ort aux approches de ia nuit.
Nous a.'ons etl 38 hommes tués & 87 bleffiés, fur los trois baiimens la Cybile, la Prudente & le Jean'iart. L'anglais de fon coté a été maltraité; le cenuiion, furtout, a extrêmement fouffert. Nous ne uuvons même plus douter, aujourdhui 7 brumaire, [ue l'ennemi n'ait levé la croilière On s'occupe ici ivec une trés-grande aclivité a remettre les Irégates in état de reprendre promptetnent la mer.
Parmi les morts, LtHYR eft péri victime d'un dé'ouement héroïque. II avait été bleffié d'un biscayeri u talon; comme on le pteflait de defcendre pour fe
Cf*) •
faire)panfer, en Juifefantretnirqnef qu'il perda't beauco p de fang: Non , (a-r-il rcp>ndu) fat juri de vmirrir d mon pope, je ne le quitteral pas. Un moment après un boulet lui a coupé les reins, ^es dcrniers mots ont été. Courage , mes attih: vengés. notts.
Sixte Brunet, matelot de la Prudente, s'eft aufli fort diflingué. Ce brave homme étant occupé a charger un canon, un bou'et vient & lui empoite le poignet; fans donner aucun figne d'altération , il faifit le refouloir de la main gauche, achéve de charger, t va enfuite faire éiancher fun fang qu'il perdait a fljts.
CONVENTION-NhTIONALE. (Suite de la fè ance du 14e Ventofe), On lit une lettre du repréfen tant du peL. i5.
LiBERTt, Egalite, Fraternite.
LE SPECTATEUR RÉPUBLICAIN.
QVendredi 27 Mars 1795. v. St. 7 Germinal St. Rép.}
LETTRE AUX REDACTEURS Ciier Spectateur.
! ah! qu'eft ce qua cela, comment fuis je cher a quelqu'un qui ne me conait pas? Se pourait il qu'a. prés avoir lu mes douze premiers numeros il eut pris
de l'amitié pour moy au'ait i! détné'é su travers
& d'autre on foit également bien intentioné & que la difficulté vienne du manque de s'entendre. La Municipalité ne fe croit pas obligée de préter le ferment a ceux qui n'etant que réprefentans provifoires, ne peu. vent ce femble d'ecréter des Mefures dont feffet puiffe être permanent; mais dans ce cas Ia Municipalité elle même n'etant que provifoire avait elle Ie droit de Fexiger de fes fubordonnés, ainfi quelle l'a fait a 1'é1gard de la troupe bourgeoife?
Le nseilleur, pour couper court a toutes ces difficuftés feriit qu'on fe hata de préfenter au plufiót un plan régulier & général afin que Punivetfalité desCitoyens de la République puified onner fon libre fuffrage & élire 1 fes propres repréfentans; Ceux cy alors fe conflituant de fuite eu etats Generaux, ou, Conventicn-Nationa-' 1 ie pourraient proceder avec force & autorité a la régénération de Ia patrie, & tracer avec fuccès & d'une main hardie Pafte conftitutionnel.
Les perfonnes prévoysntes ont vu des Ie commen I cement de la révolution, (dansla manière dont on y.a < travaillé,) des principes de divifiou , cependant il faut i en convenir, on ne pouvait peut être y procéder dif- jc féremment-fans rencontrer auffi de grands obftacles. i II conviendrait donc aujoutdhui, de palier fur quel- \ ques points, plufiót que d'entraver la marche de la S révolution. qui quoique lente jusqu'ici a cependant n été accompagnée de fuccès. Tout retard peut avoir % les plus facheufes conféquences. C Chacun fait que la repréfentation provifoire de Ia a Province d'Hol'ande efi parfaitement compofée on at- e tcnd de la fagèlfe de fes membres & de leur Zèle pour le t bien public toutes les mefures capables d'ecarter un pareil malheur. Une adrèfie a leurs concitoyens contenant 1< une déc aration précife de leurs vues & de leurs fen- tr timens eclairetait les uns, raffurerait les autres, & des g armerait tous les malveillans. „ Utrecht. Dimanche 22 Mars a 9 heures du ,, matin le Général Plchegru efi parti pour Paris, & de L la fans doute il fe rendra a fa nouvelle deliination, „ nous avons ici fon digne fuccefleur le Général Mo-\„ ftau, le meme jour eft parti le Repréfentant Fran-jre
cais Ratnet qui doit fe rendre de Bois-le-duc a la Haye il eft ici remplacé, par fon collégue Ricbard.
Tandis que quelques uns parient de nouvelles affaires entre nos d'eftenfeurs Republicains, & les armées alliées, d'autres alfurent que l'ouvrage de la piix entre la France & la prufie eft fur le point de fe con» fommer, fi même il ne 1'eft déja.
A travers ces nouvelles plus ou moins contradictoires le fpectateur impartial peut appercevoir qu'on s'occupe férieufement des moyens de faire celTer la guerre, cette frénefie fanguinaire , qui traine a fa fuite tant de calamités. Puiffions nous bientót voir réalifer \ ce fujet les voeux de tous les amis de Phumanité, k reunir enfemble les deux plus précieux biens, dont 'homme puifle jouir fur la terre, la paix &la LiBERTél
FRANCE. Le voeu général dans toutes les parties de la Repuilique eft pour le retour de ce calme & de ce repos ont elle eft privée depuis tant d'années; La pacifi:ation de la Vendée eft déja 1'aurore du jour ferein u'on a tout lieu d'attendre,& la Convention Nations-
I s'occupe férieufement des moyens d'applanir les oyes d'une pacificafion extérieure, On mande de trasbourg que le Baron de Hardenbsrg nommé Miillre plénipotentiaire du Roi de Prusse pour les néociations avec la France a la place du feu comte de oltz, eft déja arrivé a Bafle. Des lettres de Ia fuifle ioutent auffi que les préliminaires de paix font fignés itre la République Francaise &le Landgrave de
esse Ca ss el.
Mais tandis que la France triomphante prête de vor a de nouvelles victoires, veut la paix, & availle véritablement a faire cefler les fureurs de la letre & aflurer le repos & Ie bonheur de 1'Europe.
