01 2426 6412 UB AMSTERDAM  LE VOYAGEUR. DANS LES PAYS-B AS AUTRICHIENS, o u LETTRES fur 1'état actuel de ces Pays. Felix qui potuic rerum cojnofcere caufas! V I R G I LE. TOME SIXIEME. Première Part ie. A AMSTERDAM, chez Changuion, Libraire. On en trouvc des Exemplaires chez M. De Rel, TmprimeurLibraire, a Bruxelles. M. DCC. LXXXIII.   LE YOYAGEUR DANS LES PAYS-BAS AUTRICHIENS. LETTRE PREMIÈRE. a 1'Auteur du Voyageur. Furncs cc... Septcmbrc 1783. Furnes , Monficur , n'a jamais été fur les bords de la mer; (a) il eft vrai que Gramaye (~ b ) le dit. La mer, loin ( a ) Page 316 T. 5. ( b ) Avant les incurfiotis des Noraands, & lorfque la mer n'étoit par encore retenue par les A 2  4 Le Vota geur d'avoir perdu du cöté de Furnes, parofr avoir gagné ; elle gagne même tous les jours. Plufieurs villages,, qui autrefois fê trouvoient au bas des dunes , n'y cxiftcnt plus. Leurs habitans ont été forcés de transférer leurs habitatioTis plus avant dans les terres. Cela eft arrivé il n'y a pas longtems a Zuytcote & diiFérentcs fois a Coxide, mais une preuvc bicn plus con- fbrtes digues que Ton a elevées depuis, fes eaux inundoient tuus les environs de Furnes, de Bergues & de Bourbourg. On en a la pveuve en ce qu'aujourd'hui le vicomté de Furnes a le premier rang entre les villes qui font fur la cóte, ce qui ïie peut avoir été fait, que paree qu'autrefoig cette ville fe trouvoit au bord de la mei Au refte dans 1'état oü les chofes font a préfent, elle fe trouve éloignée de la rner & a 1'abri des dangers du voifinage de eet élement; mais elle eft trop voifine d'un ér-mg dom les brouillards & les exhalaifons en rendent 1'air mal fain Ce défagrement eft néanmoins compenfé par la fertüité que les eaux de eet étang donnent a la terre, & par la commodité d'un canal qu'elles foarnirTent a la ville & qui la traverfe d'otient en occident JB- Grarnuye? ylntiq. Flandria. i41-  DANS LES P A Y S - B A S. £ vaincante , c'elt que dc tems en tcms Pon eft obligé de décharger dc toutes in>pofitions les terrcs que les fables des danes rendent infertiles, les duncs fe rapprochant vifiblement de Furnes. Cette ville n'eft pas, commc vous leditos, C a ) une des moins importante* de la Flandre, car fi 1'on doit.juger dc 1'importance d'une ville & d'un pays paree qu'il rapporto au fouverain, il fuffira de comparcr le rapport dc la ville & char tellenie dc Furnes'avcc celui de la ville & feigncurie de Malines, pour ctre perfuadé de Tavantage qu'a fur celle - ci la ville & cbatcllenie dc Furnes. J'ajouterai encoro que, lors dc 1'inauguration du fouverain, cette ville & fa chatellcnic tiennent le fecond rang, & que leurs repréfentans fuivent immédiatement ccux dc la ville & cbatcllenie d'Ypres qui. eft réputée la capitale de la Weft- Flandre; ils (Op- 3;<5-  6 Le Voyageur. ont la préfcance fur les repréfentatts de Menin, Warneton , Poperingue, P.oulers & autres villes de cette partic. L'air n'eft pas a Furnes auffi mal fain ( a J) que vous le dites; c'eit un vieux préjugé que vous n'auriez pas fuivi, ft vous euflicz féjourné ici queique-tems : vous y auriez vü parmi les habitans un grand nombrc dc vicillards jouiffans d'une bonne fantó. II n'eft pas rare de voir dans les couvens de Furnes des religicux & des religieufes qui ont cinquante ans de profeffion. Cette infalubrité de l'air exifcoit autrefois, il faut en convenir; elle venoit des eaux croupiffantes qui fe trouvoient dans de vieux folTés que les francais ont fait comblcr en 1740 & du voifinagc des moeres fitués a une petite. lieue d'ici, dont il s'élevoit des vapcur qui, fe repandant fur la ville, en épaifüïbient l'air & le rendoient mal fain. Ce- C O P- 3'7-  dans les PaYS-BaS. f la n'exifte plus depuis le défrichement de ces moeres. Les eaux qu'on boit a Furnes 3 font des eaux de citerne qui font bien meilleures que celles de puit dont les habitans de plufieurs villes de la Flandre font ufage. Vous n'ignorez pas, Monficur, que de la bonte des eaux dépend en partie la fanté des hommes & des animaux. Je fuis -étonné que vous n'aiez rien dit de la citerne que tous les étrangers qui viennent ici vont voir a caufe de fa grandeur. II eft bien vrai que 20 rcligieux dc 1'abbaye de Ste. Walburgc font employés,, fuivant vous, aux fonctions paftorales, mais ce n'eft pas dans la ville feule. II n'y en a que trois qui deflervent les paroiffes de St. Nicolas & de St. Denis, quatre autres deffervent 1'églife paroiffiale dc Nieuport & les autres font employés dans différens villages de la cbatellenie. Vous vous trompez, Monfieur, lorfque vous ditcs r a) que les directeurs des C a ) P. 3 9' " A 4  8 Le Voyageur. pauvres tiennent le pouvoir de taxer les autres paroiffiens de la confiance publiquc. Elle exifte cette confiance , paree qu'ils la meritent a tous égards, mais ils tiennent ce pouvoir de taxer du magiftrat qui ne le leur donne qu'avec ccnnoiffance de caufe : ils rendent leurs cemptes publiquement a 1'intervention du magiftrat & de 1'évcque diocefain. Quand il furvient conteftation fur ce comptej le magiftrat la juge en dernier refiort. En parlant du chapitrc de Ste. Walburge vous auricz dü dire , Monfienr, qu'il eft compofé de quatre dignitaires qui font auffi chanoincs & que leurs prébendes font de fondation majeure, de huit autres canonicats de la même fondation & de fix autres canonicats de fondation mineure. L'emploi de grand ( a ) bailli de Furnes eft héréditaire; il appartient a la baronne de Baudine de Doulieu qui le fait C a } P. 328.  DANS LES PAYS-Bi S. 9 deflervir actucllcment par un dc fes prochcs. Ce n'eft donc pas le prince., commc vous le ditcs, Monficur, qui nomme 1c grand bailli. Quant a la direétion des eaux, 1c grand bailli n'y a pas plus a dire que le dernier des échevins. Le magiftrat en corps en a la direélion , les abbés des Dunes, de St. Nicolas a' Furnes, de Loo -& 1c prevöt d'Evcrfam y interviennent ordinairement par un moine député. Le chapitre de Ste. Walburge envoye aulü fes députés qui interviennent en 1'audition des .comptes que rend annuellemcnü lc watcr-gravc qui eft un des prépofés a la' dircetion des eaux du moins quant a 1'exécution des ordonnanccs portées, mais ces députés du chapitre ne font pas membres comme les prélats dénommés: leur drö't eft de pouvoir intervenir dans les comptes. Après 1'audition du compte, le magiftrat avcc les prélats ou leurs députés rcglent la taxe ou rimpofuion a faire de ce chef. Cette taxe eft réelle & déclarée exécutoirc. Le grand bailli ou fon . Al  io Le Voyageuk. Keutenant accompagné de trois échevins a droit de vifitcr les canaux & ruiffeaux & condamnc a Tarnende ceux qui ont négligé d'exécuter les ordonnances renducs : a charge de ceux qui occupent les terres qui les bordent. Ce que vous dites du vaquelage eft vrai, mais vous auriez du ajouter qu'il ne fe payoit que pendant fix mcis de Tannée. Ce n'eft pas de la tcurbe que le pcuple brule dans la chatcllenie de Furnes , mais un bois prefquè pourri. Pourquoi en traitant des tablcaux de Téglife de Ste. Walburge, avcz vous omis de parler de celui de la chapelle de Ste. Croix; il eft de Quillin & repréfente 1'invenrion de la Ste. Croix par Ste. Kelene. Dans la chapelle de Ste. Anne eft un autre tableau du meme maitre qui a du mérite; il repréfente un maiade auprès du quel eft un prêtre qui 1'exhorte a la mort: on y voit le diable pret a cnlever Tame du moribond Sc un ange qui fe difpofe a  dans- LES PaYS-PTAS. ÏT la deffendrc: Ste. Anne paroit prier pour qu'elle foit fauvée: ce tableau eft bien. inférieur a celui de la chapelle. de Ste.. Croix. Vous parlez, Monfieur, du commerceo de la chatellenie de Furnes, & vous paffez fous filencc les deux obftaclcs qui: s'oppofent. a. fes progrès; le premier eft: un batardcau qui fe trouve. a Zuytcote: fur le canal de Dunkerquc qui conduit a, Bruges par Furnes. Ce canal qu'on norame het, Nieuwbedelf, a été creufé en 16301 aux dépens des villes de Bruges, de Furnes & de Dunkerque; la ville de Bruges; paya cinq huitiemes de la dépenfe & les. villes de Dunkerque & de Furnes , les. trois autres huitiemes; mais le magiftrat de Furnes nc confenut a cette dépenfe qu'a la condition que la chatellenie fcroic a Tavcnir a 1'abri des eaux de la mer. Le commerce qui fe faifoit alors entre ces trois villes étoit fi floriffant que les drcits-qui fe percevoient fur le canal qui nc rap— portent pas aujourd'hui plus de 5 a & A. 6  fl Le Voyageuh. florins, produifoient 13 a 1400 1. de gros. Avant la prife de Dunkerque par les anglois, il y avoit dans la baflé ville une éclufc qui feparoit les eaux du canal de celle de la mer; la direction & même lesclefs dc cette éclufe appartcnoicnt au magiftrat de Furnes qui avoit un intérêt fenfible a ce qu'elle fut toujours en bon état. Cette éclufe ayant été détruite, le magiftrat de Furnes a la demande dc celui de Dunkerque, a fait en 1730 jetter un batardeau qui traverfe lc canal & garantit Tun & 1'autre pays des eaux de la mer. Depuis, les magiftrats de Furnes ont eu plufieurs conférences avec ceux de Dunkerque rélativcment a cc qu'on pcuroit faire contre ces mêmes eaux. Plufieurs projets ont été propofés, & le magiftrat dc Furnes nc fe refufa a rien de ce qu'on lui propofoit , mais toujours f.us la condition qu'il pouroit, dans le cas oü les eaux de la mer ne feroient pas fulilfammcnt retenties, jetter un batardeau qui les contint, voiia oü en font les chüfes.  DANS LES PAYS-BAS. ïjj Cc qui gene encore bcaucoup le commerce de la cbatcllenie dc Furnes, c'eft la guindale qui fe trouve a Fintefe fur le canal d'Ypres; c'eft un batardeau que les battcaux paffent au moyen dc deux grandes roues que les femmes des environs font tourner: elles détachent paree moyen un cablc au bout duquel eft une grofïe chainc qu'on attaché a la poupe du battcau, au moyen dc quoi ces battcaux font jettés h 1'eau du cöté oppofé. Cela nuit beaucoup aux batteaux & caufe une dépenfe qui augmente les frais de tranfport, car le battcau qui eft ainfi élevé par cette machine paye a proportion de fa charge: d'ailleurs il faut qu'il foit d'une conftruclion différente des autres. Pour óter cette entrave & qu'on put détruire le batardeau, il fuffiroit de conftruire une petite éclufe qui produiroit le meme effet fans avoir les mêmes inconvéniens pour les batteaux. Ce batardeau a été conftruit pour retenir les eaux de la chatellenie de Furnes qui fe déchar-  14 Le Vo-yageur. gent dans 1'Yfer a Nieuport. L'éclufe retiendroit ces eaux comme le batardeau qui coute beaucoup plus d'entretien que ne couteroit l'éclufe. Cet objet mérite certainement 1'attention particuliere du nouveau minütre de S. M. I. Je fuis, &tc  DANS LES PAYS-BAS. l£ ous avez, Monfieur, traité du Brabant; vous avez parlé de quelques villes du Brabant-Wallon telles que Judoigne , Hannut, commcnt, n'avez vous rien dit de Nivclles qui eft la capitale de cette •partie du ducbé de Brabant ? les détails dans lefquels je vais entrer vous mettront en état de réparer cette omiffion. Le Brabant-Wallon confme au nord avec le territoire de Louvain & de Bruxelles; il efc borné au midi par la Sambre & le comté de Namur, a 1'orient par 1'évêchc de Liege & a 1'occident par le H ainaut & la forct de foignie. Le Brabant-Wallon eft divifé en tg mairies & contient quatre villes fermées, Nivclles , Judoigne, Gemblours & jHannut; LETTRE II. ■ a 1'Auteur du Voyagcur. Nivclles ce Septembre 1783  iö Le Vota geur. il eft arrofé par nombrc de ruiffeaux : la Dy!c & la Gbetc y prenncnt leurs fourecs & vont fe jetter dans la Dcmer, mais 1'Orne & le Pieron fe perdent dans la Sambre. . Le Brabant-Wallon a eu jufqu'en 1778 un grand bailli qui y repréfentoit le duc dc Brabant & veilloit a la confervation dc fes droits. Ce grand officier n'exiite plus aujourd'hui : fon office a etc fupprimé en 1778 : il prenoit le titrc de grand bail'i de Nivclles &5du Brabant-Wallon. Nivelle eft fitaée dans un fond arrofé de plufieurs ruiiTeaux. Cette ville eft environnée de prairies bien plantccs; l'air qu'on y refpire eft très-fain & les eaux de fontaine qu'on y boit, font reccnnues pour les mcilleurcs qui foient dans tout le pays. Nivclles eft h fix licues de Bruxclles, neuf de Louvain , huit de Namur, quatrc de Charleroi , fept de IVIons, quatrc dc Soignics & a trois & demie de Halle. L'on y arrivé de ces :4iffcrentcs villes par différentes chaulfées  dans les Pats-Bas. 17 de communicaticn.qui ont été conftruites aux dépens> de la ville. Pour faire cette dépenfe, fon magiftrat, autorifé par le gouvernement, a été obligé de faire des levées d'argent confidérables dont la ville paye annuellement les intéréts. Nivelles eft entourée de remparts qui renferment une étendue de terrain de 30 bonniers. L'on y compte fix portes, environ 40 rues mal allignées formées par 750 maifons : Ton en compte auffi 350 dans fe,s faubourgs & fa banlieue : fa population eft de 7000 ames dont 5000 communians. II n'y a dans cette -petite ville qu'une place oü fe tient le marché. Cette population eft bien inférieure a celle qu'elle avoit autrefois , du moins peut-on le croire d'après ce que Thomas Cantimpré, qui écrivoit dans Ie 13e. fiecle, dit du nombre des beguines qui étoient alors a Nivelles. II étoit de 2000; elles habitoient les faubourgs & étoient partagées en trois beguinages. En 1231 , il y avoit a Nivclles dix paroiifes dont trois étoient  iS Le Voyageub. dans les mèmes faubourgs oü fe trouvoient les trois beguinagcs : c'étoient les faubourgs de Namur, dc Bruxelles & de Ste. Anne. Du tems que Gramaye écrivoit, C1601J) toutes ces beguines avoient difparu. On lit dans eet auteur qu'en 1580 les troupes allemandes des confédé•rés détruifirent dans les trois faubourgs de Nivelles oü étoient les beguinagcs, 2000 maifons , toutes les paroiffes & églifes, & commirent aufli de grands dégats dans la ville; fi Ton ajoute a ces •malheurs trois ficges que Nivelles foutint fucceffivement cn moins de trois ans, 1'on concevra aifément que fa population fe foit trouvée tellement réduite que trois prètres ou curés furent plus que fuffifans pour la célébration de 1'office divin : le nombre dc fes paroiffes étoit cependant encorc de cinq & ce nc fut qu'en 1753 qu'on les réduifit a trois & une fucurfale qui eft dans un des faubourgs , prés de laquelle eft un höpital; il y en a un auffi dans la ville. Les au-  dans les Pats-Bas. ir> tres ëglifes de Nivelles font celles du chapitre noble, des récolets, des carmes* des conceptioniïtes, des annonciades, du beguinage , des filles de' Notre-Dame. II v a -dans cette ville une maifon dc charité oü Ton nourrït & entrctient douze pauvres vieillards bourgeois qui n'ont jamais mandié. Dans lefaubourg de Soignies eft un prieuré dc Guillemins. Le principalcommerceque fait Nivelles, eft en dentelles; il occupe environ 500 ouvrieres, mais comme la confommation des dentelles, eft confidérablement diminuéc depuis quelques années, ces oü» vrieres gagnent aujourd'hui par jour fort peu de chofe. L'on fabrique encore dans cette ville une étoffe qui en porte le nom, ou celui de Jean le Roi qui fut celui qui la fabriqua le premier: c'eft tout au plus fi cette fabrique occupe 30 a 40 ouvriers. La mcnuiferie de Nivelles eft fort eftimée; aufn occupe-t-elle une grande quantitó d'ouvriers: la beauté de leurs ouvrages & fur-tout le bon marché,  so Le Voyagettr. leur font donner la préférence fur tous ceux des autres villes des Pays-Bas Autrichiens. Dans le voifinage dc Nivelles & dans Ie territoire des villages d'Arguenne , dc Feluy & ,des deux Ecauffines, font des, carrières abondantes de cette pierre de marbrc gris-bleu dont 1'on fait un ft grand ufage pour la conftruétion des grands édifices dans tous les Pays-Bas Autrichiens & dans la Hollande. Le mémoire que je vous envoye, Monfieur, fur le chapitre noblc de Nivelles, vous fera connoitre fon origine, fes droits & fes prérogativcs. Je fuis, &c  dans les Pats-Bas. at M é M O I R E. N~ivelles doit fon origine, fes progrès & prefque fon exiftence a 1'ancienné abbaye feculiere ou chapitre des deux fexcs qui y fait encore aujourd'hui fa principale reffource. Cette abbaye fut fondée en 650 par Ste. Idubergue ou Iduberge vcuve de Pepin dit le vieux ou de Landen en faveur dc Ste. Gertrude leur fille. Pepin étoit Maire du Palais d'Auftrafie fous les rois Clotaire II & Dagobert I fon fils. II étoit en même tcms Dac ou Gouverneur de la partie de ce Royaume fituée entre les Ardennes TEfcaut, la Meufc & le Bas-Rhin. Ce Duché ou gouvernement fut renouvellé & inféodé au milieu du dixieme fiecle par les empereurs de la maifon de Saxe fous lc nom de Lothier ou de Bajjè-Lorraine. Ce duc Pepin tout Maire du Palais qu'il étoit ne fut jamais duc  22 Le V o ya geur. fouverain, il n'y en avoit pas alors; il fut encore moins duc de Brabant puifque ce ne fut qu'au commencement du trcizieme fieclè que Henri I Duc de Lothier joigriit a ce titrc celui Brabant. C'eft ainfi que dans les fiécles d'ignorance on a jugé & comparé des titres & des faits antérieurs avec ce qui exiftoit alors. Ce fut en 650 felon la chronique de Sigebert que 1'alleud de Nivelles fut changé en un monaftere doublé ou des deux fexes auquel Ste. Idubcrgue attacha pour revenus tous les biens dependans de cette métairie terre ou chate-au pour me fervir du terme ordinaire: en y prépofant pour chef & abbeiïc Gcrtrude fa fille qui y regut le voile de St. Amand fon évêque diocefain & fe faifant ellc-même réligieufe fous la difcipline de fa fille. Ces monafteres doublés, fous le pouvoir & la difcipline d'une abbeife fupérieure en chef des deux communautés, fu jnt fondés en grand nombre dans les royaumes d'Auftrafie & de Neuftrie pen-  DANS LES PATS-BAS. 23 dant le feptieme fiecle & au commcncement du fuivant.C'eft a ces tems reculés, pour ne pas fortir de nos provinces des Pays-Bas Autrichiens, que les chapitres nobles de Mons, d' Andenne Sc de Mouftiers doivent leur fondation. Ces trois chapitres avec celui de Nivelles font de plus les fcules communautés de filles de. nos provinces qui peuvent fe glorifier d'une aufli ancienne exiftence; tandis que les plus anciennes des autres abbayes ou maifons religieufes habitées par des filles ne datent gueres de plus de 700 ans: comnie on peut s'cn convaincre par les chroniques ou diplomes qui en font mention, II feroit trop long de rapportcr ici les caufes Sc les raifons qui ont donné lieu a 1'établiffement des monafteres des deux fcxes fous la fupériorité d'une abbeffe. Ges établiffemens ft fingulicrs en apparence Sc contraires aux regies canoniques, le paroiifent encore davantage quand on trouve que cette abbeffe gouvernoit non feulement cette efpece de communauté reli-.  *4 L Ë VOTAÖEUR gieufe des deux fexes; mais que fuivant fon inftitution elle pouvoir. nommer celIe qui devoit leur fucceder. Ste. Iduberge fondatrice du monafterer,de Nivelles nomina Ste. Gertrude pour fon abbeffe; & cellc-ci abdiqua en faveur de fa coufine Wilfetrude , enfuite Dominique Agnes toutes fes parentes qui fe fuccedérent comme dans un bien patrimonial. La même chofe arriva aux monalteres de Muns & de Maubeuge. Ces fondations outre leur caufe pieufe fe tenoient aux loix, aux mceurs & aux üfages des Francs. On trouve dans Gregoire' de Tours que les monafteres des filles fer^: voient, en ce temsda, d'azile affuré aux époufes, veuves & filles des rois, & a Celles des minifires & autres, qui en fon-doient de fcmblables, & s'y retiroient. Le chriftianifme n1avoit point encore adouci fuffifamment les mceurs de ce peuple barbare. II étoit encore feroce & fanguinaire mais tout cruel & terrible qu'il 4-toit dans fa vengcance , il refpeéloit les. lieux  dans les Pats-Bas. i'g. lieux confacrés a Dieu ou les parentes de fes ennemis jouiifoient de leur patrimoine changé en monaftere &c. II n'eft donc pas étonnant que plufieurs Saintes Dames aient choifi un genre de vie fi agréable a Dieu, & fi utile au chriltianifme & au bien-être méme de la nation. Les filles admifes dans ces monafteres trouvoient un port affuré contre toutes les tempêtes ou revolutions politiques , fi communes fous les rois Francs; & Ton fait quant aux moines que dans ces ficclcs de fcrveur ils joignoicnt au chant & a la vie contemplative de ceux d'aujourd'hui le travail habituel des mains. C'eit par eux en grande partie que nos Forets ont été effartées & mifes en culture; les moines furent alors de la plus grande utilité pour le chriftianifme, pour 1'état & pour la congrégation a laquclle ils fe dévouoient: toutes nos provinces étoient encore en grande partic couvertcs de bois, & les abbayes s'établiffant prefque toutes dans une métairie environnée B  af Le Voyageur. & au milieu des forets, dans 1'éloigneroenc des villes, elles furenc autanc de plantations nouyelles alentour des quelles ces Saintcs colonics augmenterent bien vite, & firent de tous ces lieux cultivés par les moines & leurs colons, autant dc villes ou de gros bourgs que nous voyons encore aujourd'hui fubiïftcr. Mais tous ces établiilemens pieux, qui fruétifierent fi vite, étant dirigés par des mains pus-es, changerent bientöt par la déprédation dc leurs biens qui fc fit dans le fiecle fuivant. Charles Martel ayant trouvé que ces biens eccléfiaftiques avoient extraordinairement profité par 1c travail conftant des moines , au lieu que fes alleuds &c bénéficcs & ceux de fes gens de guerre reftoient négligés & dc peu de rapport; il s'cmpara du titre d'abbé pour lui, ou le donna en récompenfe a d'autres; ne laiffanr aux religieux & religieufes qu'une certaine portion ou prébende pour y vivrc en commun cemme auparavant. &s fucceiïeurs pendant deux lieclcs fui-  DANS LES PAYS-BAS. '27 vans imiterent fon exemple & il eft apparent que 1'abbaye de Nivelles fubit le ;méme fort , malgré que 1'hiftorien du chapitre dife le contraire. Nous n'avons que deux diplomes ou donations faites au chapitre pendant eet intervalle. Elles fonc 1'une de 1'empereur Charles le Chauve & 1'autre du roi Zuentibold ; la première fut donnée en 877, & 1'autre 20 ans après. L'empereur par fon diplome dit que c'eft de la priere de 1'imperatrice fon époufe qu'il accorde ce bienfait aux fanctimoniales & chanoines de Nivelles, il n'y fait aucune mention de fabbeOe qui ne pouvoit être autre que l'imperatrice même a qui cette abbaye avoit été accordée. Ce qui fe prouve, en comparant tout ce diplome avec ceux du même necle, ainli accordés a des abbés ou abbeffes commendataires , comme le fut encore Gifla niece du roi Zuentibold. Ces maux, fi grands en eux-mêmes pour toutes ces maifons religicufcs, furent, par la fuite, une nouvelle fource B a  fiS Le Voyageub. de richeffes pour les abbayes & chapitres; Charlemagne ayant ordonné de payer les dimes dans chaque paroiffe , quclques années après , on commenea a ceder ces dimes par donations royales ou autremcnt aux chapitres & abbayes, & ils en refterent faifis jufqu'aujourd'hui. Depuis Giila abbeffe fous le roi Zuentibold , jufqu'cn 966, nous n'avons aucun monument public ou particulier, qui puiffe nous faire croire que ce chapitre ait eu pendant des tems auiïi malheureux d'autre chef que le duc du royaume de Lothaire, ou fon frere le comte de Mons & de Louvain. Tout ce qu'on fait de certain fur cette partie la plus obfcure & la plus embrouilliée de notrc hiftoire , c'elt que cette familie alors toute puiffante dans le pays poffeds prefque tous les comtés & abbayes du bas royaume de Lothaire pendant les 50 premières années du dixiemc fiecle. Et que vers le milieu du même fiecle, elle fut dépouiiiée de tous ces comtés & abbayes après la mort  DANS LES PAYS-BAS. 2(? du duc Gifelbcrt & de fon fils & par 1'exil de Regnier comte de Mons qui vouloit revendiquer le duché & autres fi'efs de fon frere. Mais fur la fin du même fiecle, le comté de Mons avec Pabbaye de Ste. Waudru , & le comté de Louvain, avec 1'avouerie de celle de Nivelles , furent rendus a fes deux fils Regnier & Lambert. On voit par le diplome de Pempereur Othon I de Pan 966 que le chapitre de Nivelles avoit alors une abbeffe & 1'on fait fans pouvoir en douter qu'il en euc toujours une depuis. Les comtes de Mons , & de Namur, au contraire, reftcrent toujours abbés-comtes des chapitres de Mons & d'Andenncs. Cc fut pendant l'adminiftration de Bru> non frere de Perqpereur Othon I, & archévêque de Cologne , que la plupart des abbayes furent reftaurces & qu'on' leur donna des abbés en regie. Les Normands, pendant le fiecle précédent, les avoient prefque détruites; & les abbés-comtes y B 3  go LeVoyageur avoient introduit beaucoup d'abus, & il y regnoit beaucoup dc defordres. Mais depuis 950, jufqu'a fa mort arrivée, en 966 , Brunon gouverna le grand duché du royaume de Lothaire pour Pempereur fon frere & il opera de grands changemens. Pendant fa regence il paragea en deux duchés le Lohier regne en haut ou Lorraine proprement dit & en bas qui fut notrc duché de Lothicr ou Lothreyck. Les Bcnédiclins par fa protection, furent placés dans le Lathier, en beaucoup d'abbaycs occupées alors par desclercs vivants cn commun. Ils avoient trouvé le moyen de s'introduirc de même en Flandre par la protection que leur accorda le comte de Flandre: c'eft alors qu'ils ont gagné la plupart de ces anciennes abbayes poffedées a cette époque, par ces cleres ou chanoines; mais Nivelles ,Soignies &quelques autres échappcrent a leur réforme. Après la reftauration de Pabbarialité a Nivelles ,1e chapitre & 1'abbeffe eurent des) démêlés prefque continuels avec le comtq  dans les Pats-Bas. de Louvain leur avoué & protecteur, quï fc regardoit toujours comme abbé-comte ou maitre du chapitre. L'empereur Henri III y remedia en 1041 , & donna des hornes a 1'autorité du comte. Depuis lors le chapitre prëtendtt que fon abbeffe s pour Ja regale & le reliëf des fiefs étoit immédiate d e 1'einpirc, reconnoiffant feulemcnt le ccmtc de Louvain pour fon avoué.-, mais nullement pour fon fuzcrain. Les comtes de Louvain devenus dans la fuitc ducs de Lothier & de Brabant, tenterent en vain, pendant plus de deux fieclcs 5 a la faveur des diplomes obtenus des cmpereurs, d'avoir ce droit honorifique & fouverain; le chapitre fut a fon tour toujours lui oppofer de pareilles armes. Mais enfin en 1443 , fous Philippe II , duc de Bourgogne & de Brabant •> alors un des plus puiffans fouverains de L'europc , le chapitre fut obligé de ceder , & fe foumit enticrement au duc de Brabant. Vers les demicres années de toutes cesB 4,  32 Le Voyageur. conteftations , qui fe renouvelloient a chaque vacance dc l'abbatialité , 1'abbcfle Catherine de Halewirelant venue a mourir, en 1417 , le chapitre par refolution capitulaire, ordonna a Belle de Franckenbcrgh, qu'il venoit de chufir pour lui fucceder, de ne prendre 1'invcftiture de fon fief abbatial que de 1'empereur même. C'étoic alors Sigifmond. Cet empercur pour cn récompenfer le chapitre, dans la perfonne de fon abbeffe, lui accorda par un diplome 1c tkre de pr'mccjje du St. 'Empire. Le duchc de Brabant depuis 1'an 1404 étoit palfé dans la maifon de Bourgogne. Ces nouvcaux ducs nc voulurent plus que ce duché ni d'autres provinces qu'ils poffcdoient, fuffcnt deformais, comme ils 1'avoicnt toujours été , de 1'empire d'Allemagne. lis refufcrcnt cn confequcnce , tout - hommage &c autres reconnoiffances aux cmpereurs. Le prédéceffcur. de Sigifmond voulut les forcer, les armes a la main afe foumettre, ils lui refifterent &c. Et depuis lors le duché ne dépendit plus  DANS BES PaYS-FaS. g$ de 1'empirc. Le chapitre de Nivelles fidele a fes principes, reconnut malgré celi 1'empereur pour fon fouverain chef; il en» obtint cette recompenfe cn 1418. L'on ne trouve pas quel ufage cetteabbeffe & celles qui lui ont fuccédé, ontfait de ce titre jufqu'a madame de Lannoy, qui fut nommée dame. de Nivelles en 1630. Cette abbeffe eft peut-étre la,. première qui ait pris dans les actes publics le titre de princefiè. Plufieurs monumens qui nous reftent de fes devaneieres. le font affez croire. On dit que les fifcaux, s'oppoferent d'abord a cette nouveauté mais qu'ils abandonnerent leur pourfuite... On peut prefque dire que ce fut un confentement tacite de leur part: quoiqu'il en foit, il eft toujours certain que les dames abbeffes de Nivelles, depuis lors, ont. pu fe dire princejjèsdü St. Empire, ornep leurs armoirics de familie du Mant eau ducal, de la couronne de prince., & de la crofjc & dc Vcpée en fautoir; a 1'inftar des abbeifes fouvcraines de 1'empire. B 5  34 Le Voyagetjr Si eet ouvrage ne devenoit pas trop long pour un précis hiftorique, on pourroit dire ici, comment nos anciens moines font devenus chanoincs féculiers , & comment auffi nos anciennes religieufes font devenucs nos dames chanoineffesd'aujourd'hui ; ce qu'on entendoit autrefois par le mot chanoinejjè; on ajouteroit de plus, comment ces chanoineffes & chanoines fe font trouvés nobles après la fameufe revolution féodale , quand 1'empire d'Allemagne & le royaume de France fortirent des mains de la maifon de Charlemagne, & comment cette nobicffe fe trouva créée par la poffeflion des charges inféodées de Pétat, & comment jufqu'aux juges ou centeniers de village tout fut noble. lis prirent ces charges en fiefs du ccmte ci-devant leur fuperieur, & devenu alors leur fuzcrain. C'eft ainfi" que nous font venus la plupart de nos anciens feigneurs chatelains. Les chefs fuzcrains de toute cette nobicffe féodale, étant maitres des abbayes  dans les PaYS-BaS. 3ÏJ a 'titre d'abbés, avoient placés leurs enfans ou ceux de leurs valfaux dans les abbayes de leur dépendance; ainfi tous ces chanoincs & chanoineffes fe trouvoient nobles : d'aillcurs on fait, que prefque tous les habitans des bourgs & des villages , & même des villes qui ne poffedo.ient pas quelque fief, furent bientot réduits a la condition des ferfs par tous ces petits tyrans. II étoit peut-être alors plus difficile de trouver autant de roturiers libres que de noblelfe. Cette fiere nobleffe n'eut certainement pas voulu êcre confondue dans des monafteres ou elle ne faifoit pas de vceux, avec des enfans de fes efclaves. II faudroit encore rappeller ici, toutes' les perfécutions que les chanoineffes & chanoines effuyerent d'abord de la part des Bénédi&ins , &, dansle onzieme fiecle , par le zèle indiferct des chanoines réguliers pour faire admettre leur réforme dans tous les chapitres, ils voulurent y faire prononcer des vceux contre Panden B 6  grj Le Vota geur. tifage. Après tant de mutations , de perfecutions &c. Les chanoinefles depuis la fin du douzieme fiecle font des preuves de nobleffe chevalereufe & ont confcrvé a peu-près les ufages qu'on leur voit aujourd'htii. On n'exigca pas de même pour les prébendes mafculines des preuves de nobleffe. Un roturier put cn pofféder auffi bien qu'un noble; paree que la nobleffe dédaignoit alors fétude, & il falloit de la feience pour étre admis aux ordres facrés. Parmi les bienfaits que les habitans de Nivelles ont rcijus du chapitre , on doit comptcr fans contredit, pour le plus grand de tous, la fondation des hópitaux, dont les revenus font tirés des biens du chapitre même. II eft vrai que les canons du concile d'Aix, de 1'an 8 r 6 & 817, qui donncrent des regies a fuivre aux chanoines & chanoinejjès, ordonnoient qu'on établiroit a la porte de chaque monaitcre un höpital, pour y recevoir les pauvres ma-»  dans les PaYS-BaS. 37 lades & les pclerins.1 II eft ericore vrai que 1'empcreur Charles le Chauve ordonna par fon diplome, aux fanétimoniales & chanoines de Nivelles , de laifler al 1'ufage de 1'hópital certaines partïes de biens qu'il défignc; & que plufieurs de fes fucceffeurs font la même ordonnance. Mais combien de monafrcres encore auiourd'hui cxifhms, qui ont rceu les mêmes ordrcs dans ces tcms recu]és,&qui n'ont pas moins fupprimé ces hofpiccs confacrés k la mifcre humaine, ou en ont divcrti les deniers a d'autres ufages, en fe contentant de faire quelques aumones aux mendians & aux paffans; tandis qu'a Nivelles cette fonuation pieufe qui eft aaffi ancienne que le chapitre même, puifque f'hópital fut fondé par Ste. Gertrude, a toujours été adminiftrée par Jes membres du chapitre avec un zèle & un défm.erreflément qui lui font le plus grand honneur. On en doit dire autant de celui placé au faubourg , & dont madame 1'abbcffe feule en eft adminifiratrice fupé* cieurc.  gS Le Voyageur II refte h parler du comte de Louvain en fa qualité d'avoué de 1'églife ou chapitre de Nivelles; ce comte, commcavoué fuzcrain de tous les biens du chapitre , étoit maitre de tous fes vaflaux, & dans toutes les terres & feigneuries du chapitre , a 1'exception de la ville de Nivelles même, il y faifoit tenir les plaids, & rendre la juftice par des fous-avoués. Mais a Nivclles, depuis 1'an 1041 , il avoit été obligé de faire ces fonctions par lui-même. II s'y rendoit a eet erfet deux ou trois fois par an. A ce titre d'avoué ■ étoit joint celui de protecleur du chapitre & dc fes biens. Ce titre lui fervit pour faire fortifier le bourg de Nivelles. C'eft en fon nom que des officiers gardoient cette fortereflc, tous fes habitans, fi on excepte le chapitre, lui étoient foumis; le chapitre même lui avoit fait donation de la moitié de tous fes biens pour garder le refte, & il n'auroit pu faire d'autre alitnation fans fa permiffion. Henri premier, duc de Brabant, voyant  DANS LES PaYS-BaS. 39 que le chapitre s'oppofoit toujours, a ce que des fous-avoués, tels qu'un feigneur d'Arquenne, fe qualifiaffent fous-avoués de Nivelles, & tinifcnt les plaids en fa place, il permit a Pabbeffe de Nivelles en 1226 de choifir un mayeur pour y rendre la juftice en fon nom. Jean II9 dans les dernicres années du méme fiecle, fit une nouvelle faveur a la dame de Nivelles, en ordonnant que les échevins de cette ville, qui étoient alors au nombre de quatorze, feroient réduits a fept, & que les poffefïeurs de ces emplois pourroient être demis, tous les ans, felon le bon plaifir de la dame; au lieu qu'auparavant les pourvus de ces emplois en jouilfoient a vie. La magiftrature de Nivelles eft compofée, depuis Pan 1778, d'un mayeur, de neuf échevins, & de deux greffiers: le tout nommé également & alternativement par un commilfaire du confeil de Brabant & par la dame. Avant ce reglement, Pabbeffe en qUa.  40 L E VoYAGËTJR lité de dame de Nivclles, nommoit Ie mayeur, fept échevins & un greffier,qui jugeoint de tous les cas de juftice, tant civils que criminels. Le corps municipal, ou des jurés, nommés par un commiiTaire au nom du fouverain, étoit au nombre de neuf , d'un fecretaire ou clerc juré, & d'un receveur de tous les deniers publics. Ce corps avoit fpécialement 1'adminiftration desouvragesSt des deniers publics. II étoit compofé ancienncment, de trois ou de quatrc rentiers, & de dix jurés & puis feulement de huit, d'un penfionnaire, & d'un clerc ]uré. II avoit éprouvé depuis une nouvelle réduction de fes membres par la fuppreffion des rentiers en 1663, & la création d'un premier juré a leur place. Après la mort du dernier penfionnaire, arrivée en 1756, on n'cn avoit plus choifi de nouveau. S'il falloit raconter toutes les conteftations, les querelles & procés qu'il y a cu entrc ce corps municipal, k la dame  dans LES PaYS-BaS. 41 ou le chapitre, il faudroit compulfer bien des archives & 1'on en compoferoit plufieurs gros volumes. On fe contentcra de dire que depuis la confédération des villes du Brabant de fan 1260, jufqu'au dernier reglement , le corps de ville chercha a diminucr le pouvoir de madame 1'abbcffe, comme dame de Nivelles; & que les dames & chapitre de leur cöté ont travaillé a 1'augmenter$ comme il Peft effcctivement par ce reglement , qui a dé trui t toute oppofition. Bien des perfonnes peuvent ignorer s qu'aux prémières aifemblécs des trois états de Brabant, il n'y- eut que les villes foumifes immédiatement au duc , ou plutöt, fous fa feigneurie, qui aient eu part a ces aifemblées : paree que les autres villes de la provinceé , dépendantes alors d'un baron., ne pouvoient pas délibcrer, ni fe trouver avec leur feigneur par députés. II étoit cenfé les repréfenter. Ces villes immédiates qui y furent re-  4-2 L E VOTAC-ÏUR préfentées par leurs députés font Louvain , Bruxellcs, Anvers, Bois-le-Duc, Tirlemont & Leau. Nivelles, dépendantc en partie de la dame comme fon feigneur, y fut cependant admife par fes députés quelques années après; paree que cette dame & fon chapitre , fe pretendants immédiats de 1'empire, auroient pu compromettre leur indépendance, fi le prevot avoit affifté de fa part & comme fon repréfentant a ces aifemblées. Les rentiers & jurés profiterent de 1'occafton, on admit un rentier & un juré de cette ville, pour avoir part a toutes les déliberations- de 1'état. Nivelles devint alors 1'une des fept chefs villes du Brabant; fes rentiers & jurés jugeoient de toutes conteftations des tailles, Maltötes &c. de la ville & du quarticr ou recette de Nivelles. On ne trouve pas dans aucun auteur quand les trois villes de Tirlemont, Leau & Nivclles ont ccffé d'entrcr aux états de Brabant, Auroient - cllcs perdu cette  DANS LES P A Y S-B A S. 4$ belle prérogative en négligeant d'y en* voyer leurs députés , n'ayant pas le moyen de les falarier ? on ne trouve aucune loi qui les en exclud, ni de réclamatioas de leur part. Je fuis, &Ci  44 Le Votageur. LETTRE III. Roulcrs ce... Septembre 1783. J'ai, Monfieur, changé ma marche, & au lieu d'aller de Menin a Courtrai •> comme je me 1'étois d'abord propofé, je me fuis rendu ici. C'eft une petite ville qui occupe une étendue de terrein de 100 bonniers; fon territoire en renferme environ 5000, dont la population y comprife celle de la ville eft de 10000 ames. Roulers eft fituée au milieu de la Flandre, a neuf lieues'de Gand, fix de Bruges, fept & demie d'Oftende, huit de Nieuport & de Furnes, quatre &: demie de Dixmude, trois de Menin & trois & demie dc Courtrai. II n'y a ici qu'une églife- paroifliale dédiée a St. Michel; c'eft 1'abbé de Sonnebelie qui en nomme le curé. Les autres églifcs font celles du couvent des fceurs  dans les Pats-Bas. 45 grifcs qui enfeigncnt lc franeois aux penfionnaircs' qu'elles prennent, & des auguftins qui enfeigncnt les humanités. ' Le commerce qu'on faifoit autrefois a Roulers étoit fort confidérable; & avant Ia revolution de 157Ó 1'on y comptoit 50 maifons de commerce de toile en gros, 17 blanchiifcries & -1700 metiers de drap & d'autres étotfes 'de laine. Les maitres des blanchilferies ont paffé a Har!cm pendant les troubles, & n'en font pas revenus, non plus que les fabriquans dc draps qui avoient prefque tous paffe en Angleterre. Le commerce actuel de Roulers eft en toiles fincs, fils, lin, beurre, grains & graines de toute efpece : le marché qui fe tient tous les mardis clt tres fréquenté ; il s'y vend plus de lin & de beurre que dans aucun des autres marehés de la Flandre; il n'eft . pas rare dans la faifon d'y voir débiter en un feul jour 50000 livres de beurre. La petite riviere qu'on nomme la Mandele, la traverfe & va fe jettcr dans la  -4 6 Le Voïagïui •Lys au-deifus d'un village qu'on nomme jEvaliene; la Mandele a été navigable jufqu'en 1630; il feroit très-utile au commerce de Roulers qu'elle le fut encore, & ptfur cela il faudroit ordonner aux poifeifeurs riverrains des terres de donner au lit de cette riviere la largeur, & la prolbndeur qu'il doit avoir, & qu'il avoit autrcfois, & qu'on fit conftruire trois petites éclufes qui couteroient au plus 80000 florins : le total de la dépenfe qu'il faudroit faire pour rendre la Mandele navigable ne monteroit pas a ce qu'on m'a dit a plus de 130, 000 ff. Si 1'on met dans la balance d'un cóté cette dépenfe & de 1'autre les avantages qu'on en retireroit, 1'on n'héfiteroit pas a la faire: ii cette riviere étoit navigable le pSys n'auroit plus a fouffrir des inondations de la Lys & de PEfcaut, mais il eft vrai que pour cela il faudroit creufer «nviron deux cents toifes de plus, afin d'ouvrir une communication avec le canal qui mene a Dixmude, au moyen de  DAN-S LES PAYS-BAS. 47  48 Le Voyagetjr. LETTRE IV. Courtrai cc... Scptembre 1783. T > a ville de Courtrai, Monfieur, eft une des plus anciennes ville des PaysBas, & 1'on croit que du tcms de Célar, elle étoit fous la jurifdietion des nerviens & des tournefiéns : elle eft fituée fur la Lys qui la partage en deux, elle eft a cinq lieues cnviron de Lille, d'Ypres, de Tournai & d'Oudenardc, a huit de Bruges & de Gand ; elle communiqué avec celles-ei par une belle cbauilée qui fut faite en 1722, & avec Tournai par une autrc qui fa été en 1728. Courtrai eft le chef lieu de la chatellenie qui porte fon nom avec laquelle: elle a le 4c. rang cntre les villes de: Flandre. Son gouvernement eft municipalI &: fon corps municipal eft compofé d'uni grand bailli, d'un bourguemaitre, de ioj échevins ,  DANS LES PAYS-BAS. 49 échcvins, de deux confeillers-pcnfionnaires & de deux gretEers. Le grand bailli eft officier du prince & le repréfënte : il eft a vie ainft que les penftonnaires & les greffiers , mais le bourguemaitre , qui eft auffi nommé par le fouverain , ne refte en place qu'autant que le fouverain le veut. Les échevins font jugcs civils , criminels & de police; ils fuivent les difpofitions de coutume particuliere qui a été décrctéc & des loix du prince, & a leur défaut les difpofitions du droit romain: cette coutume eft pour la ville, comme pour la chatellenie. Les réligieux de 1'abbaye de St. Amand poifcdent dans Courtrai une ancicnne prévöté qui date du feptieme fiecle , ils ont , dans le quanier de la ville dépendant de cette prévöté, une jurifdicton qui eft exercée par le prévöt & des écheyins particuliers. Courtrai dépend pour le fpirituel de 1'évcché de Tournai. II y a móme a Court rai trois protonotaires apoftoliqnes qui font C  go L"e Voïageüh. établis par 1'évêque dc Tournai. La principale églife de Courtrai eft collégiale & déiiéc a la Vierge. Son chapitre eit compofé d'un doyen & de douzc chanoines dont les canonicats ont été fondés en 1205: a 1'exception de deux de ces canonicats qui font a" la collation de Pévéque, tous font a celle du fouverain. II y a encore dans cette églife 14 chapelains & cinq vicaires que nomme le chapitre. Cette églife collégiale eft trés - belle ; fon chceur fur-tout eft fupérieurement décoré a la moderne. Le marbre, 1'argent & le cuivre doré y font prodigués. Peutêtre auroit-il mieux valu s'en tenir uniquement au marbre. Cela n'em pêche pas que les ornemens de cuivre doré & les bas reliëfs en argent travaillés par un orfcvre de Tournai, nommé Mare Le Fevrc, ne foient de bon goüt & bien exécutés. C'eft auffi lui qui a donné les defllns de Parchitccture. Les parties en marbre ont été exécutées avec la plus grande précifion par le fculpteur Aubert Borick de Dinant.  