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les bras de 1'Escaut et plusieurs autres cours d'eau et criques (kreek) cherchaient une issue vers la mer. Maïs lorsque les embouchures s'agrandissaient, les hautes marées pouvaient s'avancer jusque dans le cceur de Zeeland; les cours d'eau s'élargissaient et une partie de la tourbe fut démolie, surtout la oti le sable et 1'argile protecteurs n'étaient pas encore déposés, de sorte que la tourbe fait défaut dans les parties les plus jeunes de Zeeland. Plus tard, l'homme a encore extrait la tourbe pour le chauffage et pour 1'industrie du sel, ce que 1'on défendit définitivement au 16e siècle, a cause des suites funestes pour le pays. D'autres pertes de terrain bien plus graves sont dues aux glissements de rive (oeverafschuivingen), mais surtout au phénomène catastrophique des éboulements de terre (vallen) qui sont causés par la composition géologique du sol: La tourbe possède <;a et la un mince soubassement d'argile et au-dessous de la tourbe et de 1'argile se trouvent d'épaisses couches de sables holocènes et pléistocènes; ces derniers et aussi les sables glauconifères tertiairés sous-jacents sont trés accessibles a 1'eau. A maints endroits en Zeeland les hautes rives abruptes sous-marines — a certains endroits les grands estuaires ont jusqu'a 60 m de profondeur — sont formées par ces sables qui, en s'imbibant d'eau, deviennent en quelque sorte des sables mouvants a 1'équilibre labile, qui aux marées trés basses s'écoulent horizontalement en faisant disparaitre de grands terrains.

De quelle manière a-t-on taché de regagner ce que la mer avait englouti ?

II parait qu a 1'époque romaine la zone cötière était occupée; en outre on a érigé, probablement du 5e au 7e siècle, une multitude de buttes artificielles servant de refuge, aux temps des plus hautes marées („vliedbergen" ou „hillen"). Ces buttes sont antérieures aux endiguements, ce qui est prouvé par le fait que la couche supérieure d'argile entoure le socle des buttes. On en trouve principalement au cceur des ïles de Walcheren, Zuidbeveland, Schouwen, Duiveland et Tolen, oü 1'on a retrouvé les traces de 135 buttes, dont une cinquantaine ont subsisté jusqu'a nos jours ou sont au moins reconnaissables {Photo 8).

Au 7e ou au 8e siècle, on commenqa a entourer les plus hautes „schorren" d'une digue, formant ainsi de petits ilots („opwas") ; ensuite les alluvionnements au pied des digues („aanwas") furent successivement endigués en enfermant les criques qui jadis séparaient les ilots. A ■divers endroits de Zeeland on retrouve ces criques, par ex. le Schenge en Zuidbeveland et plusieurs en Vlaanderen. Ainsi les endiguements d age divers se succèdent et ont créé les iles de 1'archipel zélandais et Vlaanderen, tandis qu'aux derniers siècles, les iles en s'unissant décroissent en nombre.

Avant le 14e siècle, on aplanissait les digues qui a cause des nouveaux endiguements étaient devenus „dormantes"; cette coutume a eu des suites désastreuses car, en cas de rupture de digue, les inondations prenaient 'une grande extension. La plupart des iles zélandaises possèdent donc un grand noyau ancien sans digues — et c'est la exclu-