exiger que Louis XIV fe joignit aux Alliés pour chaifer d'Espagne fon propre petit-fils & d'asfigner le terme de deux mois pour eet objet; comme fi le fort des événemens eut été au pouvoir du Monarque. Auffi les Alliés, pour fe' disculper aux yeux des peuples qui demandaient la paix de tous lescêtés,. répandirent que Louis XIV n'avait cher-ché qu'a gagner du tems ou qu'a mettre fes Ennemis dans leur tort par des cesfiöns qu'il n'avait pas envie de faire, pour ranimer le zete &■ ie courage de fes fujets en leur infpirant Pindignation & le refientiment, fi telles furent. fes vues que la détreffe de la France ne rend gueres vraifemblable,il faut avouer que les Alliés lui fourniren-t des raifons-  paix d'Utrechi: 207 fuffi Tantes par les préliminaires préfentés par le Penfiönaire Heinfius. « Ainfi furent rompues des négoeiations qui, ménagées avec foin de la part des Etats, leur auraient procuré une puisfance capable de balancer celle de fes pLus puiflans voifins. Mrs.Bouillé&Torcy fe retirerent de la Haye; mais les négociations ne furent pas abfolument uempues: Petkum a qui la France avait npromis une groffe récompenfe au cas que la paix put s'effeétuer, eutretint correspondance avec Torcy, ,dont il jcommuniquait les Lettres au Grand-Pen(fionaire. Enfin les efForts extraordinaires des Frangais dans la Campagne de U709, n'ayant pu tourner la fortune de lla guerre en leur faveur ; la prife de fTournay & de Mons donnant aux Alliés jl'efpoir de pénétrer en France d'un cójté-, pendant que le Duc de Savoye ie ferait avancé d'un autre, Louis XIV Kit le premier a renouer les négociations. Les Alliés avaient fait entendre Jque toute paix ferait illufoire & fauffe, tant que le Duc d'Anjou ne ferait pas jréellement détröné; on ne pouvait fe Kier, difaient-ils a la parole de Louis ijXIV qu'il s'était toujours fait un jeu de lla violerlcandaleufement, quand il y avait fyu fon intérêt. Les Alliés-feront-ils en létat d'empêcher ie Grand -Pere d'aflilllcr fon petit-fils? s'il ne lui fournit pas- IfOC>>. Ouverture* de nouvel» les négo. ciatiüns. IValpote Letter VIÏI en anfwer to LordBo' lingbroke'' s &c.p. 150.  2ö8 Négociations pour -la ■ des fecours publics, qui 1'empêehera da j 1'asfifter fecrettemeht d'argent ou de jo- j yaux, -foit en laiiTant les troupes Frangaifes en Espagne, fous prétexte dc dé§ 1'ertion ou de quelque obftacle de la part du Duc d'Anjou.? Comment ferait-m posfible a des gouvernemens libres comme 1'Angleterre & les Pays-Bas - Unisou fermentent tant de partis&déja 1'url chargés de taxes fi pefantes, de continuer les mêmes -dépenfcs 'k de mainte-J nir des armées toujours afiez fortes pour tenir a la' fois la France -en refpeét & conquérir PEspagne? iSerait-il allé aux] Confédérés de combiner des plans & d'ar-j ranger leurs . quotes refpectives pourcontinuer la guerre- a une fi grande di4 ftance? En adoptant les conditions de paix, eut-il été fscile de concilier la dil verfité de leurs vués & de leurs intéréts& de les tenir- unis contre Pinfluence&j les intrigues de la France, jusqu al'entie-i re réduction-de la Monarchie Espagnole 'ê Ces difficultés queSir Horace VValpole raporte avec une bonne-foi qui prouve fa partialité, devaient fubfilter contre toute paix. - Mais Louis XIV fachant que fes Ennemis repaiflaient les peuples de ces idéés, offrit dene donner aucun fecours direct ou indirect, au Roi d'Espagne, & pour fureté oftrit de mettre en depót, trois de fes places de Flandre qui dsmeurexaient a la garde des Etats jusqül  paix ei'Utrecht. 209 üe que Ia ceflion de la Monarchie Espagnole eüt forti fon entier eflèt. Le Grand-Penfionaire a qui cette propofi-' tion fut communiquée, répondit que ce dépöt était néceffaire, mais qu'il ne fuf'fifait pas; les Alliés afFectaient d'objedler que la France voulait bien confentir k perdre trois places de plus, afin que Philippe reftat maitre de PEspagne & des Indes. Heinfius s'en tint opiniatrément aux préliminaires fuivant lesquels Louis XIV aurait fourni fes propres forces pour détróner fon petit-fils j,. pour équivalent il demandaient des furetés plus confidérables , c'eft - a -dire toutes les places Espagnoles, occupéespar les Troupes Frangaifcs ; les Alliés" afFectaient de s'aveugler fur 1'indécence de cette demande; rien n'était plus propre, difaient - ils, a avancer Pouvrage important de la paix; Louis XIV, pour n'être pas dans la néceffité de trahir ausfi lachement fon petit -fils,r'appella toutes fes troupes qui fe trouvaiênt en Espagne: les Alliés crierent alors que cette. démarche ne tendait qu'a les tromper, qu'on avait formé des bataillons entiers-, de foldats- qui avaient déferté par conniv-ance; & que le Maréchal de Berwick. quoiqu' Anglais de naiffance ne devait pas-, commander en Espagne, engagé, comm il était au fervice de France. Ils fèe 1/09-  210 Négociations pour ia -709 des Alliés , afin qu'ils fuffent affurés- répandirent en conféquence en plaintétf contre la France, 1'accuferent de perfidie & de duplicité , fous prétexte qu'elle rendait irapoffible la rédudtion de PEspagne, dans le tems oü elle s'öffrait jt's en faciliter la conquête avec les partifans de la maifon d'Autriche. On propofa un expédient k la Franco pour la rédudtion de 1'Espagne. On ne rougit pas de lui demander de mettre Bayonne & Perpignan entre les mains des Alliés , afin qu'ils fuffent affurésqu'il n'y aurait point de communication entre des deux Royaumes & qu'ils pusfent y faire paffer plus facilement des troupes. Cet expédient, difaient-ils,. était du moins au pouvoir du Roi; mais le Monarque répondit qu'il neconvenait ni k la dignité- de fa Couronne ni a la fureté de fes peuples de mettre les clés de fon Royaume dans des mains étrangeres; dont il n'aurait pas toujours été facile de les retirer: au moins aurait-on voulu que Louis XIV eut donné pour furetés des villes tellesqu' Arras,Douai & Cambrai, mais la ceffion des places d'une ausfi grande conféquence ouvrant le cceur de la France aux étrangers, fit frémir le Monarque; & les Alliés en prirent occafion de répandre que fes offres étaient I illufoires & fes défirs de la paix fuspedts: ils s'en prévalurent d'autant plus hardi-  paix d'Utrecht. ik quitter la Haye & k repartir fans : avoir ouvert leur commifhon. On fe : plaigmt que le Roi de France n'en ! vint pas jusqu'a concerter avec les ■Alliés des moyens de détróner fon petit- "fils. i Auparavsnt on s'était contenté d'infinuer; fans le dire ouvertement la con-r dition fi odieufe pour le Roi de France 1 1 d'employer fes propres armes pour dé■ tróner fon petit -fils. Cette propofition I avait même paru fi révoltante qu' Eui gene & Marlborough avaient nié qu'elle «ut jamais été faite, quoiqu'elle fé dé; duifit naturellement des articles IV & XXXVÏI des préliminaires, mais les Aims déchirerent alors le voile. Ils dêK a fropofi-Y ons des I-IO.  (*5 Le Gouvernement de Hoilande, dit Mr. it Torcy (11. 407) aurait préyenu toute plainte, s'il eüt confrnti a la propofition que le Rei avait fai*e, '& que les Plénipotentiaires réi térerent , de tc-nir fes conferences a la Haye; c'était le licu oü fetrouvaient les Mimftres de toutes les puiffances intéresfées a la giiene.fecentre oü fe portaientalors les affaires les plus iniportajites,de rÉurope : les négociations par conféqueiit s'y conduifaient & s'y décidaient plus promptement que dans un Ijeu tel qne GeertnnV denberg , incommode pour le féjour & trop e*loigné de la Haye' pour nt pas confommcr inutilemént beaucoup de tems dans les voyages que les Députés étaient obligés de faire, pour venir conférer. Les Plcnipotent'aires auraient tro'uvé plus dc politesfe a la 'Haye, que dans une petiteVille depécheurs; eh •aurait eu bonte de manquer ii la confidération dué a leur condition & a leurs perfonnes, & mé'contens de la manierë "de négocier, ils n'auraient 'pas licu de fe plaindre encore des traitemenjs ;perfonnels, ainfi que ceux qui les avaient précédéi ca 17051. ' ï /JS_2p ■Négaciatioiis pou)\-Ia. mandaient nnn fculemenc I'obfervatiqs précife de ces'articles, ils ajouterent • même qu'ils fe rérervalent la facilitë de s'expliquer ultérieufement. Louis XIV fit repondre qu'il donnerait Ja deflus des Tatisfadlions dont les Etats feraient con- /tens, demandant en même tems que •les conférences puffent fe tenir k Rotterdam , k Delftk Leide, ou plutót encore k la Haye (*), afin que les Plénipotentiaires fuffent k portee de traiter, tant avec le Grand-Penfionaire  paix iPUtncht. 22 f' ifu'avec les autres Miniftres des'puiffan:, eCs étranjtcres *, mais fous prétexte que - lés Francais ne ctierchaient k 'négocier dans le cceurde la Hoilande que pour être k'portee d'y élever des divilions parmi le peupié, on propofa Anvers ou Bru-xelles. Les Frangais ne poüvant fupporter Pidee de ■ négocier le détronement dc Philippe'. V dans une Ville dé fesEtats, demanderent une autre place pour I cónférer. Ils propofaient Breda ou Bergop - Zoom; mais on ne voulut par même leur accorder cette petite fatisfaclion. On ehoifit Geertruidenberg, ville écar1rtöe', oü'les.rcponlësferaiéric.long-temsac| téndües, - place fermëé oü quoi ce foit ne pouvait entrer,-fans que 1'Etat eh ! eüt auffitót'avis.' Le Maréchal d'Uxellcs & PAbbédeJ • Folignac arriverent au Mocrdyfe le 9 de I Mars 1710. Mrs. BuyS & Van der Dus-1 fen que les Etats avaient nönïmés pour cónférer avec eux, -les ailerént prendre dans un Yacht, & leur propoferent fériéufemént dc "tenir les 'conferences dans i cette maifon fiottante; mais les Frangais voyant qu'on ne leur própofait des coni fërences fur Peau que pour les 'tenir éï loignés de toute correspondance, voulurent aller, fur terre. Les Alliés ne voulaient pas qü'un Prince Frangais ■ devint fi puiflanc dans le votfiK 3 'Bffoire du tongres ^ rUtrecht., Torcy II. % lonféren-tl es tkGeerruidea»-rS" ' ^ . '  $23 Ntgociathns peur hl > nage de la France. Ils difident qu'il pouvait aifément obtenir des fecours,„ s'emparer des Etats d'Italie, & remonter fur le tröne d'Espagne. Les Plénipotentiaires Frangais déclarerent nettement qu'on ne pouvait exiger que: Je Roi fit la guerre k fon petit fils &.; chercbat k le détróner par la forse , & firent entendre que le feul moyen d'engager Philippe k renoncer k la monarchie Espagnole, était de lui laiffer Naples & la Sicile lorsqu'il réfigneraitle refte k 1'Archiduc. Plufieurs menie, bres des Etats,. cependant penchaient pour eet échange; mais PEnvoyé de. 1'Empereur Zinzendorlf s'y oppofa vivement dans un mémoire qu'ii rendit pu» blic. Les. Députés.Hollandais.replique--. rent qu'un fembiable partage était contraire k 1'objet- formel de la Confédéra;ion ainfi qu'aiix préliminaires déja acceptés & qu'il ne s'agiffait que de s'expliquer fur le XXXVII articles. Les, Frangais fe rétrancherent alors fur Ie Royaume d'Arragon ils bornerent enfuite leurs demandes aux Royaumes deNaples &;de Sardaigne; fur cela les Hollandais demanderent comment on engagetait Philippe a céder PEspagne a 1'Ar-. chiduc? Ils déclarerent nettement qu'ils. ne voulaient faire de paix qui ne fut gé - • aérale,n'être. pas obligés.d'avoir une;  faix' PÜtrèchtl S23 • guerre féparée avec 1'Espagne ; Louis JXIV devaif felon eux, être bien fur ijdes dispofitions de fon petit -fils, pour :i propofcr ce partage, ou du moins fe croi| rc en e'tat de 1'y faire confentir. Pour : lever ces. difficultés les Frangais déclareI rer>t qne fi Pon ne pouvait porter le Duc !:d'Anjou k- renoncer k PEspagne, on üfournirait un contingent annuel aux Al|Öés qui travaillerait k le reduire par la ilforcc. On leur demanda aueiles füretés i lts affigneraient pour les p'ayemens. Ils iefirirent les maifons des plus forts ban■qtiiers de Paris &• d'Amfterdam; mais i on objecla que ces banquiers pouvaient faillir ou mourir & qu'alorson disputerait ;| fur la fomme. On objedtait k cette offre qu'on ne favait par combien durerait la :| guerre, k quels termes & lieux fe ferait ijle paiement des fommes que la France iofirait de compter? A qu'elle proportion, &k quelle befoin ? qui reglerait :ces fommes? fi cc feraient les Alliés? & ;au cas que le Roi négligeat, ou refuiat de s'y foumettre, quels moyens il y aurait de 1'y contraindre? Louis XIV len vint jusqu'a authorifer fes Plénipoitentiaires k promettre un million de livres par mois jusqu'k l'entier détrone[ment dc fon petit-fils; il fe défifta même de 1'échange des Royaumes de Sicile & ide Sardaigne & oftrit outre quatre p[a, K '4, I? IO. Torcy H.1 371- 3? i couruffent ;avec celles de France pen! dant Pespace de deux mois pour facili3 ter la conquête de PEspagne & des Indes, que S. M. ferait obligée de faire en ifaveur de L'Archiduc, mais qu' auffitót siue ce terme ferait expiré, ces rnêmw K6 I^ICv  Ï/IO 228 Nègociaficns pour hx troupes des Alliés cefferaient d'agiry&'t que la treve ferait rompue. , Nous -repréfentames a Mrs. le; Députés que ces propofitions étaient contradi&oires,- tant a.celles qu'ils nous evaient toujours faites, qu'aux Articles JV & V dès préüminaires, auxquels Partiele XXXVII qu'il s'agiffait entre nous de regler, était relatif. Quant a la maniere. d'afiurcr aux AU liés PEspagne.& les Indes, ils nous dirent, que la commifiion d'un partage, dont ils s'expliqueraient dans la lüite &. qu'ils n'ont point encore déclaré, les mettait en droit s'exiger plus a préfent^ que ne portaient les Articles IV. & V. Nous leur répondimes par une raifon fans replique, en leur dernandant, fi fi dans toutes. ces conférences, i! ma', vait'pas été queftion d'un partage, & fi fur ce fondement ils n'avaient jamais éxigé de nous, autre chofe que les me» fures de concert & 1'union des forces. Mesfieurs les Députés ne le nierent pas-, .car ils ne pouvaient le nier: mais ils nous dirent, que s'ils avaient propofé Jes mefures de concert & 1'union des forces, ils, ne. le faifaient plus: qu'ils avaient ordre de nous le déclarer aux nom des.Alliés, & de nous dire, qu'ils prétendaient en un mot (foit que le par;tage fütaccepté, foit qu'il ne le fut pas) reegyoir. des.mains du Roi.nótre mait».  Mix ''d'Ütrecht'." éïty ia Monarchie d'Espagne & de; Indes, en lui laiffant le foin d'employer feul les moyens, ou de perfuafións, ou de contrainee, quel • des deux il trouverai't le plus efficace, pour mettre actueilément 1'Archiduc en poffesfion de fes Eftats, dans 1'efpace de deux mois. Un desaveu fi formel detoute la conduite paffee &-de toutes les demandes faites de la part des Alliés, .ausfi bien que le refus de tout ce qui était posfible de-la nótre, marquent afiez Monfieur, un deffein formé de rompre toute nt> gociation. Pour avoir ia réponfe du Roi nótre Maitre k ces nouvclles demandes jusqu'a préfent inouies, & dont 1'accompliffement elt hors de fon pouvoir, il était inutile de nous donner le terme de quinze jours. - II y a longtems que S. M. a fait connaitre, qu'elle accorderait pour le bien d'une paix dénnitive & füre, les conditions dont 1'execution dépendra d'elle; mais elle me-promettta jamais ce qu'elle fgait lui être imposfible d'exércuter. Si toute efpérance de parvenir k la Paix lui eft ótéé par 1'injuftice 6c Pobftination de fes ennemis, alors fe confjant'k la proteclion de Dieu, qui fgait humilier, quand il lui plait, ceux qu'une profpérité inesperée éleve, & ®ui -ne content pour rien les malheurs K? . 17IO.  Ï^IO. 1 1 1 ] '■.3 ] i ( I i j a &goo MgoeiatiotTS pour publics,1'eftufion du fans; Chrêtierv üiie laiiiera au jugement de toute 1'Europe,même k celui del'Angleterre & de ia Hoilande, k reconnaitre les veritab'es auteurs de la continuation d'une auerre ausfi fanglante. On yerra d'un cóté les avances que. .e Roi nótre maitre a faites, le confêntement qu'il a donné aux propofitions.•es plus dures, & les engagemens que ■ S. M. confentait de prendre, pour lever toute défiance & - pour avancer la « paix.' - - D'autre part on-pourra remarquer" une afiectation continuelle k s'expliquer ■ Dbfcurement, afin d'avoir lieu de prétenIre toujours au delk.des conditions ac:ordées; en fortequ'k peine nousavions ^nlentik une demande qu'on s'en défiflait • jpur en fubfütuer une autre plus exorntante. On remarqaera auffi une variation eglée feulement , ou pour les événenens de la guerre, ou pour les facilités ■ lue le Roi nctre Maitre apportait k ia >aix. II. parait même par les letres que Meflieurs les Députés nous »nt ecntes, qu'ils n'en disconviennent L'année derniere les Hollandais & ;urs Alhés regardaient comme une in, ire , qu'on les crut capables de demander a Roi^'unir fes forces a celles , de .fe  fatx tfÜtnchir sp- pour obliger le Roi fon petiti fils a rer.oncer a fa Couronne. Ils i prénaient a témoins les préliminaires i mêmcs qui ne parient que de prendre ii des mefures de concert ,. depuis ils '; n'ont fait aucune difficuités de 1'exiger : hautement.: Aujourd'nui ils pretendent, que S.' i M. s'en charge feule, & ils ofent dire , , que fi auparavant ils fe contentaient de : moins leur interêt mieux connu les porte a ,ne plus s'en contenter. Une ipareille. déclaration, Monfieur, eft une frapturc formelle de toute négociation , c'eft après quoi les Chefs des Alliés ifoupirent. Quand nous- demeurerions plus longitems a Geertruydenberg, quand même ,nous pafiérions des années entieres en tóóilande, .nótre féjour y ferait inutile %. ipuisque ceux qui gouvernent la Répuiblique, font perfuadés, qu'il eft de leur interêt de faire dépendre la paix d'une.: ipondition impofiibfe» j! Nous ne prétendons- pas leur perfua-der une négociation ,. qu'ils veulent rompre. Et enfin quelque defir qu'eüt Ie.,: Roi nótre Maitre de procurer le repos a fes peuples, il fera moins facheux pour eux de foutenir la guerre, dont ils favent que S. M. voulait'acheter la fin par de.. S granis facdfices , contre les mênses.. Ï7IO.  -If 10, 2J2 : Negoc'aitsthpour' te ernemis qu'elle a depuisdixanskcombati: tre, que d'y ajoucer encore le Roi fon petitm^s, tkd'entreprendre ïmprudemment de faire en deux '"mois'la 'conquête de l'Ëspagnc & des Indes. Avec 1'affürancc, après ce terme expiré, de' retrouver fes ennemis fortifiés par les places qu'elleaurait cëdéës , & par eomequent én é> tat de tourner 'contr'elle les nouvelles armes qu'elle' aurait' mifes entre leurs' mains. ' - . ' . Voila, Mr. la réponfe pofitive, quele Ról nous a donné órdre de vous faire aux nouvelles propofitions de Mrs. les ] )épütés. Nous la raifons1 aü bout de fix'. jours, :au lieu de quinze qu'ils nous' avaient acCordëscommeünë grace. Cette diligence fervira du moins k 'vous' faire', connaitre, que nous ne cherchons pas a vous amufer , & que fi'nous avons de. mandé fouvent des conférences, ce «'était pas pour les' multiplier fans fruit , mais pour ne rien omettrc de; tout ce qui pomrait nous eondüire k la" paix. . Nous paflons fous filënce les procédés' qu'on a tenus envers nous , au mépris de notre caraclere. " Nous ne vousdifons rien des libellcs ïnjurieux, remplis de fauffetés &'de calomnies qu'on a laifié^ imprimer & diftribuer pendant notre' .'•rour-j tfin-de mettre de l'aigreur dassi  paix d'Utrecht: lës esprits qu'on travaiilait k concilier. Nous ne nous plaignons pas même de ce que contre la fot publique , & au Ü préjudice de nos plaintes fi lbuvent réiijtérées, on a ouvert toutes les lettres que nous avons regues ou écrites. L'avantage qui nous en revient, c'eft que le prétexte dont on couvrait tant d'indignités, s'eft trouvé mal-fondé. On ne peut pas nous reprocher, d'avoir i tenté la moindre pratique contre le droit J des gens qu'on violait k notre égard. Et l| I'-i eft fenfible, qu'en empêchant qu'on i ne vint nous rendre vifite dans notre es- pece de prifon, ce qu'on craignait le plus , était que nous ne découvriffions des vérités que l'on voulait tenrrcachées. Nous vous • prions, Mr. devouloir donner k notre exprès la réponfe qu'il 1 a ordre d'attendre, ou fi vous ne voulez point répondre, de lui donner un Ëertificat, comme quoi vous avez.rcgu cette lettre. II eft plus aife de s'ihnginer qued'ex'primer ia colere oü cette lettre &* furtout fa pub'ication jetta les principaux i Chefs des Alliés. Ees'peuples en gérïé- ; ral avaient un befoin & un defir trop grand de la paix, pour qu'ils vjffentd'un i ceil indifférent, qu'oi cherchnt k 1'éeMrétfur leurrépugn.ince k fcn «ccélever 10. RcponiV des Etats. • Torcy iU -. 4°3- •  P7IO. hamberti VI» 60. ZevibrrtiZ VI., 65-76, 234 Négociatiotrspour ia' la conclufion. Ils frémirent. Ils direnr que cette lettre était un tijfu grofjier' d'exprejjïons fades , ridicules , impertir nentes , Jeditieufss , équhoques, captièttf fes , fallacieufes, inchiles & outrageah? ifff. Ils fe plaignirent. furtout qu'on en eüt appellé au jugcment des peuplcs? d'Angieterre & des Pays-Bas. Aufii ne crut-on pas devoir iaiffer paüer fansréponfe un écrit fi darigere.ux \ \\ parut 9? fous lc nom des Etats - Généraux, une lettre datée du 23 Juillet , mais trop longue & d'un ftile trop d-iffus , pour" être inlcrée en entier. Les Frang;is, ■ difaient-ils,.n'avaientcherchéqö'aöiuder les principaux points des préliminaires r fayoir la reftitution de PEspagne & desIndes, article eflentiel, .unique objet de la confédération , a-uquel Louis XIV n'avait , cependant, jamais voulu fe~ prêter. Les Alliés fecroyaientd'autant; plus authorifés k exiger cette reftitution , de la- part du Roi de France que • lui feul , difaient-ils, avait cionné lieu k,la guerre, .en mettant le Duc d'xlnjou en poflèfiion des domaines d'autrui;. qu'un grand-pere avait toujours afiez • de crédit fur fon petit-fils pour 1'engager-k cette renonciation-de bon gré" bu qu'il avait afiez de facilité pour 1'y contraindre de force, s'il avait un defir' ferieux & fincere. de 'faire, reitituer css  paix d'Utrecht. 235 iöiuainesau véritable propriétaire. Puisque ce Monarque s'avance au point cPengager une partie de fes tréfors & fes meilleures places , pour opérer cette reftitution ; il juge donc qu'elle n'eft pas impraticable: s'il refufe d'en opérer dïreóternent 1'éxéCution , il n'eft donc pas ferieufemcnt incliné k la feconder; il trouvera ainfi mille fubterfuges,, pour abandonner ou traverfer les Confédérés, au cas qu'il abandonne k. eux feuls le foin d'élever fur le tróne 1'héritier légitime des poffelïïons Espagnoles, L'Espagne était bien éloignée de convenir que cette renonciation dependit de Louis XIV. Ce tpêtqit point lui, difait-elle , qui lui avait donnê un Roi; ce ne ferait point lui qui le lui êterait, Mr. Stanhope qui avait vu Ia dispofition des esprits en- Espagne & qui n'était .pas hornme k- desesperer des fuccès furtout dans un projet auquel il avait eu beaucoup de part , avouait hautement qu'il n'y avait rien k, faire en Espagne , vu l'attachement général des peuples k Philippe & leur averfion pour Charle?; il ajoutait que des armées de 20 k 30 mille hommes pourraient courir ce pays jusqu'au jour du jugement <, c'ctait fon expreffion ; que toutes les fiais. qu'ils. paraitraient., la . nation fe  /ïccufation' cfttitre la ïfaiice. a'3'5 Négviiaihfis piïr'ia foumettrait a Charles par var.ité ; &>■ qu'auffuót qu'ils ferment partis , elW proclamerait Philippe par afiedtion qu'il. ne failait pas 1'eulement une armée pour conquerir PEspagne- , mais une plus grande encore' pour la garder. Ils oferent -mêiiie affurer qtle le Roi de France n'avait fait aucune difficukéde prome'ttré cétte réfütution , de la pofer comme' le fondement du traité, que Pabdication du ' Roi Philippe dépendait tellement de lui , qu'un Plénipotentiaire Frangais ayait ófé affurer Panriéë derhiére que VkTiippj ferait 'phitèt-a Verfailks queiiii. Si la France ticcufait' alorS' vrai ,. elle -fentait donc avoir afiez de pouvoir pour engager" Philippe a cette abdicat-ion volontaire qu'elle regarde a préient comme impofiible. 11 paraif , difaiént-ils, clairement par t'kite la conduite- que- la-" France a tenuo en cette oecafibn , que Ia propofition faite de fa part d'un partage , & celle de régier les demandes ultérieures, réfervées parxlcs préïiminaires, n'ont été que des moyens recherchés , pour, s'il eüt été polïible , excitcr de la jaloufie & de la désunion entre les Hauts Alliés , afin de parvenir plus aifcnient a fon but, qui parait jusq^'a-prélént- affez -clairement-et-re de--ré»-  rfialx d'Umtht. -tyi :i£enir 1'Espagne & les Indes, quoique la*reftitution qui s'en doit faire, ait été lc : premier fondement de toute la négocia-;t,ion. : Et comme;ces-propofitions n'ont fans doute tendu qu'a mettre de la divifion entre les Hauts Alliés-, auffi voit;on dans la fusdite lettre plufieurs traits, jqu'on pouvait bien attendrc de ces ennemis, mais non pas de perfonnes en;yoyées pour le rétabliffement de la paix & de la bonne intelligence,, & ces traits paraïffent en quelque maniere tnyentcs pour donner aux fujets de 1'Angleterre & des Etats de mauvaifes im■ prefücns contre le gouvernement, & jpour leur faire entendre que ceux qui .létaiert a la tête des affaires, & les Chefs jides Alliés, fontlacaufe de cette langlaufte & onéreufe guerre. Mais la caufe en (ft trop bien cpnnue, & a été trop (ibien démontrée ci- defl'us, pour qu'ils ;ipuiflent espérer que ces infinuations i aflbctöcs & odieules foient regues & ügoutées par des peuples qui jouïlTent : de la liberté & qui favent qu'ils ne ^portent les charges de cette guerre, que ipour la défenfe de cette liberté. Le ljugement dc ces peuples n'eft point corkompu par un dur esclavage & par une li longue oppreflion, comme celui de cerkains autres peuples, auxquels fans cela Bes Alliés pourraient en appelier avec ;|ieaucoup plus de raifons, comme a ceyi  '•271 o nsfi NègocUt'rons pour ïa qui favent & qui fentent, combienchér leur coüte Pavidité de dominer fur leurs voifins. Enfin le peu de tems que lesdits .Sieurs Pténipotentiaires ont pris pour 'faire réponfe, la donnant au bout de fix jours, bien loin d'être comme ils le prétendent , une marqué de droiture, & qu'ils ne cherchent point a amufer, peut elle bien plutöt fervir \- montrer que la réfolution de rompre les conférences é^ tait déja prife & préparée de loin. Les Sieurs Plenipotentiaires ne peuvent pas non dIus avec raifon infinuer comme ils Se font, qu'on leur ait prefcrit un terme de quinze jours. Les Sieurs Députés les ont bien priés de _ vouloir procurer une réponfe pofitive & promte, mais ils ne leur ont prefcrit aucun terme; au contraire, lorsque fur cela il leur fut demandé s'ils en voulaient marquer un, ils répondirent civilement que non, & que les conférences ayant duré fi longtems déjk, quelques jours de plus ou de moins ne feraient pas une affaire. Pour ce qui eft des plaintes, que font les Sieurs Plénipotentiaires en leur particulier favoir qu'on a méprifé leur' caraclere public, fait des libelles injurieux contr'eux, ouvert leurs lettres, empéché qu'on ne leur rendit vifite & qu'on les a tenu dans une efpecê >de prifon, il faut confidérer que lesdits  faix d'Utrecht. 2331 Sieurs étant venus ici pour négocier fans caraétere & comrne incognito on a du éviter de part & d'autre touteérémonial.L'on fn'a autorifé aucun libèlle, on n'a donné ordre d'arrêter auncun de leurs.courriers, ni empêche perfonne de leur rendre vifite,^mais on ne pouvait certainement pas être biamé, fi, craignant qu'ds ne idécouvriffent quelque chofe qu'on voulait tenir caché on avait pris des meifures pour des prevenir. Enfin on ne peut appeller une efpece de prifon une Iville oü lesdits Sieurs font convenus ■de faire leur réfidence & qu'ils ont spréférée a Anvers qui elt une belle vvilie. | Cette Lettre apologétique futauffitêt ipubliée, pour prévenir les irapreffions ique Ia lettre des Plénipotentiaires Franigais aurait pu faire fur les efprits. On aurait pu , dit .a cette occafion le Lord ;Bolingbrolte, óbtenir les deux points esfentieis de 1'aliiance aux conférences de. iGeertruidenberg, la réduction de la ipuiflance exorbitante de la France & il'enlévement de toute la monarchie Espagnole a la maifon de Bourbon. Un équivalent pour Je XXXVII article des préliminaires, c'eft-a-dire pour la cesifion de l'Espagne & des Indes OccidenItales, était le point k diseuter a Geeritruidenberg. Les Frangais fe feraient contentés de Naples avec la Sicile, ou If ro. Sentiment' le Boling- i woke. j Lettre FIJI rur rm- loire.  '17 lo, ' %/\o Nêg.eciations pour Ja peut-être même de Naples, avec la Sardaigne, ou du moins ils les auraient ac• cepté pour équivalent. Buys & Van der Duflen, qui traiterent avec eux,, firent ce rapport aux Miniftres des Alliés; & ce tut k cette occafion que le Duc de Marlborough prit la balie au bond, félicita l'affemblée fur la paix vifiblement prochaine; & 'dit que puisque les Frangais étaient dans cette dispofition, il était tems de confidérer quelles plus amples demandes on leur ferait-, fuivant la liberté réfervée dans les préliminaires.; & exhorta tous les Alliés k concerter ieurs prétentions ultérieures,& k préparer leurs demandes. Rien ne resfemblaitmieuxk la conduite des Romains envers les Carthaginois dans latroifieme guerre punique que celle que tinrentle-s Alliés avec Louis .XIV a Geertruiden'berg. Rome était décidée k la ruine de Carthage. Cependant elle mit un traité fur pié k la priere des Carthaginois,, leur impofa quelques conditions, & renvoya pour le relte k fes Généraux qui fuivirent la même méthode, en fe réfervant toujours le droit de faire des demandes ultérieures. Par ces artifices les Romains réduifirent les Carthaginois k la néceflité d'abandonner leur Ville, ou de continuer la guerre fans armes, fans machines & fans flotte , puisqu'iis les avait remis k leurs ennemis dans 1'espé-  paix tfÜiréchu W^L ^rance d'une paix future. Les propofitions -que firent les Alliés a Louis XIV avaient un air d'inhumanité qui devait revolver toute 1'Europe. Un Grand-pere détröner fon petit-fils c'était contre la nature. Mais ce même Louis XIV -, après avoir traité les hommes avec tant ; d'inhumanité dans le tems de fa gran: deur , avait-il le droit de s'en plaindre ? II fe contenta de voir le piege qu'on lui tendait & d'en éviter les fui'tes, ilcherchak faire naitrel'indignation dans 1'esprit defon peuple naturellement attaché k fes Rois, & il y tröuva fon ;compte. Si les Alliés eusent accepté Mes offres , ils feraient arrivés k leur but ivéritable. II aurait fallu que Philippe iëvacuat PEspagne, malgré fon attachement pour elle, Pcsprit de ia Reine fa Femme & Pattachement conftant des ^Espagnols, ti fon Grand - pere Pavait ientrepris & travaiilé de bonne foi k Py forger. Mais fi eet expédient était lodieux comme on ne peut en drsconvenir,pourquoi les Alliés préféraient-ils la iguerre contre la France & PEspagne? jröurquoi négligeaient - ils d'abbattre tefficacément & promtement la puiffance lënorme de la Frar.ce, & de rendre pra«ticablela conquête de PEspagne en acceptant Pexpédient que la France off:ait% & t"tis les objets de la guerre, au moins i TiMi- IX. L f£tö.  2 t ïflO. t l ■ l I Reflexions -fur la rnp' ture des conférenjces. Jnnal. po- 'Utiq. de SI, i'ierre 11» 42 Nègocimions pur k, ous*,ceux que l'on pouvait avouer ,-fe rouvaient par conféquent remplis. ( La 'rance . difait-on n'était pas fmcère; :11e ne ie. propofait que d'amufer & de emporilèr ,mais la muere qui écrafait fes 'rovinces, mais les places fortes qu'elle )ffrait dé remettre entre les mains des yiiés , qui auraient pu , au moindre nanque de foi, défoler non-. feulement ra frontiere , mais encore pénétrer jusqu'au coeur du Royaume; tout cela n'était - il pas une caution folide de -fa fincérité pn ,cette occa- Le grand point.que les Ames objedtaient pour s'excufer était qu'on ne pouvait faire aucun fonds fur la.parolc de Louis XIV. Le Duc de Marlborough déclarait, dit-on, que lors qu'on avait a faire k un Prince qui n'avait d'autre regie dans 1'obfervation des traités que fa puiffance, il fallait lui enlever fes frontieres & détruire fes forces, pour fe mettre ii 1'abri des fuites d'un tel voifinage. Guiliaume III avait infpiré la même maxime k 1'Europe conjurée con'tre 1'ambition de Louis XIV, en faifan.t adopter pour maxime générale que Pa-, baiffement de la puiffance de ce Prince 'était la feule fureté qu'on pouvait fe procurer a les traités avec la Fran,66. Les Gonféderés parurent avoir 3r  paix PUmcÉ, $4? I! > L 3 'Empereuf iccoi'de desritres aux j ïtats.. Wagen. XVli'. 38a  2 7i o, I 1 •1 1 1 ï ■ Hf Négociations pour ia- tant plus a blamer d'avoir fuivi la pas-, lion de Marlborough intéreffé a uneguerre oü il acquerait de la gloire & de 1'argent qu'il n'aimait pas moins, que les changemens qui le faifaient alors dansle Mmiitere Anglais , annoncaient un changement de mefures. Ils furent, fans. doute, éblouis par 1'éclat du röle qu'ils?. jouaient alors. Ils ne s'apercevaient pas. qu'ils s'épuifaient pour la mailon d'Autriche & pour 1'Angleterre, qu'ils partageaient a peine la gloire des avantages furprenans qu'on remportait chaauejour fur la France, que i'éciat de cesgrands fuccès réjailliffait presque tour entier fur les grands Capitaines qui préparaient & affuraient les vicboires. Le feul objet qui püt les intéreffer dans :ette guerre était une barrière: pouvaient; tls efpérer de la maifon d'Autriche en poffeffion de l'Espagne, une barrière plus refpcótable que celle qu'on leur of:rait a Geertruidenberg ? On eft même étonné que les puiffanjes confédérées puffent efpérer des conütions plus favorables que celles qu'ilsirrachaient a. la France. M faut fans doue que tous leurs Miniftres fe foient laises aveugler par le génie de Marlboough qui dominait fur 1'intérét uniterfel. Ge grand Général prévoyait que ;i paix allait néceffairement entrainer fa: ropre disgrace, & que la guerre feule -  paix 'd'Üirechi. Ö4?' gJÖiTvaif lui laifier 1'espérance defefon-" tenir. Le Roi de France, eut'-il cédé ia raoitié de fes Etats,eüt-il rëuffikfaire defcendre fon petit-fils du tröne; le Général Anglais ne voulait point de paix. II fallait que toute 1'Europe fut en armes, pour foutenir fon crédit chancelant. Le Prince Eugene lui avait laifle prendre un afcendant,qui joint k ce dont il avait \\' fe plaindre de la Cour de France & k eet amour naturel pour la guerre qui faifait le fond de fon caraétere, le portait k -traverfer tout ce- qui pouvait amener la paix. D'après les dispofitions fecrettes de ces deux Grands hommes ¥ l'on eft plus furpris que leurs propofitions devinffent excesfives, k mefure qua Louis*'XIV faifaient des avances. Ils oferent même éxiger que ce Monarque, fans aucune füreté ni garantie pour la prolongation de la Trêve jüsqu'k une paix définitive, remit fes principales places frontieres aux Etats, & qu'il promit même de dépouiller feul fon petitfils,pour revêtir de fes Etats 1'Archiduc Charles,& cela dans 1'efpace de deux mois, pendant que les Alliés tranquiles dan^ leur camp, jouiraient du plaifir délicieux de voir la maifon de France faire tous fes efförts pour fa deftruclion totale. G'étak k ces conditions, k qui Pon ne faurait donner une qualification conve.rsbie yqu'on promettait de s'ouvri. fur les L 4  £48 Nègocicttiotis pour lis 171©. : j I ■j < i 1 demandes ultérieures:. & les Etats vw* luren t. bien encore promettre.fans auounss engagement formel ,qu'ils employeraient leurs bons offices pour faire obtemr quelque dédommagement aPhilippe s'il voulait renoncer de bon gré klaCouronne. II ne. fellut pas moins que ces indécentes propofitions pour engager Louis XIV a dire en plein Confeil, puisqu'il faut faire la guerre, j'aime raieux la faire a. mes Ennemis qu% mes Enfans. La nation, qui murmu.rai: d'un fardeau presqu' intolérable, fut indignée avec fon maitre de 1'abaisfement oü il fe trouvait réduit par la, profpérité de fes ennemis. La France redoubla fes efförts pour le feconder. Louis XIV aurait dü voir au ton jrnpérieux, aux prétentions extravagantes ie fes implacables ennemis,. qu'ils cherJhaient moins la. paix avec lui,qu'a jouïr 1 loifir & de prés de fon humiliatiom. ü n'eft pas nécefiaire d'étre Frangais, il bffit d'être bomme pour être indigné le 1'idée de propofer a un pere d'arra;her de fes propres mains la Couronne bn fils pour la mettre fur la tête de fes. iternels Ennemis: ce n'était pas feulenent une prétention atroce, mais en;ore une politique imprudente. Qui pou~ 'ait répondre aux Alliés qu'un de ces • ivénemens fi commun dans 1'Hütoire &. [■ui changent fi fouvent la face des affais- & la.fituation des peuples. ne derarw-  paix d'Ütrccftt. 245? gerait par leurs efpérances Se leur forti une ? pourquoi ignoraient-ilsoüavaient ils oublié qu'il n'y a point de fuccès durable fans prudence, & que la prudence,lp'ïh d'abuler, doit toujours fe defier de la profpérité ? La paix eft 1'objet de laguerre ; pourquoi donc ne pas la faire dés qu'on peut la conclure ,a des conditions avantageufes? L'occaflon d'humw lier un peuple dominateur ne fe prefente pas deux ibis. Quoiqu'il en foit, lesEtats laifferent- échapper une occafïon qui ne fe préfenta plus depuis; & ce Miniftere Anglais dont ils avaientrefpecté les ccnfeils jusqu'a Pidolatrie, ne tarda pas k les abandonner. C'eft ce que nous ne tarderons pas k développer. Les événemens- femblerent d'abord juftifier la préfomption des Confédérés. Les Généraux des A-llies avaient affemblé leur armée, avant que les Frangais euffent eu le tems de prendre des poftes avantageux derrière des rivieres oü des marais prèsque inaeceffibles, comme ils avaient fait les années précédentes. On forma en Hoilande de gros magafins de fourrages fecs, pour nourrir les chevaux jusqu'au tems oü les foins nouveaux feraient en maturité. L'on y prépara grand nombre de barques pour le transport del'Artillerie, & l'on fit des amas immenlès de munitions de toute efpecc. Le Prince Eugene & MarJbo- 1710V Ouverture' de Ia Catny pasne.-  f pfï'S. ïits Alliés s'cmpareut »kb lignes entre la «asfê'e & 'Suuai. 150- Nègocïattom peurkt rough ayant raffemhlé leur armée, desles premiers jours d'Avril;, le 13^, ils s'êmparerent de la petite Ville deMortagne fituée au conftuent de la Scarpe & da 1'Escaut. Le Chevalier de Luxembourg la reprit le lendemain, & fitprilonniers de guerre les troupes qui en.formaient la garnifon; mais le Comte d'Albermale la reprit le r8, & cette Villedemeura aux Alliés pendant toute la* campagne. La prévoyance des Etats-Généraux,. les foins qu'ils avaient pris de faire des. amas & des provifions,. mirent les Généraux des Alliés a même d'entreprendre de bonne heure des opérations, oüs ils ne rencontrerent que peu d'oppofition, paree que les Francais ne purent. jouïr des mêmes avantages. II y avait même plus d'un mois que Marlborough. était en campagne, quand le Duc de Villars put raflembler fon armée. LesAlliés commencerent par fe rendre maitres des lignes que la Maréchal avait for~ méés 1'annéé précédente, entre la Basfée & Douai. Le Duc de Wirtemberg,, & le Général Gadogan s'avancereht avec fept mille hommes d'infanterie &. cinq: mille chevaux pour s'emparer de Pont-a. Yendin fur la Dculle. N'ayant trouvéaucune garde fur ce pont très-facile 3=5 défendre, les deux Généraux entrerent" de ce cóté dans. les lignes, pendant que'  paix drfjfreeTiK1 «£g ê3ün sutre c-óté, le Général Feitz, mar ehait vers le Pont-Aubri. Trouvant 1 paflage de ce pont impraticable, il tra veria le canal a Govrieres, & leurs trou pés s'étendirent de toutes parts dans 1; plaine de Lens. Ils en cbafferent ur; corps de huit a neuf mille hommes d'im fanterie, commandé par Montesquiou, •qui fut forcë de fe retirer derrière la Scarpe, & d'abandonner les Valets & i quelques troupes qui étaient au fourra^ I ge. Les Alliés les firent prifonniers de I guerre ,■& ils- prirènt les équipages de : plufieurs Officiers,. I Les-- Alliés ayant traferfé la Scarpe a i Vütry,- inveftirent Douai le afi & le 25 i: d'Avril avec quarante bataillons, autant I d'escadronsy foixante & dix pieces de" canon ,.& quatre-vingt mortiexs oupierriers;- La garnifon était cömpofée de dix-fept bataillons,- de fix Compagnies' d'Invalides & de cinq eens dragons, ea : tout huit mille hommes, fans'eömpter Cèux qui étaient dans le fort de la Scar1 pe au nombre de mille. Les Alliés formerent une armée d'obfervation dc cent tren;te-neuf bataillons,& de deux cent tren: te-deux esoadrons. Quelque tems aprèsi vingt-deux mille hommes Allemands SfAnglais joignirent cette armée qui devait couvrir le fiege. Enforte que toutes'l'eurs forces en Flandre étaient d?envir^- la 6 ï 1' Siegc da' Douai pa#' .es AlHéS}-  a.53 Négociations putri» 1710. cent trente-huit mille hommes, c'eft6-^dire quarante mille de plus que les Francais. Le refte d'Avril & les premiers jours, de Mai fe pafl'erent dans les travaux ordinaires pour. les fïeges. L'armée d'obfervation, s'étendit entre Vitry-fur-la. Scarpe, & Arleux,. & fon accès était très-difficile. Ils s'emparerent dc quel- \ ques Chateaux voilins de Douai, ouvrirent la tranchée la nuit du 5 au 6r & formerent deux attaques 1'une au couCriant fous les ordres du Prince AnhaltDeffau, & 1'autre au Nord de la Ville fous le Prince de Naffau-Frife. La nuit du 7 au 8 le Duc de Mortemar fit une" fortie, il défit le régiment de Sultom Anglais, & de Scbmith, Suifle. Mais Marlkartenai les forga de rentrer dans la ville, quoiqu' en ennienant un grand nombre de prifonniers. Ils prirent leurs mefures pour empêcher dorénavant les forties. Ils avaient trois foffés k remplir. Ils ne furent maitres du premier qui avait cent-dix piés de largeur furneuf oü dix de profondeur, que le 26 eu le 27. Ils ne frouverent alors plus d'obftacte pour fe loger fur le chemin couvert :ils drefferent des batteries contre les ravelins & les ouvrages extérieurs,. & ils firent bientót des bréches dans, plufieurs endroits..  paix dWtrechr. 233 La belle défenfe d'Albergotti- Gouverneur de la place,, empêcha les Alliés ; de pafler avant le mois de Juin le fecond ' fbffé, oü ils perdirent encore un grand nombre d'Officiers & de Soldats. Le 19. le Prince de NafTau donna des ordres pour attaquer en même tems deux ravelins & unê denü-lune, ce qui fut exéctrté fous les yeux du Prince Eugene "& de ] Marlborough. Albergotti foutint cetasfaut avec intrépidité,. mais malgré le feu eontinuel de la place,, malgré 1'effet de quatre mines, malgré toute la valeur des foldats qui défendaient la brêche le fabre k la main, les troupes des Etats réusfirent k fe rendre maitres de tous cesou- t yrages. Le Prince d'Anbalt, de fon cótc s'empara. d'un autre ravelin le 24; & les asfiegeans furent alors en état d'ouvrir la brêche au corps de la place pour £e dispofer 'a un afiaut général. Le 20 de Mai, faute de magafins pour le faire plutót,, le Duc de Villars qui avait rafiemblé enfin fon armée, s'avan5a vers Arleux;. s'empara du chateau d'Oifi,jetta quelques ponts fur PEfcaut, feignit de vouloir attaquer le quartier du Prince de Naiïau, entre cette riviere & la Scarpe,, quoiqu'ils fuffent couverts k la petite riviere de SaulTé & fortifiés par de bons retranchemens. Pendant qu'il amufait ainfi les Alliés, i! . fit jetter huit ponts fur la Scarpe,. tra" L 7 i^roi- Le Duc d& Villars vctit jetter dn fecours? dans lapla-r ce.  Dispofitiöns'dcsAWiés pour s-'v opoo!«T. I ( { 2'o4 jfêÉSgv csmhtis pour verfa cette riviere r Ie 2& & Ie 29; &> s'avanga dans Ia plaine de Ler.sj par oü il croyait qu'il ferait plus factie de -jetter du fecours dans la vil>e afiiégée. li prit le commandement du een tre , fecond-é par le Maréchal deMontesquiou 9~ donna celui de Ia droite au- Maréchal de Berwick, & confia la gauche au Maréchal d'Arco.* Les Génér/iux des Alliés qui avaient" autant-d'aótivité pourveiller fur les mouvemens des Frangais ,. que ceux-ci en avait* pour les furprendre, firent avance r en diligence les renforts qui leur verdient dé toutes parts,&tirerentdel'ar-mée du fiége un bon nombre de bataillons pour- renforcer celle d'öbrervation*. Le Prince Eugene avait la droite de fon '= armée toute compofée d'AUemands, appuyée fur le marais de Montigni, formé ïu deflbus de Lens, entre la Scarpe & la petite riviere de Sauchet. L'armée des Etats occupart le centre, & les Anïjais ,- commandés par Marlborough y, .'