dans les Pats-Bas. gr II y a dans cette églife trois tableaux qui méritent la plus grande attention, un de Van-Dyck & i de G. De Crayer: celui de Van-Dyck eft une élévation de croix; c'eft une compofition fupérieurement pittorefque, d'une grande chaleur: 1'on y admire furtout la correétion & la fineife du deffin, même dans les moindres détails. Les têtes ont la plus vive expreffion & font toutes belles. La couleur fondue en apparence avec le plus pénible travail, eft de la plus grande vérité. L'on ne fait ce qu'on doit le plus admirer ou de la facilité ou du moclleux du pinceau. Tantöt il eft ferme, tantót il exprime les formes avec un art ineftimable. Tout 1'effet eft harmonieux, vigoureux & piquant. C'eft, je crois, le plus beau tableau qu'ait fait Van-Fyck. Un chanoine de cette collégiale, nommc Roger Braye, en a fait préferit a cette églife dans laquelle il eft enterré. Au delfus de fon tombcau, l'on voit fon portrait de marbre en bas reliëf. Ce ta~ C a  'g2 L E VOYAGEOX blcau a été placé fur le maitré-autel & n'en a été retiré que quand l'on a refaït eet autel, ainfi qu'on le voit aujourd'hui. Des deux tableaux de G-. De Crayer, 3'un repréfente le martyre de Ste. Barbe: il eft très-beau, bien compofé & deffiné avec pureté: la couleur eft bonne & de la plus grande vérité: les têtes font bel-, les & du plus beau choix: l'on peut ce-. pendant reprocher a ce tableau un peu: trop de fechereife : 1'autre repréfente la. Vierge couronnée dans le ciel par les: perfonnes de la Ste. Trinité : tout y eft: bien compofé , defficé & drapé , d'un beau i large, d'une belle couleur claire & ar-- ■ gentine. La feule églife paroiffiale qui foit h Courtrai, eft dédiée a St. Martin: l'on i dit qu'elle a été fondée par St. Eloi &; qu'il y a prêché 1'évangile. II y a dans: cette églife, dans la chapelle des fonds , une defcente du St. Efprit fur les apó-tres pcintc par P. Porbus le pere. C'eft: un bon . tableau, mais trop dur; fur un i  dans. les Pats-Bas. 5£ des volets , eft peinte la Création du monde & fur 1'autre le baptême de notre feigneur. \ Les autres églifes de cette ville font cellc des récolets, des capucins, du beguinage, des rcligieufes de Sion , des carmelites déchauffées, de fceurs grifes , de deux couvens d'hofpitalieres & de l'abbaye de Groeningue. Cette abbaye de filles a été fondée en 1238 pour des réligieufes de 1'ordre de Citeaux par Jeanne, comtefle d'Artois. On honore dans cette abbaye une image miraculcufe de la Vierge. Dans 1'églife.des réligieufes de Sion, eft une adoration des bergers compoféc agréablement & peinte par J. Jordaens; le deflin en eft correct , la couleur vigoureufe & 1'eifet piquant; 1'enfant Jefus y paroit endormi, foulevé par fa mere pour le faire voir a ceux qui viennent 1'adorer : toutes ces figures font très-jolies, tres-variées & elles intéreffent ?ar 1'cxpreffion naive & ftmplc: on C 3  54 L E VOYAGEÜR. voit le bceuf qui broute a coté de Ia crcche avec une vérité qui fait illufion. Dans 1'églife des capucins font deux bcaux tablcaux ; 1'un repréfente notrefeigneur crucifié peint par E. Quellyn: le fujct en .eft parfaitemcnt compofé d'une très-bonne couleur & peint avec une favante liberté : 1'autre repréfente St. Francois a genoux devant 1'enfant Jcfus & la Vicrge, Ste. Anne eft placée derrière St. Frangois : ce tableau eft de Van-Ooft le fils. Le principal commerce de Courtrai eft en toilcs: l'on en fait de toutes qualités; elles font égales en beauté, a celles d'Hollande, mais fupérieures en qualité; elles ont fur elles la préférence en ce qu'elles font moins chêrcs. Prefque toutes les toiles qu'on vend en France pour toile d'Hollande, ont été fabriquées a Courtrai ou dans fes environs: fur mille pieces qu'il s'en vend , il n'y cn a peut-ctre pas deux qui foient de fabrique Hollandoife. Tous les ans la France tire des Pays-  DANS LES PATS-BAS. $$ Bas Autrichiens pourenviron 2500, 000 1. dc toiles. Prefque tous les linges de table qui fe confomment dans les Pays-Bas Autrichiens & en France, vicnnent des fabriques de Courtrai, de Menin :. ce lingc eft aufü beau que celui de Siléfic. La feule différence qu'on y trouve, c'eft qu'a Courtrai Pon ne varie pas affez le deflin , qu'il y a bien plus de variété dans les fabriques de Siléfie. Les fabriques de Courtrai devroient abandonncr ces anciens deffins imitants le damas & leur en fubftituer d'autres un pcu moins confus & plus agréables. La chatellenie de Courtrai comprend 60 bourgs ou viilages affez confidérablcs divifés en cinq quartiers, qu'on nomme les verges de Menin , de Harlebceck , de Thielt, de Deinfe & les 13 paroiffes. Le grand bailli de Courtrai efc le premier jugc 'de cette chatellenie &, pour 1'adminiftration dc la jufticc , il eft affifté de quatre confeillers qu'on nomme Hooftpunters. Outre le bailli, il y en a encore C 4  5 mais cette fabrique eft tombée comme toutes les autres fabriques de cette efpece 5 depuis qu'on a préféré pour tapiffer les appartemens les étoffes de foye, les cotons C 6  Co Le Voyageur & fur-tout les papiers peints. Doit-on au refte s'étonner que les fabriques de tapiiferies d'Oudenarde foient tombées , puifqne celle de Bruxelles ne fabrique que trés peu. Cette manufaélure cependant eft après celle des Gobelins, la plus parfaite qui foit en Europe : tant qu'a vécu le comte de Cobenzl, elle s'eft foutenue, elle a travaillé; ce grand roiniftre, qui avoit certainement tout ce qui conltitue un véruablement homme d'état, croyoit qu'il n'y avoit pas de branche de commerce, quelque peu confidérable qu'elle fut , qu'une fage adminiftration puiffe négliger. II y a longtems'que la manufaóture des tapifferies des Gobelins, que celle de tapis de la favonerie, que celle enfin de la porcelaine de Seve, feroient tombées fi le gouvernement de France ne facrifioit pas tous les ans des fommes affez confidérables pour les foutenir. Je fuis c'crtain que celle de Seve coutoit toa§ les ans a Louis XV, 14 a 150000 livres. Cette dépenfe que faifoit 1'état, empê-  DANS LES PAYS-BAS. 6ï choit qu'il ne fortit tous les ans plus de 3000,-000 livres qui auroient été envoyées en Saxe pour y payer la porcelaine qu'on en auroit tiré de Paris. L'on m'a affuré que le comte de Cobenzl avoit fouvent donné a la manufaéture de tapifferies de Bruxelles de 1'argcnt de fa poche dans des momens oü elle en manquoit. A peu de diftance de la ville font deux abbayes confidérables ; 1'une eft fituée fur 1'Efcaut a Eenhaeme; elle eft fous 1'archevèché de Malines; elle a été fondée en 1063 pour des réligieufes de 1'ordre de St. Bcnoit qui doivent faire preuve de nobleffe. Cette abbaye eft confiftoriale & dépend immédiatement du St. Siege : 1'autre moins ancienne n'a été fondée qu'en 1286 pour des réligieufes de Ste. Claire : elle eft fituée a Petegera fous 1'évêché de Gand. 11 y a auffi au village de Heyne un petit chapitre de chanoines a la coilation de 1'évêque de Gand. C'eft auffi prés d'Oudenarde au village d'Elfegem, qu'eft  62 Le Votagiür le prienré de chanoines réguliers dont un des réligieux tua de fang froid fon prieur en 173Ó dont je vous ai parlé au commencemcnt de notre correfpondance. Je compte après-dcmain entrer dans la Flandre Oriëntale ; d'ici je me rcndrai a Gand pour paifer a Aloft après avoir été a Termonde. Je fuis, &c.  DANS DES PaYS-BaS. 63 LETTRE VI. Alofl ce... Otlohrc 1783. ]VIe voici, Monfieur, dans la capitale de la Flandre Oriëntale qu'on nomme auffi la Flandre Impériale , a caufe qu'Aloft , fa capitale ,reeut autrefois le titre de ville libre & impériale. Le pays d'Aloft qui formoit un comté, fut réuni en 1212 a celui de Flandre. Dans le comté id'Aloft, ou la Flandre Oriëntale, font quatre villes, Aloft, Grandmont, Termonde & Ninove. Cette partie eft d'une affez grande étendue^puifque fa jurifdiélion s'étend jufqu'au pont de Brabant qui eft dans Gand. Ce pays eft en général fertile cn paturages & plus encore enhoubion & en lin: l'on y compte 172 villages qui, a" léxception de trois, fonr de l'archevéché de Malines : ces trois f^nt d^ Péveché de Gand. Ee pays d'Aloft a un fouverain bailli  6*4 Le Voyageur & cinq grands baillispofleffeursd'anciennes baronnies. Ces flx baillis gouvernent tout le pays avec les deux bourguemaitrcs d'Aloft & de Grandmont: fous eux font deux receveurs royaux & deux greffiers. Je n'ai été qu'un jour a Termonde ; elle eft fituée au milieu des plus belles villes du pays ; de Gand , d'Anvers de Malines, de Bruxelles & de Huift, & n'eft éloignée de chacune d'elles que d'environ fix lieues. Anciennement Termonde étoit du diocefe de Tournai :elle eft aujourd'hui de celui de Gand : elle a pns fon nom de la üendre qui la traverfe: on 1'a appellée Dendermonde, c'eft a direbouche de la Dendre & puis on 1'a nommée Termonde ou Dermonde. La fituation de cette ville eft agréable • de belles prairies qu'arrofent 1'Efcaut & la Dendre, 1'environnent. Son territoire relevoit autrefois de 1'empire: ilne futanncxé au comté de Flandre qu'en 1264. Le pays de Termonde comprend 16 villages , dont trois font fous l'archevéché de  dans les Pats-Bas. 65 Malines & le refte fous 1'évêché de Gand. Son magiftrat eft compofé d'un grand bailli a vie nommé par le prince , d'un bourguemaitre & de fix échevins nommés auffi par le prince & qui les change quand il veut , d'un confeiller penfionnaire & d'un greffier tous deux a vie : ils font juges civils, criminels & de police & l'on appelle de leurs féntences au confeil de Flandre. La ville de Termonde a une coutume particuliere, a défaut de laquelle & des loix du prince , l'on fuit le droit romain. Termonde eft de 1'évêché de Gand; de fes églifes, une eft collégiale & paroiffiale. Ce chapitre eft compofé de 12 chanoines, d'un doyen, d'un chantre, d'un écolatre dont toutes les prébendes font a la nomination du fouverain. II y a encore a Termonde une églife paroiffiale , trois abbayes de rcligicux de 1'ordre de Citeaux , des capucins , des carmes , des auguftins, des fceurs noirès? un béguinage & un hopital : dans  66 Le Vo y a g e ur. celles des capucins, eft un des plus beaux Van-Dyck que j'ai vu : il repréfente Jefus-Chrift mourant; la Vierge y paroit dans Paccablement de la plus vive douleur; elle eft foutenue par la Madelaine: St. Francois eft aux pieds du fauveur; la douleur eft on ne peut pas plus fortement exprimée fur fon vifage : des foldats a cheval fur un plan reculé lient cette compofition qui eft auili heureufe que favante, tout y eft deffiné avec la plus grande fineffe, tout y eft en mouvement, 1'artifte a répandu par-tout un feu qui a donné de l'aétion a toutes les parties: la couleur y paroit celle" de la nature tant pour la vérité que pour la beauté. Partout c'eft Peffet le plus piquant & le plus beau faire, & cela n'cmpêche pas qu'on y trouve une fonte de pinceau toujours vigoureuXj quoiqu'en apparence il foit liffé , & c'eft cette fermeté facile qui plait tant aux véritables connoifleurs & qui affuré Part du maitre. Dans 1'églife paroiffialc & collégiale, j'ai auffi vu avec  dans les Pays-Bas. 67 Ie plus grand plaifir un autre Van-Dyck , mais moins parfait que celui que poffedent les capucins : il repréfente 1'adoration des bergers; dans le haut eft une gloire & des anges; au bas font des bergers & des bergères qui offrent des ceufs, offrande de Pinnocence & de la nature: ce tableau eft fupérieurement compofé , d'une fineffe de couleur qui étonne : les. têtes font de la plus grande beauté. Ce tableau avoit été commandé a VanDyck par un membre de la confrairie de la Ste. Vierge pour être placé fur le maitre - autel de cette églife oü on le voit a préfent. Ce confrère n'avoit pas avant confulté fes camarades qui ne voulurent point paffer dans fon compte les 400 fL qu'il avoit payés au peintre : ils alleguoient que ce prix étoit exceffif. VanDyck en étant inftruit pria fon ami de garder pour lui le tableau & s'engagea a lui faire gratis fon portrait. Par fon teftament, le confrère qui avoit gardé le tableau de Van-Dyck, le lailfa a la con-  63 Le Voyagetjr frerie de la Ste. Vierge érigée dans 1'é- glife paroilliale de Termonde. Quand Van - Dyck revint d'Italie a Bruxelles, D. Teniers lui demanda un jour fi depuis fon retour de Rome, il s'étoit fait beaucoup de pratiques, quelles pratiques voulez vous que je me fois fait, lui répondit Van - Dyck: croyezvous que j'ai kier offert a ce gros braffcur, qui vient dc pajjer a l'inftant de-vant nous, de lui faire fon portrait pour deux pijioles & que ce butor m'a ri au nez, cn me difant que cétoit trop chèr: je vous ajfure que fi la cartc ne tourne pas autrcment, Pon ne me veria pas faire un long séjour d Bruxelles. La ville d'Aloft eft auffi fituée fur la Dendre a mi chemin de Bruxelles a Gand ■ par conféquent a cinq lieues de 1'une 8c de 1'autre; elle eft auffi a fix lieues de Malines. Aloft dépend pour le fpirituel de 1'archévéque de Malines. II n'y a dans cette ville qu'une feule paroiffe dédiée a St. Martin. Cette églife. qui fut entiere-  dans des Pats-Bas. 6*9 ment détruite par !es Hammes en 1605, a été rétablic en par tic depuis; ft elle étoit -entieremem achevée, elle ilroit fort belle: elle éft aulli collégiale & ion chapitre eft compofé dc 12. chanoines, d'un doyen & d'un prévöt , celui-ci eft aulli curé de toute la ville. Piufieurs beaux tableaux dccorent cette églife dont les plus remarquables font de Rubens; 1'un repréfente St. Roch en priere pour obtenir la guerifon de la pefte aux malades qui paroiffent au bas du tableau; quel feu, que de poëfie dans cette compofition! le deffin y eft d'un correct furprenant, d'une fineffe qui étonne : que de vivacité dans l'action du Sauvcur! toutes les têtes font expreffives & belles : la couleur & 1'intelligence des lumieres, font bien foutenues par de grandes maffes d'ombre qui y font le plus grand effet; 1'autrc moins grand, repréfente 1'ange qui guerit St. Roch de la plaie qui caraétérife la pefte : enfin le 3e. de même grandeur qnc le précédent, repréfente St. Roch dans la prifon. Ces  70 Le Votageüh deux tableaux, touchés avec efprit, font un peu trop crus. L'on attribue encore a Rubens une Vierge qui tient Penfant Jefus, j'y ai remarqué des traits de 1'efprit & du génie de ce grand maitre, mais je doute cependant que ce tableau foit de lui. Le martyre de St. Cornille qui eft dans cette églife, eft de Van-Cleef: il eft bien compofé & bien deffiné, mais la couleur en eft foible. L'ange Gardien, tableau de Van-Loon, a une belle exprellion; mais il eft d'une couleur lourde & trop noire dans les ombres. Le martyre de Ste. Catherine, de P. Tyifens, eft d'une compofition finguliere; l'on y voit un ange qui recoit la tête de Ste. Catherine qui vient d'être coupée & un autre ange qui recoit fon corps qu'il paroit vouloir enlever pour le porter au ciel. Les têtes de ce tableau font belles, d'une bonne couleur , mais peu décidées, le faire cependant eft d'un large qui annonce la plus grande facilité. St. Nicolas, qui renverfe les idoles, peint par Volfum de Gand eft trés me-  dans in Pats-Bas. 71 1 diocre. II en eft de même du tableau de Martin de Vos qui repréfente Ste. Marguerite. Les volets de ce tableau valent mieux ; ils ont été peints par Van-Orley, mais l'on a voulu les n'étoyer & les repeindre & on les a gatés. Les quatre autres tableaux que j'ai vus dans cette églife, ne méritent aucune attention; 1'un eft de Haefe , c'eft le martyre de Ste. Barbe; 1'autre repréfentant des anges qui portent des ames du purgatoire au ciel, eft de N. Roofc, le 3e. dc Dav. Teniers eft St. Crepin & St. Crepinien : enfin le 4e. peint par Maès, repréfente St. Martin reffufcitant un mort : c'eft le meilleur, il y a des traits de génie & d'efprit, de la correétion dans le deffin, mais la couleur en eft dure & fauffe. Je fuis, &c.  72 Le Votageüh , e c t. P. S. Je viens en ce moment de recevoir le profpcctus d'une nouvelle édition de 1'Encyclopédie méthodique, par ordre de matieres, ou bibliothèque complette de toutes les cönnoiflances humaines, par une fociéié de gens de lettres, de favans '& d'artiftès; précédée d'un vocabulaire univerfel, fervant de table pour tuut 1'ouvrage, orné des portraits de M. M. Üiderot & d'Alembert, premiers éditeurs de 1'encyclopéaie. 53 vol. de difcours & 7 volumes de planches, in-4to. a deux colonnes, propofée par ibufcription au prix de 677 liv. papier ordinaire & 1104 liv. en grand papier; on foufcrit chez les principaux Libraires du Pays-Bas & chez le diltributeur du Voyageur. La ibufcription de Paris qui eft de 751 liv. étant fermée , c'eft une réconnoiffance qu'on aura a la fociété Typographique de Liege d'avoir faiiï 1'occalion de fatisfaire 1'empreflèment du public. J'efpere, dans peu de jours, pouvoir vous coramuniquer le profpectus d'un ouvrage, non moins intérefllmt & direïtement rélatif aux PaysBas qui font 1'objet de mes lettres, compofé par M. Burtin , Med. conf. de feu S. A. R. le duc Charles de Lorraine, membre de plufieurs académies, fur 1'Oryciographie des environs de Bruxelles : volume in folio, avec 3a planches enluminées, Cet ouvrage, auffi magnifique que néceiTaire , doit paroitre inceffament & fera beaucoup d'honneur au mérite diftingué de ce favant dont 1'ardeur pour le bien puolic ne fe borne pas aux fonctions pénibles & mulupliées de fa profefiïon; mais qui fait auffi fe rendre utile a la patrie, en confacrant fon peu de momens de loifirs a 1'étude de la nature dont la médecine tire tous fes fecours, Fin dc la première Partie,  LE VOYAGEUR DANS LES PAYS-BAS AUTRICHIENS, o u LETTRES fur 1'état aótuel de ces", Pays. Felix qui potuit, rerum cognofcere caufas! VlRGILE. TOME SIXIEME. Deaxieme Partie. A AMSTERDAM, chez Changuion , Libraire. On en trouve de§ Exemplaires chez M. De Bel, ImprimeurLibraire, a Bruxelles. M. DCC. LXXXIII.   LE VOYAGEUR DANS LES PAYS BAS AUTRICHIENS. LETTRE VII. Aloft ce Oèlobrc 1783. 1 Le Magiftrat d'Aloft, Monfieur, eft | compofé d'un bourguemaitre & de huit échevins nommés par le fouverain & chan■j gés par lui toutes les fois qu'il le vcut, d'un confeiller-penfionnaire & d'un grefI fier. Ces magiftrats font jugcs civils, crii mineis & de poliee; ils fuivent une couI tume particuliere qui a forcc de loi: a D 2  f6 Le Voyageu*. défaut de cette coutume & des loix du prince, ils fe conforment dans leurs jugemens aux difpofitions du droit romain. L'hötel de ville eft ancien , il a été bati en 12,00. En général Aloft eft une affez jolie ville, elle pomroit être plus commer9ante qu'elle ne 1'eft. Un étrangcr, qu'on dit être anglois, s'occupe préfentement du projet d'y établir une fabrique de favon d'Efpagne. J'ai employé une partie dc la matinee £ vifiter les églifes. Dans celle des Guillermittes, qui autrefois enfeignoicnt les humanités dans cette ville, auxquels les jefuites furent préférés en 1619 , eft le tombeau de Thiery Martin qui apporta d'AUemagne dans les Pays-Bas Part de Pimprimerie ,& un tableau de P. Tyflens, il repréfente St. Guillaume en cftafe; il y a dans ce tableau beaucoup de correction, un ton de couleur leger ; le faire eft tres-facile & très-large. Dans 1'églife des carmes qui font a Aloft depuis 1497 que je vis enfuite, eft un beau Crayer:  ' EANs les Pays-Bas. W il repréfente la Vierge & la Tiinité au milieu d'une gloire: au bas font le pape, des eardinaux , des évèques &c. le grou. pe qui eft dans le Ciel eft un modele de Frace , celui d'en bas réunit tout ce qui peut toucher ; cependant la tête du pap., manque de nobleffe : en total ce tableau eft bien compofé, bien peint & d une cxcelente couleur. _ . Le tableau de Van-Cleef que j ai vu dans 1'églife des. annonciades & qui repréfente la Ste. Trinité, eft foiblement colorié, mais il eft deffiné- avec fineffe & beaucoup dc choix. J'ai vu encore dans Péo-life des fceurs noires un tableau du même maitre qui repréfente la naiflance de notre-feigneur: il eft bien compofé & d'un bon deffm. En partant pour la France les carmélites ont laiffé dans leur églife un tableau qui probablement fera placé dans la riche galerie dc 1'empereur. Cc tableau eft de G. Crayer; il repréfente Ste. Therefe qui recoit fa regie & le fcapulaire des mams de la Vierge & da D 3  7 8 Le -Vota geur rénfant Jtfus : aux cötés de ia Sainte , font St. Jofeph & un ange. Le deüin en eft correct &' fin, le pinceau aimable; & la couleur la plus legere y répand les graces fur les têtes qui toutes font jolics. Le tableau du même maitre qui eft dans 1'églife de 1'höpital & qui repréfente la Vierge , 1'enfant Jcfus , deux anges, Ste. Eiifabeth , St. Auguftin & d'autres anges, eft beau; il eft d'une touche legere & ferme, mais foible de couleur. Dans la même églife font encore deux tableaux de Porbus fils; 1'un repréfente St. Jcan dans le défert & 1'autre la décolation de ce Saint: celui-ci eft le meilleur: il y a des têtes jolies, mais beaucoup de fécherelfe. J'avois projetté d'aller coucher aujourd'hui a Ninove, mais Ton m'a fait obferver qu'il valloit mieux me détourner, ne partir d'ici que demain matin pour aller coucher a Afch, en paffant par Affligem, doü je me rendrois a Ninove. L'on m'a affuré que les beaux tableaux que je trouverois fur cette route,  dans les Pats-Bas. 7?-. me dcdommageroient complettement -du tems que j'employerois a faire cette courfe. Je ne vous écrirai qu'a mon arrivée i Ninove. je fuis, &ö 0 4  Sb Le Voyageur. LETTRE VIII. Ninove ce Oclobrc 1783. Cette ville, Monfteur, eft fituée fur la Dendrea deux lieues d'Aloft :en fortant de celle-ci, je me rendis a Affligem; c'eft une des plus confidérables & des plus anciennes abbayes du Brabant; elle eft de Fordre de St. Benoit & fut fondée, dit-on, cn 1083., cinq gentilshommes qui s'y retirerent pour fe confacrer entierement au fervice de Dieu. On regarde cette abbaye comme la mcrè & le chef de 12 autres abbayes qui font dans la même province: elle eft trés riche , l'on a attaché fa manfe abbatiale a Parchévêché de "Malines. L'églife de cette abbaye eft trés grande; &: d'une architeéture grecque. Les chapitaux & les ornemens, font de mauvais ^oüt & d'une médiocre exécution : toute  dans les Pays-Bas. &r cette décoration eft neuve , mais parvenu devant le maïtre-autel , l'on oublie touc pour fe livrer a 1'examen du fuperbe tableau de Rubens qui le décore : c'eft fur.ement une des plus belles produclions du pinceau de ce grand maitre. Ce tableau repréfente Jefus Chrift qui porte fa croix au milieu d'une foule de peuple. Les groupes font enchainés avec un art infini. TouC paroit fait de riendans ce tableau ;a peiner la toile eft elle couverte , la chaleur eft forte, vigoureufe & les eifets font trés piquans: toutes les têtes font belles , furtout celle de Jefus Chrift & " des femmes» Quand Ton confidere cette grande machine dans tous fes détails , 1'on eft furpris de voir avec quel art les formesfont décidées par une touche legere & facile. Dans la même églife font une adoration des bergers & une adoration des mages dont je n'ai pas reconnu les maitrcs. J'ai vu avec plaifir dans la facriitie plufieurs bas-reliefs imitant le marbre blancpeints par Guerard d'Anvers; ils font au nymbre de fept en-  os Le Voyageur cadrés dans un lambri de chène. Les fu* j ets font pris de la vie de Jefus Chrift. Dans le réfeófoire , on trouve un des fceaux tableaux de G. de Craycr : il repréfente St. Benoit & Totila. Ce tableau eft bien deffiné , peint avec beaucoup de fine.Te de couleur*, toutes les têtes font de la plus grande beauté. Dans une des falies de cette maifon , font les quatre évangeliftes peints par Maès :ce font quatre beaux tableaux. Dans une autre falie , l'on a placé cinq bons payfages dont quatre peints par Rybraeck & un plus grand que'les autres par Jofeph de Momper: quelqu'intérelfants que foicnt ces moreeaux on les quitte facilement pour le tableau de Crayer qui eft dans cette même falie & qui repréfente fur le devant la vierge & 1'enfant Jefus ayant è leurs pieds St. Bernard & St. Benoit. Les fgurcs font grandes comme nature. Ce fujct eft bien compofé , mais il nfa paru trop refléré dans un fi pctit efpace: Ie plan eft trop peu étendu pour le nombre &  dans les Pays-Bas. 83 pour la grandeur des figures : il eft peint a fond, d'une belle maniere & bien deffiöé-1 toutes les têtes font belles. Après la vifite de ces tableaux 3 j'ai pris la route du bourg & franchife d'Afch oir je n'ai vu d'autres tableaux que dans fon églife paroiffiale & dans celle de 1'höpital. Dans la première de ces églifes, le principal tableau eft celui qui eft fur le maitre-autel; il eft de Van-Orley & repréfente la réfurre&ion du Sauveur. Les autres qui font dans la boiferie & autour du chceur, ont été peints par M. Smeyers de Malines. Ces tableaux m'ont peu arrêté. Celui au contraire de G. De Crayer qui eft dans 1'églife de 1'hópital, m'a beaucoup occupé : en 1'examinant l'on voit que'c'eft 1'ouvrage d'un homme de génie. Ce tableau repréfente notre-feigncur beniffant les cinq pains & les cinq poiflbns. Quelle variété dans les figures & dans les phifionomies t que d'expreffion dans les attitudes! toutes les têtes font belles; c'eft un beau pinceau qui D 6  $4 Le Voyageüb. termine avec fermeté toutes les formes, c'eft la couleur de la nature, mais legere & aimable; enfin c'eft une des belles jroduclions de ce -grand-hommc. II n'y a ici qu'une églife paroiffiale qui «ft deflervie par huit chapelains fondés qu'on nomme Quotidianiflesf Dans cette églife eft un beau tableau de G. De Crayer; il eft bien compofé, correct & plein d'une grande franchife; il repréfente le martyre dc St. Janvier. II y a aulli dans cette ville une abbaye de 1'ordre de Prémontrés fondée en 1137: 1'églife en a été rebatie a ncuf en 1718. Les autres éjlifes font celles des hofpitaüeres & des pé-j nitentes. Ninovc eft de l'archevéché de Malines. Je compte me rendre demain a Grandmont d'ou j'irai a Tournai. Je fuis 3 &c.  dans les Pays-Bas. 8& LETTRE IX. Grandmont ce OBjbre 1783. Jl n'y a pas de pays , Monfieur, dans touie PEurope ou il y ai c plus de villes que dans les Pays-Bas Autrichiens. Eit-ce un bien , eft-ce un mal ? pour moi je ticns pour 1'affirmative & foutiens que moins il y a de Villes dans un pays, plus ce pays eft fort & puiiïant: les villes font le fejour du luxe , de la corruption & cn général dc tout ce qui énervc Phomme. II n'y a que les habitnns de la campagne qui foient véritablement laborieux & qui le foient pour Pavantage de la fociété en général! ceux qui lc font dans les villes , ne travaillent que pour eux. C'eft dans les villes que rende 1'Egoïftne ; mais, dira-t-on, les manufacïures pouroient-elles profpérer dans les campagnes? qui s'y oppofcroit? excepté les manüfaétures putement de luxe, toutes les autres de-  85 Le Voyageur. vroient être bannies des villes. Si cela étoit dans un pays & que fes manufactures d'étoffes de laine, de fil, de coton & même de foye fuflént toutes releguées dans les campagnes , leurs produétions pouroient fe donner a 1'étranger 15 a 20 p. § au deffous de ce qu'elles s'y vendent préfentement. Grandmont eft fort ancienne: ce n'étoit, dans 1'origine qu'un cbateau que les Gots avoient bad au pied d'une montagne. Un comte de Flandre, Beaudouin de Mons, en fit une ville en 1068, 1'apella Gerardmont, par la fuite & par corruption , on la nomma Grandmont. Cette petite ville eft du diocefe de Malines a 4 lieues d1 Aloft & d'Oudenarde: une partie eft fur le penchant d'une colline au pied de la quelle coulc la dendre: c'eft la haute ville: la balfe ville eft de 1'autre cöté de la Dendre. Quarante-cinq villages compofent ce qu'on nomme le pays de Grandmont & ce pays fait partie du pays d'Aloft: les  DANS LES PAt S-BAS. 87 habitans de Grandmont pouroient peutêtre faire plus de commerce qu'ils n'en font; mais ce qui mérite a cette ville une forte de célébrité, c'eft fa papeterie qui eft fans contredit celle de tous les Pays-Bas Autrichiens qui fournit a 1'imprimerie de plus beau papier & d'une meilleure qualité. Ce papier vaut communément 15 efcalins la rarne, ou 9 liv. 12 fols 10 deniers de France , tandis que ceux des .fabriques du Brabant qui leur fonC inférieurs, coutent 6 fl. ou 11 liv. cette différence de prix vient fans doute^ de ce que les locques font plus cliêres en Brabant qu'a Grandmont qui cependant eft plus a portée des papéteries de France que ne 1'eft le Brabant. Ces papéteries de France, notamment celle de Jacqmans de Lille, devroient plutót acheter des locques' dans les environs dc Grandmont que dans ceux des autres villes plus éloignées. Grandmont eft de 1'éveché de MalL nes: il n'y a dans cette viile qu'une feu-  88 Le Voyageuh. le églife paroilliale dédiée a St. Barthelemi. J'y ai vu un beau tableau de G. De Crayer ; il repréfente un prince qui remet un livre au pape, ce tableau eft d'une grande & belle manicre, les têtes en font de» route beauté & feffet en eft trés» piquant. Dans la même églife , eft une nativité de Colliers qui a du mérite, & le martyre de St. Barthelemi peint par G. De Crayer: il y a bien du femiment dans ce tableau; le dellin en eft ferme & correct; les têtes font pleines de vie & ont toutes beaucoup d'cxpreffion: la couleur en eft belle & vraie & l'effet piquant. L'abbaye de St. Adrien qui eft dans cette ville eft auffi ancienne qu'elle; fes religieux fuivent la regie de St. Benoit & font curés prinritifs de cette vüle. Les autres égüfes de Grandmont, font celles des réligieufes Bénédictines réformées qui s'y établirent en 1624 > des Minimes qui y font depuis 1622 , des Carmes, des Réeolets, des hofpitaiieres & des béguines.  dans ies Pays-Bas. 89 C'eft avec raifon , Monfieur , que vous me reprochez de ne vous avoir rien dit du pays de Waes. J'aurois dü vous en parlcr étant a Termonde. Ce petit pays eft étonnant pour la culture, il produit plus qu'aucun autre des Pays-Bas, furtout du bied &: du lin. Ce n'eft point au fol qu'eft due cette grande fertilité, mais a 1'induftrie & au travail du cultivateur. Quand on examine les terres du pays de Waes, l'on ne peut croire qu'elles foient auffi fertiles qu'elles le font: leur fertilité eft certainement le triomphe de 1'induftrie humaine. II y a dans ce pays d'excellens paturages &l'on y éleve une grande quantité de bons chevaux dont la vente forme une branche affez confidérable du commerce d'exportation de ce pays. Ce pays s'étend fur la rive gauche de PEfcaut entre Gand & Anvers; il comprend dix-huit gros bourgs & villages dont le plus confidérable eft celui de St. Nicolas. Scs habitans font très-induftrieuj-  go Le Voyageur laborieux & actifs : ils excellent furtout dans la fabrique des toiles. Si ces toiles font moins belles que celles de Courtrai, elles leur font fupérieures pour la qualité : elles font pour la durée préférables a toutes celles qui fe fabriquent dans les autres pays. II fe fait a St. Nicolas un commerce de grains confidérable. Le pays de Waes a fes loix & fes coutumes particulieres: fuivant elles le batard qui n'eft pas adulterin hérite avee les autres enfans légitimes de fa mere. Ce pays eft gouverné par une cour de juftice qui a fon fiege a St. Nicolas: elle eft compofée d'un grand bailli , de fept hauts échevins, d'un penfionnaire Sc d'un greffier. Le bailli & les échevins font a vie & nommés par le 'fouverainAutrefois ils fe choififfoient Fun 1'autre, cc n'eft que depuis 1670 que cela n'exifte plus. Cette cour de juftice fuit dans fes jugemens la coutume du pays, & a défaut de difpofitions dans cette coutume & des loix du prince ,1e droit romain»  dans les Pays-Bas. qi Les bailli & échevins du pays de Waes font tout a la fois juges civils , crirriinels & dc police & auffi juges d'appel dc plufieurs pctites jurifdiétions feigneuriales: l'on apellc des fentences qu'ils rendent au confeil de Flandre. Anciennement le pays de Waes dépendoit du comté de Hollande & c'eft depuis 11Ó3 qu'il eft paffé au comté de Flandre auquel le comte de Hollande , fon prifonnier, le céda pour obtenir fa liberté. Ce pays dépend pour le fpirituel de 1'évêque de Gand. Le doyenné rural de Waes contient 20 paroiffes. L'on compte d'ici a Tournai fept lieues ic demie, j'y arriverai demain le foir. Je fuis, &€.  02 Le Voyageur. LETTRE X. a 1'Auteur du Voyageur. Nimport cc Oclobrc 1783., J'ai lu, Monfieur, la lettre fur Nieuport inférée dans le cinquicme volume de votre ouvrage fur les Pays-Bas Autrichiens. En faifant mention du magiftrat de cette ville, vous auriez du ajouter qu'il n'eft compofé, ainfi qu'il 1'eft actuellement- que depuis 1772., qu'il étoit antérieuremcnt plus nombreux; que fa jurifdiétion ne fe borne pas a Nieuport; que. les habitans de Lombartry & de Niemdryde y font foumis, en fuivent la coutume & font affujcttis aux mêmcs ftatuts. Le Magiftrat de Nieuport doit veiller a la confervation des dfölts du fouverain. S'il arrivé dans cette ville des ppiifons étrangers, foit de la Zclande, foit d'autre  BAurs les Pays-Bas. 93 -fart, le magiftrat doit le faire tranfpor-' ster a 1'étape & le faire mettre dans des caqucs qui . foient dc la jauge de Flandre. Aucun bailli, fergent, ou fermier des -gabelles ne peut faire le commerce dans la ville ni entrer dans le magiftrat. Nieuport eft une vicomté qui appartient préfentement a Mr. Preud'homme d'Ailly .qui fait fa réfidence a Bruxelles : il a le droit d'établir dans Nieuport un écoutette qui agit par prevention avec le bailli dc la ville pour la pourfuite des crimes qui i'y commettent, & pour les amendes encourues pour contravention aux ordonhances. Le revenu de la ville eft formé par le produit de quelques droits qui fe percoivent fur les vins, eaux-dc-vie de vins & de grains, vinaigres, bierres, fels, favons, harengs & bois a brtiler. La fixation de ces droits fe fait tous les ans & ils font pereus par le recevcur des états de la province qui chaque année en rend compte au magiftrat ; c'eft fur leur produit que  9'4 L e Voyagëtjïi devroir fe prcndre la portion de la corrtrïbution de la ville pour le fubfidc & 1'entreticn de la cour; mais, ces droits ne produifant que très-peu , la ville ne paye rien ni pour le fubfide ni pour 1'entretien de la cour. La caufe du modique produit de ces droits fe trouve dans le peu dc commerce qui fe fait dans cette ville & dans le petit nombre dc fes habitans qui n'eft aujourd'hui porté qu'a 2400 tandis qu'autrefois il paflbit 8000. La coutume de Nieuport dit que cette ville eft une notable & belle ville dotée 6* ornée de beaucoup de privileges* En 1168, Philippe, comte de Flandre, accorda a fes habitans J'cxemption de tous droits de tonlicu & autres péages tant fur terre que fur les eaux. Cette exemption a été confirmée en 1270, 1271, 1274-, i2?9» i3T5 & lS9S- Le duc Jean, cn 1410, avoit accordé a tous les habitans de Nieuport indiftinétemtnt le droit de porter 1'épée; en 1419, fon fils le duc Philippe confirma ce même droit.  