II eft encore ( comme la dit CAMBACERés dans fort difcours a la féanee du 12 Mars) des Gouvernemens que tant de pertes & de défaites n'ont pas muris pour la réfipifcence, & dont Porgeuil préfèrerait de s'enfevelir fous les ruines, plüiot que de-' ndre hommage a la juftice & a l» liberté.
(66 )
Tels font furtout les feminiens peu pacifiques de x'Angleterre que Pitt continue k pouifer vers une ruine inévitable fi elle ne change promptement de fistbème; Le vettueux patriote Stanhope convaincu de cette vérité, après avoir fait de courageux & inutiles efforts pour fauver fa patrie a pris fa dérniffion afin du moins, de n'être pas complice des crimes d'un Gouvernement , parvenu au demier degré de .corruption & d'endurciflement.
Toulon Ie Ier. Mars il eft forti de ce port une «fcadre de 15 vaifl'eaux de ligne , 11 fregates, 7 briks & quelques avifos Ie Repréfentant Letourkeur s'eft embarqué fur le Sans-culotte qui *n fait partie & qui eft un des plus beaux vaifieaux de 1'Europe, ou foupponne génétalement que cette expédition fera dirigée contre la Corse &: déja on asfure que les Anglais & les Emigrés qui s'y trouvaientont pris le prudent parti de fe retirer.
Paris, parmi les obiets de majeure importance dont s'occupe Ia convention , elle ne perd pas de vue les mefures propres, finon a ramener 1'abandance, du moins a bannir cette difette eftrayante, dont la malveillance & la cupidité fe fervent pour exciter Ie trouble. Plufieurs débats intéreflans ont eu lieu a ce fujet & enfin il en eft réfulté un décret falutaire préfenté par Boissy & amendé par Romme, & qui fans doute déconcertera les projets des mal intentionnés, „ quelle que foit leur habileté a faifir toutes les fcr„ mes, a profiter de toutes les circouftances, la
„ France, 1'Europe (dit Merlin de Thionville) dol„ vent favoir que nous ne Ie céderons pas en coura,, ge aux douze cent mille braves qui expofent leur „ vie aux Frontieres pour la déiTenfe de Ia liberté.
„ Repréfentans du Peuple (ajoute • t-il) je le dé„ clare a vos ennemis j'ai les yeux ouverts fur eux; „ Je tiens Ie fil d'iane vafte conjuration, je la dévoï„ lerai lorsqu'il fera tems; & dufi'é je périr au milieu „ des génèreux citoyens, qui au premier fi^nal font ,, prêts a vous faire un rempart de leurs corps, je „ ccmbittrai vos aflaflins.
A coté de ce génèreux dévouement pour Ia chofe publique on peut placer un trait bien digne d'être publié. II s'était manifefté quelques troubles dans Ie département de 1'Aveyron, voici un acte d'heroifma auquel ces troables qui fout appaifés ont donné lieu.
Un fergen: des volontaires du Tarn eft pris par les rebelles. Ceux cy exigent qu'il jure de foutenir le Roi & la Religion Catboliquc le digne foldat de Ia libetté refufé. On le menace de la mott, „ je préfére „ une mort glorieufe, s'ocrie-t-il, a une vie qu'il ,, faudrait a cheter par un ferment infame". Cette réponfe générenfe ne défarme point les rebelles, le Volontaire eft mis eu piece. La Convention a pris un décret pour hoi orer la mérnoire de cet intrépide Volontaire , & pour faire jouir fa familie des fecours auxqu'els elle a droit; des exemples d'un dévouement aufli Sublime honorenc également & ceux qui les donnent & la Nation qui les récompenfe.
AVIS au PUBLIC.
Le Spectateur - RépUBLiCAiN parait réguliérement deux fois par femaine, le Mardi & Ie Vendredi Le prix de i'abonnement eft de 14 florins de Hollande, pour I'année entière, compofée de 104 Numiros; de 7 flo rins, pour fix mois; & de 3 flor. iof. pour trois mois. Chaque abonné eft prié de payer, du moins la moitié de fon abonnement d'avance. Le Bureau-Gér>éRAL eft a Utrecht chez J. Altheer, Impr'meur-Li braire prés le Dóme], - a Amfterdam chez Crayenschot, Libraire fur le Kalverltrat; a la Haye chez Plaat" a Leyde chez les freres Murray, a Rotterdam chez D. Vis; & a Haarlem chez C. Plaat, a Dordrecht chez BLussé, a Arnhem chez Troost, a Middelbourg chez W. A. Keel. On s'abonne également aux mêmes conditions, chez tous les Libraires de nos Provinces &de 1'étranger.
KUtrecbt, de 1'imprimerie du Spectateur - Republicain.
C77)
4 , »
UTHECHl", 5 /*tir/7. Après une révolution commencée avec autant de douceur & de modération que celle qui s'eft effectuée m milieu de nous, il eft bien douloureux pour un ami de 1'humanité de voir fuivre les désordres & les agitations inteitines. Ce qui s'eft pafte fucceiTivement lui difTé rens points de la République, prouve également, & que les efprits ne font rien moins qu'unis , & qu'il eft plus urgent que jamais d'établir un gouvernement définitif 6? flable, a la place des autorités provifoires. Sars être grand politique, le Spectatêur qui eft ami zélé de i'orJre , de la juftice & de la tranquiliité, croit que c'eft la feule mefure qui puifle fauver la patrie; & il etl perluadé, par la même raifon, qu'on a déja beau coup trop temporifé, & qu'il n'y a pas un inftant a perdre pour mettre la main a 1'oeuvre. Un gouvernement flable, librement étu par 1'univeifslité des citoy ens, peut guérir encore les plaies nombreuiés de la République, & lui rendre Ie calaie St le bonheur. Mais il faut pour cela laiflér la liberté la plus ilümitée aux électicns, afin que les mandaiaires du peuple re» vêius de toute fa confiance, puiffent compter fur fon dévouement, & travailler fans obftacles au bien public. 11 faut enfevelir les haines & les vengeances per Ibnnelles, reaoncer a tout efprit de parti, & n'avoir a'auite point de réunion que f amour de ia patrie. Avec de telles dispofitions on peut faire des prodiges; mais on s'expofe a tout perdre par la difcorde ötlafaiblefle.
