naturelle, oü croupit une eau fétide, verte et épaisse, comme sirupeuse, tant elle est chargée de toutes sortes d'organismes.

Ces ruines ont environ quatre cents mètres de long. A leur extrémité se dressent deux hautes stéles équarries, nues, étroites et arc-boutées 1 une contre 1'autre. Elles marquent la place d'une hypogée. Elles semblent tenir debout par miracle, car leur base déja étroite a été reduite d'un large chanfrein. Leur miraculeuse stabilité qui parait surnaturelle aura-t-elle donné a eet endroit la célébrité dont il a joui et qu'il a conservée ? Cela est fort possible. J'emploie quelques heures a relever des inscriptions et a dessiner en hate des ornaments. T'ai impression que je ne dois pas séjourner trop longtemps dans ce site, surtout quand Saba, but de mon voyage, est la, a une journée, qui m attend, m attire, Saba, la résidence royale aux péristyles de hautes colonnes, aux chapiteaux ornés de figures d'argent, aux édifices construits de matériaux rares, Saba la mystérieuse, si mystérieuse que son existence fut même contestée; la plus célèbre des villes arabes qui donna son nom au pays tout entier, nom „signifiant mystère". baba 1 mviolee qu'/Elius Gallus même ne vit pas. A la seule pensée que j'approchais de 1'endroit vers lequel depuis trente ans toutes mes pensees etaient tendues, le vertige me prenait.

^ Jene dis rien a mon entourage car, devant ma joie, ses appétits se reveilleraient aussitöt. Mes gens monnayeraient habilement leur aide et je sais leurs exigences en raison directe de mes désirs. Tout se paie, ïci, car tout semble une faveur. Mais la faveur achétée devient un droit et ce droit, vous ne le payez jamais assez cher, aux yeux de ceux qui le concedent.

La nuit est déja opaque quand nous approchons du fleure Kharét. Depuis plusieurs jours, nous avons haté le pas, car un mal terrible m'a pris. T arrivé a temps dans ce refuge car mes jambes ne peuvent plus me porter. Mes forces sont épuisées. Le pouls est faible et lent. II bat par intermittence et la température a baissé. Serait-ce le choléra ?

Les autorités locales et mes soldats tiennent conseil. On se passé des petits papiers oü 1'on écrit ce que 1'on veut se communiquer, et on se parle a 1 oreille, devant moi, sans la moindre discrétion. Que se passét-il donc Tout simplement ceci; personne ne veut prendre sur soi la responsabilite de me conduire plus loin, d'autant moins qu'en nous eloignant nous entrons dans un district dénué de tout. Qu'il m'arrive malheur et la réaction du Roi, me dit-on, sera terrible. On se concerte donc pour me ramener et 1'on complote quelque subterfuge pour ebranler mon opiniatre ténacité.

J ai dü contracter quelque mal dangereux a boire 1'eau infecte des citernes. Les Sabéens ont creusé partout de ces réservoirs aux en.01 ts ou il devient impossible d'ouvrir des puits. Généralement, ces citernes sont au fond d'une cuvette naturelle et les eaux des p'luies sy rassemblent après avoir lavé le voisinage oü bêtes et trens ont depose leurs excréments.

Jai la certitude qu'un bakchiche imposant eüt aisément fait flé0 les honorables scrupules de mes compagnons, mais je n'avais