dans lés Pats-Ba s. 95 Pour favoriferle commerce intérieur de la ville, il fut défendu, cn 1426, d'établir aucun cabaret hors de la ville dans la diftance d'une demie lieue. Quand un étranger vend dans la ville des marchandifes ou des denrées a un autre étranger, tout bourgeois peut, par forme de retrait , en prendre la moitié pour le même prix qu'elles avoient été rendues a 1'étranger. Tout bourgeois appellé par le magiftrat pour rendre temoignage dans une affaire concernant un autre bourgeois, doit rendre gratuitement ce temoignage. Un bourgeois ne peut dans aucun cas faire arrêter un autre bourgeois dans une autre ville que Nieuport, ni 1'attaquer devant d'autres juges que le magiftrat de la ville qui eft le juge naturel de tous fes habitans. 11 y a ici, Monfieur, deux foires franches; 1'une fe tient a la St. Michel; elle a été oétroyée en 1364; 1'autre 1'a été en 1492 & fe tient a la St. Jean. Elles ont été accordées en recompenfe du cou-  96 Le VoyaGeue. rage avec lequel les habitans de Nieuport avoient défendu leur ville. Toutes les rues de Nieuport font bien percées, elles font longues, larges & bien ■alignées; quelque«~unes font bordéesd'affez belles maifons: la place eft quarrée& affez grande. Les édifices publics font Thotel de ville, les balles qui font vaftes & fur la place, elles fervent aujourd'hui de magafin d'entrepot. L'hópital St. Jean , & les deux écoles de charité, Tune pour les filles, 1'autré pour les garcons; ces „deux écoles font affez bien dottées; mais .c'eft fur leur revenu qu'il faut prendre les fecours qu'on donne aux pauvres qui font en affez grand nombre, en forte que le produit des quêtes qu'on y fait pour eux ne peut fuffire a leurs' befoins: leur nombre diminueroit s'il y avoit plus ■de moyens pour les occuper. Les couvens de Nieuport font ceux des récolets, des annonciades, & des filles pénitentes: il y avoit autrefois un couyent de carmes & un de conceptioniftes, mais  dans les Pays-Bas. 97 mais a défaut de fubfiftance les religieux I qui les. habitoicnt onc été contraints de ï les abandonner. L'abandon de celui des •;. carmes a privé la ville du feul college qui y a étoit & elle n'a pu trouver les moyens d'en établir un autre. Son revenu muniji cipal augmenteroit & deviendroit plusconl\ fidérable , fi fon commerce devenoit plus 1! floritfant. II feroit poffible; je vais tachcr, Mr, de vous le démontrer. Plufieurs vaftes ]' magafins & des maifons tres - grandes qui fubiiitenc encore , font connoitre qu'i }\ étoit autrefois confidérable. La ville de Nieuport eft fituée on ne i\ peut plus avantageufement pour que fes ii habitans faflcnt un grand commerce; elle eft a 7 lieues de Bruges & d'Yprcs, a 4 de Dunkerque & de Dixmude, a 3 d'Of- tende & a 1 de Furnes; elle communiqué avec ces villes par des belles chauifées & , des canaux qui lui facilitent la commu- nication avec les villes plus éloignées. Un ! tranfit favorable accordé aux marchandi- fes & denrées vcnant de Nieuport, paffant Tarnt VI. Partie IL E  9$ Le Voyageuk. par les états de S. M. Imp. pour aller en France, donneroit a Nieuport une branche de commerce très-conféquente : fon port feroit préféré a celui de Dunkerque pour les objets qui devroient pafTer dans la Flandre Francoife, dans TArtois, le Cambrefis & le Hainaut, attendu que de Dunkerque il faut les tranfporter par terre & que de Nieuport on pourroit les voiturer en partie par eau, par conféquent a moins de frais que les Dunkerquois. Nieuport ou plutöt Ypres pourroit donc devenir un entrepot pour la partie feptentrionale de la France. 11 pourroit en réfulter que plufieursNégociansdc Dunkerque viendroient s'établir a Nieuport ou a Ypres. Les habitans de Nieuport font auffi actifs & aufli entreprenans que ceux des autres villes de la Flandre & du Brabant; s'ils étoient un peu encouragés,, ils deviendroient aulli bons commercans que ceux des ports oü il fe fait le plus de négoce. D'ailieurs attachés a leftr fouverain, ainft quhls le font, 1'tdée feule de  dans les Pats-Bas. 99 lui plaire , fuffira pour qu'ils fe livrent encierement au commerce, mais pour le faire avec fruit, il leur faut des moyens, en s'occupant de leur port plus que par le paffe. La rade en eft excellente; on pourroit, avec une dépenfe bien inférieure a certains calculs déja agités, rendre ce port un des meilleurs qui foit en Europe. En temps de guerre, il feroit un refuge contre les courfes des corfaires, pendant la paix il offriroit un afile affuré contre la tempête. Le canal qui conduit du quai a la mer ferpente beaucoup, ce font ces ftnuofités qui rendent difficiles 1'entrée & la fortie dc ce port. 1 L'on objeétera pcut-être que fi l'on redreffoit ce canal , les eaux de 5 a 6 éclufes qui s'y jettent , ayant un courant plus rapide , pourroient endommager le port ; les gens de Tart trouveront facikment les moyens pour éviter un pareil inconvénient. Ce qui eft pofttif, c'eft que le rcdreffement du canal confifteroit a approfondir le port & a rendre fon entrée E a  iöo Le Voyageur. & fa fortie plus faciles en tout temp*. L'on m'a affuré qu'un ingénieur de S. M. lui avoit offert de rendre le port de Nieuport non-feulement un bon port marchand , mais encore un très-beau port de guerre , fi l'on vouloit employer trois régimens a y faire , fous fes ordres, les travaux convenables. II demandoit qu'on donnat un lol fix deniers d'augmentation de paye aux foldats qu'il feroit travailler. II y a des deux cotés du canal un terrain immenfe ou l'on pourroit former un ballin pour la conftruction & le radouo des vaiüeaux, on pourroit auffi y placer des bancs d'huitres & d'écrcvilfes dont la ven te enricbiroit ceux qui les y établiroient. La principale pêche du port de Nieuport eft celle du poiflbn frais. Vingt-cinq chaloupes y font employées aujourd'hui a celle du hareng & de la morue : dix autres chaloupes feront cette année la pêche d'Iilande. Jufqu'a préfent les Hollandois Tont empurté fur nous par 1'apprêt du  dans les Pays-Bas. ïoi poiffon falé, féché & fumé; mais nous nous flattons de parvenir bien-tót a rendre le nóire aulli parfait que le leur. Je fuis,. &c, E3  102 Le Votageur LETTRE XI. Tournai ce .. . Octobre 1783. JL/ e Tournèfis , Monfieur, dont Tournai eft la Capitale , fait partie de la FlandreAutrichiene, mais non pas du comté de Flandre: il eft tout-a-fait indépendant des états de ce comté : il a tous les attributs &jouit des privilèges quiappartiennent a un état particulier. Le fouverain y eft inauguré comme dans les autres provinces & , comme a celles-ci, le fouverain fait au Tournèfis la demande des aydes & fublides : cette demande fe fait par le grand balli. ' Tournai & le Tournèfis forment "non une province , comme la Flandre & le Brabant , mais une feigneurie comme celle de Malines : c'eft un petit état particulier gouverné par deux corps; 1'un eft le magiftrat de Tournai pour ce quiconcerne cette ville & fa banlieue : ce corps de  dans les Fats-Bas. 103 magiftrats eft proprement les états de Tournai: 1'autre font les eccléfiaftiques & les baillis des feigneurs hauts-jufticiers : ils compofent les écats du Tournèfis. Les états de Tournaj font donc compofés du députc de 1'évêque de cette ville , premier feigneur (a) haut-juftieicr ,du doyen de 1'églife cathédrale,-d'un député du chapitre,. des Abbés de St. Martin &c de St. Medard de Tournai, des baillis des tcrres de Mortagne, Rumes , Warcoin , & Epierres qui font les feigneurs hauts-jufticiers du Tournèfis , d'un confeiller-penfionnaire , d'un ( a ) l'évêque, dit-on , étoit anciennement feigneur fouverain de Tournai & y battoit monnoye. On m'a fait rémarquer a 1'entrée de la cathédrale des bas-reliefs qui ont rapport a différens droits que percevoit le chapitre qui les a vendus a la ville. II y a des prébende de ce même chapitre fondées fur des impots qui fe payent encore fur le fel & le vin blanc qui arrivé par batteaux. Quelques vitrages de la cathédrale indiquent que fon chapitre percevoit les droits de péage, de pontonage , d'afibrage & de pied fourchu. E 4  *°4 Le Voyageur. grcffier & d'un tréforier: de ces trois dermers , le penfionnaire a feul voix confultative aux états , mais il n'a pas la voix délibérative. , Quand le fouverain fait une demande aux etats de Tournai pour qu'elle lui foit accordée , le confentement du magiftrat de la ville n'eft Fas fuffifanc , il feut encore que les corps de métiers qu'on nommcbannieres, y donnent aulli leur confentement : ainfi il y a dans les états de 1 ournai trois corps , la nobleffe repréfentee par les baillis des feignieurs baut-jufticiers , le clergé par Je député de 1'évêque , du chapitre & des abbés & Je tiers par Je magiftrat de la viJle & les corps de métiers. Le corps municipal de Tournai , étoit anciennement beaucoup plus confidérable qu'il n'eft a prefent": en 1667, U fut réduit a la moitié de ce qu'il étoit: il forme aujourd'hui deux chambres : la première eft compofée d'un grand prevót , de fix jurés , de deux confeillers-penllonnaires,  dans les Pays-Bas. 105 d'un procureur- général. Dans la feconde cbambre font un mayeur , fix échevins , un confeiller-penfionnaire & deux greffiers. II y a encore dans ce corps de juftice , de poiice& d'état,un tréforicr,uncontrolleur & vérificateur des comptes & cinq; confeillers affeifeurs aux finances. La première chambre feule connoit des aifaireS" criminelles , mais elle doit y appeller pour le jugement, un confciller du confeil. On voit a 1'hotel de ville,dans la chambre qu'on nomme des plaids , trois portraits : celui de la feue impératrice, Marie-Therefe , peint a Vienne , a 1'exception des ornemens & de 1'architect.ure qui font par Sauvage , de Bruxelles. L'autre de Charles-cinq , peint par le petit fils de Jacq. Van Ooft. Le troificme qui eft le plus précieux repréfente Louis XIV , fur u n cheval ifabelle : la figure eft de le Brun, ]e cheval & le payfage de Van der Meulen ; Penfemble de ce tableau eft admirable & les acceffoires n'en font pas moins fin is. E 5  ioó Le Votageur Le magiftrat de Tournai, confidéré comme juge, y adminiftre la juftice civile & cnminelle; il exerce auffi la police & eft encore juge d'apel de pluiïeurs juftices inférieures ; mais l'on appelle de fes fentences au conieil de Tournai & Tournèfis réfidant a Tournai. Cette ville eft très-oberée, iuivant ce qu'on m'a dit , aupoint même qu'il y a des rentes dont elle doit lesarrerages depuis 1735 0u 1736, ce retard de payement intéreffeprincipalement nombre de fondations: l'on dit que le revenu de la ville eft très-confidérable. S'il en eft ainfï,il ya donc un vice dans 1'adminiftration. En ce moment-ci l'on parle d'une nouvelle dépenfe tres-conféquente qu'elle fe propofe de faire : ce font des ponts tournantsfur 1'Efcaut, afin qu'en tout tems la navigation fut libre ; car il arrivé fouvent que des batteaux chargés ne^ peuvent , pendant la crue des eaux qui dure fouvent quatre mois, paffcr fous les ponts aéluels, ce qui augmente confidérablement les frais de tranlporc. lls'ob-  dans lis Pats-Bas. 107 ferve en outre une police nuifible au commerce , c'eft de ne permettre aux batteaux qui veulent traverfer la ville de pafler fous les ponts qu'a ccrtains jours défignés. Le confeil de Tournai eft compofé d'un préfident & grand bailli, de quatre confeillers, d'un fifcal & d'un procureur général, d'un greffier , d'un dépofitaire & d'un receveur des exploits : tous les biens amortis dans la ville de Tournai font foumis a la jurifdiótion du confeil qui jugeauflï de tous les cas royaux & pri vilegiés qui arrivent dans la ville , la jurifdiélion de ce confeil s'étendfur 17 villages que Louis XlV.adémembrésde la chatellenie d'Ath & qu'il a annexés au Tournèfis. L'apel des fentences rendues pour la ville de Tournai par le confeil de cette ville , fe porte au confeil de Flandre & dela au confeil de Malines; mais l'apel des fentences rendues pour les 17 villages du Hainaut fe porte au confeil fouverain de Mons. L'on fuit ici dans le jugerttent des procés les diipofitions d'une coutume qui 9 E 6  ïos Le VoYAGEtf*. ayant été décrétée , a force de loi ; a défaut de difpofiuons dans cette coutume & de celles des loix du pr.nce , l'on luit celles du droit Romain : la maniere dont l'on pro-ède aux jugemens des procés a bien befoin, dit-on , d'être réformée. 11 ya qt elques années qu'un procureur de cette ville fit imprimer un mémoire fur les réfórmes qu'il penfoit qu'on devoit faire dans les procédures : ce mémoire parut trop fortement raifonné , trop folidement redigé , on le défendit de maniere qu'il ne m'a pas été pollible de m'en procurer un cxcmplaire : il auroit mieux valu en multiplier le nombre ; ou les abus dont on y faifoit mention exiftoient &, dans ce cas, il falloit les reformer & récompenfcr celui qui les faifoit connoitre , ou il n'en cxiftoit pas & dans ce cas , en louant Je zèle de 1'auteur du mémoire , le combattre & faire votr qu'il s'étoit trompé. L'on a dit dans le tems que ce mémoire avoit été fait par un confeiller du confeil qui avoit voulu garder 1'incognito. Ce mé-  dans les Pats-Bas. 109 moiré étoit intitulé : Mémoire & projet pour empêcher , óu du moins pour diminuer les fources de divifwns & de mine entre les citoyens ; qui pourroit s'exécuttr par /orme d'cjfai dans la petite province de Tournai Tournèfis en Flandre ,préfenté d L. L. A.A. R. le 5 Septembc 1781. Jour dt leur pajjage en cette ville. Si torn cc qu'on m'a dit de la maniere de procéder ici eft vrai , il n'y a pas de pays oü la chicane excrce un empire plus étendu. Des années fe paifent avant qu'on. en vienne au. fcnd ; on demande & on obticnt délais fur délais ; on propofe excepdons fur exceptions. II y a dans le Tournèfis des terres qui font regies par la coutume de Gand , d'autrcs par la coutume de la falie de Lille; dans quelques-unes l'on fuit la coutume de Tournai , homologuée cn 1552 , & la déclaration donnée 1'année fuivance. II faut qu'un avocat connoilfe non-feulement ces coutumes, mais encore 1'ancicnne coutume de Tournai qui n'ayant pas été homo-  iro Le Voyagetjs. loguée n'eft qu'une loi d'ufage ; 17 villa* ges du Tournèfis font régis par cette ancienne coutume: il y a de plusi ia coutume du bailliage de Tournai qui n'a pas été homologuée & qu'on fuit néanmoins dans certains cantons du Tournèfis,l'on fuit auffi les coutumes du Hainaut, du chef-lieu de Valenciennes , de Renaix, d'Audenarde &de la gouvernance de Douai. La connoiffance de ces diverfes coutumes n'eft pas encore fuffifante a un avocat de Tournai,il doic favoir auffi le droit romain & des milliers de loix du prince. Cette diverfité de coutumes favonfe infiniment la chicane & les procureurs favent en tirer avantage plus que nar tout ailleurs ; le nouveau code qu'on fe propofe de donner bientöt pour abréger les procédures dans toutes les provinces des Pays-Bas Autrichiens eit attendu ici avec gr inde impatience par tous les vrais patriotes. L'on croit égalcmem que le re£ fort du confeil de Tournai fera étendu aux dépens de celui de Mons qui a trop d'arronuiifement , & ou par conféquent  dans les Pays-Bas. ril ;plufieurs années s'écoulent avant qu'un ] procés y foit jugè. II y a a Tournai un tribunal nomme , chambre des arts & métiers; ce tribunal eft compofé du grand & du petit doyen de chaque corps de métiers , d'un confeiller-penfionnaire qui rapporte les procés, d'un grefficr dont 1'oiüce eft venal. Ce tribunal connoit de toutes les contraventions aux ftatuts & réglemcns concernants les corps & métiers. L'on fait appel des jugemens de cette chambre au maycuï & échevins;la falie oü ce tribunal tient i fon fiege eft belle quoiqu'ancienne. Le plafond en a été peint par Delmotte pere, de Tournai : a cóté de la porte font deux | tableaux peints par le Boutteux. Le tableau de 1'autel eft une copie de VanDyck , peint par Delmotte , il répréfente la Ste. Vierge & 1'enfant Jefus. Je fuiSj &c  na Le Voyageur LETTRE XII. Tournai cc ... Oèlobre 1783. JL/a ville de Tournai, Monficur, a été fondée, dit-on, 600 ans avant la naiffance de Jefus-Chnft. Les premiers rois Frangois y ont réfidé : Ton y a même trouvé le tombeau de Childéric I., petit fils de Clodion , qu'on dit y avoir fondé le chapitre de la cathédrale. Tournai a été la capitale des Nerviens,& Céfar en fait mention dans fes commentaires. L'Efcaut fépare Tournai en deux parties; 1'une eft du dio:èfe de Cambrai, 1'autre de celui de Tournai. II me paroit que les fouverains devroicnt convenir entr'eux que les bornes de la jurifdidlion eccléiialtique feroient a Pavenir les mêmes que celles de la junfdiction féculicre. II eft raifonnable que les fi-.jets d'un fouverain foient foumis pour le fpiritucl a un fupérieur dépendant de ce fouverain.  e Airs les Pats-Bas. ït$ ■i Quand Tournai étoit a la France, 1'évê: que de Tournai pouvoit être fufFragant de ; Cambrai; mais depuis que Tournai eft a la maifon d'Autriche, Fon auroit dü ren•i dre fon évêque fuffragant de Malines, : comme on 1'avoit rendu en 1559 fuffraI gant de Cambrai , lorfqu'il 1'étoit de ! Rheims. Avant cette époque de 15599 3 tems oü fe fit Péreétion des évêchés de ! Brugcs St de Gand, le diocèfe de Tournai j étoit trés étendu , ayant été démembré ) pour former ces deux nouveaux évêchés, il n'eft plus refté compofé que de dix doyennés qui font ceux de Tournai, de Lille, dcLomme, deScclin, deSt. Amand, d'Helchin frangois, d'Orchies, d'Helchin flamand , de Wervick Sc de Courtrai. Ce« 10 doyennés renferment 223 cures. Tournai eft grande Sc généralement bien battie : on y entre par fept portes. Suivant vin dénombrement de 1773, le nombre des fes habitans étoit alors de 22849, difperfés dans 38iomaifons. Les habitans de 12 paroiffes de la campagne qu'oa  114- Le Voyageur nomme habitans de Tournai hors de fes murs formoient, fuivant le même dénombrement une population de 2813. Le quai qu'on a conftruit fur 1'Efcaut en 1635, eft très-beau; il eft de 1300 pas de long fur 80 de large. La eft une promenade trés - agréable formée par plufieurs allées d'arbres. II fe fait ici un commerce affez confidérable : l'on y compte 70 fortes de métiers diiférens. L'églife cathédrale de Tournai, dédiée i la Vierge , eft d'une belle architecture : l'on y voit une grande quantité de chapelles richement ornées & plufieurs tombeaux tant de marbre que de Bronze. Cette églife poffede deux tableaux de Rubens, 1'un repréfente le purgatoire d'oü des anges retirent des amcs pour les porter au ciel: la Vierge y paroit implorer pour elles la Ste. Trinité. Ce tableau m'a para ingénieufement compofé; tous les groupes font' bien liés; mais l'on a gaté ce beau tableau en voulant le réparer. Rubens  dans les Pays-Bas. tig Peftknóit beaucoup, ainfi qu'on peut le vqij par une lettre de ce grand bomme écrite au chapitre de Tournai & que ce chapitre confervc dans fes archives : 1'autre, également beau, a été auili gate par ceux qui ont voulu le nétoyer ; ce tableau repréfente le martyre des Machabées , la compofition en eft belle, c'eft la feule chofe qu'on n'a pas pu gater. Dans la même églife, l'on voit encore cinq tableaux de Mathieu van Negre; 1'un repréfente une Ste. Familie avec une gloire d'anges; ce tableau a été peint en 1623 ; la compofition en eft d'un grand fini, les enfans font tous jolis : il y a beaucoup de fineiTe dans la couleur & même beaucoup de fraicheur, mais peu d'effet & une dégradation dans les plans : on 1'a gaté en voulant le nétoyer & le réparer : les volets de ce tableau étoient peints des deux cctês : l'on a trouvé le fecret de les fendre fans les endommager, de maniere qu'on en a fait quatre tableaux : fur 1'un eft peint St. Joachim en prieres pour obtenif  n6 Le Voyageur la fécondité de fa femme; fur 1'autre la naiifance de la Vierge, fur le 3e. la préfentation au temple & fur le 4e. le mariage de la Vierge avec St. Jofeph : les têtes de ces tableaux font jolies: il y a beaucoup de vérité dans les détails, un trés grand fini fee & tranchant fur les bords, mais point de perfpective. Tous ces tableaux manquent d'effet. A cöté de la chaire a prêcher, dans la chapelle St' Louis, eft 1'épitaphe en marbre de Bonneau , gouverneur de Tournai : fon portrait & les ornemens ont été exécutés par Girardon. L'évêchë de Tournai rapporte 30000 fl. Le chapitre de cette églife cathédrale eft compofé de dix dignités & de 42 prébendes, dont 40 font a la nomination de 1'évêque & deux a celle du chapitre, favoir celles de 1'écolatre & du chanoine hotelier : l'on nomme ce dernier ainfi, paree qu'il eft par le titre de fa prébende chargé de la direction de 1'höpital. Les chanoines du chapitre de Tournai, doivent  dahs les Pays-Bas. lij ètre noülcs ou gradués. Ce chapitre poifede une affez belle bibliothèque : il y a encore dans ce chapitre 12 vicaires qui doivent être bons muficiens. Ce chapitre immenfément nche a une caiffe de deniers deftincs au payement des frais occaiionés par les procés, & dans la quelle on verfe annuellement une certame fomme, en forte que, cette caiffe étant toujours fuffifamment remplie pour i'ubvenir aux fufdits frais, les individus du chapitre nc fe reifentent pas fi le nombre des procés eft grand ou petit; fi le chapitre les gagne ou les perd. Ce chapitre eft le plus ancien des PaysBas ; il faut faire preuve de noblcife pour y être admis, lorfqu'on n'eft pas gradué & qu'on n'a pas fait un cours d'études en regie de cinq ans a Louvain. Les chanoines portent une croix comme les comtes de Lyon; feue S. M. 1'impératrice reine, Mane-ïherefe leur accorda cette marqué diftin&ive fur la quelle on voit 1'aigle impériale & le chiffre de Marie-Therefe.  u8 Le Votageur La cour fprrkuelle de 1'évêché de Tournai , eft compofée d'un official, d'un promoceur, d'un grefter & d'un commis grcffier juré. II y a a Tournai trois protonotaires apoftoliqucs. L'évèquo a aulli une juftice temporelle compofée d'un bailli, d'un greffier & d'un huiffier. Les caufes perfonnelles du chapitre de la cachédrale fe portent devant un cha- noine nommé par le chapitre pour en con- noirre. L'abbaye dc St. Martin de Tournai, eft une des plus anciennes qui foient dans les Pays-Bas Autrichiens: Pon dit qu'elle a été fondée en 656 du tems de StEloi. Cette abbaye fuit la regie de StBenoit. Les batiment en font beaux; fon églife eft grande & belle avec des colonnes ifolées, d'une affez grande proportion qui portent les doublés retomi-ées d'archivoltes. L'on a gaté cette bel'e fuite de colonnes en fermant le chceur : 1'autel du choeur eft d'une décoration rrefquine. L'on a négligé le vrai beau pour le clin-  dans us Pays-Bas. 119 quant; la ncheffe y a été employée fans goüc ainii que le marbre. II y a dans cette églife plufieurs tableaux qui méritent qu'on les examine. Celui peint par Lucas Francois repréfente St. Maurice & St. Placide; il a de Peifet & les têtes en font belles. Des deux tableaux d'A. de Vuez Pun eft St. Martin qui donne aux pauvres la moitié de fon manteau, 1'autre eft la Vierge; au bas Pon voit un abbé de Londres: ce tableau eft médiocre. L'on a gaté en le nétoyant un tableau de J. Jordaens que repréfente St. Martin fchaflant le démon du corps d'un poflèdé!Un autre tableau de J. Van-Ooft le fils, im'a fait plus de plaifir: c'eft la Vierge icouronnée dans le Gel.: Peffet en eft pii quant: tout le tableau eft bien fait. A coté U'on a placé les pénitens , tableau peint ipar WenceÜaus Coeberger;il eft dur, fee i& peu agréable. Notre - Seigneur crucifié lentre deux larrons, peint par F. Porbus ]le pere, eft fee, dur, Sc a peu de mé-  ïüo Le Voyagetjr. rite. Sur les frales lont placés des tableaux en grifaille ; ils repréfentcnt la pallion du Seigneur : ils font bien compofés , mais cn général fort foibles. La Vierge, 1'enfant Jefus & la Madelaine , peints par G. Seghers , placés audelfus de la facriftie , font deffinés avec finefle & fentiment:la couleur en eft belle & vraie , c'eft un bon tableau. NotreScigneur infulté par les juifs , eft placé dans la croix a droite; c'eft un tableau bien compofé & bien peint. Dans 1'intéricur de la maifon , j'ai vu dans le cabinet de 1'abbé plufieurs tableaux précieux , cntre autres le portrait de A. Van-Dyck fous l'habillcment d'un chaffeur qui conduit les chiens a la chaffe : ce portrait a é.ré peint par lui-mcmc , mais l'on doute fi les chiens ont été peints par lui; deux de Teniers, 1'un repréfentant une tentation de St. Antoine & un médecin; trois petits payfages peints auffi par le même ; trois tableaux de P. Nefs; 1'un eft J'intérieur de Péglife d'Anyers , les deux autres  bans le! Pays-Bas. 121 autres font auffi des cglifes; quatre batailles par Bourguignon; un Breugel de Velours ; deux tableaux par Jean H. Roofe D'otterberghe ;St. Jean danslc défert par A. Blommaert; un Momper , dont les figures de Tenicrs & d'autre payfages dont les figures font de Breugel de Velours ; 1'affomption de la Vierge par Van Baelen; deux payfages de Wildcns, un Van-Uden ; une nativité du Seigneur par Marienhof, une rite de Rymbrant , un tableau de vieraix , un autre par Quintin , un de BonavanturePceters,& un de G. Pouffin. Dans )e réfeótoire des réligeux font ideux bons payfages de Momper & fur la ;cheminée notre Seigneur conduit au calivaire peint par L. Frangois; c'eft un tableau médiocre qui eft mal compofé , peu xorrecl: & foible pour 1'effet. La bibliothèque de cette abbaye eft xonfidérable, ce qui fait fa principale •ricbeffe, ce font quelques MS. qu'on y ;trouye. Je fuis, &c. Tom. VI. Partie II. F  122 Le Voyageuk. LETÏRE XIII. Tournai cc. ... Ociobrc 1783, Cvette ville, Monfieur, eft divifée en 11 paroiffis, dont une eft dans la eathédrale ; de ces 11 paroiffes , trois lont de l'archevéché de Cambrai, il y a a Tourmi un dcyen de la chrétienté, dit de St. Brice, qui exerce la jurifdiétion de eet archevêque. je n'ai vu qu'un tableau dans 1'églife paroiliiale, dédiée a St. Piat c'eft Notrc-Seigneur crucifié, il eft bien dans la maniere de Van-Dyck, il a beaucoup de fineffe dans le delEn. Dans 1 eglife de St. Quentin , on voit fur le maitrc-autel un tableau d'A. De V'uez; il eft bien fait & repréfente la Vierge a genoux devant la Trinit'é. L'égüfe de St. Brice poffede trois tableaux, dont deux deVanOoft le fils; 1'un repréfente les peres de 1'églife qui écrivent fur le myfterc de la tranüübftantiaticn ; 1'autre eft Dieu le  kans; les Pays-Bas. i2g pere & le Sc. Efprit dans une gloire avec des anges: c'eft un bon tableau dont toutes les têtes font belles. Dans la même églife eft un tableau de l'é:o!e de R.ubens qui repréfente PArchange Michel précipitant les démens dans les enfers. üutre Pabbaye de St. Martin, il y a encore dans Tournai une abbaye de filles de Tordre de St. Auguitin qu'on nomme Pabbaye des Prets, des carmes déchauffés , des récolets, des irlandois , des réligieufes bofpitatieres de families nobles, des fceurs grilcs, des fiilts repenties , & des célèftinés. Un tres - bei étabftffgment eft celui d'une raaèfon de prêtres ou de curés valétudinaires qira fon dé dans Tournai 1'évèque Waütier de MurvR J'ai vu dans 1'églife des capucins un tableau peint par Rubens ; il repréfente une adoration des mages; c'eft une grande compofition qui produit le plus grand effet , la tête dc la V'erge eft de toute beauté , de même que celles des enfans; celle du roi, revêtu de manteau rouge5 F 2  124 Le Voyageur. eft admirable: quelques autres têtes ne font pas de la même beauté, elles font d'une couleur lourde. lors du dernier fiege un boulet a travcrfé ce beau tableau peint fur bois, mais fans lui faire d'autre mal qu'un trou régulierement rond: il a été affez bien réparé. Dans la même églife, j'ai encore vu deux bons tableaux d'A. de Vuez: 1'un repréfente St. Francois & 1'autre Ste. Clairc. II ne me refte plus, Mr., qu'a vous faire connoitre 1'état actuel du commerce de Tournai Cette ville eft on ne peut plus avantageufcment fituée pour le commerce. L'Efcaut qui la traverfe lui ouvre une communication facile avec les villes de Mortagne , dc St. Amand, de Condé, dc St. Guihtin, de Mons, de Marchiennc, de Douai, d'Arras & autres lieux d'oü les batteaux peuvent conduire les marchandifes, les grains & autres denrées jufqu'aux ports d'Oftende, d'Anvers ti du Sas dc Gand. Je fuis furpris qu'on n'ait pas encore fait conftruire a Tour-  dans les Pays-Bas. 125 nai des ponts tournans, le projet en eft > dit-on, concu, s'il s'exécutoit, la navigation ne feroit plus embarraffée une partie de 1'année. Tl y a des manufaétures de toute efpècc, des branches de commerce en tout genre, qui, étant encouragées, pourroient devenir plus florifiantes. L'on fait dans cette ville de très-bellcs toiles, elles font fines & d'un bon ufage fur-tout celles pour chemifes. Les coutils, les toiles'a carreaux, celles qui font rayées & de diftérentes couleurs foit de fil ou de coton , font trés - recherchées par les étrangers ; ainft que les bafins , les fiamoifes , les mouchoirs & généralement toutes les étoffes de coton qui le difputent en beauté & en bonté a celles de la même efpèce qui fe fabriquent a Rouen. J'aimeruis mieux qu'on fabriquat, comme a Lille & en Angleterre, des étoifes de laine également a carreaux, qui ferviroient au même ufage que les toiles de coton : on doit tirer ce coton de 1'étranger, tandis F 3 N  •j2<5 Le Vota geus. que le pays fourniroit des laines qu'on emploieroit a fa place. D'ailleurs la teinture prend mieux fur la laine que fur le coton & fe lave auffi bien. L'on fabrique beaucoup de filet, des baracants, des camelots, des calmandres, des molletons rayés & unis: l'on fait des cordons & des rubans de fil de toute elpèce, des galons de poil de chevre pour les livrées, & des dentelles. Plus de 7000 perfonnes font cmploiées a fabriquer des gands, des bas, des bonnets, des camifoles tant au métier qu'a 1'aiguille. La plus forte exportation s'en fait fur la Hollande & dans le Brabant. Les meilleures maifons en ce genre" fon: Mrs. Philippart, Pcrricr, Moyart, Pontus, Bouchcrs, Mildavaine, Mafcard & Garin. Le commerce autrefois de haute liiTe avoit la plus grande aaivité; cette branche étoit déeue de fa première fplendeur pendant queïqeu tems , lorfque Mrs. Piat Lefebvre & fils entreprirent de la renou-  dans les Pays-Bas 127 vcllcr dans un état des plus brillant. SeS tapis de picds font, par leur foree, le gotit des dcilins, la vivacité des couleurs, extrèmcmcnt fupérieurs a ceux des iabriques jantérieures que l'on appelloit Mou* quette au lieu de Mamades qui eft kur vrai tcrme. Dans eet établilferaent qu'on nomme, avec raifon, la nouvelle fabrique , on y fait des tapis dans ie goüt de ceux d'Anglcccrre & de Paris: Lrfquc j'étois a Bruxelles, j'cn ai vu de cette fabrique dans les appartemens de LL. AARoyalcs ; on en travaille aótucllement un pour S. Exc. le Miniftre qui eft dc toute beauté ; il s'en fait des envois en Amérique, en Efpagne, en Italië, en Rullie, en Hollande & en Suiife. Ces Mrs. Piat Lefebvre & fils occupent plus de 150 ouvriers a la fabrique de camelots, calmandres , failles , ferges & tiennent en outrc magaftn de toiles Manches & en couleurs. II y a aulli une autre fabrique de haute liiïcs & moncades appartenant a MrF 4  ia8 Le Voyageur Verdure; mais cette fabrique fait touiours Panden goüt peu recherché aujourd'hui- Prés de Tournai font des carrières de pierre qui fourniifent a cette ville une branche confidérable de commerce, il fe fait de cette pierre une chaux excellente qui fe durcit étonnament dans les endroits humides, aulli en exporte-t-on en Hollande une grande partie: cette chaux eft un bon engrais qui fertilife les terres. Les principaux chaufourniers font Mrs DeRallé, Detienne,Dapfens& Mildavaine'. L'imprimerie eft ici de peu d'importance, il n'y a que trois Irnprimeurs qui ont cntre eux quatre prefles. II y a quatre ou cinq Libraircs mais qui- ne font pas grand débit. II n'en eft pas de même du commerce de fïl tant cn blanc qu'en couleur qui elf très-confidérablc, quoiqu'on ne compte que 26 a 27 fikiers; mais il y en a parmi eux qui font un commerce trèsconféqucnt. Les principales maifons dc commerce  dans les Pays-Bas. ïigr font Mrs. Guekon & compagnie & M, Pauvvels. Pour la ban que, c'eft Mrs. J. B. Perrier & compagnie. Pour les aifurances pour la France & autres pays, c'eft Mrs Duvivier, Delourme, Corniüe & Dujardin. C'eft a Mr. Péterinck que Tournai doit fa manufafture de porcelaine. Si cette porcelaine nc peut cntrer en- concurrence pour 1'élégance des formes, par la richefle des ornemcns & pour le fini des peintures, avec celles de Seve & de Saxe> elle a fur elles 1'avantage de la folidité, en intérellant même le Luxe: on la préférera a celle qui fc fait cn Angleterre & en Hollande, fi Pon confidère la fabrique rélativement au commerce; elle eft plus utile pour les Pays-Bas Autrichiens que ne Peft pour la France celle de Seve. La porcelaine. de Tournai eft d'un ufage ordinaire, fon prix n'eft pas excellif, beaucoup de perfonnes peuventr en faire emplette, tandis qu'il n'y a que les gens exirêmcment riches qui: foient en état d'acheter celle de Seve,. F 15  i%o Le Voyageur. La fabrique de gazes jouit chez 1'étranger d'une réputation bien méritée; les eommandes multipliées qu'on en fait au principal fabricant, Mr. Garin, ne lui pcrmettent pas de fatisfaire tous fes commettans fuivant fes defirs. II y a auffi environ 200 autres fabriques de gazes , mais de moindre importance. Les cuirs de bceufs , de vaches fe de moutons qu'on apprète ici font très-eftimés chez 1'étranger , il en tire tous les ans une grande quantité de la tannerie dc Mr. Chafaud & de celle de Mr. RouL fel. Les chapeaux qu'on fabrique font auffi trés-recherchés. Les principaux marchands en cette partie font Mrs. Dechanj Godart fe Hebbel inck. Les arts mécaniques fleuriflent ici de même que les arts libéraux; s'il y a de bons peincres & de bons fculpteurs , il y a d'habiles ménuifïers, ferruricrs, orfêvres, &c. Le magiftrat diftribue tous les ans des médailles a ceux qui fe diflinguent dans- 1'académie du deffin oü ils font cnfeignés gratuitcment.  dans les Fats-Bas. 131 Ceux qui s'adonnent a fétude des fciences trouvent' de grands fecours pour leurs récherches dans la bibliothêque du chapitre qui leur eft ou verte tous les jours. . - II y avoit ici beaucoup de mendians , mais ils ont difparu depuis 1777 que la mendicité a été prohibée & qu'on a établi un bureau d'adminiftration en faveur 'des pauvres. Ce bureau chargé de les fécourir eft compofé de 5 adminiftrateurs, d'un fécrétairc-greffier & de quatre réceveurs. II y a auffi dans cette ville plufieurs fondations pieufes, les unes pour des veuves, d'autres pour des vieillards, des jcuncs filles & des jeunes gareons. je fuis, &c F 6  1S2- Le Vota geus. L E T T R E XIV. •dth ce.... Oaobre \-83. Parti ce matin de Tournai, Monfieur, j'ai diné a Leufe qui n'cn eft éloignée que de deux lieues & dernie environ, ainfi que d'Ath. Leufe eft du comté de Hainaut: elle eft fituée fur un petit ruilfeaü qui eft la fource de la Dendre. Cette petue ville n'oifre rien qui puiife arrêter un vcyageur. II y a un chapitre compofé d'un doyen & de 20 chanoines. Cétoit anciennement une abbaye fondée par St. Amand, qui fut 'convcrtie en chapitre dans Je n e. fiécle. C'eft le duc d'Aremberg qui eft collateur des prébendes de ce chapitre. Leufe eft de la chatellenie d'Ath qü je fuis arrivé Ie foir. Cette chatellenie ,( outre Ath qui en eft le chef-lieu, contient encore 122 villages ou bou-gs.  baks les Pays-Bas. 135 Ath eit fituée fur la Dendre a cinq lieues de Tournai, d'Oudenarde & de Mons & a 10 de Bruxelles; elle communiqué avec Tournai & Mons par deux chauf* fées. Cette petite ville écoit bien fortifiéc avant que S. M. Imp. eut ordonné la démolition de toutes les fortifications des Pays-Bas. Elle eft bien peupléc & Pon y fait un commerce affez confidérable en toiles & cn grains: fes principaux édifices font Photel de ville qui eft affez beau, Parfenal, le gouvernement, Pégiife paroiflia'e dédiée a St. Julicn & celle dédiée , a St. Martin , le college tenu par des prêtres fécuïiers , les couvens des capucin^ des récolets, des réligieufes de la madelaine, Pégiife des ex - jefuites & celle dc Pabbaye de filles de notre-damc de refugc qui fut fondée en 1234 & 'qui fuit la regie de St. Benoit, Dc. toutes ces églifes que j'ai vifitées, celle de la paroiffe de St. Julien & des récolets m'qnt offert quelques beaux tableaux : il n'y en a qu'un dans celle des  .r34 Le Votageüh. récolets: il eft ccrtainement un des meilleurs qu'ait fait P. Eyckens, furnomraé le vieux: il repréfente Notre-Seigneur crucifïé & a fes cötés la Vierge & St. Jean. Cette églife eft belle & claire ï celle de St. Julien eft recommandable par fon carillon qui eft réputé le plus harmonieux qui foit dans les Pays - Bas Autrichiens. Les autels & les ftatues qui la décorent, méritent 1'attention des voyageurs , elles ont été fculptées par Quellyn & Vervoort d'Anvers. Deux tableaux de G. Maès, 1'un orne le maitrc-autel, 1'autre eft placé; prés du jubé : celui - ci repréfente le martyre de St. Julien , il eft compofé d'une grande maniere, celui - la qui repréfente la réfurreclion du Sauveur eft compofé en grand, d'un bon delfin & d'un bel effet, toutes les têtes en font belles. II y a encore dans cette églife un beau tableau 'de Jean De Cleef; c'eft la cêne, il eft compofé avec fagefle & defftné avec correeïion : les têtes font belles & trés expreffives. Le tableau qui eft  dans les Pays-Bas. 13^ fur 1'autel dc la chapelle de la Trinité repréfente la Vierge, Ste. Anne,St.Joachim fe des anges: c'eft un bon tableau de Jacques Van - Helmont: les têtes furtout font admirables. Le magiftrat d'Ath eft compofé d'un maire, d'un officier du prince, d'un bourguemaitre, de fix échevins, d'un greffier: ils font juges civils, criminels & de police. A peu de diftance de cette ville eft un penfionnat très-fpacieux & bien bati, term par des hermites : il eft compofé d'un fupérieur , d'un procureur & de 6 profeifeurs, ils font trés - eftimès par leur bonne conduite & par leur zcle & par la bonne éducation qu'ils donnent a leurs éleves qui font en grand nombre. Cet hermitage a reeu quelques bienfaits de feue S. M. lTmpératrice Reine. Le Hainaut a pris fon nom de la riviere de Haine qui le traverfe: il a été poffedé par les Nerviens [qui vinrent s'y établir de la Germanie , bien avant la  ïS^ Le Vota geur. fondation dc Rome. CcTar parle des ha~ bitans du Hainaut cornqje d'un pcupie feroce, brave & courageux, qu'il eut beaucoup de pcine a vaincre. Augufte comprit le Hainaut dans la ie. Belpque. Le Hainaut dans fa totalité , fans diftinguer la partie qui appartient a la France de celle qui eft foumife a la domination Autrichie-.ne, peut avoir 20 lieues de longueur fur feize de largeur; il eft borné au nord par le Brabant & la Flandre, au midi la Champagne & ]a Picardie' au levant une partie du Brabant & du comté de Namur & au couchant par 1 Efcaut qsi le fépare de PArtois & d'une partie de la Flandre -Francoife. L'air qu'un refpire dans le Hainaut eft tempéré, il y eft en général plus froid que chaud, plus humide que fec: ]es terres y font fxrtiles , elles font arrofées de belles nvieres, telles que 1'Efcaut, la Sam_ brc, la Haine, la Dendre, la ïrouiïie & • Ie Honeau. L'on compte dans le Hainaut tant Francois qu'Autrichien 24 villes & 95° &ourgs ou villages.  