Le Spectateur croit enccre que le meilleur moyen de confolider une révolution & d en affurer pour long tems la durée, c'eft de la conduire de manière que tous les citoyens comparant leur état avec celui oü ils fe trouvaient auparavant, puiffent dire qu'i's y ont j gagné. Tous les couirs, tous les intéréts s'y trouvant ainfi fortcment attachés, formeraient autoura'elle j uu rempart inexpugnable, également a 1'abri de la lor- j ce & de Ia féduc'tion.
II faudrait , pour cet effet , que les Etats-Géné- ! raux publiaflent au plus vite uu plan uniforme pour l'afl'eniblée du Peuple dans toute 1'étendue des fept Provinces, & pour 1'organifation des autorités qui doi. vent remplacer les auto:ités provifoires; que ce plan f fut cnvoyé ii toures les villes, villages & diftiieti,] & que 1'on fixa fans délai le jour de fon éxécution. Les intéréts du peuple, les relations politiques cx com- \ merciaks de la tépublique, commandent haurement \ cette meiure, & chaque inllant de retard ne peut que potter les coups les plus fenfib'.es au bien public, & j eniretenir de plus en plus la défiance & Ia défunion.
D'ailleurs, s'il eft vrai, comme on le débite, que' les miniftres p'énipotentiaires de la République auprêsi de la Convention, ont été déclarés par elle inhabiles! a traiter, comme n'éiant nommés que par un guitver-1, nenïcnt provifoire, fee qui pourtant mérite a tous é
de la uonvention , ont ere oeciares par ene ïnnannes ; a traiter, comme n'éiant nommés que par un gmtver-'. nenïcnt provifoire, (ce qui pourtant mérite a tous é
gards confirmatlon,-) fi ce bruk eft vrai, dis je, cette
circorftance rendrait In mefure que je propofe, non feulement neceffaire , mais ehfolumcnt indifpenfab.'e. Car il eft de la dernieie impor.ance que 1'on fixj enfin, & que le public connaiffe, les rela-ions qui doivent exiiter déformais entre notre République & la République Francaife. Tant que ce grand objet nefeM pas déterminé & folemnellement avoué par les deux parties contrsélautes, notre pays fera toujours dans un état de fluctuation auffi pénible pour tous les bons citoyens, que dangereux pour Ia chofe publique.
Le Spectateur foumet ces idéés au jugement de fes concitoyens; il les prie de le relever, s'ils croyent qu'il fe trompe.
(Suite dis Discours de BotSST" d'AnglasO
„ Legiflateurs, fefons notre devoir; nous ne pouvons rendre la vie a ceux que le crime a frappés,mais confolons du moins leurs manes qui, dans cet inflant ,nons fuivent, nous environnent, nous preflent, & planent dans cette enceinte: iis nous demandent de rendre a leurs veaves, a leurs freres, a leurs enfans, le bien qui leur appartient. Serez vous fourds a leurs plaintes, & inl'enfibles a leurs gémiü'emens, inacceffibles a leurs rep oches? . . . . Ou ofe dire que ces biensfont néceflaires au Peuple.
,, Peuple Francais, leve toi tout entier avec indignation.' repouffe avec horreur ces dépouilles fsnglantes.' rtjette ce honteux iribut; il eft indigne de toi; ildoit te faire frémir; il \A rendrait le complice desmonftres que tu pourfuis, des raflaMins que tu déteftes, desvoleurs dont tu ordonnes Ie fupplice. J'aientendu, je 1'avoue avec douleur, dire aces orateurs doet j'eftiDH 'e caraftere, que, dans le torrent des événemens, i! eft impoffible que quelques families ne foient pas f oiflées par le char de ia révolution, qu'elle» doivent a la Patrie le facrifice da leurs pertes, & qfil faut qu'elles fe contentent de réclamer des iiidemnités.
„ Ah.' Citoyens, fe peut il que 1'effet de nos malheurs paflès foit de deffécber ainfi nos ames, de nous faire envifager d'un ceil fee ie déch rement, la ruine entière, le défefpoir de tant de families, & de nous porter a affaiblir ce douloureux et effrayant fpeétaeie par des exprelïïons fauffes, fi froides & fi dures? Nos pénibles fvufFiances , nos angoifles mortellesn'au-aienteiles pas dü au contraire redoublercettefenfibiiitéqui, loin d'être une faibleS*, eft la vertu véritable: & le fublime amour de l'r.umanité n'aurait-il pas dü nous porter a effacer avec enihouliafme, a calfer ces alfreux jugemens qui fouillent les pages de nos auna'e??
,, Mais puifqu'on veut enfin, en glrcantlesfentimenj iténéreux d'une grande Nition, les foutnettre aux differtations de 1'efprit, au c^oas de la raifon , au cal. cul de l'intérêt, aux combmaifoni de la politique, je vais temer cette épreuve; vous verrez bientöt, Citoyens, combieu les obftacles qu'on vous oppofe font
C?8)
frivile-, & je vocs cdnvalncril que tarefl'tution dont la juftice tous fait atjourd'hui un devoir facté, lciu d'être préjudiciable a l'ioterét public,vous eft au contraire diftée pat ce même interét; que la uifoi la veut, qne la politique la demande, & que le crédit public 1'exige. Je feiai court: l'évidence combat le foph-fme en peu de mots, les ombres de 1'erreur s'évanojiflent aux premiers rayons de la vérité.
,, On croit qu'il eft contre 1'intérét public dereftituer la totalité de leurs biens aux families qui en ont é:é dépouillées ; que c'eft aaetvuer la richelfe publique. D'abord, je ne fais pas ce qu'on veut dire en parlant d'une richeffe publique bitie fur la pauvreié des particuliers; c'eft uu fophifme barbare, créé dans 1'antre féroce des Jacobins; mais ce que je fais, c'eft que fi vous ótés oe la valeur de ces biens les dottes qu'il faudra que vous payiez , les fommes qu'il faudra que vous donniez, de manière ou d'autre aux veuves, at!x enfans, aux domefliques, aux penfionnaires, aux ouvriers que faifaient vu re les propriéiaires de ces ƒ• rtunes, & tous les frais de leur adminiftration , il faudra alors enretrancher prés des deux tiers.