étendaient b la gauche jusqu'a Vitry,. k les troupes Palatines furent chargées ie la garde du Pont-a Vendin. Le Duc de Villars avait deffein de li'rer bataille s'il y avait eu la moinire apparence de fuccès. Le Maréchal K fes Gollegues, accompagnés des Offiiers les plus expérimentés, avaient ob&rv4 les retranchemens oü les Alliés-  paix- (PUirechn ag^ f& tenaient renfermés. Le Confeil de guerre affemblé, l'on décida unanimément que ce feraic expofer l'armée de i France k une perte alïbrée,.fi l'on entrciprenaft d'ataquer des retranchemens que leur fituationr la vigilance des habiles JGénéraux qu'on avait en tête,mettaienc iabfolument hors d'infulte.. Ayant confommé les- fourrages de la plaine de Lens r. on réfolut de déeamper. On le fit en plein jourr on repafla la Scarpe, ©n s'attacha principalement a couvrir ArKis, Cambrai, 1'Artois & laPicardie, & l'on établit le camp fur les bords de la Scarpe , ii. fi peu de diltance des Alliés, que les foldats des deux armées pouvaient .ajiément fe parler de leurs poftes. ■p^e 21 de Juin ,.leGouverr.eur de DouppVoyant tous fes ouvrages extérieurs êmportés,. & les Généraux des Alliés prêts a. donner 1'affaut au corps de la place, battit la chamade,. & demanda k capituler. Les Alliés demanderent qu'en même tems on leur rendit le fort de Scarpe, & après quelque réfiftance, on convmt que 1'un & 1'autre feraient rendus, que les troupes des deux-Couronnes fortiraient trois jours après, avec tous les honneurs que méritait leur bravoure, &. |qu'elles feraient conduites k Cambrai, ce qui fut cxécuté. Ce fiege fut trèsmeurtriér, les affiégés ayant fait jusqu'k ij trente - neuf forties dans lesquelies ik GapitüH*" tion de la.' Ville daDouai.-  ïjfïoi S5Ö R&gociatïoiis pour fo tuerent beaucoup d'ennemis. LesAlüé* ■ S'ïf c,flx k" fePt SiUè hommes devant la place;. & fe garnifon, lorsqu'elle en forti t, fe trouva réduite a moinsde cinq mille hommes. Eugene & Marlborough ayant occupé' leur armee a reparer les breches, & a corm> bier les travauxdu fiege,delibérerent fur la lui te des opérations de la campagne Ilsen voulaient beaucoup a Arras, & 's'ilsle fulient rendus maitres de cette Ville rien ne pouvait plus les empêcher de faire des eourfes jusques dans iececurdu Royaume Mais le Duc de Villars avait fi bien diftnbué fes troupes dans un étenuue de terrein de dix adouze lieues . qu'il couvnut égaiement Arras & Camfcrai: il pouvait empêcher les fiéges üta Valenciennes & de Bouchain, & fe trr®* vait encore a portee de tourner vers Maubeuge,- fi les Alliés fe tournaient de ce fut' a C?f frge-5 P^cautions furent le feiut de l'Artois& de la Picardie. Les deux Généraux voyant 1'impofiibilitéd'afiieger Arras, s?cn tinrent a attaquer Bethune. Les Généraux des Etats Schulembourg; & Fagel,furent chargés de ce fiége avec trente bataillons & dix-huit Eseadrons , auxquels on ajouta depuis quatorze bal wi lons & huit escadronsqde renforc: Bethune a fort peu d'étendue, mais de--  paix dWtfecfiK £57 I puiffans remparts,. flanqués de fept basij Bions fort étroits, excepté celui qu'on | nomme St. Ignace. Mr, Vauban par or| dre du Roi y avait conltruit d'amples ravelins,. de bonnes demi-lunes, des [ contre - gardes , des redoutes, deux che:i mins couverts,. & plufieurs autres ou» 1 vrages extérieurs, avec des digues pour I retenir les eaux de la Biette. Cette ri.- 5 viere remplit les fofles de la Ville, & peut fervir a inonder les environs; ij particulierement au Midi & au couijchant, oü eft une petite citadelle ou I ebateau. Louis XIV avait confié le Goujivernement de cette place a Dupui- Vau* dan neveu du Maréchal, avec une garfl'ifon de neuf bataillons, un Régiment de fdragons & d'une compagnie, de canonniers 6 de bombardiers. Schulembourg & Fagel 1'inveftirent la .'nuit de 14 au 15, mais ils n'ouvrirent la tranchée qu'a celle du 23. au 24. Le Général Schulembourg. forma fon attaque contre le chateau, & fon Collegue «ontre le baftion de St. Ignace. Le premier ne put avancer fes travaux ausfi promptement que lefecond, paree qu'il voulut d'abord s'emparer d'une digue igui foutennit les eaux,& entretenait Pintaondation. II s'en rendit bientót maitre; y fit faire plufieurs coupures, qui Êcilitcrent Técoulement des eaux & le mzenz en- éxat de gouiïer fes tranchée 17ÏOV Siége dêBethume,  258 Négociations pour' la- La nuit dü 24 au ag , les asfiégés au" nombre de mille hommes, firent une fortie du cóté du Général Fagel. combierent fes travaux, chaflerent deux régimens Prusfiens:'mais les troupes des Etats ayant marché k leurs fecours, lesFrangais fe retirerent après avoir tué i plus de huit- eens hommes aux asfie-geans. L'armée'd'obf&rvation des Alliés , était campée la droite kHoudroin,adeuxlieues environ de Bethune & la gau~ ■ che k Auligni.- Le Maréchal de Villars -fit le 3o"un mouvement très-hardi pour ié porter dans la plaine d?Avesnes-le-Comte, oü il établit fon camp, ce qujfit croire aux Alliés qu'il voulait les attaquer. Ausfitêt ils firent venir k lagrande armée fix mille hommes qui étaient dans la plaine de Lens, avec mil-le cavaliers oü ils protégeaient les con-vois. Ils tirerent encore fix mille hommes du fiége, ce qui en fufpendit les* opérattons pendant quelques jours. On les reprit ausfitöt que les Généraux furent allures que le Général Frangais n'a-vait d'autre deffein que de mieux cou-vrir le pays, & d'entretenir la communication libre entre fon ;,rmée & la mer. lis- renvoyerent- au fiege les troupes quicn venaient, & Schu'embourg qui n'a--vait pas de mines k craindre fur un ter-mm presque toujours • inon^éV combi**  paix d'Utrscht. 239. Favant fosfé du cóté de fon attaque avec ■:■ des fafcines, &. y établit des ponts qui lui couterent beaucoup de monde a caufè du feu des asfiégés. Le 20, le même Général attaqua le ehemin couvert, & 1'emporta après-une i vive réfiftance, oü il perdit plus de cinq1 : eens hommes. II commenga alors k bat-' tre en brêche le ravelin & la contre-garde qui couvraient le chateau. Mais le 1 Gouverneur, manquant de munitions, ivoyant qu'il ne pouvait foutenir unasfaut, fans expofer fa garnifon au risque d'être fake prifonniere de guerre, fit battre la chamade, & arbora le drapeaafclanc de ce cöté pourcapituler. Le Général Fagel.,. qui était moins avancé fy. fon attaque, paree que 1'effet ues minesavait rétardé fes approches,. mécontent :de ne pas voir égaiement un drapeau iblanc de fon cóté , continua de faire prer, malgré la fufpenfion d'armes dóntétait convenu Schulembourg. Ce dernier engagea le Gouverneur k. donner ;cette fatisfaétion légitime k Fagel, & la. capitulation fut enfuiteréglée de concert. La garnifon réduite k quinze eens-hommes en état de porter les armes, & a|fept eens malades ou bleffés-, fortit avec iles mêmes honneurs que celle de Douai ^ & fut conduite k St. Ómer. :| Apres la prife de Bethune, MarlboTibugh „ malgré les objeóüons du Ermee- 1710.- & Gouveïleur eft brcé de ;apituleri-  aób Nég oei attent■ peur Ik 17I0. Hf'rfe de Sr Tenant. SRege d'Airs. Eugene s'cbftina k former le fiege> d'Aire. Le Prince acquklca k fon desfein, quoique les raflons qu'il om pofait k cette entreprife, parufiènt les plus fortes. Cette réfolution prife, ils firent étendre leur armée, la droke k Térouanne,. & la gauche k Lillers, cei qui les mettait k portée d'entreprendre & couvrir en méme tems deux fiö-: ges. Le Prince dé N-nfiau entreprit! celui do St, Venant avec vingt batatf'lons, &-'le Prince d'Anhait-Deffau, fb; chargea de celui d'Aire,..avec quaran. te bataillons, &* autant d'escadrons,; Ces deux places font égaiement fituées: fur la riviere de Lis: la première avaitl une garnifon de trois mille hommes commandés par M. du Silves. Le Comman'dant foutint les attaques jusqu'au 29 de Septembre qu'il capitula après uno vigoureufe défenfe. II obtint les honneurs de la guerre, avec douze coupsh tirer par homme, mais on lui rei'uftv quelques pieces 'de canon'qu'il avait deniandées. Le fiege d'Aire préfentait beaucoupplus de difficultés. Cette place eft. d'une grandeur médiocre,, mais Louis XIV en avait fait augmenter confidérablement les fortifications. La garnifonétait compofée de qüatorze bataillons & de trois Régimens de dragons, fous les CRires.* du ïviarquis de Goësbriant. Lts;  féix iPUtrecht. £61 jAfóés formercnt deux attaques, 1'urte pu couchant, du cóté du village de St. . Quintin, 1'autre au Midi. On fe: fervit des mêmes moyens qu'a St. Venant pour ; arrêter les forties & arréter les inonda-tions, & la tranchée fut ouverte le 11. La nuit du même jour, les alliégeans ^prirent une redoute fur le chemin qui ponduit a Bethune, elle leur coütabeau,.ooup de foldats tués ou bleffés. lis ne purent la conferver, le Gouverneur . 1'ayant reprife dans une fortie.. Le 19, Kis établirent deux grandes batteries de , quarante & de trente-cinq pieces de gros „canons, ce qui leur donna la facilité de s^emparer le aa d'une autre redoute, ■.malgré les efforts des asfiégés, qui firent deux forties furieufes, dans 1'une desquelles fut tué le Marquis de Liftipoi. A 1'attaque d'une troifieme redouitë que les Alliés emporterent le 5 d'Ocbobre, ils perdirent le Comte de Dohna , & un grand nombre de foldats. Tout ce mois fe paffa a détourner les ,eaux, a établir des ponts fur le premier ■ foffe, & a les refaire quand les Frangais les avaient brülés par les bombes ou les feux d'artifice. Les forties fe fuccedaient fi fréquemment, qu'on détruifait tous les ouvrages des asfiégeans a mefu> : *re qu'ils les conftruifaient; & les Etats .perdirent un grand nombre de leurs Irs« 1710, .  ü62 Négociations pour la génieurs, chargés de la conduite des travaux. Le Maréchal de Villars de fon cóté, mit tout en oeuvre pour troubler les I opérations des Alliés. L'Intendant d'Ypres ayant averti le Gouverneur de cette ville que les Etats avaient envoyé ua j grand convoi par la Lis, chargé de mu- j nitions & de vivres pour le camp. Ausiftót l'on détacha huit eens grenadiers, quinze eens fuüliers, & trois eens dragons pour 1'attaquer. Ce convoi., compofé de quarante barques, qui conduiiaient des vivres & des munitions était escorte de mille hommes dlnfanterie & de cinq eens chevaux fous les ordres du Comte d'Athlone, Ce brave Officier fe défendit longtems, avec beaucoup de bravoure; mais il ne put réftfter au nombre & a l'adtivité des Frangais II fut fait prifonnier avec cinq eens de fes gens; il y en eut quatre eens de tués ou de noyés, le refte fe fauva a Deins. On mit le feu aux barques, & il y en eut trois dont la charge était de cent foixanie milliers de poudre, qui fauterent én 1'air avec une teile explofion, que le village de St. Eloi en fut détruit, & que i'ébranlement casfa des vitres a Valenriennes & k St. Quentin, quoique ces I deux Villes fuflent a plus dedouze lieues 1  p&'ix cPUtrecht. 2,63 Ms diftance. Dix barques feulement peüsfirent _a fe fauver, & les payfans ■ipêcherent les boulets &Jes bofflbes de 3|celles qui avaient été fubmergées. Peu 3 de jours après le Maréchal de Villars "fe i trouvant fort incommodé de la bleffure j: qu'il avait regue 1'année précédente a 1-Hochftet,, fut obligc de laiifer le comImandement au Maréchal d'Harcourt. II fit-marcher auffitót leDucde BrogiieenI tre Saint-Omer & Casfel, avec un gros I corps d'Infanterie pour couvrir le pays. ' Gelui-ci effaya de furprendre un quari tier Allemand, mais il ne put réuslir; I les Frangais firent ausfi plufieurs autres I tentatives fur beaucoup de places., qui '|: n'eurent pas plus de fuccès. I Les Alliés employerent tout le mois . d'Octobre k fe rendre maitres de quel[ ques fléches, & d'une partie de la conil trefcarpe, oü ils éleverent une batterie, I pour battre le ravelin en brêche. Ils 1 emporterent ce ravelin & le refte de la ;' con trefcarpe au commencement de No'< vembre : mais ils étaient alors firebutés I que dans un Confeil de guerre plufieurs Officiers opinerent pour lever le fiége ; Quoiqu'il eut été entrepris contre lê I fentireent du Prince Eugene, ce grand f homme au deffus de la jaloufie, trop or- dinaire aux plus illuftres guerriers perI fifta toujours k ne 1'abandonner q'u'a Is Jerniere extrémité. Enfin, les batteriej 171®. Les- AHife prennent 1: Ville d'Aire.  .•171 o. 'Campagne d'Allemag»e. Tindal. ■jfltalie. i 24Ö Négociations pur /* furent k portee de foudroyer la place. Le Gouverneur voulant ménager les habitans, & dans la craintc qu'ils ne fuffent expofés au pillage, fi la ville était prife d'affaut, axbora le drapeau blanc le 8 fur le -foir. On convint le 9 de la capitulation. Le Gouverneur fortit avec ce qui reftait de la garnifon avec tous les honneurs de la guerre, douze coups a tirer, quatre pieces de canon, deux mortiers & fix chariots. Le Prince Eugene pour témoigner Peftime particuliere qu'il faifait de la belle défenfe deM.de Goësbriant, ajouta pour lui faire honneur deux canons de plus. Cette expédition termina la campagne; & les troupes des deux cótés allerent fe repofer dans leurs quartiers d'hiver. En Allemagne la campagne fut encore pluslanguiflante qu'auparavant. Les puisiances belligérantes avaient porte detrop grands efforts en Espagne & dans les Pays • Bas pour qu'il y eüt des fcenes vives fur le haut Rhia L'Elecleur de ] Hanovre qui commandait fur ce théatre de la guerre s'ennuya fi fort de cette inaóüon qü'il abandonna lecommandement ïu Comte de Gronsfëld. En Italië la guerre fut égaiement lanruiffante Le Duc de Savoye mécón- I :ent de PEmpereur tk fuccombant fous les progrès de la maladie, ne forma au- i ;une entreprife. Le Comte de Thaun ten-  'paix iï3Utrecht. fjtenta, mais vainement, de pénétrer en Dauphiné Au mois de Juin, les Alliés firent pand tre vingt-fix vaiffeauxdeguerre Sc un grand nombre de navires de trans■ ports devant les cótes du Languedoc; n ils firent même une defcente au Port de I Cette: ils espéraient être foutenus par al les mécontens duVivarais St des Ceven^■nes-,maisilsneremuerentpas. Le Ducde ENöaüles eut même le tems d'accourir I avec des Troupes Sc du canon, Sc forga al-les Alliés a fe rembarquer. La fortune de la guerre Öffrit cétte pannée un fpeftacle frappant en Espagne i».par la viciflïtude fïnguliere Sc 1'inconJ ftance rapide des évenemens. L?s Al 'i liés protiterent du rappel des troupes riFrangaifes pour frapper.de grands coups, i Ilss'emparerent d'abordd'Eftadellaen Artf ragon: le Général Stahremberg remiporta 1'avantage fur l'armée du RoiPhiI lippe a Almenara. Cette viétoire, quoiJ.-que peu confidérable en elle-même, le ■Tut par-les conféquences, elle réta'biit le courage des partifans de I'Arfchiduc Sc jetta 1'abattement dans ceux j du Duc d'Anjou. Les Alliés perdirent, pil eft vrai, le champ de bataille le 15 d'Aoüt a Penalva, mais cinq jours après i"fut livrée la fameulè bataille de Saragofié ij qui fit craindre pour la fortune du •Duc d'Anjou. Les deux concurrent, vPhilippe Sc Charles, fe trouverent k porTum. IX. M 1710, D'Fspigne. targi V, ii8.  I ; 266 Négociations pour ia tée des deux armées qui fe battirent le combat n'en fut que plus vif &phjs obftiné; mais enfin, les troupes du Roi Philippe, manquant de confiance en leurs Généraux, plierent; & la déroure iut des plus complettes. Philippe ne fe crut pas même en fureté a Madrid; il abandonna la Caftille , Charles entra tnomphant dans la Capitale, oü il fe fit reconnaitre & proclamer. La couronne parut alors. fixée fur la tête de 1'Archiduc. Dans cette extrémité les grands du Royaume demandent un Géneral qui ait la confiance des Troupes. Ils iettent les yeux fur le Duc de Vendóme . qui n'étant plus employé par Louis XIV, vivait dans une folitude & Une übfcunte, dont il ne marquait pas ie momdre mécontentement. Ce Général qui avait le fecret de fe faire adorcr de* troupes, montra ce que pouvait un feu! ' bomme. Philippe n'avait ni foldats, ni argent, Toutcnangea de face a 1'arrivée du Général Frangais. Son nom feul attira une foule de volontaires,tous le cottiferent pour fournir de 1'argent. Le Roi PEspagne fe.vit bientöt en état de pouruivre l'armée des Alliés; le Duc de Venlome ne laifle pas ralentir cette ardeuri ramene le Roi a Madrid, cblige les illiés a fe retirer vers le Portugal les uit, paffe leTage a la nage,prend 'd'asajJt la Ville de Brituega & y fait p/i-  'paix d'ijtréchi. K$ Föfffiier cinq mille Anglais que le Généfral Stanhope y avaic conduits. Stahf;remberg'accourt au fecours des Anglais-, « Philippe animé par le génie de VeuI döme, fe met a la tête de fon armée; il I gagne la 'bataille déciiive de Villa-Viciofa. fCette vicboire de Philippe le remit en i-poffeffion d'un Royaume dont il confer" vait a peine le titre. Charles fe vit conf traint de chercherun azile chez les Caftalans, peuples belliqucux-, opiniatré. f-ment attachés -a fes'-intéréts; les Franfcais ne laifferent pas de prendre Gironjjne dans cette Province ; vers le com-mencement de Pannée lüivante.il ne re' ftait gueres k Charles dans la Peninfule jFEspagnole que Barcelone & Tarragone. K-es Allemands abandonnerent Balaguer ■ffe 2,3 de-Février-1711. L'Arragonacheva. de fe foumettre par la prife de Venasqué i|dont le Marquis d'Arpajon fe rendit taiaitrc le 16 de Septembre. Philippe atïer|mi fur le tróne, fut dés lors en état dé js'y foutenir par lui-même. Quelque defir qu'eut le Prince EuIgene de commander en Italië, les mou * yemens qu'il fe donna pour faire parve-1 jmr 1'Archiduc Charles -a la Couronne Impériale I'obligerent a faire diflerens |pyages tant a la Haye, qu'auprès des Elccteurs, qui furent caufe qu'il lailTa< la conduite entiere de Parmee au Duc ;de Marlborough. Ces deux Généraux M -a tv'io, Erat dés .rmces in s les ays'-Sïïi  -.1711» i „2.68 'Négociations pour Is. fe trouverent enfemblea Ia Haye, oü \l§ conférerent fur les ópérations de la cam1 pagne. Ce Prince eu,t encore une autre entrevue avec le Général Anglais prés de LiHe, lé 15 de Mai, & ils fe rejoignirent encore huit jours après, pour convenirenfemble de ce qui ferait le plus avantageux aux Alliés. Marlborough avait raffemblé fès troupes du cóté de Douai, au nombre de .quatre-vingt qüatorze bataillons , & de cent jquarantecinq eseadrons. L'armée, que le Prince devait commander féparément, était de ^uarante-fept'.bataillons & de cent-onze eseadrons; ce qui faifait en tout cent.quarante fa un bataillons .& deux cent cinquante-fix eseadrons, qui devaient agir dans les Pays-Bas pour la Grande Alliance. Le Maréchal de Villars avait fous fes ordres cent cinquante-fix bataillons, & deux cent vingt-fept esca> drons. On était réfolu de part & d'aüi tre de pouffcr la guerre cette année avec la plus grande activi'té. Mais la more imprévue .de J'Lmpereur tint les efprits comme en.fufpens, ' & arrêta une partie des coups que Pon avait réfolu de porter. Louis XIV commengait fortement fes négociations fecrettes avec 1'Angleterre ; mais Marlborough qui fe voyaft a deux pas du précipice, jugeait avetc' raifon, que la paix entraïnerait infail'.il lemènt fa ruine. Son but, s'il eüt été  paix a">Utr'echi. &6tf ïfécondé, était de forcer les Alliés paf ; des fuccès éclatans, k cöntinuer la gueiv I re -, & ilcouvrait fes intéréts particuliers ' I du prétexte feduifant de 1'avantagé de la I Confédération générale. II avait bien i; encore confervéiecorrimandement desaritnées, mais ia Reine Anne, en le déijl pouillant du titre de Généralisfime, lui j avait óté la dispófition des" em'plois mifi fakes. Les Alliés'pafferent la Scarpe'au cöm: mencemcnt de Mai. La droite de 1'a'rI mée du Prince Eugene ', prit fon pofte 'a' rpéria & a Galezia, la gauche vers le I Warde, oü le Duc de Marlborough api puya la droite de la ficnne. Ce dernier 'i avait fa gauche du cóté de Somraain, & il établit fon quartier -général k Warde. 1 Les Frangais avaient la droite au dela de f frouchain, le centre a Oify ,- & Ia gaurche a Mouchy-le-Piéux; leur armée ij n'était féparée dé celle des Alliés que \ par la Senfée & par des marais, ou des i inondations. ' Le Maréchal de Villars avait fortifié le chateau d'Arïeux, pofte affez impori tant fur Ia Senfée, k deux lieues deDoü- é\ & trois de Bouchain ; mais les AlI lies étaient réfolus de faire tous leurs i efforts pour s'en rendre maitres. Ils esi peraient alors d'éloigner les Frangais pour > fe faciliter- 1'cntreprife de quelque fiege M 3 Les Miis! peident un grand convoi qui Uur ;it enlevé par les Francais»  Ï-7Ï I. 2fO Nêgoc'iatsötis pour la> confidérable, Chaque jour il y avait queL; que escarmouche entre les détachemens, j foit a Pescorte des convois, foit en al-* lant au fourage. Le 9 de Mai les Alliés firent remonter la Scarpe a. quinze belandres chargées de différentes munitions. Elles partirent de Tournai pour • gagner le camp, fous Pescorte dc deux., régimens des Etats,. Ils furent attaquésen route par Mr. de Permangle a la tête de quinze eens hommes. Le combat du=~ ra une heure.,. & Pescorte fut totale-ment défaite ; , elle pérdit cinq- eens. hommes tués, bleffés ou prifonniers. Le Commandant fut au nombre des derniers. On brüla les quinze belandres,.,. & les hommes &,les chevaux. quj con-^ duifaient le convoi, fe fauverent pendant que Pon en était aux mains. Louis XIV inftruit de Ia mort de. 1'Empereur, envoya ordre au Duc.deViilars, d'envoyer au Maréchal d'Har-court, qui cemmandait fur le Rhin, uo| renfort de quinze bataillons & ü'autant de chevaux. Les Alliés en envoyerent. autant pour couvrir la Vi'1 lede Francfort, oü devait fe faire 1'élection future. On fit encore partir de part & d'autre de nouveaux détachemens vers Ie milieu de Juin. Cette diminution des deux cötés, retarda beaucoup les opérations. Les Alliés. s'écartant .de la Scarpe pour. s'öc  paix' d'Utrtckt. 27 r Eéridrë-dans la plaine dé Lens, oü ils voulaienc confommer les fourages, les Fran- _ rjais plus faiblés alors que les Alliés, fe ' tinrent fur la défenfive, &. ne firent d'autres exploits que de s'emparer de. PEciufe d'Harlebeck, qu'ils détruiflrent pour empêcher la navigation de la Lis aux-Alliés. Peu dc jours après le'Prince Eugene & le Général Anglais ayant appris, que le Duc de Villars avait encore fait parcir dix bataillons & vingt-fix Eseadrons, -formcrent une entreprife contre le cnatean d'Arieux y il n'était défendu que par foixante & dix foldats, deux Ciipitaines & deux Lieutenans-, après urtó réfillance opiniatre, il fe rendit auPrince de Heffe, qui en avait forméi'attaque avec des forces dix fors plusconfi-dérab'es & quatre pieces de canon. ■ La garnifon Frangaife "fe rendit. prifonniere de guerre, & le Prince de Heffe y en laiffa une de neuf eens hommes. Le Duc de Marlborough • forma a Douai un detachement de douze eseadrons & de dix bataillons pour foutenir ce pofte, jusqu'a ce qu'il fut dans 1'état oü il le voulait. Le 11 de Juillet au point du jour, les Frangais, fous les ordres de Gaffion & de Coigni, détachés par le Maréchal de Viilars avec quatre mille hemmes, entrerent k 1'improvifte dans le camp qui était fous Douai, com■nëncerent k tailler en pieces la garde ' M 4 ■ 171 ï.  171 i. 1 372' Négociations fotir l&i > qui veillait a fa fureté. Quelques corpsdes Alliés fe raflemblerent a la fortie de leurs ternes, fe jet terent lur leurs faisceaux d'armes que les affaillans avaient oublié de faifir & firent feu,.mais aprèsquelqucs décbarges, ils-furent obligésde cbercher-leurfalut dans une fuite précipitée. Les Alliés perdirent treize censchevaux, plufieurs étendards,. & quelques paires de tymbales; ils eurent mille hommes tués & dix-huit eens blefles. Peu de tems après le Duc de Villarsprofita a fon tour du départ des Alliés}„ iis avaient confommé les fourages de la plaine de Lens, s'étaientéloignésdu cóté d'Aire, crut qu'il lui ferait facile de reprendre le chateau d'Arleu. Le Maréchal de Montesquiou prit le 23 fous fes ordres vingt- cinq bataillons & autant d'escadrons, que le Comte d'Eltaing avait conduit devant ce fort avec. quatre pieces de canon. Les Frangais eurentde Peau jusqu'aux aiffelles, ce qui ne les* empêcha pas d'en forcer la garnifon.après; une belle défenfe. Ala première nouvelle em'Arleux était attaqué,. Marlborough, iétacha le Général Fagel pour foutenir ;e fort. Mais ayant appris en route quees Frangais en étaient déja polïefièurs,. 1 rejoignit le gros de l'armée fans faire, tucune entreprife. Le Duc de Marlborough futdès les iremiers jours du mois d'Aoüt, ufer d'un:..  pai'x d'Ütrech'r.-- 173 ftratiigëme qui lui réuffit. II fit publier qu'H allait attaquer le Général Frangais, alors campé-k Avesnes-le-Conite: il s'en approcha tellement que le 4 au matin les deux armées étaient k la vue 1'une de 1'autre. L'on s'attendait k une bataille fanglante; mais la nuit fuivante, quittant fa pofition il fe mit en marche pour aller pafler lk Scarpe vers Douai, dans le defiein dé furprendre les retrahchemehs des Frangais, qui étaient' derrière la Senfée, de fe faciiiter le' paffage de • 1'Escaut, & de former fans delai ï'inves'tifl'ement dé Bouchain. Le Général Cadogan, avec un corps de dix-fept bataillons & deux mille chevaux, qu'il avait r'affemblés & tirés des différéntes garnilons, devanga Marlborough de quelques lieures, paffa la Senfée fans aucun obftacle , fut fuivi de toute l'armée fur quatre colonnes qui traverfa de même eet. té riviere & gagna lês bords de 1'Escaut, fur' lesqüels le Général Anglais fit jetter huit ponts en toute diligence. . Le Duc de Villars n'avait appris qu'k deux heures du matin les mouvémens des » Alliés. II fe mit auffitót k la tête dé la cavalerie de la maifon du Roi, dans 1'intention de défe.ndre le paffage de la Senfée. C'était trop tard. L'infanterie des Alliés avait marché dix heures de fuite fans fe repofer, & ils avaient déjk foixante eseadrons de paffes, quand leDue M 5  s74 - Négociations pour ia.« 1711. Benchain eft invefti par les Al- de Villars parut; cequi 1'obligea k retrograder vers le gros de fon armée,qui était en "marche entre Arras &Cambrai. L'oncrut encore qu'il y aurait une affaire, mais Marlborough en voulait k Bouchain; & auffitót que les ponts furent jettés fur1'Escaut , il traverfa cette riviere. Le Duc de Villars ne fit aucun mouvement pour 1'empêcher, ayant ordre de n'en pas venir abfolument aux mains, crainte que les fuites ne vinffent k nuire k la négociation fecrette, qu'on avait entamée avec 1'Angleterre. Marlborough ehargea le Général Fagei de former le fiege de Bouchain, avec quinze mille hemmes d'infanterie & mil le cavaliers; ce Général commenga par fe retrancher fortement dans fon camp, oü il avait lieu de. craindre une attaque. II fit élever un fort k quatre faces, „ fur lequel il établit vingt-quatre pieces de canon: forma plufieurs redoutes &. de bonnes lignes de contrevallations, qui le mirent entierement hors d'infulte. II ne reftait plus que le marais par oü les Frangais pouvaient encore avoir accès dans Bouchain; .mais Fagel y fir, avancer quatre- eens grenadiers volon- * taires, avec trois eens pionniers, k for-ce de fascines,- ilsy éleverent un fort, & poufferent différentes tranehées dahs * l'étendue du marais, ce qui interrompie abfolument. ia co.mmunicution entre Bou= -  paix H'UtrechU" 275 ..cftain & le camp Frangais. Ces ouvrag'es furent terminés en trés-peu de • tems, quoique les grenadiers & les tra-' vaillcurs euiiënt de 1'eau jusqu'k lamoitié du corps, & qu'ils fuffent expofés I k un feu très -meurtrier, tant du corps i de la place, que du pofte de Vauvrechin, ; cm était campé le Maréchal de Montes-"quiou avec douze mille hommes fur une hauteur.-\ Le Général'Fagël fit ouvrir la tran- 1 chée devant Bouchain la nuit du 11 au 12-, & formadeux attaques. Mais Marlborough, pour fatiguer la garnifon qui était peu nombreulé, en fit faire une troifieme contre la ville baffe. Les Comtés d'Affri & de Ravignan comman! daient dans la ville quatre mille hommes ■ i d'infanterie & fix eens dragons. Les 1 i asfiégeans avaient quarante-deux pieces de ;; canon, quinze mortiers & onze obufiers. Cette artillerie commenga a tirer enfem; ble le 30, & mit le feu en plufieurs endroits dans 1'intérieur de la place. Le ! Duc de Villars fit tout fon poffible, pour' tfe-ubler les opérations des Alliés. H | tehta même de furprendre Douai pour i: fe dédömmager de la perte de Bouchaio, i' Mais il trouva le Commandant trop bien i fur fes gardes, pour pouvoir y réuffir» Par fes ordres, le Comte de Chateaux- ■ \Morand furgrit un détaehement de Pas-' Mê  1711. 27 qui venaientau fecours,afin qu'elles euffent le tems d'arriver. Les AfTrégeans n'en continuerentpas moins leurs approcbes avec la plus grande adtivité. Ils fe rendirent en peu de jours maitres du chemin couvert a 1'attaque de la droite de la ville haute; & la nuit du 10 au n de Septembre ils emporterent un baftion de la ville baffe. L'artillerie avait fait de fi grandes breches, que le Commandant, . craignant d'être eraporté d'affaut & paffé au.fil de 1'épée, battit la chamade , & propofa de rendre la place, fi on voulait lui accorder les honneurs de la guerre. Le Général Fagel renvoya les Députés au Duc de Marlborough, qui ne voulut recevoir la garnifon que prifbnniere de guerre. On rendit les otages de part & d'autre , & les Affiégeans recommencerent leur feu. Le Comte de Ravignan voyant a la fin, que les momens prefiaient, & que le danger devenait plus grand, fit des inftances auprèa.-  paix PUtrëcm 277, du Général Fagel pour obten'.r que les Officiers fuffent renvoyés en France , avec parole, de ne point fervir qu'ils n'euffent été échangés. Fagel promit d'employer fes bons offices ; & fur cette promefie on lui livra une porte de la. ville. La garnifon fortit le 14 au nombre de trois mille cent hommes, ycompris les malades & les bleffés,& tous furenr faits prifonniers. Marlborough permitfeuletoent aux Officiers de garder leur épée &. leur bagage., Le Général Anglais après la reddition de Bouchain, crut avoir encore afiez de tems pour affiéger le Quesnoi. II envoya a eet eflet a la Haye le Comte d'Albermale, pour en demander la permiffion-aux Etats-Généraux & leur repréfenter 1'avantage que les Alliés retireraient de cette conquêce pour entrer 1'année fuivante dans le cceur du Royaume. Les Députés des Etats, malgré la force des raifons du Duc , répondirent que 1'entreprife était trop confidérable pour une faifon fi avancée. Ils redoutaient les effbrts que ferait le Duc de Villars pour lauver une ville auffi importante 9 par la comparaifon de ceux qu'il avait faits pour Bouchain. lis calculaient les frais énormes que cette entreprife occafionnerait, la perte de beaucoup de troupes, &conc'.uaient, que vraifemblaM 7 171 T.  I7JI. Ülénemcns toaritimes. ?$8' ï Négociaiiem pour Is 3 blement elle fe terminerait k la Ievée du fiege,quand la faifcn pluvieufe rendraic" les approches impraticables, Ils refuferent donc leur confentement, & ajouterent a ces premiers motifs de leur refus, celui de la dévaftation du pays que le Maréchal avait fait lui-même ra vager, pour öter les vivres & les fourages des 'Alliés. Le Général Anglais fe voyant ainfi traverfé dans fes projets, mit fes troupes en quartier d'hiver & fe rendit k la Haye. Le Maréchal mit auffi les fiennes en quartier d'hiver & fe rendit k Ytrfailles, oü il regut lés plus grands applaudiffemens du Roi , de la-Cour & de la Capitale , pour la belle 'conduite qu'il avait tenue pendant la campagne. Marlborough retourna a Londres, oü on lui reprocha ouvertement qu'après tant de dépenfes & une fi forte armée , tous fes fuccès s'étaient bornés a la prife d'un colombier^ car c'eft ainfi qu'ils appellaient Bouchain; La Reine & les Miniftres le regiment fi froidement, qu'il en augura, ou qu'il était disgracié, ou qu'il ne tarderait pas k 1'être. II n'efl pas étonnant que les Anglais & les Beiges developpailent fur terre des eftbrts auffi furprenans, puisque ces deux nations maritimes ne faifaient presque rien fur mer. La France , ait>  . paix'dWrechü 279 contraire, s'illuftrait fur eet élément . par des escadres légeres qui effagaient _ la honte des armées de terre. Les Armateurs particuliers firent une multitude de prifes, - Le Sieur Saces s'em- ■ para le 16 de Janvier de la plus grande parptie de la flotte de la Virginie. II y . eut un combat naval a ,Vade fur la : cöte de Gênes, oü les deux partis s'attribuerent la: victoire. Le Chevalier~ ; Harlei nouveau Grand-Tréforier'de la Reine Anne, pour illuftrer fon entrée. :,dans le Miniftere & .nuire k Marlbo- ïrou^h en diminuant d'autant fes forces, ÉB partir de Plimouth 1'Amiral Walker avec une escadre de onze gros vaifleaux, ;de plufieurs moindres barimens armés sn guerre , & de trente &un batimensde transports, chargés de trois mille cinq iicens hommes avec des munitions de tou- üte espece, pour aller faire la conquête de Quebec , capitale du Ganada. Les ■ troupes de débarquement furent mifes «fous les ordres de Hill, qui n'avait d'auitre mérite qued'être le favoritde Miladi IMasharn. Le 24^ de Juin , le Colonet (Nicholfón les ayant joints k Boston , ils : convinrent que Nicholfón avec fes troupes s'avancerait par Montréal. La ifiotte entra le 1 de Septembre üdans le fleuve St. Laurent. Mais les Ivens. &. Jes-xourans, joints k-un épais.. 1711-  2"Bö ' 'Négociations pour''fa 1711. prife de Kio- Janeiro par Dugay ïrouia. 1 ] brouillard , emportercnt les vaifleaux Ê vee tant de violente entre les Hes &: fur la cóte , qu'ils- perdirent d'abord} huit batimens de transports, oü il y eut prés de neuf eens hommes de noyés : peu s'en fallut qu'il n'cn réchap. pk pas un feul vaiffeau de guerre. Apr's ce désaftre,. on tint confeil; il y futdécidé, que les vaifleaux étaient trop forts pour remonter le fleuve, & qu'il fallait abfolument abandonner' 1'entreprife. L'on fe déeida k reprendre la route de 1'Angleterre oü la flotte re- ' vint au mois d'Oótobre. Pour completter le désaftre ,' PEdgar, que 1'Amiral avait mon té,- fauta en Pair a Spithead avec plus de quatre eens hom- 1 mes : ■ cette expédition coüta aux '' Anglais prés d'un million fterling 1 & 'la perte de plus de deux millecinq - eens hommes fans aucun pro51. De toutes les expéditions navales qui eurent lieu dans cette fanglante guerre; aucune ne fit plus d'honneur i celui qui L'cnt reprit & qui 1'éxècuta, que celle le Dugay - Trouin fur Rio - Janei•o. Elle fit 1'étonnement de 1'Eu■ope par fa hardiefle, & mérita fon adniration par la vigueur de 1'éxécution. [ tio - Janeiro appartient au Portugal 1 ;'eft lii plus grande & la plus riche ville- II  paix (PÜtrecht. 28T I dUBréfil. Eni7io,le CapitaineDu Clerc ■ partit de France pour s'en emparer; I mais fes forces nrétant pas iuffifantcs 5|& fon génie h'ëcant pas capable d'y ■ fuppléer, il fut obügé de le rendre'priI fonnier avec fix ou fept eens hommes. I Ces troupes furent plongées dans des :> cachots oü elles mouraient dc faim & de I mifere. Les Chirurgiens qui panfaient les bleffés furent maflacrés fur les corps jfanglans des foldats. Le Commandant i, lui-même,. après. s'être rendu , fut asl&iïiné. dans la maifon qui lui fervait !d'afile. Dugay-Trouin fe prefenta k la Cour pour punir ces atrocités & pour venger fa patrie; mais 1'Etat épuifé ne i put lui donner les fecours qu'il demahidait. Une compagnie de Négocians y l iuppléa. L'escadre fut préparée avec aui tant de fecret que de célérité ; il cmit k la voile le 9 de Juin 1711, & prriva le 11 de Septembre k la Baye de !Rio - Janeiro. En onze jours il fut maitre de la place & de tous. les forts iqui 1'environnent. La perte des Portujgais fut immenfe : fix cent-dix mille 'icruzades de contribution; une quanti:;té prodigieufe de marchandifes pillées, ibrulées ou transportées fur Pèscaure i.Frangaife ; foixante vaifleaux marchands, trois vaifleaux de guerre , & deux fréigates pris ou brulés, cauferent k cette 1711.  2?2 Négociations 'pout ia ïfTl.r Révólütièn &.ms li Miniftere ^ritatmiqne.i Colonie un dommage de plus de vingtcinq millionss- Enfin le 4 ,de Novembre, Dugay - Trouin fit rëmbarquer fes troupes , ainfi que les prifonniers qui avaient furvécu depuis la def'aite du Capitaine Du Clerc, il ■abandónna la ville aux Portugais , & rentra a-Breft au< mois de Févner.' Mais de tous les cvénemens qui fi-' xaient alors les regards de 1'Europe, aucun ne fut plus■ utile a la France que la révolution qui 1'urvint dans le Miniftere Britannique, ■ Une intngue defemme changea le deftin de 1'Europe. Sara Jennings, Ducheffe de Marlborough , gotivernait la Reine d'Angieterre avec le même empire que le Duc fon Epoux s'était acquis dans 1'Etat. Les deux Epouxgouvernaient 1'Europe. Tant de gloire les éblouit.. Le Duc, infatiable dans fon ■ anibition & dans fa cupidité s'alicnait je cceur de la Reine par fes demandes irnpérieufes &• donnait prife.a fes ennemispar fon amour fordide pour 1'argent. La Ducheffe de fon cóté irrita fa Souverain'e par fes caprices & fes hauteurs. Ne croyant pas avoir-jamais a -craindre ia perte d'une faveur appuyée fur tant de fervices & furie'crédit populaire, elle introduifit dans la confidence de la Reine, une de fes Coufines , Mademoifelle H'ill,connue, apres fon mariage, fous-ie--  paix ei'Utrecht. 283" no'i'fl dc Miladi Masham. Cette. Dame tótudia fi bien le carattere de la Reine, ; qui ne pouvait fe pafier de favorite , ;,qu'elle s'empara de toute fa confiance & ; de toute fon affedlion. Pour mieux affer- mir fa faveur fur les débris de 1'autorité de fa bienfaitrice , elle piqua la vanité i'dela Reine, Pexhortant fans ceffe kgou1 verner par elle - même & k.fecouer le joug de la Ducheffe, dont elle ne flat;tait point le portrait. La Ducheffe de "(Marlborough ne tarda pas- k s'apperce' voir, par le déclin de fon credit ,.qu'eli|le était fupplantée: au lieu de chercher ij par la fouplcffe & des procédés enga-'jgcans & respecbueux, k regagner une Taij yetir fi précieufe ;. elle éclatta en rejjpxoches contre la nouvelle favorite, en 1 préfence même de la Reine. On dit qu'öui: trée d'un refus effuy-é dans le cabinet, elle ! aftedta d'en tirer la porte apres elle au vi[Jage de la Reine avec tant de force que ■! tout l'appartement rfctenf.it du. bruit: i Elleécrivit infolemment k la Reine, ren! dez-moi jüstice cf ne me. faites. pas de i ripoafi. Elle fentit enfuite fa faute ; elle voulut la reparer;. mais el'e trouI va un cceur fermé fans-retour k Iaelé- mence. Son heureufe rivale avait un 1 frere dans le fervice ; ■ la Reine écrivit au Duc de Marlborough dc le pourvoir ,4!uu, regiment devcnu. vacant;mail 1.71.1; Walpile-^ ■ letter XI. Ij, i!iht„".  284" ; Négociations pour" la ' efleeiïuyaun refus.Elleréfolutalorsla rui-r ne d'un parti dont les membres s'étaient ' rendus 1'arbitre & le maitre des affaires, au' pöint qu'elle n'ofait'les disgracier fubitement.Une querelle th'éologique lui fournit" une occafion qu'elle cl'ierchait. Un Miniftre Anglican, nommé Sacheverel ,s'avifa dans fes fermons, de prêcher 1'obéiflan-' ce paflive, dont la conféquence naturelIe eft,que les peuples n'ont jamais aucuridroit dc fe foutcvêr Contre leurs fouverains, qui ne doivent rendre compte de leurs setions qu'a'Dieu feul. Ce principe qui renverfe le vrai fondement de toute 1'autoriré politiqtie ,.. - le - paóte fo* cial, ou contract- origmel, attaquait en mêmé" tems le droit de la Reine a la Cóuronne, qui ne pofait que fur la révolution; dont les Whigs étaient les principaux Auteurs. Mais le Dofteur' éludant 1'application cru'on en pouvait' faire k la révolution dont il exalta les heureufes fuites, Scdédüifant en même tems de fon principe, la néceflité d'une obéïffance, quialfermit les droitsdu tróne & maintient la tranquilité publique, intéreffa d'autant plus la Reine qu'elle commencait a haïr le joug des Whigs ,. & qu'elle fe lentait portéenaturellement' ï r'ouvrir le chemin du tróne a fon frere, excln en faveur d'une tige étrangere. Les lermons de Sacheverel- dé- -  paix d^Utrecht. %%$ .noncés k la Chambre furent déclare's féditieux & fcandaleux: on lui interdit la chaire; mais la généralité de la nation Angtaife., toujours oppofée au parti qui gouverne, regarda pette fentence comme fi douce,qu'bn en triomphacomme d'une viétoire remportée fur les Whigs, Par tout on piaignit la Reine, comme malheureufement obfédée par une cabale ambitieufe,qui la tenait dans leschaines: la Reine voyant les Whigs, devenus odieux k la nation , con'certa férieufement les moyens de les exclure de Padminiftration.' Le Duc de Marlborough ,& le Grand-Trefcriór Godolphin, fon 'parent & fon ami étaient les principaux obftacles k fes vues: quoique Reine, e'était urie entreprife hardie pour elle .de tenter ia disgrace dc deux hommes auffi puiffans , foit par la multitude de leurs amis, foit par 1'éclat de f leur réputation, foit par la grandeur des : fervices qu'ils avaient rendus non feule| ment k 1'Angleterre, mais a toute 1'Euj'-rope. Un pareil projet était trop dangereux en Angleterre, pour 1'cntreprendre fans le concours de la nation. Le Parlement fut dilToiit; on profita de la fermentation répandue dans la nation , on répandit une multitude de pamphlets pour la porter k prévenir le danger que courait, difait-on, l'Eglife & 1'Etat, par 1'afcendant des Whigs* 1711.-  286 "Négociations peur la LTisvtallX. •-76. | >' 0rt. flt dans »n Auteur a'anecootes qua •„ Mr.. CbavifinyAnibafladeur Francais en SulÜe en „ 1716 ayant fait le compliment a Marlborough fur «fes ranipagnes des Pays - Bas. Vous fave2, lui .,, répondit le Duc, ce qua c'eft que le fuccès de „ la guerre ; j'ai fait cent fautcs & vous Sa avcz / „ fait cent & une." Sure de 1'opinion du peuple, la Reine mit la main k 1'ouvrage. Le Comte de Sunderland, Secretaire d'Etat & Gendre de Marlborough, le Grand-Tréfonir Godolphin, Wharton & les autres chefs du parti , furent dépouillés de leurs emplois. Aucun Whig ne refta dans les places.de confiance Le Parlement oü dominait cette faótion, ayant été diffout, on prit des mefures certaines pour y faire entrer des perfonnes dont on fut fur; il fut presque-tout compofé de Torys. Les parens du Duc de Marlborough, renvoyés, fon Epoufe disgraciée, on commenga a craindre pour lui-même: revenu a Londres il eshüya d'indignes outrages; les injures, & les fatyr.es furent le pri-x de fes feridces. Le peuple infulta ce heros dortt il ivait fait fon idole. Orgueil, avarice, wolences, ext-rfions, rapines, fauses démarches, on lui imputa tout.; 3n lui disputa jusqu'a la gloire du cou•ageau milieu de fes fuccès (*). L'Em>ereur & les Etats craignirent eux-mé-  pmx cfWirecht. 287 • mes pour leurs armées privées d'un pa- ; reil chef.., Ils inr.erpofer.ent leur crédit en .fa faveur. La France ne vit pas d'un oeilindif- 'Jérent un changement qui annongait de nouvelles mefures. Quand les Sccaux Ifurent retirés au Duc de.Sunderland, la Gazette dc France remarquas qu'il était le Gendre de Marlborough. Ce fut alors que les Frangais rompirent les conférences de Geertruidenberg; & les Alliés ne manquerent pas de répandre,que , fans ce changement, on leur eüt arraché .les termes qu'on leur demandait. ..On ne tarda pas en effet .a s'appercevoir, que le nouveau Miniftere avait .changé de fyftême. On repréferitatt hautement,que 1'interêtde la nation n'était pas de 1'epuifer en faveur d'une puiffan - ,ce étrangere. On en vint même jus- .qu'a intéreffer la Reine en faveur de ia maifon de Bourbon. Peut-étre aimait- ■ elle Je protecbeur de fon frere infortunct Peut-être efpérait-elle, que la paix lui fqurnirait les moyens de rétablir les .Stuards fur le tróne, & d'en éearter Fodieux ctrangcr, que 1'Acle de la fuc- ,pesfion y appellait .Auffi lui repréfenta-t-on, qu'elle devait défirer, que la maifon de Bourbon fubfiftat dans tóute fa farce. Pour eet objet elle aurait fouhaité pouvoir faire .encore .plus pour lui ; mais 171 %  &S8 'Nêgaciurions-pourh •-Ï711. Lettre XI. elle craignait de s'aliener 1'éfprit de la nation, qui avait rejetté leRoi fon pere, appellé un étranger au tröne & pofé pour Loi fondamentale,.que la fucceffion ,a la Couronne deraeurerait dans la ligne Proteftante. Apr.ès les changemens arrivés dans. ie Miniftere, il parut que les nouveaux Miniftres fuivaient Pefprit de Ia Reine. Les principaux étaient Robert. Harley,. Grand - Trélbrier, St. Jean ou St. John, fi fameux depuis fous le nom de Comte de Bolingbroke fut Secretaire d'Etat. Harley, dit Walpole, n'avait que 1'érudition minutieufe du barreau ; on le croyait inftruit, & it_n'était que myftérieux; paraiflant affinré, fans aucun.génie pour les affaires.;" brülant d'ambition,mais n'imaginantque de petites reflburces pour la fatisfaire, On crut .généralement que cette révolution ferait utile k la.France; elle alar-1 ma tellement les membres de la Confédération que,, pour détourner ce coup, ils firent publier la lettre fuivante, attri-1 buée au Duc de Baviere. .,, Le Roi a regu aujourd'hui des avis fürs, que le Parlement d'Angieterre kété dilfbut, & que les changemens projeftés dans le Miniftere fubfifteront S. M. n'a pas tardé un moment de m'en donner part, afin que je pufte en informer Votre Altefle Electorale. II  /fa'tx 'd'Umèht. 