dans les Pays-Bas. 137 Le Hainaut entra dans la maifon d'Autriche par le mariagc de Marie de Bourgogne, avec Maximilien; elle en a joui en entier , jufqu'a ce que Philippes IV & Charles II, rois d'Efpagne, en céderent une partie a la France. -Dans la partie *Autrichiennc dont Mons eft la capitale, font les villes d'Ath, de Binche, Leffines, St. Guilain , Flalle , Enghicn & Braine-lc-Comte. Dans la partie qui appartient a la France, 1'oh trouve Valencienncs, Bouchain, Condé , le Quefnoia Landrecies, Avefnes, Maubeugc , Bavay-, Beaumont, Chimay , Philippeville , Marienbourg & Fontaine 1'évêque. La poffelfion de toutes ces villes a été affurée a la France par les traités des Pyrennées & de Nimegue. Les terres du Hainaut font partie en culture, partie en bois & partie en prairies. Les meilleures font celles qui font du cöté,de la Flandre: celles qui fe trouvent entrc la Sambre & la Meufe, leur font bien inférieures, ne produifent prQ,f.  138 Le Voyagetjr .que toutes que du fc'igJe. Le houblon vient bien dans ia partie qui avoifine MonsEn genera les prairies du Hainaut font bonnes & dans les parties ou elles fe trouvent, l'on y fait beaucoup de fromages qui font excellens & dont il fe fait un commerce d'cxportation affez confidérable. Le Hainaut abonde en bois, furtout en bêtre & en chenes: la forêlt èc Mormall feule a 175Ó3 arpens de cette efpèce de bois. Dans la partie qui joint 1'entre-Sambre & Meufe, il y a des mines de fer, & depuis Quievrain jufqu'a Marimont, beaucoup de mines de charbon de terre: cela forme un efpace de rerrain d'environ fept lieues de long fur deux de large. II y a aufli danS Ie Hainaut des mines de plomb , des carrières de marbre, & de cette pierre bleue & blanche qui a tant de folidité. II n'y a pas d'evcché dans le Hainaut; il dépend pour le fpirituel de l'archevéché de Cambrai & des evêchés d'Arras & de Liege: 1'empereur pouroit en éta-  DANS LES fAYS-ÜAS. IgQ blir un a Mons pour toute la partie du Hainaut foumiïe a fa dominacion &, pour le docer, prendre une ou deux manfes abbatiales. L'on compte dans toute 1'étenduc du Hainaut 17 abbayes d'hommes, ,10 abbayes de filles, neuf chapitres de 'chanoines , & trois chapitres noblcs de "chanoineifes. De ces abbayes il y en a dans le Hainaut-Autrichien , deux d'hommes de 1'ordre de St. Benoit, une de 1'ordre de Ckeaux , deux de 1'ordre de Prémontrés, deux de 1'ordre de St. Augufrin 5 deux de filles dc 1'ordre de St. Benoit» trois de 1'ordre de Citcaux & deux de 1'ordre de St. Auguftin. Le Hainaut a un grand bailli héréditaire qui eft, ordinairement, gouverneur de la province, un grand fénéchal , un grand maréchal, un grand vencur, un échanfon, un pannctier & un grand chambellan ; toutes ces charges honorifiques font atrachées a une feigneurie : celle de grand bailli eft d'une grande importance, elle donne a celui qui la polfede beaucoup  ï 4° Le Voyageur d'autorité; un dc fes plus beaux droits 4 c'eft de renouveller tous les ans 1c magiftrat des villes fans la participation du gouverneur & capitaine général; il difpofe en outre dc tout ce qui regarde la police & la régie de la province: l'on m'a affuré qu'il avoit auffi le droit de faire grace aux criminels, quand il le vouloit. Aux états du Hainaut qu'il préfide, il remplit les fon&ions de dépuré du fouverain pour leur demandcr les aydes & fubfides. C'eft la maifon d'Aremberg qui poffede cette charge de grand bailli du Hainaut. Les droits & privileges des habitans du Hainaut , font énoncés dans ce qu'on nomme les chartres ou coutumes de cette province. Suivant ces chartres un étranger eft inhabile a polfeder dans le HaL naut aucun emploi, a moins qu'il n'y ait réiidé dix ans, & en outre qu'il foit natif d'une province oü les hatifs du Hainaut peuvent auffi poffèdcr des emplois & offices. Lors de 1'avenement du  dans les Pays-Bas. 141 fouverain , il dok, ou nar lui, ou par un répréfentant, jurer de maintenir les droits !& privileges de la province: cette cérémonie eft ce qu'on nomme fon inaugu•ration, elle fe fait a Mons, capitale du iHainaut-Autfichien. Le clergé porte proxeflionellement le corps de Ste. Waudru 'fur la grande place oü l'on dreffe a cö:té de 1'hötel de ville un théatre. Sur ce théatre eit un autel fur Icquel l'on pofe le corps de la Sainte. Le comte de Hai■naut, ou celui qui le repréfente, placé 'fur le théatre, jure fur ces réliques & [fur les évangileS 'de maintenir les droits :& privileges de la province, L'état ecclé(fiaftique & les nobles. lui prêtent enfuitte ferment de fidélité , après quoi le re[préfentant du fouverain fe rend a 1'égliIfe collégiale de Ste. Waudru oü les chamoinefles le regoivent & le mettent en jpoflellion de la dignité abbatiale, après iqu'ii a juré de maintenir les droits 8c iimmunités de ce chapitre. Les états du Hainaut-Autrichien font  142 Le Vo ya ge urn compofés dc 1'ordre du clergé, de celui de la nobleffe & de celui du tiers;Tuivant un ufage ancien , ces trois ordres fe qualfficut chacun de chambre : celle du clergé écoit très-nombreufe avant qu'une partie du Hainaut eut paffé a la France: elle n'eft plus aujourd'hui compofée que dc 17 membres, dont fix abb'és, quatre députés de chapitre & fept doyens rureaux. Les fix abbés entrent aux états, paree que leurs abbayes qui contnbuent aux charges de la province font fituées dans la province. Les quatre ch;:pitres qui envoyent leurs députés a l'afferriblé'0 des états, font ceux de Soignies, de Leufe, dc Binche & de Chimay. Les fept doyens runux repréfent :nt les curés chacun de fon diftridt & en total !e bas clergé. P ur être admis dans la chambre de la hóbleffe", il faut être iffu dc pere, ayeul, bifayeul & trifayeul nobie en ligne directe mafculine & légitime & reconnue pour telle au moins depuis ïcto ans'&  dans les Pats-Bas. 143 que 1c principe de la nobleffe qu'on prouve foit des fairs & actions fakes' pour le i'iptince ou au fervice du prince. 11 faut pi-fli que dans les quatie générations il (y ait eu deux manages contraités par les auteurs avec des filles nobles. Ceux :dont la nobleffe a été sfcquife a prix d'ar,genr , doivent prouver fix générations inobies au iieu de quatre : les uns comime les autres doivent encore prouver iqu'iis font poffeffeurs d'un fief l.tué dans lé Hainaut, fous la domination autricnxenne , & de ia contenance de 2,5 bon: niers auquel fief foit attachée la haute juitice, ou qu'ils poffedent une terre a clocher. Quant a 1'aiïiancé des filles, il faut, pour qu'elle produife fon effet, que les freres germains de ces filles puiffent eux-rncmes ètre admis aux états & aient pour cela les quaikés réquifes. Les repréfenfans du tiers état font le magiftrat, les affeffeurs & confeiilers de la ville de M ns , faifants en te tul 42 perfonn-s & de deux dé^utes de cbacane  144 Le Voyageur. des 13 bonnes villes de la province, ce- qui fait cn total 68 repréfentans. La députation ordinaire des états de Hainaut eft compofée de deux dépurés - du clergé, de deux députés de la nobleffe, & de fix députés du tiers. Des deux députés du clergé, 1'un doit être choifi parmi les abbés &. 1'autre parmi les député- des quatre chapitres. C'eft la chambre entiere qui choifit ces deux députés & leur députation dure trois ans fans qu'elle puilfe être prolongéejlus longtems, fous quelque prétexte que ce foit; mais après un intervalle de trois ans, ces députés peuvent être nommés pour trois autres années. II en eft de même des deux députés du corps de la nobleffe qui font auffi choifis comme ceux du clergé a la pluralité des fuffrages par toute la chambre. La députation ordinaire du tiers état, eft plus nombreufe; elle eft de fix mem-! bres qui font les deux premiers échevins de Mons, deux confeiilers de ville choi-  A Grand' Bafrin L Porte de BoHvex-ie, J\'ïui-aülee Ij li B - Bntfrée duBgffla enVille 21 Porte de Menin on des MsrèiMaiic C-Petit Batüii JST Porte d' Often.de / h& / / Ov Box-te de D amiJie 0 Grande Place / / . &/ E Porte de& Crok . P Ilea Grandes Halles? F IV te de Gand 0 t par 1'obligation de fe fervir, en partie, de batteliers Francais, pour tranfporter H $  1 So L E VoïASÏUB. dans les provinees metnes de S. Maj. Im-' pénale, la houille qui eft exploitée dans le Hainaut Autriehien ; 1'exportation cn eft confidérable, je fais que par eau, feulcment, il s'en exporte chaque année un millitr.de batteaux, Un battcau cn prend a la fóïs 324 000 poids de mare, Mais la grande queftion qui a partagé les opinions depuis plus de 50 ans, qu'on a propofe d'ouvrir un canal eft de favoir fi on feroit mieux de le -creufer vers Ath., pour joindre la riviere dc ia Haine a celle de la- Dendre qui fe jette dans 1'Efcaut a Termonde; ou de le conftruire pour joindre la Haine a 1'Efcaut, a unc lieue au-deiïus de Tournai, dans le village d'Antoing ; il eft aifé de démontrer la -difficulté ou plutot Pimpoffibilité du premier projet & que ce canal ne feroit utile qu'a une trés ■ petitc portion du pays, puifque toute la Flandre au-deffus de Gand, le long des rives de 1'Efcaut, qui cenfomme une tres-confidérable quantité de houille, nc pour-  dans les Pats-Bas. i$ï roit pas s'en fervir; tandis que le fecond projet feroit aifé, infiniment moins difpendicux & généralement utile a toutes les provinces: auffi fcmble-t-il qu'on ne fonge plus qu'au canal de Mons a Tournai, malgré les oppofitions que formeront toujours les états d'Aloft qui font particulierement intéreffés a dcfirer celui de Mons h Ath. Le charbon foffile eft fort abondant dans le Hainaut , les veines en font belles & nombreufes, elles ne font éloignécs que d'une a trois lieues de la capitale ; on les travaille depuis plufieurs fiecles, on cn extraie les eaux dont elles font inondées, par un nombre fuffifant dc machines a feu; & on ne doute pas que cette précieufe denrée alimente encore pendant un grand nombre d'annécs le commerce de la province : on y découvre iréqucment de nouvellcs veines , plufieurs font fituécs fur les bords de la rivierre ,de la Trouiile & de . la Haine „qui le joint a PEieaut trés de H 5  Le Votageuh • Condé: celles-ci par leur fituation font plus fructueufes, étant plus voifirtes ües lieux de 1'embarquement, pour les pays plus ou moins eloignés. On m'a alfuré que trois quarts & plus des habitans, de tous états & de toute profeffiön, ou font occupés a 1'exploitation de ce minéral, ou en tirent indiredement leur fubfiftance ; les journées des ouvriers qui durent 6 a fa 'heures , font de 10 a 20 patars, feloij la difficulté ou la force des ouvrages, & les rifques qu'ils y courent. Le charbon y eft de difiérentes quaiités, la moindre fe vend environ 12 patars & la meilleure 65 patars courant le muid qui pèfe apeu-près 900 livres poids de mare. Les vrais patriotes devroient defïrer pour 1'émulation & le. bonheur de la province , que 1'état de commer9ant y foit pius confidéré & que ceux qui y difpenfent les. honneurs & les graces,, ne dédaignalfent pas d'y laiflêr participer les citoyens aclifs, zelés &•; induftrieus qui  dans les Pays-Bas. 183 s'occupenc fagement a tirer le plus grand" parü des bienfaits , dont la nature a' favorifé leur pays; bienfaits qui feroient inconnus &- relteroient infructueux dans • le fein de la terre, fi, par fa fagacité j ; fes vkc; cette fabrique eft a Genappe a une iïëuede Mons ; fix fourneaux y fabriquent ;:continuellement un fel qui eft de la meil- tleure qualité : il a la blancheur argcnti- ne de celui d'Egypte: il fe vend 24 a .25 .Tous la livre, quand on en prend 100 ilivres. A Siraut , village a trois lieues au mord-oueft de Mons , fe trouve une 1; carrière de marbre gris veiné : j'en ai vü !; aujourd'hui des échantillons & je ne I coneois pas comment l'on en a abandoni né Texportation : celui auquel elle appar! tient, m'a-t-on dit, a manqué de moyens. II devroit y avoir dans tous les pays un 4 fond qui feroit uniquement employé a i aider ceux qui fe trouveroient n'avoir pas une fortune fuffifante pour foutenir les entreprifes qu'ils auroient commencées & qui fcroient confidérées comme devant être utilcs au public. Le même M. Depcce, dont je vous ai parlé plus , baut, vient de fe mettre a la tête de i 1'exploitation d'une mine de plomb dont  192 Le Voyaoetjx l'on efpere beaucoup. JVI. Depcce a de grandes connoidanees dans la mineralogie. Avant que S. M Imp. eut ccdé Fumai a la France, Mons en ciroit les nrioifes qu'elle confommoit ; auiourd'hui celles qu elle en tire, coutent une demie couronne de Brabant de droit d'entrée. II n'y a dans tout le Hainaut qu'une feule papeterie; elle appartient a 1'abbaye de bonne efpérance prés de Bincha 3 lieues d'ici; mais l'on n'y fabrique que du papier a écrire qui coute une couronne la rame: ce qu'on en fabrique eft peu confidérable, puis qu'on n'employe pour coiier ce papier que 500 liv. d'alun. Je füis, &c.  dans lp s Pats-Bas. 193 L E T T R E X X. Mons ce Novembre 1783. Xl n'ya pas un demi fiecle, Monfieur, que la bierre de Mons jouiffoit de la plus grande réputation : on la confidéroit comme la meilleure & la plus forte qui fe brafTat en Europe fans en excepter celle d'Angleterre & de Bremen ; Ton en envoyoit même a Paris & je crois d'y avoir eneote vü fur une enféïgne , ici Pon vend le Sirtort de Mons. Toute cette grande réputation s'eft év.no ie ; le peuple & les habitans des faubourgs de Cette ville boivent feuls préfentement de la bierre qui y eft braffée: on lui préfére généralemént la bierre de Bruxelles qu'on nomme faro , celle de Malines, de Louvain & dTIougarde, & cela, m'a-t-on dit, paree que la bierre qu'on braife ici préfentement n'a plus ni la iorce ni les quaiités qu'elle avoit au-  ÏQ4 Le Voyagetjb. trefois. Les braiTcurs, depuis environ tren-' te ans, ont adopté 1'ufage de la chaux dont ils ie fervent pour brunir leur bierre & lui donner un ceii agréable,au moyen de quoi ils emploient rnoins de grains & de houblon. Les brafleurs & cabaretiers y gagnent éga'ement ; la bierre qu'ils vendent ét.int foible, l'on en boit une plus grande quantité; ils la vendent auf-~ ft chère qu'autrefois & elle leur coute' beaucoup moins. Les bralfeurs appelk-nt bonbon cette chaux qui, bien appréciée, eft unc efpèce de poifon dont l'on devroit défendre 1'ufage. Cette manceuvre n'auroit pas lieu , me difoit hier mon höte, fi tous mes compatriotes faifoient comme moi, quand je veux avoir de la bierre , je fais germtr chez moi le grain; je fais te qu'il en faut ainfi que de houblon pour la quantité de bierre que je veux faire brafier; je donne Puh & 1'autre d mon brafeur & je lui paye tout pour la maind'ceuvre, le louage de fa cuve & le feu; je fuis préfent & ne quitte ma bierre que  dans les Pays-Bas. rc.5 quand elle ejl mife en tonneau. Ancienne^ 'ment le magiftrat donnoit un prix au braffeur qui dans 1'année avoit fait un plus grand nombre de braflins : cétoit un encouragement qui produifoit d'autant plus d'eifet qu'il étoit aceompagné de quelques marqués d'honneur qui flattoicnt 1'amour propre, cela ne fe pratique p us aujourd'hui; l'on a même mis des gênes & des contraintes; le magiitrat d'un cöté, les états de 1'autre ont des commis qui vont chaque fois qu'on veut braffer s'établir chez le brafTeur; ils y jaugent les cuves avec une attention fcrupulcufe. Un brailin doit contenir 24 tonnes & chaque tonne 80 pots, & cela pour que le bourgeois pour qui Ton braffe n'ait pas un demi pot de plus qu'il ne doit avoir & pour que la perception du droit de ville & d'état foit exactement payée, ces commis font d'une rigidité exceflive. II fe cultive beaucoup de tabac dans le Hainaut; l'on m'a affuré que plus de 400 bonniers dc terre y font employés  tg6 Le Votaceuh "a cette culture. Le commerce de tabak donne la fubiiftance a plus de '6000 citoyens; dans Mons feul l'on compte toj a 80 marcbands de tabac. Cette branche de commerce n'eft florifiante dans le Hainaut que depuis que les états en ont laille la vente libre; il y a environ dix ans qu'ils s'en font deffaifis. Mais fi le commerce de tabac eft libre , il eft fou| mis a certaines regies & certains droits: le marchand en gros, par exemple, ne peut pas vendre en détail, de même lé marchand en détail ne peut pas venere en gros , pas même une car >tte . excepté cependant le tabac 3 fumer: les mar-chands en gros pavent aux états 30 flchaque année & les marchands en détail 15 efcalins i. Le tabac en carotre paye 2 fols d'entrée & le tabac en feuilles un fou la livre. Ce qui m'ctonne, c'eft que les états' du Hainaut n'aient pas encore rendu li-', bre la labrique des eaux de vie de grains] & le commerce des eaux de vie de France ] Pcrfonne  dans les Pays-Bas. 197 Pcrfonnc ici nc peut avoir d'autre eau-dcvie que celle qu'il achète a la eantine 'des états: qu'en arrivé- t-il? une contrebande étonnante d'autant plus facile a faire depuis la démolkion des forti.fi,cations, & qui le fera encore d'avantage fi, comme on le dit, l'on détruit jufqu'aux remparts. La fabrique de 1'eaude-vic de grains étant libre dans le Hainaut, il pouroit cn réfulter une branche de commerce d'exportation confidérable qui faciliteroit aulli' 1'emploi d'une trop grande abondance de grains qui, quand la fortie cn eft défendue, reftent enfermés dans les greniers. 11 fc fait a Mons &■ a Binch une grande quantké de vinaigre de bierre & de pommes qui eft fort eftimé & qui le mérite. Les draps, les faies & les chapeaux qui fe fabiiquoient a Mons, 'ouiffoient d'une grande réputation dans tous les marchés de TEurope : l'on a employé de mauvaifes matières, l'on a négligé la Tom. VI Partie HL I  'ïo"8 Le Voyageur fabrique & toute cette grande réputation a difparu. La rivalité des Liégeois a caufé la perte de ia fabrique des faies. Les Liégeois ont eu la préférence , paree qu'ils ont donné leurs étoffes a plus bas prix. Anciennement l'on préféroit les cuirs travaillés a Mons a ceux de tous les autres pays, aujourd'hui l'on nc compte plus dans cette ville que cinq taneries qui fourniifent a la confommation intérieure dc la province; cela vient, diton , de 'ce qu'il y a moins dc befiiaux aclucllement qu'il y en avoit autrcfoisL'on vcut que les Pays-Bas Autrichiens redeviennent commercans ; l'on voudroit qu'ils aient un commerce maritime ; ils n'ont pas dc productions territoriales pour ]c former & l'on ne prend aucun foin de leurs fabriques; on les gêne quand il faudroit les laiffcr agir librement & on ne les éclaire pas quand ils s'égarent. Dans toutes les fabriques dc toile de ces pays, l'on fouilre qu'on faüé palier au  dans les Pays-Bas. 199 rouleau les toiles qui font a la blanchifferie : cela affoiblit fa qualité cn augmentant fon aunage : il en eft dc même des draps que les fabriques mettent, ce que nous apcllons, aux rames pour leur donner plus de longueur: ils cn acquièrent fans doute , mais cn perdant de leur force. Une branche très-floriffante du commerce du Hainaut , eft celle des bas au métier; il n'y a pas dans toute la province un feul village oü il n'y ait au moins un fabriquant de bas & cn général c'eft dans les campagnes plutót que dans les villes qu'cft aujourd'hui cette fabrique. II feroit a fóuhaiter que, dans tous les pays, il nc reftat dans les villes que les manufaétures & fabriques du luxe & que toutes les autres fe tinffent dans les campagnes. Les bas au métier foit de fil, foit de laine, fe vendent a trésbon marché dans tout le Hainaut: les payfans les portent de ville cn ville; ils les y vendent aux marchands en gros & détailleurs par lc canal defquels ils cirI 2  ïoo Le Votageuh. «culent dans les villes & palient dans ks •autres provinces & même dans les pays ■étrangers: la Flandre & le Brabant en ïirent beaucoup. 11 fe fait aulli dans le Hainaut une .grande quantité de bas a l'éguüle & prin•cipalcment dans les villages qui font aux environs de Tournai:: on les préfére a ceux faits au métier , paree qu'ils font plus folides: l'on cn vend unc grande quantité a Mons , a Namur & dans leurs environs. L'on m'a affuré qu'un ha-, bitant du village de Quevancamp , a quatre licucs d'ici, nommé Le Brun } faifoit tricotcr tous les ans dans les environs de Tournai plus de 24000 paires de bas de laine qui prefque tous font envoyés a Namur. S'il eft un citoyen utile, c'eft certainement ce M. Le Brun ; c'étoit lui qu'il falloit préfenter au Souverain , quand il vint dans ces provinces: c'eft lui que les états de la province devroient combler de bienfaits. J'ai été on ne peut pas plus étonné  dans les Pays-Bas. 201quand l'on m'a dit qu'on ne s'occupoit en aucune fagon dans cette province ni des laines, ni des animaux qui les produifent. Ceux qui font le commerce dalaine contribuent aulli a leur dégradation ; ils vont dans les mois de Janvier& de Février chez les fermiers ou ccnfters qui tiennent des bêtes a laine; ils examinerrt la bete & offrent un prixrélatif au poids qu'ils fuppofent qu'aura. fa toifon : fon poids ordinaire eft de 20 a 24 liv. mais après qu'elle eft lavée & nétoyce, fouvent il arrivé qu'elle n'en pcfe que dix. Le prix étant fait , fous la convention que le fermier gardera la bete & cn prendra foin jufqu'au mois d'Avril, 1c fermier n'en prend plus le même foin qu'auparavant : fouvent même il arrivé qu'il lui ré tranche une partie dc fa nourriture. L'animal fouffre, fa laine perd de fa bonté & le marchand. qui Pavöit acheté eft trompé. Le gouvernement , objeóte - t- on idevrcit deffendre qu'on fit de pareil» is  202 Le Vo-yagetjk. -marchés avaat le mois de Mars; mais ne vaudroit-il pas micux faire connoltre aux marchands dc laine leur errcur. Au refte les laincs du Hainaut nc font ni fines ni douees, c'eft la fautc du fol, cic-on, & moi je cis c'eft la fautc de la race; il faut la changcr, cela n'eft pas fi difficile qu'on le croit: on 1'a fait en Angletcrre, on 1'a fait de nos jours cn Sucde , pourquoi ne pouroit-on pas le faire avec le même fuccès dans le Hainaut? L'année dernicre l'on comptoit dans la piévóté de Mons qui eft compofée de 9.9 viilages, 221 troupeaux. Une grande partie des laincs que produit le Hainaut paife chez les Hollandcis qui , après les avoir fabriquées , les y renvoient. Un manufaélurier dc draps mc- difoit hier cue fi l'on donnoit plus de foin a I'apprèt des laincs , les draps & autres étoffes dc laine qui fe fabriquent dans le Hainaut feroient plus parfaits. Les vivres ici font cn général auffi chers qu'a Bruxelles; le beurre & les lé-  dans les Pays-Bas. 203 gumes 1c font beaucoup plus qu'ils ne dcvroicnt 1'ctrc , li on les confidèrc comme formants la nourriture principale du peuple. La chèreté aétuclle du beurre vient de cc qu'on a fait tucr il y a quelques années dans la feule province du Hainaut, plus de 3000 vaches attaquées d'Epizootic : le rémède étoit violent , mais le mal étoit prèffant. Lc carlé eft ici comme pour tout 1c lHainaut une denree de prémière nécefi:té, fur-tout pour lc peuple. M. Eloy , imédecin dc cette ville, évalue a 100 [mille livres la quantité dc caffc qui s'y ;débite chaque année au petit.poids, brüllé & moulu; il donnc cette évaluation ;dans unc brochure qu'il a fait imprimer iil y a quelques années. Ce petit ouvra[gc, ou cc faVarrt médecin examine la tqueftion médicö-politiquc , fi rufage da tcajfé eft avantagcux on nuifibk:, eft bien {fait , bien écrit. M; Eloy fc décide pour11a prohibition dc cette liqueur qui, fui-ivant lui, caufc de grands maux : il cn, l 4;  ao4 Le Voyageur confidère 1'ufage non feulement rélativement a la fanté du corps humain, mais encore a celui du corps politique. Depuis que 1'ufage du caffé eft devenu dans Mons conimun a toutes les claffes des citoyens indiftindtcment , la perception de 1'impöt fur la bierre qui étoit auparavant de 300000 liv. chaque année, eft réduite a 100000 liv. au plus. Dans les provinces Bclgiqucs, ajoute encore M. Eloy, les cLiJjes moyennes & infèrieures du peuple font rempües de gens qui ont renonce d la bierre dans leur repas & qui lui fubfiituent une chauderonnée de dccoclion de ces fè~ ves ét-rangeres, que leur familie altèrée attend avec la plus grande impatience. II y a ici une rafinerie de fucre auffi beau que celui qu'on tire d'Amfterdam, de Rotterdam & d'Anvers. A peine s'en vend-il annuellemcnt 200 liv. a Mons; il paffe - prefque tout dans le HainautFrancois & dans le Cambrcfis. Un épicier de cette ville a qui je faifois des obfervations fur la fingularité de cette  dans les Pays-Bas. 207,; exportation, tandis qu'il étoit obligé de s'approvifionner a Bruxelles ou a Anvers, : me répondit que lc fucre de cette raffineric avoit lc défa'ut dc n'ctre pas affez ■cu.it; qu'il fe rcduifoit par conféquenc en poudre & que dans les faifons humi< des, il fc convertiübit en firop : le pro- ■ priétaire dc cette rafineric n'étant pas riiiche, il nc peut améliorcr fa fabrique qui iferoit d'un grand produit, fi quelque riji chc capitalifte vouloit y prendre intérèt. La fabrique de dentelles a eu du Ifuccès pendant quelque tems ; cn 1759 ! Madlle. Rapaillcr occupoit toute 1'an.: néc 150 ouvricres a 1'efpccc dc den- ■ telles qu'on - nomme point de Valeniciennes; aujourd'hui il n'y a plus ici que ! le Sr. Delvigne qui s'en occupe, mais qui : n'emploie qu'environ 50 ouvrières. Tous les draps & faics qu'on fabrique dans la ville doivent être plombés: dans Te courant de 1'annéc dernicre, il en a 1 été plombé 3900 picces. Je fuis, &c. I 5  io6 Le Voyageur. LETTR.E XXI. Mons ce .. .. Novembre 1783. Cvette ville, Monfieur, dépend pour 3e Ipirituel de 1'Archévêque de Cambrai: 1'on y compte fix paroiffes dont la principale eft celle de Ste. Waudru: cette églife qui fut achevée, a ce qu'on dit, cn 1449, eft belle, très-grande & trcsclaire: la plupart des autels font dc marbre & de jafpe. L'on admirc fur-tout dans cette églife un tombeau oü l'on voit un cadavre rongé de vers; le jubé mérite auffi quclqu'attention : l'on y voit plufieurs ftatues exécutées cn marbre qui font bien faites. Autour de cette églife font les maifons dc trente chanoineffes qui formcnt un chapitre gouverné par les quatre plus anciennes chanoineffes. C'eft PEmpereur qui , en qualité de comte de Hainaut, nomme aux prében-  dans in Pays-Bas. 207 des qui vienncnt a vacquer; mais pour pouvoir ctre pourvu d'une de ces prébendes, il faut faire preuves de 16 quartiers de noblcife. Ces chanoineffes ne lont point de vceux & peuvent fe maner quand clies le vculent. Au chccur elles" portent une robe blanche & pardeifus un mantcau berminé; hors du chceur , elles portent 1'habit féculier: une fcule chofe les diftingue; c'eft un petit fcapulaire noir qui pend fur leur poitrine. II y a dans ce chapitre quatre chanoines qui font forains & dont les prébendesfont a la collation du fouverain.. L'églife paroifliale de St. Gcrmaih eft'-: auffi collégiale: fon chapitre eft compofé :de 14 chanoines & d'un doyen qui eft léieclif. Les chanoines de St. Germain ;viennent aux fêtes principales de 1'année :chanter 1'office avec les chanoineffes de •Ste. Waudru, dans leur églife. II y a a 'Mons une abbaye d'hommes de 1'ordre 1de St. Auguftin qu'on nomme le val des iécoliers St une abbaye de filles de PórI 6  fto5 Le Voyageur drc de St. Benoit. Les autres maifons réligieufes font celles des oratoriens, dominicains, minimes, carmes chauifés & déchauflés, récollets , capucins, bénédietines de la paix, urfuünes , carmélites , clarifTcs, fecurs grifes, fceurs noires, pénitentes, capucines, filles dc la vifitation , béguincs, hofpitaliercs dc St. Nicolas , célcftincs, filles de notrc-dame & des pauvres fóèurs. Dans féglife des prêtres dc 1'oratoire, j'ai vu fur le maïtre-autel un tableau dc Jordacns qui repréfente Jefus-Chrift attaché fur la croix ; ia couleur cn cfx belle & vigoureufe: l'on y admire fur-tout une grande libcrté de faire. Les carmes dcehaufies prétendent poiledcr un PouÜin qui repréfente une Ste. Familie, c'eft une copic. Dans 1'égïife des fceurs grifes eft un calvaire peint dr.rs Ie goüt de Van Dyck. Les céleitincs ont unc annonciation peinte par Kens: c'eft un bien médiocre tableau. Les ramparts font la feule promenade cui foit ici; ils fent bien plantcs. L'on  dans les Pays-Bas 209 travaillc a une nouvelle promenade qui fera compofée de trois aflees ; celle du (milieu fera pour les caroffes. Les plaifirs Ipublics nc font pas cn grand nombre. II y a un concert d'amatcurs oü les étranigers font bien recus &' en hiver une affez mauvaife comédie. La loge provinciale dc franc-maeons dc tous les PaysIBas Autrichiens a fon ficgc ici, c'eft le ;marquis dc Gage qui en eft le grand 1 mal tre ; elle nc s'cft pas aficmbléc depuis 1778 qu'elle fe tint a Namur: cette loI ge fe nomme la parfaite harmonie. Les 1 deux autres loges particulières qui font ■ encore ici fe nomment , 1'unc la parfaite union & 1'autre thércficnnc : les femmes critiquent beaucoup ces affcmblées ; elles nc réilechiflent pas qu'un vrai francmacon , eft un homme qui doit, ctre un bon pere, un bon mari, un bon maitre; que 1'hommc vicieux ou crapuleux, lorfqu'il eft connu pour tel, eft a 1'inftant expülfc dc 1'ordrc & déclaré indignc d'cn être membrc: U ne s'cft jamais formé  *ïo L*e Vota geur. d'aiïbciation plus utile a la focieté & furtout a 1'humanité que celle de la franchemagonncrie. Les femmes ici font d'un caraclère doux , ont dc 1'efprit & beaucoup de vivacitc; elles aiment leur mari, font bonnes meres de familie, & ne hailfent pas la parure , cllcs nc font cependant pas coquettcs ; s'il y cn a quclqucs-unes qui le foient, elles refpe&cnt affez le public pour le cacher, cllcs font même circonfpecles dans leurs écarts. Les hommes font' auffi partifans du luxe que les femmes, ils n'ont pas les goüts dépravés dulibertinage & de la crapule. En genéral 1'habitant de Mons aimc la fociété , il' eft doux, & fenfible; il eft vrai & ami fincère; & récherche & careffe beaucoup i'étranger. Le 1 uxe confond ici cn apparence les états & les profeffions. Lc bourgeois riche s'ïïabille comme 1'homme dc condition, mais le noble ne vit pas avec le roturier; fi celui - ci fait pius dc dépen-  dans les Pays-Bas, oir fes que celuivla , il eft pour lui un objet de jaloufic qu'il voudroit humilier par fes dédains. Les bourgeois feroient bien plus fages & plus eftimables fi, rénoncants aux fuperfluités du luxe , ils cherchoient a fe diftinguer du noble par le commerce. Les habicants de Mons.font très-attachés a leur fouverain ; ils ont pour lui autant d'amour que de rcfpecl; dans la jeunelie ils embraffent avec une forte de pailion le métier des armes. II eft rare de trouver ici un artifan qui n'ait fait quelques campagnes dans fa jeuneffe. Les armes de la ville prouvent combien les Montois ont, dans tous les tems, été fidèles a leurs maitres. Dans ces armes l'on voit un chateau a la porte duquel eft Un chien lionné. Les fciences & les arts font ici cultivés; il y a dc bons mécfecins, d'habiles chifurgiens. II manque cependant un collége dc médecine & une école dc chirurgie : il n'y a pas encore non plus de  2i2 Le Voyagetjr. cours d'accouchcment, mais cc qui mérite plus qu'aucunc autre chofe Pattention du gouvernement, c'cff Pétat de la pharmacie pour laqueile il faudroit donner des loix pofitives & fur-tout celles qui défendroient d'admettre au débit & a la préparation des drogucs médécinalcs quiconque n'auroit pas fait auparavant preuve de capacité. Quand 1'Empcrcur eft venu ici, un bon & vrai patriotc Mr. Carrez lc fils apothicaire lui a remis un projet pour établir a Mens un laboratoire chimyque oü un démonftrateur, nommé par le prince, donneroit des leeons gratuitcs de chymie & dc pharmacie. II me fcmble qu'on dcA'roit former lc mèmc établiffemcnt dans la capitale de chaque province. Un apothicaire de Bruxelles , nommé Van den Sande, va en faire voir la néceffité en rendant publics, dans un ouvrage qu'il fait imprimcr, tous les abus qui fe commettent dans la ventc & dans la préparation des médicamens; quand  dans les Pays-Bas. 215 eet ouvrage paroltra , je vous 1'envérrai = j'ai mandé a Dc Bel, imprimcur a Bruxelles, qui lc débitera de m'cn envoyer un i exemplaire auffi - tót qu'il fortira de preffe. La perfonne, Mr. qui m'avoit fait palier un détail, inféré dans le tome 5 du Voyageur pag. 419, fur 1'aifairc entrc M. M. Romberg dc Bruxelles, Sc M. Herries d'Oftendc, étoit mal inftruite des procédés dc M. Herries, cette Maifon jouiiïant d'une trés - bonne réputai tion.' Avant d'cntrcr dans de plus longs : détails a cc fujet; il eft prudent d'atten■ dre la décifion de cette affaire malheureufe pour M. M. Romberg ainfi que pour M. Herries: par la perte que cette première Maifon feroit obligée de fupportcr fi elle perdoit fon procés; & par . fobligation oii s'eft trouvée la feconde de pourfuivre M M. Romberg a qui les Pays - Bas Autrichiens font redcvables de Faélivité que cette Maifon a donnée au «ommerce.  £14 L E VoTAGEUl Voici le- Profpectus de rOryótographiede Bruxelles que je vous ai promis il y a quelque tems. ORYCTOGR APHIE DE BRUXELLES , CU Defcription djs^ Foftllcstant naturels qu'acciientels, dtcouverts jufqu'a ce jour dans les environs de cette Ville. Par FRANCOÏS X WIER BURTIN , Mcdccin Conf, de F. S. A. R. le Duc Charles deLonaine, Membre do plufieuïs Acaiéiwes & Scciétéi Littcraires. Volume in folio, relié en cartvn , avec XXXII Planches grayées en taille - douce, £V eniu* minées d'après nature. Prix de foufcription 48 liv. de Frar.ce. 3 e PROSPECTUS. S'il eft tm moyen de parvenir a la connoiïïanee phyfique da globe que nous habitons , & d'cn ctallir une theorie folide, ce n'elt pas en fatiguant 1'imagination, pour lui extorquer des hypothèfes ; mais en confultant]a nature , & en raflemblant des fans bien vus & bien conl+atés en aficz jrand nombre pour qu'il en rcfulte line evidence degagée de toute fuppofitiorr. Perfuadés de cette vérité tous les Savans font d'accord fur la ncceiïité des Orycrcgraphies partici licres , qui, tandis qu'elles éclairent l'Hifiojre Naturelle en géncral & fur tout celle du terrein qu'elles embraffent, doivent par leur réunion & par leur comparaifon farmer les vrais faftes dc la Nature & les fculs matériauxde la Gcographie phyflqne & de la théorie générale de la Terre. Nous avons dor.c lieu de nous natter que la tache, que nous nous foirmes impofée, de commimiquer au Public le fruit des recherches & des obfervations que sous avons faites pendant 1'efpace de dix - huil ans fur  dans les Pays-Bas. 2.15 JI'Oryctographte de Bruxelles , ne peut manquei d'en jëtre accueillie favorablement ; d'autant plus que dans fun fiecle oü nous polïcdons des traites plus op moins lintérefians fur 1'Hittbïre Naturelle de prcfque toutes les parties de 1'Europe , on sétonne avec raifon, que les IPays-Bas Autrichiens, qui ont fourni des matcriaux fi Inombrcux a l'Hiito:re ,' n'ayent pas encore payé kui Itribut au code Litteraire de la nature. Nous ne difcuterons point les caufes de cette infuiïeb'nce de nos concitoyens a 1'égard d'une etude la plus Lagréable de toutes, &-dont la néceffité eft fi univerfeli lèaient reconnue de nos jours: nous nous contenterons rd'obferver , que ce qui auroit du depuis long-teiv.s ex: citer leur auenticn, c eU qu'il n'ell peut-etre point d; I pays [lus abondant en produélions naturelles que le 1 nótre. ■ c i \ Les Fossti.es des environs de Bruxelles , qui font le ! fujet de notre ouvrage , font affez nombreux & aiïeï : varics , pour fournir feuls une prcuve prefque fuffifante de notre afièrtion : ricn ne furpalTe la rarcté de plufieurs de ces Fossiles ; rien n'elt plus digne de 1'attention des :' NaturaliÜes, par le jour qu'ils répandent fur la théorie de la terre. Les Savans dillingués de teus pays, qui 1 ont vu notre Cabinct , & dont plufieurs nous honorent d'une amitié particuliere , nous raffurent contre tout reproche de pariiaiitc en faveur de notre patrie fur es - point , par le défir unanime qu'ils témoignent, de voir paroit.-e cette Oryctographie , qu'ils ont jugée de toute facoti nécefiaire , non feulement par elle - menie , mais auffi rélativement a 1'excelicnt Ouvrage fur les Pétrifications de JVakh & de Knorr, auqucl le notre forme trae fuite fi ittdïfpenfable > que ceux qui poffedent celui - lii , ne peuvent fe palTer de celui - ci, s'ils veulent < completer 1'Hiftoire Na urclle des Pé'.rificatioiis. On en fera convaincu quand on faura, que, quelque confidérable que foit la colleöion publiée par ces Auteurs, il y 1 nunque au-dela de ccxx objets de ceux que nos PlanI ches renferment .