„ Et s'il eft vrai, comme je le crois, que , malgré tous les efforts de Robefpierre & de fes comp ices, la valeur to a'e de ces biens ne s'éleve pas a plus de 1 trois on quatre cents nvilions, s'il eft vrai du moins que les opinioni les plus exagérées ne la portent pas au doublé de cet appercu ; voyiz, Citoyens, quelle eft la mo Jique fomme qui vous teliera pour 1'oppofer au cri de la juftice. Et jugez fi, dans cette étrange compenfa ion, on vous dor.ne affez d'argentpour vous dédomma^er de I'infamie d'un pareil impót, pour racheter la démoralifation complette oü vous précipitez la Nation, en enga;eant les particuliers a acquérir le réfultat d'un vol manifelle & le fruit d'un aflalÏÏnat publiquement recomu.
,, On prétind qu'il eft impo'itique de réirograder. Ju. ftes dieux! quelles maximes & quelle politique délirantesl . . . . & oü nous auraieutelles conduits, fi nous n'avions pas eu déja le courage de rétrograder en ouvrant les prifon», en annullant les déponations injuftes, en ordonnant h levée du fequeftre des biens des citovens tendus ii la liberté, en réparant avectant d'emprefiemcnt un fi grand nombre de calamités dont la tyrannie de Robefpierre a;ait inondé la France/... Ah! fi jamais ces maximes étran^es étaient adopties, que deviendrait le genre humain? Les pas des tyrans feraient donc ineffscable?; dés qu'un ciime ferait commis, tout efpoir dejuft.ee ferait donc perdu fans retour? La morale des peuples libres fe réduirait donc a blarnjr les maximes des oppreileurs de 1'htimanité, en conCacrant leur btigandage? Le fénat de Rome aurait donc mnt.qué aux lo's^e la politique en reftituant
LoNORtis. Le Roi vient d'ordonner a tous les corfaires anglais de courrir-lus aux vaiiietux llodandais, óc en génétal ii tous les vaiffeaux chargés de provifions navales ou militaires.
Tot-'lox. Nous venons de\oir enfer ici le vaifleau anglais \zfVarivicb de 74; mais on eft en peine poule fameux vaiffeau francais, le Sam- cvlotte.
A Utrecht, de l'Inpiinlcrie du Spectatixr- Rep u blicaxm.
a C'cdron fa maifon, dont l'lnfame Clodius 1'avattFait dépouiller? Collegues, ma politique, je 1'avoue, elt bien differente, Je crois que le feul moyen d orer rout efpoir aux tyrans a venir, c'eft de montrer aux tyrans pafl'és que non-feulement ils ne peuvent efpérer i'impuni é; mais qu'aucune de leurs confifcaions ne peut être folide. Si on avait puni Syll'a, Cé;ar n'aurait pas exifté, fi les families profcrires par Sylia avaient recotivré leurs biens, les agens d'Antoine, dVdave & de Lepide ne les auraient pas ftrvis dans leurs profciiptions. Voulez vous mettre la liberté a l'abri des atteinte de la tyrannie & de la cupidité, alfeyez la fur l'autel de la juftice, Sc placez la fous la fauvegardede la vertu.
,, On nous dit enfin ,& c'efl la 1'argument le plus répété , que cette reftitution prématurée affaiblirait la confiance due aux aflïgnats en diminuant leur hypotheque: & moi, appuyé fur le témoignage des hommes probes de tous les tems, je foutiens que ces proprietés, qu'une avarlce fanglante s'obftiue a arracher ii 1'innocence malheureufe, 1 in d'augmenter la foiidité de notre monnaie, la difcréditent, lui enlevent tou» te confiance & Pannullent entiérement. Je foutiens que le re.ard que vous mettez ii être juftes envers les fimilles des condamnés, eft une des principales caufes du difcredit de vos aflïgnats & par fuite, de la hauffe de tous les prix.
Vos affignats font des billets dont la garantie eft votre loyauté. Ils repofent fur le crédit que vous avez droit d'obtenir, b:cn p'us que fur toute autre bafe. Leur valeur eft fubordonnée, a la ftabiluéde vos loi?, il la pureté de vos principes. En offrant a vos créanciers , pour garantie , des propriétés qu'ils fentent bien que vous n'avez pas le droitd'hypothéquer, vous atténuez 1'effet de la garantie inconteftable, & plus que fuffifante, qui réfulte des autres biens nationaux.
La bonne foi, voila la bafe du crédit; fi nous volons le bien des particuliers, de quel droit exigeronsnous qu'on premie confiance e:i notre monnai.*? quel fera le garant de nos promelfes? qui voudra fe repofer fur la foi de nos engagemens? quel eft f homme qui pourra compter fur la loyauté d'un gouvernement qui ne faura pas être jufte, qui préférera l'argent a l'honnetir? quel eft le Francais qui ne cherchera pas a placer fes fonds dans des mains plus pures? quel eft l'étranger qui voudia acheter ces terres, la véritable bypotheque de nos afiïgnats, lotfqu'il apprendra qu'il s'étab'.it dans ure malheureufe contrée oü fa familie perdrait fes biens s'il était immolé par untyran, quoique la Nation entière pleurat fa mort, honorat fa tri émoire & punit fon meurtrier
(La fin une autre fais.)
N°. 20.
LlBERTE, ECALITE, FRATEk.NITE.
LE SPECTATEUR RÉPUBLICALN.
QVendredi 10 Avril 1795.^. St. 20 Germinal St. Rép.")
INsTRüCTION PUBLIQUE.
^^j;re Pétabli (Temen t des écoles ntrmalei dont nous avons palé dans le 9e. No. de ceite feuille, la Convention -nationa'e * encore ordonné, fur Ia propofi- j tion du Repréfentant du Peuple Lakanal, qu'il ferait éubli des écoles-centrales dans route 1'étendue de la RtpuDlique- Fiat gaife. „ Citoyens, fi vous n'é„ t>é- pas con"aincus, (dit Lakanal) que la Répu5, blique ne peut fe maintenir & profpèrer que par ,, 1'in'ruction, & que la liberté fans les lumières ne „ fat jamais qu'une baccbante effrènee, je vous cite ,, rai> grand nombre de départemens qui réclamentces „ in(litutiot,s; je vous dirais que plufieurs repréfen.
tans en miffion, & que divers départemens ont, „ par des arrètés particuliers, changé Ie mode d'in,, llruction publique dans diiTérens colléges; il impor,, te donc de faire ceffer cette diflönance, car 1'uni„ té de ia République appelle 1'unité de 1'enfeigne. ,, ment.
