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les établissements humains de grande densité qu'on trouve encore aujourd'hui dans le centre des villages braban^ons datent d'une époque plus récente. Le développement économique au cours des siècles a beaucoup changé 1'aspect des villages. L'accroissement de la population amenait d'ailleurs une augmentation de la capacité de production agricole du territoire villageois. Dans les régions du Nord oü les paturages formaient une bande assez large le long des rivières, on put défricher petit a petit les terres incultes en augmentant le cheptel pour avoir plus de fumier. Dans le Sud, oü ces paturages au bord des rivières étaient plus étroits, les conditions' étaient moins favorables. Ici le défrichement ne pouvait s'accomplir que par petites parcelles. Le droit de succession dans ce pays franconien a compliqué le problème social. Dans les pays saxons on n'admettait pas le partage de la ferme: le fils ainé héritait la ferme et les terres, et les autres enfants lui vendaient leur part ou restaient célibataires. En Brabant le partage de la propriété foncière entre tous les enfants était en vigueur; ce système invitait le paysan a défricher toujours des terres pour pouvoir léguer a chaque enfant une partie du sol, et il n hésitait pas a décomposer ses terres en une multitude de parcelles, de sorte que le sol fut morcelé et que la propriété se dispersa. Une autre circonstance a encore favorisé cette tendance. Le village disposait d'une grande étendue de terres incultes. Tandis que les terres arables constituaient les propriétés mdividuelles, les terres incultes (gemeynten, vroenten) furent utilisées en commun. D'abord ces terres incultes appartenaient au souverain. Les ducs de Brabant et leurs successeurs se disaient propriétaires, mais ils cédaient ou vendaient 1'usage de ces terres aux paroisses contre paiement d'une redevance annuelle, reconnaissance du droit de propriété du seigneur. Quoiqu'il fallüt 1'autorisation du seigneur pour vendre des parties des gemeynten, le seigneur était trés large et ne faisait pas de difficulté quand, a plusieurs occasions, de grandes étendues de terres incultes étaient vendues par les paroisses a des particuliers pour se procurer de 1'argent afin de batir une église, d acheter des cloches, d'exécuter des travaux publics ou encore pour Payer un tribut de guerre. Le gemeynte ne servait pas a quelques raies ayants-droit comme c'était le cas pour les marken, mais il constituait la propriété de toute la paroisse et les habitants en avaient 1 usufiuit. Ainsi, chaque paysan pouvait facilement acquérir des terrains pour agrandir ses terres d'exploitation. Ce sont donc ces circonstances particulières qui ont excercé une grande influence sur 1'aspect des villages brabancons.

Tandis que les terres arables étaient concentrées prés de Tanden centre du village, on voit que les défrichements s'engageaient par petites parcelles jusque dans les landes et dans les bois comme aux environs de Best. Les établissements humains ont suivi les défrichements, et de nouveaux hameaux se sont formés le long des routes. Aussi le n'om de ces hameaux-routes se termine-t-il souvent en -straat ou -steeg (BroekK.N.A.G., LV.