• encore ofons nous efpérer que le pe| tit nombre que nous avons en commun avec eux, dé: oofera cnticreiucnt en notre faveur. I Comme le peu d'éteridae de ce Profpectus> deftinc a \, être envoyé par la Polie , ne nous perfnet pas d'cntrer ji en dc.ail "fur 1'Cuvrage meme , nous nous' bornerons *  2i 6 Le Voyageub. dire , que, dctachcs dc toute hypothefé, nous offiirons des tableaux avoués par la nature ; nous préfenterons oes laus vcnhes par rlous-mêmes ; nous en tirerons des con.cqucnces , mais immédiates & néccflaires ; nous ne touche: ons en aucune fagon. aux onfequtnces eloignees & hafardces, que chaque 1 hyficien pourra cn déduire a fa maniere; nous cclaircirons des poims donteux; nous combattroas des erreurs recues; nous donnerons des dcfcnptions claires & détailfées des objeis, a chacun des quels nous affi nerons fa vraie place dans la diltribution méthodique des Fossiles : en un mot nous tacherons de rendre notre ouvrage auffi utile & aulli inihuéhf, que la niaticre fc: bic le ptömettre. JNous ioindvons ici un appcrru des principaux obiets reprefentes fur chaq ie planche , pour donner aux Natnraliües une idéé fuperficielle de 1'ouvrage , qui renï'ermera complctement tout ce qui a été découvert jufqu'ici dans les environs de ce'te ville ; tous ceux qui s'r occupent de 1 hiüoiie ua;ureJ]e s'c ant émpreffés a nous communiquer les Fossiles qui manquoient a notre propre collection H 1 La Ie. Planche renfeme les parties rélatives aux têtes des poiffons ; emr'autres la fuite la plus complete des Glofiopetres : une fuite de Crapaudines & autres üents; une grande défenfe; une i achoire de prondeut essR te qui rend cette planche fur-tout intcreflante eft un ra^elier compkt tres - fingulier d'u.i poifion des Indes, & fes diftérentes parties détachecs & pétrifices. La He. I-lanche, outre plufieurs objets qui font la continuation de la première , préfente des mfchoires i avec leurs deins ; un offernen: fingulier de la tête d'un poiilon ; une dent de fcie d'efpadon ; diftérentes vertebres; une partie du fquelette d'un ferpent de mer longue de plas de cinq pieds ; une queue de poifibn ïfolee; un grand aiguillon de la queue d'une raie : un CMbe entier & un éculTon de tortue. La Ille. Une tres-grande vertcbre , & un Poissoit Lune péirifié , fans étre appuyé fur aucune pierre • niorccau unique. La IVe, Le fquelette d'un poiiTon plat, long de iS pouces & demi de France , large de u & demi , enticrement en reliëf fur une pierre calcaire fabloneufe. Ce • «orceau eft le plus beau qui fok connu en ce genie.  dans les Pats-Ras. 217 La Ve. Une Tortue pétrificc , bien entic-e , lon ue de "15 pouccs de France, latge de 11 & de/ni, & plufi.urs productions poK pict'.s mtcreflamcs La Vie. Outre des Serres de Crabes oh de Homards, des offTets d'Etoiles de mer > des Ourfins peu cnmmuns & quelques- unes de leurs po'ntes, pre rente plufieurs pétr ifications ties-rares & inconnues. On y a joint, pour templ r Ia planche , un tres - beau Buccin converti en Sardorne , dont le noyau elt ca'.caire, da:.s un gres ferrugineux La Vlle. Un fè.perbe groupe de Spa'agoides, pas dê poulün , dans une pierre calc itre fablonneufc. La Ville. Une fuite de Coquilles vraiment pétrifiées, tant Hvalves qu'uHvalvcs. La IXe. Deux tres-beaux Groupes formés par un amas de coquilles pétrifiées. La X, XI & Xlfe. Renferrnent une fuite de Groupes magnifiques, for ics chactin par une efp:?vfvin' XXlV' XXV' XXVI,XXVII,XXVIII & AXIXe. renferment une fuite auffi neuve qu'intére'fiante de laneres ou Tarets , qui offre plufieurs variétés inconnues aux Naturalrftea jufqu'a ce jour. 1'our ne pas entier dans un trop long détail fur un fujèt fi riche, nous dirons-feulement , que tous les morceanx préfehtent autant de groupes variés par leurs fomtes, par les bois qtuls occupent, Ik par les accidens qui les accorapagnent: il en elt plufieurs qui préfentent 1'ariimal menie pctrifie & parfaitement entier. La XXXe. offre un vrai phénomene foffile , favoir, une grande noix de Coco pérrifiée tres-dMtinéte & bien confervée , avec Ia plus grande partie de fa coque ou enveloppe Mainenteufe; mie petite noix de Coco dépoiullee de fa coque , & un éclat de bois en furine de Ralagmne tres - fingulier. La XXXIe Un raorceau de bois dont une partie eft devenue ssbelk; un autre tuut grumelé par la putréfaction; un troilicme criblé par de petites taiicres, & une empreinte remarquable de bois. La XXXIIe. enfin contient encore plufieurs bois intereüans , entruutres des branches & racines enfermées dans des pierres de fable . ou gres grofliers Vingt - trois de ces planches font deja gravées ; les autres occuperont fans interruption deux Aniltes , qui, par la douceur de leur taille & la fermeté de leur buan , reumffenc les fuffiages de tous les connóiffeurs 11 nous reite a dire, que nous n'épargnerons rien pour donner a notie travail toute Ia oerfeftion ooffible : nous avons pr.s le plus grand foin pour la vérité & ' 1 cxachtiide des deffins , pour la beauté de la gravure & pour 1 arrangement méthodique des planches • nous en ferons de menie nonr IVnlnmin,.™ i.— i„ „„,,;„ t.. poc-raphique & pour Ie choix & la blancheur du papier, dont Ie format fera au moins de la grandeur de celui de 1'édition Franc, ife de JValch & de Knor,- : auffi . jonunes-nous perfuadés, que notie ouvrage convaincra . le Public du fucccs de nos efforts. C'elt dans cette vue que nous faifons enltuuinei un exeiuplaire de chacune  dans les Pays-Bas. aio ■de nos planches, a mefure qu'elles font achevées, pour que rinfpecT.on de ces moccles puifl'e donner unc- idéé préliminaire des rcila.ncs a ceux qui deltieront en piendre connoifiance a/ant d; foufcrire. Ils trouveront que la gravure ne peut que gajner a être comparce -avec tout ce qu; r, parit fur cette par'.ie de l'Hiltoire -Naturelle, & que I'cniu ninure elt dirigée de maniere a aiAgmenter la reflïüiblance au lieu de la détritire , comme il n'arrive que trop fouvent. L'oityrage paroïtra dans le courant d'Avril 1784 , a moins quil ne foit reiardé par quelque obüacle impré.vu. La fo fcriprion, qui eit dc 48 livres dc France, ne • reftcra oüverte que jufqu'au derniev Mars de la même année. Ceux qui n'auront pas foufcrit payeront Co liv. ; par Exempiaire. Les Soufcripteurs font priés d'ajouter leurs türes & quaüfications a leurs noms , afin que nous puiffions les inferer dans la lilie des eoufcriptcurs , que nous joifldrons a 1'Ouvrage : nous défirons même que ceux d'cntr'êux, qui pollcdent des calfincts , cn infttuifent le Public par cette voie , afin de fuppléer par-la en quelque facon a 1'inexaflitude des Lilïes des Cabinets d'I.urope qui ont'été pübliées jufqu'ici. On pourra foufcrire , cn affraochilïant les lettres *c 1'argent, a Bruxelles chez 1'Auteur; a Gand chez Mr. "Jacobs Profeilcur'eri Chirurgie, a , nvers chez Mr. An - dré Colins Vyothtcaiie ; & a Macüricht chez Mr Loyens , Né t. rue lc petit Foflé. On pourra cgalemént foufciire, en affranchiffant de même , a chez Tous ceux, qui auront pris leurs foufcriptions dans les l'ays - Bas Autrichiens, recevront leurs exemdaires francs de port dans la ville oü ils auront foufcrit , & ne devvont payer le prix de la foufeviption qn'au mament oü 1'onrrage paroitra: mais ceux qui prendront leurs foufcriptions cn Pays étrangers devront payer 6 livres de France en foufcrivant & 42 livres quand Touvrage fera arrivé dans une des villes nommces ci-apres, qui devra être défignée au bas de chaque cn agement ; l' utcur s'obliieant a livrer les excmplaires francs dc port & de droits, au chpix des foufcripteurs , a Paris, a Nancy, a Bafie, a Francfort, a Cologne 011 a Flailein.- & a faire annoncer par les journaux & les gazettcs le tems 011 1'ouvrage fera expédié pour lefdites villes.  s2q Le Voyageur. Telle eft 1'annonce moJeftc du plu» bel ouvrage qui fera jamais forti ci'aucu-1 ne preile dans les Pays-Bas Autrichiens! & qui va faire époque dans la littératu-j re be'gique. Je crois pouvoir dire modfet paree que la gravure & 1'enluminure desl planchesquc j'ai vucs,furpaifent de beaucoup} tout ce qui a paru en ce genre , & paree 1 que 1'auteur, qui fe fait amant admircr par} fa maniere d'écrirc que par 1'étendue de fes j connoiilanccs, a coniié a un de més amisl qu'il remplira dans le cours de fon ouvrage bien au-dela de ce qu'il promet dans fon Profpectus; fur-tout qu'il y donnera une thédrie lumineufe dc la formation des pier- | res & qu'il y démontrera la vtaie caufe, fi] long-tems difputée, de 1'exiftence des fof-| files innombrabies dont la majeure partie j de la terre eft couverte, dc faeon que fon j travail fera égalemcnt utile pour tous les pays , tant pour 1'hiftoire que pour les fciences. Je pars demain pour Namur, en paf-J fant par Charleroi oü je ne m'arrêterai' qu'un jour. Je fuis, &c. Fin de la troifieme Partie.  LE VOYAGEUR DANS LES PAYS-BAS AUTRICHIENS, o u LETTRES fur fetat actuel de ces Pays. Felix qui potuit rerum cognofcere caufas! VlRGILE, TOME SIXIEME Qjiatrieme Partie. A AMSTERDAM, chez Changüion , Libraire. On en trouve des Exemplaires chez JE. De Bel, ImprimeurLibraire, a Bruxelles. M. DCC. LXXXIV.   LE VOYAGEUR DANSLES PAYS-BAS AUTRICHIENS. LETTRE XXII. Charleroi ce Janvier 1784. AiNSi que j'en avois été prévenu , cette ville , Mr. , n'offre rien qui foit digne d'exciter la curiofité d'un Voyageur: elle eft'fituée fur la fambre, a 8 lieues de Mons, a 6 de Namur & a 10 de Bruxelles. Charleroi n'étoit, avant Pannée 1666, qu'un village nommé Charnoy qui doit , K 2  224 Le Voyageue. fon agrandiffement au marquis de CaftelRodrigo, gouverneur alors des Pays-Bas, il en fit une ville & une forterefle qui a paffé fucceffivement aux Efpagnols & aux Francois; ce n'eft que depuis Fan 1748 qu'elle appartient a la maifon d'Autriche a qui elle fut rendue démantelée par les Francois. La ville eft divifee par la Sambre en haute & baffe ville, la haute a deux portes, 1'une nommée la porte de Bruxelles & Fautre la porte de France: en fortant de cette derniere, on defcend a la Sambre pour la paffer fur un pont qui conduit a -la baffe ville,-fituée fur le territoire de la principauté de Lic-ge a qui elle appartient. La haute ville dépend, pour le fpiri•tuel, de Févêché de Namur. Sa principale églife & paroiffiale eft fous Finvocation de St. Louis & de St. Cbriftophe. C'eft un monument qui fut érigé en 1669 par les ordrcs & la bieniaifance de Louis XIV. Roi de France.  dans les Pays-Bas. 225 Le clergé régulier confifte dans une maifon de capucins. Le magiftrat de Charleroi eft compofé d'un bailli , faifant auffi les foncs tions de mayeur, de fix échevins, regie de St. Benoit. Elles nc furent fécularifées que fur la fin du 13e. fiecle. Ce chapitre qui eft fous 1'invocation de St. Pierre, & dont St. Amand procura la fondation , eft compofé de 17 demoifel- ■ les fous une abbeffe féculiere; de 8 chanoines & de quelques chapelains quj K 5  230 Le VoïageuS. chantent 1'office divin avec les chanoineffes ; mais ils font dans le fanctuaire & les dames font dans les; Halles. Ils n'affiitcnt point aux chapitres & ne vo* tent pas aux élections. On trouve dans ce comté onze abbayes d'hommes & fix abbayes de filles. Les abbayes d'hommes font St. Gerard, Gembloux , Waulforc, Buncffe , GrandPrez , le Jardinet, Moulin , Villers , Nizelles , Floreffe fur Sambre, & Geronfart. Les abbayes de filles font Argenton, Marche - les - Dames , Salzinnes, Soleilmont , Solieres & Wauthier - Braine. On compte fept bailliages favoir , Namur, Waffeige, Foix, Fleurus, Bouvignes, Sanfons & Poil-Vache. Les États de Namur font compofés du clergé, des nobles & du tiers état. Le clergé confifte dans 1'évêque de Namur, qui eft auffi abbé de Broigne dit St. Gérard> dans les abbés de Waulfort, de Grand-Prez, de Moulins, du jar-  bans les Pats-Bas. 231 dinet, de Boneffe, de Floreffe & de Geronfart, & dans les prévöts des chapitres de Walcourt & de Sclayen. Pour être admis a Pétat noble, 1'afpirant doit prouver fix générations de nobleffe paternelle, y compris le premier annobli, il doit. également faire preuve qu'il poffede en propre unc feigneurie avec haute - juftice & un bien au moins de quatre charrues de labour: il doit auffi faire confter qu'il n'eft pas natif de quelque province de laquelle on exclut de 1'état noble les perfonnes natives de celle de Namur. II eft d'ailleurs défendu de reccvoir les nobles qui font au fervice d'un prince étranger , ou ceux qui ne font pas nés fujets de S. M. a moins qu'ils n'en ayent obtenu une difpenfe du gouvernement. Le capitaine & bailli du chateau Sanfonsj le prevót de Poil-Vache , le chatelain & bailli de Montaigle, le maire de Foix, le bailli de Vieuville, & de Fleurus j le bailli de Waffeige & le bailli de K 6  232 Le Voyagetjr. Bouvignes , aucrement dit, bailli d'Eritre Sambre & Meufe font pareillement membres des états & ont leur voix dans 1'ordre des nobles, de même qu'un député particulier de chacune des villes de Fleurus, de Walcourt & de Bouvignes: tous ces officiers tiennent leurs places du Souverain. Le tiers état eft compofé du magiftrat de la ville de Namur qui confifte dans un mayeur, fept échevins dont deux nobles admiffibles aux états, deux gradués en droit & trois notables bourgeois, un bourguemaitre qui porte auffi le titre de premier élu , un greffier & un lieutcnant-mayeur. A ce corps , ainfi compofé, fe joint un fecond élu, un greffier-élu, quatre jurés de la ville & le mayeur du metier des fèves; toutes ces perfonnes forment enfemble le tiers état & interviennent aux affemblées générales. Chaque ordre ou membre des états a deux députés qui , a 1'intervention du  danS' les Pays-Bas. 233 confeiller - penfionnaire & conjointement avec le gouverneur de la province ou fon lieutenant, exécutent les réfolutions des affemblées générales & font chargés de la direétion des affaires de cette adminiftration. Les députés du clergé font choifis par les membres qui le compofent, a la pluralité des voix de ceux qui font- préfens a la délibération. Tous les membres du clergé j nommés ci-deffus, font éligibles, fauf que deux abbés de 1'ordre de Citeaux ne peuvent être choifis pour fervir enfemble comme députés du corps éccléfiaftique; mais, avec un abbé de 1'ordre de Citeaux on en doit choifir un de 1'ordre de St. Benoit, de 1'ordre de Prémontré, de St. Auguftin, ou bien 1'un des prevóts de Sclayen ou de Walcourt. Les députés nobles font auffi choifis par la pluralité des voix des membres préfens a la délibération dans 1'affemblée générale de la nobleffe, & ces députés, de même que ceux des eccléfiaftiques, ne  £34 Le Voyageur. doivent demeurer en fonétions que Ie fcérme de fix années, paifé lequel tems ils ne peuvent être choifis ni être continués. Quant aux députés du tiers état, comme ils n'interviennent dans les aifemblées que dans les cas oü il s'agit de délibérer fur quelques points de régie commune aux trois membres, il n'a point de députés fixes; mais dans le cas d'une convocation d'afTemblée des députés des trois membres , le mayeur de la ville, comme chef du magiftrat , choifit & commet pour cette fois deux échevins qui interviennent dans cette aflemblée, y entendent la propofition & la rapportent au magiftrat; fur la délibération , les membres députés fe rendent a 1'affemblée des trois membres pour y porter la voix du magiftrat. Le confeiller - penfionnaire qui eft en même temps greffier des trois membres, intervient dans toutes les convocations , y fait le&ure & rapport des réquêtes &  dans les Pays-Bas. fig£ mémoires préfentés a Paffemblée felon la diftribution qui lui en eft faite par celui qui y préfide &, tant fur les matières que toutes autres qui s'y mettent en délibération , il doit donner fon avis confultatif, enrégiftrer les réfolutions qui y font prifes a la pluralité des voix , former les répréfentations, lettres, écrits , mémoires & généralement tout ce qui •eft dépendant & rélatif a la régie & au fervice des états. La juftice fupérieure étoit adminiftrée autrefois dans le comté de Namur par les Pairs. En 1491, Jean de Berghes, gouverneur de la province , y établit un confeil au nom de 1'empereur Maximiiien, & eet établiffement fut confirmé par lettres patentes de ce monarque & de 1'archiduc Charles fon petit-fils, le 26 février 1509. Le confeil eft compofé aujourd'hui du gouverneur de la province, d'un préfident , de fix confeillers dont 1'un eft en même temps procureur - général , d'uja  236 Le Voyagetjiï. greffier & de trois fécrétaires. Ces troisplaces de fécrétaire ont été crées en 1759. Le gouverneur qui eft chef du confeil peut y affifter quand il le juge a propos , mais il n'a voix délibérative dans aucune affaire & la femonce. appattient toujours au préfident, mème en préfence du gouverneur. On appelle au grand confeil de Malines des fentences rendues dans les caufes civiles par celui de Namur , mais il n'y a point d'appel de fes jugemens définitifs en matière criminelle , portant peine capitale ou corporelle, baniffement perpétuel ou condamnation a la torture, non plus que des fentences interlocutoires en matière de débats, difpofés a peine capitale ou corporelle. II y a une autre jurifdicftion qui eft celle du bailliage des bois, elle connoit de tous les dégats & excès qui fe commettent dans les forets du fouverain. Je fuis , &c.  dans les 'Pats-Bas. 237 LETTRE XXIV. Namur ce Janvier 17 84. \ j E comté de Namur, Mr., eft une des provinces des Pays-Bas la plus abondante en mines & forges de fer ; la produclion de ce métal eft la branche la plus importante de fon commerce. On y compte 30 hauts fourneaux en adivité , indépendamment de dix autres qui fe trouvent au voifinage, dans le pays de 'Liège, mais appartennnts a des maitres de forges du comté de Namur oü ils font tranfporter la gueufe pour y être affinée. 48 Affineries font occupées aux vingttrois fourneaux, ou, pour mieux dire , vingt-deux ; car il en eft un qui ne fert qu'a produire diflerens ouvrages en fer coulé. On eftime le produit annuel de ces forges a environ cent dix mille quintaux de fer battu , dont une partie eft  «g8 L E VoYAGETJR. confommée en eet état, dans le Brabant & la Flandre; 1'autre convertie en cloux de toutes efpeces qui s'exportent en France. ^La fituation des mines, les courants d'eau pour 1'établiffement des forges &: ufines , 1'abondance des bois & des fo~ rêtS', dont la plus grande partie appartient S S. M,, enfin la proximité de la; riviere de Meufe pour les tranfports rendent ces entreprifes très-avantageufes.. '. Pour .leur encouragement, les fouverains; ont en'dilférents temps accordé des pri-vilèges & des chartcs3 non-feulement aux: t entrepreneurs, mais encore a routes per-'fonnes qui y feroien.t employees, que: Pon nomme le corps 'des Fcrons; le der-. nier. reglement, qui fert de loi, eft de 1'année 1635. Qui que ce foit ne peut être employé aux mines, forges, ou autres ouvrages en dépendants, qu'il n>ait prêté ferment, entre les mains du mayeur des Ferons, de fe conformer en tout aux regiemens. Tout mineur quelconque ayant  dans les Pats-Bas. 239 fait le ferment ci-deiïus, & autorifé par écrit par un maitre de forges, peut iaire des recherches & ouvrir des mines de fer dans quelque terrein que ce foit, fans que lc própriétaire du fond pui fleren empêcher; mais fous les conditions qu'il payera a celui-ci le dixieme dc la valeur du minéral qu'il en extraira. S. M. a Tellet d'encouragcr de plus en plus ces fortes d'établiifemens, fournit gratis aux entrepreneurs tous les bois nécelfaires a 1'étanconnage des o.uvrages fouterrains, & pour chaque marteau , fix arbres de bois de hêtre annuellement, pour leur fervir de manche de marteau & de reflbrt; tous les bois font pris dans les forêts de S. M., & aflignés par fes officiers fur la demande qui leur en eft tai* te : fe contentant de procurer par la le bien de fes états & la confommation des bois qu'elle pofföde dans ce comté; ils font divifés en coupes de 18 années, & vendus par adjudication au' plus offrant. Les mines de fer font toutes en cou-  240 L E Vo TA6EUR. ches plus ou moins inclinécs; les minérais que l'on en excrait, varient beau^ coup entre eux, quoiqu'on puiiTe les confidérer pour la plupart comme des ocres jaunes & rouges, plus ou. moins durcis; les uns raTemblent a du gravier s & en ont la forme, d'autres font en morceaux détachés de diftérentes groifeurs ; il en faut pourtant excepter une efpèce qui eft totalement rouge & compofée de petits globules réunis entre eux , d'une confiftence fort dure. La qualité des minérais produit en général un fer caCant a froid, ce qui lui a fait donner le nom de fer tendre; on Pemploie avec avantage pour la fabrication des cloux, & il s'en exporte beaucoup dans le pays de Liège pour eet ufage; car les minérais qui y font extraits, donnent un fer très-doux & liant, que l'on nomme fer fort dans ce comté oü l'on en fabrique une grande quantité de même efpèce, avec les gueufes. Un fourneau produit en général, tou-  dans les Pays-Bas. 241 tes les 13 a 14 heures que 1'on fait la percée, une gueufe péfant environ 2,0 a 21 quintaux. . Les foufflets dont on fe fert, foit aux fourneaux, foit aux forges & chaufferies, font de cuir, & fimples,ou a une feule ame; on ne connoit point du tout dans .le'pays ceux de bois, les marteaux font montés a 1'ordinaire; mais ils ne pèfent qu'environ 5 quintaux. On tranfporte beaucoup , par la Meufe fur la Hollande, de ce marbre fi communément employé en Hollande oü il eft connu fous la dénomination de marbrt de Namur. Plus cc marbre fe trouve éloigné de la furface, plus il eft beau & compacte, & alors il eft d'un gris-bleu foncé. II ci.re les teintes du clair au foncé, fe il eft rempli de pétriScations, telles que des entroqucs, des fungites, de petites Oithocératites. Mais en général le territoire de ce comté ne produit que le marbre d'un gris-bleu & noir au poli; car celui connu fous le même nom chez  £42 Le Voyageus. les marbriers Hollandois & qui eft rouge avec des veines blanches eft extrait des carières de St. Tron & proche de Louvain. Lorfque ce marbre de Namur nc mérite pas lc poli pour être employé aux ufages d'ornemens, on en fait encore de la chaux fort bonne & fort blanche. II fe fait auffi dans ce comté un commerce confidérable & trés - lucratif de la calamine. La pierre calaminaire fe tire a trois lieues de Namur; a une demi-lieue , & fur la rive gauche de la Meufe, aux environs des petits villages de Landenne, de Velaine & d'Hayemonet. Hayemonet fournit de Ia calamine a une profondeur médiocre: on n'y emploie point de machine a épuifer. Cette calamine eft auffi bonne que celle des deux autres villages, mais en moindre quantité. L'extraclion de la calamine, fe faiq comme celle du charbon de terre.  dans les Pays-Bas. 243 La calamine. eft une efpèce de zinc* Subftance mctallique-bleuütre, plus dure que le bifmuth , & qui a la propriété de s'allicr avec le cuivre; alliage qui produit le cuivre jaune & le laiton. En mêlant une certaine dofe de cuivre rouge , du laiton & du zinc , il en ré fuite un beau mé tal qu'on nomme tombac. comme le zinc aigrit le cuivre, il n'en faut point meier une . trop grande quantité avec le cuivre rouge, ft l'on veut avoir un métal duétile; & comme il eft volatil, il ne faut pas laiffer long-tems le tombac en fufion, fi l'on veut éviter qu'il devienne cuivre. On calcine ordinairement 14 a 15000 pefant de calamine; on y confume quatre cordes & demie de bois, & environ une banne de charbon; la banne eft une voiture qui contient 25 vans ou iS queues ; la queue eft de deux manes ; une banne fe vend communément 16 florins : pour faire une banne de charbon , il faut au moins 6 cordes de boisj  244 Le Voyageur. chaque corde cotite, rendue a Namur , io efcalins. La calamine étant calcinée & refroidie , on la nettoie ; on fèpare les parties qui fe trouvent brülées, les pierres & les autres corps étrangers qui peuvent s'y rencontrer; on la renferme enfuite dans des magafins bien fecs, & a portée du moulin oü elle doit être écrafée. On mêle la calamine de la montagne du Limbourg avec celle de Namur: la première vient toute calcinée & nettoyée, elle eft plus douce & plus produétive que celle de Landennc , mais elle eft auffi trop graffe; de forte que fi elle n'étoit pas corrigée par ceile-ci, les ouvrages qui en feroient formés,fe noirciroient , & ne pourroient fe nettoyer qu'avec peine. Sur 60 liv. pefant de calamine , on y mêle 15 a 20 liv. pefant de calamine du Limbourg. Cette matière bien triturée, & palfée au blutoir, joints a 35 liv. de rofette , ou cuivre rouge, & a 35 liv. de vieux cuivre ou de mitraille,  dans les Pays-Bas. 245 mitraille, doit produire une, table de 85 a 87 liv. pefant. En 1726. S. M. 1'Empereur Charles VI accorda plufieurs privileges aux fondeurs & batteurs de cuivre de la ville & province de Namur. Ces manufactures ont eu le plus grand fuccès, & les artiftes qui les conduifent ont un débit confidérable & affuré' des pièces qu'ils travaillent. Le plomb eft encore une produélion territoriale dc ce comté. L'exploitation s'en fait a Védren , proche la ville de Namur. Ce plomb eft cftimé & auffi recherché que celui qu'on tire de Ulm en Angleterre & de Hambourg en Allemagne: comme le plomb eft un mé tal très-pefant, les mineurs le coulent dans des lingotieres, pour en former ce qu'on nomme des Saumons qui ont un pied & demi de long fur 8 pouces de large & qui pefent environ 140 liv.: le pied cube dc ce mé tal pèfe 828 liv. On prétend que toutes les mines de Tom. VI. Partie IV.' L  246 Le Votageue plomb, & no tam ment celles dont les cübes font en petits grains , contiennent de Pargent en plus ou moindre quantité. Le plomb fe trouve ordinairement par filons fuivis, qui font plus riches a mefure qu'ils s'enfoncent plus profondement en terre; on en rencontre auffi par maffes détachées & leurs variétés font nombreufes. On avoit établi en 1759 a Védren une manufaéture de couperofe qui alloit au pair de celle d'Angleterre , étant d'un beau verd tranfparent, elte fe ven doit 14 efcaüns les 102 liv. pefant, mais cette entreprife a été abandonnée. La terre a creufet eft également une branche de commerce territoriale. Cette terre fe trouve a Nanine, au - deffus de Pabbaye de Geronfart : on la coupe en plat terrein; c'eft une terre noire, forte, liife & favonneufe; elle eft fort propre a détacher les étoifes; les ouvrages qui en font formés, étant recuits, funt  dans les Pays-Bas. 247 d'une confiftance tres-dure: outre les tilla & creufets, on en fait des chenets affez folides pour fervir 3 & 4 ans; on s'en fert en forme de plaque pour les contrecoeurs de cheminée; on 1'achete par pièces de 56 a 57 liv. pefant. On trouve a Andenne une terre blanchatre qui a une confiftance femblable a la terre a creufet : les Hollandois viennent la chercher pour faire leur fayance fine & leurs pipes. II s'en tranfporte auffi beaucoup a Stolberg , pres d'Aix-laChapelle. Pour paffer de Luxembourg fur le Limbourg , on m'a confeillé de rcvenir a Namur ; a mon retour , je vous ferai un détail fur ce qui peut intéreffer dans cette ville. Je fuis, &c. L 2  248 Le Vo yagetjr. LETTRE XXV. Luxembourg ce.... Février 1784. En partant de Namur pour me rendre »cï, j'ai paffé, Mr., a Marche en Famenne, petite vijle fituée fur la rivière de Marfette , diftante de 13 lieues de Namur & de 14 de Luxembourg. Cette petite & médiocre ville, chef- lieu du Canton de Famenne, eft enclavée dans le duché de Luxembourg & dépend pour le fpirituel de 1'évêché de Liège. Elle n*a qu'une églife paroiffiale, dédiée'a St. Remacle, qui foit d'affez belle ftruéture: les carmes y ont un couvent. Après Marche, je me fuis arrêté dans ma route a St. Hubcrt, petite ville diftante de 12 lieues de Luxembourg, elle n'a rien de rémarquable qu'une abbaye trèsriche de Bénédiétins. D'une communauté de Clercs, Walcand , évêque de Liège, en fit une abbaye qui fut enfuite dotée  dans Lift Pays-Bas de plufieurs biens par Ide, comteffe dc Hainaut. St. Hubert fut évêque de Liège & fueceda a St. Lambert Pan 709 le 30 Septembre 825 ; Walcan, évêque de Liège* fit la tranflation folemnelle de fon corps dans cette abbaye oü les perfonncs mordues de quelque béte enragée s'y rendent de toute part pour obtenir la guérifon, par la confiance qu'elles ont dans les prieres qu'elles adreffent a cc Saint. Six Mairies & environ quarante villages font dans la dépendance de cette abbaye dont Pabbé prend le titre de premier Pair du duché de Bouillon. II eft en outre grand Aumonier perpétuel de Pordre de St. Hubert inftitué par Jean Guillaume, Eleéteur Palatin, Pan 1708. L'abbé a prétendu autrefois jouir du droit de fouveraineté : les évêques de Liège ont voulu la contefter aux ducs de Luxembourg, mais ces derniers ont confervé |la poffellion, & la terre de S. Hubert eft aujourd'hui complcttement affujettie a S. M. 1'Empereur. L 3  250 Le Voyagetje Les réligieux néammoins choifilfent leur abbé fans intervention des cornmiffaires de S. M. & 1'abbé ne prcnd d'autres proviilons que du fupérieur eccléiiaftique, c 1'évêque de Liège ) paree que la conceftation pour la fouveraineté de St. Hubert fubfiftoit déja avec Liège avant que nos fouverains euflent commencé a ufer du droit de nommer aux dignités eccléfiaftiques. L'églife abbatiale, fous 1'invocation de St. Pierre, eft ornée magnifiquement & a un très-beau frontifpice; elle fut achevée de batir fan 1694. II y a aulli un hópital très-fpacieux & bien bad, oü 1'abbé fait fournir avec libéralité tous les fecours néceflaires a ceux qui s'y préfentent. Tous les ans 1'abbé envoit en préfent au Roi dc France trois couples de chiens de cbaife & fix faucons, en reconnoilfance de la permilfion qui eft donnée a fes aumoniers dc faire des quêtes en France pour eet hópital.  dans les Pays-Bas. 251 A peu de diftance dc cette abbaye eft le Bourg de Naffogne dont les Liégeois réclamcnt la fouveraineté, du chef d'un hommage que Jean Roi de Bohème duc de Luxembourg fit de cette terre a un évêque de Liège en 1338; mais, outre que la féodalité ne conclut rien pour la fouveraineté, il y a un acte de la même date que 1'hommage, qui réferve tous les droits du duc de Luxembourg par rapport a la fouveraineté. L'abbé de Sc. Hubert eft fcigneur haut - jufticier de ce bourg , mais' la poffefüon de la fouveraineté eft notoirement par devers S. M. II exifte encore d'autres différens dans les environs de cette terre rélatifs aux villagcs de Hogue & Amblcy, ainfi que pour celui de Wavrelle. Les deux premiers font poffedés par les Liégeois; mais S. M-, comme duc de Luxembourg, y a des prétentions qu'elle eft en droit de faire valoir en vertu d'un traité du 14 Aoüt 1548 qui les lui a réfervés. Les prétentions de S. M. fur le village de L 4  ^52 Le Voyageur Wavrelle dérivent d'un traité du 12 Avril 1338 par lequel il fut vendu a Jean Roi de Bohème , duc de Luxembourg , mais les Liégeois le polfèdent. Je luis, &e,  DANS LES PAYS-BAS. 253 LETTRE XXVI. Luxembourg ce.... Février 1784. Depuis la petite ville de Marche, Mr., on voyage toujours dans le pays de Luxembourg au travers des Ardennes qui couvrent prefquc tout ce duché, & des montagnes qui ferment une chaine de hauteurs fabloncufes; elles font remplies de crevaifes, de fiïlons formés par les eaux des pluyes & des torrents qui rendent les chemins presqu'impraticables & fort dangereux fur-tout la nuit. Les crêtes de ces hauteurs font couvertes de bois; on apperooit par-tout des veines de gres découvertes par les torrents printanniers qui le moncèlent en plufieurs endroits. En arrivant a Luxembourg ces montagnes fc perdent en pente infenfible qui forme des cotteaux. Toute cette route n'olfre qu'une na- L5  *S4 Le Voyageur. ture trifte, monotone & fans attraitt pour un voyageur. S. M. Impériale poifède toute cette province, qui eft une des plus étendue des Pays-Bas, a Ia réferve des places de Thionville , Montmedi , Damevillers & leurs dépendances; des prévötés d'Ivoy & de Chavancy , le Chateau & Marville , cedées a la France par le traité des Pyrenées, article 38,conclu le 7 Novembre 1659. Ce duché a fait partie du Royaume' d Auftrafie ; fes premiers Princes avoient ie ture de Comtes des Ardennes. Sigefroi, 1'un d'eux , acheta le chateau de Luxembourg, de Pabbaye de St JVIaximin, prés de TréVes, & en prit le titre. De fes defcendans, ce comté pafia aux comtes de Namur; de ceux-ci aux comtes de Limbourg. Les defcendans de ces derniers devenus Empereurs, leurs heriners Ie céderent au duc de Bourgogne Philippe-le-Bon; & fa peCite mie Mane de Bourgogne le fit palfer dans Ia  dans les Pays-Bas. 255 maifon .d'Autriche , par fon mariage avec Maximilien d'Autriche , fils de 1'Empcrcur Frederic III. au mois d'Aoüt de fan 1477. Les rivières qui arrofent ce Duché font 1'Ourt, la Semois, la Leife & la Chiers qui fe jettent dans la Meufe; la Pruim, 1'Elz, 1'Ouren, la Nims, la Wik, qui fe rendent dans la Sure; & la Sure & la Kyll , qui vont fe jetter dans la Mofelle. II eft borné au levant par 1'Electorat de Tréves, au midi par le duché de Lorraine, au couchant par la Champagne & au nord par le duché de Limbourg & 1'évêché de Liège. II eft divifé en quartier allemand & en quartier wallon. Le quartier allemand contient les villes dc Luxembourg, d'Arlon , de Bidbourg , d'Echtcrnach, de Dickricb , dc Gravenmacheren, & de Remich. Le quartier wallon, celles de Durbuy , de Baftogne , de Chiny , d'Homfalize, de Marche, de St. Hubert, d& L. 6  «56 Le Voyageur Neuchateau, de Rocheforc, de la Roche, de Virton, d'Orchimont & d'Eftalle. La divifion politique de ce duché confifre en 13 prévötés appartenantes aux domaines & en 5 appartenantes a des particuliers. II n'y a pas d'evêque dans toute cette' province. La jurifdiction eccléfiaftique eft partagée entre 1'archévêque de Tréves, 1'évêque de Liège & celui de Namur. La jurifdiction de 1'archévêque de Tréves eft la plus étendue. L'abbé de St. Maximin, réfigieux de 1'ordre de Sr. Benoit, eft le premier prélat de 1'état eccléfiaftique de ce duché oü l'on compte quatre abbayes d'hommes favoir, St. Hubert, Orval, Echternach & Mtinfter. Et trois abbayes de filles favoir, Claire-Fontaine, Bonnevoye & Diifertange. Je fuisj &c.  dans les Pays-Bas. 257 LETÏRE XXVII. Luxembourg ce ... Février 1784. Les états du duché de Luxembourg & comté dc Chiny qui eft incorporé depuis 1'an 1364, font compofés d'cccléfiaftiques, de nobles & de députés des villes formants les tiers état. Les eccléfiaftiques font 1'abbé de St. Maximin , terre de P empire pres de Tréves , 1'abbé de Munfter, dans la baife ville de Luxembourg, 1'abbé d'Echternach, 1'abbé d'Orval & le prieur du monaftère des écoliers, ordre de St. Au'guftin, a Homfalize. Les abbés de St. Hubert ont aflifté fouvent aux états de Luxembourg, mais ils ont ceffé de s'y trouver a caufe des conteftations fur la fouveraineté de leur maifon. Pour être admis a 1'état noble, le récipiendaire doit prouver deux quartiers  258 Le Voyageur noblcs du cóté paternel '& autant du có- té maternel. On ne peut y recevoir perfonne avant 1'age de 25 ans, ni pere ni fils enfemble, a moins que le fils foit marié, qu'il ait familie a part & qu'il poffède une terre avec haute juftice, dans la province de Luxembourg, & fous la domination de S. M. Quant aux quartiers de noblefTc , il fuffit que 1'ayeul paternel & maternel ait etc annobli & noblement aliié; mais celui, dont le pere, 1'ayeul, le bis-ayeul & !e tris-ayeul cn ligne mafculinc & légitime auront été nobles & tcnus pour tels pendant le 100 dernieres années, fans avoir fait aucun acte dérogatoire, doit être admis a 1'état noble, pourvu qu'il falie la preuve qu'entre ces quatre afcendans paternels, il y a eu ceux alliances nobles, auquel cas & en confidération de 1'ancienne nobleffe de la province, ces récipiendaires font difprnfés dc faire Ia preuVe des quatre quartiers noblcs..  dans les Pays-Bas. 259 Le tiers état eft compofé d'un député de, chacune des 15 villes fuivantes, favoir du quartier Allemand , Luxembourg , Arlon , Bidbourg , Echternach , Pickrich, Gravenmacheren & Remich. Du quartier Wallon ; Durbuy , Baftogne, Chiny , Homfalize , Marche, Neuchateau, la Roche & Virton. Les réfolutions dans chacun des trois ordrcs des états fe prennent a la pluralité des voix, quant aux réfolutions du corps des états dans les matières d'aides & de fubfides, fi deux des trois ordres confentent a la même fomme , cette pluralité détermine la réfolution; mais lorfque le trois ordres confentent chacun h une fomme différente, on forme un total de ces trois fommes & le jufte tiers du total eft pris pour le confentement de la généralité , c'eft ce qu'on appello - tier eer. Les états de Luxembourg ont un maréchal qui proprement eft le préfident •de 1'aflemblée & qui porce la parole ea  26"o Le Voyageur leur nom. Lors que le maréchal n'afffte pas aux états, celui des noblcs qui eft le plus ancien , par la preftation de fon ferment, en remplit les fonctions. Les états s'aifcmblent régulierement deux fois par an; Paffemblée qui fe tient vers le mois de Novembre eft appellée , ordinaire; celle qui fe tient en été , au mois de Juin , eft nommée , exrraordinaire. Hors du tems de 1'affemblée générale des états, la direclion des affaires journalieres appartient aux députés au nombre de neuf, favoir trois de la part du clergé, trois de la part de la nobleffe & autant de la part du tiers état. Ces députés doivent être renouvcllés ou continués tous les trois ans. II n'y en a que trois, un de chaque ordre , qui doivent réfider fixement a Luxembourg; les fix autres, appellés Forains, n'y font appellés par les députés réfidens que lorfqu'il fe préfente quelque affaire effentiellc dont ils n'aimept pas a fe charger feuls.  