2§9 "31 eft certain que la proclamation d'un Inouveau Parlement, & le changement I général des Miniftres, doit donner beaui-coup d'inquiétude aux Hollandais, &. \ les faire fonger -k la paix. L'on ne doute plus que le Duc de" I Marlborough ne quitte lecommandemenc I de l'armée; & que le parti regnant ne le rlaisfe raanquer de tout , pour le porter k i| ceia. L'on eft perfuadé que les Princes d'Alj lemagne rappelleront leurs troupes, ausr-fitót que 1'Angleterre ne fournira plus i les fubfides accoutumés, & c'eft tout \ ce qu'on craint en Hoilande. Le Roi va travailler a trouver -des . fonds, & employer peur cela tous'les , moyens poffibles, afin de pouvoir co'ntii riuer la guerre: la Cour etant d'opiriion que l'occalion eft venue, & qu'il faut profiter de la conjoncture favorable, n'éUtant pas poffible que les Alliés puiffent • refter amis , après ce qu'on vient de | voir en Angleterre: & qui pourront|ïLs mettre -k la tête de leur armée, .fi le j Duc de Marlborough en quitte le comj mandement ? Vótre Alteffo Electorale connait -tout ce qu'il y'a en Angleterre, & je n'en vois pas un qui foit propre k i remplir cette place. Car outre qu'il j faut un bon Officier, il faut auffi un jhomme de cabinet, qui a;t du crédit }&. de 1'autorité chez les puiffances Al" Tom. L&. N \attéerti  i7u' tégö 'Négociations pour fa liées;ce qu'ils ne trouveront pas dansun autre que dans .le Duc de Marlborough, Le Duc de Hanover, s'il en accepte le commandement, ne s'accordera pas avec je Prince Eugene. Ainfi Pon va abfolu„ment voir une nouvelle face aux affaires. Vótre Alteffe Elecborale me donnera, s'il lui plait, fes ordres fur Ia manier'e qu'elle veüt que je parle au Roi fur cette matiere, & fur ce qu'elle croit de la perfonne du Duc de Hanover. Le Duc de Berwick, qui a été inforl»é avant tous, que ce changement devait fe faire, a ecrit a M. de Torcy, pour le prier de repréfenter au Roi, que c'étoit le véritable tems de tenter une defcente non en Ecoffe, mais en Angleterre; & qu'il fe mettrait volontiers a la tête de vingt mille hommes, pour y conduire,avec un fuccès asfuré, le Roi d'Angieterre. Voila,Monfeigneur,ce que je fuisavoir 1'honneur de mander a vótre Altesfe Electorale par eet ordinaire, je fouhaite avec pasfion, que ces grands changemens puisfent nous mener aux fins que nous en espérons, & que Dierj .veuille favorifer la jufte caufe de yötre Altesfe Electorale, pour qu'elle puisje bientöt voir lorgueil de fes ennemis .abaisfé. Je crois que laXotir de Vienne .fe trouvera bien embarasfée pour cette ;fituauon des affpires en Angleterre. Vqj-  pahx è'ütncht. ' spil ; Ik bien des mefures rompues. &c. &e, U y avait alors en Angleterre un pfe tre Frangais, nommé Gautier, qui avait ; fervi d'aumonier au Maréchal de Tallard. II s'était infinué dans la confiance de la 'Comteffe de jerfey, qui étant Catholique i'honorait de fa protedlion. Ce prêtre donnait de tems en tems avrs"k la Fran ce de ce qu'il apprenait k Londres fur les affaires publiques. Le Comte de JerV Ifey fe trouvait en liaifon avec Harley; :; ayant fgu par ce canal le penchant du : nouveau Miniftere k la paix, il propoa PAbbé Gautier, comme Pnomme le plus ; propre k entamér une négociation, fans B :donner aucun foupgon aux puiffances Alliées. La propofition fut ay;réée; mais on :-prft foin de ne donner k Gautier que ;. des inftru'cbions verbales, II devait fe : borner k faire favoir au Roi: Que les i nouveauxMiniftres, k qui la Reine de ia (Irande-Bretagne avait confïé le foin dé ; fes affaires, louhaitaient la paix, & la croyaient ntcellaire au bien du RoyauHrae d'Angieterre-, qu'il ne dépendait tqae d'eux d'ouvrir une négociation rparticuliere avec la France, étant o#7 UL ƒ »• c f i' r P é n ti Pi CJ d' io fo if Ntcec 'uittcm peur Jje;s,cc,^dhions ü'une P^x generale &crë- Les affaires étaient en eet état; "'Angleterreavair rnamfefté fuffifainmenu ;ans auendre même l'aveu de fes Alliés Jon rishr de conciure la paix. La mort de 1'Empereur Jofeph facilita ffngulierewent. ces négociations. Ce Prince ne aifiait pomt de mafesj 1'Archiduc Ch3j:es^fbn fTere.,. était Ion uniqueaénner On ient combien cette mort vem a Pappui des defirs & du fyltéme du nouveau Miniftere Anglais. luc, deyenu Empereur fous le nom de , s Vl' aUlUlc rëüQjlVellé !e coioffe ie ja puiffance formidable de CharlesJmnr: s'il eüt ajoüfê ia monarchie E<'^no-e a 1'Empjre. Quel zele que ïs Alliés,. dit ie Marquis de Torcy, Psicterre. en ferait ruiné. • 4- 171 r.1  ' ] J t 1 J.amlcitï I VI. { I I 2CÖ' Ndgoddiiöns- pour- lêkk La France fentit elle-même-tout m parti qu'elle avait a ere le filence, qu'il a gardé depuis la eparation des Conférences tenues k jeertruidenberg, & qu'il donne de ïowvelles marqués, avant 1'ouverture de a Campagne, du defir qu'il a toujours onfervé de procurer le rétablifiement du epos de 1'Europe: "mais après 1'expé* ïence, qu'il a faite des fentimens da  paix d'Utrec'it. 297' i cetx:, qui gouverfient aujourd'hui la République de Hoilande, &'des artifices 1 dont ils fe font fetvis , pbur rendre" les négociations infruCtueufes , il a jijIpé k propos , pour lë bien public, d'adreffer k 1'Angleterre les propofitions qu'il croit propres k'fihir la guerre, & t: affurer fortemërit la tranquilité univerfelle . de la Chrétienté. C'eft en cette vue que le Roi offre de' traiter'de la paix fur la bafe de's conditions fuivantes. . I. Qu'on dohnéra aux Anglais des furètés réelles" pour 1'exercice futur de leur comnierce en Espagne, aux In; des, & dans les Ports de la Méditerranee, II. Le (Roi accor'dera aux Pays-Bas' fune barrière'füffifarite p"our la fureté de lia République de Hoilande ; & cette' :barriere fera agféable k PAngleterre i&'k la fatisfaction des Etats: Sa Ma- :jeftë promet, en méMne tems, une entiere (liberté & fureté de commerce auxHólianidals. III. On conviëndra fincérement & Ide bonne foi des voies les plus rai«' ifennables, pour fatisfaire tous les Aldiés de 1'Angleterre & de la HollaoV de. IV. Comme le bon état oü fe trou» vént Ie»--affaires du Roi cPEspagne^ N 5. 171 u  I7ï I. Sjuation d^s esprits tlans les i'ays - BasÜnis.Wagen. XVJi. 399. Nég oeiaihns pour -fa?, fournit de nouveaux, expédiens nouterminer les differends qtii reearEr " cette Monarchie , & poU?Tes £ eff on ?eS Pardes -c/refrlest on racncra de furmoncer les difficultés qui fe trouvent a eet égard & a affi,9 «r les Etats, le Commerce & gené' ralement les intéréts de toutes w parties engagées dans la préfente guS- V. On ouvrira immédiatement !p* conferences pour traiter de la pa"x w la bafe de ces -conditions, & K'' 3f'a!res' ^uele^i nomniSPour ■ y affifter, traiteron t avec ceux de 1'ArX terre & de la Hoilande feuTs,oucoS' hSU f -,le4^POtentiaire f'alfèniole 1 ront, &: laifle a 1'Angleterre le cnófx d'Une de ces deux places, pour y tra ter üe ^ paix générale. / as ia j Ce mémoire fut communiqué au Pen i fipnnaire deHoJiande & aux^ir%" membres de Padminiftration. On y f tait tellement épris d'idées belliqueu/es qu'on regarda le pian propo?é par 1^ ' France comme vague & infidieux^ r! 1 trouva furtout qu'eile ?rena f un iang^ ■ GLtrop fier ppur fa poflUon . ™ gjgxi  fèfx Püirechi; Ep'rj I êè cfoïre, qu'il n'y avait pas eu encore 1 oe négociations préliininaires ; on fit j entendre, qu'en eftet la fituarion des i puillances belligérantes fans diflinétion, l ^"daic 1:1 Pai* neceffaire ; mais qu'il ] faJait bienfe garder de laffer pénéi trer ce defir a 1'ennemi, Depuis la mort I de 1 Lmpereur Jofepli , on commengait I a Joupgonner, qu'il n'y avait plus le I meme intérêt d'ajouter PEspagne & 1 Jcs 'ndes »- 1'höritage* qu'allait reli caeilhr Ion frere. Le Penfionaire HeinI lms comprit'lui-même, que J'ouvra°-e I de la paix en devenak beaucoup plus i]| facile; mais qu'il fallait afredter de vou| loir poulfèr la guerre avec vigueur, pour I arracher des conditions plus favorables j>-lai France. Mais comme la France Ij laiflak ailez- appercevoir le projet de j! gagner 1'Angleterre par des promeffes I parncuheres; il trouvait dans ce plan I des femences de discörde pour la I Confédération. II- ne croyait pas I! devoir ' s'iminiscer dans une né*o* ciation entre les Cours de VerfailSles& de Londres. La France avait,il I eft vrai, paru vouloir renouer les con1 férences de paix par le moyen du Duc < de Lorraine; mais elle avait refufé : d'en propofer la première les conditions» l Onfit,dans le même tems, fonder les Anglais, s'ils feraient inclinés a^une pai^i N '6 - ibid. 4.00.  SOOy Négmoihhs pour la f ^ ■ Artifices «es Anjlais. Torcy III. tSö. 45. raifonnable ? lis avaient répondu, qu'éV tant incïinés.k la fois , k faire la paix & a pourfmvre la guerre, on devait conierver la bonne intelligence avec les-, Etats qui, de leur cóté, ne devaient pas entamer de négociation fans en donner. promptement avis- k la Reine.. Mais dans le tems oü.i-ls endormaient - les Etats fur eet objet, eux-mêmes pourfuivaient , avec ardeur , mais dans ie Plus grand fecret, les négociations avee la France. Ils avaient congu le projet' ' d'en tirer des faveurs particulieres. Le Roi de France, de fon cóté, était d'au- j tant plus dispofé de facrifier la Républi- I que aux interets de 1'Angleterre , qu'ilbrulaitde fe vanger de la maniere or~ gueilleufe &• infolente dont les Etats- 1 Généraux avaient traité fes Plénipoten-, tiaires k Geertruidenberg. Les Anglais 1 eux-mêmes, flattés de nelaiffer dépen-1 dred'aucune autre Puiffance, la fin ou. la continuation de la guerre, lui confeillatent, au cas que les Etats lui fiifenf des avances, de les rebuter, fous pré-texte, qu'il en avait efïityé des demandesextravagantes & des, indignités dans la perfonne de fes Miniftres. Auffi les-* Itats ayant cherché k renouer les conférences par Pentreprife de Petkum Le.uwjyy- écotua froidement leursofixes I  paix' dTJtrick. goi- St\ conformément aux infinuations de la Cour Britannique, répondit , qu'il ne voulait rien éeouter de leur part, .après en avoir effuyé tant de demandes extravagantes , & fouffert patiemment la maniere indigne^.dont ils avaient traité fes Miniftres : qu'il'n'était plus tems de reprendre avec cette République cXisnégoeiations infrucbueufes; .que faMajefté, actuellement engagée avec 1'Angleterre, tiendrait fidelement la parole qu'elle avait donnée ,.. de traiter la paix générale 5 de concert avec cette.Coiw ronne. Auffi 'pendant cinq mois ëntiers-f la négociation. fut - elie continuée entre lés Cours de Londres & de Verfailles, fans que ies Etats fuffent admis dans le fecret. Les Miniftres- Anglais, qui travaillaient a eet ouvrage, Robert Harley , les Ducs de Shrewbury & de Buckingham & les Lords Darmouth & Harcoürt , eurent un foin extréme de ne rien écrire qui put fervir de pieces contr' eux , s'il arrivait quelque chan* gement : St. Jean fut le fetil qui ne prit pas cette précaution ; auffi fut-il le feul contre lequelonfit des procédures fous le regnefuivanr., ce qui 1'obligea de fe retirer en France pour en éviter lesfuites. li. Cour d'Angieterre voulant donner N,7 171 ï. — Ongeil desFrancais k '■ rdgard des Ecats. Torcy IIï.' 69.  zyu. iMirvSé 1 I I I I> ll d c ti \h a „ff2* Nègociatims pouria ' deux Agens pafferem ttrgg' -s Ailies en conféanpn-o *v , ous ' :ffion lei aerait «e emS?' donI la  psix i d'Utrechi.: 303- d?Angleterre, mais encore la fuccefiion k:la Courönne dans la ligne Proteftante, ainfi qu'elle était établie pat les Acles du Parlement. La démolition des fortifications & autres ouvrages de Dunkerque, & le port comblé.- Un nouveau traité de commerce, &. que le Roi d'Espagne eédat. k la Couronne d'Angieterre Gibraltar & Port - Mahon. De plus la traite des Négres en Amérique, dontune Compagnie Frangaife avait alors le privilege &ia pofleffion. . Les Anglais y ajoutaient encore la demande de quelques places dans le Nouveau Monde, pour y rafraichir les Eselaves Négres, qu'ils ytransporteraient,. lis demandaient encore 1'afllirance d'êtfe traités en Espagne • auffi favorablement qu'aucune autre nation ~M &. que les avantages accordés ou qui feraient accotdés a Pavenir k la ' nation la pius favorifee, fuffent communs k: la nation-Anglaife. Que la France les mit en poffelfion de Terre-Neuve, de la baye & du détroit de Hudfon , foit ktitre de reltitution ,. foit de cefiion. Qtiant aux piaces , dont 1'Angleterre & la France fe trouveraient en pofleffion dans 1'Amérique léptentrionale, lors de la ratification des Traités , elles en conferveraient réciproquement la jou'ïflance. Enfin le fecret de ces demandes etait particuiierement recommandé, & ne.deY.ut être réveié que du contente^ 1711.  Politiqt'e intSieÜ'ée des Anglais. Torcy. 304 Negociatiofis "four la' ! ment réciproque des parties'contraflan^ ies. irois points effentiels fervaientencore de bafe k toutes ces propofitions. Le r. la fureté que les Couronnes de France & d'Espagne ne feraient jamais réunies & placées fur une-»meme tête. Le 2. Ia fatisfaétion de tousles AIhes; Le p le rétablifièment & le naaintien du Commerce. Les Anglais ne chcrchaiérrt pas feule- ' ment h, fe conferver Gibraltar & p0rtMahon k Pexclufion des Etats, qui avaient eu part k ces deux conquêtes & ils cherchaient auffl plufièurs avanta°-esparticuiiers pour leur commerce. Ilsetaient tentis k ne pas entrer en - né«-ociation fans Pavis & le confentement des ' autres Puiffances Alliées ;-ils crurerit lansdoute avoir fatisfait k cette oblicatiön en communiquant le premier mémoire dreffé par la France. Elle pour- ' luivic en conféquence la négociation. 6 L'un des premiers objets de la mifiion ' de-Prior, était de s'aflurer, fi la Cour de ' France aurait du Roi, Philippe V, lespleins pouvoirs nécefiaires pour conclure les articles qui devaient le reearder !1 eft cerrain,queLouis XIV avait tous :es pouvoirs entre les mains. Mais :omme les demandes faites par la Cour-' Örtranmquö étaient trop nuifiblcs aas ;&mmerce des fujets des deux Couroa-»-  paix d'Utrechf 505 j nes, pour que Pon put y aquiefcer , I le Roi de France fe décida a envoyer en 1 Angleterre un honime tres - inftruit des ' I affaires du commerce, pour traiteravec. I les Miniftres de. la Reine , abréa;er les I fongueursinévitables, quand on eft obliI gé de faire partir continuellement des I eourriers , & attendre les réponfes de »i part & d'aütrë. Le choix tomba fur Mé;mager, député. au Confeil de commerce jpour la ville de Rouen. Cet Agent partir, I auffitót avec Prior; il fe rendit kLondrcs, . I & foit par fes juftes raifons, foit par fes I talens pour les négociations , non feulefment il confirma, dans leurs feminiens, tics Miniftres déja portés a la paix; ■mais >. il fut encore affermir dans fe même parti, 1 ceux qui pouvaient y avoir une fecret'tc .1 répugnance. Les Miniftres Anglais,.. tbien convaincus des avantages qui cn 1réfulteraient pour la Grande-Sretagne, 's'appliquerent tconvaincre leur nation, ; combien ceux qui les- avaient précédës idans le Miniftere r s'étaient écartés'des ' vrais intérêcs de 1'Etat, puis-qu'en trai vaillant dans la Grande-Allianae k acicroitre la puiffance .Autrichienne , &; celle des Provinces-Unies, ils n'avaienc . jrien ftipulé en faveur:de la Grande-Bretagne, qur, presque feule, fourniffait k toutes les dépenfes de cette guerre.. Ces Miniftres démontraient, qu'il était téms-. dE.fonger a. faire un bon traité de paix».  Les nécociations éventits. ] < 1 J 3GÖ'• Nêgociaüóns pour in- qui dédommageat 1'Angleterre des frais immenfes, qu'elle n'avait pas eraint dei faire pendant toute cette guerre, pour ibutenir les intéréts de ia GrandeAlhance : & la Nation a reconnu enfuite combien ils avaient des vue*', jufi.es fas avantagcufes pour la ■ Patrie. ' ■ • Quelque attention qu'on apportat a: cacïier te lecret de ces négociations importantes , le Comte de'Gal las, Miniftre de 1'Empereur a Londres, futinftruit: par Ion Secretaire , homme intriguant&: adroif, .des allées & venues de Mrs., Ménager & Prior , qui indiquaient une: négociation clandeftine. Le Comte eni donna auffitót avis au Prince Autnïfaien fes alarmes paffe'renrjusqu'a; a Haye. Les Etats rélolurent auffitót' ie faire paffer k Londres le Penfionaire-. Biiys , qui avait eu tant de part aux conf érences de Geertruidenberg. Les en • remis de la paix, le régardaient comme 'homme le plus propre a traverfer les Tégociations lècrettes & particulieres :atre la France & PAngleterre , ou aunoins \ pénctrer tout ce qui fe paffe* au entre les Miniftres Brkanniques, &-* es Agens de la France. Cet homme ' omptait tellement fur fon crédit aupr>s ela Reine Anne, qu'il publiait hauterient , que cette négociation des auyeaux Miniftres.ferait ' romuue-  paix d'Utwkt307* auffitót qu'ils feraient hors de leurs places , £c il aiiiirait qu'ils n'y refteraient pas longtems, quand il aurait eu un entretien avec ia Reine d'Angieterre.- Quoique cette Prineeffe fut trés-ferme, elle ne voulut pas s'expofer aux contradicTions de Buys, avant que l'on fut convenu des -articles préiiminaires. Elle fit rctarder le déparc du Penfionnaire, & donna ordre au Comte de Stafford, qui était fon Ambaffadeur auprès des Etats - Généraux, de fe rendre prompteiaent a-la Haye , & d'affurer leurs Hautes-Puilfanccs, qu'il ferait chargé de pro» 'pofitions dont la République ierait auffi contente, que Sa Majelté Britannique en 'était fatisfaite. . Enfin après bien des conteftations, Mr. Ménager figna le 8 d'Oétobre, les arti.?Jes demandés par la Grande - Bretagne; .& les Lords Darmouth & St. Jean en fignerent le même jour Pacceptation, declarant ,.dirent ils, le faire en vertud'un .ordre exprès de la Reine, qui les accepte, comme ne con tenant que les füretés & avantages qu'elie creit pouvoir pretendre avec juftice, quel que foit le Prince auquel la Monarchie d'Espagne fera affigaée. Ils étaient.congus en ces termes: , Le Roi voulant contribuerde tout fon pouvoir au rétabliflemenf de la paix■ générale., .Sa Majeité deciai:e:. . I7U. Torcv irjï Articles Préliiï,iua> res.  gö'8' Négociations'pour ld ' üambirti. VI 6général de;l 1'Europe. III. L'intention du Roi eft,que tou-i tes les parties engagées dans la guerre:1 préfente, fans en excepteraucune, trcui-. vent une raifonnable f'atisfadtion dans lei Traité de paix a faire: quele Commereé-f foit rétabli &rnaintenu désormais a Pa* vantage deia€rande-Bretagne, de!a Hol*l lande, & des autres nations, qui fonta'c*| coutumées al'éxereer. IV. Comme le Roi' veut auffi' mainl tenir exaétementl'cbfervationde la paix lors qu'elle aura été conclue , & que| 1'óbjet de Sa Majefte efï-j d'affurer lea| Iróntiercs de (On Royaume, fans troubler I en quelque maniere que ee feit, les Etats I voifins, elle promet de convenir par lm traité-de paixfutur, que lés Hollandais ij auront entre leurs mains les places fortfc31 lui-font fpécinées dans ies- Pays - Ba* f.J  \paix d'Utrecht. i ■wr fervir désormais comme de barrière, Mui affure le repos de la République de jHoilande, contre toute entreprife de la " |-part de la. France. V. Le Roi , cpnfent auffi qu'il foit fformé k 1'Empire .& k la maifon d'AuBiche une barrière füre & convena.ble. j VI. Quoique Dunkerque ait cou té ades fommes trés-grandes au Roi, tant Jpour 1'aquérir que pour ,1e fortifier, & 1 qu'il foit néceffaire de faire encore une idépenfe très-confidérablè pour en rafer Jlesouvrages, SaMajefté veut bientoute■fois s'engager k les faire démolir imméIdiatement après laconctufion de la paix; Jk condition , qu'il lui fera donné pour lies fortifications de cette place, un é& quivalent convenable & dont elle foit j Contente. Et comme 1'Angleterre ne Ktéut pas fournir un équivalent, ladisi\ cuffionen feraremife aux conférences qui I fe tiendront pour la négociation de ia 4-paix. yil. Lorsque les conférences pour la i|4iégociation de la paix fbront formées, I- on y discutera, de bonne foi & k l'amiali ble, toutes les prétentions des Princes 4 & Etats engagés dans da ,:préfente I guerre, Strien ne fera omis pour les réis gier Stlesterminerklafatisfadtiondetou)| tes les parties. J)utre ces fept articles, la Reine de- 1711.  h7m. ïlaftruétiojls •du Comte de Stafford pour la 'Haye. : H i •t 'l 1 t -§io Nêgtciariom pour /« manda, qu'il en fut ftipuléun particulier en faveur du Duc-de Savoie, & il fuc rédigé en ces termes: Le RoLpromet de rendre au Duc dé Savoie, les Etats & territoires qui appartenaient a ce Prince au commenaement de cette guerre , .& dont les armées Franyaifes s'étaient emparées. ij Roi confentira de plus, qu'on céde audit Duc de Savoie en Italië, les autres places qu'on jugera convenables au fens des traités, entre ce Prince & fes Allies. . Auffitót que ces Préliminaires enrertt eté fignés, ie Comte de Stafford partu pour la Haye, chargé d'inltruftions, qui , lous les apparences de faire des promeffes aux Etats- Généraux , contenaient de veritahles menaces, fi la République differait de donner les mains a ouverture d'un congres, pour travailler a la paix générale. Ces promeffes ' -taient concues en termes alfez va;ues La Reine y déclarait cependant. ■' ju'il n'y avait point de commiflions qui puffent la porter k faire la paix, fans une atisfaction raifonnable pour fes bons ams & Alliés les Etats-Généraux, par apport a leur barrière, a leur commere, & a toutes leurs prétentions. Mais n même tems fon Ambaffadeur devait ; £i*r infinuer, qu'ils devaient fe rendre iciles fur la barrière , & fe retóchcr de  paix tPUirecht. feaucQup k eet égard de leurs prétentionsantérieures, qui ne pouvaient dans leur totalité, que déplaire k toutes les autres Puiffances , même k la maifon d'Autriche. Elle ajoutait., que fi les sEtats- Généraux continuaient a montrer ..leur inquiétude fur .ce qu'elle avait traité avec la France, & fur ce qu'elleavaït commencé par convenir fur les avantages de fon propre Royaume, elle aurait uq Bufte fujet de fe pfaindre de leur ïnjufti,ce. Enfuite elle ordonna k Prior d'a^vertir leurs Hautes - Puiffances de fe déterminer incelfamment Iur le choix du lieu du Congrès , & d'envoyer au plutót des pafieports pour les Plénipotentiaires de France : puisque nous fommes, dilait-elle, perfuad.es qu'il elt important de travailler lans delai k cette grande affaire , afin de n'ètre plus expofés k différer, d'un cóté, les préparatsfs de la campagne, & de 1'autre, k faire une dépenfe inutile; au cas que nous ve» pions a mettre la derniere-mainaux traités dont il s'agit. La Reine ordonnait pofitivement k ion Ambaffadeur, de déclarer aux EtatsIGénéraux., qu'au cas qu'ils voulullent continuer la guerre,'en refufant des .conditions de paix inférieures k celles ,2. ;gI2 Nêg&ciatïotu pour Ja verfer le fang & les tréfors de fes fujets, comme elle Pavait fait jusqu'alors,, pour leur avantage & leur fureté; mais qu'elle était auffi obligée a leur rendre juftice, -&-a ne pas décevoir fes A1-' liés. Par cette raifon , elle leur dé- ' clarait par fon Ambaifadeur &.Plénipotentiaire, qu'elle ne pouvait plus foutenir le fardeau inéga!, dont on avait augmenté le poids 1'année précédente, ni les relachemens de fes Alliés dans toutes les parties de la guerre; & qu'il était évident qu'il faudrait faire de plus grands efforts qü'on n'avait fait jusqu'alors , fans quoi on ne pourrait fe flatter de parvenir aux fins que l'on fe propofait ; qu'il ferait nécelfaire que chaCun fournit exacfement a Pavenir ion I contingent de vaifleaux &c de troupes. I Si, cependant, ajoutait la Reine, les Miniftres de Vienne & de Hoilande i refufent , comme ils ont fait jusqu'a préfent, nous voulons & vous ordonnons de conclure. La Reine en virtt 1 au point de parler d'un endroit pour tenir, au plutöt, les conférences, & propofa de la part de la .France, Utrecht; Nimegue, Aix-la-Chapelleou Liege. EUe affignait même 1'ouverture des conférences au ia de Janvier 171a. Stafford I s'acquitta ponótuellement de fa corn- I miffion. II y mit toute 1'ardeur & I'im- .Pé-,  paix d'Utrechi. 31^ fétuoïïté de fon caradtere. Mais qnel fut 1'éconneraenc du Penfionaire Buys lorsqu'on lui communiqua les fept articles. II ne pouvait plus douter qu'on ne pensat férieufement a la paix. II ea Jut outré. Il n'avait pas encore fait voile pour 1'Angleterre. 11 revint k la Haye: mais le Penfionaire Heinfius & les autres Chefs du Gouvernement parurent j>lus modérésils ne rejettaient pas ia paix; ils voulaient-, dirent-ils-, Pavoirfüre, ferme & durable. Stafford', pour mieux les intimider , fe plaignit vivementdes Rois dePologne, dcDancmarck & de Pruffe, qui, fous le plus léger prétexte, menaeaient toujours de retirer leurs troupes. En général les Etats trouverent les articles de ceprojetapporté par Stafford auffi obfcur qu'bérilfe dedifficultés. On avait jetté les yeux fur ce Seigneur , paree qu'il avait un caraélete impétueux, propre a brusquer une entreprife & a mettre en défaut la lenteur pefante des Etats-Généraux. Les Etats cbargerent même le. Peniionaire Buys de détourner la Reine d'entamer un» négociation fur un plan auffi vague. Les Hoilandais trouvaient lurtout qu'on n'avait gueres pris leurs intéréts k coeur fur Partiele de la Barrière ; mais St. Jean avait déclaré qu'il n'était pas de Tem. IX. O 171 T. Seniitnen* des Etats furies fep articles. Oéiobre. Torcy. ]]', U'. Lambtrtr, VI. 695. Tsrcv. III, 148;  1711. Conduite de üuys en Angleterre. 314 Négociations pour la de 1'intérêt de 1'Angleterre qu'elle fut fi étendue & fi forte. L'Archiduc Char• les, elu Empereur, apprit a Milan la négociation qui fe failait entre la France & 1'Angleterre,& il y reout les fept articles. II écrivit auffitót "aux Etats-Généraux, pour agir de concert avec eux, & pour rompre, s!il était pofiible, les mefures prifes par ces deux Puiffances, pour parvenir a la paix. II écrivit en même tems a la Reine Anne, pour lui renouveller les marqués de fa reconnaiffance pour tous les fervices qu'il en avait regus, & pour lui en demander la continuation. II iui déclara que la guerre de Hongrie étant totalement terminée, il pouvait augmenter de vingt-cinq mille hommes le nombre de troupes que Ia maifon d'Autriche avait fourni jusqu'alors: il répéta fes prétentions a la Couronne d'Espagne, & s'efibrga de perfuader qu'elles étaient étroitement liécs a la caufe commune, &; a la liberté de 1'Europe, pour lesqueiles on avait répandu tant de tréfors. & facrifié la vie d'un fi grand nombre de combattans. Après *Parrivée du Comte de Stafford en Hoilande, Buys n'y refta pas tongl tems. II palfa promptement a Londres, &fut admiskl'audiencedelaReine. Mais il vit que ce crédit, dont il s'était fi hautement vanté, n'avait pas le pouvoir de rom- f  peix éTUïrechi. gig 5pre les négociations avec la France. II apprit de la bouche même de la Reine le defir fincere qu'elle avait de faire ia paix, ce qui lui fut plus amplement encore confirmé par les Miniftres. On avait en Hoilande la plus haute opinion de Buys Les discours ordinaires a la Haye dit le' Marquis de Torcy, roulaient communément fur la néceflité de faire de nouveaux efForts & de pouffer la guerre plus vivemcnt que jamais. On s'élevait contre la conduite du nouveau Miniftere de ' la Cour de Srt James, on la traitait haütè.mentde perfidie. On voulait prévoir,& tout au moins faire croireiaux peuples que la plus faine partie de la nation Anglai'e forcerait les traitres a renoncer a Leurs négociations pour la paix. Buys, envoyé en Angleterre, était regarde comme une reflburce; on espérait tout de fes pratiques fecrettes, encore plus que de fes discours. La principale commisfion de ce Député, était de fouffler le feu dans Londres, & par quelque voie que ce fut, de faire en forte que le nouveau Miniftere fut changé. II était lui-même fi perfuadé de la réuffite de fa misfion, que croyant facilement ce qu'il defirait avec ardeür ,il -avait dit avant fon depart, que,htót qu'il aurait entretenu ia Reine d'Angieterre en particulier, dans fon cabinet, elle ne laifferait en place aucun de fes nouveaux Miniftres, O 2 I_7I I. torcy Uü lóxi  171 u 'Wagen. 316 Négocittiions pour Ja Louis XIV bien informé de ce qui fe difait I k la Haye, fit communiquer aux Miniflres mêmes les avis qu'il recevait, & leur demanda quelle réfolution prendrait la Reine, fi les Etats-Généraux perfiftaient k refufer ou k prolonger 1'expédition demandée par 1'Ambafladeur d'Angieterre, L'cxpéd'ient, pour punir leur opiniatreté,en ce cas-lk, était d'ouvrir les Conférences leulement entre le Roi & la Reine d'Angieterre, d'y con- 1 clure de concert tous les articles de la \ paix générale, en privant les Hollandais ,de 1'autorité qu'ils prétendaient de ré- | gier les deftins de 1'Europe. Le Roi I ofFrait de faire paffer fes Plénipotentiai- 1 res k Londres, & que du moment que toutes les conditions de la paix auraient été réglées dans les conférences partieulieres, les Anglais jouiraient de tou- J Xe la faveur de la paix. Les Miniftres Anglais parurentaBuys I entierement dévoués k la Cour de Fran- 1 ce. Comme il fe plaignait du dernier I ■plan propofé par la France; on ne de- | vait, dirent-ils, le regarder quecom- 1 me une introdudtion k une négociation 1 ultérieure; chacund&s Confedcrés avait .encore la liberté d'aliéguer fes préten. 1 tions; on y promettait même de leur donner fatisfadtion: cette promelfe, il eft vrai, était vague & générale, mais I ^usfi les conférences de la Haye & dg ï  paix d'Üjrecht. fi? i Geertruidcnberg n'avaient manqué qui 1 par la négociation des- articles particu | üers. On ne devait pas encore exigei 1 des déclarations particulieres qui pour 1 raient faire perdrc du tems ou occafion1 ner des diflïcultés: le grand point étail | d'ouvrir un Congrès- Buys trop pénéI trant pour nc pas voir que 1'AngleterrÉ I n'entretenait pas,depuis filongtems,dei I négociations particulieres avec la Franif ce, fans avoir préparé les articles par| ticuliers favorables a les prétentions, I obferva „ qu'il y avait dans le plan des J „ Frangais , des articles particuliers; i „ mais d'une maniere enveioppée & J „ obfeure, principalement par "rapport | aux Barrières des Etats & a l'indenv i „ nifatïon pour Dunkerquc. En regarI „ dabt même les propofitions comme 1 „ générales, il .convenait que la FranI „ ce s'expliqua-t plus au long, afin que I ., la Reine & les Etats puflènt délibeI „ rer, s'il convenait d'éntrer plus avant „ dans une négociation." 11 affectait' d'ignorer combien 1'Anj gleterre était déja avancée avec iaFran|i ce. Auffi n'eut il aucune réponfe fatis:| faifante. St. Jean écrivait même alGrs au ; Gomte de Stafford,que ceux ltfetromi paient beaucoup, qui s'imaginaient fai; re changer Sa Majefté par leurs fubter' fuges & leurs artifices, & que la Reine i n'entrtrait dans aucun plan pour con0 3 r ! 171T' i Rapport du Commit- téfccreU '  ' »7"- jaloufie de Etats pou leurs Bar'ïieres. vi. 6q8. Tbrcy* ii 20g. 318 Négociations pour ia tinuer Ia guerre, a moins qu'üs ne confemiffent a 1'ouverture des négociations de paix. i Le grand pointque les Etats prenaient lc ' plus a cceur, était Partiele de leurs Barrières. Ils fentaient en avoir d'autant plus beibin contre la France , qu'ils avaient irrité, au dernier point, cette puisfance qui pouvait trouver dans la fuite quelque occafion favorable de fe vanger, fi on ne la mettait pas hors d'état de le faire par des arrangemens falutaires. La République avait laiffé échapper 1'occafion de forcer les Frangais a une compofition ax'nntageufe aux conférences de Geertruidenberg: les affaires avaient changé fingulierement de face par les fuccès de Philippe & Pélévation de Charles fur le tröne Impérial:. ils avaient d'autant plus lieu de craindre de ne pas même obtenir les avantages qu'ils avaient refufés, que le Miniftere Anglais paraiflait d'intelligence avec ie cabinet de Verfailles. Leurs craintes ne tarderent pas a être vérifiées. LeRöi de France infinua fes intentions.a eet égard dans un écrit daté du iS de Novembre, pour fervirde réponfe a la demande des Miniftres '• Anglais fur eet article. II offrait aux Etats-Généraux de leurlaiffer pour Bar . rieres, Menin, Ypres &Furnes. Ildemandait pour équivalent Aire, Bethune,St. Yenant, Douai, Bouchain; & pour dé-  paix d'Utrecht. jr^ dommagement de la démolition du port de Dankerquc , les villes & chatellennies de Lille & Tournai. Le Roi confia cependant k la Reine de la Grande-Bretagne, qu'il fe contenterait de la reftitution de la ville & de la citadelle de Liile avec fes dépendances, & fe défifterait de celle de Tournai, plutót que de retarder la paix en infiltant opiniatrémcnt fur cette reftitution. Unecondition que ce Monarque avait kcceur, était celle du retablitfement de l'Eleébeur de Baviere dans tous fes Etats, rang & dignités, avec la reftitution cornplette de ce qui lui avait étéenlevéd'artillerie, meubies, pierreries, & généralement de tous fes effets. Le Roi jugeait que s'il était imposfible d'obtenir en faveur de ce Prince une reftitution fi jufte, peutétre pourrait-on le porter a céder lés Etats & lil dignité d'Ele&eur k Ion flls, lui donnant en même tems en mariage PArchiduchelTe,fille ainée du defunt Empereur Jofephl, a condidon cependant que l'Electeur aurait pour.lui la Souveraineté des Pays-Bas, & s'en contenterait en échange dc la Baviere, laisfant aux Hollandais la garde des places fortos, & le pays chargé de Pen tre tien des garnifons. La propofition d'accepter des articles fi inferieurs k ceux qu'ils avaient refu0 4 Torcy III. 205. Demarche des Etats  1711. pour faire tclioucr le; vups i!u S'-rnifttie /\8glais. Torcy III. jyo. 137. 1.65. 176. 3g3. 2£I. = 23. 136. T56. 276 Qolingir. JLettreVni. l'Z-agcn. xvii. 43s. 3-20 Négociations peur i& fes a Geertruidcnberg , ne fut pas- ït fcule mortification que regurent les E.-tats. On ne put dans. la République s'aveugler fur la réfolutiondécidée du. Miniftere Anglais pour faire la paix: les. efprits n'étaient pas encore aflez préparé s pour goüter fubitement une propofirion pareille; ausfi recueillait-on avec avidité tout cc que 1'efprit de parti & de liberté enfantait en Angleterre contreles nouveaux Miniftres; les membres dugouvernement eux-mêmes, authorifantles préventions populaires , parlaient ouvertement contre les Miniftres An-. glais: ceux-ci inftruits de tout, n'en étaient que plus animés; ils cherchaient1'öccafion de fe vanger ,: &■ les intrigues des Miniftres des Alliés n'avaientpas. tardé k la leur oftrir. Buys voyant la difficulté de gagner la Reine, réfolut, d'accord avec le Comte de Gallas, Ambafiadeur de la Maifon d?Autriche de favo-, rifer une révolte que les Wighs projettaient pour le mois de Novembre, le jour même que la populace de Londres y fait brüler 1'effigie du Pape. Ilseroyaient mettre k profit le tumulte dece jour la, pour exciter un foulévementdu peuple contre les nouveaux Miniftres, & forcer la Reine k éloigner de fa perfonne tous ceux k qui elle venaitde,donner. fa confiance, afin de retabliü  paix d'Utrecht. 32 r les- anciens Miniftres. Dans les mémes eirconftances , le Comte de Gallas reeut d'un des Bureaux des Sécrétaires d'.Etat, un paquet en forrne de lettresIcellé du fceau de la Reine. II contenait les articles fignés- par Ménager & par les Lords Darmouth & St. jean; mais fans aucune lettre qui lui fit connaitre de quelle part lui venait eet envoi. On? ne peut diseonvenir qu'un procédé fem* blable ne fut .plus qu'' irrégulier, furtout envers un homme de diftinétion. revêtu d'un caradtere public, par conféquent refpeétable. Mais la conduite que tint le Comte fut encore plus contraire k ce qu'il fe devait k lui-même, au caractere dont il était revêtu, maisfurtout k fon devoir envers la Reine,, qui jusqu'alors lui avait marqué la plus grande confidération; au lieu de lui porter direétement fes pla'intes, il fit ima primer ces articles, les répandit dan,s: Londres, & y tint les propos les plus indécens fur la conduite du Miniftere qu'il accufait d'avoir manqué de foi, & d'avoir manifeftement violé les articles de la Grande Ahiance. II dilait hauternent que c'était 1'ouvrage de ceux qui dirigeaient les affaires dans Ie cabinet de la Reine; qu'ils s'étaient laifTé corrompre par 1'or & les promesfes de la France , & qu'ils facrifiaient k leur intér&c particulier 3 non-feulement l'honneur,&. O 5 1711;  §2.2 Négociations pour Ta> 1711. la fureté de laGrande-Bretagne,mais en^ core celle de 1'Europe entiere. La Reine eut d'abord peine a croirele procédé du Comte de Gallas qu'elle avait toujours eftimé; mais les preuveu qu'on lui en mit fous les yeux, furent bientöt fi convaincantes, qu'elle lui fit notifier par le Maitre des Cérémonies qu'il s'abftint de parattre k.la Cour, & de faire aucune fonetion de Miniftre public: qu'elle ne le regardait plus comme en ayant le caradtere,& que fi 1'Empereur avait quelque chofe a traiter avec elle, il devait le faire désormais par le Miniftere d'un autre Ambaffadeur. Cette notification aurait du porter leComte k dire adieu k la Capitale de 1'Angleterre , mais il répondit que tenant, fon caraétere de 1'Empereur, il en conferverait toujours le titre, jusqu'k cequ'il plüt k la Cour Impériale de le rappeller. Dans 1'intervalle qu'il attcndait le fentiment de 1'Empereur, il continua •fes intrigues avec Buys. lis s'unirent. 1'un & i'autre avec Bothemer, Envoyé du Duc de Hanover qui avait alors Ie: plus grand crédit dans le pqrti des. wighs; ce Prince, héritier préfomtif de la Couronne Britannique en vertu de 1'Aéte du Parlement, était fort attaché a cette fadtion. Ces trois hommes formaient toujours les plus hautes espéraaces. fur. le. fuccès de 1'éüje.uts.  paix dyUtrecht. 323 qu'ils projettaient, & ils penfcrent qu'il convenait aux intéréts de la Grande Alliance , d'attirer a Londres le Prince E ïgene. Ils attendaient tout des égards qu.' la Reine aurait pour un p'erfonnagede ce mérite. Charles crut ce voya°-euti| le a fes affaires, & il fut réfolu dans , une entrevue qu'ils eurent a Infpruck, , Eugene prit fa route par la Haye, il écrivit a Ia Reine pour demander fi elle trouverait bon que, fuivant fes ordres, il le rendit auprès d'elle. La . Reine venait d'être inftruite du comI plot des Wigbs-, & qu'ils fe prometI taient de faire arriver le Prince Eugene ; a Londres le jour même que Pon brüle: rait Peffigie du Pape , que fous pré1 texte de faire honneur au Prince, un 1 grand nombre de leurs partifans mon1 temt a cheval & favoriferait le tumulte. I Elle prit les mefures les plus effkaces pour détourner ce coup, & les chefs fe voyant découverts n'oferent exécuter leur complot. Le Comte de Stafford, ; regut ordre de rompre le vovage du Prince, ou de le différer du moins, jusqu'a 1 ce que le jour deftiné au foulevement il fut paffé, & que les affaires de la négo1 ciation fuffent plus avancées, & le Comte jTOtint ce délai. Quant au PenfionaireIJiuys, il regut des reproches trés vifs, quand il prit coneé du Confeil Britanni; %ue. Le Grand-Thréforier lui dit en fe, O 6 i7fr  M- -l - licCongri fixé 1 UtrechE. 324 Négociations pour- Ia ce, qu'il s'était comporté non comme Miniftre d'une Puiffance amie; mais comme un incendiaire, envoyé pour mettre tout en feu. II ajouta que fes manéges, qu'il croyait fecrets, étaientparfaitement connus; que la Reine étaiE exacbement inftruite de fes liaifons avec. des perfonnes dont les intentions étaient juftement fufpectes kSa Majefté Britannique , & qu' Elle avait fèVjusqu'aux moindres discours que fes.amis & lui avaient tenus. H lui indiqua même la maifon ouil avait été le foir précédent, lui nomma ceux qui s'y étaient trouves, & lui répéta les discours qu'cn y avait tenus. Qn ne fait pas ce que le Penfionaire allégua pour fa défenfe. II en eft qui croyent qu'il avait fuivi ,. malgró lui, les ordres expres de fes maitres, Le Grand-Thréforier.finit par lui préfenter, pour préfent ordinaire, une bourfe de mille ducats qu'il accepta. II eft certain que Buys avait eu le talent.de découvrir les articles fecrets qu'on lui niait avoir été ftipulés entre les deux Cours de Verlailles &.de Londres. s; Les chefs du gouvernement des PaysBas-Unis, fe laiffant gagner-par le cri général, difieraient cependant toujours de fe décider fits 1'ouverture & fur le lieu d'un Congres. Ce fut fans doute alors que 1'Abbé de Polignac leun appliquA ce mot fi connu; Mejpeur^  paix■■ cPUïrschU 3-25 nous- tr ai ter ons chèz vous 4. nous ir alter ons fans vous & nous tr alter ons de tous. Au moins eft - iL •certatn qus la Reine d'Angieterre les■'merjaga-de. fake fa paix particuliere, s'ils dilf'eraient plus long tems de prendre une détermination. La France avait toujours incliné pour queleCongrès fe tint- a Utrecht: les.Etats de cette Province avaient toujours paru les mieux dispofés pour la paix; cette ville étant d'ailleurs k la portée de la Haye, il était facile d'en tirer les réponfes qui mettraient. une prompte conclufion a eet ouvrage falutaire. Les Etats furent alors ébranlés :- pour les déterminer, le Comte de Stafford paria fortement au Grand - Penfionaire Sc aux autres prineipaux membres. 11 en vint jusqu'a leur dire que les Etats-Généraux devaient faire ufage de leur prüdence ordinaire,, pour mériter 1'affedtion que leur marquait Sa Majefté Britannique: que s'ils s'obltinaient k retarder 1'ouverture du Congres,„Sc k dif=férer les paffeports néceflaires pour y parvenir, la Reine pouvait obtenir de la France qu'il fe tint- dnns unc ville dépendante de fes domaines. II leur fit entendre que s'ils ofaient marquer feulement le moindre doute fur la bonne foi de la Reinp, & fur la droiture 'de fès inxentions, ce ferait un manque de res0.1 12,1 e'i Was>>n. xyit. 42j  rri i. 316- Wgeciations pour ia fpect, qui leur attirerait indubitab!'s> ment toute 1'indignation de Sa Majefté.. Ces menaces intimiderent: & les ÈtatsGénéraux en vinrent enfin k promettre d'expédier les pafleports; mais ce nefut qu'kprès que. le Comte eut écrit deux. lettres au Grand-Penfionaire. II y ré? pétait les mêmes menaces^ il ajouta que la Reine regarderait tout retard affecté, comme un refus;,ce qui 1'óbligerait de fe, féparer de la caufe commune,, au grand désavantage de la R'épublique,. & même de toute 1'Europe. Ces paffeports tant demandés,, furent enfin expédiés, maison les envoya en blanG au Penfionaire Buys,. chargé de faire de nouvelles alliances avant. de les remettre k la Reine. Ce Député avait en Angleterre un fuccès bien différent de celui dont il s'-était flat té : fortement preffé par le Comte d'Oxford de répondre en termes pofitifs k cette queftion: vos maitres font-ils en état de réparer le paffe, & de fatisfaire désormais k tous leurs engagemens? il avait été forcé d'avouer qu'il était impoffible k la République de remplir ce qu'elle avait promife. Ne pouvant donc que retarder la remile des pasfeports, il prétexta que le Duc d'Anjou n'étant pas reconnu Roi d'Espagne, fes Miniftres ne pouvaient avoir entrée au Congrès fouscette qualité. II déclara enfuite que ceus-.  paix d'Uirecht. J27 des Eledteurs dc Baviere & de Co'ogne ne pouvaient y être égaiement admis, paree que ces Princes avaient été mis au ban de 1'Empire fous le défunt Empereur. Cet incident qu'on n'avait pas prévu, fut communiqué il la Cour dc France, & le Roi condefcendit a cette demande des Alliés. II avait nommépour fes Plénipotcntiaires le Marécbaf q'Uxelles, 1'Abbé de Polignac & M. Ménager. Enfin, au mois de Novembre M. de Torcy regut la lettre fuvante du Sécrétaire d'Etat St. Jcan avec les pasfeports , quoique la réponfe de Louis. XIV ne fut pas-encore parvenue a Londres. Monfieur . . . . les Seigneurs" EtatsGénéraux des 'Provinces-Unies ayant -concourru, par leur réfolution du 21 dece Mois, nouveau ftile, avec Sa Majefté, pour faciliter 1'ouverture des Conférences dans les articles fuivans. I. Lc lieu qui a paru le plus proprepour le Congrès, a été la ville d'Utrecht. II. Le 12 de Janvier prochain, nouveau Stile, a été fixé pour 1'ouverture dudit Congrès. III. II a été arrêté que les Miniftres de la Reine & des Seigneurs les Etats s'y trouveront en qualité de Miniftres Plénipotcntiaires, & qu'ils ne prendront fur eux lc caradiere cPAmbalfö.- 171 u  r,7i1. js i Kigociutlons, pour < li* deurs, que le jour de la fignature de ]& paix,. afin d'éviter le plus qu'il fe pourra. 1'embarras des cérémonies,.