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des ïles actuelles; par contre, la partie continentale de Holland avait une plus grande étendue qu'a présent. Depuis ce temps-la, 1'accumulation et 1'érosion des basses rivières ont complètement changé 1'aspect topographique.

Ainsi, entre les villes actuelles de Dordrecht et de Geertruidenberg s'étendait alors le „Groote" ou „Hollandsche Waard", tandis qu'au sud et au sud-ouest du „Waard" ne se trouvaient alors que de 1'eau et des „schorren" et „slikken". Le flux catastrophique de 1'an 1373, et par surcroit 1'effroyable flux du 18 novembre 1421, le „St. Elisabethsvloed", firent pénétrer la mer jusqu'au cceur du „Groote Waard"; les flots continuèrent ce travail destructif en rongeant la tourbe. Trés lentement 1'alluvionnement prit le dessus, et peu a peu on tacha de regagner le terrain, comme, par ex. toute „111e de Dordrecht". Ce travail gigantesque se continue jusqu'a nos jours. L'histoire du Biesbosch, faisant partie de ces terrains submergés, récemment en partie regagnés, est spécialement intéressante.

Les alluvionnements marins endigués en Friesland et en Groningen forment avec les parties adjacentes des tourbières et quelques parties basses du terrain sableux, un pays poldérien accusant un caractère tout a fait spécial. L'argile marine formée longtemps avant le commencement de notre ère y fut en partie démolie, paree que, le niveau de la mer montant, la mer envahissait les embouchures des rivières: Boorndiep, Lauwers, Hunze, Fivel et Eems et les transformait peu a peu en de vrais estuaires, le „Friesche Middelzee", le Lauwerszee etc. En même temps la „Mer des Wadden" se forma derrière les dunes par 1'ingression de la mer. Les terrains de vieille argile marine restés intacts entre les estuaires, par ex. le Westergo et 1'Oostergo, forment les paysages avec 1'occupation la plus ancienne du terrain poldérien frison.

Au début de notre ère, ces terrains argileux avaient un niveau plus haut qu'actuellement, tout au moins dans les parties du nord, de sorte que seules les trés hautes marées les inondaient; pour se mettre en süreté, les anciens habitants y avaient donc érigé, tout comme en Zeeland, des buttes artificielles dénommées „terpen" en Friesland, „wierden" en Groningen. Déja Pline a mentionné ce peuple qui, au milieu du ier siècle, „habitait des collines".

Les marées montant, il fallait surélever de plus en plus les buttes. Elles furent employées comme refuges jusqu'au moment oü 1'on fut obligé de construire des digues autour des terres labourables, au pied des buttes. On érigea pourtant encore plus tard de nouvelles buttes pour sauvegarder des villages ou bien des églises et des couvents contre les inondations causées par des ruptures de digue.

A présent, 1'archéologue s'est emparé de plusieurs de ces buttes qui, a 1'inverse des buttes zélandaises, sont de vrais dépots archéologiques stratifiés. Ainsi la Société pour 1'Exploration des „terpen" et le savant directeur de 1'Institut biologique- archéologique de 1'Université de Groningen, M. A. E. van Giffen, ont de grands mérites a ce sujet; voir par ex. le déblayement systématique de la butte d'Ezinge, qui a eu