,, Je vous dirais que les établiffemens propofés „ font en quelque forte des cadres ouverts pour re „ cevoir les élèves de 1'école normale qui fe feront le
plus diftingués pendant la durée du cours, & un „ nouveau motif donné a leur amour pour la propa„ gation des lumières; des cadres ouverts pour rece„ voir dans toute 1'étendue de la République, les ,, hommes éclairés & vertueux qui ont échapé a la ,, faulx du Vandalisme.
„ Citoyens ,^vous avez fondé l'école- normale, & „ cet ctablhTeinent, en opérant un grand déverfemene ,, de lumières dans les départemens , confolcra les ., fcierces les lettres & les arts, des ravages de I* ,, tyrannie. Les écoles-primaires s'organifent de tou„ te part; les livres élémentaires font compofés; il „ vous refte un pas a faire pour monter tout le fyftê* „ me de l'inftruction nationale, & ce pas fera un „ grand bienfait pour la génération qui s'avance."
Lakanal propofe, & la Convention? adoptei aptès une courte difcuflïon, le décret fuivant: Chapitre Premier. hflitution des écoles-centrales.
Art. Ier. Pour ï' enfeignement des fciences, des let' tres, £f des arts, il fera établi dans toute 1'étendue de la République, des écoles centrales diflribuées & raifon de la population; la bafe proportionelle fera d'une école par trois - cents mille habitans.
II. Chaque école-centrale fera compofée: 10. dun profeffeur de mathêmatiques. zo. De pbyfique & de cbimie expérimentales. %o. Dhifioire naturelle. t,o.De métbode des fciences ou logique, tj? d'analyfe des fenfations & des idéés. 50. D'économie politique de légiflation. 60. De Pbiftoire philofopbique des Peuples. 70. D'un profeffeur dhygiène, $«. D'arts & métiers. 90. De Crammaire générale. \co. De belles lettres. 110. De langues anciennes. \%o. dun Profeffeur de V
C 78 )
le-moins poffible vos comités; & ditei aux Royalifles, aux ariflocrates, aux malveillans, nous faifons des lpix pour vingt cinq millions d'hommes, la confiance que nous avons dans les comités nous répond aflés de leur éxêcution
„ ArTermiflons donc Ie gouvernement; donnons lui le reflort qui lui manque encore; exigeons que tout le monde ne gouverne pas, mais que tout le monde obéïffe; que vótre gouvernement circonferive toutes les autorités dans les bornes qui leur font affisnées. Telle eft en effet la nature du Gouvernement Républicain, que, ion, indulgent, facile, pour le Peuple il doit être fans pitiépour les autorités.'1''
'Jeanbon St. Andri fe réfume en demandant que le gouvernement républicain foit le plutot poffible organifé.
Dans la féanee du 14e. La Combe Saint-Miehei donne leéture a'une lettre du Repréfentant Richard,
dattée d'Utrecht le 8 Germinal paria quelle il felicite la Convention, au nom de 1'armée, de la fermeté & de 1'énergie qu'elle déploia dans ces motnens d'orage. „ Dévouée toute entière a Ia reprèfentation nationale, ,, elle ne perdra jamais de vue, ajoute t-il, que c'efi „ de fa confervation que dépendent la liberté , la „ gloire & Ie bonheur du Peuple Francais. Elle n'a „ pas verfé tant de fang & bravé tant de dangers & „ de fatigues, pour voir d'un oeil tranquille fa patrie ,, déchirée par des anarchifles & des factieux , ou cour,, bée de nouveau fous le joug de la royauté qu'elle ,, a détruite. Comptés que ft jamais il était porté la „ moindre atteintea Ia fureté & a la liberté de Ia con,, vention- nationale, elle combattrait vos ennemis, „ les ennemis du Peuple Francais, avec la même ar,, deur qu'elle a déployée contre les foldats des puis„ fances coalifées."
Chenier dit que, dans la révolte du jour précédent, il était évident que les royalifles & les terrori fles s'étaient ralliés pour diffoudre la conventios-nationale, & que pa-mi les milliers de preuves qui atteftent cette vérité, il ne faut pas oublier la manière infidèle, & pour le moinséquivoque, dont quelques journaliftes ont raconté les évènemens qui ont marqué ce jour mé'morable. Yzabeau annonce que Li¬
onard Bourdon s'éiant retiré dans fa feétion, y avait rallié quelques faétienx; mais que Ie Général Pichegru fe portait en ce moment vers leur ralfemblemenr,
& qu il avoit pris de telles melures qu il lerait dmipé fans verfer une goutte de fang.
Merlin de Tbioaville. La fection des Gravi Uiers vient de ramener elle même Léonard Bourdon , au
comité [de fureté génerale. Partout le Peuple fe rend a la voix de fes rep'éiit au parlement d'angleterre, & les lettres de l'étranger, annorcaient, „ qu'un grand mouvement fe p é,, parait « Paris, & que la diflblution delaConvention' Nationale aurait lieu ioceiTamment".
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f/ei le SpEcrATEUR-llEPUBLiCAiN 11 e peut s empecher tTarrêter peur un moment fa leSeurs. 11 les prie de fixer toute leur attention fur cette circonflar.ee , & de fe rapleller ce qui a été dit, d Partiele ÜIRECHT du No. précédent de cette feuille, avant que les nouvelles de Paris , dont on vient de rendre coir.pte, fuffent arrivées- lis fe convaincront, comme lui, que les agitations, qui viennent tfatoir lieu d Paris ,^ étaient préparèes depuis longtems par les ennemis de l'bumani té, par un rr.iniftére pervers s'il eis fut jamais; ils fe convaincront que les mouvemens qui ont agi té en même tems notre République, étaient ufji.'iè, & organifés avec ceux qui devaient bouleverfer la France; ils fe convaincront, enfin, de la malheureufe faciliti avec la quelle les fcélérats de tous les pays favent s'entendre. iVlais ce qui a furtout frapé le SpkCTAtkL'R perdant qu'il corfidérait dun oeil attentif (es éténemen, dujuur, ce qui frapeta également tous ceux qui les obferveront avec fin, c'eft cette queftion tres-naturelle: Quelle idéé doit-on avoir d'un parti qui cherche a excircr des iroubles, & a bouleverfer une république déja aulü affa'b'ie que celle des Provincüs-Lnies, en s'alliant avec tout ce que la nature humaine produifit jamais plus immoral, de plus féroce, de plus fanguinaire, en un mot avec les ttrroriltes , les ansrchiltes & les Ucobins Francais? . . Quelle idéé doit on avoir d'une taetion audacieufe qui cherche a reconquirir fel cm. tlois & fes dignités, fous le voile de l'orangisme, & qui n'hélite pas, pour parvenir a fon but, d expofer la patrie a toutes les horreurs d'une guerre civile? ... Braves Républicains! qui conduifés en ce moment je
'vaifeau de la Patrie. fyis feulement modérés. foyés toujours ju/les; c? j'oje tous répontlie du triompbe. Ce fait feul me le garantit. Le tiet ne peut protéger la caufe des méchans.)