& la Iongueur qui en pour-rait naitre. IV. La Reine & les Etats-Généraux.infiftent que les Miniftres du Duc d'Anjou, & des ci-devant Electeurs-de Baviere & de Cologne ,., n'entreront pas'au Congres,, jusqu'a ce que les pointsqui les pourraient regarder,, aient été ajuftes; &, la Reine & les dits Seigneurs Etats foncfermement réfolus de ne pas envoyer les paifeports pour lesMiniftres de France , que le Roi , n'ait: préalablement déclarê que 1'abfence des-. Miniftres fusmentionnes 9 ne retarde* ra pas le progrès de la négociation. Les lettres circulaires ont déja été; écrites par Sa Majefté a tous 'es Alliés,. qui font.engagés avec elle dans la préfente guerre, en conformité des trois-. articles ci-deffus fpécifiés, & la Reinem'ordonne de vous faire favoir , que dés qu'elle recevra la déclaration de Sa Majefté Trés-Chretienne, fur le dernier de ces quatre articles, les paffeports qui fontici en blanc, vous feronc e'nvoyés avec le nom de M. le Maréchal d'Uxélles, de M. 1'Abbé de Polignac,„ 8c dti Sieur Ménager qui y feront inférés, a moins que le Roi n'ait fait quelque changement a la première nomina:ion dont vous m'avezfaitpart.Comme noa-;  paix dKJtrechu 3U9 ftulement les Miniftres de Sa Majefté, mais auffi plufieurs de fes Alliés, qui doivent affifter au traité de paix futur font préfentement ici, je vous prie, Monfieur d'en envoyer les paflèports néceiïaires , pour qu'ils puiflent fe rendre en Hoilande avec plus de- fureté. Tc luis &.c. - Cependant Buys ne perdait pas fon tems a Londres. Voyant qu'il ne pouvait rompre les négociations, fon efprit fé cond imagina de renouveller les anciennes alliances entre 1'Angleterre & les Etats. H négocia cette affaire dans le plus grand fecret, comme fi elle eüt déja pu paffer pour un crime. On s'y promettait mutuellement de ne pourfuivre la guerre &- de ne négocier la paix que d'un commun accor'd ; mais comme en Angleterre on fe refufait a ia ratificatton du Traité de barrière, conclu en 1709, il ne parait pas que les E^ tats aient ratifié ce traité.' Les efprits étaient alors tellement portés pour la guerre que le Confeil d'Ëtat , dans la petition annuelle qu'il publia , le 1* de Novembre, fit un erpece de mémoire pour en perfuadcr la néceffité & même pour rallumer, s'il était poffible, 1'aiv deur qui femblaic Te ralentir partotit contre la Fraqce. Lii Reine Anneau contraire, a \*wt 171 r«.. Renouvc1- • lement de l'alliance entre 1'Angleterre & les Etats Lamberti VI. 737=. 71 t. IVageii' XV1I..413»  T7U. Transccuonsdans le Parlement d'Angicter ie. hnmberti 35° Ntgoc'iaüotis peur la verture du Parlement qui fe fit le 8 de Decembre,avait hautement déclare fon pen~ chani- pour la paix. Elle difait même que mal»ré les artifices de ceux qui aimaient la guerre, elle avait fixé le tems & le beupour Pouverture d'un traité de paix gé. nérale. Elle affüra qu'elle employerait tous fes foins pour qu'après une guerre qui avait couté tant de lang & d'argent, les fuictsde la Grande - Bretagnfc puffent trou'ver leurs intéréts de négoee & ce commerce augmentes & étendus, avec tous les autres avantagesqu'une Souveraine tendre & affectionnec peut procurer a un peuple obéiöant & fidele. Elle ajoüta, qu'elle ferait égaiement tout fon pofiibie pour procurer aux Princes & aux Etats eugagés avec elle dans la guerre, une lati-staction raifonnabie, £c qu'elle fe joindrait a eux par les engagemens les plus cxroits, afin, de maintenir les ailianèes, & de rendre la paix ferme & durable. La Chambre des Pairs, ayant déhb-ré fur la harangue de la Reine, vota qu'il ferait préfenté une adrefle a Sa MaMé, dans laquelle on expoferait que la Grande-Bretagne & 1'Europe ne pouvaient iouïr d'une paix füre & honorable, tandis qu' un Prince de la Maifon de Bourbon demeurerait maitre de PEspagne St des Indes. L'adrefle fut prer  paix d'Utrecht. 331 fentée & la Reine répondit, qu'elle ferait bien fachée que quelqu'un put penfer, qu'elle ne ferait pas tout fon poffi'ole pour retirer ces pays des mains de cette maifon. II y eut plufieurs débats dans la Cbambre des Communes, mais enfin la pluralité des voix fut, qu'on iaifierait k la Reine & k fa prudence, les conditions de la paix. La Reine Anne nomma donc pour fes Plénipotentiaires au Congrès d'Utrecht, 1'Evèque de Briftol & le^Comte de Stafford: mais comme aucun des Miniftres n'ofait confier k perfonne fes intentions fecrettes, on. donna k ces Plénipotcntiaires des infiructions, tendantes k procurer les plus, grands avantages aux Puiffances Alliées; fauf k y faire par la fuite les changemens. que les circonftances pourraient exiger. On y ajouta qu'il fallait particulierement recoramander' aux Miniftres de ces puisfances, de fe tenir fortement unis entr' eux, afin que dans toutes les conférences, les propofitions qui feraient faites par quelqu'un de ces Miniftres, fuflent foutenues d'un accord unanime. Entre autres articles, lesinftruélions portaient,. que fi Pon jugeait k. propos de commenc.er par la dispofition de la Monarchie d'Espagne, les Plénipotcntiaires devaient infifter a déclarer,que la fureté &•. la fatisfaórion convenable que les Alliés. entendaient que le Roi de France ayait  r/i i. i 1 i j ] < Négociations pour ia- promife, ne pouvaienc s'obtenir en laisiant 1'Espagne & les Indes Occidentales.. a aucune branche de la maifon de Bourbon. On leur enjoignait auffi d'infitter en faveur de PT,mpereur & de 1'Empire,, pour que la France leur rendit la ville & la citadeile de Strasbourg en 1'ëtar oü elles fe trouvaient alors, afin que cette ville fut remife au rang des villes Impériales: qu'on rendit k 1'Empereur, & k la maifon d'Autriche les villes de Bnfiac & de Landau: que les fortereffesKuées fur le Rhin fuffent démolies,, rinfi que les fortifications des dix villes I fmpénales du Landgraviat d'Alface, fur lesquelles la France ne conferverait I 3ue le droit de préfedture, felon lefens itteral du Traité de Westphalierque le \ juatrieme article de la paix de Rvi-wyclc 1 :oncerm,nt la Réligion fut révoqué: que le \ loi de Prufle & l'Electeur d'Hannovre uflent reconnus en leurs nouvelles qua* 1 ités: que le Roi de Portugal jouit de I :ous les avantages qui lui avaient eté ac*- j :ordés dans la Grande Alliance: que Louis UV cédkt aux Etats-Généraux, pour eur fervir de Barrières, les villes de Lil- 3 e, Douai, Tournai, Bethune, Ypres-, Sondé, Valenciennes, Menin, AireL. ï'ouchaitt, Maubeuge, St. Venant ik le 1 ?ort Knock; mais qu'on ne parlat dc f ;es articles qu'après avoir réglé les au- f res:.. que le Duc. de Savoie rentrat dans, I  paix cPUirecfii. 833 toutes les villes & pays qu'il avait .perdus pendant le cours de la campagne; .& qu'il demeurat en pofleffion de ce qu'il y avait acquis; enfin, ils devaient éxiger en faveur de la Grande-Bretagne, qu'on rcconnaitrait la fuccefiion dans la maifon d'Hannovre : qu'on abandonnerait aux Anglais Pllie de St. Ctiriltophe, Plaifance, & 1'Ifle de Tcrre-Neuve: qu'on leur reltituerait le détroitdeHudfon; qu'on leur céderait Port-Royal, Gibraltar & Port-Mahon; & qu'ils jouïraient du contract de 1'Asfiento pendant trente années, ainfi que de tous les avantages, droits & privileges accordés par les Espagnols k la nation lajplus favorifée. L'Angleterre qui'voulait fincérement la paix , la Hoilande oü fe devaient tenir les conférences, attiraient alors les yeux de toute 1'Europe, laffée d'une ;guerre fimglante, & presque égaiement ' ruineufe pour toutes les puiffances. Les Chefs des Etats-Généraux étaient les feuls qui vouluffent la continuation de la guerre. Au moins prétendaient-iis que fi l'on faifait ia paix., ce fut a des conditions fi exorbitantes, que la France réduite a la derniere extrénité, n'aurait même jamais voulu s'y foumettre. Louis XIV la defirait ardenment, mais toute la France fe fut plu:t,öt enlévelie fous fes ruines, que d'aquies-  334 Nègötiaiiens pour la ijl i. eer a des conditions deshonorantes pour la nation» Les Conferences fe tinrenc k Utrecht, mais c'était Londres &Verfailles qui traitaient réellement: les deux Cours étaient bien convaincues que lorsqu'elles feraient d'accord, les autres puisiances fe trouveraient bientót forcées de fouscrire aux conditions qu'elles auraient réglées. Presque tous les membres de laChambre des Communes étaient Toris; ainfi le Miniftre Britannique était affuré d'obtenir la pluralité des voix: mais il n'en était pas de même dans la Chambre Haute, beaucoup de Seigneurs y étaient attachés k la fadtion du Whigisme. Pour faire pancher la balance du cóté de la Cour, la Reine créa dix nouveaux Pairs, &, par un Writ, appella k la même Chambre les Lords Compton & de Bruce, fils des Comtes de Nottingham & d'Aylesbury, ce qui donna douze voix de plus au Miniftere dans les délibérations. L'un des premiers objets dont le Parlement s'occupa dans cette feffion , fut d'examiner la conduite du Duc de Marlborough , non par rapport au commandement des armées :un examen fur cette matiére, eüt été trop glorieux pour le Duc: mais il n'en était pas de même du cóté' de Pintérêt, & l'on avait contre lui des foupgons trop bien fondés. La Reine qui fentait que tant que Marlbo-  paix a">Uirecht. $35 I rough aurait le commandement des trou!, pes, elle devait s'attendre aux plus vi'1 ves oppofitions a la paix, faifit', ou piuI tot fit naitre cette occafion pour le dé1: pouiller de tous fes emplois, afin que ! l'on put examiner cette affaire d'une f maniere plus impartiale. Cependant eli le lui écrivit de fa propre main une lct: tre, oü elle lui marquait Ja fatisfadtion i qu'elle avait de fes fervices; mais après ce compliment, elle lui difait qu'elle ijugeait a propos de reprendre les emplois qu'elle lui avait confiés, & elle I nomma k fli place le Duc d'Ormond "pour commander en chef toutes les 1 troupes de terre de la Grande-Brefltagne. , On commenga auffitót les procédures jcontre Marlborough. L'on trouva qu'un ijuif, adjudicataire de fa fourniture du Spain pour l'armée, lui comptait annuelÜement fix mille livres fterling ; qu'il a|ait regu dix mille autres livres fterling jde la Reine pour payer fes inteliigen:|ces; mais en devait-il rendre comptc 3 ■lOn 1'exigeait. Enfin,qu'il s'était approipné une déducbion de deux & demi ïpour cent fur lc payement des troupes étrangeres k la folde de la Grande - Breiltagne. Les preuvcs étaient fi évidente-, qu'il lui était imposfible de les nier; l'on ne peut discon venir .que eer te sonduite ne fut indigne d'un homme 171 r.'  ^epvoche Au Parlement Britanniqueaux Etats. 336 Négociations peur fa que fes talens militaire» auraient couvert d'une gloire immortelle, fi elle n'eüt été ternie par un attachement fordide a 1'argent. Ce procés traina en longueur. La Reine contente d'être parvenue a 'fon but^, & fuivant plut-ót les regies de la prudence que celles de la .juftice, ne le fit point terminer. Marlborough pour s'éloigner de Ia tempète , ou pour s'en garantir, fe retira, vers la fin de 1'année, en Hoilande oü il demeura iusqu'en 1714, qu'il repaffa dans fa patrie peu de mois avant la mort de la Reine Anne. Le Miniftere, "voyant que les Etats Généraux ne cherchaient qu'a éloigner la paix, firent agir la Chambre des Communes pour dorner quelques mortifica'tions a ^ccs fuperbes Républicains, dont les Chefs entretenaient corrèspondance avec ceux des Wighs, & dont le Penfionaire Buys agifiait, difait-on. plutó't en incendiaire a Londres qu'en Miniftre 'd'une puiffance Alliëe, ne ceffant de cabaler contre le Gouvernement. On commenga par obfervcr que les Etats-Généraux n'avaient pas fourhi leur contingent dê troupes pendant le cours de la guerre ; & l'on ajouta, qu'au commencenient la Reine & leurs Hautes-Puiffances avaient égaiement comribué aux fubfides & aux frais; mais que dans la fuite, la Reine feule avait fourni annuellemcht au dela de i  psix dVJtnchï. i| -de fon contingent deux cent quatre-vingt \ mille florins. Elle avait ,di(ait-eile, four:d mdix-neuf millionsaudela defoncontin)| gent, & pour une guerre qui n'intéreffait )| point le Pays. On attaqua enfuite le traijj te des Barrière, que le Lord Townsi| iiend avait fait conclure en 170; entre * la Grande-Bretagne & les Etats-Géné1 r^x.' Par ce cr;dté 1'Angleterre garanI tiffait aux Provinces-Unies une BarrieT!f.d™s les Pays-Bas; & leurs Hautes■ Puiffances s'engageaient k maintenir de ■! toutes leurs forces le titre de la Reine, I & la fuccesfion k laCouronne delaGranI de-Bretagne dans la ligne Proteftante. On 1] prétendit dans Ia Chambre des Communes Jque c'etait un mal pour 1'Angleterre 'jd'engager une Puiffance k foutenir un 1 ordre de fucceffion que la nation pouvait rchanger un jour par de bonnes raijfons; & que d'après ce traité les EtatsGénéraux pouvaient fe croire autorifés I-a prendre connaiffance de ce qui fe pasilfait dans les Confeils Britanniques. On liobjecta au fujet de la Barrière, que s'ils - i|entraient en poffeffion de tant de places, iil ferait k craindre qu'ils n'empêchasjfent les Anglais d'y trafiquer; & que icela nuirait confidérablement aux mainufactures Anglaifes. D'après ces rebréfentations-, la Chambre vota que fous pretexte d'affermir laRéügion Proteftanp, & la Couronne, & d'affurer la BarTem. IX. P 1711.  3 £8 Nêgoctatïofis pour U f.e Clerc U- 472. riere aux Etats-Généraux, on avait h> féré dans ce traité , plufieurs articles ten- ; dans k la deftruction du Comnserce de ; la Grande-Bretagne., contraires k fes intéréts, & fort deshonorans pour Sa Majefté. Que le Vicomte .de Tovvns- j hend n'avait eu aucun ordre ni autorité \ f>our négocier & conclure plufieurs ar- \ ticles dudit Traité, & que tous ceux qui avaient confeillé k la Reine de le ratifiér, étaient des ennemis de .Sa Majefté & du Royaume. En conféquence de ces votes, l'on .convint d'une députation qui préfente•rait k la Reine une Rémontrance oü la Ghambre affurait Sa Majefté, que 1'Angleterre avait été furchargée de dix-neuf «ïillions de Livres Sterlings pendant le cours de la guerre, ce qui prouvait évidemment la fraude ou la malverfation | des Miniftres. La Reine regut favora-j blement cette adrefle; mais les EtatsGénéraux alarmés, lui écrivirent une. lettre, pour lui repréfenter la nécefiitél d'une Barrière, qu'ils prétendaient aufii utile aux intéréts de la Grande-Brctsgne, qu'k ceux des Etats-Généraux, & iis: firent publier en même-tems un long; mémoire pour la juftification de leur conduite. Les Wiglis le firent inférer dans les papiers publics de Londres; rn^s les•Communes quaiifierent ce mémoire de> libelle faux 9 fcandaleux & malicieux,  fsix iT'Utnckt I •?ontenant des -reflexions injurieufes aus ■ réfolutions de la Chambre; & Pirapnü.meur fut mis en prilbn, ainfi que .celui .qui en avait été le difiributeur. . Ils ne i .s'en tinrcnt pas 'la. L'animofitö des .1 Communes pall'ait tellement les regiem 3|.de la décence, qu'on regarda com: -me une modération le langage ironiqqe I d^un des membres, auquel il échsppa de Ipdire;. qti'il fallait envoyer un \mefhgcr en Hoilande pour faire mettre aux ar rits ceux L qui avaient drejfé ce mémoire. ' En un mot 4es Anglais mépriIf4aien,t eet éciït au point'de lc traitcr I -de libelle. Les Etats s'étendaient fur ui ne multitude de détails, inféparablcs dc ces fortes de disculfions, mais dont on ne peut donner qu'un extrait. La Reine s'était plainte qu'ils n'avaient pas rem ,-lpli leur quote-part des trots cinquici-mes qu'ils étaient tenus k fournir pour ll'entretien de 1517% hommes. Ils réJpondaient k ce reproche par une lifte dc il 12,7442 hommes, qu'ils calculaient avoir . llentretenus dans les Pays-Bas, oü ils fouijtenaient que les Anglais n'avaient entretenu que 60294 hommes. La Reine réibondit en peu de mots k cette lettre & hu mémoire; elle foutint qu'on appréciait krop bas les eftorts qu'elle avait fait en .Espagne & en Portugal; qu'il fallait, dans ;ces fortes de traités,s'en tenir afesproP 2 Repi-OGhes pefpetuelS em^e 1'Ar.. ijletern.' & les Etats. Lamhrrti Vil. nï. To3 - 437,  Réponfe du Miniftere ÏSritanni■ ?&■ IJ r.ous eft fans doute plus avantageust de voir un Prince de la maifon d'Autriche iur le cröne d'Espagne, que d'y en voir un de la maifon de France. Maisde voir 1'Empire & PEspagne unis fousle même Prince, c'eft ce qui nous ferait très-préjudiciable ;. & rien n'eft plus. direétement pppofe' au principe lage,, fur lequel eft fondé le huitieme article de la Grande-Alliance. L'Angleterre, la Hoilande & le Portugal craignaient tant cette union, que par le vingt-cinquieme article de Pal- j Hance ofienfive,, le Roi de Portugal ne I devait point reconnaitre 1'Archiduc pour- j Röi d'Espagne, jusqu'a ce quelefeuEm- ! pereur Jofeph eüt cédé a Charles toute cette Monarchie. L'on dira peut être que,. vü. le caraetere indolent des Princes de la, maifon-. 1 d'Autriche, la mauvai/e Economie de 'i leur gouvernement, le manque de forces. | maritimes.,,i'eloighement des pays dont I ils lont les maitres, un Empereur quoi- I (ju'en même tems Roi d'Espagne , ne I pourrait nous devenir formidable; qu'il I ferait au contraire obligé de dépen- I dre de la Grande-Bretagne; & qu'ainfi I les avantages que nous pourrions tirer I du commerce dr.ns un tems de paix, , nous dvdommagerait,en peu de tems,de . toutes les d epen fes que nous «urkns;' ' êiites pendant ia guerrê.  paix d^UtrecM. 34$ Pour répondre a cette objection, fupJpöfons que dans ce fiftême on put pari venir a la paix; ou en ferions - nous réal duits, avant de Pavoir obtenue? non feu1 lement nous nous trouverions encore plusj !| pauvres, que nous ne fommes, pour quel: ques annees-, mais ia néceffité de nous lengager de plus en plus nous réduirait a la mendicité pour plufieurs fiecles. Or ique Pon compare le miférable état oü nous ferions, a toute la puiffance d'unv Prince qui unirait en, fa perfonne 1'EmIpire & la Monarchie d'Espagne; il elk j aifé de voir qu'un tel Prince n'aurait a- lors rien k craindre,- ni rien a efpérer' de la Grande-Bretagne. La comparaifon ne fe fait point ici I d'un Prince de la maifon d'/\utriche, qui ferait en même tems Empereur & Roi d'Espagne avec un Prince de la; ] maifon de Bourbon,, qui ferait en même items Roi dc France & Roi d'Espagne,, mais d'un Prince de la maifon de Bouri bon, qui ferait feulement Roi d'Espagne, 1 avec un Prince de la maifon d'Autriche | qui unirait tout-k-la fois 1'Empire & PEspagne en fa perfonne. La maifon d'Autriche rendra-t-ellele' moindre pouce de terre, la moindre' prérogative qu'elle k ufurpée pour rasi furer les Princes nos Alliés , qui font allarmés du changement caufé par ln,> i mort du dernier Empereur? C'eft cequ'-ii'> P 4, I7IÏ.  I ■ 344 Négociations fout Ia ne' faut point efpérer. Croyons nous donc que ces Princes qui redoutent autant la puiffance de la maifon d'Autriche que celle de la maifon de Bourbon; croyons nous que ces Princes reiteront dans 1'Alliance, lorsqu'üs verront les chofes fur un tout autre pié qu'elles n'étaient, quand ils s'y font engagés? A quoi doit s'attendre lc Duc de Savoie par exemple ? Dans de telles circonftances, il nepeut choifir qued'être. ou dépendant de la France, ouVaffal eh toute maniere de la Cour Impériale. De deux maux ne choifira-t-il pas le moindre, en fe ioumettant h un maitre qui n'a point de prétentions immédiates fur fes Etats, & a la familie a laquelle il eft fi étroitement lié, plutót que de fe mettre a la discrétion d'un autre, qui a déja fait revivre plufieurs prétentions fur fes Etats, & qui le menace tous les jours d'en faire revivre d'autres3 Quoiqu'en difent les Hollandais, ils font autant intérreffés que les autres Etats de 1'Europe a s'oppofer a 1'union de 1'Empire & de PEspagne fous 1'Empereur Charles;St l'on fait d'ailleurs,qu'k la mortdudéfunt Empereur Jofeph , les Etats-Généraux fefolurent de ne point fouffrir que les deux puifiances fuffent jamais réunies fous un meme Prince. C'eft ce qu'ils arrêterent nors comme une maxime fondamen:a!e;&eneftetils ont, depuis ce tems-la , :ouc-k-fait abandonné PEspagne. N'entre-  paix dyUtreckt, 345 tenant p'us de troupes dans ce Royaune, ne femblent-ils pas reconnaitre Ie Duc d'Anjou pour Monarque légitime? Ce n'était pas aflurément lk les meilleures raifons que le Miniftere Anglais devait alléguer. Sans rien óter k la force de celles qu'il avait avancé, ne devait! il pas dire ? fuppofons que la GrandeBretagne foit en état de continuer la | guerre, fans augmenter fa dette nationale, & qü'une campagne feule püt chasfer abfolument Philippe du Royaume d'Espagne; & dans le cas que fon Com* ipétiteur, réunilTant fous fon obéifïance plusd'Etats que n'en avait poffédé Charles-Quint, confervat pour nous laplus parfaite reconnaiffance, vertu dont les Trinces ne fe piquent pas fouvent: quand ; même il favoriferait notre commerce dans Ia vafte étendue de fes dpmaines, qui nous garantira la confervation de cette amitié reconnaiffante & utile? La maifon '[d'Autriche conferverait-elle une modéiration paifible, après avoir repris fur la [France, eet ancien afcendant qui trouIbla fi longtems leur bonbeur réciproque & le repos de 1'Europe ? Elle a trop ajbufé jadis de fes forces pour n'en pas i^tbufer encore, & fon nouvel aggrandisfement ne lui donnerait que plus d'envie de reculer encore plus loin fes limites. L'Angleterre peut ne rien avoir k redout?r de tout cela, pour fes pofies* P 5 '7'O [teflexions 'ur ce» ïaibns.  T?l ï. tftgocïattönr pour- la ficns territoriales en Europe, mais tttVfi lui garantira celles dans les autres parties du monde? Son but, aujourd'hui, n'eft-il pas de conferver 1'équilibre, puisque c'eft pour ce point feul qu'el-' le a pris les armes? N'aurait ellepas licu dc fe repentir de fon ouvrage? ne ferait elle pas même forcce de fe déclarer pour la France, & de retomber par lk dans une nouvelle guerre,.dont on ne peut prévoir ni les fuites ni Ie terme? La paix faite aujourd'hui fur une bafe plus. fage, nous met en repos de la part de PEspagne & de la France. La première doit avoir appris k.l'écoledel'infortune, a reprimer fon ambition& les forces de 3'autre font énervées depuis iongtems» La France laffee &. dans l'épuilement ne~ faurait rccueillir aucun des avantages. dont elle fe flattait. fans doute, en acceptapt le teftament du feu Roi d'Espagne. Les circonftances,qui pourraient lui en donner le pouvoir & la volonté,. feronc changées avant qu'elle puiffe en faire Ufage. La mort de Louis XIV qui nedoit pas être fort éloignée, changera le fyltême des deux Cours, & les vues des deux Monarques. La mailbn d'Autriche ne pouvant^par notre fecours,.dominer fur la France,. il eft,évident qu'elle-. reftera fous notre dependance ,. parcequ'elle ne pourra former aucune entre prife,. fi nous ne lui en fourniffous lej '  forces & les-moyens. Telle doit être Ia fagcfie d'un peuple que 1'Europe regarde comme le proteCteür de fa liberté. C'eft la fèule voie qui peut nous rendre les j arbitres de la paix & de la guerre. La Grande-Bretagne fe trouvera de la forte la feconde puiffance de 1'Europe; elle ifervira de contrepoids k la France,: |& nous profiterons de 1'envie naturelle qu' aura la maifon d'Autriche de s'aggrandirr pour mettre k fes yeux notre alliance k un prix plus élevé,&pour pi re évanouir les projets que la France pourrait former contre nous-, au lieu d'obéir nous-mêmes k fa rivale, après pavei* rendne trop confidérable, ou de nous-voir forcés parfagefTe k prendre en; core les armes pour arrêter fon ambition. On fent par tous ces raifonnemens, quel'le devait être la conduite des Anglais k Utrecht. Le Congrès s'était ouvert dans cette ville au milieu du mois de Janvier. La lenteur que l'on avait af>fectée a remettre les paffeports des Pléfripotentiaires Frangais r fit qu'ils nejpurent arriver que le 19. Les Com* «tes de Sinzendorff, de Cafarna & de tóonsbruck , étaient Députés pour PEm-; ipereur; le Maréchal d'Uxelles, 1'Ab•|bé de Polignac & Mr. Ménager pour le iiRoi de France; Jean Robinfon, Eveque iide Briftol & le Comte de Staftbrd pour 1711. 1712; Duverture les Conféencesd'U- :recht. Torcy.- , Hijloirè di a paix TUtrecht. >. 241.  f 171a. 348 Négociations pour T» la Reine d'Angieterre ; le Comte d*e Tarouca &r Don Louis D'Acuf pour le Roi de Portugal; les Comtes de Donhof & de Metternich pour le Rolde PruiTe; les Provinces-Unies firent choix de huit Députés; Buys & Yan der DulTen pour la Hoilande %, & les autres , pour chacune des: fix autres Provinces, étaient Jacob de Randwyk , Seigneur de Roflem , Pierre Kemp, Seigneur de Moermond,Corneille de Gheel, Baron de Renswoude, Sikko de Groslinga, Grietman, Adolphe Henri Comte de Rechteren & Charles • Ferdinand Comte de Kniphuifen. LeComte Maffei , le Marquis Solari du< Bourg & Monfieur de la Mellarede parurent pour le Duc de Savoye, les Electeurs de Mayence, de Treves, du Palatinat, de Saxe, & de Brunswyk & Ïlufieurs autres Princes de 1'Empire & le )uc de Lorraine députerent aufii k Utrecht; & même le Pape, Venife, Génes ,, les Ducs de Toscane & de Modene, les Suisfes & les Grifons, quoiqu'ils n'eusfent aucune part k la guerre. Philippe "V & le Duc de Baviere auraient bien voulu députer k Utrecht; maison n'ofa le leur permettre par refpedt pour 1'Empereur. Au refte ils avaient dans le Roi de France un médiateur qui devenait tous les jours plus en état de faire va.loir leurs intéréts,  pstx dyUtrecht. 349 La France fe promettait unc iflüe d'autant pl us heureufe du Congrès, qu'elle fe croyait füre de 1'Angleterre. Une feule chofe arrêtait cette derniere Puisfance. La Cour de Londres, voyant le Duc de Bourgogne & le Duc de Bretagne fon fils dans le tombeau, & Philippe V dès lors héritier prochain de la Couronne , demanda qu'il renongat purement & fimplement k tous les droits de fa naiffanee, ajoutant que fans cette renonciation, la paix était imposfible & que les Anglais & leurs Alliés ne confentiraient jamais k la conclure. Le Roi , répondit le Marquis de Torcy 9 maitre de fon État , ne 1'eft pas d'en changer les loix fondamentales. Le déclarer, e'était renoncer k tout traité de paix. Le déguifer, e'était une rufe inutile , & directement contraire k la bonne-foi dont on avait ufé dans tout le cours de la négociation. En conféquence de ce principe le Monarque ordonna au Sécrétaire d'Etat qui eorrespondait avec Saint Jean, depuis Milord Bollinbroke , de lui écrire, que tout engagement contraire aces loix, ne ferait jamais iolide, & de lui faire connaitre queile était la regie invioiable de la fucceflïon k la Couronne. On rénondit au Secrétaire P 7 17* a-. Transactions pour obteiür do Philippe une renonciation h la Couronne de France,  ET? as.; 250' Négeciamm pour. li* ,,d'Etat d'Angieterre , avec/ les termen employés autre fois par un fameux Magiftrat Jerome Bignon ,.. Avocat Général. au Parlement de Pari?. La lettre' portait que la renonciation demandéeferait nulle & invalide fuivant les eS fondamentales du Royaume ,. felon lesquel esMe Prince-qui'eft le plus^cnV de la Couronne en eft héritier de toute necesfite ; que c'eft un liérkag©: qu n ne regoit ni du Roi fon Préde- S?L'iD1frPeUple' maise" ve"U' our 1'ouyerture du Congi ès« Lombeni. ■ vn. s. S56- Négociations pour let On venait d'éprouver, dit Voitaire a cette occafion rpar douze ans de guerre, eombien de tels actes lient peu les hommes. II n'y a point encore de loi re-connue, qui obiige les defcendans a ïè priver du droit de regner auquel auront renonce les peres. Les renonciations ne font efficaces q.ue lorsque 1'interêc commun continue de s'accorder avec eiles. Mais enfin elles calmaient pour uit moment une tempête de douze années;, il était probable qu'un jour, plus d'une nation réünie foutiendraient ces renonciations, devenues la bafe de 1'équilibre & de la tranquilité de 1'Europe. Avant d'ouvrir le Congrès, on cöm,menga par régler le ccrémonial; & pour prévenir les disputes que Pabfurdité de 1'étiquette aurait occafionnée, on convint que lesPlénipotentiairess'alTeyeraient du cóté de leur entree dans la Salie; quli n'y aurait ni haut ni bas bout, mais qu'ils feraient tous enfefnbie indiftincber ment, pêie - mêle. Enfin 1'ouverture des conferences fe fit le 29 de Janvier a dix heures & demie du matin: on était fi prévenu contre les dispofïtions des Etats, que les Magiftrats d'Utrecht ayant témoigné leur fatisfaétion fur la paix que ces conférences paraiffaient annoncer, Mr. Ménager ne put s'empêcher de foürire & de laifler échaper ces mots:  paix df'Utrecht. 357 'i'Comment ! les Hollandais defireraient-ils I mtjji la paix? On ne tarda pas k s'ap I percevcur que les Frangais fe croyaient i maitres des négociations. L'Evêque de f Briftol, vétu d'un manteau violet borI dé d'or , commenga la Séance, s'adI dreffant aux Frangais, en les priant d'af bréger la négociation par une explication claire & nette des points k régler. ! Le Comte de Stafford paria des fept articles, & PAbbé de Polignac pour dis:i culper les Anglais du reproche de quelf-que engagement préliminaire, fit enten;; dre que ces fept articles n'étaient oblii gatoires que pour le Roi fon maitre; & j que chacun des Alliés pouvait expofer fes : demandes. Les Miniftres Impériaux qui fe trouvaient encore k la Haye & qui attendaient 1'ouverture des Conférences : pour voir fi leur préfence y ferait ne:i -ceffaire, trouverent d'abord mauvais que ' les Anglais priffent le tondeMédiateurs. Lorsqu'ils furent arrivés, les Frangais i refuferent de faire leurs propofitions, ' fous prétexte que e'était aux Alliés k » ouvrir les leurs. Mais il parait que les ! Frangais ne cherchaient qu'k gagner du I tems; paree qu'ils attendaient Padte de , renonciation du Roi d'Espagne k la Souveraineté des Pays-Bas, en faveur de l l'Electeur de Baviere qui parut enfin fous la date du 2 de Janvier. CcttePublication s'étant faite, les Fran- 171*. 1  $5$ "Nigociathns pottr la 371*. Premier plan propofé par la France. Lamberti VU. 27. Tiiftoire 4, la paix /TUtrecht. -3.55. gais produifirent, le n de Fevrier, leur I plan que. les Alliés prirent pour Pexaminer, chacun, dans ia chambre parti- I culiere. Ce plan était congu ehces termes. ■ ! Le Roi, en fïgnant la paix, reconnai- j( tra la Reine de la Grande -Bretagne en I L cette qualité, auffi bien que la fucces- Il . fion k cette Couronne, fuivant Pétablis- ]| fement préfent, & de la maniere qu'ii II plaira k Sa Majefté Britannique. Sa Majefté fera démolir toutes les for» Ji tifications de Dunkerque immédiate- |l ment après Ia paix, moyennant un équi- jl valent a fatislacbion. L'Ifle de St. Chriftophe, la baye & 11 ledétroit deHudfon,feront cédés enen- I i ■tier a la Grande-Bretagne refpectivement, i L'Acadie avec le Fort de Port-Royal \ ( feront re-ftitués en entier a Sa Majefté. i Quant k ITfle deTerre- Neuve, le Roi. 1 offre de la céder encore a la Grande-Bre- 1 tagne, en fe réfervant feulement le Fort t de Plaifance,& le droit de pêcher & de fécher la Morue, comme avant la guerre. c On conviendra de faire un traité de c commerce avant ou après la paix , au | choix de 1'Angleterre, dont on rendra ti les conditions égales entre les deux na- i tions, le plus qu'il fera poffible. t Le Roi confentira en fignant la paix, d que les Pays-Bas Espagnols, cédés k n PElefteur de Baviere par le Roi d'Es- j pagne, fervent de Barrières aux Provin- I t  paix éPUtrecht. -359 I ces-Unies; & pour 1'augmenter, il y ioinjjtra Feurnes- Ambacht, la Knoque, Ypres & fa Chatelenie, Menin avec fa ' 'Verge, & en échangeSa Majefté deman:ide, pour former la Barrière de France, jAire, St. Venant, Béthune, Douai & ieurs dépendances. Si les Etats-Généraux veulent tenir ;des garnifons dans les places fortes de Pa Barrière., ainfi formée des Etats cédés a fon Alteffe Electorale, & ce que la 1 France y joint du fien, Sa Majefté confent qu'ils y mettent leurs troupes en fi grand nombre qu'il leur piaïra, & de 1 plus, qu'elles y foient entreterrues au dépens du pays. Au moyen de cette ceffion & de ce 1.confentement, le Roi de fon cóté deman'ide pour équivalent de la démolition-de «Dunkerque, les Villes & citadelles de Kille & de Tournai, avec leurs chatéieiinies & dépendances,. La Barrière ainfi réglée,entre laFranlee & les Etats-Généraux, le Roi acjcordera pour augmenter le commerce de Beurs fujets,ce qui eft ftipulé par letraikéde Ryswyck, & le tarif avantageuxde \ 1064-, a 1'exception feulement de fix genlires de marchandifes, dont on convienidra, & qui demeureront chargées des i mêmes droits qui fepaycnt aujourd'hui, Javec 1'exception de 50 fols par tonneau, 'liur les vaifleaux Hollandais venant en '1712* 0 ,  36o Négociations pour la France des Provinces-Unies, & de«i pays étrangers. " A 1'égard du Commerce d'Espagne &; des Indes, le Roi s'engagera non feule-ment aux Etats-Généraux, mais encore: a la Grande-Bretagne, & a toutes les autres Puiffances en guerre, en vertu du pouvoir qu'il en a, que ces commer•ces fe feront précifément & cn tout, de i la même maniere qu'ils fe faifaient fous i le feu Roi, & promettant que les Fran- • cais s'affujettiront comme les autres nations aux anciennes loix & régiemens faits par les prédéceffeurs du Roi d'Es.pagne, au fiijet du commerce & de la i navigation des Indes Espagnoles. De plus, Sa Majefté confent que toutes les Puiffances de 1'Europe entrent en garantie de cette promeffe. Sa Majefté promet queleRoifonpctitfils renoncera, pour le bien de la paix, a toute prétention fur les Royaumes de Naples & de Sardaigne, auffi bien que fur le Duché de Milan, dont elle confentira au dit nom, que la partie cédée au Duc de .Savoie demeure a S. A. S. bien entendu que moyennant cette cesfion, la maifon d'Autriche fe défiftera pareillement de toute prétention fur les autres parties de la Monarchie d'Espagne, d'oü elle retirera fes troupes immédiatement après Ia paix. Les frontieres de part & d'autre fur le  m -Rhin fcrqnc rernifes au même état -qu'elles étaient avant la préfente guerre. Moyennant toutes les conditions cideiTtis, le Roi demande que les Ëlcéteurs de Cologne & de Baviere foient rétabüs dans la pleinc & entiere poirefiion de leürs Etats, dignités, prero^atives, biens meubies &'irameubies-, dont i is jouiilaient'avant la préfente guerre, '& réciproquement. S. M. reconhai tra dans , l'Allemngne & la Prulfe, tous les titres que jusqu'a pïëfént elle n'a pas reconnus. Le Roi réftituera att Duc de Savoie -ce qu'il lui a pris pendant cette guerre, comme pareillement S. A. 'S. lui rcndra ce qu'elle a pris fur la France; de forte que les limitès,.de part &"d'autre, fetont les mêmes qu'elles étaient avant' la Üéclaration de guéfre. Les Cliotes pour le Portugal, feront rétablies & demeureront fur le même pié en Europe, qu'elles étaient avant la préfente guerre , tant k Pégard .de la France que de PEfpagne: & quant aux domaines qu'ils ont en Amérique, s'il y a quelque dilférend k réglér, on tachéra 'éren Convenir k 1'amiablè.' Le Roi cönfentira volontairèmënt & de bonne foi, k prendre, de concert avéc ; les AJliés,toutes les niefures juIres,pour | empêcher^ue les Couronnes de France | & d'Espagne ne foyent jamais ré unies fur ; Tom. IX. Q 1,7-i-s»  1712. Smlignation des Pteni- . potemialrei. f^ambcrti VII. 23. 302 Négociations pour, Is une même tête. C'eft-k-dire qu'im même Prince puiffe être,en même tems, Roi de 1'une & de 1'autre. Tous les précédens Traités., favoir ceux de Mun.fter & les fuivans, feronc rappeüés & confirmés pour demeurer dans leur force & vigueur, k 1'exception feulement des articles auxquels le traité de paix k faire préfentement aura dérogé, ou changé quelque chole. II eft impofïïble de décrire la furprife ou des propofitions fi difierentes de celles que la France offrait k Gcertruidenberg , jetta les Députés du Congrès. Cet écrit, dit.en Francais barbare, le compilateur Lamberti , fut unanimément regardé comme un embrlon horrible. Vètonnement des Miniftres alla jusqiPh en être efiomaqués. L'un des membres des Etats ne put s'empêcher d'élever les yeux au ciel de furprife, Quelques-uns dirent que les Miniftres Britanniques devaient être amputés par le fer & le feu, afin que la gangrene n'infecüt pas les autres parties faines de la nation Britannique. D'autres fe fervirent de 1'exclamacion que Tache met dans_ la bouche de Tibere k Pegard des Romains: 0 hommes nés pour la fervhtude! Plufieurs des Plénipotentiaires des. Alliés s'imaginerent qu'elles couvraient quelque myftere. II ne ledt paraifTaii: pssvraifemblable que ia France .étant ié-  fmt cPÜmtkt. %5$ duite auffi bas, put faire des propofirtions qui ne leur paratffiuent avantageu| "fe qu'a la Maifon de Bourbon. On par - 1 la même en Hoilande de difibudre Ie 'Congrès; On ne fut retenu que par la -crainte que 1'Angletefre ne fe déclarat ■contre les Alliés: cette idéé défolante ^changea la première fureur en accable-ment. En Angleterre même i'indignapcm s'alluma contre ces propofitions: ■ia Chambre des Pairs marqua dans une ■adreffe k la Reine-, fon teilen'timent contre ce qu'ils appellaient 1'audace de la jFrance; Ils promirent de foutènïr Sa Majefté Britannique de toutes leurs forces , pour qu'elle contintïat la guerre jusqu'a ce qu'elle put obténir une paix fïïre & honórable. Le Comte d'Oxford jeffaya de les appaifer, en leurrepréferitant que la Reine avait promis dé porrt'muniquer au -Parlement tout ce qui fe pasferait au Congrès d'ütrecht; qu'ils ;ne devaient pas douter de fa parole Royale , & qu'il fallait attendrc que la Reif ne leur fit part elle-même des propo5 fitions. Les efprits s'étant un peu caii: -més, on réfolut k Utrecht de ne faire 'i aucune Téponfe aux propofitions de ia i France, mais que chacune des Puiflan1 ces intérelTées dans la Grande-Alliance 'I fournrrait fes demandes fpécifiques. II S -fallait du tems k chaque Plénipotentiaire f -ffour recevoir de la Cour des ordres par. 171's.  564 Négociation: -pour ia 1712, Demandes des Confédérés. ticuliers, & c'eft ce qui retarda la con» tinuation des Conférences. Ce fut le 4 de Mars, que les Plénipotcntiaires des AUiés produifirent leurs demandes fpécifiques. Elles étaient fi cloignées des offres de la France, que, fans le defir ardent du Roi de France & de la Reine d'Angieterre pour la paix, on aurait auffitót rompu les Conferences. L'Empereur deniandait en fon nom &au nom de 1'Empire, tant pour fatisiaction adluelle , que pour fureté k 1'avenir,, tous les pays & villes que 1'Empire. éji: la Maifon d'Autriche avaient cédés k la France par les traités de Misnfter, de Nimégue & de Ryswyck; que le Duc de Lorraine fut rétabli dans fes Dómaiïes, fortereffes & places que le Duc Charles IV avait précédemment cédés k la Couronne de France, & que tous les Royaumes & pays de la Monarchie d'Espagne, tels que le Roi .Charles II les avait poffédés, fuffent rendus k la Maifon d'Autriche, fuivant les dispofitions du Teftament de Philippe IV. Ces demandes paraiffaient un peu adoucies, par ce que PEmpereur y avait joint, en difant .qu'il ne refuferait pas de traiter conjointement avec les Seigneurs fes Alliés, fi les Plénipotentiaires de Louis XIV fourniflaicnt.en fon nom des propofitions plus convenables que les premières,  f'aix 'd'Utrecki.' 365 La Reine Anne demandait, outrece I que la France. lui avait offert; que le 9 P-rétendant•■ fortït du Royaume, &que' I le Roi de France promit dé ne lui donner aucun fecours k Pavenir contre 1'AnI gletcrre, ui contre la fucceflion écable dans cette Monarchieën conformité dcl'Acte -du- Parlement.- Elle demandait encore I *ju'ón übolit Partiele IV de la paix de Rys* wyck, en ce qui concernait la-Religiorj dans 1'Empire, & que la France cédat'aux I"Anglais l'Acadie,Port-Roya!&Plaifance. Les Etats-Généraux-éxigeaient: que Hes villes de Luxembourg, Namur & • -Nicüporc fuffent rendues a 1'Empereur: I «1'Je -les villes de Menin, Lille, Douai, j! .Tournai, Airc, Saint - Venant, Béthu|-ne, - Bouchain, Ypres, Valericiennes, ,. Comlü & Maubeuge ieur fuffent cédées-, I pour en jouir en toute Souveraincté & 't propriete particuliere & pcrpétuelle?: I qu'ils euffent la liberté de tenir garni.Mbn dans Hui, Liege & Bonn, & que ipour 'le cömmerce,ii leur fut accordé le ■t'Tarif dc i6ó4,avec quelques changemens. Le Portugal fit demander par le Comi| te deTournau fon Ambaffadeur, au nom dJ Roi fon maitre, que toute la MoInarchie d'Espagne fut reftituée a 1'Emjipereur Charles VI, k 1'exception des i -villes qui avaient été promifes par ce Prince au Roi de Portugal & aux autres Alliés; & que la France abandonnat les R3 . 1712.  3.66 Kêgpciatiom. peur Fa- 3712. \ droits qu'elle prétendait avoir fur les-, terres faifant partie du pays de Marajtnon, fitué entre les rivieres des Ama-. zones & de Vincent-Pinfon. Le Duc de Savoye demandait par fes Plénipotentiaires d'être maintenu dans. fon droit k.la fucceffion d'Espagne, après 3a Maifon d'Autriche, tel que Pavait établi le Teftament de Philippe IV; & qu'on lui rendit le Comté deNice, &. tout ce qui compofe le Duché deSavoye^ qu'on lui cédat laSouveraineté &. la pro-' priété-de Feneftrelles, d'Exiles, & de toutes les vallées au delk du Mont-Cenis, & que pour le dédommager des places qui avaient été démolies, Louis. XIV lui cédat le Fort de Monaco J Mont - Dauphin, Briangon, & le Fortdes-Barreaux avec leurs territoires. Les demandes du Roi de Prusfe;_ étaient: qu'on le reconnüt en cette qua-, ïité; qu'il fut aufïi reconnu pour Prince Souverain dc la Principauté d'Orange, ainfi que des Corntés de NeufchateL & de Vallengin: qu'on lui rendit tous. les biens des Maifons de Chalons-Orange, & dc Chatel-Beiin,. comme étantfucceffeur & héritier légitime de ces, deux maifons, & que la ville de Gueldres & le Pays d'Erckelcns, dont il s'é- tait rendu maitre par les armes ,. luk fuffent tailles en toute proprieté M fouveraineté.  paix d*Üireckt. 367 Les Elecleurs de Treves & de Pahum demanderent la reftitution de leurs I villes &-Pays dont les Frangais s'étaient emparés pendant le cours de la guerre, I le fecond infifta pour être maintenu I dans la poffefiion du Haut-Palatinat. Le L'an.igrave de Hefle-Casfel, voulait qu'on lui reltituat Saint-Goar & la fortéreffe de Rhinfels. D'autres Princes firent I auffi diverfes demandes, & presque tous 'en général voulaient qu'il fut donné fatisfaction convenable k tous les Alliés, I & chacun en particulier voulait être injj dé'mnifé des frais de la guerre.: Ces demandes n'étaient pas feulement: oppofées aux propofitions des Fran-! Leais; il était même bien diflicilede conciher enfemb'e les prétentions des Alliés. 3 ïls donnaient-ainfi vafte charap k"la Frah;.ee pour les desunir; e'était donc une trés 1 mauvaife politique que de dreffer & i d'expofer féparément leurs' prétentions ! refpectives-r.au licu de les combiner en | femble, pour les prëfenter comme un coköffe redoutable qui aurait c firayé la France. 11 fembiait, que la France & PEspagne étaient une proye dont chacun d'etix ; avait droit d'arracher des lambeaux & de fe partager la dépouillc. On remarque dans les demandes des Anglais, qu'ils fui rent les premiers k parler de faire un .traité de commercé, qui pourrais leur Q4 1712. tetlexlrtis 1 'ur ces «lenandes. tambejfl Vil. Co.  3<58 Négociations peur /g Ï712. £o}ingbr. Leur. VJII tt'sgen. SVI1- 455- tambetli VJ1.6i.6j j 1 1 1 ouvrir le chemin a une paix particulierre, au cas qu'ils ne puffent réuffir a 1* rendre générale. On remarque ausfi qu'k 1'exception des Miniftres de 1'Empereur & du Duc de Savoye, aucun des Plempotentiaires ne iüpulat de conferver la monarchie Espagnolc a 1'Empereur: encore la Savoye & le Portugal infmuaient-elles lecrettement a la Cour de Londres qu'elles ne verraient pas volontiers 1'Empire & PEspagne réunis fur Ia même tête. Auffi le Comte de Zinsendorff marqua-t-il fon indignation fur cette indifférence affedlée. II difait hautement que ce jour avait porté le coup mortel a la Grande - Alliance. Les Députés des Etats chercherent a calmer fon mécontentement. lis engagerent les Anglais a lui déclarer de bouche avec eux: que dans les traités, pour 1'ac^oinpüffement desqueis ils demandaient «tisfaétion. pour leurs Alliés, ils comprenaient auffi ceux qui avaient rapport 1 PEspagne & aux Indes. Or comme 'eiévation de 1'Archiduc fur le tróne de 'Espagne y était expreffément ftipulée, :ette déclaration paraufait devoir fatis* aire les Miniftres Impériaux. Point du out. Ils fe réfervaient un fubterfuge, ' >our repréfenter a tems qu'ils ne pouaient accorder a 1'Empereur ce qu'ils ,'u.yaient promis qu'a i'Archiduc. Sur  paix d'Utreckt. 