dans les Pays-Bas. 261 Le fécrécaire des états eft chargé des mêmes fonctions que rempliffent les penftonnaires dans les autres provinces, excepté que dans celle-ci le droit de porter la parole appartient au maréchal. Le confeil de Luxembourg fut. créé par lettres patentes de 1'Empereur Charles V. du 16 Novembre 1 531. Ce tribunal fut a peu-prés compofé tel qu'il eft aujourd'hui,favoir d'un préfident, de trois confeillers de robe courte & de 5 confeillers de robe longue dont un procureur-général, d'un greffier, de deux fubftituts du procureur général & de trois fécrétaires. Ces charges de fécrétaires ont été créés en 1759- Lorfque le préfident eft abfent, le plus ancien confeiller de robe longue remplit fes fonctions. Par lettres patentes de S. M. du Ier. Aotit 1782,1e confeil fut érigé cn confeil fouverain. Avant cette époque, fl défirée des habitans de ce duché-, le confeil jugeoit en inftance d'appel de toutes les fentences des juftices inférieu*  2ó2 Le Voyageur. fes de la province, mais on pouvoit appelier de fes propres fentences en matière civile , au grand confeil. II juge maintcnant par arrêt & il n'y a d'autre rémède contre fes jugemens que la grande révifion. Les prélats, les nobles & les communautés de la province ont le confeil pour juge immédiat en toutes actions perfonnelles, civiles & criminelles , & la même jurifdiction lui eft attribuée fur tous autres eccléfiaftiques fans diftinction. La principale branche du commerce de ce duché eft le fer en barres dont i] fe. trouve vingt-quatre ufines outre les fourneaux & quelques platineries; mais c'eft 1'étranger & furtout le pays de Liège qui tire le plus grand pront de cette production territoriale, n'y ayant ni fenderies ni clouteries dans la province. Le commerce des chevaux fait auffi une autre branche de commerce ; il en paffe beaucoup en France pour la remonte , furtout des chevaux Ardennois qui  dans les Pays-Bas. 263 font très-durs, réfiftent a la fatigue & is'accoutument a toute forte de fourages. La fortie des bêtes a laine eft trèsforte. II paffe quantité de moutons gras :en France qui y font trés - recherchés. Xelle des cochons gras & maigres eft jiprefquc auffi confidérable : les Francois m les AUemands en cnlévent beaucoup. , II s'y fabrique quelques draps, mais jicommuns, a Efch Lctrou, a Clervaux, la confommation s'en Tait prefque toute 1 dans le pays; on eft étonné de voir [ que toute la laine des troupeaux de mouI tons qu'on nourrit paffe en France, dans j:; le Limbourg & le pays de Liège, tanli dis qu'on pourroit 1'y employer avec auJ.tant d'avantage ft on y établiffoit des fabriques a 1'inftar de celles du pays de i, Limbourg. Les trop fortes coupes de bois qu'on - a faites dans les forêts de ce duché , 1 rendent le bois de cbauffage & de conjj ftruction fort chers. II s'en eft tranfporté l confidérablement fur la Hollande & le  2Ö4 Le Voyageur. pays de Liège & il s'y en tranfporte tous les jours, en forte que fi S. Mvouloit créer^une marine dans les PaysBas , il ne s'y en trouveroit pas affez, quoique cette province contienne de vat tes forêts. H y a trois verreries qui font en plei- I ne activicé, favoir celle d'Embleve, fur les frontières prés de Stavelot; celle de Hoftumb a 10 lieues de la capitale & celle de Vonefche, fur les frontières du cóté de la Champagne; on travaille dans cette derniere de trés-beau verre & de belles glacés. Le vin de Mofelle entre pour quelque chofe dans le commerce du pays Le débit en eft affez étendu; mais c'eft un vin qui doit être gardé long-tems. Le foudre des années 1770, 75, 7cr & 77 j le vend de 32 a 42 louis d'or. Celui 1 de 1'année 1774, de 37 a 47 louis d'or ' & celui de 1779 de 42 a 52 louis d'or. j Le foudre contient fix aimcs ; 1'aime 4 hottes; la hotte 31 pots environ de  dans les- Pays-Bas. 265 ij Bruxelles. Ainfi le foudre rend 744 Ipots. A Stolzembourg , il s'y trouve une ij mine de cuivre trés - riche , mais qui 1 refte enfouie a défaut d'entrcpreneurs è pour la faire exploiter. Je fuis, &c.  0.66 Le Vo ya g eur. L E T T R E XXVIII. Luxembourg ce Février 1784. Cette ville, Mr., peut tenir rang parmi les places les plus fortes de 1'Europe, elle eft en partie dans une plaine & en partie fur un roe. Au pied de ce roe paffe la rivière d'EIz qui la divife en haute & baffe ville. La ville haute eft feptan' gulaire, affife fur un roe. La baffe eft fi, tuée dans une vallée & eft compofée de deux fauxbourgs, Baffendal & Grund ou Munfter. Le premier eft baigné par le principal canal de PElz; le fecond par un autre bras de la même rivière. Cette ville étoit déja fortifiée par fa nature; mais Part y ajouta des reffources fous Louis XIV, qui furent perfectionnées par PEmpereur Charles VI. en 1738. Elle eft a la diftance de 40 lieues de Bruxelles & de dix de Tréves, dont elk dépend pour le fpirituel.  dans les Pays-Bas. 267 Sa principale églife & paroifliale eft fous 1'invocation de St. Nicolas: c'eft un ancien monument érigé i'an liao, q»i n'oifre rien de remarquable. Les trois autres paroiffes font Sc. Walric, St. Michel & Pabbaye de Munfter. Cette abbaye fituée dans la baffe ville fut fondée Pan 1083 par Conrard I, comtc de Luxembourg, pour des réligieux de 1'ordre de St. Benoit. Les autres couvens d'hommes font les dominicains, les récollets &: les capucins; les dominicains font curés des paroiffes de St. Walric & de St. Michel. Les couvens de filles font les clariffes, les hofpitalieres &; les lorraines. Le magiftrat de Luxembourg eft compofé d'un Richter ou juge & de fept échevins, d'un procureur d'office & d'un clerc juré : le juge eft renouvellé tous les ans, la veille de St. André, & c'eft alternativement un bourgeois ou un echevin qui poffède cette dignité. L'appel des fentences de ce tribunal eft porté au confeil fouverain de Luxembourg.  ^ Le Voyageur La prévöté de Luxembourg oü le pré- ™rdL,?"n,poisseda^de^- Z Z- r- Clnq maireS- Ej]e ^tend t i /pCeS deClém^y,de Putlanfetrt rmingen' fur Ies ^ef-mairies Reek nn&pg'f Sand ' keiler & de Kecklen , & fur les mairies dg g de Lmgten &de Schiteringen, outre J villages qu'on nomme du prévöt Le comté de Remieh y eft également con> Le commerce de cette ville eft peu conlequent. L, branche la plus abondante eft celle du fer en barres. La fabrique de fayance eft en grande réputation, mcme cheZ 1'étranger; cette labnque occupe quantité d'ouvriers & les pieces qu.oa y travail]e ^ ^ ^ debit. Les propriétaires de cette fabrique font tres-chéris & i!s le méritèit a tous égards. L. L. A. A. Royales ont daigné viüter les atteliers; elles ont témoigné aux propriétaires la fatisfaction qu'elles aroient de la beauté des pièces & de 1'ordre  dans les Pays-Bas. 269 1'ordre qui regnoit dans le travail. On ne fauroit trop encourager un pareil établiifement. Un autre citoyen, non moins refpecrable que les précédents, eft Mr. Bourgeois, propriétaire de deux Papéteries dont Tune eft fituée a deux lieues de cette ville prés du village de Senningen. On y fabrique du papier miflel ou grand quarré d'Auvergnc , ainfi que du papier pour mcublc bianc & bis. L'autre eft fituée a une lieue de la ville, fur la route de Liège, prés du village de Beggen, on y fabrique dans deux cuves du papier miflel ou grand quarré & du papier, cornet. La fituation de ces deux Papéteries. eft trés favorable par rapport a l'air, & aux eaux qui font trés - vives & propres au blanchiffage du chiffon. Le papier dc ces Papéteries fur-tout celui qui fe fabrique a Beggen eft recherché par fa blanchcur & préi'éré a celui des autres Papéteries des Pays-Bas. Le tranfport qui s'en fait fur PAllemagne, le Tom. VI. Partie. IV. M  . :27° L e Voyageur pays de Liège , les Pays - Bas & la Hollande eft très-confidérable. On trouve aux environs de cette caipitale quelques apparences de mines de iplomb, d'étain , d'argent & de houille. il y a quelques années qu'on entreprit ■.d'en exploiter de cette derniere, qui étoit Ibelle & bonne, mais après y avoir emploié pour la recherche environ 6000 liv. Jes veines fe font perdues & on n'a plus «été tenté d'en faire exploiter d'autres. La chair des animaux eft ici d'un goüt lexquis, celle fur- tout des moutons. On tenvoie beaucoup a 1'étranger de ces gifgots d'Ardenncs qui tiennent leur rang :fur les tables les plus fomptueufcs parmi les autres mets les plus friands. Partant demain pour m'en retourner h .■Namur ; a mon arrivée je tiendrai la jpromelfe que je vous ai faite. Je fbis, &c.  dans les Pays-Bas. £71 L E T T R E XXIX. Namur ce.... Février 1784, 3VIe voila, Mr., de retour fur les rives de la Meufe, après m'être débarralfé des brouffailles Ardennoifes. Namur, par fa fituation au confluent de la Meufe & de la Sambre, & avant la démolition de fes fortifications, étoit une ville trèsforte: elle étoit défendue par une bonne citadelle, aflife fur un rocher qui eft a Tangle que lailfent entre elles la Sambre & la Meufe en fe joignants. Elle eft diftance de 13 lieues de Bruxelles, de 12 ide Louvain & de 14 de Mons. Elle pafIfa fucceffivement fous la domination Fran:coife, Efpagnole, Autrichienne & Holllandoife. Les circonftances politiques, qui ;décident du fort des états & des peu[ples, n'ont amené qu'en 1713, le moiment oü des droits fi fouvent foutenus senvain, devenus plus efficaces par la puifM 2  272 Le Voyageur fance des moyens, la firent entrer dans la maifon d'Autriche a qui les Efpagnols & les Francois la cèderent par la paix d'Utrecht. Par le traité de la Barrière» conclu a Anvers le 15 Novembre 1715 art. 4 , elle fut confiée aux Hollandois qui 1'évacuerent dans le mois d'Avril On trouve dans les hauteurs des envircns de la ville des carrières & des bloes de gres, dont on fe fert pour'la batiife & pour faire de petites meules. Au fortir.de la porte-de bilet on commence a appercevoir la forme arquée ou en voüte des couches de grès. Ces hauteurs font peu cultivées, les produélions qu'on y voit femblent- arracher a la terre une fertilité qu'elle rcfufe envain ; mais les plaincs des vallons font bien cultivées & très-abondantes. Les habitans de cette capitale font doux & affablcs; ainfi. que les Montois 'ils accucillent les étrangers & encouragent ceux qui s'y fixent lors qu'ils apper-  dans les Pats-Bas. 273 coivcnt que leurs talcnts peuvent être de quelque utilité au pays. La ville eft dans un fite agréable, les rues font bien percées, les maifons font belles & folidement baties. Les places publiques ne méritent pas une attention particuliere ; celle de St. Remi , qui eft la principale eft affez longue, fans avoir de largeur, ayant la forrhe d'une navette. La place de St. Aubain eft bien ouverte, mais elle eft trés - irréguliere; le frontifpice de la cathédrale & de la facade du palais Épifcopal en font les principaux ordemens. Ce fut fan 1730 que J. F. comte de Stricklarid de Sizerghe, Anglois de naiffance & nommé a 1'évêché de Namw l"an 1726, fit démolir entierement 1'ancien palais épifcopal & le féminaire & les fit élever tels qu'on les voit aujourd'hui. Son fucceffeur P. G. de Berlo paya une grande partie de la dépenfe que ces batimens avoient occafionnés. La cour du prince eft encore a réM 3  274 Le Voyageur. marquer, c'eft un batimenc quarré qu'occupe le gouverneur de la ville; on y voit une falie de fpeétacle alles, vafte oü l'on joue la comédic pendant 1'hyver & oü le donnent les redoutes & les bals. Le collége mérite auffi quelque aften-. tion: 1 adminiftration de ce college, dePuts la fupprellion de 1'ordre des Jéfuites' 1 an 1773 , en eft confiée a des eccléfiaftiques.Onne peut rienajoutera leur zèle: ■& aux tendres foins qu'ils prennent pour leurs eleves. II y a peu de colléges oü ill regne autant d'ordre. Les profiteurs ne te ufage des talents qu'ils ont acqui que Pour les diftribuer a leurs nouriffons en leurs infpirant le goüt de la vertu , ils abreuvent ces jeunes pkntes de fentiments dont la patrie récueillera les fruits. L'année derniere on a embelli le quai de la plante, bordé par la Meufe. Quantité de tilleuls, plantés en allées tréslongucs , formeront, quand ils feront grands, une promenade des plus agréable & des plus riante.  dans les Pays-Bas. 275 II y a ici un évêché , érigé en 1559 par Philippe II, qui eft fuffragant de Cambrai. La métropole eft fous Pinvocation de St. Aubain. Cette églife , dont les fondements furent jcttés Pan 1753 fur les deffeins de Pifoni, architecte Italien, a été achevée & confacrée Pan 1772. Elle eft dans le genre de la belle architecture Romaine; on y reconnoit plufieurs morceaux imités des églifcs de Rome & de Milan; fans être fort étcndue, elle eft noble & majeftueüfe, fon ordonnance, quoique fimple , plait néammoins aux connoilfeurs & amateurs de la belle architecture. Parmi les tableaux qui décorent cette églife on y rémarque entre autres celui qui repréfente le Martyre de St. Jean PEvangélifte, peint par Van Dyck; ainfi que quatre tableaux , peints par Bodin, ils font très-bien deffinés & les couleurs en font vigoureufes. Les autres tableaux font fix copies de Rubens trèsIbien exécutées par le frere Nicolai , JéM 4  276 Le Voyageur fuite. Le chapitre en fit 1'acquifition après Ia fuppreffion du couvent des Jéfuites. Le chapitre eft compofé d'un prévót, d'un doyen , de deux archidiacres & de cix-fept chanoines. Les canonicats font k la collation du Souverain , cxcepté les reuf prébendes de gradués qui font électives. Ce chapitre poffède plufieurs réliques trés - précieufcs qui lui furent données par Philippe le Noble , comte de Namur, a qui PEmpcreur Henri, fon frere, les fit paffer de Conftantinople. II y a auffi une collégiale & en même temps parofffe, dédiée a Notre-Dame; Pévêque de Namur eft abbé dc cette collégiale compofée d'un prévöt & de douze chanoines; cette églife eft la principale paroiffe de la vilje. J'y ai rémarqué quelques bons tableaux. Celui du maitre autel repréfente la Vifitation de Ste. Elizabeth , il a été peint par Maës. Celui qui eft fur Pautel de la Ste. Trinité a été peint par Bouverie , dc Namur ?  dans in Pays-Bas. 277 contemporain de Rubens ; c'eft lc Crucifiement de Notre - Seigneur ; les cxpreffions en font juftes, vigoureufes & bien rendues. Un autre tableau bien fait, eft la chüte des Anges réprouvés; il eft d'une compofition libre & d'un deffein 'trés - correct. L'églife des ex-Jéfuitcs, qui fut achevée & conlacrée Tan 1645, eft un des principaux ornemens de cette capitale, on ne peut fe laffer d'admirer la beauté de fon architecturc, la richeffe & 1'abondance des marbres, & le travail de la voute, foutenue par dix colonnes de marbre. Les états du pays contribuerent beaucoup par leurs libéraÜtés a la conftruótion de ce beau monument qui fert actuellement de paroiffe, celle de St. Loup y ayant été transferéc. Les autres paroiffesv de la ville font St. Jcan-Baptifte , St. Jean 1'Evangélifte , & Sc. Nicolas. On y compte quatre couvens d'hommes favoir , les récolets , les capucins M 5  2-3 Le Voyageur fondés en 1604, les dominicains, en 1650 & les carmes, en 1626. II y avoit un couvent de croifiers, fondés en 1248, mais ils ont été réformés 1'année der- niere. Les couvens de filles font les urfulines fondées en 1652, les bénédictines réformées, en 1613 , les récolcctines, en 1723 , les annonciades, dites de Ste. Jeanne , en 1623 & les céleftines. II y a auffi' une maifon de fceurs de charité , appelées par le peuple Tambourinettes, fondée en 1730, ces fceurs font très-tuiles a 1'humanité fouifrante , faifants vceu d'étre au prés des maladcs & de les foigner. Indépendamment de plufieurs fondation* pieufes , on trouve ici deux hópitaux dont le grand hópital général & un autre hópital pour les maladcs de Ja ville & pour les étrangers, cedernier eft dirigé par une confrairie, dite de la Miféricore'e. Les confrères de cette aflbeiation alliftent auffi les criminels condamnes a  dans les Pays-Bas. 27? mort & les accompagnent en corps a Pcndroit de Pexéeution, couverts d'un domino de toille noire. Cette confrairie eft a 1'inftar de celle qui eft a Mons. Je fuis, &c. U 6  280 Le Votageui LETTRE XXX. Namur cc... Février 1784. Le magiftrat de cette ville, Mr., a pour chef un grand mayeur; il eft compofé d'un bourguemaïtre ou premier élu; du lieutcnant-mayeur ou fecond élu, de fix échévins dont deux font nobles , du greffier de la ville, du greffier des élus & de quatre jurés. L'appel des fentences de ce tribunal eft porté au confeil de Namur. On renouvelle tous les ans le magiftrat la veille de St. André. Le fouverain Bailliage eft encore un autre tribunal, compofé de fix avocats qui jugent de toutes les matières féodales en prémière inltance. Le gouverneur de la ville èft chef de ce tribunal. Le bailliage de Namur comprend douze villages avec le bois de Marlagne, un grand nombre d'abbayes, de couvens & plufieurs hameaux.  dans les Pays-Bas. 281 ■' B y a auffi un fiège particulier de la Gruerie & de la Veneric dont la jurifdiction s'étcnd fur les contraventions aux loix émanécs fur le fait de la chaife. Le gouverneur de la province eft également i-chef de ce tribunal. C'eft aótuellement S. Exc. le Prince de Gavres, chambellan 4e S. M. qui remplit la place de gouver- : neur capitaine général & fouverain bailli 1 du comté de Namur, a laquelle il fut nommé par feue S. M. lTmpératrice Reine. Ce prince eft très-chéri des Namurois autant par fon affabilité que par ; fa bienfaifance. Les habitans de cette ville , reftés 1 conftamment fidèles a leur vrai fouverain en obtinrent quelques privilèges dont on : m'a raconté 1'origine & que je vous tranf-» mets ici. Pendant Paffemblée des états généraux convoquée a Gand en. 1559 a 1'occafion du départ du Roi Philippe II. pour 1'Efpagne, les états de Namur fupplierent ce prince de leur accorder,, que perfonne ,  £Sa Le Voyageur, non natif du comté dc Namur, ne pourroit dorénavent avoir, obtenir ou deflcrvir aucun écat ou office audit pays, foit de juftice, de confeil ou autrement.,, Sur cette demande générale le Roi leur accorda, en confidération de leurs fervices & par grace fpéciale, un privilege limité, datté de Gand le 9 Aoüt 1559,, portant que,, nuls étant natifs des p'ays^ cfquels lesdits de Namur font exclus; de pouvoir deffervir aucuns offices, ne: feront dorénavent recus ou admis a def-. fervir aucun office audit pays de Namur,, pourvu toutefois qu'en cette déclaration 1 ne feront compris les gouverneurs & che- • valiers de la toifon d'or.,, II réfulte de ce privüège que les fujets 1 nés dans les provinces oü les Namurois 1 ne font pas admis a pofledYr des emplois font & doivent réciproquement être exclus de tout cmploi dans celle de Namur. Le commenx que font les habitans de cc pays avec les Liégeois a donné fou-  dans les Pays-Bas. 2.83 vent lieu a des démêlés très-animés entre les deux pays. En i'an 1653 les Liégeois obtinrent de PEmpereur Ferdinand III. la permiilion de lever, pour 1'entretien de la garnifon de la citadelle de Liège, le 6ome- de la valeur de toutes les marchandifes qui feroient exportées du pays de Liège; de même que de celles qui y feroient importées pour y être confommées. L'Empereur excepta nommément dc eet impöt, les marchandifes qui ne feroient que pafler par le pays de Liège, de même que celles qu'on y feroit entrer dans d'autres vues que pour les y confommer ou vendre.' Ce non obftant les Liégeois lèvent le 6ome- fur toutes les marchandifes qui touchent leur territoire, par terre ou par eau, fans diftinclion d'entrée ou de fortie , ou de tranfit. Le gouvernement des Pays-Bas n'a pas ccffé de s'en plaindre, & a même emploié quclquefois des voies de fait pour arrêter 1'extenfion illégitime de eet impöt. Les Liégeois a leur ordi-  284 LE Voyageur. naire, ont demande des conférences : om cn tint a Louvain en 1730; mais fans! fuccès & le óo™- continue d'être levé aui grand préjudice du commerce des Pays-. Bas. Cet impöt fe percevoit autrefois dans la ville de Namur. S. M. 1'a ifupprimé en 1782. II 7 a ici un village, nommé Jambe, enclavé dans un des fauxbourgs, oü 1'évêque & prince de Liège nomme le mayeur, ce qui fait préfumer qu'autrefois il y étoit feigneur Foncier: c'eft de ce chef que les Liégeois forment des prétentions fur la fouveraineté de ce villa, ge; mais les entreprifes qu'ils ont voulu faire ont été toujours réprimées avec fuccès de Ia part des officiers du comté de Namur, Je fuis, &c.  dans les Pays-Bas. 285 LETTRE XXXI. Namur ce.... Février 1784. On compte, Mr. , dans cette ville, environ vingt mille habitans; cette population eft due au commerce qui fe fait dans cette ville & qui y attire beaucoup d'artiftes & d'ouvriers. Quoique cette province n'a pas 1'avantage d'avoir, comme la Flandre & le Brabant, des plaines étendues & fertiles en froment & en lin, elle en eft dédommagée par les productions des entrailles de la terre. Le plomb, le fer, la houille, les bois, les pierres , les marbres, &c. font de fon cru, s'y travaillent , y acquierent leur dégré de perfeétion & font 1'occupation des habitans. La Meufe & la Sambre s'y unilfent pour tranfporter toutes les productions de ce riche pays, après avoir été groffies par plufieurs ruiffeaux qui donnent le  286 Le Voyageur mouvement & l'activité a routes les ufiJ nes; m moulins fervants aux différcntes rabriques. Le fromb, comme Je vous 1'ai dit dans ma précédcnte, page 245, fe tire a Vearen, il ferme une branche de commerce mz confidérable dans cette ville L'ex ' P^cation en eft aclüellement railentië: m lemoarras que les eaux fouteraines: j caufent;mais elle reprendra fon acid vuedes quelaqueduc auquel on travaiiJe ians relache aura rendu libre la commu- Cette mine appartient a une feciété qm en a le débit dans la ville. S M v a neammoins un tantième confidérable que cette foctété lui livre en naturel dont la vente s'en fait ordinairemcnt au bureau de la récette générale de S M \ Namur. ' ^ a La taillanderie & Ja coutellerie occu-  dans les Pats-Bas. 287 pent ici beaucoup d'habitans , fur - tout cette derniere qui eft très-renommée pour ; Jes couteaux , cifeaux , rafoirs , inftru.mens de chirurgie, &c. il s'en fait beaucoup de débit non feulcment dans les pays circonvoifins , mais même dans •les contrées les plus óloignées; tant par rapport a leur bonté & folidité* que par leur beauté & leurs belles formes qui ont été perfectionnées depuis quelques années a 1'imitation des coutelleries Fran■ coifes. Les fabricans ont tiré jufqu'a préfent leur acier de 1'Allemagne , mais ft la fabrique d'acier, que Mr. Williams Blakei vient de monter proehe la ville, réuffit, elle fera d'un prix infini pour la province. La meilleure houille dont on fait ici ufage eft tirée d'un village nommé Charlevoix. Ces mines de charbon ont pour falbandes des pierres bitumineufes plus ou moins noires qui refiemblent, pour le grain, au, marbre de Namur, mais elles ne font point eifervefcence avec les  288 Le Voyageur acides. La mauvaife houille eft emploiél cn boulettes: on mêle cette houille réduue prefqu'cn poufficre, avec de la terre , pour former les boulettes de ce mélange que l'on humecle & que l'on laiffel enfuite fécher. L'exportation du marbre qu'on tirei de la carrière immenfe, appellée les grandst malades,fituée prés de la ville fur la Meu- . fe, feroit beaucoup plus confidérable de: même que les autres pierrcs tirées desi carrières le long de cette rivière, fans une i infinité de cbmptoirs bordans la Meufe jufqu'a Rotterdam, & qui appartiennent a divers fouverains & a plufieurs feigneurs , oü il faut payer un droit de paiTage, qui fait une prodigieufe augmentation fur le prix des marchandifes obligées de fuivre cette route. La tannerie de "Namur peut être auffi admife parmi les branches de commerce; les cuirs en font eftimés & recherchés par les étrangers. Cette fabrique eft concentrée dans la ville k dans les faux-  dans les Pays-Bas. 289 bourgs, elle a fes moulins a écorce prés des tanneries. Ce pays-ci n'auroit rien a défirer que 1'accomplilfement du vceu qu'il forme depuis long-tems d'un canal de communication de la Sambre aux canaux du Brabant, les habitans efpèrent plus que jamais de voir effeöuer cette grande entreprife; elle feroit bien digne des attentions paternelles de S. M. & de 1'adminiftration apache du gouvernement des Pays-Bas, fans ceffe occupé du bonheur de fes provinces. On m'avoit beaucoup parlé ici d'un hermitage fitué a une lieue de cette ville, la curiofite m'y a conduit. Cct hermitage, nommé Marlagne, eft au milieu d'un bois fur le fommet d'une montagne au bas de la quelle coule la Meufe. II eft habité par des carmes déchauffés qui y ont un très-beau couvent; l'enclos elt d'une grande étendue & "ferme par une muraille qui a prés de deux lieues de contours. La vie de ces hermites eft édifiante  290 L e Voyageur & Jeur règle auffi rigide que celle des Chartreuse & des Peres de la Trape. J'ai vu fur le maïtre autel de 1'églife de eet hermitage un beau tableau de Rubens dont; le fujet eft St. Jofeph tenant 1'enfant Jefus fur les mains qu'il préfente a Dieu: ie Pere; deux Séraphins qui cueillent &: offrent des fleurs a ce divin enfant font: a cöté de St. Jofeph. Ce tableau étoit le: plus beau de ces pays-ci avant qu'un ré- • ligieux de eet ordre lui eut enlevé fon éclat & fa force, ayant voulu le nétoyer. C'étoit un préfent de 1'Infante Ifabelle, fondatrice de ce couvent en i6i9. Ne feroit-il pas plus avantageux pour le bien de la fociété qu'une maifon auffi vafte , oü on n'y fait autre chofe que de remplir les exercices réligieux que la *egle prefcrit, fut convertie en un per-' fionnat de jeunes gens. La jeuneffe éloignée des féductions & des diftractions du tnonde eft plus aifée a élever dans ces retraites, fur-tout dans celle-ci, oü l'air eft trés - pur, la nourriture faine , les  dans les Pays-Bas. 291 Jicux d'exercices fpacieux & commodes, E oü le corps & Pefprit trouveroient ce qui leur eft nécetTaire: des perfonnes du monde attirées par la dévotion ou par Pa'mour de la retraite pourroient également y trouver afyle. Ce feroit, a mon avis, une bonne réforme a faire dans les ordres réligieux, que de les obliger k établir des féminaires, dont les penfiocs pourroient être modiqnes, la vie étant peu couteufc & les réligieux enfeignants eux - mêmes les fciences & les arts : ils fe rendroient dc cette maniere utiles a la patric, au lieu de languir fous 1'auftérité d'une régie & d'être accablés par 1'ennui des études obfcures & peu utiles : de la théologie fcholaftique. Avant dé quitter Namur, il me reftoit a voir le cabinet de Mr. 1'abbé Juppin, qui confifte cn une colleétion d'oifeaux'fe de quadrupèdes de'toutes efpè' ces, bien confervés. C'eft, dans ce genI re, le cabinet le plus complet que j'aye vu dans les Pays - Bas.  202 Le Voyageur Quand les eaux de la Meufe ne fontJ pas débordées, il part tous les jours de] cette ville une barque pour Dinant, a] 10 heures. On paye 3 plaquettes. . 11 en Part ^e autre pour Hui tous lei jours a midi, le prix eft le même que; pour celle de Dinant: on trouve a Hul une autre barque qui conduit a Liège,, paffe a Maeftricht, a Mafcyck & a Ruremonde. Je pars demain par celle de Hui i pour me rendre a Limbourg d'oü je vous écrirai. Je fuis, &c. Fin de la quatrieme Partie.  LE VOYAGEUR DANS LES PAYS-BAS AUTRICHIENS, o u LETTRES fur 1'état actuel de ces Pays. Felix qui potuit rerum cognofcere caufas! V i r g i le. TOME SIXIEME. Cinquicme Partie. A AMSTERDAM, chez Changüion , Libraire. On en trouve des Exemplaires chez JE. De Bel, ImprimeurLibraire, a Bruxelles. M, DCC. LXXXIV.   LE VOYAGEUR PAYS-BAS AUTRICHIENS. Je ne m'attendois pas , Mr., d'après 1'èfquiffe qu'on m'avoit faite de ce paysci, a y trouver un peuple auffi aéiif & auffi induftrieux. Le duché de Limbourg eft fitué entre Je pays de Liège & le duché de Juliers, faifant nombre d'une des dix-fept provinces des Pays-Bas. II eft uni au duché de N 2 DANS LES LET T RE XXXII. Limbourg ce Février 1784.  496 Le Voyageür. Brabant depuis la conquête qu'en fit Jean I duc de Brabant en 1288 par la viétoire qu'il remporta fur Sigefroi , archévèque de Cologne & Renold I comte de Gueldres, a la journée de Woeringue. Cette \mion fut confirmée irrévocablement par un traité du 4 Novembre 1415. Cette province appartient en entier a S. M. 1'Empcreur, cxccpté le pays de Fauquemont, de Daelcm & dc Rolduc, .nommé communement le pays d'OutreMeufe, qui a été partagé entre Philippe IV Roi d'Efpagne & les états généranx des Provinces-Unies , fuivant le traité conclu a la Haye lc 29 Décembre 1661. Elle eft divifée en quatre contrées, favoir la feigneurie de Fauquemont, le comté de Daelem , la feigneurie de Rolduc , & le duché propre de Limbourg. Les Hollandois poffèdent les deux premières ; les deux dernicres font fous la,i domination de S. M., elles comprennent: les bans de Baelen, dc Herve, de Mont-■ zen, de Walhorn j de Sprimont & d'Onf- • j bseck.  dans les Pays-Bas. 2.97 On trouve peu de province, eu égard a fon étendue, qui foit aufli peuplée que celle-ci; les moindres villages, & qui y font en nombre, ont plus de 1000 habitans. . Le pays eft parfemé de rochers qui ne font couverts pour la plupart que de tréspeu de terre; les habitans, laborieux & actifs, tirent le parti le plus avantageux poffible de ce qui eft fufceptiblc de productions. Les vallons font très-fcrtiles & lorfqu'on réduit en culture les terreins vagues qu'on nomme Communes S. M. en •tire la dixme novale. Les paturages y font bons 8c abondants. Les rivières qui arrofent ce duché font la Meufe, la Weze, la Berwine, 1'Ourt, la Gueule & la Worm. II y a dans le voifinage de Maeftricht des villages connus fous le nom de terres de Rédemption & onze autres qu'on nomme les bans de St. Scrvais. Les terres de Rédemption font Falais, qui eft la plus éloignée de MaefN 3  ïgS Le Voyageur. tricht, Foulogne ou Veulen', Hermal, Hoppertinghcn, Moppertinghen, Nederen ou Nedhehen, Peef ou Paive, Rutten ou Rufibn. La fouveraineté de tous ces villagcs eft conteftée a S. M. par les Hollandois. Ils payent annuellemcnc une contribution a chacune des deux puiiTanccs; mais le voifinage dc Maeftricht donne aux Hollandois dc grandes facilités pour foutenir leurs prétentions, ainfi qu'ils ont fait fouvent par des détachcmens de la garnifon de cette place. Cependant Falais & Hermal font complettcment aflujettis a la jurifdiction du confeil de Brabant. Les Hollandois prétendent que ces terres doivent leur appartenir comme étant des dépendances de Maeftricht, mais on foutient du cóté de S. M. que cette ville n'a aucunes dépendances. Quoiqu'il en foit les Hollandois ont cédé a la maifon d'Autriche par Partiele 18 du traité de 1673,, les prétentions qu'ils foutenoient d'avoir fur les villages  dans les Pays-Bas. 299 de Rédemption, fans aucune réferve.,, Ce qui auroit du terminer la difficulté, indépendamment de toute autre confidération. Les onze villages , nommés les bans de St. Servais, font Berg, Berneau, Groot, Loon , Hees , Heer , & Reer qui ne font qu'un ban, Koningftheim , Mechelen, Scpperen, Sluyfen, Twecbergen & Vleittinghen. * S. M. réclame la fouveraineté d'une partie dc ces villages, favoir de Berneau , de Groot, de Loon, dc Heer, de Reer, de Koningftheim & de Sluifen, qui tous a la réferve de Berneau lui payent des contributions annuelles. Les Liégeois torment auffi des prétentions fur la terre d'Argenteau & fur le village d'Hcrmal qui en dépend , fous prétexte que 1'Empercur Henri IV , en faifant, dans un diplome Pan 1070, 1'énumération des dons faits a 1'églife de Liège & en les confirmant , y cemprit le chateau d'Argenteau; mais, outre que ' N 4  Soo Le Voyageur cette pièce n'eft pas autentique , il paroit qu'elle n'a cédé aux Liégeois que le droit de pouvoir entrer dans le chateau d'Argenteau & celui d'en fortir. Les Liégeois fe prévalent de ce que, dans les tems anciens, les procés des habitans de ces terres ont été juges quelquefois a Liège; mais il elt a rémarquer que plufieurs autres villages du Brabant & des pays d'Outre - Meufe étoient égaiement dans ce cas. Les contrées de Limbourg, de Daelem & de Rolduc font fous la jurifdiction eccléfiaftique de l'évêchë de Liège , les autres font en partie fous celle de 1'évêché de Tréves & dc l'archevéché de Cologne. II n'y a dans les contrées qui font fous la domination de S. M. que deux abbayes d'hommes. L'abbaye de ValDieu, ordre de Citeaux , prés de Daelem , fondée en 1116, & l'abbaye de Rolduc , ordre de St. Auguftin , fondée  dans les Pays-Bas 301 en 1104. Les revenus de la première vont de 15 a 16 mille florins , ceux de la feconde font plus modiques. Je fuis, &e» N é  Le Voyageus. • LETTRE XXXIII. Limbourg ce Fcvricr 1784. C^hacune des quatre contrées, dont je vous ai fait mention, Mr., dans ma précédente, a un corps d'état féparé & il y a dans chaque un officier principal de S. M. qualifié de haut Droffard.' On convoque fouvent enfemble ces différens corps d'état fur-tout lorfqu'il s'a- • git de la demande des aides & fubfides, & la propofition fe fait folidairement a. tous comme s'ils ne compofoient qu'un même corps; mais la réfolution de cha-■ cun de ces quatre corps fe prend fépare— ment & quand ils confentent tous a la. même fomme p ils ont entre eux un pied, de répartition fuivant lcquel ils fe char- gent chacun de leur contingent dans Ie total. Les états font tous compofés d'eccléfiaftiques} denobles & de députés des baas  SI dans les Pays-Bas. 3°S ou villages, exccpté qu'il n'y a pas de membres eccléfiaftiques dans les états de Fauquemont. Le clergé , ayant entrée aux états du ' duché , confifte dans les abbés de Rolduc & de Val-Dieu, dans le prieur de Daelem, de 1'ordre du St. Sepulcre & dans un député du chapitre de Notre-Dame d'Aix-la-Chapelle. Ces deux abbés conftituent aulE 1'état eccléfiaftique de Daelem, & celui de Rolduc repréfente le clergé des états dc Rolduc. Pour être recu a 1'état noble 3 il faut être iffu d'ancienne nobleffe & poffèder? dans celui des diftrióts oü l'on fouhaite d'être admis, un bien noble, ayant haute, moyenne & baffe juftice. Les états ont neut commiffaires ou députés ordinaires , favoir un eccléfiaftique, deux nobles & deux tiers-état, pour le duché. Un eccléfiaftique & un noble de la part des trois pays d'OutreMeufe, & un tiers-état de chacun de ces trois pays. 11 v a un greffier pour 1'état primaire J N 6  304 Le Voyageur du duc-hé , compofé de la chambre du ■clergé & de celle de la nobleffe, & le tiersétat a fon greffier a part; mais, dans les trois pays d'Outrc-Meufe, il n'y a qu'un feul greffier pour les diftérentes chambres de ces trois corps d'état. Ces greffiers rempliifent les. mêmes ■ fonctions que les confeillcrs-penfionnaircs dans les états des 'autres provinces. Dans le duché de Limbourg, les états eccléfiaftiques & noblcs ont un receveur général pour eux en particulier qu'ils choifilfent; le tiers état n'en a pas. Chaque communauté paye fa quote directement au receveur général des fubfides établi par S. M. dans cette province. II y a d'ailleurs un receveur des états peur chacun des trois pays de Fauquemont, de Daelem & de Rolduc, qui fait la recette des charges qu'on y impofe. Les families les plus iüuftres du duché de Limbourg font les comtes d'Efneux, d'Eynatten, d'Argenteau, de Linden & de Gueulle.  dans les Pats-Bas. 305 Les barons dc Hoen de Belderbufch, de Drack de Teuven, de Gulpen , de Wodcmon, de Collyns dc Bufdal, de Belven , de Trips, de Hoven, de Fronteau de Houffe, de la Margelle & de Rabufée. Fe'ue S. M. lTmpératricc Reine établit pour cette province le 29 Janvier 1778, une cornmiflion qui porte le titre de commijjlon des charges publiques. Elle eft compofée d'un chef, de cinq affelfeurs ou membres & d'un greffier. Son objet eft dc connoitre en première inftance, a 1'cxclufion de tout autre juge , de toutes les matières & difficultés concernanc les charges publiques , nommément les plaintes en furcharge tant des communautés que des particuliers, lefquclles devront être inftruitcs fommairement, & dans le cas que ceux qui fe croiroient grévés par les jugemens de cette commiffion, voudroient s'en pourvoir, il leur feroit libre, mais dans les fix femaines feulement, a dater du jour de Pinfinua-  go<5 Le Voyageur tion , pardevant trois confeillers du con* feil de Brabant dénommés par le chancelier, lefquels y difpoferoient par arrêt & fans révifion, parties fommairement ouies, ainfi qu'en juftice il appartiendroit; & que toutè aclion en furcharge feroit prefcrite par le laps d'un an a compter de la date du role. Cette commiffion s'aflemble fur la convocation du chef, ou en fon abfence de Tanden, dans le lieu ordinaire de Taffemblée des états, afin de fe trouver toujours a portée de fe concertcr avee ceux-ci fur tout ce qui peut concerncr le maintien de la nouvelle forme de répartition établie par Tordonnancc de. 1-778. Les fujets de S. M. au duché de Limbourg jouilfent non feulement de leurs propres privilèges , mais auffi de ceqx des Brabancons. Avant la réunion du Limbourg au Brabant, ils avoient leurs joyeufes entrées comme le Brabant; ce ne fut que fous le regne de Jean IV!  dans les Pays-Bas. 307 le 26 Mars 1418 que les deux joyeufes entrées fe confondircnt fous le même Souverain. Les états de Limbourg y affiftent par députés. Je fuis, &c  3o8 Le Voyageur LETTRE XXXIV. Limbourg ce Février 1784.. Il y a dans ce pays-ci, Mr., des terres nommées Franches : originairement elles étoient indépendantes, ce n'eft que par le laps du tems qu'elles ont été unies ou incorporécs dans la province ; mais cette union n'a proprement pour objet que la jurifdiction du confeil de la province. II y a même quelques - uncs de ces terres qui, fans être unies a aucune province, ont été foumifcs immédiatement au rclfort du grand confeil. Du refte, a la réferve de la jurifdiclion , les terres Franches ont confervé pendant long-tems une exemption entiere de toute forte d'impofitions, & encore aujourd'hui elles nc contribuent pas avec la province. Le Souverain des Pays - Bas étoit dans 1'ufage d'y faire loger fes troupes, ce fut  dans les Pays-Bas. 300 pour faire ceffer la charge des logernens & pour en compenfer la dépenfe, que fon commenca, fan 1674, a impofer a chacune des terres Franches une certaine quantité de rations de fourage par jour, payable en argent, chaque radon évaluée a qui n ze fols. Ces impofitions, qu'on continue de nomraer rations, font devenues pennanentes & le gouverneur les augmente dans une certaine proportion toutes les fois que le Souverain demande des fubfides extraordinaires aux états de la province. Ces impofitions fe payent a un receveur particulier nommé le receveur des terres Franches qui, comme les autres receveurs de S. M. , eft comptable a la chambre des comptes. Le commerce Mr., que font les Limburgeois eft affez confidérable ; les mi'nes, les carrières & les bois, a la difpofition d'un peuple aétif & laborieux, font d'un grand produit & contribuent a une aifance que j'ai remarquée ici avec plaifir.  gio Le Voyageub. Les mines de charbon de jerre qui y font en nombre , donnent qne houille qui varie en qualicé: celle qui eft Ja plus bitumineufe fe nomme Houille graffc, k lors qu'elle ne contient prefque pas do bitume, on lui donne le nom de Clute. Cette derniere eft bonne pour ^chauffer les appartemens, pour brüler la chanx , mais nc peut fervir aux forgerons & aux maréchaux. Tous les rochers qui compofent le terrein aux environs des mines de charbon de terre., font une cfpèce de g«ès trèsdur & compact , qui eft place par couches, comme le charbon, & qui les divife. On 1'cmploic pour paver les villes k les grandes routes. II s'y trouve égalemcnt un autre grès dont les grains font très-fins; il paroit être un mélange de fable, mêle de mica blanc, & lié par une terre argileufe trés-fine; celui-ci eft facilement décompofé par l'air, en fcuillets, comme un Schiftc ou une ardoife. II fe rencontre affez prés du charbon; maift.  