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A la fuite dn rapoit de Merün, Rovire annonce que les voitures, contenantles détenus, font enfin parttes. U parle des mouvemens qui ont eü lieu dans la feétion des Quinze-vingts, des afTemblées illégales qu'on y ' avait formées; & il lerraine par dire qu'encnre cette fois, les Jacobins nauront fait qu'une fauffe-ceucbe. Matiiieu parait vers les deux heitres du inatin, prend la parole, & dit, que le calme Ie plus paTfait eit iétabU dans Paris; que les rafièmbleinens forinés dans la fection de Qjinzc-vingtt ont été difiipés par les mefures fae.es & vigoureufes du génétal Piciiegru. Pnj ap és cc btave général parait a la bar;e,au mi ieu des plus vifi splaodilTcmens cc dc'clare_, „ quM fe trouve trop heureux d'avoir é:é choifi par la Con„ vention pour faire refpecter les Loix". Le préftdent „ répond, ,, que la pstrie til reconnsifTante deatflortl ., g orieux du Général PicHEGRU, & de fes fuccès „ coiiflans fur les ennemis du dèhors & les factieux
„ du dedans". Le général ell admia a li féanee
au milieu des plus vives acclamations.
La féanee permanente elt fulpendue jusqu'a 10 heures du matin, du 14 gcrmin'1.
Isabeau la rouvre en difant. au nom du comité de fureté générale, que le rapoit annoncé pour sujourdhui, ne peut être fait qu'aprês le dépouillement des pièces. „ Elles font au nombre de trois mille & quel„ ques cents, & prouve-ront l'immenfe étendue de ce „ \afte complot. Le raport fera fait demain.
L'ne lettre des repréfenuns du peuple, a 1'armée de 1'cuelt, annonce que les colonnes républicaines font [ au coeur de la Vendéeque Stofjlet n'a pu parvenir a 'former le lafferablcment qu'il fe propofair, qu'ils doiY
C
de vive force, a faint Domingue, !e Cap Tiburon qoi etait occupé par les troupes britanniques , dont i!s ont fait un grand carnage. Les Républicains ont en outre pris ou coulé bas plufieurs batimens qui éuieut dans le port.
Les chefs des émigrés Francais qui ont des commandemens dans les Corps des troupes levées en Angleterre ,pour une expédition que 1'on fuppofe devoir étre dirigée contre les cotes de France, ont recu l'ordre de fe rendre fur le champ a Southampton, & de s'y préparer a s'embarquer au premier avis pour Jerfey. C'eft Ie point de départ pour une defcente, fi les circonftances la favonfer.t. Sans doute que cette defcente, depuis fi longtems projetée, aura lieu ceite campagne comme les précédenies, & s'il y avait a prévoir une defcente ce ferait bien pluftot celle des Républicains en Angleterre.
Suivant les lettres de Pertsmoutb, du 8,1e Vice-Amiral Harwey eft forti pour fa croifière dans la mer du Nord, a la téte d'un vailTeau de 98 Canons & de trois de 74; le Marebovougb de 74 forti de Plymouth, a rejoint le même jour cette divifion qui a paflë aux Dunes. On portera a feize vaiifeaux de ligne cette efcadre, chargée de furveiller pendant fa croifière un aTmement de 300 voiles de tranfport préparé par les Francais fur leurs cotes, & qui,ace qu'on aiTure,fera en etat de mettre en mer dans les premiers jours de May.
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CONVENIION-NATIONALE, Séance du 21 Germinal. \ce. /ivril. Rencbell, au nom du comité de falut public. „ Repréfentans du peuple, vous étes a la veille de recucillir les fiui s de vos principes,- des puiffances qui paroiffoient avoir juré Ia pene d'une république goavernée par des tyrans & tourmentée par des factieux,* fe font emprelfées de vous demander la paix, depuis | que vous avez prouvé a 1'univers que la juflice & * 1'humanité feront les feuls guides qui dirigent tous vos ? pss, pour opérer le bonheur du peuple. Votre comité de falut public a fuivi vos ir.ttmions pour des pais partielles; il offre è votr; ratificntion celle qu'il vient; de conclure avec Ie roi de PrulTe. (Applaudiliëmens ( rcitété.-.)
„ Nous n'avons pas oublié un infant que fi les voeux du peuple francais étoient pour la paix , ce ne pouvoit être qne pour une paix glorieufe, qui ne put ni comprometire la dignité, ni bleffer lesjintérêts de la] répub ique. II falloit auffi lier par fon propre intérét, au maintien de la paix, un gouvernement qui reprénoit des fentimens d'amitié qu'il n'auroit jamais dü r mpre.
„ Teute autre paix n'auroit éténi folide ni durable;. ce n'auroit été qu'un fimulacre de paix. Vous juge- ' res dans votre fagefle, a la lecture du traité, fi votre 1 comité de falut public a atteint te but.
„ Quoique vous ne vous foyez pas encore prononcïs fur les limites du territoire de la république, votre comité a cru devoir traiter dans le fens qui lui a para avoir obtenu jusqu'a préfent 1'affentiment de la nation; mais 1'objet principal auquel il s'eft attaché , a é;é dj rétablir des relations commerciales qui nous deviennent fi néceflaires, & de les étendre, en éioignant autant qu'il a dépendu de lui Ie théatre de la guerre du Nord de 1'Allemagne. (Nouveaux applaudiflemens').