36* ces e«treraites le Roi de France perdit Ie Dauphin fon fils tiniquè, le Duc de Bourgogne, fon petit-fils & le Duc de Bretugne, fils ainé du Duc de Bretagne. Le Duc d'Anjou k qui la Couronne ètaiï dévolue, était dans une langueurqui faiIhit craindre pour fes jours-, la Couronne venait, immédiatement après, au Roi Philippe: on penfait qu'il préférerait la tröne de fes Ancêtres k celui qu'il ne teftait que de fon Ayeule. Omappréhendait même qu'il ne voulüt les conferver tous les deux: on croyak alors voir 1'équilibre rompu. L'aftaire de la féparation des Royaumes de France & d'Espagne retardait néceilairement les conférences d'Utrecht; Pon s'y tenait de part &-d'autre fur la; ?élerve* jusqu'a ce qu'on fut afluré du parti que prendrait PEspagne. II n'en' était pas de même de'1'Angleterre; elle n'attendait- que la remife de Dunkerque entre fes mains , & que le tems oü les fortifications de la place feraient déaioiies & le port comblé, pour confenür k une i fufpenfion d'armes. Les autres efpérant quelque changement en Angleterre, Isle fertile en révolutions,; voulaifent gagner du tems, pour parvenu k leur bur: ils demanderent que 'es conférences fe fifient par écrit; méthodequi. ne pouvait fervir qu'a rendre les difficulïés interminables & plus nonibreufes. La Q5 1 1712. ' Demamde pour faire tenir les Confe'ren-. ces par écrit.  370 Nègacïettcm,pouria. Cour de France en fentit tout Pineonvé»nient: Ie Roi fit dire par le Maréchal-; ' d'Üxelles, qne pour négocier par écrit, . il n'aurait pas été néceffaire de s'affembler dans un lieu exprès; & le Plenipotentiaire ajouta que 1'intention du Roi fon maitre était, que l'on fe conformat k , 1'ufage fiira dans les négociations de Nimegue & de Ryswyck, oü l'on avait traité, de vive voix. Le 17 d'Avril, le . Prince Eugene fe rendit k Utrecht,dans , Péfpérancc de faire diffoudre le Congres: il ne put y réuffir, & il fe dispofa k ouvrir promptement la campagne; t bien convaincu que, fi elle pouvait êtrefavorable aux Alliés, la France ferait; contrainte de revenir aux propofitions de Geertruydenberg. Mais les tems étaient bien changés depuis que la Reine d'Angieterre avait abandormé le parti des Wighs. L'événement de cette campagne forga, au contraire,les Alliés a fe prêter enfin aux vues pacifiques de France & de la Grande-Bretagne. Le Duc d'Ormond avait bien été mis en Flandre k Ia tête des troupes Anglailes;. . mais il avait ordre de ne point agir offenfivement. En même tems qu'H par-tit de Londres, le Comte de Stafford, préfenta aux Etats-Généraux un mémoire dans lequel ia Reine demandait ■ une réponfe prompte & pofitive fur ce que. les AUiés devaient foumix tant en hem- ■  paix cPUtrecfo. 3^ j I tnes qu'en urgent. Sa Majefté BritanI nique était', difait-il, réfolue de ne plus contribuer-que du tiers pour ■ fon contingent. • On travailln vivement k terminer une | guerre fi onéreufe .& fi peu utüe aux I intéréts de 1'Angleterre. Le Lord BoI lingbroke écrivit, de ia part de la Reine, I au Duc d'Ormond de ne s'engager dans I aucune aétion ni entreprife contre les I Francais , quelques inftances que le I Prince Eugene & les Hollandais puflent lui faire. Nous allons voir combien cette :; conduite fervit k accélerer la conclufiqn i de la paix générale. ■ • La campagne des Pays-Bss fut lai feu'.e qui attirat alors l'attention ; la' guerre fut languiffante partout ailleur-\1 elle n'ofTrit que lk des fcenes intérelllmtes. • Le Prince Eugene fè rendit a l'armée le ao de Mai. Ii fe propofa ':'de-fe'rendre maitre du pays entre la ! Sambre & 1'Escaut. Mais il ne put jamais determiner le Duc d'Ormond k le feconder. La Cour de' Londres aurait bien voulu faire confentir les Etats k la fuspenfion d'armes: mats a la propofition qu'elle fit faire k Louis XIV de leur ceder quelques places en otage;. ce Monarque répondit, il n'eft plus :'tems de fiatter 1'orgueil des Ho'.landais; til faut,. en traitant avec eux de boriflgQ .6 171». Réfjhition irigoureuü iles Anglais. e s Payslas.  1.712. 372 Négociations pup la- foi, que ce foit avec Ia dignité qui ms convicnt. On murmura contre les An' giais : on les accufa- de trahir la caufe des Ahjes. Le Prince Eugene & les Etats fe plaignirent en Angleterre de Pinaction des troupes Anglaifes: les Etats repréfenterent k. Ja Reine, que Parmée des Alhes était peut-être la plus belle qu'on eut jamais vüe dans ce pays; que par la fupériorité en nombre d'hommes, & par la quahté des troupes, elle jouislait de tous les avantages néceflaires pour fe promettre des fuccès propres k faciliter la conclufion de Ia paix k des conditions favorables pour tous les Alliés. Ils rappellerent k la Reine les. afiurances qu'elle leur avait. données , tant par fes lettres, que par fes Miniftres , & en dernier lieu Par le Duc d'Ormond hu-même, de faire agir fes troupes avec leur vigueur ordinaire: Lnhn ns lui repréfenterent encore quels intéréts avaient tous les Alliés de ne pas rendre mfruétueufe une campagne qui pouvait leur procurer tant d'avantages. La Reme répondit en peu de mots,tant au Prince qu'aux Etats, qu'au lieu de chercher k. perpétuer une guerre qui n'avait déja duré que trop iongtems, il valait mieux travaïlier folidement k la paix: que pour elle, elle «tait refolue de faire fon accomodenasns  ■paix (PUtrecJih 375 ; particulier ,. dans le_cas que les Alliés !. perfiftaflfent k vouloir contiauer la guerre. Enfin crue le Duc d'Ormond n'avait rien fait que par fes ordres. Tandis que les Et/ats-Généraux envoyaient leur lettre a Londres, leurs Députés eurent ordre de leur part d'en r préfenter une autre au Duc d?Ormond, ! lis y expofaient les mêmes raifons, mais ] ils ajoutaient: l'on nous ordonne ausfi I de vous fommer fur la foi des Traités I &. des Ailiances, & en vertu des afinI rances que vous avez données, de pousi fer les opérations de la guerre, & de!È nuire atitant qu'il fera posfible aux en?f nemis & au cas que vous perfiftiez mal- I heureufementdans le deffein d'empêcher 3 les troupes de la Reine d'agir offenfi- II vement, nos Maitres nous ordonnent de jjj vous demander, Mylord, fi-vous feriea I difficulté d'employer ces troupes k I couvrir un fiége, fi on juge k propos ':, de 1'entreprendre, & fi vous voudriez , vous engager pofitivement k les faire a-!j gir contre les ennemis, s'ils nous attai quaient. Au cas que vous-le: refufiez, I Mylord, nous avons ordre de protefter .de la maniere la plus forte, & dans les I termes les plus expres, comme nous Le faiföns folemnellemeni, contre le domI mage irrép nable qui- pourxait réfulter < «le s; procédé ,..k 1'égard des Etats & Q 7  ma I.cs tT pes AngI; les HbiiudonnentIConfédérés., 3ie.Ee & conquête <ïh Ques!K)y. 374-' Nègocidu&ns peur la. ■ de leurs Hauts-Alliés, & contre te • .préjudice qu?il apporte a la - caufe com~ mune. Cette fommation était datée du ■ 15 de Juin. Le Duc n'y répondit rien autre que ce peu de paroles : j'ai' des ordres , & je les fub. ■ Les Alliés ne purent plus douter des intentions • de la Grande-Bretagne,. lorsqu'ils eurent lu la réponfe de la Reine , & entendu la longue déclamation de PE- ■ yêque de Briftol, & quand ils furent : mltruits de la harangue que la Reine ' Anne avait faite au Parlement. 11- La Reine Anne, n?ayant plus rien k '-ménager, réfolut de faire publier au ;s plutót- Ia fuspenfion d'armes : mais elle aurait dcfiré s'affurer auparavant, fi les troupes Allemandes a la lolde de Ia ■ Grande-Bretagne obéiraient■ au Duc ; d'Ormond , & cefleraient égaiement ' d'agir cent re les Francais. Le Prince Eugene qui, par Pinaétion du Duc, ayart échoué dans ion projet fur Can> brai , entreprit le fiege du Quesnoy, I petite ville du Hainaut fur les frontieres de la Picardie. II y avait une •garnifon compofée de dix bataillons : d'un regiment de dragons & d'un détaehement de cavalerie. Le General Fagel fut 'chargé de la I conduitet.de ce fiege, & il inveftit la place ie .8 .de Juin avec quinze mille.-  paix d^Uirschl.- 375 i hommes-de pié , & deux mille chevaux. Lc Duc d'Ormond ne voulut pas cinq heures du foir,il ordonna une forrie de onze-eens hommes, fous les'ordres de M. de Jarnac. Les retranche-: mens des affiégeans' furent" attaqués:' on leur tua deux-eens hommes; il y en eut beaucoup de faits prifonniers; Jarnac ruina un des épaulemens, & rentra dansIS place après la perte de trente hommes feufement. Fagel forma trois attaques de difFérens cötés , & la nuit du 20 au 21, il s'empara d'une redoute en— :re deux inondations. ïl mit en batterie cinquante pieces de ranon pour battre deux baftions en brê;he, & foixante moniers pour foudro>er la place. Le Gouverneur fit pluieurs forties , mais quoique fa défenfe ut trés vigoureufe, il ne put empêcher ?s Asfiégeans de fe rendre maitres du hemin couvert le premier de jliffiët j prés une perte trés - cenfidérable es-  paix d^Uireckt. 377 ©fficiers & en foldats. Fagel fit tra* S vailler ausfitót a la descente du fofle. * Labadie , voyant la brêche praticable ' 1 &^ qu'il courait le- plus grand danger J d'etre emporté d'affaut, battic la chaï made le 3 , & demanda une capitula* I tion honorable. On ne voulut le reI cevoir que comme prifonnier de guerre I avec fa garnifon. Comme il rejettait ces < propofitions , le feu recommenca de 1 part & d'autrc. Enfin le 4, M. Labadie I ie voyant fans espérance de fecours , I fut obligé de fe foumettre , & n'obtint |j que la permisfion aux Officiers & aux I foldats de la garnifon de garder leurs ! epées, & de conferver leurs hardes & ii leur bagage, avec tout ce qui leur ap fpartenait. Ils furent tous fibnduitsdans j les Provinces-Unies,au nombre defeizeI eens -foixante -cinq hommes. Peu de jours après la prife du Quesj spy, le Duc d'Ormond qui n'avait en «rien contribué a la prife de cette p'aee , déclara qu'il devait faire publier Mceffamment une fuspenfion d'armes en1 tre 1'Angleterre & la France;. que Louis -.Alv était con ven u de remettre Dan» 'kerque entre les mains de la Reine Anme, jusqu'au tems oü les fortifications ien feiaientdem^ies, & qu'il feraitoblio-é = de fe lépirer de l'armée des Alliés, poW leonimre- en m$Q ville un detachement. 1712. " i~  Ï7I2. S7o NêgociutioKS pour /#-' de celle qui était a fes ordres. II fit en même tems déclarer aux Commandans des troupes, a la lolde dc 1'Angleterre, qu'ils euffent a fe feparer égaiement de l'armée des Alliés, pour prendre part k la même luspenlion d'armes, autresnent qu'il ne leur ferait plus rien payé par la Grande - Bretagne.. Le Géneral Anglais leur donna huit' jours, au bout desquels ils vinrent dire qu'étant Alliés de 1'Empereur, &' membres de la GrandeAlliance', ils ne s'en fépareraient pas, & qu'ils continueraient de fcrvir fous le Prince Eugene. Le Monarque Francais avant appris la réponfe faiteauDuc d'Ormond, iugea qu'il était iibre dc la paroleau fujet.de Dunkerque, puis qu'il ne devait l'ivrer cette place aux _ Anglais, qu'a cor.dition que ceux-ci cngageratent les troupes ctrangeres a .la folde de la Reine Anne , a ne plus Yervir contre la France. Cette diffku.1té pouvait occafionncr une rupture j mais Louis XIV avait mis trop d'importance a la paix, peur ne pas ciurcher ausfitót' a l'appianir. Le Miniftre St. Jtan , devenu Lord Bolingbioke écrivit au Marquis de Torcy , que la paix ou la guerre était entre les mains du Roi r que s'il vomait remettre Dunkerque aux Angiais , la füspenfipn d'armes aurait lieu.; que le Duc .d'ümiond rttirera^  taïx d'Utrechti- les-troupes nationales du camp des Alhés-, que l'on ceflerait de payer les troupes étrangeres, & que rien n'empêche- ' rait de conelure enfuite une paix parti- . culiere entre 1'Angleterre & la France, & qu'on prescrirait aux Alliés un tems raifonnable pour accéder aux conditions dont 1'Angleterre & la France feraient convenus: Louis XIV n'ayant aucun doute fur la fincérité de la Reine Anne & dc fes Miniftres,. confentit k leurs demandes , & donna fes ordres pour recevoir les troupes Anglaifes k Dunkerque. Les esprits avaient été trés - partagés a la Haye,au fujet de la fuspenfion d'armes, avant le dernier fiege k avant la déclaration des Commandans des troupes k la folde de 1* Grande-Bretagne. , Les Députés des Provinces de Hoilande & d'ütrecht , qui craignaient la ruine cntiere de leur commerce, presfaient ceux des autres Provinces d'accéder a la fuspenfion , & de s'unir aux>. Anglais, pour parvenu- k la paix générale ; mais la pluralité des voix 1'emporta, & le Comte de Zinzendorf, Mi- . niftré de 1'Empereur, leur fit tant d'inftances & de promeffes de la part de fon maitre, qu'ils rélölurent, avant que • de prendre un parti définitif, d'attendre. ia liüte des éyenemens de cette cara- - 1712.  «Bè" Négociations peur lè pagne. Lu conquêtc du Quesnoy ,quot» que cette place ne fut pas des plus importantes, leur enfla extraorainairemenrie- eceur. II s'en étaient rendus maitres ■ fans le fecours des Anglais-, & le Prince Eugene en congut les plus hautes espérances, ainfi ouë les Alliés. Le' 17-de Juiliet ie Duc d'Ormond fe fepara de 1'armce des Alliés, avec vingt bataillons & amant d'e'seadrons de troupes Anglaiies: deux -batailions-& quatre eseadrons de Holftcin - Gottorp avec le Régiment de Valef & un autre régiment levé dans le Pays de Liege. Ea même tems le Général Bril regut ordre ■ ce fa Cour, de s'émbarquer' avec qtiéW qties régimens pour fe rendre a Dunkerque , oü les Anglais furent regus le iy; mais la juffies continua de s'y rendre au nom de Roi de France. • Les Anglais, fous ki conduite du Duc d'Ormond , s'étant retirés a Avesnes y firent publier -auffitót une fufpenfion 'd'armes pour ie terme de quatre-mois ; a commencer du 2a d'Aoüt. Elle com- , prenait cinq articles: le& trois premiers étaient pour établi?' le tems après lequel les prifes réciproques faites en mer,... tant en dega qu'a'u dela de laligne-,devaient ■ être renducs: le quatriéme comprenaiï.. PEspagne dans la même fufpenfion d'armes-, avec la-promeiiè fai-te-par PAngls*  paix PUtruhu- %%i ierre dc ne faire pafier ni en Portugal., ni en Catalogne,aucunes troupes ni ehe: vaux, ni,armes, ni_ munitions de guerre & de Douche:' mais !e- cinqüieme réfervait k.la Reine .la faculté de faire transporter tout ce .qui ferait néceffaire ; pour la confervation de Gibraltar & de Minorque, comme .auffi'de retirer d'Espagne les troupes Anglaifes, .foit en les faifant palier a Alahon ou retourner én Angleterre. Après cette publication le Général Anglais mena fes troupes k Gand & k Bruges,; mais il ne put entrer fur La route dans aucune des villes qui y font, paree que les Com:imandansdes Pays-Bas-Unis avaient ordre dc leur en refufer 1'entrée. Le 12 de Juillet, le jour même quet. ües Anglais fe' féparerent de la grandeE ;armée, le Prince Eugene .fit inveftir Lan - !j drecies par lePrin.ce d'Anhalt avec tren-d :;te bataillons & quarante eseadrons. Ces IXroupes étaient presque toutes Allemanides; elles avaient été .a ia folde de la Grande-Bretagne. Ce fiege n'était pas fans difficultés, a caufe deVéloignement ;|des Magafins que l'on avait établis k Jl'Abbay.e de Marchiennes, k neuf lieues pu camp des Alliés. Le Prince prévoyant que fon armée pourrait en fouftrir, ipropofa de transporter toutes les munitions de guerre ou de bouche au Quesnoy, d'oü il n'y aurait eu que trois 17l-'2- : Prince jgene met Sege deint kanodes.  gBa Négocïeuotn poiiri& 1712. 1 r X 1 lieues pour les conduire au camp. 'Maft! les Etats-Généraux, loit par efprit d'économie, foit paree qu'ils ne croyaienci pas les Francais en état d'entreprendre: la moindre chofe, s'oppofërent k cej transport. Le Prince n'était pas dans: la même e.rreur. II préfumait peut-êtie; que le Maréchal de Villars ne formeraitl pas de grandes entreprifes; crainte que? fi les Alliés avaient quelque avarïtage*j ils n'en devinsfent que plus diffkilès-k traiter de la paix; cependant en habile Général il ne laifia pas de prendre toutes les précautions néeeffaires. II fki :nvironner le camp du fiege par un retranchement de feize piés de largeur furi quatre de profondeur, bordé d'artillerie: chargée k cartouche, & dont il confia; la garde au Général Fagel. II mit un corps de trois mille hommes kMarchiennes fur la Scarpe; un autre de cinq mille hommes d'infanterie & de trois rmUe chevaux, commandé par le Comte d'Al-l bermale k Denain fur 1'Escaut: un troiue-| me de trois mille entre Denain & Tian fut i'Escaillon; & lui - même avec le refte dej fon armée, établit fon camp fur ce ruis-( feau, prèt a fe porter de quelque cóté; que parufient les Frangais. Pour établi-r la communication entre Marchiennes &|j Denain, oh forma une ligne qu'ön nom-i ma,pttr bravade,le grand chemin de Pa-; ris. On- en donna la garde k un corps 1:  ■paix iFUtrechu ggg Mc dix-huit a vingt bataillons & de quelques eseadrons, formant en tout dou,ze k quatorzc mille hommes. Les troupes ne manquaient pas au •Prince Eugene; mais il n'avait plus de Marlborough pour le feconder. II donna ordre aux Commandans de tous ces différens corps, d'oblèrver, avec le plus . grand foin, touslesmouvemens des Francais; mais le plus grand nombre des Officiers Généraux, particulierement les -Hollandais, manquaient égaiement d'expérience & de vigilance, tandis que c'é.tait précifement le contraire du cóté des Frangais.; ils avaient un Général trés-habile, & ceux qui commandaient -fous fes ordres, avaient autant d'aétivité que de .talons pour profiter des plus -iégeres fautes de leurs adverfaires. Landrecies, fitüée fur la Sambre eft k trois lieues du Quesnoy, & k fix de Valen.ciennes; elie avait M. du Barail, Ma>-réchal de Camp, chargé de la defendre avec une bonne garnifon. , Trop faible pour en venir k une bataille avec le Prince •Engene, le Maré . .-chal de Villars tourna toutes fes vues „du cóté des lignes de Denain, bien con ■ vaincu que s'il pouvait les forcer & „s'emparer des magafms de Marchiennes, les Alliés dépourvus de vivres & de munitions, feraient bientót contraints pC lever le .fiege. II connailTait toute fa  f§4 NégodaüoHs pour fa vigilance du Prince Eugene, & favak cembien il lui fallait d'art pour le fur- prendre: aüffi le Maréchal de Montes- I quiou fut lc léul k qui il confia lbn fe- • cret, & il en fut admirablement fecondé dans fon entrepriié. Villars fit jetter des ponts fur 1'Escaut du cóté de Cambrai, & traveria cette I riviere avec fon armée. Les jours fui- I vans furent employés a élargir les chemins & k les applanir jusqu'a la Sam- bre, & il fe mit en marche pour tra- I verfer la Selle vers fa fource. 11 rangea \u 'fon armée en bataille presqu'a la vue du I Prince Eugene, qui voyant les mouvemens du Maréchal, crut que fon pro- jet était d'attaquer le camp devant Lan- U drecies, afin de fecourir cette ville. Le I lendemain les coureurs du Prince vin- U 'rent lui dire qu'un gros' corps de trou- U pes aux ordres de M. de Coigni, après' 1 avoir paffé la Sambre,s'avangait a grands b pas du cóté de Cartigni, vis-a-vis le 1; camp qui faifait le fiége. Alors il fut I convaincu que les Frangais allaient por- 1 ter tous leurs effbrts contre ce camp. Ij En conféquence pour renforcer fa gau- >!; che, il fit dégamir fa droite qui s'éten- I' dait le long de PËscaut. Le Maréchal 1 de Villars parfaitement inftruit de cettè |: manoeuvre, & fachant que le Prince a- 1' vait des efpions dans fon camp-même, II fit dire k Pordre le 23, que lorsqu'on 1 bat- I  paix d^Utrecht. g§5 %attrait la retraite, ce ferait le figiial pour marcher k Pennemi par la droite. Eugene lefut bientöt, &'fitencore plus approdier fes troupes de la droite, ce qui donna de nouveaux'moyens au Général Francais pour éxécuter fon véritable projet avec moins de difficuités. Le même jour,k cinq heures du foif-, le Maréchal donna ordre au Comte de Broglio de marcher vers ra'geile avec ■quarante eseadrons de 'cavalerie & de faire garder tous les paffages de cette riviere avec la plus grande exaéiitude. II prit auffi la fage précauüon d'envoyer des hufiards battre la campagne du cóté de Cambrai & de Bouchain, pour que les Alliés ne puffent recevoir sucunes nouvelles des mouvemens qu'il allait faire. 11 avait ordonné quelques jours auparavant de eondurre tout le bagage, tant k Saint-Quentin que dans les environs. Dans le même tems que le Gomte de Broglio fe mit en marche, le Marquis de Vieux-Pont eut ordre de partir k la tête de douze-mille hommes «'infanterie & de mille cavaliers, avec une bonne artillerie, & un grand nombre de pontons, pour établir des pohts k Neuville-fur-PEfcaut, entre Bouchain & Denain. Le Marquis fut fuivi de prés par le Comte d'Albergotti, conduifant Tem. IX. R 1712.  ■§S6 'Négociations pour la »n, , , . ■Ivégligcr.ce /♦esCfficier -Généraux des Alliés. un corps de huit-mille hommes d'infanterie «Sc de quatre-mille de cavalerie. Enfin le Maréchal lui-même fe mit en marche avec le refte de fon armée., qu'il fit avancer trés-promptement, après avoir envoyé ordre k M. de Coigni de fe retirer du cóté de Guife pour couvrir la frontiere. Le fuccès de Ion entreprife dépendait particulierement de n'être pas découvert, & il jetta de tous cötés de petits partis, pour que les Allics ne puflent abfolument avoir aucune communication de ce qui fe paffait. Tous fes ordres furent fi bien éxécutés, qu'une partie des Frangais étaient déja au delk de 1'Escaut, avant qu'on eüt aucune connaHTance de fa marche, ni au camp du PrinceEugene, ni k Bouchain, ni k Denain, quoique Neuville oü ils pasferent, ne fut éloigné que d'environ une lieue de ces poftes. Le Prince Eugene avait fortement reicommandé au Comte d'Albermale, au Gouverneur de Bouchain , & k tous les Officiers Généraux de fe tenir foigneufement fur leurs gardes, contre tout ce que les Frangais pourraient entreprendre,mais aucun de fes ordres ne fut exécuté. II avait encore ordonné de jetter k Denain un fecond pent fur 1'Escaut, ,qui a peu de largeur en eet endroit: cette précaution facilitait la communicationen-  pasx cPUtreck. 387 %e les différens corps ' qui étaient des' deux cótés de cette riviere; mais cètre utile opération fut rétardée fous 'diffe rens prétextes, ce qui caufa en grande partie la perte confidérable que^ firent les' Alliés au dela de ce rleuve. ■ tl avait prefcrit k ceux qui commandsient dans Bouchain & dans Denain, d'entretenit une correspond'ance continueiie, & d'o-: bliger les payians k leur dor.nér rréqueïnent des avis , fur les mouvernea's Hifitè pourraient découvrir , & flirtout s'ils Voyaient paraitre les Francos; mais ceS 'Commandans n'obfer verent- ces ordres rfcffentieis que pendant qnélques jours. i| Auffitót qu'ils virent le Marécnal de Vil Ifkrs éloigné de 1'Escaut, ils néglig«rcnt !: d'envoyer des détichemens de Cavalerie i^entre ces deux poltes; enforte que les I Francais jetterent' leurs ponts en jlein Cjour, fans que les Commandans de ces 1 villes en euiïent le moindre vent. On ïprétend que le Comte d'Albérmale fut Idétourné de prendre cette préeautiori -par le confeil de quelques Officieri;, qui [Tui répréfenterent que ce ferait Fatiguer finutilement la cavalerie, & qu'il valait : mieux la ménager pour les occafions oü, ielle pourrait être plus utile. Le Marquis de Vieux-Pont qui avait 0 ;eu plus de fix lieues k faire en condui-'? ifönt de 1'artillerie & des pontons, ne?' put arriver avant le jour k Neuville; Ra ' 1712. ïnain elj vüliri pai. de Vils.  3&8 Négociations f«ur U mais les Alliés n'ayant.aucun foiipgon de fa marche , il eut le tems de jetter itrois ponts fans qu'ils en euiïent la moindre connaiffance. Auffitót qu'ils furent établis, le Comte de Broglio traverJa PËscaut. II aurait été factie de lui en disputer le paffage, (a caufe d'un grand marais qui était vis-a-vis des ponts, cu les cavaliers & les dragons furent obligés de dénier quatre-a-quatre; mais la fortune ayant fecondé la bonne conduite du Maréchal, le Comte eut tout le tems néceffaire „pour mettre fes.trpupes en bataille , .& pour marcher aux lignes des Alliés qui commengaient vers Lour-ches, a un quart de lieue de Denain. II y entra presque fans réfifiance; il gnveloppa cinq-eens hommcs-d'infanterie, & autant de cavalerie, qui efcortaienf 'un convoi, & qui furent tous pris ou tués a la vue du camp de Denain dont }es troupes n'oferent fortir pour les fouienir. Villars qui n'avait pas perdu un feul inftant, pour faire, fuivte au refte de l'armée le chemin qui leur avait été tracé par le Marquis & le Comte, joignit bientót ce dernier. En même tems ie Chevaiier de Luxembourg , depuis Prince de Tingri, fe mit en marche de Valenciennes, pour attaquer de fon cóté la ligne qui conduifait de Denain k Marchiennes. C'était huit heures du j^natin, quand le Comte d'Albermale f14  paix ^Utrecht. Étfètti par M! de Bothmar, qu'on voyait des troupes vers Avesnes; & il avait fait partir auffi-tót un exprès pour en donner avis au Prince Eugene ; maisce Prince avait apprrs dès les fept heures 'Ja marche de M. de Villars, & il était m'Onté a cheval dans lc moment même avec préjsqué tous les Officiers Généraux de' fon armée pour fe rendre a Denain', après avoir donné ordre a fept-mille hommes d'Infanterie de le fuivie. Le Comte d'Albermale ayant fait tirer fix coups de canon pour avertir Ia' garnifon de Bouchain, & pour rappelier les chevaux qui étaient en pature, envoya lé Comte de Croix avec fept bataillons pour faire face aux troupes qui étaient forties de Valenciennes; & lui-même avec feize autres eseadrons' fortrt de fes retranchemens dans le defléin de disputer le pafiage aux Frangais prés de Neuville, mais il n'ën était plus tems. II y avait déjk affez de cavalerie dans la'plaine pour lui tenir tête, le refte filait & fe mettait fuccesfivement en bataille, ce qu'il n'avait d'abord pu appercevoir, a caufe d'une hauteur qui eft entre Denain & 1'endroit oü pafierent les troupes du Duc de Villars. Alors Albermale changea de defiein, & ne s'occupant plus que de la défenfe de fes retranchemens, qu'il jugea que les Frangais allaient bienfót attaquer, il fit rentrer toute fa caR 3  39® Négvciasions peur te valerie, qui aurait été vraifemblabigment détruite, fi elle eüt tardé plus■ longtems. Ce fut alors que Broglio entra dans les lignes a la vue'du Comte ^ & il s'y était déja. établi quand le Prince Eugene arriva fur les dix heures k, Denain. II commenga par vifiter tous les retranchemens que Villars venait d'inveftir de tous les cótés: le Prince jugeant la cavalerie inutile, donna ordre de lui faire re pafier 1'Escaut, ainfi qu'aux gros bagages; & pour mieux garnir les rétranchemens de Denain, qui n'étaient gardés que par dix bataillons,. il y en fit paffer fix autres qui étaient dans les lignes entre ce pofte & celui de Thuin. Le Prince comptait qu'aprèsavoir ainfi pourvu a la défenfe des retranchemens de Denain, le Comte d'Albermale ferait en état de t'y maintenir jusqu'a 1'arrivée des fept mille hommesde fon armée, auxquels il avait donné ordre de le fuivre; & pour hater leurmarche, il alla lui--même au devant de ces troupes , dans 1'éfpé.rance de les. smener afiez promtement pour défendre ces rétranchemens contre le Maréchal de Villars, qui de fon cóté prelïait les momcns d'attaquer. . Le Général Frangais partagea fon infanterie en huit colömnes, éioignées les unes des autres d'environ deux-cens pas. 11 mit les grenadiers a la tête,au nombre de quatre-mille, y compris les piquets:  paix d^Ütreckt.' §91 '. 11 fit foutenir la droite par les dragons, I & commanda a l'imfanterie, compofée ! de douze-mille hommés,-de fe porter 1 au centre &-vers la gauche: -la cavalerie j forma 1'a.rriere garde. M. de Villars eut I le commandement de la droite, feconI dé par le Maréchal Möntesqaiou: le I Comte d'Albergotti fut charge de con| duire la gauche; & M. M. de Vieux1 Pont & de Dreux, les rerrancnemens, 'pendant que d'autres travaillaient k I les combler. • Les Lieutenans - GéI néraux fe placerent- au- premier '| rang. A une heure après midi, tout I s?ébranla en mêrfiê tems pour marI cher a 1'attaqüe: tous avancerent en fi' i lence, & fans tirer ,un feul coup jus.1 qu'a demi portee de fufil de Denain. I Alors le Comte d'Albermale fit une déli charge de fix pieces de canon chargtes fa cartouche, & trois déchargesde mousI queterie qui ne purent arréter les FranI e'ais; quoique leurs rangs en fuffent un j peu éclaircis. Ils continuerént leur marji che avec intrépidité: les piquets & les I grenadiers fe jetterentdanslesretrancheI mens: le Comte de Dohna les regut avec I un feu terrible dans le pofte oü il comI mandait; mais il n'en fut pas ainfi dans les 1 autres poftes. Les grenadiers grimpent i avec fureur fur les retranchemens 1 ) pendant que d'autres travaillent a comI bier les folTes des parapets d'une R 4. Villars force les retranchemens de Denain, ofi ICS Alliés font une ptrte cinindérablei  '1712. Te Comte d'Albcrmale enjbncé & fait prifüjiiiitr. ] S91 Négociaiibm pottr te terre fab!onneufe,fans confiftance & maf iouterue, par les fafcines. En peu detems ies Frangais pénétrent de tous cótés la bayunnette au bout du fufil: le carnage devient norrible: une partie des fuyards veut fe fauver par le pont, qui ne peut fupporter une charge fi pefante; il s'abime fous leur poids, & les autres foldats qui veuient fuivre la même route, r.e trouvant plus de palfage, feprécipittnt dans les flots. pour écbapper au fer & au feu qui les pourfuivent. Les Frangais déja répandus dans tout le camp, cou pent la commtinication des-^ bords-dc 1'Escaut k Paile gauche des Alliés. Lc Ccmte d'Albermale effaye en vata dc rafTembler quelques troupes pour tenir bon dans 1'Abbaye de DenainJ tous fes gens fe disputant fans vouloir 1 ecouter 1 il demeure presque feul: eft . environné par les Frangais, avant de pouvoir gagner 1'Abbaye, & fe trouve tótce de fe rendre prifonnier. Le Prince Eugene que la rupture da pont retient fur 1'autre rive du fleuve, monte fur une éminence d'oü il voit avec les transports de la douleur la plus vive, la déroute & le carnage de fes troupes, fans pouvoir leur donner le moindre fecours; Des feize bataillons qull avait k Denain , il ne refte ?uë quatre-eens hommes, qui ont eu Ie Jonheur de fe fauver les premiers, &  paix dVtrech?. 55 fui eertainement ne font pas 1'éüt des troupes. Le refte eft tué, noyé ou fait prifonnier. On compta au nom bre des morts, deux freres du Prino d'Anbalt-Deffau , 1'tin tué & l'autn noyé, ainfi que le Comte de Donb; & le Comte de Woudembourg. Le; principaux prifonniers furent le Comte d'Albermaie, M. Sickinga LieutenantGénéral; le Prince de Naffau - Siegen, le Prince de Holftein, le Comte Corneille de Nasfau, le Baron d'Alberg, & M. Zabel, avec plus de trois-cens Officiers. Les Frangais firent dans lecampun butin confidérable; ils y prirent douze pieces de canon , beaucoup de munitions de toute efpece & une grande quantité d'équipages , qui furent diftribués au foldat: ils perdirentyde leur cóté, le Marquis de Tourville, fils du Maréchal de cc nom; ils eurent environ quatre-cens hommes de tués; & au moins un pareil nombre de bleffés. Le Maréchal de Viilars recueillit un hon ■ neur infini de la réufiïte d'une entreprife fi bien projettée & encore mieux exécutée. Le Maréchal de Montesquiou, & tous les Officiers qui féconderent leur Général avec autant de valeur que de bonne conduite en partagerent la gloire avec lui. La bravoure des Soldats reent aufii les plus grands éloges. Cette B- 5 3 ï I Sctte jourïée rétablit es affaires le la Fran. :«♦  S94 Nègmaiïons peur ia 1711.' Suites de Ia céfaitc. feule aótlon, qui ne dura que quelques heures, répara, par fes fuir.es,.les disgraces multipliées que la France avait csfuyées pendant le cours de prés de dix annees; & l'on oublia bientót tous les. malheurs paffés. En même tems que le Maréchal de Villars envoya porter a Louis XIV cette grande nouve!le,il fit partir un courner pour faire part de fa viéloire au Duc d'Ormond , & en envoya égaiement la relation au Comte de Stafford . & aux autres Plénipotentiaires d'Utrecht. Paris St tout le Royaume furent templis d'une joie inexprimable; & Ja Champagne ne craignit plus de voir arracher fes vignes de fes fertiles coteaux ni devenir la proie de ces terriblcs huffards que y avaient déja fait quelquesinvafions. Le premier foin de M. de Villars, après fa yidtoire, fut d'établir des ponts: fur la Senfée, pour couvrir la communication entre Arras & Cambrai. Le 25. il alla camper a une demi-lieue de Valenciennes; & le Comte d'Albergotti inveflit St. Amand, dont la garnifon ferendit le lendemain a discrétion , au nombre de fix-cens hommes. Le mêmejour, le Comte de Broglio fórea auffidans 1'Abbaye d'Anchin, cent hommes, a ie rendre & l'on s'empara en même  faix d'Utrecht. $gt tems de Mortagne, de 1'Abbaye d'Hainau, & des quatre Clochers , cü 1'or prit encore quatre-cens hommes. Ces conqueces, fans être bien confiderables pnvaient les Alliés d'une grande quantitude de munitions detoutesefpecesqui v étaient en magafin: mais le plus connderable était a Marchiennes qu'on ne pouvait enlever auffi facilement, paree que ce polte était environné de marais ! a 1'exception de deux chemins qui y conduifaient, oü l'on avait forme de i bons retranchemens. Ce polte était fous l la garde du Brigadier de Berkhofftr qui v commandait trois-mille hommes Cet , Officier répondit en brave homme a la fommation qui lui fut fake de fe rendre II fut auffitót invefti par M. de Broglio' Le Maréchal de Montesquiou s'y rendit ! e"fuj!:e' & fit dire au Commandant que, jl«'il gatait les munitions, il ne lui ferait f iait aucun quartier non plus qu'a la garnipba. Mais le Brigadier avait deja fait tcouler a fond cinq barques chargees de" Iplomb. Le 30 les Frangais fe pr-épairaient a donner 1'affaut, mais Berkhoffer pt battre la Chamade, & fe remit priofonmer avec toutes fa garnifon qui fut liconduite a Valenciennes. Les Francais v pent un butin confidérable. Ils s'emtparerent de plus de cent balandres ou ba Reaux flamands, fans compter ceux ftu'tls prirent encore a Sc. Amaad, &. i7^- Prife cles les Magaias deMar:hiennes.  1712- Le Prince Eugene leve le fieg tle Lanetre «ies. 596 Négociations pour té qu'ils envoyerent a Valenciennes. T\'& prirent plus dc cent pieces de canon,. dont cinquante-deux étaient de vingt[ix livres de balie T & quarante en état de fervir, trois-eens milliers de poudre,, trois-cens charriots avec tout leur attirail, 1'hopital de l'armée , un nombre prodigieux de bombes, degrenades, deboulets & de balles de mousqüet; quantité de grains, de farines, de jambons ^ de lard,de fromage, de beurre,de bierre, d'eau-de-vie, de marchandifes, de haches. & de hallebardes, en un mot toutes 'fortes de provifions, plus qu'ili n'en fallait pour faire deux fieges, dont une partie fut livrée aux foldats. Ils firent plus de fix-mille prifonniers, outre huit ou neuf eens malades ou bleffésqu'on y avait transportés du Quesnoy. L'armée du Prince Eugene, apres laprife des magafins de Denain & de Mar' chiennes, manqua bientót de pain pendant plufieurs jours. II envoya faj grosfe artillerie au Quesnoy , pour fe porter en perfonne du cóté de Gand, dans la craintc que les Anglaia; fous les ordres du Duc d'Ormond, gagnés par la France , ne fe tournaffent contre les Alliés. Ces foupepns étaient injuftes; la Reine d'Angieterre, ne eefla jamais de leur être favorable, quoir  paix dVtrecht. %fl «pre 1'avantage de fes Etats lui fit fincésrement defirer la paix. On prétend, i qu'a la vérité, le Marquis de Torcy é- ■ i crivit k Londres, que la Reine, ayant un corps de troupes afiez conlidérable jdans les Pirys-Bas, pouvait forcer les ;i Etats -Généraux k confentir aux juftes 'i propofitions de la France: mais foit que :i la Reine rejettat d'elle-mêrae ce projet, j foin qu'elle ne le fit qu*après 1'avoir I communiqué k fon Confeil , il eft certain qu'elle refufa toujours de fe prêter il k tout ce qui pouvait gêner la liberté !; de fes anciens Alliés. Mais le Prince I Eugene qui pouvait être inftruit des dé» i marcbesde la Cour de France,&ignorer :i quel parti prendait le Conléil de St. Ja: mes, prit toujours le parti le plus fage 1 & le plus convenable aux circonftances l. oü il fe trouvait. Après avoir fait rafer les retranchei mens de Denain, de St. Amand & de I Marchiennes, le Maréchal de Villars ré] folut d'entreprendre le fiege de Douai. Plufieurs de fes Officiers Généraux jui gerent cette entreprife dangereufe k caui fe du. voifinage du Prince Eugene, qui pouvait tout-k-coup tomber fur les Frangais & tirer vengeance de 1'affaire de Denain. Ce Prince y était afiez dispofé; & il eft vraifemblable que s'il n'eut pas été obligé de fe confoimer aux R 7 1712- Lc Princs Eugene contrarid dans fes defi'eins par les Députés des Etats-Géni?-rav.x.  na per.» 59 8 Kégociatietss. pour Is. fcntimens des Députés des Etats-Gé neraux, ou il aurait eu fa revanche* ou il aurait achevé de ruinen les at! faires des Alliés en Flandre. Mais ces Deputes s'oppoferent a ce deflëin, difant qu'il valait mieux conferver une armee en bon etat que de donner une bataille.-. Ils-voyaient presqu' autant d'inconveniens- loit qu'on la gao-nat foit qu'on la perdit, paree qu'ils fe per! fuadaient que s'ils étaient vainqueurs ies Anglais,.pour les forcer^la paix'' ledeclareraientouvertementpourlaEram ce. Cependant ils ne désuppreuveren* pas, lorsque le fiege de Douai fut commence que le Prince Eugene eflayir, s-'U etait poffible, de forcer les retran!' chemens du Duc de Villars du cóté de Pont - a • Brache pour jetter du fecours dans la place. If laut.-avouer que ces Députés étaient d'un avis fort la»e & qu'ils avaient pris le mei 1 leur parti pos-* ïible, pour le bien des Alliés. r Le, £-ri-nce El|gene Pour mieux cacher »on dellein, après -avoir levé fon camp devant Land recie,. prit la route de Mons,.. traverfa 1'Escaut prés de Tournai, Ie 6 d'Aout,.& alla camper le 8 a Séclin&Féon. Le Général Hompesch qui commaniaitpour les Etats dans Douai, jugeant ju'après Pafiaire de Denain, il ne tarde:m pas d'ètre affiége, retzra, fans per»  paix ^Utrecht:- 399- dïe de tems, les troupes qui étaient dans le voifinage pour renforcer fa garnifon: au moyen de cette précaution, elle fe ' trouva forte de neuf bataillons & de deux-cens hommes de cavalerie. C'était encore peu de chofe pour une ville d'ausfi. grande étendue : mais eet Officier un des meilleurs qui fut au fervice des Etats, en fut tirer tout le parti pofïible que lui permirent les circonftances. Quand les Alliés s'étaient rendus maitres de Douai ,. cette Ville était déja . 1'une des plus fortes places de la Flandre, & ils en avaient encore augmenté • confidérablement les défenfts, dans Patiënte qu'elle leur refterait. M. de Villars en fit faire 1'inveftifTe"-ment le 3.1 de Juillet par les Comtes d'Albergotti & de Broguo: mais on ne fe prcfia pas d'ouvrir la tranchée; fon principal objet était alors de former de bons retranchemens, & d'avoir descorps avancés qui puffent le mettre a couvert de toute furprife. Le Maréchal pour couvrir le fiege, établit fon camp a Henin-Liétard dans la plaine de Lens, derrière la petite riviere des Souchets. II fit faire quelques retranche•mens entre Carenfi & Glvanfi vers le Mont St. Eloi, a peu de diftance d'Arras: comme la partie la plus expofée était enire ie canal de Lille & la Scarpe, il placa le Comte d'Albergotti a Ponr-k-  1? 12. ï.e Pfinct Eugene n'ayant pu jetter du fecours dans la place, eft oblifée de fe (êrirer.. 4D© Négociations pour Is Rache, & celui de Coigni k Pont-Rubi , de fagon qu'ils pouvaient lë foute■ nir réciproquementj- fi 1'un des deux était attaqué. On forma- de 1'un k 1'autre de bons rétranchemens doublés, avec de grands fofies- pleins d'eau qu'on tira des ruifleaux voiftns, & en arrêtant le cours de la pecite riviere deFlines; onaugmenta confidérablement 1'inondationdont les retranchemens étaient bordés. Le Prince Eugene-, pendant que le Maréchal de Villars- prenait toutes ces precautions contre fes entreprifes, faifait de fon; cóté' des dispofitions favantes pour attaquer les Frangais, & pour iettcr du fecours dans la place inveftie.. II fe mit en marche & arriva le i.2 kRibaueourt, éloigné feulement d'une lieue de Pont - k - Rache. II avait tiré de Lille & de Mons cinquante pieces de gros canon, dont il comptait foudroyer les retramchemens de ce pofte, & il fit apporter une quantké prodigieufe de fafcines, de gabions & de claies pour eombler les foffés. II fit camper fes troupes fur un terrein qui occupait un efpace de trois lieues, la droite appuyée k une riviere prés d'Epinoi,. la gauche vers Flines,. vis-k-vis les retranchemens du Pont-kRache, & fon centre était pofte a Ribaumourt. II alla reconnaitre plufieurs fbis les retranchemens des Francais, &-  paix (PtMêcm. 401 rcmarqua les endroks oü. il voulait élever fes batteries. Mais ce grand projet refta fans éxécution, foit que le Prince-' en vit lui-raême Pinipoffibilité, foit que les Députés des Etats-Généraux y miflent encore obftacle par les mêmes raifons qui les avaient fait s'oppofer a mn venir a. une bataille. Quoiqu'il en ii foit ,. le Prince , ayant demeuré qua1| torze jours dans cette pofition, fink ii par fe retirer, après avoir brülé. toutes ï fes fafcines, fes claies & fes gabions. Malgré le voifinage du Prince Enge* 11 ne & de fon armée,. les Frangais ne laisjferent pas d'ouvrir la tranchée devant |Douai & devant le fort de la Scarpe, la nuit du 14 au 15 d'Aoüt. Le Géne|rai Hompesch n'oublia rien de ce qui J| .pouvait le mettre en état de tenir longÉtems dans cette place.. 11 commenga par j!faire un feu terrible, qui ne discontinus pas pendant tout le fiege au moyen iides éclufes, i! inonda la gauche que |Pön ne put deffêcher qu'a force i,de coupures , ce qui retarda de pluifieurs jours les opérations. II n'avait lides vivres qu'en petite quantité: il en Irégla la diflribution avec économie, & inomma des Commiflaires pour faire donuner chaque jour a la garnifon la viande, fl'eau - de - vie & le tabac. Les affiégeans. Üpouflaient, en même tems, les opérations contre le fort de la Scarpe , & le  402 Négociations pour ia 3~I2. Tx Fort de 5i Scarpe fe' icrid aux •Êïégeans. 23, la communication fut entierement" coupée entre ce fort & la ville. On commenga enfuite-a. Ie battre en brêche , & i'Officier qui y commandait, ne? voulant pas expofer fes troupes a une» deftruclion inevitablevs'il attendait Pasfaut, battit la cnamade le même jour & fe rendit prifonnier de guerre avec fa garnifon, réduite a, deux-eens hommes.Auffitót que l'on fut maitre du fort, on1 ouvrit les éclufes qui retenaient les eaux . autour de la ville,. ce qui" contribua* beaucoup a en accélé-rer la prife. Ce; fut la veille de la reddition du fora de la Scarpe , que le Prince Eugene,^ voyant qu'il n'y avait plus d'esperance.^ de fecourir Douai, lcva fon camp deRi- i baucourt, & fë retira a Séclin prés del Lille. Le Duc de V-hars plus tranquiM le, s'occupa plus partitulierement du J fiege. II fit creufer de nouveaux ca-| naux pour l'écoulemnt des eaux, &;] nugmenta les batteries de canons & de-, mortiers.- Malgré toute Paclivité des-^ Frangais,.ce ne fut qu' "après avoir per - j du beaucoup de foldats & plufieurs bons*Ofliciers, qu'ils réuffirent a, s'emparer de 1'avant-chemin-couvert la nuit du 18 au 29. On jetta enfuite deux ponts-.; Mr le foffé pour gagner le chemin couven: mais les affiéges en brülerent un %c détruifirent 1'autre par le moyen des saux qu'ils lacherent. avec impétuofité.- •  paix d'Utreckf. 403. Le 31. Ie Maréchal de Villars apprit [ Cfue le Prince Eugene avait fait un mou1 vement,. ce qui Pobligea. d'aller a Le- • i warde pour veiller fur toutes. les furI prifes. Sachant enfuite que les Alliés s'avanl.eaient vers Tournai, ii envoya le Comité de Croifi du cóté de Denain avec une j partie de fon infanterie & quatre brigades de cavalerie. Le refte de l'armée, a 1'exception de quarante bataillons qui ae quitterent pas le fiege, fuivirent ce Ipremier détaehement, pour fe porterjfur 1'Honneau, fi le Prince s'avangait. jvers Mons. Le 7 de Septembre le Maréchal étant revenu au camp devant Douai, fit attaquer plufieurs lunettes,. & le fecond chemin-couvert. Trois. ponts qu'on avait jettés fur les fofies SS'enfoncerent fous les grenadiers: mais. ces braves gens continuerent leur attaque, quoiqu'ils eufiènt de Peau jusque ious les aiifelles. On rétablit les ponts, de radeaux; & lorsque le Chemin couvert fut emporté, par la perfévérance lides grenadiers,, ils y établirent des.lojjgemens. Dans la chaleur du combat ils. êntrerent dans une demi-lune de la plaBej mais comme on n'avait fait aucune. pispofition pour s'y loger, on fut con|raint de Pabandonner. Le lendemain,, le Duc de Villars apprit que le Princei&ugcne paflait 1'Escaut k Tournai;,.. 