AUX PORTES DE SABA LA MYSTÉRIEUSE

PAR

JULES BARTHOUX*)

(avec unc carte, un dessin et 8 photographies)

Pendant trente ans, j'ai caressé 1'espoir d'aller un jour dans 1'Yemen, cette province Arabe encore interdite qui termine la Pénmsule, au Sud-Ouest. Ce pays exerqait sur moi un irrésistible attrail par sa prodigieuse histoire, qui apparait a travers des textes anciens ou les inscriptions rapportées par de courageux voyageurs.

Ce fut 1'endroit d'oü provenaient depuis 1'antiquite la plus reculee, les parfums rares et les aromates précieux, le producteur notamment de la myrrhe et de 1'encens, dont 1'usage était associé au culte des divinités; pour cette raison, il semblait „chéri des Dieux" et par contraste avec les misérables déserts voisins, il devenait 1 Arabie Heu-

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C- ' co inintes a 1'ienorance qu'entretenaient le

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monopole du commerce et la fermeture de ses frontieres aux etrangers, favorisaient 1'éclosion des plus invraisemblables legendes, accroissaient le mystère dont son nom était entouré. Dans un conté ancien — le plus vieux conté connu, peut-être — un jeune Egyptien s exalte en parlant a sa fiancée des lointains merveilleux d'ou les oiseaux apportent 1'encens sur leurs ailes. „Je veux les capturer, dit-il, mo,

seul avec toi". . .

Naturellement, la richesse naturelle du pays jointe aux ressources

de son aericulture suscitait 1'essor de la population, ainsi que 1 atteste

le nombre respectable de villes dont le nom nous a ete transmis. Des

sécheresses persistantes et périodiques en firent donc un centre

d'émierations. Pour cette raison, j'ai suppose que 1 ancienne babee a

été le point de divergence de vieilles civilisations onentales qui sur-

gissent brusquement et sans transition appréciable et je reviens de ce

pays avec 1'impression que mon hypothèse n'est pas condamnable, au

contraire; avec la conviction que se développa la une civilisation gran-

diose dépassant ce que 1'on en soupqonne; pourvue d un art etonnam

auquel se joint un art d'importation; aidee par une religion enco

peu connue qui exerSa son mfluence au-dela des limites du terntoire

sabéen et diffusée vraisemblablement par des commerqants ayant

accaparé les grandes voies continentales. Des ruines etendues attes ant

la présence d'agglomérations parfois semblables a nos grandes villes,

Leiden. — Red.