(76)

sivement que 1'on retrouve les buttes de refuge — entouré de tout un réseau d'endiguements successifs plus jeunes. (Photo 7).

Jamais au cours des' siècles les Zélandais n'ont connu de trêve dans leur lutte gigantesque contre 1'eau. A chaque instant la mer renouvela ses efforts pour regagner le terrain perdu: Par la rupture de digues ou par des éboulements de terre entrainant des morceaux de digue („dijkvallen"), (photo 12), de grands terrains furent inondés, souvent produisant des catastrophes. Au temps oü 1'on ne connaissait pas encore le vrai caractère géologique de ces éboulements de terre, on croyait les maitriser en construisant une nouvelle digue en arrière de la digue menacée („inlaagdijk"), mais il en résulta peu d'effet. Ce ne fut qu'au 17e siècle que 1'on a systématisé la lutte contre les „vallen" en fortifiant les rives sous-marines. Aussi a-t-on constaté en Zeeland, de 1887 jusqu'a 1896, 106 glissements de rive et éboulements de terre qui ont enlevé 6^2 millions de m3 de terre, 73 ha étant situés au-dessus de la basse marée. Ainsi la partie nord-est de Zuidbeveland a été complètement submergée: a basse marée on y retrouve ga et la les restes de la ville de Reimerswaal, jadis la troisième ville de Zeeland. L'énumération des villages disparus dans la mer est un des plus tristes documents de 1'histoire zélandaise. Aucune partie dés Pays-Bas n'a subi tant de modifications au cours des siècles que cette région, témoin le Noordbeveland actuel, qui est une tout autre ile que celle du moyen age, qui a été complètement engloutie par les flux de 1509, I530 et 1532.

II va sans dire que 1'entretien des digues constitue une charge souvent trop lourde pour la population du polder cötier; ainsi le Nieuwe Neuzenpolder qui donne sur 1'Escaut (superficie 447 ha) a dü dépenser, de 1862 a 1881, 2.100.000 florins pour la défense de sa rive! La loi de 1870/1871 a permis a un polder de se déclarer „calamiteux", et dans ce cas les frais d'entretien de ses digues retombent sur le polder intéressé, les polders intérieurs adjacents, la Province et 1'Etat.

Les polders zélandais déversent leurs eaux sur de trés basses marées; la différence entre la haute et la basse marée étant de 3 a 4 m. Pourtant les exigences de 1'agriculture moderne sont telles, que cette évacuation normale ne suffit pas pour les plus anciens endiguements qui sont situés plus bas que les endiguements plus jeunes, a cause de 1'affaissement par fixation du sol et par le rehaussement séculaire du niveau de la mer. A ceux-la les machines a vapeur ou bien les machines d'épuisement électriques doivent venir en aide.

De même, les terrains situés au nord de la „Oude Westfriesche Zeedijk" en Holland doivent leur origine aux endiguements successifs d'alluvions marines, aussi bien que les iles situées dans la partie méridionale de Holland (Goeree, Overflakkee etc.) et les polders dans le nord-ouest de Noordbrabant, qui forment un pays de transition entre les terres argileuses de Zeeland et les tourbières hollandaises. Cette partie du territoire a subi de formidables changements au cours des siècles. Aux 12e et 13e siècles on y trouva peu d'endiguements ; d'énormes „schorren" et „slikken" s'étendaient a la place