„ Lapropofition en avoit é;é faite par Ie roi deProsfe. II acqueroit par-la une grande confidération parmi les états d'Empire, dont il devenoit le bie fititeur; & nous avons cru qu'il étoit bon qu'une puilfance, qui redevenoit notre amie, jonit dans 1'empire germa nique d'une préponderance qui peut devenir trés - mi! j a la; république. Nous nous y fommes prétés d'auianc plus volontiers, que toutes les relations p ou.ent que Ia nation pruffienne n'a laiffé écbapper aucune oceafion dans tout le cours de cette guerre, de notis donner des tetnoignages d'affeétion & d'eftime, qu'un intérét mal entendu n'avoit pu parvenir a altérer,
Plufieun voix. C'eft vrai.
Reubdl continue. II ne fauf pas vous difümuler que votre comité de falut pnbiic a efTuyé tous les obftacles que 1'éloignement des lieux de la conférence & les formes diploinaiiques devoient naturellement faire naltre. Mais, fecondé par le zele infatigable de votre ambaffadeur en Suifle, il les a tous vaincus, & il ne s'eft fervi d'autres armes que de cette franchife & de cette loyauté républicaine qui doit finir psr porter la conv;étioa dans tous les coeurs.
„ Cette paix, citoyens repréfentans, n'eft pas I» feu'e qui foit la nadere des meditations de votre comité de falut public. Continuez de déployer toute 1'éacrgie de la fageffe, & vous parviendrez a déjouer les complots de tous les malveillans. Les hnMTaires de nos cruels ennemis ne font que trop, inftruits des voeux de plufieurs autres gouvernement pour Ia paix; de la toutes ces agitations.
Peuple fran9ais, refte inacceffible a toutes les lnInuations perfides des brigands qui brülent de déchier le fein de leur patrie; fois convaincu que c'efl :elui des peuples de la terre qui faura fouffrir avec e plus de conftance, qui fortira victorieus de cette utte terrible dans la quelle nous fommes engagés; o'ge aux malheurs éternels que cauferoit un feul mouvement d'impatience; prends l'attitude ferme & impo"ante qui convient a 1'nomme I.bre; montre-toi calne & ferme; compte fur le courage de tes repréentans, & iu alfureras ton bonheur & celui de la loftérité la plus reculée."
La république francaife & fa imjefté le roi de PrulTe, également animés du defir de mettre fin a la guerre qui les divife, par une paix Tolide enire les deux nations, out nommé pour kuis plénipotenüaies, favoir:
Ia république fianfitft,
Le citoyeii Ftancoii Barthélemy, fon ambadadeur
tu Sutffe.
Ei le n i de Pruffe,
Kon itjiniftre d'étar, de guerre & du cabinet, CharI s Aueufte, baron de Hardenberg, chevalier de 1'ordte de l'A'gle-rouge, de 1'Aigle - blanc & de Saint-
Stanislas;
Les quels, après avoir échangé leurs pleins pouvo'r«, ont arré'é les articles fuivans:
Art ter. II y aura paix, amitié & bonne intelligence entre Ia république frarcsife & Ie roi de Prufle, tant confideré comrcetel, qu'en qualité d'éieéteur de Brandebourg & de co-état de 1'empire germanique.
IL En conféquence, toutes hoftfités entre les deux puiffances contractantes ceffiront a compter de la ratifictti n du préfent traité; & aucune d'elles ne pourra, a compter de la même époque, fournir contre 1'atttre, en quelque qualité & a quelque titre qua ce foit, aucun fecours ni contingent, foit en hommes, en cbevaux, vivres, argent, munitions de guerre ou autrement.
til. L'vme des puiffances contraftantes ne pourra accorder paffage fur fon territoire a des troupes ennemies de 1'autre.
IV. Les troupes de la république francai<"e évacuéront, dans les quii ze jours qui fuivront la raiification du préfent traité, les parties des états PiuffL-ns qu'elles pourroient oct^per fur la rive droire du Rhin.
Les contributions, livrailöns, fournitutes & prefla tions de guerre, cefferont entierement, a compter de quinze jours après Ia fisnature de ce traité.
Tous les arrétages dus a cette époque, de'même que tes billets & promefï'es données ou faites a cet écard, feront de nul etfet. Ce qui aura été pris ou percu aprésl'époque fusdite, fera d'abord rendu gratuitement, on payé en argent comptant.
V. L*s troupes de Ia république Francaife continuetont d'occupcr Ia partie des états du roi de PrulTe iitués fur la rive gauche du Rhin. Tout arrangement définitif a 1'égard de ces provinces, fera renvové jusqu'a la pacification générale entre la France & 1'Empire Germanique.
VI. En sttendant qu'ii ait été fait un traité de commerce entre les deux puiffances contnétantes, toutes les Communications & relations commetciales font ré ■ tabiies entre la France & les états pruffiens, fur le pied oü elles étoient avant la guerre actuelle.
VIL Les difpofitious de Partiele Vt ne pouvant avoir leur plein cffet qu'entant que la libetté du commerce feta rétablie pour tout le nord de i'Allemagne, les deux puiffances contraftantes prendront des mefu res pour en éloigncr le théatre de la guerre.
VIII. II fera accordé refpectivemetit aux individus des d ux nations, la main-levée des effen , revenus
ou biens, de quetque genre qu'ils foient, détemts, faifis ou confisqués k caule de la guerre qui a eu lieu entre la France & la Pruffe, de méme qu'une prompte juftice a 1'égard des créances quelconques que ces individus pourroient avoir dans les états des deux puiffances contractantes.
IX- Tous les prifonniers faits refpectivement depuis le commencement de la guerre, fans égard a la dille» rence du nombre & du grade, y compris les marins & matelots pruffiens pris fur des vaiff'eaux, foit Prusfiens, foit d'autres nations, ainfi qu'en général tom ceux détenus de part & d'autre pour caufe de la guerre, feront rendus dans 1'efpacede deux mois au plus tard , après 1'échange des ratifications du préfent traité, fans répétition quelconque, en payant toute fois les dettes particulières qu'ils poutroient avoir contractées pendant leur captivité. L'on en ufera de même a 1'égard des malades & bleffés, d'abord après leur guérifon.
