me tut interdit de prendre des photographies, de sortir avec mes appareils quels qu'ils soient, même de sortir des murs de la vi e, a plus forte raison d'aller dans les localités voisines Les enfants dans la rue, me jetaient des pierres, car eet ostracisme était connu de toute la ville puisqu'aucune décision ne se prend que la vil Ie entiere ne la sut aussitöt. Ils crachaient derrière moi ou simulaient des bruits incongrus, ce qui est la pire expression de la haine et du mépris chez des musulmans. Les soldats devaient veiller a ce que je ne parle a. personne dans la rue et furent menacés des fers.

eux personnes a qui j avais rendu quelques services vinrent aimablement m avertir que l'on avait décidé de briser mes appareils et mes clichés. C est dire si ces quelques semaines de décembre furent sombres pour moi.

Une violente intervention du Cadi Ragheb atténua eet ostracisme, e Premier Ministre pnt aussitot sa revanche en me mettant dehors du local aimablement mis a ma disposition par Sa Majesté, sur 1'intervention de S. E. Ragheb. II ne me restait qu'a demander asile aux Juiis ce que je fis incontinent.

En apprenant mes déboires, Ragheb fut touché au plus vif de sa 16-r C' ^,tte reci<^lve dépassait la mesure acceptable. II sortit de luimeme. D une race de conquérants, habitué a commander et non a obeir, se sentant ^supérieui' a ces gens incultes et arriérés, il réa^it avec energie. Le Premier Ministre avec sa souplesse arabe courba la e e sous oiage qui passait, pret a Ia relever au moment opportun . lutte devenait circonscrite entre les deux Ministres. Le Roi en vieux malin, jubilait de la tournure que prenait cette querelle et n'en comprit le caractere que le jour oü devant son inaction, Ragheb ne parut plus au Mahakama et sollicita la permission de prendre sa retraite. Le Rot allait-il perdre un collaborateur indispensable ? II

Shèh Sf°n, nK'Str<i collab°rateur de revenir sur sa décision. Ragheb fut inebranlable et après quinze jours d'insistance, obtint satisfaction a une condition, toutefois: attendre un Ministre étranger dont arrivee etait annoncée. Sa Majesté gagnait ainsi quelques semaines qu elle mit a pro fit pour émousser la résistance et la décision de Ragheb: tout s'arrangea.

Inutile de dire que^ pendant ce temps, n'étant pas directement en cause, j avais ete entierement oublié. II était toutefois évident que la meilleure tactique etait pour moi de me tenir a 1'écart et de disparaitre quitte a reprendre par la suite le projet que je nourrissais et qui dans ce fracas restait intact. -

La sagesse indienne triomphait. Elle prétend qu'on ne revient pas au meme endroit. Je quittai Sana sans avoir réalisé pleinement mon reve, maïs la question de Saba résolue et les renseignements précieux que j avais recue.lhs au sujet des capitales anciennes, les positions e ruines importantes que j avais decouvertes ou plutöt repérées une idee plus precise que je rapportais de Tart autochtone 1), 1'existence

1) II existe au Musée de Boston une belle tête hellénistique provenant de K.. N. A. G., LVI.

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