1712».  La Ville 'de Douai fc rrnd au Maréchal de Villars. i 1 'i 1 1 ( ] 1 l < ] 4~4' 'r7ègoc}0tiat2S poitr 'lè' il fe rendit auffitót en perfonne a Va; lenciennes, pour faire auffi traverfer cette riviere a fon arnlée. Le même jour, le-Comte d'Albergotti fit attaquer une; dcmi-lune dont ii s'empara, & tout tant dispofé' pour donner 1'aifaut aü. corps de la place, le Général Hompefch: fit battre la chamade, & di-manda a ca-, pituler. II voulait des conditions honorables, & il les avait certainement bien* mcritëes. Mais M. de Villars revenïl m camp, fur 1'avis que lui donna d'Al-bergotti, refufa d'accorder d'autres conutions que celles que les Frangais; avaient obtenues au Quesnoy. Mais ilfit) 3ire au Général Hompefch, que lePrin-ie Eugene avait donné Pexemple , <%; ^u'il était faché que la juftice des ré-. >réfailles tombat fur un Officier de fom nérité. La garnifon fut donc faite prrbnniere de guerre •, & on la conduifit'; i Beauvais, au nombre de dix-fept-cens-» 'oldats, & deux-cent-cinquante Offr;iers, outre douze-eens malades ou >leffés, dont une partie ne pouvait être ransportée. Ne pourrait-on pas demanler pourquoi le Maréchal de Villars-'autorifait de la Capitulation du Quesnoy >our traiter fi dürement un auffi exeeïent Officier que le Général Hompesch ,, andis que le Prince Eugene avait accordé dans plufieurs occafions le traiteeent le plus difiingué a des Gouver-  paix llviiit des Franc-sis.  Pafe de ïouebain. .410 Négociations pour rïa Le Prince Eugene ne voulant pas être témoin de ia prife du Quesnoy , étaic " décampé le 29 de Septembre pour fe transporter derrière la .Trouille. II voulait toujours attaquer les Frangais dans la perfuafion qu'ils étaient épuifés uar la fatigue & par les maladies. Plufieurs Généraux étaient de l'avis du Prince; mais il fut encore contredit par les Députés des Etats-Généraux qui perfillerent uniquement fur la défenfive, tant ia défection des Anglais leur avait fait appréhcnder les fuites d'une aiFaire. L'on s'attendait qu'après la prife de cette place , le Maréchal de Villars mettrait fon armée en quartier d'hiver. Mais loin de la, il réfolut d'entreprendre \e fiege de Bouchain. Pour eet effet il tfra quarante , bataillons de différentes places, les remplaga par les Régimens de fon armée qui avaient le plus fouffert, & chargea le Marquis d'Alegre de la conduite du fiege, qu'il forma avec ces quarante bataillons de Eroupes fraiches , vingt- quatre eseadrons: sde cavalerie, & neuf de dragons. Le Comte de Groveftein commandait dans la place une garnifon de quatre bataillons, abondamment pourvus de vivres & de munitions de guerre. II fit la plus belle défenfe '"avec ïuffi peu de troupes. La tranchée fut  'faïx cPUtrscfii. / 11 I -oüverte la nuit du 9 au 10 d'Oc"tobre,le I chemin couvert fut emporté 1017; &le 18 !| le Comte-fit battre-la chamade & le renjj- dit pnionnicr. avec la garnifon. Ce fut I - après cette conquête que le Maréchal | de Villars mit fes troupes en quartier | d'hiver. Les échecs qu' éprouverent les I Alliés pendant cette Campagne, ne con3 tribuerent pas peu a applanir les diffi| cultés que l'on apportait a conclure la | paix. Le léger avantage que dans le i' même tems remporta le Prince Eugene : par la furprife du Fort de la Knoque i: n'était pas une grande confolation pour i tant de pertes multipliées. Ce fut le [ -partifan LaRue qui s'empara de ce Fort 1 la nuit du 3 au 4 d'Üétobre. II n'j I avait qu'une faible garnifon qui fut faij te prifonniere de guerre avec 1'Offidcf : qui la commandait. Les plus grands efforts s'étant portés i I 'vers les Pays-Bas, la guerre n'offrit rien ; d'intéreffant dans les autres parties du \ i monde. Le Duc de Savoye voyant, de|: puis 1'élévation dé Charles au tróne ImI périal, les intéréts de 1'Europe fous un autre point de vue, s'appliquait plus i négocier qu'a combattre. 11 n'y eut guères en Espagne que des CscafmouI ches: lc Portugal, k qui les Couronnés I 'Espagnole & Impériale réunies fur la ) même tête faifaient ombrage, fut même !è 1 -premier-aimiter les Anglais enaccédancfc S a 'tat de 1* uerrc liorj es Pays, las.  ÏJ12. -XVil. 401. •Xenteur sSes confé~rencesd'Utrecht. Renonciation du .Roi d'Espagne'&des Princes de Ia llaifon de Bourbon. 41 % Négociations peur .te la fuspenfion d'armes. .Les Francais profiteren: , cependant , cette année ainfi que dans les précédentes, de la •finguliere politique desPuiflanccsjmaritimes qui portaient alors toutes leurs ressources pour les opérations de terre. Jaques Cairard, Commandant d'une escadre Frangaife, fortit de Toulon , emporta & pilia la ville & le chateau de St. Jago dans une des'Isles du Cap-Verd. Au mois de Septembre, .il mit a contribution la colonie'de Suriname; une divifion qu'il détacha fit auffi payer de groffes contributions aux .Flabitans de Berbices. Cette escadre mit auffi Piste "de Curagao a contribution. A cette yerte fe joignit celle que.firent effuyer les Suedois : fou s prétexte que les Hoïjandais portaient des marchandilës prohibées a leurs ennemis, ils s'emparerent de plufieurs de leurs vaifleaux. /Cependant les . Conférences reftaient toujours interrompues ; la France ni 1'Angleterre n'en preffaient pas la pourfuite , avant qu'elles fuffent convenuès dc leurs intéréts respectifs. Les autres Puiffances Belligérantes offènfées des prétentions de la France & de la défeeïion de 1'Angleterre, avaient peu de courage a continucr les .Conférences. Pendant eet intervalle arriva la renonciation folemnelle du Roi d'Espagne a Ia Monarchie Frangaife , pour  païx 'd^Utrécht.' 4fg- kii' & pour fes 'desc'endans, Le Duc dé Bèrry fon frere, héritier préfomptif de !a Couronne de France , après 1'unique arrierc petit - 'fils ,.presque mourant, qui reftait encore a Louis XIV , renonga auffi a PEspagne , au cas qu'il devint Roi ' de Francé. On engagèa le Duc d'Orleans' a faire' la même renonciation. A cette nouvelle , la Reine d'Angieterre fe regarda comme maitreffe des négociations ; & 1'Angleterre preffa plus que jamais la conclufion de la paix. Les négociations-ne furent cependant pas fuivies entré les Miniftres Anglais & Ia Cour de France , fans qu'il arrivat de tems ett tetifs 'des'débats 8c des difficultés; Le'Cabinet Anglais était Men réfolu de faire la paix , pour ne pas iraiter le Miniftere qu'il avait fupplantc mais , il travaiilait en même tems a 1'avoir aux conditions les plus avantageulës , pour acquerir la faveur populaire. Déja on avait publié dans toute 1'Angleterre que la nation allait retirer' d'immenfes1 avantages des pays qu'on lui cédait dans 1'Amérique feptentrionale, de la liberté de commerce dans 1'Amérique Espagnole & de plufieurs autres articies importans. Les Miniftres Frangais fe refuferent a cette extréme condescendance. Rien ne prouve mieux combien le Lord Bolingbroke S 3 1712. Ddbats" « tre les Cours de ■France & d'Angieterre , au fujet de 1; paix.. LambcrÜ Vil. 583-  4-x4. Negoelatlons pour ie, Rapport pu Hf-Kimiite' J'tcret. i i Gt) K,obert]Harle & ïlciiri St. „eji. fentit alors le danger de fa fituation que les paroies fuivantes qui fe trouvent dans des lettres, qu'il écrivait au négociateur Prior a Paris: " la France preffe 1'Angleterre de faire la paix particuliere, afin de. tenir. enfuite les autres Alliés a fa discrétion : mais en même tems elle vcut anéantir les arti^ cles les plus eflentiels pour la GrandeJBretagne,.& ne cherche qu'a ëluder des. conditions faites & confirraées d'un commun accord. Nous fommes fur le^ bord du précipice., mais la France y eft autant que nous. Mr. Torcy veut fans doute faire pendre Robert & Henri (f)". Et dans une autre lettre a Mr. Torcy , "fi la Cour de France,.. iit-il, ne veut pas s'accommoder avec ia Reine, je pourrai devenir auffi Refwfié; mais alors je lui promets dé mieux m comporter en France que les Refugiés Frangais ne le font ici. Faites ion te aux Frangais de la baffeflè de eurs chicanes. Sur ma confcierce ils :raitent conime des quincailliers & ;e qui eft pis encore, comme des Procureurs." Le Duc de Shrewsbury re^réfenta 1'embarras oü, la Reine & fes Miniftres allaient fe trouver a Pouver-  paix d^Ütrëckï 4J5 türc du Parlement, fi les conditions étaient difièrentes de celles que Sa Majefté britannique avait annoncées aux deux Cbambres. • Le Miniftre Frangais infiftait k- ne rien changer; mais les Anglais ayant propolé un tempérament, le Roi confentit k s'y prêter; & les difficultés furent levées par la tournure qu'on donna dans le traité de commerce aux articles qui étaient en conteftation, - La France, voyant les Anglais'trop avancés pour reculer , recherchait tous les moyens de mortifier les Hollandais ; pour fe vanger de leurs pro-: cédés hautains k Gecrtruidenberg. Une affaire particuliere lui fournit Poccafion ia plus favorable pour fatisfaire ce défir. Le 27 de Juillet, jour qu'on apprit a Utrecht, la nouvelle de 1'affaire de Denain , le Comte de Rcchteren, 1'un des Plénipotentiaires des Etats-Généraux ; paflant dans fon caroffe avec M. de Moè'rmont fon Collegue devant 1'nótel de M. Ménager ; leurs laquais prétendirent que ceux du Plénipotentiaire Frangais leur avaient fait , tant en allant qu'en revenant , différens geftes & plufieurs grimaces , qui tendaient k les infulter. M. de Rechteïsa envoya un Sécrétaire en porter S -4 • Llne- dislute dé Jaquaiï nteromptes confé*■encesi'Utrccht.  1712. ( 4 i i < c I c h q *l <& 4^ Négociations- peur l& des plaintes- a M. Ménager , &■ lod demander fatisfaétion , conformément au reglement de police établi pour laJ méthode des conférences. M. Ménager répondit qu'il s'informerait du fait& que 1'après midi il en rendrait réponfe. Une partie de fes gens étant alors abfens , il envoya dire a M. de Rechteren qu/il n'avait pu s'éclaircir «, mais que ce ferait pour le lendemainil envoya en effet un Gentil- homme qui trouvant M. de Rechteren parti pour la Haye, alla chez M. de Moër> mont , & lui fit lecture de la réponfe que M. Ménager lui avait donnée par éent: elle portait, "qu'il était très-éfoigné d'approuver que fes Laquais fis.«Pt quelque infulte a d'autres domeiiques , principalement k ceux de | vlrs. les Députés : que fans examiner fi les grimaces faites de loin par des va- I ets a d'autres valets , étaient des in» ultes faites aux termes du reglement* i était prêt a leur remettre ceux u'iis auraient vu commettre ces inécences, & même-ceux que leurs gens rouveraient en être les auteurs, attenu- que les- fiens niaient abfolument : fait". M. de Moêrmont répondit," u'il n?avait pas vu les grimaces, mais a'il espérait que M. Ménager leur mnerait fatisfaftioa, qu'au refte, eet-.  paix dVtrecht. 417 te aflfiré regardait plus M. de Rechteren que lui, & qu'il lui en parlerait k' fon retour". Ce Miniftre revint de la Haye au mois d'Aoüt, & le 13 il envoya le même Sécrétaire pour réitérer la demande d'une fatisfaction. M. Ménager chargea un Gentil-homme de lui porter la même réponfe qui avait déja é.té communiquée k1 M. de Moè'rmónt. I.e Comte lui dit aulTi qu'il n'avait pas vu les grimaces; mais qu'il était k propos que fes gens allaffcnt k' 1'Hötel du Plënipotentiaire Frangais pour reconnaitre ceux qui les avaient inlültés. Cette propofition était peutêtre indiscrette, & M. Ménager ne crut pas devoir y confentir. Quelques jours apr'ès ces Miniftres fe rencontrerent dans une promenade publique avec plufieurs autres Plénipotentiaires; & après s'être entretenus quelque tems de chofes mdifférentes , M. de Rechteren dit k M. Ménager , qu'il attendait toujours la fatisfaction qu'il lui avait demandée, & inföfta pour que fes domeltiques allaffent dans PHótel Francais. M. Ménager effaya de lui faire entendre qu'il n'était pas jufte de livrer les accufés aux accufateurs; & qü'én prenant ce parti, il en arriverait des récriminations qui formeraienü tous lss jours des querelles nouvelles-s, S 5 171a.  V-I*1 ■ 4-18 Négociations pur ïa, fuivant leur caprice. Alors M, de Reciteren ku dit avec chaleur „ le maitre & 3, les valets fe feront donc juftice ? Je „fuis revêtu du caractere d'un Souverain „ausfi bien que vous, & je ne fuis pas „ homme k. recevoir des infultes ". Ce discours fut fuivi de quelques mots qu'il dit en Hollandais k fes gens- M. Ménager ignorait cette langue, mais il ne tarda pas longtems fans favoir le fens de ces paroles. Les Maitres étaient encore k la promenade, quand fes domeitiques vinrent lui dire en préfence de M. de Rechteren & des autres Mi- j mftres, que ceux du Comte les avaient furpris par derrière , les avaient frappés a.uvifage& les avaient menacés de coups de couteau. /Le Comte ne laiffa pas k M. Ménager le tems de fe plaindre de cette infulte plus réelle que celle des gnmages; & il dit affez haut, pour être entendu de tous ceux qui étaient préföns:,, toutes les fois qu'ils le feront, je „lesrécompenferai; & s'ils ne lefaifaient „ pas, je les chafferais". M. Ménager eut la prudence de ne pas répondre & de remonter en caroffe; mais il réiolut de faire part de cette affaire k la Cour de Verfailles pour fe régler fifivant les ordres qu'il en recevrait. -Les Collegues du Comte de Rechteren voulurent 1'excwfer, en difimt qu'il était yvre; & les  ft énipoteffltiairés Apglaiseflayéreht flfctecomoder cette afFaire. Mais M. Ménager lathant que les Etats-Généraux la' - traitaient de bagatelle, voulut attendre les ordres du Roi. II les regut peu de jours après par le même courier qu'il avait envoyé a la Cour, qui lui rapporta un mémoire avec les inftruétions fuivantes. „Que les PlénipotentiairesFrangaisfuspendraient toutes négociations de paix jusqu'a ce qu'ils cufient eu fatisfaction de 1'infulte faite a 1'un d'eux par M. de Rechteren : qu'ils demanderaient pour eet eflët aux Etats-Généraux, fi Mr. de Rechteren avait fuivi leurs ordres dans la violence que fes doi-neftiques avaient commife, & dans les discours qu'il avait tenus lui-'même; ou fi ce procédé venair feulement de fon chef par quelque motif que ce foit. Si les EtatsGénéraux 1'approuvent, lesdits Plénipotcntiaires de France ne trouvant plus de fureté pour eux dans Utrecht, en rendront compte a Sa'Majefté: fi la conduite de M, de Rechteren eft desavouée ou desapprouvée par fes maitres, le Roi prétend que Póffenfe ayant été publique* le desaveu le foitaufii; que tous les Plénipotcntiaires des Provinces-Unies fe rehdent chez 1'un des Plénipotentiaires de France, oü ils feront tous trois: que ces Mcffieurs leur aflurent, au nom de Sé 1712.  171 2. Satisfaftior donnaix était fignée, ce qui préviendrait de a part des deux Ghambres des difcultés qui auraient pu -occafionner de I ouveaux troubles.-1- L'Evêque de Briftol &"• le Comte dc taffbrd répondirent k la lettre de la beine, qu'ils n'avaient de pouvoirs que our accéder aux conditions d'une bois-  pa'tx dyUtrecht,- ,427 ne paix générale, conforme aux intentions de tous les Alliés & de chacun d'eux en particulier: & qu'ils avaient lieu de craindre que l'on ne les en rendit refponfables par la fuite, s'ils s'écartaient de ce plan. Cette réflexion était jufte, & la Reine leur iït palfer ausfitot les pleins-pouvoirs les plus amples, pour qu'ils fuflent autorifés a, figner la paix avec les Plénipotentiaires Frangais. II n'y était fait aucune mention de 1'intervention des Alliés, mais Bolingbroke marqua qu'ils devaient leur propofer im plan de paix générale: ce qui leur fut confirmé par le Comte d'Oxford , qui leur écrivit de ne plus différer fous jquelque prétexte 'que ce fut. Le Comte Sde Stafford déclara donc nettement aux. Plénipotentiaires Frangais & a .ceux des ijEtats-Généraux, que la Reine demandait jqu'ils fe décidaffent fans délai, & que s?i!s. retardaient encors, on tiajnerait la lipaix fans . leur-concours. L'Evèque de i.Briftol leur-fit a-peu,-prés la même mesnace dans le discours qu'il leur tint, &, jdont nous allons rapporter Pexpofé. 1 „Mesfieurs, dit-il-, il y a maintcnant environ quatorze mois que cette négociaition a été commencée Nous fentons tous jaujourd'hui combien il a été nuifibleauxintérêts des Hauts - Alliés, qu'elle ait :été conduite avec une lenceur nulle-: sment néceliaire ,• & ii laqu-elle Sa Maj©*-.  ■ Kr naix fignée a U- 4cS Négociations 'peur la-' fté la Reine de la Grande-Bretagne n'£ yant pu remédier, a mieux aiméarrêter la concluuon de fes propres affaires, que de aiffer celles de fes Alhe-s dans lc danser & 1'incertitude oii-'elles aliaient tomber Après une fi longue attente, Sa Maje3te a beu de croire que chacun des Mauts-Alliés aura tellement préparé les niatieres de fes Traités, qu'on pourraic a-prefent en venir k une conclufion génerale. A cette fin, Sa Majefté nous a^commandé de déclarer k Meffieurs les Miniftres Plénipotentiaires des HautsAlhés, que Sa Majefté-trouve ■ néceffaire de conclure fon traité fans délaiElle croit auffi, vu- la laifon de 1'année * la fitnation des affaires , qu'il con-> vient aux Alliés de faire leur paix en meme tems, c'eft k quoi Elle nous k commande de vous convier, Mesfieurs, & déclarer qu'au cas que les uns ou les autres ne fuffent pas prêts, ils auront un terme convenable pour le faire,,. Tous les Miniftres dirent alors , qu'ils étaient en etat, k 1'exception des Allemands,. qui déclarerent qu'ilsi- n'avaient pas de pouvoirs pour accepten les • conditions qui leur étaient propofées. On ne put arracher k^ ces derniers qu un confentement pour la neutralité «Utalie & Pévacuation de laCatalogne qu'ils avaient déja fignée le 14 de Mars. [ Mihn les Anglais ne s'en tinrenc pas al  rPeix d^Uïresht. prcflor les par.ties. a conclure au plutót Eg paix. Ils ordonnerent de .tenir un jour pour la figner; & ce terme fut as--' figné le onze d'Avril, menagant de figner ce jour lk la paix avec la France, quand même les autres.-PuiiTances n'y feraient pas dispofées. Cette déclaration joint k la crainte qu'il ne furvint encore quelques difficultés , fit impresfion fur les efprits. Les Miniftres préférerent menie de terminer.cette affaire dans.lesHötels des Ambaffadeurs plutót que dans la Salie deftinée aux Conférences. Ce fut chez 1'Evêque de Briftol qu'on figna les articles entre la France, la GrandeEretagne & le Duc de Savoye; & chez le Comte de Stafford, que furent fignés les autres traités de même que plufieurs des articles conelus avec les Puiffances étrangeres intéreffés, Pays-Bas-Unis: & les nous ,en rapporterons le précis. Dans le traité entre la France & la Grande-Bretagne le Roi de France s'en-: gage, tant pour lui que pour fes fuc-1 .ceffeurs, & prcmet foi & parole de Roi de reconnaitre pour Roi & Reine de la Grande-Bretagne les Princes qui fuccederont k cette Couronne, en vertu des loix & limitations faites & palTées en faveur de la Princefle Sophie & de fes ;heritiers dans la ligne Proteftante de,Haiiigovre, & d'autant que la perlonne qui.j, Précis 'o;re, gg Lamltrtl i VII. 5705S». Du- { mint. ( ] J i I ( I C c t 1 1 I 450 Nègtci&iiau pour ia ▼oulu procurer k leur commerce 1'avantage accordé aux Anglais par le Traité d Alnento. Ils reclamaient d'ailleurs desHipotheques en faveur les héritiers du KoiGuil!aume,quel'Espagne refufait,parl ce quelles étaient affectées fur des piacej desPays-Bas qu'elle avait cedecs. Enfin lespomts de dispute fe trouverent tellement imphquées avee les intéréts de 1'Empereur, qu'il ne fut pas poffihle deconclu•e , tant que ce dernier reftait en guerre. Auffi le Traité ne fut conclu que le 26^Juillet 1717. Le fameux Traité de Munfter fut pofé pour fondement. On Jromec aux fujets des Etats les avantagesieLommerce accordé aux Nations les plul avonfees. On leur accordé dans les ports le Mer Ja permiffion qu'ils avaient kCa- 1 hx,d'avoir une place pour y enterrer leurs norts, Onrefufe de leur accorder le priviege de 1'Afüento; mals le Traité de Navi;ation de 1650eft renouvelléaveclaperailfion de faire dans les Indes Orientales & )ccidenta!es & les Canaries,le mêmeComnerce qu'auparavant. On ftipula,dans Ieeas| 'uneruptureimprévue, qu'il feraitaccore une année aux fujets des deuxNations,1 ■our fe retirerde 1'un ou de 1'autre pays f 1 fut encore ftipuléqueles Couronnes de* f 'rance & d'Espagne ne feraient jamais- ] eunies. II y eut deux articles particulers, fuivantlesqueisles Plénipotentiai-J es Espagnols. devaient expofer a leurs!  pafa auxufijcie>-s Mi itaires, des ord-e? pourcefler toutes hoftiiités TrSt"Si-S -trPis Premie" articles de ce d£& Pr^s u, conven"ons ordinaires ' d o,ab!l & «unniltie générale deft dit; que les Traités de Weifphalieï E- aïi-if .au" prfenc TraUé'extc^5 les anicles auxquelsil elt expreflemenc v^n'i^'r hretienrend a 1'Empereur, le v.tux Brifac avec toutes fes dépendances Utuées a la droite du Rhin, & que empereur cede au Roi celles qai font a ^fiMhe,,n0^mémenc Iü forc Mortier... W ïé^fcV Le Roi rend Pareillement 6a Majelle Imperiale , Fnbourg , le Fort esPo^c6' V0""' de ^Etoiletk tous ts forts conftruits ou reparés dans Ie"sgaw& dans ia Forêtnoire. Dans V deftdit>quelefortde KehL lt rendu a 1'Empereur: que le fort de ia He & les autres Forts conftruits dansles ^es du Rhin, audefibus de Strasbourg, 'ront rafes aux dépens du Roi Trés*nretien, &que la navigatie» dii Rhin ïraliore aux fujets des deuxpartis, finsa n foit permis d'exiger de. nouveaux •ous, ïmpots oupéages, ni d'augmenr les anciens. Les Articles VII & VIF,- ' aonnent que. les villes. &Fortereifesds  paix cPUtrecht. 453 Bn.ac, Fnbourg & Kehl, feront rendues avec leurs appartenances & les Munitions qui y étaient lorsque le Roi de France ' s'en eft emparé: que les Fortifications conftruites vis-a-vis de Huningue fur la droite &dans 1'Ifie du Rhin, feront ra. fées, ainfi que le pont aux dépens du Roi, quPfera auffi rafer le fort de Sellingues & les Fortifications entre ce fort & le FortLouis; mais que ce dernier demeurera au pouvoirduRoi,ainfique l'ifledans laquelle il eft bati. L'Article IX porte: que le Roi feraévacuer les chateaux de Riche& de Hombourg, après en avoir fait rafer les Fortifications. Les Articles IX & X fixent le terme de 1'évacuation a trente jours, &celuideladémolition des places a deux mois, après 1'échangedes ratifications. Dans 1'Article XII, le Roi promet de traiter avec les Electeurs. Princes & Etats de PEmpire, fur le pié du Traité de Ryswyck, &d'en accomplir tous les articles auxquëU il n'aura 'pas été exprefTément dérogé par lepréfent Traité. Par PArticle XIII 1'Empereur confent que le Roi Très-Chrétien garde Landau & fes dépendances, &fe charge d'en obtenir le confentement de PEmpire. L'Article XIV porte: que le Roi de France reconnait la dignité Electorale, conférée a la Maifon de Brumwick Hannovr? par 1'Empereur, du confentement dc PEmpire.  i I ] I l f r | 454 Négociations pour fa Elecleurs de Baviere & de Cologne feront rétablis dans leurs Etats, ranes & prerogatives: qu'ils pourront envoyer In^tnera ' qu'on leur «ndrade bqnne-foi tous leurs meubles, pierreries. bijoux& autres effets; toutes les mu«itions&artillerie fpécifiées dans les inventaires ausentiques que l'on produira de part &d autre: que le Seigneur Archeltqülde Cologne fera rétabii dans fon Ar- 5 .c,bé> de menie que dans fes Evêchés peHildesheim,deRatisbonne.& deLiese 6 dans fa Prévóté de Berchtoisgaden • qu'en temsde paix il n'y aura point de prmfon dans la rille de Bonn: maisqu'cn tems de guerre, 1'Empereur & 1'Empire pourront y mettre le nombre des trounes jue Ianéceffité demandera: que les deux seigneurs Elecleurs renonceront pour :XWA'i wutesprétentions, fatisfaOiansoudedommagcmensquelconquesconre 1 Empire, pour raifon de la préfente ;uerre, & qu'ils demanderont a Sa Maelté Imperiale lerenouvellement de Pin. 'fwT/^Kn? Elc meubles, fans autre permiffionque celle du préfent Traité. Que les fujets des Pays-Bas-Espagnols auront la facilité d'aller, dans le terme d'un an, établir leur domicile ou bon leur femblera: aue les mêmes fujets, de part&d'autre, Êccléfiaftique & Séculiers, Corps, Communantés,Univerfité, & Colleges feront rétablis en la jouiffance des honneurs, dignités & benéfices dont ils étaient pour» ms avant la guerre, & qu'ils feront remis-  paix ^Utrecht. 45? |8irs en poffeffion de leurs droits, rentes, l'biens meubles & immeubles: mais qu'a il'egard des rentes affectées fur la gené- ' Iralitéde quelquesprovincesdes Pays Bas, adontune partie letrouvait pofledée par Sa J Majefté Trés -Chrétienne , fa Majefté Im| penale ou autre, il a été convenu & acIcordé quechacun payera fa quote-part, & 'aqu'on nommera des Commiflaires pour Iréglerla portion qui ié payera de part & 'd'autre. L'Article XXVII dit: " que dans les pla!|cesdesPays-r»as-Espagnols,ceuxqui pofleident des bénéfices qui leur ont éte conféiirés par le Roi de France, continueront aj d'en jouir: que tout ce qui regarde la Rei ligion Catbolique-Romaine fera maintenu Idans 1'état oü les chofes étaient avant la 'jjguerre : que les Magiftrats ne pourront ■ l êtreque Catholiques, & que les Evêques, iChapitres, Monafteres, 1'Ordre de MaU ;ite, & ceux qui ont des penfions fur des übénéfices , feront confervés dans leurs :;droits & prérogatives. Dans PArticle 1'XXVIII l'on dit, que les Communautés habitans de toutes les places, villes apaysque le Roi Très-Chrétien cede dans iles Pays-Bas Catholiques, feront conferlyés & maintenus dans la libre jouilfance |de tous leurs privileges, prérogatives & :exemptions, comme ils en ont joui fous la : domination de fa Majefté Tr.«-ChrétienTom. IX. V 1714.  i i 45* Nigitiatiom pur la ne, cequifedoitentendrefeulemcnt des C ;mmunautés & habitans des places & pays que Sa Majefté a poffedés immédiatement apres la paix de Ryswyck,- & .qu'a 1'égard des places, villes & pays que poltédait le feu Roi d'Espagne Charles II au tems de fon décès , les Communautés & habitans feront conferves dans tous les droits , privileges & prérogatives,dont ils.jouifïaient lors dc la mort dudit Roi. L'article XXIX porte , que les bénéflces Eccléfiaftiques, conierés pendant la guerre , par 1'un des partis dans les terres de 1'au- fburs *erQnt l3ifféS aUX préfens P°ffesPar Pardcle XXX , le RoiTrès-Chré*ien promet de laifler jouir tranquillement 1'Empereur de tous les Etats & heux qii'il poflede acbucllement en JtaIt •j,ur,les cóces de Toscane ; & Sa Majefté Impériale promet de ne point troubler la Neutralité d'Italie. Dans Partiele ftnvant PEmpereur promet de rendre bonne & prompte juftice fur les prétentions des Ducs dc Guaftalla & de la Mirandole , & au Prince de Cafti?hone, de même qu'a tous les vaffaux de PEmpire, pour les places & pays en Italië , qui n'ont point été poffélés ppr les R0is d'Espagne de la Mai- I on d'Autriche, & fur lesguejs lesdits-  pttx d^Ütrec'm. 459 $*rirïces pourraient avoir quelque pré'tention légitime. Par Partiele XXXII, ■on renvoye au Traité général la dis cuffion des prétentions de la Ducnesfe d'Elbeuf&de laDuchefib de Mantbue fa Fille , de la Princefle des Urüns, de la Princefle de Piombino, du Duc de Saint Pierre",-du Duc de Lor•raine, du Duc de Modene, des Maifons d'Aremberg & de Ligne, & dc plufieurs autres intéréts particuliere. Dans Partiele XXXIII, PEmpereur propiet que les Electeurs , Princes & Etats de PEmpire epverront inces'famment leurs pléins- pouvoirs ou une députation au licu, dont on conviendra poür le Traité général, & qu'ils confentiront a tous les articles convenus entre Sa Majefté Impériale & Sa Majefté Très-Chrétienne. L'articleXXXIV i porte: que PEmpereur & le Roi de '!Franceconviennent de lixer un lieu dans jun pays neutre , hors de PEmpire & !jdu Royaume de France , pour tenir I le Congrès général-: que pour eet effec : leurs Majeftés ont jetté les yeux fuf le territoire de la SuhTe , dans lequel 1 il fera nommé trois villes pour en ;ehoifir une: que h* Sa Majefté Impéïriale en fait la nomination, Sa Majefté Très-Chrétienne fera Ie choix de cel|è des trois qu'il vouira preférer j -cc V a  460 'Nêgpciaiiom pour fa W4- i i \ 5 % I \ qui fera réglé & décidé en fignant 'le Traité. Que les Conférences fe tiendront le premier dc Mai fuivant , & qu'elles ne dureront, tout au plus que trois mois. II eft dit dans l'article XXXV , qu'a la fignature du préfent Traité, toutes les hoftiiités cefieront de part &.d'autre ; qu'après 1'échange des ratifications , on n'exigera plus de contributions: que les prifonniers de guerre feront renvoyes fans raneon & que quinze jours après les troupes fe retireront chacune fur les terres de leurs Souverains. L'article XXXVI porte: que le commerce entre les fujets de PEmpereur & de 1'Empire, .& cenx du Roi Trés--Chrétien fera libre comme avant la guerre: letout Eonformément a l'article LU de ia paix de Ryswyck. Enfin il eft dit dans l'article XXXVII, que ce Traité fera raCifié par PEmpereur & par le Roi TrésChrétien dans un .mois au plustard , & }ue l'échange des ratifications fera fait iu Palais de Raftadt. Par le premier des articles féparés 1 eft dit, que le Roi Trés-Chrétien ie pouvant pas reconnaitre plufieurs :!tres employés foit dans le préambule lu Traité, foit dans les pleins-pou'oirs donnés par Sa Majefté Impériaï , il a été convenu que les qualités  paix d^UtrcchU 46-1' prifes on omifes de part & d'autre ne donneront nul droit , ni ne porteront aucun préjudice a 1'une ou k 1'autre des parties contradtantes. Le fecond article féparé porte : que le préfent Traité ayant été commencé , pourfin> vi , & abhevé fous les formalités requifes & ufitées k 1'égard de 1'Empire , & qu'ayantété compofé & rédigéen Langue Frangaife contre 1'ufage ordinaire, cette différence ne pourra être alléguée pour exemple , ni tirer k conféquence. Enfin il eft dit dans le troifieme & dernier article ; que Sa Majefté Impériale ayant nommé. & propofé pour le lieu 'des Conférences du Traité général, les villes de Schafhaufén , Bade en Ergaw , & Frauenfeld , le Maréchal de Villars promet de faire favoir incefiamment au Prince Eugene celle de ces trois villes que le Roi fon Maitre aura jugé k propos de choifir. La Maifon de Luines protefta contre tout ce que les Plénipotentiaires avaient réglé a fon préjudice, aufujetde la Principauté d'Orange, & des Comtés de Neufchitel & de Valengin. La Maifon de Matignon proteftapour conferver fes droits fur les mêmes Prin* sipautés. Protefta-'T tions contre la paix d'Utrechc.iJ Lamberti*  «tfe* Nègceiöïtms peur la La Ducheffe Douariere de Lesöïguieres, nee de Gondi de Retz, & las .Maifon de Yilleroi comme fuccédant k fes droits , protefta au fujet de leurs prétentions. fur les mêmes Princjpau■rés. . La Maifon d'Alegre, la Maifon dn Prat, comme tirant fon droit d'une d'Alegre , pour conierver leurs droits fur les mémes Principautés, firent auffi iignifier leurs proteftations contre ies traites de paix. La Maifon de la Trémouille protefta pareillement par rapport au Royaume de Naples. La Maifon de Bourbon - Condé proeefta pour la confervation de fes droits fur le Mont -Ferrat. La Maifon de Mont-Morenci-Luxembourg , protefta au fujet du Duché de Luxcmbourg. La Maifon de. Nafiau - Siegen, & les. branches de Naifau-Catzenellenbogen , % Nafïau- Dillenbourg protefterent pour Sa confervation de leurs droits fur les Diens de la Maifon de Ghalons, qui font partie de la Succeffion du Roi Guillaupe. Proteftation de la Maifon de Seffel pourSa même fin. La-Maifon de Lorraine protefta pareillement peur car.fe.rver fea droits fur  fuix d">Uirechï. 46$' ïé Duché dc Mont-Ferrat, reconnus par PEmpereur Jofeph , & par la promefie d'un dédommagement pour cette Maifon. La Reine Anne avait fait la même promeffe. Les Etats-Généraux avaienc: égaiement paffe une déclaration favorable a la Maifon de Lorraine. La Maifon de Conti n'oublia pas fes" droits fur les Comtcs de Neufchatcl Sa de Vahengin elle protelta comme les autres. Le Chevalier' de St. George , plus connu fous le nom de Pretendant, protefta contre tout ce qui pourrait être ftatué ou ftipuié a fon préjudice dans le Congrès d'Utrecht. Son aóte de proteftation eft daté de St. Germainen-Laye , & ce Prince 1'adrefia en particulier a. tous les Miniftres affemblésaUtrecht,- Quelques ennées auparavant, Anne d'Orleans , Ducheffe de Savoie, & Princeffe du fang d'Angieterre par Henriette d'Angieterre, fa.Mere, avait protefté contre Pafte du Parlement Britannique, concernant la fuccesfion de la Couronne. Ainfi fe termina la guerre élevée a Poccafion de la fuccefïïon d'Espagne. Le: plus grand avantage réel en reftaaux deux Couronnes, la France & PEspagne ,i - qui avaient. eüuyé ieplus, de re-vers ¥ 4> [tefiéx'oris ui' cette >aix des 'ays—15a* Jiüs.  , a v a ii ii d n< 4°H Nègec'itthnspeur la tandisque ies PuhTancesqui s'étaientilZZfs P" destriompb.es & des fuccès i£ns' furer* obligees de renoncer $ objet qui les avait reünies pour faire laguerre C'eft ainfiquedanslaguem. précédente Guillaumelll,malgré fes défaites & fes revers , s'affermit fur le tróne ü Angleterre ou ie viétorieux Louis XIV fut oblige de le laifier. Grande legon qui avec celle de la guerre actuelle. aei Amenque, montrent qu'il n'eft sueres poffible d'afiervir un peuple a une lonunation qui lui déplait. Cene fut pas «3ut. Depuis cette époque la Repu* 3 ïqucfe trouva tellement èpuiféequ'elle l o ?f?squ® Plus j°ué ai'cun ró!e dans e Syfteme de 1'Europe. Lesjltats firent, I eft vrai, avec la France, un Traité te Commerce afiez avantageux ; mais il i etait que pour vingt cinqans; encore es avantages, les.polfédaient- ils aupaavant; ils n'y eut rien dc réglé fur ia •arnsre; voila tout ce qu'elle gagna pour estrefors, les foldats, les fiotes qu'elle yait_ prodigués. pendant.douze ans de ïctoires. D'ou vinrent tous ces malheurs? D'une ntipathie, d'un acharnement ablurde & ïvicible contre la France, qui tenaic" eu de politique aux premiers membres i f Gouvernement: fi eet acharnement i les, eutayeugles. ils auraient du mains  ■pêfx dHftretfa 4@5 feuvë les apparenGesk- Geertruidenberg, car la plupart ne pouvaient gueres donnertPautre réponfe que celle de eet Anglais dont parte Bolingbroke-, qui preffé de donner des raifons pour la continuation de la guerre, n'en allegua pas d'autre, finon qu'il avait été élevé dans la haine de laFrance. lis auraient pucompter pour un avantage réel, s'ils avaient pu fe faire ceder le Haut-Quartier de Gueldre qui était fi fort k leur bienféancej mais jamais il ne fut poflible d'engager Ie Roi de Pruffe k figner la paix, k moins qu'on ne lui cédat ce pay$-lk qui fervait égaiement k arrondir fes Etats de Cleves & de Juliers. Ce Monarque, affamé de- titres, ■ fit même une demands remarquable par fa fingularité. II aurait voulü que les pays qu'il poffédait dans cette partie de la Baffe-Allemagne, portallen t Ie titre & le nom de Principauté d'Orange. Pendant que les Pays-Bas-Unis retiraient fi peu de profi t de cette glorieufe guer^ re, au fuccès de iaquelle, ils avaient tant contribué , 1'Angleterre acquerait des avantages qui dévaient 1'élever fur leurs débris. En effetpar le contraebde PAfiiento & par Pacquifition de Minorque & dë Mahon, le Commerce des Aiv glais a pris fur celui des Pays-Bas-Unis un ascendant effrayant. Le commerce exclu 6f desEsckwes qu'ils fe firent adjuger dans (Lettre V1IO  1714» #56 Mgsaatïws flur fi¬ les Colomes Espagnoles, n« fut pas moins, important. Les Miniftres Anglais, quiabandonnerent leurs Alliés dans cette occafion ont cu recours a tous les movenspour juftifier leur conduite. 11 femble que fi la nation Anglaife n'avait rien a leur reprocher, les autres membres de la ligu» étaient dans un cas bien different. La > guerre que cette ligue avait entreprife & fuivie pendant döuze ans, avait été «ouronnée de fuccès fibrillants & ficon-ftans, qu'il n'y avait pas de condition, qu'on ne pütespérerd'i'mpoferi la France, en reftant fermement unis. Ces espérances s'évanouirent par la dcfedtion des Anglais. Le Lord Bolingbroke prouva, trés-bien qu'il eüt étéi dangereux de■feire revivre la puiffance deCharles-Qtünt,. «n laiffant 1'Empire & l'Espagne fur la mêmetête. Mais cette railbn ne lediseulpe pas d'etre entré en négociation,., aVant que la mort imprévue de PEmpereur Léopold eüt fait éeheoir la rucceffion i a 1'Arciiiduc Charles. II y eneutmémequi fostinrent alors que la réunion de aes deux dignités, n'avait rien de dangereux pour 1'Europe. On peignit 1'union naturelle entre deux maifons regnantesEur deux Royaumes contigus , la France & l'Espagne, comme aulfi dangereufe ki'Angleterre qu'au refte de 1'Eufope i fur ceia le LordBolingbroke répoa-  pwfx* PUmcht. 467 dit tfès-bien que Iesliaifonsdü fangönt moins d'influence fur les Rois que furies interets politiques; quoi qu'en effët It pact* de familie fembie avoir démenti cette refléxion, les faits qui fuivirentla paix d'Utrecht, ceux qui pourront encore brouiller les deux Cours dans Ia fuite, ou plu tót PHiftoire de tous les tems & de tous les pays, prouvént alTez qu'un parti que 1'interet d'un momentaferré, ne faurait infirmer cette reflexion. Un Prince qui aurait poffedé tous les. Etats heréditaires de la maifon d'Autri-: che, avec les Pays-Bas, n'aurait-il pas aequis une puiffance dangereufe pour 1'Europe ? Le Penfionaire Heinfius voyait, au contraire, dans cette union' la bafe de Ja tranquilliti Européenne. Cette puiffance avait, dit-on, plus; d'apparenee que de folidité. Les pays qui compolaient le tout, étaient trop éloignés les uns des autres, pour former une maffe'redoutable L'Empereur pour confervcr les portions éparfesde cetédifice, contre le pouvoir de la France, aurait toujours étë obiigé de ménager 1'Angleterre & les Etats. Et s'il eüt voulu former quelque entreprife fur 1'équilibre de 1'Europe , unc ligue générale Peut bientöt réduit a ne pas öutrepaffer fes droits. On ajoute que cecolol% eüt été d'autant moins fornaidable, que Louis XIV s'était vu feul en état de t®V 6 hijlor Jo-fephJmpsrp. 404^ ^ bid, lat, IIIde Valfolu  1714. ïrojetattribMd Ü la-. Reine. Anne. tfafner f. 5o3. Tindal. Lamhcrti VIII. 6*7. *?&. ïsvntt, ] I 468■* Négocisthns peur ld > nirtêtc & même de faire la loik PEspag-* ne & k 1'Autriche, enfin k 1'Europe eonjurée contre lui. La derniere guerre paraifait cependant montrer fuffifamment que la France, même avec le fecours des Pay sBas &de l'Espagne, ne s'était pastrouvée en état de tenir tête k la derniere ligue formée contre elle; fes fuccès vinrent donc en grande partie du peu d'harmonie qni regnait parmi les Puisfences k qui elle avait fait la guerre harmonie que la réunion de l'Espagne * de PEmpire & des Provinces des Pays. Bas fur une même tête,ramenerait naturellement; & dont unetête comme celle de Charles Quint pourrait tirer le plus grand parti, pour fairepancher la balance politique en fa faveur. Hen eft qui pretendent, non fans fonde. iaent,quel'extrêmedéférencemarquéepar-les Anglais envers la France, avait encore d'autres raifons que les avantages qu'ils en tirerent. Ils foutiennent que le Ministère Britannique, de concert avec la Reine Anne , n'avait rien moins en vue que de faire monter le Prétendant fur ie. Tróne. Ils racontent qu'on faifait en France & en Angleterre des préparatifs pour eet objet. La R eine preferait pour les ?laces d'honneur&d'importance tous ceux pii paffaient pour Jacobites. Burnetqui ijoutaix la plus grande foi a ce bruit, par.«qu'onne Pemployait plus dans les aflai*  paix d'Utrecht. - 4®), res, voulut s'en affurer par lui-même: il vint trouver la Reine; & comme cette Princefle affedta k fon égard le filence méprifant qu'elle croyait devoir k un homme dont perfonne ne connaiffait mieux la malignité & la mauvaife-foi, il ne douta plus que le Prétendant ne fut dé-1 fi°-né au tröne. La Reine confumée de; langueur & dc chagrin, ne furvécut pas longtems k la paixqu'elleavait procurée k 1'Europe. Elle mourut le 11 d'Aoüt 1714. On prétend que dans fes derniers momens, elle laiffa fouvent échapper ces mots qui prouveraient la bonté de fon coeur, plütót qu'un changement de poli tique: Ah! mon Fr ere, mon cher Fr ere.' oue je vous plaim! On répandit même que le Prétendant doutait fi peu des bonnes dispofitionsde faSoeur k fon égard, qu'il n'en faifait aucun myftêre. Quoi qu'il en foit, la mort de la Reine difiipa tous les projets des Jacobites & les craintes d'une guerre civile en Angleterre. Bobngbroke &lesautres Torys qui paffaient pour partifans du Prétendant, fe virent bientöt non feulement éloignés des affaires, mais appetlés pour rendre comptedÊ leur conduite: Les; Whigs-craignaient _fi fort cette révolution qu'üs avaient pri* des mefures fecretres avec Georgedt Brunswyk-Lunebourg,Ele6teurdeHano vre kiqui leParlement avait affuré la fucces fiom LesEtats mdme regardaient la fucces V- 1 Mort de I* .eiiieAnne. Seorg* Iai lüccede.  ■ ïy'ort de i Louis'XlV, : 1 } < c i .1 F c tÜ A Ü m d< m er. ga eu m; Cc na. de 47° Négociathm- teUr ta ' nniH»A 7 aem de Hanovre, devenu Roi d'Ang ecerre fousie nom f 3 ,^rA°rSque ,a mort de r°n Pere ie n7 ri Jr °"e Varant- Jamais ^onaranr H,fc PJefenta mieux-11 avait cepenmnnliAf ^^^'^^excérieuresquiP°f t ,la multitude, que de vraistaéuo¥ Airm P°Ur.ëO«verner un grand Sfe r, r ^ fut ^P'us respefté^ue bcr de fes fLijets, Auffi ,,Mnd'cmpor- ute en? TgrrtS dans>^ombe , R ignant fon convoi funebre d'accla- ■ joye & d'ailegrefle. II faut avnnp•e la pailion poJr la guerre, In pèn- rd de fes voifins9.feS dépenfes fastufes & fuperflues, les rendirent auïi ilheureux que la maenificence de tl visies de fa conduite privée, i'eclft fes entrepriies ,.i'encouVment qu5  paix d'Utrecht. 4T -i donna aux beaux arts rendirent fon regne brillanc. D'Heureuxévénemenslui four nirent desguerriers & des politiquesqui rendirent fon nom redöutable. II entendait peu la guerre; & les campagnes qu'il fit en perfonne, . furent plutot des promenades de parade que des expéditions militaires. La révocationdel'Edit deNantes fera une tache éternelle a fa me. nfoire; mais telle était Paveugle fu~ peritition dont les Prêtres 1'avaient infatuée vers la fin de fes jours, qu'il regardait ce crime de leze - humanité comme une des bonnes ouvres qui devaient fiéchir PEtre fuprême en faveur des fcandales qu'il avait donnés a fes peuples par fon libertinage. Avant de finir eet article il convient de raconter une autre mort d'un Prince cher a la Nation. Elle arriva pendant le cours de la guerre & fut déporable & tragique. Jean-Guillaume-Frifo Prince d'Orange, pour défórer auxinftances des Etats qui le rappellaient a la Haye, oufe trouvait déja le Roi de Pruffe quiy etait «enu pour achever les difficultésau fujes> de la fucccflion du Roi Guillaume, quitta Par mée,& arriva le 14 dejuillet 1711 au Moerdyck. Une partie de fes gens refta avec ies Bagages & les Chevaux. Une autre partie traverfa le bras dc mer pour tiiirepréparerle diner. Le Prince s'était mis dans ia teem; barque, mais lapluïc 1714... Mort de [ean- Suillauae?rifo , j Prince d'Oran^Cï  ] i ( I £ ï E a e q rr al 47*»' Négociations pour ld' quifurvint, I'engageade fe remetre dan» la calèche fur un ponton qui fert ordiJ nairement aux transports des voitures.Ii avait avec lui Hilkeu Colonel de fe* gardes. La pluïe ayant ceffé- pendant Ia traverfee, le Prince fortit de la calèche' 11 arriva meme a la diftaneedu port pour pouvoir avec quelque planche mettre ■ pie a terre. Comme il fallait louvoyer pour aborder en un lieu propre a dé barquer la voiture, l'on pritduvent & le ponton s'éloigna. Environ a troiscenr toifesde diftance, un violent tourbillon renverfa la barque k deux reprifes Ala première, Pon vit le malheureux Prince embraffer le mat, unevaguePén' arracha. La feconde ayant entieremenc culbute le ponton, on vit encore lePrin:e foutenu d'un bras par un maletot qui; nageait de 1'autre,mais la pefanteur&la' «olence des vagues le foreerent de lacher 'nfe, au moment qu'une barquevenaiti' on fecours & n'était qu'a cinq ou fix pas e distance, Pon ne trouva que fon chaeau & fa canne; des matelots au nombree huit furent fauvés, il n'y eut que ce'rince mfortuné, dont les vertus mérincnt des fiecles de vie qui fut perdu zee le Colonel de fes gardes. Ce qu'il y ut de plus furprcnant fut que la bóuraV ue ne comnienca qu'a fon embarqueent & fimt avec fa vie. Les Mariniers uraient'qu'il-y avait plus de cinquau---  pai# tPUtrechf. 