dans les Pays-Bas. 311 celui qui en eft le plus pres, eft de couleur noiratre , quelqucfois rcugeatre; il paroit être un compofé de. fable tresfin, réuni par un limon avec lequel il forme un corps dur qui s'attendnt & ie décompofe par 1'impreffion de l'air. On fuit ici la même méthode pour éxtraire le charbon que par-tout oü il y a de pareilles exploitations. On détacbe Fargile noire avec des pies pointus & l'on déckaufe le charbon jufqu'a demi toife de' profondeur. Les pies ne pouvant aller affez avant, on emploie des barres de fer pcintues pour achever le déchaufCement; par exemple lors qu'on travaille une taille de cinq ou fix toifes de largeur, on met un ouvrier a chaque extrêmité, qui doit déchaufer de haut en bas & en avant dans le charbon; on divife le refte a d'autres ouvriers pour déchauflèr horizontalement. On affigne a chacun quatre pieds de longueur fur trois pieds de profondeur pour un quart de journée, il eft obligé d'en faire quatre  3r 2 Le Voyageur pareiiles pour fa journée entiere qui lui eft payée la valeur de dix-huit fols de< France. Après cette opération , il furvient d'autres ouvriers qui abattent le charbon en chaflant a coups de maffe plufieurs gros; coins de fer entre le toit & le charbon 1 de même qu'cntre Je mur & le charbon.. Ils font tombcr ainfi de très-groffcs pièJ ces, qui font préférées dans eet état &: fe vendent plus chères. Le charbon eft charié , de 1'endroit ou on 1'a extrait jufque fous le puits , avec de petits chariots trainés par des enfants qu'on divife par bandes de dix en dix toifes ; ils ne font jamais que le même chemin; ils menent un chariot plein, & en ramenent un vuide; on leur fixe, a chaque travail, la quantité de voyages qu'ils doivent faire, ce qui eft proportionné a Pextraétion, & a ce qui doit être élevé au jour ; c'eft ordinairemerit cinquante traits; on prétend qu'ils pèfent environ 2500 liv. chaque.  dans les Pays-Bas. 313 - C'eft a quatre heures du matin que les mineurs qui doivent abattre le charhon fe mettent a 1'ouvrage qui eft fini ordinairement a dix heures, c'eft ce qu'on appelle leur journée ; quelques-uns en font une & demie, d'autres deux; mais ceux qui charient le charbon, & qui chargent les tonnes n'ont fini leur journée qu'a trois ou quatre heures après midi. On n'extrait point de charbon pendant la nuit, ce tems eft emploié a élever les eaux qui fc font raifemblées & a affurer le travail pour le lendemain, en fondant par-tout oü on doit travailler, pour être certain qu'il n'y a point de refervoirs d'eau par derrière. Les foreurs ont toujours la précaction d'avoir avec eux ues chevilles de bois de la groffeur des forêts afin, lorfqu'ils viennent a percer dans un réfervoir d'eau, de pouvoir boucher promptement les trous. On fait monter 1'origine de ces mines a Pan 1198. Les grandes dépenfes qu'elles entrainent, pour Pexploitation, ont don-  Si4 Le Voyageur. nc licu a fonner des fociétcs quf, malj gré les loix & les reglcments, font fouvent en proces. Les chefs de ces entreprifes font ordinairement des gcns qui, de pere cn fils, ont faic ce metier, &< que l'on nomme communément maitrcsi Houilleiirs, maitres de Fofle. Toutes les mines de charbon de terre: appartienent cn général, ou font qenféess appartenir au propriétaire du fond dans; lequel elles fe trouvent. Quelques - unss néammoins, en vendant la fuperficie dui terrein, fe font réfervés ce qui étoit en-fermé dans fes en tra i lies; cela n'eft pas; rare, fur - tout parmi les commupautés; réligieufes qui ont ancienncment fait des; aliénations. Les mines de ce charbon , qui fc trouvent fous des communes ou fous des che- ■ mins royaux , appartiennent au prince dans les lieux de fes feigneuries & baillia- ■ ges , de meme qu'aux autres feigneurs, dans les diftrióts de leur jurifdiction ; mais la qualité de feigneur de village ne donce aucun droit fur les mines de charbon.  dans les Pays-Bas. 315 : A Houffe & dans les environs,'il y <:cn a quelques - unes: on en trouve auffi dans les bans de Herve & de Soiron; celles du pays de Rolduc font les plus confidérables. L'abbaye de Rolduc eft propriétaire des principales qu'elle a reünies fucceffivcment a fon domaine, en les achetant des particuliers, de facon qu'on peut dire qu'elle les poflede toutes; lc peu qui en refte encore, a la difpofition de quelques maitres de foffe, devra tót ou tard entrer dans le domaine de cette abbaye qui, depuis ce fiecle, fait tous fes eiforts pour ne plus avoir. aucun concurrent. Ce travail occupe plus de 800 ouvriers fans compter les voituriers pour le tranfport: il en part quelquefois par jour 100 charettes pour le pays de Juliers & d'Aixla Chapelle. Le reglement général , qui eft fuivi -dans ce pays-ci pour les mines de charbon de terre , fut donné le premier Mars .1694 par Charles II Roi d'Efpagne &  3*6 Le Voyageur Souverain des Pays-Bas. II contient gi articles. La houille ou charbon de terre efti exempte des droits de fortie : il s'en tranfporte beaucoup fur la Hollande, par laj Meufe. Sur la grande chauffée qui traverfe ce: duché, il y a , vers lc territoire d'Aixla-Chapelle, un pont a trois arches fur lai petite rivière dc la Gueule qu'on paife: en été a pied fee & qui s'enfle beaucoup) en hyver au point qu'elle a renverfé,, ilya cinq ou fix ans, la principale arche: de ce pont. Cette rivière fait tourner la. roue de la machine hydraulique qui pui— fe les eaux hors des bures calaminaires. J'ai été voir ces mines de pierre calami- • naire. La calamine forme dans la miniere des pelotons ou globules arrangés par couches, dans une cfpèce de terre jaune , difperfée de cóté & d'autre, a la quelle fert d'envcloppe une autre efpèce de terre douce & mollc ou un limon d'un brun-jaunatre. Les mines de cette pierre j  dans les Pays-Bas. 317 fe rencontrent fouvent en plein champ, prefqu'a fleur de terre: fouvent auffi il s'en trouve dans le voifinage des montagnes de pierre feuilletée. Celles qui font fous terre, s'étendent par Hts ou par couches. Cette calamine pulvérifée eft d'un jaune fort vale: paffée au blutoir, elle pèfe une once un gros & dix - neuf grains ; celle de Namur pèfe une once deux grains: la différence eft de foixante-fept grains.- A 1'endroit , nommé proprement Ia Montagne } j'ai trouvé fur la hauteur une demeure fort honncte , occupée par le Controleur de ces Mines & le pefeur, tous deux officiers de 1'Empereur: elles s'exploitent par régie, fous la direction du confeiller receveur général des Domaines ; au bas de cette hauteur , il y a un four conftruit en briques qui forme un batiment quarré-oblong, furmonté d'un toit a jour , oü cette mine fe calcine avec du bois, après avoir été lavée dans un courrant d'eau; il s'en exploi- Tom. FL Partie V. O  313 Le Voïageüi te & s'en vend annuellement environ deux millions pefant dont un fe tranfporte par terre jufqu'a Vifet, au bord de la Meufe, ü cinq lieues de la Mine, & de Vifet <.on l'embarque fur la Meufe jufqu'a Namur ; il cn coute pour ce dernier tranfport 5 liv. du miilier pefant. L'autre million fe tranfporte a Stolberg , Bourg du pays de Juliers, éloigné de quatre lieues des Mines ; une petite partie paife en Allemagne, fur la Heffe, Francfort & Nuremberg. Le prix de la première qualité eft de 50 fols argent de changc le cent pefant. Celui de la feconde qualité eft de 30 fols & la troifieme ■de 24 fols. Le triage s'en fait a la main par des ouvriers, après la cuifon. Les ancêtres des tabricants de Stolberg avoient, au commencement du dernier fiecle, leurs batteries & fonderies de laiton, fut un petit ruiffeau, vis-a-vis de la Mine Calaminaire ; les perfécutions réligieufes les en ont chaffés & ils fe font jretirés fur terre d'Empire, oü ils ont  dans les Pays-Bas. 319 1'exercice de leur Réligion qui eft 3e Luthéranifme ; cependant ils y polfèdent encore deux batteries & une trefilerie a un quart de lieue de la Mine Calaminaire, laquelle fe tranfporte brute a quatre lieues de la & revient au même point de fon extraction , réduite en fonte, pour être étendue en platines. II faut efpèrer que le voile de 1'intolérance, qui couvre encore une partie de la terre, fe déchirera & que ces fabricants fe rétabliront comme par le paffé. Ce n'eft pas feulement a 1'endroit, proprement nommé la Montagne de la Calamine, que cette Mine s'exploite; il eft vrai que c'eft en eet endroit qu'on en tire la première qualité & la plus-grande quantité ; environ 80 ouvriers y font emploiés tous les jours; mais on en a extrait & on en tire encore aux villages de Meroels & de Langomont, & en grande quantité de la troifieme qualité au ban de Montzen : ces Mines n'étant éloignées qu'a une & deux lieues de la Mon0 2  32.0 L-e Vota geur. tagne de la Calamine font préfumer que, par la grande étendue que cette Mine occupe dans les entrailles de la terre , elle fera inépuifable; celle de la vieille montagne paife dans toute PEurope pour ia meilleure & unique dans fon efpèce. Je fuis, &c.  dans les Pays-Bas 321 LETTRE XXXV. Limbourg ce.... Mars 1784. ]VI k- 5 après avoir promené mes idéés & mon imagination fur les montagnes, je pafTai, en revenant de celle de la Calamine , par Néau, très-gros bourg & plus grand que cette capitale, dont il n'eft éloigné que de deux lieues. La réputation dont jouit la fabrique des draps de ce bourg m'y avoit attiré & j'y fus accueilli par un des fabricants qui me dit, que les fabriques répandues dans ce Duché occupoient trente mille perfonnes des deux fexes; que Néau, Hodimont &c le Ban de Herve étoient les lieux oü il fe fabriquoit le plus grand nombre de ces draps, connus fous le nom de draps de Limbourg. Le pays foumit très-peu de laine pour ces fabriques, la meilleure vient de 1'Efpagne & du Portugal. Celle qui entrs. 0 a  522 Le Voyageur. far Ie port d'Oftende eft libre de droits, mais celle qui vient par la voie de la Hollande paye deux pour cent de la valeur» Cet impöt, créé depuis quelques années , a beaucoup occafionné de mécontentement parmi les fabricants, puifque Ia plupart, débiteurs des Hollandois & faifant leur commerce avec le crédit dè cette matière première, ne pouvoient pas fe retirer de leurs mains. C'eft envain qu'ils ont fait des repréfentations, & ils feront forcés ou de réduire leur commerce a leur propre fond, qu de folder avec les Hollandois avec leurs profits. Cet impöt qui n'a point le fifc, mais 1'intéret public pour objet, fe réduira infenfiblement a rien & il en réfultera que deux millions de capital, emploiés annuellement par les Hollandois pour fournir les fabriques de Limbourg , feront mis dans ce commerce par les Regnico]es,& le fret ainfi que la main d'ceuvre & le tranfport feront gagnés par les fujets internes: cet impöt eft d'autant plus  dans les Pats-B a's. 313 avantageux pour le bien de 1'état en général , que le calcul porte § a 6 pour cent de benefice cn tirant les laines par la voie d'Oftende; & afin d'encourager la traitte par cette voie, le Gouvernement exempte du même droit de deux pour cenc les négociants d'Aix - la - Chapelle & de Vervier, qui la prennent de. préference a celle de la Hollande. Les draps qui fe fabriquent a Néau font la plupart d'une feule couleur, ceux de couleurs écarlatte, bleue ou noire ne le cédent guère ni en beauté ni cn bonté a ceux d'Angleterre. Leur largcur eft depuis huit a dix quarts, rarement a fept. Le prix eft depuis 8 a 40 efcalins 1'aune de Brabant. Le débit s'en fait aux foires de Francfort , de Leipfick , de Brunfwich, de Kcenigsberg & dc Breflau; il en pafTe une grande quantité fur Lubeck, pour la Ruffie; & par 1'Aïlemagne & le Danube, cn Pologne & les pays héréditaires de S. M. 1'Empereur. Une autre partie eft envoiée en Brabant & en FlanO 4  324 Le Voyageur. dre, ainfi que fur les ports d'Oftende & 'de Dunkerque pour 1'Améiique & le Levant. Feuc Sa Majeftc lTmpératrice Reine excepta les draps, demi - draps & ratines des fabriques de la Province de Limbourg de Pimpofition des droits d'entrée fixés fur lcsvmêmes draps venants de 1'étranger dans les Provinces héréditaires Allemandes , en accordant une modération des droits d'entrée de 12 X.IS par livre, de maniere qu'ils ne font affujettis qu'a 48 X.rs par livre de droit d'entrée, aux conditions que 1'expédition en feroit faitc par les bureaux d'Hodimont, de Herve & d'Eupen. S. M. exigea aulli que les fabricants feroient travailler dans le tiffu & au commencemcnt de chaque piece de drap leur nom & le lieu de la fabri- ■ que; & que chaque piece devroit être1 rnunie d'un plomb, défignant également: lc nom & le lieu de la fabrication. Que : Pexpédition de ces mêmes draps & laina- • ges ne pourroit être faite qu'a la defti- ■  DANS LES PaYS-ÏÏAS. 225 rration de 1'une ou de 1'autre des villes fuivantcs : Prague & Pilfen, en Bohème. Brunn &~01mutz, en IVloravie. Troppau, en Silefie. Lintz , dans la haute Autriche. Vienne ou Crems, dans la baffe Autriche. Gratz en Stirie. Laybach en Carniole. Klagenfurt en Carinthie , & Gorice , pour les Comtés de Gorice & de Gradifca. Les draps qu'on fabrique a Hodimont ont a peu-près les mêmes débouchés que ceux de Néau, mais ne font pas auffi recherchés ; ceux qu'on y fabrique font prefque tous mêlangés: dans cet endroit, comme les laines font teintes avant d'étre liffées, chaque fabricant a chez lui fes cuves pour la teinture, elles font chauffées par les houilles du pays de Liège & de Hourfe. A Néau, les teinturiers font corps a part des fabricants de draps : ils chauffent leurs cuves avec du bois qu'ils tirent d'une forct, appartenante a S. M., nommée Herthogenwalt, qui avoifine ce bourg;O 5  326 Le Voyageur cette forêt a prés de quatre lieues en quarré &, quoique fituée fur une hauteur, elle eft trés - marécageufe; on y trouve fouvent en quelques endroits de la neige pendant 1'été; plus de la moitié de cette forêt eft défignée fur la carte par le haut Marais, & dans les comrnentaires de Céfar, qui la pafla pour conquérir les Gaules, per altam Paludem. II fe coupe tous les ans une certaine portion des bois pour 1'ufage des teinturiers , qui cependant ne les confomment pas tous; les maitres de forges dü pays de Liège prennent le refte pour le réduire en charbons. Le bas peuple qui travaille a la filature des laines mène une vie afiez miférable, il fe nourrit de pain de feigle très-noir, quoiqu'aficz agréable au goüt, & de lait & de caffé qu'il boit trois fois par jour. J'ai rernarqué que les mceurs de ces villageois font aulli pures que leur bonne foi eft grande : la fille qui a donné le jour a un enfant illégitime eft non-feulement regardée comme infame,  dans les Pays-Bas. 327 elle eft aulli obligée de quitter fon village , pour fe fouftraire a la honte publique & éviter la cenfure journalière de ceux qui déploreroient le fort de cet enfant, viétime malheureufe & innocente de Popinion. La population , comme je vous 1'ai dit» eft furprenante dans un petit pays , occupé par des rochers, des carières & des paturages d'été , excellens a la verité , mais qui ne fourniffent a la nourriture des habitants dans une proportion approchante du produit des terres cultivées; ils tirent leurs grains du pays dejuliers, & des trois pays d'Outre-Meufe. II y a dans le Comté de Daelem Au• trichien, au village d'Aubel, un marché tous les lundi oü le Duché s'approvifxonne en partie; & quoiqu'il foit entourré de pays qui produifent beaucoup de grains, le peuple a beaucoup a foulfrir dans les années de difette. Les grains ayant manqué en 1772 dans toute 1'AUemagne, il y eut une difette O 6  328 Le Voyageüs, extreme dans ce Duché & les environs; le feigle avoit furpaffé du doublé le prix des années communes ; la livre de pain qui ne coüte crdinairement que 3 Hards fut portée a 2 fols: a défaut de feigle & de froment, cn y avoit mêlé de Pavoine, de Porge, des pois & des fêves; cette privation de grains occafionna la rnort de plus de 4000 habitants. Je n'ai appereu dans Néau aucun monument qui foit digne d'attention. Les Capucins y ont un couvent avec de trèsbeaux jardins. L'églife Paroiffiale eft deffervie par un réligieux de Pabbaye de Rolduc qui a plufieurs affiftants, elle eft fous Pinvocation de Sr. Nicolas. Je quittai avec regret ce canton, j'y trouvai de bonnes gens, on n'a pas le bonheur d'en rencontrer par-tout. J'irai demain me promener a Herve qui n'eft éloignée d'ici que de deux lieues. Je fuis, &c.  dans ies Pays-Bas. 329 LETTRE XXXVI. Limbourg cc.... Mars 1784. TT Xj.er.ve , ou j'ai paffe deux jours agréablement eft, Mr., une petite ville plus grande & plus peuplée que la capitale, On fait monter le nombre de fes habitants a douze mille. L'églife Paroiffiale dédiée a St. Jean-Baptifte eft trés-belle: les Récolleétines y ont un couvent. II y a auffi un collége oü l'on enfeigne les humanités: ce collége eft bien adminiftré. Les Comtes de Lynden & d'Afpremont font les feigneurs de la ville; c'eft le Comte de Lynden qui en renouvelle tous, Jes ans le magiftrat. Le Ban de Herve, qu'on nomme auffi quartier Walon, eft un canton très-fertile & abondant en paturages: dans la ville & les villages on y fait ces froma-»  3go Le Voyageur ges fi recherchés, connus fous le nom dc Romadoux; ils paffent pour être les meilleurs fromages de 1'Europe. On obferve, pour les faire, d'emploier le lait qui eft refté dans le pis de la vache, après qu'on la trayée a 1'ordinaire : un quart d'heure enfuite on la trait de rechef & c'eft de cette petite quantité de lait qu'on forme ce fromage. II s'en fait une feconde efpèce qu'on nomme fimplement, fromages de Herve : ces fromages fervent principalement pour le commerce extérieur; la quantité en eft étonnante. Le débit s'en fait en Lorraine, en Alface, en Bourgogne & jufqu'en Suifle : comme les paturages ne donnent d'autre occupation aux hommes que celle de faucher les foins, ceux qui ne font pas emploiés aux fabriques vont au pays de Juliers , en Hollande , dans la Frife & dans le Holftein acheter des chevaux qu'ils attèlent ou chargent a bats avec des fromages, ceux qui font chargés a bats font. les plus, fins 'f chaque charge eft  dans les Pats-Bas. 331 de trois cent livres pefant. Ils vendent leurs chevaux dans ces provinces oü les grands chevaux manquent. Ceux qui ont été attelés reviennent chargés des vins de Bourgogne, de 1'Alface & de la Lorraine, ou avec des marchandifes de la Suiffe & de Lyon, pour les villes de Liège, de Maeftricht, d'Aix-la-Chapelle & autres; en forte que la moitié des chefs de familie font marchands de chevaux ou voituriers: les fréquens voyages que font ces derniers, pour le tranfport des draps aux foires les plus éloignées, contribuent a une induftrie, a une activité & a des connoiflances qu'on ne trouve pas dans le quartier Flamand, oü le peuple végète dans un engourdiffement dont il fera long-tems accablé , puifque les dettes, contractées par les communautés pendant les guerres, font gémir 1'agriculture, en pleine paix, fous des impöts onéreux, afin de pouvoir faire face aux intéréts & aux amortiffements. Aucune part on ne prend autant foin  332 Le Voyageurides prairies que dans le ban de Herve, 1'ceil s'y répofe avec admiration. Repréfentez-vous 1'étendue de quatre lieues en quarré de prairies dont un bonnier nourrit quatre vaches de la plus belle efpèce; dans cette étendue, il n'y a pas cent bonniers de terre qui foient femésen grains, chaque prairie eft entourée d'une haye vive & le gazon eft farclé a la main pour en arracher les mauvaifes Herbes. Au bout d'un enclos, de 3 ou 4 bonniers, on -appercoit une maifon batie avec fimplicité, car la population étant nombreufe, les propriétés y font exceffivement divifées. Le prix des fonds de terre y eft exhorbitant, on 1'achête a deux & a deux & demi pour cent, & le bonnier s'y loue jufqu'a 30 écus. Les draps qu'on fabrique a Herve , ont les mêmes débouchés que ceux de Néau & d'Hodimont, mais ne font pas auffi recherchés que les premiers. II s'y fabrique auffi quantité de ferges & de fayes pour 1'ufage des habitants, le fuperflu. fe  dans les Pays-Bas. 333 tranfporte en Hollande , en Allemagne, dans la Flandre & le Brabant. On connoit la bonté du drap a la filure & celle de la ferge a la croifure. C'eft auffi ce qui marqué leur différence, qui confifte en ce que les draps font fabriqués de laines toutes graffes & les ferges & les fayes avec de la laine féche & dégraiffée. On a conftruit h Herve une trés-belle chauffée qui commence du cöté du pays de Liège & joint le territoire d'Aix-laChapelle; a une demie lieue de Herve , a Tendroit nommé la Battijfe, une branche de cette chauffée s'étend fur Hodimont & de la par Vervier a Spa; a cóté du bourg de Henri-chapelle , une autre branche conduit a Néau. On vient de commencer également a Herve une autre chauffée qui s'étend jufqu'a la frontiere de d'Ohn , village Hollandois, d'oü elle doit paffer par le pays de Stavelot & gagner , par le Duché de Luxembourg, la nouvelle chauffée de Na-  334 - Le Voyageur. mur a Luxembourg. Par ce détour de plus de 25 lieues, les Limbourgeois éviteront le 6one' du pays de Liège, qui grève plus le commerce de la Flandre fur le Limbourg & la balfe Allemagne, que ne le fera cec immenfe dérour: l'aboliüon du 6ome- dans le Comté de Namur le favorifera; mais comme cette chauffée de la ville de Herve frife a un quart de lieue de diftance la chauffée de Vervier, par les fonds des Gottes a Liège; il eft ii préfumer que le Gouvernement de cette principauté préférera d'abolir ou de baiffer fon foixantieme, de manière que la fonclion puiffe fe faire, & qu'elle ne perde pas avec ce droit onéreux une maind'ceuvre fi confidérable pour un pays oü les biens fonds ne payent rien, toute la charge étant fur le peuple, par les impöts fur les confommations, qui font les feuls qui y exiftent. J'aurois défiré, Mr., paffer a Walhorn, pour y voir la Mine de fer qu'on m"a dit être trés-bonne & douce; mais la  dans les Pays-Bas. 335. forge eft peu confidérable jufqu'a préfent, quoique fufceptible de s'étendre. II y a dans ce ban de Walhorn, au village nommé Baeren, une fabrique de potteric de grès dont le débit s'en fait dans tous les pays circonvoifins; elle alimente 14 ou 15 fours & deux a trois cent perfonnes y font emploiées. Le furplus des inftrudlions que j'ai pu prendre fur ce Ducbé font que, dans le Comté de Daelem, aux villages de Houffe & de Cheratte, il y a un grand'nombre d'armuriers,' qui fourniffent aux fabricants & aux négociants de la ville de Liège, & principalement des platines pour les fufils & les piftolets. Que dans le ban de Foiron, il y & grand nombre d'habitants qui s'occupent a la clouterie avec du fer qui leur eft fourni par les Liégeois qui les mettent en oeuvre & pour le compte de qui ik travaillent. Je fuis, &c,  n6 Le Voyageur, LETTRE XXXVII. Limbourg ce Mars 1784. Cette ville, Mr., capitale du Duché de Limbourg , eft fituée fur une montagne; la petite rivière de Weze baigne fes environs. Elle eft a la diftance de 2a lieues de Bruxelles, de 5 de Liège, de 7 de Maeftricht & de 6 d'Aix-ia-Chapelle. Ayant été prife & reprife a diiférentes époques par les Hollandois , les Efpagnols & les Francois, elle eft entrée fous la domination de la maifon d'Autriche, par le traité de Raftadt du 6 Mars 1714 renouvellé a Bade le 7 Septembre fuivanc Limbourg eft une petite ville aflez-peuplée; il y a plufieurs bourgs, dans le Duché même, qui ont plus d'étendue & un plus grand nombre d'habitants. On y entre par deux portes, favoir la porte des  dans les Pays-Bas. 337 Ardennes & la porte de Dalhain , qui eft un fauxbourg fitué au pied de la montagne. Le chateau qui étoit dé ja en ruine depuis Tan 1703, a été totalement démoli, & les terreins des fortifications de la ville ont été vendus 1'année derniere a difFérens particuliers. La jurifdiction eccléfiaftique de 1'Evêque & Prince de Liège s'étend fur la ville & le fauxbourg. L'églife principale & paroiffiale eft fous 1'invocation de Saint Georges. Elle eft fituée prés du rampart, peu diftante de la porte de Dalhain. Cette églife, quoique belle, n'offre rien de rémarquable ■ c'eft envain qu'on y chercheroit de beaux ouvrages en peinture & en fculpture. Le curé de la paroilfe eft en même - tems prévöt & official. C'eft dans cette ville que la fceur Jeanne Neerincq, de Gand, jetta le premier fondement, Pan 1623, de 1'ordre des RécoUec~tines, dont il eft forti plufieurs  338 Le Voyageur couvens qui fefont répandus enfuite tant en Flandre que dans le pays de Liège. Leur principale bienfaitrice & fondatrice a été Madame de Grave, Marquife de Malefpine. Le Magiftrat de cette ville, titré de Haute-Cour de Limbourg, eft compofé d'un mayeur, de fept échevins & d'un Greffier,- tous a la nomination de S. M. les procés de toute la province s'inftruifent aux cours inférieures, & les facs fournis, ils font tenus h la rencharge , c'eft-a-dire, de les porter au greffe de , la Haute-Cour qui les juge & fait publier les fentences dans les lieux oü les procés" ont été inftruits. Leur jurifdiction en première inftance ne s'étend que fur la ville & dépendances de Limbourg. Leurs fentences ne font pas fujettes a appel, mais bien a réformation au Confeil de Brabant, qui diffère de Pappel en ce que cette cour Souveraine doit confirmer ou infirmer la fentence fur les mêmcs aétes, fans qu'il foit permis aux parties de four-  dans les Pays-Bas. 339 nir d'autres écrits que ceux des griefs communiqués a partie pour y fervir péremptoirement un écrk de réproches. Dans les Duchés de Rolduc & Comtés de Daelem & de Fauquemont, les cours inférieures doivent également porter les facs fournis a la dite Haute-Cour pour les procés y être jugés par deux membres que cette cour dénomme. Le haut Droffart de la province a fes caufes commifes a la fufdite cour, qui doit prononcer fur les eonclufions de fon office : c'eft aétuellement le Comte de Woeftenraedt qui occupe la place de haut Droffart; il eft en même tems LieutenantGouverneur de la Province pour le Civil & Lieutenant de la cour Féodale : en cette derniere qualité, il fémonce des juges a fon choix tant pour réliefs que pour procés qui dépendent de la Féodalité : cette cour a un greffier particulier pour tout le Duché. Les trois autres Seigneuries ont chacune leur cour Féodale particuliere, avec  34° Le Voyageur un lieutenant & un greffier: les uns & les autres a Ia nomination du Souverain. On établit en 1662 une chambre de tonlieux pour la province de Limbourg, fous la direótion du receveur-général des Domaines de la même province & fur le même pied* de celui de Brabant: c'eft cette chambre qui , a la pourfuite du Wnft-Meefler ou forêtier principal, prend connoiffance des excès qui fe commettent en fait de chaife, de pêche & de dégradation des bois dans les forêts & autres biens domaniaux du Souverain. Le receveur-général des Domaines eft le chef' de ce tribunal, qui n'a pas d'ailleurs de jurifdiction criminelle; c'eft la haute cour de la province qui juge des crimes com- I mis dans les forêts du Souverain a la pourfuite de haut-Droffart. Si vous recherchez, Mr., la fociété, les plaifirs bruyants, & la bonne chere, il ne faut pas venir a Limbourg: d'ou je pars demain pour me rendre a Rurcmonde. Je fuisj &c. LETTRE  dans les Pays-Bas. 341 LETTRE XXXVIII. Ruremonde ce.... Mars 1784. peut arriver, Mr, a Ruremonde , capitale du Duché de Gueldre, par terre "& par eau; les Voyageurs ceconomes & qui ne peuvent endurer la fatigue, prennent cette derniere route en s'embarquants a Liège fur une barque qui conduit a Maeftricht d'oü elle part le lendemain pour Mafeick & de Mafeick s'arrête a Ruremonde. La Gueldre eft divifée en Gueldre haute ou méridionale & en baffe ou feptentrionale. La baffe Gueldre oü fe trouvent les villes de Nimegue & d'Arnhem a ■ été cédée aux Hollandois, par le traité i de Munfter, de même que le Comté de ! Zutphen , ancienne dépendance de la 1 Gueldre. S. M.M'Empereur Charles VI a encore (cédé aux Hollandois, dans la haute GuelTom. VI. Partie V. P  342 Le - Voyageur dre, par les craités de Radftat, de Ba-de & de la Barrière, la ville de Venlo,, le' fort de Stevenfweert, raramanie de; Montfort.& le fort St. Michel. Le Roi de Prulfe y poflede, en vertui .des mêmes traités & d'un traité antérieur, conclu a Utrecht avec PEmpereur,, Tan 1713,1a ville & 1'ammanic de Gueldre, les ammanies de Kefiel, de Stralemi ,& de Krieckenbeeck. Enfin 1'Empereur Charles VI a cédé at TEledeur Palatin les petites villes d'Erkelens & de Cuyckhovcn. De ces diversi partages, il n'eft rcfté.a la maifon d'Au-rriche que la ville de Ruremonde; les villages nommés de la Matricuk qui font; .Swallmen, Weghberg, Cuckten & Eimpt,, & les Scigneuries d'Allenbrouch, d'Ohnj, d'Dbhicht & de Papenhovcn. Ce quartier de la Gueldre, fous la domination de S. M. PEmpereur, eft baignéi par la Meufe & par une partie de lai Roer. II eft enclavé entre le Duché de; Oèves, le Comté de Meurs, le diocèfe:  dans les Pays-Bas. 343 de Cologne, celui de Liège & par les Duchés de Juliers & de Brabant. Les habitants font fort induftricux, mais le commerce n'y eft pas en vigueur, quelques draps & quelques toiles font la principale branche de leur commerce. Les produétions territoriales font en froment, feigle, orge, avoine & farrazin. La méfure des grains eft le maldre, qui fe divife en fix autres méfures. Le maldre de froment eft évalué a environ 240 liv. poids de mare; année commune, il fe vend 38 efcalins. Celui de feigle eft de 216 liv. poids de mare & fe vend, année commune, 28 efcalins. Le maldre contient environ 13 boifleaux méfure de Paris. Le bois pour chauffage eft aflbz rare & s'y vend cher: les proportions de la corde du pays en hauteur & largeur font apeu-près de trois pieds méfure de France : la longueur ordinaire du bois n'eft que d'environ trois pieds de Roi; la corde coütc communement 30 efcalins. P 2  344 Le Voyageur. Cet enchainement fecret de circonftanccs que quelques-uns appellent hafard, d'autres fatalité , & que les efprit fages nomment Pordre admirable de la Providence, a confervé aux Gueldrois les dogmes & le culte de 1'Eglife Romaine, quoiqu'ils foient entourés de peuples qui ont embraifé les dogmes des réformateurs. C'eft par des difpofitions favorables pour les habitants de ce pays-ci que S. M. 1'Empereur Charles VI fit inférer dans le traité de la Barrière art. 18, en cédant aux états généraux une partie de la Gueldre , qu'ils y maintiendroient les privilèges & coutumes de ces diftrióts, foit civiles ou eccléfiaftiques, de même que le droit diocéfain de 1'Evêque de Ruremonde; les cérémonies & 1'exercice public de la réligion catholiquc, fur le pied oü elle étoit fous le regne de Charles II, fans pouvoir donner les charges de magiftrature & autres de police, qu'a des perfonnes qui feroient de la même réligion.  dans les Pays-Bas. 345 Que le droit de collation des bénéfices appartenant au Souverain, appartien- I droit déformais a PEvêque de Rurcmon- Ide, qui ne pourroit les donner qu'a des I perfonnes qui ne feroient pas défagréables 1 aux états généraux. Ce dioréfe comprend onze villes; favoir , Ruremonde , Venlo , Gueldre * Weert, Wachtendonck, Baxmeer, Strae- I ten, Nimegue, Grave, Fauquemont '&, Batembourg; outre 98 bourgs Sc villa- I ges, qui font partagés en huit doyennés- I ruraux. Les Etats des débris de cette province demeurés a S. M. PEmpereur, font com- I gofés de nobles & de députés de la ville de Ruremonde, le clergé n'y a pas d'en- I trée. Pour être recu a 1'état noble, il faut faire preuve de huit quartiers nobles tant du cóté paternel que du cóté maternel & poireder un ténement noble, reconnu pour tel par les députés de la ville de Ruremonde. Avant le démembrement de cetP 3  34<5 Le Voyageur te province, les députés des autres villes, ayants féance aux états, avoient pareillement leur voix délibérative dans cet examen. La ville de Ruremonde eft repréfentée aux états par deux députés, dont 1'un eft bourguemaitre fervant, & 1'autre, Tanden bourguemaïtre : ils font autorifés a donner leur voix, par eux-mêmes, aux alfemblées des états fans fe concerter avec le magiftrat. Le Marquis de Hoensbroeck, en qualité de Maréchal héréditaire de la Gueldre , eft député perpetuel des nobles & propofe les affaires aux affemblées des états. Les réfolutions s'y prennent a la pluralité des voix. Les nobles ont un autre député ordinaire , outre le Maréchal héréditaire, & la ville de Ruremonde en a également deux. Le Confeiller-Penfionnaire ou Sindic eft choifi- par les états a la pluralité des voix & il n'a, comme dans les autres provinces, que voix confultative. Je fuis, &c.  DANS' I-ES PAtS-B'AS. 547 LETTRE XXXI X. Ruremonde ce... Mars 1784- L'ami & i,avois été recommandé ici, Mr., m'a engagé a faire un pene voyage a Weert d'oü je fuis de retour depuis hier. La terre de Weert eft fousla dominaticm.de S. Mt 1'Empereur, elle appartenoit dans Ie quinzieme fiécle aux maifons de Hom & d'Egmont; elle a préfentement pour Seigneur le Prince de Chimai, qui y pofede les moulins, un livre cenfal & la dixme conjointement avec le chapitre de St. Servais a Maeftricht. Elle eft fituée entre la maïerie de Bois-le-Duc, la Gueldre Liègeoife & le Comté de Horn , la Gueldre Palatine & le pays de Thorn. La petite ville de Weffem qui en dépend, en eft féparée & fe trouve fur le bord de la Meufe; le Seigneur y nomme 1'écoutette & les échevins qui y adminiftrent la juftice en première P 4  348 Le Voyageur. inftance. L'appel des fentences eft porte en dernier reifort au Confeil Souverain de Gueldre. Chaque adminiftration a fes bourguemaitres qui font les collecteurs des tailles & reccveurs des deniers publics & qui, conjointement avec les jurés, adminiftrent la police k. les affaires internes. Elle eft pays d'impofitions, proprement dit, payant 18000 florins de chan-. ge; c'éft-a-dire, autant que tout le refte de la Gueldre Autrichienne partage de S. M. de fubfides; elle paye 2100 florins de change par an, pour 1'abonnement des comptoirs, accord fait en 1764 par lequel elle ne "paye plus de droits d'entrée & de fortie, en forte qu'elle eft, ainfi que laGueidie Autrichienne, traitée en province étrangere, vis-a-vis des autres provinces Belgiques. La ville de Weert fituée a quatre lieues de Ruremonde, eft la capitale d'un pays nommé le Peelland; fes habitants ne paroiffent pas opulents; il ne s'y foutient, mais foiblement , que la feule fabrique  dans les Pays-Bas. 349 de quelques batteurs de cuivre jaune, pour laquelle ils tirent la matière brute de Stolberg, pays de Juliers, & qui fabriquent le laiton avec Ja Calamine des Mines du Duché de Limbourg. La ville de Weffem n'eft plus qu'un village, qui a quelques revenus de fes prairies le long de la Meufe, mais qui font abforbés par Pentretien des digues. Le terrein des environs eft fabloneux & plus des deux tiers eft en bruyeres. Le peuple de la campagne aétif, induftrieux, éclairé fur fes intéréts; mais en même temps mutin & difficile a fe prêter a la fubordination , tire de ces terres arides tout le parti poffible. Le produit du bonnier eft de [2 maldres en feigle, ce quiéquivaut, fuivant la fraction, a un produit pour le propriétaire de 24 florins de change, dont il doit payer la taille qui varie felon les temps, leur fituation & le bon ou mauvais état des communautés. Les habitants de cette terre ont trouvé le fecret de fe garantir de la mauvaife  35o Le Voyageur, monnoye qui inonde la Gueldre & furtout la ville de Ruremonde, elle ne diffère du cours de Brabant que de 9 pour % tandisque Ruremonde dirfère de 22 pour § ce qui eft pour eux un très-grand avantage. Tous les impöts fe' lèvent fur le réel, & le peuple defire un pied perfonnel au moins pour fa quotte dans 1'abonnement des comptoirs, dont précédemment n'étoit chargé que le tralie qui eft exempt préfentement , tandisque les terres feules payent la furcharge. Les communautés, excepté les villes de Weert & de WeiTem, doivent tous leur capiiaux a eux-mêmes, a H, m & J pour § , aucun étranger n'y a un fol: ce bas intérèt & cette pofition eft peut-être unique en Europe. Les bêtes a cornes qu'ils vendent aux Brabaneons, les troupeaux de moutons, le beurre & les chevaux qu'ils élèvent, après en avoir tiré les poulins de la maïrie de Bois-le-Duc, & leur métier dc rouliers d'Anvers fur  daks ï.es Pays-Bas. j|l Cologne , contribuent a une circulation d'argent qui leur procure plus d'aifance qu'a divers cantons du Brabant & de la Flandre. L'églife Paroiffiale de Weert eft fous 1'invocation de St. Martin. J'ai été pénétré de fenfibilité en y appercevant le tombeau de Pilluftre victime de la jaloufie, de la cruauté & du fanatifme, le Comte de Hornes, décapité a Bruxelles Pan 1568 par les ordres du Sanguinaire Duc d'Albe. Les Récollets y ont auffi un couvent qui fut fondé Pan 1+61 , par Jacques , Comte de Hornes, qui y prit 1'habit de cet ordre. II y a auffi un couvent de réligieufes Pénitentes , fondé par Jean De Weert qui, d'apprentif cordonnier, parvint au grade de commandant des armées de PEmpereur, Pan 1640. Je fuis, &c P 6  $52 Le Voyageur LETTRE XL. Ruremonde ce... Mars 1784. Cette Province ; Mr., a fa joyeufè entrée, ainfi que les autres provinces des Pays-Bas. Le traité de Venlo du 12 Septembrc 1543, par lequel la Gueldre reconnut la domination de PEmpereur Charles V., contient un récueil des Privilèges de cette Province. II y eft dit art. V. que le Souverain inftituera une Chancellerie dans la Province pour y adminiftrer la juftice, fans que perfonne puiffe être aifujetti a une jurifdiction étrangère; & art. VI. que PEmpereur Charles V. confirmera le privilège, de non Evocando, accordé aux Gueldrois a Pégard de PEmpire, par les Empereurs fes prédéccifeurs. Ce traité eft confirmé fous ferment par chaque Souverain a fon inauguration & Jorfque PEmpereur Charles VI. céda dif-  dans les Pays-Bas. 353 férens diftriórs du haut quartier de la Gueldre au Roi de Prufle & aux Etats généraux des Provinces Unies, par les traités d'Utrecht 8c de la Barrière, la confervation des Privilèges de la Province fut nommément ftipulée en faveur des diftriéls cédés; auffi ces deux puilfances ontelles établi chacune, en cette conformité, un nouveau confeil fupérieur de juftice dans les diftriéts cédés, favoir le Roi de Pruffe dans la ville de Gueldre & les Etats généraux dans celle de Venlo. Ce fut en 1547 que PEmpereur Charles V. inftitua le Confeil de Gueldre 8c le fixa dans la ville d'Arnhem, il fut compofé d'un Stadhouder ou Gouverneur de la Province, d'un Chancelier 8c de plufieurs Confeillers, dont Pun fut nommé Mambour, c'eft-a-dire avocat 8c procureur du Souverain. Ce Confeil demeura a Arnhem jufqu'en 1580. Lorfqu'a Poccafion de la guerre civile 8c des troubles qui défoloient le bas quartier de la Gueldre, Alexandre Far-  354 Le Voyageur ncfe , gouverneur général des Pays - Bas , ordonna qu'il fut transferé a Ruremonde ou il eft refté depuis cette époque. Lors de la réduction générale des officiers Royaux arrêtée par le réglement du Roi Charles II donné a Madrid le 25 Janvier 1681 ; il fut ordonné que ce Confeil réduit a une chambre de judicature, feroit compofé déformais d'un Chancelier, de deux Confeillers de courte robe, de fix de longue robe & d'un greffier. Le Confeil de Gueldre fubfifta fur ce pied jufqu'en 1720, lorfque par un réglement de PEmpereur Charles VI, donné a Vienne le 8 Mai de la même année, on en rétrancha deux Confeillers de longue robe : de maniere qu'il fut compofé alors du Chancelier qui fut nommé en même temps Lieutenant de la cour Féodale, de deux Confeillers de courte robe, de trois de longue robe, d'un Fifcal ou Mambour avec voix délibérative comme les autres Confeillers dans les affaires non Fifcales, & d'un greffier : cette réduétion étoit convenable a tous égards,  I dans les Pays-Bas. 355 attendu qu'après les démembrements que le haut quartier de Gueldre avoit foufferts, en vertu des traités d'Utrecht, de Radftat , de Bade & de la Barrière, il n'en reftoit a la maifon d'Autriche que la ville de Ruremonde avec quatre villages & quelques terres franches. Par un réglement du 2 Oétobre 1737, PEmpereur combina le Confeil de Gueldre & le Magiftrat de Ruremonde, pour De faire déformais qu'un feul corps de juftice & de police, compofé d'un Chancelier , de deux Confeillers de courte robe , de fept Confeillers de longue robe, y compris le fifcal & deux greffiers. On en forma deux cbambres, dont la première étoit compofée du Chancelier, du plus ancien Confeiller de courte robe & des trois plus anciens Confeillers de longue robe, y compris le Fifcal : cette chambre devoit repréfenter le Confeil de la province. Les autres cinq Confeillers tant de courte que de longue robe devoient former la deuxieme chambre & repréfenter le Magiftrat de Ruremonde.  