II fera inceffamment nommé des commiffaires, de part & d'autre, pour procéder a 1'exécutioü du préfent r.r.icle.
X. Les prifonniers des corps faxons, mayercais, palatins & hefibis, tant de Hesfe-Casfel que da Darmltadt, qui ont fervi avec 1'armée du roi de Prusf*, feront également compris dans 1'échange fus • mentionné.
XI. La Répub'ique Francaife accueillera les bons offices de fa majefté le roi de Pruffe, en faveur des piinces & états de 1'empire germanique qui defireront eitrer directement en négociation avec elle, & qui, pour cet effet, ont déja réclamé; ou reciameront encore 1'intervention du roi.
La république francaife, pour donner au roi de Pruffe une première preuve de fon defir de concourir au rétabliffement des anciens Hens d'amitié qui ont fubfilté entre les deux nations, confent a ne pas traiter comme pays ennemi, pendant 1'efpace de trois mois après ia ratification du préfent traité , ceux des princes dudit Empire qui font fitués fur la rive droite du Rhin, en faveur desquels le roi s'interefTera.
XII- Le préfent traité n'aura fon effet qu'après avoir été ratifié par les parties contractante', & les ra ifications feront échangées en cette ville de Bale dans le terme d'un mois, ou plutót, s'il eft pofible, a compter de ce jour.
En foi de quoi, nous fouffignés miniftres plénipotentiaires de la Répub:ique Kraucailè & de fa majefté le roi de Pruffe, en vertu de nos pleins pouvoirs, avons figné le prélent traité de paix & d'amitié, & y avons fait appofer t.os fceaux refpeétifi.
Fait a Brtle, le feizienie du mois de germinal, de 1>i troifieme de la République Frarcaife (5 Avril •795>
A Ut recht, dc 1'Iuip: imerie du Splctathur-ReI'ublicain.
N°. 24.
LibertÉ, Egalite, Fratehnite.
LE SPECTATEUR RÉPUBLICALN.
(Fendredi 24 Avril 1795. v. St. 5 Floréal St. Rép.)
De la SUISSE, zee. Rian. De TURIN le u Mars.
es Emigrés rentrent en foule fur nótre territoire, afin,difent ils.de fe raprocher de la France. Les puncipaux d'entre eux prociament h.utement que la conftitution de 1789 fera bientót fubftituée a celle de ,793, üs difent avoir un parti ft Farisu & qu« leur rappel en France eft iramanquable d'fti a trots mois. Grand ncmbre d'entre eux a la faveur des pafte ports qu'ils obtiennent des baillis fuiflcs, fous des norns fnppofés, fe portent en mafte dans les départemens du Mont.blatic, de FAin, & de Rbone & Ltire; aucune autorité ne les arréte: la furveillance femble éteinte fur les fromières.
(Laufanne Ier. Avril.) Les contrerévolutionnaires avaient voulu ne voir dans la loi de garantie de la repré.entation.nationale (du ter germinal) qu'une mefure de circonftance, qui prouvait, felon eux, 1'ap. proche de fon heure fuprême. Aujourdhui ils Tont en horreur, comme ayant oppofé une réfiftance fupérieure a leurs derniers efTorts. Cependant ils s'agitent encore plus que jamais, & fondent 1'efpoir de leurs projets fur deux ou trois bafes ptincipales. i 0 . La non réékaion des membres de la Convention pour 1'afTemblée prochsine." 2°. L'exclufion des mémes membres du confeil éxécutif conftitutionel, & de la rviunicipaiité de Paris, 3 0 . Un corps lég;fhtif nombre ux, & compofé, comme l'affemblée légiftative, d'hommes tout a-fait nouveaux.
Le grand oracle de ces infatigables malveillans, eft aftuellement le comte de Montgaillard. 11 eft perfuadé qu'en centinuant de faire la guerre aux francais cette campagne ci & celle de 1796, ils feront toén tablement fercés de fe donner un roi, & de faire la contre - révolution eux-mémes en 1797. Ce qui eft inconteftabie, c'eft que ces hommes pervers ont de nombreufes correfpondances en France parmi les anarchiftes & les royaliftes. Le gouvernement • francais ne nous parait pas y veiller d'aifez prés; il femole s'endormit fur lturs manoeuvres.
On attribue aux Francais le projet de forcer le p asfage de la Btcbette pour pénérrer dans la Lombardie. Le Gouvernementen ayant été inforraé, a garni ce pofte important de 4 a 5 mille Autricbiens. Toutes les troupes ont recu ordre de fe tenir prétes i marcher. Le Roi a donné ordre de préparer non feulement fes équipages, mais méme ceux'de» Princes fes enfans, avec le» quels il fe propofe dit-on d'aller vifiter les divets cantonnemensdes troupes,immédiateraent après les Fêtes de P«ques. Sans doute qu'il prévoit aufli que fi une paciücation générale ne vient pas bientót mettre obftacle aux nouvelles entreprifes que méditent les Républicains, il doit prendre certaines précautions.
II s'eft tenu ici, en préfence de 1'archiduc de mtlan, plufieurs confeils de guerte pour 1'ouverture de la campagne. L'Europe n'apprendra pas fans étonneraent que le Pspe, aprés avoir ordonné des prières publiques pendant Urois jours, pour attirer la bénédiaion du ciel fur les troupes aut richiennes, a accordé aux Soldats 1'empereur des indulgenees pleniires. Pie VI. dormait, fans doute, lorsqu'il diaait cette bulle: il oubllait, du moins, que nous fommes a la fin du XVIlIe. fiècle
ALLEMAGNE. (Brêtne 23 Mars"). Depuis le 17 il paflé ici tous les jours des corps d'émigtés a la folde de 1'Angleterre, qui quittent la frontière pour fe rendre dans te pays d'Hanovre, a Zelle & dans le Lu> nebourg. lis croient bonnement qu'on les envoye dans ces quartiers pour les laiffer repofer & leur donner une nouvelle formation: nnis voici la véritable raifon pour la quelle on les y fait paffer.
11 y a environ deux mois qu'il y eut quelques mouvemens dans le Hanovre. On a f'cü que les troupes I du pays ne tireraient pas fur les payfans. Le gouvernement a fait enlever de force, & pendant la nuk, tous les etifans des payfans en étac de potter les srAa