472 le ans que perfonne n'avait péri dans cette ttaverfée. La confternation fut univerfelle. Le Roi de Prufle, qui femblait fe reprocher cct horrible malheur, cn fut fi frappé qu'il failut le faire faigner. II fe tint quatre ou cinq jours renfermé dans Honslaerdyck d'oü.il fe rendit enfuite k la Haye. Ainfi périt le Prince d'Orange k Page de vingtquatre ans, après avoir donné dans plus d'une campagne des preuves d'une Bravoure,. & d'une intelligence diftinguée... Ii laifiait une petite Princefie & fon Epoufe enceinte, qui le u de Septembre 1711, mit heureufement au monde un Prince, qui fut Guillaume-CharlcsHenri - Frifo ,. que nous verrons Stadhouder des fept Provinces - Unies en-, 1347-  474 Jlifiolre du Syjftme* • H IS T 01 RE DU SYSTEME DES BARRIÈRES. T J-^res évenemens prccédens nous ont ottert une fcene extrèmement vive &leconde d'opérations militakes dont les négociations même ne ralentiffiüent pas 1'ardcur. L'hiftoire politique des PaysJBas-Onrsne va plus nous retracer-, pendant plus cc trente ans , que des in--trigues pour négocier des traités avantageux a la République. Mais rien rïe lui tenait plus a cceur que dc s'alTurer une Barrière contre le voifinage de la France. Cette politique était iasre h~ mais la République n'avait donné des motifs auffi graves de mécontentemert i la France ; elle devait craindre qi.'un. ioyaume auffi-puMant ne faisit ou neit n-aitre quelque occafion favorable df e vanger. La politique des Barleres qui datait du gouvernement de«•edenc-Henri, fins autre motif que - ' t- jaloufie naturelle aux. gerits wktsa i ïiats poui lc- t'ornigr «nu Barrière. 1 1  •des. Barrières.. 475 sorftrc les grands , fuc alors appuyée iur des raifons folides. Ausli dèsque les Etats virent la guerre vivement allumée contre la France, ils chercherent a^ tirer parti des circonltances. Ils auraient voulu fe former une Barrière füre , par 1'acquifltion de quelques places fortes fur la frontiere. Dans le traite qu'ils conclurent en 1701 avee PEmpereur & 1'Angleterre , ils réfolurenc la conquête des Pays - Bas • Espagnols , pour en former, difait Padte,^une Barrière convenable pour la République. Mais les Frangais ayant propofé en 1706 de leur abandonner les Pays-Bas, afin qu'ils en transmiflent la poffesfion a 1'Archiduc , les Anglais ne purent ca^ cher leur jaloufie a cette nouvelle. Les Etats profiterent cependant de Ia préfence de Marlborough, pour nouer avec lui des conférences a ce fujes dés Pan 1706. La négociation traina jusqu'eu Pannée 1709. queCharles,Marquis deTownshend, vint a bout de le conclure le 9 d'Oc tobre. II y était- fiupulé que lej Etats pourraient avoir garnifon dam Nieuport, Furnes, Ypres, Menin, dans. li ville «Sc- citadelle de Lille , dans Condé . Valenciennes, & dans les places qu'or pourrait conquérir encore fur la France , ainfi que dans Maubeuge, Charleiqi ^ Namur & fon chateau Sl Liere , 1714» Wag en. XVII. 434»- Premier Traité ai Barrière ca 1709. 'Watten. XVII. 34&j Duin tuit.  J7H> migen. ibitt. I I i 4 47§ Hifioire du Syfóme- Halle, les forts de la Perle, Knockek, - Jm ifPe& Danjme, le chateau de Gand l & Dendermonde , & que ie fort Sc» Donas ferait cedé en propriété aux Etats & celui de Rodenhuys-, rafé- la riviere de 1'Escaut , ainfi que les'ca. naux du Sas & autres -touches de mer y aboutiffant, devant, outre cela, être tenues cloies du cóté de eet Etat, & les navires & denrées entrant & fortanc des Iiavres de Flandre , demeurer charges des memes impofitions oui s'étaient levees jusqu'a'ors, fuivant le traité de Munfter, fur les denréesallant& venant au long de 1'Escaut & autres canaux lusdits. Dans deux artieles particuliers iletait même ftipuié, que tout le hS quartier de Gueldre ferait cédé auX vlllS ' ,avec "ne PaTtie de la Flandre Espagnole. Mais on n'a jamais pu bien lavoir , fi ces cesfions comprenaient la fouveraineté abfolue des places. Cette ftipu ation était d'autant plus facüè i(tipuler qu'alors 1'Angleterre & les E:ats gouvernaient en effet ce pays qu'ils rscrCac:i35quoique fous ie °™ Ce Traité , quoique ratifié dc part x cl autre, éleva de vives clameurs en \ng eterre. A peine, le Miniftere eüt- été changé que l'on cria que tant avantages accordés aux Etats,. ruine*  ) ëes Barrière'. Ipaient le commerce de la Grande- Bretagne dans les Pays - Bas - Autrixhiens. Ce Traité fut a'nnullé. Ausfi dans le Traité de commerce fait imméd.atement avant la fignature de la paix d'Utiecht,. il fut drefle un autre Traité avec PAngleterre , beaucoup moins avantageux pour les Etats & beaucoup plus favorable pour 1'Angleterre. Les Etats ne pouront plus mettre gamiton dans Furnes, Ypres, Menin, la ville «Sc la citadelle de Namur, le chateau de Gand, les forts de 'Knocke, la Perle, Philippe, & Damme, mais les Etats continueront d'avoir la propriété du fort St. Donas, raferont celui de Rodenburg, fous condition formelle néan. moins, que dans ces.places.il ne fe com mettrait aucune fraude au préjudice de ;j ia nation Anglaife. Les Anglais montrerent même leurs craintes au point, que leurs troupes a\$nt quitté les Alliés en 17-11, fe faifiréht de plufieurs places «Sc furtout de Gand , qu'elles n'éva- li cuerent que pour iivrer cette place a ï PEmpereur en 1715. Pour bien fentir les avantages du fecond Traité , il i convient cependant, d'en donner un pré-cis.- On y renouvelle '& approuve tous i les autres Traités de paix , d'union , ■*7M» Second Traité ajznt la con:lution[le la paix d'ütrecht. Lamhertl VI. 316- vin. jj.  '*7*4- | i i 3 i r 1 t ? t. T ?» lc n n fe B P< y< 47'$ Uijlolre du Syjïème d'amniftie & d'alliance ftipulés entrè la Reine & les Etats-Généraux. Paf Partiele II ,LL. HH. PP. s'obhgentk foutenir la Succeffion a la Couronne de la Grande-Bretagne dans la ligne Proteflante , comme il eft réglé & etabli par les loix de 1'Angleterre: de donner fecours aux héritiers de la Reine après ia mort de S. M. B., & au défaut d'hé•itier de fon propre fang, ils prennent e même engagement en faveur de la Pnnceffe Sophie ou de fes héritiers • nais par l'article XIV, il eft dit, qu'ils lonneront ce fecours quand ils en feont requis, & non autrement, pour itisfaire k leur promeffe & garantie .es articles III & IV font deftinés a cgler la Barrière ; & il eft dit, que s Etats-Généraux pourront mettre, snir , augmenter , ou diminuer leurs arnifons, felon ce qui leur paraitra éceffaire, dans les places fuivantes » urnes, le fort de la Knocke , Ypres fenin, la ville & le chateau de Gand, s forts de la Perle, Philippe & Dam' e, airfi que dans le Fort Saint-Dois: mais que celui de Rodenhuyfen ra démoli. Dans Partiele XIV la erne de la Grande - Bretagne s'engage, »ur elle & fes Succefleurs , d'envo:r aux Pays - Bas - Unis, a fes propre* lis, quand elle en fera requife, dix-  des Barrières. rniWe hommes d'infanterie , & vingt vaifleaux de guerre bien équipés; comme de leur cóté , les Etats - Généraux " promettent de fournir en pareil cas,fix •mille hommes., d'inthnterie, & un pareil nombre de vaifleaux k la Grande-Bretagne : mais on ajoute que s'il arrivé qu'on foit expofé k un danger fi eminent, que n'ayant pas le tems de faire des follicitations officieufes, il foit né-ceffaire d'avoir un plus grand nombre de troupes & de vaiffeaux de guerre, chacune des parties fera obligée d'augmenter fes forces auxiiiaires, .en étant requife par 1'autre partie; comme aufïï de rompre la paix avec 1'Aggreffeur, Sc de joindre toutes fes forces, par mer & par terre, avec celles de la partie qui fera attaquée. Dans les articles IX & X, il eft dit que la propriété & la ;Souveraineté des Pays -lias- Espagnols, tant des Provinces que poffedait le Roi ■Charles H , que de celles dont il n'a ■pas joui, & que la France rendra par le Traité de paix, appartiendront k ■PEmpereur. Mais que ces Provinces -ne pourront jamais être cédées k la Couronne de France, k queique titre que ce foit. II eft auffi ftipulé dans Partiele IX, que les Etats - Généraux rendront tous los ans un million de florins desdites Provinces, pour fervir 1714.  Jaloufie de Anglais a Tégard de la Barrière Négociation avte 1'nropereiir m M Bariitre. 4&> Hifioire du Syftème au payement des garnifons des -Etats_ Generaux dans les villes ci-delTus fpecinees. Enfin Par l'article XV, il eitconvenu que les Rois, les Princes, & les Etats qui fouhaiteront d'avoir part a ce Traite, y feront invites & recus, de maniere réanmoihs que cette invitation & réception foit feite coniointement par la Seréniffime Reine de la Grande- bretagne , & Par les Etats- Généraux. ; II elt étonnant que les Etats vouluifent refter unis aux Anglais; tandis ■ que ceux-ci leur montraient par toutes leurs demarches qu'ils étaient leurs rivaux naturels. Leur conduite , dans 1'alfeiredes Barrieres,exp!iquece myftere. Les Anglais n'en voulaient pas, difaientils, qui fufient contre 1'Anglecerre • ils avouaient ainfi leur jaloufie fecrette & leur inclination a étoufier les pro^rè* du commerce dans une petite République, qui, après les plus grands fucces , ne pouvait pas leur faire ombrage. ils difaient nettement qu'on ne pouvait ceder teile & telie place aux Hollandais, fous prétexte qu'elle ferait alors une Barrière contre 1'Angleterre Sc non contre la France Jusqu'alors tous les Traités concernant les Barrières, s'etaient faits indépendamnent de celui qui devait pofféder les i deux  de Bdrrïetts. 491 • deux Provinces des Pays-Bas. On avait cependant flipulé, que les Etats s'arrangeraient préhminairement- avec 1'Erape reur fur eet article. C'enVamfi qu'ils fe virent obligés 'de contefter ce qu'ils avaient de plus k cceur dans cette guerre, avec ceux mêmes k qui ils ayaient Tendti les plus grands fervices. Auffi 1'aigreur s'infinuadans les commencemens de la négociation. Enfin les Ètats prirent le parti de faire prélen ter a PEmpereur un plan daté du.6 de juillet 1714. II était congu en ces termes. Par le ckiquieme article du Traité de la Grande Alliance, il eft dit: que fes Pays - Bas-Espagnols, lorsqu'ils feraient reconquis par les Arraes des Alliés, ferviraient de Barrière k eet Etat. Ce. cas étant non feulermnt arrivé; mais le !Roi de France ayant en outre cedé d'autres places & villes des Pays-Bas-Espagnols LE. HH. PP. font par conféquent portées a convenir avec S. M I. fur le pié ci- delious exprimé. I. Que toutes les villes & places occu<:pées préfentement par les troupes de LL. HH. PP.' dans les Pays - BasEspagno's-, y compris Furnes, Ypres, le Fort de la Knocke & Charleroi <, feront cédées k S. M. I. excepté lespla- Tom. JOL X I'/agta. SLV1II. 40 Projet pré renté par [es Etats.  i ■ \ < i 4 i i 492 '#/#atW ójy^wd ces_qui feront mcntionnées ci-après ' Que la garnifon de RÏÏn monde Tersr cornpofeedes troupes de S. M. I. & de celles des Etats. Que les forts Philip, pe, Roodenhuyfe & Damme feront rafes. Que le fort de Saint-Donas de, meurera en propriété a la République, & fera annexé a la ville de PEclufe! Que les portes des Eclufes de ce fort demeureront ótées pendant la paix & les différends au fujet du canal de Bruges , remis k un arbitrage neutre aux choix des deux Hautes Parties. Le tout riéanmoins fous les conditions expresfes, & non autrement, que'Menin, la ville & la citadelle de Tournai, Mons. la ville & ie chateau de Namur, ie :bateau de Gand , & les forts de la Perle & Sainte - Marie fur PËscaut feront mi fes fous fa gardé de LL. HH ?P. , & que leitrs garnifons , dans leshtes villes & places 'ai'égard de leur ogement, feu & cbandelies & ce qui :n depend , feront traitees fur le pié Itv Reglement conru , fait ci-devant :vec l'Eleéteur de Baviere , cosnme aors Gouverneur des Pays - Bas - Èspano's. r Qu'en outre S. M. I. cedera k LL. IH. PP. ia ville de Vcnlo avec le :rt St. M;cbel .& Stcventwert dans Ie faut - Quartier de Gueidres, pour «tre  de Èarrhres. •pofiedés par LL. HH. PP. fur Ie pie que les a polïédé !e feu Roi d'Espagne. Le pays de Weit demcurant a la République. Que S. M. I. obciendra de 1'Empire que lc cbateau & la ville de Hui demeurent occupés par les troupes de LL. HH. PP., enqueleas elles pourront confentir que la citadelle de Liege foit tafée, Qu'il fera libre en tems dc guerre k LL. HH. PP. de mettre le nombre de troupes convenable dans les villes & places des Pays-Bas-Espagnols qui feront cédées a -S. :M. h Que Pon conviendra plus précifément du nombre de ces troupes: en outre qu'il fera libre a "LL. •HEL PP. de mener dans les Villes oh Elles auront garnifon , toutes lés'munitions de guerre & de bouches' né- xeflaires , fans aucun droit ni péag'e quelconques, que LL. HH: PP. mettront dans lesdites Places tels Gouverneurs •& autres Officiers qu'elles jugerönt a propos; que ces Officiers ne feront foumis a aucune autre jurisdidtion qu'a -celle de LL. HH. PP., mais que lesdits Gouverneurs & Officiers prêteront ferment de fidélité a S. M. I., auffi bien -qu'a LL. HH. PP. fuivant uri formulaire qui pour eet efFet fera drefféen commun. -Qu'il fera libre aux Etats - Généraux •de fortifier ou reparer lesdites VilX 2,  *7*4- .494 Ilifioire du Syfième les & Places, felon leur bon plaifir. ■ Qu'il fera librek LL. HH. PP. de retirer, & faire transporcer 1'artilierie & les rnunir.ions.de guerre & de bouche . qu'elles,.ont dans les Villes & Places .qu'elles cederaié»nt k S. M. L, fans que. pour la fbrtie & le transport d'icelles, elles puiffent être empêchees, ni •tenues k payer aucun droit. II lera Jibre néanmoins ,k .S. M. I. d'acheter au prix dont on conviendra, Par-tillerie & les munitions de guerre. II. Puisque LL. HH. PP., qui ont Ia garde de Limbourg & des Villes & Places deftinées puur la Barrière & cédées .par le dernier Traité de paix , ont déja fait .beaucoup de dé pen fes & fe.ront contraintes de continuer d'en fai.re, pour les intéréts & le rembourfernent d'un capital de plus de trois mildions de.fiorins employés au ièrvice de la caufe commune , elles prétendent .toucher cinq-cent mille iiorins par an, ji compter du jour de Ja ratification .du Traité de paix, k recevoir fur les revenus des Pays-Bas , en outre le .revenu des conquêtes ou fon équiva.lent par rapport aux places reconqui. fes qui feront cédées k S. M. I. Que S. M. I. approuvera.les emprunts, qui pendant le gouvernement proviüonnel  dé B afrter es.' 495 de la G. B. Sc des Etats, ont été faits par LL. HH. PP. de concert avec S, M. B. fur divers fonds au ■ profit des Pays-' lias Espagnols, pour le payement de plufieurs charges ïnevitables, & pour Pentreuen même des troupes de S. M I.: afin que-les*'capitaux & -ies intéréts puillent être aquites fur des fonds 4 ce aftedtes, & qu'a leur-défauril y foit fupplée par-les Ecats des Pays-Bas Espa>inols. 111. Quant aux limites en Fhindres^ les Ftau- Généraux'croient- qu'elles de* vraient être depuis la mer jusqu'a 1 Ëscaut. Gcmmengant a la nier la léparation des jurisdidtions de Uarnrne " Sc Blankcnbergh, -le long du canai de Lisfewege,- par dela lc couvent Tër-ï)ouft, vers Ooft-Kerke, le long du nouveau Cönai jusqu'a la Soute, de la par une ligne-,-jusqu'a la riviere de Lieve prés de Moekeke , en continuant jusqu'au defius du cloitre d'Eeckloo; & fuivant le canal qui fort de la Lieve, jusqu'a PEeiufe, dela-jusqu'au canal 'du Sas, en continuant jusqu'au fort Roodenhuyfe , le long du canal , le long de Wachbeke. Moerbeke-., St^ekcne, jusqü'aux démohtions du fort St. Jean, au Calf, a la grande éclufe de pierre, tntre les forts St, Gilles & Pedmar, le long du grand Ruifleau jusqu'a Ptclufe tftJf.  J7H Réoonfe c'r Baron de llcems. J-amherlt 49ö Eifosrg du SyJürst deKieldrecht, delk le long de la digue de Veerrebroeck , laifiant le fort de Doel k LL. HH. PP. & le polder d'Aremberg k gauche , jusques au coin de Callo, & de ik le long du canal de PEeiufe , prés du fort de la Perle, iusqu'audit fort fur 1'Escaut. Outre cela les hmites autour de Lillo feront étendues du cóté de terre jusqu'aux petits forts de Frédéric-Henri, & le CruysScbans, & outre cela le Territoire & environs desdits deux petits Forts k la diltancede deux-eens verges. IV. Enfin , avant que le gouvernement provifionel foit remis, & que les garmfons des deux Puiffances fortent des places cédées, le Traité de Comrnerce fera réglé fur le pié du Traité de Munfter , & autres faits depuis , 6c que pareille fatisfaction foit faite k eet égard a Sa Majefté Britannique. Ce projet fut mis 'entre les mains du Baron de Heems? Envoyé-Extraordinaire .de Sa Majefté Impériale k la Haye. Le Comte de Stafford , Ambafladeur d'Angieterre , ayant trouvé ces prétentions extrêmement hautes, k plus forte raifon déplurent - elles au Deputé Impérial. Heems demanda fierement fi Pon s'imaginait avoir placé fon Maitre fur le tröne d'Espagne pour lui demander une récompenlè auffi con-  s a - de: Barrières. 40:7 fidérable. On lui répondit, qu'il n'avait pas tenu aux Etats. " Ni a PEmpe-reur, repliqua le Baron , doit-il donc en fouffrir? Enfin il déelara que ce projet n'était pas acceptable. L'Empereur, dit-il, ne pouvait s'attendreauntel plan , après les affurances que jVIxs. les Députés des Etats-Généraux lui avaient données de leur defir fincere a terminer toutes les difficultés fans vouloir mérae fe lier par le Traité des Barrières, attendu que S. M. I; apportait des facilités pour finir une fcöairedont le délai paraifiait avoir, jusf u'alors , cmpèché 1'union-fi néceflaire entre S. M. ï.- & les Etats. ■ ■Que .lui- Miniltre tmpérial , affufait Mts. les Etats, quenonlèulementcepia'ri ferait-mal recua Vienne, mais.quemème on le^confklererait comme un joug infupportable. 1 Qu'il déclarait par ordre k Mrs. rés Etats, que PEmpereur n'acèepterait jamais la punéffion des Pays-Bas Espagnols & des conditions auffi .onéreules . & 0dieules, &'.quelui, Miniltre, était chargé de p-rier Mrs. les Etats-Généraux de vouloir au plutót terminer ce différend, d'autant plus que S. M. I. n'était déja que trop fenfiblement piquée d'un fi long délai ; & que malgré cela S. M. Iv pour faciliter. les Confcrencesj.laiflait-k X- 4..  i t 1 1 t t c r d Conférences d'Anvers pour *■ le-'&aité O 49.8 H-iftoire du Syflêm Mrs. les Etats le choix de traiter 1'afFairs en queftion a Francfort ou h Bruxelies, ayant deja nommé le Comte de Koniz' iek pour affiiter aux fusdites Gonféren- Que fi,contre toute attente, Mrs. les Etats-Cienerauxdifféraient encore ladéterminationde cette affaire, 1'Empereur ne pourrait s'empêcher de faire prendre poffcffion des Pays-Bas-Espagnols par les troupes, comme lui appartenant de JJreit & par Jullice ; & que la caufe en (erait attnbuée a ceux qui- refufant toutes les voycs dreffées par la raifon & l equité, avaier.t voulu s'opiniatrer mal a propos. Ainfi Meffieurs les Etats doivent réiechir ferieufement fur cette affaire, S: cela avec d'autant plus de promDitude , que le Congres de Bade tirait i la hn , & qu'a Péchanee des Raïhcations respeftives du 'Traité de >aix, les Electeurs respeclifs de CoDgne & de Baviere devant être réabhs, S. M. 1. préeipiterait 1'éxécuion de fon deffein, & ferait prenre pofleffion des Pays-Bas, k mefue qu'elle rétabhrait les-Electeurs fusïts. Le. Baron propofa en même tems le omte de Konigfek pour terminer «te affaire, avec les. Etats-,. fok- a  des Barrières. 499 Francfort, foit k Bruxelies. On convint cependant de prendre Anvers pour le lieu de ia négociation. Les Etats' y envoyercnt des. Députés. Les con- d lërences s'ouvrirent au mois-d'Odto-.r bre. Les prétentions reciproques fu-rent d'abord fort oppofées. Si PEmpereur trouvait qu'on lui demandait trop$ les Etats- fe plïiignaient que 1'Empereur ne leur accordait pas afiez. Les Etats de Gueldre étant finguliercment jaloux de réunir le Haut-Quartier de Gueldre a la Province de ce nom, firent plufieurs'tentatives k eet eflët. La disputc devint mème fi vive que les Députés des Etats accuferent la Cour de Vienne d'ingratitude, comme fi ce fentiment pouvait entrer dans les affaires politiques; comme fi les Etats avaient. un cceur comme fi eux-mêmes n'en eufient jamais violé les ; loix. - lis- fe plaignirent de Pépuifemerit oü ils s'étaient mis par leurs effbrts généreux envers la maifon d'Autrichê , comme fi leur aveugle jaloufie contre la France n'avait pas étéun des principaux mobiles de leur conduite. Le Pléni potentiaire Impérial infiftant pour qu'ils évacualienc Bonn , Liege & Huy, les Députés des Etats menacerent alors de rccourir k la France. Enfin les Etats, prirent te parti d'envöyer une Ambaffade Extrjwrdinaire au X5 1714» e Barrie- 17*5-  Rid IX.. i-36. Offres de 1'Empe- reür. I 5do mjïotre du Syftime- nouveau Monarque d'Angieterre, Géorge I. II autorifa le Lieutenant - Géneral Cadogan,. Miniftre qu'il avak norame pour la Haye, k les appuyer aux conferences d'Anvers. Ce. Seigneur trouva la négociation embaraflee de Grandes difficultés. Les Etats voulaient s'étendre dans le Haut-Quartier de Gueldre & dans la Flandre. L^mpereur refufait 1'un & 1'autre. Enfin Tes Etïïl ayant promis d'affifter George I, pour le mamtenir fur fon trónc ebranlé par un foulevement des Jacobites, ce Prince pnt leurs intéréts vivement k cceurCadogan fit même le voyage de Vie/ ne pour gagner 1'Empereur. Enfin il arriva vers le milieu du mois d'Avri' 1715» avec les propofitions fuivantes" de la part de 6a Majefté Impéria- I. La Gueldre - Espagnole fera donnée & cedee aux Etats- Généraux des PaysB£S"% ? k 1,exception de ce qui en eft poffede par le Roi de Pruffe & de Ruremonde , avec quelque petit terntoire-, auffi bien que les hbres Seigneunes. Cependant PEmpereur pourra tenir garnifon dans Ruremon- 'j»\LQSrAChH™x de H'Jy & de Liege feront rafés, & enfuite rendus a-leur ligitime Maitre,  dêi'Ssrrhresi- goi . Ml. Dendermonde aura une garnifon cónvenablè, moitié Impériale, & moitié des Etats.' IV. St. Donas & une extenfion raifönnable de limites en Fiandre' fe. ronc annexés a 1'Ëclüfe en Flandres... .• ... • V. On donnera. pour 1'entretien de la Barrière & des places dans un Etat convenable, cent-mille égus nors des revenu's des Pays - Bas \ Espagnols. C'elt .en outre du logement des foldats dans los garnifons oü ils feront d'abord après que ces points auront été réglés., " VI. Puis qu'a Pégard de ce dernier' point Pon ,ne peut porter PEmpereur, a augmemter laiite fomme en fubfiJcs , & que cependant le Traité de Barrière avec la Grande-Bret;\gne porte entr'autres chofes , qu'il féraie' accordé aux Etats - Généraux pour 1'entretien de ladite, Barrière quatre-centmille égus, outre les revenus des. places conquifes de la Barrière, montant aenvr' ron neuf-cent-mille florins, les Etats demandent,quel'Angieterrefuppléelefurpius, d'autant que. la garde de ces places lui elt importante. "Les Etatt, - Généraux ont bien té'moigné fe contenter de 1'ofFre de cinocent-mille écus, mais e'était dans la fu|c X 6  i715* Traité de 3iarriere coaclu. 502 Hifioire du Sjftème pofition, d'avoir de plus grands revenus de la Gueldre -Espagnole, &-des limites plus étendues en Flandre. Vir. Enfin 1'Empereur offrede renouveller avec les Etats-Généraux tous les Traifés précédens. Ces propofitions fe rapprochaient davantage des demandes des Etats. Mais ils tenaient toujours a leur premier plan. Ils espéraient beaucoup du changement de fyftême politique, que la mort de Louis XIV venait d'occafionner en France, par l'élevation du Duc d'Orleans a la Régence, fous la mino^ «té de Louis XV. Mais enfin après bien desvoyages, des.débats, des ruptures, le Traité fut conclu le 15 de Decembre 1715. Ce Traité- fi fouvent cité, eft d'une importance trop- grande pour étre omis dans une hifioire générale. . II eft de la teneur fuivante. 1. Les Etats* Généraux des ProvincesUnies remettront a-S. M. I. & Catholique en vertude la Grande Alliance de mil-fept-cent-un ,.& des autres engagemensfubféquens, immédiatement après 1'échange des ratifications du préfent Traité, toutes les Provinces & Villes des Pays - Bas & dépendances, tantccl1les qui ont été poffédées par le feu Roi d'Espagne Charles II, que celles !ui viennent d'être cédées par- feu Sa laieité Tr.ès - Chrétienne , lesqueile*  des Barrières. 50$- Provinces & Villes, tant celles que l'on remettra par le préfent Traité, que celles qui ont déja été remifes* ne conv poleront qn'un feul & indivifible Domaine, inféparable des Etats de Ia-Maifon d'Autriche en Allemagne , pour en jouir S. M. 1. & Catholique, lui & fes 'Succefleurs- & héritiers en pleine & irrévocable propriété & Souveraineté. Savoir k 1'égard des premières Provinces,. comme en a joui & dü jouir le feu Roi d'Espagne Charles If , conformément au Traité de Ryswyck; &k Pégard des autres Provinces , d» la maniere & aux conditions qu'elles ont été cédées & remifes auxdits. Seigneurs Etats-Généraux pax le feu Roi TrèsChrétien, en faveur de la Maifon d'Autriche , & fans autres charges, ou Hlpotheques conftituées de la par-t des . Etats - Généraux & k leur profit. II. S. M. I. & Catholique promet & s'engage'qu'aucune Province, ville, place , forterelTe ou. Territoire desdits Pays - Bas ne pourra être cédée, fous quelque dénomination que ce foit, k la Couronne, ni k aucun Prince ou Princefle de la Maifon de France , jii autre qui ne fera pas Succefleur, Héritier & Poffefleur des Etats de ia Maiftm 'd'Autriche en Allemagne , fous  5Ö4 Syfièms- qudque titre que ce puifie être: de forte qu'aucune Province, ville, place, fortereffe , ni Territoire'desdks PaysB s, ne pourra jamais être foumis a aur MÏÏ- \VrÜX S,QCCeireurs desdits Etats de la Maifon d'Autriche; a lareferve de ce qui a été cédé au Roi de Prufie, & de ce qui fera cedé par le préfent Traite auxdits Seigneurs Etats - Gêné- T2UX. HL Comme la füreté des Psvs-BasAutrichiens dépendra fur tout du nombre de troupes que Pon pourra tenir' uans les places qui formeVont ïa Bat nere, promife aux Seigneurs Etats-G^. péraux par la Grande Alliance: S M I & Catholique & leurs Hautes PuhTances font convenus d'y entretenir chl eun, a leurs propres frais, toujours un eorps de trente-cinq mille homm% desquels S. M. I & Öatholique dqnnera troiscmquiemes, &les Etats-Généraux deux cinquiemes, & fi Pune des den? parties diminue fon contingent, il fera au pouvoir de 1'autre de diminuer Je fien En cas de guerre ou d'attaque prochame, on augmentera ledit corps jusqu'a quarante-niiile hommes, fuS toujours ia même proportion; & en cas deguerreefieftive, on conviendra uï  des Barrières. 505 En tems de paix, la répartition desdites troupes, ence qu'elles concernent les places commifes a la garde des trou- ■ pes de leurs Hautes-PuilTances, ferafaite par elles feules; & la répartition du refte par le Gouverneur-Général des PaysBas, en fe faifant part, de part & d'autres, des dispofrtions qui auront été faites. IV. S. M. I. & Catholiqueaccordeaux Etats-Généraux garnifon privative de leurs troupes, dans les villes de JMenin, Pui-nes, Warneton, Ypres, & le fort de la Knocque; & s'éngagent les EtatsGénéraux de ne pas employer dans lesdites places des troupes qui, bien qu'k leur folde, pourraient être d'un Prince bu d'une Nation, en guerre, oufuspecte pour les intéréts de S. M. I. & Catholique. V. On eft con.venu qu'il y aura dans la ville de Dendermonde garnifon commune, qui fera compofée pour le préfent d'un bataillon de troupes Impériales, & d'un bataillon de celles desEtats-Généraux; & que, dans la fuite, en cas d'augmentation, elle fe'fera de commun accord. Le Gouverneur fera mis par s! M. ï. & Catholique, lequel auffi bien que les Subaiternes ,.prêtcronc ferment aux ■Etats-Généraux , aer.e jamais rM-'M-  171 5'. gOfj " mfiotri du Syjlême re ni permettre , dans ladite Ville, qui ■puifie être préjudiciable k leur fervice , par rapport- a la confervation de la Ville, & de la garnifon, & par ledit ferment , il fera tenu de donner libre paslage k leurs troupes , quand ils le fouhaiteront-, pourvü qu'ils en foient reiquis préalablement, & que ce ne foit que pour un nombre modique k la fois i le tout felon le Formulaire dont on eft convenu , & qui. fera inféré k la fin'de ce Traité. VI. S. M. I. & Catholique confent ausfi, que dans les Places ci-defi'us accordées aux Etats-Généraux , pour y tenir leurs garnifons privatives , ils y puiffent mettre tels Gouverneurs , Commandans , &' autres Officiers qui :ompofent 1'Etat - Major qu'ils jugeront 1 propos; k condition, qu'ils ne feront pas k. charge-k S. M. I. & Catholique, ni aux Villes & Provinces, fi ce n'eft pour Ie logement convenable , & les émolumens , - pro venant des Fortifications, & que ce ne foient pas des perronnes désagréab'.es ou fuspectes k S. M. [. pour des raifons particulieres k allejuer. VIL Lesdits Gouverneurs, Commanians & Officiers, feront entierement & ?rivativernent dépendans & foumis aux èuLs ordres & k la feüle judicatüre des  des Barrières.. 5^7 Etats-Généraux, pour tout ce qui re garde la défenfe , garde , fureté , & toute autre affaire militaire de leurs * places ; mais feronr^obligés lesdits Gouverneurs , auffi bien que leurs SubaLternes, a prêter lerment de fidélité k S-. M. I. & Catholique de garder lesdites Places fidelement k la Souveraineté -dê la Mailon d'Autriche , & de ne point s'engager dans aucune autre affaire, felon le formulaire dont on eft convenu & qui eft ausfi inferé k la fin de ce. Traité. VUL Les Généraux fe rendront réciproquement, tant dans les VillesyOÜ. il y aura garnifon de S. M. I , que dans celles, qui font confiées k la garde.de leurs Hautes Puiffances, les honneurs . accoutumês felon leur caradtere , & k Ia maniere de chaque fervice ; & au cas que le Gouverneur-Général des PaysBas vint-dans les Places, commifesala garde des troupes des Etats- Généraux, . on lui rendra les honneurs qu'il eft accoutumé k recevoir dans les autres places des garnifons de S; M*. I. & Catholique, & pourra même. y donner le mot : le tout lans préjudice de Partiele fixieme. Les . Gouverneurs , &en leur abfence les Commandans , feront part, audit Gouverneur - Général des dispofitions  Z<&' Wjioj-re du Syp.èms pa.r.eux faites pour Ia fureté & gard* au on^fl C°nfiéeS h kns,%% auront des egaras convenables pour les $g£T? ' -qUVledit GouverneurGeneral pourrait j%er y devoir êtnr IX. S. M. I. & Catholique accordé deWSS f$ J ReÜgion aux SS ües Etats-Généraux, partout oü elles L*TeCI"0nï enëaraifon, mais cela! dans des endroits particuhers, convenaD.es , & proportionnés au nombre de - ianng"f1 °n ' qiie les Magiftrats asfignejont & en retiendront dans chaque ville «pees, & auxquelsendroits on nepour- ^ £fiï,°n enJ°indra fov.cre.nent; part & d'autre, aux OfTcfcrÜ civils & militaires,.-comme ausfi aux Eccléfiaftiques, & a tous autres auxquels H appartient, d'empêcner toute occafion de icunuale & de conteftaticn, qui pourraient naitre au fujet de la pJéikion , & au cas qu'il en arrivat, elles feront, de part & d'autre, applanisk 1'amiable. ■ Quant k Ia Religion, par rapport ank Habitans des Pays-Bas Autrichlens toutes chofes refteront fur le même pié!. qu'elles étaient fous Ie regne du fcy Rol fcharlcs fecond,  dit Barthfe *- 50J X. Toutes les munitions de guerre , artillerie, armes des Etats-Généraux, comme ausfi les matériaux pour les Fortifications, les grains en tems de difette , les vivres pour mettre en magafin , lorsqu'it y aura apparence de guerre , & de plus les draps & fournitures pour les habillemens des foldats , que l'on vérifiera devoir être employé k eet ufage, pafferont librement,, & fans payer aucun droit, au moyen des pafieports qui feront demandés &.. accordés fur la fpécification fignée : k condition néanmoins qu'au premier bureau de S. Af. I & Catholique-, .o4: lesdites provifions , matériaux, armes ^ & montures entreront; qu'k 1'endroit oü elles feront déchargées, les bateaux & autres voitures pourront être dument vifités, pour empêcher qu'onn?y mêle ■d'autres marchandifes, & ëviter toutes fraudes & abus, contre lesquels il fera libre de prendre les précautions qu^k 1'avenir on jugera convenables, fans-qu'il foit permis aux Gouverneurs, ni k leurs Subalternes d'cmpêcher, en quoi que ce foit, 1'eftèt de eet article. XI Les Etats - Généraux pourront changer leurs garnifons & les dispofitions de leurs troupes felon qu'ils Ie jugeront k propos, dans les places.  5>o Hijhire du Syfième cemmifes a leur garde privative , fan* _ qu'on puifie empêcher ou arrêter !e paffage de leurs troupes , fous quelqua prétexte que ce foit. Pourront même lesdites troupes, pafler par toutes les villes de Flandre & de Brabant, & par tout ie plat pays , faire des ponts fur ie Canal entre Bruges & Gand, & fur tous les autres Canaux ou Rivieres qu'elles trouveront fur. leur route; k eondiHon neanmoins, que-ces troupes feront d'un Prince ,_ou d'une Nation non en guerre avec S. M. F, nifiispe&e d'-aucun engagement contraire a fes interets, comme il a été dit ei-delfiis a Partiele qua;rieme, & que préalableme-it il en fera donné connaiilance , èc róquifinon- faiEe au Gouverneur - Général des Pays-Bas, avec ïequel on reglera les routes & les autres befoins , au moyen de quelqu'un qui en aura fa . convnisfion de l L. HH. PP. On obfervera le réglement fait par les Etats-Généraux, fur le paffage des troupes, comme ii elt obfervé dans leur propre pays. . Les Etats - Généraux tacheront de faire lesdits changemens de garnifon % ainfi que les dispotitions néceffaires pour cela, de la maniere qu'elles foyent le moins qu'il fe pourra, a chargé & in- commodes aux habitans.  de: 'Barrières. "XII. Comme en tems de guerre la füreté commune demande, ainfi que dans un danger eminent de guerre , que les Etats-Généraux envoyent leurs troupes dans les Places qui fe trouveront le plus expofées, a- être attaquées , ou furpnfes; il elt convenu que les troupes des Etats - Généraux feront recues dans lesdites places autant qu'il fera necefiaire pour leur .défenfe, quand le cas viendra ;évidemment a éxifter • & cela fe fera d'accord & de concert avec le Gouverneur-Général des PaysBas. » XIII. Les Etats-Généraux pourront i leurs frais & dépens, faire fortifier les fusdites Villes & Places, foit par de nouveaux ouvrages, ou en faifant reparer les anciens, les entretenir & W. népalement pourvoir a tout ce qu'ils trouveront nécefiaire pour la fureté & défenfe desdites Villes & Piaees a la réferve . qu'ils ne pourront 'pas y faire conftruire des Fortifications nouvelles, fans 1'agrément du GouverneurGéneral des Pays-Bas, & fans qu'on puiffe les porter en compte a S. M I & ,Carho'ique, qu'avec le confentement de S. M. I. XIV. Pour la füreté&communication .■entre les Provinces - Unies Sr les villes places .de ia Barrière, S. M. I & UIL  '512 Wftolre du Syfième Catholique aura foin que les lettres & nieffagers, tant ordinaires qu'cxtraordi1 naires, puiffent palier librement pour alier & venir dans les villes & places de la Barrière, & par celles des autres Pays; acondition, que lesdits meffagers ne fe chargeront pas de lettres ou des paquets des Marchands , ou autres particüliers, lesquels, tant pour les places de la Barrière , que pour toute autre part, devront être remis aux bureaux des, poiles ordinaires dé S. M. I. & Cathoii,que^ ; XV. L'artillerie,magafins& provilions de guerre que LL. HH. PP. out dans les Villes & Places, qu'elles remettent k la Maifon d'Autriche , il leur fera permis de les faire transporter , 'fans empêchement,. & fans aucun droit., tant celles, qu'elles y ont fait condtiire elles-mêmes., que l'artillerie marquée a leurs armes, perdue dans la derniere guerre , & leur appartenant d'ailleurs, qu'elles auront trouvée dans lesdites Places; k moins que S. M. I. ne fouhaite prendre ladite artillerie pour fon compte, en convenant du prix avec LL. HH. PP., avant la reddition desdites Places. Quant a l'artillerie & aux munitions qui font préfentement dans les Places cemmifes i la garde des troupes des  des Barrières. *■ ■ Etats ^ Généraux, eiles feront laiffécS a' leur garde , luivant 1'inventairè qüi;'èn; fera drefiö & figiïë de part & d'autre avant les ratifications du préfent Traité ;fa'ns'qu'il foit permis 'de les faire -transpdrter ailleurs , que d'un cormnun confentement ; & reltera en propriété' a S. M. I. & Catholique , pour autant qu'il s'en eft trouvé dans lesdites Ij Places au tems de leur ce'ffion ou red- 1 difion. • XVI. Eb cas que les Provinces 'des |Pays-Bas Autrichïens fuffent attaques, f& qué l'armée ennerfiie entrat dans le iBrabant,, pour y agir & faire le fibo-e *de quelqbe place dans ladite ProviricL fpu quelques unes''de celles qui en font ia Barrière , il fCfa permis k leurs ■mautes - Puiffances de faire occuper & tprendre polte par leurs troupes dans les villes & endroits fur le Demer jdepuis 1'Escaut jusqu'k la Meufe, d'y faire des retranchemens , des lignes & :des inondations, pour arrêter les ennemis felon lesbefoins de la guerre, de concert néanmoins avec le Gouverneur-Général des Pays-bas. XVII. Comme Pon eft convaincu par Pexpénencc de la derniere guerre , que pour mettre en füreté les Frontieres des Etats - Généraux en Flandre , il Stellait y laiffer plufieurs corps de tra». }7  • 514 Hifoire Ai Srf&m fes fi confidérables, que 1'armê'e fc trouvait beaucoup aÖaïb'ie par la: pour . prevenir eet inconvénient & pour mieux snTurer lesdites Frontieres a l'avenir, S. M. I. & Catholique cede aux EratsGéneraux tels'Forts & autant de Territoire de la Flandre Autnchienne, Hmitrophedé-leursdites Provinces, qu'on en aura uefbin pour faire les inondatlons nécefiaires , & pour les bien couvrir depuis 1'Escaut jusqu'k la Mer,; dans les endroits oü elles ne fauraient Pêtre par des inondations fur les feules Terres appartenantes aux Etats-Généraux. Pour cette fin, S. M. !. & C. agrée & approuve, que pour l'avenir les limites des Etats-Généraux en Flandre, commenctront a la Mer entre Blankenbergn & Heift, a 1'endroit oü il n'y a plus de Dunes, moyennant qu'ils n'y ffenont "point bkir, ni permettront qu'on y bktifie des villages ou des maifons auprès dudit poile , ni ne fouffnront aucun établifiement de pêcheurs , ou d'y faire des éclufes k la Mer. En promettant de plus leurs Hautes-Puisfancés., que fi elles trouvent bon de faire c nftruire quelques Fortifications k la tête de leurs nouvelles limites , elles auront foin de ne pas diminuer £a force de la Digue, & non feulernent ie  des Barrières. §15 ife chargeront des frais extraordinaires, Jtjui pourront être caufés k 1'occafion dj lesdites Fortifications, mais même déa dommageront les habitans de la FlandreiJ Autrichienne de toutes les pertes qu'ils I pourraient fouffrir , au -cas que la Mer si vint k faire des inondations par les FortiIpfications fusdites. Du pofte fus-ment\onné l'on tirera üi une ligne droite fur le Gote Wuyje , )1d'oü la ligne continuera vers Heyft ; |de Heyft elle ira fur le Driehoek & ■jSwarte Sluys: delk fur le fort de Saint I Donas, que S. M. ï. &c. cede en proru priété&fouveraineté kLL.HH. PP., mo«;yennant que les portes des Eclufes dudit Tort, feront & refteront ótées en tems ) de paix. S. M. I. &c. cede pareillement le rterrein fitué au Nord de la ligne ci-defius 'marquée. Du fort de St. Donas , les nouvelles limites des Etats-Généraux s'étendront pusques au fort St. Job , d'oü on re;|gagnera les anciennes prés de la ville de iMlddetbourg; lesquelles limites fuivront :11e lohg de Zydlingsdyck jusqu'k 1'en1 droit oü le Watergangh & le Waterloop fe rencontrent k une Eclufö. Enfuite on fuivra le Graaf- JansJDyck, jusques au village de Bouchouice, aux intcreffes des éclufes dont on Tom. IX. Y  W5- ffpoire du Syflème permet de les remettre oü elles ont eté ci-devant; & dudit Bouchoute on continuera la ligne droite pour rega°-ner les anciennes limites des Etats-Généraux. Sa Majefté Impéria!e & Catholique cede ausfi en pleme & entiere fouveraineté aux Etats-Généraux le Territoire fitué au Nord de ladite Ligne. Et comme pour ieur entiere fureté il eft néceflaire , que 1'inondation foit continuée de Bouchoute jusqu'au canal du Sas de Gand, le long du Graaf-JansDycfc, il fera permis en tems de guerre k leurs Hautes Puifiances d'occupér & faire fortifier toutes les éclcfes qui fe trouveront dans le Graaf- Jans-Dyclt & Zydhngsdyclt. A Pégard de la Ville &.du Sas de Gand, les limites feront étendues jusques a Ia diftance dc deux mille pas Geométriques , pourvü qu'il n'y ait point de villages compris dans cette étendue. Pour la confervation du Bas-Escaut^ .& la Communication entre le Brabant & la Flandre des Etats- Généraux , S. M- I. &c. cede en pleine & entiere propriété & fouveraineté aux Etats-Généraux le village & le polder de Doel, .comme auffi les polders -de SaintcAnne Ketenjfte.  'des Barrières. 5P7 *6omme cn tems de guerre il fera beföin pour plus grande fureté de former des inondations par les éclufes entre1 les forts de la Marie & de la Perle , S. M. I. &c. remetrra auffitót que la Barrière fera attaqüée, ou la guerre commencée , la garde du fort de la Perle , k leurs Hautes Puiffances, & celle des éclufes k condition que la guerre venant k celfer , elles r'emettront ces éclufes , & ledit fertdela Perle , k S. M. I.&c, comme auffi celles qu'elles auront occupéés.dans le Graaf -Jans-Dyck & Zydr lingsdyek. Les Etats-Généraux ne pourront faire aucune inondafion en tems de paix, & fe croyant obligés cï'en former ea tems de guerre, ils en donneront connaiffance préalable au GouverncurGénéral des Pays-Bas, & en concertcront avec les Généraux , Commandant les armées aux Pays-Bas. Promettarit de plus que, fi k Poccafion de la cesfion de quelques éclufes, dont les habitans de la Flandre Autrichienne conTerveront le libre ufage en tems de paix,, ils vinfient k fouffrir quelque dommagè ou préjudice , tant par les Comman» ■dans , que par d'autres Officiers Militaires, que non feulement les Etats''Genéraux y remédieront inceiiamment% ¥ a  gi8 Bifioiro du Syfième *7-T5- mais auffi qu'ils dédommageront les Intereffés. * Puisque cette nouvelle fituation des limites demande que l'on change les Bureaux, pour préyenif les fraudes, a quoi S. M. I. & LL. HH. PP. font égakment mtéreffées, on conviendra des liê.ux peur Petablilfement desdits Bureaux, & des précautions ultérieures que Pon jugera convenables de prendre. II eft de plus ftipulé par le préfent article , qu'il fera faite ure jufte évaluation des revemis que ïe Souverain tire des Tertes qui fe trouveront cédées 3 leurs Hautes Puiffances par cetarticle, comme auffi de ce que le Souverain a profitépar le renouvellementdesOdtrois. fur le pié qu'ils ont été accordés depuis trente ans en dega, k être déduits & déla qués fur le fubfide annuel de cinqcent mille égus. Ladite éyaluation ffcra faite avant la ratification du préfent Trai- La Réliglon .Catholique Romaine fera conlervée .& maintenue dans les lieux ci - dtllus cédés en tout fur lc pié qu'elle y eftexercée aótuëllement, & qu'elk Pa été du tems du feu Roi Charles II, & feront de plus conferves & maintenus de même , tous les privileges des ubitans. ' - ' '  des Barrières. 