35°" Le Voyageur L'expérience fit connoitre que cette combinaifon ne produifoit pas les avantages qu'on s'en étoit promis, & en conféquence S. M. lTmpératrice Reine la fit ceffer par un réglement du 12 Juin 1756, en féparant de nouveau le Confeil & le Magiftrat de Ruremonde.- Le Confeil fut donc rétabli fur le pied du réglement de 1'an 1720, enforte qu'il eft compofé aujourd'hui du Chancelier, de fept Confeillers, d'un greffier & de deux fécrétaires. La derniere charge de fecrétaire ne fut créée par S. M. lTmpératrice qu'en 1759 pour accélerer 1'expédition des dépêches. Des différents partages qui ont eu lieu dans cette province, il en eft réfuké, Mr., plufieurs conteftations territoriales ou abus qui ne font pas encore détruits. Le bureau de Neer, fur la Meufe, plus bas que Ruremonde, eft de ce nombre. L'établiffement de ce bureau oü les Liégeois levent le 6o.e, eft une nouveauté illégitime, introduite 1'an 1700. Le. Gou-  dans les Pays-Bas. 357 vernement des Pays-Bas le fit d'abord fupprimer a main armée, mais dans la fuite Péleóteur de Bavière, gouverneurgénéral de ces provinces, ayant des complaifances pour fon frere Évêque & Prince de Liège, le bureau fut rétabli en 1718. Le Gouvernement des Pays-Bas le fit anéantir pour la feconde fois: le receveur du óo.e fut enlevé & conftitué prifonnier a Ruremonde, mais le bureau a été également rétabli pour la feconde fois & fubfifte encore; il eft fi préjudicable au commerce de la Meufe, qu'en 1731 , le feu Roi de Prufle demanda que PEmpereur le fit cefier. Le bureau de Well, fur la même rivière plus bas que Venlo, a produit des difficultés qui i fubfiftent encore. Après qu'on eut cédé au feu Roi de Prufle, par les traités d'Utrecbt, une partie du haut quartier de la Gueldre, il demanda d'être admis au partage des revenus provenants des bureaux établis fur la Meufe, & fur le refus qu'en firent Jes Etats  35^ Le Voyageur généraux, adminifiraceurs des Pays-Bas Autrichiens, il en établic lui-même a Well 1'an 1713. Ce bureau a été depuis 46 ans un objet de conteftations & de négociations. Les Hollandois foutinrent d'abord que les péages qui fe lèvent a Ruremonde & a Venlo, étoient des tcnlieux locaux, attachés a ces deux villes, & deftinés a 1'entretien de leurs fortifications s ils en inférèrent de Ik que le Roi de Pruifc n'étoit point qualifié a y prétendre la moindre part, mais ils ajouterent de plus qu'il n'étoit pas en droit d'impofer de péages fur le commerce de la Meufe dans la partie de la Gueldre qui lui avoit été cédée & la Cour Impériale embraifa vivement le même fyftême. Le Roi de Prufle, ferme a foutenir fes prétentions, a amené infenfiblement les Hollandois a fe relacher : ils ont offert de Padmettre au partage des bureaux de Navagne, de Ruremonde & de Venlo, a concurrence d'un tiers & même de permettre qu'il y eut dans cha-  dans les Pays-Bas. 359 cun des bureaux un controleur de fa part, aux conditions qu'il fupprimeroit le bureau de Well; ils ont même cherché a obtenir a cet effet le confentement de la Cour Impériale; mais jufqu'ici il n'en eft rien réfulté. S. M. PEmpereur feroit certainement lefé par un pareil arrangement, attendu que deux des trois bureaux lui appartiennent, & que celui de Navagne n'a d'ailleurs rien de commun avec la Gueldre. Quelques autres conteftations font rélatives aux terres de Vierffen , de Wickeraedt, de Thorn & de Millendonck. Voila ce que j'en ai appris. La terre de Vierffen eft confidérable, feu le Roi de Pruffe s'en eft emparé, comme étant dans la dépendance de Pammanie de Krieckenbeeck, qui lui a été cédée par les traités d'Utrecht & il en a confervé la poffeffion. Les Etats de la Gueldre Autrichienne foutiennent au-contraire que Vierffen eft une terre franche totalement indépendan-  360 Le Voyageur te de Pammanie de Krieckenbeeck & qui n'a été comprife dans aucune des ceffions faites au Roi de Prufle. La terre de Wickeraedt étoit inconteftablement, dans les anciens temps, un fief relevant du Duché de Gueldre, les acres de rélief des années 1326, 1338 & 1402 en font foi. Elle fut réunie au domaine du Duc de Gueldre en 1454 & alienée en 1466. Ayant été réunie pour la feconde fois au domaine, PArchiduc Maximilien la vendit en 1485 3 Henri De Hompefch, qui en demanda & en obtint Pinveftiture de PEmpereur Fréderic III en 1488, avec cette claufe, que dorénavent le bourg de Wickeraedt feroit relevé, non comme fief de Gueldre, mais comme fief de PEmpire. On foutient de la part de S. M. en fa qualité de Duc de Gueldre que ce changement de féodalité, fait pendant la minorité de Philippe Le Bel, a été accompagné de circonftances qui ]e rendent nul. C'eft cependant fur le fondement  dans les Pays-Bas. 361 de 1'acte de 1488 que les Seigneurs de Wickeraedt prétendent ne plus dépendre de la Gueldre,Sc il paroit depuis ce temps, que les réliefs n'ont pas été faits qu'a 1'Empire, quoique le Confeil de Gueldre ait continué a exercer en nombre d'occaftons fa jurifdiétion fur cette terre, dont les habitants, exempts des charges de 1'Empire, ont fouvent fburni aux Souverains les contributions annuelles, nommées rations que payent les terres franches. La terre de Millendonck étoit originairement du patrimoine des anciens Comtes de Gueldre 8c après qu'elle'en eut été détachée en 1'an 1300, elle a toujours été en fief du Duché de ce nom. En 1671, Philippe Dc Croy qui en étoit Seigneur fit quelques tentatives pour la fouftraire au Duché de Gueldre., & pour 1'annexer a 1'Empire, mais on les réprima. Cependant fes fucceffeurs ne perdirent pas de vue le delfein de la rendre indépendante &, dans 1'année 1700, la Com-  362 Le Voyageur. teffe De Berlips, profkant du grand crédit qu'elle avoit a la Cour de Madrid, óbtint du Roi Charles II des lettres patentes par lefquelles il lui cédoit le do-] maine direct de Millendonck; elle prétendit en conféquence que ce Prince lui avoit abandonné, fans exception, tous les droits qui lui appartenoient fur cette terre, & ce fut fur ce fondement qu'elle chercha a la faire annexer au cercle de Weftphalie, mais en 1702 le Confeil de Gueldre cafla & annula cette entreprife : la pofleffion néammoins eft aótuellement contre Sa Majefté. On foutient aux Pays-Bas & avec raifon que la terre de Thorn eft une dépendance de la Gueldre , quoique le chipi- j tre noble de Thorn prétend qu'elle eft ] terre immédiate de 1'Empire. II paroit que ce ne fut qu'en 1630, que 1'Abbefle de Thorn commenca a déployer cè fyftême d'indépendance. On s'y oppo- • fa de la part du Roi Catholique Philippe IV & 1'affaire ayant été remife a des.  dans les Pays-Bas. 363 conférences qui fe tinrent a Cologne en 165Ó, il y fut déclaré que le Confeil de Gueldre conferveroit fa jurifdiction fur le pays de Thorn. L'exercice de cette jurifdiction a été cependant conteflé depuis cette époque & on n'a plus cherché a le mettre en vigucur. On trouve, Mr., dans cette province un canal ruiné. Le grand commerce que les Hollandois faifoient par le Rhin & la Meufe avec PAUemagne, fit naitre a 1'Infante Ifabelle le deifein de 1'attirer dans les Pays-Bas dont elle étoit Gouvernante; dans cette intention Pon commenga a creufer le 21 Septembre 1627 un canal du Rhin a la Meufe, il commengoit au - deflbus de Rhinberg, dans Pélectorat de Cologne, paffoit a Pabbaye de Campen, a Bruggen enfuite a Gueldre; puis ayant coupé la rivière de Niers, il fe rendoit dans la Meufe a Venlo : Al auroit eu huit lieues de cours & on fe propofoit de le prolonger de la Meufe au Dé mer & du Démer a 1'Efcaut. On le  3 64 Le Voyageur nomma le nouveau Rhin, ou la Fofle: Eugenienne: mais les travaux furent d'aburd traverfés & puis totalement ruinési a main armée par les Hollandois, en forte: qu'on n'y voit plus que les reftes d'uni canal commencé avec beaucoup de dépenfe. Je fuis, &c.  dans les Pays-Bas. 365 LETTRE X L I. Ruremonde ce.... Mars 1784. (3ette ville, Mr., capitale de la Gueldre Autrichienne, ell bien fituée & bieri batie, le nombre des maifons monte de 8 a 900 & celui des habitants' environ a trois mille. La rivière de Roer, après avoir cottoyé fes remparts, fe jette dans la Meufe devant la ville: elle eft a la. diftance de 28 lieues de Bruxelles; de 15 de Liège & de Wefel; de 8 de Gueldre; de 18 de Cologne, & de 11 d'Aix-laChapelle. L'évêché de Ruremonde eft fuifragant de 1'Archévêché de Malines; fon revenu eft le moins confidérable des autres évèchés des Pays-Bas. Le chapitre fut fondé Tan 818 par Lothaire I Roi de Lorraine & érigé en cathédrale 1'an 1560 par le Pape Pie IV. Ce chapitre eft compofé de huit chanoines de Panciennc fondation & Q C  366 Le Votageub. de cinq de la nouvelle, outre fept chapelains. Le douzieme chanoine eft curé de l'églife cathédrale qui eft auffi la paroiffe de toute la ville; elle eft fous 1'invoca. tion de St. Chriftophe. Le batiment de cette églife eft trés-ancien & n'offre rien de rémarquable. Le clergé régulier confifte dans l'abbaye de Munfter, fondée 1'an 1724 par Richarde de Juliers, femme de Gerard , Comte de Gueldre, pour des réligieufes nobles de 1'ordre de Citeaux. Les Récollets, fondés en 1229; les réligieufes du tiers-ordre, en 1344; les fceurs noires, en 1423; les Dominicaines, en 1530; les Clariffes, en 1614; les Urfulines, en 1656; les réligieufes Penitentes, en 1666 ; le prieuré de Marien Garde, réligieufes de 1'ordre de St. Auguftin; un petit bégui.nage & un hópital pour les pauvres de la ville, établi cn 1739. Le Magiftrat eft compofé de fept échevins, de deux fermentés & de deux grefficrs; Pécoutóte eft le chef de ce tribunal. .11 y avoit autrefois une chambre desi  dans les Pats-Bas. 367 -comptes, mais elle fut transferée & incor.porée a celle de Bruxelles, Tan 1681. Les Gueldroifes, Mr., font un peu halées & on voit bien rarement ces traits adoucis & délicats qui donnent tant de graces aux Montoifes & aux Brabangonnes : elles font bonnes ménagères & 1'image attriftante du luxe n'éveille point dans leur ame le defir ou le regret; il feroit a fouhaiter que leur éducation fut plus foignée. Le Gueldrois font doux & affables, on voit ici rarement de ces fpeétacles fanglanrs que la juftice doit a la loi qui crie ven•geance. Ils devroient être plus riches, ainfi que plufieurs habitants des Provinces Belgiques; mais ce ne font pas toujours les bienfaits de la nature qui conduifent un peuple a la profpérité; c'eft plutot la néceflité réunie a de bons arrangemens dans la maniere de mettre en valeur la propriété, qui rendent les nations riches. On ne peut rien ajouter a Taccueil cordial avec lequel j'ai été regu des habitants des différentes Provinces Autrichiennes que j'ai parcourues, ce font des plantes  368 Le Voyageur fortunées qui croiifent a 1'ombre du chêne qui les protégé, & mon eftime pour cette nation fera invariable. Je fuis, &c. P. S. Au moment de mon départ, je riens de recevoir 1'ouvrage qui a pour titre: la Falfification des Médicaments dévoiiée par Mr. Vanden Sande, maitre Apothicaire de Bruxelles. C'eft un riche préfent que 1'auteur fait a 1'humanité: il donne non-feulement les moyens de connoitre les médicaments fophiftiqués de ceux qui ne le font pas; mais auffi le choix qu'on doit en faire; leur vertu médicale; le nom des végétaux & animaux qui les produifent; leurs fynonimes; leurs analyfes chimiques; 1'inconvénient qui réfulte de paration que pour la confervation des aliments & des médicaments. Cet ouvrage fe diftribue chez M. De Bel, Imprimeur-Libraire a Bruxelles. Fin de la cinquieme Partie.  LE VOYAGEUR DANS LES PAYS-BAS AUTRICHIENS, LETTRES fur 1'état actuel de ces Pays. Felix qui potuit return cognofcere caufas! V ik.gile. TOME SIXIEME. Sixieme Partie. A AMSTERDAM, chez Changuion, Libraire. On en trouve des Exemplaires chez JE. De Bel, ImprimeurLibraire, a Braxelles. M. DCC. LXXXIV.   TABLE DES MATIERES contenues dans les 6 Tómes du Voyageur dans les Pays-Bas Autrichiens. A. j(\_Bbayes des Pays-Bas , font très-ri. ches. Page 46 Tome 1. Leur conduite envers leurs fermicrs eft louable. p, 90 t. 1. Académie Royale de Peinture, a Anvers. p. 42 t. 3. Académie des Sciences & Belles - Lettres a Bruxelles p. 193 t. 1. Adminiftration de la Juftice a Bruxelles, elle eft différente de celle de France pour le Commerce. p. 69 & Jaiv. t. 1. _ des Pauvres a Bruxelles. p. 248 f. 1* R a  %j2 T A B L E Affligem, Abbaye d'hommes, ordre de St. Benoit. p. 80 r. 6. .Agens de change a Bruxelles. p. 67 t. 1. .Aloft, Ville de la Flandre oriëntale, p. 63 t. 6. fa .fituation. p. 68 t. 6. fes Ma- giftrats. p. 75 t. 6. .Ambley village prés de St. Hubert. p. 251 t. 6. .Amman de Bruxelles. p. 297, 429 t. 1 ,p. 2.08 r. 4. .Andennes, chapitre noble de filles au •Comté de Namur. p. 229 t. 6. .Anderlecht, village prés de Bruxelles. p. -225 t. 4. Anvers, Ville des Pays-Bas Autrichiens, incorporée au Brabant, p. 421 t. 2. fon origine, fa fituation & fon pört.jp. 425 & fuiv. t. 2. PHótcl de Ville. p. 53 c> fuiv. t. 3. la Bourfe. p. 41 t. 3. la maifon des Oftrelins. p. 68 r. 3. falie du 'Speclacle. p. 70 t. 3. Cathédrale. ^. 159 6* 194 3. Magiftrat. p. 205 r. 3. fabriques. p. 245 r. 3. Places publiques.jp. 293 t. 3. Évêché.^. 296.£..3. Collége.p. 372 «, 3. Thonlieu. p. ii t. 4. Rafineries de  DBS- MATlËR^fmj fikte, p^ t. 4- Tableaus^ 38 & fuiv. t. 4. DentfCS-^-°A li Arfchot, petite Ville a 3 ^ de.Lou- vain. p. 353 r- 2- 0(v ' ^ Afch, bourg du Brabant. p? °;> °' Ath, Ville du Hainaut. p. W *' ö' le Magiftrat. p. 135 fv 6- .. ., Avocats, leur profeffion noble & ntile,, leur falaire.^. 189 & fuiv. f. 1. B. ^Ans de St' Servais'villageS prèS d€> Maeftricht. j?. 297 f- 6' , Barrières des Pays-Bas. p, 3 *• 2Béguignages, leur origine. j>. 190 t. 4Bel-ctü; chateau -du Pr. de-Ligne, en * Hainaut. p> 15* f- 6: ,„ Bonne-efpérance, Abbaye d'hommes, en Hainaut. p. 19* *• 6- , , Bouvignes, petite Ville du comté de Na- mur. p. 228 t. -6. Brabant CleJ üuché des Pays-Bas; fem étendue, fon gouvernement, fa joyeute entree 'p. 104 & fuiv. t. 1. manier R %  374 T A B L E dont les droits s'y percoivent. p. ioö t. i. Etats du Brabant, p. io7 t. 6. produchons territoriales, p. 127 t 1 Brame-le-Comte, petite Ville du Hainaut. p. 161 t. 6. Bruges, Ville de la Flandre Autrichienje, fa fituation. p. 162 & fuiv. t. 5. le franc de Bruges. p. tp t. S. Magiftrat 176 t. 5. Évêché. 181 t. $. Abbayes. p. i85 ^Cathédrale.^. 186 r. 5 Académie de Peinture.^. i02 r. 5. AcadémieHydrographique./;. i93 r.5.Fabriques. 206 t. 5. corporations, francscourtiers. P.H1 &füv. t. 5. Port de Bru- . ges. p. i76 t. 5. Tableaux. ƒ. 270 # fuiv. t. 5. Bruxelles, Ville de Cour, le Confeil d'État, le Confeil Privé, le Confeil des Dom mes&desFinances, 115 & fuiv t. I. Ie Confeil Souverain. 120, 426 i. 1. Chambre des Comptes. p. 245 *.-4- Police. p. 124 r. 1. Mceurs des habitans. p. 1601.1. Ja grande Place. i?I M. le Pare./». r?5 e. 1. 1'Arfenal.p. 570 r. 1, Colléges./?. 18(5 r. r.  DES M AT I È RE S. 375 Bulle Brabantine. p. 312 t. 2. Bureau d'annotation a Bruxelles. p. 32b t. 2. C CaiSq d'Efcompte. p. 62 1 i>- 23 t. 4. Caiffe de Réligion. p. 47 f- l- ; Cambrou, Abbaye d'hommes, ordre de Citeaux. p. 152 6. Canal dc Bruxelles a Arivers. p. 292 f. u Canal de Louvain. p. 239, 247, 374 Chambre C la ) ■ d'Uccle, k Bruxelles. p. Cblrleroi!'petite Ville du Comté de Namur, & fituation, le Magiftrat,.;?. 121 & fuiv. t. 6. Chievres, petite Ville du Hainaut. f.15x t. 6. Commerce. Balance du Commerce des PaysBas avec la. France. p. 50 & fuiv. t. u . des Flamands & des Brabants avec 1'Efpagne & le Portugal, p. 2.2.0 t. 1. P" 4  37<5 T A B L E' Commerce de Livres dans les Pays-Bas- p. 221 t. i. de Tableaux, a Bruxelles. p. 37 t. 2. Commines, petite Ville de la Flandre Autrichienne. p. 389 t. 5. ,Cnccke, village de la Flandre! p. 128 5- Contcftations territoriales dans le Duché de Gueldre. p. 356 t. 6. Corps & Métiers de Bruxelles. p. us t.t 2. Courtrai, Ville & Chatellenie en Flandre fur la Lys, fon Commerce. p. 48 & fuiv. t. 6. Curés des Pays-Bas & de France,différence de leur revenu, p. 141. 1. D. DÉmolition des fortifications dans les Pays-Bas./?. 151 t. 1. Dieft, petite Ville, a 4 lieues de Louvain. p. 349 2.  DES M ATI È RE S. 377 Diligem, Abbaye d'hommes, ordre de Premontrés, en Brabant, p. 227 t. 4Dixmes eccléfiaftiques, nuilibles aux dé- frichemens. p. 14 fDixmude, petite Ville de la Flandre Au• trichienne 3 le Magiftrat. p. 350- & fuiv. t. 5. Dormael, village a*2 lieues de Tirlemont. P- 355 2Droits des Seigneurs particuhcrs des PaysBas. p. 348 t. 3. I^Enhaeme, Abbaye de filles, ordre , de St. Benoit, prés d'Oudenarde p. 61 t. 6. EHegem, village prés d'Oudenarde. p. 61 . t. 6. Enghien, petite Ville du Hainaut. p. 156 r. 6. Efcaut Cl'J rivière des Pays-Bas. p. 427 r. 2. liberté de 1'Efcaut. p. 52 t. 4, R 5  S7« T A B L E F. Jt^Landre Autrichienna Bonté de fon terroir. p. 236 t. 4. Évêchés & Abbayes de la Flandre. p. 234 & fuiv. t. 4. États de Flandre. p. 259 t. 4. conftitution du Comté de Flandre. p. 255 t. 4. Fondations Pieufes a Bruxelles. p. 256. t. r. Fonderies de Caractercs a Bruxelles.p. 2.28. t. ï. Forêt (~ 1'Abbaye de J ordre de St. Benoit. p. 222 t. 4. Furnes, petite Ville de la Flandre occidentale, p. 316 r. 5. Chatellenie- de Furnes, fon étendue. p. 331 r. 5. Eclufes, ponts & digues. p. 328 f. 5. Magiftrat. />• 326 5. direclion des eaux./>. 8 t. 6. G. CjTAnd , Ville capitale de la Flandre* Autrichienne. p. 231 t. 4. fituation de la Ville. p. 341 t. 4 Hotel dé'Ville. P> 345 r- 4- Magiftrat./». 371 t. 4.Évê-  DES Ü AT 1 ÈRB S. 37$* ché &cjmm^-P- u 4- Confeil de Ekhdre. p. 393 4 & r' 5. Maifon de Force. p. 431 f- 4-Commerce. p 3 & ^ 5- Colléges p. 75. f. 5. Entrepot, iai t. 5- Exclu_ fion de . la Nobleife aux Etats de Flandre. p. M7 &fuiv- *■ 5Geette O* J> rivièr;e des Pay8"13^ ^~ 355 f- 2* 1 < Genappe village du Hainaut. p. T-91 *• °" Grammont,. petite Ville de la Flandre, fon origine, papéteries.p. 86 t. 6. Grande C la _) revifion.. j>. 281 t. 1. Grimberghe, Mairie & Abbaye en Bra~ bant. jK. 120 t, 4. Groenendal, Prieuré, prés de Bruxelles. ü. 225 f. 4. Gudulle C Ste. ) Collégiale & Paroiffiale9> a Bruxelles. Defcription des curiofites qu'elle contient. p. 377 t. 1. Gueldre, Duché des Pays-Bas, démeft*-brement de ce Duché. p. 341 fc"6. Produótions territoriales, p. 343 f- f-'E^ due du Diocefe. p. 345 6- Ecats d^ EL 6  tfo - TAB L E ce Duché. p. 346 t. 6. Privilèges. p. 352 ö. Confeil Souverain. p. q« H. TT JLTAinaut Autrichien, Comté, fon origine, p. 135 t. 6. Productions territoriales, p. 137 t. 6. Abbayes. p. 139 t. 6. Grand Bailli du Hainaut. p. 139 t. 6. Privilege des habitans. p. 140 t. 6. États du Itfainaut. p. 141 r. 6. Halen, petite Ville h 5 lieues de Louvain. p. 359 t. 2. Halle, petite Ville du Hainaut. p. 159 r. 6. Hermal, village dans le Duché de Limbourg. p. 299 t. 6. Herve, petite Ville du Duché de Limbourg. p. 329 t. 6. Heyne, village prés d'Oudenarde, avec un Chapitre de Chanoines. p. 61 t. 6. Hogue, village, pres de St. Hubert. p. 251 t. 6.  DES MATIÈKES.%%1 Hópital St. Jean a Bruxelles; fon revenu & fon adminiftration. p. 234 f- 2» Hotel des Monnoyes, de Bruxelles & d'Anvers. p. 67 t. 1. de Ville de Bruxelles, fon revenu & la maniere dont il eft adminiftré. p. 294 , 428 6" fuiv. t. 1. Houffe & Cheratte, villages du Duché de Limbourg. p. 353 6- Hubert CStO Petite VUle & Abbaye au Duché de Luxembourg. p. 248 t. & Huybergen, Prieuré de Guilielmites. p. 19 t. 3. L J. 1 S. - JlSfauguration du Souverain a Bruxelles; ' cérémonies que l'on y obferve. p. ii§ f. 1. Jambe , village prés de Namur. p. afy . r. 6. JaniTens, Peintre de Bruxelles./. 42 r. a? Jordaens,Peintre d'Anvers. p. 188 r. 2. • Judoigne, petite Ville a 4 lieues de Loü» Yam. p> 363 t. a.  382 T A B L E Jurifprudence du Brabant, p. 403 & fuivx t. u K. K^Noque, fort de la Flandre Autrichienne , prés de Dixmude. p. 35a '• * •• L. - Aeken, village prés de Bruxelles. p, 228 *. 4. Landen, petite Ville k 5 lieues de Louvain. p. 358 t. 2. Leeuw St. Pierre, Paroiffe & Doyenné de 1'Archévêché de Malines. p. 227 t. 4. Lennik St. Quentin, Paroifle du Brabant. p. 226 r. 4.. Leffines, petite Ville en Hainaut. p. 157 t. 6. Lettre au Voyageur fur la Ville de Furnes. ~~ fur le Commerce de Gand. p. 136 t. 5.  DES UATIÈ RE S. 383 Lettre au Voyageur fur le Luxe. f. 91 _ *' a fur Nieuport.p. & -fur les-moyens de rendre 1'Agriculture plus intcreflante. p. 50 t. 3. ,. Lettré d'un Cultivateur des environs d An- vers. p. 46 f- a* , a M. De la Roche, auteur du voya- ge d'un amateur des Arts &c. p. 87 * 5Lettres de Cachet, p. 2 & f;•-4- . Lewe , petite Ville a 4 &afes de Louvain. ». 358 r. 2. ' Libraires de Bruxellesétendue de leur Commerce. > 225 t. 1. Lierre, petite Ville du Brabant, p. 62 * /i/iv. t. 4* • jt Lieutenant-Gouverneur-& Capitaine général des Pays-Bas; étendue de Ion pouvoir & de fes-fonaions; p. %t&t. 2. Ligne f-Prince de ) familie üluftre des Bays- Bas. p. *54 * f- ' Limbourg, Duché aux Pays-Bas A^ncïüens, fa fituation, p. 295 t. 6. A&-  384 T A B L, E bayes, p. 300 t. 6. États de ce Duché. p. 302 t. 6. families illuftres. p. 304 t. 6. Commiffion des charges publiques. p. 305. t. 6. Commerce. p. 309 t. 6. Mines de charbon de terre. p. 310 r. 6. Limbourg, Ville & Capitale du Duché de ce nom. p. 336 t. 6. Haute-Cour de Limbourg. p. 238 t. 6. Chambre de Thonlieu. p. 340 t. 6. Loix (" des ) crimineiles en Brabant, p, 4Ii; t.\u, '~, •_ : ,. loo, village de la Flandre Autrichienne P- 370 r- 5Loterie Royale, p. 159 r.-2. Louvain, Ville des Pays-Bas. fon étendue, fon origine & fa fituation. p. 20a t. 2. & fuiv. Adminiftration de la Juftice. p. 209 t. 2. Hotel de Ville, p. 03°y 384 f- 2. Entrepot^ p. 234 r. 2. Commerce. />. 291 d> fuiv. t. 2. JLuxembourg, Duché des Pays-Bas Autrichiens. p. 254 r. 6, États du Duchépt 257 r. 6. Confeil Souverain./. 261 t. 6. Commerce. 263 f, ft  ■ D E S 11 AT 1 È R E S 385 Luxembourg'., Villé capitale du Duché de ce nom. p. 266*. 6. le Magiftrat. p. 267 t. 6. Papéteries. p. 269 r. 6. fabrique de Fayance. p. 268 t..6., ]\_Agiftrats de Bruxelles,'étendne de leur jurifdiaion. p. 295 & fuiv. t. 1. Maifons de Ligne & d'Areffiberg , leur ancienété. p. 33 t. 1. Malines, Ville &' Seigneurie des PaysBas. p. 80 & fuiv. t. 4. Magiftrat. p. pi £.4. le grand Confeil. p. nï t. 4. Archévêché. p. 122 t. 4. Commerce. p. lS5 & fulv- *' 4' Maniere de Procèder en Brabant f. 26a & /u botirg &u ^ays de Waes en Flandre. p. 89 t. 6. Nieuport, Ville & Port de la Flandre Autrichienne. p. 342 & fuiv. t. 5. Commerce. p. 344 f- 5- Magiürat. p. 345 Ninove, petite Ville de Flandre. p. 80 6" 84 *. ó.  388 T A B L E Nivelles, Ville du Brabant-Walon.p. 15 t. 6. fon Commerce. p. 19 t. 6. ■'■-■■f i 'M* ; '■: r Oi; O - : . /l Ofifervations adreifées. au Voyageur des Pays-Bas Autrichiens fur les Vil- - les , Chatellenies & Métiers, p, 15$ f. 5, : ——-- fur 1'étendue qu'on peut donner aa Commerce de Bruges. p. 386 e. 1» Officiers municipaux de Bruxelles. p. 42S t. 1. Oftende, Ville & Port de la Flandre Autrichienne. p. 395 t. 2. Commerce d'0£« tende. p. 297 t. 5. fituation du Port. p. 300 6" fuiv. t. g. Magiftrat. p. 305: t. 5. Otto Venius, Peintre & Maitre de Rubens. p. 379 t. 1. Oudenarde, Ville & Chatellenie en Flandre. p. 57 t. 6. le Magiftrat. p. 58 t. 6.  DES M AT I È RE S. 3B9 P. J^AraUde entre les mceurs des habitans de Bruxelles & de ceux d'Anvers. j>. 75 & fuiv. t. 3. Pare C Abbaye du _) réligieux Premontrés. p. 391 t. 1. Palais de L. L. A. A. R. R a Bruxelles. p. \m> 431 l' Papiers dTmpreffion. p. 229 r. 1. Pays-Bas Autrichiens, leur Commerce -en général. p. 3, & 17 *• culture y eft plus foignée qtfailleurs. p. 9 & fuiv. t. 1. différence entre la maniere dont font gouvernées les Provinces de la France & celles des PaysBas. p. 12 r. 1. nombre de bonniers de terres incultes dans les Pays-Bas. p. 61 r. 1. Pays de Waes, en Flandre, fertilité de ce Pays. p. 89 t. 6. Coutumes locales, p. 90 f. 6. Pêche du Hareng. p. 26 t. 5.  39o T A B L E Peelland, Pays au Duché de Gueldre. p. 248 r. 6. Petegem, Abbaye de filles, prés d'Oudenarde. p. 61 t. 6. Poftel, Abbaye des Pays - Bas; reclamation de la part des Hollandois fur cette Abbaye. p. 18 r. 3. Précis de 1'affociation des Tailleurs de Londres. p. 387 t. 2. Prétentions de S. M. fur quelques polfeffions Hollandoifes. p. 15 r. 3. Pro Deo (Ie j) ou la fous notice, accordée aux pauvres & de quelle maniere. p. 418 f. Li R. JJ_E 34* « 6- fa fituation. j». 365 r. 6. Évêché. /. 365 j& 6- le Magiftrat. 366 f. 6. S. SAventhem, village en Brabant, p. 119 t. 4 Schaerebeek, village pres de Bruxelles. /. 230 t. 4. Schut, Peintre d*Anvérs. p. 43 t. 2. Secretaire d'État & de Guerre, fon emploi./. 320 t. 2. Seghers, Peintre d'Anvers. /. 4a & MS> t. 2. Sermens ("les) ou compagnies de Bourgeois a Bruxelles. p. 293 t. 1. Siraut, village du Hainaut. /. 191 r. 6. Soignies, petite Ville du Hainaut, avee un Chapitre. 161 t* óY  goa T A B L E Spinofa (* la veuve de Philippe _) fait ériger un maufolée a, la Chapelle. p. 323 t. 1. 0 1: .: : Suppreffion des Etats-Majors dans les placés de Guerre. p. 152 t. 1. ^- de Maifons réligieufes dans les Pays-Bas. p. 47 6* 95 t. 1. T. ^ | ^Ableaux des Églifes de Bruxelles. p. 93 & 2- Teniers (* David ) Peintre d'Anvers. p. 94 SÊs taU Termonde, petite Ville de la Flandrè.p. p. 64 t. 6. fon Magiftrat & fa Collégiale, p. 65 r. 6. Terres franches, p. 357 t. 3. p 308 f. 6. Terres de rédemption, villages prés de: Maeftricht. p, 297 f. 6. Thol ou Thonlieu. p. 318 t. 3. Thorn, Abbaye de la Gueldre. p. 362; t.6. Tirlemont, petite Ville a 3 lieues de Louvain. p. 355 f. 2. . Tri-  DES M AT I È RE S. 393 Tribunaux de la Venerie. p. 354 t. 2. Traite des Negres. p. 59 & 76 t. 1. Cargaifon d'un vaiffeau pour cette traite. p. 80 t. 1. Tournai, Ville de la Flandre, capitale du Tournaifis./. 102 t. 6. Magiftrat./. 106 t. 6. Confeil. p. 107 r. 6. Chambre des Arts & Métiers, p. n 1 t. 6. Cathédrale & Évêché. p. 114 & /u/V. t. 6. Commerce de Tournai./. 124 t. 6. U. XJcde, village prés de Bruxelles. /. 323 r. 2. Univerfité de Louvain. /. 207 t. 2. Son établiflement, fes privilèges & fa jurifdiction. /. 331 t. 2. V. ^^An Artois, Peintre de Bruxelles. /. 14 t. 2. Vander Meulen, Peintre de Bruxelles. /. 94 r. 2. S  394 T A B L E Van-Dyck, Peintre Anverfois. p. 40 t. 2. Van Helmont, Peintre d'Anvers./. 151 t. 2. Van Loon, Peintre de Bruxelles. /. 44 & 156 r. 2. Van Ooft, Peintre. /. 267 & fuiv. t. 5. Van Orley, Peintre de Bruxelles./. 148 r. 2. Ventes volontaires a Bruxelles, de quelle maniere elles s'y font. /. 324 t. 2. Vierffen, terre confidérable dans le Duché de Gueldre. p. 359 t. 6. Vilvorde, petite Ville de Brabant./. 195 t. 4. Maifon de force. /. 198 t. 4. Wi "WAlcourt, petite Ville du Comté de Namur. /. 228 t. 6. Wavrelle, village prés de St. Hubert. /. 251 r. 6. Weert, petite Ville dans le Duché de> Gueldre. /. 347 t. 6. Weffem, petite Ville dans le Duché de Gueldre. /. 347 t. 6.  DES M A T 1 È R E S. 395 Wicheraedt, fief de la Gueldre. p. 360 r. 6. y. p Y"pres, Ville de la Flandre Autrichienne. p. 354 t. 5. Chatellenie d'Y pres, fon étendue. p. 372 t. 5. Évèché, p. 380 t. 5. Cathédrale. p. 483 t. 5. Magiftrat./. 37°~ 5- Fin dc la Tabh. S a.  396 G U I D E G U I D E pour le Voyageur dans les Pays-Bas Autrichiens. De Bruxelles a Vienne. 74 Poftes § par Louvain, Cologne, Francfort, Ratisbonne. Poftes. ^de Bruxelles.a Cortenberg 1 § ^_de Cortenberg a Louvain _ * ,^de Louvain a Tirlemont _. ^de Tirlemont a S* Trond ƒ 2 , de Sc Trond a Tongres / 1 _ ^de Tongres a Reckem 1 _ . de Reckem a Sittart ! . de Sittart a Giligskirch 1 » de Giligskirch a Juliers 1 . de Juliers a Bergen I § _ de Bergen a Cologne 1 _ - de Cologne & Sybourg t  DES P A T S-B A S. 397 I de Sybourg a Enquerote ï * llJd'Enquerote a Wcyerbufch i * L 'de Weyerbufch a Gulroth i |. de Gulroth a Freylingen i ji. de Freylingen a Walmbrod 1 I, de Walmbrod a Limbourg i 1 de-Limbourg a Wirges i ï L-de Wirges a Konigftein i ï L-de Konigftein a Francfort * i _de Francfort a Hanau i 1 de Hanau a Detting i L-de Detting a Befenbaeh * ï Cde Befenbaeh a Rorbrun i L-de Rorbrun a Effelback i L d'Effelback a Remling t I .de Remling a Wurtzburg r § ILde Wurtzburg a Kitzing i 4 L_ de Kitzing a Bofenheim i I -de Bofenheim a Langenfeld i L de Langenfeld a Emskirchen i L d'Emskirchen a Fauhrbach i ëL de Fauhrbach a Nuremberg i [jL de Nuremberg a Veicht i de Veicht a Pofthaur. !•>S 3  393 G U I D E de Pofthaur a Deiningen i de Deiningen a Tafchwangen i • de Tafchwangen a Schambach i de Schambach a Ratisbonne i de Ratisbonne a Pfatet i f de Pfatet a Straubing i i de Straubing a Pfatfing 2 de Pfatfing a Vilzhofen 2 de Vilzhofen a Schaerding 2 de Schaerding a Beyibach 2 de Beyrbach a Eiferding 1 è d'Eiferding a Lintz 1 h de Lintz a Ens 1 i d'Ens a Strengberg 1 de Strengberg a Amftetten 1 i dAmftetten a Kemelbach t de Kemelbach a Molck 1 l de Molck a Sc Polten 1 i de Sc Polten a Perfling 1 de Perfling a Siartskirg ' 1 de Siartskirg a Burckertorf 1 de Burckertorf a Vienne. r 74 P- ön paye par Pofte aux Pays-Bas Au-  DES P AT S-B A S. 390 trichiens 3 efcalins, dans 1'Empire 4 efcalins & en Autriche 3 efcalins. De Bruxelles a Vienne la Pofte coute 9 Louis d'or, ou 84 florins d'Allemagne, faifant 117 florins i2s ai-gent courant de Brabant. Une Eftafette de Bruxelles a Vienne coute 132 florins i4s argent courant de Brabant. De Bruxelles a Paris. de Bruxelles a Halle 1 * de Halle a Braine-le- Comte 2 de Braine-le-Comte a Caftiau 1 i de Caftiau a Mons 1 de Mons a Carignon 1 de Carignon a Quievraing I i de Quievraing a Valenciennes 1 § de Valenciennes a Bouchain 2, . de Bouchain a Cambray 1 i de Cambray a Bon-avis 1 de Bon-avis a Fins 1 i de Fins a Peronne 1 i de Peronne a Marche - le - Pot 1 i S 4  400 G U I D E de Marche-le-Pot a Fonches i de Fonches a Roye i de Roye a Conchy-les-Pots i | de Conchy-ies-Pots a Cuvilly i dc Cuvilly a Gournay i de Gournay a Bois de Liheu i de Bois de Liheu a Pont S' Maixence i § de Pont Sc Maixence a Senlis i j de Senlis a La Chapelle i de La Chapelle a Louvres i § de Louvres au Bourgct i § du Bourgct a Paris 2 Autre route de Bruxelles a Paris par Gand, Lilk & Arras. de Bruxelles a Affche _ j d'Affche a Aloft l \ d'Aloft a Quaedrecht j 1 de Quaedrecht a Gand 1 de Gand a Petegem 1 § de Petegem a Vive Sc Eloy 1 \ de Vive St Eloy a Courtrai 1 \ de Courtrai a Menin _ de Menin a Lille 2  DES PA r S-B A S. 401 de Lille a Carvin 2 de Carvin a Lens 1 de Lens a Arras 2 d'Arras a Hervillé 1 i de Hervillé a Sailly 2 de Sailly a Peronne 1 5 de Peronne a Paris. Foye* ci-éefut. II part 3 fois la femaine une Diligence pour Paris qui palfe par Mons, Valen* ciennes, Peronne & Senlis. Les jours du depart font les Lundis, Jeudis & Samedis, a 4 heures du matin depuis le 1 Avril jufqu'au 1 O&obre, & depuis le 1 Oétobre jufqu'au i; Avril, a 6 heures du matin; cette Diligence arrivé le troifxeme jour.a. Paris. On paye par perfonne 55 liv. de France, ainfi que de Paris a Bruxelles. Le Bureau fe tient chez M1 Deudon, Vieille Halle au Bied, a Bruxelles. La Diligence part tous les jours de Bruxelles pour Gand, Courtrai, Menin & Lille, de puis le 15 Avril jufqu'au 1 Seplembre, a ï heure après-midi, & du x S 5  402 G U I D E St ptembre jufqu'au 15 a midi. Du 15 Septembre au 15 Avril a 10 & a 11 heures liüvant la clöture des portes. Le prix des places pour les Diligences s'évalue a 1 efcalin par lieue. Le Bureau fe tient rue de 1'Höpital. II y a une autre Voiture de Bruxelles fur Gand qui part tous les jours 3 été & hiver, a 7 heures & demie du matin & vicevzrfa; elle arrivé a 5 heures. Le Bureau le tient fur le Marché aux Poulets. De Bruxelles a Londres par Calais. de Bruxelles a Menin. Voyez ci-deflhs. de Menin a Ypres 2 d'Ypres a Rousbrugge 1 dc Rousbrugge a Bergnes S' Winox i I de Bergues Sl Winox a Dunkerque 1 de Dunkerque a Gravelines 2 de Gravelines a Calais 2 i de Calais a Douvres 21 mille angl. de Douvres a Canterbuty 16 de Canterbuty 3 Rochefter 26  DES PATS-BAS. 403 de Rochefter a Nortflit 10 de Nortflit a Londres 20 II part tous les jours des Voitures de Londres pour Douvres & vife-verfa, chaque paffager paye une guinée, & pour le paffage de Douvres a Calais une denuGuinée. De Bruxelles a Londres par Oftende. de Bruxelles a Gand. Voytz ci-defus. de Gand a Alther 2 d'Alther a Bruges 2 de Bruges a Oftende 2 II part tous les jours de Bruxelles a 5heures après-midi une Diligence pour Oftende, qui arrivé a 9 heures a Aloft3. en repart le lendemain matin a 4 heures, pour fe trouver a Gand au départ de labarque pour Bruges, afin de pouvoir arriver cn un jour a Oftende. . Le Bureau fe tient rue de l'Evêque. & la Reine de Suede.  404 G U I ƒ> E Autre route de Bruxelles a Oftende. de Bruxelles a Gand. Voyez ci-dejfus. de Gand a Peteghem i i de Peteghem a Thielt i * de Thielt a Tourhout i cxê- Tourhout a Oftende 2 f Le paquebot pour Londres part d'Oftende regulierement, lorfque le vent eft favorable, le Mercredi & le Samedi foir a 6 ou 7 heures. II en cotite pour chaque palfager, fa male comprife, jufqu'a Douvres ou Margatte , une Guinée , on y trouve une Diligence qui fè rend dans un jour a Londres : il en coüte également une Guinee. De Bruxelles a Spa. de Bruxelles a S1 Trond. Voyez ci-dejjlis. Route de Bruxelles d Vienne. de Sc Trond a Liege 2 i de Liege a Spa 3 La Diligence de Bruxelles pour Liege. part tous les jours a 3 heures 6c demie du  DES PAT S-B A S. 405 matin & y arrivé le même jour s depuis le 20 Avril jufqu'au ioSeptémbre,& du 10 Septembre jufqu'au 2.0 Avril, elle ne part que de jour a autre a 6 heures du matin & arrivé le lendemairi a midi. II en eft de même de cette Voiture pour le retour. Le Bureau, fe tient rue de 1'Hópital. La Diligence Impériale de Liege pour Aix, toute 1'Allemagne & 1'Italie, part en été les Lundis, Mercredis & Vendredis a 7 heures du matin. En hiver elle part deux fois par femaine, favoir le Lun- di & le Jeudi. If part auffi de Bruxelles pour Liege une autre Voiture dirigée comme celle "cidelfus. Le Bureau fe tient a fa Campine, fur le Marché aux Poulets. De Bruxelles a Aix- la -Chapelle. de Bruxelles a S' Trond 8 § de Sc Trond a Tongres ï 3 de Tongres a Maeftricht 1 de Maeftricht a Aix-la»Ch,apelle a i  4o6 G U ï D E La Diligence de Bruxelles pour Maeftricht part de jour a autre a 2 heures & deinie du matin depuis Te 24 Avril jufqu'au 16 Septembre, & depuis le 16 Septembre jufqu'au 24 Avril è 6 heures & demie. Le Bureau fe tient rue de 1'Êvêque, a la Reine de Suede. On trouve a Maeftricht une Diligence pour Aix-la~ Chapelle. On y trouve auffi une Diligence qui part de jour a autre pour Bois-leDuc. De Bruxelles a Rotterdam. de Bruxelles a Malines 2 * de Malines a Anvers 2 d'Anvers a Achterbroeck 2 I d'Achterbroeck a Kruyftraet 2 i de Kruyftraet au Moerdyck 2 de Moerdyck a Rotterdam. 6 lieues. Après le paifage du Moerdyck , on trouve des Voitures prêtes pour Rotterdam. II en coüte fl. io-ios courant de Brabant pour aller d'Anvers a Rotterdam, non compris le paifage du Moer-  DES PATS-BAS.^ dyck & des riviere* qui fe trouvent fur la route. Le Bureau a Anvers eft fitué fur le Marche aux Chevaux. II part d'Anvers 2 fois par femaine 3 les Mardis & les Vendredis a 4 heures du foir_. une.Barque povir Rotterdam qui recoit des paifagers s il en coüte 1 Ducat pour avoir un rouffle & dans le commun 3os de Brabant. Cette Barque arrivé quelquefois le deuxieme jour a Rotterdam» d'autres fois elle n'arrive que le 3e & le 4e jour, felon que le vent eft favorable ou contraire. De Bruxelles & Amfterdam^arMalines & Anvers, Bréda & Rotterdam. de Bruxelles a Malines - 2 5 de Malines a Anvers a d'Anvers a Capellen 1 de Capellen a Putten 2 de Putten a Berg-op-Zoom a de Berg-op-Zoom a Rofendall 3 de Rofendall a Erten a d'Erten a Bréda &  408 G U I D E de Breda a Donge 2 de Donge a Cappel a de Cuppel a Duffel i $ de Duffel a Gorcum 3 i de Gorcvim a Wuylendham 4 de Wuylendham a Ablafferdam 1 d'Alblafferdam a Krimpen % de Krimpen a Nieuwehrkerk 1 % de Nieuwehrkerk a Rotterdam 3 de Rotterdam a Delft 3 de Delft a la Haye 1 § de