519 te' fort de Rodenhuyfèn fera rafé; & iesdifferends toücrrant le canal de Bruges feront remis k la décifion d'Arbitres neutres , a choifiïr de' pare & d'aütre. Bien entendu que par la cefiion du fort de Saint Donas , ceux de la ville de 1'Eelufe n'auront pas plus de droit fur ledit Canal, qu'avant cette eefiïon. XVIII S. M. I. Sec. cede k LL. HH. PP. k perpétuité en pleine SouveTaineté & propriété dans le hairt-quartier de Gueldres ,• la ville de Venlo avec fa tanlieue-* & le fort de Saint Michel-, de plus le fortdeStewenswaart avec fa Banlieue, comme auffi autant de terrein qu'il faudra , pour augmenter leurs Fortifications en'dega de la'Meufc; & promet S. M. I. de ne faire jamais'batir , ni permettre qu'un autre bad>Te aucune Fortification , de quelque nom.que ce foit , a- la diftance d'une derïülieue de ladite Forterefie. S. M. L &c; k-l'exception des villages de Swalm & Elmt qu'elle fe réferve 7 eede de plus aux Etats-Généraux 1'Ammanie de Montfort , confiftant dans les petites villes de- Neuftad- , & d'Echt- ,> avec les villagés fuivans , favoir': Uhe , Lack. , Rooftcren , Braght, Befcl, Bëlfen , Vlodorp , Poftert, Bergh , Lin & Montfort, pour être poffédés par leséits Etats - Généraux da la maniere Q-ue  1 | i i i 1 Jöo- Hijïoire du Sy/tèm les., a poffédés , & en a joui le feu. Roi Charles II, avec les préfeftures^ Bourgs, liefs, Terres, fonds, Cens, Rentes , revenus , Péages , de quelque nature qu'ils foient, appartenans auxditslieux cédés-ci- deffus. Le tout pourtant fans préjudice , & fauf tous les Droits que pourrait avoir Sa Majefté le Roi de PruiTe ; & ce nonobitant toutes exceptions, prétentions ou contradidtions faites ou a faire , pour troubler les EtatsGénéraux dans la paifible poflesfion des ïieux cédés par lc préfent article. Tous Padtes , Conventions , ou dispofitions contraires au préfent article étant cenfés nuls & de mille valeur ; bien entendu que cette cesfion fe fait avec cette claufe expreiTe, que les Statuts, anciennes coutumes & généralement tous les privileges, civils & Eccléfiaftiques, tant k 1'égard des Magiftrats & des Particuliers, que des Eglhes, Couvens^ Evlonafteres , Ecoles , Séminaires , Hó-" pitaux , & autres lieux pubiics, avec routes leursappartenanceséc dépendances ie même que le Droit Diocefain de 'Evéque de Ruremonde, & généralement loutcequi concerneles droits, libertés, rnmunités ex Cérémonies dela Religion Catholique Romaine, feront confervés ans aucun changement ni directement li indiredtement, dans tous les lieux- '  £g's Barrière:. . S^t ei- deffus • cédés, de la maniere que du tems du Roi Caarles if. Les Magiftratures ne pourront êcre donnéesain •' fi que les charges de police , qu'a des pe- lonnes qui foient de la Religion Ca' thoiique -Rotnaine. Le droit de collation aux bénéfiees, qui a été jusqu'ici au Souverain, apparüendra dorenavant a 1'livêquc de Ruremonde , h condition que lesdits béuéfices ne pourront être donnés qu'a des gens qui ne feront pas désagr.ables aux Etats - Généraux» pour des raifons particulieres a- alléguer. II eft ausfi ftipuié , que les EtatsSsnéi'SüX ne pretenciront avoir acquiS par la cesfion de la ville d'Echt, aucun droit de judicature ou d'appel, par rapport au Chapitre de Tnorn , ou autres Terres de . l'Empirc , & il fera libre a Sa Majeflé Impériale & Catholique de nommer tel endroit qu'il conviendra pour ladite judicature & ap- ^11 fera libre a LL. HH. PP. d'établir une Cour d'appel dans tels lieux de la Province qu'elles trouveront convenables pour les habitans de Ia partie du haut-quartier de Gueldres qui vient d'ètre cédée, paree que leurs nouveaux fujets de cette partie n.2 pourront plus Y 4- 1715-  i i i 1 l 1 c d S n t P £1 k di tr 5» ##&>a éu Syffcme porter leur appel i Ia cour de RuremoK, De plus, on eft convenu,quex Ie» droits d'entrée & de fortie qui fe tevent tout le long de la Meufe , ne pourront être haulfés , ni baiffés, en tout ou en partie , que d'un confentement unanime , desquels droits qui fe levent a Ruremonde , & a Navaigne , & ies Seigneurs' EtatsGenéraux, ceux qui fe levent a Ven- J5Te \eS droits fur la Meilfö en rénéral , & ceux fur 1'Escaut, font tnectcs fubfidiairement au pa-yeraent de leux rentes diftincles, favofr une de [uatre-vingt-mille florins par an, par transaction paffée le vingt-fixietoe e Décembre 1687 avec S. M. le feu toi de la G. B. Guillaume UI,on elt onyenu , que LL. HH. pp., \ caufe 6 t CTeffi»n fusdites» fubviendront'l ™* » ' le Pa>'emcnt desdites -ntes & autres dettes qui pourront y -re hipotéquces annueliement , & %. •oportion du produit des Droits d'enee & de fortie, qu'elles recevront tout fmvant les conltitutions mêmes* :sdites rentes. Quant aux dettes & charges ccn, méés & conflütuées fur la gér.éraüï-  dès'jÊ'arrieres. dö haut-quartierde Gueldres, les EtatsGénérauxconcourront dans le payement ^7IS d'iceux pour leur quote part felon la propofition portée paria matricule de toutledit Haut-quartier. Tous les documens •& papiers concer» nant ledit haut - quartier de Gueldres refteront comme ci - devant dans lesarchives de Ruremonde, & copie en fera faite dont 1'une fera remife a S. M. Tt &c. a S. M. le Roi dc Pruffe , & la troifieme aux Etats-Généraux, &. ces trois Puiffances pourront dans les> tems avoir reconrs aux Archives oü ellesauront toujours un libre accès, a caufe dela partie qu'elles poffedentdans ledit Haut' quartier. XlXi En confidérdtiondes;frais& des dépeufes extraordinaires , que leur impotent les obligasions dont les EtatsGénéraux fe font chargés par le préfent Traité, S. M. I. & Catholique promet de faire payer annuellement auxditsEtats - Généraux la fomme de cinq-censmille écus, ou douze- eens-cinquantemille florins, Monnaie de Hoilande , laquelle fomme fera affurée & hipotéquée généralement fur tous les revenus des Pays-Bas Autrichiens , & fpécialement fur les revenus les plus clairs des Provinces de Flandre & du Brabant, Y5.  SH HtJhire-dwSyföm 1 ] ] i 1 « J 1 3 1 s ! a s c c I a I; Le payement de fadite fomme com* mencera du jour dc la fignature du . préfent Traité, fur laquelle feront réduits k prorata du tems, les revenus. des Villes, Chkellenies & dépendances , cédées par la France , échues depuis ledit jour, jusqu'a celui oü lesdits Pays feront remis k S. AL. I. &c 5. pour autant que les Etats - Généraux lessuront regus. XX. S. M. I. &c. confirme & ratifie es capitulations, Padminiftration générale du pays, y exercée par la Granie-Bretagre & les Etats-Généraux,. lyant reprélbnté le légitime Souverain y k. tous les adtes de Police, Régale, uftice & Finance fubfifteront & au- ' ont leur plein & entier eftet, felon a teneur desdits adtes & fentences , e tout de la méme maniere que s'iie vaient été faits par le Souverain lé;itime du pays & .fous fon gouvernelept. Dans le XXI,. S. M. I. & Catholique 'engage k obferver , ratifier & mainenir k 1'égard du haut - quartier de ïueldres & des Pays conquis fur la 'rance, toutes les dispofitions faites u nom & de la part des Etats -Gené- ÏUX. Pour ce qui eft des bénéfices & digniis Eecléfiallitiu;s , S. M. I. &c. confi:-  des Barrières. 52; me les nominations Srprifes de pofles fion de ceux qui y ont été nommés ou qui en ont pris pofleffion, fan; qu'on puifie les troubler ,. ni s'y oppofer, que par les voies ordinaires de la Julrice, felon les loix & coutumes du pays. Par le XXII, S. M. I. & Catholique reconnait & promet de fatlsfaire aux obligations paffées de la part du feö Roi d'Espagne Charles II., au capital de trois-eens-trente-huit mille florins , dont 1'Etat eft annexé au bas de cec article. Lesquelles obligations ledit Roi Charles II avait promis de faire tenir, fans que cela fe foit fait: S. M. I. & Catholiqne promet de faire paffer les obligations par les Etats des Provinces «lesdits Pays -Bas, & de les faire délivrer incelfamment après aux Etats-Gêné* raux, conformément k la teneur de ladite obligation de S. M. Catholique du trentieme dc Mars 1698, k la première con-vocation des Etats , ou au plus tard dans le terme de deux mois après 1'échange du Traité. Les Etats avaient fait paraftre dans les négociations de paix* une jaloufie trop grande , pour fe conferver une Barrière contre la France, & ils avaient trop irrité cette Couronne puilTante pour être contens de ce qu'on-leur ai Y 6 Arrêrf «('- - Gnitif fu Ie»» Traité dc Barrière.  mi* ■ 526 Hifioire du Syflème- vait accordé a la fuite du Traité d'LTtrecht. Les querelles & les chicanes rénaiffaient fans ceffe dans les PaysBas Autrichiens. lis auraient voulu asfurer leur exiftence aux dépends de PEmpereur pour les intéréts duquel ils venaient de s'épuifer par les fuites ruiaeufes d'une guerre longue & opiniatre dont ils ne fe font pas encore releVés. Mais- PEmpereur oubliant aifément , ainfi que tous- les Souverains,. ceux auxquels- il devait la puifiance, ne lèntant que 1'orgueil qu'elle infpire, ne voyait pas d'un ceil indifferent, 1'espece d'esclavage auquel cette prétendue Barrière affujettifTait une portion précieufe de fes Etats» Cet afierviffement compromettait 1'honneur d'un Souverain auffi respedtable; &il n'aurait pas tardé a vouloir en briferle joug, s'il n'avait pas appercu dans la politique des EtatSyfans dou* te néceffaire d'après leur pofition visa ■ vis de la France, une espece d'esclavage qui les enchainait eux-mêmes \ fes intéréts. Cette cenfideration l'ob'igeait donc k ne pas les brusquer de front; une telle pofition mettait les deux Etats dans le cas de deux ennemis naturels qui font obligés de fe mé*. nager; enfin , appès de longs débats , fans qu'aucun des deux ósat rompre; il y, eut, un dernier arrangement le 23 itu mois dc Décerabre 1718. li fut ftj~  des Barrières. 527 pulé que les frorttieres des Etats dans la Flandre commenceraient déformais k la mer au Nord-Eft du Fort démoli de St. Paul , fur une ligne tirée du polder Hazegras jusqu'k la digue de erommendyk & le long de cette digue jusqu'k Peau courante de PEclufe noire & le long de cette Eclufe, &, du polder le Bout du monde , par conféquent le long de la digue de la mer jusqu'k la digue de Lapfchure & de lk par lé polder Barbara, jusqu'au Langjifaat, dans le polder Capelle jusqu'au polder Rouge. Les polders Barbara, Lauraine, Gapelle & Rouge étant abandonnés aux Etats-, k 1'exception d'un petit espace que PEmpereur fe refervait. Les frontieres du Sas de Gand furent auffi reculées pour affurer le Bas-Escaut & pour conferver de la communication entre les parties du- Brabant & de 1? Flandre, qui appartenaient aux Etats \ PEmpereur abandonnait aux Etats le polder & village de Doel, & les polders' de St. Anne & de Keteneffe er toute Souveraineté , & promettait, er cas de guerre, de leut-abandonner U fort la Perle ,. pour y mettre garnifon II leur donnait auffi fureté pour l< payement légitime des cinq-eens-milli Rysdalers de fubfides annuels & pou les. autres prétentions pécuniaires qu'il Y 7 üumont' VIII. P. K- p. re jusqu'a 226, 230; derft 118 a ito evaient etre employés pour Ia grande lotte.: on fentit/dans cette guerre nalheureufe , la néceffité d'une marine ormidable ; auffi eet objet ne fut pas;erdu de vjië i la paix ; au lieu de faire me relorme dans ce département on nt_ une réfolution pour augmenter in aarme de 1'Etat de 24 vaifieaux L'Eat eut alors fur mer, au moins48 vais?auX ; en 1659 on en fit f-quipper eert. ^nCAenco-re aug'«entés de dixuit. II eft vrai que ces vaifieaux n'éuent pas d'une grandeur confidérable. .Amiral Tromp ne monta d'abord ouftre pifieau de 50 canons , en fuite un de:  & Je terre 535 go.; .c'étaient les deux plus grands nar vires de fa flotte. Les précautions que l'on.prit depuis firent que, dans la föconde guerre Anglaifc, on eut une marine .bien autrement formidable. L'Etat mit en mer foixante & douze vaisfeaux dont la moitié möntait aóo& 8o canons, & dont 1'autre moitié en avait entre .40 & 'co ,'fans compter ja'fregates , des Yachts - d'avis, des brulóts & des convoyeurs & 18 vaifleaux que l'on faifait encore équipper. La marine fit encore des progrès dans la troifieme guerre Anglaife. On eut alors jusqu'k des vaifleaux de 84 canons. 'La moitié de la marine de 1'Etat était, il eft vrai , de 60 k 80 ; mais il avait 24 fregates, 36 brulóts, 24 fénaux & 24 galliot.es, fans compter les convoyeurs dont le nombre n'eft pas dé;ifigné. La paix faite en 1674 avee 1'Angleterre occafionna une diminution jdans la marine de 1'Etat; elle fut bor- ée k 44 vaifleaux dont il n'y en avait que dix-huit de 66 k 80 canons; encore la plupart furent envoyés pour la proteétion du commerce dans le Nord, dans la Méditerranée & devant les cótes; il ne refta dans les ports que 25 vaifleaux jusqu'k la paix de Nimegue. On fe relacha probablement a'.ors du cóté de la mer; paree qu'on  i 1 ~$$5 desfirets dcmir n'avait plus rien k eraindre des Anglais & que les principales forces de 1'Etat Étaient requifes fur terre , contre les armées formidables des Francais. Mais k peine 1'Etat fe vit debaralle de cette guerre funefte , qu'il porta fes regards fur 1'elément qui eft la bafe de fa grandeur & de fa profpérité. Dés 1'année 1680 il fut queftion de conllruire trente- fix vaifieaux de guerre, favoir dix de ■So, fept de 70 & dix dc 50 canons. En 1685 on ne laiffa pas de prendre de nouvelles précautions pour maintenir la marine. II fut alors arrêté que 1'Etat entretiendrait toujours une Hotte de 96 vaifieaux, dont vingt de 80 canons, vingt-huit de 70, vingt-quatre de 60 & vingt-quatre de 50; & en outre,, quatre-vingt-dix fregates depuis 18 jusqu'k 40 canons. On fe plaignait dés lors du peu d'aélivité qui regnait dans ce département-; les Amirautés fe plaignaient de leur cóté qu'on ie leur fourniffait pas les moyens necesaires pour mettre k exécution les meures des Etats ; & Ton croit devoir later de ce tems Ik la décadence de la nanne guerriere de 1'Etat. Cependant ors qu'en 1Ó88, le Prince d'Orange en. reprit fa descente en Angleterre, il 'orta la République k équipDer une lotte de p.5 navires, prête k agir füi-  *$? de terre 537 *vant Poccurrenee ; & la flotte qui 1'accompagna dans ce-trajet était de plus de fix-cens voiles, dont quatre- eens " batimens de transports. Le refte formait cinquante gros navires de ligno, vingt frégates- & autres batimens moins confidérables. Mais il faut cbferver que ce Prince, mettant k cette expédition Pintérêt & 1'ardeur qu'on met k ce qui nous .-tegarde pcrfonellement., a"ait tellement fait hater l'armement-, qu'il s?y trouvait plufieurs vieux navires fort mal réparés. Ce Stathouder, devenu Roi de la Grande-Pretagne., ayant lié intimément les intéréts politiques des deux Etats, fi non entr'eux du moins rélativement aux antres Puiflances, ayant par conféquent befoin d'une puis~ fante marine-, ne perdit pas de vue celle de la République. Mais la France avait alors porté la fiennc k un dégré fi formidable qu'elle le vit en état de balancer celle des deux Etats alliés. En 1689 la République ajouta trente navires de guerre k une flotte de 50 navires Anglais. L'année fuivante elle ne fut pas afiez forte, jointe aux Anglais pour balancer au moins les Frangais; le-s -flottes combinées furent battues par le Comte de Tourville. Ure multitude de vaifleaux marchands tomberent entre les mains des Frangais. La République  S"38 Etat des 'forces de mer '1 h i l 4 l qui en 167a avait eu une fupériorité decid-ée ('ur les -flottes de France & d'Angieterre, ne fut pas alors en etat, avec 1'aide des Anglais , de pr.ót€gèf fon commerce cofitre la France. 11 faut avouer auffi que Louis XIV avait deprus cette époque porté lés flottes a •un etat ou l'on n'aurait jamais cru que la marine Frangaife put parvenir. Auffi eet éclat ne fut pas -de longue durée En 1692 1'Angleterre & les Etats mi', rent en mer une flotte de quatre-vingtdix-neuf vaifleaux de ligne feuleme-nt dont la République fourniflait les trois nuitiemes ; ils prirent alors leur revanche fur les Frangais; 1'année fuivante les Etats ajouterent trente-deux vaisfeaux a cinquante & un Anglais. Les Frangais ayant furpris leurs ennemis en détail remporterent des avantages conIdérables. Ces pertes ré vei Herent 1'at:ention des Etats. En 1694, 1695 & 1696, ils fe virent maitres de la mer ivec les Anglais, & porterent la terreur ur toutes les cótes de France. En 1697 'e« Frangais reprirent le deffusIs eurent des avantages briltens & firent a paix au bruit des viétoires fur mer £ fur terre. La marine de la Répu'lique fut k peu prés dans le même tat de grandeur & de décadence dans 1 guerre de la fucceffion. En J702 Ia Ré-  $ de urm 539 teepiiblique renforga de vingt vaifleaux I-de ligne une escadre Anglais, de trente ijjnavires. L'année fuivante elle n'ajouta ique dix-fept navires k une flotte Anglaife de trente-cinq. Mais cette même f année ainfi que la précédente, les i convois de leur navigation niarchande li& leurs navires marchands efluyerent tl des échecs terribles de la part des ara raatcurs Frangais. Ces pertes forcerent ;i4es Etats k porter un regard particulier fur la marine. Ils mirent dans ce I département relativement k 1'Angleterre .une proportion de cinq k huit. Ils j-ajouterent quarante-huit navires aux :i'foixante & dix-fept que les Anglais I avaient fous les ordres de 1'Amiral Roo5 ke. Ils en avaient huit ce 90 canons, . quatorze -entre 70 & 74; onze de 54 ; Zz trois-de 50. Dans le fameux mémoixe que les Etats publierent en 1712, en réponfe aux reproches des Anglais, ils prouverent du moins qu'ils avaient . contribué d'environ les trois- huitiemes ,1 dans les dépenfes navales des deux na: tions. En 1705 ils furent cn état de bloquer , avec leurs alliés, les portÉ ,de Breft .& de Toulom, de détruire er ; 1707 dans ce dernicr, huit navires d« guerrede bombarder la ville & d'er faire le fiege. Mais on ramarqua ver la fin de cette guerre qu'il avait Mi Tom. IX. Z 1 i l  _ •5?fiémepo ütiquc des Etats relativement i h Marine. ("*) Lettre £? mémoire remis par Son jihclfe alempatius , enthoufiasmé de ce i>■eme , ófa même ccrire qu'il avïr ie" onnu dans la femence de Phomme de u ue fe1ZnPqü-i -P^ S ueue le fluïde ou ils nap-eaient ■& mdüfr kn?UVelte mét^orprahofe a'vaS lec bras, la tête & la poitrine ÜÜTÜhÏ -PdS lui^ênie5'un ?y: ™ ï rf Dqui- a^artenait Par 1'invenr n'c i Patx"e' enchérit «* Dalem, «ua; il prétendit démêier dan» ie» s etres de chaqueespece. Un jour,..  PEtat des moeurs &c. 559 dit-ön, il fortit de fon cabinet avec Is ii même enthoufiasme qui fit fortir ArI chimede tout nud de lbn bain. II appei! la fes voifins & leur fit Temarquer dans I! la femence d'un béfier de jeunes brebis | qui marchaient en troupes, &fuivaicnt I avec timidité leur conducleur. II eft I certain que le fyftême des animalcules : fpermatiques fit un bruit étonnant., iorsqu'il parut, & fut adopté par les i plus grands Phyficiens. Depuis, on eft :; beaucoup revenu de cette opinion. Le t microscope d'une escpérience plus attenuve a rectifié lc microscope de Pexi; périence. Le Philofophe a demandé l comment un million d'animalcules font ' ils effbrt a la fois pour entrer dans 'i Pceuf & n'y en a-1 - il qu'un qui s'y i loge pour le féconder ? Pourquoi Papi pareil d'un million de eau fes, pour ne produire qu'un feul efiet ? Reconnaiton a ce riiéchanisme la main ds la nature ? Heureufement Leuwenhoek & HartEoeker ont rendu des fervices aux fciences par des découvertes plus vraies f quoique moins brillantes. Hartzoeker f a donné des éclaircifl'emens fur les ef1 fets de la réfradtion , fur la théorie ; des cometes & fur le fyftême général .des mondes. II approfondifiait en mêjsas tems, toutes les parties de la méea-  tjoehosrn. ■' 1 4 .360 Coup (Poeii fUT nique, en fait de verres, de microscopes , & de miroirs ardens; & tout ' Sf 3rue la Chimie offre de plus curieux. 11 ofa même fe mefurer avec le grand Newton & combattre un fyftême fondé fur la plus fubhme Geometrie 11 attaqua vivement Pattraftion; & quoiqu'il ne fut rien mofns que Cartéfien ii. aima mieux y fubftituer les tour! billons de Descartes. L traita même la métaphifique des paffions. Leibnitz lui même n'a pas été a 1'abri des attaques de eet audacieux Phyfiden. II a combattu vivement le fyftême des monades & de 1'narmonie préetabiie. Huygens -Leuwenhoek , Hartzeeker, de Graaf Zwammerdam furent eftimés dans leur Patrie & révérés chez Pétranger. Coehoorn , le Vauban des Hullandais, était ne en 1648 en Frife , dans une maiion de Campagne appellée Lettin^a Staute , prés de Leeuwaarde. II fe diftingua dans toutes les Campagnes de Guillaume III & de Marlborough. II lOignait la valeur guerriere aux talens ie 1'Ingénieur. II favait égaiement dé:endre & fortifier une place. II com?ofa dans fa jeunefie ion traité des fortifications , rempli d'idées neuves , )réfenté avec cette prétention aux dé:ouvertes qui cara&érife les ouvrao-es les jeunes gens. Après s'être acquit  PEw des meeurs &c. Jfö-i par fon génie toute la gloire & la conIf&eration qu'un citoyen peut esperer i.dans une République , on oblerve qu'il' fe vit cependant obiigé d'abandonner j.fes propres fyftêmes, pour fe conforimer k ceux de Mr. de Vauban, comiime les fortifications de Berg-op-Zoora le prouvent. Pourquoi faut-il que la i fureur des hommes k s'entre - détruire ;ait rendu l'art de 1'Ingénieur néceffaili-e. Comme il a pour objet la défenfe ! plus que 1'attaque, on peut le mettrs au rang des arts utiles. Malgré le peu d'encouragement donné dans ce pays k la culture des belles-lettres, quelques-uns fe diftingue; rent cependant dans les arts de pur jagrément. Quoique le nombre fut petit, de ceux du moins qui acquirent quelque eelébrité dans ce genre , on compte cependant, n'en déplaife k Mr. i van Effen , les Poëtes les moins déirfeótueux qu'aient produit le pays. Le ' Pccmc de Hoogvliet fur le facrifice d'Ai .braham, offre unc texture reguliere , : un développement des paffions, & un intérét qu'on chercherait vainement dans les autres Poëtes Hollandais qui le precéderent. Antonides fe dittingua furtout dans fon Pocme fur 1'Y par la richelie de 1'imaginaticn & la beauté '< des images. .Poot né dans un village 17-15. HsogvMei» An(cc;«etf Poot.  T7i5 ThêólQ. -igiens & nié-saphificieiu. r$fh Xorrp fodlfitr prés de Delft, de Parens -pauvres & _ obfcurs, fans autre éducation oue celJe de la nature .& fans maitres qu'un lm u J,?etCS qui avaient Pa™ avant £l Iffc»* mode'.éfur Hooft, Vondtl, Vollenhoven, van Moonen, Brandt £ TM^,%maiSl1 furpsfla fes ffiode*s. II montra , ce qu'on n'avait nas encore vu que la pocfie de fon pays, n'était pas feulement dcscriptive , mai «Wie pouvait «primer auffi re's tendres feminiens du coeur. II y a un ftc k ?ire dans fes Produftions poé tiquts ; fes premiers eilais ne contenaient que la verve du génie fous u«écorce grofiiere; mais s'etant perfedionne .le goüt par la fréquentaiion & les avis des Littérateurs des villes, il donna de petitespieces érotiques,qu -fon, actuehement regardées comme des Chef-d'ffiuvres. C'eft du moins un des Poetes Hollandais qui mon tre le .pais de penfees neuves & délicates, propres a fatisfaire le goüt difficile des Nations eclairées & polies. «*"un§ La République produifait en même tems une fcule de Savans qui percerent dans les abimes les plus abftraits ' de la metaphyfique. Mais comme Pinfluence que leurs divers fyftêmes eurent iur les dogmes réligieux, occafion-. ne- 1  'p-EtsÊ des m&ttrs '&c. brent beaucoup d'éclat & même quelauefois des troubles dans 1'Etat, il eft 'jans doute intéretiant d'en offrir Pori;^ine, le fil & les fuites, pour voir Idans eet enferable les égaremens ou les progrès de 1'esprit humain. Ce tableau In'appartient pas moins a 1'hiftoire que he récit des guerres & des négocia; dons; il offre même aux lecbeurs une 'variété qui ranime leur attention fariiguée par la monotonie des événemens poiitiques. Nous avons parlé dans les volumes précédens des querciles élevées dans le fein de la République entre les : Voctiens & les Cocceiens, k 1'occafior de la Philofophie de Descartes. De; : principes déduits du doute & de 1'ex périence , tels que ceux de Descartes appliqués k une rc'.igion abftraite & myltérieufe, devaient lui donner ui aspect plus philofophique & plus na turel. Mais les rigoriftes, inftruit ; dés 1'enfance, k regarder ces obfeunte i même comme la bale & i'effence de 1 < religion étaient portés naturellemers i k en regarder Pexplication fimple t claire , comme un moyen dangereux i propre k 1'ébvanler, D'autres Savans trouvart que les principcs & les diilin tions dc 'a Philofophie cartéfienne n'ol fcurciffKcnt pas moins les • degmes -< Tom. IX Aa > t s s a t c m » )- 1  i i te Clerc, ] Hiblmth. 1 ■Mftoriq. ( VI. 38a. | 2r^4 pssgaj! cPoel'fa Chriftianlsme que le jargon obfctir *r entorcillé des diün^slSijS,* ■Jjs , rejetcerent 1'un & 1'aucre S jo murent adopter que des méthodes fimples & faciles en développanct! dogmes & les devoirs du Chriüianisn e g autres enfin, doués d'une grand X bihcedans les organes, & fe "rouvant m dans les fophismes abftraits des uns m dans la théorie féche des autre" les illufions dont ils aimaient a repai! tre leur imagination , crurent que pour iLlrmé» l'eflor impétueux de Pen- SSÏflSf HéDu. Fé-férable k la n™^, compaffée de la raifon. Ii y eut m& fL-dS$ fPhi.lof°Ptes qui érigerent ce" dernier fentiment en fyftóme rtgulier i'après le principe imaginé par Maue' 3ranche,que tout fe W«lt£i Dteï L-eft dans ces quatre Sedtes que Pon eut ranger les nornbreufes opinions m partagerent a cette époque, e es- >nts dans le fein des Provinces! Unie/ ^uoiqu'il en foit, il y euc des uerfn .ages trés respeck)^, qui fuiv,rent is drapeaux de ces divers fyftêmés g dispute entre les Voetiens & £ -occeiens avait caufé beaucoup de bruit 'f .fatale » lorsqu'en ió8ó He and-Alexandre Roéli, Profefleur de Wologie dans 1'ünjverfité de Frane!  PEtKt des maurs &c. 5^5 ker, attribua ï la raifon , en mattere dc foi, plus d'autorité qu'on ne lui en avait accordée jusqu'alors. II ne fe *" contenta pas de propofer de nouvelles explications des dogmes religieux qui paraiiïent clioquer la raifon; il entreprit même de faire bannir te fens litteral dc plufieurs dogmes principaux , tels que la génération du fils de Dieu, les effets du pêché originel & la punition des rnéchans après leur mort. Ces doutcs allumerent de nouveaux combats; envain les Etats de Frife impoferent filence aux divers partis ; les Théologiens qui crurent la religion ébraniée, aimerent mieux foutenir les intéréts de Dieu qu'obéir aux ordres des hommes ; Roëll & fes difciples furent condamnés, dans les autres Provinces, comme hérétiques & corrupteurs de la Paroie divine. II parait cependant, que 1'amour de la paix & la crainte de perdre leurs emplois, firent rapprocher les Rcëlliftes des principes généralement adoptées. Mais dans le même tems Balthazar Becker, Miniftre Proteftant k Amfterdam, réveillait une autre dispute, bien plus piquante par la nouveauté & la fingularité. Jusqu'alors les hommes probablement dans tous les lieux & dans tous les tems, avaient cru aux phantóA a a 3eclcer»*  '7* 5- i 3 ] I C e Ti fi P . -Cc/^ ^r bies' a^®pat««*& funout aux Ma•i.x J a ismans cc. a tout ce qui forme a conféquence- naturelle de ces for! tes de notions. Dans tous les on 'es néSanciens % K il fo,rciet:es. Le foirauprès du feu le peuple (& bien des perfon? neselevees au deffus de cette claffe é SennirPKefPen V £? ipc „. 3 Ie repaltre de rouslescondées nnP i6^3;3118 ces f^tes dl IIk,0™ generalement répandus On cremblait en faifant ou en entendan? «opa de la nature, fembla tïcvol? IteS i/fer la crédulité qu'il repaS- i ;f Sion abandonnle 1^ ^ iait a entaffer prodiges fur prodio-éV bimeres fur chimères: & ellfdéfenrl nfmte, contre les «ofopte,les |Onftres qu'elle a enfantés, parceq'u'Hs nni ^•°1VfaSe- Entrainée par fa •rcer le voile des chofes nombreufes^  PEtat- des moeurs- &c. 5&1 jquijéchappent a fon intelligence & quand lc défaut des moyens lui öte la faculté de lever le voile de la nature, 1'homme de-' vient demonomane , ne pouvant devenir interprèce de la nature. Les chofes étaient dans eet état, lorsque Balt.bazar Pccker entreprit de t renverfer ï'édifice da Piinaginaiion de tant- dè fiécles. Imbu de la Philofophe cartefièune, il fe fervit de la définition que Descartes donne de i'esprit pour nier les notions généralement établies fur fa fédudlion , Pinfluence & les opérations du Diabic & de fes émifiaires infefnaux &, par une conféquence naturelle , de tout ce qu'on dit des revenans, des fpeftres , des- lorciers & des magiciens. Il attaqua tous ces enfans dè 1'imagination humaine dans un ouvrage célébre qui parut en 1681 fous le titre de Monde Enchanté. Il renverfa dans eet écrit fingulicr, avec autan.t d'audace que d'esprit, tout ce que les Ecrivains iacrés rapportent du pouvoir de Satan & des mauvais Anges & dés perfonnes poffédées par les malins esprits. Pour concilie? , -cependant, autant quepoflible, ces idéés nouvelles avec la Religion Chrétienne, il fuppofö que 1'être malin auquel 1'Ecriture donne le nom de Satan ou de Démon,-eft enchainé dans les.- enfers avec fes SateiAas  5Ö3 Ct»«/> tPoeil fur lites & qu'il ne peut fortir de cette priion éternelle pour effrayer les timides mortels ou éloigner les juftes du fentier de la vertu. Voici le précis de fon fyftême fondé fur la définition de „ Descartes. » L'Eiience de i'fisprit, „ dit-il, confifte dans la penfée , & „ 1'effence de la matiere dans 1'étendue. „ Comme donc il n'y a aucune confor„ rmté ni aucune liaifon entre la penn fee & l'étendue, 1'esprit ne faurait „ agir fur la matiere, k moins que ces „ deux fubftances ne foient unies , de „ même que 1'ame de 1'homme eft unie „ k fon corps. Aucun esprit, féparédu corps, bon ou mauvais, ne peut donc „ agir iur les hommes. Une pareillc „ action ferait miraculeufe, & il n'ap„ partient qu'a Dieu d'operer des mi„ racles.. II s'enfuit donc que tout ce „ que 1'Ecriture nous dit des actions ii & des opérations des bons & des „ mauvais esprits , n'eft qu'une pure „ allégorie ». ^ v Le respect que 1'Auteurmontraitpour a révélation, par cette explication violente & forcée, ne contribuait pas a la ohdité de fon fyftême; mais cela n'empechapas les autres Théologiens decrier i 1'alarme, comme "fi la Religion eut :ouru le plus grand danger. Becker ïtait fi convaincu de fon lyitème qu'il  PEtat des meeurs &c. 5fy en vint jusqu'k dire : f Satan exiftah fur hi ferre , il fe vangerait fans doute Je la gu&rre que je lui fais. Satan ne* reuma pas; mais les Théologiens le iiv.iplécrent de relte. Ils ne fe contenter.mt pas de Fattaquer dans unc multitude d'écrits polémiques; ils eurent le crédit d'armerla puiffance féculiere contre lui ; & il fut dépofé publiquementLccker ne laiffa pas de perfifter dans la conviction des opinions qui lui avaient attiré tant d'adverfaires & de perfécutions, & de protefter jusqu'au dernicr foupir qu'il croyait fermement tout ce qu'il avait écrit. II mourut 1'an i^iS ; mais fa dodlrine ne mourut pas avec lui; bien looi de fc releverdu coup qu'il lui avait pc rté, le Diabic a, depuis, t*tdu, dc plus en plus, fon empire & les p«r. tiPms du monde- phantalüque oü les préjugés lc faifaient regner. Cmoiquo le fyftême de Becker n'ait pn's'fonsié de fecle k part , fes. opinions ont pénctré & raéme prévalu dans toutes les autres, dans celles mémesqui 1'ont perfécuté avec le plus d'ardeur & de bonne- füi- • „ , D'autres génies plus ou moins fub- tils. eurent la gloire de fonder dei fecles. Le fameux Spinofa n'en forms .& n'en voulut former aucune; mail -plufieurs de fes opinions fe glifferen Aa 4 rr 1 *  i ] I 1 .1 f c ft ti é y Ol te, 57° Coup d'ueïl fur- dans les autres fecles. On fait que J f irHolfa?rr d0k, auffi hoilande» oü il paffa & finit fes jours dans 1'étude & la retraite II 2 Si/1 2Ê8« d'un. .etaDli k Amfterdam. Doué d'un genie méthodique & transcendant. 1 mm menga par foumettre-ia rêiig on de ies peres a i'examen de ia raifon : les rê ver es du rabbinifme ne pouvant germer dans fon entendement, il ne tarda pas k les rejetter : un de fes fremV mmim? charft danfik S' voulut 1'y raffermir par un coup de' ijf" /lacher entierement. Spi- udaïQueK fubii^emcnt culte uaaique. 11 fe ilvra tout entier k £ hilofophie & k ia pratique des vertuf 4p publiant des ouvrages aui drrrnT Etre Suprème, il vivait de la maniere P,us exeniplaire. L'ouvrage leïs imetix qu'd a , pubIié elf e P g heologtco . politiqn, oü 1 examine es ultes rehgieux en citoyen du mondes pnncipaux traits font dinges X eja législation de Moyfe , les Pro iéttes desjuifs & leur^ mirSes °lï ,vr-S rMhCrChes immenfós dans eet ivrage.; Newton parait y avoir puifé I principes fondamencaux de fi Chro-  FEtsr des mceur^&c. 5V- nologie. Les ceuvres pofthumes de Spinofa, bien plus hardies encore que le traité Théologico-politique, renferment fa vraie profeffion de foi. II y expofe fon fyftême avec un ordre géomemqua cui étonne. Suivant ce heros des Athees Imodernes, " il n'y a qu'une feue I. fubftance douée de 1'étendue & dela ! penfée •, tous les êtres de 1'umvers I, font des modes de cette fubftance., " qu'on peut appelier Dieu , fi l'on ne V, veut pas effaroucher le vulgaire;, un ' autre ordre de chofes que celui que H nous voyons eft impofiïble; les cau" fes finales font une chimère, & le Z monde ne fe roeut que par les loix Z d'une aveugle fatalité ". Plufieurs Savansont réfuté ce fyftême monftrueux, renouvellé- de nos jours par de nouveaux Diagoras, qui n'avaient m Je genie, ni la profondeur & la fubtihte de Spinofa. Parmi ces réfutateurs, on diftingue le fameux Bayle qui ne croyait pas que les principes de Spmola renfermaflent 1'athéisme. Tous les fophismes des Athées ne pourront jamais rendre plaufibles Pidée d'une fubftance compofée de matieres hétérogenes & divifibles, la poflïbilité des effets fans caufe , du mouvement fans ur moteur, de la régularité des révolu tions fans une- intelligence fuprSrue A a 5 1  Wwdevük. ?5aftemi(tcs & Verfchoriftes. £illhth, ■ felgi3. i ] j 4 572 Ceap foei! fur II eft heureux que des erreurs qui <5tent encore la vraie bare de la moraJe, n'aient pas eu une influence dungcreufc fur ceux qui 1'enfeignaient. Mais il eft encore plus heureux pour eet Auteur qu'il ait pafte fa vie au milieu d'un peuple tolérant. II mourut dans fon lit en 1677. La Hoilande produifit plus tard un autre fceptique, mais d'une nature plus dangereufc , puis qu'il niait la diftinction du jufte & de 1'injulte. Le Médecin Mandeville était né a Dort; mais il paffa fa vie en Angletejre, & n'enrichit que la langueAnglaifedefes produclions effrenées &. dangereufes. Ses ouvrages les plus célcbres font fes penfées llbres & fafable des Abeilks. Nous avons dit que quelques-uns des principes de Spinola s'introduifirentdans, des feëtes forties du fein du Chriftianisme. C'eft un reproche que l'on fait iux Hattemiftes & aux Verfchorifles }ui parurent vers la fin du dix-feptiene fiecle. Tout en confervant les fonds ie la réforme, Verfchoor & van Hat:en , deux Miniftres réformés, confoniirent la dottrine des decrets abfolus :onfacrée par le Synode dc Dort avec e fyftême de néceffité infurmontable & 'atale de Spinofa. Ils en déduifireiy: iu>il n'y avait aucune différence entre  VEtat das tnxurs &c. 573 ie bien & té mal moral,& que !a religion confifte non pas a agir, mais a foufirir. Ces deux Novateurs étabiiffant" pour maxime que Dieu ne punk pas les hommes pour leurs péchés mais psr leurs pechés, femblenr établir le dop;mc favori des Athées modernes que Ie bien ou le mal, la vertu ou lc vice entrainent néceffairement a leur fuite leur récompenfe ou leur punition. Les noms de ces deux fccr.es n'exiftent plus; mais on prétend qu'il n'en eft pas ainfi de leurs dogmes. Les principes de Spinofa pénétrcrent encore dans la Société des Rhinsbourgeois ou Coücgiens qui eft lort répandue dans chacune des différenteajj?dro. vinces. Joan Bredenbourg qui était ki la tête d'un de ces colleges ou fociétés, s'avjfa, nomléulemcnt d'y enfeigner publiquement les dogmes de Spinofa,. mais dc foutcnir qu'elles n'avaient rien de contraire a la religion chrélienne. Il.pretendait qu'il y- avait deux fortes de vérité , 1'une Théologique <3c l'autre; Philolophique. Ses propres confrères" le combattirent; il en réfulta un fchisme dans la lette; mais la difficulté dc coneilier , d'une maniere plaufible, deux extrèmes pareils, fut fans doute caufe que ce fyfième ne put gagner du terrein. L'accuiation de Spinofisme atta^ A a 6 •toshc'im ifloire cchs,-  574 Coup d\2ilfur Les royft»- i 1» es, 1 ;.: ., - j ,40 I '\ i i I qua encore deux autres perfonnes, Frederic van Leenhof pour avoir fait un livre intitulé le Ciel fur la lerre, oü il foutenait qu'il eft dü devoir d'un chrétien de fe réjouir toujours & de ne permettre que rien n'altere fa gaité & Guillaurne Deurhoff qui repréfenta ia nature Divine fous. 1'idée d'une certaine force ou énergie r repandue dans tout l'univers & agiffanc fur toutes les parties de cette grande machine. Les autres opinions qui firent dubruit dans cette époque, furent celles des myftiques, espece d'opinion qui fe concilie bien plus facilement encore avec les différcntes branches du Chris:iarjj§me. Ce fut Jean Labbadie, Francais de nation qui 1'apporta le premier lans les Pays-Bas-Unis. II fe transplanta tour a tour k Middelbourg, k Imfterdam, k Hervorden & k Altena. " ïü il mourut en 1.672. II avait une magination vive & brillante & ofFrait ïomme tous les autres Théofophes, la i'ie contemplative, les révélations & les lluminations particulieres du St. Es>rit, comme les vraies lumieres de la foi k de la vérité. On a remarqué que les emmes ont ordinairement joué un trés rjand róle dans ces fortes d'opinions; bit que 1'enthoufiasme foit propre naurellement k fubjugurer leur esprit ten-  PEtat de: tnosurs &c. 575 dre & fenfible; foit que ces opinions n'exigeant aucune des connaiffances qui font ordinairement cxclues du fyftême de leur éüucation, elles trouvent beaucoup de mm * s'y preter. Labbadie eut la gloire de compter parmi fes d sciples, la Princefle Elizabeth fillede .PEte&eur Palatin & la celébre: fa van te I Anne-Marie Schurman, natiye d'Utrecht. Antoinette Bourignon de la Porte née cn Flandre, fe mit auffi k dogmatuer, d'après les vifions myftiques , dans tous les Pays-Bas. Le Miniftre Poiret , homme d'un génie hardi. & pénétrant., enthoufiafte du Cartéfianisme* finit pai adopter les opinions des Quietilt.es. II réduifit les revêries de- la Bourign©n en une espece de fyftême dans- un livre intitulé, Oeconomie dmne , qui ru imprimé a Amfterdarii en i686._ Le; Ouakers & les Anabaptiftes , qui par tent de Pidée que 1'esprit du Seigneu föuffle oü- ft lui plait, pour donner; tout être intelligent, le pouvoir d prophétifer, ouvrirent leurs affemblée ■ & leur communion k ces enthoufiafte! La tendrefle & la langueur qu'infpuer naturellement, ces- dogmes ont fans doi te donné occafion aux bruits fcandaleu dont ils ont été 1'objet. VeiKhovi ■ afte de 1'amour de Dieu , k force-d fe livrer k fon imagination ardentc-, < Aa 7 i s t. s e  ïvcr'vains Francais >étabifs tiar,s les Pays. Bas- Unis/ l ( T 3 t 1 d ri k li u cl S~<6 Coup d'oeil fur- de s'élancer dans les dérre » de feparcr les ten* ■ ',, e^ un ^ot fcns phyfiquec ^elleétucls des dégr/dSlaion^ces 2 "0UVCai1 n etant plus en é\rh . derr"eres & Peut leur luiiTer S .„ dee 9U on MM Fran^ Il rSd^rü. P^eurs remarquer que' les &8 ^^f3 tent a'ors rafii^ f y?" Bas_ Un's &- cmarquer PayJe , SJg** 'c'1 fauc re, tandi-s que Icnr nmrfr" • ten' ÊW&Wt en inaratre deP fï:refclinnerleS ' C|erc qui faifait "nfïï nJ, -■ Jean ^W^rS Ja ■ms j etant natif de (SiJ ?en?e *M en Hoüande 8^688  PEtat des rnosuts &c. 577 les reflburces, qu'y trouvaknt alors les hommes de lettres , fan que le^gouvernement entrat pour rien dans ces encouragemens. La plus grande liberté de penfer & d'écrire , comme il para t fuffifamment par les ouvrages de Sora , de Bayle & de plufieurs auues fècptiques imprimés dans ce pays, & la pèrfécution qu'ils auraient éproufée dans les autres , voila. les feu s encourao-emens qu'ils y trouvaient. Encïrquelque fois les Théologiens avaient !e fecret de les molefter. Mais ces traverfes n'étaient jamais accompannés des moyens violens , employés alors li légéremcnt, dans les pays fou nfis a la tyrannie du pouvoir arm. traire, ou du bigotisme religieux. Heureux èffet du fyftême des. Magiftra s eux-mêmes, qui ont toujours eu la feSfib de ne jamais époufer aveuglement les querelles des Eccléfiaftiques. FIN.   C 'A T ALO'GDE D ES L I V R E S, WILD a UfRECHT, Les pnx font Argcnt.d.e. frame.. ■<^lbinus B. S.^ de Sceleto humane-v • .Leidcc 1712. 4to. L. 8 - o - Jmtzenii II. I. Mifcellaneaacceditejusdem disfeft. ad legem iecündum digeftorum de in jus vocando, Traj 1765* gr.-8vo. • ' 3-ia.- Altmannï J. (?0 Meletemata philologicodtinia Traj. 1753. 4W. r 7 - °.Boerhave H.~) de lue venerea, accedit eiusdem celeberrimi auctoris disferta- ti"o inauguralis dc utilicate explorandorum ln"s>gris excrementorum ut fignorum , L. B. 1762. 8vo. cum cffigie aucloris. 2 - 14— Bruimngs CA.) primïi lineaj ftudii-Homiletici leges & ordinem fermonum facrorum adumbrantes. Trajedt 1771. 8vo. maj. o - ió - ■ Gampst P.) dcmonftrationum Anaterni-  a °ATAtAGUE Morbos r IbZ ft ? Fab"cam & Amit. i,Ó2.-papier imperia!, c. fig A^76odis4roeoru^c - ZWfecundum feptuaginta ex tctVm-i," - ongmis ex Chifiano codice RomaV mum, deinde Gottino-Ï V, Z?T pn' : ^mïcicCaroIusSw ^v7? in loca S& *• i. iraj. i7óo.. Svo. o . n i-ceaeraraj Lelgicas, Ultr. i757. 8vo> €sM^ de feb^°ar: c.ndis & docunendw, .Amft. i7?I. o - 16 - Eek  DES LIVRES. S Fck (C. van) Thefcs Juris Controyerfl, fivriSpitaüonem anniverfamrunl fee Orü. Digeft. accedit ejusdem Disfert. de feptem damnatis legib. pandectar. feuCrucibusJC. L. fi. i775-8vo. 2 - O - Gentilh &.) in D. Pauli Apoft. ad Philemoïeni Epiftolam Commentg^. . Opus pofthumum Biographi auftons ac paraphraftica explicatiöne & corc> ariis E. Lubini nee non paraphxafi um adauxit J. H. de Ruyter, IW f°-_ Gcrsner I. M.~) f^^f^SS&i : rafta, aceedic ejusdem V. C. wroHarium de anciqua afinorurn honeftate, - Trai. 17Ó . 8vo. maj. o- *?' " * HJ) de Jure belli ac pacis cum adnotauombus feleclis J. F. Gronovü & auclioribus S. Barbeyracu accedit . H. Grotii disfert. de marilibero & libellus fingularis deasquitatc ,mdulgentia &faciiitate, edidit atque prsefatus eft M. Tydeman, 2 torn. Traj. 1773gr 8vó. 10 - 10 - mnfii iV.)adverferiorurn libri IV .numQuara antea Editi, in quibus plunma veterum Auftarum, Poëtarum prajfcrtim loca emendantur & iUuftrantur. . Subjiciuntur ejusdem notse ad Catuilum & Propertlüm nunc primurn probudtae Curante P. Burmanno juniore, dui prsefationem & commentarium de r vita  *' e'ATALOGUË *g* Heinfiiadjcci,Har]ing>!74t **J. folio H' Trotz' T"J. idem liber Charta Maj. }I :. " ~ le-ge8ïu. e , fUprema ^w® niic^qulrTu^Te^: j^og* acade"ca3.juriSQUe #*> Pue officia erga jjeum Ifir, ^Pra3cl' Gfon. i77I. a tom . Per,traftantur. ' 2 tom' 4- vol. gr. 8vo. 7 - ï- -  DËS LIVRES. ~$ :Wufeum Schloslerianum ou le cabinet de | M.- Schlosfer Contenant les amphïbies e? ■pdisjbns des ///es Molucques & de -la mer ■ des Indes qui fe tronveut dans la Coletli,en de feu M. J. A. Schlosfer -Medeein ■• decrites en latin et en hollan !ois par ; M.'P. Bodaert Medecin &c Qr-nèèsifc Mailles doucts enluminées , d'après -les des/eins orig'maux par M. Dadelbeek & autres 5 cahiers fur pap. Rovalingr. 4«. contenant f" le- grand Lézard d'amrboine. 1 la Tortuc caTtilagmeufe 3 le i Rhastodon moucheté 4 la Grenouille.a deux couleurs. 5 Le Chsotodon ,a deux epines. NB. on continue eet ouvrage. Tlouquet Commentationes Philofophicaï I' feleclioris antea feorfim Edita; nuncab ! ipfoauclore recognitie & pasfimemen1 data2 Ultr. 1781. 4to. major. 10 - Propertius (Sex. Aur.*) Eiegiarum Libri IV. cum Commentaria perpetuo P. 'Burmanni Secundi & muleis Doctorum" notis ineditis, opus Burmanni mortis ; - interruptum L. -Santenius abfolvit. Traj. ad Rhen. 17.80.4U). maj. 17-0Vfellus de lapidum virtutibus Gr.& Lat. cum notis P. J. Mausfaci & J. S. Bernard accedit fragmentum de colore fanguinis ex doftriria medica perfarum nunc primum ex codice, MS. Biblio- • thecas Lugduno Batavaj editum L. B. • -1745. 8vo. 4 - rt • Ra.  < CATALOGUË RaphaeJii, Annotationes in faeraaifcrj turam. Hiftoricae in vetus, Philologicae m Novum Testamenturn, ex Xenophonte Polybio, Arriano & Herol doto L. B. 1747. 2 vol. 8vo. maj.' Rau, Monumenta Vetuftatis Germanicaj ut puta de ara Ubiorum, turn de tumulo honorario Caji & Lucii C?> yrum in confinio ubiorum ac TreverörumTraj. 1738. cum %.8vo. 2 Vg j ~~gvo Svnag°ga M"gna Traj. 1726. Re/andi Introd. ad Grammat. HebViV tingianam Uit. 1722. 8to. 1 - '12. kamemi Carmina Traj. 1780. 1 - o 1 Ckr-) QuaDftiones Litterariaj, bonarum artium Hiftorie Potisfmium bmverfaj, Rhetorices, Poétices,antiquitates graxa?, romanaï, item Cri- . tices Laafundiis Ultr. 17Ó7. 8vo.maj. *r~z Epiftola de veteris medici VccubJ rit Gemma Sphragida,., prope ffigÊ . turn ad mofam nuper eruta j774 8vo. Onomafticon Literarium live Nol menclator Hift. Criticus prteftantisQmorum omnis statis, PopSif artiumque formufefcriptorum e recoïn do. ne longe auftiori & emendatiori itaut non tam editio altera, quam novus ommno liber cenferi iebeat tom T. 2yo/  des livres; ? 'Svo. maj. 7 - K> - Saxi tom 2. e ° " tom 3. o" ° " tom 4. o - o - Saxii, Monogrammata hiftoria; batavse, fous presfe. Schoètgenii , Antiquitates Tnturse & Fullomaa Ultr. 1726. cum fig Svo. 1 - 10 - Theologi ac Juris Confulti virorum in Bclgio Clarisfimorum dc disciplinaeccleiiauïca rccentes Commer.tationes. Accedit J. H. Maeftrasi V. D. M. ad HLIftumJ. II. Boeamerum proiyftematefuo discipline Evangelies relponfio Ultr. 1774. 8v0« raai- 1 - 5 - Troizius C. H.~) de memoria propagata. Scu de Itudio vcterum, memoriam fui propagandl Traj. 1734. gr. 8vo. 2 - - Vlpïani Z>.) fragmenta libri fmgulares llegularum & incerti aucloris collatio legum Mofaicarum & Romanarüm, quibus notas adjecit J. Cannegieter;, accedunt ejusdem disquifitio de notis & figüs veterum , & obfervationum liber finguiaris Ultr. 1774. 4to. maj. 8 - 8 - Uri johl) Carrccn Myiticum Borda dictum e codice manulcripto latine converfum l. b. 1761. 4to. a - -